Monnaie, crédit, dette…

La question de la dette sera certainement un des grands sujets de la campagne présidentielle qui s’ouvre. Raison de plus pour essayer de bien comprendre où sont les problèmes – et quelles pourraient être les solutions. Or, pour bien comprendre, il y a des mythes qu’il faut casser. J’avoue être particulièrement énervé de voir dans un certain nombre de tribunes de la “vraie gauche” qu’on répète inlassablement des théories qui ne résistent la moindre analyse. Enfourchons donc notre lance et partons à l’aventure…

 

 

“L’Etat doit reprendre aux banques le monopole de la création de monnaie”


Pour comprendre l’absurdité de cette affirmation, il faut bien comprendre comment se crée la monnaie. Mais d’abord, qu’est ce que c’est que la monnaie ? C’est un bien (or, argent, ambre, coquillages) ou un titre (billet, lettre de change) qui a la propriété de pouvoir être échangé inconditionnellement pour n’importe quel bien ou service. Dans une société moderne, c’est l’Etat qui garantit cette convertibilité universelle de la monnaie: tout vendeur est obligé par la loi d’exprimer son prix en monnaie, tout acheteur peut prendre la marchandise à condition de règler le prix en monnaie.

 

Prenons un petit exemple: je me rends chez un commerçant et j’achète un ordinateur portable, que je lui règle par un chèque de 1000 €. Je prends l’ordinateur avec moi, et le commerçant a le chèque. Le chèque a fonctionné comme s’il était un billet de banque: j’ai échangé ce chèque contre un ordinateur, mais j’aurais de la même manière pu l’échanger contre n’importe quel autre bien ou service. C’est donc de la monnaie… et c’est moi qui en remplissant mon chèque l’ai créée. Où est donc le “monopole de création monétaire” de l’Etat  ?

 

Objection, me direz vous: ce chèque n’est pas en lui même de la monnaie, mais il représente seulement la “vraie monnaie” qu’il y a dans mon compte. Faux: au moment où je signe mon chèque, rien ne dit qu’il y a de la “vraie monnaie” sur mon compte. Il suffit que la monnaie s’y trouve lorsque le chèque sera présenté quelques jours plus tard. En attendant cette présentation, j’ai créé de la monnaie ex-nihilo…

 

En fait, toute opération de crédit crée de la monnaie, puisque une opération de crédit implique l’échange d’un bien par la promesse de payer – en “vraie monnaie”, sonnante et trébuchante – plus tard. Cette promesse (en général matérialisée par un titre: reconnaissance de dettes, chèque…) est elle même de la monnaie, puisqu’elle peut être convertie en n’importe quel bien ou service. Il est donc illusoire de croire que l’Etat a jamais eu le monopole de la création de monnaie. Ce dont l’Etat a eu – et a toujours – le monopole, c’est de la capacité de forcer les gens sur son territoire a accepter ses promesses en échange d’un bien, capacité qu’il est toujours le seul a détenir. Tous les autres émetteurs, lorsqu’ils créent de la monnaie, sont contraints par la confiance publique: si je présente un chèque d’une banque qui n’inspire pas confiance, le commerçant peut toujours le refuser. Par contre, si je présente un billet de banque – qui n’est en fait autre chose qu’un chèque sur l’Etat – le commerçant est obligé par la loi et sous peine de sanctions à le prendre.

 

 

“Les banques fabriquent sans limite la monnaie qu’ils prêtent”

 

Cette affirmation est répétée sous diverses formes, ce qui est d’autant plus étonnant que nous sortons d’une crise de liquidités, dans laquelle les banques ont eu recours à des prêts massifs de la BCE pour pouvoir faire face à leurs dettes. Si les banques pouvaient fabriquer sans limite de la monnaie, pourquoi sont elles allées en demander à la banque centrale ?

 

En fait, cette affirmation repose sur une incompréhension de ce qu’on appelle le “multiplicateur du crédit”. Voici de quoi il s’agit. Imaginons un système dans lequel il existe une seule banque commerciale. Imaginons que vous ouvrez un compte dans cette banque et que vous déposez 1000 € en monnaie émise par la banque centrale (monnaie BC). La banque se précipitera a prêter l’argent que vous avez déposé. Mais elle ne peut pas prêter tout: d’une part, la banque centrale lui impose de garder en monnaie BC une “réserve” d’un pourcentage R qui comprend les réserves obligatoires imposées par la banque centrale (de l’ordre en général de 10%) et l’argent nécessaire pour faire face aux retraits que vous ferez de temps en temps pour couvrir vos dépenses (c’est ce qu’on appelle la “préférence pour la liquidité” du client). Supposons que R soit de l’ordre de 20%. Il lui reste donc 1000€ * (1-R/100) soit 800 € qu’elle peut prêter à un autre client.

 

Mais là ne s’arrête pas la chose. Le client qui emprunte les 800 € fera un achat avec cet argent… et le commerçant s’empressera de déposer les 800 € dans son compte à la banque. La banque aura un nouveau dépôt. Sur ce dépôt, elle devra conserver la réserve obligatoire (en monnaie BC)  et prêtera le reste (dans notre exemple, avec un taux de réserve de 20%, cela fait  640 €). Et ainsi de suite.  Et si l’on prolonge le processus à l’infini (1), le total des prêts sera de 4000 €. On voit donc qu’avec un dépôt initial de 1000€ la banque arrive à prêter 4 fois plus: c’est une création monétaire, mais un création monétaire limitée. Et elle est limitée par la taille de la réserve que les banques sont obligées de garder. C’est d’ailleurs pourquoi la banque centrale a le contrôle de la masse monétaire: en fixant la masse de monnaie BC mise en circulation et le taux de réserve obligatoire des banques, elle fixe en fait le maximum de monnaie en circulation.

 

Le rapport entre le montant que la banque centrale injecte en monnaie dans le système et le montant des l’argent total circulant est ce qu’on appelle le “multiplicateur de crédit”. Mais contrairement à ce que claironnent certains “économistes”, notamment dans la gauche radicale, ce multiplicateur n’est pas infini. Il a une limite, et c’est pourquoi les banques peuvent se trouver avec des problèmes de liquidité qui les empêchent de prêter plus (ou pire, de faire face à leurs obligations). Et surtout, il est faux de prétendre que les banques prêtent de l’argent qu’elles fabriquent. En fait, elles prêtent bien le montant de leurs dépôts. Seulement, l’argent prêté génère de nouveaux dépôts, qui eux mêmes permettent de nouveaux crédits…

 

 

“La dette a été fabriquée artificiellement par l’interdiction faite à la banque centrale de prêter aux états à faible taux, voire à taux nul”

 

Cette affirmation, que l’on entend aussi comme leitmotiv depuis des mois, est généralement couplée avec une critique de la loi Pompidou-Giscard du 3 janvier 1973 qui, dont l’article 25 est ainsi rédigé: « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France ». Pour ceux qui ne parlent pas enarque, cela veut dire que l’Etat ne peut emprunter au taux de son choix (faible ou nul) auprès de la Banque de France (et aujourd’hui de la BCE) comme il avait l’habitude de le faire jusqu’à alors.

 

Là encore, il faut comprendre de quoi il s’agit. D’abord, pour prêter de l’argent à l’Etat, la banque centrale doit bien trouver de l’argent quelque part. Elle peut bien entendu le trouver sur les marchés, en prenant des dépôts ou en empruntant. Mais sauf à trouver des gogos aux poches pleines prêts à déposer leurs fonds gracieusement pour lui faire plaisir, la banque est obligée de payer les taux d’intérêt du marché à ceux qui lui confient leur argent. Comment pourrait-elle prêter ensuite cet argent à l’Etat à un taux plus faible ? Qui paye la différence ?

 

Mais la banque centrale a une deuxième ressource, qu’elle est seule à posséder: il s’agit de la planche à billets. Et c’est cette ressource qui en fait permis l’Etat de se financer à un taux d’intérêt faible ou nul. Chaque fois que le Trésor présentait ses titres en escompte, la banque centrale imprimait de la monnaie qu’elle remettait à l’Etat. Le problème de ce système est qu’il alimente l’inflation: chaque fois qu’on met en circulation un nouveau billet, on rogne une petite partie de la valeur des billets qui sont déjà en circulation, puisqu’il y a plus de billets pour acheter la même quantité de biens. Cela équivaut en fait à prélever un impôt sur la monnaie circulante. Ce que la loi Pompidou-Giscard fait, c’est tout simplement d’interdire à l’Etat de prélever cet “impôt inflationnaire”.

 

Pour comprendre le sens de cette loi, il faut le placer dans son contexte. Entre 1945 et la fin des années 1960, l’Etat s’est financé en partie par cet “impôt inflationnaire”, qui présente par rapport aux impôts classiques l’avantage d’être facile à prélever, relativement indolore politiquement (puisqu’il n’est pas voté par le Parlement et que personne n’en prend vraiment la responsabilité) et économiquement aussi longtemps qu’on arrive à contenir l’inflation dans des proportions raisonnables, ce qui dans le contexte d’expansion des “trente glorieuses” ne posait pas trop de problèmes. Mais avec l’épuisement de la croissance et les prémisses du choc pétrolier du début des années 1970, le système se dérègle: l’inflation menace de déraper gravement. Dans ce contexte particulier, il faut limiter le recours à la “planche à billets” et rétablir le financement de l’Etat sur des véritables recettes fiscales.

