Saint-Aignan. Une bourgade tranquile du Loir-et-Cher. Un jeune refuse de s’arrêter à un barrage routier (il conduisait sans permis, après avoir volé une petite somme d’argent à un jeune à un distributeur automatique). Il percute un gendarme et le traine sur son capot 500 mètres (le gendarme s’en tirera avec des blessures légères, un miracle). Au barrage suivant, il fait mine de s’arrêter… mais accélère au dernier moment et fonce sur le gendarme. Celui-ci fait usage de son arme. Le jeune est mortellement blessé, il décédera une heure plus tard.
Fin de l’histoire ? Non, bien sur. Car le jeune appartenait à une “communauté”. A celle des “gens du voyage” pour être précis. En répresailles, une cinquantaine de membres de cette communauté attaqueront la gendarmerie et saccageront le village: signalisation et feux rouges détruits, arbres coupés, voitures incendiées, boulangerie saccagée.
La Villeneuve. Un quartier tranquille de Grenoble. Mais un jeune du quartier décide avec un ami de braquer le Casino d’Uriage, à une dizaine de kilomètres de là. Ce n’était pas un coup d’essai: ce jeune traînait déjà derrière lui trois condamnations pour attaque à main armée devant une cour d’assises. Pris en chasse par la BAC, les fugitifs font plusieurs fois feu sur les policiers avec un fusil d’assaut et des armes de poing. Les policiers répliquent, et dans l’échange le jeune mortellement blessé.
Fin de l’histoire ? Non. Car le jeune appartient à une “communauté”, celle de son quartier. En représailles, des voitures seront incendiées, des bâtiments publics détruits… et les policiers venus remettre de l’ordre essuieront des tirs de balles réelles.
Point commun entre ces des histoires (et des dizaines d’autres…): dans les deux cas, la victime avait commis un ou plusieurs délits. Dans les deux cas les victimes ont mis en danger la vie des fonctionnaires de police ou de gendarmerie dans leur effort d’échapper aux conséquences de leurs actes. Dans les deux cas, ils sont morts victimes d’abord et surtout de leurs propres actes. Et dans les deux cas, les “communautés” refusent d’accepter que l’un des leurs a commis des fautes, et rejettent la responsabilité sur les forces de l’ordre et “cassent” les biens à l’aveuglette.
Un autre point commun: le silence pratiquement total des dirigeants politiques de la gauche. Allez sur les sites du PCF, du PG, du NPA, du PS. Rien. Silence absolu. La gauche n’a rien à dire. Et pourtant, l’affaire est gravissime. Car ces incidents ne sont pas qu’une protestation. Ils ont un objectif bien plus lourd: Par ce moyen, les voyous sont en train de réussir à établir un rapport de force avec l’Etat. Demain, pour ne pas “faire des vagues”, un préfet, un maire ou un commissaire donneront aux forces de l’ordre l’instruction de ne pas intervenir lorsque un voyou appartenant à telle ou telle communauté fait des siennes. Mieux vaut laisser échapper le voyou que de risquer trois nuits d’émeute et des millions d’euros de dégâts.
On voit ici le vrai visage du communautarisme. Chaque “communauté” exerce le pouvoir dans son territoire et utilise l’émeute comme moyen de dissuasion pour tenir l’Etat à distance. Les politiques qui ont, par leur discours “diversitaire” ouvert la porte au communautarisme feraient bien de faire un petit examen de conscience.
Descartes
La gauche est effectivement muette, mais que dit la droite ?
Elle a fait sa campagne de 2007 sur le thème de la sécurité, le constat est là : promesse non tenue et échec.
Hortefeux nous dit que l’insécurité baisse depuis que Sarko est en charge du dossier sécurité (presque 10 ans, puisqu’il a commencé à s’illustrer dans le domaine en 2002), mais il refuse de donner
les stats sur les voitures brulées (en cassant le thermomètre il pense enlever la fièvre).
L’action qui consiste à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux a aussi un impact sur les forces de l’ordre, et de facto sur la prévention et la répression de la délinquance.
Je te rejoins néanmoins sur l’idée que le communautarisme est une plaie qui mine la république, mais à mon sens on ne résoudra pas le problème sans casser les ghettos pour faire de la mixité
sociale et ethnique, sans s’attaquer aux discriminations à l’embauche………Mais tout est lié, il faut qu’il y ait du travail pour tous, on retombe dans le débat sur le partage du travail et des
richesses, bref sur le modèle de civilisation que nous souhaitons.
