Primaires socialistes: l’adieu au militantisme

Le premier tour des primaires socialistes est derrière nous. Disons le tout de suite: c’est un formidable succès pour le Parti Socialiste. Quelque soit la mauvaise foi qu’on y mette, on ne peut que constater les faits. Avec plus de deux millions de participants, ce scrutin dépasse (et de loin) toutes les manifestations de toutes sortes organisées depuis de longues années. Ni les manifestations contre les retraites, ni la fête de l’Humanité, ni même les pétitions de toutes sortes lancées par telle ou telle organisation n’ont réussi à faire participer autant de gens. Avoir réussi à tirer deux millions et demi d’électeurs du confort douillet du canapé dominical, ce n’est pas une mince affaire. Sans parler de la mobilisation des militants, acteurs indispensables pour obtenir une couverture de l’ensemble du territoire. Oui, le Parti Socialiste a fait preuve d’une capacité d’organisation et de mobilisation remarquable.

 

Ce succès peut être interprété de plusieurs façons. Certains diront qu’il existe un véritable rejet de la personnalité de Nicolas Sarkozy, et que les électeurs de gauche ont saisi une opportunité qui leur était donné de marquer leur désir d’un changement de majorité. On peut aussi y lire le fait que l’électorat de gauche est convaincu que l’élection de 2012 sera gagnée par le candidat socialiste, et que cette primaire désigne donc en pratique l’homme ou la femme qui sera dans six mois président de la République. Cela donne une idée de ce que pourrait être le vote utile en avril prochain… On  tremble aussi en pensant aux négociations qui se déroulent en coulisse entre Aubry et Hollande d’un côté, Montebourg,Valls et Royal d’e l’autre. Car l’un des deux premiers sera, selon toute vraisemblance, président de la République. Il aura donc beaucoup à distribuer à ses alliés… mais il s’agit de ne pas se tromper de cheval. Appuyez le mauvais candidat, et les beaux ministères, les juteux fromages et les belles places vous passent sous le nez.

 

Il y eut aussi des choses cocasses aussi. De ce point de vue, l’image de Ségolène Royal pleurant en caméra son résultat emporte la palme. Pour celle qui frappait les journalistes qui lui posaient des questions gênantes avec un “me poseriez vous cette question si j’étais un homme ?” la situation ne manque pas d’ironie. Aurait-elle pleuré si elle était un homme ? Un homme qui pleurerait d’avoir perdu une élection se couvrirait de ridicule. Rétrospectivement, on peut saluer la sagesse du peuple français qui lui a préféré Nicolas Sarkozy en 2007. Imaginez vous un président de la République pleurnichant parce qu’il a perdu une élection ?

 

En tout cas, ce succès a provoqué une cascade de conversions. L’establishment politique plébiscite les “primaires”. A gauche comme à droite, on loue celles-ci comme un progrès de la démocratie. Tous ces discours font oublier ce que cachent ces primaires: l’affaiblissement du rôle du militant politique, et la transformation des partis politiques en “clubs” de “militants professionnels” où les simples adhérents jouent les utilités.

 

La conception traditionnelle à gauche du parti politique est celle d’une association libre de militants qui se regroupent dans le but de faire avancer un projet commun. Ce projet n’est bien entendu pas celui que chaque adhérent voudrait individuellement: c’est le produit d’une négociation complexe, dans laquelle chaque adhérent pèse les renoncements qu’il doit accepter pour aboutir à un accord avec l’avantage que procure un large rassemblement pour faire avancer ses idées. Le parti politique est le lieu ou s’opère ce compromis pour donner naissance à un projet que tous les militants peuvent, sans se renier, défendre. Il ne reste alors qu’à choisir les hommes qui, dans une démocratie représentative comme la notre, auront à défendre le projet devant les électeurs et à le mettre en oeuvre si ceux-ci lui donnaient son accord. Le parti politique a donc une fonction essentielle, celle de fabriquer des projets et de former les hommes qui peuvent les conduire.

 

Ce processus repose sur l’idée que les partis politiques élaborent des projets, que ces projets sont soumis au peuple souverain qui est appelé à arbitrer entre eux et a en choisir un. Dans cette logique, le militant joue un rôle essentiel. Parce qu’il détient seul le vote dans les instances de son parti, il peut peser sur le programme et sur choix de l’homme qui le porte. Mais que se passe-t-il lorsque le choix du candidat est confié à des “primaires” ?. Cette logique dépossède le militant de son droit exclusif à choisir son candidat et son programme. S’il peut toujours voter, le fait d’être un militant – c’est à dire, de consacrer son temps et son argent à soutenir un parti – ne lui donne aucun droit particulier. Son vote ne pèse pas plus lourd que celui du pékin qui accepte de signer une charte et payer un euro. Les militants sont priés toujours de coller les affiches, de tenir les bureaux de vote, de distribuer les tracts… mais ils n’ont plus de voix au chapitre.

 

Et pourtant, les adhérents du Parti Socialiste ont consenti avec enthousiasme à cette dépossession. Pourquoi, à votre avis ? Comment expliquer que les dindes socialistes aient voté pour Noël (et que certaines dindes UMP envisagent de le faire) ? Pourquoi le militant socialiste serait il prêt à sacrifier ses loisirs et son argent à la défense d’un projet et d’un candidat choisi par d’autres ? Pour expliquer cette apparente bizarrerie, il faut se souvenir que l’essentiel des militants politiques des principaux partis “de gouvernement” sont des “militants professionnels”. En d’autres termes, ils sont soit élus (ou aspirent à l’être) soit prébendiers d’un élu. Ils ont donc intérêt à ce que le candidat de leur parti – même s’ils ne l’aiment pas, même s’ils ne partagent pas son projet- soit élu. Car cela leur donne une meilleure chance de gagner sièges ou prébendes. Car il ne faut pas se tromper: au Parti Socialiste, on a dejà commencé à choisir ses places. La primaire n’est qu’une signe de plus de la mise en place en France d’un système de “spoils system” à l’américaine. Les partis deviennent non plus des rassemblements d’idées, mais des rassemblements d’intérêts. Des maffias ou l’on a toujours intérêt à soutenir son “parrain” – qui qu’il soit – contre le “parrain” d’en face.

 

Ces primaires essayent d’imposer une vision de la politique à l’américaine: un parti réduit à une sorte de “maison commune” organisant des manifestations-spectacle, et des candidats qui se réservent chacun le droit de présenter aux électeurs leur programme personnel, assistés d’équipes dont la fidélité n’est pas acquise au projet, mais à leur personne. Pas de quoi pavoiser.

 

Descartes

 

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43 réponses à Primaires socialistes: l’adieu au militantisme

  1. Trubli dit :

    Descartes, quand on se souvient qu’Aubry a volé la place de premier secrétaire, on se dit que les primaires c’est déjà mieux que rien. 

    C’est Montebourg qui a eu l’idée de ces primaires. Il savait que résidait là sa seule chance d’exister et de se faire entendre dans ce partis où les fédérations de l’Hérault, des Bouches du Rhône
    et du Nord verrouillent tout.

    Ces primaires mettent encore plus à jour la ligne de fracture au sein de ce parti qui ne devrait même plus exister et qui est encore tenu par les gremlins de Jacques Delors. 

    • Descartes dit :

      Descartes, quand on se souvient qu’Aubry a volé la place de premier secrétaire, on se dit que les primaires c’est déjà mieux que rien.

      D’abord il est inexact de dire qu’Aubry a “volé la place”. La fraude a été générale, et pratiquée par les partisans de tous les candidats. Il n’y a aucune raison de penser qu’un scrutin honnête
      n’aurait donné la majorité à M. Aubry.

      Ces primaires mettent encore plus à jour la ligne de fracture au sein de ce parti qui ne devrait même plus exister et qui est encore tenu par les gremlins de Jacques Delors. 

      Mais le fait est qu’il existe. Et qu’il arrive à mobiliser deux millions et demi de citoyens. Ca mérite de se demander pourquoi…

  2. Trubli dit :

    Le PS existe encore en raison de la loi de financement des partis politiques. Vu la manne qu’ils pourraient perdre en cas de scission, ils préfèrent rester unis.

    Je pense que les gens sont allés voter également parce qu’on leur donnait l’occasion de s’exprimer sans les contraintes de la vie de militant.

    • Descartes dit :

      Le PS existe encore en raison de la loi de financement des partis politiques. Vu la manne qu’ils pourraient perdre en cas de scission, ils préfèrent rester unis.

      La “manne” en question est strictement proportionnelle au nombre de voix et d’élus. En cas de scission, ils ne perdraient rien du tout. D’ailleurs, on ne voit pas que cette question ait empêché
      les scissions: Borloo a bien créé l’ARES et Mélenchon le PG…

      Je pense que les gens sont allés voter également parce qu’on leur donnait l’occasion de s’exprimer sans les contraintes de la vie de militant.

      Il n’en demeure pas moins que lorsqu’on leur a donné la même possibilité en manifestant contre la réforme des retraites, on n’a pas trouvé deux millions et demi de citoyens pour sortir dans la
      rue…

  3. Nicolas 70 dit :

    Bonjour Descartes,

    oui, les primaires sont un succès, mais le référendum pour s’opposer à la privatisation de la Poste, avec le succès que l’on sait en 2009, avait également rassemblé aux alentours des 2.5 M de
    personnes.

