Parti Socialiste: La chute finale… ?

Les élections sont passées. Elles ont été marqués par deux faits, l’un presque ignoré par les commentateurs, l’autre, au contraire, faisant la une des gazettes.

Le premier de ces faits est, même si on cherche à minimiser sa portée, c’est l’abstention. Elle a été massive. En France (60%) et en Europe (57% en moyenne, et cela en tenant compte d’un certain nombre de pays ou le vote est obligatoire…). Dans certains pays, pourtant considérés plutôt europhiles et libéraux, comme les anciens pays de l’est, elle atteint ou dépasse 70%. Ce n’est donc pas la peine d’aller chercher les raison de cette abstention dans les comportements réels ou supposés de la classe politique française ou dans quelque défaut du caractère français.

Si toute l’Europe s’est abstenu, la raison doit se trouver dans ce qui est commun à tous, c’est à dire, la construction européenne elle même. Si les électeurs se sont massivement abstenus, ce n’est pas parce qu’ils n’ont “pas compris” le rôle éminent que joue le Parlement européen dans les processus de décision de l’Union, comme on veut nous le faire croire, mais au contraire parce que les électeurs ont très bien compris que, quelque soit le rôle qu’on attribue au Parlement, celui-ci est corseté par les objectifs contenus dans les traités qui fondent l’Union. Ces traités prescrivent une politique libérale (souvenez vous, “le marché libre et non faussé” constitue un des objectifs essentiels de l’Union…). Le Parlement, quelque soient ses pouvoirs, ne peut faire des “lois européennes” qui soient contraires aux traités. La Commission et la Cour de Justice européenne sont là pour le vérifier. Le Parlement peut donc voter des lois libérales ou les rejeter. Mais il n’a pas le choix de faire des lois anti-libérales. Il est dans la situation du conducteur d’une locomotive: il peut choisir la vitesse, mais pas la destination. C’est un Parlement de dupes.

Les électeurs sont loin d’être des imbéciles. Chaque fois qu’on les a consultés sur l’Europe dans un contexte ou leur vote avait des chances d’être suivi des résultats, la participation a été importante. Ce fut le cas par exemple pour tous les référendums de ratification des traités de Maastricht ou de Lisbonne. Mais quand on les consulte sur la composition d’un Parlement qui ne sert à rien, ils ne voient pas l’intérêt d’aller voter. Et ils ont raison.

Et cela nous ramène à un deuxième fait: l’effondrement des listes social-démocrates et socialistes. Encore une fois, on pourrait attribuer les résultats du PS français à des spécificités hexagonales. Mais voilà: qu’ils soient au pouvoir (seuls ou dans une coalition) ou dans l’opposition, l’ensemble des partis sociaux-démocrates européens sont sur le recul. On pourrait croire que cela n’a rien à voir avec la question de l’abstention… et pourtant. Si, comme je le pense, les électeurs se sont massivement abstenus parce qu’ils ont compris que l’Union européenne resterait, quelque soit le résultat du vote, une machine de guerre libérale, il est normal qu’ils aient délaissé les organisations politiques qui pendant vingt ans leur ont répétés sur tous les tons que cette Europe pouvait être sociale et protectrice des services publics. C’est à dire

Les sociaux-démocrates nous ont promis pendant trente ans une autre Europe. Ils nous ont appelés à ratifier des traités plus libéraux les uns que les autres en nous racontant que ces traités préparaient cette fameuse “Europe sociale” toujours remise au lendemain. Les électeurs ont bien fini par comprendre que l’Europe sociale des sociaux-démocrates ne se matérialisera pas aussi longtemps que les traités resteront ce qu’ils sont. Les promesses d’une “grande directive sur les services publics” elle aussi remise toujours au lendemain n’y changeront rien, parce qu’il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour voir ce que ces mêmes sociaux-démocrates ont fait des services publics avec l’aide de la Commission européenne. Dans ces conditions, ou bien on est libéral et alors on vote a droite (d’où le bon résultat des droites européennes), soit on est anti-libéral et alors il reste l’abstention ou le vote protestataire. Mais qu’on soit libéral ou anti-libéral, il n’y a aucune raison pour voter socialiste.

Pendant les trente dernières années, la social-démocratie a lié idéologiquement son sort à la construction européenne, sans s’apercevoir que ce faisant elle vendait son âme au Mefistofeles libéral. Elle nous a promis pendant trente ans une Europe sociale et protectrice. Les électeurs réalisent chaque jour qu’elle s’est trompé et qu’elle nous a trompé. Le rejet de cette Europe et le rejet de la social-démocratie sont les deux faces de la même médaille.

Descartes

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