Tu écris: “la gauche est effectivement muette, mais que dit la droite ?”. Réponse: j’en ai rien à foutre. Si le but est de montrer que la droite est aussi nulle que la gauche, je suis heureux de
te concéder le point. Et alors ?
Je crois que tu te laisses aveugler par la passion “anti-droite”. Ne plus publier les chiffres de voitures brûlées, ce n’est pas “casser le thermomètre”. C’est mettre fin à une médiatisation qui
encourageait l’émulation ludique, les voyous de chaque quartier s’efforçant de faire le meilleur “score”.
Il faut tout de même reconnaître que la droite a été moins prompte à cèder au chantage communautariste que la gauche. On voit depuis quelques mois se succèder des opérations de police qui de
toute évidence gênent le “bizness” des quartiers. Lorsqu’on compare à la capitulation de la gauche devant les “grands frères” a qui elle a souvent donné le pouvoir dans les cités pour acheter la
paix sociale…
Je suis d’accord sur toi que ces problèmes seraient moins aigus s’il y avait du travail pour tous. Cependant, il ne faut pas faire de l’angélisme: même en période de plein emploi il y a toujours
eu des gens pour juger qu’il vaut mieux braquer un casino ou “dealer” que d’aller bosser à l’usine. Croire que les problèmes de sécurité se résoudront tous seuls même en situation de plein
emploi, c’est se bercer de douces illusions.
@ Descartes
Salut,
Encore une fois, je partage ton constat. Oui, et tu fais bien de le rappeler (quand on voit le silence des âmes sensibles de la gauche bien pensante si prompte à réagir quand un jeune de banlieue
subit un sort semblable voire moins grave !) de la gravité de l’acte commis contre un agent de la force publique (qui est aussi une personne humaine). Ne rien dire, ne rien condamner l’acte
gravissime s’est par moment donner l’impression que la gauche contaminée par l’idéologie libertarienne et communautariste n’ose plus aller défendre la république, les valeurs de la république, le
respect de la loi, le respect des personnes et des biens. La gauche est entrain petit à petit d’abandonner la république,ses valeurs, ce qu’elle représente et aussi ce que cela signifie : droits,
devoirs, respect, vertu, solidarité, égalité des droits etc…
La république de plus en plus remise en cause par les intérêts particuliers tant du système capitaliste, l’Union Européenne, les régionalismes intégristes, les communautarismes (religieux,
linguistiques, culturels, locaux, de quartier, consuméristes, ataviques,etc…) le règne de l’individu roi et le lien avec sa communauté particulière. C’est les intérêts particuliers qui
l’emportent un peu partout pas simplement dans le cadre de l’économie, ou dans le cas du voile intégral que certaines femmes voudraient porter dans l’espace public mais surtout dans les quartiers
ghettos, les banlieues ou autres cités communautaires ou la République n’y est plus la bienvenue et que le droit (droit républicain) n’y est plus présent et où règne la loi du ghetto, du caïdat, de
l’économie souterraine, de la terreur organisée.
La droite, ne veut plus avoir sur le dos les histoires de bavures ou des explosions (plus ou moins organisées par le milieu) comme en 2005. La gauche s’est toujours complaisemment vautrée dans la
suffisance du discours bien pensant victimaine et libertarien. Faire règner la loi républicaine dans les quatiers et les banlieues c’est à ses yeux être réactionnaires, sécuritaires, racistes ou
xénophobes ou encore anti-jeunes. Bref, une forme de lacheté s’installe et aussi une forme d’abandon du politique, du volontarisme politique. Les classes populaires des cités sont livrées à elles
mêmes et à la loi du plus fort. Le caïd et son clan.
N’est-il pas temps que la république se réarme politiquement et juridiquement et soit de nouveau présente sur ces ’bouts” du territoire national que l’on a abandonnés ? L’intérêt général, la loi
commune, la continuité du territoire, la continuité des services publics partout et pour tous.
Déjà faire des cités ou quartiers des Etablissements publics d’aménagement et de développement.
Réengager les forces de police pour rétablir l’Etat de droit, la continuité territoriale, la protection des personnes et des biens, la lutte contre la délinquance et la criminalité. La justice doit
sanctionner ces graves délits comme des délits moins graves. La rigueur et l’exemplarité doit devenir des paragdimes de l’action politique, de l’administration et des décisions de justice.
L’effort en matière d’instruction publique, d’éducation et de formation professionnelle doit être considérablement augmenté.
Ensuite procéder à un réengagerment de l’Etat et l’intérêt général piloté par une préfet délégué à la Ville qui avec le Maire coordonne les forces et les services tant de l’Etat que ceux de la
ville.
Développer l’économie et les services publics notamment des services dans le domaine de l’artisanat, du petit commerce et aussi créer des ateliers nationaux seuls moyens pour développer l’activité
et créer des emplois. A condition que l’ordre républicain et le respect de la république, de l’intérêt général soit exemplaire et partout présent dans les quartiers. Les entreprises, les
commerçants, les artisans n’investisseront pas tant qu’il y aura de la délinquance, de l’économie souterraine criminelle.
Voici, cher Descartes, mon point de vue et quelques pistes ou propositions. Je ne veux pas te faire un catalogue mais simplement de donner une idée de mes propositions.
Salut et fraternité.
Bonjour.
La droite UMP-Sarkozy n’a pas échoué. On savait dès le départ (je ne sais plus comment ni pourquoi) que les électeurs de Sarkozy (qui ont voté contre l’ “insécurité” à 100%) seraient cocus. C’était
écrit d’avance. Les tensions inter-communautaires sont une aubaine pour le pouvoir et en temps de crise c’est une ressource inépuisable. Si par contre, Sarkozy avait tenu ses promesses (on se
demande bien pourquoi il l’aurait fait !?) j’aurais personnellement pris ça pour un coup bas, ni plus ni moins. 🙂
Je lis beaucoup de blogs de gauche voire d’extrême-gauche et effectivement c’est le silence absolu.
La mixité sociale et ethnique dont tu parles argeles39, on l’entend beaucoup dans les discours de gauche, voire même de droite “beautiful”, seulement, comme le dit Zemmour (qui est extrêmement mis
en avant dans les médias en ce moment, c’est à noter), dans la réalité, ça ne se passe pas tout à fait comme ça. Qui que ce soit qui habite un quartier “sensible” se barre dès qu’il en a
l’occasion. C’est comme ça. Le jour où les politiques et les militants prendront en compte la réalité telle qu’elle est, on aura peut-être fait un pas en avant.
Descartes, on n’est pas d’accord sur tout mais tu as encore écrit un très bon article.
Je te remercie. Maintenant que je suis interdit de blog chez Mélenchon, j’ai plus de temps pour m’occuper du mien 😉
Communautarisme 2 – République 0: je suis d’accord avec toi si les faits ce sont passés tel que tu le décris.
Mais il y a un point que je ne comprends pas c’est pourquoi tu t’acharnes sur la gauche. Que veux tu qu’elle dise? Ce n’est pas elle qui est pouvoir, elle ne peut pas agir. Elle n’a quasi aucun
moyen de faire quoique se soit contre cette situation. C’est au gouvernement en place à agir.
En outre, je te rappelle malgré le fait que tu sois “persona non-grata” sur le blog de Mélenchon, qu’il est en vacance. Donc normal qu’on est pas vu réagir le PG. Pour les autres il me semble
que
le PS a commenté les événements aux journalistes (et je ne vois pas ce qu’ils peuvent faire d’autres). Le PCF a également réagit notamment sur la vidéo qui est sur la page d’accueil du site du
PCF.
Mais qu’attends tu de la gauche?
Mais je veux bien t’accorder le fait que la gauche parle peu de politique de sécurité. Peut-être parce qu’il pense que c’est inutile et qu’il vaut mieux essayer d’intégrer ces “voyous” dans la
société plutôt que l’oppression… (D’ailleurs, Pierre Laurent donne quelques piste dans son interview). Et j’ajoute ceci: cela fait maintenant 15 ans que la droite est au pouvoir; ce que nous
voyons est le résultat de leur politique sur une jeunesse en marge.
Pourquoi je m’acharne sur la gauche ? Parce que c’est elle qui incarne, ou plutôt devrait incarner l’espoir de changement.
Tu me dis que la gauche n’est pas au pouvoir, qu’elle ne peut agir. Pourtant, lorsque des humoristes sont licenciés à France-Inter, cela ne semble pas être un obstacle pour la gauche à l’heure de
s’exprimer. Comment se fait-il que la gauche ait autant à dire lorsqu’on vire Porte ou Guillon, et qu’elle devient muette lorsqu’il s’agit de prendre position dans une vraie crise ? Tu me
rappelles que Mélenchon est en vacances. Certes. N’y a-t-il personne d’autre au PG qui assure la permanence pendant l’été ?
