Culture confiture

C’est le temps des festivals. De la ville la plus fière au village le plus bouseux, tout le monde a compris que le touriste – cet étrange animal migrateur sale, bruyant et malpoli mais qui pond des œufs d’or partout où il passe – ne vient pas là où il ne se passe rien. Bien sûr, un monastère du XIIIème siècle classé au patrimoine mondial de l’humanité ou la tombe d’une rock star morte de la défaillance d’un appareil ménager peuvent vous assurer un flot continu de visiteurs. Mais la plupart de nos villes et villages ont compris que cela ne suffisait pas: il faut créer “l’évènement” en sortant du commun. Les moins ambitieux se contentent de la Fête du Jambon, des Folles Journées de l’Ecrevisse – si, si, ça existe – ou de la Fête du Melon rebaptisée “Grandes Melonnades” pour faire plus chic. Pour les plus entreprenants, ce sera  le festival, qui permet non seulement d’attirer une autre classe de public – une classe qui dépense plus – mais surtout d’entrer dans le royaume merveilleux de la subvention culturelle.

Ce ne fut pas ainsi de tout temps. Certains festivals portent d’ailleurs la marque d’une époque où le festival n’était pas organisé pour attirer le touriste mais en fonction d’un projet culturel. Prenons par exemple le festival d’Avignon, peut-être le plus important et le plus “institutionnalisé” des festivals. Il a commencé très simplement, lorsque en 1947 René Char le poète et Christian Zervos le critique d’art proposent à Jean Vilar de jouer une pièce – “Meurtre dans la cathédrale”, de Claudel – en marge d’une exposition d’art moderne qu’ils organisent. Vilar leur proposera en fait trois pièces (“Richard II” de Shakespeare, “La terrasse de midi” de Clavel, et “L’histoire de Tobie et de Sara” de Claudel; il ne faisait pas dans la facilité, Vilar) qui seront jouées, après une négociation difficile avec la Mairie, dans la cour d’honneur du palais des Papes. C’est le début de la “semaine d’art dramatique” d’Avignon. Vilar reviendra l’année suivante avec trois pièces (“Richard II” en reprise, “la mort de Danton” de Buchner et  “Schérézade” de Supervielle) et continuera ensuite, travaillant avec les organisations d’éducation populaire pour ouvrir à un public aussi divers que possible les portes du “grand” théatre. Ce travail intéresse l’Etat, qui nomme Vilar directeur du TNP en 1951, lui donnant le moyen de présenter à Avignon des travaux plus nombreux et plus complexes. En 1954, la “semaine” devient le “Festival d’Avignon”.

Bien entendu, en 1954, il n’y avait pas de “off”, les producteurs de spectacles n’arpentaient pas les allées du festival pour faire leur marché et les acteurs – ou prétendus tels – ne montaient pas sur les planches de salles louées à l’heure avec l’espoir d’être remarqués. Vilar était un homme d’institutions. Il n’était pas là pour gagner sa vie, pour “choquer” ou pour faire la révolution. Il etait là parce que pour lui le théâtre – et la culture en général – étaient un bien en soi et qu’il voulait que ce bien soit accessible à tous. Ce projet, qu’il défendit pendant plus de vingt ans, entre en crise à la fin des années 1960. Vilar, pourtant un homme de dialogue et opposé à la politique culturelle du gouvernement de De Gaulle, est lui même durement contesté en 1968 (le fameux “Vilar, Béjart, Salazar”…) comme défenseur d’un théâtre “à la papa” – c’est à dire fait avec talent, exigence et rigueur – et de ne pas être assez “révolutionnaire”. Vilar ne s’en remettra pas – il meurt en 1971. Le festival non plus d’ailleurs, qui commence une lente dérive vers le gigantisme et le “tout se vaut”, avec une hypertrophie du “off” et la disparition progressive du texte pour laisser la place à des spectacles incompréhensibles ou mal foutus mais qu’on est prié d’aimer sous peine de passer pour un ringard.

Cette histoire m’est revenue en tête en écoutant une docte émission sur France Inter dimanche 22 juillet (écoutable ici pendant quelques jours) assez pompeusement intitulée “Comment Jean Vilar peut-il nous aider à penser le monde d’aujourd’hui” et dans laquelle  les éminents “cultureux” sous la houlette de Laure Adler sont intervenus pour, à partir de textes de Jean Vilar lus à l’antenne mais sortis totalement de leur contexte – aucun des extraits lus n’était daté, et aucun élément de contexte fourni – prouver que le vieux Jean aurait jugé indispensable d’augmenter leurs subventions et d’aider la création artistique. Voici peut-être l’extrait le plus révélateur et certainement le plus mal interprété:

Messieurs, la société bourgeoise française, maîtresse au moins de l’économie de ce pays – ne me dites pas non – provoque-t-elle les créateurs au moins pour le théâtre à créer. Non. Pourquoi ? Si la création, la naissance d’œuvres nouvelles, est une aventure, la plupart du temps cruelle pour l’artiste de nos jours, en quoi les chefs, les patrons, les grands patrons de la société actuelle peuvent-ils ici se sentir concernés ? La création n’est elle pas œuvre solitaire de l’artiste ? Au théâtre, non. Les grandes entreprises françaises devraient inciter soit directement, au sein même de leur organisation, de leur exploitation, soit par l’influence très sensible qu’elles ont toujours eu et peuvent avoir sur l’Etat à une politique généreuse d’action incessante sur les arts et le théâtre en particulier. Louis XIV messieurs, lui, payait. Et directement. Même pas je crois par l’intermédiaire de son ministre aux menus plaisirs. Sur sa cassette. Il est vrai qu’il disait « l’Etat, c’est moi ». La noblesse, jadis, prenait en charge des troupes, ou tout au moins, des spectacles. Les princes du sang disposaient et payaient à l’année une compagnie d’écrivains de théâtre et de comédiens. Molière a vécu pendant quinze ans, entre vingt et trente-six ans, des libéralités des gouverneurs des provinces. Il n’est pas jusqu’aux fermiers généraux qui, ici et là, plus paresseusement il est vrai,  plus discrètement, n’aient considéré que le théâtre et l’art du théâtre, de leur temps fut de leur responsabilité et de leur devoir. Tout cela s’est défait. Au hasard des révolutions, des victoires d’une classe sur une autre, au hasard des désastres, ou tout au contraire de l’enrichissement de nôtre pays. Mais… les subventions. Oui, les subventions. L’Etat ne fait pas son devoir. N’est-il pas notre bon juge, qui selon les mérites partage un peu en notre nom les crédits ?

Comme Laure Adler n’a pas jugé à propos de donner la date de ce texte et son contexte, on a du mal à savoir ce que voulait exactement dire Vilar. Mais l’ensemble des cultureux présents a tiré la conclusion évidente vers laquelle ce texte pousse: l’Etat ne fait pas son boulot, il faudrait donner plus d’argent au théâtre. En fait, le message de Vilar est plus sournois, et va plutôt contre la vision de la culture qui est aujourd’hui véhiculée par l’establishment culturel. Voici pourquoi.

Vilar souligne dans ce texte combien les arts – et le théâtre en particulier – étaient soutenus jadis par les élites et les gouvernants. Mais – au moins dans ce texte – il omet prudemment d’expliquer pourquoi. Les “grands” ne finançaient pas les arts pour une question de “responsabilité” ou de “devoir”. L’art était d’abord un plaisir, et ensuite un projet politique. Les grands payaient. Avec leur “cassette”, si cela se trouve. Mais il ne payaient pas l’artiste pour créer librement comme bon lui semblait. Ils le payaient pour créer les œuvres qu’ils aimaient, et tout auteur qui se risquait trop à faire passer ses propres goûts devant ceux de son “protecteur” avait de sérieux soucis à se faire. Louis XIV payait des écrivains, c’est entendu, mais il les payait pour écrire des pièces à sa gloire. Il ne faut pas oublier que Molière ridiculise les bourgeois – la classe “révolutionnaire” de l’époque – et que “le bourgeois gentilhomme” est, si on la replace dans son contexte, une pièce incroyablement réactionnaire, raillant le bourgeois qui prétend avoir accès à la culture, chasse gardée de l’aristocratie à l’époque (1). Et c’est parce que Beaumarchais n’est pas financé par la cassette des rois et des princes mais par celle des bourgeois qu’il peut se permettre d’écrire “le mariage de Figaro”, pièce qui au contraire ridiculise l’aristocrate devant le domestique.

La vision de “l’artiste” seul sur son rocher et qui a quelque chose de lui même à donner à l’humanité que nous a légué le romantisme n’est en fait pas très ancienne. Jusqu’au XVIIIème siècle, l’artiste n’est pas un être inspiré qui crée librement, mais un artisan employé par des clients qui ne payent que s’ils trouvent l’œuvre à leur goût, imposant à l’artiste le sujet, les personnages, la technique (2) et quelquefois même s’appropriant l’œuvre sous leur propre signature (3). Les opéras commandés à Haendel par des subventions royales curieusement mettent en scène des personnages royaux dans lesquels les spectateurs de l’époque pouvaient constater sans difficulté des références au personnage régnant, et dont les ennemis avaient une certaine ressemblance avec ses adversaires (4). L’artiste d’avant le XVIIIème fait ce qu’on lui dit de faire, et s’il peut se permettre de temps en temps d’essayer de proposer à son maître quelque chose de nouveau, il sait qu’il ne peut aller trop loin s’il ne veut pas finir dans la plus abjecte pauvreté. On ne peut donc pas défendre “l’artiste” dans sa vision romantique – comme l’ont fait les “cultureux” dans l’émission précitée – et  en même temps regretter que le financement par les “grands”. Ces cultureux seraient disposés à accepter une politique publique qui consisterait à ne financer que les artistes qui plaisent au souverain – aujourd’hui le peuple – ou qui correspondent à un projet politique, celui de l’Etat ou celui d’une entreprise ? On n’ose l’imaginer.

