PCF: Le congrès du communisme bobo (1)

Le prochain congrès du PCF, le 36ème du nom, approche. Pour la plupart des citoyens, ce est l’objet d’une profonde indifférence. Même parmi les observateurs intéressés par la chose politique, l’affaire présente un intérêt limité. Après tout, qu’est ce que cela a changé dans la vie politique française les derniers cinq ou six congrès du PCF ? On se souvient de projets et de décisions qui ont marqué le débat théorique à gauche (“le socialisme aux couleurs de la France”, l’abandon de la “dictature du prolétariat” et du “centralisme démocratique”) et qui furent l’affaire d’un ou plusieurs congrès du PCF. Mais depuis Martigues en 2000, rien, électroencéphalogramme plat. Et même les dirigeants du PCF n’y croient plus. Témoin ce commentaire de Marie-George Buffet ouvrant la dernière séance du 35ème congrès: “je sais que vous êtes fatigués, vous avez passé une journée à voter des amendements dont vous aurez tout oublié demain” (2). C’est dire l’importance qu’on accorde dans la direction du PCF au travail des militants.

Et cependant, pour tous ceux que les mutations de la gauche intéressent, les congrès du PCF sont une mine d’informations. C’est que le PCF est l’une des dernières organisations politiques à avoir une véritable culture textuelle. Au PS, les “motions” de congrès ne sont qu’un prétexte pour se regrouper et se compter dans les luttes byzantines entre écuries, leur texte ne sont qu’un prétexte, et au fond la seule chose qui intéresse est l’identité et l’ordre des signataires. Au PG, les textes apparaissent et disparaissent (souvenez vous de la “ligne d’horizon”) sans qu’on sache très bien pourquoi, et en dernière instance chacun écrit un peu ce qui lui passe par la tête sans même prendre la peine de vérifier les faits (comme on peut le constater sur le site du PG). Le texte au fond n’a aucune importance, seule compte la dénonciation. Il ne va pas ainsi au PCF. Les textes, même lorsqu’ils sont indigents, sont rédigés avec un certain soin et leur statut n’est jamais ambigu: il est déterminé par les statuts du Parti. Ces textes sont publics, débattus dans des instances qui publient un compte rendu analytique de séance, et sont soumis aux votes des instances correspondantes. Et contrairement à ce que croient les partisans du “nouveau” et de “l’inédit”, cette procédure ne date pas d’hier: elle existe depuis les années 1950.

Fidèle à cette tradition – vous voyez ? il m’arrive aussi de dire du bien des gens… – le PCF a publié cette semaine le compte rendu de la séance du Comité National du PCF des 13 et 14 octobre au cours de laquelle a été approuvé le projet de “base commune” du congrès. Pour ceux qui ne connaissent pas la novlangue PCF, il faut ici un peu d’explication. Traditionnellement, la discussion du congrès s’organisait autour d’un “texte d’orientation” préparé par la direction du PCF. Cette procédure a paru trop peu “démocratique” du temps du père UbHue – et surtout, elle imposait à la direction de prendre une position claire, au lieu de formuler des questions sans réponse – et a été modifié de la manière suivante: la direction propose un projet de texte, et des groupes de militants – je n’ai pas parlé de “courants” ni de “tendances”, vade retro satanas – peuvent proposer des textes alternatifs. Si c’est le cas, on fait voter les militants et le texte choisi devient la “base commune” de la discussion. Bien entendu, dans une organisation aussi légitimiste que le PCF, le résultat du vote est acquis, mais c’est l’intention, semble-t-il, qui compte. Je ne vais pas vous faire un résumé de ce document et des débats qui ont accompagné son adoption (disponible ici ), mais je pense intéressant de donner quelques éléments d’analyse (3).

Le contexte de la discussion d’abord. La réunion du CN fut accompagnée par un “coup” du secteur “communisme-féminisme” (appelé en interne “le gang des lesbiennes” ou GDL), qui distribua en séance une “contribution”. Cette contribution, intitulée “Le féminisme ne tue pas” est accueillie par Pierre Laurent dans son intervention dans ces termes:

Permettez-moi d’attirer également votre attention sur la contribution collective signée de plusieurs dirigeants de notre parti. Cette contribution a vocation à alimenter une réflexion transversale, en amont de tous nos débats, pour donner à la prise en compte des exigences féministes la place qu’elles méritent et que, bien souvent, elles n’ont pas. Je crois que cette contribution peut utilement nourrir nationalement et localement des débats tout au long de la préparation du congrès.

Une contribution “officielle” en somme (4), recommandée par le plus haut dirigeant du Parti. Cette entrée en matière donne le “la” du pouvoir croissant du “gang” dans le fonctionnement du Parti. Pas un dirigeant qui ne soit obligé de faire son mea culpa public sur cette question. Celui de Pierre Dhareville, présentant le texte du projet de “base commune” mérite d’être cité:

Notre réunion d’hier a abordé au moins une question supplémentaire dont je voudrais vous faire part. La première concerne la féminisation globale du texte. Nous avons fait le choix, dans un premier temps, d’essayer l’écrire vraiment au féminin et au masculin, sans règle de préséance, comme on écrirait un texte qui doit être lu, en s’épargnant le recours aux tirets utilisés dans nos textes précédents. Globalement, c’est un effort que nous ne regrettons pas car il pousse plus loin l’exigence de penser de façon égalitaire et hache moins la lecture. Mais nous ne voudrions pas que cette tentative soit vécue comme un recul sur notre parti pris féministe. Nous avons donc demandé à une éminente personnalité de la commission de repasser le texte au peigne fin, de corriger les oublis d’une part et effectuer le travail de tirets où il est nécessaire.

On ne peut que saluer la décision d’écrire les textes “comme on écrirait un texte qui doit être lu” (doit on conclure que ce n’était pas le cas des “textes précédents” ?). Mais on reste perplexe devant l’idée que le fait de remplacer les “tirets utilisés dans nos textes précédents” (5) par un “texte écrit au masculin et au féminin” puisse être regardé comme un “recul sur notre parti pris féministe”. Il faut vraiment que la “culture de l’offense” ait fait des grands progrès au PCF pour que ce genre de question typographique prenne une telle importance. Et qu’on se sente obligé de faire appel à une “éminente personnalité” pour repasser le texte et “effectuer le travail de tirets où il est nécessaire” donne une petite idée de ce que sont les priorités des rédacteurs du texte. Au demeurant, le travail de “peignage” a été bien mal fait: le terme “patron” ou “banquier”, par exemple, n’est jamais féminisé. Qu’attend le GDL pour exiger que “patronne”, “banquière” et “exploiteuse” soient mentionnés dans le texte ?

A cela s’ajoutent les nombreuses interventions du GDL pendant la discussion qui a suivi la présentation du texte, toutes sur la même tonalité: “mettons en œuvre dans les communes où les maires sont communistes des plans d’éducation non sexistes” nous dit par exemple Gilles Garnier. On aimerait bien savoir ce qu’est un “plan d’éducation”, et quels sont les pouvoirs du maire pour les mettre en œuvre. Mais d’autres sont beaucoup plus ambitieux: “Notre texte a besoin de l’apport de l’analyse féministe. Je propose que tous les sujets abordés dans le texte tiennent compte de cet apport: le travail, la crise, l’économie, l’Europe, les guerres, les religions, le Parti, le pouvoir…” dit Colette Mô (6). Là encore, on aimerait savoir ce que c’est que “l’analyse féministe”…

En fait, cette fixation sur le féminisme est le signe d’une mutation majeure du PCF, celle où le prolétaire et l’exploité cesse d’être l’acteur principal du changement à venir pour être remplacé par une multitude de “minorités opprimées” diverses: femmes (7), minorités sexuelles, “sans papiers” et autres. Ce remplacement marque la prise de pouvoir des couches moyennes. Le prolétaire, l’ouvrier, le travailleur exploité a ses propres intérêts et ses propres demandes, qui ne coïncident pas forcément – en fait, presque jamais – avec celles des classes moyennes. En tant que classe, la classe ouvrière constitue une entité autonome à laquelle on ne peut faire dire n’importe quoi. L’avantage des “minorités”, c’est précisément qu’elles n’ont aucune autonomie politique. Elles ne peuvent s’exprimer – si l’on peut dire – qu’à travers des porte-parole qui prétendent les représenter. On le voit bien avec ces “féministes” qui prétendent représenter “les femmes” et qui au milieu d’une crise sociale, économique et politique d’une particulière gravité sont avant tout préoccupées par le “peignage” des tirets dans un texte. Les “féministes” du PCF ne représentent pas “les femmes” en général. Elles représentent les femmes ambitieuses des classes moyennes qui ont compris combien on pouvait tirer profit du climat culpogène qui règne aujourd’hui pour faire avancer leur carrière. Ces femmes ne servent pas le féminisme, elles le confisquent à leur profit.

Cette prise de pouvoir des classes moyennes s’accompagne d’une perversion du texte. Ayant évacué toute analyse en termes de rapports économiques, il ne reste plus que faire illusion avec un texte creux, ou l’effet de sens remplace la réflexion (8). Pour ne donner qu’un exemple presque caricatural, prenons le traitement de la question nationale:

Que dire, alors, de la nation ? Nous en portons une conception qui se situe aux antipodes de la vision identitaire et ethno-culturelle qui teinte les discours de la droite, sous l’influence de son extrême. La nation est pour nous un lieu essentiel du faire peuple et de l’exercice de la démocratie. Un lieu essentiel de l’internationalisme. La nation française elle-même s’est forgée dans la Révolution. Elle peut être fière de sa diversité régionale, en particulier linguistique. Elle est habitée d’une culture ouverte et en mouvement dont le monde a besoin. Au même titre qu’il a besoin de l’apport des autres nations de l’Europe et du monde. Depuis l’aube de notre histoire, les échanges entre les peuples nourrissent les représentations qu’ils se font d’eux-mêmes, leurs cultures communes et leurs façons de vivre. Partout, au cœur de la vie quotidienne dans les villes du monde, c’est cela qui se poursuit. C’est pourquoi l’idéologie xénophobe du nationalisme est une dangereuse fumisterie. Convaincus qu’il est vain d’enfermer toute tentative de changement dans la seule nation, nous proposons d’en refonder le principe pour reconstruire de l’unité sur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Dans le même mouvement, il sera possible d’inscrire cette refondation dans une quête de mondialité. C’est-à dire un processus permanent d’humanisation de l’humanité capable de bousculer la mondialisation capitaliste et d’opposer aux affrontements identitaires la force d’un monde interculturel. De tous les pays, unissons-nous.

Alors, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère, as-tu compris ce qu’est la Nation pour les communistes ? Est-tu convaincu qu’il s’agit du “lieu essentiel du faire peuple” ? Que “le principe” de la Nation doit être “refondé” (?) pour “reconstruire de l’unité sur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité” (??) et qu’une telle refondation devrait s’inscrire “dans une quête de mondialité” (???); et que cela donne un “processus permanent d’humanisation de l’humanité” (????)  Et pour couronner le tout, comble du lapsus, la formule “De tous les pays, unissons nous”. Il y a des mots qui sonnent plus fort par leur absence que par leur présence… Que dire de ce gloubi-boulga textuel, sinon que l’utilisation permanente de formules vaguement poétiques mais sans contenu réel (genre “faire peuple” ou “humanisation de l’humanité”) empêche toute réflexion rationnelle sur la question ? Car comment peut-on réfléchir rationnellement à un problème alors qu’on ne se donne pas des concepts clairs sur lesquels la réflexion pourrait opérer ?

