La France a peur ! Cette formule de Roger Gicquel traverse aujourd’hui le discours de toute la gauche. Si l’on croit ce discours, la France aurait peur de tout: des étrangers et de son passé colonial, des femmes et de devenir SDF. Mais s’il est une idée qui concentre cette peur, c’est bien celle de la précarité. Ce petit mot s’est insinué dans l’ensemble du discours politique de la gauche. Il donne son nom à des organisations (1). Jean-Luc Mélenchon en a fait même un point d’orgue de son discours au congrès du PG en parlant du “précariat” (2).
Comme souvent, les malheurs du jour nous renvoient à un âge d’or plus ou moins mythique. Il y aurait, paraît-il, un passé ou la précarité n’existait pas. Où chacun était assuré d’avoir un emploi, un revenu, une maison, un avenir pour ses enfants. Ce temps doré se situe aujourd’hui quelque part vers la fin des “trente glorieuses”, cette époque de reconstruction, de croissance économique forte, de fierté nationale à laquelle on enlève par une de ces opérations mentales dont notre mémoire a le secret la guerre d’Algérie et l’OAS.
Ce qui est paradoxal, c’est que ce sont ceux qui revindiquent hautement l’héritage “sociétal” de Mai 68 qui aujourd’hui sont les plus véhéments dans la dénonciation du “précariat”. Allons, camarades, souvenez vous… n’avez vous pas fait la “révolution de mai” justement pour mettre fin à la prétendue “stabilité étouffante” de la république gaullienne ? Ne s’agissait-il pas d’en finir avec le mariage bourgeois pour lui substituer un amour libre forcément “précaire” ? Ne fallait-il pas jeter à la poubelle le “boulot-métro-dodo” pour se lancer dans des aventures (coopératives, communautés, guérillas en Amérique Latine, etc.) forcément “précaires” ?
Il est drôle de voir cette génération qui proposait de “jouir sans entraves” du moment présent et qui dénonçait la déformation “petite-bourgeoise” de l’ouvrier qui économisait pour demain au lieu de profiter tout de suite nous explique maintenant qu’il faut pour que l’homme s’épanouisse une société “stable”, un emploi “stable” et que la jeunesse doit s’occuper des maintenant de sa retraite. Est-ce que le Che Guevara – qu’on continue, on ne sait pourquoi, à proposer comme modèle aux jeunes générations – s’est-il jamais occupé de sa retraite ou de la stabilité de son l’emploi ? Bien sur que non. Alors, il faut choisir: ou bien Guevara n’est plus le modèle, ou bien quelque chose cloche avec la théorie du “précariat”.
“Quand les dieux veulent nous punir, ils réalisent nos rêves”, disait Goethe. Nous vivons aujourd’hui dans le monde “rêvé” par les enragés de 68. Seules les institutions sont en mesure d’assurer aux hommes une certaine stabilité, pour la raison même que les institutions sont impersonnelles. Affranchir l’individu de toute contrainte institutionnelle soumet chacun de nous au bon vouloir individuel des autres, sans la médiation d’une institution. C’est cela précisément qui produit la précarité.
C’est là ou se situe le paradoxe: Je ne peux pas revendiquer la liberté absolue dans mon comportement envers les autres et en même temps exiger des autres qu’ils suivent des règles. Si je me réserve le droit de cracher à la gueule des gens ou de leur dire “bonjour” à ma convenance, alors je ne serai jamais sûr que la personne que je croise ne me crachera à la gueule. Si je veux la possibilité de me séparer de mon conjoint quand je veux et sans explication, alors je ne peux pas (ou plutôt je ne devrais pas) me plaindre le un jour où mon conjoint décide sans explication de me quitter. La “stabilité”, la “sécurité” sont des contrats: les institutions nous protègent des aléas mais en échange elles ont le droit de nous imposer certains comportements. Si on ne veut pas se soumettre à cette imposition, on ne peut pas se plaindre ensuite de la “précarité”.
