Suivez le boeuf

“Rien n’embellit autant le passé qu’une mauvaise mémoire” (Oscar Wilde)

 

Le récent scandale du cheval devenu bœuf par la magie d’un jeu d’écritures a de quoi faire sourire. Ou du moins il pourrait faire sourire si l’on ne retrouvait pas dans cette affaire la logique cent fois répétée de l’indignation gratuite et largement déconnectée de la réalité. Guy Béart dénonçait en son temps cette société du spectacle qui cachait le sang « sous la soie des papiers des mariages princiers ». Aujourd’hui, un scandale somme toute banal donne le prétexte pour occuper l’essentiel de nos informations télévisées et la une des journaux et reléguer des sujets aussi secondaires que la crise ou le chômage aux pages intérieures.

 

Car les faits du scandale sont en eux mêmes tellement banals qu’ils ne méritaient certainement pas un tel déferlement. Pensez-y : de la viande de cheval a été vendue pour du bœuf. En fait, une banale tromperie sur la marchandise, tromperie aussi ancienne que le commerce lui même. Les auteurs grecs parlent déjà de la tendance de certains marchands à couper le vin ou le lait avec de l’eau pour augmenter leurs profits. Sans parler de ce pauvre Archimède, qui invente la première méthode de contrôle non destructif de l’histoire pour prouver que la couronne fabriquée pour Hiéron II, tyran de Syracuse, était bien en or pur, et non dans un alliage de moindre valeur. On pourrait donner des exemples, de ce genre de procédés dans toutes les époques. Depuis que le monde est monde les marchands ont cherché à faire passer des marchandises médiocres pour des marchandises de prix. Et cela n’a absolument rien à voir avec la mondialisation.

 

Vous me direz que ces pratiques ont quelquefois produit des résultats tragiques. C’est vrai : pensez aux huiles impropres à la consommation humaine vendues comme des huiles de cuisine qui ont fait plusieurs dizaines de morts en Espagne il y a quelques années. Certains marchands peu scrupuleux ont poussé la tromperie jusqu’à mettre en circulation des marchandises qui non seulement étaient trompeuses, mais dangereuses. Mais rien de tel dans l’affaire qui nous occupe. La viande de cheval vendue à l’insu des consommateurs avait, pour autant qu’on sache, subi les contrôles vétérinaires exigés par la législation et avait été travaillée dans les règles de l’art. La santé des consommateurs n’a jamais été mise en cause. Alors, pourquoi tout ce ramdam ?

 

Probablement parce que cette affaire permet à chacun d’y retrouver ses marottes. Les eurolâtres profitent pour nous expliquer combien cette affaire montre qu’il faut « plus d’Europe », puisque les contrôles nationaux ne peuvent plus nous protéger à l’ère de la mondialisation. Les altermondialistes nous expliquent au contraire que tout cela c’est la faute de la mondialisation, avec la multiplication des intermédiaires et de la circulation des marchandises, et trouvent des appuis à leur idée de « consommer local ». Les partis de la « gauche radicale » déclarent que c’est la faute au capitalisme mondialisé et à la recherche du profit. En d’autres termes, il y en a pour tout le monde. Et en plus, chacun peut traiter l’affaire sur le ton de l’indignation morale sans risque d’être contredit : qui ira défendre Spanghero et sa politique d’étiquetage créatif ?

 

C’est aussi pour tout le monde une opportunité pour proposer des solutions genre « faut que y’a qu’à », ce qui est tout de même plus facile que de s’attaquer à des questions structurelles comme le chômage, la crise économique, la désindustrialisation qui, elles, ne se prêtent pas aux analyses à l’emporte-pièce. Le fait divers sert depuis bien longtemps comme succédané d’information. Et ce n’est pas près de changer. Il y a cependant derrière toute cette agitation un gros danger : la banalisation d’une idéologie réactionnaire et irrationnelle, celle de la « malbouffe ». En fait, jamais tout au cours de l’histoire nous n’avons mangé aussi bien qu’aujourd’hui. Que ce soit en termes de variété, de quantité, de qualité sanitaire des produits, de goût et même – n’en déplaise à ceux qui prennent l’affaire Spanghero pour une généralité – de traçabilité. C’est d’ailleurs la principale explication, avec les progrès de la médecine, de la progression de l’espérance de vie.

 

Ceux qui pensent le contraire se réfèrent à une vision idéalisée du passé. Et comme disait Oscar Wilde, rien n’embellit autant le passé qu’une mauvaise mémoire. Essayez de vous rappeler, chers lecteurs, comment vivaient vos grands parents ou vos arrière-grands parents. Du temps ou l’on ne mangeait de la viande qu’une fois par semaine, des pommes de terre à tous les repas, un fruit de temps en temps… Du temps où le français consommait en moyenne un demi-kilo de pain par jour (c’est dire qu’il n’y avait pas grande chose d’autre sur la table). Vous me parlerez peut-être la larme à l’œil des tomates goûteuses cueillies dans les jardins, du bœuf élevé dans le pré et les poules courant en liberté. Certes. Mais tout ça vous pouvez l’avoir aussi aujourd’hui, à condition d’en payer le prix. Vous trouverez sans problème des marchands qui se feront un plaisir de vous vendre ces denrées à prix d’or. Et c’est à ce prix là que le payaient nos arrière grands parents quand ils voulaient se les offrir. A côté, vous pouvez acheter des produits industriels, peut-être moins goûteux, mais bien plus accessibles et tout aussi sains. Et chacun peut choisir s’il préfère manger un poulet de batterie tous les jours où un poulet « de luxe », comme celui de nos grands parents, une fois par semaine comme nos grands parents. Quant à la qualité sanitaire… j’ai encore en mémoire les histoires que racontaient mes parents d’intoxications alimentaires avec des conserves « gonflées » … Il ne faut pas se faire trop d’illusions : les fromages et les œufs « maison » renfermaient souvent des bactéries assez méchantes, les conserves de grand-mère portaient souvent le botulisme, le cochon qu’on tuait chez soi ne subissait souvent pas de contrôle vétérinaire et la trichinose ou les cistes du porc pouvaient amener des grosses surprises.