Le problème du financement de la création par la subvention publique pose le problème délicat du choix. Lorsque c’est un mécène – ou le public – qui finance, le problème n’existe pas: le mécène et le public financent ce qu’ils aiment, ce qui leur fait plaisir. Si le spectacle ne leur plaît pas, ils ne reviendront pas. Si le tableau ne leur plait pas, il ne l’achètent pas. Et l’artiste a le choix entre travailler dans la contrainte du plaisir de l’autre, ou faire un autre métier. Mais que se passe-t-il lorsque la création devient dépendante d’un système de subventions accordées par des ministres et des fonctionnaires qui distribuent l’argent des autres ? Dans le système de valeurs né des années 1960 l’artiste ne s’autorise plus que de lui même. Il suffit de proclamer qu’on est un artiste pour l’être. Comme l’a magnifiquement résume Wim Delvoye “L’art moderne est une démarche quasi religieuse, il faut croire que c’est de  l’art, il faut avoir la foi en l’art qui devient une nouvelle religion en quelque sorte. Les artistes sont les nouveaux prêtres d’une religion subventionnée par l’Etat” (Libération, 9 et 10 juin 2012). Et comme toujours, quand l’Etat se met à subventionner les religions, la question se pose de choisir lesquelles. Qui fera la distinction entre l’artiste véritable et le charlatan doué pour la communication ? Si l’on regarde un certain nombre de spectacles subventionnés ces dernières années, personne. On a du mal en regardant certaines mises en scène à s’empêcher de penser qu’aujourd’hui il n’y a plus d’art sans une masturbation, un viol et un organe génital visible sur scène. Faut-il vraiment que l’argent public, cet argent durement gagné par nos concitoyens et payé au fisc soit utilisé pour financer ce genre d’aventures ?

C’est pourquoi, malgré le respect qu’on doit à Jean Vilar, je ne peux être d’accord avec lui. L’Etat ne doit pas financer la création. Il n’a ni la vocation, ni la possibilité de le faire correctement, sauf à revenir à une idée d’art officiel. L’Etat doit permettre au peuple – et d’abord aux couches populaires, qui sans lui en seraient privées – d’accéder au patrimoine culturel. C’est à dire, à ces éléments dont on peut dire, avec le recul du temps, qu’ils enrichissent et constituent les êtres humains. Mais ce filtre du temps est indispensable. La seule alternative, c’est de financer au hasard tous ceux qui proclament que leur création est “artistique” – qu’elle nous plaise ou qu’elle nous déplaise – ou, solution alternative, d’accorder à une caste “cultureuse” cooptée les subventions avec l’espoir que ces gens-là finiront par créer des œuvres immortelles.

C’est pourquoi je ne suis pas non plus d’accord avec les invités qui se sont exprimés dans l’émission de Laure Adler, et avec les conclusions tirées par cette dernière. Centrer la politique culturelle sur la création ne sert pas l’intérêt général, mais celui d’une petite caste de “créateurs” qui pensent – et le disent sans vergogne – représenter le bien, le beau et le vrai et donc ne devoir de comptes à personne. Ils se trompent, bien entendu: lorsqu’on reçoit de l’argent, on doit des comptes à ceux qui vous payent. Qu’un metteur en scène lourdement subventionné et sifflé se permette de dire que c’est la faute du public qui n’a pas compris son génie, c’est inacceptable. Comme il est inacceptable que les sifflets ne soient pas pris en compte lorsqu’il s’agira de lui donner une promotion  La création n’a pas besoin de subventions. Comme je l’ai expliqué plus haut, l’essentiel des œuvres de l’esprit humain ont été produites par des gens qui étaient employés non pas pour faire ce qu’ils aimaient, mais pour faire plaisir à leurs employeurs. Il ne semble pas que le remplacement de ce schéma par la subvention publique à des œuvres que le public n’aime pas ait amélioré significativement la production des artistes.

Une vieille blaque dit que “la culture est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale”. Mais il y a d’autres ressemblances entre la confiture et la culture: la première comme la seconde sont aujourd’hui le plus souvent faites d’arômes artificiels plutôt que de véritables fruits. Et la confiture, comme la culture, fait vivre beaucoup de monde…

Descartes

(1) Une pièce que les metteurs en scène évitent soigneusement, chose curieuse à une époque ou l’on modernise presque tout au théâtre, de moderniser. Et la raison est simple: si l’on voulait faire une version “moderne”, elle présenterait un ouvrier ridiculisé pour s’être approprié les codes culturels de la bourgeoisie… un sujet détonnant, non ?

(2) Les ateliers de la Renaissance en fournissent de nombreux exemples, notamment de tableaux refusés par le commanditaire soit parce que le sujet n’était pas traité comme demandé, soit parce que le produit n’a tout simplement pas plu au commanditaire. Pour ne donner un exemple, la première version de la “Conversion de Saint Paul” du Caravage sera refusée, l’obligeant à peindre une deuxième version conforme aux désirs du commanditaire, et qui sera acceptée.

(3) L’exemple le plus curieux de cette dernière pratique est celui du comte Walsegg, qui avait l’habitude de commander en secret des pièces de musique à des compositeurs et ensuite les faire jouer en les présentant comme étant de sa propre composition. C’est lui qui commanda secrètement à Mozart son “Requiem”, qui devait être joué en souvenir de l’épouse de Walsegg.

(4) Par exemple, le personnage de Cyrus, le “bon roi” dans “Belsazzhar” de Haendel.

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

13 réponses à Culture confiture

  1. Nicolas 70 dit :

    Je ne connais Jean Vilar que de nom et ne connais rien au théâtre.

     

    Mais, il est vrai que l’on peut s’interroger quelquefois sur les subventions donner à quelques artistes et associations.

     

    J’ai participé à quelques organisations de concerts de musique (ska, streetpunk, oi !) et, au grand jamais nous aurions été demandés des subventions, si ce n’est une petite ristourne ou mise
    à disposition d’une salle, à une municipalité.

     

    Je n’ose imaginer les sommes mises à disposition des artistes d’Etat.

     

    Je ne sais si vous connaissez le chanteur Didier WAMPAS. Il a fait le tour de quelques médias pour la sortie de son premier album solo. Alors que le premier disque de son groupe est sorti au
    milieu des années 80 et qu’il a eu un certain succès avec la chanson Manu Chao, il y a quelques années, il n’a cessé de travailler à la RATP. Il en parle aujourd’hui car il vient de prendre sa
    retraite. Il dit ne pas comprendre ces groupes qui veulent vivre de leur musique. Tout au long de ces années, il a vécu la vie d’une homme ordinaire (je l’emploie dans le sens de George
    ORWELL). : bosse la semaine, de nuit également et partir le week-end sur la route pour les concerts.

     

    Je vous mets en lien une de ses chansons « la propriété, c’est du vol » qui fait beaucoup plus pour l’égalité que tous les (e) de nos féminismes d’aujourd’hui.

    http://www.youtube.com/watch?v=Wb0wcAX3l9w

    • Descartes dit :

      J’ai participé à quelques organisations de concerts de musique (ska, streetpunk, oi !) et, au grand jamais nous aurions été demandés des subventions, si ce n’est une petite ristourne ou
      mise à disposition d’une salle, à une municipalité.

      La mise à disposition d’une salle est bien une subvention… mais ce n’est pas tout à fait de ce type de subvention que je voulais parler. Une municipalité qui prête une salle pour un concert la
      prêterait aussi pour un bingo ou pour une fête du village. Cela fait partie de l’animation de la vie locale, pas d’une subvention à la création artistique… 

      Je n’ose imaginer les sommes mises à disposition des artistes d’Etat.

      Vous n’avez pas à les “imaginer”, elles sont connues. Et dans certains cas, défient l’entendement.

       

  2. Caton d'Utique dit :

    Je dois d’abord pour ce post très intéressant et surtout très instructif : j’ai appris de nombreuses choses sur Villar et la politique culturelle française après la seconde guerre mondiale. Je
    suis en effet d’accord avec vous sur l’ensemble du sujet, mais j’ai aussi l’impression (peut-être faussé), qu’il existe actuellement une dychotomie culturelle. Aujourd’hui, la plupart des
    “bobos”, terme qui pour moi désigne les classes moyennes et supérieures se pensant et se définissant comme (faussement) rebelles mettent en exergue l’art contemporain, cet art qui finalement est
    dans la continuité de ce que vous venez de dire. Or, les classes populaires sont massivement opposés à ce genre d’art, ne fréquentant aucun musé contemporain et faisant des grimaces face aux
    délires architecturaux, souvent financés par les institutions publiques (voyez le nouveau théatre de l’archipel à Perpignan qui est une insulte à tout les théatres depuis la grèce archaïque).
    Pour avoir assité, avec dégoût, à un cours de sémiotique (pseudo-science qui a hélas trop de succès en France à cause de son language alambiqué et obscur), où la professeure, “artiste” peignant
    des os et décorant des bouteilles et gagnant l’équivalent du pib d’un petit pays africain, elle assenait à de nombreuses reprises des ” seuls quelqu’uns d’entre vous peut comprendre la beauté de
    ce tableau ci” ou “Ah je serais étonné que beaucoup d’entre vous comprennent le message de ce tableau-là”. J’ai été choqué par le caractère extrêmement élitiste, à mon sens oligarchique, de ses
    propos : certains savent, la masse populaire est stupide et ne comprend rien. Finalement, cette différence de conception de l’art ne traduit pas aussi la séparation des élites et des masses
    populaires ?

    Autre élément, c’est que les festivals ont bien changés depuis le temps. Lors de mes recherches, j’ai retrouvé des lithographies de la fête du 250 millénaires de la fondation de Marseille, en
    1899. J’avais les larmes aux yeux en voyant le programme, les activités, et les rares photos du dossier : on y voyait des concours nautiques opposant les jeunes hommes de Marseille, des concours
    de théatre de pièces classiques gratuites pour le public, une pentère naviguant dans le vieux port avec l’aide de jeunes hommes de la cité. Il y avait même des reconstitutions des moments les
    plus importants de Marseille, sa fondation mythique, le siège de César ect. finissant par une troupe de soldats révolutionnaires chantant la Marseillaise. Ce qui m’a plu fut le défilé de la
    statue d’Artémis, protectrice de la ville. La statue était porté et touché par plusieurs hommes à travers toute la ville, qui au vu de leur vetêments n’étaient sans doute pas des plus riches
    classes. C’est surtout leur grand sourire affiché et leur fierté d’appartenir à cette histoire, et de faire leur cette histoire la leur qui me toucha le plus. Le problème vient quand je compare
    ces documents aux festivals que vous évoquez plus haut : très sincèrement, le festival d’Avignon est t’il aussi “populaire” qu’avant ? La plupart des festivals d’aujourd’hui ont t’il à la fois la
    vocation de culture et d’enseignement qu’avait ce superbe festival du 250ème millénaire de Marseille ? A part les Jeux Romains de Nîmes, je ne vois nulle part de festival qui ont une vocation
    populaire et culturelle. J’ai l’impression surtout que les festivals d’aujourd’hui ne sont pas destinées directement aux classes populaires, qui n’ont ni l’envie, ni les moyens de payer le billet
    des eurockéennes ou des déferlantes, qui sont plutôt l’apanage d’autres classes.

    • Descartes dit :

      J’ai été choqué par le caractère extrêmement élitiste, à mon sens oligarchique, de ses propos : certains savent, la masse populaire est stupide et ne comprend rien. Finalement, cette
      différence de conception de l’art ne traduit pas aussi la séparation des élites et des masses populaires ?

      Bien entendu. Ici, l’art ne joue pas le rôle classique de faire plaisir aux sens, mais fonctionne comme signe initiatique, qui permet de séparer et de reconnaître les “initiés” des autres. Et
      cette initiation légitime à son tour une aristocratie. Personnellement, s’il y a des gens qui veulent jouer à ça, c’est leur droit. A condition de jouer avec leur propre argent, et non avec
      l’argent public. 

      Quant à la mutation des “festivals” de fête avec participation populaire vers une sorte de spectacle pour touristes organisé par des professionnels… je ne peux que partager.

  3. dsk dit :

    “si l’on voulait faire une version “moderne”, elle présenterait un ouvrier ridiculisée pour s’être approprié les codes culturels de la bourgeoisie… un sujet détonnant, non ?”

     

    Ce type de spectacles existe. Le grand spécialiste en la matière est Jérôme Deschamps, gros consommateur de subventions. Un exemple :

     

    http://www.youtube.com/watch?v=amkSrfTts8Q&feature=related

     

    Sinon, sur le fond de votre billet, je dirais que vous avez raison de souligner que l’art, sous l’Ancien régime, était un plaisir d’aristocrate. Pour ma part, je pense qu’il ne peut en être
    autrement, car le goût pour l’art suppose, notamment, une forme d’oisiveté et de gratuité totalement étrangères à la bourgeoisie.

     

    • Descartes dit :

      Ce type de spectacles existe. Le grand spécialiste en la matière est Jérôme Deschamps, gros consommateur de subventions.

      Bien sur, et il n’est pas le seul. Il n’en reste pas moins que ce genre de représentation est profondément réactionnaire. Elle est d’ailleurs complémentaire avec une autre représentation de la
      classe ouvrière, celle du travailleur qui “ne fout rien” et qui ne mérite donc rien. Homer Simpson est probablement la plus belle illustration contemporaine de ce principe…

      Sinon, sur le fond de votre billet, je dirais que vous avez raison de souligner que l’art, sous l’Ancien régime, était un plaisir d’aristocrate. Pour ma part, je pense qu’il ne peut en être
      autrement, car le goût pour l’art suppose, notamment, une forme d’oisiveté et de gratuité totalement étrangères à la bourgeoisie.

      Je ne partage pas totalement ce point de vue. Il est vrai que pour goûter à l’art il faut disposer d’un “surplus” de richesse considérable par rapport aux besoins essentiels. Avec la productivité
      du XVIème siècle, un tel “surplus” ne pouvait être obtenu qu’en concentrant les surplus sur une toute petite couche de la société. Mais au fur et à mesure que la productivité a augmenté,
      les surplus disponibles ont explosé. Les classes moyennes disposent aujourd’hui de loisirs et de moyens qui n’ont rien à envier – ce serait plutôt le contraire – à ceux dont pouvait disposer
      naguère l’aristocratie.

       

       

       

       

  4. dsk dit :

    “Les classes moyennes disposent aujourd’hui de loisirs et de moyens qui n’ont rien à envier – ce serait plutôt le contraire – à ceux dont pouvait disposer naguère l’aristocratie.”

     

    Là, vous exagérez peut-être un peu, M. Descartes. Il ne me semble pas que les classes moyennes possédent encore chauffeur, cuisinier, majordome, jardinier, femme de chambre etc.

    Si celles-ci disposent d’un certain “surplus”, il leur permet tout au plus de consommer des biens culturels, mais non de les produire. Quant à ceux qui produisent à présent ces biens culturels,
    ils le font d’ailleurs, précisément, en vue de leur consommation par les classes moyennes, ce qui fait toute la différence avec l’Ancien régime, où l’aristocrate était tout à la fois le
    producteur et le premier consommmateur.

    Or d’aucuns pourraient soutenir qu’il en résulte nécessairement un abaissement de l’art, qui ne peut plus désormais se contenter de plaire à quelques commanditaires cultivés et raffinés, mais
    doit complaire à des classes moyennes, forcément moyennes…

    • Descartes dit :

      Là, vous exagérez peut-être un peu, M. Descartes. Il ne me semble pas que les classes moyennes possédent encore chauffeur, cuisinier, majordome, jardinier, femme de chambre etc.

      Certes. Mais ils disposent d’aspirateurs, machines à laver, microondes, frigos et des voitures d’une telle qualité qu’elles rendent chauffeur, cuisinière et femme de chambre superflus. Si l’on
      mesure purement le temps qu’une maitresse de maison de classe moyenne passe aux servitudes domestiques à celui que devait investir une aristocrate, c’est la deuxième qui est la plus malheureuse.
      Rien que pour prendre un bain, l’aristocrate perdait un temps fou avec toute une logistique… alors que nous ouvrons le robinet, et puis c’est tout. Et je ne vous parle pas du temps que
      prenaient les voyages…

      A cela il faut rajouter que l’aristocrate passait une partie de sa vie dans l’armée, et qu’il mourrait relativement jeune. Sur une vie, ses temps de loisir étaient donc bien plus limités que les
      notres.

      Si celles-ci disposent d’un certain “surplus”, il leur permet tout au plus de consommer des biens culturels, mais non de les produire.

      Je saisis mal: qu’est ce qui empêche les classes moyennes d’écrire des romans, de peindre, de faire de la sculpture… et en quoi ces activités étaient plus accessibles aux aristocrates de
      naguère ? Le fait est que l’immense majorité des aristocrates ne produisait pas grande chose, en termes culturels…

      Quant à ceux qui produisent à présent ces biens culturels, ils le font d’ailleurs, précisément, en vue de leur consommation par les classes moyennes, ce qui fait toute la différence avec
      l’Ancien régime, où l’aristocrate était tout à la fois le producteur et le premier consommmateur.

      L’aristocrate était producteur ? Mais producteur de quoi, je vous le demande ? L’immense majorité des aristocrates, petits nobles de province dans leurs manoirs de province ne produisaient en
      termes culturels rien du tout. Ils occupaient leur vie dans des fonctions sociales, la chasse, la pêche, le harassement des paysans et de temps en temps le “droit de seigneur”. Bien d’entre eux
      étaient à peine lettrés…

      La “production de biens culturels” est depuis très longtemps une affaire de professionnels, avec quelques amateurs éclairés de temps en temps. Certains de ces professionnels – les meilleurs, les
      plus proches du Roi – étaient annoblis, mais ils n’étaient jamais tout à fait reconnus comme des véritables “aristocrates”, tout au plus comme des super-domestiques. Les autres étaient traités
      comme des simples domestiques et enterrés dans la fosse commune après leur mort.

      Or d’aucuns pourraient soutenir qu’il en résulte nécessairement un abaissement de l’art, qui ne peut plus désormais se contenter de plaire à quelques commanditaires cultivés et raffinés, mais
      doit complaire à des classes moyennes, forcément moyennes…

      En effet, en effet…

       

  5. dsk dit :

    “L’aristocrate était producteur ?”

     

    Je veux dire producteur, au sens d’un producteur de films ou de spectacles.

  6. dsk dit :

    “Ah… désolé, j’avais mal compris.”

     

    C’est moi. Il est vrai que ce terme de “producteur” était de nature à prêter à confusion. C’est que je l’avais préféré à “mécène”, car il y a de nos jours dans ce terme une notion de pur don
    désintéressé, dont vous avez justement montré qu’elle était absente chez les aristocrates d’antan.

  7. Marencau dit :

    Bon article, bien que je sois en désaccord cette fois-ci ! J’avoue que c’est un sujet sur lequel je ne me suis encore jamais penché, aussi je te livre mes réflexions “ad hoc”. Désolé si je
    m’étale un peu ou si je défonce des portes ouvertes…

     

    Tout dépend en fait de ce qu’on conçoit par la culture. En effet, il y a à mon avis un équilibre à trouver au niveau des subventions entre “art officiel” et la culture à ouvrir au plus grand
    nombre car elle “enrichit et constitue l’être humain” pour reprendre tes propos. SI j’ai bien compris, tu le tranches de la manière suivante: ce n’est qu’avec le recul historique qu’on peut juger
    une œuvre et subventionner sa diffusion pour qu’elle puisse se maintenir/l’ouvrir au plus grand public possible. L’État ne doit pas subventionner la création.

    A mon avis, se pose du coup un problèmes majeur: comment évaluer l’intérêt d’une œuvre à posteriori ? Je vois deux possibilités:

    a) Elle est jugée comme telle par des experts du domaine avec le recul nécessaire

    b) Elle est reconnue comme telle au moment de sa diffusion ou après la mort de l’artiste par le public.

     

    Le point a) pose immédiatement à son tour un problème insoluble. Il n’y a pas d’échelle de valeur dans l’art et la culture. Un critique peut ne peut pas voir la moindre once d’art dans une œuvre
    tandis qu’un autre criera au chef d’oeuvre. Impossible de se fier à l’expertise pour évaluer une œuvre et juger si elle doit être subventionnée ou pas pour la diffuser au public, tout simplement
    parce qu’il n’y a pas vraiment “d’expertise” dans le domaine au sens où l’on peut dégager une objectivité qui servira de mesure.

    Cela pose encore des biais supplémentaires: si les experts sont payés par l’État ils constitueront une institution qui, in fine, défendra un “art officiel”. S’ils sont “privés” ils ne défendront
    que leur point de vue et rien d’autre. Sauf à en venir à une reconnaissance ou une certification officielle en en consultant certains plutôt que d’autres. Et on revient à “l’art officiel”.

     

    Cela nous amène au b). La réception par le public. Je dis bien public et pas “mécène” qui l’a financé – si j’apprécie la croûte que j’ai commandé pour 10€, ça n’en fait pas une œuvre majeure de
    notre temps.

    Mais mesurer “l’adhésion” du public à une œuvre n’est pas chose facile. Faut-il le fait du vivant de l’artiste, pendant que l’œuvre commence à être diffusée ? Après sa mort, pour voir si c’était
    autre chose qu’un phénomène de mode sans grande profondeur ? Mais est-ce qu’on peut se fonder uniquement sur le nombre de billets d’entrée à une exposition par exemple ou pour voir une pièce
    écrite il y a un temps qui connaît un succès ? Ne doit-on pas faire rentrer en compte d’autres paramètres ? Il y a le risque de se laisser aller à la médiocrité, la flemmardise aidant. La
    télévision en est un bon exemple, les émissions “stupides” attirant un très large public. N’est-ce pas le rôle de l’Etat de faire de l’éducation populaire et de proposer les clés pour que tout le
    monde ait accès à cette culture ?

     

    Mais surtout… comment être sûr que notre époque aura des œuvres à léguer à sa descendance ? C’est bien la question de la création.Qu’est-ce qui garantit qu’aujourd’hui on fera des oeuvres pour
    demain ? C’est là le problème: l’art a un peu perdu de son statut qu’il avait. Imagine-t-on le patron de Total commander une pièce de théâtre aux plus grands dramaturges contemporains en
    l’honneur de son épouse ? Le patron du Crédit Agricole payer son portrait ? D’ailleurs, serait-ce même souhaitable ? La création artistique qu’il y a pu avoir était riche dans certains domaines,
    mais pauvres  d’en d’autres. C’est tout le principe de la “commande” artistique en fonction du mécène. Voudrait-on vraiment léguer à nos descendants comme art de notre époque ce qui
    correspond au goût de quelques personnes fortunées d’aujourd’hui ?

    Si on ne peut compter ni sur l’Etat ni sur les riches mécènes, il ne reste qu’une solution: le peuple directement, à travers son public. Mais voilà, ce n’est pas gagné pour autant. Que faire si
    une œuvre est “économiquement non viable” et alors attire trop peu de mondes pour se faire une renommée populaire ?

