Enfin une dirigeante qui sait ou sont les vraies priorités

Êtes vous déprimé ? Avez vous un coup de spleen ? Pas de problèmes, docteur Descartes vous donne la solution – et gratuitement, en plus. Allez lire les communiqués sur le site du PG. Une fois sur deux, on tombe sur une pièce du plus grand comique.

 

Et ce soir ça n’a pas raté. Voici le communiqué publié par Martine Billard, co-présidente (de facto présidente depuis que Mélenchon est parti pour être candidat) de cette vénérable organisation:

 

Monsieur ou Damoiseau…

 

« Monsieur ou Damoiseau? »… c’est la formule que je sors, à chaque fois qu’un homme, dans une administration ou la vie quotidienne, me demande « Madame ou Mademoiselle? ». En général, cela calme mon interlocuteur qui comprend de suite l’incongruité de cet usage sexiste des termes de la civilité pour les femmes. Interpellée récemment par les associations féministes, j’ai interrogé le ministre de l’Intérieur, par voie de question écrite (question n°119325 publiée au Journal officiel du 12 octobre 2011), sur la persistance discriminatoire de la civilité « Mademoiselle », utilisée en concurrence à « Madame », et des expressions « nom de jeune fille » et « nom marital » dans un grand nombre de documents administratifs, en dépit d’une circulaire de 1974 qui précise que « ces mentions n’ont aucune justification légale ou réglementaire ».

Non! Ces formules ne sont pas flatteuses pour les femmes! En effet, l’usage d’une civilité ou de l’autre a au contraire pour finalité de donner une information sur la vie privée des femmes, de façon intrusive. J’ai ainsi demandé au ministre de l’Intérieur de rédiger une circulaire commune à tous les ministères pour faire supprimer la civilité « Mademoiselle » et remplacer les expressions « nom de jeune fille » et « nom marital » par « nom de naissance » et « nom d’usage », dans les relations entre les usagers et l’administration.

 

Et pour couronner le tout, Martine reproduit in extenso la question écrite qu’en tant que député elle a adressée au Ministre de l’Intérieur – faut bien que les parlementaires s’occupent – l’interrogeant sur cette importante question d’intérêt national (si cela vous intéresse, vous la trouverez ici). Dans celle-ci, Martine montre d’ailleurs une regrettable méconnaissance des usages, puisqu’elle écrit: “À l’inverse, les femmes sont « Mademoiselle » puis « Madame ». Le passage de l’un à l’autre ne dépend pas de leur âge ou de leur insertion professionnelle, mais de leur statut marital“. Un homme – et une femme – du monde sait qu’on n’appelle jamais “mademoiselle” une femme ayant dépassé la quarantaine, sauf si elle en exprime le souhait. Une femme placée dans une position éminente aura aussi le droit au “madame”, même si elle est célibataire. On n’écrira jamais “mademoiselle la Prèfete”, “mademoiselle la députée” ou “mademoiselle le président de la République”, quelle que soient leurs statuts maritaux.

 

Cette incursion dans le comique de Martine Billard appelle deux remarques. La première, c’est que contrairement à ce que Madame (ou Mademoiselle ?) Billard semble croire, le fait d’introduire des distinctions dans le langage est une norme de distinction. Dans toute hiérarchie, plus on est haut, plus le langage est précis. Ainsi, dans l’ancien régime, il y avait un seul terme pour appeler les paysans (“sieur”) alors qu’il y avait une exquise variété pour appeler les nobles en fonction de leur âge et niveau de parenté avec le souverain. Plus on est haut dans la pyramide sociale, plus la distinction entre les différents statuts de la personne sont complexes. La survivance des formes anciennes d’adresse à l’egard des femmes traduit le fait qu’un homme doit par tradition à une femme des gestes de politesse alors que l’inverse n’est pas vraie. Je me souviens toujours de mon père – paix à son âme – tenant la porte pour ma mère, l’aidant à se débarrasser de son manteau ou approchant sa chaise au restaurant pour qu’elle puisse s’asseoir avant d’aller s’asseoir à son tour.  Et il ne serait pas venu à l’idée de ma mère de refuser ces petits gestes, pas plus que de les rendre au nom d’une égalité absolue. Et elle aurait certainement beaucoup rigolé si on lui avait expliqué que toutes ces petites cérémonies n’étaient que des chaînes qui “pénalisaient les femmes”. Ces petits gestes rendent la vie plus belle, plus agréable, plus civilisée. Pourquoi chercher à tout prix à en faire des “insultes aux femmes” ?

 

La seconde remarque est que dans un pays en crise profonde, où des milliers de français perdent chaque jour leur travail, voient fondre leurs économies et se trouvent menacés par la misère, il y a peut-être pour un député des choses plus intéressantes – ou en tout cas plus utiles – à faire que de s’occuper de mettre des feuilles de vigne sémantiques à notre langue. Que Martine Billard choisisse non seulement de poser cette question inepte, mais en plus s’en vante par voie de communiqué donne une petite idée du sens des priorités du personnage. Vous vous demandiez pourquoi les couches populaires se tournent vers Marine ? Et bien, ici, vous avez une partie de la réponse…

 

Un doute cruel me torture: peut on exposer le tableau de Picasso “les demoiselles d’Avignon” sans être considéré sexiste ? A moins que Martine dépose un projet de loi renommant le tableau “les madames d’Avignon”…

 

Descartes

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7 réponses à Enfin une dirigeante qui sait ou sont les vraies priorités

  1. morel dit :

    Le capital en tremble encore…

  2. julien dit :

    Après sondage auprès d’un échantillon gallupien hyper représentatif de 3 femmes de mon entourage, l’une est pour la démarche, l’autre est consternée par sa vanité et la 3e préférerait tant qu’à
    faire qu’on supprime le madame “parce que mademoiselle c’est plus joli”.

  3. totem dit :

    Votre blog est intéressant, et parfois divertissant même; et je vous en remercie.

    J’écris juste ce commentaire pour vous faire remarquer quelques erreurs dans votre rédaction : “Je me souvient toujours de mon père” (souviens)

    et également un peu plus loin “où des milliers de français perdent chaque jour leur travail, voient fondre leurs économies et se trouvent menacées par la misère” (menacés ?).

    Loin de moi l’idée de faire la leçon, c’est juste que quand quelqu’un sort de grandes et belles phrases avec des mots compliqués dedans, je préfère ne pas voir traîner de coquilles, ça fait pas
    sérieux.

    bonsoir

    • Descartes dit :

      Votre blog est intéressant, et parfois divertissant même; et je vous en remercie.

      C’est moi qui vous remercie de vos encouragements. Je suis désolé pour les coquilles, j’essaye de les corriger mais il en reste toujours quelques unes… (celles que vous avez indiqué ont été
      corrigées).

  4. morel dit :

    Nouvelle avancée de la “révolution citoyenne” ! Le capital n’a pu que céder ! :

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/21/mademoiselle-disparait-des-formulaires-administratifs_1646538_3224.html

     

     

    • Descartes dit :

      Eh oui, la révolution est en marche et rien ne l’arrêtera. Prochaine étape: le transfert des cendres de la soldate incnnue sous l’arc de Triomphe.

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