On aurait pu en rester là. Mais non: avec un bel ensemble, les porte-parole de la gauche politique ont un instant oublié leurs querelles pour protester unanimement. Pour Olivier Besancenot, du NPA, le verdict est une “provocation”. Arlette Laguiller (LO) juge “inadmissible que les travailleurs payent alors que ce sont les dirigeants de l’entreprise qui ont ruiné un territoire”. A l’autre extrémité du spectre de gauche Benoit Hamon au nom du PS proclame sa “totale solidarité” avec des ouvriers “condamnés injustement”. La CGT parle d’un verdict “profondément injuste”. Avec différentes variations, le PCF, le PG et divers groupuscules plus ou moins représentatifs ont pris la même position.
Rappelons les faits: Le 21 avril dernier, à l’issue d’une manifestation des travailleurs de Continental pour protester contre la fermeture du site de Clairoix (Oise), un groupe de manifestants pénètre dans la sous-préfecture de Compiegne et la saccage, provocant tout de même près de 65.000 € de dégats au préjudice de la collectivité, sans compter l’effet d’un tel saccage sur les humbles citoyens ayant des dossiers en cours de traitement à la sous-préfecture. Admettons que les revendications des “conti” soient justifiées. Admettons même que ce soient “les dirigeants de l’entreprise qui ont ruiné un territoire”, comme le dit Arlette Laguillier. Même en admettant tout cela, il est difficile de voir en quoi cela justifie le saccage d’un bâtiment public n’ayant qu’un lointain rapport avec le conflit. Car il faut bien noter que les ouvriers du site de Clairoix ne se sont pas attaqués au siège de Continental – ce qui au moins aurait donné à l’acte une signification claire pour tous – mais à un bâtiment public. Il est important d’essayer de comprendre quel est le sens de cet acte.
La clé nous est donnée, d’une certaine façon, par la déclaration de Xavier Mathieu commentant le verdict: “bel exemple de matraquage de l’État qui veut empêcher la classe ouvrière de s’exprimer”. Ainsi donc, la destruction d’un bien public serait en fait une forme “d’expression”. Cette interprétation n’est pas nouvelle: lors des “émeutes de banlieue” de 2005, on avait eu droit au même discours de la part de la gauche, toutes tendances confondues: si les “djeunes” mettaient le feu aux voitures (mais aussi aux gymnases, aux bibliothèques, aux écoles) c’était pour “exprimer” leur désarroi, leur colère ou leurs demandes. La conséquence de ce raisonnement est paradoxale: puisque la destruction devient “expression”, le fait poursuivre les auteurs de telles violences devient une atteinte à la liberté d’expression. Dès lors que la colère “exprimée” est juste, la condamnation des vandales devient “injuste” (1). Un renversement dialectique qui brouille petit à petit les repères entre les armes admises et les armes prohibés dans le combat politique ou syndical. Si la violence contre les biens – et non seulement des biens “consommables”, mais des édifices publics comme les écoles, les sous-préfectures ou les bibliothèques – devient un mode “d’expression” acceptable, alors il ne faudra pas trop de temps pour que la violence contre les personnes le devienne à son tour. “Là ou on commence à brûler les livres, on finit par brûler les hommes”, disait Heine. Et les faits lui ont donné raison.
Tout bien est le produit d’un travail. C’est en dernière instance le respect de ce travail – le travail qu’il a fallu pour le produire et le travail qu’il a fallu pour l’acquérir – qui explique le rapport que toutes les sociétés humaines entretiennent avec les biens produits. C’est pourquoi la destruction gratuite d’un bien n’est jamais un acte banal. Il est fatal que dans une société de consommation de masse le bien matériel soit désacralisé, puisque la production de masse réduit la quantité de travail contenue dans chaque objet et donc la quantité de travail nécessaire pour l’acquérir. Mais le grand risque pour la gauche est qu’on passe d’une désacralisation du bien à la désacralisation du travail tout court. Car toute idéologie de gauche est d’abord fondée sur la dignité du travail comme seule source de valeur. S’il est admissible de détruire gratuitement les fruits du travail, c’est le travail lui-même qui perd sa dignité.
C’est pourquoi la gauche doit se ressaisir. On peut comprendre la colère des “contis”, on peut comprendre que cette colère puisse conduire à des excès. Mais on ne peut pas, on ne doit pas être solidaire de ces excès. Pour un homme de gauche, rien ne peut justifier la destruction purement gratuite d’un bien, public ou privé. Et il est bon que les tribunaux le rappellent de temps en temps, en condamnant ceux qui auraient recours à de telles méthodes. Les peines avec sursis prononcées par le tribunal correctionnel de Compiegne sont, par leur modération, dans cette logique pédagogique. La gauche – si elle était fidèle à ses propres idéaux – devrait le reconnaître.
Descartes
(1) Il est intéressant de constater que la gauche a une attitude très contradictoire sur la question de la destruction de biens. Ainsi, la destruction gratuite de biens par leur propriétaire est considérée scandaleuse, comme l’a montré la condamnation unanime qui a suivi la prestation de Serge Gainsbourg brûlant devant la caméra un billet de 500 F. Par contre, la destruction de biens appartenant à autrui est parfaitement acceptable comme mode “d’expression”…
vous etes vraiment bete et vous ne comprenez rien
il y a une collusion des euro libero sioniste pour detruire la FRANCE et le secteur industriel francais pour pouvoir produire a l est pour moins cher
Nous les heritiers de VALMY ne l acceptons pas et bravo au ouvriers francais y ka envoyé la facture a CONTINENTAL CLAIROIX
vous etes vraiment bete et vous ne comprenez rien
Vous, par contre, vous êtes intelligent et vous comprenez tout… et ça se voit…
il y a une collusion des euro libero sioniste pour detruire la FRANCE
Ah… que ferions nous sans la Grande Conspiration Responsable de Tout… mais pourquoi se contenter des “euro libero sioniste” ? Faut pas oublier la CIA, le groupe de Bilderberg et les petits
hommes verts…