Tout cela, me direz vous, n’a qu’un rapport lointain avec la “vraie” précarité, celle des CDD et des SDF. Et je vous répondrai: au contraire, cela a tout à voir. Prenons quelques exemples, si vous le voulez bien: Pourquoi les SDF sont-ils à 80% des hommes ? Pourquoi parmi les familles en grande difficulté on trouve en tête les familles monoparentales ? Parce qu’une des voies privilégiées – si l’on peut dire – pour devenir “précaire” est la rupture du lien familial. Et si cette “précarité” est à la hausse, il faut conclure que la famille, cette vieille institution “bourgeoise” entre toutes, permettait à une certaine époque de protéger efficacement les individus contre certains “coups durs” de la vie.
Prenons un exemple encore dans un domaine ou la “précarité” fait le plus de ravages: celui de l’emploi. Ceux qui comme moi ont eu à diriger des chantiers savent combien il est difficile aujourd’hui de trouver des jeunes qui ont ce qu’il faut bien appeler une discipline de travail. Une discipline qui est faite de ponctualité, d’application des consignes, de rapports respectueux avec leurs collègues et avec leur hiérarchie, de compréhension de ce qu’est une situation de travail. Une discipline de travail qu’on acquérait à l’école, encore une institution “bourgeoise” fort décriée en mai 68. La vérité, c’est qu’on trouve peu de jeunes sur le marché du travail qu’on a envie de garder dans l’entreprise. Et quand on en trouve un, je peux vous assurer qu’on fait ce qu’il faut pour lui trouver un CDI. Par contre, on trouve sans difficulté des “divas” incomprises qui vous expliqueront que l’entreprise ne sait pas reconnaître leurs qualités (en général inexistantes) ou rémunérer leurs talents (en général fort limités), que le chef est un imbécile (parce qu’il a l’outrecuidance de demander qu’on arrive et qu’on reparte à l’heure) et que de toute manière “à la première opportunité je me casse de cette boîte de débiles” (sic). Comment des gens qui ont ce genre de comportement peuvent-ils s’étonner d’être “précaires” ? Pourquoi une institution – entreprise, administration, etc. – se sentirait obligée envers un employé qui, lui, ne se sent lié par aucune obligation envers elle ? Dès lors que l’employé s’estime en droit de dire “si je trouve une boîte qui paye mieux, je me casse” l’employeur a le droit de se dire “si je trouve un employé qui bosse mieux, je le vire”.
Aucune société ne protège ses membres sans contrepartie. Combattre la précarité implique vouloir le retour à un fonctionnement institutionnel de la société, ce qui à son tour implique de donner aux institutions un pouvoir plus grand pour réguler la vie et les choix des individus et d’exiger de ceux-ci obéissance et fidélité. Je ne suis pas sûr que ceux qui aujourd’hui dénoncent “le précariat” aient pris conscience de ce que leur combat implique.
Descartes
(1) “Génération précaires”, pour ne donner qu’un exemple.
(2) Certains à droite répondent: l’être humain est un être par essence ephemère. Dès que nous naissons, nous sommes promis à la mort, et le fil qui nous attache à la vie peut se rompre à tout moment. C’est cela la condition humaine. Et si notre vie elle même est précaire, pourquoi demander de la stabilité dans le travail, dans la famille, dans le lieu de vie ? Cet argument a son intelligence, mais manque le point essentiel: dans la mesure où la conscience du monde que chacun d’entre nous possède meurt avec lui, nous sommes en fait immortels: la meilleure preuve est que nous sommes incapables de nous voir morts. En d’autres termes, l’être humain est ephemère mais se conçoit lui même comme éternel.
Bonjour,
J’attendai avec impatience ton commentaire sur le “précariat”!
Ouf! Je ne suis pas sûr qu’il soit compris.
Tout simplement parce que s’il est lu par un “classe moyenne”, leur inexpèrience de l’entreprise, celle qui produit de la PLUS-VALUE, ne leur permettra pas.
Pour un syndicaliste en retraite, que je suis, il m’est difficile de condamner la jeunesse de cette façon même si j’ai l’expèrience et le constat de ton vécu.
Je me situerai sur une position de classe.
Pour Mai68, la classe ouvrière ne s’est jamais identifiée à cette vague libertaire et aussi à cet anti-communiste qui en était le fil conducteur.
