Notre messe quotidienne

Cela pourrait surprendre certains d’apprendre que dans notre beau pays laïque, on peut entendre chaque jour sur le service public de la radiodiffusion un office religieux. Et pourtant c’est vrai. Si vous ne me croyez pas, allumez votre radio vers 8h20 et réglez-là sur France Inter. Vous aurez alors l’occasion d’écouter le Révérend Père Bernard Guetta prononcer les mots rituels : « Credo in Evropa omnipotentis… ».

 

Que le sermon nous appelle à tourner nos espoirs non pas vers un dieu barbu et miséricordieux mais vers une sorte de force de la nature ne changer rien au caractère religieux du message. L’Europe de Guetta est comme le Dieu de mon curé : ses voies sont impénétrables. Et de la même manière que pour mon curé dieu peut permettre Auschwitz tout en étant infiniment bon, pour Guetta le fait que son dieu reste les bras ballants alors que notre continent s’enfonce dans la récession, le chômage de masse et l’insignifiance au niveau internationale n’ébranle nullement sa foi. Pour mon curé, Auschwitz est la manifestation d’une foi insuffisante de la part des hommes, qui n’ont pas assez suivi la voie de leur dieu. Pour Guetta, c’est pareil.

 

La chronique de Guetta ce matin était une illustration jusqu’à la caricature de cette vision mystique du projet européen. Elle commençait par suggérer à François Hollande le message à tenir lors de sa prestation télévisée de jeudi soir : « François Hollande devrait dire que le président de la république française ne peut pas grande chose tout seul ». Sur ce sujet, Guetta brode pendant cinq minutes alors que tout auditeur qui connaît un peu Guetta sait – c’est le propre du rituel de se répéter – quelle sera la chute inévitable : « il faut donc avancer vers l’union de l’Europe ».

 

Que la France ne peut pas grande chose toute seule est une évidence. Mais cela ne date pas d’hier. Contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire ceux qui prétendent nous couper de toute référence au passé, cela n’a rien à voir avec la mondialisation. Depuis que la politique existe la question des alliances extérieures, de l’amitié, l’échange, la confrontation ou le combat avec les autres a été un élément essentiel dans les délibérations des gouvernants. Péricles pouvait-il quelque chose « tout seul » ? Non, bien entendu. Il lui fallait tenir compte en permanence des rapports compliqués avec les autres cités grecques, et encore plus avec les puissances non-grecques comme la Perse ou l’Egypte. Louis XIV ou Napoléon ont passé l’essentiel de leur temps à gérer la politique extérieure de la France, laissant tout comme De Gaulle l’essentiel de la politique intérieure à leurs ministres de confiance. Ce n’est pas pour rien que la force armée et la diplomatie sont depuis des temps immémoriaux les attributs de la puissance régalienne. Guetta et consorts font semblant de découvrir une vérité nouvelle – sur le mode du « vous comprenez, le monde n’est plus celui que vous avez connu » – alors qu’elle est vieille de deux mille ans. L’état souverain, que ces gens détestent, n’a jamais été ni agi « seul ». Au contraire: l’Etat nation surgit en grande partie du besoin de gérer les rapports d’amitié ou d’inimitié avec les autres.

 

En partant de cette prémisse vraie mais banale, Guetta nous enferme dans une fausse dichotomie : puisqu’on ne peut pas agir seul, il faut l’unité de l’Europe. Il oublie que l’Europe n’est pas, loin de là, la seule manière de ne plus être seul. Il y a un grand nombre de pays souverains qui arrivent à agir avec d’autres sans pour autant abandonner toute possibilité de politique nationale autonome en cédant des compétences essentielles à une bureaucratie sans visage. La Norvège ne paraît pas être en train de sombrer dans la misère et la récession, et pourtant elle est « seule » au sens que donne à ce mot Bernard Guetta, puisque les norvégiens ont refusé de faire partie de cette « Europe unie » qui semble-t-il est la seule solution aux problèmes économiques. L’Islande a géré une crise gravissime, bien plus grave que la notre, et s’en sort bien grâce au fait qu’elle a gardé le contrôle de ses frontières et de sa monnaie. Il faut croire donc que les premiers ministres norvégien ou islandais peuvent faire beaucoup de choses “tout seuls” – à minima, de restaurer la croissance de leurs économies. Pourquoi le président français aurait-il moins de possibilités ?

 

La prétendue “impuissance du politique” fait partie des « tartes à la crème » dont nos médias eurolâtres ont le secret. C’est d’ailleurs le dernier arguments des partisans de la construction européenne maastrichienne, qui ont vu tous leurs autres arguments être impitoyablement refutés par les faits. Les citoyens peuvent contempler chaque jour les oeuvres de “l’Europe qui protège” et “l’Euro monnaie de croissance” et constater les résultats. C’est pourquoi les eurolâtres en sont réduits à la vieille antienne “devant les puissances émergentes, sans l’Europe nous ne sommes rien”. Avec elle non plus, en fait. L’affaire du Mali montre combien l’action d’un Etat décidé vaut mieux que celle de 27 indécis. Le  discours qui présente la puissance européenne en contraste aux impuissances nationales est un dogme sans rapport avec les faits. Dans la pratique, dans les rapports internationaux, les ministres des affaires étrangères de la France, de la Grande Bretagne ou de l’Allemagne pèsent infiniment plus que la baronne Ashton et sa troupe de bras cassés.

 

Le problème, c’est que la doctrine de l’impuissance du politique plaît à l’establishment. Et si elle plaît, c’est parce qu’elle justifie par avance toutes les lâchetés, tous les abandons, tous les opportunismes. Car si le politique est impuissant, il n’est responsable de rien. Comment peut-on reprocher de ne rien faire à celui qui de toute manière n’a aucune influence sur les évènnements ? La doctrine de l’impuissance permet aux politiques de se justifier devant le peuple avec des discours du genre “je veux bien mais je ne peux point”. On expliquera alors qu’on avait les meilleures intentions du monde et le meilleur programem qui soit, mais “vous comprenez, les autres gouvernements européens  n’ont pas voulu…”. C’est d’ailleurs ce que ce gouvernement nous raconte depuis maintenant neuf mois. Mme Merkel est finalement un alibi bien commode à tous les abandons.

 

Mais le discours de l’impuissance fait le lit du populisme. Face à tous ces partis qui se battent à mort pour s’asseoir dans le fauteuil, et qui une fois assis nous expliquent ensuite qu’ils ne peuvent rien faire – sauf, bien évidement, s’ils arrivent à mettre d’accord la bureaucratie bruxelloise et les 26 autres gouvernements européens, autant dire mission impossible – il y aura d’autres qui affirmeront, à tort ou à raison, avec des idées simplistes ou au contraire en ayant bien réflechi, qu’ils peuvent faire des choses. Qu’ils ne sont pas, eux, touchés par l’impuissance. Comment reprocher au peuple d’aller chaque fois plus écouter ceux qui, à défaut de faire grande chose, au moins proposent une perspective qui rend les gens acteurs de leur avenir, et non ses victimes ?

 

Le préalable à toute politique de redressement, c’est le combat contre cette idéologie poisseuse de l’impuissance. Le politique national, même « seul », peut beaucoup. Pour commencer, il peut choisir avec qui et comment il va travailler pour ne plus être « seul ». Contrairement à ce que prétendent les eurolâtres, la grande majorité des eurosceptiques français ne propose pas le repli frileux à l’intérieur des frontières. L’eurosceptiscisme français – ce n’est pas le cas dans d’autres pays – est généralement plus proche de la vision jacobine d’une France éclairant le monde que de la vision girondine de la “petite France” réduite au village et au “pays”. Et pour l’euroscepticisme jacobin, loin de chercher un quelconque repli il s’agit au contraire de sortir du « repli européen » qui prétend faire de l’Europe l’horizon indépassable de notre politique nationale et internationale.

 

L’église catholique a construit son pouvoir sur un discours de résignation. Pendant plus de mille ans, elle a appelé chacun à se résigner à son sort et à se soumettre dans l’espoir d’une récompense hypothétique dans l’au-delà. L’église européenne utilise exactement le même raisonnement, nous enjoignant de nous soumettre à l’ordre bruxellois dans l’espoir d’une récompense le jour où « l’unité européenne » étant achevée, nous aurons franchi les portes du paradis. Dans les deux cas, c’est une imposture. Il est grand temps de faire comme nos grands ancêtres de la Renaissance européenne et des Lumières, et de dire haut et fort que l’homme est maître de son destin et peu se gouverner par la Raison. Et de repousser la pensée religieuse dans le domaine privé.

 

 

Descartes

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36 réponses à Notre messe quotidienne

  1. CVT dit :

    Bonjour Descartes,

    en ce jour de Vendredi-Saint, votre parole est d’or! Maintenant, pour l’Evangile (alias la prise de conscience de la
    sortie de l’euro), ça risque de prendre un peu plus que 50 jours!

    Vous avez bien raison d’insister sur la résignation car c’est bien elle qui alimente des comportements hédonistes, voire égoïstes quand chacun sait qu’il ne peut plus compter sur un salut
    collectif national: or c’est bien ce poison que l’UE instille dans l’esprit des Français depuis plus de cinquante ans, malgré les efforts conjoints des Jacobino-Bonapartistes (alias les
    gaullo-communistes).

    En France, l’UE est une construction girondine (donc parler d'”euroscepticisme jacobin”, c’est un peu un pléonasme…) voulue par la gauche non communiste (SFIO, puis PS, Trotskistes, Maos,
    etc…) et la droite anti-gaulliste (Chrétiens-Démocrates puis UDF/Centre, libéraux), deux tendances qui ont traditionellement été toujours défavorables à la défense des intérêts français. Sorti
    de considérations sur les intérêts matéralistes, comment se fait-il que ces deux courants politiques plutôt minoritaires aient pu faire triompher à ce point l’idéologie européenne (je n’ose pas
    parler de cathéchisme…)? Pour moi, les crises ont bon dos…

    J’ai quelques idées sur la question, mais j’aurais aimé avoir votre éclairage sur ce point, car après tout, la majorité des citoyens Français sont agnostiques, voire mécréants quand il s’agit de
    religion européïste…

    • Descartes dit :

      en ce jour de Vendredi-Saint, votre parole est d’or!

      Tant qu’on n’essaye pas de me clouer surune croix…

      En France, l’UE est une construction girondine (donc parler d'”euroscepticisme jacobin”, c’est un peu un pléonasme…)

      Pas complètement. Il y a aussi un euroscepticisme d’extrême droite, ultra-nationaliste, qui prône un véritable repli sur soi et une méfiance sur tout ce qui vient de l’extérieur, y compris
      l’Europe, vue comme un instrument de la grande conspiration judéo-maçonnique… enfin, tu vois le tableau. Mais ces courants sont ultra-minoritaires.

      comment se fait-il que ces deux courants politiques plutôt minoritaires aient pu faire triompher à ce point l’idéologie européenne (je n’ose pas parler de cathéchisme…)? Pour moi, les
      crises ont bon dos…

      A mon avis, pour deux raisons. La première est que ces mouvements ont beau être minoritaires, ils ont derrière eux des intérêts économiques très puissants. La seconde est qu’elles ont derrière
      elles les classes moyennes, et plus particulièrement les “classes bavardantes”, ce qui leur assure la quasi exclusivité du discours médiatique.

       

       

       

  2. Marencau dit :

    Bonjour Descartes,

     

    Bon billet encore une fois. J’ai toujours eu ce sentiment que les européistes étaient d’une certaine manière des bigots comme les autres. Choqués lorsqu’on ose remettre en cause leur foi. Dans
    ton billet tu n’as pas détaillé un point qui est particulièrement révélateur: l’aspect téléologique de la construction européenne. Les fameux train qui va inexorablement dans le sens de
    l’Histoire (qui conduit ?) et qu’on ne peut arrêter. Destination: la mondialisation et l’Union Européenne. Ceux qui ne sont pas d’accords sont forcément dans le mauvais sens: soit ils sont
    stupides, soit de mauvaise foi. Alors pourquoi demander leur avis aux citoyens…

     

    “Au contraire: l’Etat nation surgit en grande partie du besoin de gérer les rapports d’amitié ou d’inimitié avec les autres. “

    Peux-tu développer un peu ce point ? Je pensais que la naissance de l’Etat nation était plutôt liée à des raisons internes et à la notion de volonté collective d’aller ensemble de l’avant… et
    que les autres se définissaient comme ceux ne voulant ou pouvant pas prendre la même direction.

     

    “On expliquera alors qu’on avait les meilleures intentions du monde et le meilleur programme qui soit, mais “vous comprenez, les autres gouvernements européens  n’ont pas voulu…”

    Grand classique. Il y a peu on vient de me rétorquer à mes arguments que c’était normal, et que “aujourd’hui, dans une Europe ou les gouvernements de droite sont les plus nombreux, il n’est pas
    aisé de faire une politique de Gauche, et Hollande l’a parfaitement compris au début de son mandat “. En fait l’idée c’est qu’on doit gérer ce qu’on peut en attendant que les autres nations
    “votent bien” pour faire de nouveaux traités (qui ressembleraient à quoi d’ailleurs ? S’ils avaient une vision différente ils pourraient déjà l’élaborer et le présenter comme tel). Les millions
    de chômeurs apprécieront.

     

    “pour l’euroscepticisme jacobin, loin de chercher un quelconque repli il s’agit au contraire de sortir du « repli européen »”

    Entièrement d’accord. Je pense que c’est un point important qui est mal “communiqué” par les eurosceptiques. On a du mal à voir pourquoi les Français devraient absolument être solidaires des
    Lettons mais ne pas pouvoir travailler avec par exemple l’Algérie (avec laquelle elle a une histoire proche) pour la raison qu’elle est de l’autre côté de la Méditerranée… sans compter que
    c’est complètement abandonner l’idée de la Francophonie dans le monde (le Québec ? Pas dans L’UE ? Aucun intérêt).

    J’ai également eu la chance d’être allé au Portugal et on peut dire que là bas, le discours pour “se protéger des pays émergents comme le Brésil” les fait bien rigoler : c’est au contraire une
    opportunité formidable pour eux.

    J’ai du mal à ne pas croire qu’il y a un petit fond de racialisme dans tout ça. Et ce n’est pas innocent, alors que nous vivons dans une Europe “à l’Allemande”. C’est assez flagrant lorsqu’on
    débat sur la Turquie. Beaucoup d’européistes “par défaut” diront qu’ils sont “pour l’Europe” (comment être contre?) mais qu’ils sont contre l’entrée de la Turquie car tu comprend… “ils ne sont
    pas Européens”. Ou “mais c’est à moité pas sur le continent” (quel argument pour délimiter les contours d’une communauté politique…). La réalité c’est que nation européenne = blanc
    catholique… pardon ! On dit issu de la culture judéo-chrétienne. Tout ça est assez écoeurant et on le retrouve souvent dans la bouche de “progressistes sociaux-démocrates” qui, quand on gratte
    un peu, croient en une sorte d’essence européenne. Et on retombe sur l’aspect religieux de la chose.

    • Descartes dit :

      Dans ton billet tu n’as pas détaillé un point qui est particulièrement révélateur: l’aspect téléologique de la construction européenne. Les fameux train qui va inexorablement dans le sens de
      l’Histoire (qui conduit ?) et qu’on ne peut arrêter.

      Je n’y avais pas pensé, mais tu as raison. Il y a dans le discours europhile une dimension téléologique qui est d’ailleurs très contradictoire: d’un côté on glorifie en permanence à coup
      d’hommages et de noms de rue les figures fondatrices (Monnet, Schumann…), ce qui suppose que c’est leur action qui a rendu l’Europe possible – et donc que sans eux elle n’aurait pas eu lieu –
      d’un autre côté on insiste sur l’inévitabilité de cette construction. Cette structure reprend une problématique présente dans la téléologie chretienne: un dieu tout puissant et omniscient, qui
      sait donc qui seront les justes et qui les pêcheurs, couplée avec un culte des saints qui suppose que l’homme est libre de choisir sa voie…

      Peux-tu développer un peu ce point ? Je pensais que la naissance de l’Etat nation était plutôt liée à des raisons internes et à la notion de volonté collective d’aller ensemble de
      l’avant…

      C’est une vision idéaliste… si les hommes ont abdiqué de leur liberté absolue pour suivre les ordres d’un chef, c’est notamment parce qu’il a fallu organiser la défense contre les agressions
      extérieures et qu’un tel besoin nécessite la concentration du pouvoir dans une institution. Les peuples qui vivent isolés – et qui ne risquent donc pas d’attaque extérieure – n’ont pas crée
      d’Etat…

       

    • Albert dit :

      à Marencau

      Ce que vous dites sur le problème de la Turquie et l’U.E.est sidérant!
      Décidément la mode de l’antiracisme est sans fin! Cet argument étant irrationnel, il ne me parait pas utile de le contredire avec des arguments rationnels, ça ne changerait pas votre logiciel.

  3. Serge dit :

    Bonjour Mr Descartes.

     

    Que pensiez-vous de l’idée d’une Union pour la Méditerannée (de N. Sarkozy et H. Guaino) ? Car chaque fois que je pense à l’Union Européenne, je ne peux m’empêcher de penser à cette première, et
    de l’enthousiasme dont faisait preuve Sarkozy à cette idée. Et le sabordage par l’Union Européenne justement (et l’Allemagne déjà à l’époque qui voyait d’un mauvais oeil un nouveau centre de
    gravité politique dans la région).

    D’ailleurs, je me demande si ça a avancé depuis. J’ai entendu vaguement parlé de Hollande qui voulait la transformer en Union des projets européens (ou quelque chose dans le genre), mais je ne me
    suis pas plus penché que cela sur son actualité, étant presque morte médiatiquement.

     

    Et j’aime beaucoup votre passage sur le supposé “repli” des eurosceptiques. Car l’étant moi-même, je n’espère pas une France qui soit coupé du monde, mais qui impose sa dynamique et sa marque à
    notre monde, comme l’histoire l’a souvent montré dans le passé. Qui ne se renie pas elle-même en allant se transformer en région dans l’uniformisation de l’Union Européenne. Qui n’aille pas
    s’enfermer dans le club très “select” des adhérants de la joyeuse Européenne, en fermant les yeux au monde qui l’entoure et à son histoire passé et futur. Parce que le futur européen, fait de
    consensus mou, de normes et de technocrates lointain ne me donnent pas franchement envi.

     

    L’église catholique a construit son pouvoir sur un discours de résignation. Pendant plus de mille ans, elle a appelé chacun à se résigner à son sort et à se soumettre dans l’espoir d’une
    récompense hypothétique dans l’au-delà.

    Je dois avouer de pas être en total accord avec cette phrase. C’est assez difficile à expliquer pour moi, car je ne suis pas du tout expert en la matière, mais je n’ai pas la sensation
    que l’église est été resigné. Au contraire, très dynamique, cherchant à imposer sa vision, sa foi à travers le monde. En bien ou en mal, c’est une autre question. La foi aussi se construit sur ce
    que l’on réalise, et non sur une fatalité immuable. En gros, il faut quand même se bouger pour accéder à une récompense dans l’au-delà. L’église a certainement été très réactionnaire de
    nombreuses fois (la majeure partie ?) dans son histoire, mais je doute que la résignation soit le principal adjectif pour la définir.

    • Descartes dit :

      Que pensiez-vous de l’idée d’une Union pour la Méditerannée (de N. Sarkozy et H. Guaino) ? Car chaque fois que je pense à l’Union Européenne, je ne peux m’empêcher de penser à cette première,
      et de l’enthousiasme dont faisait preuve Sarkozy à cette idée.

      Je pense que l’idée était excellente, et qu’il est malheureux que le lobby europhile ait réussi à la saboter pour finalement la subordonner à la politique européenne. Dans cette affaire, Sarkozy
      a manqué de continuité et de courage, et cela malgré tous les efforts de Guaino.

      Je dois avouer de pas être en total accord avec cette phrase. C’est assez difficile à expliquer pour moi, car je ne suis pas du tout expert en la matière, mais je n’ai pas la sensation que
      l’église est été resigné. Au contraire, très dynamique, cherchant à imposer sa vision, sa foi à travers le monde.

      L’un n’empêche pas l’autre. L’Eglise n’a jamais été résignée, mais elle a pendant deux mille ans prêché aux autres la résignation. L’alliance du trône et de l’autel – puis du capital et du
      goupillon – était fondée sur cette idéologie: une église qui prêchait la soumission aux hiérarchies “naturelles” (celle des nobles puis celle des patrons) voulues par dieu, avec pour récompense
      le bonheur éternel dans l’au-delà. L’Eglise a d’ailleurs impitoyablement persecuté les minorités qui en son sein même se sont éloignés de ce discours et ont prêché la révolte…

  4. Lord_Sioc dit :

     “classes bavardantes”

     

    Pourrais-tu détailler la chose stp ?

    • Descartes dit :

      J’ai traduit l’expression anglaise “chattering classes”. Ce sont les intellectuels, les artistes, les dirigeants associatifs… enfin, tous ceux qui ont la possibilité d’accéder à une expression
      médiatique et à influencer l’opinion. Ce que les publicitaires appelent “prescripteurs d’opinion”.

  5. dudu87 dit :

    Bonjour à vous tous,

    Si seulement toutes les « cloches » restaient à…Rome !!!

    Bernard Guetta est le prototype du trotskiste, bien dans ses bottes, avant toute chose, anticommuniste. La meilleure façon de prévenir toutes tentatives de révolution, soi-elle pacifique qui
    permettrait à un peuple d’Europe et particulièrement français de « s’ émanciper du joug capitaliste et atlantiste», est de les noyer dans cette Europe plus ou moins fédéraliste.

    B. Guetta est le Jean Lecanuet du 21° siècle. Alors toutes les « ficelles », même grosses, sont bonnes. Lorsque le PCF était contre cette Europe, nous étions le « parti de
    l’Étranger », contre Maastricht, nous étions nationaliste et xénophobe et ceux qui sont aujourd’hui anti-euro sont lépéniste. Les troupes de JLM et lui-même jouent très bien ce rôle.

    Voir son parcours : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Guetta

    D’ailleurs J.Sapir analyse le discours de JLM au congrès de Bordeaux sur Comité Valmy :

    http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3366

    N’oublions pas que cette Europe a commencé à prendre naissance en pleine guerre froide avec le CECA avec la bénédiction de la SFIO et qu’il fallut attendre l’arrivée de De Gaulle pour que les
    relations avec l’URSS redeviennent normales au nom de la coexistence pacifique et des peuples à disposer d’eux-même.

    D’ailleurs, le FdG n’entretient aucunes relations politiques avec les états qui se réclament du communisme même si nous devons critiquer certains aspects de leur politique. Ne parlons pas de la
    Russie devenue le diable. Pourtant l’expérience des BRICS devrait attirer toute leur attention avec la création de leur « banque mondiale ».

    Étant jeune, je me souviens de la réflexion de ce « sociaux » bon teint (directeur d’école à Paris) qui répondait à mes parents : « Jamais de maçons à la Chambre, plutôt De
    Gaulle !!! »

    Et pour enfoncer le clou, lors du 1° plébiciste que De Gaulle organisa, le maire de ma commune,à l’issue du dépouillement,  déclara qu'”il y avait 58 bons français”, le non avait obtenu 21
    voix!   

    Vous croyez que l’ambiance a changé ???

    P { margin-bottom: 0.21cm; }A:link { }

  6. dudu87 dit :

    A propos de messe, en voilà une autre !

    Dans l’Huma, P. Apel-Muller écrit : « «Savoir qu’on n’a plus rien à espérer n’empêche
    pas de continuer à attendre »,écrivait Marcel Proust.

    Ainsi soit-il, prions…

    Dans son édito : Hollande, trop sourd aux attentes…

    Et il écrit : « Les électeurs n’attendaient pas du nouveau chef de l’État des lendemains qui chantent mais
    un peu moinsd’injustice, un peu plus de solidarité, plus de
    distanceà l’égard des marchés financiers, moins
    d’alignementsur les dogmes de l’austérité en cours à Bruxelles. »

    Un peu moins…Un peu !!!

    Et pour terminer par : « Ce chemin, celui choisi par le Front de gauche, est le meilleur pour ne pas se condamner à attendre ou à redouter le
    pire. »

    Redouter le pire ? Mais Camarade Aple-Muller, ceux qui souffrent, ceux qui sont licenciés ont voté non à Maastricht en 1995 et ils vont soutenir et
    voter pour ceux qui s’en réclament….On dirait que vous avez peur d’engager la lutte sur ce sujet comme …sur l’émigration. Vous avez peur de nous, les tourneurs, fraiseurs, les maçons, les
    femmes de ménages… De la dignité, Camarade !

    P { margin-bottom: 0.21cm; }A:link { }

  7. JMP dit :

     

    De la mise en œuvre des grands principes démocratiques par les dignitaires de L’église de l’euro :

    La Lettonie et la Lituanie ont rejeté aujourd’hui l’idée d’un référendum sur leur adhésion à
    la zone euro, après que la Pologne voisine eut évoqué une telle éventualité qui, selon les deux pays baltes, pourrait faire capoter ce qu’ils appellent “un objectif stratégique”.

    Suivant les traces de l’Estonie voisine qui est devenu le premier Etat balte à passer à l’euro en janvier 2011, la Lettonie a pour but de l’adopter en janvier prochain, alors que la Lituanie
    espère le faire en 2015, et cela malgré une opinion publique sceptique dans les deux pays, selon les derniers sondages.

    “Je pense que cette question devrait être tranchée non pas par la population mais par les vrais décideurs”, a déclaré le ministre letton des Finances Andris Vilks à Vilnius, aux côtés de ses
    homologues lituanien et estonien. Un référendum créerait une “situation difficile” et “diverses provocations”, a-t-il insisté.

    Source : http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/03/28/97002-20130328FILWWW00614-letlituanie-pas-de-referendum-sur-l.php

    c’est ce qui s’appelle ôter les feuilles de vigne

    Vous me direz, on est déja dans le: tuez les tous, LEuro reconnaitra les siens…

    • Descartes dit :

      Un élément qui montre la dégradation de la politique européenne est le fait – comme vous le pointez – qu’on assume presque sans complexe le fait que les décisions soient prises dans le dos des
      peuples. Bien sur, l’Europe n’a jamais été une idée démocratique, et la logique des “petits pas” si bien décrite par Monnet était destinée justement à empêcher tout contrôle démocratique sur les
      engagements européens. Mais jusqu’ici, ce fait était caché comme une maladie honteuse, et l’ensemble des élites européennes n’avaient que le mot “démocracie” à la bouche. Depuis quelques années,
      les élites europhiles assument chaque fois plus le caractère antidémocratique de leur construction. C’est ça la nouveauté…

  8. Trubli dit :

    Bonjour,

    notre cher président s’st exprimé à la TV cette semaine. 

    Après son intervention, il y avait une emission animée par Yves Calvi, entouré d’éditorialistes de la presse nationale.

    Ce qui m’a frappé, ce qui était le plus intéressant dans cette emission résidait en fait dans les non-dits. Ces journalistes ont réussi à faire une emission sans parler de l’Euro, du cours de
    l’Euro, de la politique commerciale du pays, de la politique d’infrastructures. A croire que la macro-économie n’existe pas ou plus, que tout se limite à présent à des mesures de micro-économie
    ou des mesures sociétales. 

    • Descartes dit :

      Je partage tout à fait, et je vous conseille de relire le discours prononcé par De Gaulle en 1958 pour annoncer un budget d’austérité (le lien avait été proposé par un commentateur sur ce blog).
      Dans ce discours, De Gaulle propose en même temps un programme d’austérité draconnienne tout en annonçant une augmentation de l’investissement de 25%. De Gaulle justifie l’austérité par la
      préparation d’un futur si radieux “qu’il justifie tous les sacrifices”. Et il est évident pour lui que cela n’a pas de sens si l’on coupe les dépenses qui préparent l’avenir…

      Aujourd’hui, le long terme et la réflexion globale ont été écrasés par le court terme et les questions sectorielles. L’objectif de l’austérité n’est pas aujourd’hui la préparation d’un quelconque
      “avenir”, mais la satisfaction d’un critère normatif fixé par “nos engagements européens”. Dans ces conditions, pourquoi se poser la question macro-économique, de politique commerciale et
      industrielle ou des infrastructures, toutes questions qui n’ont du sens que dans le contexte d’une vision à long terme ?

  9. Guilhem dit :

    Bonjour Descartes,

    Une petite remarque sur votre introduction: je ne crois pas qu’Auschwitz remette en cause l’infinie bonté de Dieu, à la rigueur son infinie puissance et ainsi la boucle sur l’impuissance dans la
    suite de votre texte est bouclée. Mais on pourrait répliquer que Dieu laisse l’Homme totalement libre, ce qui engage alors notre responsabilité et notre nécessaire engagement…

    • Descartes dit :

      Le raisonnement pose beaucoup de problèmes. Si dieu est omniscient, alors il sait tout ce qui était, est ou sera. Et il savait depuis le début des temps qu’Auschwitz aurait lieu…

  10. Guguss69 dit :

    Dieu n’existe pas. S’il existait, il aurait fait beaucoup mieux, sans déconner !

    Ou alors, il n’est pas doué comme Dieu… À la limite incompétent, je dirais.

    Cela dit, pourquoi pas ? Par exemple, on se moque des indiens qui font la danse de la pluie en pure perte. Mais si ça se trouve, les indiens n’y sont pour rien : c’est leur dieu de la pluie qui
    est naze ! Ça, ça m’ouvre des horizons…

  11. dsk dit :

    “L’église catholique a construit son pouvoir sur un discours de résignation. Pendant plus de mille ans, elle a appelé chacun à se résigner à son sort et à se soumettre dans l’espoir d’une
    récompense hypothétique dans l’au-delà.”

     

    Non mais qu’est-ce que c’est que ce discours de petit gauchiste boutonneux, Descartes ? Jeanne d’Arc, par exemple, vous semble avoir appelé tout un chacun à se résigner à son sort ? Et les
    chrétiens, qui manifestent en ce moment contre le “mariage pour tous”, alors même que celui-ci est déjà voté, vous font l’effet d’être des gens résignés ?

    En réalité, ceux qui prêchent la résignation, Descartes, ce ne sont pas les chrétiens. Ce sont les gens qui se satisfont de l’ordre des choses, tant il est vrai que l’on se résigne plus
    facilement à la richesse qu’à la pauvreté. Ce sont, par exemple, les fameuses “classes moyennes”, qui prêchent la “révolution citoyenne” avec le “bouffeur de curés” Mélenchon, tout en acceptant
    fort bien l’Euro et le libre échange. Mais c’est peut-être aussi un certain… Descartes, qui préfère se complaire dans une critique morbide d’un Front de Gauche manifestement irrécupérable,
    plutôt que de s’engager clairement chez Dupont-Aignan, voire même – soyons fous – au FN.

    • Descartes dit :

      Non mais qu’est-ce que c’est que ce discours de petit gauchiste boutonneux, Descartes ?

      Pas d’injures sur ce blog ! “gauchiste boutonneux”… tsk tsk tsk…

      Jeanne d’Arc, par exemple, vous semble avoir appelé tout un chacun à se résigner à son sort ?

      Certainement. Elle a toujours insisté d’ailleurs sur le fait que sa geste n’était pas un choix personnel, mais le résultat de sa complète soumission à la volonté de dieu. Je crois que vous faites
      une confusion entre “résignation” et “passivité”. Contrairement à l’hindouisme, qui prêche la resignation à l’ordre des choses, l’église a au contraire prêché une résignation non pas à
      l’existant, mais à la volonté de dieu. Si dieu vous dit de combattre, vous combattez, si dieu vous dit d’obéir, vous obéissez. C’est exactement à ce qu’a fait Jeanne d’Arc. Mais son action
      n’était pas celle d’une femme en révolte, mais au contraire d’une femme résignée à la volonté de son Créateur.

      Ce sont, par exemple, les fameuses “classes moyennes”, qui prêchent la “révolution citoyenne” avec le “bouffeur de curés” Mélenchon, tout en acceptant fort bien l’Euro et le libre
      échange.

      Votre détestation de Mélenchon vous égare… on peut reprocher beaucoup de choses au Petit Timonier, mais certainement pas de “prêcher la résignation”. On peut longuement broder sur la
      contradiction qui existe à précher la révolution tout en acceptant l’Euro, mais c’est une autre affaire. Du point de vue du “prêche”, celui de Mélenchon est décidément contre toute résignation ou
      soumission.

      Les prêches pour la résignation et la soumission à la volonté extérieure vous les trouverez plutôt du côté de la tradition démocrate-chrétienne. C’est là que vous trouvez les plus ardents
      partisans du TINA, qui vous expliquent qu’il faut bien faire l’Europe car “il n’y a pas d’autre voie possible”.

  12. JMP dit :

     

    J’ai piètre opinion de Mélenchon en général, mais sa prise de position pour le non au référendum en Alsace est au moins pour une fois en accord avec ses convictions républicaines
    proclamées ; et j’apprécie d’autant plus que je sais avoir le même combat a mener bientôt ici, chez moi en Bretagne , ou se profile une consultation de même type . Ou l’on retrouve, dans la
    même tentative de perversion du sentiment d’appartenance culturelle, les gauchiste de l’udb, les inévitables écolos, et le Think tank ultalibéral de l’institut de Locarn qui recueille les
    sympathies des grands élus bretons UMP et PS confondu , ainsi que les nostalgiques extrême droite de Mordrelle ( comme emsav par exemple), autonomiste breton vendu aux nazis : rien que du
    beau monde… tous uni au profit d’un objectif commun : la destruction de la nation au bénéfice de l’oligarchie bruxelloise

     

    • Descartes dit :

      J’ai piètre opinion de Mélenchon en général, mais sa prise de position pour le non au référendum en Alsace est au moins pour une fois en accord avec ses convictions républicaines
      proclamées

      En effet. Mélenchon a beau avoir cédé aux courants les plus gauchistes de son mouvement sur beaucoup de poins, il y a quelques balises idéologiques sur lesquelles je ne le crois pas capable de
      transiger. L’unité et l’indivisibilité de la République en fait partie. En cela il est parfaitement respectable. Le problème est qu’il ne s’aperçoit pas qu’il y a une contradiction fondamentale à
      céder aux “girondins” sur l’écologie, sur le nucléaire, sur les “grands projets”, et les combattre ensuite sur la question de l’unité de la République.

  13. Inquiet dit :

    se résigner à son sort

    Dans ce cas, les doux illuminés (qui ne savent pas ce qu’ils font  ) qui ne se résignent pas au genre que la nature
    leur a donné doivent t’imposer le respect, Descartes. Non ?

    PS : j’ai l’impression que ton blog est infiltré par toute une cohorte de “cul-bénits”. Je témoignerai (pour ta réputation) que c’est bien malgré toi !   Ok, je sors…

    • Descartes dit :

      Dans ce cas, les doux illuminés (qui ne savent pas ce qu’ils font ) qui ne se résignent pas au genre que la nature leur a donné doivent t’imposer le respect, Descartes. Non ?

      Pas vraiment. Je tiens pour sagesse le fait de se résigner à ce qu’on ne peut changer, et pour folie le fait de se résigner au reste… un peu comme l’oration attribuée à St François d’Assise:
      “mon dieu, donne moi la force de changer ce qui peut l’être, la sérénité pour supporter ce qui ne peut être changé, et la sagesse pour reconnaître la différence”.

      PS : j’ai l’impression que ton blog est infiltré par toute une cohorte de “cul-bénits”.

      Faut bien que je gagne mon Paradis…

  14. dsk dit :

    “Mais son action n’était pas celle d’une femme en révolte, mais au contraire d’une femme résignée à la volonté de son Créateur.”

     

    La soumission, vous le savez, est une qualité que j’apprécie tout particulièrement chez les femmes. Mais il n’en demeure pas moins que le terme de “résignation”, que vous employez, me paraît
    quant à lui un peu déplacé, s’agissant de se plier à la volonté de son Créateur. Pour vous, on se “résignerait” donc à la vie éternelle ? Il me semble, au contraire, que si l’on se résigne, ce
    serait plutôt à l’absence de vie après la mort.

     

    “Votre détestation de Mélenchon vous égare…”

     

    Pas du tout. J’ai le plus grand respect pour ceux qui, comme lui, ont le courage de réorienter leur carrière à un âge avancé.

     

    “Du point de vue du “prêche”, celui de Mélenchon est décidément contre toute résignation ou soumission.”

     

    Soyons sérieux. Sans reprendre le débat que nous avions eu il y a un certain temps, le seul résultat tangible de sa “révolution citoyenne” a été de faire en sorte que ses troupes se résignent à
    voter Hollande au second tour. Ensuite, à quoi, concrètement, Mélenchon refuse-t-il de se résigner ou de se soumettre ? Principalement au Front National, qui n’est pas au pouvoir, mais menace
    hypothétiquement de le prendre un jour. C’est bien dire que Mélenchon n’est en réalité que le bon chien de garde du pouvoir actuel, sous ses dehors de faux rebelle. 

     

     

    • Descartes dit :

      Pour vous, on se “résignerait” donc à la vie éternelle ? Il me semble, au contraire, que si l’on se résigne, ce serait plutôt à l’absence de vie après la mort.

      Parce que le terme de “résignation” s’applique aux choses qu’on ne veut pas. Et la “vie eternelle” est quelque chose que nous, pauvres mortels effrayés par la mort, désirons par dessus tout. Mais
      le croyant est appelé à se résigner à la volonté de son créateur. Si son créateur a décidé de le torturer, le bon croyant est tenu de dire “c’est bon, j’accepte, il doit bien y avoir une
      raison”…

      Pas du tout. J’ai le plus grand respect pour ceux qui, comme lui, ont le courage de réorienter leur carrière à un âge avancé.

      Ah bon ? Il a “réorienté sa carrière” ?

      Ensuite, à quoi, concrètement, Mélenchon refuse-t-il de se résigner ou de se soumettre ?

      A tout, y compris la théorie de la gravitation. Je vous rappelle qu’on parle ici du discours, de ce que Mélenchon prêche, et non de ses actes et de leurs conséquences prévisibles.

       

  15. dsk dit :

    “Parce que le terme de “résignation” s’applique aux choses qu’on ne veut pas.”

     

    Jeanne d’Arc se serait donc “résignée” à libérer la France, tandis qu’elle ne le voulait pas ? C’est un scoop.

     

    “Mais le croyant est appelé à se résigner à la volonté de son créateur.”

     

    Pourriez-vous me donner un exemple concret, dans lequel un croyant se résignerait à la volonté de son Créateur, tandis qu’à l’inverse, un non-croyant se rebellerait ?

    En tout cas, s’agissant de l’Europe, je ne vois pas très bien quel curieux type de croyants pourrait voir dans la concurrence libre et non faussée, ainsi que dans la libre circulation des
    capitaux, des hommes et des marchandises, une volonté du Créateur.

     

    “Ah bon ? Il a “réorienté sa carrière” ?”

     

    Bien sûr. Telle la chrysalide qui, en été, se transforme en un sublime papillon, Mélenchon, après avoir végété comme sénateur socialiste pendant près de vingt ans, s’est mué en un glorieux leader
    de la “révolution citoyenne”.

     

    “A tout, y compris la théorie de la gravitation.”

     

    Vous voyez bien que ce n’est pas sérieux.

     

    “Je vous rappelle qu’on parle ici du discours, de ce que Mélenchon prêche, et non de ses actes et de leurs conséquences prévisibles.”

     

    Dès lors que que l’on prêche le maintien de l’UE et de l’Euro, on prêche nécessairement le report aux calendes grecques de la “révolution citoyenne”, puisque celle-ci devra l’avoir emporté non
    seulement en France, mais dans toute l’Europe, pour être mise en oeuvre. Entre-temps, il faudra se résigner à attendre, espérer. Peu de différences avec le Paradis chrétien finalement.

    • Descartes dit :

      Jeanne d’Arc se serait donc “résignée” à libérer la France, tandis qu’elle ne le voulait pas ? C’est un scoop.

      Ca n’a rien d’un “scoop”. Je vous conseille la lecture des minutes de son procès. Jeanne repète à l’envie qu’elle n’a aucun mérite ni d’ailleurs aucune culpabilité puisqu’elle n’a fait que suivre
      la parole divine. Et elle est d’ailleurs prête à la suivre jusqu’au bûcher. Si cette attitude n’est pas de la “résignation”, je me demande ce qu’il vous faut.

      Jeanne aspirait à être une honnête villageoise. Dieu a décidé qu’elle serait son instrument pour sauver la France. Jeanne s’est résigné à ce sort qu’un autre a choisi pour elle. Voila en résumé
      la position de Jeanne devant ses juges.

      Pourriez-vous me donner un exemple concret, dans lequel un croyant se résignerait à la volonté de son Créateur, tandis qu’à l’inverse, un non-croyant se rebellerait ?

      Un “non croyant” ne peut se rébeller contre la volonté de son créateur, puisque par définition pour lui ce “créateur” n’existe pas. Un “non croyant” qui entendrait des voix qui l’encourageraient
      à aller faire couronner le roi à Reims s’adresserait probablement au psychiatre de garde le plus proche. Quant au croyant, les écritures sont pleines de croyants qui se sont rebellés contre leur
      créateur – et souvent ont été terriblement punis – et d’autres qui voulant une vie simple se sont vus chargés d’une mission par des voix divines et se sont résignés à quitter amis et parents pour
      accomplir l’ordre divin.

      En tout cas, s’agissant de l’Europe, je ne vois pas très bien quel curieux type de croyants pourrait voir dans la concurrence libre et non faussée, ainsi que dans la libre circulation des
      capitaux, des hommes et des marchandises, une volonté du Créateur.

      Si vous avez l’opportunité, discutez de la question européenne avec un démocrate-chrétien. Vous verrez combien ces gens là ont une mentalité de “croisés” et une vision de prédestination dans le
      projet européen…

      Bien sûr. Telle la chrysalide qui, en été, se transforme en un sublime papillon, Mélenchon, après avoir végété comme sénateur socialiste pendant près de vingt ans, s’est mué en un glorieux
      leader de la “révolution citoyenne”.

      Allons… ce n’est pas parce qu’un commercial change de produit qu’il “réoriente sa carrière”. Pendant des années, Mélenchon vendait le mitterrandisme. Aujourd’hui, il vend la “révolution
      citoyenne”. Reprenez son discours au Sénat sur le traité de Maastricht en 1992. Il suffit de changer “traité de Maastricht” par “révolution citoyenne”, et vous retrouvez son discours
      d’aujourd’hui.

      “A tout, y compris la théorie de la gravitation.” Vous voyez bien que ce n’est pas sérieux.

      Je n’ai pas dit que c’etait sérieux. J’ai dit que c’était sa position. Comme disait Napoléon, en politique une absurdité n’est pas une impossibilité.

       

  16. dsk dit :

    “Je vous conseille la lecture des minutes de son procès. Jeanne repète à l’envie qu’elle n’a aucun mérite ni d’ailleurs aucune culpabilité puisqu’elle n’a fait que suivre la parole divine. Et
    elle est d’ailleurs prête à la suivre jusqu’au bûcher. Si cette attitude n’est pas de la “résignation”, je me demande ce qu’il vous faut.”

     

    Ce qu’il me faut, c’est que vous me retrouviez le passage où elle dit qu’elle ne voulait pas libérer la France, mais qu’elle a quand même dû s’y résigner. D’ailleurs, j’observe que vous mettez le
    mot “résignation” entre guillemets, ce qui montre que vous avez  bien conscience qu’il n’est pas juste dans ce contexte.

     

    “Un “non croyant” ne peut se rébeller contre la volonté de son créateur, puisque par définition pour lui ce “créateur” n’existe pas. Un “non croyant” qui entendrait des voix qui
    l’encourageraient à aller faire couronner le roi à Reims s’adresserait probablement au psychiatre de garde le plus proche.”

     

    Vous êtes d’un drôle, Descartes. En tout cas, votre “non-croyant” croit au moins en une chose : l’efficacité de la psychiatrie.

     

    “Quant au croyant, les écritures sont pleines de croyants qui se sont rebellés contre leur créateur – et souvent ont été terriblement punis – et d’autres qui voulant une vie simple se sont
    vus chargés d’une mission par des voix divines et se sont résignés à quitter amis et parents pour accomplir l’ordre divin.”

     

    Effectivement, cela me rappelle certaines bandes dessinées de Pif Gadget.

     

    “Si vous avez l’opportunité, discutez de la question européenne avec un démocrate-chrétien.”

     

    Seulement si Dieu lui-même me l’inflige.

     

     

     

     

    • Descartes dit :

      Ce qu’il me faut, c’est que vous me retrouviez le passage où elle dit qu’elle ne voulait pas libérer la France, mais qu’elle a quand même dû s’y résigner.

      Malheureusement, le procureur a oublié de lui poser la question. Ce salaud n’a même pas eu l’idée de demander “Mme d’Arc, est il vrai que vous ne vouliez pas libérer la France et que vous ne vous
      y êtes résigné que parce que des voix vous l’ont demandé ?”. C’est pourquoi vous ne trouverez pas dans les minutes le passage que vous aimeriez lire.

      Cependant, la ligne de défense de Jeanne pendant tout son procès n’est pas celle d’une femme qui a voulu un rôle politique majeur et s’est donné les moyens de le jouer. Au contraire, elle prétend
      n’être que l’instrument d’une volonté qui la dépasse. En ce sens, elle s’est “résignée” à jouer un rôle qu’elle n’a pas choisi.

      D’ailleurs, j’observe que vous mettez le mot “résignation” entre guillemets, ce qui montre que vous avez  bien conscience qu’il n’est pas juste dans ce contexte.

      Votre observation est erronnée. Je mets “résigné” entre guillemets comme moyen de souligner le mot. Je n’aime pas trop utiliser les caractères gras.

      Vous êtes d’un drôle, Descartes. En tout cas, votre “non-croyant” croit au moins en une chose : l’efficacité de la psychiatrie.

      La “croyance” dans la théorie de la gravitation universelle ou dans l’efficacité de la médecine n’est pas de même nature que la “croyance” en dieu.

      Effectivement, cela me rappelle certaines bandes dessinées de Pif Gadget.

      Je ne m’abaisserai même pas à vous répondre…

       

       

  17. Inquiet dit :

    Cependant, la ligne de défense de Jeanne pendant tout son procès n’est pas celle d’une femme qui a voulu un rôle politique majeur et s’est donné les moyens de le jouer. Au contraire, elle
    prétend n’être que l’instrument d’une volonté qui la dépasse. En ce sens, elle s’est “résignée” à jouer un rôle qu’elle n’a pas choisi.

    C’est peut-être de l’humilité ?

    • Descartes dit :

      Vous voulez dire que Jeanne d’Arc aurait menti ? Qu’en fait elle avait l’ambition d’une Ségolène à l’heure d’abandonner Domrémy pour sauver la France, mais que “par humilité” elle l’aurait cachée
      à ses juges ?

  18. Inquiet dit :

    Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Je parlais d’humilité par rapport à la mission qui lui incombe et qui la dépasse. Je l’exprime mal mais je n’arrive pas à comprendre le terme
    “résignation” dans ce contexte.

    • Descartes dit :

      Je ne vois pas la difficulté. Se résigner, cela veut dire accepter sans lutter ou chercher à s’opposer une situation ou une décision donnée. L’ambition de Jeanne d’Arc était de garder ses oies et
      de se marier avec un gentil garçon et fonder une famille. Et voilà qu’elle entend un ange lui dire que dieu lui commande d’aller faire couronner Charles VII à Reims et bouter les anglais hors de
      France. Jeanne d’Arc proteste-t-elle ? Résiste-t-elle ? Refuse-t-elle de partir ? Non. Elle fait exactement ce que l’ange lui dit.

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