 

Ce que l’affaire Spanghero révèle, c’est le paradoxe des sociétés contemporaines : alors que sur le plan des idées l’individualisme est roi, en réalité nous sommes de plus en plus interdépendants les uns des autres. Recherchant à chaque fois à améliorer l’efficacité du système productif, le capitalisme a poussé la division du travail à un niveau tel que chacun de nous est pratiquement incapable de survivre indépendamment des autres. Et la conséquence est que nous sommes obligés de faire confiance aux autres, ainsi qu’aux mécanismes sociaux de contrôle et de régulation. Les biens que nous consommons, les appareils que nous utilisons sont beaucoup trop complexes, leurs circuits de fabrication trop variés pour que nous puissions juger par nous-mêmes de leur efficacité et de leur innocuité. Nous sommes obligés de faire confiance à des experts qui les analysent et à l’étiquette qui est sur la boîte, c’est-à-dire, en dernière instance au fabriquant qui la produit et au service de l’Etat qui la contrôle.

 

Et de temps en temps, forcément, nous serons trompés par un marchand indélicat. C’est inévitable. Le risque est que l’amplificateur médiatique transforme l’exception en généralité. Les lasagnes de cheval déguisé en bœuf sont l’exception, et non la règle. Les médicaments qui tuent sont infimes comparés aux médicaments qui sauvent. La plupart des produits que nous achetons sont fiables et sains, et le système de contrôle, même s’il n’est pas efficace à 100%, ne marche pas si mal que ça. Ne nous laissons pas convaincre du contraire par les marchands de peur dont le faux scandale est le gagne-pain.

 

Descartes

 

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21 réponses à Suivez le boeuf

  1. Mohican dit :

    Une analyse goûteuse et ironique ici :

    http://epi.proteos.info/index.php?post/2013/02/15/Cheval-de-retour

    où il est fait allusion à un vrai scandale sanitaire : celui du fenugrec “bio” qui avait fait une cinquantaine de morts à l’été 2011 en Allemagne.

  2. Serge dit :

    Bonsoir Mr Descartes.

    Aujourd’hui, pas de questions. J’en profite pour vous dire que je lis systématiquement vos réponses (la notification par mail est bien pratique pour cela) et je les lis avec attention, mais je
    n’y répond pas car elles sont bien souvent suffisante à elle-même, et  je n’aime pas non plus m’engager dans des discussions sur Internet, où il est difficile de convaincre l’autre ou
    soi-même.

    J’ai suivi cette histoire de cheval et de bœuf un peu contre mon gré en parcourant les journaux gratuits donnés dans le métro parisien. Deux choses m’ont marqués : l’utilisation imbécile de mots
    idiots pour étiqueter une affaire (le chevalgate….), et la course à la démesure sur le moindre fait divers. Depuis l’explosion des canaux d’informations, les médias sont contraint d’enchaîner
    les prétendus gros scandales sur gros scandales, et ça en devient totalement ridicule. À vrai dire, j’ai totalement arrête de suivre les actualités durant presque un an au moment de l’affaire de
    Fukushima. Le sujet était important, mais la démesure dans le traitement de cette affaire était totalement idiot. Je me souviens en particulier du plateau de BFM TV, avec une explosion nucléaire
    en fond et un bandeau rouge style “fin du monde”. Dommage, il manquait les zombis et je tenais le film du dimanche soir à l’époque.

    Aujourd’hui, je la suis principalement par le biais de journaux gratuit, qui sont le plus souvent très “mauvais” (leur choix éditorial de unes est souvent étrange) et par le journal du soir sur
    France 2 quand j’en ai le temps. Je ne suis pas de ceux qui crachent sur la télévision et sur l’information de masse, l’utilisant moi-même, mais j’essaie tout de même de garder un esprit critique
    face à l’information toute faite que l’on me régurgite (et que de fait, j’accepte).