La précarité a fait son apparition dans les années 70 si bien que nous demandions, PCF et CGT, la suppression des agences d’intérim, le PS n’a pas voulu en entendre parler. Il est vrai que seuls
les ouvriers et/ou leurs enfants avaient droit à ce traitement de faveur.
Cette mentalité de notre jeunesse n’est pas venue toute seule. Les institutions de notre pays, le capital et son allié, la bourgoisie petite et grande, le PS et parfois avec l’indugence du PCF, ont
largement participé à cette dilléquance. Alors après que le CAPITAL ait évincé la bourgeoisie des leviers de commande institutionelle, il a étendu cette précarité à l’ensemble des couches sociales
hors la sienne.
Alors pour faire l”économie” d’une analyse marxiste de la société, JLM, pour essayer de rassembler sous même attelage, couches moyennes, classe ouvrière et classes populaires, nous parlent de
précariat. Mais il y a longtemps que la classe ouvrière connait!
Qui va l’emporter? Les classes moyennes ou la classe ouvrière???
En fait, je crois que tu fais une erreur d’analyse. La “précarité” n’est pas apparue dans les années 1970. Elle y est ré-apparue. Car on oublie trop que le XIXème siècle et le
XXème du moins jusqu’en 1945 ont été constellés de périodes de “précarité”. Et quelle “précarité”! Non seulement on pouvait être licencié au bon plaisir du patron, non seulement on était soumis
aux crises économiques autrement plus violentes que celles d’aujourd’hui (car il n’y avait pas de “filet de sécurité” tel la Securité Sociale), mais en plus on était soumis a la possibilité
toujours présente d’être mobilisé pour la guerre. Les “trente glorieuses” sont l’exception, et non pas la règle.
Ce qui fait la différence entre la précarité pré-1945 et celle d’aujourd’hui est qu’à côté d’une précarité économique (celle de l’emploi) nous avons une précarité sociale, qui vient de
l’affaiblissement ou la disparition des institutions qui assuraient aux individus la continuité d’un statut social. Les structures de la famille, de l’Etat-nation, de l’école, de la “common
decency” (pour utiliser une notion anglosaxonne) sont aujourd’hui atomisées, et c’est cela, plus que l’incertitude économique, qui provoque chez les individus un sentiment d’insécurité
généralisée.
Je suis d’accord avec toi sur le besoin d’une “analyse marxiste de la société”. Mais il faut la mener au bout. Cela n’a pas de sens en termes marxistes de parler d’un “capital” abstrait qui
aurait “evincé des leviers de commande” une bourgeoisie faite d’individus concrets. Non, c’est toujours la bourgeoisie qui a les “leviers de commande”. Que le patron-père, en même temps dirigeant
et propriétaire du capital, ait été remplacé par le patron-commis employé par les possesseurs du capital pour diriger en leur nom ne change rien à ce fait. Le bourgeois, il faut le dire et le
répéter, est le propriétaire du capital, pas celui qui porte le titre de PDG. Et si la bourgeoisie a “étendu la précarité”, elle l’a fait avec la bénédiction des classes moyennes, à qui cette
“précarité” a très longtemps profité.
Tu me demandes “qui va gagner” des classes moyennes ou de la classe ouvrière. Je n’ai pas la réponse. Je ne peux que constater qu’aujourd’hui la classe ouvrière (au sens large du terme) n’a pas
de véritable représentation à gauche, car tous ceux qui parlent en son nom le font pour légitimer en pratique les revendications des couches moyennes. Je ne peux que constater aussi que les seuls
qui reprennent un discours qui reprend les préoccupations des couches populaires (l’emploi, la sécurité, l’immigration, la dégradation du cadre de vie et du rapport social) se trouvent à droit
voire à l’extrême droite. Dans ces conditions, j’ai tendance à être pessimiste. Et à me battre pour que la gauche prenne aussi en compte ces préoccupations, et arrête de faire du “sociétal”.
Tu as 100 fois raison de dire que la précarité ou insécurité sociale datent d’avant 1970 autrement Marx n’aurait pas existé. Je veux parlé des agences d’intérim.
