Tristesse d’automne

Mes chers lecteurs, j’ai un aveu à vous faire : j’ai de plus en plus de mal à commenter l’actualité économique et politique. Non que la chose ait cessé de m’intéresser. Mais pour stimuler la pensée – du moins la mienne – il me faut du nouveau. Or, du nouveau, il y en a très peu. Bien entendu, des il se passent des choses, mais tout cela a un goût de réchauffé, une apparence de déjà vu. Que pourrait-on dire à propos de Fauzi Lamdaoui ou de Kader Arif qu’on n’ait déjà dit à propos de Thévenoud ou de Cahuzac ? Que dire de la n-ième risette de Valls aux patrons qu’on n’ait déjà dit au moment du « pacte de responsabilité » ? Que puis-je dire de nouveau au sujet du dernier livre de Mélenchon, alors que celui-ci ne fait que ressasser les mêmes bêtises ? Par certains côtés, je me sens un peu comme le personnage du film « un jour sans fin », condamné par une étrange singularité de l’espace temps à se réveiller chaque jour au même point et revivre éternellement la même journée. En attendant… en attendant quoi, exactement ? Le duel Le Pen-Sarkozy au deuxième tour de 2017 qui obligerait à choisir entre le mauvais et le pire ? A moins que ce soit un deuxième tour Hollande-Le Pen, auquel cas il ne nous resterait qu’à commettre un suicide à l’aide d’un bulletin de vote.

Vous l’aurez compris, en cette fin d’année j’ai du mal à me tenir à ma ligne intellectuelle, qui a toujours été celle de l’optimisme méthodologique, forme moderne du pari pascalien. Mais j’avoue avoir de plus en plus de mal à trouver de quoi être optimiste. L’optimisme méthodologique implique de penser que puisque les choses vont changer, autant croire – et agir pour – qu’elles peuvent changer en bien. Mais lorsque rien ne change, lorsque chacun répète en boucle les mêmes idées galvaudés, les mêmes affirmations absurdes, les mêmes raisonnements fallacieux, lorsque tout le monde se prépare gaiement – c’est une façon de parler – à une déflation européenne qui pourrait durer dix ou vingt ans sans que personne ne lève le petit doigt, on finit par désespérer. Et à penser que tout est mieux que cette stagnation qui n’est pas seulement celle de l’économie, mais qui est aussi celle de la pensée et de l’enthousiasme.

Il y a maintenant quelques jours, j’ai reçu à la maison un vieil ami avec qui j’ai partagé ma jeunesse et que, la vie étant ce qu’elle est, je ne me vois – avec un grand plaisir, je dois dire – que de temps en temps. Et alors que nous nous étions installés dans le salon autour d’un vieil armagnac, à l’heure où les chiens rêvent d’être des loups et que les femmes sont parties depuis longtemps se coucher (1), il me fit une remarque lumineuse. « C’est tout de même terrifiant combien le monde est devenu ordinaire ». Et oui, mon ami avait raison : le monde est devenu « ordinaire ». Les hommes politiques sont devenus « ordinaires ». Les intellectuels sont devenus « ordinaires ». Les idées elles mêmes sont devenues « ordinaires ».

Prenons un exemple, pour fixer les idées. Notre ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique – « ministre du numérique », pauvre langue française… – Emmanuel Macron. Un dilettante qui n’est ni un vrai haut-fonctionnaire, ni un vrai chef d’entreprise, ni un vrai économiste, ni un vrai philosophe, ni un vrai politique. Ce qui en soit même n’est pas un pêché. Après tout, nos monarques républicains ont toujours eu auprès d’eux ce genre de conseillers qui, comme disait Mitterrand, ont mille idées. Mais comme l’ajoutait ce grand réaliste, « moi seul sait laquelle est la bonne ». Le problème, est qu’Emmanuel Macron n’est pas un conseiller du prince, laissant à ce dernier le soin de trouver la bonne idée parmi les neuf cents quatre vingt dix neuf mauvaises. Il est ministre de l’Economie et des Finances, et ne peut donc pas se contenter de jouer les électrons libres ou d’écrire dans des notes ce qui lui passe par la tête.

A gauche, on reproche souvent à Macron d’être « néolibéral ». C’est lui faire trop d’honneur. Etre néolibéral implique qu’on adhère à une doctrine, et que cette doctrine est néolibérale. Alain Madelin était, lui, un néolibéral, toujours prêt à affirmer son credo même si cela devait lui coûter – et cela lui coûta – son poste. Macron, lui, est un homme de son temps. L’adhésion à une doctrine est devenue une formalité dont on peut s’en passer. Je dirais même, dont il faut s’en passer si l’on veut faire carrière dans le monde post-idéologique qui est le notre. Une doctrine, une idéologie n’est finalement qu’un poids mort lors des têtes-à-queue idéologiques qui sont devenus notre quotidien. Et Macron, je disais, est homme de son temps. D’où ses déclarations erratiques. Ainsi, par exemple, Macron reconnaît, fort honnêtement, que le « pacte de responsabilité » a échoué, et rejette la responsabilité sur le patronat qui ne joue pas le jeu. Si Macron était un véritable néolibéral, il ne pourrait jamais dire une chose pareille : le crédo libéral implique que, grâce à la « main invisible » du marché, chacun sert l’intérêt général en servant son propre intérêt. Dans cette optique, si les patrons n’ont pas joué le jeu c’est qu’ils n’y avaient pas intérêt, en d’autres termes, que le « pacte » en question était mal conçu. Pourquoi alors rejeter la faute sur les patrons ? L’idée même que les patrons auraient pu créer des emplois en échange des 40 milliards qui leur avaient été donné par avance alors qu’ils n’avaient aucun intérêt à le faire, juste parce qu’ils s’étaient engagé moralement, est une idée contraire à toute la logique néolibérale, qui postule justement que le moteur des actions humaines est l’intérêt. La déclaration de Macron montre combien ce supposé « néolibéral » en est encore à l’économie morale façon christianisme social, à une vision chevaleresque d’un patronat qui tient ses promesses.

Macron est l’illustration de la plus « ordinaire » de toutes les politiques, celle du chien crevé au fil de l’eau. Et la structure de la loi pompeusement appelée « activité et emploi » en est une illustration éloquente. Comme souvent ces derniers temps, on fait des « grandes lois » en raclant les fonds de tiroir – dans le cas d’espèce, ceux des divers rapports sur « les moyens de débloquer la croissance française » rédigés par des anciens premiers ministres et anciens conseillers sortis de la maison de retraite pour l’occasion et qui, comme disait le philosophe, « donnent des bons conseils pour se consoler du fait qu’ils ne sont plus en mesure de donner de mauvais exemples ». A l’arrivée, et moyennant l’action des différents lobbies, on aboutit à une loi faite de bric et de broc, dont on voit mal l’effet réel sur « l’activité et l’emploi ». Car ce n’est pas faire injure à l’honnête profession de notaire que de constater que sa contribution globale au PIB national et à l’emploi est marginale. A supposer même que la réforme projetée double la productivité de cette honorable profession, l’effet sur la croissance sera du niveau de l’épaisseur du trait. Ce n’est pas non plus faire injure au talent de nos commerçants que de douter qu’en ces temps ou les ménages restreignent leurs dépenses en réponse au blocage des salaires, aux expectatives en termes d’emploi et aux effets de la déflation, l’effet économique global de l’ouverture dominicale des magasins sera marginal dans le meilleur des cas.

Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse pas faire une réforme utile du notariat, qu’on ne doive pas réfléchir à la question de l’ouverture des services – et pas seulement des magasins – le dimanche. Ce qui est préoccupant, c’est qu’alors que notre industrie s’effondre, que nos institutions chancellent sous l’effet des coupes budgétaires, que nous courons le risque très réel de voir notre budget sanctionné par Bruxelles, qu’on nous annonce une déflation longue de l’ensemble des économies européennes et, last but not least, que le chômage explose, le gouvernement fasse semblant de croire – et le monde politico-médiatique avec – qu’il va relancer la croissance en ouvrant les magasins le dimanche et en libéralisant la profession d’huissier de justice ou celle de notaire. Le travail législatif est devenu – car la loi « croissance » n’est que la dernière d’une très longue série de « grandes lois » aux grandes ambitions et aux résultats négligeables, voir à ce sujet la « loi de transition énergétique pour une croissance verte » – un exercice de constante poudre aux yeux. Un exercice dans lequel toute la caste politico-médiatique joue sa partition : cela permet certes à la droite du PS de donner l’illusion qu’elle fait quelque chose. Mais cela permet aussi à la gauche du PS et à la « gauche radicale » de se trouver une cause en faisant la seule chose qu’elle sache faire : s’opposant à quelque chose.

Refaire la bataille d’Hernani à propos de l’ouverture dominicale alors que l’économie est en état de coma dépassé et que le chômage flirte dangereusement avec les records, c’est faire preuve d’un singulier aveuglement. Un peu comme se disputer sur le programme de l’orchestre du Titanic. La « vraie gauche », qui devrait être l’usine intellectuelle ou l’on élabore l’avenir, est devenue tellement « ordinaire » qu’elle ne sait penser qu’en « revendications concrètes » à courte vue, et se dispute à l’infini sur la question de savoir à partir de combien de dimanches d’ouverture dominicale une « politique de droite » devient une « politique de gauche ». Le projet de loi porté par Macron lui donne l’opportunité de peindre des banderoles et de coller des affiches « non au travail du dimanche ». Et elle se persuade qu’une telle posture lui gagnera l’électorat populaire. Elle a tort. L’électorat populaire demande quelque chose de très différent. Il demande d’abord qu’on s’occupe de ses problèmes prioritaires, dont le travail dominical, il faut bien le dire, ne fait pas partie. Mais il demande surtout qu’on lui propose une vision globale, une analyse de la société qui donne un sens à ces problèmes et qui permette d’en voir la solution. Or, de ce point de vue, la « vraie gauche » est muette. Et ce qui est pire encore, sourde.

Oui, je sais, je me répète. Mais ce n’est pas ma faute : c’est le monde qui se répète autour de moi. Si je voulais aujourd’hui commenter le dernier document publié par le PS, le compte rendu de la dernière conférence nationale du PCF, le dernier livre de Mélenchon, la dernière déclaration de Nathalie Arthaud ou de Philippe Poutou, le dernier discours de Duflot, qu’est ce que je pourrais dire qui ne s’appliquerait pas aussi bien à ce que chacun de ces acteurs politiques a publié il y a un, cinq, dix ans ? Tout cela illustre à merveille combien sont devenus « ordinaires » les hommes et les idées. A un moment, y en a marre. Marre d’entendre les mêmes idées creuses, les mêmes slogans, les mêmes discours. Marre du refus de remettre en cause des certitudes dogmatiques que chacun répète sans le moindre retour critique. Marre de cette bonne conscience absolue qui permet aux maréchaux de la défaite de faire oublier leurs erreurs et de faire semblant d’avoir toujours eu raison. Marre de cette circularité qui montre une incapacité à tirer les leçons de l’expérience, à tenir compte de ses erreurs. On arrive bientôt à 2017, et qu’y a-t-il de nouveau par rapport à 2012 ? Rien : un président sans projet que tout le monde veut voir partir affronte un candidat sans projet dont la seule qualité est de ne pas avoir gouverné les cinq ans qui précèdent. Une « gauche radicale » sans idées qui continue à construire des châteaux en l’air au lieu de réfléchir au réel, qui crache sur le PS mais qui bien entendu appellera à « faire barrage à la droite » au deuxième tour faute d’avoir réfléchi aux alternatives. Et après on s’étonne que Marine Le Pen ait le vent en poupe.

Descartes

(1) Oui, je suis sexiste, et alors ?

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46 réponses à Tristesse d’automne

  1. Marcailloux dit :

    Bonjour,

    [ En attendant… en attendant quoi, exactement ?]

    Ben ! Godot évidemment. Excusez-moi, c’est trop facile, je sais.

    Selon Wikimédia, avec cependant le démentit de S. Beckett, Godot serait le mélange du mot anglais « God- » (Dieu) et d’un suffixe français populaire « -ot ». Cette explication donnerait une dimension métaphysique à la pièce : les deux personnages attendent l’arrivée d’une figure transcendante pour les sauver, mais elle ne vient jamais.

    Attendre Godot et espérer que cela va changer c’est ce que font les Français en attendant un nouveau Charles de Gaulle. . . . Pour le vouer aux gémonies, une fois le boulot terminé. Ils savent que cet espoir frise l’absurdité, à moins que des circonstances exceptionnellement graves ne révèlent cet improbable sauveur. A quel prix ? . . . . on préfère ne pas le savoir, c’est plus confortable.
    Et c"est ainsi que le roman national n’est depuis belle lurette qu’un pitoyable vaudeville. Mais tant que l’on a suffisamment de spectateurs pour payer le billet d’entrée et applaudir des bouffons et cabotins qui occupent le devant de la scène. . . . . . .

    Et le principe de duplicité généralisée n’est-il pas la symbolique ceinture d’Estragon qui casse à vouloir en éprouver la solidité ?
    N’oubliez pas, le vote blanc, bientôt reconnu, pourrait représenter le cinquième des douze travaux d’Héraclès.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Attendre Godot et espérer que cela va changer c’est ce que font les Français en attendant un nouveau Charles de Gaulle. . . . Pour le vouer aux gémonies, une fois le boulot terminé. Ils savent que cet espoir frise l’absurdité, à moins que des circonstances exceptionnellement graves ne révèlent cet improbable sauveur. A quel prix ? . . . . on préfère ne pas le savoir, c’est plus confortable.]