Ce que j’attends de la gauche ? Qu’elle explique quelle est sa politique de sécurité. Qu’elle exprime sa solidarité envers les habitants et la condamnation des actes de violence en question.
Est-ce trop demander ?
Si la gauche pense que parler de la politique de sécurité est “inutile”, il faut se demander dans quel planète elle vit. Faut arrêter l’angelisme: même si on était en situation de plein emploi,
il resterait des gens qui prefèrent braquer un casino plutôt que de travailler honnêtement. Je veux que la gauche condamne clairement ces comportements, et explique ce qu’elle compte faire avec
ces gens-là. Arrêtons de croire que les gens qui braquent les casinos ou défoncent les barrages de gendarmerie sont des “opprimés” qui ne demandent qu’à être intégrés dans la société. Des
millions d’honnêtes citoyens vivent dans les cités, ils connaissent la misère et la précarité. Et pour autant ils ne vont pas avec un fusil d’assaut braquer un casino. Et ce sont leurs voitures
et leurs équipements publics que les voyous dégradent lorsqu’on touche à leur bizness. Qu’est-ce que la gauche a à dire à ces honnêtes citoyens ? Qu’il faut “intégrer” les voyous (dixit Laurent
?). Faut pas s’étonner si ces gens là finissent par s’abstenir ou par voter FN.
Descartes ton billet est marqué au coin du bon sens et je t’en remercie.
bonjour, ayant été sur le site de Mélenchon, et ne voyant plus Descartes apparaitre, je suis venu sur le blog, ayant déjà laissé un commentaire, l’ultra gauche n’aime pas les analyses économiques,
ni les analyses sur les cités ou les caids font régner leur lois, maffieuse, mais qui achète la drogue??
Si la gauche veut revenir au pouvoir, il faudra, s’attaquer à ces deux problèmes, économie et insécurité, sinon un Sarko en cache un autre, et l’on repart pour un tour, je suis un social démocrate,
et je diffère de l’analyse de 68, c’est bien 68 qui à détruit le PC, à Prague et ensuite en Pologne, en France cela fut marginal, cela m’ennuie de le dire , j’étais un meneur à l’époque en tant que
militant syndical, et arrive un moment chaque augmentation de salaire diminue le militantisme et grossi l’individualiste, c’est dommage mais c’est un fait;
Vous ne verrez plus Descartes sur le blog de Mélenchon avant un bout de temps. Le webmestre du site m’a fait savoir que je n’étais plus le bienvenu, et je n’ai pas l’habitude de m’imposer là ou
l’on ne souhaite pas ma présence.
Je suis d’accord avec vous sur la question de l’ultra-gauche. Aujourd’hui, le champ de ce qu’on appelle la “gauche radicale” est occupé sociologiquement par les classes moyennes. Et les classes
moyennes font de la politique moins pour changer les choses, qui après tout les avantagent, que pour se faire plaisir (ou plutôt pour laver leur sentiment de culpabilité). Et c’est pour cela
qu’elles n’écoutent que les discours qui correspondent à leurs préjugés: ‘exemple le plus éclatant est Frédéric Lordon, un antropologue-sociologue qui se pose en économiste et soutient des
théories qui défient la logique, mais que la gauche radicale écoute réligieusement tout bêtement parce qu’il dit ce qu’elle veut entendre. Dans ce contexte, il n’y a pas de place pour une analyse
du réel. Parce que lorsqu’on analyse le réel, on n’est pas maître des conclusions…
Je ne suis pas d’accord par contre avec la conclusion de votre commentaire: l’augmentation du niveau de vie ne réduit pas nécessairement le militantisme. Il y avait bien plus de communistes et
des syndicalistes en 1950 qu’en 1929… alors que le niveau de vie avait augmenté considérablement. Si les syndicats et les partis de gauche ont perdu du terrain, c’est parce qu’ils n’ont pas su
adapter leur offre politique aux transformations de la société. On prétend séduire des couches populaires qui ont pour leur grande majorité une voiture, un frigo, des enfants à l’université, la
sécurité sociale et la retraite avec un discours misérabiliste qui date de 1930. Comment les couches populaires pourraient se reconnaître dans ce discours ?
la loi Besson sur le nomadisme (1990) loi différentialiste/communautariste ou loi républicaine? (voir les propos du député UMP Myard)
et que va défendre l'”autre gauche”? les communautaristes ou les “braves gens”?