Tant qu’à la bourgeoisie, je veux parler des “petits bourgeois du PS” et d’ailleurs… c’est-à-dire leurs valets ou serviteurs comme nous appelions au “bon vieux temps”!
Je sais très bien que tu n’as pas la réponse concernant l’avenir et je partage tout à fait tes inquiètudes. Marine Lepen est créditée de 12% pour 2012.
@Descartes,
[C’est là ou se situe le paradoxe: Je ne peux pas revendiquer la liberté absolue dans mon comportement envers les autres et en même temps exiger des autres qu’ils suivent des règles. Si je me réserve le droit de cracher à la gueule des gens ou de leur dire “bonjour” à ma convenance, alors je ne serai jamais sûr que la personne que je croise ne me crachera à la gueule. Si je veux la possibilité de me séparer de mon conjoint quand je veux et sans explication, alors je ne peux pas (ou plutôt je ne devrais pas) me plaindre le un jour où mon conjoint décide sans explication de me quitter. La “stabilité”, la “sécurité” sont des contrats: les institutions nous protègent des aléas mais en échange elles ont le droit de nous imposer certains comportements. Si on ne veut pas se soumettre à cette imposition, on ne peut pas se plaindre ensuite de la “précarité”.]
je suis en train de consulter les archives 🙂 et redécouvrir des classiques. C’est fou ce que vous soyez rester quasiment le même par rapport à cette époque, alors que moi, j’ai viré totalement à 180°: j’étais pro-PG, c’est dire :-)…
Sinon, j’aurais une question: est-ce que vos propos sur les institutions peuvent s’appliquer à l’attitude des femmes musulmanes voilées vindicatives par rapport à la Nation? Dites-moi si je commets une extrapolation, mais ça me fait penser à ces femmes qui d’un côté, font fi de nos moeurs et de l’opinion qu’on les Français du voile (qui n’a jamais varié depuis le début, soit l’affaire dite des “Collégiennes de Creil” en 1989: ils le détestent, et pas qu’un peu! Pas étonnant, au pays de la courtoisie…) en affirmant leur liberté de manifester leur religion sur la place publique, et en même temps, se réclament d’être Françaises “comme les autres”, et donc d’avoir d’avoir droit à la solidarité inconditionnelle de la Nation, notamment en exigeant, via des associations anti-racistes, de punir pour islamophobie ceux qui n’apprécieraient leur accoutrement…
Aucune loi ne peut forcer quelqu’un à aimer quelque chose ou quelqu’un, ce serait contraire à la liberté de conscience. Et pourtant, il semblerait que nos “élites” (les guillemets sont vraiment de rigueur) n’aient vraiment pas compris ce qu’est la République: en effet, c’est l’une des scélératesses que nous proposent les bras cassés de l’Assemblée Nationale répondant au nom de LREM (“La République En Marche”, que j’ai failli traduire par “Les Ripoux d’Emmnanuel Macron”, mais je reste foncièrement respectueux du suffrage universel…) en bannissant de la vie politique toute personne condamnée pour des “propos racistes”, sachant que cette interdiction serait à vie!
Sept ans plus tard, je pense que le “précariat” (en fait, le règne de l’arbitraire…) soit plus vivant que jamais…
@ CVT
[je suis en train de consulter les archives 🙂 et redécouvrir des classiques. C’est fou ce que vous soyez resté quasiment le même par rapport à cette époque, alors que moi, j’ai viré totalement à 180°: j’étais pro-PG, c’est dire :-)…]
Je prends ça pour un compliment, même si je me demande quelquefois si l’immobilisme est une qualité… 😉
Plus sérieusement : si vous lisez les archives, vous verrez qu’en fait sur certains points j’ai changé mes positions, même si ce n’est pas comme vous « à 180° ». Je n’ai jamais été pro-PG, mais j’ai cru à une époque qu’il y avait un avenir dans l’idée mélenchonienne de « parti creuset ». J’ai mis un certain temps à comprendre que derrière le discours Mélenchon restait ce qu’il a toujours été, un militant groupusculaire fasciné par la vision mitterrandienne du pouvoir. Et qu’il ne pouvait pas changer.