Le même problème se pose sur la question du projet:

Alors, quel projet ? Cette question, nous ne souhaitons pas y répondre seuls. Nous voulons la poser en grand à la société. Nous voulons interroger les hommes et les femmes, pour donner de l’espace et de l’écho à leurs aspirations. Ouvrons grand les vannes : « Et vous, quels changements de société voulez-vous ? » Voilà la grande campagne d’échanges citoyens que nous souhaitons lancer dans tout le pays et au-delà. Nous ne saurions nous engager dans une telle initiative sans décrire nous-mêmes le projet de société que nous portons. Nous ne le concevons pas comme un modèle prêt-à-porter, mais une contribution forte dans la quête de l’humanité.

Vous avez tout compris, j’espère. A la question du projet on ne veut pas répondre tout seuls, mais “la poser en grand à la société” (comment on “pose en petit” une question ?). Mais on ne peut poser la question avant de “décrire nous mêmes le projet que nous portons”. En d’autres termes, on ne peut poser la question à la société avant d’avoir décidé “tous seuls” de la réponse. Et le tout comme une “contribution forte dans la quête de l’humanité”…

Pour résumer: ce texte nous ressert, dans un langage faussement poétique, l’idéalisme vaguement bisounours qui est devenu la vulgate “politiquement correcte” de la gauche radicale avec une répétition obsessionnelle de “l’humain” comme l’alpha et l’oméga de la compréhension du monde en dépit du fait que l’envie, la haine, la cupidité sont aussi des émotions profondément “humaines”.

Je pourrais poursuivre avec vous la lecture de ce texte, mais ce serait un exercice futile. Sur chaque question, on trouve la même chose. Un bavardage creux rempli de bonnes intentions, le rappel du “rôle des femmes” à chaque paragraphe – le pouvoir des minorités agissantes devient effrayant – et en bout de compte pas le moindre brin d’analyse. Et pour couronner le tout, une réaffirmation du crédo eurobéat qui est devenu celui du PCF depuis que Laurent a eu la présidence du PGE (“Paris vaut bien une messe”, disait l’autre…). Pour conclure, je ne vois pas mieux que recopier la conclusion du texte:

Qu’elles furent longues, ces années, à tâtonner, reprendre notre souffle, à résister au déferlement sauvage du capitalisme. Nous avons traversé ces épreuves sans chercher à les fuir. Mais nous sommes là, en ce moment où le monde peut basculer vers l’humanité plutôt que vers la barbarie. Nous sommes là, debout, humbles et fiers. Disponibles pour rallumer les étoiles. Il est grand temps, ne croyez-vous pas, de préférer poursuivre nos rêves plutôt
que fuir un cauchemar. Pour faire grandir l’humain d’abord, prenez la main, prenez les rênes, prenez le pouvoir !

Et aussi rappeler les résultats du vote: sur les 233 membres du comité national élus en 2008, seuls 82 on voté ce texte, 10 ont voté contre, 5 se sont abstenus…

Descartes

(1) Même s’il faut nuancer le propos. D’une part, des opposants notoires à la direction ont pu s’exprimer devant le Congrès avec un retentissement considérable (par exemple, Roger Garaudy en 1970). D’autre part, si la direction avait la haute main sur le congrès, elle était tout de même très consciente du fait qu’une utilisation trop évidente de ce pouvoir lui retirerait toute légitimité, ce qui fait un système de “check and balance” finalement assez sain.

(2) Je cite à partir de mes notes, et je ne peux garantir l’exactitude textuelle, mais le sens y est.

(3) Le document contient aussi un étrange rapport sur la reforme des statuts, qui est à l’ordre du jour du congrès. Dans la mesure où le projet de statuts n’est pas encore public, il est un peu difficile de comprendre le sens de cette intervention rédigée en langage codé. Le document contient aussi un rapport sur l’élection des futures directions, qui mérite un commentaire à part. J’y reviendrai dans une prochaine note…

(4) Et une contribution qu’il faut lire (ici) pour réaliser à quel point la réflexion de ces “féministes” est primitive, et à quel point leur français est défaillant. Sur ce dernier point, la première phrase est révélatrice: “Pour plagier une grand écrivaine, Simone de Beauvoir : « On ne nait pas féministe, on le devient »” (rigoureusement SIC). D’abord, si l’on dit “écrivaine”, alors il faut accorder au féminin l’adjectif “grand”. Et ensuite, il ne s’agit pas d’un “plagiat”, tout au plus d’une “paraphrase”. Mais au delà du français, on trouve dans ce texte bourré de fautes l’antienne absurde que “capitalisme et patriarcat se nourrissent mutuellement“. Or, c’est exactement le contraire: le capitalisme libéral nécessite que les travailleurs, hommes et femmes, puissent proposer leur force de travail sans restriction sur le marché. Et c’est précisément pourquoi le capitalisme, au cours de son développement, a sorti les femmes de la sphère domestique et les a précipitées dans la production industrielle. Mais on continue à répéter bêtement au PCF – cette fois-ci dans le texte de “base commune” lui même que “Le capitalisme est venu exacerber toutes les dominations existantes, à commencer par le patriarcat“. Notez d’ailleurs que le patriarcat devient dans cette formule la principale “domination existante”, devant les rapports d’exploitation. Ces “féministes” ont oublié de lire Marx: “La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire.Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques” (Manifeste du Parti Communiste, 1848).

(5) Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, c’est l’horrible manie de “féminiser” les expressions en mettant entre tirets les terminaisons correspondantes aux deux genres; ainsi par exemple l’expression “les citoyens et les citoyennes” devient  “les citoyen-ne-s”. L’obligation “féministe” d’utiliser les deux genres à chaque fois rend rapidement les textes illisibles. Ainsi, on retrouve des formules du type “les adhérent-e-s décident avec les citoyen-ne-s des tâches qu’ils ou elles demandent aux dirigeant-e-s”.

(6) J’ai une certaine tendresse pour Colette Mô. Cela fait presque dix ans qu’elle siège au Comité National du PCF, et qu’elle intervient systématiquement. Et toujours sur le même sujet, le “féminisme”. Que le débat porte sur la situation sociale, sur les questions internationales ou sur l’élevage des pingouins dans l’Antarctique, Colette Mô intervient sur le seul sujet qui, apparemment, lui tient à cœur. Elle rappelle ce commentaire de Prévert: “Il avait une idée. C’était une idée fixe. Et il s’étonnait pourtant qu’elle n’avançât point”.

(7) Les femmes ne sont pas une “minorité” en termes statistiques, mais dans la vision du “féminisme de genre” elle se construit comme telle, prenant toutes les caractéristiques de la minorité: l’impuissance, la paranoïa…

(8) Cela se voit dès le titre: “« Il est grand temps de rallumer les étoiles… » Humanifeste du Parti communiste français à l’aube du siècle qui vient“. Je n’ai personnellement rien contre la poésie, encore faut-il que cela ait un sens et que la citation soit remise dans son contexte. La formule “il est grand temps de rallumer les étoiles” vient d’une pièce de Guillaume Apolinaire, “Les mamelles de Tiresias“. Dans cette pièce, le personnage raconte un souvenir de guerre où ce sont les canons allemands qui éteignent une à une les étoiles, et devant ce massacre un officier français donne l’ordre de les rallumer avec les canons de l’artillerie française. On peut se demander si ceux qui ont choisi cette formule pour le titre de la “base commune” ont lu la pièce… ou s’ils ont choisi la formule simplement parce qu’elle “sonnait bien”. Quant à “l’Humanifeste”… pourquoi pas. A condition de ne pas croire qu’on a fait là autre chose qu’un jeu de mots, amusant certes, mais qui ne veut rien dire. Par contre, “(…) à l’aube du siècle qui vient” est tout à fait ridicule. Il faudrait que le PCF réalise que “le siècle qui vient” est le XXIIème, et qu’on ne peut pas attendre 88 ans pour voir venir.

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

38 réponses à PCF: Le congrès du communisme bobo (1)

  1. Jonathan dit :

    Je suis d’accord sur tout, comme souvent quand je lis ton blog ; et j’ai les mêmes remarques à faire sur les interventions de Colette Mô… Incroyable que cette dame, que je ne connais que par
    ses interventions au CN retranscrites dans “Communistes”, ne parle que de ça, quoi qu’il se passe, quelle que soit l’actualité ou le thème des réunions du Conseil national…

    Quant à la lecture de ce texte atterrant qu’est la Base Commune de discussion adoptée par le CN, qui sera évidemment adoptée par les adhérents, après un vote totalement démocratique comme nous en
    avons déjà eu, un des derniers en date étant la désignation du candidat à la présidentielle, sans que personne ne trouve anormal qu’aucune chose ressemblant à des déclarations de candidature ne
    soit envoyé aux adhérents…

    Sur le texte lui-même, voici ce qui m’a frappé à sa lecture :

    – la façon dont la langue française est maltraitée : syntaxe et ponctuation malmenées, néologismes, confusions de termes, verbiage, etc. ; sans parler de la désormais
    inévitable confusion entre genre naturel et genre grammatical ;
    – malgré quelques lignes intéressantes sur la nation, celle-ci demeure

    partout subordonnée à l’Union européenne ; rien sur la France en tant que telle ;
    – aucune analyse sérieuse de la société dans laquelle nous vivons, juste un ton pleurnichard pour constater que la société, elle est pas juste ; en outre, y compris dans nos analyses dont ce
    texte est le reflet, nous reprenons l’antienne libérale selon laquelle il n’y a plus de société, mais seulement des individus ;
    – la place démesurée des questions sociétales par rapport aux questions sociales ; rien sur la nature du procès de production dans le système capitaliste actuel, rien sur les classes sociales en
    présence ; en conséquence, malgré la revendication en universalisme, toutes les tartes à la crème différentialistes sont reprises à notre compte ;
    – la faiblesse de l’analyse du “Printemps arabe”, et la dissimulation du fait que ce sont majoritairement des islamistes qui ont pris le dessus ; il n’y a rien évidemment sur la place jouée par
    l’OTAN et ses alliés dans cette évolution, ni analyse critique de nos propres positions, de plus en plus illisibles (refus de prise de position entre un agresseur et un agressé : cas de l’Irak et
    de la Lybie, de même sur la Syrie…) ;
    – la place indigente qu’occupent les questions industrielles dans le texte : on s’extasie devant les mouvements libertaires des “Indignés” et “Occupons Wall Street”, mais aucune des luttes des
    salariés de Arcelor, Sanofi, Samsonite, PSA, Doux, etc. n’est mentionnée ;
    – le syndrome de la “coquille vide” entretenu concernant le projet, puisque nous devrions demander à la société elle-même ce qu’elle veut, masquant donc les contradictions dont elle est
    travaillée ; les “fenêtres” sont un moyen commode pour que la direction ne se mouille pas trop sur les questions importantes ;
    – la définition hasardeuse du communisme, appuyée sur la reprise d’une définition figurant dans une note de bas de page d’une œuvre de jeunesse de Marx, et donc pas du tout représentative de ses
    conceptions les plus abouties sur le sujet ; rien sur le socialisme, évidemment ;
    – l’analyse de la chute de l’URSS complètement fantaisiste : ce serait à cause du manque de démocratie qu’elle aurait succombé, et pas à cause de l’affrontement international de classe,
    dédouanant, de fait, l’impérialisme américain de sa responsabilité ;
    – la confusion entre Union européenne et Europe, et le refus d’analyser le rôle de la première dans les reculs sociaux connus par tous les peuples européens ;
    – l’illusion, savamment entretenue, de la possibilité de changer l’UE, et le discrédit jeté sur ceux qui estiment indispensable la dissolution de l’UE, étant assimilés à des nationalistes ;
    – l’obstination à enfermer l’action internationale du PCF dans le PGE, sans mentionner les liens avec les autres PC du monde ;
    – l’absence de toute réflexion l’organisation et le fonctionnement du parti, et le type d’actions à mener plus spécifiquement ; à la place, comme partout dans le texte, une déclaration de bonnes
    intentions très idéalistes, par ailleurs très contradictoires avec ce que l’on voit réellement à l’œuvre dans le parti même ;
    – l’absence d’analyse de la stratégie électorale qui nous a fait perdre la moitié de nos élus régionaux et de nos députés ;
    – le refus d’expliquer comment le Front de gauche doit fonctionner, et l’illusion selon laquelle toutes ses composantes sont compatibles entre elles.

