Tout ça pour ça…

En regardant la composition du gouvernement annoncée le 2 avril (1) par Manuel Valls, on ne sait s’il faut pleurer ou s’il faut rire. Quelques jours plus tôt, les électeurs avaient manifesté sans équivoque un mécontentement qui n’aurait dû surprendre personne, tant la popularité du président de la République et celle du chef du gouvernement avaient coulé à des profondeurs rarement atteintes. Et qu’avons-nous en sortie ? Ce n’est même pas « tout changer pour que rien ne change » : Sur seize ministres, quatorze – sans compter le Premier ministre – l’étaient déjà dans le gouvernement précédent. Et si l’on croit les rumeurs qui circulent, sur la quinzaine des ministres du gouvernement Ayrault ayant perdu leur portefeuille une fraction non négligeable serait déjà pressentie pour revenir au gouvernement avec le rang de secrétaire d’Etat.

Le président de la République avait promis aux Français que « leur message avait été entendu ». Entendu, peut-être, mais écouté, certainement pas. Ou alors avec une certaine distraction. Bon, je vous l’accorde, le message du peuple n’était pas sans ambiguïté. C’est ce qui fait le charme de la démocratie représentative : le peuple s’exprime toujours d’une façon légèrement oraculaire, laissant à ses représentants le soin d’interpréter son expression. En s’abstenant ou en votant pour les listes opposées à celles du Parti Socialiste, les Français ont marqué leur mécontentement. Mais leur mécontentement sur quoi, au juste ? Certains voudront y voir une protestation contre une politique qui ne serait pas assez « social-libérale ». Pour ceux-là, le président aurait dû réagir en accélérant les « réformes structurelles » – nom de code pour l’application des politiques libérales – et la réduction de la dépense publique. D’autres y voient au contraire une révolte contre des politiques qui seraient trop « social-libérales », et réclament un « tournant à gauche ». D’autres encore prétendront que la politique est la bonne, et qu’elle est bien conduite, mais qu’elle ne donne pas encore de résultats. Le mécontentement des Français serait alors un problème de pédagogie. Il suffirait de mieux expliquer pour que les Français comprennent que leur impatience est vaine. D’autres enfin nous expliqueront que ce ne sont pas les politiques du gouvernement Ayrault qui sont contestées, mais que ce sont les couacs à répétition, la cacophonie, la désorganisation, l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre ses décisions qui sont contestées. Ceux-là nous disent que ce n’est pas la peine de changer de politique, qu’il s’agit seulement de mettre en place une véritable équipe gouvernementale conduite par un véritable chef de gouvernement. Mais quelle que soit l’école à laquelle on appartient, on arrive à une conclusion générale qui n’est pas très différente : il faut changer quelque chose.

Et où se situe notre président dans tout ça ? Pas chez ceux qui veulent changer de politique, puisqu’il est clair pour tout le monde que le président n’a pas de politique de rechange, et n’est même pas capable d’imaginer qu’il puisse en exister une. La pédagogie alors ? On ne voit pas chez le président un véritable changement de langage. On voit mal d’ailleurs ce que cela pourrait faire, étant donné le niveau de méfiance atteint par la population. Il ne reste donc plus que le changement d’équipe… mais le président semble incapable aussi de choisir cette voie. On prend les mêmes et on recommence. On voit mal comment cela pourrait faire illusion. Va-t-on expliquer à Madame Michu que Taubira II, promis juré, lira les notes que lui adressent ses services au lieu d’en parler « entre deux portes » avec sa directrice de cabinet comme le faisait Taubira I ? Que Lebranchu II a pris des cours accélérés de droit et écoutera maintenant ses services pour ne pas reproduire le fiasco de lois mal ficelées par Lebranchu I ? Que Hamon II déploiera à l’Education les immenses talents qu’Hamon I n’a pas démontrés lors de son passage au ministère de l’Economie solidaire ? Que Le Foll II ne tirera plus la couverture à lui et ne sabotera pas ses petits camarades comme le faisait si bien Le Foll I ?

Mais, me direz vous… il y a Ségolène. Portant à elle seule tout le « renouveau » de ce gouvernement devant les médias – parce que si on compte sur Rebsamen pour faire la « une » du journal télévisé, on n’est pas sortis de l’auberge. Seulement, Ségolène, c’est ce qui se fait de pire comme ministre « équipier ». Il y a beaucoup de ministres qui s’intéressent à leur image dans l’opinion, mais il n’y en a pas beaucoup qui ne s’intéressent qu’à ça. Dans sa vie politique, Ségolène a occupé trois postes ministériels. On ne se souvient pas qu’elle ait jamais énoncé une véritable politique à aucun d’entre eux. Elle a toujours fonctionné par « coups » (2), dont le but n’était pas tant de changer quelque chose à la vie des gens que de mettre en scène le personnage, soit dans le rôle de révolutionnaire terrassant ses ennemis, soit dans le rôle de victime, persécutée par les mêmes. Espérer de Ségolène la moindre solidarité, la moindre concession à l’intérêt commun, le moindre esprit d’équipe est vain, et si Valls ne le sait pas déjà il l’apprendra très vite. Ségolène ne comprend qu’un seul langage, celui du rapport de forces. Et comme dans le contexte actuel elle est invirable, elle fera ce qu’elle voudra, ou plutôt, ce qui sera dans son intérêt. Et cela a déjà commencé, d’ailleurs : sans la moindre concertation et avant que le Premier ministre prononce sa déclaration de politique générale, elle a déjà annoncé la « remise à plat » – nom de code pour « abandon » – de l’Ecotaxe poids lourds…

C’est fou combien la génération formée à l’école Mitterrand a adopté ses pires réflexes. Et parmi eux, celui qui consiste à ne jamais permettre la formation d’un pôle de pouvoir qu’ils ne contrôlent pas. Si l’on peut, on nomme des larves ou des fidèles aux postes essentiels. Et si les événements vous obligent à nommer quelqu’un de charismatique et avec du caractère, on fait ensuite ce qu’il faut pour l’affaiblir. En 1988, Rocard se situe dans cette position. Mitterrand le nommera premier ministre, puis lui imposera aux postes-clés des ministres qui soit sont tout dévoués au président, soit détestent le premier ministre et reçoivent des encouragements voilés du président pour se démarquer de lui ou – pire – saboter son action. Manuel Valls se trouve aujourd’hui dans exactement la même situation que Rocard hier. Il est flanqué d’un ministre des Finances qui contrôle l’essentiel de Bercy – le budget – et qui est un fidèle parmi les fidèles, camarade de promotion à l’ENA et de régiment du président ; d’un ministre de l’intérieur qui lui aussi échappe à son autorité ; d’un ministre du Travail et d’un ministre de l’Agriculture qui sont des intimes du président ; d’un Montebourg qui est l’adversaire médiatique du Premier ministre, aussi volcanique qu’invirable et d’une Ségolène qui pendant deux décennies a couché chaque nuit aux côtés du président et qui est la mère de ses enfants. On réalise alors la fragilité de la position de Manuel Valls : la plupart de ses ministres sont des proches du maître du château et peuvent passer par-dessus sa tête pour lui réclamer des arbitrages au cas où le Premier ministre ne suivrait pas leur position. Le président – nous dit-on – a nommé Valls parce qu’il voulait un premier ministre qui ait de l’autorité. Mais il a sapé l’autorité de son premier ministre dès le départ, dès la constitution de son équipe. Valls n’a pas réussi à placer un seul de ses « fidèles » dans son équipe.

Au-delà du débat sur les politiques elles-mêmes, il y a une question de capacité à diriger le char de l’Etat. Le problème, c’est que Hollande a tellement peur de ne pas pouvoir contrôler des purs-sangs qu’il finit toujours par atteler des rosses. Et lorsque l’opinion exige un meilleur cheval, il attache un pur-sang en prenant soin de lui entraver les pattes. Deux ans se sont écoulés depuis le début de son mandat, et le président n’a toujours pas pris la mesure de son rôle. Il continue à diriger le gouvernement comme il dirigeait la Parti Socialiste, à coups de « synthèses » et d’équilibres baroques. Ce qui domine la pensée présidentielle, c’est une considération tactique essentielle : empêcher la constitution d’un pôle de pouvoir qui puisse le concurrencer, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du gouvernement. C’est pourquoi il ne faut mettre personne dehors – même pas les écologistes, que le président aurait bien voulu garder au gouvernement – pour empêcher qu’apparaisse une figure critiquant de l’extérieur, mais en même temps il faut rogner le pouvoir des ministres – et du premier d’entre eux – par un découpage astucieux des responsabilités.

La faiblesse de l’exécutif a un autre résultat : un éloignement de plus en plus grand de l’esprit de la Vème République et un retour insensible à la IVème. Dernier exemple en date, le texte signé par une centaine de députés de la gauche du PS réclamant au Premier ministre un « contrat de législature » avant de lui voter la confiance. Si le Premier ministre doit signer des « contrats » avec les différents groupes pour obtenir une majorité, on se retrouvera rapidement dans les magouilles de la IVème…

Il n’y a aucune raison que les mêmes causes produisent des effets radicalement différents. Une fois l’attrait de la nouveauté passée, on peut s’attendre à voir Valls embourbé dans les mêmes difficultés que son prédécesseur. Car ces difficultés sont structurelles : Elles tiennent à la déliquescence intellectuelle de la gauche – qu’elle soit « sociale-libérale » ou pas, d’ailleurs – incapable de définir un projet politique réaliste. Cette déliquescence a beaucoup de causes, mais il y a une qui est criante : c’est le manque de cadres de qualité. Au niveau politique, un parti socialiste dominé par les élus locaux ne peut que produire une pensée provinciale, ancrée dans des réflexes de conseiller général. Au niveau technique, une méfiance tenace envers la haute fonction publique et les « experts » en général amène les politiques à ignorer les analyses des techniciens et à leur préférer des positions militantes des représentants de la « société civile » – qui souvent ne représentent qu’eux-mêmes – qui aboutissent forcément à des mesures mal conçues, nuisibles et inefficaces. L’exemple des débats sur la politique énergétique est de ce point de vue éloquent. On ne gouverne pas une société aussi complexe que la société française sans l’appui de techniciens.

Alors rien ne changera ? Pas évident. Valls est clairement un repoussoir pour les gauchistes et les écolo-bobos, et un homme détesté par ces gens-là ne peut être foncièrement mauvais. Et puis, contrairement à Ayrault, Valls ne se vante pas de parler allemand. C’est un homme qui – même s’il n’a pas fait campagne pour ménager son avenir – a voté « non » au référendum de 2005. Le discours présidentiel annonçant sa nomination contenait lui aussi quelques petites piques en direction de la Commission Européenne. Peut-on voir dans ces éléments le début d’une amorce d’une prise de conscience de la nocivité des politiques imposées par la Commission et du besoin de s’en affranchir de gré ou de force ? Difficile à dire. Il faudra attendre peut-être le discours de politique générale de Valls pour y voir plus clair.

Ce gouvernement peut-il changer quelque chose à la « recomposition politique » à gauche ? Difficile à dire. Le repoussoir Valls peut-il amener la « gauche radicale » et EELV à se rapprocher ? Au PG certains en rêvent, même si Mélenchon semble avoir compris que c’est une chimère, d’abord parce que les militants et les électeurs d’EELV continuent à souhaiter un retour au gouvernement, ensuite parce qu’EELV se révèle un allié opportuniste, et donc bien plus hégémonique et beaucoup moins fiable que le PCF. Grenoble, qui devait être l’illustration de la « nouvelle alliance » entre le PG et EELV – le mot est d’Eric Coquerel – est devenue au contraire l’illustration du fait qu’EELV n’entend pas partager une once de pouvoir avec ses « alliés » et se permet même de les mettre en garde contre toute velléité de partage du pouvoir. La « nouvelle alliance » étant mort-née, il ne reste plus au PG qu'à continuer l’attelage bancal avec le PCF. Mais si je crois ce qui se dit dans les couloirs de Fabien, les attaques de ces dernières semaines laisseront des traces. Les négociations sur les listes européennes s’avèrent très difficiles, et si en 2009 le PCF voulait aboutir à tout prix, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui (3). Y aura-t-il des listes Front de Gauche aux européennes ? On peut en douter.

En tout cas, il faudra écouter avec attention le discours de politique générale de Valls. Selon le choix qu’il fera de confrontation ou de soumission à la Commission, cela pourrait changer le visage des élections européennes…

Descartes

(1) Le 2 avril est une date étrange pour la République. Georges Pompidou, selon la légende, est décédé le 1er avril 1974 et sa mort a été annoncée le 2 avril pour éviter les plaisanteries. Il semblerait que la désignation de Manuel Valls le 2 avril soit due à la même crainte…

(2) Exemple : ministre de l’enseignement scolaire, elle avait autorisé les infirmières scolaires à prescrire la pilule aux jeunes filles sans en informer personne, en oubliant un peu vite que chez nous ce sont les médecins qui prescrivent, et que les mineurs sont tout de même sous la garde de leurs parents. La mesure avait été cassée par le Conseil d’Etat, ce qui avait permis à Ségolène de jouer, comme elle sait si bien le faire, la scène de la victime, plus précisément, de la victime de la « persécution machiste et réactionnaire » du Conseil. Résultat du match : rien n’a changé pour les jeunes filles, mais Ségolène a marqué quelques points dans l’opinion « libérale-libertaire ». Ce qui – faut il le souligner ? – était le but recherché.

(3) Un détail croquignolet : la proposition faite par le PCF (3 têtes de liste PCF, deux PG, une à « Ensemble », une « citoyenne ») est publiée au JDD du 3 avril… mais elle ne figure nulle part sur le site du PCF. Pourtant, Pierre Laurent affirme que cette proposition a été « discutée au Conseil National », alors que les comptes rendu du Conseil n’y font nulle part allusion. Bonjour la transparence. Par ailleurs, le Conseil National du PCF ne s’est pas réuni – du moins publiquement – depuis le 23 janvier dernier. Il est vrai que pour le bien qu’il fait…

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87 réponses à Tout ça pour ça…

  1. CVT dit :

    @Descartes,
    [En tout cas, il faudra écouter avec attention le discours de politique générale de Valls. Selon le choix qu’il fera de confrontation ou de soumission à la Commission, cela pourrait changer le visage des élections européennes]
    Bof… D’abord, Valls avait annoncé en 2005 qu’il voterait OUI au TCE par discipline du parti, après avait fait campagne interne au PS pour le NON. Je ne suis pas dans le secret des isoloirs, et je suis bien incapable de dire ce que Valls avait voté le jour du référendum, mais depuis ce jour, je me méfie considérablement de ce que ce politicien peut dire.
    Donc s’il annonce une confrontation (même en termes feutrés), je n’en croirais pas un mot car il n’en aura pas les moyens! Et surtout, ce serait à nouveau leurrer les Français, ce qui excitera encore plus leur colère…

    • Descartes dit :

      @CVT

      [Bof… D’abord, Valls avait annoncé en 2005 qu’il voterait OUI au TCE par discipline du parti, après avait fait campagne interne au PS pour le NON. Je ne suis pas dans le secret des isoloirs, et je suis bien incapable de dire ce que Valls avait voté le jour du référendum, mais depuis ce jour, je me méfie considérablement de ce que ce politicien peut dire.]

      Peu importe ce qu’il a voté au final. S’il a choisi de « faire campagne interne pour le « non » », c’est qu’il n’est pas spontanément un eurolâtre. C’est déjà pas mal, quand on voit la difficulté qu’ont en général les socialistes de sortir du conditionnement hérité de la période mitterrandienne. Je ne suis pas un partisan de Valls, mais je continue à penser qu’il reste ce que le PS a de mieux à offrir aujourd’hui. Le problème, c’est que ce n’est pas Valls qui a le pouvoir, c’est Hollande. En cela je partage votre analyse.

  2. Baruch dit :

    Simple information:
    Je crois qu’il y a eu un CN du PCF, le 2 Avril 2014.
    Les propositions faites aux autres membres du FdG ont été approuvées par 74 voix des présents contre 2. et non à l’unanimité comme le dit le communiqué.
    Une mise au point sur ce vote a été faite par Emmanuel Dang Tran.
    Une communication avait été faite par écrit par Danielle Tranoy qui ne pouvait assister au CN.
    On peut les lire sur le site du PCF du bassin d’Arcachon:
    http://www.pcfbassin.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=16534:cn-du-pcf-les-europeennes-suite&catid=91:actualites-2014&Itemid=6

    • Descartes dit :

      @Baruch

      [Simple information: Je crois qu’il y a eu un CN du PCF, le 2 Avril 2014.]

      Exacte. Seulement pour une raison inconnue – ahem, ahem – le rapport et le compte rendu n’ont toujours pas été publiés sur le site du PCF… d’où ma remarque perfide sur le fait que le CN ne s’était pas réuni « publiquement ».

  3. Jacques dit :

    "C’est fou combien la génération formée à l’école Mitterrand a adopté ses pires réflexes."

    Et au point où il en est, ne peut-on imaginer F. Hollande cherchant à réitérer le formidable "coup" de son mentor en 1986-88 ? Cette divine surprise de la "cohabitation" qui fut la matrice de la brillante réélection de 1988…

    Acte 1 : Nomination de Vals, seul rival interne dangereux. Sans inflexion de cap, cette nomination se révèlera très vite être ce qu’elle est sans doute : un piège, peut-être mortel.

    Acte 2 : 25 mai. 2ème, lourde et incontournable sanction lors des Européennes. Compte tenu du total des votes eurosceptiques, du fort taux d’abstentions et de la 3ème place du PS la dissolution s’impose au Président.

    Acte 3 : Victoire de l’UMP aux législatives ( inéluctable puisque loi électorale inchangée). Cohabitation. Conformément à sa ligne
    l’UMP assume ses engagements européens : pacte budgétaire, austérité, désaveu populaire.

    Acte4. Exonéré de la responsabilité de cette politique, F. Hollande se présente à sa propre réélection en posture bien plus favorable que s’il avait à assumer un bilan…

    • Descartes dit :

      @Jacques

      [Et au point où il en est, ne peut-on imaginer F. Hollande cherchant à réitérer le formidable "coup" de son mentor en 1986-88 ? Cette divine surprise de la "cohabitation" qui fut la matrice de la brillante réélection de 1988…]

      Oui, mais c’était du temps du septennat. Avec le quinquennat, les échéances se rapprochent et le « coup » de 1986 ou encore mieux celui de 1997 sont devenus beaucoup plus difficiles. En plus, rien ne dit que la droite accepterait une cohabitation.

  4. Albert dit :

    [" Peut-on voir dans ces éléments le début d’une amorce d’une prise de conscience de la nocivité des politiques imposées par la Commission et du besoin de s’en affranchir de gré ou de force ? Difficile à dire."]

    Pas si difficile, Descartes. Et le discours de politique générale de Valls n’y changera rien: ON VA NOUS BALADER, comme d’hab.
    Valls est là pour faire un rideau de fumée; le patron est toujours Hollande et Hollande est un européiste fervent comme Delors -et quoi qu’il pense, éventuellement, de la politique de Bruxelles, il se soumettra toujours. Il l’a déjà suffisamment prouvé.
    Rien ne changera, sauf peut-être la communication mensongère. C’est bien un "gouvernement de combat" mais seulement en vue du scrutin du 25 mai prochain. (D’où sans doute la profusion de ministres ayant choisi le NON en 2005- je ne suis pas certain que ce fut le cas de Valls, qui a commencé par être pour le Non avant de changer de position ensuite.)

    • Descartes dit :

      @Albert

      [Valls est là pour faire un rideau de fumée; le patron est toujours Hollande et Hollande est un européiste fervent comme Delors – et quoi qu’il pense, éventuellement, de la politique de Bruxelles, il se soumettra toujours. Il l’a déjà suffisamment prouvé.]

      Je pense qu’il vaut mieux garder l’esprit ouvert. Je ne pense pas que Hollande soit un « européiste fervent ». Hollande n’a jamais été « fervent » de quoi que ce soit, sauf de sa carrière. Je pense que s’il était convaincu qu’il peut sauver son quinquennat en brûlant l’Europe, il ferait préparer le bûcher tout de suite. C’est pourquoi il n’est pas si évident que le discours de Valls n’ait pas d’importance. Il peut nous donner quelques informations sur l’état d’esprit du président. Je pense qu’Hollande est parfaitement conscient de la difficulté de vendre aux français la politique européenne, et qu’il essaye de faire pression sur la Commission pour obtenir un assouplissement des mesures d’austérité. Le positionnement de Valls peut donner des précieux renseignements…

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Je pense qu’il vaut mieux garder l’esprit ouvert. Je ne pense pas que Hollande soit un « européiste fervent ». Hollande n’a jamais été « fervent » de quoi que ce soit, sauf de sa carrière.]

      Hollande a très peu de convictions, mais son avertissement lors de son discours en début d’année sur le pacte de solidarité , montre qu’il peut être sincère: il fera tout ce qu’il est possible pour s’opposer à ceux qui veulent la fin de l’euro et de "l’Europe" (l’UE en fait…). C’est d’ailleurs la seule depuis que je le connais que j’ai vu sur son visage une once de peur et de conviction.
      Mais je suis partagé car, comme vous, je crois que Hollande est l’un des hommes politiques les plus cyniques qui m’ait été donné de voir. C’est un animal à sang froid, qui peut exploiter sans vergogne les moindres tragédies, fussent-elles historiques (cf Ouradour-sur-Glane avec le président de la RFA ou l’entourloupe de la célébration du centenaire de la Grande Guerre qui commence en 2013…) ou plus contemporaines comme pour les guerres en Afrique (qui, il est vrai, sont nécessaires). Effectivement, on peut lui faire confiance que si les événements lui ordonnent de brûler son "Europe" chérie, il le fera sans l’ombre d’une hésitation, comme il a pu le faire lorsqu’il a répudié Valérie Trierwiller, ou dernièrement, quand il a "renvoyé" J-M Ayrault comme on chasse un domestique pris en faute….

    • Ifig dit :

      [ Je pense que s’il était convaincu qu’il peut sauver son quinquennat en brûlant l’Europe, il ferait préparer le bûcher tout de suite.]
      Il y a des limites à la rupture à laquelle Hollande pourrait aller avec les institutions européennes.

      [il essaye de faire pression sur la Commission pour obtenir un assouplissement des mesures d’austérité.]
      Cela, oui, mais pas plus.

    • bovard dit :

      Nul ne peut exclure l’hypothèse présentée par Jacques.celle d’une cohabitation entre Hollande et le centre droit.
      En effet,rien ne semble pouvoir éviter un Waterloo,pour le PS aux européennes.
      Quant au PCF,son secrétaire général est perdu et préfère,la corde du PG à la sauvegarde de son propre parti.
      Il a eu un grand éclat de rire quant la suggestion d’une présentation de listes PCF partout a été faite au dernier CN.
      Donc je parie deux francs sur l’hypoyhèse de Jacques..
      En effet la réfutation par Descartes d’une cohabitation officielle UMP/PS salvatrice pour Hollande,me semble omettre un détail.
      Le facteur ‘temps’ n’est pas décisif si un simple remaniement d’alliances parlementaires a lieu(à Président menteur,politique sans scrupules).
      De plus un Hollande droitisé aurait plus de chances de se faire réélire en 2017,dans la foulée donc de façon synchronisée avec la cohabitation qui peut venir après les européennes et plus tard l’échec de Valls..
      dans ce cas de figure,le PCF pourrait revoir ses alliances en espérant récupérer une partie de l’aile gauche du PS.La straté gie du FdG deviendrait un mauvais souvenir.
      Quelles analyses du scrutin des municipales peut on faire avant le triomphe assuré du lepénisme aux européennes ?
      Il faudra donc attendre un peu. En évitant les raccourcis faciles, ou les explications à l’emporte-pièce.
      Il y a cependant un constat que l’on peut faire dès maintenant, c’est celui de l’effondrement brutal du socialisme et du communisme municipal.Ainsi à Montreuil où le maire est PCF mais où 16 conseillers sont EELV,10 PS et 6 PCF!.
      Brard et ses conseillers seront certes sollicités mais ces élections ressemblent à une victoire à la Pyrhus pour le PCF.
      Les gains du Front national sont-ils si significatifs ? Il fait partie, depuis trente ans, du paysage politique français. Le gain d’une douzaine de villes (un peu plus qu’en 1995) n’a rien d’ébouriffant. Le Front de Gauche, quant à lui, aurait bien du mal à avoir les idées claires en comparant la victoire relative et très particulière Montreuil et ses désillusions lilloise ou toulousaine par exemple. Ne pas surinterpréter Grenoble non plus, projet ‘mort-né’ de « nouvelle alliance » du Parti de Gauche et EELV. Sans le PCF d’ailleurs, la carpe et le lapin ayant quelques soucis de cohabitation.
      Donc le pauvre PCF lui, en est à l’utilisation des métaphores napoléoniennes pour illustrer l’agonie qui se poursuit. Le site du mensuel Regards titre un article : « la Bérézina, pas Waterloo » . Le passage de la Bérézina par la Grande Armée avait paraît-il permis d’en sauver une partie. Donc, si l’on comprend bien la métaphore, Waterloo c’est pour le prochain coup ? Réjouissant optimisme causées à coups sùrs par des listes FDG
      Les conséquences concrètes de ce scrutin? la première d’entre elles, l’effondrement du socialisme municipal.
      Les chiffres sont assez effarants. Ce que le PS avait construit en trente-cinq ans vient de partir en fumée. S’il conserve quelques grandes villes tout en perdant la plupart des grandes intercommunalités, il est quasiment éradiqué des villes moyennes. La fameuse « vague bleue » de 2001, prélude au terrible échec de Lionel Jospin aux présidentielles de 2002, avait vu 69 villes de plus de 9000 habitants passer de gauche à droite, mais 32 passaient de droite à gauche. Cette fois-ci, c’est 170 qui tombent dans l’escarcelle de la droite, contre seulement trois ou quatre qui font le chemin inverse ! Pour mesurer l’importance du désastre, l’analyse des causes profondes étant pour plus tard, un petit retour en arrière est nécessaire. Au début des années 70, le PCF était le premier parti de gauche. Il disposait d’une base municipale à la fois solide et originale qui était une de ses grandes forces. La SFIO pratiquait dans les villes l’alliance avec la droite (Jean-Claude Gaudin a commencé sa carrière sur les listes de Gaston Defferre…). L’union de la gauche, le programme commun de 1972 et la dynamique enclenchée par l’élection présidentielle de 1974 ratée d’un cheveu, amena au profit de cette union, un tsunami électoral aux municipales de 1977. Le PCF mesurant que cette alliance équivalait probablement au baiser de la mort, ne put que constater qu’elle profitait surtout au PS. Celuic-ci, à partir de cette date, a disposé d’une base municipale importante qu’il put malgré quelques aléas faire fructifier en prenant à la fois à droite et à gauche, dépouillant méthodiquement un PCF qui avait commencé son déclin.
      Jusqu’aux élections de 2008 où l’impopularité de Nicolas Sarkozy permit à la gauche, pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, de récupérer le Sénat. Cette implantation municipale constituait un atout considérable. Une base politique avec la possibilité d’une armature de dirigeants, d’ailleurs souvent arrivés dans la vague de 1977 encadrant les générations suivantes. Une base professionnelle, la gestion publique locale devenant après les lois de décentralisation un espace d’exercice du pouvoir formateur à la fois pour les élus et leurs collaborateurs, mais aussi les fonctionnaires territoriaux d’autorité souvent recrutés parmi les amis politiques. Et enfin une base matérielle essentielle. Indemnités de fonction, emplois de cabinet, subventions aux associations amies, stratégies d’embauche ciblées, tout cela permettait de faire vivre beaucoup de monde et d’avoir beaucoup de fidèles. C’est terminé. Un rapide calcul permet de considérer qu’environ 4000 personnes au statut voisin de celui d’un permanent politique sont désormais à la rue, direction Pôle emploi. D’autres les rejoindront. Où les recaser ?Il n’y a pas de raison objective pour que les scrutins régionaux et départementaux de l’an prochain soient plus tendres pour le parti de François Hollande. Actuellement, il contrôle toutes les régions sauf 2 et 60 départements sur 100. Une simple projection des résultats du 23 mars derniers aboutit à la conservation de deux Régions et 30 Départements !Participer efficacement aux campagnes pour les scrutins nationaux, sans un tissu municipal suffisamment dense va s’avérer très compliqué.

      Bon gré,mal gré, la droite s’était adaptée,À l’hégémonie de la gauche.Une ancienne culture démocratique partagée permettait une gestion souvent consensuelle, comme le démontrait le fonctionnement des associations d’élus. Cette époque est révolue. Pour les équipes souvent jeunes qui viennent d’arriver aux manettes, l’heure est plutôt à la revanche et à la volonté d’isoler l’adversaire. Le traumatisme subi par le parti socialiste n’arrangera rien.

      Alors, peut-on suivre Henri Emmanuelli lorsqu’il dit « que le PS est mort » ? On verra, mais en tout cas, depuis de nombreuses années, de parti de masse classique, il s’était transformé en parti de notables, de grands féodaux bien implantés, disposant du fait de la décentralisation de moyens et de pouvoirs importants.
      Cette structure vient de disparaitre. Elle sera longue à reconstruire. Maintenant,place au FN ?

    • Descartes dit :

      @CVT

      [Hollande a très peu de convictions, mais son avertissement lors de son discours en début d’année sur le pacte de solidarité , montre qu’il peut être sincère: il fera tout ce qu’il est possible pour s’opposer à ceux qui veulent la fin de l’euro et de "l’Europe" (l’UE en fait…).]

      Comme vous dites, Hollande n’est pas un homme de convictions. En janvier, il a cru nécessaire de dénoncer « ceux qui veulent la fin de l’euro et de l’Europe ». Et il était probablement convaincu de ce qu’il disait. Mais janvier, c’était une autre planète. Si comme disait Harold Wilson « une semaine est c’est très long en politique », quatre mois c’est une éternité.

      Je pense que Hollande a réalisé que les objectifs européens sont intenables, et que continuer sur cette voie c’est risquer des conflits sociaux majeurs. Pour économiser 50 milliards, on ne pourra pas se contenter de « remplacer un fonctionnaire sur deux ». Il faudra taper dans les grandes masses de dépense. C’est-à-dire à la santé, à l’éducation, aux dépenses des collectivités locales. Trois domaines où l’on risque une double révolte : celles des classes populaires attachées à leurs services publics, et celle des classes moyennes – médecins, enseignants… – qui vivent en partie de ces budgets. Or, tout le monde sait que la chose à éviter c’est la confluence de ces deux groupes sociologiques. Une fois qu’on a les classes moyennes dans la rue et les ouvriers et employés qui les soutiennent, c’est la fin.

      [Mais je suis partagé car, comme vous, je crois que Hollande est l’un des hommes politiques les plus cyniques qui m’ait été donné de voir.]

      Ce n’est pas véritablement du cynisme. Etre cynique, c’est renoncer à toute illusion quand aux qualités morales des êtres humains concrets. Mais cela n’exclue pas qu’on puisse avoir des convictions. Lénine, De Gaulle, Mitterrand étaient des cyniques. Mais chacun d’eux est resté pourtant sa vie durant fidèle à une vision du monde et à la faire avancer – et c’est en cela qu’ils étaient cyniques – par tous les moyens. Hollande n’est pas cynique. Il est tout simplement imperméable à toute conviction. Pour De Gaulle ou Mitterrand la politique était une passion, pour Hollande c’est un métier, comme vendre du savon. Et si on commence comme attaché de vente et qu’on finit directeur du marketing du savon en question, on a réussi dans la vie. Que le savon soit bon ou mauvais, utile ou pas, n’a pas la moindre importance.

      Hollande n’a jamais voulu gouverner. Il n’a pas de projet, de vision, ni même de mesure à laquelle il soit profondément attaché. Il a voulu être président. C’est-à-dire habiter l’Elysée et pouvoir dire à ses petits camarades « vous voyez, j’ai réussi ».

      [C’est un animal à sang froid, qui peut exploiter sans vergogne les moindres tragédies, fussent-elles historiques (cf Ouradour-sur-Glane avec le président de la RFA ou l’entourloupe de la célébration du centenaire de la Grande Guerre qui commence en 2013…) ou plus contemporaines comme pour les guerres en Afrique (qui, il est vrai, sont nécessaires).]

      Mais en même temps, il n’y arrive pas vraiment. Lorsqu’il parle d’Oradour ou du Mali, on ne sent pas chez lui une véritable émotion, une véritable empathie.

    • Descartes dit :

      @Ifig
      [« Je pense que s’il était convaincu qu’il peut sauver son quinquennat en brûlant l’Europe, il ferait préparer le bûcher tout de suite ». Il y a des limites à la rupture à laquelle Hollande pourrait aller avec les institutions européennes.]

      Je ne suis pas sur. Si le diable se présentait à l’Elysée et proposait à Hollande la réélection en 2017 en échange de son âme, je pense qu’il n’hésiterait pas à signer.

      [« il essaye de faire pression sur la Commission pour obtenir un assouplissement des mesures d’austérité ». Cela, oui, mais pas plus.]

      Parce que c’est de cela qu’il a besoin. La question est : que se passe-t-il si la Commission refuse ?

    • Descartes dit :

      @bovard

      [Nul ne peut exclure l’hypothèse présentée par Jacques.celle d’une cohabitation entre Hollande et le centre droit.]

      Nul ne peut exclure la désintégration de la terre dans l’heure qui suit. Mais on peut tout de même spéculer sur la probabilité d’un tel événement. On voit mal quel serait l’intérêt de la droite à participer à une « cohabitation ». Les deux exemples de cohabitation a mi mandat (1986 et 1997) ont conduit à la défaite. On pourrait à la rigueur comprendre si le « cohabitant » avait cinq ans devant lui et une situation économique saine, comme en 1997. Après tout, cinq ans de pouvoir avec des moyens d’agir, même si c’est pour perdre l’élection présidentielle, cela ne se refuse pas forcément. Mais prendre le gouvernail pour deux ans alors que les caisses sont vides… faut être masochiste.

      [Il a eu un grand éclat de rire quant la suggestion d’une présentation de listes PCF partout a été faite au dernier CN.]

      Vous y assistiez ? Qui avait fait la proposition ?

      [dans ce cas de figure,le PCF pourrait revoir ses alliances en espérant récupérer une partie de l’aile gauche du PS. La stratégie du FdG deviendrait un mauvais souvenir.]

      Ne rêvez pas. Ce qu’on appelle « l’aile gauche du PS », c’est des anciens gauchistes farouchement anticommunistes. Croire que ces gens-là pourraient être « récupérés par le PCF », c’est croire au père Noël.

      [Il y a cependant un constat que l’on peut faire dès maintenant, c’est celui de l’effondrement brutal du socialisme et du communisme municipal. Ainsi à Montreuil où le maire est PCF mais où 16 conseillers sont EELV,10 PS et 6 PCF!]

      Montreuil est un cas très particulier. Patrice Bessac était prêt à tuer père et mère pour s’asseoir dans le fauteuil de la mairie. Oui, d’une certaine manière c’est la mort du « communisme municipal », celui des élus communistes bien implantés et partageant la vie de leurs administrés. De plus en plus nous avons des élus « nomades » qui se présentent là où il y a un bon poste à prendre.

      [Les gains du Front national sont-ils si significatifs ? Il fait partie, depuis trente ans, du paysage politique français. Le gain d’une douzaine de villes (un peu plus qu’en 1995) n’a rien d’ébouriffant.]

      Oui… et non. En 1995, les gains étaient le fait d’activistes incapables de gérer leurs villes. Cette fois-ci, c’est la victoire de « notables » ayant fait un long effort d’implantation, se présentant à chaque fois dans leur ville et accumulant défaite sur défaite jusqu’à arriver à la victoire. Un modèle qui rappelle précisément celui du « communisme municipal », que le PCF a abandonné. Le cas de Steeve Briois est de ce point de vue symptomatique.

      L’importance de la victoire du FN n’est pas quantitative : comme vous le signalez fort justement, les gains en municipalités sont un peu meilleurs qu’en 1995 (même s’il faut admettre que le FN a une implantation sur l’ensemble du territoire qu’il n’avait pas cette année-là). Mais il y a une victoire qualitative : ce n’est pas tout à fait le même FN qui a gagné en 2014…

      [Donc le pauvre PCF lui, en est à l’utilisation des métaphores napoléoniennes pour illustrer l’agonie qui se poursuit. Le site du mensuel Regards titre un article : « la Bérézina, pas Waterloo ».]

      « Regards » prêche pour sa paroisse, et son analyse est plus une expression de désir qu’une analyse de la réalité. Si l’on considère l’affaiblissement du PCF et sa « mutation » pour devenir un parti gauchiste des classes moyennes, je suis au contraire surpris par sa résilience sur le terrain. On pouvait s’attendre à bien pire… En fait, cette résilience s’explique par la qualité des « vieux » maires communistes. C’est d’ailleurs souvent lors du passage de témoin que la mairie est perdue.

      [Les chiffres sont assez effarants. Ce que le PS avait construit en trente-cinq ans vient de partir en fumée. S’il conserve quelques grandes villes tout en perdant la plupart des grandes intercommunalités, il est quasiment éradiqué des villes moyennes.]

      Pour un parti qui est essentiellement un parti d’élus locaux, le coup est extrêmement lourd, en effet. C’est de là que vient l’énorme pression qui s’exerce sur le gouvernement.

      [Un rapide calcul permet de considérer qu’environ 4000 personnes au statut voisin de celui d’un permanent politique sont désormais à la rue, direction Pôle emploi. D’autres les rejoindront. Où les recaser ?]

      Bonne question…

      [Alors, peut-on suivre Henri Emmanuelli lorsqu’il dit « que le PS est mort » ?]

      Ne nous réjouissons pas trop tôt…

    • Ifig dit :

      Descartes: "La question est : que se passe-t-il si la Commission refuse ?"

      Effectivement, c’est la question. Je pense que si la Commission refusait, le gouvernement s’activerait pour combler les déficits en présentant les choses de la manière la plus agréable possible. Ou Hollande dissoudrait, pour faire porter le chapeau à la droite.
      Mais il n’y aura rien d’aussi tranché qu’un refus. L’UE est la reine des compromis obscurs – c’est pratique pour camoufler les points difficiles et que tout le monde garde la face.

    • Descartes dit :

      @ Ifig

      [Effectivement, c’est la question. Je pense que si la Commission refusait, le gouvernement s’activerait pour combler les déficits en présentant les choses de la manière la plus agréable possible.]

      Vous croyez vraiment qu’il existe un gouvernement capable d’imposer au peuple français ce que prétend aujourd’hui la commission ? Vous rêvez. Nos gouvernants en sont d’ailleurs parfaitement conscients. Pour quoi croyez vous que tous les gouvernements, de droite comme de gauche, aussi europhiles soient-ils, ont toujours traîné la patte, promettant des miracles à Bruxelles pour revenir quelques années plus tard demander des délais supplémentaires ? Tout simplement, parce qu’ils ont peur. Sarkozy l’avait très bien dit : « il faut toujours se souvenir que le peuple français est essentiellement régicide ».

      Et pourquoi croyez-vous que Bruxelles accorde à chaque fois un délai ? Parce que les eurocrates n’ont pas envie de prendre le risque d’une révolte dans un pays comme la France.

      [Ou Hollande dissoudrait, pour faire porter le chapeau à la droite.]

      Encore faudrait-il qu’il trouve quelqu’un à droite qui accepte de le mettre…

    • Albert dit :

      J’attends avec impatience vos prochains commentaires sur le discours de Valls!!!

    • Ifig dit :

      Il y a deux raisons, je pense, dans le fait que la politique d’austérité a été poussée bien moins loin en France que dans d’autres pays comparables de la zone euro. La première, que tu cites, est effectivement une peur d’avoir à faire face à des réactions sociales trop fortes; la seconde, je pense, est que les gouvernements (de gauche comme de droite) sont plus spontanément keynésiens que leurs partenaires (Commission et autres gouvernements). Le discours sur "la réorientation de l’UE" n’est pas seulement à visée interne; il y a effectivement envie de pousser une réorientation vers ce qui est vu comme une meilleure politique. Voir aussi les critiques du FMI à l’UE, avec Blanchard comme chef économiste. C’est la même école économique.

      Je pense que le risque d’explosion sociale est surestimé, mais bon, qui sait? Et comme tu dis, la Commission ne peut pas se fâcher longtemps avec le gouvernement français, donc l’objectif est maintenant de trouver un compromis acceptable pour tout le monde qui permettra de sauver la face des deux côtés.

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Et pourquoi croyez-vous que Bruxelles accorde à chaque fois un délai ? Parce que les eurocrates n’ont pas envie de prendre le risque d’une révolte dans un pays comme la France.]

      Il y a vingt ans, j’aurais été d’accord avec vous, mais aujourd’hui, c’est beaucoup moins sûr…
      L’apathie des Français est préoccupante, et elle est surtout due à cet air du temps libéral-libertaire, qui s’ajoute à un tropisme férocement individualiste. Bien souvent, lorsque les Français régissent, c’est qu’il est déjà trop tard car ils sont foncièrement incapables d’actions collectives.
      Je suis bien moins optimiste que vous sur la volonté des Français de réagir contre les attaques des acquis sociaux: de plus en plus, c’est chacun pour soi et le marché pour tous. J’en veux pour preuve la défiance des Français à l’égard de l’UE, mais leur désir de se maintenir dans la zone euro, alors que c’est précisément celle-ci qui est à l’origine de nos problèmes, du moins, qui empêchera toute résolution de nos problèmes. Je reproche à mes compatriotes d’être inconséquents et égoïstes car ils estiment s’en sortir chacun de leur côté: on ne peut pas vouloir rester dans l’euro et avoir un pays prospère, il faut choisir! C’est bien ce non-choix qui me fait bouillir…

    • Descartes dit :

      @Albert

      [J’attends avec impatience vos prochains commentaires sur le discours de Valls!!!]

      Ca vient, ca vient…!

    • Descartes dit :

      @ Ifig

      [Il y a deux raisons, je pense, dans le fait que la politique d’austérité a été poussée bien moins loin en France que dans d’autres pays comparables de la zone euro. (…); la seconde, je pense, est que les gouvernements (de gauche comme de droite) sont plus spontanément keynésiens que leurs partenaires (Commission et autres gouvernements).]

      Je partage en partie. Il est vrai que l’Etat joue dans notre imaginaire national un rôle très différent que celui qu’il joue chez beaucoup de nos partenaires. Il y a une demande de présence de l’Etat qui conduit assez naturellement celui-ci à intervenir dans l’économie, et donc à pratiquer des politiques keynésiennes. En France, même la droite soi-disant « libérale » – Sarkozy est un bon exemple – estime légitime que l’Etat intervienne pour sauver une entreprise ou soutenir la consommation.

      [Le discours sur "la réorientation de l’UE" n’est pas seulement à visée interne; il y a effectivement envie de pousser une réorientation vers ce qui est vu comme une meilleure politique.]

      C’est complexe. Les élites françaises ont pendant longtemps imaginé une Europe qui serait une France en plus grand, avec un « gouvernement européen » qui interviendrait dans l’économie pour faire des politiques colbertistes ou keynésiennes. C’est d’ailleurs un peu le problème : ces élites n’ont toujours pas compris que l’Europe qu’ils appellent de leurs vœux est impossible, que de la même manière que les français n’embrasseront jamais vraiment une Europe libérale, les britanniques ou les finlandais n’embrasseront jamais vraiment l’Europe interventionniste dont ils rêvent. Ils continuent à se raconter que si l’on faisait « plus d’Europe », l’Europe deviendrait par une mutation magique celle qu’ils rêvent.

      [Je pense que le risque d’explosion sociale est surestimé, mais bon, qui sait?]

      Personne. Rien n’est aussi difficile à prévoir qu’un séisme. Il y a quand même une conjonction dangereuse, qui a précédé plusieurs de nos « révolutions » : un gouvernement qui perd simultanément le soutien des classes moyennes et celui des couches populaires. Pour des raisons différentes, bien entendu. Dans cette situation, on jette au crocodile les couches populaires pour protéger les classes moyennes. Le problème, c’est qu’il ne reste plus grande chose à jeter…

    • Descartes dit :

      @CVT

      [Il y a vingt ans, j’aurais été d’accord avec vous, mais aujourd’hui, c’est beaucoup moins sûr…
      L’apathie des Français est préoccupante, et elle est surtout due à cet air du temps libéral-libertaire, qui s’ajoute à un tropisme férocement individualiste. Bien souvent, lorsque les Français régissent, c’est qu’il est déjà trop tard car ils sont foncièrement incapables d’actions collectives.]

      Je ne pense pas que ce soit de « l’apathie ». C’est plutôt l’incapacité des mouvements politiques à proposer des alternatives crédibles à ce que propose la bienpensance, celle de gauche comme celle de droite d’ailleurs. Pour qu’il y ait « action collective », il faut qu’il y ait un projet alternatif suffisamment crédible. A quoi ça sert de sortir dans la rue pour dire « je suis pas content, nan ! » si on n’a rien à mettre à la place ?

      [Je suis bien moins optimiste que vous sur la volonté des Français de réagir contre les attaques des acquis sociaux: de plus en plus, c’est chacun pour soi et le marché pour tous. J’en veux pour preuve la défiance des Français à l’égard de l’UE, mais leur désir de se maintenir dans la zone euro, alors que c’est précisément celle-ci qui est à l’origine de nos problèmes, du moins, qui empêchera toute résolution de nos problèmes.]

      Je ne peux que me répéter. Pour que la « défiance des Français à l’égard de l’UE » devienne un désir d’en sortir, il faut qu’il y ait une proposition alternative, et que cette proposition soit crédible. Qui explique aujourd’hui ce que serait une France en dehors de l’Euro, par exemple ? Qui explique aux français d’une manière sérieuse et documentée ce qu’on perdrait et ce qu’on gagnerait au change, pour que chacun puisse se faire son opinion ? Personne.

  5. marc.malesherbes dit :

    Bonjour,
    vous écrivez:

    "parce qu’EELV se révèle un allié opportuniste, et donc bien plus hégémonique et beaucoup moins fiable que le PCF. Grenoble, qui devait être l’illustration de la « nouvelle alliance » entre le PG et EELV – le mot est d’Eric Coquerel – est devenue au contraire l’illustration du fait qu’EELV n’entend pas partager une once de pouvoir avec ses « alliés » et se permet même de les mettre en garde contre toute velléité de partage du pouvoir. La « nouvelle alliance » étant mort-née …"

    Pouvez-vous expliquer davantage ? je n’ai pas vu d’informations sur ce sujet ….

    Merci

    • Descartes dit :

      @marc.malesherbes

      [Pouvez-vous expliquer davantage ? je n’ai pas vu d’informations sur ce sujet ….]

      Le terme « nouvelle alliance » est utilisé par Eric Coquerel dans un billet publié sur le site du PG suite aux résultats du premier tour de la liste EELV à Grenoble, à laquelle le PG participait. La tonalité de l’article – comme vous pouvez le constater – est celle d’un renversement d’alliances entre le PCF et EELV. Depuis, Piolle l’a emporté à Grenoble, mais les espoirs de rapprochement ne se sont pas matérialisés. Côté Piolle, son discours d’investiture à la mairie de Grenoble ne fait aucune place au PG, et dans les discussions au conseil national des verts la victoire grenobloise est présentée comme une victoire d’EELV exclusivement, sans aucune référence à ses alliés. Par ailleurs, EELV réaffirme son « appartenance à la majorité », ce qui cadre mal avec la stratégie « d’autonomie conquérante » – nom code pour « on hait le PS » – du PG.

      Plusieurs interprétations sont possibles – et pas nécessairement exclusives. D’une part, après avoir réalisé que l’échec de son OPA sur le PCF était définitif, Mélenchon a commencé à faire les yeux doux à d’autres pour trouver une alliance alternative. Le NPA n’était pas intéressé. Certains au PG – et notamment les plus anticommunistes parmi les porte-flingue de Mélenchon, comme Corbière ou Coquerel – se sont orientés vers EELV. D’autre part, dans la partie de poker menteur que sont les négociations PG-PCF, le premier cherche peut-être à persuader le second qu’il a une alliance alternative pour faire pression sur lui…

      Dans le deux cas, les faits sont têtus. EELV est un ramassis d’opportunistes qui ne rêvent d’une chose – le pouvoir – et qui sont prêts à tout pour l’avoir. Mélenchon se fait des grandes illusions s’il croit qu’on peut discuter avec EELV comme on discute avec le PCF. Lorsque les communistes s’engagent, ils tiennent parole.

  6. dsk dit :

    Dans ce long texte très beau, j’ai compté les mots.
    2748 ! Je dis bravo !
    Autant sur le remplacement par Valls d’Ayrault,
    soit par nul de zéro, vous êtes un vrai héros !

    • Descartes dit :

      @dsk

      [Dans ce long texte très beau, j’ai compté les mots. 2748 ! Je dis bravo !]

      Vous n’avez rien de mieux à faire que de compter des mots ?

    • dsk dit :

      ["Vous n’avez rien de mieux à faire que de compter des mots ?"]

      Si. C’est pourquoi j’ai donné ce chiffre de 2748 au hasard…

      ["Valls est clairement un repoussoir pour les gauchistes et les écolo-bobos, et un homme détesté par ces gens-là ne peut être foncièrement mauvais."]

      Plus sérieusement, je crois que votre détestation des gauchistes et autres "écolo-bobos" vous rend aveugle. Elle vous ferait prendre un vulgaire canasson de boucherie pour un pur-sang, de même, d’ailleurs, qu’elle vous a fait prendre un Sarkozy pour un De Gaulle. Concrètement, qu’a fait Valls d’un tant soit peu remarquable durant toute sa carrière ? Vous qui l’avez pourtant justement dénoncée, avez-vous déjà oublié l’inacceptable atteinte aux libertés qu’aura causé sa guerre folle contre Dieudonné ?

    • Descartes dit :

      @dsk

      [« Vous n’avez rien de mieux à faire que de compter des mots ? ». Si. C’est pourquoi j’ai donné ce chiffre de 2748 au hasard…]

      On dit ça…

      [Plus sérieusement, je crois que votre détestation des gauchistes et autres "écolo-bobos" vous rend aveugle. Elle vous ferait prendre un vulgaire canasson de boucherie pour un pur-sang, de même, d’ailleurs, qu’elle vous a fait prendre un Sarkozy pour un De Gaulle.]

      Ou donc avez vous vu que je « prenais un Sarkozy pour un De Gaulle » ? De grâce, ne plaquez pas sur moi vos propres fantasmes. Je pense, oui, que Sarkozy n’est pas le diable incarné que nous dépeint la gauche médiatique. Je pense aussi que son quinquennat n’a pas été le désastre intégral que certains veulent voir, et que dans certains domaines – la politique industrielle et énergétique, notamment, et je parle de ce que je connais bien – les réalisations sarkozyennes sont loin d’être négligeables. J’en ai commenté quelques unes sur ce blog, je n’y reviens pas. Je pense aussi que sa « gestion de crise » lors de ce qui aurait pu devenir une panique bancaire a été particulièrement décisive et intelligente. Je pense aussi qu’au niveau humain, c’est un personnage intéressant, bien plus complexe que sa caricature. Pour toutes ces raisons, j’ai tendance à prendre le contre-pied du « Sarkozy-bashing » à la mode dans les cercles politiques, « bashing » qui, d’ailleurs, ressemble un peu trop quelquefois à un snobisme des élites installées pour le « parvenu ». Mais de là à « prendre un Sarkozy pour un De Gaulle », il y a un pas que je ne franchirai pas. Vous procédez par amalgame, mon cher, ce qui est un procédé détestable.

      [Concrètement, qu’a fait Valls d’un tant soit peu remarquable durant toute sa carrière ?]

      Rien. Qu’avait fait De Gaulle de « un tant soit pu remarquable » avant 1940 ? Rien, non plus. Bon, c’est vrai, il avait écrit un livre sur l’utilisation de l’arme blindée, mais en 1939 personne ne pouvait savoir que c’était un livre visionnaire. Ce sont aussi les circonstances qui font les hommes…

      Et avant que vous m’accusiez de « prendre un Valls pour un De Gaulle », je peux vous assurer que rien n’est plus loin de ma pensée. Mais j’applique à Valls la même méthode que j’applique à tous les hommes politiques : j’essaye de laisser de côté passions et préjugés pour les passer au crible de l’analyse rationnelle. Valls est, il est vrai, un digne représentant de cette génération politique postmitterrandienne pour qui les idées sont secondaires et passent derrière les contraintes de l’ambition. Inutile d’attendre de lui un projet, il n’en a pas. Par contre, il essaiera de lire les rapports de force et d’y coller au plus près. Et c’est là que cela devient intéressant, parce que les vents électoraux soufflent résolument contre Bruxelles.

      La grande qualité de Valls, c’est que c’est un homme intellectuellement libre. Il n’est pas soumis ni aux fantasmagoriies ni à la lourde vulgate « politiquement correcte » de la gauche. Sa seule concession dans ce domaine – l’affaire Dieudonné – s’est d’ailleurs fort mal terminé pour lui, avec des sondages catastrophiques.

      [Vous qui l’avez pourtant justement dénoncée, avez-vous déjà oublié l’inacceptable atteinte aux libertés qu’aura causé sa guerre folle contre Dieudonné ?]

      Bien sur que non. Mais si on défénestrait les personnalités politiques à la première « atteinte inacceptable », il ne resterait pas beaucoup de monde pour gouverner le pays. La démocratie, c’est ça : des gouvernants qui de temps en temps font des choses « inacceptables », et le contrôle des institutions et du peuple souverain pour leur mettre des limites. Valls a été lourdement sanctionné politiquement pour cette tentative de rameuter le vote « socio-bobo » en montant dans le train de l’antiracisme d’Etat. Et je serais étonné qu’il n’en tire pas les leçons.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      ["Par contre, il essaiera de lire les rapports de force et d’y coller au plus près."]

      Là-dessus, je vous suis totalement. Valls est un carriériste opportuniste comme on en a rarement vu, et pourtant, Dieu sait si on en a vu…

      "Et c’est là que cela devient intéressant, parce que les vents électoraux soufflent résolument contre Bruxelles."]

      Pour l’instant, vos "vents électoraux" ne soufflent, alternativement, que de l’UMP au PS, puis du PS à l’UMP. Le seul "vent électoral" contre Bruxelles, qui commence tout juste de se lever, c’est le vote FN. Or, si un jour ce vent tendait à devenir dominant, Montebourg serait infiniment mieux placé que le "social libéral" Valls pour se tourner dans son sens.

      ["Valls a été lourdement sanctionné politiquement pour cette tentative de rameuter le vote « socio-bobo » en montant dans le train de l’antiracisme d’Etat."]

      Vous plaisantez ? Il vient d’être nommé Premier ministre !

      ["Ou donc avez vous vu que je « prenais un Sarkozy pour un De Gaulle » ?"]

      C’est que, lors d’une discussion précédente, vous aviez qualifié Sarkozy de "personnage qui, avec ses immenses défauts, reste un « ovni » dans l’univers de la droite. Et qui ressemble beaucoup plus à De Gaulle que certains ne veulent le reconnaître…".

      ["Je pense aussi que sa « gestion de crise » lors de ce qui aurait pu devenir une panique bancaire a été particulièrement décisive et intelligente."]

      Ah bon ? Je sais que c’est ce que répètent bon nombre de sarkozystes, Guaino, par exemple, qui a également déclaré que Sarkozy avait sauvé la démocratie dans le monde. Mais sauriez-vous m’expliquer en quoi, exactement, sa gestion de la panique bancaire aurait été intelligente et décisive ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Pour l’instant, vos "vents électoraux" ne soufflent, alternativement, que de l’UMP au PS, puis du PS à l’UMP. Le seul "vent électoral" contre Bruxelles, qui commence tout juste de se lever, c’est le vote FN. Or, si un jour ce vent tendait à devenir dominant, Montebourg serait infiniment mieux placé que le "social libéral" Valls pour se tourner dans son sens.]

      Pas sûr. Montebourg est un avocat : beaucoup de paroles, mais pas beaucoup de sens pratique. Valls a beaucoup de défauts, mais il a au moins une qualité : il est capable d’organiser une boutique.

      [« Valls a été lourdement sanctionné politiquement pour cette tentative de rameuter le vote « socio-bobo » en montant dans le train de l’antiracisme d’Etat. » Vous plaisantez ? Il vient d’être nommé Premier ministre !]

      Par le président, pas par les électeurs. L’affaire Dieudonné lui avait coûté entre 7 % et 10 % dans les sondages.

      [« Ou donc avez vous vu que je « prenais un Sarkozy pour un De Gaulle ? » C’est que, lors d’une discussion précédente, vous aviez qualifié Sarkozy de "personnage qui, avec ses immenses défauts, reste un « ovni » dans l’univers de la droite. Et qui ressemble beaucoup plus à De Gaulle que certains ne veulent le reconnaître…".]

      Je constate que vous passez un peu vite de « ressemble beaucoup plus que certains ne veulent le reconnaître » (c’est-à-dire, en rien) à « Sarkozy est un De Gaulle »…

      [« Je pense aussi que sa « gestion de crise » lors de ce qui aurait pu devenir une panique bancaire a été particulièrement décisive et intelligente. » Ah bon ? Je sais que c’est ce que répètent bon nombre de sarkozystes, Guaino, par exemple, qui a également déclaré que Sarkozy avait sauvé la démocratie dans le monde.]

      Pourriez-vous m’indiquer la référence exacte ou l’on peut trouver ce commentaire de Guaino ? Dans la négative, je me verrais obligé de conclure que votre tendance à faire dire aux gens ce qui vous arrange – voir ci-dessus – a encore frappée…

      [Mais sauriez-vous m’expliquer en quoi, exactement, sa gestion de la panique bancaire aurait été intelligente et décisive ?]

      Je pense aux garanties et des fonds de recapitalisation fournis en octobre 2008 et en janvier 2009. Ce en quoi Sarkozy – ou celui qu’il a choisi pour le conseiller – a été « intelligent et décisif », c’est qu’il a pris des mesures non seulement très rapidement, mais il en a pris sur une échelle massive (300 Md€ de garanties, 50 Md€ de fonds), ce qui a convaincu le marché que l’Etat français ne permettrait pas la mise en difficulté d’une banque française. Même celles qui étaient les plus engagées ont pu laisser passer la tempête. Par ailleurs, l’intervention n’a rien coûté à l’Etat : tous les fonds ont été remboursés à l’Etat – avec une confortable plus-value. D’autres pays ont choisi de laisser des banques faire faillite – les USA avec Lehmann Brothers – et s’en sont mordus les doigts. D’autres ont eu des interventions plus graduelles, qui laissaient des doutes sur leurs intentions comme ce fut le cas de la Grande Bretagne avec Black Rock, nationalisée en catastrophe alors que la panique avait commencé.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      ["Valls a beaucoup de défauts, mais il a au moins une qualité : il est capable d’organiser une boutique."]

      Peut-être. Mais je ne l’imagine vraiment se métamorphoser pas en leader anti-UE. Il lui faudrait pour cela, au minimum, le génie d’un Mitterrand, ce qu’il est loin de posséder, concédez-le.

      ["Par le président, pas par les électeurs. L’affaire Dieudonné lui avait coûté entre 7 % et 10 % dans les sondages."]

      L’avis du peuple compte infiniment moins que celui du Président, qui lui-même est à 20 % dans les sondages, et ne semble pas pour autant disposé à en "tirer les leçons".

      ["Ah bon ? Je sais que c’est ce que répètent bon nombre de sarkozystes, Guaino, par exemple, qui a également déclaré que Sarkozy avait sauvé la démocratie dans le monde."] ["Pourriez-vous m’indiquer la référence exacte ou l’on peut trouver ce commentaire de Guaino ?"]

      Accrochez-vous. A partir de 11:50 :

      http://www.lexpress.fr/actualite/politique/guaino-sans-sarkozy-il-n-y-aurait-plus-de-democratie-dans-le-monde_1302431.html

      ["Ce en quoi Sarkozy – ou celui qu’il a choisi pour le conseiller – a été « intelligent et décisif », c’est qu’il a pris des mesures non seulement très rapidement, mais il en a pris sur une échelle massive (300 Md€ de garanties, 50 Md€ de fonds), ce qui a convaincu le marché que l’Etat français ne permettrait pas la mise en difficulté d’une banque française."]

      Je vous rappelle qu’il s’agissait là d’une décision prise par l’Eurogroupe le 12 octobre 2008, qui réunissait l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la zone euro, ainsi que le Président de la Commission européenne, le Président de la BCE, et le Premier ministre britannique de l’époque, M. Gordon Brown. C’est du reste en s’inspirant des solutions de ce dernier que ce plan de sauvetage a été mis au point. Il est vrai, cependant, que cette réunion a eu lieu à Paris, ce qui a permis à Sarkozy de se présenter dans les médias comme le sauveur de l’économie mondiale…

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Peut-être. Mais je ne l’imagine vraiment se métamorphoser pas en leader anti-UE.]

      Sauf s’il y a des voix à gagner de ce côté-là. Je trouve votre vision de Valls assez curieuse : d’un côté, vous le considérez un opportuniste sans foi ni loi prêt à suivre n’importe quel chemin pourvu qu’il conduise à l’Elysee. D’un autre, vous lui accordez une fidélité absolue à des principes « européistes » qui font que jamais au grand jamais il ne prendra une position anti-UE, même si c’est utile à sa carrière. Accordez moi que c’est assez contradictoire…

      [Il lui faudrait pour cela, au minimum, le génie d’un Mitterrand, ce qu’il est loin de posséder, concédez-le.]

      Je vous accorde volontiers qu’en termes de génie tactique, il n’arrive pas à la cheville de Mitterrand. Cela étant dit, ses adversaires n’arrivent, eux non plus, à la cheville des gens qui se sont mis sur le chemin de Mitterrand…

      [L’avis du peuple compte infiniment moins que celui du Président, qui lui-même est à 20 % dans les sondages, et ne semble pas pour autant disposé à en "tirer les leçons".]

      Il n’empêche que c’est le peuple qui élit. En 2017, l’avis du peuple comptera infiniment plus que celui du président sortant.

      ["Ah bon ? Je sais que c’est ce que répètent bon nombre de sarkozystes, Guaino, par exemple, qui a également déclaré que Sarkozy avait sauvé la démocratie dans le monde."] ["Pourriez-vous m’indiquer la référence exacte ou l’on peut trouver ce commentaire de Guaino ?"][Accrochez-vous. A partir de 11:50 : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/guaino-sans-sarkozy-il-n-y-aurait-plus-de-democratie-dans-le-monde_1302431.html%5D

      Je m’accroche. Nulle part ne figure la formule « Sarkozy a sauvé la démocratie dans le monde ». Le raisonnement de Guaino n’est pas tout à fait celui-là. Son idée est qu’une crise bancaire massive aurait mis par terre l’ensemble des régimes démocratiques – ce qui se discute, mais qu’on ne peut balayer d’un revers de manche – et que l’action de Sarkozy a été décisive pour éviter cette crise bancaire – ce qui, là encore, est discutable. En d’autres termes, l’action de Sarkozy fut une condition NECESSAIRE au « sauvetage de la démocratie », mais pas une condition SUFFISANTE, comme l’entend la formule que vous lui avez attribué.

      [Je vous rappelle qu’il s’agissait là d’une décision prise par l’Eurogroupe le 12 octobre 2008, qui réunissait l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la zone euro, ainsi que le Président de la Commission européenne, le Président de la BCE, et le Premier ministre britannique de l’époque, M. Gordon Brown.]

      Oui et non. Une partie des décisions était européenne, mais vous savez très bien que les « eurogroupes » ne prennent pas de décisions tranchés s’il n’y a pas un leader qui prend la tête des opérations. L’action de Sarkozy fut, à mon sens, décisive. Mais il n’y a pas que des décisions européennes. Il y a eu aussi des décisions nationales d’accorder des prêts et des garanties aux principales banques françaises.

      [C’est du reste en s’inspirant des solutions de ce dernier que ce plan de sauvetage a été mis au point. Il est vrai, cependant, que cette réunion a eu lieu à Paris, ce qui a permis à Sarkozy de se présenter dans les médias comme le sauveur de l’économie mondiale…]

      Je pense que votre antisarkozysme primaire vous égare. Il faut avoir l’honnêteté de rendre honneur là où honneur est du. Sarkzoy a fait beaucoup de bêtises pendant son mandat. Mais reconnaissons que sur un certain nombre de sujets – et particulièrement lorsqu’il s’est agi de gérer des crises – il a fait preuve d’une intuition et d’une réactivité remarquables. Et ce n’est pas devenir « sarkozyste » que de le reconnaître.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      ["Peut-être. Mais je ne l’imagine vraiment se métamorphoser pas en leader anti-UE."] ["Sauf s’il y a des voix à gagner de ce côté-là."]

      Vous m’avez mal compris. Si je le "vois mal" dans ce rôle, c’est que, du fait de son passé comme de sa personnalité, il ne me paraîtrait pas crédible dans un tel rôle. Regardez comme Dupont-Aignan, par exemple, a du mal à se faire passer pour un rebelle anti-système. Alors imaginez un peu Valls…

      ["Mais reconnaissons que sur un certain nombre de sujets – et particulièrement lorsqu’il s’est agi de gérer des crises – il a fait preuve d’une intuition et d’une réactivité remarquables."]

      Ce ne sont là que les "éléments de langage" de l’hagiographie sarkozyenne. Désolé de vous décevoir, mais en l’absence d’une quelconque démonstration objective, je ne vois pas comment je pourrais le "reconnaître". Je trouve, du reste, intéressant de se pencher sur ces termes, largement utilisés par la propagande sarkozyste : "intuition", "réactivité". N’était-ce pas là, simplement, une façon de présenter sous un jour flatteur ce qui n’était que l’incapacité de Sarkozy à fonder son action sur la réflexion ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Vous m’avez mal compris. Si je le "vois mal" dans ce rôle, c’est que, du fait de son passé comme de sa personnalité, il ne me paraîtrait pas crédible dans un tel rôle. Regardez comme Dupont-Aignan, par exemple, a du mal à se faire passer pour un rebelle anti-système. Alors imaginez un peu Valls…]

      On aura vu des choses plus étranges. Pensez à Mitterrand… qui aurait dit qu’un jour ce vichyste de cœur, ce chevalier de l’anticommunisme, l’homme de « l’Algérie, c’est la France », l’ami de Bousquet et de Schuller serait un jour la coqueluche du NouvelObs, l’icône de la Gauche, l’homme de « la rupture avec le capitalisme » ? Voilà un homme qui a assumé successivement tous les rôles et leur contraire, et réussi à être « crédible » dans chacun d’entre eux.

      Vous me direz que Valls n’est pas Mitterrand, est c’est vrai. Mais ce qui a permis à Mitterrand d’être « crédible », c’est surtout l’envie de croire de la gauche. Et lorsque vous avez envie de croire, on peut transformer le plomb en or. Quand on a envie de croire, on peut oublier le passé, effacer les contradictions, ignorer les faits. Si Mélenchon peut passer pour un eurosceptique, pourquoi pas Valls ?

      [Ce ne sont là que les "éléments de langage" de l’hagiographie sarkozyenne. Désolé de vous décevoir, mais en l’absence d’une quelconque démonstration objective, je ne vois pas comment je pourrais le "reconnaître".]

      Mais quelle « démonstration objective » voulez-vous ? Prenez l’affaire Alstom. La nationalisation partielle a, cela est reconnu par tous les connaisseurs du dossier, sauvé l’entreprise. Mettriez vous ce fait d’armes à l’actif de Sarkozy ? Je vois déjà la réponse…

      [Je trouve, du reste, intéressant de se pencher sur ces termes, largement utilisés par la propagande sarkozyste : "intuition", "réactivité". N’était-ce pas là, simplement, une façon de présenter sous un jour flatteur ce qui n’était que l’incapacité de Sarkozy à fonder son action sur la réflexion ?]

      Je n’irai pas jusque là. Mais chacun fait sa publicité à partir de ses points forts. Et personne – même pas ses partisans – ne considèrent que la réflexion et l’introspection soient des points forts chez notre ancien président. Ce que je trouve malheureux, c’est ce refus de reconnaître que Sarkozy avait quelques points forts. D’abord, parce que c’est absurde : on n’arrive pas à se faire élire président de la République et à gouverner pendant cinq ans si l’on n’a pas quelques atouts personnels. Refuser à Sarkozy toute compétence, toute qualité, c’est rendre sa présidence par avance inexplicable. Je ne trouve pas cette attitude très saine.

      La force de Sarkozy, c’était sa réactivité, son intuition et j’ajouterais, son énergie. Conjuguée à sa capacité à s’entourer de gens très différents de lui, à les écouter, à les mettre en valeur et donc à créer chez eux des fidélités durables. Inculte, incapable de réflexion profonde, il a su compenser ces défauts en s’entourant de gens cultivés et réflexifs. Si l’on n’admet pas ça, on ne comprend pas comment Sarkozy est arrivé au pouvoir, ni comment il l’a exercé. Et moi, personnellement, cela m’amuse plus d’essayer de comprendre les gens que de leur cracher dessus…

    • dsk dit :

      @ Descartes

      ["La force de Sarkozy, c’était sa réactivité, son intuition et j’ajouterais, son énergie."]

      C’est possible. En tout cas, c’est l’image de lui qu’il a su transmettre à certains.

      ["Conjuguée à sa capacité à s’entourer de gens très différents de lui, à les écouter, à les mettre en valeur et donc à créer chez eux des fidélités durables."]

      Auriez-vous des exemples, mis à part Guaino et Buisson ?

      ["Inculte, incapable de réflexion profonde, il a su compenser ces défauts en s’entourant de gens cultivés et réflexifs."]

      C’est proprement surnaturel. Lui-même "inculte, incapable de réflexion profonde", il serait néanmoins capable de discerner l’absence de ces défauts chez les autres ? Par exemple, chez Bernard-Henri Lévy ?

      ["Si l’on n’admet pas ça, on ne comprend pas comment Sarkozy est arrivé au pouvoir, ni comment il l’a exercé."]

      Je pense que Sarkozy était tellement incompétent dans tous les domaines qu’il n’avait d’autre choix que de laisser faire les "spécialistes", tout simplement. Mais peut-être est-ce là, précisément, tout ce que vous attendez d’un Président ?

      ["Et moi, personnellement, cela m’amuse plus d’essayer de comprendre les gens que de leur cracher dessus…"]

      Je ne "crache" pas sur Sarkozy. En tout cas pas plus que vous sur Hollande, dont je ne me souviens pas qu’il ait souvent trouvé grâce à vos yeux.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [« La force de Sarkozy, c’était sa réactivité, son intuition et j’ajouterais, son énergie. ». C’est possible. En tout cas, c’est l’image de lui qu’il a su transmettre à certains.]

      Il est difficile de créer une image et de la soutenir aussi longtemps s’il n’y a pas une certaine réalité derrière. Par ailleurs, si vous ne reconnaissez à Sarkozy ni des qualités d’action, ni des qualités de réflexion, il faudrait m’expliquer comment il a réussi à être président de la République.

      [« Conjuguée à sa capacité à s’entourer de gens très différents de lui, à les écouter, à les mettre en valeur et donc à créer chez eux des fidélités durables. ». Auriez-vous des exemples, mis à part Guaino et Buisson ?]

      Patrick Devedjian, Eric Besson, Claude Guéant… Giscard ou Mitterrand maltraitaient leurs collaborateurs, au point même de provoquer des suicides, et ceux qui ont travaillé avec eux se sont souvent répandus plus tard dans des livres et des entretiens acides. C’est tout le contraire avec Sarkozy : difficile de trouver un ancien collaborateur proche qui lui ait martelé le portrait. Au contraire, tous signalent son incapacité à virer un collaborateur, même en cas d’incompétence manifeste.

      [« Inculte, incapable de réflexion profonde, il a su compenser ces défauts en s’entourant de gens cultivés et réflexifs. ». C’est proprement surnaturel. Lui-même "inculte, incapable de réflexion profonde", il serait néanmoins capable de discerner l’absence de ces défauts chez les autres ? Par exemple, chez Bernard-Henri Lévy ?]

      Je ne suis pas sur de comprendre la question. Je suis incapable de jouer du piano, et cela ne m’empêche pas d’admirer Arthur Rubinstein. La plupart des hommes d’Etat ont été conscients de leurs limitations dans certains domaines, et une partie de leur grandeur repose sur leur capacité à s’entourer de gens plus compétents qu’eux pour s’en occuper. Le fait d’être divinisé n’a pas empêché Staline, tout maréchal qu’il était, de s’abstenir prudemment de prendre le commandement de l’Armée Rouge et de laisser les opérations à Timochenko ou Joukov, qui étaient bien plus compétents que lui en tant que commandant militaire. Quant à Bernard-Henri Lévy, je pense qu’il a parfaitement cerné le personnage : il l’a caressé médiatiquement dans le sens du poil tout en le gardant prudemment à distance.

      [« Si l’on n’admet pas ça, on ne comprend pas comment Sarkozy est arrivé au pouvoir, ni comment il l’a exercé. » Je pense que Sarkozy était tellement incompétent dans tous les domaines qu’il n’avait d’autre choix que de laisser faire les "spécialistes", tout simplement.]

      Ce n’est pas si « simple » que ça, et l’incompétence la plus crasse n’a jamais empêché des politiques de refuser leur confiance aux spécialistes et d’essayer de faire les choses par eux mêmes. Je ne donnerai pas d’exemple pour ne pas faire de jaloux, mais je pense que vous en trouverez un sans avoir à chercher trop loin. Le simple fait d’admettre sa propre incompétence et de faire confiance à des gens plus compétents que soi est, pour un homme politique, un mérite énorme.

      [Mais peut-être est-ce là, précisément, tout ce que vous attendez d’un Président ?]

      Tout à fait.

      [« Et moi, personnellement, cela m’amuse plus d’essayer de comprendre les gens que de leur cracher dessus… ». Je ne "crache" pas sur Sarkozy. En tout cas pas plus que vous sur Hollande, dont je ne me souviens pas qu’il ait souvent trouvé grâce à vos yeux.]

      Je ne me souviens pas d’avoir « craché sur Hollande ». Au contraire, j’ai reconnu en lui un tacticien hors pair. Je n’ai jamais nié sa culture ni son intelligence. Je ne pense pas qu’on puisse me reprocher de tomber dans le « antihollandisme primaire » ni de lui vouer la haine irrationnelle que beaucoup à gauche vouent à Sarkozy, et dont vous donnez l’exemple en refusant de lui reconnaître la moindre qualité, même pas celles qui sont chez lui assez évidentes. Tiens, amusons-nous: pourriez vous me dire trois qualités que vous reconnaissez sans réserve à Nicolas Sarkozy ?

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [" Par ailleurs, si vous ne reconnaissez à Sarkozy ni des qualités d’action, ni des qualités de réflexion, il faudrait m’expliquer comment il a réussi à être président de la République."]

      Toutes choses égales par ailleurs, il faut aussi certaines "qualités d’action et de réflexion" pour devenir le chef de la Mafia. Ce n’est pas pour autant que vous me ferez voter Lucky Luciano aux prochaines élections…

      ["C’est tout le contraire avec Sarkozy : difficile de trouver un ancien collaborateur proche qui lui ait martelé le portrait. Au contraire, tous signalent son incapacité à virer un collaborateur, même en cas d’incompétence manifeste."]

      Faux. Souvenez-vous de son ancien proche collaborateur, David Martinon, qui fut même son "porte-parole de la Présidence de la République", et qu’il a brutalement expédié à Los Angeles avec le grade de simple consul. Quoi qu’il en soit, le simple citoyen que je suis n’a que faire de la prétendue gentillesse de Sarkozy avec ses collaborateurs. A la limite, il vaudrait même mieux, pour la France, qu’il soit, justement, capable de virer ses collaborateurs incompétents.

      ["Je ne suis pas sur de comprendre la question. Je suis incapable de jouer du piano, et cela ne m’empêche pas d’admirer Arthur Rubinstein."]

      Bien sûr. Mais si vous n’entendiez rien à la philosophie, seriez-vous capable d’admirer Kant ?

      ["Je ne me souviens pas d’avoir « craché sur Hollande ». Au contraire, j’ai reconnu en lui un tacticien hors pair. Je n’ai jamais nié sa culture ni son intelligence."]

      Moi si. Je ne pense qu’on puisse être cultivé et intelligent et commettre un tel pléonasme que : "Je fais savoir que j’ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler".

      ["Tiens, amusons-nous: pourriez vous me dire trois qualités que vous reconnaissez sans réserve à Nicolas Sarkozy ?"]

      Premièrement, je dirais que sa nullité assumée avait effectivement du bon, dans la mesure où elle a laissé le champ libre aux "spécialistes". De ce point de vue, le sarkozysme était sans doute préférable au hollandisme, car globalement, l’amateurisme et l’idéologie y prenaient moins de place. Au bout du compte, tandis que cet histrion épuisant s’excitait à l’avant-scène médiatique, l’État, lui, faisait plus tranquillement son boulot. Deuxièmement, si cela peut vous faire plaisir, je veux bien reconnaître que Sarkozy était un "tacticien hors pair", tout comme Hollande. Troisièmement, et surtout, je crois que Sarkozy, de par son absence même de convictions et d’idéal, était un réaliste et un pragmatique. C’est là, à mon avis, ce qui faisait toute sa force, et ce en quoi il avait sans doute une réelle valeur politique, dans la mesure où il révélait les faux-semblants idéologiques de ses adversaires.

    • Descartes dit :

      @dsk

      [« Par ailleurs, si vous ne reconnaissez à Sarkozy ni des qualités d’action, ni des qualités de réflexion, il faudrait m’expliquer comment il a réussi à être président de la République ». Toutes choses égales par ailleurs, il faut aussi certaines "qualités d’action et de réflexion" pour devenir le chef de la Mafia. Ce n’est pas pour autant que vous me ferez voter Lucky Luciano aux prochaines élections…]

      Je n’essaye pas de vous faire voter pour Sarkozy non plus. Je m’étonne simplement que vous – comme beaucoup de gens à gauche – refusiez d’admettre que Sarkozy puisse avoir une quelconque qualité ou compétence. Même pas celles que vous reconnaîtriez sans hésiter à Luciano ou Capone…

      [Faux. Souvenez-vous de son ancien proche collaborateur, David Martinon, qui fut même son "porte-parole de la Présidence de la République", et qu’il a brutalement expédié à Los Angeles avec le grade de simple consul.]

      Martinon n’a pas été viré par Sarkozy. Il a proposé de lui même sa démission après le fiasco de sa candidature à l’élection municipale de Neuilly-sur-Seine en 2008. Et il n’a pas « été expédié brutalement à Los Angeles avec le grade de simple consul ». Il a été nommé Consul Général à Los Angeles, poste très convoité et qui à 37 ans constituait une belle promotion.

      [Quoi qu’il en soit, le simple citoyen que je suis n’a que faire de la prétendue gentillesse de Sarkozy avec ses collaborateurs. A la limite, il vaudrait même mieux, pour la France, qu’il soit, justement, capable de virer ses collaborateurs incompétents.]

      Certainement. Mais ce que je voulais souligner, c’est que Sarkozy établissait avec ses collaborateurs des liens forts. Ce n’est pas négligeable pour un homme d’Etat.

      [Bien sûr. Mais si vous n’entendiez rien à la philosophie, seriez-vous capable d’admirer Kant ?]

      Et pourquoi pas. La plupart des gens qui admirent Einstein ne comprennent pas grande chose à la théorie de la relativité générale.

      [Premièrement, je dirais que sa nullité assumée avait effectivement du bon, dans la mesure où elle a laissé le champ libre aux "spécialistes". De ce point de vue, le sarkozysme était sans doute préférable au hollandisme, car globalement, l’amateurisme et l’idéologie y prenaient moins de place. Au bout du compte, tandis que cet histrion épuisant s’excitait à l’avant-scène médiatique, l’État, lui, faisait plus tranquillement son boulot.]

      Finalement, on tombe d’accord. Parce que c’est exactement ce que je me fatigue à vous expliquer depuis trois messages. Sarkozy assumait « sa nullité » et faisait confiance aux professionnels de qualité pour gérer les affaires.

      [Troisièmement, et surtout, je crois que Sarkozy, de par son absence même de convictions et d’idéal, était un réaliste et un pragmatique. C’est là, à mon avis, ce qui faisait toute sa force, et ce en quoi il avait sans doute une réelle valeur politique, dans la mesure où il révélait les faux-semblants idéologiques de ses adversaires.]

      Voilà…

    • dsk dit :

      @ Descartes

      ["Finalement, on tombe d’accord. Parce que c’est exactement ce que je me fatigue à vous expliquer depuis trois messages. Sarkozy assumait « sa nullité » et faisait confiance aux professionnels de qualité pour gérer les affaires."]

      Pas tout à fait, cependant. Je ne qualifierais pas de "professionnels de qualité", du moins au poste où Sarkozy les a placés, Fadela Amara, Bernard Kouchner, Rachida Dati, Hervé Morin, Roselyne Bachelot, Frédéric Mitterrand, Rama Yade, Frédéric Levebvre ou Nora Berra, pour ne prendre que les pires. Vous me direz que ces gens-là eux-mêmes ne passaient sans doute guère de temps dans leurs bureaux, préférant, à leur tour, laisser faire les "professionnels de qualité"…

      [Mais peut-être est-ce là, précisément, tout ce que vous attendez d’un Président ?] ["Tout à fait."]

      Tout de même, là, je trouve que vous allez un peu loin. Un Président, du moins dans la situation préoccupante que connaît la France aujourd’hui, ne saurait se contenter de laisser agir les "professionnels". Il me semble urgent, désormais, de prendre des décisions de nature purement politique, et non simplement technique.

      ["Voilà…"]

      J’espère donc avoir gagné le droit de ne plus être traité d’antisarkozyste "primaire"…

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Pas tout à fait, cependant. Je ne qualifierais pas de "professionnels de qualité", du moins au poste où Sarkozy les a placés, Fadela Amara, Bernard Kouchner, Rachida Dati, Hervé Morin, Roselyne Bachelot, Frédéric Mitterrand, Rama Yade, Frédéric Levebvre ou Nora Berra, pour ne prendre que les pires. Vous me direz que ces gens-là eux-mêmes ne passaient sans doute guère de temps dans leurs bureaux, préférant, à leur tour, laisser faire les "professionnels de qualité"…]

      Si vous réfutez vous même vos arguments, je vais me trouver au chômage… Oui, c’est exactement ce que je vous dirai. Tous ces gens-là étaient put-être des nullités, mais ils ont nommé de véritables cabinets, avec une véritable division du travail, et ils faisaient confiance à leurs directeurs d’administration centrale et à leurs préfets pour faire le boulot et remonter un minimum de décisions au niveau du ministre. Si je crois quelques copains hauts-fonctionnaires, depuis mai 2012 les ministres se sont entourés de cabinets faits de jeunes sans expérience et exigent que tout remonte à eux. Avec les résultats qu’on peut contempler…

      [Tout de même, là, je trouve que vous allez un peu loin. Un Président, du moins dans la situation préoccupante que connaît la France aujourd’hui, ne saurait se contenter de laisser agir les "professionnels". Il me semble urgent, désormais, de prendre des décisions de nature purement politique, et non simplement technique.]

      Je n’ai jamais dit le contraire. Laisser travailler les techniciens ne dispense pas l’homme politique de prendre certaines décisions. Et on ne peut pas accuser Sarkozy d’avoir évité de prendre « les décisions de nature purement politique ». Mais les « décisions de nature purement politique » sont en fait très rares. L’immense majorité des décisions d’un gouvernement – et parmi elles beaucoup de décisions sur lesquelles le peuple juge les politiques – sont des décisions techniques. Et même une décision « purement politique » doit être préparée par des techniciens. L’homme politique doit, au moment de décider, avoir devant lui les différentes options avec pour chacune une étude du coût, des risques, des avantages, des impacts. Là ou Sarkozy était fort, c’était dans sa capacité de choisir des techniciens de confiance pour faire ce travail et ensuite les laisser travailler.

      [« Voilà… ». J’espère donc avoir gagné le droit de ne plus être traité d’antisarkozyste "primaire"…]

      Vous avez gagné une bataille, mais pas encore la guerre…

  7. Gérard Couvert dit :

    Même avec un PS derrière le FdG (tel Phoenix ..) et même dérriere, soyons fous, Debout la République, même avec un PS à 10 % Hollande ne dissoudra rien du tout, pourquoi le ferait-il qu’elle obligation constitutionnelle a-t-il ?
    Il est là pour appliquer le programme euro-libéral qui conduit à l’effondrement économique de la France (pour ce qui nous intéresse en premier) il sert des maîtres mais je le crois assez obtus et conditionné pour ne pas le croire ; mais peu importe il a le devoir d’amener la population dans un état d’esprit qui lui fera adopter la solution fédérale (des régions) et c’est ce qu’il fait ; de ce point de vue là il est le digne descendant de la SFIO de l’étrange défaite. Même les écolos jouent leur jeu en bons élèves de Klages.
    Si nous voulons survivre en tant que nation je ne vois plus comment nous éviterons l’épisode bonapartiste.

    • Descartes dit :

      @Gerard Couvert

      [Même avec un PS derrière le FdG (tel Phoenix ..) et même dérriere, soyons fous, Debout la République, même avec un PS à 10 % Hollande ne dissoudra rien du tout, pourquoi le ferait-il qu’elle obligation constitutionnelle a-t-il ?]

      Aucune. Et comme vous dites, il ne le fera pas. Il aurait pu le faire après les municipales, estimant que les résultats valant désaveu de la politique gouvernementale, une consultation du peuple était nécessaire. C’eut été un pu bizarre, mais possible. Mais n’ayant pas dissout après les municipales, on voit mal pourquoi il le ferait après les européennes, une consultation ou traditionnellement la participation est faible et qui – en théorie du moins – ne porte pas vraiment sur des questions de politique nationale.

      Le seul contexte où la dissolution pourrait avoir lieu, c’est si l’Assemblée refusait la confiance à Valls. Mais c’est un situation purement théorique, n’est ce pas ?

      [Il est là pour appliquer le programme euro-libéral qui conduit à l’effondrement économique de la France (pour ce qui nous intéresse en premier) il sert des maîtres (…)]

      Des « maîtres » ? Qui ça ? Bilderberg ? La loge P2 ? La Grande Conspiration Judeo-Maçonnique ? Allons, allons…

      [Si nous voulons survivre en tant que nation je ne vois plus comment nous éviterons l’épisode bonapartiste.]

      L’Histoire vous donne probablement raison. C’est ainsi que la France a chaque fois résolu les crises…

    • dsk dit :

      ["C’est un homme qui – même s’il n’a pas fait campagne pour ménager son avenir – a voté « non » au référendum de 2005."]

      Ce qui ne l’a pas empêché de voter oui au Traité de Lisbonne en 2008, alors même que la consigne du Parti Socialiste était l’abstention…

      http://www.ladepeche.fr/article/2008/02/04/431513-traite-lisbonne-decouvrez-comment-ont-vote-depute-senateur.html

    • Descartes dit :

      @dsk

      [Ce qui ne l’a pas empêché de voter oui au Traité de Lisbonne en 2008, alors même que la consigne du Parti Socialiste était l’abstention…]

      Vous apportez de l’eau à mon moulin: c’est bien un homme libre, qui sait s’affranchir des "consignes". N’est-ce pas là une qualité ?

    • dsk dit :

      @ Descartes

      ["Vous apportez de l’eau à mon moulin: c’est bien un homme libre, qui sait s’affranchir des "consignes""]

      Valls n’est un "homme libre" que lorsqu’il s’agit de dire tout haut ce que la plupart de ses camarades socialistes pensent tout bas. Il n’y avait donc, de sa part, aucune prise de risques à voter oui. Ce n’est que s’il avait voté non, conformément à sa première position de 2005, que l’on aurait pu conclure qu’il était véritablement un "homme libre".

    • Gérard Couvert dit :

      "La Grande Conspiration Judeo-Maçonnique" : c’est un vocabulaire dénotant une conception des choses que n’est pas la mienne, même de loin.
      P2 cela supposerait de la part de Hollande une culture qu’il n’a pas.
      Bilderberg ?
      On peut servir d’une manière implicite ; il n’est pas nécessairement besoin de conspirateurs masqués et de réunions secrètes, ni même de complot pour organiser une prise de pouvoir non-démocratique. Un corpus élaboré, du temps et de la plus terrible arme politique qui existe : la cooptation. Le monde des média en France notamment en un bel exemple, idem des malades mentaux du genre.
      Hollande est un produit d’une pensée politique globale (économie mère de toute choses, oligarchie transnationale garante de la "paix", besoin d’opium pour les Peuples (islam par exemple), trans-atlantisme seul recours, millénarisme, etc.) son esprit à été conformé à restituer, in fine, ces axiomes ; c’est ce qu’il fait, et c’est ce que ferais -feront- toutes les pisseuses du type de la Marocaine ou de MKM, tous les ex-boutonneux et autres esprits entravés dés leur plus jeunes age, gavés au moment ou ils sont le plus malléables.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Valls n’est un "homme libre" que lorsqu’il s’agit de dire tout haut ce que la plupart de ses camarades socialistes pensent tout bas. Il n’y avait donc, de sa part, aucune prise de risques à voter oui. Ce n’est que s’il avait voté non, conformément à sa première position de 2005, que l’on aurait pu conclure qu’il était véritablement un "homme libre".]

      J’ai du mal à vous suivre. Si en 2008 « la plupart des camarades socialistes » pensaient tout bas qu’il fallait voter le traité de Lisbonne, et qu’il n’y avait « aucune prise de risque à le faire », comment expliquez vous que la grande majorité ait suivi la consigne de vote de leur parti et ne l’ait pas voté ? Sont-ils masochistes, ou quoi ?

      C’est un peu plus compliqué que vous ne le faites. Même si beaucoup de socialistes auraient sur le fond voté les dispositions du traité de Lisbonne – qui au fond ne sont pas formellement très différentes de celles du TCE que la plupart des députés socialistes ont voté – il y avait un risque politique réel à voter un traité négocié et défendu par l’infâme Sarkozy. Un risque limité, me direz-vous, puisqu’on peut être ministre de Sarkozy et devenir secrétaire général de la présidence sous Hollande, mais risque réel en bout de compte.

    • Descartes dit :

      @ Gérard Couvert

      [On peut servir d’une manière implicite ; il n’est pas nécessairement besoin de conspirateurs masqués et de réunions secrètes, ni même de complot pour organiser une prise de pouvoir non-démocratique.]

      On peut peut être « servir d’une manière implicite », mais parler de « servir ses maîtres » implique qu’il existe quelque part un « maître » qui donne les ordres… parler d’un Hollande qui « sert ses maîtres » place le propos résolument dans le domaine de la conspiration…

      [Un corpus élaboré, du temps et de la plus terrible arme politique qui existe : la cooptation.]

      Je n’ai pas compris de quoi vous parlez. De quelle « cooptation » s’agit-il ?

      [Hollande est un produit d’une pensée politique globale (économie mère de toute choses, oligarchie transnationale garante de la "paix", besoin d’opium pour les Peuples (islam par exemple), trans-atlantisme seul recours, millénarisme, etc.) son esprit à été conformé à restituer, in fine, ces axiomes ;]

      J’avoue que j’ai du mal avec votre discours apocalyptique. Comment Hollande peut-il être « le produit d’une pensée » ? Et s’il l’est, il faut bien que quelqu’un la pense, cette pensée… ce qui nous ramène à une vision conspirationniste.

      Hollande est le produit non pas d’une « pensée », mais des intérêts d’une classe. Ou plutôt d’une alliance entre plusieurs couches sociales, alliance qui doit son existence au fait que ces groupes sociaux partagent un certain nombre d’intérêts à défendre. Et cette alliance produit une idéologie qui justifie cet intérêt en le présentant sous les auspices de l’intérêt général. A la base se trouve non pas une « pensée », mais un INTERET. Ceux qui défendent l’atlantisme, l’économie libérale ou le multiculturalisme ne le font pas parce qu’ils sont méchants, ou parce qu’ils « servent » on ne sait pas quel « maître ». Mais parce qu’ils y ont intérêt.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      ["J’ai du mal à vous suivre. Si en 2008 « la plupart des camarades socialistes » pensaient tout bas qu’il fallait voter le traité de Lisbonne, et qu’il n’y avait « aucune prise de risque à le faire », comment expliquez vous que la grande majorité ait suivi la consigne de vote de leur parti et ne l’ait pas voté ? Sont-ils masochistes, ou quoi ?"]

      Peut-être parce qu’en tant que "socialistes", ils ont encore une certaine culture de la discipline collective, au contraire de Valls, qui est un individualiste.

      ["il y avait un risque politique réel à voter un traité négocié et défendu par l’infâme Sarkozy. Un risque limité, me direz-vous, puisqu’on peut être ministre de Sarkozy et devenir secrétaire général de la présidence sous Hollande, mais risque réel en bout de compte."]

      En tout cas, si Valls est un "homme libre", qui aurait pris un "risque réel" en votant oui au Traité de Lisbonne, alors cela implique nécessairement qu’il serait un européiste convaincu. Vous devez donc choisir : eurosceptique ou "homme libre" ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Peut-être parce qu’en tant que "socialistes", ils ont encore une certaine culture de la discipline collective, au contraire de Valls, qui est un individualiste.]

      Je crois que vous venez de donner la définition de ce qu’est un « homme libre » : c’est un homme capable de désobéir à une « discipline » qui n’est plus qu’une simulation. Vous le dites vous-même : les socialistes étaient dans leur grande majorité favorables aux dispositions contenues dans le traité de Lisbonne. Mais ils ne pouvaient pas le dire pour ne pas assumer leur accord avec Sarkozy devant l’opinion. Invoquer la « discipline » dans ce contexte est ridicule. Iriez-vous reprocher à Valls d’avoir choisi ses idées plutôt que la simulation ?

      [En tout cas, si Valls est un "homme libre", qui aurait pris un "risque réel" en votant oui au Traité de Lisbonne, alors cela implique nécessairement qu’il serait un européiste convaincu. Vous devez donc choisir : eurosceptique ou "homme libre" ?]

      Etre un « homme libre » n’implique pas nécessairement de mettre ses actes en conformité avec ses convictions. On pourrait même dire que c’est le contraire. Valls est peut-être un européiste convaincu, mais il est surtout un vallsiste convaincu. En 2008, le calcul risque/avantage de voter Lisbonne lui a paru favorable, et il l’a fait. Aujourd’hui, il trouvera peut-être plus intéressant de prendre des postures eurosceptiques, et dans ce cas il le fera sans la moindre gêne. Il le fera en fonction de sa propre analyse de ses intérêts, et pas en fonction des préjugés du « politiquement correct » de gôche. C’est en cela qu’il est « libre »…

  8. Guilhem dit :

    @ Descartes
    Vous écrivez: "Mais prendre le gouvernail pour deux ans alors que les caisses sont vides… faut être masochiste."
    Pourtant Valls l’a fait et, comme vous le décrivez, sans liberté totale de choix de ses ministres (c’est le moins que l’on puisse dire). N’est-il pas impossible que Copé se berce de la même illusion qui semble saisir tous les futurs premiers ministres "avec moi ce sera différent"?

    Vous écrivez: "Pour De Gaulle ou Mitterrand la politique était une passion, pour Hollande c’est un métier"
    Ne pas citer les autres présidents de la Ve dans la première catégorie est un oubli involontaire ou est-ce parce qu’ils rentrent, selon vous, dans la seconde catégorie?

    • Descartes dit :

      @ Guilhem

      [Vous écrivez: « Mais prendre le gouvernail pour deux ans alors que les caisses sont vides… faut être masochiste. » Pourtant Valls l’a fait et, comme vous le décrivez, sans liberté totale de choix de ses ministres (c’est le moins que l’on puisse dire).]

      Oui. Mais sous les ordres d’un président qui vient du même parti que lui, et dont on peut supposer qu’il ne cherchera pas à le saboter à chaque pas. Un Premier ministre UMP n’aurait pas cette facilité. Affronter un président hostile avec les caisses vides et avec seulement deux ans avant la présidentielle… c’est suicidaire.

      [N’est-il pas impossible que Copé se berce de la même illusion qui semble saisir tous les futurs premiers ministres "avec moi ce sera différent"?]

      J’en doute. Mais bien entendu, ce n’est pas exclu. « L’intelligence humaine est limitée, la stupidité humaine n’a pas de limite ».

      [Vous écrivez: "Pour De Gaulle ou Mitterrand la politique était une passion, pour Hollande c’est un métier". Ne pas citer les autres présidents de la Ve dans la première catégorie est un oubli involontaire ou est-ce parce qu’ils rentrent, selon vous, dans la seconde catégorie?]

      Involontaire. Choisir comme exemples De Gaulle et Mitterrand c’était une manière d’éviter le reproche qu’on pourrait me faire de mettre ceux que j’aime parmi les « passionnés » et ceux que je n’aime pas parmi les « professionnels ». Je pense que Pompidou ou Giscard avaient une vision de ce que devait être la France, et que leurs choix n’ont pas été guidés par des purs choix tactiques. Dans le cas de Chirac, je ne sais pas si on peut parler véritablement d’une « vision » personnelle. Sa tendance était plutôt a garder les choses comme elles étaient. Mais on ne peut contester qu’il avait des convictions, et le courage pour les soutenir même lorsqu’il avait tactiquement beaucoup à perdre. Sarkozy a été un président « mixte ». On ne peut pas lui contester une certaine vision. La question est : cette vision était-elle tout à fait personnelle, ou l’avait-il adoptée chez certains de ses collaborateurs – Henri Guaino en 2007, Patrick Buisson plus tard – pour des raisons tactiques ? C’est difficile à dire.

  9. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    "Il n’est pas soumis ni aux fantasmagoriies ni à la lourde vulgate « politiquement correcte » de la gauche"

    C’est pire, il est soumis à Israêl ! Vous n’avez donc pas entendu le fameux discours, en présence de l’ectoplasme BHL ?

    Valls n’est qu’une imposture qui n’en a rien à foutre des intérêts de la France et qui de plus va échouer royalement !

    Vote sanction à venir en ce qui me concerne et ça a déjà commencé ! et deuxième branlée aux européennes pour les fauxcialistes !
    Mais comme vous le dites, Hollande ne changera rien pour autant alors puisque les dés sont pipés, je prendrai mes cliques et mes claques et j’oublierai tout !

    • Descartes dit :

      @ L’inconnue de l’orient express

      [C’est pire, il est soumis à Israêl ! Vous n’avez donc pas entendu le fameux discours, en présence de l’ectoplasme BHL ? Valls n’est qu’une imposture qui n’en a rien à foutre des intérêts de la France et qui de plus va échouer royalement !]

      Ma chère, j’ai le regret de vous dire que vous souffrez d’une maladie très courante à gauche. C’est ce qu’on appelle « le syndrome de la confiance sélective ». Le symptôme classique est le suivant : lorsqu’un politicien qui lui déplait dit quelque chose qui va dans son sens, le patient est persuadé qu’il ment. Par contre, lorsqu’il dit quelque chose qui est contraire à ses convictions, il est au contraire persuadé qu’il est sincère. Et lorsqu’il s’agit d’un politicien qui lui plaît, le symptôme s’inverse…

      Lorsque Valls déclare aimer la France et défendre ses intérêts, vous dites que c’est une « imposture ». Lorsque Valls déclare au contraire avoir « un lien indéfectible avec Israel », là vous êtes sûre qu’il est sincère. Dites moi, comment faites vous pour déterminer quand Valls est sincère et quand il ment ?

      Avec Mélenchon, c’était l’inverse. Lorsque son discours vous plaisait, vous déclariez qu’il ne pouvait qu’être sincère. Et lorsqu’il disait une bêtise, vous m’expliquiez « qu’il dit ça parce qu’il est obligé »… Etonnant, non ?

  10. marc.malesherbes dit :

    Mélenchon super star: autant de têtes de liste PG que PCF aux européennes !

    Franchement c’est un grand succès pour le PG: à égalité avec le PCF, alors que le PG, tout nouveau petit parti commence seulement à s’implanter lors de ces dernières municipales.

    C’est dire combien les dirigeants du PCF voient en même leur avenir derrière eux. Je suis quand même triste pour tous les militants passés du PCF. Quels dirigeants déplorables! à commencer par R Hue.

    • Descartes dit :

      @Marc.Malesherbes

      [Mélenchon super star: autant de têtes de liste PG que PCF aux européennes !]

      Mouais… je n’ai pas trop regardé quelles sont les chances d’avoir d’élus dans chaque région. En dernière instance, c’est cela qui semble intéresser le PCF, beaucoup plus que les candidatures. L’accord trouvé permet au PCF de défendre ses trois sortants. J’ai l’impression que le PCF se désintéresse des élections nationales, et du coup accepte de céder des candidatures sur ces élections-là alors qu’il est intransigeant lorsqu’il s’agit de son réseau d’élus locaux.

      [Franchement c’est un grand succès pour le PG: à égalité avec le PCF, alors que le PG, tout nouveau petit parti commence seulement à s’implanter lors de ces dernières municipales.]

      Faut pas exagérer. Avoir une tête de liste de plus qu’en 2009 alors que les européennes n’intéressent personne et que le FdG va défendre un programme mi-chèvre mi-chou – j’aurai l’occasion de commenter ce programme dans ce blog – et en fin de comptes se prendre une branlée, ce n’est pas un « grand succès ». Il y a des élections où une présence permet de s’enraciner. Et dans ce cas, il est intéressant d’avoir des têtes de liste, même en cas de défaite. Mais pour les européennes ?

  11. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    Etonnant aussi, hein mon cher Descartes qu’une "gauchiste" (trop marrant sur ce coup) comme vous dites ait l’intention de voter FN aux Européennes et peut être même que ce ne serait pas la première fois, allez savoir 🙂 (ben ouais, c’est la vie, on est déçus, en tout cas plus convaincus et on jette ses vielles idoles à la poubelle) allez oust, du balai !
    Qu’ils dégagent tous, y compris le plus ronchon (vous savez l’ami qui ne veut plus aller boire un coup avec vous) !
    Les politicards de gauche et de droite me donnent la gerbe, j’y peux rien et certains encore bien plus que d’autres !
    Je vous laisse à vos espoirs fous de voir Valls nous sauver du désastre (put1 vous êtes vachement naïf quand même) ! (rire) ! J’envisage d’apprendre le russe, moi, tient ! il doit faire bon vivre la-bas (avec un vrai chef d’Etat qui a de bonnes grosses couilles) ! ici ça pue la mort. Les charognards mènent la danse ! Tchao (je viendrai vous relire quand vous serez un peu plus lucide à mon goût et que vous nous aurez concocté un bien meilleur billet car ça vous arrive d’en faire des bons, si si).

    • Descartes dit :

      @L’inconnue de l’Orient Express

      [Etonnant aussi, hein mon cher Descartes qu’une "gauchiste" (trop marrant sur ce coup) comme vous dites (…)]

      Moi, je n’ai dit rien de tel. Si vous voulez vous qualifier vous même de « gauchiste », c’est votre droit. Mais ne me faites pas dire des choses que je n’ai pas dites, s’il vous plait.

      [(…) ait l’intention de voter FN aux Européennes et peut être même que ce ne serait pas la première fois, allez savoir 🙂 (ben ouais, c’est la vie, on est déçus, en tout cas plus convaincus et on jette ses vielles idoles à la poubelle) allez oust, du balai !]

      Je ne saurais vous dire. J’ai toujours obéi le commandement de Yahvé qui interdit de se faire des idoles (1).Comme je ne me suis jamais fait des « idoles », je n’ai jamais eu ni le besoin ni l’opportunité de les jeter à la poubelle.

      [Les politicards de gauche et de droite me donnent la gerbe, j’y peux rien et certains encore bien plus que d’autres ! Je vous laisse à vos espoirs fous de voir Valls nous sauver du désastre (put1 vous êtes vachement naïf quand même) ! (rire) !]

      Naïf non… mais pour moi la politique se fait sur le réel. Inutile de pleurnicher parce que le monde, les citoyens, les politiques sont ce qu’ils sont, et non ce qui selon nous ils devraient être. Il faut faire du mieux que l’on peut avec ce que l’on a. C’est pourquoi je n’adhérerai jamais à ce cri absurde « qu’ils s’en aillent tous ». S’ils s’en allaient, qui mettriez-vous à leur place ?

      [J’envisage d’apprendre le russe, moi, tient !]

      Vous avez raison, c’est une belle langue…

      [il doit faire bon vivre la-bas]

      Cela dépend de votre compte en banque. Comme partout, d’ailleurs.

      [(avec un vrai chef d’Etat qui a de bonnes grosses couilles) !]

      Epargnez-nous vos fantasmes sexuels. Il y a des blogs spécialisés pour ça.

      [ici ça pue la mort. Les charognards mènent la danse !]

      Arrêtez avec le côté apocalyptique. On admire tous ces gens qui en 1940, alors que la France était vaincue et occupée, n’ont pas baissé les bras et sombré dans la dépression. Et bien, nous avons aujourd’hui l’opportunité de montrer que notre « admiration » n’était pas qu’une posture. Il y a deux ans vous étiez tout feu tout flamme. La victoire c’était pour demain. Et parce que votre idole vous a déçu, non seulement vous le jetez à la poubelle mais vous noyez votre chagrin dans l’absinthe. Un peu de tenue, que diable !

      (1) « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux (…) » (Exode, 20)

  12. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    Harlem Désir, nommé secrétaire d’Etat aux affaires européennes, un vrai foutage de gueule, non ? vous ne trouvez pas, Descartes ? exfiltré de la gérance du PS pour cause d’incompétence notoire et le voilà fabuleusement recyclé le gus et tant mieux top bénéfice pour Marine, encore plus de votes anti-européens à venir et d’abstention ! A pouffer de rire si ce n’était à ce point tragique !
    Pauvres français et pauvre Mélenchon qui doit se mordre les doigts (à moins qu’il n’ait été complice et traitre depuis le début) de n’avoir posé aucune condition au second tour des présidentielles ! résultat des courses, on l’a sous les yeux et le pire est à venir…

    • Descartes dit :

      @L’Inconnue de l’Orient Express

      [Harlem Désir, nommé secrétaire d’Etat aux affaires européennes, un vrai foutage de gueule, non ?]

      Peut-être… mais du point de vue « management », c’est un coup de génie. Le message de Hollande est clair : « ceux qui me sont fidèles seront récompensés même s’ils échouent ». A votre avis, si vous étiez un politicien professionnel socialiste, cela ne vous donnerait pas envie de suivre Hollande, plutôt que d’autres « patrons » qui ne vous récompensent que si vous réussissez ?

      Hollande a construit son succès sur ce message simple : « avec moi, vous aurez tous une part de gâteau ». C’est pourquoi que tous les « notables » socialistes l’ont soutenu, plutôt que de prendre le risque de se retrouver le bec dans l’eau au cas où ils auraient choisi le mauvais cheval.

      [Pauvres français et pauvre Mélenchon qui doit se mordre les doigts (à moins qu’il n’ait été complice et traitre depuis le début) de n’avoir posé aucune condition au second tour des présidentielles ! résultat des courses, on l’a sous les yeux et le pire est à venir…]

      Quelles « conditions » pouvait-il poser ? Pour poser des questions il faut être capable de créer un rapport de forces. Or, après le premier tour de 2012 Mélenchon n’avait aucune cartouche à tirer. De quoi pouvait-il menacer Hollande en cas de refus de ses « conditions » ? D’appeler à faire passer Nicolas Sarkozy ?

      Pour pouvoir faire un tel appel, il faut faire une toute autre campagne que celle qu’il avait faite pour le premier tour. Il aurait fallu expliquer que Hollande et Sarkozy c’était blanc bonnet et bonnet blanc, au risque de heurter un électorat attaché à la logique « gauche vs droite ». Quand on fait une campagne « gauche contre droite », on ne peut pas à la dernière minute appeler son électorat à l’abstention au risque de faire passer Sarkozy. Et si l’on ne peut pas appeler son électorat à faire battre le candidat socialiste, quel pouvoir de négociation peut on avoir pour « poser des conditions » ?

    • CVT dit :

      [Peut-être… mais du point de vue « management », c’est un coup de génie. Le message de Hollande est clair : « ceux qui me sont fidèles seront récompensés même s’ils échouent ». A votre avis, si vous étiez un politicien professionnel socialiste, cela ne vous donnerait pas envie de suivre Hollande, plutôt que d’autres « patrons » qui ne vous récompensent que si vous réussissez ]

      Le truc, c’est que là où Harlem Désir va, c’est que le pouvoir s’en est allé! Ce type a toujours été une marionnette, même du temps de SOS-Racisme, où il n’était que le pantin de Julien Dray et de Jacques Attali. Pour moi, en tant que Noir, ce type est l’incarnation de ce que je déteste le plus dans la discrimination positive: il est élu ou promu uniquement à cause de sa couleur de peau, alors qu’il est notoirement incompétent! Il nuit à des gens comme fois qui se font suer pour qu’on reconnaisse leur travail ou leur valeur sans regarder à leur apparence.
      C’est une des raisons qui me font désormais détester le PS plus que le FN de Marine Le Pen: je l’ai déjà dit sur ce site, mais je trouve les socialistes infiniment plus racistes et sournois que la famille Le Pen!

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [Le truc, c’est que là où Harlem Désir va, c’est que le pouvoir s’en est allé!]

      C’est clair. L’accession d’Harlem Désir à la direction du PS – même chose pour Pierre Laurent au PCF – marque la « fédéralisation » des partis politiques, c’est-à-dire, la confiscation du pouvoir par les « notables » locaux au détriment des structures nationales élues. Aujourd’hui, les partis politiques deviennent des coquilles vides, incapables d’une véritable élaboration de projets, d’idées, de programmes. Ils ne servent plus qu’à fournir aux élus et aux « notables » une structure logistique lors des élections. Il n’y a qu’à voir la saga Guérini à Marseille…

      [Ce type a toujours été une marionnette, même du temps de SOS-Racisme, où il n’était que le pantin de Julien Dray et de Jacques Attali. Pour moi, en tant que Noir, ce type est l’incarnation de ce que je déteste le plus dans la discrimination positive: il est élu ou promu uniquement à cause de sa couleur de peau, alors qu’il est notoirement incompétent!]

      Tout à fait. Désir était la jolie gueule « diversitaire » dont Dray avait besoin pour l’opération de rabattage de voix que fut SOS-racisme. Il est devenu un apparatchik triste et incompétent, dont le seul mérite est sa capacité à ne se fâcher avec personne. Un peu comme Hollande…

  13. Bruno dit :

    [Lénine, De Gaulle, Mitterrand étaient des cyniques. Mais chacun d’eux est resté pourtant sa vie durant fidèle à une vision du monde et à la faire avancer – et c’est en cela qu’ils étaient cyniques – par tous les moyens.]

    Bonjour Descartes, pourriez-vous m’expliquer qu’elle était la vision de Mitterrand selon vous? Je ne vois en lui rien d’autre qu’un opportuniste pragmatique, dénué de convictions. Peut-être ai-je tort… Merci

    • Descartes dit :

      @ Bruno

      [Bonjour Descartes, pourriez-vous m’expliquer qu’elle était la vision de Mitterrand selon vous? Je ne vois en lui rien d’autre qu’un opportuniste pragmatique, dénué de convictions. Peut-être ai-je tort… Merci]

      C’est un peu injuste de dire que Mitterrand n’avait pas de convictions. Il avait une vision de la France. Une vision qui rappelait singulièrement le projet du régime de Vichy : une « petite France » des terroirs, catholique, décentralisée, brillant par son histoire et sa culture et laissant l’industrie et l’argent aux autres, s’insérant dans le « nouvel ordre européen ». Si vous regardez l’œuvre que Mitterrand au cours de ses deux septennats, vous trouverez qu’en dehors de quelques mesures qu’il avait du prendre à son bord pour attirer les voix de gauche, la plupart de ce qu’il a laissé rentre dans cette épure.

    • morel dit :

      [Harlem Désir, nommé secrétaire d’Etat aux affaires européennes, un vrai foutage de gueule, non ?]

      Peut-être… mais du point de vue « management », c’est un coup de génie. Le message de Hollande est clair : « ceux qui me sont fidèles seront récompensés même s’ils échouent ». A votre avis, si vous étiez un politicien professionnel socialiste, cela ne vous donnerait pas envie de suivre Hollande, plutôt que d’autres « patrons » qui ne vous récompensent que si vous réussissez ?

      Je retiens la dernière partie de votre réponse avec cette double interrogation : le risque n’est-il pas d’écarter les plus brillants ? L’avantage ne réside-t-il pas dans ce risque ?

      Veuillez excusez l’esprit lutin.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Je retiens la dernière partie de votre réponse avec cette double interrogation : le risque n’est-il pas d’écarter les plus brillants ? L’avantage ne réside-t-il pas dans ce risque ?]

      C’est la bonne question. La méthode Hollande, c’est un peu le système que nous proposent les « pédagogues » pour nos écoles : que l’élève sache ou pas, qu’il travaille ou pas, il doit toujours être encouragé par des bonnes notes pour ne pas perdre sa « confiance en soi ». Bien entendu, chez Hollande la motivation est moins de préserver la confiance en lui de Désir que d’éviter de se faire un ennemi, et de rassurer un certain nombre d’incompétents sur le fait qu’ils ne risquent pas grande chose.

      Mais le résultat est le même : lorsque le vice et la vertu sont payés de la même monnaie, lorsque la compétence et l’incompétence reçoivent la même récompense, on attire les médiocres, ceux qui ne tiendraient cinq minutes dans un milieu sélectif. Les meilleurs, les plus compétents, les plus actifs, vont chercher ailleurs la récompense de leurs talents.

      Et c’est d’ailleurs ce qui se passe au PS. Ceux qui ont un minimum de compétences, de talent, de discipline vont travailler auprès des « notables » dans les collectivités locales. Seuls les médiocres vont bosser rue de Solférino, dans ce que les socialistes eux-mêmes appellent « le cimetière ».

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Et c’est d’ailleurs ce qui se passe au PS. Ceux qui ont un minimum de compétences, de talent, de discipline vont travailler auprès des « notables » dans les collectivités locales. Seuls les médiocres vont bosser rue de Solférino, dans ce que les socialistes eux-mêmes appellent « le cimetière »]

      C’est effrayant ce que vous dites: en clair, les Girondins et autres féodaux ONT TRIOMPHE!!! Ce que vous décriviez souvent au PCF post-"Hue Coco" est donc en train d’arriver à l’ensemble des partis politiques de l’échiquier français. En clair, il n’y aura désormais plus d’intérêt général en France quand des programmes politiques seront élaborés!
      Où tout cela va-t-il nous mener? J’ai peur d’avoir un début de réponse, notamment avec les inciviques bretons des "Bonnets Rouges", ou encore les affres de PS à Marseille, où l’Etat fut carrément rançonné par les élus locaux pour intervenir dans les Quartiers Nord infestés de bandits armés de Kalachnikov. On verra de plus en plus de revendications locales prendre le pas sur le reste du pays, chaque région ignorant superbement que les autres ont exactement les mêmes problèmes qu’elles, à savoir le choix de l’Europe qui appauvrit le pays depuis trente ans…
      Bref, ce chacun-pour-soi est la conséquence à terme du fameux provincialisme que vous dénoncez souvent sous le vocable de "Petite France"…

    • Descartes dit :

      @CVT

      [C’est effrayant ce que vous dites: en clair, les Girondins et autres féodaux ONT TRIOMPHE!!!]

      Pour le moment, en tout cas. Il n’y a pas de triomphe définitif dans ce domaine. Mais il me semble incontestable que nous sommes dans une phase « girondine » de notre histoire. Qui correspond presque toujours aux époques où les incertitudes poussent à un repli frileux sur ce qui est proche, connu, rassurant. La famille, le village, la tradition, les « racines », « la terre qui ne ment pas » et ainsi de suite. Mais vous avez raison, c’est effrayant…

      [Ce que vous décriviez souvent au PCF post-"Hue Coco" est donc en train d’arriver à l’ensemble des partis politiques de l’échiquier français. En clair, il n’y aura désormais plus d’intérêt général en France quand des programmes politiques seront élaborés!]

      Tout à fait. Il n’y a qu’à voir comment la décentralisation-régionalisation de la France est en train de dégénérer en concurrence entre les territoires – un peu comme entre les pays européens, tiens, serait-ce une coïncidence ? C’est à qui offrira les meilleures aides, les meilleures subventions, les impôts les plus faibles pour attirer des entreprises qui risqueraient sans cela d’aller dans d’autres régions. Et l’aménagement du territoire dans tout ça ? Et l’optimisation globale des investissements publics ? Cela n’intéresse personne : chaque région pense ses problèmes, et les autres peuvent crever la gueule ouverte. On n’en est pas encore à des situation ou des régions se font la guerre, mais cela va venir.

    • @ Descartes,

      "La famille, le village, la tradition, les « racines », « la terre qui ne ment pas » et ainsi de suite. Mais vous avez raison, c’est effrayant.."
      Autrement dit, Pétain aurait finalement un côté girondin? C’est un point très intéressant. C’est vrai que le maréchal avait un côté provincialiste opposé à Paris (y compris aux collaborationnistes de la capitale), ruraliste hostile au monde urbain. Je n’avais jamais fait le rapprochement. Mais j’ai quand même un peu plus d’admiration pour les Girondins révolutionnaires, les vrais: voilà des gens qui ont quand même défendu la Révolution contre les rois d’Europe… Cela mérite un peu de respect.

      En revanche, je trouve que nos Girondins de gauche ne cadrent guère avec ce que tu décris: la famille? Après le mariage pour tous, tu parles d’une "valeur refuge"… La tradition? Voilà des gens qui s’en moquent bien. "la terre qui ne ment pas", pour le bio peut-être, mais pour le reste? Quant aux "racines", voilà des gens qui se targuent d’être des citoyens du monde "ouverts à l’Autre" et qui se vantent de manger indien le mardi et de bouffer chinois le vendredi, le tout sur fond de méditation zen. Serait-ce le pétainisme mondialisé "New Age"? 🙂

      Ensuite je voudrais dire qu’il y a un parti qui semble ramer un peu à contre-courant: le FN. Je lisais il y a peu un reportage sur le fonctionnement du FN (sur le site francetv je crois) et j’ai été frappé par la relative centralisation qui paraît régner dans ce parti. D’après ce que j’ai lu, Marine Le Pen aurait mis sur pied une sorte de "commission" composée de fidèles et de tenants de sa ligne, chargée de contrôler étroitement les fédérations, dans le but d’écarter les personnalités un peu trop sulfureuses (la "vieille garde" peut-être) et de sélectionner les adhérents "présentables" et aussi compétents tant qu’à faire, bref des gens capables de gérer une collectivité (ce qu’un activiste d’extrême-droite est rarement capable de faire). Les cadres locaux seraient régulièrement convoqués au siège national pour entendre la bonne parole et recevoir leurs instructions. Bref, Marine le Pen et ses proches chercheraient à construire un parti plus structuré et plus discipliné. Malgré le poids de la figure du chef, il semble que du temps de Le Pen père, le FN, c’était très compliqué et un peu chaotique… Ce qui ne surprend guère quand on connaît l’histoire de l’extrême droite en France.

      Une chose m’avait frappé au moment du référendum local sur la fusion des départements alsaciens avec la structure régionale: le FN local avait été tenté par le "oui"… jusqu’à ce que Marine Le Pen impose clairement la ligne du "non". Le FN est l’un d’un rares partis où l’on sent qu’il y a un patron (une patronne en l’occurrence) avec une ligne à peu près lisible.

    • Descartes dit :

      @nationalistejacobin

      [Autrement dit, Pétain aurait finalement un côté girondin? C’est un point très intéressant. C’est vrai que le maréchal avait un côté provincialiste opposé à Paris (y compris aux collaborationnistes de la capitale), ruraliste hostile au monde urbain. Je n’avais jamais fait le rapprochement.]

      Je suis étonné que vous n’ayez pas fait le rapprochement. Oui, le pétainisme était profondément « régionaliste ». Et s’il ne l’a pas été plus, s’il n’a pas fait par exemple une plus large place aux mouvements autonomistes, c’est parce que ceux-ci ont préféré se tourner directement vers l’occupant allemand. Mais on doit à Pétain un discours opposant en permanence la ville, conçue comme le lieu de toutes les corruptions, au village perçu comme le gardien des vertus ancestrales. L’ouvrier opposé à l’artisan et surtout au paysan (« la terre, elle, ne ment pas »). On doit d’ailleurs au régime de Vichy les premiers essais institutionnels de régionalisation (décret du 19 avril 1941, créant 18 régions administratives avec à leur tête un « préfet régional »), et Pétain déclare à Toulouse « La restauration des anciennes provinces va faire revivre, je le souhaite, les anciennes coutumes ». Vous trouverez un article fort intéressant sur cette question dans http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1974_num_24_5_418741

      [Mais j’ai quand même un peu plus d’admiration pour les Girondins révolutionnaires, les vrais: voilà des gens qui ont quand même défendu la Révolution contre les rois d’Europe… Cela mérite un peu de respect.]

      Un peu oui… mais sans excès.

      [En revanche, je trouve que nos Girondins de gauche ne cadrent guère avec ce que tu décris: la famille? Après le mariage pour tous, tu parles d’une "valeur refuge"… La tradition? Voilà des gens qui s’en moquent bien. "la terre qui ne ment pas", pour le bio peut-être, mais pour le reste? Quant aux "racines", voilà des gens qui se targuent d’être des citoyens du monde "ouverts à l’Autre" et qui se vantent de manger indien le mardi et de bouffer chinois le vendredi, le tout sur fond de méditation zen. Serait-ce le pétainisme mondialisé "New Age"? :)]

      Je pense que votre lecture est erronée. Prenons le cas du « mariage pour tous ». Si l’on se projette cinquante ans en arrière, on retrouve chez nos « Girondins de gauche » un discours centré sur l’amour libre et sur le rejet du mariage comme « institution bourgeoise ». Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse : on nous défend le « mariage pour tous » au nom d’un droit de chacun de « vivre son amour », comme si l’amour ne pouvait être vécu que consacré par une institution et béni par monsieur le maire. Oui, le mariage est redevenu une « valeur refuge » au point que même les homosexuels ont envie de s’y réfugier… Même chose pour le « retour à la terre » : même si personne n’y retourne en réalité, c’est devenu une sorte d’idéal symbolique. Prend par exemple la déclaration du Parti de Gauche sur la « protection des terres nourricières »…

      [Ensuite je voudrais dire qu’il y a un parti qui semble ramer un peu à contre-courant: le FN. Je lisais il y a peu un reportage sur le fonctionnement du FN (sur le site francetv je crois) et j’ai été frappé par la relative centralisation qui paraît régner dans ce parti. (…) Les cadres locaux seraient régulièrement convoqués au siège national pour entendre la bonne parole et recevoir leurs instructions.]

      Tout à fait. Philippot a certainement lu Lénine, et on retrouve dans le fonctionnement du « nouveau FN » beaucoup de choses que j’ai connu au PCF du temps où il était encore « stalinien ». Le contrôle, la sélection et la formation de cadres rappellent en particulier ce que fut la « commission des cadres » au PCF sous la houlette de Gaston Plissonnier.

      [Une chose m’avait frappé au moment du référendum local sur la fusion des départements alsaciens avec la structure régionale: le FN local avait été tenté par le "oui"… jusqu’à ce que Marine Le Pen impose clairement la ligne du "non". Le FN est l’un d’un rares partis où l’on sent qu’il y a un patron (une patronne en l’occurrence) avec une ligne à peu près lisible.]

      Oui. Effrayant, non ?

    • CVT dit :

      @nationalistejacobin
      [Mais j’ai quand même un peu plus d’admiration pour les Girondins révolutionnaires, les vrais: voilà des gens qui ont quand même défendu la Révolution contre les rois d’Europe… Cela mérite un peu de respect]
      Permettez-moi de ne pas être tout à fait d’accord: sorti de Condorcet, il n’y avait rien à sauver, chez les Girondins! Les Brissottins furent même à l’origine de guerres, qui sous prétexte de répandre la liberté et les "bienfaits" de la Révolution chez les pays voisins, n’étaient que des guerres de rapine!
      D’ailleurs, les discours les plus célèbres de Robespierre d’avant 1793 ont été prononcés à l’hiver 1792 pour dénoncer ces guerres fomentées par Brissot et ses comparses. L’un de ses discours passera à la postérité pour avoir affirmé que "personne n’aime les missionnaires armés"…
      Les Girondins étaient de beaux parleurs, parfois idéalistes mais souvent cyniques et inconséquents, et qui plus est, dangereux pour un pays en pleine ébullition. A bien des égards, une grande partie de la gauche d’aujourd’hui lui ressemble furieusement…

    • @ Descartes,

      "Je suis étonné que vous n’ayez pas fait le rapprochement."
      Eh, que veux-tu… tout le monde n’a pas ta perspicacité…

      "le pétainisme était profondément « régionaliste »"
      Cela, je le savais. Mais d’une certaine manière, il y a régionalisme et régionalisme. Le régionalisme de Pétain, c’est un retour aux vieilles provinces d’Ancien Régime, d’avant 1789. Le pétainisme est par essence anti-républicain, réactionnaire, passéiste.

      Le girondinisme est à mes yeux un peu différent. D’abord, il a malgré tout une origine républicaine. Durant la Révolution, on ne peut pas faire comme si les fédéralistes et les royalistes, c’étaient les mêmes. Je vois les Girondins comme des républicains qui défendent une conception de la République un peu différente de celle qui s’est imposée. Ils sont hostiles au pouvoir centralisé et à la prééminence politique des dirigeants qui sont à Paris. Mais je crois qu’ils défendent plus une décentralisation (à l’origine à l’échelle départementale d’ailleurs) pour des raisons d’organisation politique qu’un retour aux provinces d’antan dans un souci identitaire. D’ailleurs, les Girondins originels sont pour beaucoup des Bordelais, issus d’une région qui n’a pas une identité si affirmée. J’ajoute que le girondinisme me paraît plutôt libéral et favorable à la bourgeoisie d’affaires, contrairement au pétainisme. Les Girondins s’imaginent que la République fonctionneraient mieux en étant décentralisée, ce en quoi je pense qu’ils se trompent et qu’ils alimentent pour le coup les autres régionalistes, ceux qui sont réactionnaires, les héritiers de Pétain et/ou des indépendantistes collabo. Pour autant, je me garderai d’amalgamer Girondins et pétainistes…

      "Prend par exemple la déclaration du Parti de Gauche sur la « protection des terres nourricières »"
      Tu connais mon opinion sur Mélenchon… De là à le qualifier, lui ou ses partisans, de "girondin", il y a un pas que je me garderai de franchir. Il est vrai cependant que je ne connais pas la ligne officielle du PG sur la question de la décentralisation/régionalisation. Quelle est-elle? J’avoue que lire les textes du PG est au-dessus de mes forces.

      "Philippot a certainement lu Lénine"
      Il vaudrait mieux qu’il ne le dise pas, si c’est le cas…

      "Effrayant, non ?"
      Non. Intéressant, tout au plus. Je me demande si cette organisation va permettre au FN de remporter de plus grands succès dans l’avenir, et jusqu’à quel point. Si tel était le cas, on ne saurait exclure que d’autres partis imitent le FN. Les défaites électorales du PS et de l’UMP ont un mérite: elles finiront peut-être, à terme, par affaiblir les "barons" locaux… ou faire prendre conscience que la "fédéralisation" et la "féodalisation" des partis deviennent contre-productives.

    • Descartes dit :

      @ nationalistejacobin

      [« Je suis étonné que vous n’ayez pas fait le rapprochement. » Eh, que veux-tu… tout le monde n’a pas ta perspicacité…]

      Ce n’est pas une question de perspicacité… je pensais que quelqu’un ayant ta culture historique aurait fait le rapprochement. Mais il est vrai que chacun a sa période de préférence dans l’histoire. La mienne est celle des années trente et quarante, la tienne est je crois la Révolution française…

      [Mais d’une certaine manière, il y a régionalisme et régionalisme. Le régionalisme de Pétain, c’est un retour aux vieilles provinces d’Ancien Régime, d’avant 1789. Le pétainisme est par essence anti-républicain, réactionnaire, passéiste.]

      Je pense que tous les régionalismes sont, peu ou prou, « anti-républicains, réactionnaires et passéistes »…

      [Le girondinisme est à mes yeux un peu différent. D’abord, il a malgré tout une origine républicaine. Durant la Révolution, on ne peut pas faire comme si les fédéralistes et les royalistes, c’étaient les mêmes.]

      Non. Mais là il faut s’entendre sur ce qu’on comprend dans le mot « républicain ». Les girondins étaient – pour certains, mais pas tous – républicains au sens du combat contre l’institution monarchique. Ils ne l’étaient pas au sens qu’ils prétendaient la remplacer par une institution nobiliaire/notabiliaire locale et certainement pas par un régime fondé sur la souveraineté populaire. Les fédéralistes ont beau être contre le roi, ils sont tout de même pour un gouvernement aristocratique.

      [Je vois les Girondins comme des républicains qui défendent une conception de la République un peu différente de celle qui s’est imposée. Ils sont hostiles au pouvoir centralisé et à la prééminence politique des dirigeants qui sont à Paris. Mais je crois qu’ils défendent plus une décentralisation (à l’origine à l’échelle départementale d’ailleurs) pour des raisons d’organisation politique qu’un retour aux provinces d’antan dans un souci identitaire.]

      Derrière toute idéologie se trouvent des intérêts, nous dit Marx. L’opposition a pouvoir centralisé vient toujours du même mécanisme : celui de la défense des intérêts des « nobles » ou « notables » locaux. C’est pourquoi d’ailleurs le « fédéralisme » vient souvent des provinces les plus riches, et plus rarement des plus pauvres.

      [D’ailleurs, les Girondins originels sont pour beaucoup des Bordelais, issus d’une région qui n’a pas une identité si affirmée. J’ajoute que le girondinisme me paraît plutôt libéral et favorable à la bourgeoisie d’affaires, contrairement au pétainisme.]

      Tu commets en comparant pétainisme et girondinisme « originel » le péché d’anachronisme. En fait, les girondins et les pétainistes partagent beaucoup de traits. Seulement, ce qui était vaguement progressiste en 1789 est devenu affreusement réactionnaire lorsqu’on le ressert en 1940. En 1789, défendre l’artisanat et le paysan propriétaire est un progrès parce que cela mène au conflit avec les forces réactionnaires de la noblesse. En 1940, cela devient réactionnaire parce que cela amène a rejeter l’industrie.

      [Les Girondins s’imaginent que la République fonctionneraient mieux en étant décentralisée,]

      Non. Les Girondins pensent que leurs intérêts – et ceux de leur région, riche de son commerce – seront mieux protégés par une République décentralisée. C’est cela qu’ils entendent par « mieux fonctionner ». Ce qui inquiétait les girondins, c’était une république centralisée qui pourrait imposer aux régions plus riches de payer plus pour le fonctionnement de l’Etat. Il faut moins regarder les idées, et plus regarder les intérêts…

      [Tu connais mon opinion sur Mélenchon… De là à le qualifier, lui ou ses partisans, de "girondin", il y a un pas que je me garderai de franchir. Il est vrai cependant que je ne connais pas la ligne officielle du PG sur la question de la décentralisation/régionalisation. Quelle est-elle? J’avoue que lire les textes du PG est au-dessus de mes forces.]

      Des miennes aussi. De ce que je me souviens, on y retrouve un grand syncrétisme, entre un discours plutôt « jacobin » et une vision qui dépasse le girondinisme pour aller dans les profondeurs du culturalisme régional façon félibrige. Mélenchon oscille en permanence entre ces deux pôles.

      [« Philippot a certainement lu Lénine ». Il vaudrait mieux qu’il ne le dise pas, si c’est le cas…]

      Pourquoi ? Depuis qu’il est interdit de le lire au PCF, le pauvre Vladimir Illitch appartient à tout le monde…

      [Non. Intéressant, tout au plus. Je me demande si cette organisation va permettre au FN de remporter de plus grands succès dans l’avenir, et jusqu’à quel point. Si tel était le cas, on ne saurait exclure que d’autres partis imitent le FN. Les défaites électorales du PS et de l’UMP ont un mérite: elles finiront peut-être, à terme, par affaiblir les "barons" locaux… ou faire prendre conscience que la "fédéralisation" et la "féodalisation" des partis deviennent contre-productives.]

      C’est le verre à moitié plein…

  14. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    De la tenue dites-vous, Descartes ? mais je n’en ai que trop au quotidien et donc de temps en temps, c’est bien de lâcher la bride, y compris dans le sens non convenu !

    J’aime bien caricaturer nos bonhommes politiques et aller dans une certaine démesure quant à les critiquer (quand ils le méritent), Et puis, à l’écrit, il est toujours bon d’allier fougue et lyrisme plutôt que de demeurer bien sagement dans un répertoire sans fantaisie !
    Vous savez Descartes, je ne suis pas de ces sectaires qui pullulent sur le blog de qui vous savez !
    Si il y a deux à trois ans de cela, j’ai pu avoir l’air passionnée, la raison chez moi finit toujours par l’emporter sur la passion parce que d’une, au contraire des sectaires, je suis capable de réviser ma conception de la réalité, de finir par en accepter les nouveaux contours et de deux de faire évoluer ma pensée en fonction des évènements qui se profilent à l’horizon et surtout un électron libre je resterai vis à vis des partis politiques de quelques bords que ce soit ! Ils n’auront ni mon fric (cotisation), ni mes bras, ni même un peu de ma tête (que je préfère me garder bien claire pour d’autres fonctions) ni mon entière adhésion (des doutes subsisteront toujours en toile de fond) !

    Pas comme ces vieux militants qui se targuent à l’aube de leur vie d’avoir toujours oeuvré (même aveuglément) pour un parti (qui finalement les aura fait cocus) et qui n’ont jamais rien pigé au final ! il se sont juste fait arnaqués (de la même façon que les citoyens non militants d’ailleurs) mais comme tout humain, ils préfèrent se complaire dans le déni et se rassurer en se persuadant d’avoir été du bon côté de la barrière alors qu’ils n’ont été qu’exploités et manipulés par leur direction !

    Si Mélenchon avait su faire naitre chez l’idéaliste qui était en moi quelques espoirs, il a su aussi de part les positions qu’il a prises (ses outrances surjouées face à l’affaire Meric, ses lubies anti-FN, son discours pro-immigrationniste le coupant de l’électorat populaire, l’affaire Dieudonné pour laquelle il s’est montré vraiment pas à la hauteur), me faire redescendre sur terre et sans avoir été fracassante, la chute aura pu certes me donner quelques vertiges (libérateurs) mais le trouble passé, qu’il est bon de retrouver ses petites billes et de ne plus sentir la flamme vous brûler de trop près !

    Je suis dégoûtée comme beaucoup de gens, au vu des affaires gerbantes de nos politicards qui se développent en coulisse et franchement à part sanctionner (en plus d’avoir une position citoyenne anti-EU bien tranchée ), je n’ai plus guère de motivation quant à la chose politique et je trouve meilleur pour le moral, de se défouler par les urnes plutôt que de les fuir !

    Quand Mélenchon proposera de sortir du bousin (seul Asselineau et le PRCF sont franchement pour la sortie de l’OTAN de l’euro et de l’EU – je ne suis pas dupe à propos du FN quant au fait qu’il ne prône que la sortie de l’euro mais un vote FN aura plus de poids qu’un vote UPR) et de perdre en passant un peu de son confort, alors peut être je reviendrai à de meilleurs sentiments à son égard mais je n’y crois pas alors il ira se faire voir (malgré que je l’aimais bien sur certains aspects mais c’était avant que d’avoir perdu tout espoir de voir mon pays sortir du marasme) !

  15. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    @ Descartes,
    Je voulais dire "au crépuscule de leur vie" dans mon dernier message et non à l’aube bien sûr 🙂 A moins de considérer qu’ils soient à l’aube d’une nouvelle vie, introduite par une lucidité de dernière heure, retrouvée mais il est rare que des êtres trop enracinés dans leurs croyances d’origine, et qui toute leur vie se sont comportés de manière dogmatique, arrivent à atteindre une certaine émancipation, même arrivés en fin de parcours !

    • Descartes dit :

      @L’inconnue de l’Orient Express

      [De la tenue dites-vous, Descartes ? mais je n’en ai que trop au quotidien et donc de temps en temps, c’est bien de lâcher la bride,]

      Seulement si l’on est un cheval…

      [J’aime bien caricaturer nos bonhommes politiques et aller dans une certaine démesure quant à les critiquer (quand ils le méritent), Et puis, à l’écrit, il est toujours bon d’allier fougue et lyrisme plutôt que de demeurer bien sagement dans un répertoire sans fantaisie !]

      Si ça vous fait plaisir, pourquoi s’en priver. C’est un peu comme lancer des fléchettes sur la photo de la personne qui nous déplait. Ca peut soulager certaines personnes, mais je ne crois pas que ce genre de méthode soit très utile à l’heure de l’analyse politique.

      [Vous savez Descartes, je ne suis pas de ces sectaires qui pullulent sur le blog de qui vous savez !]

      Je l’avais bien compris. Vous, vous êtes un autre type de sectaire…

      [Si il y a deux à trois ans de cela, j’ai pu avoir l’air passionnée, la raison chez moi finit toujours par l’emporter sur la passion parce que d’une, au contraire des sectaires, je suis capable de réviser ma conception de la réalité, de finir par en accepter les nouveaux contours et de deux de faire évoluer ma pensée en fonction des évènements qui se profilent à l’horizon]

      C’est bien. Seulement, il manque un petit truc : le retour critique sur soi même. C’est-à-dire, se demander pourquoi on a pu croire ce qu’aujourd’hui on ne croit plus. Parce que si votre idéal c’est de passer d’une croyance aveugle à une autre croyance aveugle jusqu’à les épuiser toutes…

      [et surtout un électron libre je resterai vis à vis des partis politiques de quelques bords que ce soit ! Ils n’auront ni mon fric (cotisation), ni mes bras, ni même un peu de ma tête (que je préfère me garder bien claire pour d’autres fonctions) ni mon entière adhésion (des doutes subsisteront toujours en toile de fond) !]

      Pas de quoi être fier, à mon avis. La capacité de s’engager vraiment pour ses convictions est une grande qualité. Le fanatisme de « l’électron libre » n’est pas moins terrifiant que n’importe quel autre.

      [Pas comme ces vieux militants qui se targuent à l’aube de leur vie d’avoir toujours oeuvré (même aveuglément) pour un parti (qui finalement les aura fait cocus) et qui n’ont jamais rien pigé au final !]