    Sur les histoires de passé agricole idéalisé, cela me fait penser à une petite anecdote. En faisant mes courses dans un supermarché, j’ai croisé une dame avec qui j’ai discuté un peu. Elle se
    disait écologiste (que faisait-elle dans un supermarché alors ? Bon, je n’ai pas voulu être taquin sur ce point à ce moment) et est parti dans une croisade anti-industrielle, en prônant le petit
    agriculteur local (qui bien entendu, pullule en petite couronne) qui respecte la terre et ses clients. Et que si les petits agriculteurs étaient plus nombreux, les prix seraient moins cher, car
    les industriels, de par leur nature même, augmentent leurs tarifs au maximum, sans compter ces salauds d’intermédiaire. Je lui ai quand même demandé sur quoi elle se basait pour partir du
    paradigme qu’un petit agriculteur serait bien plus enclin à préserver notre mère-nature qu’un gros industriel bouffi, et en quoi une myriade de petits agriculteurs seraient plus optimal pour les
    coûts qu’une grosse structure, en lui donnant en exemple mon expérience de vie au Vietnam où les petits agriculteurs déversent une tonne de produits divers et variés au point de rendre la saine
    consommation des aliments plutôt aléatoire. Et pourquoi personne n’avait cette idée géniale de découper le territoire en petite parcelle en supprimant les intermédiaires, car d’après ses dires,
    le petit malin qui ferait cela pourrait devenir riche. Hélas, elle s’est énervé et à coupé court à la conversation, en me qualifiant de mec de droite qui prône la destruction de la planète (oui,
    les mecs de droite sont forcément contre la planète, je crois que c’est dans l’ADN).

    Je n’ai foncièrement rien contre les petits agriculteurs, ceci dit, un certain nombre doivent aimer leur travail et respecter effectivement leur environnement, et je ne sacralise pas non plus les
    industriels qui ne sont certainement pas les derniers à s’asseoir sur la collectivité, mais une telle grille de lecture (sans pour autant me prétendre un expert de l’industrie agro-alimentaire,
    loin de là) m’a donné un peu envi de taquiner cette brave dame, et de prendre le rôle de l’avocat du diable. Ce qui est parfois plaisant et enrichissant.

    Un dernier point qui est un peu hors-sujet, mais qui rejoint ce que vous dites de temps en temps sur l’individualisme. Je me demande si Internet n’a pas joué un rôle crucial dans cet
    individualisme politique qui sévit actuellement. Internet est un formidable outil par bien des aspects (sans lequel je ne pourrais d’ailleurs par vous répondre aussi facilement), mais je pense
    aussi qu’il est destructeur de notre politique commune. Au gré de mes navigations, je lis souvent les mots « démocratie » et « liberté », mais souvent bien mal utilisé, car
    porté vers l’individualisme justement. Quel intérêt de la démocratie si le but ultime est la liberté ultime ? Autant se tourner de suite vers l’anarchisme (désolé d’utiliser ce mot, je dois
    à mon tour certainement l’utiliser bien mal). Calqué sur le modèle de l’Internet. Et de plus en plus autour de moi, j’entends un discours politique qui tourne vers l’Internetisation de la société
    (oui, certains ont crée le cheval-gate, j’ai bien le droit de créer des mots idiots), que ce soit dans ma famille, mon entourage amical ou professionnel. C’est une idée en l’air, j’ignore si elle
    est fondé ou non.

    Dans tout les cas, Mr Descartes, je vous souhaite une bonne fin de semaine.

    • Descartes dit :

      et  je n’aime pas non plus m’engager dans des discussions sur Internet, où il est difficile de convaincre l’autre ou soi-même.

      Je ne peux pourtant que vous encourager! Il est vrai qu’on ne convainc que rarement dans ce genre de discussion, mais la discipline qu’on s’impose de mettre ses idées et ses arguments par écrit
      aide à les polir… combien de fois il m’est arrivé d’écrire un texte à partir d’une idée qui me paraissait convaincante, pour me rendre compte en me relisant que finalement cela soulevait plus
      de questions que de réponses…

      En tout cas, que vous choisissiez de vous exprimer ou pas, vous êtes le bienvenu sur ce blog.

      Je lui ai quand même demandé sur quoi elle se basait pour partir du paradigme qu’un petit agriculteur serait bien plus enclin à préserver notre mère-nature qu’un gros industriel bouffi, et en
      quoi une myriade de petits agriculteurs seraient plus optimal pour les coûts qu’une grosse structure,

      En effet, cette question je l’ai posée mille fois, sans jamais obtenir de réponse satisfaisante. Cette idée que les “petits” seraient, par on ne sait quelle opération du saint esprit, plus
      honnêtes, plus écologiques, moins âpres au gain que les “gros” est acceptée comme un article de dogme alors que l’expérience, comme vous le signalez, ne va nullement dans ce sens. Quant à la
      croyance qu’une petite structure est plus efficace qu’une grosse… honnêtement, j’ai du mal à comprendre comment on peut croire pareille chose.

      Je me demande si Internet n’a pas joué un rôle crucial dans cet individualisme politique qui sévit actuellement.

      Je ne crois pas. On assiste à cette montée de l’individualisme politique depuis la fin des années 1960, bien avant que l’internet ne voie le jour. Je pense que c’est lié à la transformation de
      notre économie avec la formation d’une classe moyenne puissante bien plus qu’à un quelconque moyen de communication.

       

  3. CVT dit :

    Bonsoir Descartes,

    je suis en verve ce soir . En fait, je vous suivrais sur le terrain de l’excès de crainte que l’affaire de la
    transmutation de cheval en boeuf a pu provoquer. Mais moi, j’ai un problème par rapport à votre confiance envers les experts: tant qu’il y avait des contrôles NATIONAUX sur la qualité, mais
    surtout sur le type de marchandise, on pouvait être tranquille. L’ennui, c’est qu’on a décrété que l’Europe étant advenue, il fallait supprimer ces contrôles au nom de la liberté de circulation
    des marchandises. Pour moi, le problème est là: on a supprimé les organismes de vérifications nationaux, sans les remplacer au niveau européen! Bien évidemment, c’était irréaliste, et on se
    retrouve donc à la merci du premier margoulin venu!