    Pour conclure, c’est un texte qui n’arme en rien les communistes, et qui, poursuivant la démarche engagée sous la Mutation, procède par idéalisme, faisant reculer le mouvement ouvrier au temps du
    socialisme utopique voire plus loin, à celui d’un don-quichottisme néfaste et dangereux.

    • Descartes dit :

      Incroyable que cette dame, que je ne connais que par ses interventions au CN retranscrites dans “Communistes”, ne parle que de ça,

      C’est ça, une obsession. Mais le fait qu’une Colette Mô ait pu être élue et réélue au CN montre combienla direction du PCF a cessé à partir des années 1980 d’être composée par des “humanistes”
      intéressés par les questions politiques et sociales en général comme c’était le cas avant, pour devenir un ramassis hétéroclite de militants chacun intéressé par sa “marotte”.

      Sur le texte lui-même, voici ce qui m’a frappé à sa lecture :

      Je vois que monsieur a lu le texte en détail… je sens là le militant communiste de la vieille école…

      – la façon dont la langue française est maltraitée : syntaxe et ponctuation malmenées, néologismes, confusions de termes, verbiage, etc. ; sans parler de la
      désormais inévitable confusion entre genre naturel et genre grammatical ;

      De ce point de vue, il se place dans la droite ligne des textes depuis l’avènement du père UbHue. On retrouve même un certain nombre de formules qui étaient répétées
      comme un mantra à l’époque (par exemple, “l’argent pour l’argent”) et qui ne veulent rien dire. Le peu desoin apporté à la correction est cependant quelquefois intéressant, parce qu’il laisse
      passer des “lapsus” amusants… comme celui d’enlever le mot “prolétaires” dans la formule “prolétaires de tous les pays, unissez vous”…

      – malgré quelques lignes intéressantes sur la nation, celle-ci demeure partout subordonnée à l’Union européenne ; rien sur la France
      en tant que telle ;

      Des lignes intéressantes sur la Nation ? Ca a du m’échapper…

      – aucune analyse sérieuse de la société dans laquelle nous vivons, juste un ton pleurnichard pour constater que la société, elle est pas juste ; en outre, y compris
      dans nos analyses dont ce texte est le reflet, nous reprenons l’antienne libérale selon laquelle il n’y a plus de société, mais seulement des individus ;

      Exact. C’est d’ailleurs un point à mon sens très important dans l’évolution du PCF vers un soixante-huitardisme attardé. Derrière le discours “antilibéral”, on retrouve
      l’individualisme et l’anti-institutionnalisme des classes moyennes…

      – la place démesurée des questions sociétales par rapport aux questions sociales ; rien sur la nature du procès de production dans le système capitaliste actuel,
      rien sur les classes sociales en présence ; en conséquence, malgré la revendication en universalisme, toutes les tartes à la crème différentialistes sont reprises à notre compte ;

      Oui. Avec en plus la tentation communautariste…

      – la place indigente qu’occupent les questions industrielles dans le texte : on s’extasie devant les mouvements libertaires des “Indignés” et “Occupons Wall Street”,
      mais aucune des luttes des salariés de Arcelor, Sanofi, Samsonite, PSA, Doux, etc. n’est mentionnée ;

      C’est vrai, mais sur ce point je sens qu’on ne sera pas d’accord. Les luttes des salariés dans telle ou telle entreprise sont admirables, mais il faut se rendre compte
      que depuis trente ans ces combats ont été pratiquement tous perdus. Il serait temps de faire une analyse et de comprendre pourquoi ces batailles syndicales ne peuvent pas, sur le long terme,
      aller contre une évolution de la société sauf à les transformer en combat politique.

      – l’illusion, savamment entretenue, de la possibilité de changer l’UE, et le discrédit jeté sur ceux qui estiment indispensable la dissolution de l’UE, étant
      assimilés à des nationalistes ;

      Que veux-tu, les classes moyennes aiment l’UE qui leur permet de voyager avec une monnaie forte en poche et d’acheter des produits importés bon marché… ce n’est que
      lorsque les activités qui vont vivre les classes moyennes commenceront à être délocalisées qu’on verra des changements…

      Pour le reste, d’accord avec toi. Ce congrès ne risque pas d’être mémorable…

  2. Trubli dit :

    Les ouvriers constituaient la base électorale du PCF. Ne faut-il pas voir dans la chute des effectifs ouvriers, décimés par les délocalisations depuis les années 70, la cause de la chute du PCF
    et ce bien plus que la fin de l’URSS ? 

    Les ouvrier ont été progressivement remplacés par les employés en tant qu’ensemble dominant au sein des classes populaires. 

    L’intérêt de l’employé est au libre-échange intégral car il n’est pas menacé à court terme par le libre-échange intégral qui en plus lui permet d’augmenter son pouvoir d’achat. Et une monnaie
    forte est la bienvenue pour maintenir ce pouvoir d’achat. 

    • Descartes dit :

      Les ouvriers constituaient la base électorale du PCF. Ne faut-il pas voir dans la chute des effectifs ouvriers, décimés par les délocalisations depuis les années 70, la cause de la chute du
      PCF et ce bien plus que la fin de l’URSS ? 

      Je ne le crois pas. Les ouvriers sont restés très nombreux jusqu’aujourd’hui, même si les catégories statistiques de l’INSEE font que le personnel hier considéré industriel est passé dans les
      services du  fait de l’externalisation. Le déclin du PCF vient du déclin du pouvoir de négociation de la classe ouvrière du fait du chômage de masse, bien avant que commence la
      délocalisation.

       

  3. Inquiet dit :

    Je suis désespéré-e-es-pardon-j’suis-innocent-madame-la-commissaireuh. (Oui, je n’ai pas à (dés)-accorder l’adjectif au féminin-pluriel-le-s dans le cas présent mais je ne vous permets pas de
    préjuger de mon éventuel genre, ni de mon éventuelle pluralité.)

    A bon entendeur-esse-s-pardon.

  4. Caton d'Utique dit :

    Toujours un plaisir de lire une analyse profonde d’un congrès d’un parti, surtout quand on le connait que très peu. Une chose m’interpelle cependant, vous êtes revenu à de nombreuses reprises sur
    ce changement du PCF, à partir de Robert Hue si j’ai bien compris, vers la “boboisation”. Mais, à moins que je n’ai manqué l’un de vos articles, je ne sais pas si vous avez détaillé quelque part
    les raisons profondes de ce changement. J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi ce changement…écho indirect de mai 68 ? S’est-t’il mit en place sans résistances, ou bien ce fut tellement lent
    qu’il fut sans couleur, à travers les institutions, les militants ?

    J’ai l’impression, et peut-être fausse, que cela semble être inhérent à presque tous les grands partis, Séguin, Chevènement avec le Ceres et autres furent rabroués et mis au ban durant cette
    période…

    • Descartes dit :

      Toujours un plaisir de lire une analyse profonde d’un congrès d’un parti, surtout quand on le connait que très peu.

      Profonde, profonde… n’exagérons rien. Ce ne sont que quelques impressions à partir de la lecture du texte, des débats et des commentaires que mon fait certains amis qui sont encore dans le
      Parti. Mais puisque cela semble intéresser mes lecteurs, j’y reviendrai…

      Une chose m’interpelle cependant, vous êtes revenu à de nombreuses reprises sur ce changement du PCF, à partir de Robert Hue si j’ai bien compris, vers la “boboisation”. Mais, à moins que je
      n’ai manqué l’un de vos articles, je ne sais pas si vous avez détaillé quelque part les raisons profondes de ce changement.

      Je ne suis pas sur. J’ai écrit des choses à l’époque, mais je ne suis pas sur d’avoir abordé la question sur ce blog. Comme tout processus historique, la transformation du PCF dans les années
      1990 a plusieurs causes, et certaines viennent de loin. Il y a d’abord un changement de sociologie: la désindustrialisation et le chômage de masse des années 1980 a privé la classe ouvrière de
      tout pouvoir de négociation dans l’économie, et cela se traduit nécessairement par une perte d’influence dans la sphère politique. A l’opposé, les années 1980 marquent le triomphe des classes
      moyennes dont les intérêts et les thématiques dominent le champ politique. Une telle transformation ne pouvait que se réfleter dans la sociologie communiste. Tout au long des années 70 et 80
      apparaissent des tentatives de prise de pouvoir interne par des groupes contestataires dont le point commun – surprise, surprise – est de représenter la vision des classes moyennes. Ces groupes
      reclament “la fin de l’ouvriérisme”, “une plus grande attention aux intellectuels”, “la prise en compte des nouvelles formes d’exploitation” (ce qui en langage codé de l’époque veut dire les
      questions sociétales…).

      “Refondations”, “Futurs”, les amis de Pierre Juquin… toutes ces tentatives échouent car le Parti est encore trop bien verrouillé par la génération issue de la guerre et de la résistance. Mais à
      l’aube des années 1990, cette génération s’efface et laisse les commandes à la suivante, et c’est là le deuxième facteur à prendre en compte. La génération qui a vécu la guerre, la Résistance, la
      Libération, le gaullo-communisme disparaît pour laisser la place à celle qui a fait ses armes dans les années d’abondance et de mai 1968, celle qui a souvent fait des bonnes études et accédé au
      graal des classes moyennes, celle pour qui la légalisation du cannabis devient plus importante que les questions économiques ou industrielles (si vous me trouvez sevère, relisez le programme
      électoral de Pierre Juquin en 1988). Avec le père UbHue, cette génération prend le pouvoir.

      Enfin, troisième facteur d’importance, c’est le poids des notables et des élus. Le PCF s’est  traditionnellement méfié de ses élus. Avec raison: dans un parti centralisé et discipliné, l’élu
      et le “notable” en général disposent d’une légitimité propre qui leur permet de défier avec succès l’appareil. La décentralisation de 1983, qui a transformé les élus locaux en “barons” disposant
      de moyens considérables à distribuer qui leur permettent de se fabriquer des “clientèles” fidèles a encore renforcé ce pouvoir. Pour contrôler les élus, pour s’assurer qu’ils n’utilisent pas
      leurs mandats aux fins d’avancer leur propre carrière, le PCF avait construit un système de contrôle dont la pièce centrale était le “centralisme démocratique” et le reversement par les élus des
      indemnités perçues. Pour résumer schématiquement le système: le débat est libre, mais une fois que la décision est tranchée elle est exécutée par tous sous peine d’exclusion. Même si le système
      s’applique à tous les adhérents, on voit bien qu’un tel système est beaucoup plus sevère avec les élus et les notables qu’avec le militant de base. Car le militant de base a peu de choses à
      perdre en étant exclu: c’est le Parti qui a besoin de lui, et non l’inverse. Par contre, l’élu, le “notable” ont beaucoup à perdre, puisque l’exclusion entraine la perte des mandats électifs ou
      autres…

      Pas étonnant dans ces conditions que les élus et les “notables” aient cherché a s’affranchir du système. Avec le père UbHue, ils ont eu ce qu’ils demandaient: l’abolition du “centralisme
      démocratique” sous le prétexte, fort généreux, de “démocratiser le parti”. Et ce n’est certainement pas une coïcidence si Robert Hue fut, avant de devenir le premier dirigeant du PCF, président
      de “l’Association des Elus Communistes et Républicains”… dis moi de quel lobby tu viens, et je te dirai qui tu est.

      J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi ce changement…écho indirect de mai 68 ?