      Vous ne trouvez pas que c’est une extraordinaire coïncidence que la France se soit trouvé un « sauveur suprême » chaque fois qu’elle en a eu besoin ? Personnellement, je ne crois pas dans les coïncidences. Si ce mécanisme se répète avec une telle régularité dans notre histoire, il faut conclure qu’il y a quelque part un mécanisme qui « fabrique » le sauveur suprême dont le pays a besoin. Seulement voilà, cette fois-ci le mécanisme semble s’être enrayé. Les intelligences politique de premier plan sont aujourd’hui trop marginales et fantasques – comme Guaino – ou trop vieilles – comme Chèvenement – pour représenter une véritable alternative de pouvoir. Quant aux autres… j’ai de la peine à imaginer que le « sauveur suprême » puisse prendre les traits de Kosciusko-Morizet, de Wauquiez, de Macron, de Vallaud-Belkacem.

      [Et c"est ainsi que le roman national n’est depuis belle lurette qu’un pitoyable vaudeville. Mais tant que l’on a suffisamment de spectateurs pour payer le billet d’entrée et applaudir des bouffons et cabotins qui occupent le devant de la scène…]

      Justement, il y en a de moins en moins. En trente ans on est passé de « tout est politique » à une détestation générale – ou plutôt un mépris général – du politique. Aujourd’hui, les mouvements sociaux se font en dehors du politique et souvent contre lui.

  2. gugus69 dit :

    Bonsoir ami et camarade,
    Ne vous mettez pas trop martèle en tête. Ce sentiment de vulgarité générale (au sens propre), nous sommes nombreux à nous en désoler. Nous sommes nombreux : c’est déjà bon signe non ?
    Alors moi, mon antidote à la déprime, c’est de me projeter sur le temps long. Et finalement ça aide bien à appréhender le temps présent avec un recul salutaire. Je n’essaie même pas de savoir ce qu’il adviendra en 2017. qui, en 1786, savait ce que serait 1789.
    En tout cas, la crise politique, économique, morale, était profonde…
    Alors bavardons comme au coin du feu avec votre ami (ma femme regarde la télé). J’ai relu cette semaine "Et l’acier fut trempé" de Nicolaï Ostrovski. Je l’avais lu il y a plus de 40 ans, quand j’étais jeune communiste. Il m’avait transporté d’un bel élan révolutionnaire. Aujourd’hui, finalement, je trouve le roman plutôt moyen ; mais quel tract bolchévik ! Comment ces hommes, dans des conditions effroyables, se sont battus comme des chiens pour construire CONCRÈTEMENT une société socialiste en acceptant tous les sacrifices, sans illusions sur les difficultés inouïes qu’ils rencontreraient.
    Voyez-vous bizarrement, j’ai pensé aux zadistes. Ces jeunes d’aujourd’hui sont en fait l’exact opposé des jeunes bolchéviks des années vingt. Ostrovski raconte notamment comment, alors que le froid ukrainien menace la survie d’une ville privée de chauffage, des groupes de volontaires komsomols construisent dans les pire conditions une voie ferrée vers la forêt et ses réserves de bois, malgré les attaques des blancs, malgré les lenteurs bureaucratiques, malgré le manque total d’équipement. Ils y laissent leur santé, parfois leur vie, mais ils sauvent la ville.
    Comprenez-vous comme moi combien les jeunes zadistes ne construisent rien de concret en prétendant protéger la nature contre l’homme, alors que l’essence même du combat des jeunes Bochéviks et de construire -ici une voie ferrée- pour protéger les hommes contre une nature adverse.
    Et bien je vous fiche mon billets que vos jeunes zadistes sont presque tous issus de milieux favorisés (vous diriez des classes moyennes), alors que les komsomols décrits par Ostrovski venaient de la classe ouvrière la plus exploitée. Son héro, Pavel Kortchaguine, est un jeune chauffeur de chaudière.
    Mon cher camarade et ami, je suis fils d’ouvrier. Mais l’ascenseur social m’a permis, grâce au statut de la fonction publique, d’accéder à un niveau de vie qui aurait fait plaisir à mon papa et à ma maman (je ne suis pas sexiste). Ils voulaient, comme tous les travailleurs, que leurs enfants aient un meilleur sort qu’eux.
    Alors moi, quand la raison me pousse comme vous au pessimisme, je me recentre sur l’instinct de classe, je me reconcentre, je me veux bolchévik, constructeur et révolutionnaire. C’est con, mais ça me fait du bien !
    Passez, ami Descartes, d’excellentes fêtes de fin d’année.

    • Descartes dit :

      @ gugus69

      [Ne vous mettez pas trop martèle en tête. Ce sentiment de vulgarité générale (au sens propre), nous sommes nombreux à nous en désoler. Nous sommes nombreux : c’est déjà bon signe non ?]

      C’est mieux que rien, certainement. Mais je ne suis pas sûr que nous soyons si nombreux que cela. Le succès des charlatans style Rifkin, Serres ou Robin aurait tendance à me persuader du contraire. La fin des élites – au bon sens du terme – est, je le crains, programmée.

      [Alors moi, mon antidote à la déprime, c’est de me projeter sur le temps long. Et finalement ça aide bien à appréhender le temps présent avec un recul salutaire. Je n’essaie même pas de savoir ce qu’il adviendra en 2017. Qui, en 1786, savait ce que serait 1789.]

      Personne. Mais depuis, les instruments dont nous disposons pour analyser l’histoire se sont beaucoup affinés. Dans la France de 1786, comme dans la Russie de 1914, il y avait beaucoup plus de gens qui n’avaient plus rien à perdre. Ce n’est pas du tout le cas aujourd’hui. Or, les gens qui ont beaucoup à perdre agissent comme une poids mort pour tout changement de fonds. C’est un peu le paradoxe de nos sociétés : au fur et à mesure qu’elles s’enrichissent, elles perdent le goût de l’aventure.

      [Alors bavardons comme au coin du feu avec votre ami (ma femme regarde la télé). J’ai relu cette semaine "Et l’acier fut trempé" de Nicolaï Ostrovski. Je l’avais lu il y a plus de 40 ans, quand j’étais jeune communiste. Il m’avait transporté d’un bel élan révolutionnaire. Aujourd’hui, finalement, je trouve le roman plutôt moyen ; mais quel tract bolchévik ! Comment ces hommes, dans des conditions effroyables, se sont battus comme des chiens pour construire CONCRÈTEMENT une société socialiste en acceptant tous les sacrifices, sans illusions sur les difficultés inouïes qu’ils rencontreraient.]

      Un jour, on redécouvrira la littérature soviétique de cette époque. Qui du point de vue littéraire n’est certainement pas ce qui se fait de mieux, mais qui portait un souffle extraordinaire d’optimisme. C’est un « yes we can » bien avant Obama et avec beaucoup plus de consistance. Cela étant dit, je me demande si l’on peut lire aujourd’hui le roman d’Ostrovski avec les yeux des années 1930. Lorsqu’on lit Ostrovski ou Makarenko, il est aujourd’hui difficile d’imaginer le monde pour lequel ces ouvrages ont été écrits…

      [Comprenez-vous comme moi combien les jeunes zadistes ne construisent rien de concret en prétendant protéger la nature contre l’homme, alors que l’essence même du combat des jeunes Bochéviks et de construire -ici une voie ferrée- pour protéger les hommes contre une nature adverse.]