    Je ne suis pas particulièrement parano pour la bouffe, mais la soif de profit est telle dans l’UE que toutes les arnaques sont possibles: des plus bénignes (la viande de cheval n’est évidemment
    pas toxique…) aux plus malignes (poulets à la dioxine, huiles de tournesol coupée à l’huile de moteur usagée). Ma seule crainte, c’est d’être contraint à choisir entre un scénario façon
    Tricatelle (“L’aile ou la cuisse”) ou Soleil Vert (“Soylent Green” en VO).

    • Descartes dit :

      Mais moi, j’ai un problème par rapport à votre confiance envers les experts: tant qu’il y avait des contrôles NATIONAUX sur la qualité, mais surtout sur le type de marchandise, on pouvait
      être tranquille. L’ennui, c’est qu’on a décrété que l’Europe étant advenue, il fallait supprimer ces contrôles au nom de la liberté de circulation des marchandises.

      On peut difficilement me reprocher d’être eurolâtre… mais dans ce cas, je ne crois pas qu’on puisse attribuer une responsabilité à l’Europe. Il n’est pas vrai qu’on ait “supprimé les contrôles
      au nom de la liberté de circulation des marchandises”. Ce qui est par contre vrai, c’est que le choix de réduire le poids de l’Etat a eu un effet désastreux sur ces capacités de contrôle. Mais
      même en remontant trente ou quarante ans en arrière, lorsque l’Etat avait encore ces moyens, on peut évoquer – comme le fait un autre intervenant à propos du scandale du talc dans la farine en
      1907 – des fraudes. Quelque soit l’efficacité d’un système de contrôle, il y aura toujours un certain nombre de filous qui passeront à travers. C’est inévitable.

       

       

  4. Baruch dit :

    En 1907 des minotiers de Saint-Jean d’Angely avaient coupé la farine avec du talc. Ce fut un scandale alimentaire énorme et il y eu des discusssions incroyables entre socialistes et anarchistes
    car cette histoire servit d’argument pour poser ou nier l’existence de la “lutte de classes”. Rien de moins. Les anarchistes disant que les ouvriers des minoteries étaient tout aussi coupables
    que leur patrons puisque c’étaient eux qui avaient mélé le talc à la farine qui étaient revendue dans les boulangeries des quartiers ouvriers et non dans celles des quartiers bourgeois.
    Conclusion: pour eux la lutte n’étaient pas entre les classes mais entre partisans du système et ennemis du système (on se croirait chez Mélenchon!)… Louis Aragon a donné un récit savoureux de
    cela dans un de ces romans peut être ” les cloches de Bâle” , je ne m’en souviens plus exactement, en tous les cas ,si la discussion comme les protagonistes de cette affaire d’il y a plus d’un
    siècle ressemblent à notre cheval- bovin contemporain, elle n’a pas été traitée à l’époque par la compassion envers les pauvres ouvriers, même chez les socialistes et les anarchistes.

    Pour ce qui est de la qualité alimentaire, je crois néanmoins qu’il y avait dans la première moitié du 20ème siècle,et même jusqu’aux années soixante des savoir faire, des habitudes de cuisine
    d’accomodement des restes par exemple, de l’utilisation des productions familiales qui faisaient qu’on était moins incommodés qu’actuellement, et qu’on pouvait manger bon pour pas cher, avec du
    temps et de l’habileté.

    Le fromage reçu par la poste du Pays devait avoir pour être bon des “artisouzes”, petits vers que me vantait ma grand-mère Auvergnate de Paris et qu’on écartait de la pointe du couteau qui n’a
    tué personne à ma connaissance, quant aux saumons de l’Adour péchés du matin que mettait en conserve dans le stérilisateur mon Grand Père gascon, on en avait assez, tant c’était banal, comme les
    pibales qui se vendent actuellement à 1000 euros le kg !

    Ceci pour dire que le terme de “malbouffe”, indépendamment de toute nostalgie passéiste, résonne dans les papilles de bien des gens ! Et qu’on a du mal à intégrer ce que tu dis,  avec
    beaucoup de  justesse, sur les qualités hygiénique de la nourrriture actuelle. Je rajouterais aussi sur sa variété. J’ai des menus de 1929 d’un grand restaurant parisien du bois de Boulogne
    où mon père travaillait : les “grape fruit ” comme ils étaient alors appelés étaient plus chers que la coupe de caviar ! Nous achetons maintenant les pomelos par lot de trois ! Le caviar même pas
    à Noël !

     

     

     

     

    • Descartes dit :

      En 1907 des minotiers de Saint-Jean d’Angely avaient coupé la farine avec du talc.

      Merci de rappeler cette histoire, une parmi un grand nombre d’histoires semblables. Effectivement, elle illustre aussi un deuxième paramètre, celui de l’angelisme ouvriériste qui suppose que
      seuls les patrons mettent leurs intérêts avant l’intérêt général. C’est parce que cette attitude est éminement humaine qu’on ne peut pas parler d’un passage directe au communisme, comme le
      veulent certains. Un passage par le socialisme, régime où il reste un Etat capable de dégager l’intérêt général au milieu des intérêts particuliers, reste nécessaire.