 

Les “économistes” de la gauche radicale ont tendance à constater que depuis la promulgation de cette loi la dette publique a augmenté dans des proportions dramatiques, ce qui est vrai, et a tirer la conclusion que l’interdiction d’emprunter est la cause de l’augmentation, ce qui est plus discutable. En fait, la loi de 1973 coïncide avec le début d’un période de faible croissance et de chômage massif dont nous ne sommes toujours pas sortis. C’est dans cette croissance faible et dans ce chômage de masse – et dans leurs conséquences – qu’on trouve la véritable origine du creusement de la dette. D’un côté, qui dit faible croissance dit faibles ressources. De l’autre, qui dit problèmes sociaux dit augmentation des dépenses. L’effet ciseau de ces deux paramètres est suffisant pour expliquer le creusement de la dette. Et surtout, pour comprendre qu’il est illusoire de croire que rétablir la possibilité de se financer avec la planche à billets changerait radicalement la donne.

 

 

“On ne paiera pas leur crise”

 

Fidèles à une longue tradition de la gauche française, on trouve aussi ceux qui nient les problèmes. Pour ce groupe-là, la dette n’existe pas. C’est une fiction créée par des financiers rapaces et des gouvernants sans scrupules. Il suffirait de décréter qu’on ne paiera pas, et l’affaire est résolue. Les plus réalistes apportent quelques amodiations à ce principe: on paierait bien la dette, mais seulement la dette “légitime”. Ce qui fait rentrer dans d’obscurs débat sur ce qu’est la “légitimité” d’une dette en prenant en compte qui est le créancier, qui est le débiteur, comment la dette a été contractée et quel est l’âge du capitaine.

 

Prenons un exemple: comme je l’ai montré dans un article précédent (“c’est l’histoire d’un trou…”) une partie de la dette provient du transfert des dettes privées des banques vers la dette publique. Voilà une “dette illégitime” s’il en est. Et nos révolutionnaires de déclarer qu’il ne faut pas la payer. Le problème, c’est qu’une telle logique est fondamentalement injuste, et cela à deux titres.

 

D’abord, que ce serait passé si l’Etat ne s’était pas porté au secours des méchantes banques ? Celles-ci auraient fait faillite. Et qui aurait perdu de l’argent ? Les déposants des dites banques, qui ne sont pas tous des méchants capitalistes, loin de là. Mais aussi les travailleurs des entreprises qui fonctionnent sur la base du crédit bancaire. Est-il “illégitime” que l’Etat dépense de l’argent pour maintenir en vie un système bancaire dont nous sommes nous, citoyens, dépendants ? On peut bien entendu discuter des moyens du sauvetage, et personnellement j’aurais profité pour nationaliser les banques en difficulté et reconstruire ainsi un pôle financier public. Mais une telle décision n’aurait rien changé à la question de la dette: dès lors que les banques avaient un “trou”, les nationaliser aurait transféré le “trou” à l’Etat autant sinon plus que les dispositifs de recapitalisation l’ont fait.

 

Mais surtout, il faut arrêter de croire que refuser de payer les dettes ne touchera que les méchants capitalistes. Qui sont les créanciers de l’Etat, après tout ? Des méchants capitalistes, certes. Mais aussi des fonds de pension étrangers qui ont besoin de récupérer leur argent pour payer les retraites de leurs affiliés. Il y a aussi les français modestes qui ont souscrit une assurance vie investie en obligations… et les fonctionnaires retraités dont la retraite constitue une créance sur l’Etat. Trier les créanciers entre “méritants” et “affreux” risque d’être un travail difficile…

 

 

Conclusion: Vivons nous au dessus de nos moyens ?

 

Le creusement de la dette est toujours l’indicateur d’un déséquilibre entre recettes et dépenses, entre ressources et emplois. Et cela devrait poser des questions à toute personne intéressée par la politique. On ne peut pas se contenter de jérémiades sur le thème “les riches payeront”. Il faut dire comment on les fait payer, et combien. Et si on fait cet exercice, on se rend compte que cela ne suffira pas. Pour équilibrer les comptes il faudra – j’entends déjà les cris d’orfraie – toucher les classes moyennes. Car ce sont elles qui vivent au dessus de leurs moyens, ou pour être plus précis, au dessus de leur contribution à la richesse nationale.

 

On ne peut combler la dette que de deux façons: en réduisant les dépenses ou en augmentant les recettes. Les néo-libéraux – sous les applaudissements des classes moyennes – proposeront toujours la première solution, parce que c’est la moins coûteuse pour eux: ceux qui peuvent se payer les écoles privés sont les moins soucieux de la qualité de l’éducation nationale. Mais ceux qui voudraient une politique de gauche doivent résolument  balancer les deux côtés du problème. Oui, il faut reconsidérer un certain nombre de dépenses et de dispositifs qui ne sont tout simplement pas efficaces. Mais du côté recettes, il faut donner à l’Etat les moyens de son action, et cela implique d’arrêter le mouvement de réduction des impôts constant depuis les années 1980. Mais surtout, il faut faire de la croissance économique et de l’emploi les deux priorités absolues de l’action publique, car c’est là que se trouve la racine du problème. Avec une croissance forte et une inflation raisonnable, la dette cesse d’être un problème.

 

 

Descartes

 

 

(1) Ce qui implique un passage à la limite. Pour N pas de calcul, la somme prêtée s’ecrit comme la somme de 1 à N de K*(1-R/100)^N, où K est le capital de départ. Or, cette somme est égale à K*(1-R/100)*[1-(1-R/100)^N]/[1-(1-R/100)]. Et en faisant tendre N vers l’infini,  (1-R/100)^N tend vers 0, et on trouve que la somme prêtée vaut K*(100/R-1). J’imagine que personne ne comprendra rien à ce calcul, mais je le mets pour satisfaire les plus mathématiques de mes lecteurs.

 

 

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16 réponses à Monnaie, crédit, dette…

  1. Joe Liqueur dit :

    @Descartes

    Je ne suis pas vraiment d’accord.

    Justement,de nos jours, l’argent n’est plus jamais un bien réel, c’est toujours un titre, autrement dit un pur et simple contrat – un droit à prendre, comme tu le dis d’ailleurs toi-même.

    Avec ton exemple du chèque, tu oublies que si le chèque est sans provision, le particulier qui a émis ce chèque est soumis à des mesures de rétorsion pouvant inclure la confiscation des actifs
    qu’il détient par ailleurs.

    Tu oublies surtout, me semble-t-il, que la création monétaire par la banque centrale n’est pas inflationniste dès le moment où elle est concomitante avec une création de biens et de services réels
    (faute de quoi il existe en effet un risque d’inflation incontrôlée).

    “D’abord, pour prêter de l’argent à l’Etat, la banque centrale doit bien trouver de l’argent quelque part”.

    Non. Elle peut émettre du crédit public (“planche à billets”), comme tu le dis toi-même.

    Il ne s’agit donc pas d’un “impôt inflationnaire”, et par ailleurs je m’étonne que tu puisses affirmer que “personne n’en prend vraiment la responsabilité” (de cet impôt). Il me semble que dans un
    système démocratique, l’Etat, c’est le peuple ; le souverain, c’est le peuple ; et que donc c’est le peuple lui-même (via ses représentants) qui prend (ou non) la responsabilité de cet “impôt
    inflationnaire”.

    “Mais avec l’épuisement de la croissance et les prémisses du choc pétrolier du début des années 1970, le système se dérègle : l’inflation menace de déraper gravement. Dans ce contexte particulier,
    il faut limiter le recours à la “planche à billets” et rétablir le financement de l’Etat sur des véritables recettes fiscales”.

    Je crains que tu ne tombes ici dans un piège tendu par les ultralibéraux, et que tu ne t’enfermes dans une logique monétariste. J’expose donc ici mon point de vue, qui est tout à fait différent :
    stimulés par une baisse des rendements du capital liée aux avancées du socialisme et de l’Etat-Providence (et peut-être, marginalement, aux premières tensions sur le marché des matières premières),
    stimulés aussi par les difficultés de l’URSS qui entrait avec Brejnev dans une phase de glaciation un peu morbide, les ultralibéraux ont lancé alors (au début des années soixante-dix) une grande
    contre-offensive qui est encore en cours aujourd’hui (hélas). D’une part l’émission monétaire souveraine (crédit public) était en elle-même contraire à leur religion (dans la mesure où elle
    relevait de l’Etat), d’autre part elle était un outil terriblement efficace de la planification économique, laquelle, dans leur esprit, relève de cet abominable bolchevisme. Du coup, à peine de
    Gaulle avait-il eu le temps de refroidir que Pompidou avait déjà aboli le crédit public.

    Autre remarque : si tu remplaces l’émission monétaire souveraine par de “véritables recettes fiscales”, tu aboutis de la même façon à rogner le pouvoir d’achat. La différence, avec le crédit
    public, c’est que l’Etat se donne les moyens de créer de la monnaie AU FUR ET A MESURE que l’on crée la richesse (biens et services), plutôt que d’en passer par des mesures fiscales complexes,
    contraignantes et potentiellement impopulaires). Se priver d’un tel outil est aberrant, me semble-t-il.

    La loi de 1973 fait plus que “coïncider” avec le début d’un période de faible croissance et de chômage de masse ; elle a été l’un des éléments fondateurs de cette période. C’est un peu le problème
    de la poule et de l’œuf, nous dis-tu. Quant à moi je soutiens que cette prohibition de 1973 fait bien partie de la poule.

    “Il est illusoire, dis-tu, de croire que rétablir la possibilité de se financer avec la planche à billets changerait radicalement la donne”. Mais en ce qui me concerne, je ne pense pas être victime
    de cette illusion, et je ne crois pas non plus que les partisans du “100% monnaie” (inspirés par Maurice Allais) en soient davantage les victimes. Pour moi en tout cas, il ne s’agit nullement de
    “se financer” avec la planche à billets, il s’agit de produire davantage de biens et de services en ayant recours à la planche à billets (et à la planification), ce qui est bien différent.