      Je dirais plutôt que ce fut un écho du même phénomène de changement sociologique et économique dont mai 1968 fut un symptôme. Mais il est vrai que pour une frange de militants jeunes du PCF mai
      1968 fut un traumatisme: c’était un peu comme s’ils avaient été envoyés au lit sans dessert, privés de la possibilité de faire la fête dans les rues avec leurs copains en jetant des pavés sur les
      CRS. Il est resté une sorte de mythe selon lequel “la direction du PCF n’a pas compris la révolte de 1968”, voire pour les plus radicaux l’accusation d’avoir saboté ce qui aurait pu être une
      “révolution”. Quarante ans après, alors que les faits historiques nous sont connus, il y en a encore beaucoup qui ne veulent pas voir combien on est passé près du gouffre, et combien la direction
      du PCF a fait pour l’éviter…

      S’est-t’il mit en place sans résistances, ou bien ce fut tellement lent qu’il fut sans couleur, à travers les institutions, les militants ?

      Il faut comprendre que les militants du PCF sont fondamentalement légitimistes. Ils voient dans la division du Parti un risque bien plus important que les erreurs politiques de n’importe quelle
      direction. Lorsqu’ils sont en désaccord, ils tendent à partir et non à voter contre la direction. Et cela est compréhensible: le militantisme communiste implique traditionnellement un grand
      sacrifice, en temps, en argent, en risque professionnel. Dès lors qu’on n’est plus d’accord avec la politique du Parti, ce sacrifice perd son sens. Continuer à le faire pour le simple plaisir de
      voter contre les textes, ce n’est pas très rationnel. Autant partir et aller voir ailleurs. Et c’est pourquoi jamais une direction communiste n’a été mise en difficulté par un vote de la base, et
      ce n’est pas demain la veille que ça risque d’arriver.

      La résistance aux changements s’est donc manifesté essentiellement par des départs. Dans les deux années qui ont suivi le 28ème congrès (celui de l’intronisation de Hue et de l’abandon du
      “centralisme démocratique”) le PCF a perdu les trois quarts de ses adhérents. La vente de la vignette de la Fête de l’Humanité, qui est un excellent baromètre de l’activité communiste, a perdu
      les quatre cinquièmes (de 600.000 à 120.000) dans la même période. J’ai publié si ma mémoire ne me trompe pas le graphique sur ce blog. Les sections d’entreprise, qui privilégiaient le
      militantisme sur le lieu de travail, ont pratiquement disparu.

      Il y eut – et il y a encore – une résistence plus “politique”, qui se manifeste dans certaines sections ou fédérations qui votent systématiquement contre les textes des directions, par exemple.
      Le problème – et je sens que je vais me faire des amis – est que ces “résistants” pensent souvent en regardant le rétroviseur. La nostalgie est un sentiment fort respectable, mais elle ne
      constitue pas un programme politique. Pas plus que la dénonciation permanente des défauts des autres. J’ai une grande tendresse pour ces camarades… mais je suis obligé de constater que leur
      production fleure bon les années 1950. Avec un tel positionnement, ils partent battus. Aujourd’hui, on a besoin d’analyse des transformations de la société qui nous entoure. Et pour cela, il n’y
      a pas de “formule magique”, de “code secret” contenu dans l’oeuvre de Marx et de Lénine…

      J’ai l’impression, et peut-être fausse, que cela semble être inhérent à presque tous les grands partis, Séguin, Chevènement avec le Ceres et autres furent rabroués et mis au ban durant cette
      période…

      Ton impression est à mon avis tout à fait “vraie”. La transformation sociologique et économique qui a transformé le PCF se fait sentir dans tous les partis. Si les “gaullo-communistes” ont été
      marginalisés au PCF, ils l’ont aussi été dans l’UMP. Les années 1980 marquèrent le triomphe des girondins, avec le traité de Maastricht, la décentralisation, la désindustrialisation. Et la
      défaite des jacobins dans tous les partis: Seguin à l’UMP, Chèvenement au PS…

  5. Gugus69 dit :

    Bonsoir ami et camarade.

    Je crois que le PCF souffre depuis la mise sur la touche de l’équipe Marchais, d’un déficit chronique de travail théorique. La rigueur marxiste a laissé la place à un rousseauisme benet. La chute
    de l’URSS, peu ou pas analysée elle-même, a ouvert grand les vannes à une auto-détestation qui a rendu bien des communistes honteux d’eux-mêmes et de leur bilan politique historique. C’est
    dramatique !

    Les militants, autour d’André Gerin et de quelques autres, qui tentent de relever le drapeau rouge, ont obtenu quelques succès. Ils ont reçu 25% des votes lors du dernier congrès, et contraint la
    direction réformiste à un vote lors de la désignation du candidat à l’élection présidentielle, qui a montré que deux communistes sur cinq souhaitaient un candidat communiste à la place de
    Mélenchon.

    Pour autant, si lors du 36e congrès, la ligne réformiste, Front de gauche et PGE de Laurent est reconduite, il leur faudra bien considérer la nécessité de la création d’une force révolutionnaire,
    marxiste, des communistes français. Ou accepter la stérilisation de leur combat politique…

    Je suis extrèmement pessimiste, je l’avoue.

     

    • Descartes dit :

      Bonsoir ami et camarade.

      Bonsoir… et j’espère que je resterai “ami et camarade” à la fin de cette réponse, parce que je sens que nous n’allons pas être d’accord…

      Je crois que le PCF souffre depuis la mise sur la touche de l’équipe Marchais, d’un déficit chronique de travail théorique. La rigueur marxiste a laissé la place à un rousseauisme benet. La
      chute de l’URSS, peu ou pas analysée elle-même, a ouvert grand les vannes à une auto-détestation qui a rendu bien des communistes honteux d’eux-mêmes et de leur bilan politique historique. C’est
      dramatique !

      Oui. J’irais même plus loin: depuis la fin de la période Marchais, il règne dans le Parti un véritable mépris pour le travail théorique. Ceci a été résumé sous le règne du père UbHue par la
      formule, répétée obsessionnellement, selon laquelle “la vie à tranché”. Comme si “la vie” pouvait “trancher” une question directement, sans une théorie qui puisse interpréter les observations et
      leur donner un sens. Cette idée d’une “réalité” accessible directement et qui nous donnerait sans médiation aucune des leçons directement utilisables se retrouve dans toute la littérature
      communiste de l’époque. Depuis, on y a rajouté une détestation permanente de “ceux qui savent” et la proclamation permanente que “toutes les paroles se valent”. Comment dans ces conditions une
      réflexion théorique pourrait voir le jour ?

      Les militants, autour d’André Gerin et de quelques autres, qui tentent de relever le drapeau rouge, ont obtenu quelques succès. Ils ont reçu 25% des votes lors du dernier congrès, et
      contraint la direction réformiste à un vote lors de la désignation du candidat à l’élection présidentielle, qui a montré que deux communistes sur cinq souhaitaient un candidat communiste à la
      place de Mélenchon.

      Oui… mais le problème, c’est qu’il ne suffit pas de “relever le drapeau rouge”. La partie symbolique est toujours la plus facile (même si elle est indispensable… et le remplacement des
      “outils” des travailleurs par un carré rouge ou un porte-voix n’est pas innocent)… ce qui est difficile, c’est de proposer une alternative. Le problème des “résistants” du PCF, outre le fait
      qu’ils sont divisés par des querelles incompréhensibles qui rappellent un peu trop les sectes gauchistes, c’est qu’ils partent battus. Parce qu’on est toujours battu lorsqu’on ne propose en tout
      et pour tout qu’un “retour” à un état antérieur. Et surtout, lorsqu’on dénonce le “gauchisme libertaire” des uns pour tomber dans le “gauchisme stalinien”. Lorsque j’entends Gérin – pour qui j’ai
      par ailleurs le plus grand respect – tonner contre “les énarques”, je tremble.

      Dire qu’il faut une analyse marxiste de la réalité, c’est bien. La faire, c’est mieux. Le problème des “résistants”, c’est qu’ils ne font pas cette analyse. Ils se contentent de resservir des
      analyses toutes faites qui ne correspondent plus, et depuis bien longtemps, à l’état réel de la société. En particulier, les positions de ces camarades sur la question nationale, sur la question
      de l’expertise, sur le fonctionnement de l’économie paraissent sorties d’un tract de 1930.

      Pour autant, si lors du 36e congrès, la ligne réformiste, Front de gauche et PGE de Laurent est reconduite, il leur faudra bien considérer la nécessité de la création d’une force
      révolutionnaire, marxiste, des communistes français. Ou accepter la stérilisation de leur combat politique… Je suis extrèmement pessimiste, je l’avoue.

      Je partage ton pessimisme. Le PCF “historique” avait réussi une rare synthèse, celle “du drapeau rouge et du drapeau tricolore”. Malheureusement, ceux qui dans le PCF rejettent le “réformisme”
      sont tombés dans un gauchisme différent mais tout aussi pernicieux, en devenant anti-républicains et anti-jacobins. Or, je suis persuadé qu’aujourd’hui on ne peut construire quelque chose qu’en
      arrivant à faire une synthèse entre les instruments de l’analyse marxiste et ceux des Lumières…

  6. CVT dit :

    Bonsoir Descartes,

    C’est la première fois que j’interviens sur votre blog , et pourtout j’y vais tous les jours ses débuts.

    Bravo pour la qualité de vos interventions, qui sont  extrêment érudites, instructives, iconoclastes et stimualantes. Surtout, elles me
    rassurent sur le fait qu’il existe encore à gauche des gens qui n’ont pas basculé dans le gauchisme le plus crasse, comme c’est le cas de la quasi-totalité de la gauche (j’y incluerai aussi une
    grande partie du PS). On se sent moins seul.

    Laissez-moi me présenter rapidement: j’ai été un militant de la première heure du PG fin 2008. Au bout d’une année, j’ai quitté le parti pour
    cause de gauchisme, de virage écologique et également d’atavisme trotskyste de la direction. J’avais pourtant une certaine admiration pour JL Mélenchon et son projet d’origine, un parti
    républicain, social et jauressien.

    Ce qui m’a aussi mis en porte à faux par rapport au PG et à presque toute la gauche à vrai dire, c’est la question de la nation et de l’Union
    Européenne (UE): j’en suis venu à la conclusion qu’aucune politique réaliste et responsable n’est possible en dehors du cadre national, et que tout parti de gauche conséquent devrait militer pour
    la sortie de l’Union Européenne. Comme tous les partis de gauche soutiennent officiellement la construction européenne, voyez comme on est loin du compte…

    D’ailleurs, en lisant votre note, j’ai l’impression que même le PCF, qui a longtemps été un parti patriote, masque désormais mal son
    mépris de la France, et j’oserais même dire du peuple français: un comble pour le PCF!!!

    C’est drôle car votre rapport sur le congrès du PCF me rappelle exactement tout ce que j’avais détesté au PG en terme d’irresponsabilité et
    d’irréalisme: par exemple, conserver l’euro et faire un programme socialiste;  défendre en même temps un pseudo-universersalisme et des revendications communautaristes et/ou sociétales;
    défendre la Nation tout en la diluant (et en estropiant le mot d’ordre célèbre de Marx s’adressant aux prolétaires). Vous dites que ces valeurs sont défendues par la classe moyenne qui a envahi
    la direction du PCF.

     Ce qui m’amène à la question suivante sur l’une de vos marottes, à savoir les
    classes moyennes: vous y faites systématiquement allusion pour justifier la politique pro-UE de tous les gouvernements en France depuis le tournant de la rigueur en 1983: par quels leviers,
    quelles moyens de pressions ces dernières peuvent influencer l’orientation politique du pays?

    Pour moi, ce sont les médias qui limitent le champ des sujets politiques. Or les médias sont contrôlés par des classes possédantes (que j’aime
    cette expression vieille France 🙂 ), et non par les classes intermédiaires et/ou populaires. Je veux bien que la classe moyenne serve de garde prétorienne aux “capitalistes”, mais pour autant,
    elles ne partagent pas les mêmes intérêts.

    Ma question peut sembler confuse, mais j’aimerais savoir, comment selon vous, s’articule la relation entre classe moyenne et la classe
    capitaliste (que j’appelle classe possédante).

