Le discours de la méthode XIII: Eloge du secret

La politique était atone, elle est devenue en quelques jours répugnante. On avait eu droit à la saga des amours du président de la République, on a eu la publication des « cassettes » de Patrick Buisson, il y a maintenant celle des écoutes téléphoniques de Nicolas Sarkozy. Toutes ces « affaires » posent une question lancinante, celle du statut de l’homme politique et au-delà de lui, le statut de ce qui est dit dans les cercles du pouvoir.

La vulgate d’aujourd’hui veut que la confidentialité et le secret soient les ennemis de la démocratie. Si les hommes politiques et les fonctionnaires gardent jalousement le secret des échanges et des documents, c’est forcément pour préserver leur pouvoir et échapper au contrôle du peuple. Celui qui révèle un échange ou un document « confidentiel » issu des cercles du pouvoir et le journaliste qui publie ce document sont des êtres dignes d’éloge et de protection – au point que des lois ont été faites pour protéger les sources des journalistes – puisqu’ils permettent au peuple de connaître ce qui se fait dans son dos. Des lois ont été faites pour permettre aux citoyens d’accéder à l’ensemble des documents administratifs, et l’interprétation de cette loi est très large, couvrant non seulement les décisions mais aussi tous les documents préparatoires de celles-ci. La conclusion évidente de cette logique est que le système idéal serait celui ou tout document, toute conversation tenue dans les cénacles du pouvoir serait parfaitement publics.

Cette vision me paraît profondément perverse. Perverse, parce qu’elle nous dessine un monde totalitaire ou chacune de nos expressions serait soumise potentiellement au scrutin de la collectivité. Car où met-on les frontières ? Si j’ai le droit d’accéder aux comptes-rendus du conseil des ministres (1), pourquoi n’aurais-je dans les mêmes conditions accès aux notes prises par mon médecin ou l’instituteur de mes enfants, des discussions de mon postier ou de mon banquier avec sa hiérarchie ? Et si tout peut être dit, tout peut être diffusé, qui se risquera à exprimer ou à écrire ses véritables opinions ?

On note déjà les effets délétères de la « transparence » dans le fonctionnement de l’ensemble des institutions. Il y a trente ans, j’aurais écrit à mon chef ce que je pense vraiment de tel ou tel dossier. Je pouvais alors compter sur la discrétion de mes collègues, sur la protection de la loi, sur la déontologie des journalistes. Aujourd’hui, si j’écris, je ne dois écrire que des choses qui seraient inoffensives si elles se retrouvaient en première page du « Monde ». Conséquence : les choses véritablement importantes ne s’écrivent plus, elles sont communiquées oralement, souvent entre deux portes, au risque d’être mal comprises et sans laisser de trace. Dans les administrations et les grandes entreprises se multiplient les réunions sans ordre du jour ni compte rendu, de manière à ne laisser aucun document qui pourrait demain se retrouver dans les journaux. Dans les administrations, on n’exprime plus franchement ses analyses que sur des « notes blanches », qui ne portent ni le timbre du service émetteur, ni le nom de l’auteur. Et maintenant que l’enregistrement des conversations semble se généraliser, il y a le risque tout à fait réel que toute expression franche à visage découvert devienne impossible.

La démocratie repose sur une délégation et une confiance. Le peuple confie à un groupe d’hommes et de femmes le soin de conduire la Nation en son nom. Bien entendu, la démocratie implique que les hommes que le peuple a choisis soient contrôlés par lui et lui rendent des comptes. Mais jusqu’où doit aller ce contrôle ? Doit-il se limiter aux actes et aux décisions prises par l’homme politique, ou s’étend-t-il aux débats et aux échanges qui ont précédé la décision et qui l’ont préparée ? Le peuple a-t-il un droit sacré à savoir non seulement ce que le ministre décide, mais ce que son conseiller lui a susurré à l’oreille, ce que son administration lui a conseillé ? Imaginons que demain nous ayons à notre disposition une machine capable de lire dans les pensées. Faudrait-il livrer les pensées des hommes et des femmes politiques, des patrons, des fonctionnaires à l’examen du public ? Je n’imagine pas qu’on puisse répondre « oui » à cette question. Et pourtant, on considère parfaitement normal de livrer à la curiosité publique des échanges écrits ou oraux qui révèlent – ou du moins sont censés exprimer – ces pensées.

Il est paradoxal que la génération élevée sous les auspices de Sigmund Freud soit celle qui rêve de la transparence absolue. Si la théorie freudienne nous enseigne quelque chose, c’est bien qu’il existe un inconscient, une partie de notre psyché qui nous est inaccessible. Et cette inaccessibilité est nécessaire : si toutes nos pensées étaient exprimées et connues, la vie sociale deviendrait impossible. Et cela est aussi vrai dans la vie intime que dans la vie politique. La confidentialité de nos pensées n’est pas l’ennemi de la démocratie, c’est au contraire le ciment indispensable de toute vie sociale. Et comment pourrait-il y avoir de confidentialité des pensées s’il n’y a pas confidentialité des documents et des conversations qui les expriment ?

Les écoutes dont a été l’objet Nicolas Sarkozy ne sont pas scandaleuses en soi, même si on peut se poser des questions sur l’écoute des conversations entre l’avocat et son client. Si ces enregistrements étaient restés dans le bureau d’un juge pour être utilisées éventuellement dans une procédure, il n’y aurait rien à redire. Ce qui est scandaleux, inacceptable, et doit être dénoncé comme tel, c’est qu’elles ont été publiées. La loi donne le droit aux juges d’ordonner des écoutes, elle leur donne le devoir de préserver la confidentialité de celles-ci. L’autorisation d’écouter ne vaut pas autorisation de rendre les écoutes publiques. Cette affaire révèle une double faillite : celle de l’institution politico-judiciaire, qui a failli à son devoir de protéger les secrets dont elle est dépositaire, et celle des journalistes, qui n’ont que le mot « déontologie » à la bouche mais qui pour faire un scoop – ou pour nuire à un personnage qu’ils n’aiment pas – sont prêts à s’asseoir dessus. La publication des « cassettes » de Patrick Buisson était de toute évidence contraire à toute éthique journalistique. Cela ne semble pas avoir chagriné les gardiens du temple journalistique que sont Mediapart ou Le Monde, pourtant prompts à réagir lorsqu’un service de l’Etat cherche à se procurer des « fadettes ».

Le dommage que la logique de la « transparence » à tout crin fait à nos institutions est considérable. Car le secret est consubstantiel à toute institution politique. Hegel avait bien cadré le problème lorsqu’il écrivait « Il n'y a pas de héros pour son valet de chambre ; mais non pas parce que le héros n'est pas un héros, mais parce que le valet de chambre est un valet de chambre, avec lequel le héros n'a pas affaire en tant que héros, mais en tant que mangeant, buvant, s'habillant, en général en tant qu'homme privé dans la singularité du besoin et de la représentation ». Dès lors que le citoyen entre dans l’intimité de l’homme politique, que ce soit son intimité privée ou celle qui concerne l’exercice du pouvoir, dès lors qu’il pénètre ses secrets, il se prive de la possibilité d’avoir des héros. Il ne lui reste plus qu’à s’accommoder des hommes « normaux », gérant l’Etat comme on gère une boutique. Certains peuples s’en accommodent. Pas les français, et je pense profondément qu’ils ont raison. Pour être grand, il faut comme le souligne Hegel pouvoir se séparer de ce qui fait la banalité du quotidien. Le « grand homme » ne va pas aux cabinets. Et comme tous les hommes grands ou petits ont les mêmes besoins, la grandeur exige que ce passage reste caché.

On ne peut sérieusement défendre la souveraineté populaire et en même temps affirmer que les hommes politiques sont « normaux » et soumis aux mêmes règles que vous ou moi. Si le peuple est souverain, alors l’investiture par le suffrage universel confère une singularité irréductible. Celui qui l’a reçue n’est pas, n’est plus un « citoyen comme un autre ». Le président de la République circule en voiture officielle qui brûle les feux rouges non pas pour sa commodité personnelle, mais parce que le peuple souverain ne saurait supporter que l’homme exceptionnel qu’il a élu pour le gouverner perde son temps dans des embouteillages. La souveraineté populaire implique nécessairement que l’homme politique soit soumis à une juridiction particulière, la juridiction politique. Le juge des hommes politiques n’est pas le juge civil ou pénal, mais le peuple lui-même. Celle-ci peut condamner pour des actes qui ne sont nullement punis par le code pénal, ou ignorer des actes qui pourtant y figurent explicitement comme délits. A ce juge, l’homme politique doit des comptes, mais il n’a pas à lui révéler ses pensées. Et c’est pourquoi ses conversations et ses écrits sont nécessairement soumis à une confidentialité absolue que personne, pas même lui-même, ne saurait briser sous peine de banaliser la fonction.

Oui, il nous faut préserver le secret. Le nôtre comme celui des autres. Celui de l’avocat qui nous conseille et celui du médecin qui nous soigne. Et bien entendu, celui du politicien qui nous gouverne. En l’exposant, nous perdons infiniment plus que nous ne gagnons. Il nous faut préserver non seulement les secrets en tant que tels, mais l’idée même de secret comme élément inséparable de l’exercice démocratique.

Descartes

(1) Peut-être la meilleure illustration de l’importance du secret est le statut du Conseil des Ministres. Au temps de De Gaulle, le Conseil était soumis à un rituel précis : seuls certains membres du gouvernement, les ministres pleins y assistaient. Personne sauf le secrétaire général de la présidence n’était autorisé à prendre des notes, ni a répéter ce qui s’était dit à la table du Conseil. Et à l’époque le Conseil était important. Depuis, beaucoup de choses ont changé. L’ensemble du gouvernement assiste au Conseil, les ministres non seulement prennent des notes mais twittent sans pitié et ne se gênent pas pour raconter ce qui s’y passe. Conséquence : le conseil des ministres n’a plus qu’une importance marginale. Pourtant, ce sont les mêmes affaires qui y sont discutées… mais la symbolique n’y est plus. Réunissez un cénacle réduit derrière des portes closes, et tout le monde sera persuadé que c’est important. Réunissez tout le monde à portes ouvertes, et tout le monde tirera la conclusion que cela n’a pas le moindre intérêt.

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28 réponses à Le discours de la méthode XIII: Eloge du secret

  1. Jacques dit :

    " Peut-être la meilleure illustration de l’importance du secret est le statut du Conseil des Ministres."
    Vous avez éminemment raison. Mais vous parlez d’un temps où la girafe était conçue et dessinée à Paris.
    A présent, à l’Élysée, on se contente de la peindre, puisque qu’elle arrive toute façonnée de Francfort, de Bruxelles, de Washington ou de la City.
    L’effacement du rituel a accompagné la perte du pouvoir.

    • Descartes dit :

      @Jacques

      Oui et non… Je ne pense pas que l’effacement du rituel soit lié à la perte du pouvoir. Il y a des rituels qui subsistent bien après que le pouvoir réel qu’ils représentaient a disparu (pensez par exemple au rituel de la monarchie britannique) pour être remplacé par un pouvoir symbolique. Non, l’effacement du rituel politique reflète le provincialisme croissant de nos élites, la victoire de la "petite France" sur la grande. C’est d’ailleurs une oscillation permanente de notre histoire: la IIIème République est morte de ces élus provinciaux pour qui le débat sur la guerre se réduisait à une confrontation entre les élus des régions viticoles qui voulaient une mobilisation rapide – le "quart du vin du soldat" était pour eux une aubaine – et les élus ruraux du reste de la France craignant la réaction de leurs électeurs paysans si on les mobilisait pendant les moissons… de ses cendres est né la Vème République qui renoue avec la lignée de Richelieu, Robespierre, Napoléon. Ces trente dernières années ont marqué un retour vers les anciennes tendances "provinciales" renforcées par les pressions de lal décentralisation et de la construction européenne. Le conseil des ministres ressemble à un conseil général ou municipal parce que c’est ce à quoi les élus socialistes aujourd’hui sont habitués. Comme dit Pigasse dans son livre – qui semble par ailleurs fort intéressant puisqu’il reprend beaucoup de choses qui ont été dites sur ce blog – "si le monde est un livre, les élus socialistes ne connaissent qu’une seule page".

    • bovard dit :

      Nous les intervenants sur le Blog de Descartes,avons nous les bon outils pour comprendre?
      Notre génération a été nourri des exemples positifs de DeGaulle,Churchill,Lénine,Ghandi,Gambetta;Jaurès.
      Or les spectacle politiques nous montrent les agissements des DSK, Cahuzac,Holland,Tapie,Guéant,Sarkozyi,LePen tous accumulateurs d’avantages acharnés et partisans du toujours plus pour ‘leur pomme’.
      La notion large de ‘cupidité’ me semble évidente pour caractériser les motivations de ces personnages très éloigné de la ‘sobriété heureuse’ d’un De Gaulle par exemple.
      Descartes nous propose un texte désenchanté mais ne poursuit pas son raisonnement.
      Lorsque j’ai proposé d’envisager cette facette de recherche acharnée d’avantages (pécuniairs ou en nature),le contre argument était:dans les affaires DSK, Cahuzac,Holland,Tapie,Guéant,Sarkozyi,LePen,auraient mieux réussi.
      Pourtant l’évidence est là ces DSK, Cahuzac, Holland,Tapie,Guéant,Sarkozy, LePen,font des affaires quand ils font de la politique.
      Alors,Oui,nous qui sommes nés aux alentours de la moitié du XXième siècle,avons nous les bon outils pour comprendre?

    • Descartes dit :

      @bovard

      [Notre génération a été nourri des exemples positifs de DeGaulle, Churchill, Lénine, Ghandi, Gambetta; Jaurès. Or les spectacle politiques nous montrent les agissements des DSK, Cahuzac, Holland, Tapie, Guéant, Sarkozyi, LePen tous accumulateurs d’avantages acharnés et partisans du toujours plus pour ‘leur pomme’.]

      Il ne faut pas quand même trop idéaliser le passé. Il y avait du temps de De Gaulle, de Churchill, de Lénine et de Gambetta beaucoup de gens corrompus, « accumulateurs d’avantages acharnés et partisans du toujours plus pour leur pomme ». Souvenez-vous de la formule de De Gaulle : « Le défaut de la droite est qu’elle n’aime pas la Nation, celui de la gauche qu’elle n’aime pas l’Etat. Quant à mes amis, ils aiment trop l’argent ». De Gaulle était pointilleux au point de faire installer un compteur EDF dans ses appartements à l’Elysée et payer lui-même sa facture d’électricité, mais parmi ses compagnons il ne manquait pas qui faisaient des affaires douteuses ou piquaient dans la caisse. Bonaparte avait même théorisé ce problème, en remarquant que les hommes les plus compétents et les plus intelligents peuvent aussi être les plus rapaces et les plus corrompus. Pour lui, l’art de l’homme d’Etat n’était pas d’éloigner ces hommes-là, mais d’utiliser habilement leurs compétences tout en mettant des limites à leurs instincts prédateurs.

      La corruption est humaine, et le gouvernement des saints est une utopie. Et j’ajoute, une utopie dangereuse. Souvenez-vous du proverbe chinois : « si au bout d’un an ton ministre s’est enrichi, vire-le, c’est un voleur ; si au bout de trois ans il ne s’est pas enrichi, vire-le, c’est un imbécile ». La France aurait-elle du se priver des services d’un Bonaparte, d’un Colbert, d’un Ferry, d’un Richelieu ? Pourtant, tous ces personnages étaient loin d’être des saints, et se sont passablement enrichi grâce à leurs fonctions. J’ajoute que les seuls qui peuvent se permettre de mépriser l’argent sont ceux qui en ont beaucoup.

      Ne croyez pas que les hommes politiques soient aujourd’hui plus cupides qu’ils ne l’étaient hier. Ils l’ont toujours été, et le peuple l’a toujours su, d’ailleurs. Mais on a toujours pardonné en France la corruption de ceux qui servaient leur pays convenablement. Et respecté ceux qui faisaient le « sale boulot » dont tout le monde sait qu’il doit être fait mais personne ne veut s’en charger. Si l’on ne tolère plus aujourd’hui la corruption du monde politico-médiatique, c’est parce qu’il nous semble inutile. Qu’est ce que Tapie a apporté à la France qui vaille 400 M€ ? En quoi l’œuvre politique de Cahuzac justifie qu’on ferme les yeux sur ses peccadilles fiscales ?

      [La notion large de ‘cupidité’ me semble évidente pour caractériser les motivations de ces personnages très éloigné de la ‘sobriété heureuse’ d’un De Gaulle par exemple.]

      De Gaulle est un personnage très particulier, produit d’une époque très particulière. Celles des « moines soldats » de la politique, qui entraient dans l’activité politique comme on rentre dans les ordres. Il y a là deux ou trois générations formées avec un sens profond de la tragédie non seulement à travers la littérature, mais aussi de l’expérience sensible de la guerre. Voir ses camarades mourir dans les tranchées, voir son pays occupé et pillé, participer aux combats et à l’agonie de la République espagnole ou à celle de l’Algérie française, cela met tout de suite en perspective la question des biens matériels.

      Les sociétés du « court XXème siècle » pour reprendre la formule d’Eric Hobsbawm reposaient encore sur une vision aristocratique. C’était vrai pour les sociétés socialistes qui faisaient du Parti le « rassemblement des meilleurs », qu’il fallait d’ailleurs épurer en permanence pour éviter la contamination par des éléments « bourgeois ». C’était aussi le cas dans les sociétés capitalistes où l’on affichait dans les affaires publiques un certain mépris de l’argent et un culte de l’homme politique désintéressé. Mais cela n’a pas résisté à la pression libérale. Le discours « greed is good » (« la rapacité, c’est bien ») qu’Oliver Stone met dans la bouche de Gordon Gecko est celui d’une société ou les valeurs bourgeoises ont déplacé les anciennes valeurs aristocratiques. Et si comme le dit Gecko c’est la rapacité qui est le moteur de l’histoire, pourquoi lui mettre des limites ?

      J’ajoute que cette vision bourgeoise est presque universellement partagée. Pour ne donner qu’un exemple, les syndicats du CNRS demandent la hausse des salaires en affirmant qu’avec des salaires faibles le risque est réel de voir partir les scientifiques les plus brillants vers d’autres institutions – voire d’autres pays – ou ils seront mieux rémunérés. Ce qui revient à affirmer que ce qui motive les chercheurs dans le choix de leur travail n’est pas l’intérêt des travaux qu’ils peuvent mener, des équipements dont ils disposent, de l’environnement scientifique, mais bien le chiffre qui figure en bas de la feuille de paye.

      [Lorsque j’ai proposé d’envisager cette facette de recherche acharnée d’avantages (pécuniaires ou en nature),le contre argument était: dans les affaires DSK, Cahuzac, Hollande, Tapie, Guéant, Sarkozy, Le Pen,auraient mieux réussi. Pourtant l’évidence est là ces DSK, Cahuzac, Hollande, Tapie, Guéant, Sarkozy, Le Pen, font des affaires quand ils font de la politique.]

      Ce que vous pensez être « évident » n’a rien d’une évidence. Je trouve que vous accusez un peu vite sans vous arrêter sur la réalité de ces accusations. Tapie, c’est prouvé, a utilisé ses fonctions politiques pour faire avancer ses affaires. Mais pour les autres, c’est loin d’être évident. Sarkozy, par exemple, est accusé dans un certain nombre d’affaires financières, mais à chaque fois il s’agit de financement des campagnes électorales, et non d’enrichissement personnel. Même chose pour Cahuzac : les faits de fraude fiscale qu’on lui reproche sont liés à ses revenus en tant que propriétaire d’un cabinet médical, et non en rapport avec ses fonctions politiques. Même chose avec DSK, qui a trempé dans les affaires de la MNEF bien avant de faire de la politique. Même chose avec Le Pen, dont la richesse vient d’un héritage et non d’un quelconque influence ou appui politique.

      Contrairement à ce que vous croyez, notre classe politique du moins au niveau national « ne fait pas des affaires quand elle fait de la politique ». A la rigueur, on peut leur reprocher d’aider certains de leurs amis à s’enrichir, mais il est très rare qu’ils utilisent leurs fonctions pour s’enrichir eux-mêmes. L’argent n’est pas leur première motivation : s’il l’était, comme je vous l’ai indiqué, ils pourraient faire beaucoup plus d’argent avec beaucoup moins de travail en se consacrant aux affaires. Il est d’ailleurs notable de constater que sous la Vème République les présidents et les ministres quittent leurs fonctions avec un patrimoine sensiblement égal à celui qui était le leur lors de leur nomination. Ce n’est pas le cas, loin de là, dans tous les pays…

      [Alors,Oui,nous qui sommes nés aux alentours de la moitié du XXième siècle,avons nous les bon outils pour comprendre?]

      Oui, tout à fait. A condition de ne pas idéaliser par trop le passé…

    • bovard dit :

      Votre raisonnement ne manque pas d’intérêts ,cher Descartes.
      Si la France est un des pays où les citoyens sont le plus politisé,je remarque que ceux de gauche le sont plus que ceux de droite.
      En effet,que montre l’effarent soutien massif apporté par les électeurs de droite à Sarkozy ?
      Ces électeurs de droite sont bonapartistes et ont besoin d’un chef:ce chef c’est Sarkozy et je ne m’en plaindrai pas.
      En effet Sarkozy candidat,c’est l’assurance d’une défaite pour la Droite.
      Or personne a droite ne tuera le chef,Sarkozy.
      La culture du chef est trop présente à Droite.
      Le raisonnement vaut aussi pour l’extrême droite qui a été préemptée par la famille Lepen.
      Ces Lepen n’ont toujours par installé le FN dans les localités.Et pour cause…
      Ce qui les intéresse,ce sont plus les captations d’héritage,avantages divers etc..que d’aller au pouvoir.
      A gauche,c’est différent,la culture du débat y survit à côté d’un combat des ambitions assez crû.

    • Courtial des Pereires dit :

      Hé bovard, y a des jeunes ici ! Je suis né à la fin des années 1980, Descartes séduit tout le monde voyons :p.

      Par rapport à l’article : j’ai été assez partagé à l’annonce de la sortie de ces écoutes "Paul Bismuth". En effet, j’ai trouvé le procédé assez moche (et surtout le fait que les commentaires tournaient globalement autour de l’utilisation de l’expression "bâtards de juges", comme si ces gens dans le privé prenaient des pincettes pour parler des individus qu’ils doivent affronter) et en même temps plutôt réjouissant, je le confesse, puisque j’ai Nicolas Sarkozy en grippe.

      Cependant, je pense en effet que certaines choses doivent rester secrètes et que le cirque médiatique est très dangereux puisqu’il peut être influencé, désinformé, etc. Cependant, je suis incapable de dire ce que j’aurai fait à la place de ces journalistes, certains de faire un gros coup médiatique (donc rentable) et de blesser un ennemi politique.

    • Descartes dit :

      @bovard

      [Si la France est un des pays où les citoyens sont le plus politisé, je remarque que ceux de gauche le sont plus que ceux de droite.]

      Ah bon ?

      [En effet, que montre l’effarent soutien massif apporté par les électeurs de droite à Sarkozy ?
      Ces électeurs de droite sont bonapartistes et ont besoin d’un chef: ce chef c’est Sarkozy et je ne m’en plaindrai pas.]

      Je ne vois pas ce qu’il y a de plus « bonapartiste » dans le soutien des électeurs de droite à Sarkozy que de celui des électeurs de gauche pour Mitterrand. Vous avez peut-être oublié les textes larmoyants (« Tonton, ne laisse pas béton ») et les lécheurs de bottes style Lang (« je viens en ce lieu adorer Mitterrand »). Pas moi. Pas plus que je n’ai oublié la prise du pouvoir au PS de Mitterrand au congrès d’Epinay, qui fut un véritable 18 brumaire. On a beaucoup brodé sur la « tradition bonapartiste de la droite », en oubliant un peu vite que la gauche, la gauche de pouvoir je veux dire, a aussi ses Bonaparte.

      [En effet Sarkozy candidat, c’est l’assurance d’une défaite pour la Droite.]

      Cela dépend qui il a en face. Dans une campagne Hollande-Sarkozy, il serait téméraire de prédire le résultat.

      [Or personne a droite ne tuera le chef, Sarkozy. La culture du chef est trop présente à Droite.]

      Et pourtant, c’est à droite qu’on a vu les plus beaux assassinats. Chirac, sans aller plus loin, assassine Chaban-Delmas en 1974, remet ça contre Giscard en 1981, est lui même victime d’une tentative d’assassinat de l’infâme Baladur… Je crois que vous vous laissez emporter par les mots. Ce n’est pas parce qu’il y a une droite bonapartiste qu’on peut parler de « culture du chef ». Au contraire : la droite française a une longue tradition de meurtre du père. Même De Gaulle n’y a pas échappé.

      [Le raisonnement vaut aussi pour l’extrême droite qui a été préemptée par la famille Lepen.]

      Même pas. Rappelez vous la conspiration de Bruno Mégret. On n’est pas en Allemagne, on est en France, et comme disait Sarkozy – qui en savait quelque chose – il ne faut jamais oublier que le peuple français est essentiellement régicide.

      [Ces Le Pen n’ont toujours par installé le FN dans les localités. Et pour cause… Ce qui les intéresse, ce sont plus les captations d’héritage, avantages divers etc.. que d’aller au pouvoir.]

      Mais de quels « avantages divers » voulez vous parler ? De quelles « captations d’héritage » (le pluriel n’est pas innocent) ? Vous continuez à accuser sans preuves, et ce qui est pire, sans même citer des exemples concrets.

      [A gauche, c’est différent, la culture du débat y survit à côté d’un combat des ambitions assez crû.]

      Ah bon ? Ou voyez-vous une « culture du débat » dans le fonctionnement du Parti Socialiste, par exemple ? Ou dans celui du PG ? Je regrette, mais vous dites n’importe quoi. Il n’y a pas en France de « culture du débat », pas plus à gauche qu’à droite. On a un système intellectuel dans lequel chacun est persuadé d’avoir la vérité révélée et tout contradicteur est au choix un imbécile ou un traître. Toutes les forces politiques organisent des pseudo-débats, mais essayez de prendre la parole pour défendre un point de vue qui va contre la vision de l’organisation, et vous m’en direz des nouvelles. Et croyez moi, c’est la voix de l’expérience qui parle.

    • Descartes dit :

      @Courtial des Pereires

      [Par rapport à l’article : j’ai été assez partagé à l’annonce de la sortie de ces écoutes "Paul Bismuth". En effet, j’ai trouvé le procédé assez moche (et surtout le fait que les commentaires tournaient globalement autour de l’utilisation de l’expression "bâtards de juges", comme si ces gens dans le privé prenaient des pincettes pour parler des individus qu’ils doivent affronter) (…)]

      Pourquoi « ces gens ». Il ne vous est jamais arrivé d’utiliser dans une conversation privée avec vos amis des mots pour qualifier vos collègues ou votre chef que vous n’aimeriez pas voir reproduits dans la presse ? Dans le privé, nous utilisons tous ce genre d’expressions. Si j’avais un euro chaque fois que le mot « salaud » est utilisé dans une conversation privée…

      [et en même temps plutôt réjouissant, je le confesse, puisque j’ai Nicolas Sarkozy en grippe.]

      Celui qui se réjouit d’une injustice au prétexte qu’elle touche quelqu’un qu’il n’aime pas file un bien mauvais coton… Je l’avais écrit dans un de mes papiers : il est toujours facile de défendre le droit des gens qui sont d’accord avec nous. Le juste, c’est celui qui défend le droit de son ennemi.

      [Cependant, je suis incapable de dire ce que j’aurai fait à la place de ces journalistes, certains de faire un gros coup médiatique (donc rentable) et de blesser un ennemi politique.]

      En tout cas, si je faisais le choix de publier, je n’en serai pas fier et je ne me permettrait pas de donner des leçons de déontologie après.

    • bovard dit :

      Descartes,savez vous que la droite est directement issue du catholicisme intégriste des siècles précédents le 19°siècle?
      Ce n’est pas’ n’importe quoi’ que de dire que les individus de gauche sont plus politisés que les individus de droite nettement plus suivistes et conformistes.
      Marx le faisait remarquer dans son texte sur la ‘guerre civile en France.
      L’ Histoire a produit ces deux visions du Monde.Nous en sommes les récipiendaires mais peut être pas du même bord.Ce n’est pas grave,l’expérience m’a montré que vous êtes attentionné à la qualité du débat.

      Alors puisque il y a débat,soyons audacieux,et posons la question polémique actuelle: considérez vous que l’abstention est un phénomène politique ?
      Elle vient de se manifester de façon massive dans l’électorat de gauche et le second tour s’annonce comme une nouvelle grève des électeurs.
      Mais,c’est par rapport à l’offre du FN,en Mai que la question se pose.
      Le problème ne doit être éludée mais au contraire réfléchie à l’avance.
      Il s’agit du problème de l’attitude des anti UEproallemande aux prochaines élections européennes
      Pour les Européennes, Sapir, Todd, d’autres ‘économistes atterrés’,mais aussi Nikonoff,des communistes ‘orthodoxes’ publient des appels à l’abstention pour ces élections européennes.il s’agit d’une abstention engagée afin de ne pas voter FN.
      J’ai envie de suivre .cet appel à l’abstention engagée contre l’UE.
      En aucun cas,j’ai déjà dit ce que j’en pense, je ne voterai Lepéniste !
      Même s’ils affirment être comme moi,contre l’UE.
      Pour moi Le Front National n’est qu’une organisation manipulée par la cupidité des LePen.
      Encore,merci,cher Descartes d’en avoir débattu avec moi ce qui m’améne à répondre à certaines de vos objections.
      Vous me demandez des preuves:cesont les nombreux reportages sur ce thème.Ils ont été présentés ces dernières semaines dans Marianne,à la TV,dans les bios de tous les exclus du Lepénisme .
      Oui les Lepen sont des ‘pieds nickelés libéraux’ de la politique.Marine en est le ‘BibiFricotin’..
      Ils sont des usurpateurs qui ne feront pas long feux même s’ils ont des élus.
      Rappelons nous des Saint Afrique,Maréchal,Lehideux et surtout Mégret qui n’ont pas perçu la dimension Pepegrillotiste(protestataire) du Lepénisme.
      Lepénisme est la meilleue des appelations car il souligne le côté familial du phénomème (comme Poujadisme,ou Boulangisme ou Péronisme).
      En effet le Lepénisme n’a rien avoir avec le patriotisme mais relève entièrement de la PME familiale.
      Il suffit de comparer ‘la misère’ des Lepen avant qu’ils commencent la politiqque avec leur situation actuelle de contribuable à l’ISF.
      Leur seuls coups de génie fut d’usurper le sigle du Front National composante du CNR pendant la résistance.
      Hitler avait usurpé le terme socialisme dans son parti(NAtionlSOcialistes) .Dans mein Kampf,il explique crûment que cela lui permit de capter l’énorme électorat socialiste et communiste .
      Le Fn a chapardé le programme social du Front de Gauche l’an dernier comme le journal Fakir l’a montré dans un numéro spécial en 2013…
      Savez vous que l’intitulé véritable en 1972 lors du congrès fondateur d’extrême droite fut:’ Front National pour un Ordre Nouveau’?
      Les usurpateurs ont vocation a s’effondrer,c’est la destinée du Lepénisme.
      Autrement dit le patriotisme et la lutte anti-UE allemande sont trop importantes pour les laisser au’FN.
      Voilà pourquoi je suis tenté par l’abstention pour les européennes.
      Cela permettra de dire au FN:’vous ne représentez pas l’intérêt national’.
      Ces sont les abstentionnistes car ils ont suivi Pour les Européennes,Sapir,Todd,d’autres ‘économistes atterrés’,Nikonoff,des communistes ‘orthodoxes’ publient des appels à l’abstention engagée.Cependant je suis obligé de constater qu’abstention engagée ‘est un oxymore.Tant pis,il est hors de question que je vote Lepéniste pour exprimer mon opposition à l’europe allemande.Plutôt m’abstenir même si je n’y crois guère..Le mieux ne serait il pas un ‘vote blanc engagé’?
      En effet pour ces élections européennes,le vote blanc sera comptabilisé.

    • Courtial des Pereires dit :

      @Descartes

      [[[ Pourquoi « ces gens ». Il ne vous est jamais arrivé d’utiliser dans une conversation privée avec vos amis des mots pour qualifier vos collègues ou votre chef que vous n’aimeriez pas voir reproduits dans la presse ? ]]]

      Si, bien sûr que si, et même volontiers pour ma part puisque je suis facilement grossier. J’ai employé "ces gens" pour montrer ceux qui s’offusquaient de l’emploi du terme "bâtard", qui m’a personnellement paru dérisoire.

      [[[ Celui qui se réjouit d’une injustice au prétexte qu’elle touche quelqu’un qu’il n’aime pas file un bien mauvais coton… Je l’avais écrit dans un de mes papiers : il est toujours facile de défendre le droit des gens qui sont d’accord avec nous. Le juste, c’est celui qui défend le droit de son ennemi. ]]]

      Je le sais bien, je ne suis pas un exemple, mais par honnêteté je suis obligé d’admettre qu’au fond de moi j’ai ressenti un certain sentiment de satisfaction. Un côté sadique probablement. Cependant, si j’avais mon mot à dire et que je devais défendre une position publiquement, je défendrai une opinion probablement très proche de la votre, à savoir que jeter en pâture à l’opinion publique des éléments de la correspondance privée, intime même, d’un individu – et quel individu, bien enfoui sous mille casseroles déjà ! – en pleine instruction est moche et, d’une certaine façon, immoral. Tout simplement parce que tout le monde est susceptible d’avoir des propos outranciers ou politiquement incorrect, comme vous le précisez dans votre article, et que j’ai personnellement horreur de prendre des pincettes et de l’idée de devoir en permanence pratiquer l’auto-censure.

    • Descartes dit :

      @bovard

      [Descartes, savez vous que la droite est directement issue du catholicisme intégriste des siècles précédents le 19°siècle?]

      Pas toute la droite, non. La droite fasciste par exemple est plutôt païenne et se méfie de l’Eglise, qui le lui rend bien. Il y a aussi une droite modérée qui n’a rien à voir avec l’intégrisme catholique. Par ailleurs, une partie de la gauche est elle aussi « directement issue » du catholicisme.

      [Ce n’est pas’ n’importe quoi’ que de dire que les individus de gauche sont plus politisés que les individus de droite nettement plus suivistes et conformistes.]

      C’est une affirmation totalement gratuite. J’ai du mal à considérer que Hitler ou Mussolini et leurs admirateurs puissent être qualifiés de « conformistes ». Quant au suivisme, l’admiration baveuse de la gauche française pour François Mitterrand n’a rien à envier au « culte du chef » des organisations de droite. Je vous le répète : votre vision « droite=conformisme+suivisme » et « gauche=politisation+débat » est un pur préjugé.

      [Marx le faisait remarquer dans son texte sur la ‘guerre civile en France.]

      C’était peut-être vrai en 1871. Mais la gauche et la droite ont beaucoup changé depuis. Par ailleurs, pourriez-vous reproduire la citation exacte de Marx ? Je ne me souviens pas qu’il parle dans ce texte de « gauche » et de « droite »…

      [Alors puisque il y a débat, soyons audacieux,et posons la question polémique actuelle: considérez vous que l’abstention est un phénomène politique ?]

      Bien entendu. Mais ce n’est pas un acte politique, puisqu’il n’y a pas derrière une volonté. Rien ne me permet d’additionner les abstentions d’untel ou untel, puisque je ne sais pas quelles sont leurs motivations pour s’abstenir. On peut s’abstenir parce que l’élection ne vous intéresse pas, parce qu’aucun candidat ne vous agrée, parce que vous avez oublié de voter… il n’y a que dans les pays ou le vote est obligatoire que l’abstention ou le vote blanc ont un sens interprétable. Et encore.

      [Il s’agit du problème de l’attitude des anti UE proallemande aux prochaines élections européennes. Pour les Européennes, Sapir, Todd, d’autres ‘économistes atterrés’, mais aussi Nikonoff, des communistes ‘orthodoxes’ publient des appels à l’abstention pour ces élections européennes. il s’agit d’une abstention engagée afin de ne pas voter FN.]

      Je pense que cela n’a aucun sens. Les élections européennes n’intéressent personne, et l’abstention est habituellement très élevée. Comment mesurer « l’abstention engagée » dans ces conditions ? Il faut arrêter les bêtises. Si Sapir, Nikonoff et Todd ne veulent pas voter FN et ne trouvent aucune autre organisation qui défende leur point de vue, ils n’ont qu’à présenter eux-mêmes une liste.

      [En aucun cas, j’ai déjà dit ce que j’en pense, je ne voterai Lepéniste !]

      Ne dites jamais « fontaine je ne boirai pas de ton eau »…

      [Pour moi Le Front National n’est qu’une organisation manipulée par la cupidité des LePen.]

      Oui, je sais. Vous répétez périodiquement cette affirmation et sans jamais donner le moindre fait ou citer la moindre preuve à l’appui. Vous savez, la répétition n’est pas un argument…

      [Vous me demandez des preuves: ce sont les nombreux reportages sur ce thème. Ils ont été présentés ces dernières semaines dans Marianne, à la TV, dans les bios de tous les exclus du Lepénisme .]

      Pourriez-vous citer quelques références ?

      [Rappelons nous des Saint Afrique, Maréchal, Lehideux et surtout Mégret qui n’ont pas perçu la dimension Pepegrillotiste(protestataire) du Lepénisme.]

      Je ne saisis pas le rapport. Je ne vois pas que la « dimension pepegrillotiste » permette de faire beaucoup d’argent.

      [Lepénisme est la meilleure des appellations car il souligne le côté familial du phénomène (comme Poujadisme,ou Boulangisme ou Péronisme).]

      C’était quoi le « côté familial du Boulangisme » ? Vous dites vraiment n’importe quoi…

      [Il suffit de comparer ‘la misère’ des Lepen avant qu’ils commencent la politiqque avec leur situation actuelle de contribuable à l’ISF.]

      Encore une fois, cela tient à l’héritage Lambert. Que Le Pen aurait pu recevoir sans besoin pour autant de faire de la politique. Et d’ailleurs, si l’objectif était d’avoir l’héritage en question, pourquoi n’a-t-il pas arrêté la politique après l’avoir obtenu ? Encore une fois, une sage utilisation du rasoir d’Occam est généralement salutaire.

      [Leur seuls coups de génie fut d’usurper le sigle du Front National composante du CNR pendant la résistance.]

      C’est peut-être un coup de génie, mais ce n’est pas celui de Jean-Marie Le Pen. Les créateurs du Front National furent les dirigeants d’Ordre Nouveau, François Duprat et Alain Robert. Ce sont eux qui ont eu l’idée d’appeler le mouvement « Front National pour l’Ordre Nouveau ».

      [Autrement dit le patriotisme et la lutte anti-UE allemande sont trop importantes pour les laisser au FN. Voilà pourquoi je suis tenté par l’abstention pour les européennes.]

      Je ne vois pas vraiment comment en s’abstenant on « ne laisserait pas la lutte anti-UE au Front National ». L’appel à l’abstention est en lui-même un aveu de faiblesse, un refus de livrer bataille.

      [Cela permettra de dire au FN: ‘vous ne représentez pas l’intérêt national’.]

      Pas vraiment. La représentativité est conférée par les électeurs qui votent, pas par ceux qui s’abstiennent.

    • Descartes dit :

      @Courtial des Pereires

      [Je le sais bien, je ne suis pas un exemple, mais par honnêteté je suis obligé d’admettre qu’au fond de moi j’ai ressenti un certain sentiment de satisfaction. Un côté sadique probablement.]

      J’avoue que j’ai du mal à ressentir ce genre de haine pour Sarkozy. Peut-être la seule personnalité que j’ai haïe, au point de sabrer le champagne quand elle est morte est François Mitterrand. Mais c’est différent : Mitterrand était un sale type, une crapule, un lâche, un homme qui corrompait tout ce qu’il touchait. Sarkozy reste un être humain – trop humain diront certains. On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais pas d’avoir poussé au suicide un collaborateur. Et puis Sarkozy a quelque chose qui pour moi est important : le respect de la forme. Il ne sait peut-être pas parler ou écrire comme De Gaulle, mais il est conscient de cette faiblesse, et cherche une « plume » chaque fois qu’il a besoin de produire un texte. Lisez sa tribune de la semaine dernière, c’est une pure merveille.

      [Cependant, si j’avais mon mot à dire et que je devais défendre une position publiquement, je défendrai une opinion probablement très proche de la votre, à savoir que jeter en pâture à l’opinion publique des éléments de la correspondance privée, intime même, d’un individu – et quel individu, bien enfoui sous mille casseroles déjà ! – en pleine instruction est moche et, d’une certaine façon, immoral.]

      Nous sommes donc d’accord. Je savais que sur ce point nous ne devions pas être très éloignés…

    • Courtial des Pereires dit :

      @Descartes

      Oh, point de haine pour l’Homme Sarkozy lui-même, point de haine après tout. Seulement, ce qu’il a fait et ce qu’il représente est aux antipodes de ce que j’aimerais pour le pays dans lequel je vis, en tout cas pour l’heure : Tropisme monstre pour les USA, rigoureusement pro-Union Européenne, bling-bling au possible, à priori libéral, sioniste convaincu avec moult apparitions aux dîners du CRIF, tendance à rendre d’ailleurs hommages à beaucoup d’officines communautaires, réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, guerre en Lybie sur ordres de BHL (en vérité les choses sont sûrement plus complexes mais c’est quand même l’impression que ça a donné), etc.

      Moi je rêve d’une France libre, qui suivrait la voie que son peuple lui dicte uniquement, qui n’aurait pas de comptes à rendre à une Union Européenne supra-nationale (et le peuple a voté pour, c’est là que tout se retourne contre moi :p) ou au FMI ou à l’OTAN ni rien et qui prendrait beaucoup, beaucoup de pincettes en matière d’ingérence internationale, loin des gesticulations et de la sensiblerie. Ça et bien d’autres choses encore. C’est tout le drame, moi je n’ai même pas trente ans et je rêve de vivre dans une France qui n’existe plus et qui n’existera plus jamais, parce que forcément "repliée sur elle-même", "réactionnaire", "passéiste", parce que le monde a changé, que la mondialisation, les communications, la toute puissance de la finance internationale, a transformé le pays et ses institutions. Condamné à être déçu, voilà ce qu’il en coûte de s’intéresser à la politique, à l’actualité, d’imaginer que la France pourrait peut-être, au milieu des géants, tenir bon et être à la hauteur de son prestige passé, que les Français sachent pour de bon s’ils sont Français ou Étasuniens. Bon, je dis tout ça mais je suis un incapable en plus, vu que je n’ai aucune culture solide – un ersatz de Nadine Morano – et que je ne milite pour aucun parti et que je ne fais donc rien si ce n’est blablater ^^. Navré Descartes de vous imposer ce paragraphe de bistrot, vous qui n’aimez pas la morosité en plus :p. Je le laisse, tant-pis.

      Au moins vous en avez dans le potiron vous, droit dans vos bottes, moi je suis encore un fœtus de l’opinion, un potage d’incertitude. J’attends avec impatience vos prochains billets, votre analyse de vieux briscard de la politique de ces merveilleuses municipales !

    • BJ dit :

      [La représentativité est conférée par les électeurs qui votent, pas par ceux qui s’abstiennent.]

      Exactement. Et c’est pour cela que je pense m’abstenir aux européennes : je ne tiens pas à être représenté dans cet organisme supra-national qu’est l’Union Européenne, et dont je ne reconnais pas la légitimité. Tout d’abord parce que 55% de Français ont en 2005 rejeté le Traité de Constitution Européenne lors du referendum (que j’en fasse partie n’a aucune importance), Je ne reconnais pas non plus le Traité de Lisbonne ratifié en 2009 : si, sur la forme, les règles ont été respectées – "nouveau" traité et mode d’élection conforme à la constitution française -, il en est tout autrement sur le fond : le Traité de Lisbonne n’est que le Traité de constitution européenne réécrit, et le le Parlement réuni à Versailles a voté d’une manière contraire à la volonté populaire exprimée 4 ans auparavant. La seule attitude qui me parait cohérente lors d’une élection, quand on ne reconnait pas la légitimité du système, c’est l’abstention. L’abstention, et pas le vote blanc. Car voter blanc, c’est au moins reconnaitre la légitimité du pouvoir issu du scrutin, même si on laisse les autres choisir pour soi. Je ne m’abstiendrai pas pour contester quoi que ce soit, mais simplement parce que je ne suis pas concerné.

      PS : il va sans dire que si les Français avaient voté "oui" en 2005, je n’aurais pas cette position et j’irais voter en mai prochain.

      PPS : Dans la même lignée, je n’approuve pas les partis qui ont pris position contre le Traité de constitution européenne puis contre le Traité de Lisbonne et qui participent à cette élection.

    • Descartes dit :

      @Curtial des Pereires

      [Seulement, ce qu’il a fait et ce qu’il représente est aux antipodes de ce que j’aimerais pour le pays dans lequel je vis, en tout cas pour l’heure : Tropisme monstre pour les USA, rigoureusement pro-Union Européenne, bling-bling au possible, à priori libéral, sioniste convaincu avec moult apparitions aux dîners du CRIF, tendance à rendre d’ailleurs hommages à beaucoup d’officines communautaires, réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, guerre en Lybie sur ordres de BHL (en vérité les choses sont sûrement plus complexes mais c’est quand même l’impression que ça a donné), etc.]

      Je pense que c’est en effet bien plus complexe que cela. Je ne crois pas qu’on puisse parler chez Sarkozy de véritables convictions pro-européennes ou libérales, par exemple. Quel genre de « libéral » est celui qui nationalise Alstom pour protéger le groupe des prédateurs ou intervient décisivement pour relancer la construction par un opérateur public de réacteurs nucléaires ? En matière européenne, Sarkozy a contré systématiquement toutes les tentatives des institutions européennes d’acquérir plus de pouvoir en privilégiant l’intergouvernemental par rapport au communautaire. Le problème avec Sarkozy est que c’est avant tout un pragmatique. Sa communication est plus liée à des considérations tactiques qu’à l’expression de véritables convictions. Mais lorsqu’on regarde ses actes et non ses paroles, on se rend compte qu’il est bien plus proche de la tradition gaullienne qu’on ne le croit.

      [C’est tout le drame, moi je n’ai même pas trente ans et je rêve de vivre dans une France qui n’existe plus et qui n’existera plus jamais, parce que forcément "repliée sur elle-même", "réactionnaire", "passéiste", parce que le monde a changé, que la mondialisation, les communications, la toute puissance de la finance internationale, a transformé le pays et ses institutions.]

      J’ai plus confiance que vous dans la « France éternelle ». Dans sa longue histoire, notre pays est passé par des périodes d’ombre et des périodes de lumière. Après la Révolution et l’Empire, il y eut la défaite, les soldats de la coalition à Paris et la Restauration. Et que dire des années 1930 avec à la fin la défaite et Vichy. Et à chaque fois, parce qu’il y eut des français pour y croire, elle a été restaurée dans sa grandeur. Le monde a changé, c’est vrai. Mais c’est à nous, qui aimons notre pays, de le changer pour lui permettre d’être grand dans le monde qui change. Nous avons – surtout moi, parce que vous, vous avez encore le temps – touché le mauvais lot, celui de vivre une période d’ombre. Mais ce n’est pas une raison de désespérer.

      [Bon, je dis tout ça mais je suis un incapable en plus, vu que je n’ai aucune culture solide – un ersatz de Nadine Morano – et que je ne milite pour aucun parti et que je ne fais donc rien si ce n’est blablater. Navré Descartes de vous imposer ce paragraphe de bistrot, vous qui n’aimez pas la morosité en plus :p. Je le laisse, tant-pis.]

      Ne vous excusez pas. Cela fait aussi partie du débat politique. Je comprends tout à fait votre angoisse, qui est partagée par beaucoup de jeunes amis ou collègues avec qui je discute. Oui, nous vivons un moment difficile, ou l’on a l’impression qu’il n’y a aucun ressort d’action, aucun projet d’avenir, et que la seule chose qui nous reste est de regretter un passé merveilleux – et largement idéalisé d’ailleurs. Oui, le moment est particulièrement difficile, mais l’Histoire nous enseigne que des moments difficiles, il y en a eu dans le passé aussi. Pensez à ces français de 1945, citoyens d’un pays vaincu, à qui on expliquait que la seule solution était de rentrer dans « le nouvel ordre européen »… nous, nous avons sur eux l’avantage de connaître la fin de l’histoire. Mais essayez d’imaginer ce que pouvaient être leurs sentiments à eux…

      [Au moins vous en avez dans le potiron vous, droit dans vos bottes, moi je suis encore un fœtus de l’opinion, un potage d’incertitude. J’attends avec impatience vos prochains billets, votre analyse de vieux briscard de la politique de ces merveilleuses municipales !]

      J’essayerai de ne pas vous décevoir…

    • Descartes dit :

      @BJ

      [« La représentativité est conférée par les électeurs qui votent, pas par ceux qui s’abstiennent ».Exactement. Et c’est pour cela que je pense m’abstenir aux européennes : je ne tiens pas à être représenté dans cet organisme supra-national qu’est l’Union Européenne, et dont je ne reconnais pas la légitimité.]

      Vous ne pouvez pas ne pas « reconnaître la légitimité » d’une institution créée par des traités signés et ratifiés par la France, dont l’un au moins – Maastricht – par référendum, sauf à abandonner l’idée même de souveraineté populaire. La « légitimité » n’est pas un jugement de valeur, c’est une question juridique. On peut penser – et c’est mon cas – que le Parlement européen est une institution coûteuse, inutile et même nuisible, qu’il faudrait la supprimer au plus vite. Mais on ne peut pas dire qu’elle soit « illégitime ».

      La question de la « légitimité » étant réglée, vous pouvez souhaiter « ne pas être représenté » dans une institution inutile. Mais ce n’est pas alors un geste politique, puisque le fait d’être ou pas représenté ne change rien.

      [Tout d’abord parce que 55% de Français ont en 2005 rejeté le Traité de Constitution Européenne lors du referendum (que j’en fasse partie n’a aucune importance),]

      Je ne vois pas le rapport avec le référendum. Le Parlement n’a pas été créé par le TCE. Le TCE rejeté, les traités qui l’ont précédé subsistent.

      [Je ne reconnais pas non plus le Traité de Lisbonne ratifié en 2009 : si, sur la forme, les règles ont été respectées – "nouveau" traité et mode d’élection conforme à la constitution française -, il en est tout autrement sur le fond : le Traité de Lisbonne n’est que le Traité de constitution européenne réécrit, et le le Parlement réuni à Versailles a voté d’une manière contraire à la volonté populaire exprimée 4 ans auparavant.]

      Pas tout à fait. Le traité de Lisbonne est réécrit sur un point fondamental, qui fut décisif lors du référendum de 2005, à savoir, son statut de « traité constitutionnel ». Le TCE était censé fournir à l’Europe une « constitution », et à ce titre prétendait être placé au dessus des constitutions nationales dans la hiérarchie des normes. Le traité de Lisbonne abandonne toute prétention dans ce sens. Dans la mesure où il s’agit du point fondamental, on peut soutenir que le traité de Lisbonne est bien distinct du TCE. Et qu’on n’a donc pas violé la volonté du peuple en faisant voter l’un alors que l’autre avait été rejeté par référendum.

      [La seule attitude qui me parait cohérente lors d’une élection, quand on ne reconnait pas la légitimité du système, c’est l’abstention. L’abstention, et pas le vote blanc.]

      Pourquoi pas. Mais j’ai montré plus haut que votre contestation de la « légitimité du système » est incohérente. Si vous refusez de reconnaître la légitimité du traité de Lisbonne au nom de la volonté du peuple exprimée par référendum, vous êtes alors obligé de reconnaître celle du traité de Maastricht pour la même raison. Or, Maastricht est suffisant pour instituer le Parlement européen…

      [PS : il va sans dire que si les Français avaient voté "oui" en 2005, je n’aurais pas cette position et j’irais voter en mai prochain.]

      Dans ce cas, pourquoi n’allez vous pas voter en mai puisque les français ont voté « oui » en 1992 ? Les institutions européennes telles que nous les connaissons aujourd’hui doivent plus à Maastricht qu’à Lisbonne…

      [PPS : Dans la même lignée, je n’approuve pas les partis qui ont pris position contre le Traité de constitution européenne puis contre le Traité de Lisbonne et qui participent à cette élection.]

      Un peu de pragmatisme, s’il vous plait. La question de la participation n’est pas une question de légitimité, mais une question d’utilité. Si l’on peut faire avancer quelque chose en envoyant un souverainiste à Strasbourg/Bruxelles plutôt qu’un eurobéat, alors pourquoi ne pas voter ? Les communistes et les socialistes n’ont que tardivement reconnu la légitimité de la Vème République. Pensez-vous que le pays se serait mieux porté s’ils n’avaient pas participé aux élections législatives ?

    • Kranck dit :

      Bonjour Descartes,
      Pardonnez la digression, mais je suis très intéressé par ce que vous dîtes à propos de Mitterrand. C’est bien la première fois que je lis dans vos billets des propos aussi tranchés. J’étais trop jeune pour avoir lu quoi que ce soit sur ses actions lors de ses deux mandats, et j’avoue que le souvenir ambiant, entre révérence à gauche et crainte à droite, donne plutôt l’impression d’un individu fort intelligent, assez retors certes, mais sans guère plus de détails. Je m’interroge donc ! Pourriez-vous me conseiller un ou deux bouquins qui vous auraient éclairé, ou, -rêvons-, écrire un petit billet sur le sujet? Quoique le billet serait plutôt long si j’en juge de l’intensité de votre réaction !

    • Descartes dit :

      @Kranck

      [Pardonnez la digression, mais je suis très intéressé par ce que vous dîtes à propos de Mitterrand. C’est bien la première fois que je lis dans vos billets des propos aussi tranchés. J’étais trop jeune pour avoir lu quoi que ce soit sur ses actions lors de ses deux mandats, et j’avoue que le souvenir ambiant, entre révérence à gauche et crainte à droite, donne plutôt l’impression d’un individu fort intelligent, assez retors certes, mais sans guère plus de détails. Je m’interroge donc !]

      Et vous avez tout à fait raison. Mitterrand était une infâme pourriture, mais aussi une personnalité passionnante, les deux choses n’étant pas contradictoires. Etudier la biographie de Mitterrand, c’est traverser l’histoire du « court XXème siècle » en France. Du jeune catholique proche de la droite antisémite des années 1930 à l’opportunisme pendant Vichy, le jeune politicard sans scrupules de la IVème République féru de coups tordus et passionnément anticommuniste, ses liens avec les partisans de l’Algérie Française puis avec l’OAS, son antigaullisme, sa tentative de coup d’Etat en 1968, sa reconversion miraculeuse qui lui permit de devenir une icône de gauche, et finalement le président qui promettait de « changer la vie »… et qui a tenu sa promesse, mais pas tout à fait dans le sens où l’entendaient ses partisans, le destructeur de l’héritage gaullien et l’artisan de la « normalisation » de la France en Europe.

      Il y a aussi, au delà du parcours, la personnalité privée de l’homme, ses relations sulfureuses avec un certain nombre d’anciens collabos devenus « respectables » parce qu’utiles dans la « lutte contre le communisme » pendant la guerre froide, son mépris pour tous ceux qui n’étaient pas de son « premier cercle » d’amis, son manque total de scrupules…

      [Pourriez-vous me conseiller un ou deux bouquins qui vous auraient éclairé, ou, -rêvons-, écrire un petit billet sur le sujet?]

      En fait, il n’y a pas beaucoup de travaux d’historien sur Mitterrand. Le sujet est peut-être trop récent pour qu’un véritable travail historique soit possible. Il y a bien entendu pas mal de livres hagiographiques écrits par les lèches-bottes habituels – le nom de Franz-Olivier Giesbert vient à l’esprit naturellement – qui n’ont qu’un intérêt documentaire. Il y a quelques travaux sérieux qui se sont concentrés sur des périodes ou des évènements particuliers de la vie de Mitterrand. Ainsi par exemple Pierre Péan a commis un excellent « François Mitterrand : une jeunesse française » qui raconte le Mitterrand des années 1930. Thierry Pfister a décrit le fonctionnement politique du système Mitterrand dans un joli pamphlet (« Lettre ouverte à la génération Mitterrand, qui marche à côté de ses pompes »). Georges-Marc Benamou dresse un portrait glaçant du Mitterrand à la fin de sa vie dans « Le dernier Mitterrand ». François Malyé et Benjamin Stora ont consacré un livre (« Mitterrand et la guerre d’Algérie ») au rôle de Mitterrand dans le conflit algérien. Mais une biographie véritablement historique du personnage reste à écrire. Et franchement, cela dépasse de loin ce que je peux faire dans un billet… Cela étant dit, si une période particulière vous intéresse, je peux toujours essayer de me documenter.

      [Quoique le billet serait plutôt long si j’en juge de l’intensité de votre réaction !]

      Sans doute. Je pourrais écrire un livre sur la question. Mais ce ne serait pas un livre sur Mitterrand, ce serait un livre sur moi et Mitterrand, ce qui n’est pas tout à fait la même chose… Le problème, c’est Mitterrand qui a fait de moi un cynique. Et c’est quelque chose qu’il est très difficile de pardonner… Bien sur, avant 1981 je savais qu’il y avait des ordures en politique. Mais au moins je dormais tranquille dans la conviction qu’il existait une sorte de justice immanente, et que les salauds étaient punis à la fin ne serait-ce que par la détestation de leurs contemporains et le jugement de l’Histoire. C’est en découvrant que la gauche, censée représenter l’exigence et l’esprit critique, continuait à encenser un tel personnage bien après que tous ses vices soient vox populi, c’est en découvrant que des intellectuels et des hommes politiques intelligents et honnêtes mettaient en congé leur sens critique dès qu’il s’agit de parler du « Vieux » – et cela encore aujourd’hui, il n’y a qu’à écouter Mélenchon -, que je suis devenu disciple de Diogène.

      Que la gauche française ait donné à un quai de Paris le nom d’un ancien vichyste, d’un protecteur de collabos, du ministre qui a couvert la torture en Algérie, du président qui a amnistié les « généraux félons », qui a fait de Tapie un ministre, qui a fait écouter journalistes et personnalités pour couvrir sa « deuxième famille », cela reste pour moi un mystère.

    • @ Descartes,

      Pourquoi parles-tu de "mystère"? Mitterrand n’est-il pas celui qui a – enfin – amené la gauche au pouvoir en 1981? N’a-t-il pas permis à toute une génération (dont Mélenchon) de goûter à l’ivresse du pouvoir? Tu l’as dit ailleurs: à gauche, on ne tue pas le père si facilement qu’à droite. Etrange paradoxe d’un pays dans lequel les conservateurs font si peu de cas de la piété filiale, alors que les progressistes la maintiennent et la cultivent jusqu’à l’obséquiosité. Mitterrand est le premier président de gauche de la V°: rien que cela devrait lui valoir un culte dans les annales du PS pour les siècles des siècles, d’autant qu’après lui, il fallut attendre dix-sept longues années. Et après François IV, il faudra peut-être aussi attendre un bout de temps, qui sait… Mais Mitterrand, lui, est repassé en 88, après avoir renié toutes ses promesses. Chapeau l’artiste! Mitterrand est une crapule qui gagne, et je crois qu’on pardonne beaucoup à un vainqueur. Et puis, il faut reconnaître qu’il avait la langue, la diction, la culture, la profondeur intellectuel, bref une "classe" qui fait un peu défaut à ses héritiers. Face à de tels nains, comment ne pourrait-il pas apparaître comme un géant?

      En revanche, il est une question qui me taraude: quels ont été les rapports exacts entre Mitterrand et Chevènement? Qu’est-ce que Mitterrand pensait de Chevènement? Et, au-delà des désaccords politiques (Maastricht), que pense réellement Chevènement de Mitterrand, de l’homme, de son parcours? Quand Chevènement critique le FN, il s’en prend à sa filiation: vichyste-pétainiste, Algérie française, OAS… Mais cela pourrait convenir à Mitterrand, non? Chevènement a-t-il oublié qu’il a soutenu un homme dont le parcours ne déparerait pas chez un dirigeant historique du FN?

    • BJ dit :

      [Si vous refusez de reconnaître la légitimité du traité de Lisbonne au nom de la volonté du peuple exprimée par référendum, vous êtes alors obligé de reconnaître celle du traité de Maastricht pour la même raison. Or, Maastricht est suffisant pour instituer le Parlement européen…]

      Je me doutais bien que ce serait l’axe de votre réponse. C’est d’ailleurs pour la raison que vous évoquez que j’ai toujours voté aux Européennes depuis Maastricht. Je ne votais pas par intérêt pour la chose, mais parce que la République me le demandait. Mais, si Mitterrand a fait de vous un cynique (et vous n’êtes pas le seul), l’opération TCE-Traité de Lisbonne m’a traumatisé (politiquement parlant, hein ?). Jamais, jusque là, je n’avais imaginé que les représentants du peule – le souverain, donc – puissent le trahir et aller contre sa volonté. Ce fut pourtant fait en ce jour du 4 février 2008.

      [Et qu’on n’a donc pas violé la volonté du peuple en faisant voter l’un alors que l’autre avait été rejeté par référendum.]

      Si le traité de Lisbonne avait été soumis a referendum – referendum qu’exigeait la constitution – et approuvé, je serais d’accord. Mais les mêmes causes ayant les mêmes effets, il y avait de grandes chances pour que les Français le refusent encore. Ne voulant pas prendre ce risque, nos représentants ont préféré modifier la constitution, modification qui leur permet de ne pas consulter le souverain. Le referendum de 2005 a de grandes chances de rester le dernier à propos de l’Union Européenne.

      [Les communistes et les socialistes n’ont que tardivement reconnu la légitimité de la Vème République. Pensez-vous que le pays se serait mieux porté s’ils n’avaient pas participé aux élections législatives ?]

      Qu’ils reconnaissent ou pas la Vème était sans objet. Elle avait été approuvée par referendum.

    • Descartes dit :

      @nationalistejacobin

      [Pourquoi parles-tu de "mystère"? Mitterrand n’est-il pas celui qui a – enfin – amené la gauche au pouvoir en 1981? N’a-t-il pas permis à toute une génération (dont Mélenchon) de goûter à l’ivresse du pouvoir?]

      Oui. Et cela fait certainement partie de l’explication. Reste que l’idée que « seule la victoire est belle » est une idée plus traditionnellement associée à la droite. Il est vrai qu’en Allemagne on honore encore – discrètement certes, mais on honore quand même – les généraux qui ont gagné la bataille de Pologne, sans trop s’attarder sur les atrocités qu’ils ont commis. Alors pourquoi ne pas honorer le « vainqueur » Mitterrand ?

      [Tu l’as dit ailleurs: à gauche, on ne tue pas le père si facilement qu’à droite.]

      Tout à fait. La pensée de la gauche est étouffée par le poids des vaches sacrées que personne n’ose déplacer. Toute lecture critique des Grands Hommes est impossible. Si vous insinuez que Jaurès, quelque aient été par ailleurs ses qualités, s’est sérieusement gourré dans son analyse de la situation en 1914, vous risquez l’excommunication.

      [Et après François IV, il faudra peut-être aussi attendre un bout de temps, qui sait… Mais Mitterrand, lui, est repassé en 88, après avoir renié toutes ses promesses.]

      Méfiez-vous. Je ne serais pas surpris que François IV nous refasse le coup de François III en faisant jouer à Marine Le Pen le rôle de rabatteur de voix si bien joué par son père. Avec la stratégie du tandem Le Pen/Philippot, cela risque d’être plus dur, mais il ne faut jamais dire jamais. Surtout si l’adversaire de notre « président normal » est Copé…

      [Et puis, il faut reconnaître qu’il avait la langue, la diction, la culture, la profondeur intellectuel, bref une "classe" qui fait un peu défaut à ses héritiers. Face à de tels nains, comment ne pourrait-il pas apparaître comme un géant ?]

      Là aussi, je pense que vous touchez juste. Depuis 1993, la gauche « libérale-libertaire » est orpheline. Aucune figure pouvant prendre la place de Mitterrand n’a surgi.

      [En revanche, il est une question qui me taraude: quels ont été les rapports exacts entre Mitterrand et Chevènement? Qu’est-ce que Mitterrand pensait de Chevènement? Et, au-delà des désaccords politiques (Maastricht), que pense réellement Chevènement de Mitterrand, de l’homme, de son parcours? Quand Chevènement critique le FN, il s’en prend à sa filiation: vichyste-pétainiste, Algérie française, OAS… Mais cela pourrait convenir à Mitterrand, non? Chevènement a-t-il oublié qu’il a soutenu un homme dont le parcours ne déparerait pas chez un dirigeant historique du FN?]

      Ce que Mitterrand pensait de Chevènement ? Très difficile à dire. On sait par contre que Chevènement a eu avec Mitterrand des rapports très « professionnels ». Contrairement à d’autres, il n’a jamais cherché à rentrer dans le « premier cercle » ou à avoir avec lui des rapports plus intimes. On peut penser que Mitterrand avait pour lui du respect : malgré leurs désaccords profonds, malgré leurs oppositions publiques qui amènent Chevènement à démissionner deux fois du gouvernement pendant la période Mitterrand (en 1983 en rapport avec le « tournant libéral » du gouvernement, en 1991 par rapport à l’engagement de la France dans la guerre du golfe) pour reprendre sa liberté de parole, Mitterrand lui conservera sa confiance. La démission de 1983 ne l’empêchera pas de le reprendre comme ministre de l’Education Nationale en 1984 et à la Défense en 1988, et il ne se permettra jamais envers lui des mots durs ou de « petites phrases » qu’il utilisait pourtant volontiers envers les gens qu’il méprisait.

