Qui a le droit de brûler le Coran ?

L’idée saugrenue d’un pasteur américain d’instituer une “journée pour brûler le Coran” le 11 septembre, et de déclarer qu’il avait l’intention de brûler 200 exemplaires du texte sacré des musulmans a mis le feu aux poudres. Aux Etats-Unis, tout en reconnaissant que juridiquement l’acte du pasteur en question est parfaitement légale, les plus hautes autorités de l’Etat on tout fait pour l’en dissuader, autant en appelant à son sens morale que, plus prosaïquement, en insistant sur l’effet désastreux que cela pourrait avoir sur l’image des Etats-Unis dans le reste du monde, et notamment dans le monde musulman, mais aussi sur la sécurité des troupes étatsuniennes qui y sont stationnées.  Au Pakistan, en Iran et en Afghanistan des manifestations ont déjà eu lieu.

 

Chez nous, il faut souligner le silence presque total de la classe politique et des habituels “penseurs” qui ont opinion sur tout. Pourtant, il y aurait beaucoup à dire. Car cette proposition, aussi saugrenue soit-elle, pose une question fondamentale, celle du rapport que chacun de nous entretien avec le sacré.

 

Il est habituel, dans les manifestations de la “gauche radicale” partout dans le monde, de voir bruler des drapeaux étatsuniens, britanniques ou français. On a pu entendre siffler la Marseillaise au Stade de France. On a vu le crucifix détourné par l’affiche ou l’on voyait Larry Flint crucifié sur un sexe féminin. On ne compte plus les parodies des évangiles chrétiens et de la Torah juive. Maintenant, on peut se demander, en quoi ces gestes sont moins graves, plus excusables que le fait de brûler un exemplaire du Coran ? Après tout, le drapeau, la Marseillaise, le crucifix, les évangiles et la Torah sont aussi considérés comme “sacrés” par certains groupes.

 

On retrouve donc le même problème de “deux poids deux mesures” qu’on avait perçu dans l’affaire des caricatures de Mahomet: on peut tout désacraliser chez nous, sauf l’Islam. En jouant sur la mauvaise conscience (quand ce n’est pas sur la menace violente pure et simple) l’Islam est devenu intouchable dans un occident où, au nom de la liberté et de “l’insolence”, plus rien n’est sacré. De facto, on est en train de re-criminaliser le blasphème, mais seulement lorsqu’il concerne l’Islam. On aimerait connaître la réaction des “penseurs médiatiques” et autres bonnes âmes si promptes à réagir lorsque nos libertés sont menacées…

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3 réponses à Qui a le droit de brûler le Coran ?

  1. Nipontchik dit :

    l’article 1 de la Constitution de 1958 a été modifié pour y intégrer le “respect des croyances”
    la liberté se trouve un peu plus à l’Ouest de chez nous, même si sur leurs billets il y a écrit “in god we trust”

  2. Annie dit :

    ben t’as raison, et j’avoue n’y avoir pas pensé avant toute seule, comme quoi on est toujours influencé par les médias.

    et pourtant sur les caricatures j’étais 200 % d’accord, mais parait-il que les auteurs en Hollande auraient quelques problèmes ?

    • Descartes dit :

      Partout ils ont des problèmes. Le “postmodernisme” est en train de montrer son vrai visage: le “politiquement correct”, qui était à un moment vendu comme un moyen de lutte contre les
      discriminations, est en train de nous faire retourne à l’époque des lois contre le blasphème. Le Chevalier de la Barre n’est plus très loin… et devant ce recul, il nous faut être des Voltaires!

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