     

    Que les médias aient plébiscités cette démarche est normal, cela leur permet de remplir des pages de stratégies, profil des personnages… et leur permet d’imposer plus facilement leurs idées, ou
    celles des puissants.

     

    Votre vison de l’état du PS est juste : il ne servait à rien d’amener des idées, de faire un travail militant, le jour du vote les inféodés venaient voter comme un seul homme pour leur homme (ou
    leur femme).

     

    Au niveau des résultats, on voit juste l’adéquation entre le PS et les personnes qui se sont déplacées (personnes âgées ?, urbains ?, classe moyenne ?). Les médias, unanimes, notent le bon score
    de Montebourg : il a tout simplement fait le score habituel sur ces 20 dernières années de la “gauche ” du PS de 17 à 22%.

     

     

    • Descartes dit :

      oui, les primaires sont un succès, mais le référendum pour s’opposer à la privatisation de la Poste, avec le succès que l’on sait en 2009, avait également rassemblé aux alentours des 2.5 M de
      personnes.

      Peut-on savoir d’où sort ce chiffre ?

       

  4. julien dit :

    “Imaginez vous un président de la République pleurnichant parce qu’il a perdu une élection “

    S’il a perdu, il n’est pas président de la République…

    Cela dit, la présidence est tellement frustrante que des raisons de pleurer, elle aurait eu plein.

    • Descartes dit :

      “Imaginez vous un président de la République pleurnichant parce qu’il a perdu une élection”. S’il a perdu, il n’est pas président de la République…

      Pourquoi ? Un président peut perdre une élection législative, un référendum…

       

  5. argeles39 dit :

    Effectivement, il n’y a pas de quoi pavoiser…….

    Aubry + Hollande = 70 %, ce qui laisse penser que la sociale démocratie formatée au néo libéralisme (celle
    des Papandréou et des Zapatero…..) reste majoritaire au sein de l’électorat de gauche, et finalement c’est ça qui est le plus « désespérant ».

    Les propositions de Montebourg étaient les seules qui visaient une rupture avec l’ordre établit et le
    fiasco néo libéral, mais ses 17 % ne pèsent pas lourd, même si Fillon s’en est ému et a lancé un appel pour que la sociale démocratie reste elle-même ; Ces 17 % peuvent néanmoins lui ménager
    une belle tétine dans un futur gouvernement (1), s’il en croque il confirmera ton diagnostic.

    J’ai l’impression que la ligne de fracture n’est plus entre gauche et droite, mais entre ceux qui pensent
    que la France est un petit pays (1% de la population mondiale) et que de facto elle doit se plier à la mondialisation et passer sous les fourches caudines du capitalisme financier, et ceux qui
    pensent que nous sommes encore une grande nation, sur l’inertie de Napoléon et de De Gaulle, et que nous avons les moyens de vivre comme nous le souhaitons. On pourrait penser que cette
    ligne de fracture a été matérialisée avec le référendum du TCE en 2005, mais force est de constater que le camp du défaitisme est majoritaire.

    (1)  à
    condition de choisir la bonne monture et à condition que Sarko perde en 2012, ce qui est loin d’être acquis compte tenu de la médiocrité du candidat PS

     

    • Descartes dit :

      J’ai l’impression que la ligne de fracture n’est plus entre gauche et droite, mais entre ceux qui
      pensent que la France est un petit pays (…)

      En France il y a toujours eu une double fracture: celle droite/gauche et celle girondins/jacobins. Selon
      les moments historiques, c’est l’une ou l’autre des lignes de fracture qui est structurante. Dans la mesure ou les dogmes néo-libéraux et fédéralistes sont aujourd’hui communs au centre gauche et
      au centre droit, c’est plutôt la fracture girondins/jacobins qui est structurante aujourd’hui.

  6. Marcailloux. dit :

    Bonjour à tous,

    Vous écrivez, Descartes:

    “Pourquoi le militant socialiste serait il prêt à sacrifier ses loisirs et son argent à la défense d’un projet et d’un candidat choisi par d’autres ?”

    Cette phrase me parait être la synthèse de votre billet, en tout cas son questionnement central.

    N’ayant jamais été militant, je vous propose une réflexion de « pékin »et néanmoins citoyen à part entière.

    De quoi s’agit- il ?

    De gérer nos affaires, militants et personnel politique inclus.

    Or, pour cela, nous avons formé, à nos frais, une multitude de fonctionnaires – pour faire simple – nous les avons embauché et nous les rémunérons en leur garantissant un minimum – certain dirons
    un maximum – de stabilité pour les protéger des aléas de l’opinion publique.

    Comme l’évolution des pratiques, le progrès de notre société, réclament des orientations souvent renouvelées, des groupes de citoyens se regroupent pour défendre des idées et des visions de la
    société compatibles entres elles. Ils le font sous une forme associative qui s’appelle un parti politique. Ce n’est ni plus ni moins qu’une entreprise de lobbying destinée à faire avancer des
    intérêts particuliers.

    Certains des acteurs de ces entreprise agissent pour le succès électoral puis sociétal de leurs convictions profondes, ce sont des idéalistes et je me garderai bien de leur jeter la pierre.
    D’autres, plus pragmatiques, le font pour défendre ou même faire fructifier leurs intérêts. Dans les deux cas, ils espèrent gagner quelque chose de plus que leurs opposants.

    Ensuite, à l’intérieur de l’organisation partisane, le partage des rôles, l’attribution des taches, la répartition des responsabilités est la stricte affaire des rapports de forces qui se sont
    instaurés avec le consentement tacite de chacun des membres militants.

    Pourquoi quiconque de ces derniers pourrait prétendre à un droit, et sur qui, je vous le demande. En s’engageant, ils se sont reconnus des devoirs vis à vis de leur structure d’accueil et l’idée
    de prétendre avoir des droits me parait incongrue. Votre quasi mentor JP Chevènement a, si je me souviens bien, dit un jour : « un ministre ça ferme sa gueule ou ça
    démissionne », ce qu’il a courageusement fait à plusieurs reprises. Eh bien, un militant, c’est pour moi la même chose. Il se bat en interne pour faire évoluer son parti et s’il se sent
    floué, il se barre.

    Il me parait, à l’heure d’internet, complètement rétrograde d’imaginer que le pékin, fut – il moyen attende béatement que les appareils aient concocté des projets, de plus en plus éloignés de
    leurs préoccupations, ignorant souvent ce qui se passe dans la population, et qu’ils aient à dire un beau jour, oui ou non à ce salmigondis de mesures que représentent les programmes politiques.

    Votre démarche dans ce blog procède avec efficacité de la déliquescence que vous regrettez. Les citoyens lambda qui passent du temps à réfléchir, à se documenter, à échanger, à se construire une
    opinion personnelle, ne sont pas moins qualifiés que nombre de militants bêlants, encadrés et enchainés à une discipline de parti qui leur ôte une bonne part de responsabilité. Au fait, êtes
    vous, vous même militant, et si vous ne l’êtes pas ou plus, pourquoi avez vous quitté un parti ?

    • Descartes dit :

      En s’engageant, ils se sont reconnus des devoirs vis à vis de leur structure d’accueil et l’idée de prétendre avoir des droits me parait incongrue.

      Tout devoir a comme contrepartie un droit. Si les gens acceptent volontairement des “devoirs”, c’est qu’ils comptent en retirer quelque chose. Et quelle garantie ont-ils de retirer quoi que ce
      soit si la politique mise en oeuvre est décidé par d’autres ?

      Votre quasi mentor JP Chevènement (…)

      Je vous l’ai dejà dit: je n’ai pas de mentor. Je n’ai jamais eu besoin de quelqu’un pour me dire ce qu’il fallait que je pense.

      (…) a, si je me souviens bien, dit un jour : « un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne », ce qu’il a courageusement fait à plusieurs reprises. Eh bien, un
      militant, c’est pour moi la même chose.

      Pas vraiment. La différence la plus évidente, c’est qu’un ministre a dejà reçu sa récompense, le prix de son silence. Mais quelle est la récompense du militant ?

      Il me parait, à l’heure d’internet, complètement rétrograde d’imaginer que le pékin, fut – il moyen attende béatement que les appareils aient concocté des projets, de plus en plus éloignés de
      leurs préoccupations, ignorant souvent ce qui se passe dans la population, et qu’ils aient à dire un beau jour, oui ou non à ce salmigondis de mesures que représentent les programmes
      politiques.

      Je vois mal en quoi “l’heure d’internet” change quelque chose à l’affaire. En quoi un projet “ignorant ce qui se passe dans la population” serait plus acceptable – et plus accepté – à l’ère du
      papier qu’à l’heure de l’internet ?

      Et pourquoi faudrait-il que les projet “concoctés” par les partis politiques soient “éloignés des préoccupations” ou “ignorant ce qui se passe” dans la population ? C’est justement à ça que
      servent les militants: en contact permanent avec les citoyens, ils connaissent leurs préoccupations, ils savent “ce qui se passe” chez eux. Leur donner un rôle dans l’élaboration du projet est la
      garantie que celui-ci corresponde aux attentes du peuple.

      Votre référence à “l’heure de l’internet” est révélatrice d’une illusion très répandue à gauche: celle qui consiste à croire que la démocratie peut se passer de médiateurs, que la démocratie
      directe est possible. C’est une illusion: les citoyens prêts à sacrifier une partie de leur temps et de leurs moyens pour s’occuper des affaires de la cité ont toujours été une minorité. Laisser
      à cette minorité jouer un rôle de médiation entre le peuple et les élus est indispensable si l’on veut que la démocratie fonctionne correctement.