      Ce que Chevènement pense de Mitterrand ? Clairement, il en a une vision critique, même si elle n’est pas aussi négative que la mienne. Il est difficile de détester véritablement un homme avec lequel on a longtemps travaillé et partagé des joies et des peines, même s’il est un salaud. Je vous conseille de lire ce passionnant témoignage de Chevènement (http://www.mitterrand.org/Un-recit-inedit-de-Jean-Pierre.html) qui permet de mieux comprendre leurs rapports.

    • Descartes dit :

      @BJ

      [Et qu’on n’a donc pas violé la volonté du peuple en faisant voter l’un alors que l’autre avait été rejeté par référendum.]

      [Si le traité de Lisbonne avait été soumis a referendum – referendum qu’exigeait la constitution – et approuvé, je serais d’accord.]

      La Constitution n’exigeait nullement un référendum pour ratifier le traité de Lisbonne. Les deux voies de réforme constitutionnelle, celle du congrès et celle du référendum sont également légitimes.

      [Ne voulant pas prendre ce risque, nos représentants ont préféré modifier la constitution, modification qui leur permet de ne pas consulter le souverain.]

      J’ai l’impression que vous n’avez pas compris la procédure. La ratification d’un traité ne nécessite nullement un référendum. Le vote d’une loi ordinaire suffit. Lorsqu’un traité contient des dispositions contraires à la Constitution, il faut par contre une modification de celle-ci en préalable à la ratification du traité. C’est ce qui s’est passé en 2008, lors de la ratification du traité de Lisbonne. Celui-ci touchant à des éléments de la souveraineté, il nécessitait la modification de la Constitution, ce qui fut fait par la loi constitutionnelle du 5 février 2008 votée par le congrès réuni à Versailles conformément à l’article 89 de la Constitution. L’idée qu’on aurait « préféré modifier la constitution pour ne pas consulter le souverain » est fausse.

      [Le referendum de 2005 a de grandes chances de rester le dernier à propos de l’Union Européenne.]

      Je ne sais pas, je n’ai pas la boule de cristal. Peut-être qu’en 2017 la présidente Marine Le Pen décidera d’organiser un référendum pour la sortie de l’Euro. Qui sait ?

    • BJ dit :

      @ descartes

      [Peut-être la seule personnalité que j’ai haïe, au point de sabrer le champagne quand elle est morte est François Mitterrand]
      Cette phrase me choque. Ça ne fait pas avancer le schmilblick d’être choqué, mais il fallait que je vous le dise.

      [ Lisez sa tribune de la semaine dernière, c’est une pure merveille.]
      Je l’ai fait et n’y ai rien lu qui m’est émerveillé. Pouvez-vous développer ?

    • Descartes dit :

      @BJ

      [Cette phrase me choque. Ça ne fait pas avancer le schmilblick d’être choqué, mais il fallait que je vous le dise.]

      Je peux le comprendre. Elle viole un tabou social, dont je suis le premier à reconnaître la nécessité, qui veut qu’on ne désire pas et qu’on ne se réjouit pas de la mort des gens. Haïr, ce n’est pas bien, je le sais. Mais finalement, je suis humain comme vous. Des fois, je fais des choses qu’il ne faut pas faire et des pensées qu’il ne faut pas avoir. Et puis, il y a certainement des gens qui ont sabré le champagne le jour de la mort de Pinochet ou de Franco. Leur tiendriez vous rigueur ?

      [Je l’ai fait et n’y ai rien lu qui m’est émerveillé. Pouvez-vous développer ?]

      Je peux essayer. D’abord, je trouve que l’auteur du texte – je ne suis pas sur que ce soit son signataire – fait preuve d’un solide sens de l’humour. C’est rare en ces temps où tout le monde se prend tellement au sérieux qu’on a pu voir une ministre démentir un poisson d’avril. Ensuite, je trouve que c’est un texte qui ne se contente pas d’une indignation de commande ou de cris d’orfraie au nom de "principes", mais qui construit une argumentation d’une manière rationnelle et posée. Expliquer la question n’est pas ce qui arrive à l’auteur, mais que dès lors que la liberté d’un peut être piétinée la liberté de tous est menacée, il faut le dire. Comme la remarque sur le fait "moi j’ai les moyens de me défendre, ce n’est pas le cas de tout le monde", qui donne à sa démarche une autorité morale qu’elle n’aurait s’il s’agissait simplement de se défendre lui même. Et enfin, il y a le style. C’est un plaisir de lire du beau français…

  2. bovard dit :

    àCourtial de Perreire
    Vous dites:’moi je n’ai même pas trente ans et je rêve de vivre dans une France qui n’existe plus et qui n’existera plus jamais, parce que forcément "repliée sur elle-même", "réactionnaire", "passéiste"
    Cette France existe.Descartes vous en a donné des pistes.
    Suivez les indications données tout au long de ce blog où Descartes se livre plus souvent qu’il n’y parait,à coeur ouvert .
    Ainsi,avec les biographies de Mitterrand,personnage égocentré qui n’a jamais compris le sommet de civilisation que l’après guerre a représenté grâce au programme du CNR,en France.
    Autre indication:Aragon ses oeuvres,son parcours personnel,sa biographie par P.Juquin,ses amis :Soupault,Breton.
    Visiter Paris avec les oeuvres de Hazan en Main.Lisez certains textes du PCF,du PG,de Sapir.
    Visionner sur le site Médiapart le débat entre Bernier et Badiou.
    Continuez à participer au blog de Descsartes et méfiez vous des conseilleurs,ce ne sont pas les payeurs…

    • BJ dit :

      [J’ai l’impression que vous n’avez pas compris la procédure]
      C’est possible.

      [Les deux voies de réforme constitutionnelle, celle du congrès et celle du référendum sont également légitimes.]
      Je préfère "légales" ou "conformes à la constitution". Le referendum ajoute à cela la légitimité.

      L’idée qu’on aurait « préféré modifier la constitution pour ne pas consulter le souverain » est fausse.
      Dont acte.
      Mais reste le fait, comme vous l’avez dit plus haut, qu’on avait le choix entre referendum et vote au Congrès.
      Comment expliquez-vous le choix du Congrès autrement que par le fait le referendum présentait, au vu de celui de 2005, un fort risque de refus ?

    • BJ dit :

      @ Bovard

      [le sommet de civilisation que l’après guerre a représenté grâce au programme du CNR]
      Je ne comprends pas pourquoi on attribue généralement les réformes qui ont suivi la guerre au programme du CNR.
      Ce texte explique avant tout la conduite à tenir durant la guerre en vue de la libération de la France dans le chapitre 1 "Plan d’action immédiate"
      Le chapitre 2 est intitulé "Mesures à appliquer dès la libération du territoire". Ce chapitre représente à peine 20% du texte. Il aborde quant à lui les réformes à conduire après la libération, mais dans les grandes lignes. Sur la retraite, par exemple, il n’est mentionné que "une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours". Rien de plus. Rien n’y est dit sur le droit de vote des femmes, par exemple.
      En fait, les réformes ont été réalisées par le Gouvernement provisoire de la République française, constitué en Juin 44, et d’ailleurs souhaité par le CNR : "mesures à appliquer dès la libération … afin d’établir le gouvernement provisoire de la République formé par le Général de Gaulle"

      Texte intégral du programme du CNR : http://fr.wikisource.org/wiki/Programme_du_Conseil_national_de_la_R%C3%A9sistance

    • Descartes dit :

      @BJ

      [« Les deux voies de réforme constitutionnelle, celle du congrès et celle du référendum sont également légitimes ». Je préfère "légales" ou "conformes à la constitution". Le referendum ajoute à cela la légitimité.]

      Je veux bien vous accorder que la « légitimité » d’une mesure approuvée par référendum est d’une certaine manière « supérieure » à celle d’une mesure votée par le congrès, tout simplement parce que dans le premier cas le souverain s’exprime directement, et dans le second il s’exprime à travers des représentants qu’il n’a pas élu explicitement sur la question posée. Cependant, il me semble excessif de considérer qu’une réforme constitutionnelle prise par le congrès ne serait pas « légitime ».

      [Mais reste le fait, comme vous l’avez dit plus haut, qu’on avait le choix entre referendum et vote au Congrès. Comment expliquez-vous le choix du Congrès autrement que par le fait le referendum présentait, au vu de celui de 2005, un fort risque de refus ?]

      Vous avez raison sur ce point. La légitimité du vote du congrès de 2008 souffre du fait que le choix de passer par la voie parlementaire ne vient pas de considérations de simplicité ou de bonne administration, mais de toute évidence de la crainte que la consultation du peuple donne un résultat négatif. En d’autres termes, ceux qui ont choisi le congrès étaient convaincus qu’ils détournaient la volonté du peuple.

      [Je ne comprends pas pourquoi on attribue généralement les réformes qui ont suivi la guerre au programme du CNR.]

      C’est en effet un raccourci un peu rapide. Le programme du CNR se concentre sur les tâches de libération du territoire, et n’établit pour l’après guerre que des principes généraux. Mais même si les grandes mesures de la Libération ne figurent pas précisément dans le programme du CNR, elles lui doivent beaucoup. C’est en effet au CNR que ces mesures ont été conçues, concertées et que le consensus s’est établi pour les mettre en œuvre. C’est ce consensus qui a permis au Gouvernement Provisoire de faire en quelques mois une œuvre législative sans équivalent dans notre histoire.

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