    Merci d’éclairer ma lanterne sur ce point.

    • Descartes dit :

      Bravo pour la qualité de vos interventions, qui sont  extrêment érudites, instructives, iconoclastes et stimualantes. Surtout, elles me rassurent sur le fait qu’il existe encore à gauche
      des gens qui n’ont pas basculé dans le gauchisme le plus crasse, comme c’est le cas de la quasi-totalité de la gauche (j’y incluerai aussi une grande partie du PS). On se sent moins seul.

      Merci beaucoup. Tout le monde aime recevoir des compliments, mais c’est surtout essentiel pour quelqu’un qui consacre du temps à un blog politique de savoir que ce qu’on écrit intéresse
      quelqu’un… et surtout, n’hésitez pas à intervenir. Ce blog est fait pour ça.

      Laissez-moi me présenter rapidement: j’ai été un militant de la première heure du PG fin 2008. Au bout d’une année, j’ai quitté le parti pour cause de gauchisme, de virage écologique et
      également d’atavisme trotskyste de la direction. J’avais pourtant une certaine admiration pour JL Mélenchon et son projet d’origine, un parti républicain, social et jauressien.

      Je compatis. Vous n’êtes pas le seul à avoir été déçu… quelque soient les qualités personnelles de Jean-Luc.

      Ce qui m’a aussi mis en porte à faux par rapport au PG et à presque toute la gauche à vrai dire, c’est la question de la nation et de l’Union Européenne (UE): j’en suis venu à la conclusion
      qu’aucune politique réaliste et responsable n’est possible en dehors du cadre national, et que tout parti de gauche conséquent devrait militer pour la sortie de l’Union Européenne. Comme tous les
      partis de gauche soutiennent officiellement la construction européenne, voyez comme on est loin du compte…

      Tout à fait d’accord avec vous. Je résume cette idée en disant que la Nation reste la plus grande des communautés politiques possibles.

      D’ailleurs, en lisant votre note, j’ai l’impression que même le PCF, qui a longtemps été un parti patriote, masque désormais mal son mépris de la France, et j’oserais même dire du peuple
      français: un comble pour le PCF!!!

      Je n’irai pas aussi loin que vous. Les dirigeants du PCF se sont ces derniers temps spectaculairement convertis à la réligion européenne, et comme tous les nouveaux convertis, ils en font des
      tonnes. C’est d’autant plus drôle – si l’on peut dire – que le PCF a dans cette affaire un coup de retard: il va vers l’Europe alors que beaucoup, même parmi les fidèles de la première heure, en
      reviennent. Mais la base reste passablement eurosceptique et attachée toujours à un certain jacobinisme.

      Ce qui m’amène à la question suivante sur l’une de vos marottes, à savoir les classes moyennes: vous y faites systématiquement allusion pour justifier la politique pro-UE de tous les
      gouvernements en France depuis le tournant de la rigueur en 1983: par quels leviers, quelles moyens de pressions ces dernières peuvent influencer l’orientation politique du pays?

      Il y en a plusieurs, mais deux d’entre eux sont dominants. Le premier est le fait que les classes dominantes, qui détiennent le pouvoir économique, ont besoin pour faire prospérer leurs affaires
      d’une légitimité politique. Or, cette légitimité politique se construit aujourd’hui dans le processus électoral. Il faut donc aux classes dominantes une alliance qui leur permette de construire
      une majorité politique. La cinquième République gaullienne s’était construite sur un “pacte” entre les couches dominantes et la classe ouvrière (le celèbre “gaullo-communisme”). A partir des
      années 1970, ce “pacte” est remplacé par une alliance des couches dominantes et des classes moyennes. C’est par ce biais que les couches moyennes ont accédéau pouvoir.

      Un deuxième levier est le fait que les couches moyennes ont le monopole sur le monde des idées, et donc l’hégémonie idéologique. Ce n’est pas non plus négligéable…

      Pour moi, ce sont les médias qui limitent le champ des sujets politiques. Or les médias sont contrôlés par des classes possédantes (que j’aime cette expression vieille France 🙂 ), et non
      par les classes intermédiaires et/ou populaires. Je veux bien que la classe moyenne serve de garde prétorienne aux “capitalistes”, mais pour autant, elles ne partagent pas les mêmes
      intérêts.

      Ils partagent certains… mais surtout, il y a une convergence d’intérêt dans le sens où c’est en jouant la carte des possédants que les couches moyennes tirent le mieux leur épingle du jeu. La
      grande peur des couches moyennes, c’est le déclassement. Et de ce point de vue, la convergence avec les intérêts de la bourgeoisie sont évidents. Quant aux médias, ce sont les couches dominantes
      qui les possèdent… mais posséder n’est pas nécessairement contrôler.

      Ma question peut sembler confuse, mais j’aimerais savoir, comment selon vous, s’articule la relation entre classe moyenne et la classe capitaliste (que j’appelle classe possédante).

      Votre question est au contraire très claire. Il y a aujourd’hui une alliance entre la bourgeoisie et les classes moyennes. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une “alliance” au sens strict: il n’y a
      pas un Grand Directoire des classes moyennes qui aurait négocié avec le Grand Directoire de la bourgeoisie un accord. L’alliance se construit au contraire sur une convergence d’intérêts: la
      bourgeoisie cherche une légitimité démocratique à moindres frais, les classes moyennes offrent cette légitimité en échange de la protection de leurs intérêts. Et tout cela se fait sur le dos des
      exploités…

          Merci d’éclairer ma lanterne sur ce point.

  7. Gugus69 dit :

    Non, non, nous allons rester amis et camarades. D’abord parce qu’on peut rester ami au-delà des désaccord. Ensuite parce que votre analyse approfondit mon propos, mais ne le contredit que peu.

    Mais ne méconnaissez pas l’existence parmi les communistes marxistes, de républicains jacobins.

    Je me proclame l’un deux, toute imparfaite que soit ma réflexion. Je compte d’ailleurs aussi sur vous (et d’autres) pour m’aider dans ma recherche idéologique…

    • Descartes dit :

      Non, non, nous allons rester amis et camarades. D’abord parce qu’on peut rester ami au-delà des désaccord.

      On dit ça… 😉

      Mais ne méconnaissez pas l’existence parmi les communistes marxistes, de républicains jacobins.

      Je ne les méconnais pas, mais ils sont malheureusement très – trop – discrets. On parle beaucoup d’analyser la chute de l’URSS, mais on évite d’analyser le “pacte gaullo-communiste”, qui apparaît
      pour beaucoup de militants comme une espèce de maladie honteuse. Combien de communistes se déclarent aujourd’hui fiers des choix de leur Parti en 1968 ?

  8. Nicolas 70 dit :

     

    Cher Descartes,

     

    Je rejoins votre analyse sur la malheureuse tendance à la groupuscularisation, de ceux qui s’opposent à la ligne réformiste de la direction du PCF.

     

    J’échangeais, il y a peu, avec un membre du CN du PCF autour du livre de Guido Liguori Qui a tué le Parti Communiste Italien ? Outre ma remarque sur le fait que le PCF m’apparaissait, de
    l’extérieur, bien plus mort que le PCI à l’époque, je m’étonnais de la position de sa sensibilité, dont le principal représentant était Emmanuel Dang Tran qui avait préfacé le livre Liguori. Il
    revendiquait, tout comme Gugus69, que leur texte avait recueilli 25% des votes des militants, mais depuis leurs routes se sont séparés. C’est ce que vous devez nommer le « gauchisme
    stalinien ».

     

    Je n’ai pas encore lu le texte, mais les perles, que vous avez mises en exergue, m’ouvrent l’appétit.

    J’attends avec impatience les textes « alternatifs » de vive le pcf et faire vivre le pcf !

     

    • Descartes dit :

      Je rejoins votre analyse sur la malheureuse tendance à la groupuscularisation, de ceux qui s’opposent à la ligne réformiste de la direction du PCF.

      J’avoue que j’ai toujours eu beaucoup de mal à comprendre cette groupuscularisation. Souvent les différences idéologiques entre les parties en présence sont minimes, en tout cas en comparaison de
      la menace commune. L’incapacité des critiques de la direction à faire taire leurs différences et de prendre des positions unitaires dit beaucoup sur le “gauchisme” des groupes en question.

      J’attends avec impatience les textes « alternatifs » de vive le pcf et faire vivre le pcf !

      Avec impatience… et avec crainte. Je crains qu’on ne retrouve une énième édition du tract “pour une renaissance marxiste du PCF”… Je vais vous paraître dur, mais ce genre de texte, ça se
      prépare. Il faut mettre en place des groupes de réflexion ouverts, organiser l’expertise, constituer des relais, permettre un débat. L’idée qu’un groupuscule, aussi “éclairé” soit-il, peut
      produire un texte concurrent capable de séduire et de convaincre est une dangereuse illusion.

  9. ALLEGRE dit :

    “Combien de communistes se déclarent fier des choixde leur parti en 1968?”

    Pouvez-vous m’éclairer sur ces choix?

    • Descartes dit :

      En 1968 la direction du PCF a compris qu’il existait un risque très réel que le mouvement “bon enfant” de Mai débouche sur un début de guerre civile. Très intelligement elle refusa de se laisser
      embarquer, que ce soit dans la “révolte” des mouvements gauchistes ou dans la tentative de coup d’Etat des Mitterrand & Co et joua un rôle stabilisateur. Elle géra prudamment la situation,
      empêcha les “enragés” d’utiliser la classe ouvrière comme masse de manoeuvre, tout en obtenant des avancées importantes contenues dans les accords de Grenelle. Mais si la fête n’est pas devenue
      tragédie, c’est en grande partie à l’attitude responsable du PCF qu’onle doit.

      Dans une conjoncture où tout poussait les dirigeants communistes vers le comportement irresponsable de réjoindre la fête, les dirigeants communistes ont fait l’analyse politique juste et agi en
      conséquence. Ce devrait être pour le PCF un motif de fierté, et non une sorte de maladie honteuse qu’on cache…

  10. Gugus69 dit :

    Il y a une tentative d’unir les marxistes sur un texte alternatif lors du prochain congrès du PCF.

    C’est nouveau !

    http://lepcf.fr/Il-y-aura-un-texte-alternatif-au

    • Descartes dit :

      Oui enfin… une tentative dont les auteurs constatent eux mêmes le peu d’intérêt que les autres “révolutaionnaires” du PCF en éprouvent. Le syndrome groupusculaire et la compétition pour voir
      qui est “plus” communiste que les autres continue…

      Je vais te paraître un peu dur peut-être, mais j’avoue que ce genre de comportements me font perdre espoir. Il n’y a pas de politique sans compromis, et il n’y a pas de compromis sans concessions
      réciproques. Les gens pour qui l’objectif est de conserver – ou de retrouver – la “pureté révolutionnaire” et non d’agir sur le réel m’énervent plus qu’autre chose. Est-ce possible que dans une
      situation aussi désespérée que celle ou se trouve aujourd’hui le PCF des gens en soient encore à faire des concours de “marxisme” et de pureté “révolutionnaire” ?

      Faire de la politique, c’est penser des solutions aux problèmes des gens. Des solutions à long terme, dans un changement profond de la société. Et des solutions à court terme, parce que certains
      problèmes ne peuvent pas attendre éternellement. C’est la capacité de faire la synthèse de ces deux familles de solutions qui ont fait la force du PCF. C’est à cela qu’on doit travailleur
      aujourd’hui.

  11. allegre dit :

    Il y aurait actuellement trois textes alternatifs en préparation! 

    Je regrette l’époque du texte unique à discuter.Cela permettait un vrai travail de réflexion,chacun pouvant y apporter sa contribution.C’était trés formateur même si ça pouvait tourner au
    pinaillage (on pouvait discuter des heures sur un mot!), même si les amendements adoptés à la base n’arrivaient pas toujours au sommet.C’est un autre probléme.

