Adelaïde – Jacques Debronckart

Connaissez-vous les Frères Jacques ? Moi, j’adore. Mes parents aimaient les écouter, et moi j’ai grandi avec eux. Ils sont pour moi les témoins d’une époque pleine de délicatesse, d’intelligence, de finesse, de poésie. Une époque dont, vous l’avez compris, j’éprouve – et je revendique – la nostalgie.
En écoutant un vieu disque, j’ai retrouvé une chanson qui m’émeut aux larmes chaque fois que je l’entends. Je voudrais la partager avec vous aujourd’hui:
Adelaïde
Qu’ils soient d’ici où de n’importe quel parage
Moi j’aime bien les gens qui sont de quelque part
Et portent dans leur coeur une ville ou un village
Où ils pourraient trouver leur chemin dans le noir
Voilà pourquoi Jean de Bordeaux, François de Nantes
Voilà pourquoi Laurent le gars du Canigou
Pierre le Normand et toi Joël de la Charente
J’aime tant vous entendre parler de chez vous.

Quand le dernier verre se vide
Dans les bars d’Adélaïde
On a le coeur qui s’vide aussi
Lorsque l’on pense au pays !

Chaque premier janvier on dit c’est la dernière
La dernière année que je passe en Australie
Et le premier janvier suivant nous voit refaire
Même serment qui sombre à son tour dans l’oubli
Ce serait pourtant le moment de revoir nos plages
Car les pays se ressemblent de plus en plus
Et dans dix ans nous trouverons dans nos villages
Des distributeurs de hot-dogs au coin des rues !

Le whisky paraît acide
Dans les bars d’Adélaïde
Lorsque l’on garde au palais
Le souvenir du Beaujolais

Et dans vingt ans sans avoir revu nos falaises
Citoyens d’Australie conscients de leurs devoirs
A nos enfants nous apprendrons la langue française
Mais leur accent ne sera pas celui du terroir
Alors dis-moi de nos vingt ans François de Nantes
De nos vingt ans Laurent le gars du Canigou
Pierre le Normand et toi Joël de la Charente
Nos vingt ans d’aujourd’hui vous en souviendrez-vous ?

Quand le dernier verre se vide
Dans les bars d’Adélaïde
On a le coeur qui s’vide aussi
Lorsque l’on pense au pays !

Paroles et Musique: Jacques Debronckart   1965

 

Vous pouvez écouter ce poème chanté par Debronckart lui même ici. Ce n’est pas aussi poignant que la version des Frères Jacques, mais c’est beau quand même.

 

Descartes

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9 réponses à Adelaïde – Jacques Debronckart

  1. Inquiet dit :

    Mais quel “archaïsme”, cher Descartes ! Quel “passéïsme” “rance” ! La “modernité”, c’est le “mouvement”, voyons ! Le “voyage” “illimité”, le “nomadisme” “cool”, “ouvert”, qui “bouge”, le “citoyen
    du monde”, le butinage sans passé et vers l’ “avenir” radieux. Attention, cette “nostalgie” est à coup sûr le premier pas vers des idées “nauséabondes”, tu le sais !   (Là, j’ai marqué des points pour ma future
    embauche dans la presse actuelle)

    Je plaisante bien sûr. Ce texte est émouvant, c’est vrai. Merci de nous le faire connaitre.

    • Descartes dit :

      Ce n’est rien. J’ai cité plusieurs fois une phrase de Roland Barthes qui est presque devenue pour moi une devise: “Soudain, il m’est devenu indifférent d’être moderne”. Sans tomber dans le mythe
      de l’âge d’or, il n’est pas interdit de penser que si l’humanité a dans certains domaines beaucoup progressé en trente ans, elle a réculé dans d’autres. La Renaissance a eu besoin de s’appuyer
      sur Grèce et Rome pour en retirer ce qu’il y avait de meilleur dans ces civilisations et le réinterpréter. Et c’est pareil aujourd’hui.

  2. argeles39 dit :

    Pour tes jeunes lecteurs
    qui ne connaissent pas

  3. Nicolas 70 dit :

    Je ne connaissais pas cette chanson des Frères Jacques, ni leur répertoire en général.

     

    Mais pour rester dans le domaine de la chanson, j’ai posé plusieurs fois la question à des connaissances ou amis de la gauche de gauche : comment serait perçue “Ma France” de J.FERRAT si ce nom
    ne disait pas quelque chose à cette mouvance . Ne serait-elle pas assimiler à une chanson crypto-lepéniste ?

    • Descartes dit :

      Je ne connaissais pas cette chanson des Frères Jacques, ni leur répertoire en général.

      Je ne peux que t’encourager à les écouter. C’est le meilleur vaccin contre les fades produits du “music business”.

      comment serait perçue “Ma France” de J.FERRAT si ce nom ne disait pas quelque chose à cette mouvance . Ne serait-elle pas assimiler à une chanson crypto-lepéniste ?

      Certainement pas. La formule “elle répond toujours du nom de Robespierre, ma France…” ne laisse aucun doute sur la provenance de la chose. Mais, n’en déplaise aux gauchistes divers et variés
      qui au PCF “usurpent aujourd’hui le prestige” de Ferrat, cette chanson est bien une chanson “nationaliste”. Elle est dans la ligne du “nationalisme” très particulier construit par le PCF après la
      Libération, lorsqu’il a réussi à marier si harmonieusement le drapeau rouge avec celui de la République.

  4. Nicolas 70 dit :

    Il y a aussi des chanteurs qui passent de la mouvance de gauche de gauche à une vision Républicaine et Socialiste.

    Je pense à l’ancien chan,teur des Béririers Noirs qui donne maintenant des cours à l’Institut d’Asie Orientale à Lyon.

    Il a tout comme vous et moi voté Chevènement en 2002.

    Il avait créé un autre groupe. Il avait écrit une chanson “Où est la france?” qui, je pense, au niveau du texte, vous plaira.

    François Béru et les Anges Déchus – Où est la France ?

    Où est la France que tu as aimée
    Celle des Lumières, de la liberté ?
    Où est la France de Marcel Carné
    Celle des petites gens et de l’amitié ?
    Où sont les champs des paysans
    Les gerbes de blé souples dans le vent ?
    Où sont les chants des écoliers
    Qui résonnaient
    dans tous les quartiers ?

    Où est la France ?

    Où sont les chants des Partisans
    Des étrangers qui ont versé leur sang ?
    Où sont passés les remerciements
    Aux immigrés morts en chantant ?
    Où est la France que j’ai aimée
    Celle de la nature à l’odeur fruitée ?
    Où est la France de l’égalité
    De la Liberté, la Fraternité ?

    Où est la France ?
    Va t-elle se réincarner ?

    Où est la France ?
    L’as-tu déjà donc oubliée ?

    Où est la France ?

    Où est la France de la résistance
    Celle du courage, de la vérité ?
    Où est Marianne, la tolérance
    Déesse devenue prostituée ?
    Où sont passés les sans-culottes
    La jeunesse libre à la voix qui porte ?
    Où sont les chants des ouvriers ?
    Ne reste-t-il que le bruit des bottes ?

    Où est la France ?

    Où est la France que j’ai aimée
    Celle des Lumières, de la liberté ?
    Où est la France que j’ai aimée
    Celle des petites gens et de l’amitié ?
    Où est la France que j’ai aimée
    Celle de la nature à l’odeur fruitée ?
    Où est la France dont j’ai rêvé ?

    Où est la France ?
    Va t-elle se réincarner ?

    Où est la France ?
    A-t-elle seulement existé ?

    Où est la France ?

  5. Tite dit :

    Les Frères Jacques! Bien que assurément plus jeune que vous (d’après ce qu’il ressort de vos articles), j’ai moi-même été bercé par les Frères Jacques. “C’n’est qu’le p’tit bout d’la queue du
    chat”, “la truite de schubert”, “la Marie-Joseph”, “Monsieur William” “un général à vendre” (pas sûr que ce soit les véritables titres), ont été entonnés à plein poumons sur bien des
    routes de France avec mes frères et soeurs.

    Je ne connaissais pas celle-ci que m’empresse d’écouter. 

    • Descartes dit :

      Ah… “généraux à vendre”… peut-être l’une des plus belles chansons des Frères Jacques. Avec “Monsieur Lepetit le chasseur”, bien entendu!

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