      Pour ce qui est de la qualité alimentaire, je crois néanmoins qu’il y avait dans la première moitié du 20ème siècle,et même jusqu’aux années soixante des savoir faire, des habitudes de
      cuisine d’accomodement des restes par exemple, de l’utilisation des productions familiales qui faisaient qu’on était moins incommodés qu’actuellement, et qu’on pouvait manger bon pour pas cher,
      avec du temps et de l’habileté.

      Mais ces “savoir faire” demandent du temps. Ils étaient possibles lorsque les femmes ne travaillaient pas et pouvaient passer deux ou trois heures par jour dans la cuisine. Ce qui se passe, c’est
      que la valeur du temps a changé. Lorsque les femmes travaillent, leur temps commence à valoir de l’argent, et il devient plus efficace d’acheter un plat préparé plutôt que de consacrer le temps
      correspondant à le cuisiner…

      Le fromage reçu par la poste du Pays devait avoir pour être bon des “artisouzes”, petits vers que me vantait ma grand-mère Auvergnate de Paris et qu’on écartait de la pointe du couteau qui
      n’a tué personne à ma connaissance, quant aux saumons de l’Adour péchés du matin que mettait en conserve dans le stérilisateur mon Grand Père gascon, on en avait assez, tant c’était banal, comme
      les pibales qui se vendent actuellement à 1000 euros le kg !

      Possible. Chaque région avait quelques bonnes choses… mais on n’y mangeait que celles-là, et seulement lorsque la saison le permettait. Et encore, c’etait le cas dans les régions riches. En
      Bretagne, en Picardie, en Auvergne c’était pomme de terre, pomme de terre, pomme de terre ou pain, pain, pain…

      Aujourd’hui, nous avons accès à un prix raisonnable à une variété de produits inconcevable il y a cinquante ans. Ce n’est pas si loin, pourtant… mais je tiens de mes grands-parents que l’orange
      était un fruit exotique, que seuls les “rupins” pouvaient se payer. Aujourd’hui, on peut en manger tous les jours… Quant aux saumons mis en conserve par ton grand-père, étaient-ils aussi bons
      que tu te les rappelles ? Ils étaient sauvages et pêchés du matin… mais la conservation par stérilisation est bien moins respectueuse du goût que la congélation à basse température…

       

       

  5. BolchoKek dit :

    Je me réveille ce matin avec une agréable surprise, celle de constater que quelque chose qui a trotté dans ma tête depuis un certain temps, et que je pensais être le seul à considérer, a été
    également pensé et mieux exprimé que je ne l’aurais fait. C’est le principal plaisir que j’ai à lire de grands auteurs. C’est un compliment assez flagorneur que je fais, mais je n’oublie pas que
    j’écris sur le blog de quelqu’un qui en toute modestie se fait appeler Descartes !

    Concernant l’individualisme, je vais peut-être vous surprendre, mais je trouve les individualistes admirables. On n’a pas idée de la force morale qu’il a fallu à un Moitessier ou à d’autres
    navigateurs solitaires, de la singularité de la démarche de ceux qui ne peuvent se résoudre à vivre avec leur espèce. Tout comme on n’a pas idée de la discipline individuelle nécessaire à la
    survie de l’homme isolé.

    Et c’est sur ce point que notre époque m’amuse. Je ne compte plus le nombre de fois qu’un nanti urbain me fit l’apologie de son mode de vie “indépendant”. Il serait tranquille, dans son coin,
    n’acceptant pas la contrainte injuste parce qu’il n’imposerait rien à personne. Je me plais à imaginer ce genre d’individu sur une départementale enneigée, et le jugement qu’il pourrait faire –
    si tant est qu’il soit capable d’autocritique – de son “individualisme” au moment d’appeler la dépanneuse.

    La réalité matérielle est souvent bien peu poétique, mais ne manque pas d’humour.

    • Descartes dit :

      C’est un compliment assez flagorneur que je fais, mais je n’oublie pas que j’écris sur le blog de quelqu’un qui en toute modestie se fait appeler Descartes !

      Ce n’est ni modeste ni immodeste: ce n’et pas moi qui ait choisi ce nom. C’est un sobriquet que des gens de ma cellule m’avaient collé parce que je persistais à chacune de mes interventions de
      réclamer qu’on “travaille avec méthode”…

      Concernant l’individualisme, je vais peut-être vous surprendre, mais je trouve les individualistes admirables.

      Quand ils sont cohérents, on peut l’admettre. Mais la plupart des individualistes ne vont pas, contrairement aux exemples que vous citez, jusqu’au bout. Le plus grand nombre d’entre eux prefère
      profiter des avantages de la vie en société, tout en refusant de payer leur écot…

       

  6. Gugus69 dit :

    Non ami ! pas “banaux” ! banals !
    J’ai de la tolérance pour les fautes des autres, j’en ai davantage encore pour les miennes.
    Mais “banaux” -va donc savoir pourquoi ?- Celle-là m’énerve… Sans doute parce que “banaux” existe, mais signifie autre chose que “banals”.
    Pour ce qui nous préoccupe, j’ai coutume de rappeler à nos amis écologistes que l’humanité s’est nourrie exclusivement au “bio” depuis la nuit des temps jusqu’à il y a 150 ans. Et que pendant ces
    millénaires, les intoxications alimentaires, les empoisonnements, la mauvaise conservation des denrées périssables, le “feu des ardents” et autres joyeusetés, faisaient des milliers de morts
    ‘bio” qu’on acceptait avec le même fatalisme qu’on acceptait la peste.
    J’ai parfois le sentiment que nos écolos acceptent avec la même résignation les catastrophes “naturelles”, alors qu’ils brandissent le sacro-saint “principe de précaution” devant toute initiative
    innovante, quel qu’en soit le bénéfice. On peut mourir “naturellement” de la grippe ou de l’hépatite, mais gare aux vaccins !
    Pour autant, je préférerais pouvoir faire confiance aux étiquettes de mes gamelles. Et j’aime penser que mon bifteck n’a pas concouru à Auteuil… quand bien même il aurait gagné !
    -Bon dieu ! Pourvu que mes quelques lignes ne soient pas bourrées de fautes ! Gare au retour de bâton cartésien…-

    • Descartes dit :

      Non ami ! pas “banaux” ! banals !