    Mais l’indigence de la base commune présentée par la direction du PCF devrait obliger les adhérents à réfléchir à un texte alternatif.

    Tout fait d’accord avec vos remarques sur la purté”révolutionnaire” et sur la nécessité de “faire la synthése” entre les solutions à “long terme” et les solutions à”court terme”

    Travailler à ce que pourrait être un “socialisme (quel gros mot!)actualisé et travailler au rassemblement de notre peuple autour de l’idée de la souveraineté populaire et du refus de l’Union
    Européenne me semble souhaitable.Des compromis seraient nécessaires ainsi que de nouvelles alliances.Malheureusement je ne crois pas que beaucoup de membres du PCF y soient prêts.

    • Descartes dit :

      Il y aurait actuellement trois textes alternatifs en préparation! 

      Plus on est fou, plus on rit… Mais blague à part, cela te donne une idée de la volonté réelle des rédacteurs de dépasser le stade du râle calimeresque pour constituer une véritable alternative
      de pouvoir aux dirigeants actuels. Recueillir plus de voix que la contribution “officielle” serait dejà difficile en étant unis. Alors, en étant divisés…

      Je regrette l’époque du texte unique à discuter.Cela permettait un vrai travail de réflexion,chacun pouvant y apporter sa contribution.C’était trés formateur même si ça pouvait tourner au
      pinaillage (on pouvait discuter des heures sur un mot!), même si les amendements adoptés à la base n’arrivaient pas toujours au sommet.C’est un autre probléme.

      Tout à fait. Le “texte unique” n’était pas plus démocratique que la procédure actuelle – et pas moins non plus – mais avait l’avantage d’amorcer une véritable discussion, d’autant plus qu’il
      était généralement de très bonne facture. Avoir substitué à ce débat une confrontation entre textes différents ne fait qu’encourager les réflexes groupusculaires. Et en fin de comptes, le
      résultat au niveau du produit de sortie est le même.

      Mais l’indigence de la base commune présentée par la direction du PCF devrait obliger les adhérents à réfléchir à un texte alternatif.

      Je ne partage pas vraiment votre optimisme. La succession de textes indigents lors des derniers congrès n’a pas véritablement encouragé un travail sérieux sur un texte alternatif. Elle a plutôt
      convaincu les militants de l’inutilité de consacrer du temps à travailler sur un texte qui de toute manière s’autodétruira dans les minutes qui suivent son vote. Avez-vous entendu ces quatre
      dernières années une seule fois un dirigeant communiste se référer au texte voté au 35ème congrès ? Moi pas…

      Tout fait d’accord avec vos remarques sur la purté”révolutionnaire” et sur la nécessité de “faire la synthése” entre les solutions à “long terme” et les solutions à “court terme”

      J’insiste sur ce point qui me paraît important. La difficulté, dans cette synthèse, n’est pas le long terme mais le court terme. N’importe qui est capable de décrire avec force détails le paradis
      révolutionnaire du prolétariat que nous construirons un jour. Ce qui est plus difficile, c’est ensuite de décrire ce que nous pourrions faire aujourd’hui, dans la réalité qui est la notre, sans
      trahir ce paradis.

       

  12. Bannette dit :

    Descartes me permets-tu de faire une légère digression mais qui est en lien avec l’incroyable place qu’ont
    pris les porte-paroles autoproclamés des minorités dans la manière d’aborder le moindre sujet journalistique, et plus particulièrement les féministes médiatiques ?

     Tu as certainement entendu parler de l’affaire
    de la tunisienne violée par 4 flics et qui se retrouve elle-même accusée d’attentat à la pudeur par lesdits policiers. Je lisais le parisien qui en avait fait sa une avec le témoignage de la
    plaignante et j’en discutais avec ma mère. Le témoignage recueilli montre comment la femme et son compagnon ont été abordés par ces flics, qui ont d’abord cherché à leur soutirer de l’argent.
    Ensuite, visiblement il s’est passé quelque temps où la femme a été ‘l’otage’ des policiers en attendant que son compagnon amène de l’argent (ce qu’il n’a pu faire), et puis le viol proprement
    dit. D’autres magazines ou journaux ont relaté les mêmes faits, et ce qui m’a stupéfiée à chaque fois c’est l’absence totale de commentaires sur la façon dont a été abordé ce couple. Tous les
    articles tournent sur l’offense sexuelle de la femme, l’islamisme, le machisme, blablabla.

    En fait, quand j’en discutais avec ma mère, elle c’est le racket des policiers dont elle m’a le plus parlé,
    car c’est une situation qui lui est familière. Dans certains pays, et pour être elle-même d’origine africaine, le racket par des policiers est un mal répandu, et la corruption des fonctionnaires
    et des représentants de l’ordre une triste réalité. Si on lit le témoignage, la femme fait visiblement partie des classes moyennes, et l’endroit où elle et son fiancé ont été abordés un quartier
    bobo en Tunisie. Les policiers en question n’étaient visiblement pas des mâles en rut à la recherche d’une victime à violer, mais cherchaient d’abord à les extorquer. Mon frère avait eu une
    expérience presque similaire une fois au Maroc, où il s’était fait accoster par des policiers sous un prétexte fallacieux et avait dû donner quelques dizaines d’euros. Furieux, il avait envisagé
    de porter plainte ce que des marocains du pays lui ont déconseillé de faire car il est un étranger, et qu’eux-mêmes pouvaient connaître des expériences similaires. Dans des pays qui ne sont pas
    des états de droit, et où les policiers ont surtout le rôle de préserver les intérêts économiques du Prince, du Roi, de la famille Trabelsi/Ben Ali, et j’en passe, ceux-ci jouissent d’une
    immunité impensable dans des états de droit. Pour ma mère, la situation dans l’affaire tunisienne a du dégénérer d’une manière ou d’une autre, et elle est persuadée que la femme n’aurait
    probablement pas été violée si elle avait donné de l’argent, car à la base, la façon dont elle a été abordée est la même que celle qu’avait vécu mon frère au Maroc.

    Dans ces différences d’appréciation entre ma mère et les féministes médiatiques, on voit le gouffre béant qui
    les sépare. Ma mère bien sûr compatit avec la victime, et rien ne justifie le comportement des policiers, mais on va dire que pour elle, la priorité dans une société, c’est d’avoir une fonction
    publique solide et respectable dans un Etat de Droit. Elle a toujours été énervée par ceux qui crachent sur les policiers en France ou contre les fonctionnaires : savent-ils au moins ce que
    c’est de vivre dans un pays avec une fonction publique médiocre, totalement corrompue et adepte de la torture ? Un policier en France qui se risquerait à avoir le comportement de ceux de
    cette affaire tunisienne SAIT qu’il met son badge et sa carrière en jeu. La corruption existe partout mais quand en France on entend parler de cas de corruption chez des policiers, c’est pour des
    affaires de très très gros sous. Il y a aussi ce que tu avais appelé ailleurs « la discipline sociale » : c’est cette discipline sociale (fruit d’une longue histoire en France, en
    lien avec la construction de la fonction publique), le statut de la police républicaine, la reconnaissance de ce statut par les citoyens, et l’existence d’une Police des Police qui mettent un
    puissant frein à des policiers qui auraient éventuellement des velléités de racket ou de viol (en tout cas bien plus que des cours particuliers de féminisme expliqué aux hommes en
    rut).

    Les féministes médiatiques elles sont obsédées par les droits particuliers et par les victimes d’offense
    sexuelle. Or la Tunisie c’est bien le pays dont on nous vantait le code de la femme si progressiste dans le monde arabe datant des années Bourguiba (+ 50 ans je suppose ?). Comment en un
    demi-siècle, ce code n’est pas rentré dans les mœurs ? Et pour reprendre le mot du camarade Jonathan plus haut sur la faiblesse de l’analyse du printemps arabe, le retour en force des
    islamistes (donc machistes, misogynes, blablabla) ? On voit bien dans le cas tunisien que les Codes Progressistes de la Femme réclamés par les féministes médiatiques ne sont que des
    apparats, et ne fondent pas une quelconque discipline sociale. Par contre, la priorité donnée par ma mère à l’élaboration d’une « fonction publique respectable dans un état de droit »
    bénéficierait à tous, hommes comme femmes.

    Et cette fonction publique ce n’est pas juste une question d’argent : j’ai déjà entendu l’argument
    débile que si la France peut se le permettre c’est qu’elle a de l’argent, extorqué en grande partie de pays colonisés. Non, c’est un tout : l’aboutissement d’une histoire et d’une
    philosophie.

     

    • Descartes dit :

      Descartes me permets-tu de faire une légère digression

      Je permets toutes les disgressions, si elles sont intelligentes 😉 . Le but de ce blog est de stimuler le débat, je ne vois donc pas de raison de cantoner les échanges aux sujets que je propose,
      comme le font certains… suivez mon regard !

      En fait, quand j’en discutais avec ma mère, elle c’est le racket des policiers dont elle m’a le plus parlé, car c’est une situation qui lui est familière.

      La question du statut symbolique du viol est complexe. Pour les féministes “de genre”, l’insistence obsessionnelle sur le viol est indispensable, puisque c’est ce qui permet de construire les
      femmes comme victimes. Pour les plus extremistes, tout acte sexuel, même consenti, est un viol: puisque la femme n’est pas libre, son consentement ne peut être que vicié.

      Mais en tant qu’acte objectif, le viol ne se distingue pas de n’importe quelle autre violence. En quoi le fait de vous planter un couteau dans l’abdoment serait-il moins “traumatisant” que le
      fait de planter un pénis dans votre vagin ? Et pourtant, le premier acte est un délit, le second est un crime… ce qui montre le poids du lobby féministe pour faire reconnaître une incrimination
      plus lourde qui n’est fondée que sur un critère subjectif.

      Dans ces différences d’appréciation entre ma mère et les féministes médiatiques, on voit le gouffre béant qui les sépare. Ma mère bien sûr compatit avec la victime, et rien ne justifie le
      comportement des policiers, mais on va dire que pour elle, la priorité dans une société, c’est d’avoir une fonction publique solide et respectable dans un Etat de Droit.

      Votre mère a un excellent sens des priorités.

      Il y a aussi ce que tu avais appelé ailleurs « la discipline sociale » : c’est cette discipline sociale (fruit d’une longue histoire en France, en lien avec la construction de la fonction
      publique), le statut de la police républicaine, la reconnaissance de ce statut par les citoyens, et l’existence d’une Police des Police qui mettent un puissant frein à des policiers qui auraient
      éventuellement des velléités de racket ou de viol (en tout cas bien plus que des cours particuliers de féminisme expliqué aux hommes en rut).

      Là encore, tout à fait d’accord.

      Et cette fonction publique ce n’est pas juste une question d’argent : j’ai déjà entendu l’argument débile que si la France peut se le permettre c’est qu’elle a de l’argent, extorqué en grande
      partie de pays colonisés. Non, c’est un tout : l’aboutissement d’une histoire et d’une philosophie.

      Tout à fait. L’exemple le plus saisissant est celui de l’Allemagne: en 1945 le pays était détruit, rasé. Vingt ans plus tard, c’était redevenu une puissance économique. Le capital humain, et j’y
      inclut cette “discipline sociale” dont on a parlé, prime et de très loin sur l’argent, extorqué ou non.

  13. BJ dit :

    Digression, disgression…

    Plusieurs fois dans ce blog, j’ai vu apparaitre le terme de « disgression ». Cela m’a paru étrange et je suis allé vérifier. Il s’agit bien de digression et non pas de « disgression ». Selon
    Wikipedia : « Le vocable de « disgression » est parfois utilisé comme synonyme, mais il
    constitue un barbarisme ».

    Excusez-moi pour cette digression 😉

  14. BJ dit :

    « En quoi le fait de vous planter un couteau dans l’abdoment serait-il moins “traumatisant” que le fait de planter un pénis dans votre vagin ? Et pourtant,
    le premier acte est un délit, le second est un crime… »

    Vous êtes sûr de ce que vous dites ? Si c’est le cas, c’est ahurissant !

    • Descartes dit :

      Oui, je suis sur. L’article 222-23 du Code Pénal précise que “le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle”. L’article 222-9 du même code précise que “Les violences ayant entraîné une
      mutilation ou une infirmité permanente sont punies de dix ans d’emprisonnement et de 150000 euros d’amende”. En d’autres termes, le viol est passible d’une peine criminelle en cour d’assises, les
      violences ayant entraîne une mutilation ou infirmité permanente sont passibles d’une peine correctionnelle devant le tribunal du même nom. Le décalage est encore plus net pour les violences
      n’entraînant pas d’infirmité permanente ou de mutilation, mais une simple incapacité de travail de plus de huit jours. Dans ce cas, la peine maximale d’emprisonnement est de 3 ans…

      Je vous le confirme donc: planter un couteau (à condition de ne pas provoquer la mort) est puni bien moins sevèrement que planter un pénis…

  15. “En quoi le fait de vous planter un couteau dans l’abdomen serait-il moins “traumatisant” que le fait de planter un pénis dans votre vagin?”

    Pour des raisons culturelles qui font que cette partie du corps a un statut particulier dans les mentalités. D’ailleurs, si on te suit, ces “parties intimes” sont comme le reste du corps, dans ce
    cas, pourquoi la loi nous impose de les cacher? On voit le torse des hommes, on voit les cuisses des femmes parfois, pourquoi ne verrait-on pas leurs parties génitales? Tu es militant nudiste,
    n’est-ce pas? “Cachez cette chair que je ne saurai voir”, c’est bien que cette chair a une particularité quand même…

     

    Ensuite, il y a une grande différence entre se faire “planter” un couteau et se faire “planter” un pénis. Pendant longtemps (et sans doute encore), les hommes, les vrais, les gros durs (marins,
    soldats, mafieux, taulards) n’aimaient rien tant qu’exhiber leurs cicatrices, traces des coups de couteaux reçus: c’était une preuve de virilité, de courage. Et j’irai même plus loin: la
    cicatrice en elle-même est une preuve éloquente qui se passe de long discours. Par contre, j’aimerais qu’on me cite un seul homme, une seule femme qui se soit vanté de s’être fait violer. En
    plus, le viol (même si ça dépend) ne laisse pas autant de cicatrices qu’un coup de couteau. Il n’y a pas de “preuve” finalement de la violence, autre que la parole de la victime. Recevoir un coup
    de couteau dans une bagarre (et c’est souvent le cas), c’est un honneur. Le viol est une humiliation. Je ne vois pas bien ce qui te pose problème.

     

    Pourquoi dans le passé (et parfois encore de nos jours) les soldats violaient-ils les femmes du peuple ennemi plus souvent qu’ils ne les tuaient? Après tout, ils auraient pu se contenter de les
    égorger ou de les éventrer. Là encore, pour des raisons symboliques: on fait planer sur l’ennemi la menace de la naissance de bâtards. Pour les femmes mariées, c’était une façon de détruire la
    valeur d’une institution (toi qui défends les institutions, quand même!), à savoir leur mariage, dont le premier objectif est de donner des héritiers légitimes, d’assurer la continuité des
    lignées. Avec le viol (et la crainte de la naissance d’un bâtard), la continuité de la lignée est brisée et le soupçon pèse sur la famille, socle de la société. C’est aussi la raison pour
    laquelle l’adultère féminin, pendant longtemps, était sévèrement puni. Pourtant, si l’on suit ton raisonnement, il n’est pas plus grave de voler à son voisin un boeuf que sa femme.

     

    Sur cette question du viol, je suis toujours étonné que tu raisonnes comme si les sociétés humaines n’avaient pas, depuis des millénaires, bâti une culture, des représentations, un riche
    imaginaire (religieux, poétique, littéraire), des rites autour de la sexualité, du mariage, de la reproduction. En déconnectant le viol de toute cette culture, qui assigne un rôle précis à la
    femme (et le viol, d’une certaine manière, est la négation de ce rôle social), tu ne peux pas, je crois, comprendre ce que le viol représente.

     

    Je pense que la justice punit moins l’acte pour lui-même que la symbolique dont il est porteur. Tu ne peux pas empêcher les hommes de se fabriquer des symboles. Si quelqu’un brûle un drapeau
    français, techniquement parlant, il ne fait que livrer à la combustion un bout de tissu. Sauf que ce bout de tissu est un symbole.

     

    J’ajoute pour finir qu’un coup de couteau est généralement assez bref, alors qu’un viol peut durer longtemps. En cela, il est souvent une forme de torture et, si j’en crois les chefs d’accusation
    énoncés par les tribunaux, il s’accompagne régulièrement “d’actes de barbarie”. De mon point de vue, si on retient le viol comme une forme de torture, il n’est pas illogique qu’il soit sanctionné
    plus sévèrement qu’un coup de couteau.

     

    Mais je voudrais savoir quelle conclusion tu tires de ce que tu as écrit. Penses-tu que le viol, en France, est trop sévèrement puni, ou qu’un coup de couteau ne l’est pas assez? Que réclames-tu?

    • Descartes dit :

      Pour des raisons culturelles qui font que cette partie du corps a un statut particulier dans les mentalités.

      Tout à fait d’accord. C’était d’ailleurs mon point: du point de vue “objectif” (c’est à dire, du point de vue des conséquences réelles de l’acte), planter un couteau est bien plus grave que
      planter un pénis. Mais le droit pénal ne punit pas seulement les infractions “objectives”: elle accorde à certaines infractions un poids “subjectif” lié à leur caractère symbolique. Ainsi, par
      exemple, “objectivement” il n’y a pas de différence entre brûler le drapeau et bruler un drap de lit. Les délits comme “l’atteinte au drapeau” qui existent dans certain spays sont l’exemple même
      d’un délit “subjectif”.

      La criminalisation du viol montre précisement que dans notre société le viol n’est plus considéré en fonction de ses conséquences réelles, mais de ses conséquences symboliques. On a transformé le
      sexe des femmes en une sorte de drapeau…

      Pourquoi dans le passé (et parfois encore de nos jours) les soldats violaient-ils les femmes du peuple ennemi plus souvent qu’ils ne les tuaient?

      Il ne faudrait pas confondre le fantasme et la réalité. Le “viol des femmes” par les soldats du camp opposé a servi de leitmotiv de propagande depuis l’antiquité romaine au moins. Il y a même des
      mentions de la question dans l’Ancien Testament, c’est dire… mais pour ce qui est des faits, les historiens doutent que ces pratiques aient jamais été massives.

      Sur cette question du viol, je suis toujours étonné que tu raisonnes comme si les sociétés humaines n’avaient pas, depuis des millénaires, bâti une culture, des représentations, un riche
      imaginaire (religieux, poétique, littéraire), des rites autour de la sexualité, du mariage, de la reproduction. En déconnectant le viol de toute cette culture, qui assigne un rôle précis à la
      femme (et le viol, d’une certaine manière, est la négation de ce rôle social), tu ne peux pas, je crois, comprendre ce que le viol représente.

      Mais… nous sommes tout à fait d’accord. Je me suis peut-être mal exprimé, mais ce que tu dis apporte de l’eau à mon moulin. Mon point était précisement que le viol est un “crime symbolique”. Il
      n’est pas puni pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il représente. Ce qui est étrange, c’est que dans une société où les institutions comme la filiation ou le mariage sont affaiblies, le viol –
      dont tu soulignes que la sacralisation tient à la protection de la filiation – devienne tout à coup l’hyper-tabou…

      Je pense que la justice punit moins l’acte pour lui-même que la symbolique dont il est porteur. Tu ne peux pas empêcher les hommes de se fabriquer des symboles. Si quelqu’un brûle un drapeau
      français, techniquement parlant, il ne fait que livrer à la combustion un bout de tissu. Sauf que ce bout de tissu est un symbole.

      Nous sommes tout à fait d’accord. Mais il faut noter que personne ne prétend qu’il faut punir les bruleurs de drapeau au nom du “dommage irréparable” que cela cause a leurs concitoyens, ni
      demande qu’on dépense des millions d’euros en psychologues et assistantes sociales pour “les aider à se reconstruire”. Tu ne trouveras pas beaucoup de “féministes de genre” pour admettre que la
      punition du viol est une question symbolique, et non réelle.

      Penses-tu que le viol, en France, est trop sévèrement puni, ou qu’un coup de couteau ne l’est pas assez? Que réclames-tu?

      Moi, je ne réclame rien. Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre pourquoi dans une société qui se veut de plus en plus “liberée” en matière de moeurs, une société où la question de la lignée
      semble ne plus avoir la moindre importance, le tabou du viol, qui est intimement lié au patriarcat et à la lignée, revient en force. Que les féministes, qui prétendent lutter contre le
      patriarcat, érigent en tabou suprème une institution patriarcale n’est pas le moindre de leurs paradoxes…

  16. CVT dit :

    Penses-tu que le viol, en France, est trop sévèrement puni, ou qu’un coup de couteau ne l’est pas assez? Que réclames-tu?

    Moi, je ne réclame rien. Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre pourquoi dans une société qui se veut de plus en plus “liberée” en matière de moeurs, une société où la question de la
    lignée semble ne plus avoir la moindre importance, le tabou du viol, qui est intimement lié au patriarcat et à la lignée, revient en force. Que les féministes, qui prétendent lutter contre le
    patriarcat, érigent en tabou suprème une institution patriarcale n’est pas le moindre de leurs paradoxes…

    Et surtout n’oubliez pas la féminisation des noms de fonctions !! Sinon, Monsieur la Ministre, ça va pas le
    faire !! (pcc Mme LE ministre C.Duflot).

     

    Selon moi, ce n’est pas un paradoxe, mais une aporie, une contradiction qui n’est pas loin d’irréductible. Il faudra que le mouvement féministe sorte un jour de l’ambiguïté: soit il y a
    indifférence des rôles sexuels (cf mariage gay, famille “homoparental” et abolition de la différence père-mère), soit la femme est un sujet  du droit fondalement distinct de l’homme, et un
    droit distinct s’applique (cf parité). Or, comme très souvent à gauche, il y a refus irresponsable de choisir, et on cumule les inconvénients de ces deux positions.

    Mon problème avec ce type de revendication “politically correct” (que je laisse en anglais à dessein), c’est qu’elle met des considérations de type individuelle au-dessus des interêts objectifs
    de classe, et même parfois de l’intérêt général (mariage gay, encore). Pour moi, c’est tout bénéfice pour les classes possédantes que cette gaugauche prétend combattre. 

    • Descartes dit :

      Selon moi, ce n’est pas un paradoxe, mais une aporie, une contradiction qui n’est pas loin d’irréductible. Il faudra que le mouvement féministe sorte un jour de l’ambiguïté: soit il y a
      indifférence des rôles sexuels (cf mariage gay, famille “homoparental” et abolition de la différence père-mère), soit la femme est un sujet  du droit fondalement distinct de l’homme, et un
      droit distinct s’applique (cf parité). Or, comme très souvent à gauche, il y a refus irresponsable de choisir, et on cumule les inconvénients de ces deux positions.

      Disons plutôt que les “féministes de genre”  qui ont confisqué le mouvement féministe (comme l’explique une féministe “traditionnelle” Christina Hoff-Sommers dans un livre excellent, “Who
      stole feminism”, j’ignore s’il est traduit) essayent de jouer sur les deux tableaux. Réclamer un droit différent et spécifique leur a permis de conquérir des positions en échappant aux barrières
      méritocratiques: combien d’incompétentes notoires ont été nommées à certains postes parce qu’il “fallait nommer une femme” pour des questions de communication ? Dans d’autres circonstances,
      l’indifférence permet d’obtenir quelques petits avantages…

      Mon problème avec ce type de revendication “politically correct” (que je laisse en anglais à dessein), c’est qu’elle met des considérations de type individuelle au-dessus des interêts
      objectifs de classe, et même parfois de l’intérêt général (mariage gay, encore). Pour moi, c’est tout bénéfice pour les classes possédantes que cette gaugauche prétend combattre. 

