Front de Gauche: Répenser les alliances

Hier, la décision est finalement tombée: le PCF ne participera pas au gouvernement de Jean-Marc Ayrault. La décision ne surprendra personne. Elle ne fait que traduire les résultats des élections législatives. La faiblesse du Front de Gauche et les excellents résultats du PS ont réduit la marge de négociation des communistes à néant. Dans ces conditions, une participation ne peut se faire qu’aux conditions du PS, c’est à dire, le ralliement pur et simple. D’autre part, comme les socialistes ont bien marqué qu’ils n’étaient pas prêts à faire la moindre concession au PG, participer au gouvernement impliquait tourner le dos définitivement à la stratégie de Front de Gauche, et donc pour les dirigeants du PCF à manger leur chapeaux.

 

Jusqu’à la dernière minute, pourtant, le PCF a voulu maintenir les options ouvertes. Comment sinon interpréter le fait que cette décision, dont le principe aurait pu être discuté depuis des semaines, ait été pris aussi tard et dans une telle précipitation ? Imaginez-vous: un Conseil National du PCF examine le 18 juin le document qui sera soumis au vote des militants le 19 pour être finalement voté par une Conférence Nationale le 20. On savait les militants du PCF réactifs, mais tout de même… 24 heures pour examiner un texte, le discuter et le voter, est-ce des conditions qui permettent un débat serein ? Bien sur que non. Alors, pourquoi une telle précipitation ? Pourquoi ne pas avoir lancé cette discussion dès l’élection de François Hollande ? Que craignait la direction du PCF, puisque de toute manière le résultat du vote était par avance acquis ?

 

Et bien, l’explication éclaire d’un jour intéressant la situation du PCF. Jusqu’à la dernière minute, la direction du PCF a espéré un miracle: que le PS n’ait pas la majorité absolue tout seul, et que le résultat du PCF fut suffisant pour lui donner un rôle “charnière” dans la nouvelle majorité. Ou bien que les socialistes, en souvenir de leurs vieilles amours, seraient prêts à faire un geste, une concession programmatique qui permette au PCF d’y aller sans perdre la face. Peine perdue. Comme l’avait dit Claude Bartolone après les dernières cantonales, le PCF est mort et à rien ne sert d’essayer de le préserver, même comme force d’appoint. Jospin voyait un certain intérêt à ménager le partenaire communiste, qui à défaut de pouvoir lui disputer la primauté conservait encore un pouvoir de nuisance certain. François Hollande peut se permettre de le tenir pour quantité négligeable.

 

Il y a quelque chose de pathétique dans le texte voté par les communistes trois fois à trois jours d’intervalle. On y peut lire que “Pour l’heure, nous ne nous reconnaissons pas dans une conception présidentialiste du gouvernement
qui réduirait sa feuille de route au programme de premier tour du Président, un programme qui ne se donne pas, selon nous, les moyens du changement. Une conception qui nous paraît d’autant plus réductrice que le Président actuel a été élu grâce à une majorité beaucoup plus diverse, et notamment les 4 millions de voix du Front de gauche“. Il y a là une profonde incompréhension de la dynamique de l’élection présidentielle. 

 

Les rédacteurs de ce texte continuent à raisonner comme si le PCF avait encore derrière lui un électorat discipliné, qui suit ses consignes. Si tel était le cas, alors oui, Hollande devrait son élection à ceux qui auraient donné l’ordre de voter pour lui, et il serait juste de demander des contreparties – à condition de les demander avant l’élection. Mais l’époque ou le PCF avait ce pouvoir est depuis longtemps révolue. Aujourd’hui, les gens votent ce qu’ils ont envie de voter, et ce sont les partis qui courent derrière. Et ceux qui croient que si la direction du PCF avait appelé ses électeurs à voter contre Hollande ce dernier aurait été battu se bercent de douces illusions. François Hollande a été élu avec dix-huit millions de voix. Parmi ces voix, il y a peut-être celles des quatre millions qui ont voté Mélenchon au premier tour. Mais ces quatre millions de voix ne sont pas des “voix du front de Gauche”. Elles ne lui appartiennent pas. Ce ne sont pas des voix que le Front de Gauche aurait pu donner ou refuser au candidat socialiste. Avant le deuxième tour, François Hollande a explicité son programme. Et dix-huit millions d’électeurs ont voté pour lui. Au nom de quoi pourrait-on lui demander de revenir sur ses engagements sous prétexte que certains de ses électeurs auraient voté tel ou tel autre candidat au premier tour ? Ceux qui au premier tour auront voté Bayrou ou Le Pen et qui ont voté pour Hollande au deuxième tour auraient-ils droit, eux aussi, à ce que le président change la “feuille de route” du gouvernement pour tenir compte de leur vote ?

 

Au fond, le PCF est toujours dans la logique de la IVème République: les gens votent pour des partis, et ceux-ci négocient ensuite le programme du gouvernement, au risque d’aboutir à des compromis boiteux, à des mesures incohérentes ou contradictoires, quand ce n’est pas au “saupoudrage” clientéliste pour donner un bout de fromage à chacun (1). Mais la logique de la Vème est toute autre: les candidats présentent des projets qui sont soumis au pays. Et c’est le projet qui déplaît au moindre nombre qui est mis en oeuvre (par le mécanisme “au premier tour on choisit, au second on élimine”), en principe dans son intégralité aux aléas des contre-poids démocratiques près. Dans cet esprit, demander à Hollande de modifier son programme pour “tenir compte des 4 millions de voix du Front de Gauche” n’a pas de sens. Ce serait trahir les quatorze autres millions, qui ont eux voté pour que le programme Hollande soit appliqué tel quel… (2)

 

Le raisonnement du PCF – c’est encore pire au Front de Gauche – est un raisonnement de “parti charnière” qui illustre jusqu’à la caricature pourquoi il ne faut pas aller vers la proportionnelle. Si François Hollande a été élu par quatorze millions de voix “sociales-libérales” et par quatre millions de voix “front de gauche”, la logique voudrait qu’il fasse une politique “sociale-libérale”. Le Front de Gauche semble appeler de ses voeux un système à l’israélienne ou les voix qui se portent sur les partis extrémistes minoritaires pèsent finalement plus lourd à l’heure des choix que les voix qui se portent sur les partis majoritaires. Ce n’est pas ce que les français veulent, et ils ont raison. Certains m’objecteront que le taux d’abstention aux législatives est la preuve que le système n’a pas de légitimité. C’est à mon avis un mauvais raisonnement: la légitimité du parlement ne se mesure pas au nombre de gens qui vont voter, mais au statut que les gens donnent aux lois. D’innombrables exemples – pour n’en donner que deux, la loi sur la reforme des retraites et les deux lois sur le port du voile – montrent au contraire que le vote parlementaire conserve toute sa légitimité, puisqu’il met fin aux débats sans qu’il y a pour autant une résistance des citoyens à leur mise en oeuvre. Il y eut des grandes manifestations contre la réforme des retraites avant le vote de la loi, aucune après. Tout simplement parce que les organisations syndicales sont conscientes que les français ne toléreraient pas qu’on proteste contre une loi votée par le Parlement. Difficile de trouver une meilleure preuve de légitimité.

 

La conclusion de ce raisonnement est évidente: dans la logique actuelle – et elle n’est pas prête de changer – le programme de gouvernement s’écrit avant l’élection présidentielle, et non après. Si l’on veut peser sur celui-ci, il faut arriver à un compromis préalable au vote. Après, c’est trop tard. Une fois que le peuple s’est exprimé en élisant le porteur d’un programme, celui-ci ne peut le modifier sous peine de trahir ce vote. Cette simple constatation oblige le Front de Gauche à repenser ses rapports avec le PS sous peine de se marginaliser définitivement. Et là, il a un choix à faire: soit négocier avant, avec des chances de peser sur un projet qui sera commun, soit aller à l’élection avec son propre projet et demander aux citoyens d’arbitrer. Mais si l’on choisit la deuxième option, on ne peut pas ensuite se plaindre que le gagnant n’accepte pas de modifier son programme – au mépris de l’arbitrage – pour accommoder le perdant. C’est un peu comme dans un procès civil: on peut toujours négocier avant le jugement, mais une fois que le juge s’est prononcé, il n’y a plus à discuter et le perdant paye le gagnant. Le jeu électoral – quelque soit le système retenu, d’ailleurs – a sa règle du jeu. Le scrutin majoritaire privilégie ceux qui arrivent à passer des accords avant le premier tour. Bien sur, un parti est libre de jouer ou non le jeu, mais s’il refuse de le jouer, il ne peut pas ensuite pleurnicher que ses résultats sont mauvais parce que le système serait “injuste”.

 

Chacun peut avoir son opinion sur le Parti Socialiste, et on ne peut pas me suspecter d’avoir une quelconque tendresse envers lui. Mais il faut admettre la réalité: le PS occupe une place dominante dans la gauche, qui ne fait que traduire la place dominante des couches bénéficiaires des politiques “sociales-libérales” à la gauche de l’échiquier politique. Sauf à ramener les couches populaires vers la gauche – comme le fit le PCF pendant trente ans – aucune  organisation de la “gauche radicale” n’est donc en mesure aujourd’hui de lui disputer cette place. Le jeu électoral à gauche s’organise donc autour de lui. A partir de là, il faut faire le choix: ou bien arriver à des accords avant l’élection – qui peuvent être stratégiques ou plus logiquement tactiques – pour accéder à une parcelle de pouvoir, parcelle forcément limitée par l’état du rapport de forces; ou bien se mettre en marge du système en claironnant une “autonomie” absolue. A droite, le Front National a fait ce deuxième choix et pratique avec succès une politique d’influence qui ne s’appuie pas sur les élus. A gauche, le Front de Gauche n’arrive pas à se décider, notamment parce que le PCF est déchiré entre les tendances “isolationnistes” d’une partie de sa base qui voudrait revenir à une pureté originelle – et largement imaginaire – en coupant les ponts avec le PS, et la “realpolitik” de l’appareil dont l’objectif est de sauver le capital d’élus.

 

Pour les raisons que j’ai expliqué, le système électoral majoritaire ne permet pas d’être en même temps “pur” et avoir des élus. Le FN l’a compris et s’est résigné à une représentation sans aucun rapport avec son poids électoral, sans pleurnicher à chaque fois sur l’injustice du monde. Le PCF, comme l’âne de Buridan, n’arrive pas à choisir entre ses élus et sa pureté. Voulant avoir les deux, il fait par défaut le choix de n’avoir aucun.

 

Je pense, personnellement, que le choix des “purs” – quelque soit la sympathie personnelle que j’éprouve pour eux – est désastreux. Il réduirait le PCF à devenir un NPA ou LO bis, isolé dans sa tour d’ivoire en attendant le jour de l’apocalypse.  Mais la “realpolitik” telle qu’elle a été pratiquée par la direction du PCF – c’est à dire, en prétendant qu’il existe des accords ou des coïncidences programmatiques là où il n’y en a pas – l’est aussi. Elle a conduit le PCF à vendre plusieurs fois son âme pour un plat de lentilles. Alors, des accords avec le PS, oui, mais des accords pesés, réfléchis, et surtout, dont les motivations doivent être transparentes pour les électeurs. Essayer de faire croire aux citoyens que tout à coup on est d’accord sur un projet – comme ce fut le cas avec la “gauche plurielle” – est idiot, et tout aussi idiots sont les accords fondés sur la désignation d’un ennemi commun, genre “battre la droite” ou “barrer la route au FN”. Les électeurs sont intelligents, et ils savent eux aussi que la politique est faite de rapports de force, et non d’embrassades entre bisounours. C’est pourquoi d’ailleurs pleurnicher sur la volonté du PS d’avoir le pouvoir tout seul est ridicule. Après tout, imaginons la situation inverse: si Mélenchon avait été élu à l’Elysée, n’aurait-il pas essayé d’avoir une majorité à lui pour lui permettre d’appliquer son programme ? Et s’il l’avait obtenue, aurait-il modifié ce programme pour tenir compte des “quatre millions d’électeurs “sociaux-libéraux” de François Hollande qui ont voté pour lui au deuxième tour” ? Bien sur que non. Et les électeurs le comprennent parfaitement.

 

Non, les accords ne sont jamais fondés sur l’amour entre les parties. Ils sont fondés sur une convergence d’intérêts, c’est à dire, sur l’avantage que chaque partie peut en tirer, et sur l’analyse coût/avantages. Il n’y a rien de honteux à faire un accord de désistement réciproque avec des gens avec qui on n’est d’accord sur rien si l’on conclut que l’avantage tiré de l’accord en vaut la peine. Et l’électorat peut parfaitement le comprendre si on lui explique les faits sans fard et sans vouloir déguiser les réalités sous les grands principes.

 

Mais pour négocier un tel accord, encore faut-il savoir ce qu’on veut. En d’autres termes, il faut savoir hiérarchiser les mesures de son programme et avoir une idée de quel serait le périmètre des mesures qui, si elles étaient reprises par le parti dominant, justifieraient un accord de désistement au premier tour. Les écologistes ont su le faire: en 1997, ils ont eu la peau de Superphénix, un objectif qu’ils poursuivaient depuis des lustres, en échange de leur soutien. Qu’est ce que le PCF a obtenu comme mesure en 1997 pour prix de sa participation au gouvernement ? Rien. Absolument rien. Et c’est normal, puisque le PCF ne savait pas quoi demander et s’est contenté lors de la négociation d’un vague accord “pour une politique de gauche”. Essayez de faire l’exercice: en lisant “l’humain d’abord”, sauriez-vous me dire quelles seraient les mesures qui, si elles avaient été reprises par François Hollande, auraient rendu possible la participation du Front de Gauche au gouvernement ? Lorsque le Comité National du PCF déclare que “les conditions de notre participation au gouvernement Ayrault ne sont pas réunies. Ce qui ne préjuge pas de l’avenir, nous restons disponibles au cas où elles se créeraient“, de quelles conditions parle-t-on ? Quelle serait l’offre considérée comme suffisante pour “créér les conditions” qui ne sont pas réunies aujourd’hui ? Ces questions soulignent combien le travail sur la question du programme, et notamment une hiérarchisation des propositions qui permettrait de sortir d’un “tout ou rien” gauchiste, est essentielle si l’on veut éviter la marginalisation complète.

 

Je crains que “l’autonomie conquérante” – le nouvel slogan du Front de Gauche – ne conduise finalement à une marginalisation définitive de la “gauche radicale”. Cette marginalisation serait-elle une tragédie ? Je commence à me le demander… quand on voit les dégâts que cette “gauche” a fait..

 

Descartes

 

 

 

(1) Exemple: la politique énergétique du gouvernement Jospin, qui a maintenu le choix du nucléaire tout en jetant aux lions Superphénix puisque c’était le prix des Verts pour participer à la majorité.

 

(2) En fait, c’est plus compliqué que ça: Hollande a été élu par les voix socialistes et Front de Gauche, certes, mais cela n’aurait pas suffi: il a fallu aussi l’appoint d’électeurs du FN, du Modem… faudrait-il demander à Hollande de modifier son programme pour accommoder les préoccupations de ces électeurs aussi ? On voit bien qu’on arrive rapidement à des contradictions insurmontables…

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14 réponses à Front de Gauche: Répenser les alliances

  1. Trubli dit :

    Il est dommage qu’une personne de votre intelligence ne soit pas à la tête du PCF. Peut-être n’êtes-vous pas assez magouillard ou n’avez-vous pas les dents qui raient le parquet ?!

    Votre article me semble limpide. Il devrait être placardé à la sortie du métro Colonel Fabien. Cependant il y a un point sur lequel je ne vous suis pas : la politique d’influence réussie du
    FN. 

    Je ne vois pas en quoi ils sont influents. Si vous mesurez l’influence au battage médiatique, alors oui ils sont influents car ils réussisent à imposer leurs thématiques dans les débats et toute
    la sphère politique se positionne par rapport à eux. Maintenant si leur influence se mesure en terme d’ arrêtés, décrets, lois, directives et traités alors leur influence est cacahuète. 

    • Descartes dit :

      Cependant il y a un point sur lequel je ne vous suis pas : la politique d’influence réussie du FN.  Je ne vois pas en quoi ils sont influents. Si vous mesurez l’influence au battage
      médiatique, alors oui ils sont influents car ils réussisent à imposer leurs thématiques dans les débats et toute la sphère politique se positionne par rapport à eux. Maintenant si leur influence
      se mesure en terme d’ arrêtés, décrets, lois, directives et traités alors leur influence est cacahuète. 

      Leur influence n’est pas que médiatique, elle se manifete aussi dans le domaine législatif et réglementaire. Dans un système démocratique comme le notre, le fait d’imposer ses thématique dans le
      débat public et d’obliger les politiques à se positionner par rapport à soi n’est pas neutre. Les législateurs, le gouvernement savent qu’ils agissent sous les feux de l’opinion. Une fois qu’un
      sujet est sur la place publique, ils se sentent obligés à légiférer dans le domaine. Et lorsqu’ils savent qu’ils risquent à tout moment d’être cloués au pilori audiovisuel pour avoir été trop
      “mous”, par exemple, cela pèse sur leurs décisions.

      Notre système de “démocratie d’opinion” est un filon inépuisable pour ces “politiques d’influence”. Ainsi par exemple les écologistes ont réussi, avec une représentation d’élus négligéable, à
      imposer leurs sujets (abandon de Superphénix, principe de précaution dans la Constitution…). Si demain Hollande ferme Fessenheim, ce n’est pas par conviction personnelle, tu peux me croire…

  2. Serge dit :

    Bonjour. En vous lisant, une phrase m’est revenu en tête : “Jean-Luc Mélenchon est la voiture balai de François Hollande”, de Mme Le Pen, prononcé durant une sublime débat animé de question de fond
    et qui a grandi la France. Force de constater que la prédiction est devenu réalité. À la manière du Front National, certes (c’est à dire en balançant mille prédictions à la fois, en attendant
    qu’une au moins devienne réalité dans X temps), mais il faut bien lui reconnaître cela. La voiture balai qui nous sert à déblayer le terrain miné, sans que l’on soit trop éclabousser. Puis on
    arrive derrière pour finir le boulot, en rangeant la voiture balai là où elle devrait être, c’est à dire à la remise en attendant la prochaine fois. Bien évidemment, la voiture balai a certainement
    des idées et une petite conscience de soi, mais on s’en fout. Après tout, la voiture balai est au service de l’homme, et malgré ses gesticulations pour s’affirmer, elle a tout de même l’air de
    s’accommoder à la situation, et vu ses demandes schizophrènes qui n’ont ni queue ni tête, l’homme a donc bien raison de ne pas se laisser enquiquiner par cette machine un peu folle et qui semble
    issu d’un autre siècle (les inconvénients sans les avantages), malgré son rafistolage pour avoir l’air moderne. De toute façon, le prochain modèle de voiture balai devrait bientôt sortir des usines
    de productions roumaine, alors… En tant que français lambda, je pense être au fait des choses politiques, dû moins en surface, sans pour autant être un petit génie au courant de toute les
    tactiques politiciennes et en calculant précieusement mon prochain vote. Ce que je reproche au Front de Gauche, c’est surtout qu’il n’arrête pas de changer au gré du vent, tel une girouette. Les
    autres partis font de même, mais on peut dégager une tendance et une idéologie globale. Le Front de Gauche, hormis apporter joie et bonheur (notion un peu vague) pour celui qui y croit, j’ai dû mal
    à saisir ce qu’il souhaite précisément pour la France, hormis accéder au pouvoir. En commençant à m’intéresser à la vie politique de mon pays, il y a quelques temps (je suis relativement jeune),
    j’ai d’abord été enthousiasmé par le Front de Gauche. Puis finalement, j’ai compris n’avoir rien compris et je pense n’avoir toujours rien compris à ce “front”. Je me suis lassé et je suis allé
    voir ailleurs, pour voir si l’herbe était plus verte (sans pour autant être légalisé :-). Je me pose d’ailleurs toujours la question si le FG est globalement pour ou contre le gouvernement actuel,
    et si il aurait soutenu ou, au contraire, voté systématiquement contre les projets. Même au niveau local (canton de Montreuil-Bagnolet, en Seine-Saint-Denis), je ne comprends pas ce qu’ils veulent
    vraiment, hormis en découdre avec leurs “ennemis”. Je n’accroche pas vraiment avec les idées des Verts, mais ils ont finement joué leur coup (c’est d’ailleurs une habitude, d’après ce que je lis
    dans ce billet). Le MRC aussi d’ailleurs, partant avec une existence pas vraiment marqué dans l’opinion de masse (personne autour de moi ne connaît ce parti, hormis de nom) mais finissant avec 3
    députés. Bon, ce n’est pas la panacée, ce n’est même pas une victoire, mais au moins, ils existent, et avec un peu de pot, leurs opinions peut légèrement compter et se transmettre au sein des
    députés PS. Bon, désolé, ce commentaire est un peu décousu (et je me demande si il est en lien avec l’article) et il raconte un peu ma vie, mais je n’ai pas vraiment l’habitude des blogs. Et une
    dernière chose, qui n’a rien à voir (encore une fois). Avant hier est paru l’observation du Conseil Constitutionnel sur les élections présidentielles:
    http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2012/2012-155-pdr/decision-n-2012-155-pdr-du-21-juin-2012.114776.html
    (Désolé pour le lien brut, je laisse javascript désactivé vu que mon pc est un peu ancien et qu’il se coupe quand il chauffe de trop, je n’ai pas accès à la mise en page d’overblog) Une phrase à
    attirer mon attention : “”” […] En outre, [l’actuel dispositif de présentation] suscite des débats et laisse subsister une incertitude sur la possibilité de participer au premier tour du scrutin
    de représentants de certaines formations politiques, présentes lors de scrutins précédents, qui ont obtenu en définitive un très grand nombre de voix.””” Parleraient-ils du fait que Mme Le Pen ait
    pleuré pendant plusieurs semaines de ne pas pouvoir se présenter, à cause de la difficulté d’obtenir des parrainages suffisants, selon vous ? Fichtre, décidément, ce système de représentation, on
    lui fait dire ce que l’on veut bien lui faire dire. Le système ne serait-il en définitive qu’à moitié pourri et non démocratique ? 🙂 M’enfin, je n’attends rien de cette personne et de ce parti,
    donc, je m’en fiche un petit peu, mais je dois avouer que ça me fait un peu sourire de voir un parti anti-système dans les paroles, parfaitement intégré dans le système dans les faits. Et encore
    une fois, je me joins à la foule de groupies pour vous féliciter pour l’écriture de votre blog. Je suis quelques fois en désaccord avec ce que vous écrivez, mais je continue à lire parce que votre
    raisonnement se tient et j’aime bien chambouler ma manière de penser par moment.

    • Descartes dit :

      Bonjour. En vous lisant, une phrase m’est revenu en tête : “Jean-Luc Mélenchon est la voiture balai de François Hollande”,

      Je ne partage pas votre sentiment. Mélenchon n’a pas été la “voiture balai de François Hollande” simplement parce qu’il n’y avait rien à “balayer”. Les électeurs de Mélenchon auraient voté pour
      le candidat socialiste au deuxième tour quelque soit la position prise par le Front de Gauche. L’antisarkozysme aurait à lui seul suffit à obtenir ce résultat. C’est pourquoi la déclaration de
      Mélenchon comme quoi c’est le Front de Gauche qui a fait gagner Hollande est absurde.

      Ce que je reproche au Front de Gauche, c’est surtout qu’il n’arrête pas de changer au gré du vent, tel une girouette.

      Je vous trouve un peu sevère. Moi j’aurais tendance au contraire à lui reprocher le contraire: elle pointe dans la mauvaise direction (les question “sociétales” à la bisounours) et refuse de
      bouger alors que les vents changent.

      En commençant à m’intéresser à la vie politique de mon pays, il y a quelques temps (je suis relativement jeune) (…) ,je ne comprends pas ce qu’ils [le FdG] veulent vraiment, hormis en
      découdre avec leurs “ennemis”.

      Ce n’est pas une quetsion de jeunesse. Je suis un vieux militant blanchi sous le harnois… et je ne comprends pas non plus ce que le FdG veut vraiment… et je ne suis pas le seul.

      Une phrase à attirer mon attention : “”” […] En outre, [l’actuel dispositif de présentation] suscite des débats et laisse subsister une incertitude sur la possibilité de participer au
      premier tour du scrutin de représentants de certaines formations politiques, présentes lors de scrutins précédents, qui ont obtenu en définitive un très grand nombre de voix.””” Parleraient-ils
      du fait que Mme Le Pen ait pleuré pendant plusieurs semaines de ne pas pouvoir se présenter, à cause de la difficulté d’obtenir des parrainages suffisants, selon vous ? Fichtre, décidément, ce
      système de représentation, on lui fait dire ce que l’on veut bien lui faire dire.

      Certainement. Mais il ne s’agit pas ici d’un problème de “représentation”, mais deu système de pré-selection des candidats. Le Conseil s’inquiète, à juste titre à mon avis, de voir que des
      candidats qui ont une véritable représentativité puissent être absents du débat présidentiel parce qu’il leur manque le soutien des “notables” locaux. Le système des 500 parrainages était conçu
      comme un filtre du “sérieux” des candidats, et non comme un filtre politique. Or, il le devient de plus en plus, notamment depuis que les parrainages sont publics et soumettent donc l’élu à la
      sanction électorale s’il choisit de parrainer un candidat “sérieux” mais qui déplaît à ses électeurs.

      M’enfin, je n’attends rien de cette personne et de ce parti, donc, je m’en fiche un petit peu, mais je dois avouer que ça me fait un peu sourire de voir un parti anti-système dans les
      paroles, parfaitement intégré dans le système dans les faits.

      Je ne vois pas en quoi il serait “intégré dans le système dans les faits”. Avoir deux élus nationaux, pour un parti qui attire un citoyen sur cinq, ce n’est pas “être intégré”, si vous voulez mon
      avis.

      Et encore une fois, je me joins à la foule de groupies pour vous féliciter pour l’écriture de votre blog. Je suis quelques fois en désaccord avec ce que vous écrivez, mais je continue à lire
      parce que votre raisonnement se tient et j’aime bien chambouler ma manière de penser par moment.

      Merci beaucoup de cet encouragement, et n’hésitez pas à intervenir. Je suis toujours intéressé de savoir pourquoi les gens ne sont pas d’accord avec moi…

  3. J. Halpern dit :

    “des accords avec le PS, oui, mais des accords pesés, réfléchis, et surtout, dont les motivations doivent être transparentes pour les électeurs.”

    Personne ne devrait te contredire sur le principe, mais tu as toi-même montré que le PS estime ne plus avoir besoin du PCF. Quel matière, même technique, pour un accord en ce moment ? Le problème
    est bien que le Front de Gauche n’a pas la cohérence des idées et l’adhésion d’un électorat stable qui lui donnerait un pouvoir quelconque de négociation. Il lui reste deux voies possibles :
    celle de Robert Hue, ou l’isolement. Si celui-ci était appuyé sur une stratégie, il pourrait en tirer quelque bénéfice, à la manière du FN. Mais côté stratégie c’est mal parti.

    • Descartes dit :

      Personne ne devrait te contredire sur le principe, mais tu as toi-même montré que le PS estime ne plus avoir besoin du PCF. Quel matière, même technique, pour un accord en ce moment ?

      En ce moment, plus d’accord possible. C’était bien mon point: il faut négocier avant l’élection. Une fois que l’élection a eu lieu, il n’y a plus rien à négocier. Crois-tu que si les verts
      avaient négocié leur accord avec le PS après la victoire d’Hollande, ils auraient réussi ils à soutirer aux socialistes soixante circonscriptions dont dix-huit au moins éligibles ?

      Le problème est bien que le Front de Gauche n’a pas la cohérence des idées et l’adhésion d’un électorat stable qui lui donnerait un pouvoir quelconque de négociation.

      C’est certainement un problème, et même le problème fondamental. Mais puisqu’il reste au Front de Gauche – en fait au PCF – un petit capital, il faut le faire fructifier au mieux. En refusant
      l’accord avec le PS avant la présidentielle en espérant le miracle, le Front de Gauche n’a fait qu’empirer les choses.

      Si celui-ci était appuyé sur une stratégie, il pourrait en tirer quelque bénéfice, à la manière du FN. Mais côté stratégie c’est mal parti.

      C’était bien mon point…

       

  4. Gugus69 dit :

    Vous écrivez : “Mais la logique de la Vème est toute autre: les candidats présentent des projets qui sont soumis au pays. Et c’est le projet qui déplaît au moindre nombre qui est mis en
    oeuvre”. Ça, c’est la démocratie idéale ; dans la réalité il en va autrement. On a connu des présidents qui se sont fait élire sur la défense du pouvoir d’achat, le “travailler plus pour
    gagner plus”, et qui sont allés fêter leur victoire au Fouquet’s le bouclier fiscal en bandoulière !

    Chirac s’était fait élire sur le redressement économique en 1995, six mois avant le plan Juppé qui avait jeté le pays dans la rue.

    Relire aujourd’hui les promesses électorales de Mitterrand en 1988 et se rappeler la politique suivie par Rocard, Cresson et Beregovoy : quel grand écart là encore !

    La vérité, c’est que les électeurs sont les éternels cocus du système. À tel point que s’ils votent mal (le traité constitutionnel européen), on leur colle un traité de Lisbonne qui corrige leur
    erreur…

    Où voulez-vous chercher l’accroissement inouï de l’abstention ? Les électeurs sont cocus, floués, trompés et trahis en permanence. Les deux partis qui dirigent le pays en alternance en cumulant
    le tiers des inscrits ne se disputent que sur l’amertume de la potion et sur la bassesse de l’allégeance à Bruxelles et au CAC 40.

    On pourrait, si on le voulait, trouver un système électoral pour les législatives, qui concilie une juste représentation des courants de pensée, tout en dégageant des majorités viables. On l’a
    bien réussi pour les municipales !

    Là où vous avez raison, c’est qu’on peut envisager des coalitions basées sur des interêts bien compris, c’est le cas typique du Front populaire en 1936. Mais précisément, en 36, au premier tour
    chacun est allé à l’élection sous son propre drapeau. Pas de “candidats d’union” en 36 ! Et les communistes, en vrai révolutionnaires*, s’étaient appuyés sur les luttes pour infléchir la
    politique du gouvernement, dont, chacun le sait, ils n’étaient pas partie prenante.

    Alors pourquoi taxer d’isolationnisme une politique autonome du PCF qui se tournerait vers les travailleurs*, les masses populaires*, sans en espérer un bénéfice électoral immédiat ? Vous dites
    vous-même qu’une stratégie de ce type, mais à l’extrême-droite, a profité au FN… et à ses idées.

    Vous pensez que cela conduirait le parti communiste à une marginalisation gauchiste définitive, comme celle qui affecte LO et le NPA. Le problème, c’est que plus le parti s’affaiblit et plus vous
    aurez raison. Raison de plus pour réorienter très vite le PCF vers une stratégie révolutionnaire de reconquête ; avant qu’il ne soit trop tard.

    Car la clé est là : le PS a tous les pouvoirs… et il va mener une politique d’abandons de souveraineté et de capitulation face à la classe possédante* : sa logique d’acceptation du “marché” et
    des règles qui régissent l’Union européenne ne laisse aucun doute là-dessus. Un pôle de résistance à gauche peut trouver son espace au plus près des gens qui souffrent de la crise, dans les
    quartiers, les entreprises, sur les marchés et dans les réunions syndicales. Et Mélenchon ne l’occupera pas car ses intérêts et sa culture sont ailleurs.

    Cela ne se fera évidemment pas non plus avec Pierre Laurent et Marie-George Buffet, c’est très clair. Il faudra donc très vite, soit leur reprendre le PCF, soit reconstruire la barraque à côté.
    Êtes-vous bon maçon, Descartes ?

    *Non, ce ne sont pas des gros mots !

    • Descartes dit :

      c’est la démocratie idéale ; dans la réalité il en va autrement. On a connu des présidents qui se sont fait élire sur la défense du pouvoir d’achat, le “travailler plus pour gagner plus”, et
      qui sont allés fêter leur victoire au Fouquet’s le bouclier fiscal en bandoulière !

      Je ne saisis pas trop le rapport. En quoi le “travailler plus pour gagner plus” et la défense du pouvoir d’achat seraient-ils contradictoires avec une fête au Fouquet’s et le bouclier fiscal ?
      Encore une fois, je crois que votre antisarkozysme primaire vous égare: Sarkozy a promis beaucoup de choses qu’il n’a pas tenues. Mais il n’a jamais promis de ne pas fêter sa victoire au
      Fouquet’s, que je sache…

      Cela étant dit, vous avez raison de rappeler que les présidents ne tiennent pas forcément leurs promesses. C’est au peuple de veiller à ce qu’ils le fassent, et à les sanctionner dans le cas
      contraire. Il n’empêche que le système institutionnel de la Vème est fait pour que les citoyens choisissent entre les projets présentés, alors que les projets institutionnels fondés sur un
      gouvernement parlementaire et le scrutin proportionnel conduisent au contraire à ce que les citoyens choisissent entre les partis, et que ceux-ci ensuite négocient le projet. Personnellement, je
      prefère la première option.

      La vérité, c’est que les électeurs sont les éternels cocus du système.

      Pas tout à fait. C’est en fait un grand théatre: les hommes politiques promettent en sachant que certaines promesses ne seront pas tenues, les électeurs votent en sachant cela aussi. Au fond,
      personne ne trompe personne. C’est pourquoi la démocratie ne se réduit pas au vote: lorsque les citoyens tiennent vraiment à une promesse, ils le font savoir et les gouvernements sont obligés de
      la tenir.

      À tel point que s’ils votent mal (le traité constitutionnel européen), on leur colle un traité de Lisbonne qui corrige leur erreur…

      J’ai abondamment expliqué sur ce blog pourquoi le traité de Lisbonne ne “corrige” rien du tout. Les électeurs ont voté contre le traité constitutionnel, et l’Europe n’a pas de constitution.

      Où voulez-vous chercher l’accroissement inouï de l’abstention ? Les électeurs sont cocus, floués, trompés et trahis en permanence.

      Ou voyez vous un “accroissement inouï de l’abstention” ? C’est vrai pour l’élection législative, mais pas du tout pour l’élection présidentielle, ou la participation reste très élevée autour de
      80% et sans mouvement de baisse notable ? Si comme vous semblez le penser l’abstention est liée au fait que les électeurs se sentent “cocus, floués, trompés et trahis”, il faudrait conclure que
      les électeurs sont “floués, trompés et trahis” par leurs députés mais pas par leur président…

      En fait, l’abstention n’a aucun rapport avec le fait de se sentir “floués, trompés et trahis”. Les français continuent à voter massivement dans les élections où l’on élit des autorités qui ont le
      pouvoir de changer leurs vies (présidentielle, municipale), et boudent les scrutins qui ne changent rien (européennes et législatives en particulier). Ce qui tend à prouver au contraire que les
      français sont convaincus que leur vote, lorsqu’il sert à élire ceux qui ont un véritable pouvoir, sert à quelque chose…

      On pourrait, si on le voulait, trouver un système électoral pour les législatives, qui concilie une juste représentation des courants de pensée, tout en dégageant des majorités viables. On
      l’a bien réussi pour les municipales !

      Pourriez-vous expliciter ce que vous appelez une “juste représentation des courants de pensée” ? Pourriez-vous ensuite m’expliquer en quoi le scrutin municipal serait “juste” ?

      Mais précisément, en 36, au premier tour chacun est allé à l’élection sous son propre drapeau. Pas de “candidats d’union” en 36 ! Et les communistes, en vrai révolutionnaires*, s’étaient
      appuyés sur les luttes pour infléchir la politique du gouvernement, dont, chacun le sait, ils n’étaient pas partie prenante.

      Tout à fait. Il faut aussi rappeler que de ce fait la majorité de Front Populaire était fragile, puisque dépendante du bon vouloir des radicaux-socialistes, qui n’avaient pas de véritable goût
      pour les réformes. Ce sont eux qui provoquent la démission de Blum le 21 mai 1937 (moins d’un an après son investiture) et qui mettent fin au gouvernement de front populaire. La chambre élue en
      1936 donnera son appui ensuite aux gouvernements Chautemps puis Daladier… et finira par voter les pleins pouvoirs à Pétain. 

      Si Socialistes et Communistes étaient allés au scrutin avec des candidats communs, ils auraient peut-être réuni une majorité à eux seuls, et beaucoup de problèmes auraient été évités…

      Alors pourquoi taxer d’isolationnisme une politique autonome du PCF qui se tournerait vers les travailleurs*, les masses populaires*, sans en espérer un bénéfice électoral immédiat ?

      “Isolationniste” n’est pas sous ma plume une insulte, tout juste un qualificatif. Mais si l’on choisit une telle stratégie, il faut accepter de perdre la quasi totalité des élus, comme l’a fait
      le FN… et personnellement, je ne pense pas que ce soit la meilleure manière d’exercer une influence dans un pays démocratique. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas demain la veille que le PCF va
      s’adresser “aux travailleurs, aux masses populaires”…

      Vous pensez que cela conduirait le parti communiste à une marginalisation gauchiste définitive, comme celle qui affecte LO et le NPA. Le problème, c’est que plus le parti s’affaiblit et plus
      vous aurez raison. Raison de plus pour réorienter très vite le PCF vers une stratégie révolutionnaire de reconquête ; avant qu’il ne soit trop tard.

      Je n’ai en principe rien contre une “stratégie révolutionnaire de reconquête”. Encore faudrait-il savoir en quoi elle consisterait aujourd’hui. Celles qui sont proposés par divers courants
      “orthodoxes” du PCF – et je dis cela malgré la tendresse que je peux avoir pour leurs partisans, souvent des militants dévoués et de grande valeur personnelle – ne me semblent ni réalistes, ni
      convainquantes.

      Cela ne se fera évidemment pas non plus avec Pierre Laurent et Marie-George Buffet, c’est très clair. Il faudra donc très vite, soit leur reprendre le PCF, soit reconstruire la barraque à
      côté. Êtes-vous bon maçon, Descartes ?

      Excellent, je crois. Mais plus que de maçons, nous avons besoin d’architectes… et ça, c’est dejà plus comliqué!

       

       

  5. Gugus69 dit :

    Ah si, promettre de se faire le président du pouvoir d’achat et de “la France qui travaille”, et mettre en place le bouclier fiscal, c’est contradictoire. C’est l’essence même de la lutte des
    classes : 10% du PIB qui sont passés du travail au capital en 30 ans. Les possédants sont victorieux. Le Fouquet’s n’est qu’un symbole, mais oh combien édifiant…

    Car je ne suis pas un antisarkoziste primaire. Je pense que Sarkozy a réussi là où Balladur avait échoué : mettre à mort le gaullisme. Il a fait de l’UMP les Tories, la CDU , le PPE français, le
    parti de la droite libérale européenne. Le gaullisme a vécu son chant du cygne en 2003 à l’ONU avec le discours de Dominique de Villepin contre l’intervention en Irak.

    Vous dites que l’abstention est à géométrie variable en fonction du type d’élection, et que la participation à la présidentielle dément le désintérêt des électeurs français pour la chose
    publique. Avouez que tout a été fait pour arriver à ce résultat, surtout depuis l’instauration du quinquenat : on élit le roi et qu’il règne !

    Et je suis prêt à parier que cette élection-là aussi subira un jour la désaffection des citoyens.

    Pour ce qui est de la “juste représentation” aux élections municipales, c’est simple : une part de proportionnelle suffisante pour permettre à tous (LO, NPA, FN, centristes, écolos, PCF…) d’avoir
    des élus dans les conseils, tout en faisant en sorte que des majorités viables se dégagent par le bonus accordé à la liste arrivée en tête. Ça a des défauts mais ça fonctionne !

    Moi, je ne crois pas qu’il soit trop tard pour que les communistes français retrouvent leurs fondamentaux.

    Et pour ce qui est de l’architecture, il reste quelques vieux plans qu’il faudrait reprendre à l’ordinateur…

    • Descartes dit :

      Ah si, promettre de se faire le président du pouvoir d’achat et de “la France qui travaille”, et mettre en place le bouclier fiscal, c’est contradictoire.

      Vous évitez la question. Vous avez écrit: “On a connu des présidents qui se sont fait élire sur la défense du pouvoir d’achat, le “travailler plus pour gagner plus”, et qui sont allés fêter
      leur victoire au Fouquet’s le bouclier fiscal en bandoulière”. Il n’était pas question de “la France qui travaille” là dedans. La question était “En quoi le “travailler plus pour gagner
      plus” et la défense du pouvoir d’achat seraient-ils contradictoires avec une fête au Fouquet’s et le bouclier fiscal ?”. Répéter votre affirmation n’est pas une argumentation. On pourrait
      parfaitement imaginer d’augmenter le pouvoir d’achat et de mieux rémunèrer les heures supplémentaires tout en limitant l’impôt à 50% du revenu. Vos remarques sur le 10% du PIB qui sont passés du
      travail au capital en trente ans – une affirmation fausse, comme cela a été amplement démontré ici même – n’ont aucun rapport avec le “bouclier fiscal”, puisque le “bouclier” n’existe que depuis
      cinq ans.

      Quant à la remarque sur el “Fouquet’s”, sortir ce symbole à tout bout de champ devient franchement fatigant. On peut parfaitement être le “président du pouvoir d’achat” et festoyer au Fouquet’s,
      de la même manière qu’on peut être le président de l’austérité et des marchés financiers et manger du pain sec et de l’eau. Faut pas confondre l’emballage et l’objet.

      Car je ne suis pas un antisarkoziste primaire.

      Meuh non, meuh non… 

      Je pense que Sarkozy a réussi là où Balladur avait échoué : mettre à mort le gaullisme. Il a fait de l’UMP les Tories, la CDU , le PPE français, le parti de la droite libérale européenne. Le
      gaullisme a vécu son chant du cygne en 2003 à l’ONU avec le discours de Dominique de Villepin contre l’intervention en Irak.

      Je pense que vous accordez à Sarkozy un rôle bien plus important qu’il n’a eu en fait. A supposer qu’il ait achévé le gaullisme, il faut admettre que celui-ci était dejà moribond, et pas par la
      faute de Sarkozy. Mitterrand (avec la cohabitation, avec Maastricht, avec les politiques libérales, avec la décentralisation) et Chirac (avec le quinquennat, avec les “excuses”, avec les lois
      mémorielles, avec la décentralisation Raffarin, avec la réforme des armées) lui ont fait bien plus de mal. Et je ne parle même pas de ce qui s’est passé avant, de mai 1968 et tout le reste. Il
      est d’ailleurs assez ironique de voir ceux-là même qui accusaient en son temps le “général factieux” de tous les maux polir aujourd’hui la statue du Grand Homme et accuser Sarkozy de l’avoir
      tué…

      Vous dites que l’abstention est à géométrie variable en fonction du type d’élection, et que la participation à la présidentielle dément le désintérêt des électeurs français pour la chose
      publique.

      Que l’abstention varie en fonction de l’élection, ce n’est pas moi qui le dit, c’est un fait que tout le monde peut constater. Cette variation met à mal la théorie qui veut que l’abstention
      traduise un désintérêt pour la politique voire, pour les plus extrémistes, une “illégitimité” de notre système politique. A mon sens, elle traduit au contraire l’intelligence de nos concitoyens,
      qui comprennent bien qu’il y a des élections qui changent notre avenir, et d’autres qui sont des pures cérémonies.

      Avouez que tout a été fait pour arriver à ce résultat, surtout depuis l’instauration du quinquenat : on élit le roi et qu’il règne !

      Au lieu de jeter des anathèmes, la “gauche radicale” ferait bien de réflechir sur une question qui lui semble jusqu’ici étrangère, celle de la gouvernabilité. La gauche est en général extrêmement
      disserte sur le pouvoir législatif, mais n’a rien à dire lorsqu’il s’agit de penser le pouvoir exécutif. On ne pense qu’à la délibération, sans jamais s’intéresser au pouvoir qui a pour fonction
      de traduire la délibération en acte. Le discours de cette gauche donne l’impression que le système politique a pour fonction de représenter alors que nos concitoyens lui demandent au
      contraire de les gouverner.

      Et je suis prêt à parier que cette élection-là aussi subira un jour la désaffection des citoyens.

      C’est ce que j’entends depuis que Mitterrand a publié “le coup d’état permanent” en 1964. Quarante ans plus tard, ces prédictions ne se sont toujours pas réalisées. Au contraire…

      Pour ce qui est de la “juste représentation” aux élections municipales,(…)

      Vous avez omis de répondre à ma première question: “Pourriez-vous expliciter ce que vous appelez une “juste représentation des courants de pensée” ?”. Mais à partir de ce que vous dites
      sur les élections municipales, on peut supposer qu’un système “juste” pour vous est celui qui permet à “tous” (LO, NPA, FN, centristes, écolos, PCF…) d’être représentés, tout en dégageant une
      majorité viable. La question immédiate est de savoir qui est ce “tous”: de toute évidence, un système qui donnerait au sens stricte au moins un élu à chaque courant politique aboutirait à des
      assemblées pléthoriques. Il faut donc mettre un “seuil” de représentativité, ce qui suppose qu’il y ait des courants de pensée qui ne seront pas représentés.

      Mais là ou vous faites erreur, c’est lorsque vous affirmez que ce système “fonctionne”. Parce que, contrairement à ce que vous croyez, ce n’est pas ainsi que fonctionne le système électoral pour
      les élections municipales. D’abord, pour les communes de moins de 3500 habitants (qui sont la majorité) l’élection se déroule au scrutin majoritaire (plurinominal à deux tours avec panachage,
      pour être précis). Pour les communes de plus de 3500 habitants (sauf Paris, Lyon et Marseille), il y a certes une dose de proportionnelle, mais elle ne s’applique qu’aux résultats du deuxième
      tour. Pour être précis, la moitié des sièges est accordée à la liste arrivée en tête au deuxième tour, et l’autre moitié distribué entre les autres listes participant au deuxième
      tour. Et comme pour se maintenir au deuxième tour il faut 10% des suffrages exprimés… cela élimine l’essentiel des “courants d’opinion” minoritaires. Les listes ayant au moins 5% des voix
      peuvent “fusionner” au deuxième tour… mais là encore, cela profite aux partis qui peuvent faire des alliances, et rejete aux oubliettes ceux qui ne le peuvent pas (i.e. le FN).

      En 2008, pour les communes de plus de 3500 habitants le FN obtient 59 conseillers municipaux sur 88.300… soit 0,06%. Aux législatives de 2012, le FN a 2 députés sur 577 soit 0,45 %.
      Franchement, lequel des deux systèmes vous paraît le plus proche de la représentativité réelle ?

       

       

  6. BJ dit :

    « Il y
    eut des grandes manifestations contre la réforme des retraites avant le vote de la loi, aucune après. »

    D’accord pour les faits.

    « Tout simplement parce que les organisations syndicales sont conscientes que les français ne toléreraient pas qu’on proteste contre une loi votée par le Parlement. »

    Pourquoi cette conclusion ? Ca ne serait pas simplement parce qu’il est inutile de contester une loi qui a été votée par une majorité sans, au préalable, changer
    cette majorité ?

    Si on gueule avant qu’une loi ne soit votée, c’est pour faire pression sur ceux qui souhaitent la voter, en espérant qu’ils renoncent et ne la votent pas. S’ils la votent quand meme, c’est juste
    que la pression n’a pas été assez forte. Je ne vois pas d’autre conclusion qu’on puisse en tirer…

    • Descartes dit :

      « Tout simplement parce que les organisations syndicales sont conscientes que les français ne toléreraient pas qu’on proteste contre une loi votée par le Parlement. » Pourquoi cette
      conclusion ?

      Entre autre chose, parce que c’est ce que disent les organisations syndicales elles-mêmes, qui ont bien marqué dans leur discours qu’il n’était nullement dans leur intention de contester la
      légitimité du Parlement à voter la réforme.

      Ca ne serait pas simplement parce qu’il est inutile de contester une loi qui a été votée par une majorité sans,

      Mais pourquoi est-ce “inutile” ? Imaginons un pays où le parlement n’est pas jugé légitime par les citoyens, et ou ceux-ci tendent à ne pas appliquer les lois lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec
      elles. Dans un tel pays, il est très “utile” de continuer la campagne même après le vote, puisqu’on peut, en convainquant les gens, arriver à un haut niveau de désobéissance et mettre donc en
      échec la loi. Si en France il est “inutile” de faire campagne contre une loi après son vote, c’est bien parce que les citoyens français sont intimement convaincus que la loi votée doit être
      appliquée, en d’autres termes, parce qu’ils accordent à leurs institutions un haut degré de légitimité. Comme vous le voyez, votre conclusion n’est pas contradictoire avec la mienne.

      Si on gueule avant qu’une loi ne soit votée, c’est pour faire pression sur ceux qui souhaitent la voter, en espérant qu’ils renoncent et ne la votent pas. S’ils la votent quand meme, c’est
      juste que la pression n’a pas été assez forte. Je ne vois pas d’autre conclusion qu’on puisse en tirer…

      Poussez le raisonnement jusqu’au bout. Une fois que la loi a été votée, reste à la mettre en oeuvre. Si le parlement n’était pas “légitime”, cette mise en oeuvre serait problématique puisque le
      vote de la loi ne suffirait pas à garantir la soumission des citoyens. Le fait même que tout le monde – ceux qui se sont opposés à la loi comme ceux qui l’ont votée – admet comme une évidence
      qu’une loi votée sera mise en oeuvre vous montre à quel point la légitimité de la loi est donnée pour acquise.

      Pour aller plus loin, regardez la différence entre la loi et un acte reglémentaire (arrêté ou décret) issu du pouvoir exécutif. Vous trouverez sans difficulté des manifestations de désobéissance
      ou d’obstruction pour empêcher l’exécution d’une décision du gouvernement (prenez par exemple les “désobéisseurs” de l’Education Nationale). Mais les actes de désobéissance à une loi sont
      extrêmement rares.

       

  7. Jard dit :

    Ils sont donc nuls également en tactique.

    Ne s’agit-il pas là, au moins, en partie, d’un effet de la mentalité actuelle? En tendance, les gens ne savent comme plus réfléchir, sont totalement prisonniers de notre mentalité et
    produisent de l’incohérence. Comme si l’immédiateté, l’importance de l’émotion, le présentéisme en étaient arrivé à structurer le monde politique.

    • Descartes dit :

      Ils sont donc nuls également en tactique.

      Je ne crois pas qu’il faille aborder les choses comme ça. Après tout, les gens comme Mélenchon ou Buffet ne sont pas des perdreaux de l’année. Ils ont derrière eux trente ou quarante ans de
      pratique dans l’univers impitoyable de la politique, et ils y ont survécu – et occupé les plus hautes places. Ils ne doivent donc pas être si “nuls” que ça à titre personnel. Il faut donc trouver
      d’autres explications: l’erreur, la mauvaise analyse de la situation, les rapports de force…

      Comme si l’immédiateté, l’importance de l’émotion, le présentéisme en étaient arrivé à structurer le monde politique.

      Il y a un élément qui me paraît important: la politique est devenue une profession. Avant les années 1980, on allait en politique pour beaucoup de raisons: pour avoir un “statut” social (c’était
      le cas des “notables” de province sous la IIIème), pour défendre ses – ou des – intérêts, par idéologie et dévouement au bien public, parce qu’on avait un projet qu’on voulait réaliser. Des
      raisons nobles et moins nobles, mais “je fais de la politique parce que c’est mon boulot” n’était pas l’une d’elles.

      Les années 1980 ont vu apparaître ce qu’il faut appeler le “politicien professionnel”. Comme pour tout professionnel, sa formation a son “cursus honorum”: il milite dans un syndicat lycéen, puis
      dans un syndicat étudiant tout en adhérant à un parti-université (les Verts, le NPA, le PCF quelquefois) qui lui permet de faire ses premières armes sans que cela porte à conséquence. Une fois
      ces études terminées, comme tout professionnel, il cherche une entreprise – pardon, un parti – qui l’embauchera. S’il a plusieurs propositions, il choisira non pas celui qui correspond à ses
      idées – il n’en a pas – mais celui qui lui offre les meilleures perspectives de carrière. Il commencera comme permanent local – dans le cabinet d’un maire, par exemple – ou bien national –
      attaché parlementaire – auprès d’un “notable” qui pourra devenir sa “locomotive” plus tard. Et, en magouillant comme il faut – quitte à défoncer quelques crânes et à planter quelques couteaux
      dans le dos de camarades moins méfiants – arrivera à se dégoter une circonscription qui lui permettra d’entamer une carrière d’élu, et avec un peu de chance, de ministre.

      Ces politiciens professionnels, qui n’ont jamais travaillé en dehors du milieu politique et qui vivent immergés dans ce marigot depuis leur jeunesse, vivent la politique comme une variante des
      métiers de la communication. C’est pourquoi ils fonctionnent à l’émotion, à l’immédiateté.

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