      Les citoyens lambda qui passent du temps à réfléchir, à se documenter, à échanger, à se construire une opinion personnelle, ne sont pas moins qualifiés que nombre de militants bêlants,
      encadrés et enchainés à une discipline de parti qui leur ôte une bonne part de responsabilité.

      Je connais très peu de “citoyens lambda” qui “passent du temps à réflechir, à se documenter, à échanger” et qui ne sont pas des militants. Ils existent, oui. Mais ils sont très, très rares. Les
      gens qui sont prêts à faire sacrifice de leur temps et de leurs efforts arrivent assez vite à la conclusion qu’en mettant leurs forces en commun ils ont plus de force… et deviennent militants.

      Au fait, êtes vous, vous même militant, et si vous ne l’êtes pas ou plus, pourquoi avez vous quitté un parti ?

      Oui, j’ai été militant politique et syndical pendant trente ans. Et si je ne le suis plus, ce n’est pas que j’aie quité mon parti, c’est mon parti qui m’a quité… depuis, je suis militant “free
      lance”!

       

       

  7. Nicolas 70 dit :

    A l’époque, les personnes à l’initiative de cette action avait revendiquer 2.1M de votants.

     

    Pour sur, il n’y avait pas d’huissiers pour vérifier mais dans ma ville, nous n’avions pas “gonflé” les chiffres.

    • Descartes dit :

      A l’époque, les personnes à l’initiative de cette action avait revendiquer 2.1M de votants.

      Je t’avoue que j’ai toujours eu beaucoup de mal à y croire. Ne serais-ce que pour une question de logistique. Et la manière dont ce vote s’était déroulé (sans liste électorale, sans
      émargement…) rend très difficile la vérification.

       

  8. morel dit :

    Pas faux ce que vous écrivez. Mûrissement ? Aboutissement ? De fait, depuis de longues années nous ne pouvons que constater
    un affaiblissement de la pratique militante et du nombre de ceux-ci.

    Sans doute, il y a ici quelque lien avec l’avènement des droits absolus sans aucune contrepartie. Réalisez ! Je ne veux pas
    adhérer à ce parti, peut-être même, dans le pire des cas, je suis son détracteur mais je veux choisir son candidat !

    L’individualisme n’est y pas pour rien, non plus. « Parce que je le vaux bien » dit la pub.

    Et, sans mesurer toute la portée de ses écrits, ce que suggère notre ami Marcailloux est la puissance de la réflexion individuelle
    mais isolée sur le militantisme.

    Je suis sidéré de lire sur le blog de Mélenchon que des militants PG ou PC sont allés voter pour Montebourg et ils en sont fiers. Le
    zapping, nouvel idéal ?

    Ni abdication, ni renoncement. La seule solution est d’inscrire sa personnalité avec son libre arbitre dans un mouvement collectif
    hors duquel il me semble qu’il y a point de salut.

    Ce que, pour ma part, je fais, modestement, au quotidien dans le syndicalisme.  

    • Descartes dit :

      De fait, depuis de longues années nous ne pouvons que constater un affaiblissement de la pratique militante et du nombre de
      ceux-ci.

      D’accord, mais il n’y a pas que ça. On assiste aussi à l’apparition de ce qu’on peut appeler “militant professionnel”, c’est à dire,
      d’une couche de plus en plus importante de personnes qui tirent un avantage (pécuniaire ou autre) de leur militantisme. A ne pas confondre avec les “permanents” qui, eux, sont payés par le parti
      pour faire un boulot et qui sont priés de le faire quelque soient leurs convictions ou états d’âme personnels. Contrairement au “permanent”, qui doit des comptes à son employeur, le “militant
      professionnel” tire profit de son activité mais ne doit de comptes à personne.

      Sans doute, il y a ici quelque lien avec l’avènement des droits absolus sans aucune contrepartie.

      Tout à fait d’accord.

      Je suis sidéré de lire sur le blog de Mélenchon que des militants PG ou PC sont allés voter pour Montebourg et ils en sont fiers.
      Le zapping, nouvel idéal ?

      Là, je ne suis qu’à moitié d’accord avec vous. Le “vote tactique” n’a rien de honteux. Ce qui m’apparaît plus douteux, c’est l’intérêt tactique qu’il y aurait à voter Montebourg…

  9. julien dit :

    “Pourquoi ? Un président peut perdre une élection législative, un référendum…”

    Certes, mais pour Royal, on parle d’un échec absolument personnel, de son destn national qui s’écroule sous ses pieds. Elle connaît bien d’autres manières honteuses de marquer un revers. Faire la
    fête, par exemple.

    • Descartes dit :

      Certes, mais pour Royal, on parle d’un échec absolument personnel, de son destn national qui s’écroule sous ses pieds.

      Le référendum de 1946 marquait – du moins c’est ce qu’on pouvait supposer à l’époque – la fin du “destin national” de De Gaulle. Et pourtant, on ne l’a pas vu pleurer en quittant la rue Saint
      Dominique. Même chose en 1969…

      La réaction de Segolène est une réaction infantile.

       

  10. Marcailloux. dit :

    Bonjour,

    “Mais quelle est la récompense du militant ?”

    Et quelle est la récompense du turfiste qui s’est donné la peine de rechercher et analyser les critères susceptibles de lui indiquer quel est le meilleur cheval ? : son espérance dans la victoire
    et ce que cela pourra lui rapporter dans ce cas.

    Si une majorité – c’est je le rappelle la règle de la démocratie simple – de militants d’un parti souhaitent fortement que leurs voix “pèsent” chacune lors d’un vote dans une primaire, 5, 8 ou
    10, contre 1 au pékin citoyen, ils peuvent très bien associer et les militants et les électeurs à un préchoix car c’est bien des affaires des uns ET des autres qu’il s’agit.Un vote par Internet
    permettrait tout à fait cela et allègerait largement le travail des militants.

    C’est à eux, qui revendiquent des droits, de les obtenir au sein même de l’association dont ils sont membres. S’ils en sont incapables, pourquoi leur donnerait – on un droit quelconque de se
    mèler des affaires de la nation ?

    Enfin, ce qui me conforte dans l’idée que les citoyens – ceux qui ont voté lors des primaires – sont certainement plus “éclairés” que les militants dociles et disciplinés des partis, c’est le
    renvoi dans son “en but” de Baylet, digne représentant de ces politiques  de préau de patronage du siècle dernier, juste bon à annoner des fadaises archi cuites et ressassées à longueur
    d’émissions peoples. Ces 0,6% ne seraient jamais apparus dans une consultation interne, pliée dans le sens d’accords de coulisses et de tractations sur le dos du peuple citoyen.

    De cette politique là, les gens n’en veulent plus, et ils l’on dit bien plus clairement que ne l’aurait fait un parti ou une coalition telle le cas présent.

    • Descartes dit :

      “Mais quelle est la récompense du militant ?” Et quelle est la récompense du turfiste qui s’est donné la peine de rechercher et analyser les critères susceptibles de lui indiquer quel est le
      meilleur cheval ?

      Et bien… un gain en espèces sonnantes et trébuchantes. A la différence du militant qui, dans l’optique d’un candidat choisi par “primaire”, n’a aucune garantie que la victoire du candidat de
      son parti lui amène une quelconque recompense… pas même celle de voir le candidat qu’il prefère élu ou le programme qui lui tient à coeur appliqué, puisque ce n’est pas lui qui a choisi le
      programme ou le candidat…

      Bien entendu, je parle du simple militant, et non du “militant professionnel”, pour qui la victore ouvre la possibilité de beaux postes et de juteux fromages…

      Si une majorité – c’est je le rappelle la règle de la démocratie simple – de militants d’un parti souhaitent fortement que leurs voix “pèsent” chacune lors d’un vote dans une primaire, 5, 8
      ou 10, contre 1 au pékin citoyen, ils peuvent très bien associer et les militants et les électeurs à un préchoix car c’est bien des affaires des uns ET des autres qu’il s’agit.

      Je n’ai rien compris. Les militants socialistes sont à tout casser une centaine de miliers. Aux primaires du PS, leurs voix pèsent tout au plus 4% du total. Comment dans ces conditions pourraient
      ils “peser” ?

      C’est à eux, qui revendiquent des droits, de les obtenir au sein même de l’association dont ils sont membres. S’ils en sont incapables, pourquoi leur donnerait – on un droit quelconque de se
      mèler des affaires de la nation ?

      C’est justement mon point: le développement des “primaires” dépossède les militants politiques de leur pouvoir de décision. Et pourtant, il semblerait que ces militants renoncent à leur pouvoir
      dans la joie et l’allégresse. Comment expliquer cette apparente contradiction ? Et je propose une explication: dans les partis politiques “de gouvernement”, les militants “de base” sont devenus
      une espèce rare. La plupart des militants de ces partis sont soit élus (ou espèrent l’être), soit prébendiers. Dans ces conditions, seule la victoire compte. A la rigueur, peu importe le candidat
      ou le programme, pourvu qu’on gagne et qu’on ait un gâteau à se partager.

      Enfin, ce qui me conforte dans l’idée que les citoyens – ceux qui ont voté lors des primaires – sont certainement plus “éclairés” que les militants dociles et disciplinés des partis, c’est le
      renvoi dans son “en but” de Baylet, digne représentant de ces politiques  de préau de patronage du siècle dernier,

      C’est une plaisanterie, n’est ce pas ? Si le vote avait été limité aux “militants dociles et disciplinés”, Baylet aurait fait mieux, à ton avis ? Tu veux rigoler ?

      Le résultat de Baylet ne prouve rien de tel. Tout au plus, on peut conclure que dans ce genre d’exercice, sans un langage calibré par des professionnels, on s’étale sans pitié. Maintenant posons
      nous sérieusement la question: en quoi le président du conseil général de Corrèze, l’homme lisse qui en trente ans de vie politique n’a jamais exprimé un opinion forte sur aucun sujet, represente
      un progrès par rapport aux “politiques de préau” style Baylet ? Parce que s’il faut tirer des conclusions du score de Baylet, il faut aussi tirer des conclusions sur le score d’Hollande.

      De cette politique là, les gens n’en veulent plus, et ils l’on dit bien plus clairement que ne l’aurait fait un parti ou une coalition telle le cas présent.

      Les gens n’ont rien dit de tel. Il faut faire attention a ne pas interpréter les faits dans le sens qui nous arrange.

  11. Inquiet dit :

    Hier soir, dans l’émission “ce soir ou jamais”, ils ont tous repris ce que tu dis (Emmanuel Todd notamment) : le PS est un parti d’élu et pas un parti de militants. A croire qu’ils lisent tes
    billets.

  12. Trubli dit :

    Bonsoir Descartes,

    je suis triste ce soir. La Slovaquie a voté contre le FESF. Et bien les députés voteront une seconde fois. Merkel s’est même permis de dire que le FESF sera adopté le 23 octobre. L’UE est
    vraiment devenu la zone la plus anti-démocratique du monde.

    Sur le score d’Hollande j’ai quelques idées. Beaucoup de votants sont bêtes et incultes. Certains sont obnubilés par Sarkozy et votent “utile” sans s’interesser au programme. Je dis ça en
    connaissance de cause parce que j’ai des amis qui m’ont dit texto qu’il fallait virer Sarko et pour cela faire gagner la gauche. Je les ai sondé sur ce qu’ils connaissaient d’Hollande ou Aubry.
    Au bout de quelques minutes, on se rend compte qu’ils ne savent rien. Et pour se rattraper ils commencèrent à me vanter les mérites de Jospin. J’ai essayé de les calmer en leur expliquant que
    Jospin a eu un gros coup de bol grâce à un franc/euro faible par rapport au dollar dans cette période. Plus tard sur le site de Brighelli ou ailleurs, j’appris que Jospin a beaucoup contribué à
    la destruction de l’Ecole Républicaine, aidé par Meirieu, avec ses IUFM à la con.

     

     

    • Descartes dit :

      je suis triste ce soir. La Slovaquie a voté contre le FESF. Et bien les députés voteront une seconde fois. Merkel s’est même permis de dire que le FESF sera adopté le 23 octobre. L’UE est
      vraiment devenu la zone la plus anti-démocratique du monde.

      Rien de bien nouveau là dedans…

      Quant à Aubry et Hollande… j’ai regardé le débat ce soir, et je suis effondré. J’en ai marre du discours bienpensant avec des mesures creuses qui ne résolvent aucun problème mais donnent bonne
      conscience ou des déclarations générales à l’emporte pièce. Mais surtout, je suis effrayé par le niveau du discours: pas une réference litéraire, pas un trait d’humour intelligent, pas une once
      de joie, de plaisir, d’ambition légitime. Pas une seule référence historique. Un discours niveau Secret Story la grossièreté en moins. J’en suis ulcéré. Sarkozy, qui n’est pas un monument de
      culture, a eu au moins l’intelligence de se trouver une plume digne de ce nom en Henri Guaino…

       

  13. Marcailloux. dit :

    « Je n’ai rien compris. »

    Au temps pour moi. Ma phrase manque de clarté. Ce que j’évoque, c’est la possibilité d’organiser un vote dans lequel les votants possèdent, selon leur statut, des « poids » respectifs
    différents. Ainsi dans un vote pour la désignation d’un candidat, on peut imaginer que les voix des militants comptent par exemple 5, 7 ou 10 fois ce que pèse la voix d’un sympathisant. Ceci, un
    parti peut techniquement l’organiser. Je n’ai pas d’avis particulier sur sa pertinence, mais le rééquilibrage du pouvoir de décider serait rétablit.

     

    « La plupart des militants de ces partis sont soit élus (ou espèrent l’être), soit prébendiers. »

    Ne rentant pas dans les catégories que vous évoquez ci dessus, j’ai, ces dernières années, envisagé une entrée en militantisme actif. Au contact de quelques militants que j’ai eu l’occasion de
    côtoyer, je m’en suis peu à peu dissuadé, la qualité de réflexion, l’indépendance d’esprit, le sens critique que j’ai constaté chez eux me paraissant souvent réduit à sa plus simple expression.

    J’aime bien votre auto désignation de militant free lance. Je compte la reprendre à mon usage, car je pense qu’il est, particulièrement avec l’usage d’internet, possible de militer hors
    structures, soit dans son entourage, soit dans la participation à des débats, en soignant la pertinence et la rigueur de ses interventions. Et puis c’est beaucoup plus compatible avec mon emploi
    du temps et mon style de vie.

     

    « Tu veux rigoler ? »

    Je suis toujours prêt à rigoler plutôt que de pleurer. Cependant, lorsque à Marseille, des militants maintiennent, contre vents et marées leur confiance à des mafieux presque (je reste prudent)
    avérés, ils ne sont peut être pas très représentatifs de l’opinion publique locale.

     

    « Parce que s’il faut tirer des conclusions du score de Baylet, il faut aussi tirer des conclusions sur le score d’Hollande ».

    En effet, l’argument pèse, mais n’est pas forcément contradictoire. Après de vaines recherches sur internet, le nombre des militants réels des partis est quasiment impossible à trouver.
    Néanmoins, une estimation « à la louche », intégrant le nombre d’élus, permet d’estimer que le poids relatif des deux partis représentés à la primaire, sont dans un rapport approximatif
    de 1 à 15. 200000 adhérents au PS 12000 à 15000 au PRG.

    En toute logique, le résultat de Baylet aurait donc du avoisiner 5 à 6% selon une discipline de parti. Élargie aux sympathisants de gauche, son score atteint à peine le 1/10ème ( 0,6%)
    du potentiel sur lequel il pouvait compter. Ce qui s’est passé dans le cas présent, c’est le report sur celui jugé comme le moins pire tout simplement, et en réduisant d’ailleurs son impact au
    premier tour. Le score de Montebourg confirme bien ce rejet d’un certain marigot clientéliste. Celui ci, comme les autres nous ont simplement ventilé, mais du moins, chez lui, avions nous le
    sentiment de ressentir quelques particules de matière dense.

    Post-scriptum

    A l’observation du spectacle auquel je viens d’assister sur F2, je me demande de plus en plus à quoi va bien pouvoir servir un parti politique de gouvernement, ils y en aura bien toujours des tas
    dans l’opposition, et cela renforce ma propension à voter blanc, car à qui et pour quoi accorder un chèque en blanc alors qu’eux mêmes semblent sans provisions.

    • Descartes dit :

      Ce que j’évoque, c’est la possibilité d’organiser un vote dans lequel les votants possèdent, selon leur statut, des « poids » respectifs différents. Ainsi dans un vote pour la
      désignation d’un candidat, on peut imaginer que les voix des militants comptent par exemple 5, 7 ou 10 fois ce que pèse la voix d’un sympathisant.

      Mais au nom de quoi ferait-on cette “distinction” ?

      La question n’est pas pour moi de savoir quel pourrait être le “poids” respectif des militants et des “sympathisants”, mais le sens global de l’exercice. La question à se poser est: qui
      “présente” le candidat ? Est-ce les militants, qui choisissent l’un d’entre eux pour porter le projet qu’ils ont élaboré ensemble ? Ou est-ce les “sympathisants” qui choisisent l’un des produits
      disponibles en vitrine ?

      Si l’on se place dans la première hypothèse, c’est alors aux militants et à eux seuls de choisir le candidat. Ce qui ne veut pas dire que ce choix ne prenne pas en compte
      l’opinion des simples citoyens. Mais c’est justement le rôle des militants, qui sont en contact quotidien avec les citoyens, d’amener les exigences, les demandes et les opinions de ces derniers
      dans les débats internes du parti. Cela suppose bien entendu que le parti politique ait suffisamment de militants bien insérés dans la société, capables de jouer ce rôle d’intermédiaire et de
      médiateur entre l’organisation et les citoyens. Or, c’est là qui est le problème: aujourd’hui, les effectifs des partis est essentiellement constitué d’élus ou prébendiers qui vivent dans le
      monde clos du milieu politique. C’est pourquoi d’ailleurs le besoin de “primaires” se fait sentir: on ne peut plus faire confiance aux militants pour sélectionner un candidat que les citoyens
      aient envie de voter.

      J’aime bien votre auto désignation de militant free lance. Je compte la reprendre à mon usage, car je pense qu’il est, particulièrement avec l’usage d’internet, possible de militer hors
      structures, soit dans son entourage, soit dans la participation à des débats, en soignant la pertinence et la rigueur de ses interventions.

      Avant de reprendre ma formule, laissez-moi peut-être la clarifier. Il ne suffit pas de participer au débat pour être un “militant”. Le “militantisme” implique pour moi un compromis avec une
      organisation et quelquefois avec l’homme qui porte son message. La seule différence entre un militant tout court et un militant “free lance”, c’est que ce dernier n’a pas de fidelité durable,
      trascendente, à une organisation donnée. Il met ses compétences et ses moyens au service d’une organisation sur une base contractuelle: tant que l’organisation défend un projet qui lui convient,
      le militant “free lance” la sert. Et du jour où elle cesse de le faire, le militant “free lance” s’en trouve une autre, sans drame.

      Cependant, lorsque à Marseille, des militants maintiennent, contre vents et marées leur confiance à des mafieux presque (je reste prudent) avérés, ils ne sont peut être pas très
      représentatifs de l’opinion publique locale.

      Au contraire, ils sont extrêmement représentatifs de l’opinion publique locale. Comment expliquer sinon que “l’opinion publique locale” continue à reconduire des “mafieux presque avérés” à chaque
      élection ? Le clientélisme, à Marseille, c’est un maladie sociale qui affecte tous les niveaux de “l’opinion publique”. On ne vote pas pour un représentant honnête, on vote pour celui qui est
      prêt à “partager” le butin en faisant bénéficier ses élécteurs…

      En toute logique, le résultat de Baylet aurait donc du avoisiner 5 à 6% selon une discipline de parti.

      Non. “En toute logique”, la discipline de parti ne s’applique qu’aux militants, pas aux simples électeurs. Or ce sont ceux qui ont dominé la primaire. En second lieux, la “primaire” par son
      essence même est une confrontation de personnes, dans laquelle la médiatisation joue un rôle fondamental. Et Baylet est infiniment moins connu médiatiquement que n’importe lequel des autres
      candidats. Et parmi les “petits”, le seul qui n’ait pas réussi à faire son succès de scandale. En fait, si tu regardes bien, la hiérarchie des candidats suit assez bien la hiérarchie de la
      médiatisation, avec une seule exception: Ségolène Royal. Là, on peut peut-être tirer des conclusions. Mais le pourcentage de Baylet ne nous dit qu’une chose: aujourd’hui, pas de voix sans
      médiatisation à outrance.

       

  14. Marcailloux. dit :

    Bonjour,

    “Avant de reprendre ma formule, laissez-moi peut-être la clarifier.”

    Elle était parfaitement claire à mes yeux et je confirme donc sa pertinence actuelle et future. Ce qui distinguera peut – être votre perception de la mienne, c’est le regard porté sur cette
    évolution. Si je comprend bien votre sentiment à ce sujet, c’est qu’il est empreint d’une certaine nostalgie, que je comprend fort bien, au demeurant, connaissant un petit peu votre passé et
    votre engagement de militant. Il n’en est pas de même des innombrables citoyens dont je suis, qui, se sentant profondément concernés, fortement motivés par le débat politique, trouvent dans cette
    nouvelle possibilité d’expression et de participation, un support que ne peut ou ne veut plus leur offrir un parti politique. Le progrès d’une société se réalise essentiellement à partir des
    outils qu’elle à créés. Internet, entre autres, en est un formidable, il faut nous en réjouir.

    Si vous examinez l’influence qui est la votre par vos interventions, ici ou ailleurs, je suis persuadé que votre capacité de remise en perspective est nettement supérieure en nombre et peut être
    en qualité, à celle de votre période de militant encarté. Et ceci avec une démultiplication difficilement estimable mais bien réelle. Internet permet une arborescence du débat qui n’est pas
    possible dans le cadre d’une cellule de parti. De plus, dans celui ci, on parle souvent à des convaincus, donc la diffusion et l’évolution des idées est très lente et s’appauvrit au fil du rapide
    temps médiatique.

    Réjouissez vous, de quelque dizaines ou centaines d’auditeurs locaux, votre audience dépasse probablement le millier, et ce dans toute la France et au delà – ces mots sont écrits du Maroc où un
    peu de “publicité” vous est faites, à moins que vous n’appréciez que les oreilles parisiennes.

    • Descartes dit :

      Si je comprend bien votre sentiment à ce sujet, c’est qu’il est empreint d’une certaine nostalgie,

      Oui, tout à fait. Je pense que la vie de “militant fonctionnaire” est bien plus formatrice, plus enrichissante que celle de “militant contractuel” (expression peut-être plus parlante que
      “free-lance”). Je plains ceux qui ne se sont jamais fourvoyés par passion d’une grande cause…

      Le progrès d’une société se réalise essentiellement à partir des outils qu’elle à créés. Internet, entre autres, en est un formidable, il faut nous en réjouir.

      Bof… j’ai tendance à me méfier de la sacralisation des outils.

      Si vous examinez l’influence qui est la votre par vos interventions, ici ou ailleurs, je suis persuadé que votre capacité de remise en perspective est nettement supérieure en nombre et peut
      être en qualité, à celle de votre période de militant encarté.

      Peut-être. Mais ma capacité à peser sur les évènements et à transmettre ces idées est infiniment moins grande. “Les critiques sont comme les eunuques: ils savent, ils ne peuvent pas”.

      Et ceci avec une démultiplication difficilement estimable mais bien réelle.

      C’est gentil, mais je n’y crois pas trop.

      Internet permet une arborescence du débat qui n’est pas possible dans le cadre d’une cellule de parti.

      J’en suis pas convaincu, loin de là. Internet permet certainement à beaucoup plus de gens d’avoir accès à ce qu’on dit que la diffusion classique dans les débats de cellule ou de section. Mais en
      même temps, l’écoute est bien plus superficielle dans la plupart des cas.

      Réjouissez vous, de quelque dizaines ou centaines d’auditeurs locaux, votre audience dépasse probablement le millier, et ce dans toute la France et au delà – ces mots sont écrits du Maroc où
      un peu de “publicité” vous est faites, à moins que vous n’appréciez que les oreilles parisiennes.

      Rassurez-vous, j’apprécie toutes les oreilles, d’autant plus que je n’ai habité à Paris que quelques années. Mais je vous avoue que je suis sceptique. S’il sont quelques centaines à lire ce blog,
      ceux qui réagissent sont tout au plus une dizaine. Comment savoir ce que pensent les autres ?

  15. dudu87 dit :

    Bonjour à vous,

    Je lis ce blog régulièrement et si je ne participe pas, c’est souvent par manque de temps mais aussi je suis souvent d’accord avec la majorité des commentaires et des débats qui nous sont
    proposés au moins sur le fond. Il est vrai que les débats sur la monnaie ont été d’un très haut niveau, cela m’a appris beaucoup, même si c’est encore flou dans ma tête.

    Il est vrai que nous avons été formé au même moule avec notre ami Descartes où je n’ai été qu’un simple militant. Par contre, l’expèrience d’élu du personnel CGT (CE-CCE) est irremplaçable pour
    un militant politique. Là, nous sommes face à l’adversaire de classe et en prise avec la réalité du terrain. Etre élu du personel demandait de l’humilité, de l’honnêteté et des sacrifices. A
    notre ami Marcailloux, des exemples, j’en ai des dizaines dans la tête. Et ça les “militants” des classes moyennes ne l’ont pas vécu y compris Mélenchon.

    Internet peut-être un outil merveilleux mais la formation sur le terrain, avec les trippes, avec le risque du licenciement, avec la mise au placard professionnel…ect ne le remplacera pas. Il
    faut donc de puissantes organisations syndicales pour fournir ce terreau aux partis politiques. Croire que le militantisme ne se fera que par internet est une erreur. Les partis politiques et les
    OS ont encore de l’avenir, Internet est un outil et non un système organisationnel et strcturel pour finaliser la pensée et l’action. Internet est une machine et c’est les hommes et les femmes
    qui alimenteent la pensée et qui font l’action. 

    • Descartes dit :

      Je suis d’accord sur presque tout ce que vous dites. Il n’y a qu’un élément qui me fait bondir:

      Internet peut-être un outil merveilleux mais la formation sur le terrain, avec les trippes, avec le risque du licenciement, avec la mise au placard professionnel…ect ne le remplacera
      pas.

      Je ne suis pas d’accord avec cette idée qu’il n’y aurait de formation qui soit supérieure à “celle des trippes”. Pour le reste, 100% d’accord. Le militantisme, c’est comme le sexe: lorsqu’on le
      fait par Internet, ce n’est pas la même chose…

  16. dudu87 dit :

    Merci, Descartes d’avoir rectifié. En effet, la formation se fait avec la …tête et l’expérience du terrain. J’ajouterai avec les hommes du terrain. Et c’étaient des anciens du maquis
    “Guinguoin”, toute une philosophie et une histoire. Tiens, nous pourrions retrouver l’ancienne SFIO avec ses coups bas, son anti-communisme…ect…

    Pour les “trippes”, je voulais parler de la peur du licenciement, de la mise au placard professionnel…ect.

    Pourtant rien à voir avec les camarades de chez Citröen, Peugeot ou encore Berliet (“Les truands du patronat de M. Caille), ça te rappelle rien? Saviem était une filiale de la RNUR.

    Allez, j’arrête la nostalgie!!!

  17. Marcailloux. dit :

    @Dudu 87,

    Je reçois 5/5 votre témoignage . Dans mon commentaire, je ne visais pas le militantisme syndical, mais uniquement le politique, hypermédiatisé donc très peopolisé.

    Mon parcours professionnel m’a longuement amené à cotoyer les représentants syndicaux d’entreprises et je peux vous affirmer que j’y ai rencontré des gens sincères, courageux et désintéressés. Si
    à l’heure actuelle, d’autres les ont remplacé dans le même esprit, je ne suis pas sur que le militantisme des partis politiques possède le même altruisme, mais je veux bien admettre que dans de
    nombreux cas encore, ma vision est érronée.

    Bonne soirée.

  18. Marcailloux. dit :

    Bonjour,

    Tolérez que je revienne et d’insiste sur la genèse puis le parcours individuel d’un militant dans quelque domaine que ce soit. Ce pourra être un élément additionnel au débat qui reste ouvert sur
    la notion de classe moyenne et sa responsabilité dans la situation actuelle.

    Tout d’abord, le terme même de militant ne se limite pas, si je m’en tiens à la définition du Petit Larousse, à l’adhérent d’un parti, d’un syndicat ou d’une organisation. Il désigne celui – ou
    celle- qui lutte, voire qui combat pour une idée, une opinion, etc….

    Pour faire simple et conformément à l’idée générale – je sais, Descartes, que vous avez largement la possibilité de démonter cette assertion-, au sortir de la seconde guerre mondiale, la nation
    toute entière a retroussé les manches et a entrepris de reconstruire le pays. On évoque souvent à cet égard l’action du CNR. Nous étions dans une économie de production, dans laquelle la priorité
    n°1 était de créer des richesses utilitaires, matérielles, structurelles. La lutte des classes a été mise un temps sous le boisseau. Puis sont progressivement apparus les périodes de vaches
    grasses et le problème de la répartition équitable des richesses produites. Les citoyens âgés d’entre nous, retraités actuellement, nés entre 1935 et 1955 en gros, ont vécu cette période comme
    adolescents ou jeunes adultes, et ce compte tenu de la structure de la société d’alors, dans le cadre d’un milieu ouvrier. L’imprégnation culturelle dont chacun a fait l’objet, est demeurée
    indélébile, que ce soit en faveur ou en réaction à son milieu d’origine. Il y a ceux qui l’ont renié et ceux qui s’en sont prévalu. Et ceci quelque soit leur carrière socio professionnelle.

    C’est là qu’intervient la notion de militantisme. Ceux, « étiquetés » comme tels, poursuivant l’action de leurs ainés, ont ni plus ni moins continué à agir dans l’adversité de la lutte
    des classes, avec les risques évoqués par Dudu 87, mais cependant protégés par le Code du travail et le rapport de force qu’ils étaient –qu’ils sont- susceptible de mettre en oeuvre. Il y a
    aussi, et l’on en parle jamais, ceux qui ont, par le hasard des circonstances ou par choix personnels opté pour un parcours plus individuel. À l’instar des militants politiques ou syndicaux, ils
    ont évolué dans l’échelle des responsabilités. On ne peut pas plus reprocher à un fils d’ouvrier d’être devenu ingénieur en entreprise, qu’on ne peut le faire à un autre devenu député ou membre
    du comité central de la CGT. Or, parmi ces cadres supérieurs du privé, il existe bon nombre d’individu qui défendent en toutes circonstances, des valeurs proches, voire identiques, à celles
    défendues par les organisations syndicales reconnues. Seulement, eux le font sans bouclier, en francs tireurs avec tout le danger qu’ils encourent dans un contexte obscur, ou les coups se portent
    dans le noir. Combien ont payé du placard, du licenciement, de vexations ou de l’isolement, des prises de position jugées par le pouvoir économique et financier, en contradiction ( laquelle, je
    me demande) avec leur position socio professionnelle. Je sais de quoi je parle pour avoir été, des années durant, de l’autre coté de la table de CE ou de CCE, l’ interlocuteur principal de
    militants que leur statut a quelquefois, plus protégé qu’exposé.

    Représenter une entreprise ne signifie pas forcément représenter les plus voraces des actionnaires. C’est peut être aussi défendre une idée – et c’est là que je « réévoque » la notion
    de militantisme- du concept d’entreprise, avec une répartition bien comprise de son intérêt et celui de tous ses membres à long terme.

    Cette classe moyenne, que vous vilipendez Descartes, est aussi composée des ces citoyens prêts à perdre gros pour la défense de leurs opinions, et je peux témoigner que nombre de membres de la
    classe populaire se comportent, dès que l’occasion se présente, en prédateurs acharnés de victimes appartenant à leur classe d’origine. La classe moyenne, c’est un peu comme la pluie, elle est
    toujours à la fois indispensable et à la fois insupportable. C’est selon les uns et les autres, selon le moment de l’année, selon les projets de chacun, selon son humeur, son besoin de chaleur ou
    de fraicheur, son gout pour les légumes verts ou les fruits sucrés,…etc…

    Avec ça, vous conviendrez qu’il est illusoire (mais là je suis sans illusion) de pontifier sur cette notion.

    Dernier point auquel je tiens, : il est tout de même inimaginable que pas un des candidats à l’élection présidentielle n’ait évoqué, en tout cas approfondi à minima, la question des
    rémunérations des acteurs de l’ensemble économique que constitue un pays, le notre en l’occurrence. Si l’on entend fréquemment que l’on va prendre aux riches pour renflouer la caisse commune, on
    se contente généralement du slogan, ce qui soulage probablement certains, mais qui ne fait rien avancer sur le fond. Ce qui ronge nos sociétés n’est pas tant la masse d’argent qui est captée par
    les puissants ou les opportunistes que la conséquence des décisions qu’ils prennent pour bénéficier des mânes financières que leur procure leur activité. Concrètement, si les quelques dirigeant
    d’une entreprise sont rémunérés –comme les traders- dans la seule perspective de la rentabilité à court terme, vous aurez toujours des « seigneurs de guerre » prêts à tout pour
    satisfaire leur voracité. Ce n’est pas, hormis l’indécence, le montant des sommes qu’ils captent qui est le plus néfaste, mais le désastre irréversible que cela occasionne dans notre économie.
    Mais de cela, motus et bouche cousue. Seraient – ils consentants ?

     

    • Descartes dit :

      Tout d’abord, le terme même de militant ne se limite pas, si je m’en tiens à la définition du Petit Larousse, à l’adhérent d’un parti, d’un syndicat ou d’une organisation. Il désigne celui –
      ou celle- qui lutte, voire qui combat pour une idée, une opinion, etc….

      Le mot “militant” a plusieurs sens. Mais dans la mesure où c’est moi qui l’ai introduit dans cette discussion, c’est à moi de dire dans quel sens j’ai utilisé le mot. Et je l’ai dit dans mon
      article: pour moi le militant est celui qui est sumis à la discipline d’une organisation.

      On peut aussi, au sens figuré, qualifier une personne de “soldat” d’une idée où d’une opinion. Il n’empêche pas que le sens propre du terme implique le fait d’être membre d’une armée régulière.
      Le mot “militant” – qui trouve sa racine dans le mot latin pour soldat, “milites” – peut lui aussi être utilisé au sens figuré. Mais au sens propre, il implique la sumission à une discipline.

      On évoque souvent à cet égard l’action du CNR. Nous étions dans une économie de production, dans laquelle la priorité n°1 était de créer des richesses utilitaires, matérielles, structurelles.
      La lutte des classes a été mise un temps sous le boisseau.

      Je pense que vous vous trompez. L’idéologie du CNR n’était pas du tout matérialiste au sens où vous l’entendez, et son objectif de reconstruction, proclamé explicitement dans le premier article
      de la section consacrée à la reconstruction, était de “rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle”. On est loin d’une “priorité n°1” donnée à la
      création de richesses. Et contrairement à une vision irénique très pregnante à gauche, la lutte des classes n’a nullement été “mise sous le boisseau”: l’après-guerre est émaillée de grands
      conflits sociaux, des grèves insurrectionnelles de 1947 aux grandes grèves de 1953.

      En fait, l’accord “gaullo-communiste” qui a permis la grande oeuvre de la Libération ne survit guère le départ de De Gaulle puis des communistes du gouvernement. Il sera retabli sous une forme
      différente avec le retour de De Gaulle en 1958.

      On ne peut pas plus reprocher à un fils d’ouvrier d’être devenu ingénieur en entreprise, qu’on ne peut le faire à un autre devenu député ou membre du comité central de la CGT.

      Loin de moi l’idée de “reprocher” quoi que ce soit. Le problème, ce n’est pas le fils d’ouvrier qui devient ingénieur, député ou membre du Comité Exécutif de la CGT. Le problème, c’est plutôt le
      fils de permanent de la CGT ou du PCF qui devient lui même permanent sans jamais avoir fréquenté le monde du travail… comme c’est le cas par exemple de Pierre Laurent. 

      Représenter une entreprise ne signifie pas forcément représenter les plus voraces des actionnaires. C’est peut être aussi défendre une idée – et c’est là que je « réévoque » la
      notion de militantisme- du concept d’entreprise, avec une répartition bien comprise de son intérêt et celui de tous ses membres à long terme.

      Oui, mais faudrait tout de même pas pousser. Lorsqu’on “représente une entreprise”, on est mandaté par les actionnaires. A moins que ceux-ci soient particulièrement stupides, ils ne mandateront
      pas quelqu’un qui ne defendra pas leurs intérêts (ou du mons l’idée qu’ils s’en font).

      Cette classe moyenne, que vous vilipendez Descartes, est aussi composée des ces citoyens prêts à perdre gros pour la défense de leurs opinions,

      J’aimerais quelques exemples. Bien sur, il y a des individus qui “sont prêts à perdre gros pour la défense de leurs opinions” dans toutes les classes. Mais de là à dire que ls classes moyennes
      “sont composées de citoyens prêts à perdre gros pour la défense de leurs opinions”… soyons sérieux: l’immense majorité des individus défend individuellement et collectivement ses intérêts
      d’abord. Pourquoi les classes moyennes seraient-elles différentes ?

      La classe moyenne, c’est un peu comme la pluie, elle est toujours à la fois indispensable et à la fois insupportable.

      Je vois mal en quoi elle est “indispensable”…

      Concrètement, si les quelques dirigeant d’une entreprise sont rémunérés –comme les traders- dans la seule perspective de la rentabilité à court terme, vous aurez toujours des « seigneurs
      de guerre » prêts à tout pour satisfaire leur voracité.

      Soyez cohérent: d’un côté vous me peignez des classes moyennes “composées d’individus prêts à perdre gros pour la défense de leurs opinions”, d’un autre vous expliquez qu’ils sont “prêts à tout
      pour satisfaire leur voracité”. Je ne vois pas comment reconcilier les deux affirmations…

       

  19. Marcailloux. dit :

    Mais de là à dire que ls classes moyennes “sont composées de citoyens prêts à perdre gros pour la défense de leurs opinions”… soyons sérieux: l’immense majorité des individus défend
    individuellement et collectivement ses intérêts d’abord. Pourquoi les classes moyennes seraient-elles différentes ?

    Je n’aime pas polémiquer sur des points de détails, mais lorsque vous reprenez la phrase( à 2 reprises) que j’ai écrite en en supprimant le « aussi » vous changez
    volontairement, pour l’usage de votre démonstration, le sens de ce que j’écrit. Cette méthode, en marge des limites acceptables de la rhétorique, ne fait pas progresser le niveau
    du débat. Pour moi, la classe moyenne existe par pure convention. Les auteurs « autorisés » sur ce sujet reconnaissent volontiers qu’il s’agit là d’une notion floue, n’ayant pas de
    véritable caractère scientifique dans une sociologie dont on peut discuter du fondement scientifique de ses prémisses.

    Si l’on considère que la classe moyenne se situe à partir du critère des revenus : par exemple: 2174 € à 4068 € net d’impôts pour un couple sans enfant à charge, en 2011 (Observatoire des
    inégalités –V. Schneider et L. Maurin), on ne considère qu’une partie d’un phénomène socio économique. On nage dans la subjectivité , on n’intègre en rien les autres facteurs de richesse que sont
    l’éducation, les modes et conditions de vie, la qualité des réseaux environnants, etc,etc…..Et l’on retrouvera probablement, dans chacune des classes, la même proportion d’imbéciles, de
    crapules, de couards et tutti quanti, ce que vous reconnaissez implicitement par ailleurs. Il n’y a probablement pas plus de gens prêts à prendre des risques pour défendre leurs idées dans l’une
    ou l’autre des classes, néanmoins plus l’individu intègre bénéficie de moyens élevés, plus la perte risque d’être grande et surtout plus il apparait comme un « traitre » à la majorité
    des appartenant à sa classe.

    À l’heure qu’il est, regarder les fluctuations des gens prêts à nous gouverner. Ils ne sont que trop représentatifs d’une population dans son ensemble, y compris les classes modestes. Et d’une
    certaine façon c’est encore un moidre mal, le plus grand nombre ne désignant que ceux qui sont à leur image.

    Pour le qualificatif d’indispensable, comme on ne peut diviser une population hétérogène en deux parties distinctes sans devoir règler le problème de la jonction de ces deux sous ensembles, la
    notion de classe moyenne qui se situe entre les deux extrèmes, apparait indispensable, ne serait ce que pour que vous puissiez garder le loisir de taper dessus.

    • Descartes dit :

      Je n’aime pas polémiquer sur des points de détails, mais lorsque vous reprenez la phrase( à 2 reprises) que j’ai écrite en en supprimant le « aussi » vous changez
      volontairement, pour l’usage de votre démonstration, le sens de ce que j’écrit.

      Je vous prie de m’excuser. Le “aussi” m’avait échappé. Je vous prie de croire que je ne change jamais “volontairement” le sens de ce que les autres écrivent, et je suis très attristé que vous
      puissiez croire une telle chose de moi.

      Cela étant dit, votre “aussi” rend votre commentaire étrange. Toutes les couches sociales “sont aussi composées de citoyens prêts à perdre gros pour la défense de leurs
      opinions”. Il y a des idéalistes parmi les millionnaires, et il y en a parmi les SDF. Pourquoi alors singulariser les classes moyennes ?

      Lorsqu’on parle d’un groupe, on s’intéresse moins à l’exception qu’à la règle. L’existence d’un Godin n’empêche pas de dire que la bourgeoisie exploite le travail salarié. Et de la même manière,
      l’existence de quelques exceptions n’empêche pas que pour l’essentiel les classes moyennes défendent bec et ongle leurs intérêts.

      Si l’on considère que la classe moyenne se situe à partir du critère des revenus

      Ce qui n’est pas mon cas. Je vous ai dejà expliqué plusieurs fois que pour moi l’appartenance aux classes moyennes n’est pas une question de revenu, mais de rapport au mode de production.

       

  20. marc malesherbes dit :

    Bonjour,
    j’hésite à commenter votre billet, tellement nos appréciations sont différentes.

    en premier, il me semble qu’il ne faut pas raisonner dans “l’absolu”, mais dans le contexte actuel. Pour moi, le PS n’est plus depuis longtemps de gauche socialiste au sens ancien, même pas
    social démocrate, mais “démocrate” à l’américaine. JL Mélenchon avait fait un excellent papier concernant les positions “démocrate” de Hollande-Royal sur le sujet. Dans cette logique, organiser
    des élections primaires est vraiment utile et “productif”.

    votre billet appelle une seconde remarque: quel parti justifierait encore une organisation de type “association libre de militants” ?
    Pour ce faire, il faut que ce soit des partis ayant volonté de transformer en profondeur la société, comme au XXéme les partis communistes et fascistes. Même à cette époque les partis du
    “système” n’avaient guère de militants et étaient des partis d’élus (ou aspirants élus, ou clientèle).
    Aujourd’hui le PCF a abandonné cette volonté de transformation, et il reste le NPA (LO) et également le FN, qui peuvent encore justifier d’être des partis de militants.

    En conclusion: je parie que bientôt le PCF adoptera le principe des primaires, soit seul, soit en alliance avec le PS, soit au sein de la nébuleuse “gauche de la gauche”. La seul chose qui va le
    retenir est sa capacité d’organisation, un peu faible maintenant au niveau national.

    • Descartes dit :

      Pour moi, le PS n’est plus depuis longtemps de gauche socialiste au sens ancien, même pas social démocrate, mais “démocrate” à l’américaine.

      Au risque de me répéter, je ne vois pas l’utilité des étiquettes en général et de celle de “gauche” en particulier. Quand le PS a-t-il été “de gauche” ? Quand il était violemment anticommuniste,
      atlantiste, partisan des guerres coloniales ? Le PS a-t-il été un jour “de gauche” au sens ou vous l’entendez ?

      Par ailleurs, la comparaison avec les “démocrates” américains n’a pas de sens. Les partis politiques américains fonctionnent dans une tradition sociale et politique qui n’a absolument rien à voir
      avec la notre.

      JL Mélenchon avait fait un excellent papier concernant les positions “démocrate” de Hollande-Royal sur le sujet.

      Je ne connais pas ce papier. Avez-vous la référence ?

      Dans cette logique, organiser des élections primaires est vraiment utile et “productif”.

      C’est certainement “utile” pour avoir du temps médiatique. Depuis trois semaines on ne voit qu’eux à la télé. Mais en dehors de ça, je ne vois pas en qui est-ce “productif”.

      votre billet appelle une seconde remarque: quel parti justifierait encore une organisation de type “association libre de militants” ?

      Pratiquement aucun. Le processus qui a transformé les anciens partis de militants en partis d’élus et prébendiers n’est pas du aux erreurs de tel ou tel dirigeant, mais à une transformation
      sociologique. Aujourd’hui, on ne trouve des partis de militants que dans les extrêmes, là où il n’y a ni postes ni prébendes à distribuer: NPA, LO, FN.

      Pour ce faire, il faut que ce soit des partis ayant volonté de transformer en profondeur la société, comme au XXéme les partis communistes et fascistes.

      Evidement, il est difficile d’obtenir un engagement fort de militants dont l’objectif serait que tout continue pareil.

      Même à cette époque les partis du “système” n’avaient guère de militants et étaient des partis d’élus (ou aspirants élus, ou clientèle).

      Je ne sais pas ce que vous appelez “les partis du système”. En tout cas, je peux vous certifier que pour ce qui concerne le PCF, entre 1950 et 1990 l’immense majorité des militants n’étaient ni
      élus, ni aspirants élus, ni prébendiers.

      En conclusion: je parie que bientôt le PCF adoptera le principe des primaires, soit seul, soit en alliance avec le PS, soit au sein de la nébuleuse “gauche de la gauche”.

      Cela ne m’étonnerait pas. De facto, il a dejà pris cette route avec la désignation par les militants du candidat à l’élection présidentielle.

  21. argeles39 dit :

    @ Descartes

    Tu écris: En tout cas, je peux vous certifier que pour ce qui concerne le PCF, entre 1950 et 1990 l’immense majorité des militants n’étaient ni élus, ni aspirants élus, ni prébendiers.

    Mathématiquement c’est sans doute encore le cas, non? Par ailleurs je crois me souvenir (j’ai quitté le PCF il y a 20 ans) que les militants “professionels” reversaient une part
    significative de leurs prébendes au parti, est-ce toujours vrai?

    • Descartes dit :

      Mathématiquement c’est sans doute encore le cas, non?

      Non, du moins si l’on prend en compte les militants actifs. Et c’est particulièrement frappant dans les instances de direction. Le nombre d’élus a diminué, mais le nombre de prébendiers (employés
      des collectivités locales “amies”, d’associations ou d’entreprises “du parti”) a beaucoup augmenté.

      Par ailleurs je crois me souvenir (j’ai quitté le PCF il y a 20 ans) que les militants “professionels” reversaient une part significative de leurs prébendes au parti, est-ce
      toujours vrai?

      Non. Ce n’est même pas vrai des élus, alors qu’une disposition statutaire les y oblige. Je te raconte une anecdote personnelle: au congrès de Martigues (le 30ème du nom, si ma mémoire ne me
      trompe pas), lors de l’exposé des comptes par le trésorier du Parti, plusieurs délégués ont eu l’outrecuidance de poser la question de savoir quelle proportion d’élus s’acquitaient de leur
      reversements, et de préciser publiquement quels étaient les élus “vertueux” de manière à permettre aux adhérents de juger du comportement de leurs élus. Par trois fois, le trésorier de l’époque a
      refuser de fournir toute information sur cette question. C’est dire à quel point on n’a pas la conscience tranquile…

       

  22. Marcailloux. dit :

    Bonjour,

    Si l’on considère que la classe moyenne se situe à partir du critère des revenus

    (com. n° 19)

    « Ce qui n’est pas mon cas. Je vous ai dejà expliqué plusieurs fois que pour moi l’appartenance aux classes moyennes n’est pas une question de revenu, mais de rapport au mode de
    production. »

     

    Je vous prie, Descartes, de ne pas voir dans mon insistance autre chose que la volonté de bien comprendre votre conception de la notion de classe moyenne. Certes, vous l’avez déjà expliquée de
    long en large. Cependant, à lire et relire de nombreux commentaires de vos lecteurs, j’ai le sentiment que votre position ne fait pas l’unanimité, loin de là. Elle part, il est vrai, d’une
    approche marxiste, qui n’est, à priori, pas réfutable en temps que telle. Néanmoins, elle n’est pas la seule, et ne constitue probablement pas la majorité des perceptions sur cette notion. Le
    marxisme, est pour moi , un paradigme particulier, vision globale dont on ne peut contester la pertinence. Mais être pertinent n’est pas convaincre.

    Il repose, entre autres, sur un vocabulaire qui comporte des mots, dans le cadre de notions, qui ont un sens précis. Or, l’emploi de ces mots, de ces notions, doit être commun pour dialoguer avec
    tous les interlocuteurs, donc être connus, compris et assimilés par chacun de ceux ci. Sinon, on parle hébreu, et il ne faut pas s’étonner qu’il y ait malentendu. Et c’est au niveau de
    l’assimilation que le bât blesse à mon avis. Pour assimiler, il faut ressentir intuitivement le bien fondé d’une notion, la ressentir comme naturellement évidente. Ce n’est pas manifestement le
    cas de la majorité.

    Je souhaite vous soumettre quelques cas de rapports à l’outil de production( plus précisément du couple producteur-destructeur, au sens économique-, en intégrant la philosophie marxiste, que, je
    ne rejette pas, entendons nous bien, même si sur certains points, j’ai de la peine à la faire mienne :

    – quid du coopérateur dont l’activité de l’entreprise – car une coopérative en est une – est très prospère, et qui utilise dans son processus de production des matières ou des matériels de
    production provenant d’entreprises ou/et de pays où sont pratiqués le travail des enfants et/ou l’exploitation éhontée des producteurs ?

    – quid du militant prébendier, de l’élu, qui utilisent leur appartenance à une organisation ou à plusieurs qui forment ainsi leur réseau personnel, dans le but de progresser d’abord
    individuellement dans la hiérarchie sociale ?

    – quid du pékin lambda, bien ancré dans la classe populaire, n’a de cesse de porter des vêtements faussement estampillés « Lacoste, Cardin ou Nike , etc…..» produits dans les pires
    conditions d’exploitation ?

    – quid, enfin, de ce même pékin, qui lors d’un voyage dans un pays pauvre, négociera jusqu’à l’os avec les producteurs locaux, pour des objets superflus, puis s’en vanteront à leur retour ?

    Je pourrais allonger, bien sur, cette liste. Elle montre en tout cas que l’exploitation de l’homme par l’homme est plus dans la nature humaine, en général que dans l’appartenance à une catégorie.
    Et si les pauvres sont moins des exploiteurs que les riches, c’est qu’ils n’en ont pas autant la possibilité matérielle. La différence, pour moi, se fait dans les esprits, si les actes qui en
    découlent, sans être, pour autant, sacrificiels, sont en harmonie suffisante avec les convictions.

    La globalisation, que cela nous convienne ou non, nous plonge dans un maelstrom de contradictions que nous avons de plus en plus de peine à assumer. C’est pourquoi, et là je vous rejoins, la
    « distribution »- au sens statistique du terme- des opinions et des orientations souhaitables, ne se répartit plus suivant un linéaire qui s’étendrait de l’extrême gauche à l’extrême
    droite. Il y a quelque chose de réformateur à inventer et à former en nouveau paradigme. Mais lequel, et par qui ?

    • Descartes dit :

      Je vous prie, Descartes, de ne pas voir dans mon insistance autre chose que la volonté de bien comprendre votre conception de la notion de classe moyenne

      Je vous en prie, arrêtez de vous excuser. Je ne risque pas de prendre “votre insistance” pour autre chose qu’un intérêt pour l’échange et le débat!  

      Cependant, à lire et relire de nombreux commentaires de vos lecteurs, j’ai le sentiment que votre position ne fait pas l’unanimité, loin de là.

      Elle n’a pas à “faire” ou “ne pas faire” l’unanimité. C’est une définition. Quand je parle de “classe moyenne”, je parle de cela, et pas d’autre chose.

      Il repose, entre autres, sur un vocabulaire qui comporte des mots, dans le cadre de notions, qui ont un sens précis. Or, l’emploi de ces mots, de ces notions, doit être commun pour dialoguer
      avec tous les interlocuteurs, donc être connus, compris et assimilés par chacun de ceux ci.

      C’est pourquoi j’ai pris la peine (et je la reprends chaque fois qu’il y a un doute) de rappeller de quoi je parle exactement lorsque je parle de “classes moyennes”.

      (…) Je pourrais allonger, bien sur, cette liste. Elle montre en tout cas que l’exploitation de l’homme par l’homme est plus dans la nature humaine, en général que dans l’appartenance à une
      catégorie.

      Pas tout à fait: pour exploiter, il ne suffit pas de vouloir, encore faut-il pouvoir. Et les possibilités d’exploiter son prochain sont, elles, étroitement liées à la “catégorie” à laquelle on
      appartient. L’exploitation implique le fait de s’approprier de la valeur produite par d’autres. Cela suppose un rapport de force, parce que les producteurs de valeur ne se laissent pas déposséder
      du fruit de leur travail aussi aisément. En dehors du cas très particulier de l’activité criminelle, les opportunités pour un prolétaire – c’est à dire, quelqu’un qui ne détient aucun capital –
      d’exploiter quelqu’un d’autre sont assez réduites.

      Et si les pauvres sont moins des exploiteurs que les riches, c’est qu’ils n’en ont pas autant la possibilité matérielle.

      Exactement. Les exploités ne sont pas moralement “bons” et les exploiteurs “méchants”. La gauche française en général et les gauchistes en particulier prétendent transformer un rapport économique
      en rapport moral, dans lequel on trouve des relents cathos de salut par la pauvrété et de “l’argent qui corrompt”. Il faut sortir de ce manichéisme: les pauvres ne sont pas meilleurs que les
      riches. Les prolétaires ne snt pas des saints. Si les pauvres le pouvaient, ils se comporteraient exactement pareil que les riches. L’idéalisation des pauvres, constante dans la pensée de la
      gauche, ne résiste pas à l’expérience.

      Il y a quelque chose de réformateur à inventer et à former en nouveau paradigme. Mais lequel, et par qui ?

      Si je le savais… Cependant, il n’est pas inutile de tirer quelques leçons de l’histoire. Dans un moment où, comme vous dites, nous sommes plongés par un monde qui change dans un “maelström de
      contradictions”, c’est peut-être le moment de revenir aux fondamentaux, qui sont précisement ces points d’accroche de la pensée humaine qui restent invariables quand tout bouge. La révolution
      économique, scientifique et sociale de la Renaissance s’est accompagnée d’une rédecouverte de la culture classique. Plus près de nous, la Révolution française alla elle aussi chercher sa
      symbolique et son inspiration à Grèce et Rome…

       

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