      Bien entendu. Ce n’est pas par hasard si ce type de “féminisme” apparaît dans le sillage de Mai 1968 et de l’individu-roi.

  17. buridan dit :

    “: la bourgeoisie cherche une légitimité démocratique à moindres frais, les classes moyennes offrent cette légitimité en échange de la protection de leurs intérêts”. Il est souvent difficile et
    quelquefois réducteur de rattacher une ligne politique à une classe sociale, et encore plus aux intérêts de celle-ci. Le féminisme radical que vous dénoncez, et en général ce qui vous
    déplaît dans l’évolution du Pcf et ds le Parti de gauche, il n’est pas évident que ce doive être rattaché aux classes moyennes, et encore moins évident que ce doive être rattaché
    aux intérêts de celles-ci. Un enseignant du secondaire ou un cadre moyen sont peut-être des membres typiques des classes moyennes, il n’est pas évident qu’il soient plus susceptibles d’être
    sensibles à ce discours que des membres des classes populaires ou des membres des classes supérieures (à propos, quand on parle des classes moyennes, en France, il me semble qu’on ne parle
    pas des gens qui se situent au revenu médian, mais au-desus de celui-ci ; on aurait les classes populaires représentant environ 50% de la population, les classes moyennes représentant peut-être
    les 30% au-dessus, et au-dessus encore les classes supérieures. Par contre, aux Etats-Unis, où la notion de classes populaires n’est pas utilisée, les classes moyennes se situent entre les
    pauvres et les riches : au milieu, donc, probablement). Et, en tout cas, s’ils l’apprécient, ce n’est pas parce qu’il correspond à leurs intérêts.     

    • Descartes dit :

      Il est souvent difficile et quelquefois réducteur de rattacher une ligne politique à une classe sociale, et encore plus aux intérêts de celle-ci.

      Je ne vois pas pourquoi. Je dirais au contraire: c’est en examinant les intérêts de classe des classes sociales qu’on comprend le mieux pourquoi certains comportements qui paraissent
      contradictoires sont finalement parfaitement logiques.

      Le féminisme radical que vous dénoncez, et en général ce qui vous déplaît dans l’évolution du Pcf et ds le Parti de gauche, il n’est pas évident que ce doive être rattaché aux classes
      moyennes, et encore moins évident que ce doive être rattaché aux intérêts de celles-ci.

      Et pourquoi pas ? Je trouve au contraire que cela se “rattache” très bien. Les classes moyennes ont depuis trente ans fait ce qu’il faut pour chasser de notre horizon idéologique la
      représentation du conflit entre exploiteurs et exploités, entre bourgeois et prolétaires. Tout simplement parce qu’admettre que ce conflit est structurant met en cause leur propre rôle en tant
      que pivot de la société. Pour arriver à cette fin, les classes moyennes ont inventé toute sorte de représentations dans lesquels les conflits structurants sont autres: femmes vs hommes,
      sans-papiers vs “souchiens”, métissés vs blancs, homosexuels vs hétérosexuels… le “féminisme radical” n’est qu’un exemple de cette façon de faire.

      Un enseignant du secondaire ou un cadre moyen sont peut-être des membres typiques des classes moyennes, il n’est pas évident qu’il soient plus susceptibles d’être sensibles à ce
      discours que des membres des classes populaires ou des membres des classes supérieures

      Pourtant, vous aurez du mal à trouver des ouvrières d’usine ou au contraire des grandes bourgeoises pour vous tenir un discours “féministe radical”. Les grandes figures du “féminisme de genre” se
      trouvent, à de très rares exceptions près, dans les classes moyennes.

      (à propos, quand on parle des classes moyennes, en France, il me semble qu’on ne parle pas des gens qui se situent au revenu médian, mais au-desus de celui-ci ;

      Pas nécessairement. J’ai expliqué plusieurs fois sur ce blog ma définition de “classe moyenne”, et ce n’est pas une question de revenu, mais du rapport de celui-ci à la valeur produite.

       

  18. CVT dit :

    Bonjour Descartes,

    je voudrais vous posez une question sur le cas de Stéphane Gattignon, le maire de Sevran en Seine-St-Denis (je n’aime pas les dénominations habituelles 93 ou neuf-trois, le nom du département est
    assez joli, non?). Je suppose que vous savez comme moi que c’est un ancien militant du PCF qui a viré Vert (quel drôle de parcours! Néanmoins, Gattignon est plus conséquent que la direction
    actuelle du PCF: ça rejoint votre propos sur la boboïsation de ce parti).

    Il est en train de faire une grève de la faim pour protester contre le manque de dotation de sa ville et l’impossibiité d’emprunter auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations. J’ai deux sons
    de cloche dans cette histoire, et je voudrais avoir votre opinion sur la question car j’ai cru comprendre par vos écrits que vous étiez résident (ou aviez résidé) dans ce département.

    La première version, c’est l’admiration et la dévotion d’un maire pour sa commune qui est l’une des plus pauvres de France. C’est probablement vrai, mais j’ai cru comprendre que les communes
    rurales, avec la fermeture des services publics, souffraient plus encore. Toutefois, son acte désespéré attire légitimement la sympathie.

    L’autre version de l’affaire, moins rose, décrit la mairie de Sevran comme un robinet à subventions pour les diverses associations d’une des communes les plus multiculturelles (pour ne pas dire
    autre chose..) du département.

    Je me rappelle d’une réflexion que vous aviez faite dans un post précédent sur les banlieues, en particulier à propos subventions d’associations et la gratuité: est-ce que Sevran entre
    typiquement dans ce cadre? Si oui, est-ce normal que le contribuable finance une rallonge de 5 millions d’euros qu’il réclame pour récompenser une gestion clientéliste? N’est-ce pas un peu du
    chantage?

    Pourtant, il m’avait semblé que Gattignon avait quand même le sens des réalités lorsqu’il choqué ses congénères Vert en faisant appel à l’armée pour restaurer l’ordre dans les
    cités. J’avoue être assez troublé par ce happening, car il est assez typique d’une gauche radicale dont je me sentais autrefois assez proche plus jeune, mais qui aujourd’hui m’exaspère.

    Merci d’avance pour vos éclaircissements.

    • Descartes dit :

      Je suppose que vous savez comme moi que c’est un ancien militant du PCF qui a viré Vert (quel drôle de parcours!

      Pas vraiment: Gattignon est un fils d’apparatchik, qui fit ses premières armes dans l’entourage d’Hermier et Asensi (qui l’a parachuté à Sevran, ce qui est ironique si l’on se souvient qu’aux
      dernières élection Gattignon a essayé de piquer le siège à Asensi: “cria cuervos….”) dans la mouvance “Futurs” avant de devenir un “bebé Hue”. Qu’il ait suivi les vents les plus favorables à sa
      carrière en allant chez EELV ne m’a étonné pas le moins du monde, pas plus que sa propension à la jouer “perso” et à faire des coups médiatiques.

      L’autre version de l’affaire, moins rose, décrit la mairie de Sevran comme un robinet à subventions pour les diverses associations d’une des communes les plus multiculturelles (pour ne pas
      dire autre chose..) du département.

      Cette version est parfaitement exacte. Ce qui n’empêche pas que c’est une des communes les plus pauvres de France en terme d’assiette fiscale. Que Gattignon demande plus d’argent pour sa commune,
      c’est logique. Tous les maires le font. Qu’il fasse la grève de la faim devant l’Assemblée, c’est à mon avis une manière de se faire mousser en préparation des élections municipales.

      Pourtant, il m’avait semblé que Gattignon avait quand même le sens des réalités lorsqu’il choqué ses congénères Vert en faisant appel à l’armée pour restaurer l’ordre dans
      les cités. J’avoue être assez troublé par ce happening, car il est assez typique d’une gauche radicale dont je me sentais autrefois assez proche plus jeune, mais qui aujourd’hui
      m’exaspère.

      Gatignon est un opportunard prêt à tuer père et mère pour sa carrière. Comme je l’ai raconté plus haut, il a même essayé de piquer le siège de François Asensi aux dernières élections. Or, Asensi
      fut son “protecteur”, celui qui lui mit le pied à l’étrier en Seine-Saint-Denis…

  19. buridan dit :

    Le féminisme radical que vous dénoncez, et en général ce qui vous déplaît dans l’évolution du Pcf et ds le Parti de gauche, il n’est pas évident que ce doive être rattaché aux classes
    moyennes, et encore moins évident que ce doive être rattaché aux intérêts de celles-ci.

    Et pourquoi pas ? Je trouve au contraire que cela se “rattache” très bien. Les classes moyennes ont depuis trente ans fait ce qu’il faut pour chasser de notre horizon idéologique la
    représentation du conflit entre exploiteurs et exploités, entre bourgeois et prolétaires. Tout simplement parce qu’admettre que ce conflit est structurant met en cause leur propre rôle en tant
    que pivot de la société. Pour arriver à cette fin, les classes moyennes ont inventé toute sorte de représentations dans lesquels les conflits structurants sont autres: femmes vs hommes,
    sans-papiers vs “souchiens”, métissés vs blancs, homosexuels vs hétérosexuels… le “féminisme radical” n’est qu’un exemple de cette façon de faire.

     

    Je mets un mois pour trouver une réponse. La voici : si ce type de langage existait parce que les classes moyennes se situent entre les exploités et les exploiteurs, alors, il devrait
    caractériser des organisations plutôt centristes. Or il est caractéristique de formations extrémistes. C’est, à mon avis, qu’il est à rattacher à un autre trait des classes moyennes: leurs
    membres sont souvent plus concernées par les problèmes culturel tout simplement parce qu’ils travaillent très souvent dans le secteur culturel et éducatif.

    • Descartes dit :

      Je mets un mois pour trouver une réponse. La voici : si ce type de langage existait parce que les classes moyennes se situent entre les exploités et les exploiteurs, alors, il devrait
      caractériser des organisations plutôt centristes. Or il est caractéristique de formations extrémistes.

      Les classes moyennes ont bien compris que pour elles le danger vient des couches populaires. C’est pourquoi elles ont toujours combattu les mouvements politiques qui pouvaient aboutir à canaliser
      et representer la revindication ouvrière. C’est d’ailleurs drôle de regarder qui sont les gens que les classes moyennes diabolisent: selon les époques, ce sont les communistes, ce sont les
      gaullistes, c’est le FN. C’est à dire, tout ce qui à un moment où un autre pourrait coaliser autour de lui les couches populaires.

      Mais diaboliser ne suffit pas. L’autre stratégie est d’occuper le terrain. Des partis d’extrême gauche dominés par les classes moyennes est une manière de ne pas laisser l’espace à une véritable
      organisation populaire. C’est pourquoi les classes moyennes ont cherché à dynamiter le PCF autant depuis le PS que depuis l’extrême gauche, avec des passerelles entre les deux… comme celles
      qu’ont emprunté Jospin, Mélenchon ou Dray entre autres.

      C’est pourquoi la présence des classes moyennes est polymorphe. A l’extrême gauche, elle stérilyse la radicalité sociale et économique avec un langage de radicalité sociétale. A la gauche
      “classique” elle tient plutôt le discours social-libéral…

      C’est, à mon avis, qu’il est à rattacher à un autre trait des classes moyennes: leurs membres sont souvent plus concernées par les problèmes culturel tout simplement parce qu’ils travaillent
      très souvent dans le secteur culturel et éducatif.

      Mais aussi et surtout parce que c’est la classe qui a accès à la culture, et n’entend pas le partager…

Répondre à Nicolas 70 Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *