Mélenchon découvre les socialistes

Je n’ai pas pour habitude de commenter les billets que Jean-Luc Mélenchon publie sur son blog, mais aujourd’hui je vais faire une exception. Son dernier billet (disponible ici) est en effet une illustration assez vivante – et assez pathétique – des problèmes qui maintenant assaillent la “gauche radicale”. Problèmes qui étaient prévisibles dès juin dernier, mais qu’à force de vouloir ignorer on a laissé grandir au point qu’ils deviennent ingérables.

Ces problèmes tiennent à la fonction symbolique que la coupure gauche/droite joue dans la politique française. Il est aujourd’hui devenu impensable, pour n’importe laquelle des organisations classées “à gauche” de faire battre une autre organisation classée “à gauche”. Le désistement républicain semble aujourd’hui gravé dans le marbre. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il ne fut pas toujours ainsi. De 1946 à 1958, la SFIO appliquait au contraire une politique de “troisième force” et n’hésitait pas à rentrer dans des alliances électorales pour faire battre les candidats du PCF, pas plus qu’ils n’hésitaient à rentrer dans des majorités et des gouvernements clairement marqués à droite. Ce n’est qu’à la fin des années 1960, lorsque dix ans de pouvoir gaulliste avaient jeté un pudique manteau d’oubli sur les turpitudes antérieures, que socialistes et communistes ont recrée ce mythe d’une “gauche” solidaire séparée de la “droite” par un fossé infranchissable.

Laisser ce mythe se créer fut peut-être la plus grave erreur que commit la direction du PCF dans ces années-là. Ce faisant, ils ont pavé la route de leur propre asservissement. Car ce mécanisme favorise toujours l’organisation de gauche qui détient une position “centrale” et peut donc aller chercher ses voix au centre droit. Il a suffi ensuite aux organisations de centre-gauche de s’unir pour constituer le Parti Socialiste en 1972 pour verrouiller le dispositif. Avec sa position “centrale”, il n’a pas eu de difficulté à devenir le premier parti de la gauche. Et à compter de ce moment-là, le PS a pu disposer d’un réservoir de voix sur sa gauche qui lui étaient automatiquement acquises, sans qu’il eut pour les capter à faire la moindre concession. La rupture du programme commun en 1978 illustre parfaitement ce phénomène. A quoi bon concéder dans un accord programmatique des choses à des organisations qui de toute manière n’ont d’autre choix que d’appeler à voter pour vous ?

Mais revenons au billet de Mélenchon. Ce qui est amusant dans ce billet, c’est que son auteur s’est retrouvé successivement des deux côtés de la barrière. En 1981, il était du côté d’un PS dominant qui venait d’utiliser le mythe du “désistement républicain” pour écraser les communistes, et qui continuera à le faire pendant une décennie et demie. En 2012, il est plutôt du côté des écrasés, et pleurniche sur le fait que le PS ignore le Front de Gauche et n’est prêt à aucune discussion, aucune concession. Comme quoi, c’est fou ce qu’un petit changement de point de vue change vos conclusions.

Ce changement de point de vue le conduit à de curieuses réécritures de l’histoire. Ainsi, par exemple, il écrit que “en 1981 la gauche avait un programme commun“, alors que le programme commun était mort en 1978 et que ce fut cette rupture, provoquée en sous-main par les socialistes, qui fut utilisé par le PS mitterrandien comme machine de guerre contre le PCF sur le ton de “ils veulent empêcher la victoire de la gauche”. En 1981, le PS arrive au pouvoir seul et vierge de toute alliance, de toute négociation programmatique. Exactement comme en 2012. Que Mélenchon puisse écrire aujourd’hui le contraire est assez révélateur de la vision faussée qu’il a aujourd’hui de la victoire mitterrandienne.

Mais le principal reproche de Mélenchon a ses anciens camarades est politique. Il ne supporte pas que les hiérarques socialistes le tiennent, lui et son mouvement, pour quantité négligeable. Ainsi, il écrit que “pour les chefs socialistes : le Front de Gauche, quézaco ? Ils, elles, remercient les « humanistes », et même le Modem, sans oublier « nos amis écologistes ». Bref tout ce qui compte pour du beurre dans le résultat et dont il est possible de caresser la tête sans risque. Mais le « Front de Gauche » ? C’est le parent qui fait honte ? On dirait bien. A moins qu’il soit considéré comme peu avouable de lui devoir autant ! Car il y avait un constat chiffré pourtant facile à faire. (…) Un fait qui ne nécessite que des connaissances mathématiques rudimentaires. Nicolas Sarkozy a été battu par le Front de Gauche. Car si l’on retire nos quatre millions de bulletins de vote, François Hollande ne recueille que 40, 2% des voix. Au deuxième tour on élimine. Nous l’avons fait. Nous avons éliminé Sarkozy“.

Là encore, Mélenchon oublie l’expérience de 1981. Dans son discours au soir de l’élection, Mitterrand n’a pas un instant remercié le PCF, qui lui avait apporté tout de même 17% de l’électorat. Aucun hiérarque socialiste à l’époque n’avait pensé non plus à exprimer la moindre reconnaissance. Et quand Mitterrand est entré au Panthéon la rose à la main, il n’a pas pensé à inviter Georges Marchais à l’accompagner. Et le jeune Mélenchon, ni à l’époque, ni dans ses évocations rétrospectives, ne semble avoir éprouvé la moindre gêne qu’on ait pu ainsi ignorer le PCF. Une fois encore, c’est fou ce qu’un changement de perspective change vos conclusions. Quant au “constat chiffré”, c’est à mourir de rire. D’une part, parce que le calcul qu’il fait pour les voix du Front de Gauche pourrait être fait avec les voix d’Eva Joly, de Philippe Poutou (1)… et de Marine Le Pen. Si le tiers de l’électorat de celle-ci avait voté pour le candidat UMP et non pour le candidat PS, Hollande aurait été battu. Dire donc que c’est “Sarkozy a été battu par le Front de Gauche”, c’est de la pure vantardise.

Mais le commentaire de Mélenchon contient une seconde erreur qui, elle, est plus fondamentale. Admettons que ce soient les électeurs du Front de Gauche qui ont “battu Sarkozy”. Peut-on pour autant conclure que c’est “le Front de Gauche qui a battu Sarkozy” ? Si le Front de Gauche n’avait pas existé, il y a fort à parier que ces mêmes électeurs auraient voté pour Hollande au deuxième tour. Si le Front de Gauche les avait appelé à s’abstenir, ils auraient dans leur grande majorité désobéi. Mélenchon parle comme si le Front de Gauche avait autorité sur ses électeurs. Comme s’il avait eu entre ses mains la décision de faire élire ou faire battre Hollande. Mais en fait, dans le contexte actuel, le Front n’a jamais eu un tel pouvoir. En pratique, les dirigeants du Front de Gauche n’avaient pas le choix: s’ils avaient appelé à faire battre Hollande, leur électorat ne les aurait pas suivis, et ils auraient en plus été cloués au pilori comme les diviseurs de la gauche. C’est cela qui explique le pourquoi des “salamalecs” envers écologistes et centristes: parce que leurs électorats, contrairement à celui du Front de Gauche, ne sont pas contraints par le “désistement républicain”, ils avaient le choix. Ils auraient pu saboter l’élection et ne l’ont pas fait: ils avaient donc quelque chose à vendre. Le Front de Gauche n’avait à proposer, puisque son électorat vote au deuxième tour pour les candidats socialistes quelques soient les consignes. Ce qui nous amène au point qui pour moi est fondamental. Le problème posé par le corset qu’est devenu le “désistement républicain” et plus largement par la difficulté de s’affranchir du réflexe de guerre civile droite/gauche est bien connu, et se pose à la “gauche de la gauche” à chaque élection et de manière plus aigüe, à chaque fois que la gauche revient aux affaires. N’osant pas affronter un gouvernement étiqueté “à gauche”, la “gauche radicale” se trouve immanquablement forcée de cautionner des politiques qu’elle ne partage pas mais qu’elle n’a aucun moyen d’infléchir.

Pour sortir de cette impasse, il faudrait un très long travail de préparation idéologique. Il faudrait élaborer une véritable doctrine des rapports avec le PS, qui exprime clairement les objectifs de la négociation et les lignes rouges. Et ensuite, expliquer, expliquer, expliquer. Clairement et avec un discours cohérent et constant dans le temps. Car les électeurs ne sont pas idiots: si on leur explique pourquoi à un moment donné il vaut mieux faire tomber un gouvernement “de gauche” que d’admettre certaines politiques, ils sont capables de le comprendre surtout si on montre qu’une telle attitude va dans le sens de leurs intérêts (2). Au lieu de ça, on arrive au pied du mur sans avoir fait le moindre travail de fond sur la question des désistements, des accords programmatiques nécessaires pour une participation au gouvernement, et du “plan B” au cas où cette participation paraîtrait inopportune.

Le Front de Gauche a refusé catégoriquement de réfléchir sur toutes ces questions. Dans la plus pure logique opportuniste qui préside depuis des années au fonctionnement de ses membres la doctrine était “faisons d’abord le meilleur résultat possible, on réfléchira après”. Seulement, “après” c’est maintenant, et on y arrive alors qu’il est trop tard pour faire un travail pédagogique de fond sur l’électorat et sur les militants. En fin de comptes, on prendra les décisions – comme ce fut le cas en 1997 – dans l’urgence et en fonction des intérêts à court terme des appareils. Napoléon disait que la pire erreur que puisse commettre un stratège est de se laisser placer dans une situation à partir de laquelle il ne reste que de mauvaises solutions. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui.  Pour sa part, Mélenchon est en train de découvrir – vengeance poétique – une réalité que les militants et dirigeants communistes connaissent depuis trente ans: que le Parti Socialiste est sans morale et sans pitié. Que les socialistes agissent en fonction de leurs intérêts, et qu’ils se foutent de la justice et de la “solidarité de gauche”. Pourquoi partager le gâteau, alors qu’on peut le manger entier ? Peut-être cela aidera Mélenchon à comprendre pourquoi tant de militants communistes ne partagent nullement son enthousiasme rétrospectif pour la geste mitterrandienne…

Descartes

(1) Si les électeurs de Philippe Poutou avaient voté en bloc pour Nicolas Sarkozy toutes choses égales par ailleurs, cela aurait suffi pour lui donner la victoire. Il aurait suffi que les électeurs d’Eva Joly s’abstiennent pour aboutir au même résultat.

(2) Ce qui bien entendu pose la question plus large des intérêts “de classe” des électeurs de la “gauche radicale”. On peut penser que si les partis de la “gauche radicale” se voient contraints par leur propre électorat à soutenir des gouvernements “socio-libéraux”, c’est que les intérêts de cet électorat vont dans ce sens. Il est intéressant d’ailleurs de constater que lorsque le PCF était un parti très majoritairement ouvrier, il n’hésitait pas à renverser des gouvernements dirigés par des socialistes, et qu’au fur et a mesure que les couches moyennes ont pris de l’importance, ce genre de décision est devenu de plus en plus difficile. Ce n’est pas une coïncidence non plus si l’organisation pour laquelle la frontière “droite/gauche” est la plus perméable est le Front National, qui aujourd’hui capitalise justement l’électorat ouvrier, autrefois encadré par le PCF.

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27 réponses à Mélenchon découvre les socialistes

  1. dsk dit :

    Dixit Melenchon : “Nicolas Sarkozy a été battu par le Front de Gauche. Car si l’on retire nos quatre millions de bulletins de vote, François Hollande ne recueille que 40, 2% des voix. Au
    deuxième tour on élimine. Nous l’avons fait. Nous avons éliminé Sarkozy”.”

    Je ne peux m’empêcher de faire remarquer que Melenchon, avec ses excès (“I am dangerous” et autres), est peut-être à l’origine d’un moindre report des électeurs conservateurs du centre
    et du FN sur François Hollande au second tour. De ce point de vue, on pourrait presque aller jusqu’à soutenir qu’il a failli, au contraire, faire gagner Sarkozy…

    • Descartes dit :

      Je ne peux m’empêcher de faire remarquer que Melenchon, avec ses excès (“I am dangerous” et autres), est peut-être à l’origine d’un moindre report des électeurs conservateurs du centre et du
      FN sur François Hollande au second tour. De ce point de vue, on pourrait presque aller jusqu’à soutenir qu’il a failli, au contraire, faire gagner Sarkozy…

      En fait, je ne crois pas que Mélenchon ait eu la moindre influence sur les reports de voix. En 1981 il pouvait encore avoir des gens qui pensaient que Mitterrand était “l’otage des communistes”.
      Pas en 2012. Il est évident que le Front de Gauche n’a eu aucun poids sur les choix programmatiques et stratégiques de François Hollande. Et c’est d’ailleurs pour cela que Hollande est
      resté sourd pendant toute la campagne aux appels du pied de Mélenchon et qu’il a fait – et continue à faire – en sorte de l’ignorer.

      Par ailleurs, il faut bien comprendre qu’il n’y a jamais eu le moindre risque que Mélenchon ou qui que ce soit d’autre fasse “gagner Sarkozy”. De ce point de vue, il faut se souvenir du phénomène
      de “rappel au centre” qui fait qu’en France aucun candidat ne gagne par une différence supérieure à 47-53. Le mécanisme est le suivant: parmi les électeurs de chaque candidat il y en a un nombre
      en général supérieur à 10% qui vote le candidat A pour éliminer le candidat B sans nécessairement adhérer au programme du candidat qu’ils votent. Dès lors qu’on annonce à ces électeurs que leur
      candidat est sûr de gagner, ceux-ci ne voyent plus de raison pour aller voter, ou bien préfèrent voter pour l’autre candidat pour empêcher que A ait une majorité trop importante. C’est ce
      mécanisme qui explique pourquoi dans toutes les élections l’écart diminue dans les jours qui précèdent l’élection et est généralement plus faible que ce que les derniers sondages laissent
      prévoir. Il y a une réserve importante d’électeurs qui ont voté Sarkozy mais qui auraient voté Hollande s’ils avaient cru que Sarkozy pouvait l’emporter.

  2. Marcailloux dit :

    Bonjour,

    Braillez pauvres gens, pendant ce temps les affaires continuent !

    Ils semblerait à lire la plupart de vos billets que le seul véritable programme du PS, et il n’est pas
    apparemment  un cas unique, c’est la conquête ou la préservation de la position de pouvoir. Hélas, mille fois hélas.

    Concernant le billet de JLM , vous écrivez : « Le Front
    de Gauche n’avait à proposer, puisque son électorat vote au deuxième tour pour les candidats socialistes quelques soient les consignes. »

    Là, c’est un peu sous estimer son pouvoir de nuisance. Compte tenu du caractère dévot de beaucoup de ses supporters, une consigne
    de vote contre Hollande se serait probablement traduite par sa défaite, car il suffisait d’un déplacement de 600 000 voix ( sur les 4 millions dont il est crédité) sur Sarkozy pour
    « renverser la table », et dans le cas d’une telle consigne, son effet se serait sans doute fait sentir au delà de l’électorat de JLM.

     J’ai personnellement l’impression que son électorat de départ a énormément évolué dans sa « morphologie » sur les
    18 derniers mois de la campagne, et que peut être moins de 50% de ses soutiens de départ se sont retrouvés à voter pour lui en définitive. Ce qu’il a pu grignoter à droite a tout juste compensé
    ce qu’il a perdu et je serais prêt à parier que nombre de ceux qui soutenaient plus ou moins, en attendant, sa candidature, le faisaient plus par anti « stauskahnisme » que par
    conviction profonde. Le brillant du discours a aussi fait le reste. DSK éliminé, il y a peut être eut « déplacement des lignes »

    En tout cas, la « planète de la gauche » est probablement à la veille, compte tenu des évènements européens auxquels il
    faut s’attendre, à un « déplacement des plaques tectoniques » considérable. La géographie politique française est probablement à la veille de bouleversements qui peuvent faire émerger
    de nouvelles formations hors du vecteur gauche- droite.

    « le Parti Socialiste est sans morale et sans pitié ». D’abord, on s’en fout, ce n’est pas ce que leur demandent leurs électeurs, et si tel était le cas, comme la réciprocité ne se vérifie jamais,
    ils ne mériteraient qu’une chose : être battus.

    Gageons que le sursaut de la gauche radicale ne soit pas le signal du dernier souffle, mais le premier acte, certes un peu
    maladroit, d’une approche « révolutionnaire » de l’activité des partis politiques.

    • Descartes dit :

      Là, c’est un peu sous estimer son pouvoir de nuisance. Compte tenu du caractère dévot de beaucoup de ses supporters, une
      consigne de vote contre Hollande se serait probablement traduite par sa défaite, car il suffisait d’un déplacement de 600 000 voix ( sur les 4 millions dont il est crédité) sur Sarkozy pour
      « renverser la table », et dans le cas d’une telle consigne, son effet se serait sans doute fait sentir au delà de l’électorat de JLM.

      Je ne le crois pas un seul instant. D’abord, parce que je ne crois pas qu’on aurait trouvé 600.000 électeurs parmi ceux qui ont
      voté Front de Gauche pour voter Sarkozy en sachant que ce vote lui donnait encore 5 ans à l’Elysée. Vous sous-estimez amplement la détestation dont est l’objet Sarkozy, et le réflexe de guerre civile droite/gauche. Pour obtenir un “déplacement” de 600.000 voix il faudrait bien plus qu’un appel de Mélenchon.
      Il aurait fallu par exemple qu’un tel vote s’inscrive dans un projet politique précis, et que celui-ci fut expliqué pendant des mois.

      Il fut un temps où les organisations avaient une certaine autorité sur leurs électeurs. Une consigne négative du PCF, dans les
      années 50 et 60 avait toute ses chances d’être suivie. Ce n’est plus du tout le cas.

      En tout cas, la « planète de la gauche » est probablement à la veille, compte tenu des évènements européens auxquels
      il faut s’attendre, à un « déplacement des plaques tectoniques » considérable.

      Je te trouve d’un remarquable optimisme.

      La géographie politique française est probablement à la veille de bouleversements qui peuvent faire émerger de nouvelles
      formations hors du vecteur gauche- droite.

      C’est ce que me repètent depuis des années des amis, et malgré leur bonne volonté, leurs espoires ont jusqu’à maintenant
      été vains. La seule “formation” qui se profile hors du vecteur gauche-droite, pour le moment, est le Front National, qui avec un
      programme d’un remarquable syncrétisme a réussi à capitaliser une partie importante du vote populaire. Je ne suis pas sur que ce soit le genre de “boulversement” que nous appelerions de nos
      voeux…

      Gageons que le sursaut de la gauche radicale ne soit pas le signal du dernier souffle, mais le premier acte, certes un peu
      maladroit, d’une approche « révolutionnaire » de l’activité des partis politiques.

      Pour ce qui me concerne, je ne prendrai certainement pas un “gage” là dessus.

       

  3. dsk dit :

    P.S. : j’ai tendance à penser, d’ailleurs, qu’il s’agit d’une stratégie délibérée de la part de Melenchon, qui cherche à tout prix à éviter une “droitisation” du P.S., et qui, dès lors, cherche à
    le couper du centre.

  4. Moi-même dit :

    Comment Mélenchon, qui vient du PS, a-t-il pu être surpris ainsi, fragilité de l’individu, bêtise? 

    Si j’ai bien compris, vous dites que l’électorat du FdG est sociologiquement assez proche de celui du PS et que c’est sa nature qui interdit d’avoir un autre discours. Vous condamnez à nouveau ce
    parti mais sous un autre angle. Tout espoir venu de la gauche semble perdu parce que son électorat est dominé par des classes moyennes, c’est cela. Marine Le Pen a donc bien une autoroute à six
    voies ouverte devant elle, et qui lui est réservée?

    Vous semblez ne pas faire d’hypothèses sur les causes de la sclérose de la gauche, juste dire et montrer qu’elle est sclérosée. Selon vous, il y aurait une place pour autre chose, genre
    Chevènement, Séguin. Oui, mais qu’est-ce qui fait que ces familles de pensée sont si faibles, aussi bien à droite qu’à gauche? Ce n’est sans doute pas le fruit du hasard ou de la malchance.

    • Descartes dit :

      Comment Mélenchon, qui vient du PS, a-t-il pu être surpris ainsi, fragilité de l’individu, bêtise?

      Pas nécessairement. Sans ironie, c’est une question de point de vue. La plupart des gens a une grande difficulté – et pas très envie – d’essayer de voir les situations du point de vue de l’autre.
      Je connais beaucoup de socialistes qui l’étaient dejà en 1981. Et bien, lorsque tu leur explique comment les militants communistes ont vécu 1981, ils tombent de haut. Pour eux il est tellement
      évident que n’importe quel homme de bonne volonté ne pouvait qu’être heureux de la victoire du “vieux” et de voir les deputés socialistes majoritaires à l’Assemblée Nationale… ça ne leur est
      jamais venu à l’esprit que pour une partie de la gauche 1981 puisse être un moment de deuil.

      Si j’ai bien compris, vous dites que l’électorat du FdG est sociologiquement assez proche de celui du PS et que c’est sa nature qui interdit d’avoir un autre discours.

      J’irai pas aussi loin. Oui, jepense que l’électorat – et surtout les militants – du FdG est sociologiquement assez proche de celui du PS. Mais cela n’interdit pas absolument d’avoir un autre
      discours. Seulement, il faut assumer le fait que cet “autre discours” aura un effet sur l’électorat: si demain le FdG se mettait à tenir un discours défendant les intérêts des couches populaires,
      il perdrait des électeurs dans les couches moyennes et en gagnerait chez les ouvriers. Il y a là un calcul à faire.

      Vous condamnez à nouveau ce parti mais sous un autre angle. Tout espoir venu de la gauche semble perdu parce que son électorat est dominé par des classes moyennes, c’est cela.

      Encore une fois, je n’irai pas jusqu’à “condamner” ou a perdre “tout espoir”. Mais il faut prendre conscience qu’un projet “socialiste” (dans le bon sens du terme) ne peut se faire sans avoir
      avec soi les couches populaires. Et que pour conquérir ces dernières, il faut être prêt à une rupture avec les classes moyennes là ou les intérêts des deux secteurs entrent en contradiction (par
      exemple, sur la question de l’education). Or, cette rupture n’est pas simple dans un parti dont l’électorat – et surtout les militants, que vous semblez oublier – se recrute essentiellement
      chezles classes moyennes.

      Marine Le Pen a donc bien une autoroute à six voies ouverte devant elle, et qui lui est réservée?

      Résérvée, non. Mais je suis obligé de constater que pour le moment personne, si ce n’est un secteur de la droite, ne la lui dispute. La gauche dite “radicale” lui a abandonné la Patrie, le
      drapeau, la “France éternelle”, l’Euro, la politique industrielle, la méritocratie, la laïcité… si l’on ne cherche pas à reconquérir tout cela, Marine Le Pen et les siens continueront à
      grandir. Et pour disputer ce terrain, il faut rompre avec l’idéologie bienpensante des classes moyennes.

      Vous semblez ne pas faire d’hypothèses sur les causes de la sclérose de la gauche, juste dire et montrer qu’elle est sclérosée.

      Je l’ai fait dans d’autres papiers. Mais c’est un processus très complexe dont l’étude est une affaire d’historiens. Pour le politique qui agit aujourd’hui, le constat lucide de ce qui est est
      dejà un pas important.

      Selon vous, il y aurait une place pour autre chose, genre Chevènement, Séguin. Oui, mais qu’est-ce qui fait que ces familles de pensée sont si faibles, aussi bien à droite qu’à gauche? Ce
      n’est sans doute pas le fruit du hasard ou de la malchance.

      Certainement. J’avais abordé ce point en reprenant l’analyse que fait Slama dans “le siècle de Monsieur Pétain”. La France a un surmoi républicain extraordinairement exigeant. Tellement qu’elle
      ne le tolère au pouvoir qu’en temps de crise. Si De Gaulle était né un siècle plus tard, il serait resté au pire un militaire inconnu, au mieux un politicien marginal comme Chèvenement ou
      Seguin.

  5. AZ dit :

    Cher  Descartes,

    Adhérente depuis 2 ans au PG j’espère que votre dernier post scriptum s’avère correct mais votre intélligence ne pas nécessairement celui de JLM. Je vois tous les jours et de près quelles
    difficultés mes jeunes camarades militants du comité XYZ Pg  éprouvent pour opérer une coopération sans hostilité sur le terrain avec leurs partenaires PCF du quartier. Nous les “anciens”
    réincarnés en PGistes rapellent sans relache la nécessaire unité sur le terrain car ces jeunes de deux cotés (Pg et PCF) ont souvent tendance à confondre unité et uniformité. Aussi les résidus
    d’une scolarité baignée dans un certain anti-communisme bien français différent de celui pratiqué aux USA se font sentir lors des discussions de stratégie en interne. C’est vraiment exaspérant et
    fatigant 20 ans après la fameuse chute du mur!

    • Descartes dit :

      Je ne suis pas sur que l’anticommunisme qu’on trouve au PG soit vraiment né de la scolarité. Je pense qu’il y a en France un anticommunisme d’extrême gauche. Pour le gauchisme français, l’ennemi
      n’était pas en effet la bourgeoisie, mais le PCF qui l’empêchait d’avoir accès à la classe ouvrière. Cen’est pas pour rien si pour Cohn-Bendit le meilleur souvenir de mai 1968 est “d’avoir fait
      marcher le parti communiste derrière le drapeau noir”. C’est aussi cet anticommunisme qui a conduit un certain nombre de gauchistes – dont Mélenchon d’ailleurs – à rejoindre le PS où Mitterrand
      les a accueillis avec les bras ouverts et la promesse de “faire la carrée” au PCF. J’ai pu constater personnellement que cette vision est toujours vivante au PG, où beaucoup de militants rêvent
      d’une “OPA sur le PCF” et ont un comportement parasitaire, exigeant du PCF qu’il leur cède des élus et des circonscriptions bien au delà de la représentativité réelle du PG. Après avoir échangé
      la candidature présidentielle contre 80% des circonscriptions, j’entends aujourd’hui des voix qui appellent à “rénégotier les accords” dans un sens plus favorable au PG. Et je ne veux même pas
      imaginer ce que seraient ces appels si Mélenchon avait fait 17%…

  6. Jonathan dit :

    Tu as parfaitement raison. Un des aspects que tu mentionnes est symptomatique de l’opportunisme du PCF/FdG : on ne raisonne plus qu’en termes d’électorats, et non de classes sociales (si ce n’est
    en des termes bâclés, comme dans l’Huma d’hier et d’aujourd’hui qui, dans son euphorie, trouve toujours un moyen de biaiser ses “études” CSA pour prouver que, oui, les classes populaires votent à
    gauche !). Cela s’apparente à un classement de la société entre les bons (ceux qui votent à gauche, le mythique “peuple de gauche”), et les mauvais (ceux qui votent à droite).

    Ca ne pose aucun problème que des pauvres, des ouvriers, puissent voter à droite. L’adhésion idéologique leur apparaît comme tombée du ciel, figée à jamais (la seule variable d’ajustement
    expliquant les victoires tantôt de la droite et de la gauche étant, selon eux, l’abstention), et indépendante des conditions concrètes de leur émergence.

    Et quand on nous sert de la sociologie, elle est de comptoir. Jamais on ne s’intéresse à qui vote quoi selon la taille du lieu d’habitation ou de l’établissement ou l’entreprise du votant par
    exemple, à l’accès aux transports en commun ou aux services publics… bref aux vraies conditions de vie. On se contente de dire “les électeurs de gauche”, ce qui ne veut absolument rien dire.

    Bonne continuation pour ton blog, excellent par ailleurs !

    • Descartes dit :

      Ca ne pose aucun problème que des pauvres, des ouvriers, puissent voter à droite. L’adhésion idéologique leur apparaît comme tombée du ciel, figée à jamais (la seule variable d’ajustement
      expliquant les victoires tantôt de la droite et de la gauche étant, selon eux, l’abstention), et indépendante des conditions concrètes de leur émergence.

      Exacte. Le sondage publié par l’Huma ne soutient nullement la conclusion que le journal en tire. Le sondage montre que 70% des ouvriers ont voté Hollande (et non “à gauche”) et fait l’impasse sur
      le fait qu’on a moins voté Hollande que voté contre Sarkozy. D’ailleurs, ce qui est plus drôle, c’est qu’à supposer que 70% des ouvriers aient voté pour Hollande par adhésion à son programme,
      cela nous aménerait à conclure qu’ils n’estiment pas nécessaire ni le SMIC à 1700 €, ni la “VIème République”, ni toute une série de revendications du FdG, puisque le programme de François
      Hollande ne reprend pas ces éléments.

      Bonne continuation pour ton blog, excellent par ailleurs !

      Je te remercie. Tu est toujours le bienvenu ici.

  7. Marencau dit :

    Je partage votre déprimante analyse de la situation. J’insiste sur le “déprimante”… je suis “jeune” voyez-vous, et vous avez connu ça aussi: on a envie de faire des choses, de s’engager… mais
    que faire ?

    En vous lisant, j’ai l’impression que vous pensez tantôt que la stratégie de faire bouger les lignes à la Chevènement est un bon compromis, tantôt que c’était l’erreur que certains militants à
    gauche avaient fait auparavant et qu’ils auraient du fonder un autre parti…

    Alors, quelle est notre stratégie aujourd’hui si on veut militer en politique ? On rejoint un groupuscule qui fait 1% ? On essaye de faire évoluer “un gros” de l’intérieur ? On commente des
    articles sur internet pour débattre avec des convaincus ?

    Au fait, ça n’a rien à voir, mais je serais bien intéressé de savoir ce que vous pensez vraiment du FN et de son programme. Pas sur la nature des grands thèmes (euro, protectionnisme,
    immigration, laïcité) qui sont porteurs et que je considère comme capitaux mais mal traités par ce parti. Mais sur le pourquoi vous le trouvez “détestable” (il me semble vous avoir lu utilisant
    ce terme). A titre personnel, je trouve que quand on regarde de plus près on y retrouve encore beaucoup trop d’éléments qui rappelent “le FN à la papa” infréquentable… et la conversion soudaine
    à certaines idées et la démagogie ambiante le font douter sur les motivations de ceux qui les portent.

    • Descartes dit :

      Je partage votre déprimante analyse de la situation. J’insiste sur le “déprimante”… je suis “jeune” voyez-vous, et vous avez connu ça aussi: on a envie de faire des choses, de s’engager…
      mais que faire ?

      Je m’en voudrais si mon analyse devait vous déprimer. Non, il faut continuer à se battre. Mais il faut avoir conscience des difficultés que nous avons devant nous, en nous souvenant des mots
      attribués à Cyrano de Bergerac: c’est d’autant plus beau quand c’est difficile…

      En vous lisant, j’ai l’impression que vous pensez tantôt que la stratégie de faire bouger les lignes à la Chevènement est un bon compromis, tantôt que c’était l’erreur que certains militants
      à gauche avaient fait auparavant et qu’ils auraient du fonder un autre parti…

      Chacun fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Chevènement a eu raison d’essayer de faire bouger les lignes, même si en fin de compte sa stratégie n’a pas réussi à rompre cette foutue division
      droite/gauche. Peut-être est-il venu trop tôt. Mais je ne lui reprocherais pas d’avoir au moins essayé. Il faut maintenant analyser cet échec et penser une autre stratégie.

      Alors, quelle est notre stratégie aujourd’hui si on veut militer en politique ? On rejoint un groupuscule qui fait 1% ? On essaye de faire évoluer “un gros” de l’intérieur ? On commente des
      articles sur internet pour débattre avec des convaincus ?

      Si seulement je le savais… Mais je ne prétends pas être un gourou, ou savoir quelle est la “bonne” stratégie. A chacun d’agir avec les moyens qu’il a et en fonction de son environnement. A
      chacun d’essayer de changer les choses de la manière qui lui paraît la meilleure. Et à chacun d’analyser ses expériences et celles des autres et de tirer les conclusions pour faire mieux demain.
      C’est tout ce que je peux conseiller.

      Si, il y a quand même une chose à faire. Etudier, débattre, se former politiquement pour être capable demain, si l’opportunité se présente, de la saisir.

      Au fait, ça n’a rien à voir, mais je serais bien intéressé de savoir ce que vous pensez vraiment du FN et de son programme. Pas sur la nature des grands thèmes (euro, protectionnisme,
      immigration, laïcité) qui sont porteurs et que je considère comme capitaux mais mal traités par ce parti. Mais sur le pourquoi vous le trouvez “détestable” (il me semble vous avoir lu utilisant
      ce terme).

      Lorsqu’on regarde le Front National aujourd’hui, vous vous trouvez devant une construction barroque qui mélange beaucoup de choses. Vous trouvez des dirigeants comme Louis Alliot, dont
      l’attachement aux principes de la République est fort douteux, et un Florian Philippot, ancien des réseaux chèvenementistes dont l’attachement à ces principes me paraît indiscutables. Dans le
      programme, vous trouvez sur certains sujets des propositions qui sont des copies exactes des idées défendues par le PCF et par les gaullistes durant longtemps et qui vont toujours dans le sens
      des intérêts des couches populaires (produire français, sortie de l’Euro, politique industrielle, restauration de l’Etat et des services publics, énergie nucléaire) et sur d’autres des idées qui
      viennent du tréfonds pétainiste de l’extrême-droite comme “l’héritage chrétien” ou le discours sur l’avortement. Dans un tel synchrétisme, difficile de s’y retrouver.

      Si je trouve “détestable” le FN, c’est que je suspecte que pour beaucoup de ses cadres le discours copié du “gaullo-communisme” n’est qu’un faux nez pour faire avancer les idées racistes,
      antidémocratiques, antirépublicaines, corporatistes et réactionnaires qui sont celles de l’extrême-droite française. Mais peut-être que je me trompe, et que le FN a entamé une véritable mue. Le
      futur dira.

  8. etienne archambault dit :

    Bonjour Descartes,

    je lis avec beaucoup d’intérêt vos papiers qui ont l’avantage d’offrit un vrai argumentaire sans anéantir les idées qui vous sont plus ou moins proches.

    Cependant, concernant les chiffres, il y a une chose mathématiquement vérifiable concernant la part prépondérante des voix du FDG dans la victoire de Hollande. C’est le pourcentage de l’ensemble
    des voix de la gauche au premier tour en 2012: 43,5 %.  Comparés aux 40,5 % de 2002 et aux 36,5 de 2007, c’est évidement très différent. Or je pense ne pas trop m’avancer en disant que ces
    quelques pourcents en plus, c’est le Front de Gauche qui les a fait émerger dans les six derniers mois et a donc rendu possible la victoire de la gauche. En effet, le score de 11,11 % de Jean-Luc
    Mélenchon n’est pas anecdotique. Il est la preuve que – dans le cadre de l’élection présidentielle de la Vème République – le parti socialiste ne peut accéder au pouvoir sans qu’une autre gauche
    forte ne dépasse pas la barre des 10%. Ce fut le cas 1981 et en 1988 . En 1974, il n’y avait pas de candidats à gauche du PS au premier tour. En 1995, 2002 ET 2007, ceux ci étaient dispersés et
    donc invisibles. En 2012, le Front de Gauche, en réussissant une campagne forte,  a réussi en six mois à créer de nouvelles voix à gauche (environ 4-5%)  qui je le pense ont fait penché
    la balance du côté de Hollande.

    • Descartes dit :

      Cependant, concernant les chiffres, il y a une chose mathématiquement vérifiable concernant la part prépondérante des voix du FDG dans la victoire de Hollande. C’est le pourcentage de
      l’ensemble des voix de la gauche au premier tour en 2012: 43,5 %.  Comparés aux 40,5 % de 2002 et aux 36,5 de 2007, c’est évidement très différent. Or je pense ne pas trop m’avancer en
      disant que ces quelques pourcents en plus, c’est le Front de Gauche qui les a fait émerger dans les six derniers mois et a donc rendu possible la victoire de la gauche.

      Et bien, vous vous “avancez” beaucoup…  43,5% contre 36,5%, cela fait 6% de différence. Maintenant, comparons les résultats du candidat socialiste au premier tour: en 2007, Ségolène Royal
      faisait 25,8%; en 2012 François Hollande fait 28,6 %. Soit un progrès de 2,8%, Ce qui explique dejà la moitié du progrès. Ajoutez le score d’Eva Joly (tout de même un point de plus que Dominique
      Voynet en 2007) et il ne vous reste plus qu’un 2%, dans le meilleur des cas, à attribuer au Front de Gauche…

      Soyons sérieux: le Front de Gauche n’a rien fait d’autre que de regrouper sur un seul candidat un potentiel électoral qui autrefois était partagé par l’ensemble de l’extrême gauche. En 2007 ce
      potentiel représentait quelque 9%, en 2002 15%. En 2012, alors qu’on est dans une crise grave, que la détestation du sortant est unanime et que la victoire d’Hollande était pratiquement sûre, on
      arrive péniblement à 13%. Dans ces conditions, dire que le Front de Gauche a changé radicalement les choses c’est se mentir à soi même.

      Au risque de me répéter: le front de Gauche ne peut changer quelque chose que s’il arrive à conquérir des électorats qui vont au delà du marigot gauchiste traditionnel. Pour le moment, ce n’est
      guère le cas.

      En effet, le score de 11,11 % de Jean-Luc Mélenchon n’est pas anecdotique. Il est la preuve que – dans le cadre de l’élection présidentielle de la Vème République – le parti socialiste ne
      peut accéder au pouvoir sans qu’une autre gauche forte ne dépasse pas la barre des 10%. Ce fut le cas 1981 et en 1988 .

      Faudrait réviser vos chiffres. En 1981 le PCF faisait plus de 10%. Mais pas en 1988: le candidat PCF, André Lajoinie, avait fait seulement 6,7%. Et cela n’avait pas empêché le candidat du Parti
      socialiste de l’emporter. La preuve est faite, contrairement à ce que vous affirmez, que le Parti socialiste peut emporter l’élection présidentielle alors que les autres formations de gauche sont
      sous la barre des 10%. Et même des 7%. 

      En 2012, le Front de Gauche, en réussissant une campagne forte,  a réussi en six mois à créer de nouvelles voix à gauche (environ 4-5%)  qui je le pense ont fait penché la balance
      du côté de Hollande.

      Comme je l’ai montré plus haut, si “création de voix de gauche” il y a eu, elle est plutôt autour des 2% que des “4-5%”. Mais votre analyse est trop schématique, et ne prend pas en compte les
      circonstances particulières de chaque élection. En 2012, les éléments dominants ont été la faiblesse du vote “utile” (il n’y avait aucun doute que le second tour se jouerait entre le candidat
      socialiste et le président sortant), la détestation quasi magique à gauche du président sortant et une crise économique et sociale de grande ampleur. Dans ces conditions, on s’attendait à un
      retour en force du vote protestataire. Si le Front de Gauche n’avait pas existé, ces voix se seraient dispersées entre le PCF, le NPA, LO et autres initiatives “antilibérales”, comme ce fut le
      cas en 2002. Grâce au Front de Gauche, ces voix se sont regroupées sur la tête de Mélenchon. Mais il faut être conscient que le résultat additionné de l’ensemble de la “gauche radicale” est en
      2012 inférieur de presque deux points à ce qu’il était en 2002, et que s’il y a eu gain par rapport à 2007, c’est parce que cette année-là le traumatisme de 2002 a beaucoup poussé au vote “utile”
      au premier tour.

      Je persiste à penser que la politique “triomphaliste” du Front de Gauche, qui consiste à tordre les réalités pour pouvoir annoncer des victoires foudroyantes à chaque élection – souvenez-vous des
      palinodies permettant d’annoncer un “score à deux chiffres” pour les cantonales – n’est pas la bonne. Je sais, bien sur, que dans notre monde “immédiatiste” le Front de Gauche est un peu comme
      une byciclette: s’il n’avance pas assez vite, il tombe. Les réactions des militants – il faut les lire sur le blog de Mélenchon – qui voyaient leur candidat au deuxième tour et pourquoi pas à
      l’Elysée, et qui font une dépression parce qu’il ne fait que 11% montrent à quel point ceux-ci sont encore dans la logique infantile du “tout, tout de suite”. Or, la politique est une affaire de
      longue patience. Pour arriver au pouvoir en 1981, Mitterrand avait commencé à construire une organisation dès 1965. La saga qui amène Le Pen au deuxième tour en 2002 commence vingt-cinq
      ans plus tôt. Les militants qui aujourd’hui se lancent dans la construction du Front de Gauche doivent savoir – et leurs dirigeants doivent leur expliquer – que si tout va bien, s’ils
      s’accrochent, s’ils arrivent à implanter leur organisation sur le terrain, ils arriveront peut-être au deuxième tour de l’élection présidentielle dans vingt ans. La politique, ce n’est pas un jeu
      de télé-réalité ou l’on peut passer de l’obscurité à l’Elysée en dix semaines grâce au vote du public, ce n’est pas le coup médiatique d’un “facteur sympa” qui arrive en quelques mois à faire 5%
      des voix pour ensuite disparaître du paysage. Ce sont des années de travail, de porte-à-porte, de présence sur les marchés, de petits progrès qui au bout du compte font qu’on peut changer quelque
      chose.

  9. marc.malesherbes dit :

    à propos du vote “Front de gauche” au deuxième tour.

    en regardant les sondages “jour du vote” “sortie des urnes” (CSA 2600 interviewvés, Ipsos 3100 interviewvés, Sofres 1500 interviewvés), parmi les électeurs du Front de gauche du premier tour ,
    environ:
    78% ont voté Hollande, 5% Sarkozy, 17% blanc, nul, abstention (j’ai fait une moyenne pondérée des résultats des trois enquêtes)

    Cela montre qu’une partie significative (environ 22%) des électeurs du premier tour n’ont pas voté pour F Hollande. Je n’ai pas les résultats des élections précédentes, mais d’après les
    commentateurs, cela serait plus que d’habitude.

    Peut-on attribuer cela aux attaques en dessous de la ceinture de JLM contre FH (“le capitaine de pédalo” ) et de M Aubry (“la gauche molle”) ?
    Ou cela est-il une évolution lourde qui va mettre fin  à la “discipline républicaine” ?

    nb: le vote Sarkozy n’est pas marginal. Comment l’expliquer ?

    • Descartes dit :

      Cela montre qu’une partie significative (environ 22%) des électeurs du premier tour n’ont pas voté pour F Hollande. Je n’ai pas les résultats des élections précédentes, mais d’après les
      commentateurs, cela serait plus que d’habitude.

      Cela dépend quel ensemble de référence on prend pour comparer à “l’habitude”. Si l’on compare avec l’électorat de la “gauche de la gauche” dans son ensemble, ce n’est guère étonnant: les
      électorats de la LCR/NPA et encore plus celui de LO ne se désistent pas systématiquement pour le candidat socialiste. Si l’on compare avec l’électorat communiste, le chiffre probablement soit
      relativement plus bas que dans les élections précédentes…

      Peut-on attribuer cela aux attaques en dessous de la ceinture de JLM contre FH (“le capitaine de pédalo” ) et de M Aubry (“la gauche molle”) ?

      Je ne crois pas. En fait, je doute que l’électorat du Front de Gauche soit très influencé par les discours de ses dirigeants. Ce serait plutôt les dirigeants qui suivent l’opinion des
      électeurs…

      Ou cela est-il une évolution lourde qui va mettre fin  à la “discipline républicaine” ?

      Certainement pas… on est très loin d’un modèle politique qui échapperait à l’injonction “battre la droite/gauche” à tout prix.

      nb: le vote Sarkozy n’est pas marginal. Comment l’expliquer ?

      La gauche bobo a une certaine tendance à croire que tout le monde partage ses préjugés. Elle se trompe. Il y a beaucoup de gens dans ce pays qui trouvent que Sarkozy fait un meilleur président
      que Hollande. Et je ne suis pas complètement sûr qu’il aient tort…

       

       

  10. Jean-Mi41 dit :

    “nb: le vote Sarkozy n’est pas marginal. Comment l’expliquer ?”

    à mon humble avis:

    – désaccord sur l’immigration incontrôlée

    – désaccord sur le vote aux étrangers

    – overdose des attaques phobiques contre MLP au détriment des revendications initiales, dont certaines cohérentes avec des constats de MLP !

    – combativité de Sarko dans la dernière ligne droite et son habileté à faire prendre des vessies pour des lanternes !

  11. dsk dit :

    Il y a beaucoup de gens dans ce pays qui trouvent que Sarkozy fait un meilleur président que Hollande. Et je ne suis pas complètement sûr qu’il aient tort…

    Avez-vous remarqué, M. Descartes, à quel point Nicolas Sarkozy s’inspirait en toutes choses des Etats-Unis d’Amérique ?

     

    – Le jogging tous les matins, en T-shirt “NYPD”

    – L’absence de complexes vis-à-vis de l’argent

    – L’ “Air Sarko one” sur le modèle de l'”Air Force one”

    – La limitation des mandats présidentiels à deux maximum

    – La volonté, comme aux USA, de supprimer le juge d’instruction

    – La réintégration de la France dans l’OTAN

    – La discrimination positive

    – La prise de distance vis-à-vis de la conception française de la laïcité, dénoncée d’ailleurs en son temps par Mélenchon

    – La nomination de la franco-américaine Christine Lagarde au ministère de l’économie

    – Etc.

     

    Autrement dit, M. Descartes, nous avons eu un président américain pendant cinq ans, qui n’a eu de cesse que de mettre la France en conformité avec le modèle américain. J’ajouterais, du reste,
    qu’il ne faut sans doute pas chercher ailleurs la raison de la réticence de Sarkozy vis-à-vis d’une certaine construction europénne, que vous percevez, paradoxalement, comme une forme de
    souverainisme. 

    Dès lors, quant à moi, je vous dirais clairement que oui, mille fois oui, Hollande est préférable à Sarkozy, ne serait-ce que parce qu’il ne sera pas, en dépit de son nom, un président étranger.

     

     

     

    • Descartes dit :

      Avez-vous remarqué, M. Descartes, à quel point Nicolas Sarkozy s’inspirait en toutes choses des Etats-Unis d’Amérique ?

      En toutes choses ? Je vous trouve bien exagéré… J’ai du mal à imaginer un président américain trois fois divorcé. Je ne pense pas non plus que le côté “bling-bling” soit très compatible avec
      l’éthique protestante majoritaire aux Etats-Unis…

      – Le jogging tous les matins, en T-shirt “NYPD”

      Je ne pense pas qu’il porte un T-shirt “NYPD” tous les matins, non… et si l’on considérait comme américanisés tous ceux qui portent des T-shirts avec des inscriptions américaines, on ne serait
      pas sorti de l’auberge.

      – L’absence de complexes vis-à-vis de l’argent

      Parce que vous croyez qu’il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’on n’a pas de complexes par rapport à l’argent ? Au demeurant, Sarkozy n’est pas, contrairement à ce qu’on veut croire chez les
      antisarkozystes primaires, particulièrement décomplexé par rapport à l’argent.

      – L’ “Air Sarko one” sur le modèle de l'”Air Force one”

      J’aimerais savoir ce qui vous permets de dire que l’avion présidentiel acheté par Sarkozy (pour remplacer celui acheté par ses prédécesseurs) est “sur le modèle de l’Air Force One”. Dès qu’il
      s’agit de Sarkozy, le fantasme prend la place de la réalité.

      – La limitation des mandats présidentiels à deux maximum

      Là encore, cette disposition n’a rien de particulièrement “américain”: il y a beaucoup de pays qui ont des limitations de ce type: le Vénézuela, pour ne donner qu’un exemple. Peut-être que
      Sarkozy regarde finalement moins chez Obama que chez Chavez…

      – La volonté, comme aux USA, de supprimer le juge d’instruction

      Là encore, rien à voir avec lesUSA. Le juge d’instruction est une spécificité française, qui n’existe pas dans beaucoup de pays. L’Argentine, pour ne donner qu’un exemple. Finalement, vous allez
      conclure que Sarkozy n’a fait que copier les “révolutions latinoaméricaines”…

      – La discrimination positive

      Décidement, l’antisarkozysme primaire mène à tout. De tous les politiciens qui se sont succédés ces dernières années au pouvoir, Sarkozy a été probablement celui qui a le moins pratiqué la
      “discrimination positive”. C’est Hollande, pas Sarkozy, qui propose un gouvernement “paritaire”…

      – La prise de distance vis-à-vis de la conception française de la laïcité, dénoncée d’ailleurs en son temps par Mélenchon

      Que ce soit vrai ou faux, on ne voit pas trop le rapport avec les USA. Le but de cette énumération est-il de montrer que Sarkozy “s’inspire en toutes choses des Etats-Unis” ou bien
      seulement de taper sur Sarkozy ? Je me le demande…

      – La nomination de la franco-américaine Christine Lagarde au ministère de l’économie

      Pourriez-vous m’indiquer d’où sortez-vous que Chrstine Lagarde soit “franco-américaine” ?

      Franchement, j’ai toujours trouvé détéstable cette campagne pour parer Sarkozy de tous les défauts de la terre.

      Autrement dit, M. Descartes, nous avons eu un président américain pendant cinq ans, qui n’a eu de cesse que de mettre la France en conformité avec le modèle américain.

      Si vous avez besoin de vous fabriquer un diable, c’est votre problème. Le fait est qu’à l’heure de se plier à la politique américaine, Mitterrand fut bien plus néfaste que Sarkozy. Après tout,
      pour la réintégration de l’OTAN Sarkozy n’a fait que terminer ce que Mitterrand avait amorcé, et le soutien en Afghanistan de Sarkozy fut bien moins enthousiaste que l’appui de Mitterrand à la
      première guerre du Golfe (appui qui avait provoqué la démission de Chèvenement du ministère de la Défense, pour ceux qui ne s’ne souviendraient pas).

      J’ajouterais, du reste, qu’il ne faut sans doute pas chercher ailleurs la raison de la réticence de Sarkozy vis-à-vis d’une certaine construction europénne, que vous percevez, paradoxalement,
      comme une forme de souverainisme. 

      Ah oui, j’oubliais… comme il est évident – on ne sait pas pourquoi, mais c’est le leitmotiv des fédéralistes européens – que les Etats-Unis sont contre la construction européenne, tout
      souverainiste est prima facie suspect de complicité avec les américains. Pauvre Sarkozy: un jour on lui reproche de s’être déculotté devant les fédéralistes, le jour suivant d’avoir saboté la
      construction européenne pour le compte des américains…

      Dès lors, quant à moi, je vous dirais clairement que oui, mille fois oui, Hollande est préférable à Sarkozy,

      Rendez-vous dans trois ans…

  12. Ifig dit :

    Analyse très pertinente, Descartes. Je sais que tu  n’apprécies pas le NPA, mais sur ce point au moins, en insistant sur l’indépendance totale par rapport au PS, ils sont proches des
    positions que tu souhaites voir émerger.

    • Descartes dit :

      Mais… d’ou sorts-tu que je souhaiterais voir émerger une position “d’indépendance totale par rapport au PS” ? La position qui consiste à poser en principe “l’indépendance totale par rapport au
      PS” est aussi stupide que celle, pratiquée par le PCF, d’alliance inconditionnelle avec le PS.

      J’ai du mal me faire comprendre. S’il y a une position que je souhaiterais voir “émerger”, c’est une position qui tienne compte des réalités. Le PS est une réalité, et on ne peut pas faire comme
      s’il n’éxistait pas en attendant le jour bienheureux de la “grève générale insurrectionnelle”. Ma position, c’est que la “vraie gauche” doit avoir un projet et des priorités réflechies et
      clairement définies. Qu’elle doit examiner les alliances tactiques avec quiconque lui permet de faire avancer ses priorités. Décrêter qu’on ne fera alliance qu’avec celui qui accepterait toutes
      nos conditions, comme le fait le NPA,  est une imbécilité. C’est la meilleure manière pour ne jamais avoir la moindre influence sur la réalité.

      Pour moi, il faut négocier avec le PS – et avec toute autre organisation – en ayant auparavant décidé ce qu’on est prêt à accepter et ce sur quoi on ne transigera pas en gardant toujours en tête
      que tout ce qui permet de faire un pas en avant est bon à prendre. Ce qui suppose qu’on ait défini clairement les objectifs de la négociation. Et ensuite, il faut expliquer à notre électorat
      cette négociation avec un langage de vérité, en lui expliquant qu’on fait alliance non pas parce qu’on s’aime d’amour vrai ou parce que les grands principes le commandent – comme le fait le PCF
      en général – mais parce qu’on a obtenu, en échange de telle ou telle concession, telle ou telle avancée. La politique, c’est un art du compromis. Si vous cherchez la pureté révolutionnaire, alors
      allez dans une secte.

       

  13. sandrinedg dit :

    Non, Monsieur, je n’aurais pas voté F Hollande sans l’espoir de voir le front de gauche effectuer une percée aux législatives, jamais. Et pour plus que tout autre considération, l’inquiétude
    de  voir le PS  faire la danse du ventre devant le FN.

    J’avais voté Chirac en 2002, à l’encontre de toutes mes idées politiques, en 2012, pour moi, l’enjeu est le même, et c’est le front de gauche qui a mené l’analyse, et personne d’autre.

    La peste brune avance, et il n’y a que le front de gauche qui le dénonce.Ce sont eux qui m’ont convaincue de voter Hollande et personne d’autre.

    Seulement cette fois, ça n’est pas 80/20, c’est 51/49, et ça prouve que le paysage devient de plus en plus fasco, c’est tout.

    Je n’ai plus  AUCUNE confiance dans le PS, pour autant il fallait éloigner à tout prix des gens qui se sont permis des propos de notre ex-Président tels que “le travail rend libre” le 18
    février dernier à Montpellier, et dont plus beaucoup de monde se souvient qu’ils sont inscrits à l’entrée du camp d’Auschwitz.

    Contrairement à ce que vous dites, le  FG ne s’est pas attribué 4 millions de voix, c’est le nombre de gens qui ont voté pour eux que je sache, et je ne vois pas comment on pourrait soutenir
    le contraire.

    Par ailleurs, comme je trouve détestable les gens qui se sentent propriétaires des voix qu’ils ont obtenues, je serais curieuse, vous ne manquerez pas de me répondre, où et quand le FG ou JL
    Mélenchon se seraient comportés de telle manière, parce que figurez-vous que comme je leur ai donné ma voix j’écoute très attentivement ce qu’ils disent, et je n’ai rien entendu de tel, mais
    alors vraiment pas! Qu’est ce qui justifie une telle analyse de votre part, citez, Monsieur, étayez, on n’est pas des andouillettes!

    Quant à dire que le PS ait jamais été un parti de gauche, c’est très discutable, et quant à renchérir en disant que le FG est la gauche radicale, c’est une vue discutable aussi : pour moi,ce sont
    eux les véritables socialistes

    Cela ne revient pas à dire que personne n’est à gauche au PS ! La preuve est que M. Mélenchon en vient!

    Le problème est qu’on met du temps à se rendre compte, et le seul avantage que j’aie vu lorsque M. Sarkozy a été élu en 2007, c’est qu’au moins, là, on savait clairement QUI était notre
    adversaire, et pire encore, notre ennemi: c’est la conclusion que je tire à voir comment certains propos ne font plus de tollé !

    Comment ça ne soulève pas le coeur, d’accepter d’entendre que certains, à droite puissent imaginer sans complexe s’allier avec le FN, et que tous les démocrates de droite et de gauche ne soient
    plus vent debout, cela me fait froid dans le dos!

    C’est abominable!  Je suis reconnaissante au FG de proposer une alternative cohérente et conforme à l’idée de que je me fais de la gauche, et je ne suis pas la seule…..et qui se positionne
    clairement contre cette tendancenauséabonde que représente l’extrême droite.Eclaircir le paysage, enfin! Voilà pourquoi je voterai pour un député communiste dans ma circonscription aux
    législatives, même si je ne suis pas communiste  en croisant les doigts pour qu’un maximum de FG passent aussi partout où ils se présentent.

    Pour moi il est l’heure de choisir son camp, et de le dire clairement!

    Car, Monsieur, je préfère la gauche plutôt que le fascisme rampant de notre actuelle société. Je préfère largement le socialisme à la FG plutôt que laisser avancer cette violence.

    J’avoue que votre manière de laisser entendre que les 4 millions de personnes qui ont voté FG au premier tour, ne sont pas pour grand chose dans l’élection du PS au second, et en plus de laisser
    entendre qu’on serait faits instrumentaliser, et que maintenant ces Dames et Messieurs se sentent propriétaires de nos voix, auraient tendance à me faire douter de votre bonne foi.

    Bonne soirée.

     

    • Descartes dit :

      Non, Monsieur, je n’aurais pas voté F Hollande sans l’espoir de voir le front de gauche effectuer une percée aux législatives, jamais.

      En d’autres termes, si vous n’aviez pas eu l’espoir d’une percée du FdG aux législatives, vous auriez été prête à reconduire Nicolas Sarkozy pour un nouveau mandat de cinq ans ? Je note le point,
      je reviendrais plus loin.

      J’avais voté Chirac en 2002, à l’encontre de toutes mes idées politiques, en 2012, pour moi, l’enjeu est le même, et c’est le front de gauche qui a mené l’analyse, et personne d’autre.

      Quelle “analyse” ? Pourriez-vous détailler cette “analyse” et ses conclusions ?

      La peste brune avance, et il n’y a que le front de gauche qui le dénonce.Ce sont eux qui m’ont convaincue de voter Hollande et personne d’autre.

      Quelle chance pour Hollande, n’est ce pas, d’avoir une organisation qui lui apporte si gentiment les voix sans rien demander en échange… Finalement, François Hollande et le PS ont tout intérêt
      à ce que l’on croie que “la peste brune avance”: si le FN était perçu comme faible, le FdG n’aurait pas voté pour lui et Sarkozy serait peut-être repassé.

      On est toujours l’esclave de ses obsessions. En faisant du FN une obsession, le FdG donne à ses adversaires des leviers pour le manipuler.

      Seulement cette fois, ça n’est pas 80/20, c’est 51/49, et ça prouve que le paysage devient de plus en plus fasco, c’est tout.

      Comme “preuve”, elle paraît particulièrement faible. Comparer la confrontation FN-RPR à la confrontation PS-UMP est un non sens. Sarkozy n’est pas Le Pen, n’en déplaise à un certain nombre de
      fanatiques.

      Je n’ai plus  AUCUNE confiance dans le PS, pour autant il fallait éloigner à tout prix des gens qui se sont permis des propos de notre ex-Président (…)

      Attendez… plus haut, vous avez écrit que vous n’aviez voté Hollande que parce que vous aviez l’espoir d’une percée du FdG aux législatives, et que sans cet espoir “vous n’auriez pas voté pour
      F. Hollande”. Maintenant vous nous expliquez qu’il fallait “éloigner à tout prix” les méchants. S’il fallait les éloigner “a tout prix”, alors vous auriez voté pour Hollande même
      sans la moindre chance de percée du FdG aux législatives… n’est ce pas un peu contradictoire ?

      (…) des propos de notre ex-Président tels que “le travail rend libre” le 18 février dernier à Montpellier, et dont plus beaucoup de monde se souvient qu’ils sont inscrits à l’entrée du camp
      d’Auschwitz.

      Pour quelqu’un qui reproche aux autres des “affirmations gratuites”, vous êtes bien peu rigoureuse. Le discours – prononcé d’ailleurs le 28 février, et non pas le 18 comme vous l’affirmez – ne
      contient pas l’expression que vous citez (pour ceux qui ne me feraient pas confiance, le texte est consultable ici). Le paragraphe exact – car il ne faut pas sortir les formules de
      leur contexte – est ainsi rédigé:

      “Toutes les familles de France veulent que leurs enfants soient éduqués, soient instruits. Elles veulent pouvoir leur dire, comme nos parents et nos grands-parents nous l’ont dit jadis : «
      Travaillez bien à l’école et vous aurez une vie meilleure. Travaillez bien à l’école et vous serez libres, libres de choisir la vie que vous voulez, libres de devenir ce que vous souhaitez,
      libres de réaliser vos rêves ». C’est par le travail qu’on devient libre. C’est l’absence de travail qui est une aliénation”.

      Eh oui, je suis désolé pour vous, mais Sarkozy n’a donc pas dit “le travail rend libre”, mais “c’est parle travail – le travail à l’école – qu’on devient libre”. Je sais bien qu’un petit coup
      d’Auschwitz c’est toujours bon pour se dispenser d’argumenter, mais dans ce cas c’est pour le moins tiré par les cheveux…

      Par ailleurs, comme je trouve détestable les gens qui se sentent propriétaires des voix qu’ils ont obtenues, je serais curieuse, vous ne manquerez pas de me répondre, où et quand le FG ou JL
      Mélenchon se seraient comportés de telle manière,

      Mais… avec le plus grand plaisir. Ils l’ont fait un grand nombre de fois, mais je vais vous donner l’exemple le plus incontestable, qui sort de la plume – ou plutôt du clavier – du Petit
      Timonier lui même. Voici ce qu’écrit Jean-Luc Mélenchon sur son blog le 8 mai 2012: “Un fait qui ne nécessite que des connaissances mathématiques rudimentaires. Nicolas Sarkozy a été battu
      par le Front de Gauche. Car si l’on retire nos quatre millions de bulletins de vote, François Hollande ne recueille que 40, 2% des voix”. Relisons avec attention: Mélenchon ne dit pas que ce
      sont les “électeurs du Front de Gauche” qui ont battu Sarkozy. Il dit que c’est “le Front de Gauche” qui l’a fait, car “si l’on retire nos 4 millions de voix… etc”. Ce “nos”
      possessif se refère à qui ? Si c’est le Front de Gauche qui a battu Sarkozy, c’est que les voix en question sont à lui, qu’il les possède… CQFD.

      Si l’on admet que le FdG n’est pas propriétaire de ses voix, alors on voit mal comment il pourrait “battre” un président de la République. Ce sont les électeurs du Front de Gauche qui ont permis
      l’élection de François Hollande, pas le Front de Gauche lui meme. Si le FdG avait appelé à voter Sarkozy, Hollande aurait été élu quand même.

      parce que figurez-vous que comme je leur ai donné ma voix j’écoute très attentivement ce qu’ils disent, et je n’ai rien entendu de tel,

      De toute évidence, vous ne les écoutez pas assez attentivement. Que voulez vous, l’amour (et le fanatisme) rendent sourd et aveugle à ce qu’on n’a pas envie de voir et d’entendre…

      Quant à dire que le PS ait jamais été un parti de gauche, c’est très discutable,(…)

      Doit-on conclure que Jean-Luc Mélenchon a milité l’essentiel de sa vie politique dans un parti de droite ? Je ne suis pas sur qu’il serait d’accord pour voir les choses ainsi. Personnellement,
      comme je l’ai dit plusieurs fois ici, accorder des étiquettes “gauche” et “droite” ne m’intéressent pas particulièrement.

      et quant à renchérir en disant que le FG est la gauche radicale, c’est une vue discutable aussi : pour moi,ce sont eux les véritables socialistes

      Si cela vous fait plaisir… personnellement, les étiquettes ne m’intéressent plus. Je prends chacun en fonction de ses actes, et je me fous de savoir qui aura le tampon de “vrai socialiste”, de
      “véritable révolutionnaire” et ainsi de suite. Laissons les AOC aux vins et aux fromages.

      Le problème est qu’on met du temps à se rendre compte, et le seul avantage que j’aie vu lorsque M. Sarkozy a été élu en 2007, c’est qu’au moins, là, on savait clairement QUI était notre
      adversaire,

      Pourquoi, du temps de Balladur ou de Chirac vous ne le saviez pas ? Votre commentaire éclaire singulièrement ce qui nous sépare: pour vous, la question politique se réduit à l’identification d’un
      “adversaire-ennemi” sur lequel taper. Pour moi, c’est la définition de son propre projet qui est l’essentiel de la politique. Je n’ai pas besoin d’un grand méchant loup me faire peur et me
      pousser à agir.

      Comment ça ne soulève pas le coeur, d’accepter d’entendre que certains, à droite puissent imaginer sans complexe s’allier avec le FN, et que tous les démocrates de droite et de gauche ne
      soient plus vent debout, cela me fait froid dans le dos!

      Ce qui devrait vous faire plus encore froid dans le dos, c’est de penser qu’il y en a pas mal à gauche qui sont prêts à alimenter le FN pour emmerder la droite. C’est ce que Mitterrand a fait
      pendant tout son mandat. A l’epoque, un jeune sénateur socialiste s’appellait Jean-Luc Mélenchon. Tiens, je ne me souviens pas qu’il ait protesté à l’époque contre cette stratégie
      mitterrandienne. Mais cela doit être ma mémoire, n’est ce pas ?

      Je suis reconnaissante au FG de proposer une alternative cohérente et conforme à l’idée de que je me fais de la gauche, et je ne suis pas la seule…

      La “cohérence” de l’alternative en question m’échappe. Mais lorsqu’on nous propose quelque chose qui est “conforme à l’idée que nous nous faisons”, en général on n’est pas trop exigeant.

      Pour moi il est l’heure de choisir son camp, et de le dire clairement!

      Un peu ce que disait George Bush: “celui qui n’est pas avec moi est contre moi”… Vous avez une vision remarquablement binaire de la politique: d’un côté les “bons”, de l’autre les “méchants”,
      et on est sommé de choisir son camp. Mais la réalité est infiniment plus compliquée que ça. Il n’y a pas deux camps, il y a une gradation infinie de nuances. Sans compter qu’il y a des gens
      infiniment plus décents dans le camp que vous qualifiez de manière indiscriminée de “fasciste” que certains qui se situent dans le camp que vous revindiquez comme le votre. Avez vous oublié le
      Mitterrand qui amnistie l’OAS et protège les anciens collabos ? C’est le même Mitterrand que votre idole vénère…

      En tout cas, moi j’ai choisi mon camp, et je vous le dis clairement: j’ai choisi le camp de la Raison contre tous les obscurantismes. Y compris l’obscurantisme qui consiste à utiliser le réflexe
      de Pavlov des militants de la “gauche radicale” en agitant devant eux l’épouvantail lépéniste.

      Je préfère largement le socialisme à la FG plutôt que laisser avancer cette violence.

      Car, Monsieur, je préfère la gauche plutôt que le fascisme rampant de notre actuelle société. Je préfère largement le socialisme à la FG plutôt que laisser avancer cette violence.

      Et bien, moi je ne choisis ni l’un ni l’autre. Ni le “fascisme rampant” ni le gauchisme ne me satisfont. Et comme heureusement, il y a d’autres choix possibles…

      J’avoue que votre manière de laisser entendre que les 4 millions de personnes qui ont voté FG au premier tour, ne sont pas pour grand chose dans l’élection du PS au second

      Mais… je n’ai jamais rien dit de tel. Vous devriez lire avec attention avant de commenter. Ce que j’ai dit, c’est que le Front de Gauche n’y est pas pour grande chose dans l’élection de
      François Hollande. Contrairement à vous, je ne confond pas les 4 millions d’électeurs qui ont voté FdG et le Front de Gauche lui même.

      Le Front de Gauche, contrairement à ce que vous et Mélenchon semblez croire – disons plutôt que vous le croyez, et que Mélenchon fait semblant de le croire – n’a qu’une faible influence sur ses
      électeurs. Si le FdG avait appelé à voter Sarkozy, ses élécteurs auraient voté quand même pour Hollande. Dire alors que c’est au FdG que Hollande doit son élection, c’est ridicule. Vous
      observerez d’ailleurs qu’un certain nombre d’électeurs de Marine Le Pen ont aussi voté Hollande. Si ces électeurs avaient voté Sarkozy, Hollande aurait été battu. Avec le raisonnement de
      Mélenchon, il faudrait déduire que Hollande doit son élection au FN…

      et en plus de laisser entendre qu’on serait faits instrumentaliser,

      Meuh non, meuh non! Qui a pu vous donner une idée pareille…

       

       

       

       

  14. sandrinedg dit :

    Vos commentaires sont souvent d’une suffisance insupportable, oui, effectivement, vous parlez comme M. Slama, l’argumentation ne vous étrangle pas, et les affirmations gratuites non plus.

    Vous avez souvent une parole qui s’auto suffit, pour un peu, vous vous citeriez vous-même.Le ton global des discussions est”on est bien entre soi non?”

    Rien à voir avec une démonstration ni un raisonnement, on attend plus de rigueur intellectuelle, surtout pour la violence (mais à mi_voix bien sûr )de certains propos : démonter, ironiser sur tel
    ou tel, tout le monde à un moment en prend pour son grade.

     

    Ca ne vous dérange pas de vous poser en arbitre permanent ?

    Tout cela n’est-il pas un peu pédant? Peut-être un tantinet bourgeois?

    Et bien , je trouve moi, que c’est bien triste, mais je ne suis qu’ouvrière!

    Je me laisse abrutir par la faconde d’un Mélenchon, éblouir comme une bêtasse par le dernier séducteur qui passe!( Je vous précise que c’est de l’ironie!)

    Quant aux idées, c’est connu, il n’y a que certains élus qui les comprennent, pourquoi s’ennuyer à ne serait-ce que les exposer selon des modes compréhensibles: autant continuer à prendre les
    gens pour des abrutis n’est-ce pas?

    Mélenchon est très clair face au fascisme rampant, moi j’attends que tout le monde en fasse autant avant de moraliser et de donner des leçons à tout va!

    Et notamment, par exemple, de prétendre qu’il n’y a pas d’explications du programme de la gauche radicale (FG), c’est un des partis qui a été le plus pédagogique et qui lui en revanche, commence
    à ne plus se lire qu’entre soi.

    Bien le bonsoir Môssieur

    • Descartes dit :

      Vos commentaires sont souvent d’une suffisance insupportable

      Personne ne vous oblige à les lire. Si vous les trouvez “insupportables”, je ne peux que vous conseiller de vous abstenir.

      oui, effectivement, vous parlez comme M. Slama, l’argumentation ne vous étrangle pas, et les affirmations gratuites non plus.

      Pourriez-vous donner un exemple de “affirmation gratuite” de ma part ? J’ai l’impression que vous pratiquez assidûment ce que vous reprochez aux autres. Quant à l’argumentation… je laisse mes
      lecteurs juges de votre accusation. Cela étant dit, je n’ai pas entendu beaucoup d’arguments de votre part jusqu’à maintenant. Seulement des attaques personnelles. Et en général, lorsqu’on a
      recours à ce genre d’attaques, c’est parce qu’on n’a pas d’arguments crédibles…

      Je me laisse abrutir par la faconde d’un Mélenchon, éblouir comme une bêtasse par le dernier séducteur qui passe!( Je vous précise que c’est de l’ironie!)

      La précision était absolument nécessaire, en effet…

      Quant aux idées, c’est connu, il n’y a que certains élus qui les comprennent, pourquoi s’ennuyer à ne serait-ce que les exposer selon des modes compréhensibles: autant continuer à prendre les
      gens pour des abrutis n’est-ce pas?

      Encore une fois, je laisse juge mes lecteurs du bien fondé de ces accusations. J’essaye depuis un bout de temps dans ce blog d’exposer de manière simple des idées compliquées. J’accepterais le
      reproche de ne pas y avoir réussi, mais pas celui de ne pas avoir essayé. Cela étant dit, je suis persuadé que si au lieu de contredire votre bien-aimé Mélenchon j’avais au contraire applaudi ses
      dires, vous auriez trouvé ma pédagogie tout à fait remarquable. De la même manière que vous me reprochez de ne pas “argumenter” et de procèder par “une parole qui s’auto-suffit” alors que le
      discours de votre leader adoré est construit exactement sur ce modèle-là.

      Mélenchon est très clair face au fascisme rampant, moi j’attends que tout le monde en fasse autant avant de moraliser et de donner des leçons à tout va!

      “Moi j’attends…” ? Et après vous allez me reprocher la “suffisance” de mes commentaires ? Revenez sur terre: nous sommes dans un pays libre, et chacun dit ce qu’il a envie de dire. Si vous avez
      envie de croire ceux qui voient le “fascisme rampant” partout, c’est votre droit. Mais d’autres pensent que ce “fascisme rampant” n’est qu’une invention pour occulter le vide sidéral de son
      propre projet et galvaniser les militants en leur offrant un croquemitaine sur lequel taper. Et ceux-là ont autant droit à s’exprimer que vous.

      Que voulez-vous, il est toujours plus facile de dire “tous contre Marine” que de trouver une proposition pour sortire de la crise.

      Et notamment, par exemple, de prétendre qu’il n’y a pas d’explications du programme de la gauche radicale (FG), c’est un des partis qui a été le plus pédagogique et qui lui en revanche,
      commence à ne plus se lire qu’entre soi.

      Auriez vous l’obligeance de m’indiquer où j’aurais dit que “il n’y a pas d’explications du programme de la gauche radicale” ? Pour quelqu’un qui me reproche mes “affirmations gratuites”, vous
      manques singulièrement de cohérence…

      Ce n’est pas les explications qui manquent. Ce qui manque, c’est le chiffrage, ce qui manque, c’est la cohérence et la hiérarchisation entre les propositions. Ce qui manque, c’est de dépasser le
      catalogue des mesures qui fait plaisir à chaque catégorie et d’expliquer comment et à quel coût ces mesures pourraient être mises en oeuvre. Ce qui manque, enfin, c’est le réalisme: pour ne
      donner qu’un exemple, la politique monétaire proposée par le FdG et que j’ai eu l’opportunité d’entendre de la bouche de J. Généreux est inapplicable, et j’ai expliqué pourquoi sur ce blog, je
      n’y reviens pas.

      Bien le bonsoir Môssieur

      Bien le bonjour, Maîtresse…

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