    Quant à l’idée de “reconstruire ainsi un pôle financier public”, elle me semble insuffisante (et puis on croirait lire la prose du Fd”G”, ce qui me déçoit un peu…). Je défends quant à moi un
    MONOPOLE D’ETAT sur les les secteurs bancaire et financier, i. e. émission monétaire et assurances comprises.

    Je vais demander l’avis du citoyen Holbecq, qui s’est intéressé de très près à questions.

    Et je ne suis guère plus en phase avec la fin de ton texte.

    “On ne peut pas se contenter de jérémiades sur le thème “les riches payeront”. Il faut dire comment on les fait payer, et combien. Et si on fait cet exercice, on se rend compte que cela ne suffira
    pas”. Jusqu’ici je suis tout à fait d’accord, c’est un peu ce que je me dis, d’ailleurs, quand je tombe sur une affiche du NPA proclamant “Taxons les patrons” ou “de l’argent il y en a” (ça c’est
    peut-être le Fd”G”, je ne sais plus…).

    Mais quand tu poursuis en affirmant que “pour équilibrer les comptes il faudra – j’entends déjà les cris d’orfraie – toucher les classes moyennes. Car ce sont elles qui vivent au dessus de leurs
    moyens, ou pour être plus précis, au dessus de leur contribution à la richesse nationale”, alors là je ne te suis plus.

    Et je te réponds : d’abord travailler tous pour produire plus… et gagner plus (faire remonter le pouvoir d’achat, le niveau de vie). Et pour cela, il faut une planification économique, et pour
    cela, il faut une politique macro-économique, et une politique macro-économique, cela suppose des outils macro-économiques, donc un contrôle étatique de la monnaie, émission monétaire comprise (et
    aussi un contrôle étatique des mouvements de capitaux et de marchandises… outils douaniers).

    Du reste, ton dernier paragraphe va plutôt dans ce sens, et pour le coup je n’ai pas grand-chose à redire ; je préfère simplement poser le problème au-delà du seul budget de l’Etat, et l’amener au
    niveau de la balance commerciale du pays – une question qui me semble encore plus fondamentale. Et alors je dirais qu’on ne peut combler ce déficit que de deux façons : en consommant moins
    (solution “décroissante”), ou en produisant plus, ce qui suppose de (re)mettre en place des droits de douane, et aussi d’avoir recours au crédit public dans la mesure où, encore une fois, c’est un
    outil d’une efficacité et d’une souplesse remarquables, qui permettrait surtout de réorienter facilement la production vers des secteurs plus essentiels que le tourisme ou la maroquinerie de luxe :
    recherche scientifique, énergie, transports…

    En ce qui me concerne je ne suis pas partisan de la décroissance, je pense au contraire qu’il nous faut produire plus, et d’abord, encore une fois, en produisant tous. Et aussi ne pas produire
    n’importe quoi. Il paraît que la France forme deux fois fois d’ingénieurs que la Corée du sud… Mais en outre, nombre de nos ingénieurs se retrouvent à vendre des sacs Vuitton ou des crèmes
    “antirides”. Comment dire… Ça ressemble un peu à un suicide collectif.

    • Descartes dit :

      Justement,de nos jours, l’argent n’est plus jamais un bien réel, c’est toujours un titre, autrement dit un pur et simple contrat – un droit à prendre, comme tu le dis d’ailleurs
      toi-même.

      Ce n’est pas tout à fait vrai: l’or, par exemple, reste un bien “réel” qui joue un rôle monétaire. Mais il est vrai que pour des raisons qui tiennent a la croissance économique rapide depuis le
      XIXème siècle il est clair qu’aucun bien “réel” ne pourrait jouer à lui seul le rôle de monnaie.

      Avec ton exemple du chèque, tu oublies que si le chèque est sans provision, le particulier qui a émis ce chèque est soumis à des mesures de rétorsion pouvant inclure la confiscation des
      actifs qu’il détient par ailleurs.

      Lorsqu’on donne ce genre d’exemple, on exclue le cas où le chèque serait sans provision. Ce que l’exemple tendait à montrer est que le chèque a une fonction monétaire même si l’argent n’est pas
      sur le compte, à condition qu’il se trouve au moment où le chèque est encaissé. En d’autres termes, aussi longtemps que dure le crédit que le commerçant consent à celui qui achète par chèque.

      Tu oublies surtout, me semble-t-il, que la création monétaire par la banque centrale n’est pas inflationniste dès le moment où elle est concomitante avec une création de biens et de services
      réels

      Je n’oublie nullement ce point. Au contraire, je l’ai soutenu plusieurs fois. Mais pour les sujets de mon papier, ce point n’était pas essentiel.  

      “D’abord, pour prêter de l’argent à l’Etat, la banque centrale doit bien trouver de l’argent quelque part”. Non. Elle peut émettre du crédit public (“planche à billets”), comme tu le dis
      toi-même.

      C’était précisement mon point… la planche à billets est bien “quelque part”! En fait, mon commentaire s’adressait à ceux qui déclarent que “yaqua faire acheter les titres de dette par la banque
      centrale” comme si la banque centrale pouvait conjurer de l’argent par magie. Elle ne le peut pas: soit elle prête l’argent que d’autres lui confient, soit elle le fabrique. Et dans les deux cas,
      il y a un coût.

      Il ne s’agit donc pas d’un “impôt inflationnaire”

      Si, du moins dès que la création monétaire totale excède l’expansion de l’économie. Ce qui avec la croissance anémique que nous avons aujourd’hui est inévitable.

      et par ailleurs je m’étonne que tu puisses affirmer que “personne n’en prend vraiment la responsabilité” (de cet impôt). Il me semble que dans un système démocratique, l’Etat, c’est le peuple
      ; le souverain, c’est le peuple ; et que donc c’est le peuple lui-même (via ses représentants) qui prend (ou non) la responsabilité de cet “impôt inflationnaire”.

      Pas tout à fait. Le peuple est le souverain, mais le souverain ne gouverne pas – dieu merci – directement: il délègue a des personnes et des institutions qui reçoivent le pouvoir de décider et
      assument les décisions qu’ils prennent. Contrairement aux impôts directs ou indirects, qui sont débattus et votés, “l’impôt inflationnaire” ne nécessite aucune autorisation pour être perçu. Or,
      dans nos démocraties la responsabilité est bien plus facile à mettre en oeuvre pour les décisions explicites que pour les décisions implicites…

      Je crains que tu ne tombes ici dans un piège tendu par les ultralibéraux, et que tu ne t’enfermes dans une logique monétariste. J’expose donc ici mon point de vue, qui est tout à fait
      différent (…)

      Ton point de vue repose sur une théorie de conspiration, et comme toute théorie de conspiration elle est logiquement irréfutable à moins de pouvoir lire dans les pensées de Pompidou et de
      Giscard. Le fait est qu’on imagine mal comment dans le contexte économique de 1973 le recours indiscriminé à la planche à billets aurait-il pu être maîtrisé avant d’arriver à l’hyperinflation.
      Même avec cette lourde contrainte, l’inflation a dérapé vers les deux chiffres vers la fin des années 1970…

      Personnellement, je suis un grand partisan du rasoir d’Occam. Si une mesure est défendue par ses auteurs comme un moyen pour lutter contre l’inflation, que le risque d’inflation est réel et que
      la mesure est effectivement efficace, j’en conclue que l’explication la plus probable est celle-là. Et je ne vais pas chercher d’obscures conspirations…

      Autre remarque : si tu remplaces l’émission monétaire souveraine par de “véritables recettes fiscales”, tu aboutis de la même façon à rogner le pouvoir d’achat.

      Bien entendu. De toute façon, il n’y a pas de miracles: ce que l’Etat dépense, il faut bien que cela sorte de la poche de quelqu’un. Mais à la différence de la planche à billets, les “véritables
      ressources fiscales” obligent à expliciter l’impôt, donc à ouvrir un véritable débat sur les recettes et les dépenses de l’Etat. L’inflation étant un “impôt caché”, les citoyens sont beaucoup
      moins tentés de demander immédiatement des comptes à leurs élus.

      Se priver d’un tel outil [l’emission monétaire] est aberrant, me semble-t-il.

      Nous sommes globalement d’accord sur ce point. Ce n’est pas moi qui te dira le contraire, moi qui ai toujours défendu l’idée d’une politique économique d’inflation moderée. Mais certains outils
      ne sont pas adaptés à certaines circonstances. Entre 1945 et 1970, le financement par la planche a billets a bien marché. Mais en 1973, avec une inflation qui dérapait et une dette faible,
      l’outil était devenu dangereux, et à mon sens l’idée de le brider n’était pas déraisonnable. Aujourd’hui, avec une dette énorme et une inflation faible, il serait peut-être temps de ressortir
      l’outil en question!

      La loi de 1973 fait plus que “coïncider” avec le début d’un période de faible croissance et de chômage de masse ; elle a été l’un des éléments fondateurs de cette période. C’est un peu le
      problème de la poule et de l’œuf, nous dis-tu. Quant à moi je soutiens que cette prohibition de 1973 fait bien partie de la poule.

      Je ne le crois pas. Fourastié entre autres a souligné combien le modèle des “trente glorieuses” avait commencé à s’épuiser à la fin des années 1960. Certains en arrivent même à faire de ce
      ralentissement une des causes du mal-être des jeunes des classes moyennes qui aboutit à mai 1968. Il est difficile de voir en ce ralentissement une conséquence de la loi de 1973, sauf à
      admettre que les effets précèdent les causes…

      “Il est illusoire, dis-tu, de croire que rétablir la possibilité de se financer avec la planche à billets changerait radicalement la donne”. Mais en ce qui me concerne, je ne pense pas être
      victime de cette illusion,(…). Pour moi en tout cas, il ne s’agit nullement de “se financer” avec la planche à billets, il s’agit de produire davantage de biens et de services en ayant recours
      à la planche à billets (et à la planification), ce qui est bien différent.

      Alors, nous sommes d’accord. Mon commentaire s’adressait là encore à ceux qui imaginent (comme Mélenchon, pour ne pas le nommer) qu’il suffirait que la BCE se mette à acheter de la dette bon
      marché pour que tout s’arrange. Pour moi – et j’ai l’impression que pour toi aussi – la politique monétaire doit être conçue en fonction d’une politique économique (c’est à dire, une politique de
      production et de consommation de biens et services), et non pas en fonction de critères purement comptables d’équilibre ou de déséquilibre.

      Quant à l’idée de “reconstruire ainsi un pôle financier public”, elle me semble insuffisante (et puis on croirait lire la prose du Fd”G”, ce qui me déçoit un peu…). Je défends quant à moi un
      MONOPOLE D’ETAT sur les les secteurs bancaire et financier, i. e. émission monétaire et assurances comprises.

      Je n’ai pas de religion dans ce domaine. Il faut que l’Etat ait des instruments pour agir, et cela suppose d’avoir un pôle financier public. Est-ce que l’existence à côté de ce pôle de banques
      privées est un inconvénient ? L’expérience passée tend à montrer que non: après tout, en 1945 on n’a pas nationalisé toutes les banques et toutes les assurances.
      Est-ce une nécessité de le faire aujourd’hui ? Je ne sais pas, et je suis ouvert à tes arguments.

      Mais quand tu poursuis en affirmant que “pour équilibrer les comptes il faudra – j’entends déjà les cris d’orfraie – toucher les classes moyennes. Car ce sont elles qui vivent au dessus de
      leurs moyens, ou pour être plus précis, au dessus de leur contribution à la richesse nationale”, alors là je ne te suis plus.

      Et pourtant, tu devrais… parce que pour réaliser ce que tu proposes (et avec quoi je suis d’accord) il faut des ressources pour investir. Or, on ne peut pas investir et en même temps maintenir
      le niveau de consommation des classes moyennes. Ne te trompe pas: si les classes moyennes ont voté des deux mains les politiques libérales depuis Mitterrand/Delors jusqu’à aujourd’hui, c’est
      parce qu’elles vont dans le sens de leurs intérêts. Essaye dejà de leur vendre ton “travailler plus”, et tu verras comment tu seras reçu.

      En ce qui me concerne je ne suis pas partisan de la décroissance, je pense au contraire qu’il nous faut produire plus, et d’abord, encore une fois, en produisant tous. Et aussi ne pas
      produire n’importe quoi. Il paraît que la France forme deux fois fois d’ingénieurs que la Corée du sud… Mais en outre, nombre de nos ingénieurs se retrouvent à vendre des sacs Vuitton ou des
      crèmes “antirides”. Comment dire… Ça ressemble un peu à un suicide collectif.

      100% d’accord, bien entendu!

       

  2. A-J Holbecq dit :

    Bonjour
    Le “citoyen Holbecq” 😉 est totalement en phase avec Joe Liqueur.
    Pas la disponibilité pour développer mais juste 2 points
    1 – la monnaie est une dette de banque qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de paiement… l’or n’est pas une monnaie, pas plus que du terrain agricole ou des diamants.
    Tout au plus peut-il tenir une des trois caractéristiques de la monnaie; “la réserve de valeur”
    2 – les thèses monétaristes plus de monnaie ou des taux d’intérêts trop bas sont créateurs d’inflation ont vécues… les motifs d’inflation ne peuvent pas être limités à ces seules causes et vice
    versa

    • Descartes dit :

      Bonjour

      Bonjour, et bienvenu sur ce modeste blog. Je ne savais pas qu’on avait des célébrités avec nous…  😉

      1 – la monnaie est une dette de banque qui circule, un élément du passif bancaire accepté comme moyen de paiement… l’or n’est pas une monnaie, pas plus que du terrain agricole ou des
      diamants. Tout au plus peut-il tenir une des trois caractéristiques de la monnaie; “la réserve de valeur”

      Si vous définissez la monnaie comme “une dette de banque qui circule”, alors trivialement aucun bien ne peut être “monnaie”. Mais si l’on se tient à la définition économique selon laquelle la
      monnaie est n’importe quel objet qui remplit les trois fonctions classiques, alors le résultat est différent, et des biens “rééls” restent dans beaucoup d’endroits du globe des monnaies.
      Cependant, on peut s’accorder sur le fait que cette discussion n’a qu’une valeur historique, et que du point de vue économique le 99,99% de la monnaie aujourd’hui est en fait une “dette qui
      circule” (en fait, je dirais plutôt une “promesse” qu’une dette, mais c’est une coquetterie sémantique).

      2 – les thèses monétaristes plus de monnaie ou des taux d’intérêts trop bas sont créateurs d’inflation ont vécues… les motifs d’inflation ne peuvent pas être limités à ces seules causes et
      vice versa

      Je trouve que vous tuez ces idées un peu trop vite. D’abord, vous faites trop d’honneur au monétarisme en lui attribuant ces thèses, qu’on retrouve sous la plume d’économistes morts bien avant
      que Milton Friedman ait vu le jour. L’erreur du monétarisme n’est pas de prétendre que l’excès de monnaie est inflationnaire, mais que l’augmentation de la masse monétaire est
      l’unique cause de l’inflation, et que ce rapport est mécanique. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du ban monétariste. La thèse selon laquelle le recours à la planche à
      billets est inflationniste est une thèse amplement vérifiée empiriquement…

      Partons de l’hypothèse que la planche à billets est un outil légitime au service d’une politique économique de croissance. La question qui se pose est comment éviter que des politiciens en mal de
      popularité n’abusent de cet instrument, au risque de nous projeter dans une hyperinflation. Quelles sont les propositions ? Une règle liant la croissance de la masse monétaire et croissance tout
      court ? C’est exactement ce que proposait Friedman (avec des arguments qui sont loin d’être idiots). Ou faut-il donner un objectif d’inflation ? Le débat est ouvert…

  3. A-J Holbecq dit :

    @Descartes
    Globalement d’accord, on ne va pas chipoter sur des détails

    Vous écrivez:
    “Partons de l’hypothèse que la planche à billets est un outil légitime au service d’une politique économique de croissance. La question qui se pose est comment éviter que des politiciens en mal de
    popularité n’abusent de cet instrument, au risque de nous projeter dans une hyperinflation. Quelles sont les propositions ? Une règle liant la croissance de la masse monétaire et croissance tout
    court ? C’est exactement ce que proposait Friedman (avec des arguments qui sont loin d’être idiots). Ou faut-il donner un objectif d’inflation ? Le débat est ouvert… “

    Pour ma part, outre une nécessité de limiter la création monétaire par la BC au seul bénéfice de la collectivité (vous savez sans doute que je suis un adepte du “100% monnaie”) sous forme de
    recette budgétaire, je pense qu’il ne faut pas de règle “arithmétique” de la croissance de la masse monétaire mais autoriser ces augmentations suivant les besoins (et les choix) d’investissements
    par des accords entre le Parlement, la Banque centrale et un “Cours des Comptes” indépendante, le tout à la demande du gouvernement, des collectivités centrales ou locales.
    La monnaie circule lorsqu’elle est émise et des recettes fiscales “gelées” (non dépensées) sont une forme de régulation de la masse monétaire “circulante”.
    Allais comme Friedman considéraient que l’objectif devait être 2% d’inflation, mais la BCE a montré qu’elle était incapable de réguler (croissance de la masse monétaire entre 2002 et 2008 à >9%
    … et inflation des actifs)

    • Descartes dit :

      Pour ma part, outre une nécessité de limiter la création monétaire par la BC au seul bénéfice de la collectivité (vous savez sans doute que je suis un adepte du “100% monnaie”) sous forme de
      recette budgétaire,

      Oui, je sais effectivement que vous adhérez à l’idée du “100% monnaie”. Sur cette question, j’avoue que je ne suis pas très à l’aise. Ce qui me gêne dans le “100% monnaie”, c’est qu’il retire aux
      banques la fonction de transformation des dépots à court terme en crédits à long terme. Dans le modèle “100% monnaie” c’est la banque centrale qui assume ce rôle. Or, je ne suis pas sur qu’elle
      soit bien outillée pour cela. Bien entendu, la banque centrale peut toujours déléguer ce rôle à des banques d’investissement, qui se fourniraient en monnaie auprès de la banque centrale… on
      aboutirait un peu à la logique de Glass-Steagall ou a celle de l’encadrement du crédit tel qu’il a été pratiqué en France pendant les trente glorieuses.

      je pense qu’il ne faut pas de règle “arithmétique” de la croissance de la masse monétaire mais autoriser ces augmentations suivant les besoins (et les choix) d’investissements par des accords
      entre le Parlement, la Banque centrale et un “Cours des Comptes” indépendante, le tout à la demande du gouvernement, des collectivités centrales ou locales.

      Là, j’adhère plus du tout. Je pense effectivement qu’une règle “arithmetique” est trop rigide et surtout permet aux acteurs d’anticiper l’inflation, ce qui retire toute efficacité aux mesures
      keynésiennes. Mais je suis contre tout système de dilution de responsabilité. Dejà on a du mal à mettre en cause la responsabilité du Parlement seul… alors imaginez la recherche de
      responsabilité pour une décision prise “par accord entre le Parlement, la banque centrale, une “cour des comptes” soi disant indépendante, le gouvernement, les collectivités centrales ou
      locales”…

      Un système où la décision ne peut être rattachée à une personne ou groupe de personnes individuellement responsables devant le souverain est pour moi un système fondamentalement mauvais. Il faut
      donc trouver soit une règle, soit une autorité qui fasse la politique monétaire. Si l’on ne veut pas une règle, alors il faut trouver l’autorité. Et c’est là que le problème commence: pour que
      l’autorité soit responsable, il faut que les résultats de sa politique soient visibles sur l’échelle de son mandat. Pour la politique économique et monétaire, cela veut dire cinq à dix ans. Or,
      la tendance actuelle est au contraire de réduire la longueur des mandats largement en dessous de ces limites…

      Si l’on veut “étatiser” la politique économique et monétaire, alors il faut confier cela à une autorité exécutive, et lui donner un mandat suffisamment long pour pouvoir effectivement faire des
      choses et en assumer la responsabilité. Est-on prêt à accepter ce type de fonctionnement ?

       

  4. Joe Liqueur dit :

    @Descartes Sur le chèque, à la réflexion, je trouve que ton raisonnement se tient… sauf peut-être si le créancier fait appel à un réseau informatique pour vérifier en amont le solde du compte,
    comme cela se pratique parfois. “Si [c’est un impôt inflationnaire], du moins dès que la création monétaire totale excède l’expansion de l’économie. Ce qui avec la croissance anémique que nous
    avons aujourd’hui est inévitable”. Là c’est encore le problème de la poule et de l’œuf. Quant à moi je prends le problème dans l’autre sens et je considère qu’on peut justement créer une croissance
    grâce au levier de la création monétaire, du moins si : 1/ On peut mobiliser de la main-d’œuvre auparavant inemployée ou sous-employée, ou absente du territoire (ce qui est le cas aujourd’hui avec
    nos cinq ou six millions de chômeurs et précaires, et les millions d’étrangers qui ne demandent qu’à venir travailler en France) ; 2/ On peut extraire davantage de matières premières sur le
    territoire national. Là, c’est moins évident (comme on dit, on a plus d’idées que de pétrole…). Mais il est aussi possible d’échanger des matières premières (avec des pays étrangers) contre une
    certaine part des biens et services produits grâce à la mobilisation de la main-d’œuvre ; du coup, le point 1 peut être suffisant. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il me paraît carrément
    scandaleux de plonger un pays dans la rigueur, l’austérité et la (quasi-)récession alors même que toute la main-d’œuvre n’est pas employée… C’est aberrant, c’est monstrueux. Il me semble que le
    plein emploi serait quand même un moyen très simple d’augmenter la production, donc le niveau de vie, le pouvoir d’achat. Et c’est encore mieux si on oriente la production vers le long terme, même
    si l’augmentation de pouvoir d’achat est alors moins immédiate. Après, je me pose la question : pourquoi les gouvernements successifs (de droite ou de “gauche”) ont-ils systématiquement écarté
    cette option ? Et j’essaie d’y répondre. Mon interprétation est la suivante : une forme d’anticommunisme radical, assimilant toute forme de planification économique à du crypto-bolchevisme, s’est
    imposée chez les responsables politiques de “gauche” comme de droite, et ce depuis le tournant du début des années soixante-dix. A cet égard, la parenthèse 1981-1983 (en France) aura été
    étonnamment brève. Donc je vois là en effet les résultats d’une grande offensive anticommuniste ; je veux bien que tu appelles ça une “théorie de la conspiration”, mais pour moi, encore une fois,
    c’est juste une interprétation qui met en exergue un basculement du rapport de force politique (lié aussi, dans le cas de la France, à l’appel d’air créé par 68 et par la démission puis la mort de
    De Gaulle). “Contrairement aux impôts directs ou indirects, qui sont débattus et votés, “l’impôt inflationnaire” ne nécessite aucune autorisation pour être perçu”. Cet argument est recevable,
    évidemment, mais n’empêche que le chef de l’exécutif est élu lui aussi… On peut quand même se dire qu’un gouvernement qui abuserait de la création monétaire mettrait alors en cause sa réélection.
    Car si une inflation modérée n’a rien d’impopulaire (surtout si les salaires sont indexés sur l’inflation, ce qui n’est plus le cas depuis 1982 il me semble), une inflation débridée risque de
    discréditer très vite les responsables. Et puis cet argument est à double tranchant ; car c’est aussi l’avantage du crédit public par rapport à l’impôt : il est beaucoup plus souple d’utilisation.
    Pour en revenir à mes chers anticommunistes “conspirateurs”, il me paraît évident que ceux-ci préfèrent se battre contre des impôts (forcément impopulaires) et se donner ainsi le beau rôle. Eux qui
    veulent “réduire la taille de l’Etat de façon à ce qu’on puisse ensuite le noyer dans une baignoire” (jolie expression d’un stratège républicain américain, cité par Serge Halimi dans son dernier
    édito), ne peuvent qu’avoir une sainte horreur du crédit public – ce puissant instrument que l’Etat peut mettre au service de cette abominable planification. Il me semble que tout cela est logique.
    Ce n’est qu’une interprétation, “conspirationniste” peut-être, mais logique. Cela dit, la Fed (privée) est beaucoup moins indépendante que la BCE (publique), comme quoi rien n’est simple ; mais si
    j’ai bien compris, c’est aussi lié au fait qu’il existe un gouvernement fédéral américain, alors que l’UE est un simple traité international, et pas seulement au fait que les traités de Lisbonne
    (je pense que c’est dans la partie TFUE) garantissent à la BCE un statut encore plus indépendant que celui de la Fed. Bon, tout ça pour dire que tu as raison, l’endettement auprès des marchés n’est
    pas la seule alternative à la création monétaire ; il y a aussi l’impôt… Je pense que c’est un peu ce que tu as voulu rappeler dans ton billet, et c’est un rappel très utile (c’est ton côté :
    “attention je vais casser l’ambiance”, et c’est ce qui fait l’intérêt de ton blog !). Je trouve moi aussi que les pourfendeurs de la loi de 1973 présentent parfois les choses de manière un peu
    caricaturale. J’en avais d’ailleurs discuté un jour avec A-J Holbecq. Cependant le fait est que nos gouvernements successifs ont fait largement appel aux marchés… alors qu’ils avaient, donc, deux
    autres possibilités – dont une impopulaire et une autre bien plus “indolore” quoique potentiellement dangereuse. Autrement dit, ils ont fait le choix de payer (de nous faire payer) des intérêts à
    des agents privés, alors que ce n’était en rien nécessaire. Et il me semble que ce choix n’a jamais donné lieu à un véritable débat, en tout dans l’opinion (pour ce qui est de l’Assemblée et du
    Sénat je ne saurais dire). On voit le résultat aujourd’hui. Après, le rasoir d’Occam, je veux bien, mais je n’ai jamais dit que les auteurs de la loi ne voulaient pas lutter contre l’inflation.
    Bien sûr qu’ils voulaient, puisque l’inflation est une autre de leurs bêtes noires – dans la mesure où (si l’on fait abstraction des taux d’intérêt) elle a tendance à éroder le capital (alors qu’à
    l’inverse elle peut aider les petits débiteurs à rembourser… du moins tant que les salaires sont indexés dessus). En fait, c’est un impôt sur le capital, et pour des anticommunistes fanatisés cela
    est bien pire que la TVA ou l’impôt sur le revenu. Sans parler de la “construction européenne” (serpent monétaire à l’époque) qui suggérait de converger avec la RFA, pays traumatisé par
    l’hyperinflation. Aujourd’hui, c’est clairement le mandat de la BCE de lutter contre l’inflation… quitte à maintenir un taux de chômage élevé tant qu’elle a affaire à des pays où la protection
    sociale (incluant le droit du travail) est encore assez étendue et donc le NAIRU assez élevé. Par ailleurs quand tu dis que la mesure a été efficace, c’est quand même assez relatif, l’inflation
    ayant été nettement plus forte dans les années soixante-dix que dans les deux décennies précédentes. Alors on peut se dire : qu’est-ce que ç’aurait été si on avait eu recours à la création
    monétaire ! Car il est vrai que le baril s’était envolé. Mais là encore, tout dépend, à mon avis, de la façon dont on utilise le crédit public. Si on avait pu non seulement faire des centrales
    nucléaires (solution partielle au problème du pétrole), mais aussi développer de nouveaux carburants et matières premières alternatifs (y compris pour le combustible nucléaire), plutôt que de céder
    à la facilité en comptant toujours sur le pétrole (et l’uranium) des autres… Or c’est aussi à cette période que le chômage de masse est (ré)apparu. Toujours le problème de la poule et de l’œuf :
    est-ce la stagnation économique qui crée le chômage, ou le chômage qui crée la stagnation économique ? Ou une politique malthusienne (parce que monétariste) qui crée en même temps la stagnation et
    le chômage ? Je penche pour la troisième solution… “Aujourd’hui, avec une dette énorme et une inflation faible, il serait peut-être temps de ressortir l’outil en question!” D’ailleurs même Rocard
    le dit… http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0201542870645-une-nouvelle-tempete-approche-sur-les-marches-financiers-201290.php Je cite : “Une des règles du nouveau jeu établie un peu partout
    dès les décennies 1970 et 1980 fut l’interdiction faite aux banques centrales d’émettre la monnaie. Cette idée dangereuse, émise en France par Jacques Rueff dès 1958, généralisée en Europe dans les
    vingt ans qui suivirent, avait pour objet de limiter la propension des économies capitalistes à pratiquer l’inflation dès qu’elles étaient en plein-emploi. Mais elle eut surtout ce résultat
    terrifiant d’obliger les Etats à emprunter aux taux du marché de la monnaie émise par les banques privées pour assurer leur trésorerie, créant ainsi un puissant freinage à l’investissement public,
    un énorme flot de dépense publique nouvelle et irrépressible et une gigantesque rente de situation pour l’appareil bancaire privé”. Et là, c’est aussi Rocard lui-même, semble-t-il, qui fait comme
    si la création monétaire était la seule alternative à l’endettement sur les marchés, oubliant l’impôt. “Fourastié entre autres a souligné combien le modèle des “trente glorieuses” avait commencé à
    s’épuiser à la fin des années 1960″. (…) Il est difficile de voir en ce ralentissement une conséquence de la loi de 1973, sauf à admettre que les effets précèdent les causes…”. Là je m’incline,
    d’autant que je n’ai pas lu cet auteur ; mais déjà lu cet argument ailleurs. Cela dit, j’écrivais “l’un des éléments fondateurs”, je n’en fais pas non plus un cause unique, évidemment. En outre, un
    de mes professeurs d’histoire nous répétait souvent que d’une manière générale, les grandes gr�

    • Descartes dit :

      Là c’est encore le problème de la poule et de l’œuf. Quant à moi je prends le problème dans l’autre sens et je considère qu’on peut justement créer une croissance grâce au levier de la
      création monétaire (…)

      La création monétaire peut être un outil pour relancer la croissance, mais ce n’est pas un véritable levier. Pour relancer la croissance (et la croissance industrielle et productive, car toutes
      les croissances ne se valent pas) il faut une véritable politique économique, qui aille au dela de la simple politique monétaire. En particulier, il faut une fiscalité qui fasse que
      l’investissement productif soit plus rentable que l’investissement spéculatif.

      Il me semble que le plein emploi serait quand même un moyen très simple d’augmenter la production,

      Mais on ne peut pas faire le plein emploi par décret.

      Après, je me pose la question : pourquoi les gouvernements successifs (de droite ou de “gauche”) ont-ils systématiquement écarté cette option ? Et j’essaie d’y répondre. Mon interprétation
      est la suivante : une forme d’anticommunisme radical (…)

      Je reste un matérialiste, et en tant que tel je me méfie des explications idéologiques. Si les gouvernements successifs ont fait des politiques privilégiant le secteur financer sur le secteur
      productif, c’est parce que ces politiques allaient dans l’intérêt des couches sociales qu’ils réprésentent. Le plein emploi est coûteux pour les classes moyennes, parce qu’il fait monter les
      salaires et donc le coût des biens et services qu’elles consomment…

      On peut quand même se dire qu’un gouvernement qui abuserait de la création monétaire mettrait alors en cause sa réélection.

      A condition que les effets se fassent sentir avant l’élection. Or, avec des mandats de plus en plus courts et des alternances de plus en plus fréquentes, il devient pour l’électeur de plus en
      plus difficile de rattacher les conséquences d’une politique à ses auteurs…

      (c’est ton côté : “attention je vais casser l’ambiance”, et c’est ce qui fait l’intérêt de ton blog !).

      Enfin quelqu’un qui me comprend… 😉

      Par ailleurs quand tu dis que la mesure a été efficace, c’est quand même assez relatif, l’inflation ayant été nettement plus forte dans les années soixante-dix que dans les deux décennies
      précédentes.

      Certes. Mais on a évité l’hyperinflation…

      Si on avait pu non seulement faire des centrales nucléaires (solution partielle au problème du pétrole), mais aussi développer de nouveaux carburants et matières premières alternatifs (y
      compris pour le combustible nucléaire), plutôt que de céder à la facilité en comptant toujours sur le pétrole (et l’uranium) des autres…

      Arrête de rêver… loin de “céder à la facilité” on a fait ce qu’il y a de plus rationnel (et que beaucoup de pays nous envient ouvertement). Et au cas où tu l’aurais oublié, le programme
      nucléaire a été financé avec le crédit privé (par emprunt sur les marchés internationaux de capitaux) avec garantie publique implicite.

       

  5. J. Halpern dit :

    “J’avoue être particulièrement énervé de voir dans un certain nombre de tribunes de la “vraie gauche” qu’on répète inlassablement des théories qui ne résistent la moindre analyse. Enfourchons
    donc notre lance et partons à l’aventure…
    “L’Etat doit reprendre aux banques le monopole de la création de monnaie”
    Pour comprendre l’absurdité de cette affirmation, il faut bien comprendre comment se crée la monnaie.”

    Je crains que tu te fourvoies complètement ; les théories que tu cites émanent d’économistes tout à fait sérieus : Irving Fisher, Maurice Allais… très éloignés de la “vraie” (?) Gauche. Que
    cette dernière y puise des bribes d’arguments décontextualisés n’en fait pas une “affirmation absurde”.
    Comme tu l’indiques dans la suite de ton article, la monnaie est un signe qui se crée ex nihilo quand se constitue la confiance qui le fera accepter en paiement. Or cette création de monnaie se
    concentre entre les mains d’institutions privées (banques, sociétés financières…) qui s’accaparent un pouvoir considérable par le monayage. Outre l’accaparement d’une part de la richesse
    sociale par ces institutions, il s’ensuit une situation périlleuse où un bien collectif (l’existence de moyens de paiement suffisants) dépend d’opérations privées d’endettement ou de
    spéculation.
    Fisher ou Allais, auteurs monétaristes de bonne tenue, ont compris que leur modèle “libéral” ne pouvait fonctionner qu’à l’abri de cette source de perturbation de l’économie productive. Pour eux,
    boom et krachs relèvent en premier lieu de la création monétaire anarchique des banques que suit de ravageuses paniques quand se révèle le surendettement. Voilà pourquoi ils veulent transférer à
    l’Etat le monopole de la création de monnaie.
    Cette approche mérite en tout cas une vraie discussion théorique plutôt qu’une réfutation à l’emporte pièce.

    Concernant la loi de 1973, je crois que là aussi tu prête à la gauche radicale une approche qu’il faudrait faire remonter à Fisher et à Keynes : en période de dépression, il revient à l’Etat de
    se substituer à l’insuffisance de l’investissement privé pour alimenter la circulation monétaire. Or la loi de 1973 et les traités européens traitent cette fourniture de bien collectif comme une
    dette classique, ce qui conduit aujourd’hui à un dramatique dilemme entre surendettement de l’Etat et amplification de la crise.
    Je te concède que la dette publique résulte aussi de politiques démagogiques de baisses d’impôts et de distribution de cadeaux divers. Mais il reste que l’Etat doit conserver le moyen de fournir
    à l’économie les liquidités necessaires.

    • Descartes dit :

      Je crains que tu te fourvoies complètement ; les théories que tu cites émanent d’économistes tout à fait sérieus : Irving Fisher, Maurice Allais… très éloignés de la “vraie” (?)
      Gauche.

      Quelle “thèse” ? Où écrivent Fisher ou Allais que “l’Etat doit reprendre le monopole de création de monnaie” ? Affirmer que l’Etat doit “reprendre” le monopole implique
      que l’Etat ait dejà eu ce monopole par le passé. Or, c’est évidement faux: dès lors qu’il existe un acteur économique privé capable de faire crédit, il y a création de monnaie. Et des
      établissements privés de crédit sont au moins aussi anciens que l’Etat lui même…

      Comme tu l’indiques dans la suite de ton article, la monnaie est un signe qui se crée ex nihilo quand se constitue la confiance qui le fera accepter en paiement. Or cette création de monnaie
      se concentre entre les mains d’institutions privées (banques, sociétés financières…) qui s’accaparent un pouvoir considérable par le monayage.

      C’est cet aspect là dans la théorie des “100% monnaie” qui me paraît la moins convaincante. L’acte de crédit crée formellement de la monnaie. Mais à qui cette création profite ? Cela est pour moi
      loin d’être clair. Il est vrai que la banque perçoit des intérêts sur les prêts qu’elle consent, mais en même temps le multiplicateur de crédit, en multipliant l’offre de crédit, fait baisser ces
      taux. Fisher le dit lui même: dans la logique du “100% monnaie”, la banque serait obligée de se rémunérer sur un seul prêt là où le système actuel lui permet d’en consentir plusieurs. Pour
      conserver le même niveau de rentabilité, elle serait donc obligée d’augmenter le taux d’intérêt… il n’est donc pas évident que la banque y perde à la fin.

      Lorsque Fisher propose le “100% monnaie” (je profite pour remercier hici A. Holbecq de son intervention sur mon blog, c’est elle qui m’a poussé salutairement à lire le texte de Fisher) il le
      propose non pas avec le souci de “diminuer le pouvoir des banques”, mais avec le souci d’éviter les instabilités monétaires avec des expansions brusques et de contractions brusques de la masse
      monétaire lorsque le multiplicateur de crédit varie (variation qui n’est absolument contrôlable par les autorités monétaires) et qui avaient eu des effets désastreux lors de la Grande Dépression.

      Outre l’accaparement d’une part de la richesse sociale par ces institutions, il s’ensuit une situation périlleuse où un bien collectif (l’existence de moyens de paiement suffisants) dépend
      d’opérations privées d’endettement ou de spéculation.

      Là encore, j’attends des arguments. Je ne vois pas en quoi l’émission monétaire résultant du crédit permet “l’acaparement de la richesse sociale par ces institutions”. Par contre, l’argument de
      la stabilisation de la masse de moyens de payement est un bon argument, et je dois dire que je suis assez séduit par cette proposition.

      Cette approche mérite en tout cas une vraie discussion théorique plutôt qu’une réfutation à l’emporte pièce.

      Je suis tout à fait d’accord. C’est d’ailleurs cette discussion que j’ai essayé de lancer sur ce blog. Mais si cette discussion ne mérite pas des “réfutations à l’emporte-pièce”, elle ne peut pas
      non plus s’accomoder d’affirmations à l’emporte pièce… ou des arguments d’autorité. Et encore moins d’une mauvaise lecture de ce que l’autre écrit. Allais ou Fisher proposent de transférer à la
      Banque Centrale (et non à l’Etat, la nuance est de taille) la création monétaire effectuée par les banques non pas pour “réduire le pouvoir” de celles-ci, mais comme remède aux instabilités
      monétaires. Et ils ne proposent pas de lui donner le monopole de la création monétaire (ce qui suppose la disparition de tout crédit privé) et encore moins de “récupérer” ce contrôle puis qu’il
      n’a jamais existé par le passé.

      Or la loi de 1973 et les traités européens traitent cette fourniture de bien collectif comme une dette classique, ce qui conduit aujourd’hui à un dramatique dilemme entre surendettement de
      l’Etat et amplification de la crise.

      Je ne suis pas d’accord. La loi de 1973 ne fait que rétablir la “vérité des prix”: avant elle, l’Etat se faisait remettre de l’argent créé au moyen de la planche à billets, ce qui revenait à
      faire payer l’ardoise par tous les français au moyen d’un “impôt inflationnaire” peu transparent. A partir de la loi de 1973, l’Etat est obligé d’emprunter à un taux d’intérêt connu et public, et
      les français payent l’ardoise à travers de leurs impôts, eux aussi publics, et sans effet sur l’inflation. Comme je l’ai dit par ailleurs, on peut penser que la loi de 1973 qui était adaptée à
      une époque où l’hyperinflation menacée ne l’est plus à un moment où c’est plutôt la déflation qui menace. Mais dire que la loi de 1973 n’avait pour but que d’enrichir les banquiers et pour
      résultat de creuser la dette est un non-sens. Dans le système antérieur, la dette ne se creusait pas parce qu’elle était payée par “l’impôt inflationnaire”. Si après 1973 on avait eu le courage
      d’augmenter les impôts “votés” pour compenser l’effet inflationnaire, la dette n’aurait pas augmenté.

      Je te concède que la dette publique résulte aussi de politiques démagogiques de baisses d’impôts et de distribution de cadeaux divers. Mais il reste que l’Etat doit conserver le moyen de
      fournir à l’économie les liquidités necessaires.

      Tout à fait: si tu défends le “100% monnaie” comme un moyen de conserver à l’Etat la régulation de la monnaie en circulation, je suis d’accord avec toi. Mais lorsqu’on le propose comme moyen de
      “diminuer le pouvoir des banques”…

       

  6. J. Halpern dit :

    Une autre remarque : en 2009, les dépenses publiques représentaient 56% du PIB, donc un prélèvement de 48% par l’umpôt et de 8% par le déficit (déficit qui contribue par ailleurs à la création
    des dits 8%). Si l’on augmente les impôts pour équilibrer les comptes, ce qui à moyen terme sera necessaire, et en supposant un ratio constant de dépenses, le prélèvement n’aurait pas changé,
    mais la part prélevée par le déficit disparaitrait et l’ensemble serait prélevé sous forme d’impôts. Pourquoi les classes moyennes devraient-elles être davantage prélevées par l’impôt que par le
    déficit ?

    Dans le même sens : une politique favorable à l’emploi réduirait les prélévements sociaux à la charge de ces mêms classes moyennes…

    • Descartes dit :

      J’avoue que je ne suis pas sûr d’avoir compris ton point. La partie des dépenses financées par l’impôt sont payées par le contribuable aujourd’hui. Celles correspondant aux
      déficits seront payées par le contribuable demain (et demain, c’est dans dix, quinze, vingt ans). Transférer le déficit sur l’impôt revient à augmenter les impôts. Seulement
      voilà: lorsqu’on augmente les impôts, c’est les classes moyennes qui trinquent: c’est vrai pour l’impôt sur le revenu (que les couches modestes ne payent pas), c’est vrai pour les taxes sur les
      revenus financiers et les plusvalues (qui détient le plus de SICAV ?). Lorsque le percepteur cherche à taxer, il sait où se trouve le “gras”…

      Une politique “favorable à l’emploi” réduirait les prélèvements sociaux a charge des classes moyennes, c’est vrai. Mais en même temps augmenterait les salaires (car le chômage est le grand
      régulateur de la feuille de paye) et nécessiterait des formes variées de protectionnisme, ce qui ferait augmenter le prix des biens et des services que ces mêmes classes moyennes consomment…

  7. J. Halpern dit :

    “Où écrivent Fisher ou Allais que “l’Etat doit reprendre le monopole de création de monnaie” ?”
    Si c’est le “re” de “reprendre” qui te pose problème, ce n’est pas très grave.
    “Allais ou Fisher proposent de transférer à la Banque Centrale (et non à l’Etat, la nuance est de taille) la création monétaire effectuée par les banques non pas pour “réduire le pouvoir” de
    celles-ci, mais comme remède aux instabilités monétaires.”
    Ce n’est pas évident du tout, en particulier Allais est extrêmement virulent sur ce point :”La création monétaire doit relever de l’État et
    de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement
    de la création de monnaie bancaire.”

    “Fisher le dit lui même: dans la logique du “100% monnaie”, la banque serait obligée de se rémunérer sur un seul prêt là où le système actuel lui permet d’en consentir plusieurs. Pour
    conserver le même niveau de rentabilité, elle serait donc obligée d’augmenter le taux d’intérêt… il n’est donc pas évident que la banque y perde à la fin.”
    Je ne vois pas où Fisher dirait celà, ni pourquoi. Le 100% ne réduira pas le nombre des prêts mais obligera à les adosser à une épargne effective en monnaie centrale. En revanche la partie de
    l’intérêt capté par la banque diminuera.
    De toute façon quand je parlais du “pouvoir de monayage” je ne faisais pas seulement référence aux profits bancaires (qui ont toutefois explosés depuis 20 ans) mais aussi comme tu l’écris plus
    loin aux explosions-contractions motivées par leurs intérêts privés au détriment de la fourniture d’un bien collectif.

    Sur la loi de 1973 : un déficit contracyclique n’est pas inflationniste, mais anti-déflationiste :il permet l’engagement d’une production supplémentaire. Un tel déficit est un “service public”,
    pas un véritable emprunt, l’Etat se charge d’injecter les liquidités que les banques ne peuvent pas ou ne veulent pas prêter.

    Concernant le prélèvement par le déficit : ce prélèvement s’effectue en réalité instantanément, et non pas quand on le rembourse :toute dépense de l’Etat constitue un prélèvement sur la richesse
    nationale présente (sauf si elle est financée par un emprunt à l’étranger). Si l’Etat emprunte 8 points de PIB, c’est bien aujourd’hui qu’il capte 8 points supplémentaires de biens et de
    services. Lorsque l’augmentation des impôts absorbe ces 8 points de PIB, la part des richesses captée par l’Etat ne varie pas.

    (Sans vouloir me faire trop de publicité, je te signale que j’ai traité la question du 100% sur mon blog… si tu as l’occasion d’y faire un tour et d’y exercer ta critique…)

    • Descartes dit :

      Si c’est le “re” de “reprendre” qui te pose problème, ce n’est pas très grave.

      Au contraire, c’est très grave. Le “millénarisme” ambiant s’appuie entre autres choses dans l’invention d’un “âge d’or” mythique à partir duquel tout n’est qu’une lente décadence. Il est
      important de montrer, à chaque fois que ce genre de question se pose, que cet “âge d’or” n’a jamais existé. La création de monnaie par le crédit (et non pas “par le banques”, un autre abus de
      langage dangereux) est presque aussi vieux que la monnaie. L’idée du “100% monnaie” n’est pas un retour à une “époque de sagesse”, mais une proposition nouvelle.

      Ce n’est pas évident du tout, en particulier Allais est extrêmement virulent sur ce point

      Virulent, mais pas vraiment en désaccord avec ce que je dis. D’une part, le but d’Allais (du moins dans le texte que tu proposes) n’est pas de “diminuer le pouvoir” des banques, mais de
      soustraire la monnaie à leurs décisions “irresponsables”. Encore une fois, son souci – comme celui de Fisher – est la stabilité monétaire, pas une redistribution du pouvoir. Et même si dans le
      texte il parle de réserver la création monétaire à l’Etat, il ne propose que des mesures concernant les banques. Or, pour réserver effectivement la création monétaire à l’Etat, il faudrait
      supprimer tout moyen de payement scriptural (car signer un chèque c’est créer de la monnaie…). Il faut quand même un gros effort d’imagination pour faire d’Allais un étatiste…

      Je ne vois pas où Fisher dirait celà,

      Dans le chapitre V de “100% money”. Il explique conscienscieusement que le volume d’argent prétable dans son système serait exclusivement fourni par les sommes immobilisées par les déposants pour
      le temps du prêt, en excluant les dépots à vue. Cela implique nécessairement un volume de prêts inférieur à celui d’aujourd’hui, et donc une rémunération plus élevée. C’est d’ailleurs
      parfaitement logique: les actionnaires de la banque recherchent une rémunération de leur capital qui correspond à celle fixée par le marché. Si pour chaque euro déposé la banque en prête dix,
      elle prelèvera ce bénéfice sur dix euros. Si elle ne peut prêter qu’un, c’est sur cet un que reposera sa rémunération…

      Le 100% ne réduira pas le nombre des prêts mais obligera à les adosser à une épargne effective en monnaie centrale.

      Si je comprends bien la logique du 100% monnaie, la banque ne pourra prêter à un terme donné que les montants que ses déposants acceptent d’immobiliser durant ce même terme. Ce qui exclut
      l’énorme masse des dépots à vue. Dans ces conditions, on ne voit pas comment la banque pourrait prêter la même masse en fin de comptes. Sauf à ce que la banque centrale fabrique cette monnaie et
      la dépose chez les banques, devenant ainsi la seule source de crédit. Mais si l’on fait ça, on aboutit au problème que Fischer dénonce, à savoir, le fait que les prêts ne correspondent pas à un
      véritable “rénoncement” des épargnants mais à de la monnaie créée ex nihilo.

      De toute façon quand je parlais du “pouvoir de monayage” je ne faisais pas seulement référence aux profits bancaires (qui ont toutefois explosés depuis 20 ans)

      Je n’en suis pas convaincu. Quel était le ROC d’une banque il y vingt ans ? Quel est ce même ROC aujourd’hui ?

      Sur la loi de 1973 : un déficit contracyclique n’est pas inflationniste, mais anti-déflationiste :il permet l’engagement d’une production supplémentaire.

      Totalement d’accord. Mais la loi de 1973 n’emêche nullement de faire un “déficit contracyclique”. Elle ne fait que changer la manière dont ce déficit est payé: avant la loi, il était payé par
      “l’impôt inflationnaire” prelevé par le gouvernement sans consulter personne, après, par l’impôt budgétisé voté par le parlement. Quelqu’un d’ingenûment démocratique pourrait croire que la
      deuxième solution est meilleure que la première…

      Concernant le prélèvement par le déficit : ce prélèvement s’effectue en réalité instantanément, et non pas quand on le rembourse :toute dépense de l’Etat constitue un prélèvement sur la
      richesse nationale présente (sauf si elle est financée par un emprunt à l’étranger).

      Tout à fait. Mais lorsque le prélèvement se fait par le déficit financé par l’emprunt, l’Etat capte aujourd’hui des biens et des services qu’il s’engage à restituer plus tard. Lorsque le
      prélèvement se fait par l’impôt inflationnaire, cette restitution n’a jamais lieu.

      (Sans vouloir me faire trop de publicité, je te signale que j’ai traité la question du 100% sur mon blog… si tu as l’occasion d’y faire un tour et d’y exercer ta critique…)

      J’y suis passé, mais je n’ai pas osé déranger 😉

      Je suis loin d’être un spécialiste sur la question, et j’avoue que j’ai redécouvert le papier de Fisher très récemment. Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas, et notamment la question
      de la logique du crédit. Mais j’essaierai de faire moi même un papier ici pour poser ces questions.

  8. J. Halpern dit :

     

    “Il faut quand même un gros effort d’imagination pour faire d’Allais un étatiste”

    Il en sortirait de sa tombe, je pense ! Mais il avait compris que le marché n’est pas un fait de nature mais une construction humaine qui a besoin de règles et de biens collectifs. L’opposition
    idéologique entre le marché et l’Etat n’a pas de contenu scientifique.

    “Il explique conscienscieusement que le volume d’argent prétable dans son système serait exclusivement fourni par les sommes immobilisées par les déposants pour le temps du prêt, en excluant
    les dépots à vue. Cela implique nécessairement un volume de prêts inférieur à celui d’aujourd’hui, et donc une rémunération plus élevée.”

    Non, au début du chapitre X fisher conteste d’ailleurs explicitement cette interprétation. La somme de dépôts d’épargne plus la monnaie crée par la “Commission” assureront autant de prêts
    qu’aujourd’hui en moyenne. EN MOYENNE, parce que le multiplicateur de crédit permet de pousser le crédit très au delà de ce niveau mais cet excès est annulé lors des crises.Quant au coût du
    crédit il sera piloté par les émissions de monnaie par la Commission monétaire, plus une marge correspondant au coût d’intermédiation.
    Voilà pour l’économie productive. Mais il est vrai que Fisher ne mesure pas les crédits aspirés par les activités spéculatives ni la création de semi-monnaies parallèles dans l’ingenierie
    financière.Or si l’on veut que la réforme soit cohérente elle doit s’accompagner d’une purge sévère des activités financières.

    “Dans ces conditions, on ne voit pas comment la banque pourrait prêter la même masse en fin de comptes. Sauf à ce que la banque centrale fabrique cette monnaie et la dépose chez les banques,
    devenant ainsi la seule source de crédit.”

    Pas “la seule source de crédit”, mais elle serait responsable de l’ajustement des fonds prêtables aux objectifs fixés. Ces fonds seraient constitués de l’épargne, plus les contributions de la
    Banque Centrale.

    “Mais si l’on fait ça, on aboutit au problème que Fischer dénonce, à savoir, le fait que les prêts ne correspondent pas à un véritable “rénoncement” des épargnants mais à de la monnaie créée
    ex nihilo. “

    Absolument ! C’est une sacré contradiction chez ces monétaristes, mais c’est tout à leur honneur de poser honnêtement le problème.

    “la loi de 1973 (…) ne fait que changer la manière dont ce déficit est payé: avant la loi, il était payé par “l’impôt inflationnaire” prelevé par le gouvernement sans consulter personne,
    après, par l’impôt budgétisé voté par le parlement”

    Ce qui change c’est que le gouvernement doit passer par le marché des capitaux ou les banques privées, et supporte le poids de taux d’intérêts parfois élevés alors que les deficits conjoncturels
    ne sont pas de véritables emprunts. Celà tourne à la catastrophe en cas de tempête spéculative comme aujourd’hui. Quant au passage par le Parlement, c’est une question indépendante de la source
    des fonds mobilisés.

    “lorsque le prélèvement se fait par le déficit financé par l’emprunt, l’Etat capte aujourd’hui des biens et des services qu’il s’engage à restituer plus tard. Lorsque le prélèvement se fait
    par l’impôt inflationnaire, cette restitution n’a jamais lieu.”

    Que l’Etat emprunte à la Banque Centrale et rembourse, ou emprunte sur les marchés et rembourse, c’est équivalent sur le plan macroéconomique : un prélévement instantané est opéré sur une
    production (qui, j’insiste, n’aurai pas existé autrement) et, éventuellement, quand le budget est en excédent, l’Etat, symétriquement, “renonce” à une part de la production.
    (En pratique toutefois la dette publique “roule”, les emprunts nouveaux paient généralement le remboursement des anciens. Mais en période de croissance, la dette augmente moins vite que le PIB :
    son poids diminue progressivement.)

    “j’essaierai de faire moi même un papier ici pour poser ces questions.”

    Bon courage ! C’est un domaine passionnant car ces questions ont été laissées de côté par l’économie “mainstream” ; Fisher et Allais étaient jusque tout récemment systématiquement “zappé” et je
    crois que Minsky n’a même pas été traduit en français…

    • Descartes dit :

      Non, au début du chapitre X fisher conteste d’ailleurs explicitement cette interprétation. La somme de dépôts d’épargne plus la monnaie crée par la “Commission” assureront autant de prêts
      qu’aujourd’hui en moyenne.

      Malheureusement, Fischer exprime cette affirmation comme un article de foi. Il n’explique nulle part comment la commission pourrait fonctionner, ni quels seraient les critères sur lesquelles elle
      accorderait ou refuserait des prêts. Et je trouve d’ailleurs cette position des partisans du “100% monnaie” très contradictoire: on ne peut pas soutenir que les crédits devraient résulter de
      dépots à terme au moins égal au crédit considéré, et ensuite permettre à la banque centrale de créer l’argent pour les prêts ex nihilo.

      Voilà pour l’économie productive. Mais il est vrai que Fisher ne mesure pas les crédits aspirés par les activités spéculatives ni la création de semi-monnaies parallèles dans l’ingenierie
      financière.

      Il ne mesure pas non plus le crédit créé dans la vie courante des affaires (crédits fournisseurs, titres de payement différé, etc.).

      Ce qui change c’est que le gouvernement doit passer par le marché des capitaux ou les banques privées, et supporte le poids de taux d’intérêts parfois élevés alors que les deficits
      conjoncturels ne sont pas de véritables emprunts.

      Je persiste: la note pour le citoyen-contribuable est toujours la même. Seulement qu’avant la loi de 1973 le citoyen-contribuable payait cet “intérêt” sous forme d’impôt inflationnaire. Du point
      de vue économique, l’avant et l’après sont parfaitement équivalents.

      Que l’Etat emprunte à la Banque Centrale et rembourse, ou emprunte sur les marchés et rembourse, c’est équivalent sur le plan macroéconomique

      Tout à fait. Sauf que lorsque le Trésor peut présenter ses propres titres à l’escompte de la Banque Centrale, l’emprunt n’est jamais véritablement remboursé: il suffit pour le prolonger ad
      indéfinitum de présenter de nouveaux titres. Alors que les marchés, eux, exigent un remboursement.

      Bon courage ! C’est un domaine passionnant car ces questions ont été laissées de côté par l’économie “mainstream” ;

      J’essaye, mas n’étant pas expert j’ai un peur d’écrire trop de bêtises…

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