      Je ne partage pas cette vision. Comme disait Aragon, « il n’y a pas d’amour heureux ». Ces vieux militants auront peut être été cocus, mais ils ont quand même aimé. Je plains ceux qui au nom d’un individualisme genre « moi ils ne m’auront pas » n’auront jamais connu cet amour qui est don de soi. J’aime bien la formule du philosophe François Georges qui, parlant de ses parents « staliniens », disait « ils croyaient en quelque chose de grand, et cette croyance les grandissait ».

  16. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    Désolée de ne pas aller dans votre sens Descartes, mais j’estime avoir d’autres cordes à mon arc, comme tout un chacun, et ai donc à ma disposition de multiples moyens pour partager de manière dense avec autrui, tout en comblant mes propres besoins, sans que le sentiment d’utilité en soit absent ! Et ça ne passe pas obligatoirement par un engagement de nature politique (quelle tristesse ce serait autrement) !
    Une certaine part d’égoïsme est nécessaire à l’équilibre personnel de tout être humain (je ne crois pas au désintéressement total de qui que ce soit au alors très exceptionnellement ).

    Quelque peu désinvolte, votre manière d’étiqueter les gens que vous ne connaissez qu’à partir de quelques fragments d’eux, qu’ils veulent bien éparpiller subrepticement (pour bien brouiller les pistes ?), et encore en y apportant leur part de dérision et de cinoche et pour certain une petite dose d’originalité bien à eux dans la forme (sans négliger le fond) !
    Fin du hors sujet, revenons à nos petits moutons (bêlants), voulez-vous…..

    • Descartes dit :

      @ L’inconnue de l’Orient Express

      [Une certaine part d’égoïsme est nécessaire à l’équilibre personnel de tout être humain (je ne crois pas au désintéressement total de qui que ce soit au alors très exceptionnellement ).]

      Sage attitude… ce qui me chiffonne, c’est que pendant votre période d’amourachement d’avec Mélenchon, si ma mémoire ne me trompe pas vous considériez le Petit Timonier comme un être parfaitement désintéressé… mais peut-être n’était-il pas « humain » pour vous à l’époque ? Ou faisait-il partie de ces êtres « très exceptionnels » ?

      [Quelque peu désinvolte, votre manière d’étiqueter les gens que vous ne connaissez qu’à partir de quelques fragments d’eux, qu’ils veulent bien éparpiller subrepticement (pour bien brouiller les pistes ?), et encore en y apportant leur part de dérision et de cinoche et pour certain une petite dose d’originalité bien à eux dans la forme (sans négliger le fond) !]

      Où m’avez-vous vu « étiqueter » qui que ce soit ? S’il vous plaît, ne prenez pas votre cas pour une généralité…

      [Fin du hors sujet, revenons à nos petits moutons (bêlants), voulez-vous…..]

      Ce n’est pas moi qui m’en soit écarté, alors ce n’est pas à mois qu’il faut demander si je « veux » revenir à nos moutons…

  17. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    Oui je sais Descartes, avant les présidentielles, j’étais très très allumée mais il faut dire que Mélenchon avait tout un attirail pour faire craquer la passionnée que je sais être quand le climat s’y prête mais tout ne dure qu’un temps, vous le savez bien vous aussi et c’est pourquoi tous les amours finissent mal (ou alors continuent à faire semblant de fonctionner pour la bonne cause mais il y a ceux qui préfèrent couper plutôt que déchirer) !

    Comme vous le dites plus haut dans votre réponse à mon message sur Désir, Mélenchon a su faire rêver beaucoup de monde de par ses talents de tribun (vu qu’il est pratiquement le seul qui reste à exceller dans ce registre) mais à l’arrivée, il a trompé ses partisans parce qu’il n’avait rien de concret pour faire plier Hollande ou tout ça n’était peut être qu’une mascarade depuis le début et comme le disait Le Pen, il n’était peut être que la voiture balai du PS (on ne le saura jamais, tout se passe en coulisse mais il est prudent de douter et douter m’oblige à prendre mes distances) !

    Sinon, il continue à être sympathique à mes yeux globalement et vu tous les cakes qui composent l’appareil politique, il lui reste quand même quelques bonnes qualités qui peuvent tout à la fois lui nuire comme le servir ! Faut être plus dur qu’il n’est pour faire de la politique ! le registre romantique affectif, c’est bon pour ceux qui envisagent une carrière de musicien ou d’écrivain ! qu’il prenne sa retraite et puis basta ! c’est au peuple de s’unir contre les austéritaires, pas besoin de passer par des intermédiaires !
    Cette petite ballade de santé hier aura j’en suis sûre (ironie) porté ses fruits !!!

    • Descartes dit :

      @ L’inconnue de l’Orient Express

      [Oui je sais Descartes, avant les présidentielles, j’étais très très allumée mais il faut dire que Mélenchon avait tout un attirail pour faire craquer la passionnée que je sais être quand le climat s’y prête (…)]

      « Séduite et abandonnée », si je comprends bien… Oui, je confirme, vous étiez passablement « allumée ».

      [mais tout ne dure qu’un temps, vous le savez bien vous aussi et c’est pourquoi tous les amours finissent mal (ou alors continuent à faire semblant de fonctionner pour la bonne cause mais il y a ceux qui préfèrent couper plutôt que déchirer) !]

      Faut pas mélanger amour et politique…

      [Comme vous le dites plus haut dans votre réponse à mon message sur Désir, Mélenchon a su faire rêver beaucoup de monde de par ses talents de tribun (vu qu’il est pratiquement le seul qui reste à exceller dans ce registre) mais à l’arrivée, il a trompé ses partisans parce qu’il n’avait rien de concret pour faire plier Hollande (…)]

      Si Mélenchon a pu « tromper ses partisans », c’est parce que ses partisans avaient très envie d’être trompés. Je me méfie toujours des militants qui racontent « avoir été trompés » par leurs dirigeants. A chaque fois, c’est la même chose : toute l’information était disponible, il suffisait d’accepter de la regarder. Seulement voilà, les gens avaient tellement envie d’être trompés, que personne n’est allé la voir, que personne n’a voulu y croire. Qu’est-ce qu’ils croyaient, les partisans de Mélenchon ? Que le soir de l’élection présidentielle il allait dégainer on ne sait quelle « arme secrète » pour contraindre Hollande à mettre en œuvre le programme du Front de Gauche ?

      [Sinon, il continue à être sympathique à mes yeux globalement]

      A titre personnel, il est très sympathique. Mais en tant qu’homme politique, il a montré ses limites.

      [Faut être plus dur qu’il n’est pour faire de la politique ! le registre romantique affectif, c’est bon pour ceux qui envisagent une carrière de musicien ou d’écrivain ! qu’il prenne sa retraite et puis basta !]

      Arrêtez. Le « registre romantique affectif », c’est une image. Le père Méluch sait être très dur. Ceux qui l’ont connu dans sa période « mitterrandienne » vous le diront.

      [c’est au peuple de s’unir contre les austéritaires, pas besoin de passer par des intermédiaires !]

      Je vois mal le patronat « s’unir contre les austéritaires ». Mais peut-être que le patronat ne fait pas partie du « peuple » ? Franchement, ce genre de bêtise anarcho-syndicaliste commence à me gonfler. Le « peuple » est une fiction juridique. Une fiction nécessaire, certes, mais fiction quand même. Le « peuple » ne « s’unira » jamais parce qu’il est composé de couches sociales différentes avec des intérêts contradictoires. Même les mots sont trompeurs, et « austérité » ne signifie pas la même chose pour les classes moyennes et pour les couches populaires.

  18. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    « Séduite et abandonnée », si je comprends bien… "

    Vous n ‘y êtes absolument pas Descartes, ce serait plutôt l’inverse qui se produit mais je ne suis pas là pour me vanter !

    "Oui, je confirme, vous étiez passablement « allumée ".

    Ca prouve au moins que je suis une bonne vivante ! que serait la vie sans émotions fortes (ponctuées de temps de temps de repos réparateurs) ? et puis au moins, j’ai pas besoin de me gorger de petites pilules roses pour me sentir exister ; je m’enflamme à l’instant T et puis si le soufflé finit par retomber, pas grave, l’important c’est d’avoir participé, n’est-ce-pas ?

    "Si Mélenchon a pu « tromper ses partisans », c’est parce que ses partisans avaient très envie d’être trompés."
    Ah je vous reconnais bien là dans votre réponse Descartes (malgré que je ne vous connais pas en vrai) mais sur certains points, vous ayant pas mal lu, je sais d’avance quelles vont être vos réparties (rire) En même temps, comme j’aime bien faire ma chipie, c’est un plaisir pour moi que de vous mettre à l’épreuve de ma prose (du moins de mon argumentation pas assez appuyée selon vos critères) qui vous hérisse le poil (si si je le sens) ! Faut bien prendre les choses du bon côté, hein, c’est à dire avec humour (vache parfois) !

    "A titre personnel, il est très sympathique. Mais en tant qu’homme politique, il a montré ses limites."

    Disons que certains peuvent estimer qu’il a montré ses limites oui et qui iront voter FN pour la peine ! mais est-il vraiment allé jusqu’au bout de ses convictions (dans la pratique, je parle) ? pas si sûr ! pour l’instant, il s’accroche encore à son petit confort de député et c’est cela qui fausse la donne ! Il est essentiel d’être un peu dans l’insécurité personnelle pour oser franchir certains obstacles ! quand on a quelques privilèges à conserver, on hésite à sauter le pas !

    "Arrêtez. Le « registre romantique affectif », c’est une image. Le père Méluch sait être très dur. Ceux qui l’ont connu dans sa période « mitterrandienne » vous le diront."

    Pourtant face à un Cahuzac, même si mordant a de nombreuses reprises, on faisait la différence entre le pourri "fini" qui était en face de lui et l’homme un peu plus tendre de coeur qui transparaissait (malgré lui) mais ce n’est sûrement qu’une impression, une de ces images que les allumées dans mon genre se fabriquent sur des éléments bidons ! vous qui étiez (êtes toujours en théorie) son ami, vous le connaissez mieux qu’aucun de ses partisans alors sur ce registre, je vous laisse le dernier mot, sans aucun complexe !

    « austérité » ne signifie pas la même chose pour les classes moyennes et pour les couches populaires"

    Je suis entièrement d’accord avec vous mais ne vous réjouissez pas trop, il y aura d’autres points où je ne le serai pas (rire) et puis j’aime bien la castagne….(je veux dire tant que je ne risque pas de m’en prendre une droite en pleine tronche, comme ça à faire valser les mots pour désactiver les maux, ça me va) !

    • Descartes dit :

      @l’inconnue de l’Orient Express

      [« Séduite et abandonnée », si je comprends bien… ». Vous n ‘y êtes absolument pas Descartes, ce serait plutôt l’inverse qui se produit mais je ne suis pas là pour me vanter !]

      Vous voulez dire que vous avez séduit puis abandonné Mélenchon ? Des détails, des détails !

      [et puis au moins, j’ai pas besoin de me gorger de petites pilules roses pour me sentir exister ; je m’enflamme à l’instant T et puis si le soufflé finit par retomber, pas grave, l’important c’est d’avoir participé, n’est-ce pas ?]

      C’est un peu ce que racontait Albert Speer dans ses mémoires…

      [Disons que certains peuvent estimer qu’il a montré ses limites oui et qui iront voter FN pour la peine ! mais est-il vraiment allé jusqu’au bout de ses convictions (dans la pratique, je parle) ?]

      Malheureusement, oui. Lorsqu’il a appelé à voter Hollande au deuxième tour en 2012, lorsqu’il se refuse à admettre que Maastricht fut une calamiteuse erreur, lorsqu’il enfourche les pires chevaux gauchistes et rêve à voix haute d’une « nouvelle alliance » avec EELV, il va « au bout de ses convictions ». Mélenchon est une personnalité attachante, mais il est aussi un trotskyste reconverti au culte mitterrandien et qui n’a jamais été capable de tuer le père. C’est triste, mais c’est comme ça. C’est ça, ses convictions. Et il est allé « au bout » de celles-ci.

      [Il est essentiel d’être un peu dans l’insécurité personnelle pour oser franchir certains obstacles ! quand on a quelques privilèges à conserver, on hésite à sauter le pas !]

      Qu’est-ce que vous me chantez-là ? Chevènement est allé « au bout de ses convictions » sans avoir besoin pour cela de la moindre « insécurité personnelle ». Idem pour Philippe Séguin.

      [vous qui étiez (êtes toujours en théorie) son ami, vous le connaissez mieux qu’aucun de ses partisans alors sur ce registre, je vous laisse le dernier mot, sans aucun complexe !]

      C’est mon dernier mot : j’aime l’homme Mélenchon comme un frère, et je lui donnerais sans hésiter mon poisson rouge à garder. Mais le politicien Mélenchon, lui, ne vaut pas tripette. J’ai dit.

    • @ Descartes,

      Uniquement le poisson rouge? La confiance a des limites…

    • Descartes dit :

      @nationalistejacobin

      [Uniquement le poisson rouge? La confiance a des limites…]

      "Comme on connait ses saints, on les honore"…

  19. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    "j’aime l’homme Mélenchon comme un frère…"

    Savoir faire la part des choses entre ce que nous inspire de bon quelqu’un et ses capacités supposées à impulser dans le sens contraire une dérive politique nocive à tous, est faire preuve d’honnêteté avec soi-même !

    Pour ma part, je ne renie en rien toutes les belles qualités que je lui ai trouvées d’emblée et d’ailleurs abstentionniste, voir apolitique invétérée à la base, c’est bien un peu grâce à lui , l’homme à la généreuse nature et à l’intellect bien développé (pas toujours évident chez les hommes politiques) que j’ai pris goût peu à peu à la chose politique (pas au point cependant de lui consacrer toute mon énergie non plus) !

    Je ne le mets surtout dans le même panier de maquereaux mais j’ai toujours su raison gardée malgré une euphorie électrique d’avant les présidentielles (ah dégommer le petit excité pour se farcir un pas plus grand et moins dynamique, quelle petite victoire, en effet, avec le recul) !

    La manipulation chez un homme politique étant l’arme automatique qu’il utilise à tous les coups et déjà prioritairement en direction de ses partisans (parce qu’il faut bien gagner leur confiance), je considère donc qu’à partir de là, la messe est dite !
    Cependant, il y a une différence à faire entre les triples ordures (tous bords confondus) et puis les autres (trop rares), ceux qui ont des convictions réelles, si limitées soient-elles, en apparence (dans la pratique).

    Rares sont les hommes politiques qui réunissent des qualités multiples, du style d’un certain Général qui combinait efficacité, grandeur d’esprit, intelligence y compris stratégique et droiture ! De Gaulle parti dans les abimes d’un monde inconnu aux encore vivants, nous n’avons pu que constater le déclin progressif et irrémédiable de la France !

    Donc voilà, Mélenchon qu’il soit de gauche était très secondaire pour moi ! ex-socialiste ? rien à battre !
    Le socialisme, le vrai est mort avec Jaurès !

    C’est bien sur l’homme que j’avais misé mais si comme vous le dites, il n’a pas su s’entourer des bonnes personnes qui lui auraient permis de retourner la situation merdique dans laquelle nous baignons en ce moment alors qu’avons-nous d’autres comme moyens de défense, nous les gens roulés dans la farine ? qui allons casquer à mort sous l’ère vallsienne, à part miser sur le FN (plus rien à perdre pour beaucoup), juste histoire de montrer qu’on n’est pas tant des veaux que cela au final hein, histoire de faire mentir le grand Charles et de le faire bondir du haut de ses cieux délicieux !

    Je ne crois pas davantage en les capacités de MLP à être en mesure d’arranger la situation de la France ! disons qu’au contraire des bobos de gauche (genre les Bruel et les Noah, pour les plus médiatiques d’entre eux), elle ne me fait ni horreur, ni peur et même que je l’ai trouvé trop bonne face à Moscovici (dégommé lui aussi depuis) lors d’un récent débat télévisé !

    Voilà au travers mon témoignage d’ex mélenchonniste ni désabusée, ni trahie et encore moins se sentant abandonnée, juste lucide, vous voyez un peu ce qu’il ressortira de ces élections européennes ! Un désastre pour le PS (et l’UMP) !YES

    • Descartes dit :

      @L’inconnue de l’Orient Express

      [Je ne le mets surtout dans le même panier de maquereaux mais j’ai toujours su raison gardée malgré une euphorie électrique d’avant les présidentielles (…)]

      Allons… je me souviens très clairement de ce que vous écriviez avant les présidentielles. C’est d’ailleurs consultable ici mais aussi sur le blog de Mélenchon. On ne peut pas dire que vous ayez gardé beaucoup de raison à l’époque. Quant au « même panier de maquereaux »… le « même » que qui ? Mélenchon a derrière lui vingt-cinq ans de carrière au PS, pendant laquelle il ne s’est jamais démarqué de la ligne de son parti. Alors arrêtez de faire comme s’il était né d’une vierge un jour de 2008. Après vingt-cinq ans passé dans le « même panier de maquereaux », difficile de dire que c’en est pas un.

      [La manipulation chez un homme politique étant l’arme automatique qu’il utilise à tous les coups et déjà prioritairement en direction de ses partisans (parce qu’il faut bien gagner leur confiance), je considère donc qu’à partir de là, la messe est dite !]

      Je ne vois pas d’où vous tirez cette idée. Je ne pense pas que la manipulation soit « l’arme automatique » d’un Jean-Pierre Chevènement ou d’un Philippe Séguin. Tous les « hommes politiques » ne correspondent pas au modèle imaginaire qui est le votre.

      [C’est bien sur l’homme que j’avais misé mais si comme vous le dites, il n’a pas su s’entourer des bonnes personnes qui lui auraient permis de retourner la situation merdique dans laquelle nous baignons en ce moment alors qu’avons-nous d’autres comme moyens de défense, nous les gens roulés dans la farine ?]

      Nous avons pour notre défense cette masse grise qui se trouve entre nos oreilles et qui s’appelle « cerveau ». Je suis toujours surpris de votre tendance à « miser » sur un homme providentiel. Et un plus, vous vous êtes choisi un homme providentiel bien peu providentiel. En dernière instance, c’est le peuple qui fait l’histoire. Les grands hommes n’en sont que les catalyseurs et, à posteriori, les symboles. Le Grand Charles a fait beaucoup pour que la France s’assoie à la table des vainqueurs. Mais il n’y serait pas parvenu si des milliers de gens n’étaient pas venus à son appel, si le PCF n’avait pas compris que les intérêts de la classe ouvrière seraient mieux servis par un général à titre provisoire maurassien que par un proconsul américain.

      [Je ne crois pas davantage en les capacités de MLP à être en mesure d’arranger la situation de la France !]

      Moi non plus. Mais a-t-elle la capacité de mettre en mouvement les forces capable de le faire ? Là est toute la question.

  20. L'inconnue de l'Orient Express dit :

    "Je suis toujours surpris de votre tendance à « miser » sur un homme providentiel"
    "Les grands hommes n’en sont que les catalyseurs et, à posteriori, les symboles"

    Il n’est point question d’homme providentiel, Descartes car bien évidemment (et vous ne m’apprenez rien) ni Hitler (dans le mauvais sens) ni De Gaulle (dans le bon sens) ne seraient arrivés là où ils en sont arrivés sans la complicité ou l’adhésion du peuple et pour cela il a fallut aussi qu’il y ait des circonstances favorables ou particulières à leur ascension !

    Donc dans votre conclusion sur MLP, effectivement qu’importe d’où le vent de la témérité soufflera (FDG ou FN ?), l’important est que les forces puissent effectivement se mettre en mouvement et qu’enfin les choses bougent, pour le meilleur à venir, espérons-le mais en général on n’a jamais le meilleur sans se donner un peu de mal !

    Voyons déjà le résultat des Européennes et nous aviserons de la suite des évènements (sachant que Hollande quoi qu’il arrive, demeurera fidèle à lui même, à regarder inlassablement par le petit bout de sa minuscule lorgnette de myope) !

    Arriverons-nous à sauver notre peau ?

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