      Je ne peux que m’excuser platement d’une telle horreur orthographique. Bien entendu, je corrige immédiatement.

      J’ai parfois le sentiment que nos écolos acceptent avec la même résignation les catastrophes “naturelles”, alors qu’ils brandissent le sacro-saint “principe de précaution” devant toute
      initiative innovante, quel qu’en soit le bénéfice.

      C’est vrai, mais jusqu’à un certain point seulement. On voit des gens qui ont construit leur maison dans des zones inondables – en défiance quelquefois des interdictions préféctorales – faire
      toutes sortes de reproches à l’Etat lorsque l’inondation se produit finalement. Que la catastrophe soit naturelle ou artificielle, il faut un coupable qui ne peut être qu’une personne ou
      institution…

      Pour autant, je préférerais pouvoir faire confiance aux étiquettes de mes gamelles. Et j’aime penser que mon bifteck n’a pas concouru à Auteuil… quand bien même il aurait gagné !

      Ouais bof… il y a quelques décennies, la viande de cheval était considérée comme un luxe, et elle était plus chère que celle de boeuf. Si ma lasagne a bon goût, qu’elle est de bonne qualité
      nutritionnelle et sanitaire, qu’est ce que j’en ai à foutre de ce qu’il y a dedans ? Je me souviens quand j’était petit et que mes parents mangeaient de la vache enragée: ma mère faisait des
      boulettes de viande, et mettait dans la viande un peu de pain mouillé dans du lait pour augmenter la quantité. D’une certaine manière, elle nous trompait, moi et mes frères, sur la marchandise…
      et pourtant, cela ne me serait pas venu à l’idée de lui reprocher. Après tout, elles étaient bonnes quand même !

      -Bon dieu ! Pourvu que mes quelques lignes ne soient pas bourrées de fautes ! Gare au retour de bâton cartésien…-

      Vous m’offensez ! Je n’ai pas l’habitude de chercher à me venger de ceux qui signalent mes fautes…

  7. demos dit :

    Encore un bon article “de contrepied”!

    Mais… Ta comparaison avec la 1ere moitié du XXe siecle a beau etre juste, a mon sens ce n’est pas le bon angle de comparaison. Si on croit a l’idée de progres, c’est illusoire de remonter si
    loin.

    Je trouve plus instructif de comparer avec les années 70-80 (qui sont pour moi celles de l’enfance-adolescence). Et là, il me semble que nous avions ET la qualité, ET un controle efficace.

    Depuis, mondialisation, déregulation et desarmement douanier sont passés par là. Notre société s’en remet maintenant quasi integralement au marché et à une oligarchie soumise aux lobbies (alias
    l’UE).

    Meme si coincidence n’est pas causalité, ca me parait quand meme difficile de ne pas relier les 2 évolutions!

    • Descartes dit :

      Je trouve plus instructif de comparer avec les années 70-80 (qui sont pour moi celles de l’enfance-adolescence). Et là, il me semble que nous avions ET la qualité, ET un controle
      efficace.

      On avait certainement un contrôle plus efficace: les libéraux n’étaient pas encore passés par là pour nous laisser un “Etat minimal”. Mais le meilleur contrôle n’est jamais efficace à 100%, et il
      y eut ces années-là des affaires de tromperie qui n’ont rien à envier à celle de Spanghero.

       

  8. Marencau dit :

    Bonjour Descartes,

    J’avoue être moi-même exaspéré quand je vois des faits divers étalés pendant la moitié du journal télévisé alors qu’on est train de subir de plein fouet une crise majeure…

    Pour bien connaître l’industrie aggro, je suis d’accord qu’il faut arrêter avec ces théories du complot comme quoi ce qu’on mangerait aujourd’hui serait 100% chimique et nocif pour la santé.
    Les contrôles sanitaires sont drastiques, et par exemple dès qu’une entreprise sort une marchandise de son stock elle ne peut pas le réintégrer quoiqu’il arrive car elle ne sait pas comment
    ça a été conservé. Ce qui est arrivé à Findus est la trouille de tous les industriels et bien stupide serait celui qui vendrait des produits de mauvaise qualité en fraudant les contrôles
    d’hygiène. Une mauvaise histoire et les dégâts sont presque irréversibles  particulièrement en termes d’image… or comme ces industriels ne sont pas stupides…En revanche, oui, ils
    veulent vendre leur produit au maximum mais comment le leur reprocher (à part quelques gauchistes) ?

    Les habitudes alimentaires des Français sont en train d’évoluer rapidement et ressemblent déjà très fortement aux autres pays européens et aux USA. Si on mange mieux qu’avant, en
    revanche une tendance à manger trop et trop gras se généralise, posant ainsi des problèmes de santé publique. Dans ce cadre, ça ne me choque pas de par exemple hausser la TVA sur le Coca Cola,
    sans oublier que le consommateur est tout de même responsable de ce qu’il mange. Et que, avec un peu d’effort, il peut manger autre chose que des produits préparés qui ne sont pas forcément les
    meilleurs pour la santé lorsqu’on les consomme de manière répétée…

    • Descartes dit :

      Les habitudes alimentaires des Français sont en train d’évoluer rapidement et ressemblent déjà très fortement aux autres pays européens et aux USA.

      Pour une fois, je suis bien plus optimiste que toi. Non, les habitudes alimentaires françaises restent très caractéristiques et très différentes de celles des USA et de l’Europe “nordique”. Le
      temps consacré à la nourriture, la culture culinaire, la variété des denrées et des modes de préparation restent infiniment plus importants qu’aux USA, au Royaume-Uni ou en Allemagne.

      Dans ce cadre, ça ne me choque pas de par exemple hausser la TVA sur le Coca Cola, sans oublier que le consommateur est tout de même responsable de ce qu’il mange.

      Je suis plus nuancé que toi. J’ai tendance à me mefier des théories hygiénistes qui prétendent dire aux gens comment ils doivent vivre. L’Etat peut avoir un rôle d’éducateur, il n’a pas à
      utiliser l’outil fiscal pour inciter ou décourager certains comportements. En même temps, dans la mesure où la santé des habitants est prise en charge par la collectivité, celle-ci a un droit de
      regard sur les comportements susceptibles d’augmenter les coûts de cette couverture. Je pense qu’il faut décider au cas par cas en tenant compte de cette double contrainte… 

      Et que, avec un peu d’effort, il peut manger autre chose que des produits préparés qui ne sont pas forcément les meilleurs pour la santé lorsqu’on les consomme de manière répétée…

      Cela dépend. J’adore les harengs fumés, mais cela ne me viendrait pas à l’idée de les fumer moi même. Trop de travail, trop compliqué par rapport au gain. A l’inverse, acheter ces pâtes infâmes
      qu’on “prépare” en versant dessus de l’eau chaude, je trouve ça ridicule.

       

  9. Marcailloux dit :

    Bonjour,

    Tout d’abord, « Descartes », j’aime bien. C’est pour moi très représentatif de l’idée que je me fais d’un sage pédagogue ( ou d’un pédagogue en sagesse). Peut
    être aurais je autant apprécié le pseudo de Socrate, accoucheur des pensées.

    En tout cas, je me réjouis chaque jour des leçons de clairvoyance qui sont distillées sur ce blog. Cette incitation permanente à prendre du recul et à exiger l’examen des faits avant celui des
    opinions ou des sentiments est le gage même du cartésianisme ambiant.

    Concernant tous ces faits divers, ces scandales, ces crises, ces catastrophes, etc, il me semble que tout cela est devenu un matériau, un minerai ( le terme est à la mode) nécessaire à la
    production médiatique, rien de moins, rien de plus.

    À chacun de prendre en compte cette donnée et distinguer l’essentiel de l’accessoire. Or nous sommes de plus en plus dans un monde de l’accessoire, c’est le choix du plus grand nombre et c’est à
    nous collectivement d’en assumer les conséquences et à nous individuellement de s’en préserver et d’en protéger notre entourage.

    Face à toutes les tentations de fraude, d’incivilité, de violence notre société qui se veut humaniste à outrance et démocratique à l’abondance fait par trop le jeu des minorités agissantes dans
    un sens qui ne correspond pas à l’intérêt général.

    Et malheureusement, nos élus, pour des motifs carriéristes ou par duplicité et manque de courage, contribuent à la perpétuation de cet état de fait.

    Notre société me parait bien trop tolérante avec tous les « tricheurs » et ce au grand détriment de l’immense majorité de ceux qui ne pratiquent pas la tricherie comme règle de vie. Et
    les tricheurs, on en trouve dans toutes les catégories de la société.

    P.S. : en ce qui concerne quelques entorses à l’orthographe ou la syntaxe, particulièrement dans la rédaction du billet de notre ami Descartes – m’autorisez vous ce terme ?- et qui
    pressé par le temps ne peut y consacrer ses nuits à relire et relire pour corriger, je suggère de pratiquer ce qu’un blogueur réputé et très prolifique sur le Net, a demandé à quelques uns de ses
    fidèles lecteurs : avant la diffusion d’un article ou d’un billet, celui ci passe par une relecture de la part de 3 ou 4 « collaborateurs » qui rectifient, soit des erreurs
    d’orthographe ou de syntaxe, soit des formes d’expression pouvant prêter à confusion. Tout ceci uniquement sur la forme, bien entendu.

    La difficulté est d’obtenir une réactivité instantanée qui nécessite la disponibilité permanente de quelques volontaires. Il n’y a rien dans tout cela, d’essentiel, évidemment, mais il me semble
    que des erreurs mineures dans la forme, peuvent altérer pour certains, la valeur de l’argumentation. Ce n’est en tout cas, pas ma réaction personnelle.

    • Descartes dit :

      P.S. : en ce qui concerne quelques entorses à l’orthographe ou la syntaxe, particulièrement dans la rédaction du billet de notre ami Descartes – m’autorisez vous ce terme ?

      Bien entendu. Non seulement je vous le permets, mais je m’estime très honoré! Quand à l’orthographe… je fais de mon mieux pour publier des papiers avec un minimum de fautes de frappe,
      d’orthographe et de syntaxe. Mais comme vous le dites, je n’ai pas le temps pour faire une véritable correction. S’il y a des horreurs trop voyantes, mes lecteurs se font généralement un plaisir
      de me les signaler, et je les corrige au fur et à mesure.

  10. Gugus69 dit :

    Une nuance quand même, chers amis.

    Je suis d’accord avec vos propos et… j’aime la viande de cheval.

    Cependant, il me paraît indispensable que les consommateurs puissent accorder un minimum de confiance à l’étiquetage des produits qu’ils achètent. Car enfin, on l’a bien compris, le but de la
    manœuvre frauduleuse n’est pas d’empoisonner le monde, mais bien d’augmenter les profits.

    Ainsi, je n’accepte pas qu’on me vende de la macreuse au prix du filet et en la baptisant “filet”, quand bien même ce serait une excellente macreuse.

    Voyez : Carrefour et d’autres viennent d’annoncer que désormais, ils n’utiliseraient que de la viande de bœuf d’origine française. Et comment les consommateurs que nous sommes tous le sauront-ils
    ? Facile ! Ce sera mentionné sur l’étiquette alors que, nous dit-on, ce n’est pas exigé par la réglementaion européenne.

    Or justement, on vient de comprendre qu’on ne pouvait accorder qu’un crédit mesuré aux étiquettes ! le serpent se mord la queue… de serpent ???

    • Descartes dit :

      Et comment les consommateurs que nous sommes tous le sauront-ils ? Facile ! Ce sera mentionné sur l’étiquette alors que, nous dit-on, ce n’est pas exigé par la réglementaion européenne. Or
      justement, on vient de comprendre qu’on ne pouvait accorder qu’un crédit mesuré aux étiquettes !

      Il faut raison garder. Les scandales médiatiques du genre de celui qui nous occupe présentent un danger: celui d’alimenter le sentiment qu’on ne peut pas avoir confiance dans les systèmes de
      contrôle, voire que ceux-ci sont défaillants. La réalité, est que tout système de contrôle, aussi perfectionné soit il, est humain et donc faillible. Il restera toujours une fenêtre pour la
      fraude ou plus banalement pour l’erreur, et la taille de cette fenêtre dépend d’abord et avant tout des moyens qu’on est prêt à investir pour la réduire. La véritable question à poser est celle
      du risque que nous sommes prêts à prendre: combien seriez-vous prêt à payer votre lasagne pour qu’on vous garantisse l’origine de la viande avec une chance sur mille d’erreur ? Combien
      seriez-vous prêt à payer pour réduire cette chance à un sur un million ?

      Notre système de contrôle est excellent: des centaines de millions de produits sont distribués chaque année, et pour l’immense majorité d’entre eux le contenu correspond à l’étiquette. C’est cela
      qu’il faudrait marteler.

  11. Marencau dit :

    “Non, les habitudes alimentaires françaises restent très caractéristiques et très différentes de celles des USA et de l’Europe “nordique”

    J’ai lu des études destinées à des fins commerciales sur le sujet. Malheureusement, la France garde encore quelques différences significatives comme la durée des repas ou la consommation de vin.
    Mais le grignotage est de plus en plus fréquent, les sauts de repas sont en hausse énorme. Certaines entreprises ont même consacré leur stratégie autour du concept d’accompagner le consommateur
    tout au long de la journée en dehors des repas… et ça marche…

    En parallèle, la crise économique a créé dans un premier temps un effet d’opportunité pour toutes les entreprises d’alimention sucrée: les gens restaient plus chez eux donc consommaient plus…
    c’est cynique mais c’est comme ça. Aujourd’hui bien sûr elles vont commencer à avoir le retour du bâton car la consommation est en berne et certains produits non vitaux sont désertés par les
    consommateurs.

     

    “Je pense qu’il faut décider au cas par cas en tenant compte de cette double contrainte… “

    Pour moi le cas du Coca Cola est à peu près semblable à celui de la cigarette. Chacun des produits ayant une conséquence sur la santé publique assumée par la collectivité, l’Etat peut mettre un
    arbitrage fiscal afin de rééquilibrer un peu le poste de dépense sur le compte des personnes concernées qui assument leur choix. Dès lors que le consommateur est éduqué et qu’il sait que la
    cigarette n’est pas bonne pour lui… alors c’est ensuite libre à lui d’en consommer ou non. Mais s’il coûte trop cher à la collectivité, il est normal de monter le prix du paquet (même si ça
    créé un effet contrebande) pour à la fois rééquilibrer les compte (et avoir un effet dissuasif en prime).

     

    “Trop de travail, trop compliqué par rapport au gain. A l’inverse, acheter ces pâtes infâmes qu’on “prépare” en versant dessus de l’eau chaude, je trouve ça ridicule.”

    Oui, c’est justement mon point. Chacun trouve de quoi faire son bonheur au niveau qualité/prix et temps. Donc contrairement au discours pleurnichard qu’on peut entendre chez les
    altermondialistes, manger trop gras trop sucré trop salé est un CHOIX vu que des repas équilibrés sont aujourd’hui à la portée des même bourses qui achètent des plats préparés. 

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