     

    En fait je vois trois choix:

    Établir un art officiel

    Rien subventionner à la création

    Tout subventionner à la création

    En excluant la première solution, je serais moins catégorique que toi et je ne sais pas laquelle des deux dernières solutions est le moindre mal. Ne rien subventionner paraît sage lorsqu’on voit
    ce qui peut être produit à l’heure actuelle (mais n’est-ce au fond pas une seule question de goût ?). Mais c’est aussi prendre le “risque” que nous ne produisons non pas moins et de meilleure
    qualité, mais que ceux qui auraient pu produire quelque chose d’excellent ne le fassent finalement pas.

    • Descartes dit :

      Désolé si je m’étale un peu ou si je défonce des portes ouvertes…

      Ne t’excuses pas: c’est en risquant de se tromper qu’on cultive sa réflexion.

      ce n’est qu’avec le recul historique qu’on peut juger une œuvre et subventionner sa diffusion pour qu’elle puisse se maintenir/l’ouvrir au plus grand public possible. L’État ne doit pas
      subventionner la création.

      Exacte. La création est une question de goût personnel, et c’est pourquoi la seule régulation possible est celle de la confrontation entre les créateurs (qui veulent créer en suivant leurs goûts)
      et les mécènes, qui achètent ce qu’ils aiment avec leur argent. L’Etat ne peut participer à cette confrontation parce que les gens qui représentent l’Etat ne sont pas là pour imposer leur goûts:
      ils ne sont pas élus pour ça. Quand l’Etat agit en mecène, cela suppose que des fonctionnaires ou des élus érigent leur goût personnel – qui n’a rien à voir avec le goût du peuple – en norme
      générale. Et avec l’argent des autres.

      A mon avis, se pose du coup un problèmes majeur: comment évaluer l’intérêt d’une œuvre à posteriori ? Je vois deux possibilités:

      a) Elle est jugée comme telle par des experts du domaine avec le recul nécessaire

      b) Elle est reconnue comme telle au moment de sa diffusion ou après la mort de l’artiste par le public.

      C’est la première option qui est à mon avis la bonne. S’il est vrai qu’il peut y avoir des différences de perception et de goût, un artiste qui, cent ans après sa mort, fait encore consensus
      parmi les “classes cultivées” a de bonnes chances d’avoir ajouté quelque chose au patrimoine de l’humanité. Il y a bien des critiques qui n’aiment pas Victor Hugo ou Molière, mais personne ne
      soutiendra que ces auteurs ne sont pas des grands écrivains…

      Mais surtout… comment être sûr que notre époque aura des œuvres à léguer à sa descendance ?

      Pour ça, il n’y a aucune garantie. Que l’Etat deverse des crédits dans la “création” ne garantit rien non plus. Comment savoir si tout cet argent ne sert finalement à fabriquer des croûtes qui
      seront oubliées dans cinquante ans ?

      C’est bien la question de la création.Qu’est-ce qui garantit qu’aujourd’hui on fera des oeuvres pour demain ? C’est là le problème: l’art a un peu perdu de son statut qu’il avait.
      Imagine-t-on le patron de Total commander une pièce de théâtre aux plus grands dramaturges contemporains en l’honneur de son épouse ? Le patron du Crédit Agricole payer son portrait ?

      Bien sur que oui. Les patrons des grandes entreprises achètent des oeuvre d’art à titre privé (pense à Bergé, Pinault ou Ayache) et les entreprises elles mêmes subventionnent expositions et
      spectacles. Il est vrai qu’on ne “commande” plus à la manière ancienne, en imposant le sujet, la forme, la technique, etc. L’oeuvre d’art n’est pas – en apparence – utilitaire et l’artiste crée
      en principe en toute liberté. Sauf que l’artiste doit bouffer, et qu’il sait quelles sont les sujets, les techniques et les formats que son mecène préfère…

      D’ailleurs, serait-ce même souhaitable ?

      Je ne sais pas. Quand on regarde les oeuvres magnifiques que les artistes du passe on créé “sur commande”, et les monstrosités que les soi disant artistes contemporains sont capables de produire,
      je me dis que l’influence du commanditaire n’est pas forcément mauvaise…

      Voudrait-on vraiment léguer à nos descendants comme art de notre époque ce qui correspond au goût de quelques personnes fortunées d’aujourd’hui ?

      Je ne vois pas pourquoi léguer ce qui correspond au goût de quelques fonctionnaires ou de quelques élus politiques donnerait un meilleur résultat. L’expérience des siècles passés montre que les
      “personnes fortunées” ont en général assez bon goût…

      Rien subventionner à la création
      Tout subventionner à la création

      (…) je serais moins catégorique que toi et je ne sais pas laquelle des deux dernières solutions est le moindre mal.

      Ne rien subventionner, évidement. Parce que si on subventionne tout, on encourage toute sorte de charlatans à produire n’importe quoi pour toucher la subvention. Et les caisses publiques ont des
      limites.

      mais que ceux qui auraient pu produire quelque chose d’excellent ne le fassent finalement pas.

      L’expérience a montré que les artistes qui ont quelque chose à dire le disent malgré les plus grandes difficultés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *