Le monde selon Mamère

Une tradition maritime qui date au moins de la Grèce antique prête à certains rongeurs une sorte de sixième sens qui les alerte lorsque le navire où ils ont fait leur nid est sur le point de couler. Au point que les marins, lorsqu’ils observaient le départ des rongeurs en question, préparaient les canots de sauvetage et les rations de survie.

Dans le monde politique, on retrouve aussi quelques rongeurs de ce type. Comme tous les animaux de cette famille, ils sont incapables de construire leur propre bateau. Ce sont des parasites opportunistes qui ont construit leur parcours grâce à ce « sixième sens » qui leur permet de monter à bord des navires des autres lorsque la soupe est bonne, et de les quitter avec le plus total sans-gêne lorsqu’ils commencent à faire eau de toutes parts.

Noël Mamère est un excellent spécimen de cette engeance. Il n’est pas inutile, avant d’en venir à son dernier exploit, de rappeler un peu son parcours. Présentateur de télévision à la fin des années 1970 sans affiliation politique connue, son cœur bascule brusquement pour Mitterrand en 1981. Et ça paye : on le retrouve présentateur du journal télévisé et rédacteur en chef à la télévision publique à partir de 1982, et suppléant du fiston du Président, Gilbert Mitterrand aux élections législatives de 1988. Tout un adoubement… et l’irrésistible ascension ne s’arrête pas là. Avec la bénédiction de Tonton il devient l’un des hussards noirs de l’anticommunisme mitterandien lors des municipales de 1989, et se présente à Bègles sous l’étiquette « majorité présidentielle », contre le maire communiste soutenu par le parti socialiste au niveau local. Il sera bien entendu élu, avec les voix de la droite. Mais l’essentiel n’est pas de savoir qui vous soutient, c’est le fauteuil, n’est ce pas ?

Mais les meilleures choses ont une fin : à la législative de juin 1989 le flambant maire échoue à se faire élire député, et cette défaite lui fait comprendre que le navire mittérandien n’a plus beaucoup d’avenir. Il faut donc le quitter et chercher la soupe ailleurs. Or, dans ces années-là l’écologie devient le thème porteur. En rongeur averti, Mamère quitte donc le galion mitterandien, et le quitte avec les honneurs puisqu’il obtient l’accord de Tonton lui même, pour rejoindre le speedboat Génération Ecologie, le parti que Brice Lalonde à fondé encouragé par Mitterrand qui ne voyait pas d’un mauvais œil ces troublions diviser le vote écologiste aux élections régionales de 1992. Oui, je sais, c’est compliqué, mais les histoires de rongeurs sont toujours complexes…

Malheureusement pour Mamère, le speedboat ne justifie pas les espérances qu’il a placé en lui : aux législatives de 1993, il échoue à se faire élire sous l’étiquette Génération Ecologie – que voulez-vous, ça marche pas à tous les coups. En bon rongeur, il quitte donc le speedboat pour monter sur le yatch d’un certain Bernard Tapie – un autre rongeur de l’écurie Mitterrand – qui le prend en position éligible sur la liste « énergie radicale ». Il sera ainsi élu député européen « radical » en 1994 (1). Mais l’air de Bruxelles et Strasbourg ne semble pas lui convenir. L’Europe c’est bien joli, mais pour « tenir » un fief local, cela n’apporte rien. Notre rongeur quittera donc Strasbourg avant la fin de son mandat – les électeurs peuvent toujours crever – pour se porter candidat aux législatives de 1997 dans la circonscription de Bègles. Le voilà député-maire et solidement vissé à son fauteuil. Il peut donc se permettre finalement d’adhérer aux Verts en position de force pour aborder des défis plus vastes : l’élection présidentielle. Après avoir déclaré publiquement en novembre 2001 sa « décision irrévocable » de ne pas être candidat, il annonce quelques jours plus tard sa candidature, et sera investi. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, fut il « irrévocable ».

Il faut dire que Mamère est coutumier du « fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Ainsi, par exemple, ils s’est confortablement assis sur les statuts d’EELV qui interdisent le cumul des mandats – il faut dire qu’il n’est pas le seul, Dominique Voynet a fait de même – ce qui ne l’empêche pas de déclarer que « La logique voudrait que, quand on est député, on est seulement député » et de pourfendre le cumul des mandats. Il avait aussi fortement critiqué Jean-François Copé quand celui-ci avait décidé d’exercer le métier d’avocat tout en restant député, ce qui ne l’a pas empêché de faire de même en mai 2008.

Tout ça redonne au départ mélodramatique de Mamère d’EELV sa juste dimension. Le départ de Séguin du RPR, la rupture de Chevènement avec le PS ont été des actes forts, parce que leurs auteurs étaient des personnages ayant une ligne et une réflexion politique constante. Leur rupture avait donc un incontestable contenu politique. Mais un rongeur comme Mamère a passé sa vie à quitter les lieux où il n’avait plus rien à attendre pour rejoindre ceux où la soupe qui lui était offerte était meilleure. Difficile donc de ne pas voir derrière l’argumentation « politique » avec laquelle le rongeur justifie ce départ des prétextes pour couvrir une manœuvre tactique. L’entretien qu’il donne au Monde pour annoncer son départ est d’ailleurs très révélateur. Voici un petit extrait :

Question : Pourquoi avez-vous décidé de quitter Europe Ecologie-Les Verts ?

Réponse : J'ai décidé de quitter EELV parce que je ne reconnais pas le parti que j'ai représenté à la présidentielle en 2002. Notre parti ne produit plus rien : il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d'élus. J'ai l'impression d'un sur-place qui nuit au rôle que nous pouvons jouer dans la société. Cela ne m'empêchera pas de conduire une liste aux municipales à Bègles, je n'ai pas besoin de l'étiquette. C'est une page qui se tourne. Je pars sans regret, sans émotion particulière. C'est le résultat d'un constat et d'une analyse.

C’est bien entendu moi qui souligne. Mais observez la phrase soulignée. Quel rapport avec la question ou avec le reste de la réponse ? On demande à Mamère pourquoi il l’a décidé à quitter EELV, et il répond qu’il « n’a pas besoin de l’étiquette » pour se présenter à Bègles… De cette réponse, on peut tirer deux conséquences. La première, c’est que s’il avait eu « besoin de l’étiquette » pour se présenter à Bègles, il n’aurait peut-être pas quitté EELV. La deuxième, c’est qu’au delà du grand numéro « je ne reconnais pas mon parti », « le parti ne produit plus rien », et tout le tralala, c’est la question des municipales à Bègles qui est au premier plan de ses préoccupations, au point de profiter d’une question n’ayant aucun rapport pour rassurer ses troupes quant au fait qu’il sera bien candidat aux élections municipales malgré tout.

On peut trouver par ailleurs étrange la fin de sa réponse : « je pars sans regret, sans émotion particulière ». On aurait pu s’attendre qu’un homme qui conduit depuis quinze ans son combat politique au sein d’une organisation, qui a même porté ses couleurs lors d’un élection présidentielle et qui est toujours élu sous sa bannière, éprouve une certaine « émotion » à la quitter. Ne serait-ce que par fidélité aux militants qui vous ont porté. Ce commentaire montre combien le rapport de Mamère à son organisation est utilitaire. Le rongeur qui quitte un navire pour un autre ne fait pas de sentiment. Tant que le navire lui offrait protection et nourriture, il reste. Lorsqu’il peut trouver mieux ailleurs, il part. Sans « émotion particulière ». Sans « regret ».

Noël Mamère est le parfait exemple du politicard carriériste pour qui tout est bon pour grimper. Ce n’est pas que Mamère n’aie pas des idées. Il en a, et l’hommage qu’il rend régulièrement à Jacques Ellul, son maître à penser, le montre. Mais ce n’est pas parce qu’on a des idées qu’il faut les laisser se mettre en travers de sa carrière. Mamère fut mitterrandien pour être maire, tapiste pour être député, et Vert avec l’espoir d’être ministre. Aujourd’hui, il a compris que le « clan Duflot » lui est passé devant et que ses espérances de maroquin sont minces, alors qu’une trop grande proximité avec le gouvernement pourrait lui coûter très cher lors des municipales. Le moment est donc venu pour notre rongeur de changer de navire…

Ce qui est plus difficile à comprendre, c’est que des dirigeants politiques rompus à la manœuvre prennent encore au sérieux ce départ. L’exemple le plus cocasse – et le plus inquiétant – est celui de Jean-Luc Mélenchon. Voici ce qu’il écrit sur son blog :

« L’acte que pose Noël Mamère peut-être fondateur s’il permet une action collective positive et unifiante. Je forme le vœu que Noël Mamère entende nos appels à la formation d’une alliance alternative à gauche. Oui, la politique austéritaire du gouvernement et son goût pour la mise au pas des récalcitrants sèment le désespoir. Il ne doit pas être amplifié par notre incapacité à trouver le moyen de proposer à notre peuple de faire autre chose, autrement ! A bientôt peut-être Noël, Eva et vous autres nos camarades rebelles et têtes dures ».

On se pince pour être sur qu’on ne rêve pas. Mélenchon croit-il vraiment que Mamère, le Mamère qui se vantait d’avoir « pris » une municipalité communiste avec les voix de la droite, le Mamère qui est allé à la soupe chez Tapie, le Mamère réactionnaire, technophobe et opportuniste peut entrer dans une « alliance alternative à gauche » ? Sans aller plus loin, imagine-t-il les communistes béglais, ceux-là même à qui Mamère a piqué la mairie et qu'il exclut systématiquement de son équipe municipale depuis vingt ans, entrer avec lui dans une liste Front de Gauche ? Cette manie de dérouler le tapis rouge à n’importe quel rongeur pourvu qu’il vienne de quitter le navire socialiste ou apparenté (2) commence à lasser. Mais surtout, cette stratégie rend illisible le projet du Front de Gauche. Car chaque rongeur exige que le projet incorpore ses marottes, et elles sont en général contradictoires. Ainsi, on trouve au Front de Gauche des qui veulent quitter l’Euro, et des qui veulent y rester. Des qui sont contre le nucléaire, et des qui sont pour. Des qui proclament l’amour de notre « patrie républicaine », et des qui l’abhorrent. Comment ce cirque pourrait produire un projet qui soit moyennement crédible ?

Descartes

(1) Tout comme Christiane Taubira. Eh oui… qui se ressemble s’assemble…

(2) Je me refuse à utiliser le terme « solférinien » que le Petit Timonier aime tant. Cela fait partie d’une opération qui prétend faire une distinction entre les « méchants » solfériniens et les « bons » socialistes, ceux de l’époque Mitterrand, par exemple. Mélenchon, quand il était au PS et faisait campagne pour faire ratifier Maastricht, était-il « socialiste » ou « solférinien » ?

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22 réponses à Le monde selon Mamère

  1. CVT dit :

    Bonsoir Descartes,
    je suis surpris que vous ayez dépensé autant de temps pour évoquer le départ d’un arriviste du parti des arrivistes…
    Mais j’avoue que le parcours de "Mamère Noël est une ordure" vaut le détour: on a l’impression de retrouver le maquignonnage de la IVè République! J’ai rigolé pendant cinq minutes, tellement c’était caricatural. Surtout, son "départ" des Verts est un baromètre de l’impopularité des écologistes dans la population…
    Je vois mal Mamère aller chez Mélenchon retrouver son ex-camarade Billard. Là, je sèche: où va s’orienter la boussole de Mamère, d’après vous? J’avoue que je m’en fiche un peu, mais en général, il va souvent là où est la soupe, et c’est cette direction qui peut être intéressante, en particulier pour la "gauche"…

    • Descartes dit :

      [je suis surpris que vous ayez dépensé autant de temps pour évoquer le départ d’un arriviste du parti des arrivistes…]

      Dépenser du temps…? Oui, mais c’est du temps bien dépensé. Il ne vous aurait pas échappé que Jean-Luc Mélenchon lance des appels à peine déguisés à la constitution d’une "gauche alternative" qui pourrait faire contrepoids au PCF à l’intérieur du Front de Gauche, et que dans cette perspective il fait depuis un certain temps des appels du pied à des gens comme Eva Joly et maintenant à Noël Mamère. Il n’est pas inutile que les jeunes progressistes qui pourraient être séduits par ce genre de manœuvres sachent qui se cache derrière le nouveau copain du Petit Timonier. C’est notre responsabilité à nous les vieux: être les gardiens de la mémoire et la mettre à disposition des jeunes générations…

      [Là, je sèche: où va s’orienter la boussole de Mamère, d’après vous?]

      Pour les municipales, il va insister sur son statut d’indépendant. Après… cela dépendra beaucoup du rapport de forces. Si les centristes reprennent le poil de la bête, on risque de le retrouver chez Borloo…

  2. Gérard Couvert dit :

    Vraiment vous croyez encore que "ces gens-là" ont une quelconque profondeur idéologique, une once de morale, une miette d’éthique ? Tous pourris, hélas, hélas, hélas car c’est bien là le terreau d’herbes folles. C’est pire que les affaires de concussions et de copinages parce que cela tue les rêves, assèche l’utopie et masque les avenirs possibles.
    C’est cela que je ne pardonne pas à la gauche.

    • Descartes dit :

      [C’est cela que je ne pardonne pas à la gauche.]

      Pourquoi "à la gauche" ? Il y a des gens à gauche qui ne rentrent pas dans ce jeu là… mais je vous accorde qu’ils sont une minorité. Pour les autres, je suis d’accord avec vous. C’est ce que je ne peux pas pardonner à Mitterrand et ses admirateurs. Ils ont tué l’espoir.

  3. Gugus69 dit :

    Bonjour ami et camarade,
    pour l’anecdote, peut-être peut-on rappeler que Mamère est l’inventeur du célèbre nuage de Tchernobyl "qui s’arrête à la frontière franco-allemande". Mamère avait voulu ainsi discréditer les autorités françaises de radio-protection, qui n’avait évidemment jamais proféré une telle ânerie. Mais le mal était fait : aujourd’hui encore, une énorme majorité de Français sont convaincus que cette phrase a été prononcée ! À toutes les "qualités" que vous avez énumérées, il faut ajouter la malhonnêteté et la manipulation.

    • Descartes dit :

      Vous avez tout à fait raison. Pierre Pellerin, à l’époque directeur de l’OPRI, lui avait collé un procès en diffamation qu’il avait bien évidement gagné, verdict confirmé en appel et en cassation. Mais comme disait Mark Twain, "L’histoire de l’espèce humaine et notre expérience individuelle montre qu’une vérité n’est pas difficile à tuer, et qu’un mensonge bien raconté est immortel". Et l’immense majorité de nos concitoyens est persuadée que Pellerin a bien dit la phrase inventée par Mamère.

  4. Jean-Paul dit :

    Très bien ce portrait de Mamère, mais quelle importance de parler de lui ? Si ce n’est peut-être pour essayer de réfléchir sur l’absence de parti politique digne de ce nom en France aujourd’hui. Juste des cartels d’élus. A mon avis ce n’est pas seulement parce que ces partis sont stupidement rongés par une vision carriériste de la politique, mais aussi parce que le peuple se désintéresse de la politique. Après tout les hommes politiques font ce qu’on leur permet de faire.

    • Descartes dit :

      [Après tout les hommes politiques font ce qu’on leur permet de faire.]

      C’est vrai. Mais il faut s’entendre sur qui est cet "on". La domination de l’alliance entre la bourgeoisie et les classes moyennes sur les médias, sur les partis politiques, sur l’université, sur l’ensemble du système intellectuel et politique est telle qu’elle ne laisse pas véritablement de place pour que les couches populaires jouent un rôle politique. Celles-ci se trouvent depuis la fin des années 1980 sans véritable représentation.

  5. Badaboum dit :

    bonjour Descartes
    d’abord, merci pour tes papiers récents passionnants et le temps que tu passes au "débat" avec les autres.
    Ici, tu nous ramènes bien dans le marigot.
    Je me rappelle un JT circa 1981 où N. Mamère a "retourné" (réellement) sa veste, je l’avais pris comme un acte moitié ironique moitié symbolique sur une génération (?) de journalistes qui voulaient montrer qu’ils se sentaient "libérés". Cela doit se trouver sur Youtube ou l’INA, le sketch est quand même réussi . Désormais , je me dis que c’était beaucoup plus simple que cela et que cela annonçait bien le futur parcours de M. Mamère: coup d’éclats médiatique et opportunisme.
    Au sujet de Mélenchon, il aurait pu rester discret au moins. Quand je pense à "l’accueil" fait à l’annonce de JP Chevènement de ne pas se présenter aux élections présidentielles, et à l’absence de toute forme d’ouverture à l’attention du MRC par le PG tout au long des 4 dernières années, je me dis que le PG a bien un tropisme gauchiste. Mamère et Joly iraient très bien avec M. Billard et consort. Le soucis, c’est que les citoyens-électeurs s’en moquent…et je crois pas mal de militants .
    Quant à ta conclusion, elle résume très bien le problème. On le vit de l’intérieur. Sauf que le rapport de force à la direction (au niveau militant je ne sais pas) est clairement favorable aux pro Euro, anti nucléaire et anti nation.

    • Descartes dit :

      [Quand je pense à "l’accueil" fait à l’annonce de JP Chevènement de ne pas se présenter aux élections présidentielles, et à l’absence de toute forme d’ouverture à l’attention du MRC par le PG tout au long des 4 dernières années, je me dis que le PG a bien un tropisme gauchiste.]

      Oui, tout à fait. Mélenchon, qui au départ avait donné au PG un positionnement républicain, à vite fait de tourner le dos aux républicains. Le grand tournant fut peut-être l’accueil de Martine Billard, que j’avais à l’époque dénoncé dans un papier sur ce même blog auquel je j’ai à retrancher ni a rajouter une virgule. Hier il faisait les yeux doux aux dissidents du NPA, puis ce fut Cohn-Bendit, aujourd’hui c’est Joly et Mamère.

      [On le vit de l’intérieur. Sauf que le rapport de force à la direction (au niveau militant je ne sais pas) est clairement favorable aux pro Euro, anti nucléaire et anti nation.]

      Mais cela pourrait changer. Paradoxalement, le poids grandissant d’un FN qui devient chaque jour plus le représentant des couches populaires délaissés par l’establishment politique, joue le rôle de corde de rappel. Je doute qu’on puisse continuer longtemps à ignorer les problèmes de l’électorat populaire et à tenir son vote pour quantité négligeable.

  6. Tite dit :

    Il était aussi très "amusant" de voir sa position sur le mariage gay. Il s’est mis dans l’illégalité complète en célébrant un mariage gay alors que celui-ci était illégal et s’offusque ensuite du refus (illégal) de certains maires de le célébrer.
    Pour ce qui est de Mélenchon, il donne de plus en plus l’impression de vouloir ratisser n’importe quoi tant que ça lui permet de conserver un temps de passage dans les médias.

    • Descartes dit :

      [Pour ce qui est de Mélenchon, il donne de plus en plus l’impression de vouloir ratisser n’importe quoi tant que ça lui permet de conserver un temps de passage dans les médias.]

      Si ce n’était que ça… Mélenchon a construit une bonne partie de sa stratégie sur une OPA réussie sur le PCF. Son rêve était de rééditer l’exploit de son maître en politique, François Mitterrand, qui réussit en 1972 alors qu’il n’était que le chef d’un petit groupuscule à s’imposer comme chef d’un parti socialiste dont les gros bataillons venaient de la SFIO. Pour les gens qui étaient dans le premier cercle de Mélenchon (les Corbière, Coquerel et j’en passe) le PCF était un fruit pourri qui n’attendait qu’à tomber dans les mains d’un leader charismatique extérieur.

      Cela n’a pas marché. D’abord, parce que les militants du PCF sont puissamment légitimistes, et gardent une profonde méfiance pour les opérations d’entrisme, particulièrement lorsqu’elles viennent d’un ancien gauchiste reconverti au socialisme façon PS. Mélenchon peut faire semblant d’oublier qu’il a été socialiste – pardon, "solférinien" – tout le monde n’a pas une mémoire défaillante. Ensuite, il a commis le grave erreur de croire qu’il suffisait de séduire la direction centrale du PCF – notamment l’équipe autour de Marie-George Buffet – pour prendre le PCF. Le centralisme démocratique est mort, et le PCF est devenu un parti "fédéral" où ce sont les barons locaux qui mènent la danse. Et ces barons ne sont pas prêts à céder leur place pour les beaux yeux de Mélenchon.

      Aujourd’hui, le problème de Mélenchon est de trouver des alternatives au partenaire communiste. Et pour un homme qui se noie, n’importe quelle planche même la plus pourrie est une chance de salut…

    • Michel Berdagué dit :

      Je passe sur les planches pourries qui sont issues du vaisseau amiral qui en "leader maximo" confond les virages droites et gôches avec des verts pourrissants . C’ est pas très politiquement correct mais ce qui est sûr c’ est que les Communistes en ont raz la casquette de se faire agresser et mis en bouc émissaire par un rapport de force au sein du Fdg alors qu’ ils savent et reconnaissent tous (de la base au "sommet" et inversement ) que le seul rapport de forces à établir et renforcer pour le " prenez le pouvoir" en " prenons le pouvoir" c’ est de lutter contre celui que pronostique Warren Buffet d’ être en passe de gagner sa guerre de classe et en 2013 le réel nous indique que c’ est presque accompli. Là une Résistance depuis la Ceca , la Ced cette cinquième refusée , Maastricht , 2005 , ..malgré les résultats électoraux avec cette rue Solferino et tous ces verts écolos qui n’ont eu de cesse de combattre toute mairie communiste et représentation communiste au Parlement , la Résistance continue et nous travaillons pour comme pour le programme du C.N.R. à améliorer notre programme surtout concernant notre position vis à vis de cette U.E. de notre indépendance nationale , de la souveraineté populaire , de battre monnaie sur notre sol court circuitant la B.C.E. aux mains de financiers mafieux , de sortir de l’ Otan/Nato dit économique pour nous préparer à avaler le marché transatlantique brisant là toute dimension de la République Laïque et à visée universelle. Donc y a de quoi faire pour que ces abstentions très politiques retrouvent la citoyenneté.

    • Descartes dit :

      @Michel Berdagué

      De grâce ! Apprenez la ponctuation !
      Vos contributions dans différents forums ou blogs sont illisibles, sauf à faire l’effort d’ajouter les virgules, les points virgules et les points pour les rendre compréhensibles. Personnellement, je n’ai pas le courage de le faire, alors je passe. Si vous voulez faire passer vos idées, faites un petit effort pour les exprimer correctement. C’est un geste de respect pour votre lecteur…

  7. jard dit :

    Encore un coup de poignard pour le FdG, comme le texte précédent d’ailleurs. Il est mort! N’en jetez plus! Parlez-en uniquement lorsque quelque chose de positif s’y produit, s’il vous plaît. Votre vision des choses est tellement intéressante que vous la stérilisez partiellement en vous focalisant sur cet échec. Cordialement.

    • Descartes dit :

      @jard

      [Il est mort! N’en jetez plus!]

      Ne croyez pas ça. Il est vivant puisque, comme disait Nietzsche, il peut encore détruire…
      Le FdG a beau être cérébralement mort, c’est un mort bien encombrant, qui continue à occuper une place dans les spectre politique et à stériliser donc un ensemble de militants, qui dans un autre contexte pourraient servir une cause utile. C’est pour cette raison que, quelque soient les efforts que je fasse pour m’en écarter, je ne peux qu’y revenir. Chaque fois que je vais sur un marché, que je discute avec ceux qui tiennent une table de presse ou distribuent des tracts, je retrouve ces militants communistes dévoués et parfaitement estimables, mais qui par légitimisme, par paresse ou tout simplement parce qu’ils ne voient pas d’alternative défendent l’indéfendable. Ces gens, que j’estime profondément, méritent qu’on fasse quelque chose pour eux.

  8. Marcel Paul dit :

    Bonsoir Descartes !
    Bravo pour ce résumé de la Honte de Mamère.
    Il y a un paradoxe du personnage oublié (mais ce serait trop long de tout mettre !), c’est lorsqu’il est monté en première ligne contre Jean Tiberi concernant les faux électeurs et électeurs morts.
    Paradoxe, car un des plus mal placés, lui qui avaient radié massivement dizaines (centaines ?) d’électeurs bèglais sympathisants PCF. Je sais qu’une demande d’annulation (refusée) avait été faite, mais je crois que la réalité du fait n’était pas contestée (radiations injustifiées). Hélas je ne trouve aucune sources sur le Net, et pas envie de me taper les S.O. de l’époque…
    On peut en conclure que la Honte de Mamère n’aime pas que l’on fasse voter les morts, mais que cela ne le gène pas que les vivants ne puissent pas voter (contre lui) dans sa commune…

    • Descartes dit :

      Les contradictions, les "faites ce que je dis, pas ce que je fait", les renoncements et les discours opportunistes du personnage suffiraient à remplir plusieurs tomes. Ce n’était pas mon but que d’être exhaustif. Je voulais tout de même illustrer ceux qui auraient la mémoire courte – ceux qui sous prétexte d’unir l’ensemble de la "gauche radicale" semblent prêts à accueillir Mamère à bras ouverts – sur le pedigree du personnage.

      Parmi les fléaux qui ravagent notre espace politique, l’amnésie – et plus particulièrement l’amnésie sélective – est peut-être la pire. Quelle confiance peut avoir le citoyen dans la vigilance et la rigueur de nos hommes et femmes politiques lorsqu’il découvre que le parquet qui s’apprête à poursuivre Bernard Tapie pour escroquerie au préjudice de l’Etat est sous l’autorité hiérarchique d’une ministre qui a été élue en 1994 député européen sur la liste conduite par ce même Bernard Tapie ? Mais peut-être Christiane Taubira et Noël Mamère ignoraient qui était Bernard Tapie lorsqu’ils font liste commune avec lui… plus d’un an après la révélation des faits de corruption dans l’affaire OM-Valenciennes. Que voulez-vous, ces gens sont si occupés qu’ils n’ont pas toujours le temps de lire les journaux…

    • Badaboum dit :

      et bien merci à marcel et descartes, on en apprend des choses ! le blog qui fait réfléchir et qui instruit …je n’en demande pas plus.
      pour moi et je ne pense pas être le seul, les années 90 étaient de la préhistoire…mais il est important que des ainés (en politique pas forcement en années) nous éclairent sur les germes que ces lointaines années ont portées

    • Descartes dit :

      @Badaboum

      [pour moi et je ne pense pas être le seul, les années 90 étaient de la préhistoire…]

      C’est à mon sens l’un des gros problèmes pour faire de la politique aujourd’hui. Nous sommes dans une société du jetable, où les personnages, les livres, les films, les idées, mes styles font un petit tour et puis s’en vont, encensés aujourd’hui mais oubliés le lendemain pour être remplacés par d’autres. Ce système repose sur une formidable amnésie: seul le présent compte, et le passé même proche est effacé de nos mémoires.

      Cette sorte d’Alzheimer social nous met à la merci de toutes sortes d’escrocs politiques. Pour eux, c’est une aubaine de savoir que leurs turpitudes, leurs mensonges, leurs escroqueries seront rapidement "amnistiées" par la mémoire collective. Dans une société qui aurait de la mémoire, Bernard Tapie ne pourrait pas se poser en victime, Mamère ne pourrait poser en père-la-vertu, pas plus que Mélenchon ne pourrait s’ériger en critique de l’Europe libérale sans avoir à expliquer pourquoi il a contribué vingt ans durant à la mettre en place.

      Oublier, c’est prendre le risque de refaire les mêmes erreurs.

  9. Ifig dit :

    Eh ben, dans la ligne de ce post, JLM s’extasie sur la motion qu’Eva Joly propose au congrès des Verts qui appelle à "une nouvelle stratégie d’alliance" et "propose d’engager la discussion avec le Front de gauche et la gauche hétérodoxe du Parti socialiste".

    • Descartes dit :

      @Ifig

      J’avais pensé faire un papier sur cette affaire… et puis j’ai eu peur qu’on me reproche de tirer encore sur les ambulances, ou pire, sur les corbillards. Mais puisque tu abordes la question…

      Cette affaire est doublement ridicule. C’est ridicule du côté Joly, et c’est ridicule du côté Mélenchon. Du côté Joly… bon, je veux bien qu’il faut avoir le sens de l’humour et tout ça. Mais appeler sa motion "La Ou Vit l’Ecologie" de manière à ce que l’acronyme fasse "LOVE"… c’est à la frontière du ridicule, et du mauvais côté. Si l’on veut être pris au sérieux, il faut prendre ce qu’on fait au sérieux. Des gens souffrent, des gens luttent, des gens sont inquiets pour l’avenir. A ces gens, il faut parler sérieusement, et pas leur donner l’impression que la politique est une espèce de "happening" où l’on s’amuse. Bien sur, on peut être sérieux sans être solennel, mais il faut au minimum respecter les gens. Et je ne parle même pas du contenu de la motion, qui est un ramassis de lieux communs de tactique politique sans la moindre vision, sans le moindre souffle.

      Quant à Mélenchon… on dit que l’homme qui se noie s’accroche à n’importe quoi, même à une planche pourrie. Croit-il vraiment que la défense de la "patrie républicaine" gagnerait avec une alliance avec la femme qui proposait de remplacer le défilé du 14 Juillet par une "manifestation joyeuse" d’enfants et de retraités ? Le PG s’est tiré une balle dans le pied le jour où Billard a fait son entrée. Tient-il à se tirer une balle dans la tête en accueillant Joly ?

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