[Sinon, j’aurais une question: est-ce que vos propos sur les institutions peuvent s’appliquer à l’attitude des femmes musulmanes voilées vindicatives par rapport à la Nation? Dites-moi si je commets une extrapolation, mais ça me fait penser à ces femmes qui d’un côté, font fi de nos moeurs et de l’opinion qu’on les Français du voile (qui n’a jamais varié depuis le début, soit l’affaire dite des “Collégiennes de Creil” en 1989: ils le détestent, et pas qu’un peu! Pas étonnant, au pays de la courtoisie…) en affirmant leur liberté de manifester leur religion sur la place publique, et en même temps, se réclament d’être Françaises “comme les autres”, et donc d’avoir d’avoir droit à la solidarité inconditionnelle de la Nation, notamment en exigeant, via des associations anti-racistes, de punir pour islamophobie ceux qui n’apprécieraient leur accoutrement…]
En fait, le problème qui se cache derrière votre question est celui de savoir ce qu’est exactement « être français » aujourd’hui. Si, comme moi, vous pensez que « être français » implique accepter un certain nombre de cadres de comportement et de référence qui constituent un langage social et qui sont la condition de l’échange avec l’autre au moyen de comportements que l’autre peut prévoir et se signes que l’autre peut interpréter, oui, vous vous trouvez dans la situation que j’évoque dans le paragraphe cité.
Seulement, je ne pense pas que ce soit le cas. Lorsque ces femmes se réclament « d’être françaises comme les autres », elles font référence à une notion totalement différente de ce qu’est « être français ». C’est la conception que Mélenchon avait magistralement résumé en disant « est français celui qui a une carte d’identité française ». C’est la conception qui fait de la nationalité une sorte de grande Sécurité Sociale, la carte d’identité donnant des « droits » sans contrepartie aucune. C’est au nom de ces « droits » que ces femmes exigent de pouvoir rejeter symboliquement les normes de la sociabilité.
Ce qui est en jeu ici, c’est la notion de citoyenneté. D’un côté, on peut considérer que la nation est un contrat, que le citoyen n’a de droits qu’en contrepartie de devoirs, et parmi ceux celui d’adopter un langage social qui lui permettent d’être reconnu et compris par les autres citoyens. D’un autre, on peut considérer que la citoyenneté est constituée de droits sans contrepartie aucune. C’est cette dernière vision qui tend à s’imposer – malheureusement – aujourd’hui, et qui rend possible les revendications dont vous parlez.
[Aucune loi ne peut forcer quelqu’un à aimer quelque chose ou quelqu’un, ce serait contraire à la liberté de conscience. Et pourtant, il semblerait que nos “élites” (les guillemets sont vraiment de rigueur) n’aient vraiment pas compris ce qu’est la République: en effet, c’est l’une des scélératesses que nous proposent les bras cassés de l’Assemblée Nationale répondant au nom de LREM (…) en bannissant de la vie politique toute personne condamnée pour des “propos racistes”, sachant que cette interdiction serait à vie!]
Dans le cas présent il ne s’agit pas de « forcer quelqu’un a aimer quelque chose », mais plutôt à garder ses opinions pour soi. Sur le principe, une telle interdiction n’est pas forcément scandaleuse. On pourrait se demander si par exemple une personne condamnée pour des propos séditieux (c’est-à-dire, qui aurait appelé à prendre les armes contre la République) devrait ou non être banni de la vie politique. Il y a des peines dites « infamantes » qui entrainent une privation des droits civiques ou une inéligibilité plus ou moins longue. La difficulté majeure que je vois dans une telle disposition est la définition exacte de ce que serait un « propos raciste ». Dire que « les noirs ont le rythme dans la peau », par exemple, est-il un « propos raciste » ? Certainement, puisqu’une telle formule établit une différence fondée sur la « race ». Et pourtant, je doute qu’un juge condamnerait une telle expression. Une telle disposition donnerait donc au juge une large marge d’appréciation sur qui peut rester dans la vie politique et qui doit partir… on n’est pas très loin du gouvernement des juges.