Le bal des naïfs

On a eu tendance, ces dernières décennies, à peindre notre monde politique comme un concentré de cynisme. Nous avons la preuve maintenant que ce n’est pas le cas. C’est en fait tout le contraire qui est vrai. Et pour s’en convaincre, il suffit de faire une petite revue des réactions de nos politiques de tout bord après qu’on ait découvert que nos « amis américains » espionnaient systématiquement les conversations et les échanges des dirigeants et des fonctionnaires de leurs alliés européens et des institutions communautaires. Il paraît que même le conseil européen était truffé de micros. Si c’est le cas, on ne peut que compatir au sort des pauvres agents de la CIA obligés d’écouter pendant des heures et sans interruption les bavardages jargonneux et sans le moindre intérêt des membres du Conseil… ils auraient mieux fait de « sonoriser » la cafétéria, il s’y disent des choses bien plus intéressantes.

Quelles ont été les réactions de nos dirigeants à cette annonce ? Celle de Viviane Reding, vice-présidente de la Commission Européenne et commissaire à la Justice, excusez du peu, est emblématique de toutes les autres : « entre amis, on ne s’espionne pas ». Laurent Fabius, ancien Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères déclare, quant à lui, que « ces faits, s’ils se confirmaient, seraient tout à fait inacceptables ». Quant aux journalistes, ils ne sont pas en reste : « L’Oncle Sam se comporte très, très mal » était le titre de l’éditorial du Monde, le « journal de référence » de nos élites.

Tout ça a de quoi surprendre un observateur moyennement informé de la vie politique. Après tout, cette découverte ne surprend que ceux qui ont envie d’être surpris. Les Etats-Unis et la plupart des états européens sont parties à une alliance militaire de défense mutuelle. Mais que ce soit dans le domaine politique ou économique, personne ne fait des cadeaux à personne. Serait-on surpris d’apprendre que les américains ont utilisé leur puissance politique pour évincer les entreprises françaises, anglaises ou allemandes d’un marché donné, par exemple ? Croyez-vous vraiment que les pays qui préfèrent le F16 à notre « Rafale » le font simplement pour des questions techniques ? Imaginez-vous vraiment que les hommes qui négocient ces contrats aux montants à neuf chiffres minimum partent la fleur au fusil pour des négociations « entre gentlemen » sans chercher à connaître à l’avance les informations et les positions de leurs adversaires ? Allons, soyons sérieux…

Dans ce monde où tous les coups sont permis, il faut être d’une grande naïveté pour croire que les américains – mais aussi les français, les anglais, les allemands et les autres – auraient le moindre scrupule à photocopier les papiers qui traînent, à lire les courriers ou, si l’occasion se présente, à écouter les conversations. L’erreur n’est pas de croire que « entre amis on ne s’espionne pas ». L’erreur, c’est de croire que les rapports entre Etats peuvent être formulés en termes « d’amitié ». Les nations n’ont pas de sentiments, elles n’ont que des intérêts. Et l’intérêt commande qu’avant d’aller à une négociation ou d’entreprendre une action politique, on ait le plus possible d’information sur notre adversaire, quelque soit le moyen par lequel l’information a été obtenue. Les espions américains qui ont « sonorisé » les délégations européennes n’ont fait que leur boulot et n’ont commis qu’une seule faute : celle de se faire prendre. Et on peut espérer que nos services à nous font correctement le boulot et alimentent nos ministres et nos négociateurs en informations au moins aussi fines que celles collectés par nos adversaires.

Ce qui pose la question cruciale : lorsque Viviane Reding, Laurent Fabius ou Natalie Nougayrède font part de leurs réactions indignées, sont ils sincères ou jouent-ils au contraire un rôle de composition ? En d’autres termes, sont-ils des ingénus ou des cyniques ? J’aimerais croire que la deuxième explication est la bonne, tant je préfère voir aux commandes de l’Etat un cynique qu’un imbécile. Malheureusement, je pense que l’ingénuité de nos dirigeants et de nos prescripteurs d’opinion n’est pas feinte, qu’elle reflète un véritable croyance dans le fait que le monde « occidental » et l’Europe en particulier sont un véritable royaume enchanté où tout le monde respecte les règles et aide ses « amis ».

Il y a plusieurs choses qui m’amènent à cette conclusion. La première, c’est que dans cette affaire toute cette indignation médiatique n’a eu aucun effet. Dans la bouche de politiciens cyniques – encore une fois, sous ma plume ce terme n’est nullement méprisant – tous ces cris d’orfraie auraient eu un sens s’il y avait eu un objectif politique, par exemple, celui de faire capoter les négociations avec les américains. Or, ce n’est pas du tout le cas, au contraire : ceux qui ont crié le plus fort ont été ceux-là même qui, au sein de la Commission, ont poussé le plus fort pour que la négociation ait lieu et ont refusé l’idée d’un report.

Mais ce qui renforce le plus ma conviction qu’il s’agit d’une véritable naïveté et non de cynisme, c’est qu’on retrouve régulièrement le même type de raisonnement sur beaucoup de sujets. Ainsi, par exemple, on entend continûment dans la bouche des fonctionnaires européens, des politiciens nationaux et des éditorialistes des formules du genre « l’Allemagne tient, à juste titre, à ce que la France/l’Italie/l’Espagne mettent en œuvre les réformes structurelles nécessaires à la compétitivité de leurs économies ». Relisez cette phrase – qui est une citation. Rien ne vous choque ? Ne trouvez-vous pas étonnant que l’Allemagne « tienne » à ce que l’économie de ses principaux concurrent soit plus « compétitive » ? Quelle générosité, n’est ce pas, de tout faire pour que vos concurrents soient plus compétitifs et puissent donc vous ravir plus facilement vos marchés. C’est émouvant, ces politiciens allemands prêts à sacrifier la prospérité de leurs concitoyens pour aider ces pauvres français, italiens ou espagnols…

J’ai plusieurs fois évoqué sur ce blog la mort de l’idée de tragique en politique. En voici ici un nouvel exemple. Que ce soit sur l’espionnage ou sur l’économie, une partie de nos élites semble vivre au royaume des Bisounours. Et lorsque quelqu’un n’obéit pas aux règles de bienséance, ils en concluent qu’il « se comporte très, très mal », mais sans être capable de lui donner la fessée qu’il mérite. Ils ont du mal à concevoir qu’un leader politique est bien plus qu’un gestionnaire, que son rôle est une question de vie ou de mort, et non celui d’un vendeur de chaussures.

Je me souviens d’une conférence organisée par l’ENA pour fêter ses 55 ans. Jean Boissonnat, directeur à l’époque de l’Expansion et ancien membre du jury du concours d’entrée avait été invité à s’exprimer sur son expérience. Il avait expliqué que ce qui l’avait le plus marqué c’est d’avoir interrogé des candidats d’une grande qualité intellectuelle, d’une grande culture, ayant de très bonnes connaissances, très polis et gentils… mais qui – et je cite de mémoire ses mots – « n’avaient pas pris conscience qu’un haut fonctionnaire ça prend des coups, et parfois ça en donne ». Nous avons une génération de politiques et de hauts fonctionnaires qui n’a pas eu de contact intime avec la cruauté d’une guerre, d’un répression violente, d’une situation où il faut prendre des décisions de vie ou de mort (1). Comment donc leur reprocher de confondre la politique avec un jeu de société et de s’indigner lorsqu’ils découvrent que certains jouent avec des cartes marquées ?

Quelque chose est à réviser dans la formation de nos élites. Exiger la plus haute qualité intellectuelle, c’est bien. Mais il est important aussi d’endurcir leur volonté et leur esprit. Bruxelles n’est pas un club de gentlemen, c’est un champ de bataille. Il est de notre intérêt d’y envoyer de véritables soldats entraînés et bien commandés pour les combats qui ne sont pas moins cruels parce qu’ils se jouent à coups de stylo. Nous avons besoin de politiciens et de hauts fonctionnaires qui, à côté de leur culture et de leurs connaissances, ont la force de caractère pour ne pas se laisser conter, et le cynisme d’utiliser tous les moyens à leur portée – tout est licite dans l’amour et dans la guerre – pour servir leur pays.

Descartes

(1) On peut noter la différence avec les Etats-Unis, pays toujours sur le pied de guerre, et où une partie non négligeable de la classe politique a servi sous les drapeaux.

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30 réponses à Le bal des naïfs

  1. CVT dit :

    bonjour Descartes,
    la naïveté est l’une des pires caractéristiques de nos élites françaises, qui se croient toujours plus rusées que les autres! Cela nous a coûté déjà très cher par le passé ( souvenons-nous de l’expression "avoir combattu pour le Roi de Prusse", qui illustrait la naïveté de Louis XV face à Frédéric II, alors que la France avait vaincu l’Autriche durant la bataille de Fontenoy), et ça continue encore et toujours.
    Le cynisme par contre, ne vaut que pour les électeurs…

    • Descartes dit :

      Fréquentant un peu le milieu politique, je dois dire que j’y trouve une drôle de combinaison entre un cynisme absolu pour ce qui concerne les "petites" questions (les combinaisons d’appareil, la tactique électorale) associé à une totale naïveté pour les "grandes" (l’Europe, les grandes options politiques). Mais il faut tenir compte du fait que le français moyen n’est pas très différent de ses dirigeants: totalement cynique quand il s’agit de ses petits avantages, idéaliste pour le reste…

    • BolchoKek dit :

      @ Descartes
      Je n’aurais pas pu dire mieux… J’ai franchement du mal avec ça, étant donné que moi c’est un peu le contraire : j’accorde le bénéfice du doute à tout le monde concernant les ambitions personnelles, mais je me retrouve souvent à faire des cours de réalisme concernant les "grosses" questions – surtout les questions internationales…

  2. Gérard Couvert dit :

    Permettez en écho à cet article édifiant de recopier un message laissé ce matin sur Atlantico où un distingué polytechnicien étale sans le même le percevoir son inadaptation au monde réel :
    "
    On voit de plus en plus les méfaits de l’ENA et de la conformation des esprits, on oublie l’X. Ces cerveaux bien huilés, coucous réguliers, néo-aristo et vrais cons.
    L’inculture -au sens de non-partage des référents- qu’implique le rabâchage anglo-mateux fait d’eux d’éternels immatures, des enfants gâtes d’une société sans saveur, la peur est dans leur âme et l’imagination est leur pire terreur.
    Monsieur Leddet est un bon exemple de ces irresponsables, de ces gens sans densité humaine : le pouvoir aux puceaux en quelques sorte."

    • Descartes dit :

      Je ne vois pas l’intérêt de ce genre de commentaires qui recouvre en général une aigreur de ne pas avoir pu être. Je ne vois nulle part ces "méfaits de l’ENA" ou de l’X dont les poujadistes nous rabâchent les oreilles. Il y a des énarques et des polytechniciens cons, certainement, de la même manière qu’il y a des autodidactes cons. Il n’empêche que les lois rédigées par des énarques et les ponts conçus par des polytechniciens tiennent, alors que souvent les ponts construits par des autodidactes tombent et les lois rédigées par des militants sont annulées par le Conseil Constitutionnel. Si on commence à accepter le discours selon lequel les longues études ne servent à rien, on finira par devenir une société d’ignorants. C’est peut être le but, d’ailleurs. Il n’y a qu’à voir comment après des semaines où l’on nous expliquait que le niveau de nos élèves du secondaire baissait, on fête le "record" de réussite au bac…

  3. vent2sable dit :

    Bon article, qui aurait tout à fait sa place dans … Le Monde.
    Il n’est pas non plus interdit de penser que nos hauts dirigeants sont aussi cyniques que les autres.
    A l’époque du Rainbow Warrior, par exemple,c’est bien un certain Laurent Fabius qui était 1er ministre ?
    Pourquoi serions nous plus naïf que les autres ?

    • Descartes dit :

      [Bon article, qui aurait tout à fait sa place dans … Le Monde.]

      Je compte sur vous pour l’y faire publier ?

      [A l’époque du Rainbow Warrior, par exemple,c’est bien un certain Laurent Fabius qui était 1er ministre ?]

      Oui, mais c’était un certain Mitterrand qui était président, et qui a géré l’affaire directement. Et si l’on peut reprocher beaucoup de choses à Mitterrand, on ne peut certainement pas lui reprocher d’avoir été "naïf".

      [Pourquoi serions nous plus naïf que les autres ?]

      Peut-être parce que nous avons un récit national qui, largement influencé par la tradition catholique, rejette l’idée que les hommes agissent essentiellement en fonction de leurs intérêts. Expliquer que Colbert a beaucoup fait pour son pays, c’est le mettre dans le piédestal. Mais dire qu’il a profité pour se tailler une petite fortune, c’est l’y descendre. Les anglais, par exemple, n’ont pas ce genre de pudeur de vierge. Un politicien peut déclarer publiquement "nous n’avons pas d’amitiés sacrées, seulement des intérêts sacrés". Personne n’oserait dire la même chose en France.

    • vent2sable dit :

      "les hommes agissent essentiellement en fonction de leurs intérêts"
      Oui, votre affirmation est (malheureusement !) … vraie !
      Dès que le débat reviendra ici sur les raisons qui empêcheront les hommes de s’opposer au désastre écologique, il faudra se souvenir cet argument de poids.
      Aucun état ne se lance le premier dans la sauvegarde de l’environnement, coûteuse en compétitivité, parce qu’aucun état ne veut se pénaliser volontairement vis-à-vis de ses concurrents.

    • Descartes dit :

      Repentez-vous, repentez-vous, la fin du monde est proche…

  4. edgar dit :

    Prenons le problème dans l’autre sens : nous avons besoin de ne plus envoyer personne à Bruxelles.

    • Descartes dit :

      Vous voulez dire, mettre la tête dans le sable comme un certain oiseau africain avec l’espoir que le réel disparaisse ? Ne nous laissons pas emporter par l’imagination romantique. Même en admettant qu’on décide de quitter l’UE et l’Euro, il faudra des mois de négociations délicates pour préparer dans les meilleures conditions la rupture…

  5. Mohican dit :

    Sur ce thème, un billet de Georges Marion est en accès libre aujourd’hui sur le site d’Arrêt sur images :

    http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=5993

    L’ex-analyste de la DGSE qui y est cité (Abou Djaffar) tient un blog vraiment très intéressant.

    • BolchoKek dit :

      >L’ex-analyste de la DGSE qui y est cité (Abou Djaffar) tient un blog vraiment très intéressant.<
      Très bon blog, mais bien plus orienté que ce que certains pensent. Il faut faire attention, car il fait souvent passer pour de l’expérience ce qui relève souvent de son opinion personnelle. Il me semble bien que c’est assumé, d’ailleurs.

  6. Tite dit :

    Bonjour Descartes,
    je partage en partie votre analyse, dès lors que l’on se limite à la Commission européenne. Comme vous le dites "ceux qui ont crié le plus fort ont été ceux-là même qui, au sein de la Commission, ont poussé le plus fort pour que la négociation ait lieu et ont refusé l’idée d’un report". C’est tout à fait vrai. Il est assez navrant de voir à quel point l’UE cherche à tout prix cet accord commercial. Il semble que le seul but soit de pouvoir dire "on l’a fait" sans se poser la question du comment, avec quelle stratégie et avec quels résultats. Preuve en est que le mandat de la Commission a très vite fuité sur le net, que lors d’une réunion des Etats-membres en Irlande visant à définir les axes de la négociation pour la Commission, le négociateur américain a été convié, que la révélation de cet espionnage américain n’a même pas été utilisé pour mettre la pression lors des négociations (le sujet sera abordé mais par un comité spécialement dédié, porte grande ouverte pour les américains de dire lors des négociations, ne parlons pas espionnage, un comité spécial s’en occupe).

    Pour ce qui est de nos hommes politiques nationaux, je ne pense pas qu’ils soient naïfs mais simplement réalistes et un peu lâches:
    1. ils savaient tout cela depuis bien longtemps et nous faisons la même chose avec nos moyens;
    2. crier trop fort c’était s’exposer à ce que les américains, à leur tour, révèlent nos petites combines.

    Si je suis aussi totalement d’accord avec vous sur "la mort de l’idée de tragique" sur ce cas précis ainsi que sur les relations européennes, je n’en ferais pas la raison de nos errances. Je pense plutôt qu’il y a justement une forme extrêmement poussée de cynisme et de lâcheté. Ce type d’histoire nous enseigne que l’UE permet à nos politiciens de dire: "ce n’est pas de notre faute, nous n’avons pas le choix". Il s’agit simplement pour eux de transférer des pouvoirs à Bruxelles pour ensuite dire "Bruxelles nous force à". Pour ce qui est de l’Allemagne, même logique. Le discours est le suivant: l’Allemagne est surpuissante actuellement, nous n’avons pas forcément le pouvoir (et l’envie) de nous opposer, nous faisons ces réformes contraints et forcés. Mais dès que ça ira mieux vous allez voir ce que vous allez voir.

    Bref comme vous l’avez si souvent mis en avant, c’est le fait d’hommes politiques qui n’ont pas envie de gouverner mais simplement de gagner des élections. J’ai pu me pencher sur les textes des conventions Europe de l’UMP et du PS et que trouvons nous:
    1. un constat en filigrane: le pays se désindustrialise et nous n’avons plus l’arme monétaire ni celle des barrières à l’importation
    2. ce qui nous reste c’est la politique fiscale
    3. il faut donc que la coordination fiscale européenne soit renforcée.
    Au-delà de la stupidité de raisonnement, soit nous avons de grand naïfs qui pensent que cette coordination se fera par le haut soit, ce que je crois, de grands cyniques qui veulent se voir "imposer" par Bruxelles des politiques qu’ils aimeraient bien mener en France mais qu’ils n’ont pas le courage politique d’affronter.

    • Descartes dit :

      [2. crier trop fort c’était s’exposer à ce que les américains, à leur tour, révèlent nos petites combines.]

      Mais alors, pourquoi crier du tout ? Pourquoi ne pas avoir répondu aux allégations de Snowden quelque chose du genre "oui, ils le font, le monde est comme ça" ?

      [Il s’agit simplement pour eux de transférer des pouvoirs à Bruxelles pour ensuite dire "Bruxelles nous force à".]

      C’est beaucoup plus compliqué que ça. Quand vous discutez avec les gens de ce monde là, et je vous parle d’une discussion entre amis personnels, vous vous rendez compte que ces gens croient vraiment à ce qu’ils disent lorsqu’ils parlent de l’avenir radieux de l’Europe fédérale. Qu’ils utilisent l’Europe comme bouc émissaire dans une tactique électorale, c’est probable. Mais derrière cette utilisation, il y a une véritable croyance.

  7. Nicolas 70 dit :

    Bonjour Descartes,

    votre billet rejoint une de mes interrogations que je me faisais sur la présidence Hollande.

    J’avais noté que la génération politique au pouvoir n’avait pas vécue une guerre.

    Mais je dirai, au delà de cela, qu’elle vit dans une époque où la politique est pacifiée.

    Les politiques au pouvoir semblent également, pour une partie, manquer d’expérience de vie, de ce qui fait le quotidien des gens ordinaires, de ce qui fait le réel (aussi le cas pour certains idéologues des centrales syndicales).

    Il ne reste que le cynisme des "combinazione" et de l’entre-soi et la naïveté libertaire des hippies.

    • Descartes dit :

      C’est bien le problème, à mon avis. Nous avons des politiciens qui font leur métier comme on ferait n’importe quel autre métier de bureau….

  8. rodolphe dit :

    Bon article mais il me semble que depuis la révolution Française, le politique à remplacé le religieux, le sacré confirmé par bien des auteurs comme Furet. Il me semble que dans cette idée d’Europe il y a comme la possibilité pour le politique de légitimer cette appropriation faite sur le sacré, le transcendant très appuyé en France depuis 2 siècles C’est plus ou moins conscient mais c’est dans les gènes, il me semble, d’où cette naïveté apparente. A mon avis, ça a pour conséquence une grille de lecture du monde complètement périmé sur l’origine du mal, sur la nature de l’homme politique, du pouvoir, du citoyen. On le voit au 5ème siècle avec St Augustin, la Rome nouvellement converti au christianisme a cru à travers st Augustin que ce Dieu les protègerait de la chute et des invasions. En vain. Ils lui ont donc reproché que ce Dieu ne les protégeait pas et Augustin aurait répondu que nul ne connait les raisons de Dieu, que les empires meurent et renaissent. Une histoire qui rappelle étrangement celle de l’Europe d’aujourd’hui, des politiques et leurs croyances à ce nouveau Dieu, l’euro. Ils ont l’air déboussolé que ça marche pas comme ils l’espéraient, le peuple demandant des comptes à cette espèce de fanatisme, ce fétichisme des temps modernes un peu comme l’aristocratie romaine avant sa chute. J’ai lu le livre de Gibbon "La chute l’empire romain", c’est parfois comme lire notre histoire récente faite de naïfs et de cyniques, à la fin Rome était donné au plus offrants comme aujourd’hui avec les multinationales, la finance, avec Dieu en moins si je peux me permettre. Je sais pas si je me fait comprendre mais je pense sincèrement, que les politiques aujourd’hui se prennent pour des prêtres avec leurs croyances et leur foi, leurs idoles économiques et leurs grandes messes médiatiques mais ils ne le sont pas et bien souvent ne savent même ce qu’ils font. C’est tellement évident que tout leur échappe. D’où cette idée de naïveté inspirée voir fanatique et parfois cynique contre tout bons sens. Il en va de leur raison d’être, leur légitimité.

    • Descartes dit :

      Je ne suis pas sur d’avoir bien compris votre point de vue. Je ne crois pas que les politiciens se prennent pour des prêtres. Ce serait plutôt le contraire… ils sont les croyants d’un monde désenchanté…

  9. Trublio dit :

    "Quand vous discutez avec les gens de ce monde là, et je vous parle d’une discussion entre amis personnels, vous vous rendez compte que ces gens croient vraiment à ce qu’ils disent lorsqu’ils parlent de l’avenir radieux de l’Europe fédérale."

    Certains ont besoin de croire en Dieu, d’autres ont besoin de croire en un dieu nommé UE. Intéressant de noter que le drapeau de la Vierge est le drapeau de l’UE.
    Nous sommes vraiment gouvernés par des abrutis finis.

  10. Gugus69 dit :

    Petit apparté :
    Les militants écologistes de Greenpeace ont une nouvelle fois pénétré sur le parking ou les WC du personnel d’une centrale nucléaire. Ils affirment une fois encore avoir ainsi démontré que nos centrales ne sont pas sûres.
    Je crois qu’ils ont raison.
    Je pense que comme toute installation militaire sensible (dépôt de munitions, base aérienne stratégique…), les centrales nucléaires devraient faire l’objet d’une protection sévère. Là-aussi, les forces chargées de la sécurité devraient être autorisées à ouvrir le feu après sommations.
    Dès lors, les militants écologistes, qui sont des gens responsables, cesseraient leurs intrusions dans l’enceinte des centrales. Et ainsi, leur sécurité ne serait plus mise en doute.
    Tout le monde serait satisfait.

    • Descartes dit :

      Pour le moment, les services de l’Etat ont toujours su à l’avance que ce genre de coups se préparaient, et c’est pourquoi lorsque les militants se présentent les services qui protègent les centrales savent qu’il ne faut pas utiliser la force létale, quitte à laisser les militants de Greenpeace entrer sur les parties extérieures de l’installation. Ce qui permet de préserver leurs vies et, accessoirement, aux militants en question de clamer victoire. Mais tôt ou tard, un accident se produira. Un jour, les militants essaieront d’entrer alors que personne n’est prévenue, et il y aura des morts. Et ce jour là, que diront les médias ? Que cela prouve que les installations sont bien protégées ? Ou que les méchants nucléocrates ont tué un militant innocent ?

    • stu dit :

      [Pour le moment, les services de l’Etat ont toujours su à l’avance que ce genre de coups se préparaient, et c’est pourquoi lorsque les militants se présentent les services qui protègent les centrales savent qu’il ne faut pas utiliser la force létale, quitte à laisser les militants de Greenpeace entrer sur les parties extérieures de l’installation.]
      S’ils sont au courant à l’avance, pourquoi les laisser rentrer tout court ?

    • Descartes dit :

      Parce qu’entre "savoir à l’avance que ce genre de coup se prépare" et connaître exactement l’heure, la date et le modus operandi il y a une grosse différence. Lorsque l’attaque est détectée, les militants sont déjà devant la clôture… et il est difficile d’empêcher quelqu’un à distance de franchir une clôture sans utiliser la force, avec un risque réel de faire des morts et des blessés.

  11. Alain Briens dit :

    Bonjour Descartes,

    Votre article est très juste, avec cependant un passage qui me convainc moins sur l’économie. Vous semblez accréditer l’idée que l’économie est un jeu à somme nulle qui suit la loi des vases communicants : tout gagnant implique un perdant. Je pense au contraire qu’au delà de la rude concurrence pour les parts de marchés, la prospérité des uns favorise celle des autres.
    Je n’ai pas la naïveté de penser que les Allemands se soucient particulièrement de la compétitivité des Italiens ou des Français, encore moins qu’ils soient prêts à se sacrifier pour l’assurer. Je pense par contre qu’ils ont besoin de trouver des clients solvables pour leurs Mercedes et que ceci implique en effet que leurs voisins jouissent d’une certaine prospérité et d’un système économique en ordre de marche.

    • Descartes dit :

      Vous avez raison sur le fait que l’économie n’est pas un jeu à somme nulle en général. Mais lorsque la croissance est faible, il s’en approche dangereusement. Par ailleurs, l’augmentation de la compétitivité par une réduction drastique des coûts salariaux – et c’est cela que l’Allemagne défend comme modèle universel – se traduit par une plus faible proportion de "clients solvables", puisque des salaires plus bas et une protection sociale rabougrie impliquent moins de pouvoir d’achat disponible.

  12. adrien dit :

    Bonjour Descartes,

    Juste une remarque d’ordre général : pourriez-vous ajouter une boîte « derniers commentaires » en plus des articles récents ?

    Et au passage : je vois bien une boîte « article récents », mais elle n’affiche rien, pas plus que la boîte tags. (Articles et Pages ont bien l’air de marcher). Ce n’est que chez moi, ou il y en a d’autres à qui ça le fait ?

    • Descartes dit :

      Je vous rassure, ce n’est pas que chez vous… je ne suis pas encore arrivé à faire fonctionner la boîte "articles récents"… pour ce qui concerne les commentaires, je ne peux rien faire étant donné la manière dont le module proposé par over-blog fonctionne…

  13. Bonjour,
    J’aime bien votre Blog que je découvre. Un commenatire sur cet article. Je dois être plus cynique que vous car je crois au cynisme de nos élites. Elles sont (au moins?) aussi intelligentes que nous et comprennent ce qu’il faut dire et non dire. Nous vivons désormais, je dirais depuis la décade 80 et la libéralisation des instruments financiers, dans un monde où les politiques nous amusent car ils n’ont plus de pouvoir.

    • Descartes dit :

      Justement, je donnais dans mon article des arguments pour montrer qu’il ne s’agit pas de cynisme. Ils sont certainement aussi intelligents que nous, mais contrairement à nous ils vivent de la chose politique. Et il est très difficile de vivre de quelque chose à laquelle on ne croit pas. Il y a chez nos élites politiques un phénomène d’auto-persuasion qu’il me semble important de souligner.

      Je ne partage pas non plus votre idée que les politiques "n’ont plus de pouvoir". Ils ont, au contraire, beaucoup de pouvoir. Mais ils ont choisi de ne pas l’exercer. L’Union européenne est un carcan, mais un carcan qu’on s’est nous mêmes imposés et qu’on pourrait enlever quand on veut, à condition de le vouloir et d’être prêts à payer le prix. L’impuissance du politique est un mythe qui sert à ne pas se poser des questions, par exemple, celle de savoir ce qu’on peut faire avec les pouvoirs qu’on a.

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