      Oui, tout à fait. Le mouvement bolchévik était progressiste dans la ligne des Lumières, en ce qu’il faisait confiance à l’être humain pour améliorer le monde dans lequel il vit. Les mouvements écologistes – dont les Zadistes ne sont qu’ne variante – sont au contraire réactionnaires dans la lignée romantique, en ce qu’ils professent une méfiance absolue de l’être humain.

      [Mon cher camarade et ami, je suis fils d’ouvrier. Mais l’ascenseur social m’a permis, grâce au statut de la fonction publique, d’accéder à un niveau de vie qui aurait fait plaisir à mon papa et à ma maman (je ne suis pas sexiste). Ils voulaient, comme tous les travailleurs, que leurs enfants aient un meilleur sort qu’eux. Alors moi, quand la raison me pousse comme vous au pessimisme, je me recentre sur l’instinct de classe, je me reconcentre, je me veux bolchévik, constructeur et révolutionnaire. C’est con, mais ça me fait du bien !]

      En général, j’adhère à cette vision, celle que j’ai appelé de « l’optimisme méthodologique ». Mais j’avoue que quelquefois, j’ai du mal. Quand le ciel est bas et gris, et que je lis les journaux…

      [Passez, ami Descartes, d’excellentes fêtes de fin d’année.]

      Même chose pour toi et les tiens, cher ami et camarade…

  3. Gérard Couvert dit :

    Coup de froid ? une petite déprime ? l’âge sournois ?
    Quel drame que Marine n’en n’ait pas, et surtout qu’elle ne parvienne pas à incarner ce qu’elle prétend porter … n’est-ce pas ?

    • Descartes dit :

      @ Gerard Couvert

      [Coup de froid ? une petite déprime ? l’âge sournois ?]

      Les trois en même temps, peut-être… mais j’avoue que j’ai de plus en plus de mal à m’intéresser à l’actualité. L’autre jour, un ami commence à me parler de la Conférence nationale du PCF du mois de Novembre… et tout à coup, j’ai découvert que cette Conférence m’est passée complètement inaperçue, moi qui avait l’habitude de lire systématiquement tout les documents produits par la direction du PCF. J’avoue que cela m’a fait un choc.

      [Quel drame que Marine n’en n’ait pas, et surtout qu’elle ne parvienne pas à incarner ce qu’elle prétend porter … n’est-ce pas ?]

      L’homme ou la femme providentiels attirent à eux toutes sortes de gens. On y trouve le meilleur comme le pire, des gens intelligents et patriotes, mais aussi toutes sortes d’aventuriers attirés par l’espoir du pouvoir et des honneurs. Mongénéral était parfaitement conscient que « ses amis aimaient trop l’argent », et c’est pourquoi il n’a jamais voulu devenir un homme de parti, ce qui a donné des rapports difficiles avec les différents partis « gaullistes » qui se sont succédés.

      Marine « en a beaucoup », mais elle a un peu le même problème. En pire, puisqu’elle est, de par sa trajectoire, une femme de parti, ce que mongénéral n’était pas. Mongénéral, du fait de sa trajectoire dans la France Libre, pouvait se placer « au dessus des partis » et être élu sur son nom. Marine, elle, ne peut arriver au pouvoir qu’avec et à travers de son parti. Or, pour dépasser le stade du parti protestataire et accéder au pouvoir, il faut en France une base locale. Et pour cela il faut des cadres et des militants implantés dans le territoire. Ce qui pose un problème de discipline interne. Comment donner une unité idéologique à un mouvement qui abrite des idéologies différentes voire contradictoires ? Comment faire que cette masse militante tire du même côté et ne se disperse pas dans les querelles internes ?

      A cela s’ajoute le fait que Marine Le Pen n’est pas, loin de là, une femme d’Etat. Elle est sans doute intelligente, courageuse, elle a beaucoup de sens politique et, chose importante, elle sait s’entourer. Mais cela ne suffit pas. Un homme d’Etat ne peut pas n’être qu’un pur véhicule pour les projets de ses conseillers, aussi bons et bien choisis soient-ils. Il lui faut avoir une « certaine idée de la France » qui lui soit personnelle. Et je n’ai pas l’impression que Marine Le Pen soit capable d’en définir une telle idée avec un certain souffle.

    • Albert dit :

      [ "Un homme d’Etat ne peut pas n’être qu’un pur véhicule pour les projets de ses conseillers, aussi bons et bien choisis soient-ils. Il lui faut avoir une « certaine idée de la France » qui lui soit personnelle. Et je n’ai pas l’impression que Marine Le Pen soit capable d’en définir une telle idée avec un certain souffle".]

      Possible. Mais ce sont, généralement, les circonstances exceptionnelles qui permettent l’émergence des grands hommes d’Etat. Y en a-t-il aujourd’hui ? Y en aura-t-il demain ? Peut-être trop tôt pour le dire. Qui en voyait un dans le Colonel de Gaulle avant 40 – et même en 40 ? Il faut espérer, mais pas seulement espérer: il faut aussi rester debout, résister et apporter chacun sa pierre en attendant. (Car comme dit un vieux dicton Corse :"Chi vive sperendu more caghendu" – je vous laisse deviner la traduction).

    • Descartes dit :

      @ Albert

      [Possible. Mais ce sont, généralement, les circonstances exceptionnelles qui permettent l’émergence des grands hommes d’Etat.]

      Toujours. Les grands hommes sont parmi nous, mais les blocages de la société – et de la caste politico-médiatique en particulier – les empêchent d’accéder aux responsabilités. Ce que font les « circonstances exceptionnelles », c’est de permettre aux hommes exceptionnels d’accéder aux responsabilités avec des pouvoirs étendus.

  4. morel dit :

    Quel pessimisme mon cher Descartes ! Votre assiduité au blog vous a sans doute épuisé. L’actualité reste riche : Julie Gayet deviendra-t-elle la première dame de France ? Saura-t-on un jour la vérité sur l’affaire Nabila ? 50 % de Français opposés au gavage, quelles conséquences pour notre foie gras ? Le FN deviendra-t-il le premier parti gay de France ?

    Espérant avoir (modestement) contribué à votre retour à l’optimisme.
    Bien cordialement.
    Morel.

    • Gérard Couvert dit :

      A l’optimisme de tous ! Descartes compris nous l’espérons.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [L’actualité reste riche : Julie Gayet deviendra-t-elle la première dame de France ? Saura-t-on un jour la vérité sur l’affaire Nabila ? 50 % de Français opposés au gavage, quelles conséquences pour notre foie gras ? Le FN deviendra-t-il le premier parti gay de France ?]

      Et si ce n’était que ça… Le fait divers et les chiens écrasés ont toujours existé et fait les beaux jours du journalisme. Mais à côté de ceux qui se passionnaient pour les petites affaires, il y avait une élite qui s’occupait des grandes. Que Mme Michu se passionne pour les amours de Julie et François, c’est dommage mais c’est dans l’ordre des choses. Que le monde politico-médiatique se passionne pour cette question, c’est infiniment plus grave.

    • CVT dit :

      @morel,
      [50 % de Français opposés au gavage, quelles conséquences pour notre foie gras ?]
      Franchement, avec ce genre de sondage, je comprends Descartes: ça donne envie d’être pessimiste! Comme défendre la consommation de foie gras tout en proscrivant le gavage des oies? Tout a un prix, bon sang!
      C’est la même réflexion que je me suis faite quand j’ai lu que 70% des Français étaient favorables à l’ouverture des magasins le dimanche, mais qu’en même temps et dans les mêmes proportions, ils refuseraient eux-mêmes de travailler ce jour-là!
      Ce type de sondage en dit long sur l’égoïsme et l’immaturité de nos concitoyens: personne n’est prêt à admettre que toute décision a un prix, et ce n’est pas avec cet état d’esprit qu’on sauvera notre pays…

  5. Jérémy dit :

    Bonjour Descartes,

    Que diriez-vous de l’idée de commenter le dernier livre de Thomas Piketty, "Le capital au 21ème siècle" ?
    Il n’y est certes, à aucun moment, question de politique industrielle, et le propos final est focalisé sur la politique fiscale. Mais le livre est riche de données statistiques sur la distribution des revenus et des patrimoines, pour lesquelles vous pourriez avoir une interprétation différente de celle de l’auteur.
    J’ai par exemple trouvé intéressant d’apprendre que l’inégalité de distribution des revenus du travail serait relativement stable, en France, depuis 2 siècles (information à confirmer, car les seules données effectivement présentées sont la part des 10 et 1 % des revenus du travail les plus élevés).

    Cordialement.

    • Descartes dit :

      @ Jeremy

      [Que diriez-vous de l’idée de commenter le dernier livre de Thomas Piketty, "Le capital au 21ème siècle" ?]

      Avant de le commenter, il faudrait que je le lise… et j’avoue que les questions fiscales, qui passionnent Piketty, ne sont pas trop ma tasse de thé. J’ai lu quelques-uns de ses travaux antérieurs, et je trouve que c’est un peu regarder l’économie par le petit bout de la lorgnette.

      [Mais le livre est riche de données statistiques sur la distribution des revenus et des patrimoines, pour lesquelles vous pourriez avoir une interprétation différente de celle de l’auteur.]

      Certainement. Et notamment parce que je pense qu’il y a aujourd’hui une erreur fondamentale qui est faite lorsqu’on évalue le patrimoine des gens, et notamment des gros patrimoines et les patrimoines financiers. La valeur d’un bien, c’est la valeur à laquelle il peut être échangé. Ainsi, une action Michelin vaut disons 100 € parce que je peux l’échanger sur le marché à 100 €. Mais peut on dire que 10.000.000 d’actions Michelin valent 1 milliard ? Clairement, non. D’une part, parce qu’on ne sait pas si a un moment donné la bourse a une profondeur suffisante pour vous permettre de vendre une telle quantité, d’autre part parce que si vous mettez sur le marché une telle quantité d’actions, leur prix baissera instantanément. Alors, si je possède 10.000.000 actions Michelin, c’est quoi mon patrimoine ? Le calcul simple qui multiplie la valeur unitaire par le nombre d’actions surestime considérablement la valeur du patrimoine en question.

      La financiarisation crée artificiellement une illusion de richesse, en faisant circuler une grande masse de papier qui n’a de la valeur que dans la mesure où tout le monde ne se précipite pas les échanger pour des biens réels en même temps. C’est peut-être pour cela que l’on voit les patrimoines exploser au-delà de l’économiquement possible.

      [J’ai par exemple trouvé intéressant d’apprendre que l’inégalité de distribution des revenus du travail serait relativement stable, en France, depuis 2 siècles (information à confirmer, car les seules données effectivement présentées sont la part des 10 et 1 % des revenus du travail les plus élevés).]

      La retraite, la sécurité sociale, les allocations sont incluses ?

    • morel dit :

      @ CVT

      « Ce type de sondage en dit long sur l’égoïsme et l’immaturité de nos concitoyens: personne n’est prêt à admettre que toute décision a un prix, et ce n’est pas avec cet état d’esprit qu’on sauvera notre pays »

      Sans doute mais cela montre aussi que la plus grande prudence doit être de mise avec les sondages. Une question posée abruptement avec une demande de réponse immédiate ne fait souvent que restituer la prégnance de l’idéologie dominante du moment.
      Même si le sujet est mineur, le « sondé » qui répondrait par ex : « existe-t-il une technique « soft » pour obtenir du bon foie gras ? ne serait pas pris en compte.
      Plus sérieux, le travail du dimanche. Si la question reste « théorique » : « pour ou contre le travail le dimanche ? ». Là aussi, réponse idéologique : c’est « à la cantonade » et pas « et si on vous faisait travailler le dimanche ? ». Et je n’aborde pas le fond : le grand commerce à la pointe de cette exigence ne créant aucune richesse supplémentaire, on assistera à une répartition différente des achats dans la semaine sur fond de pouvoir d’achat stagnant ou régressant. Le but réel de cette opération est de faire sauter une barrière réglementaire qui fait que le travail dominical étant raréfié, il est plus cher.
      Les fameuses compensations risquent de s’avérer bien évanescentes au fil de sa généralisation.
      Toujours le « coût du travail », l’alpha et l’oméga des politiques patronales.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Sans doute mais cela montre aussi que la plus grande prudence doit être de mise avec les sondages. Une question posée abruptement avec une demande de réponse immédiate ne fait souvent que restituer la prégnance de l’idéologie dominante du moment.]

      C’est bien pire que cela. En général, un sondage consiste en une suite de questions. Or, on a montré expérimentalement que les individus cherchent à apparaître cohérents. En posant donc une suite de questions on peut modifier la réponse à la question finale. Ainsi par exemple, si je pose les questions suivantes :

      « Pensez-vous qu’il soit bon d’enseigner les jeunes gens à utiliser des armes ? »
      « Pensez-vous qu’il soit bon de donner à nos jeunes un entraînement à tuer ? »
      « Etes vous favorable au rétablissement du service militaire ? »

      La réponse à la dernière question n’est pas la même que si j’utilise la séquence suivante :

      « Pensez-vous qu’il faille donner à nos jeunes un sens de la discipline ? »
      « Pensez-vous qu’il soit bon de brasser les jeunes de différentes classes sociales ? »
      « Etes vous favorable au rétablissement du service militaire ? »

      En d’autres termes, en fabriquant des séquences de questions appropriés vous pouvez faire dire au public à peu près n’importe quoi. Il vous suffit ensuite de ne publier que la dernière question et sa réponse, et l’affaire est jouée…

    • Ruben dit :

      Bonnes références télévisuelles, A moins que Sir Humphrey se cache en fait derrière Descartes ?
      Sinon, soyez rassuré, Godot nous est encore né cette nuit… c’est peut-être la bonne depuis presque deux mille ans, haha.
      Bonnes fêtes à vous Descartes. Votre blog a au moins le mérite de rappeler qu’une autre politique que l’ordinaire est possible et a déjà existé.

    • Descartes dit :

      @ Ruben

      [Bonnes références télévisuelles, A moins que Sir Humphrey se cache en fait derrière Descartes ?]

      Cela fait plaisir d’échanger avec des gens qui ont des lettres. Oui, j’avoue une certaine admiration pour Sir Humphrey. Mais l’expérience que raconte cet individu a été effectivement réalisé après la diffusion de la série "Yes Minister" par un groupe d’étudiants britanniques… qui ont démontré combien Sir Humphrey, comme toujours, avait raison…

      Bonnes fêtes à vous, et j’espère que vous continuerez à intervenir ici en 2015!

  6. Jean-Mi dit :

    "Mes chers lecteurs, j’ai un aveu à vous faire : j’ai de plus en plus de mal à commenter l’actualité économique et politique"
    Un long billet quand même !
    Comme quoi,
    " c’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa g…"
    Bon, c’était juste pour dérider les zygomatiques, pas fâché hein ?
    C’était bien quand même, va !
    Une grande boite de chocolats à l’armagnac devant le bêtisier de fin d’année à la TV et ça ira mieux !
    Non ? Ah ben oui mais si tu y mets de la mauvaise volonté alors …!
    Allez, Bonnes Fêtes à toi et à tous,
    n’oubliez pas de mettre votre "petit Jésus" dans "la crèche", enfin pour les privilégiés qui peuvent (encore) …
    Bon, OK, je sors avant de m’en prendre une ….

    • Descartes dit :

      @ Jean-Mi

      [Une grande boite de chocolats à l’armagnac devant le bêtisier de fin d’année à la TV et ça ira mieux !]

      A quoi bon regarder le bêtisier de fin d’année à la TV, puisqu’il y a bêtisier non stop dans toutes les chaînes toute l’année ?

  7. Jacques dit :

    Cher Descartes , nous sommes une cohorte à partager votre ”coup de pompe”.
    Le cap lui ne peut changer : "Honneur et Patrie" ou encore "Une seule cause, celle de l’homme".
    Nous finirons par trouver les (bons) moyens. Malraux proposait "Courage et culture". Cela me semble très actuel.

    A nous de faire tomber certaines écailles de nos yeux.
    En attendant, recevez mon salut en cette fin d’une année que vous avez enrichie de votre superbe et digne et toujours riche commentaire.
    En Provence où je suis on dit : " Bon bout d’An" et, pour l’année nouvelle, "à l’An que ven".

    Pour nous donner du cœur à l’ouvrage, je propose que nous partagions un moment avec le grand Mikis Théodirakis dirigeant à 80 ans passés la version intégrale de "Zorba" : http://youtu.be/qZGbggRCCdA.

    Salut et fraternité d’un compagnon gaulliste.

    • Descartes dit :

      @ Jacques

      [Cher Descartes , nous sommes une cohorte à partager votre ”coup de pompe”. Le cap lui ne peut changer : "Honneur et Patrie" ou encore "Une seule cause, celle de l’homme". Nous finirons par trouver les (bons) moyens. Malraux proposait "Courage et culture". Cela me semble très actuel.]

      Pourquoi pas… mais les mots eux-mêmes sont galvaudés. Ca veut dire quoi « culture » aujourd’hui ? Les intermittents du spectacle ? Un « establishment » culturel qui ne rêve que « d’inédits » et qui a oublié qu’on ne construit que sur les épaules de ceux qui nous ont précédé, et qu’avant de faire de l’abstrait et du cubiste, Picasso fut un dessinateur « classique » exceptionnel ? On revient à mon sens toujours au même problème : celui de la transmission.

      [En attendant, recevez mon salut en cette fin d’une année que vous avez enrichie de votre superbe et digne et toujours riche commentaire.]

      Merci beaucoup. J’ai grand besoin d’encouragement en ce moment… et cela fait plaisir de savoir que ce que j’écris sert à quelque chose.

      [Salut et fraternité d’un compagnon gaulliste.]

      C’est un joli nom, compagnon…

  8. marc.malesherbes dit :

    Heureux les peuples sans histoires qui n’ont qu’à se préoccuper des amours de leur président, et autres personnalités people.

    Bien sûr, il ya quelques personnes laissées pour compte, mais finalement, c’est loin d’être la majorité. Alors tout peut continuer comme si de rien n’était.

    Tant que le bateau France ne fait que glisser doucettement vers le moins bien, tant que sa marche guidée par l’Allemagne nous évite les récifs, nous avons des capitaines qui s’amusent comme les passagers.

    On disait "plutôt Hitler que le Front populaire". On dit aujourd’hui "plutôt Mme Merkel que nos irresponsables". Cela a un coût, mais on le croie moins élevé.

    Et l’irrésistible avancée du progrès technique dans tous les domaines, nous ouvre chaque jour de nouveaux horizons merveilleux. C’est la force de ce système.

    Quand on est pas dans le besoin, que l’on sait vivre dans le présent, que les temps sont heureux.

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [Heureux les peuples sans histoires qui n’ont qu’à se préoccuper des amours de leur président, et autres personnalités people.]

      Ca me rappelle le personnage de « Farenheit 451 » qui dit qu’il ne faut pas lire des livres parce que les livres rendent les gens malheureux. C’est une terrible erreur de la gauche d’avoir fait de la recherche du bonheur – objectif bourgeois s’il en est – l’alpha et l’oméga de la politique.

      [On disait "plutôt Hitler que le Front populaire". On dit aujourd’hui "plutôt Mme Merkel que nos irresponsables". Cela a un coût, mais on le croie moins élevé.]

      La comparaison est intéressante… Oui, il y a chez nous cette « petite France » qui veut que rien ne change, qui n’est prête à prendre aucun risque. Et qui est toujours prête à confier son avenir à d’autres.

      [Quand on n’est pas dans le besoin, que l’on sait vivre dans le présent, que les temps sont heureux.]

      Tout à fait. Mais personnellement, je n’ai jamais su vivre dans le présent.

  9. v2s dit :

    [Vous ne trouvez pas que c’est une extraordinaire coïncidence que la France se soit trouvé un « sauveur suprême » chaque fois qu’elle en a eu besoin ?]

    Bien sur on peut penser à Louis XIV ou à Napoléon mais dans La France contemporaine, dans La France qui choisit ses dirigeants au suffrage universelle, il y a surtout eu UN « sauveur suprême » : De Gaulle.
    Et si la Vème n’était qu’un costume sur mesure taillé par et pour De Gaulle ?
    De Gaulle, quand il s’exprimait publiquement, ne disait pas "je", mais "La France" ("telle est l’analyse de la France"; "la France s’engage dans cette voie"; "cela serait indigne de la France"; etc). Il mettait en avant ce qu’il incarnait et non sa propre personne.
    En 2014, Hollande, c’est l’inverse : il n’incarne rien, donc il ne parle que de lui-même.
    Toute la difficulté revient quand même à retrouver « LE » nouveau De Gaulle qui pourrait se permettre de remplacer dans son discours le « Je » par « La France ».
    Si un Sarkozy (ou un Bayrou, un Strauss-Khan, un Montebourg …) nous parlait aujourd’hui, en 2014, de l’analyse de « La France » pour nous parler de son propre point de vue, ça nous paraîtrait sans doute incongru.
    De Gaulle, quand il revient en 58, c’est un héros, c’est le sauveur de 44/46. Pour tous, il incarne la France libre, l’honneur retrouvé des Français.
    S’il y avait eu en 58 des sondages d’opinion, il aurait explosé le baromètre.
    Ses opposants (dont Mitterrand) lui reprochaient son comportement antidémocratique, mais l’opinion publique, les Français de gauche et de droite, l’ont largement suivi, pendant 10 ans, jusqu’au référendum perdu de 68.
    De Gaulle était un monarque éclairé, il a œuvré pour l’intérêt général, a postériori il y a peu de choses qu’il ait faites dont La France et les Français n’aient à se féliciter.
    Mais, hors circonstances exceptionnelles, comme la libération de La France, je ne crois pas qu’il existe, pour le peuple, des moyens pour identifier un nouveau monarque éclairé et le porter au pouvoir par les urnes. La Vème convient bien à un monarque éclairé, mais convient-elle à un chef de parti sorti des urnes ?
    Après le départ de De Gaulle, Pompidou, Giscard et Mitterrand ont surfé sur les retombées économiques des 30 glorieuses et sur les retombées de la croissance mondiale, mais aucun d’entre eux, et encore moins les Chirac, Sarkozy et Hollande qui leur ont succédé, n’a réellement su inscrire le pays dans un projet à long terme qui aurait recueilli le soutien des Français.
    Concernant Hollande, aujourd’hui il exulte : Nous sommes sauvés ! La chute du prix du brut devrait économiser (si elle dure toute l’année) 4 milliards et demi aux ménages, 5 milliards aux entreprises sur la facture énergétique en 2015 et assurer 0,3 % (oui 0,3 !!) de croissance inespérée au 1er trimestre 2015.
    Pensez donc, 0,3% ! C’est « géant » ! Inutile de rechercher des économies structurelles, inutile de faire des efforts, inutile d’avoir un projet ou des idées qui risqueraient de mécontenter les uns ou les autres… nous sommes sauvés.
    L’équipe Hollande va pouvoir faire l’économie de toute mesure impopulaire : Les réserves des caisses de retraite vont tenir jusqu’en 2017, le chômage pourrait même (très) légèrement régresser, chacun va pouvoir y aller de son couplet triomphaliste :
    On a ga-gné ! On a ga-gné !
    Pas de vision, pas de projet, notre système politique favorise, encourage le très très court terme.
    Le but suprême, le combat suprême c’est de se faire réélire, un peu comme un club de foot qui se bat pour le titre, tout le reste est accessoire.
    Et si la Vème avait vécu ? Si La France était mûre pour partager différemment les pouvoirs.
    Joyeuses fêtes, Descartes.

    • Descartes dit :

      @ v2s

      [Vous ne trouvez pas que c’est une extraordinaire coïncidence que la France se soit trouvé un « sauveur suprême » chaque fois qu’elle en a eu besoin ?][Bien sur on peut penser à Louis XIV ou à Napoléon mais dans La France contemporaine, dans La France qui choisit ses dirigeants au suffrage universelle, il y a surtout eu UN « sauveur suprême » : De Gaulle.]

      Je pensais aussi à Clemenceau. Je pense que vous n’avez pas tout à fait saisi le fond de mon commentaire. Je ne crois pas aux « coïncidences ». Si la France s’est trouvé à chaque fois un « sauveur suprême », c’est parce qu’elle est capable de les fabriquer lorsqu’elle en a besoin. En d’autres termes, parce que notre mentalité fait que dans ces circonstances exceptionnelles nous les Français sommes prêts à sélectionner un dirigeant et à lui confier le gouvernail sans réserve. En d’autres termes, que nous sommes prêts – mais seulement dans certaines circonstances – à sacrifier nos intérêts particuliers pour l’intérêt général. Pensez à ces pays, très nombreux, divisés en deux blocs et ou chaque fois que l’un gagne l’autre consacre tous ses efforts à l’empêcher de gouverner, et cela même dans un contexte de guerre civile. Ce n’est pas le cas chez nous : Clemenceau, Pétain, De Gaulle ont pu compter successivement avec un soutien fort.

      [Et si la Vème n’était qu’un costume sur mesure taillé par et pour De Gaulle ?]

      Il est injuste de dire que la Vème aurait été « taillée par De Gaulle ». Mongénéral n’était pas lui-même un constitutionnaliste, et sur beaucoup de points il a suivi les idées de quelques grandes figures du droit constitutionnel, comme Cassin ou Debré. Il n’est pas inutile de rappeler d’ailleurs que la constitution du 4 octobre 1958 ne prévoit pas l’élection du président de la République au suffrage universel, pourtant un point que De Gaulle considérait important. Ce qui devrait amener à nuancer l’idée que De Gaulle faisait ce qu’il voulait et que la Constitution a été faite à son image.

      Taillée pour De Gaulle ? Oui et non. La Constitution – surtout après la modification de l’élection présidentielle en 1962 – donne au président de la République une investiture qu’il faut pouvoir assumer. C’est une constitution taillée pour un homme exceptionnel, ce qui n’est pas forcément une bonne idée dans la mesure où l’on ne peut garantir la présence d’un homme exceptionnel à chaque élection. C’est surtout une constitution de crise, taillée pour constituer un pouvoir suffisamment fort pour pouvoir conduire le pays dans un moment difficile, alors que ce mécanisme de délégation dont j’ai parlé plus haut était enclenché. C’est pourquoi le système a commencé à se détériorer lorsque ce consensus s’est affaibli et que les intérêts particuliers ont repris le poil de la bête.

      [De Gaulle, quand il s’exprimait publiquement, ne disait pas "je", mais "La France" ("telle est l’analyse de la France"; "la France s’engage dans cette voie"; "cela serait indigne de la France"; etc). Il mettait en avant ce qu’il incarnait et non sa propre personne. En 2014, Hollande, c’est l’inverse : il n’incarne rien, donc il ne parle que de lui-même.]

      Tout a fait. Mais il est difficile « d’incarner » quand il n’y a pas de consensus à la base. Le gaullisme a été rendu possible par le « pacte gaullo-communiste », qui permettait à De Gaulle de parler à partir d’une base très large, bien plus large que son propre parti. Il ne faudrait pas oublier que les référendums gaulliens ont donné à mongénéral bien plus de voix que la stricte base « gaulliste » selon les critères gauche-droite. Hollande ne peut parler de « la France » parce que le programme qu’il défend – si l’on me pardonne l’exagération du mot « programme » – n’est nullement consensuel en dehors de la base socialiste. On pouvait être en désaccord avec De Gaulle, mais on lui reconnaissait une engagement pour l’intérêt général. Pompidou et Giscard ont bénéficié peu ou prou du même consensus. C’est avec Mitterrand qu’en 1986 le président devient le leader d’une faction avec la cohabitation. Pour moi, cela marque la mort de la Vème République.

      [Si un Sarkozy (ou un Bayrou, un Strauss-Khan, un Montebourg …) nous parlait aujourd’hui, en 2014, de l’analyse de « La France » pour nous parler de son propre point de vue, ça nous paraîtrait sans doute incongru.]

      Parce qu’ils sont tous vus comme des leaders d’une faction. Mais lorsqu’on entendait il y a encore quelques années Chèvenement dire « La France a toujours voulu ceci ou cela », cela ne paraissait pas si incongru que cela… encore une fois, dans ce domaine c’est la cohérence du discours et des actes qui compte.

      [Ses opposants (dont Mitterrand) lui reprochaient son comportement antidémocratique, mais l’opinion publique, les Français de gauche et de droite, l’ont largement suivi, pendant 10 ans, jusqu’au référendum perdu de 68.]

      Exactement. Pour moi, c’est une illustration du mécanisme de « l’homme providentiel » en France. En temps normal, les français ont tendance à se diviser en « tribus gauloises » jalouses de leurs privilèges et guerroyant en permanence entre elles. Ce qui finit par bloquer le système politique. Mais lorsqu’une crise survient, nous avons une discipline civique qui nous conduit à confier à un « sauveur suprême » de larges pouvoirs lui permettant effectivement de contraindre les « tribus » au nom de l’intérêt de tous. Mais une fois la crise passée, nous revenons lentement mais sûrement vers ces divisions « tribales » qui bloquent le système… jusqu’à la prochaine crise. C’est pourquoi notre histoire politique se caractérise par des périodes de stagnation et blocage suivies d’une rupture puis d’une période dynamique… jusqu’à la prochaine stagnation.

      [De Gaulle était un monarque éclairé, il a œuvré pour l’intérêt général, a postériori il y a peu de choses qu’il ait faites dont La France et les Français n’aient à se féliciter. Mais, hors circonstances exceptionnelles, comme la libération de La France, je ne crois pas qu’il existe, pour le peuple, des moyens pour identifier un nouveau monarque éclairé et le porter au pouvoir par les urnes. La Vème convient bien à un monarque éclairé, mais convient-elle à un chef de parti sorti des urnes ?]

      Non, et c’est pour cela qu’elle n’existe plus. La Vème est morte en 1986 avec la première cohabitation. Depuis, nous sommes revenus lentement mais sûrement par petites touches à un régime de dilution du pouvoir.

      [Concernant Hollande, aujourd’hui il exulte : Nous sommes sauvés ! La chute du prix du brut devrait économiser (si elle dure toute l’année) 4 milliards et demi aux ménages, 5 milliards aux entreprises sur la facture énergétique en 2015 et assurer 0,3 % (oui 0,3 !!) de croissance inespérée au 1er trimestre 2015.]

      Hollande est l’épitomé du dirigeant réactif, et non actif. Depuis le début de son mandat, le pari est que la croissance mondiale et européenne va repartir, et qu’elle « entraînera » la France. Il n’attend rien de ses propres politiques, et tout de l’extérieur.

      [Et si la Vème avait vécu ? Si La France était mûre pour partager différemment les pouvoirs.]

      Mais… elle a vécu, et elle est morte. Tous ceux qui se font de la Vème République un croquemitaine ne se rendent pas compte qu’ils crachent sur un cadavre. Regardez le fonctionnement parlementaire : le gouvernement est obligé de reculer en permanence, de trouver des arrangements avec tel ou tel intérêt particulier pour faire voter ses projets. Sans compter avec les amendements scélérats votés contre l’avis du gouvernement et qui dénaturent complètement les projets. Regardez par exemple la loi de transition énergétique : elle faisait 66 articles à l’entrée à l’assemblée, elle fait 177 à la sortie. Comment le gouvernement pourrait « déterminer et conduire la politique de la nation » dans ces conditions ?

      La Vème République, c’était Raymond Barre gouvernant à coups de 49-3. C’est un gouvernement qui dit au parlement « ma politique est un tout, j’accepte des amendements d’amélioration, mais si vous voulez toucher aux fondamentaux c’est non. Et si vous n’êtespas contents, vous n’avez qu’à me renverser et revenir devant les électeurs ». Vous imaginez Valls agissant de même ?

      [Joyeuses fêtes, Descartes.]

      Même chose pour vous et ceux qui vous sont chers.

    • Jacques dit :

      Cher Descartes, permettez moi une incursion, sous forme de précision, dans votre échange avec V2s.

      Vous datez fort justement de 1986 (1ère cohabitation) le décès de facto de la Vème République.

      Le besoin d’approfondissement me semble porter sur la raison.

      La 1er cohabitation rompait avec un principe constitutionnel -certes implicite- mais qui donnait à la Vème sa cohérence et sa légitimité démocratique de "régime fort" :
      ce principe est celui de la responsabilité absolue , permanente et personnelle du Président de la République à l’égard du peuple français.
      Principe pouvant s’énoncer comme suit :
      Si, sur une question d’intérêt national, le Président est désavoué, soit à l’occasion d’un référendum, soit au travers de la majorité parlementaire soutenant sa ligne politique, seules deux résolutions de crise sont admissibles :
      – la dissolution (avec de nouvelles élections générales)
      – la démission du Président ( qui n’exclut nullement une nouvelle candidature à la Présidentielle qui s’en suit nécessairement).

      Sous le coup d’une très forte sanction électorale aux législatives de 1986, Mitterrand choisit la cohabitation et brise ce principe qui contient l’esprit des Institutions.
      Il fracasse la Vème République, qui, depuis lors n’en finit pas de s’émietter.

      Pour notre malheur.

    • Descartes dit :

      @ Jacques

      [Vous datez fort justement de 1986 (1ère cohabitation) le décès de facto de la Vème République. Le besoin d’approfondissement me semble porter sur la raison. La 1er cohabitation rompait avec un principe constitutionnel -certes implicite- mais qui donnait à la Vème sa cohérence et sa légitimité démocratique de "régime fort" : ce principe est celui de la responsabilité absolue , permanente et personnelle du Président de la République à l’égard du peuple français.]

      Tout à fait d’accord. La Vème République repose sur le fait que le président de la République est le représentant du peuple, responsable devant lui, et non pas le leader d’une faction ou d’un parti. Et c’est pourquoi que lorsqu’il est désavoué par le peuple, il ne peut que partir. Lorsque Mitterrand reste malgré le désaveu de 1986, il reste à quel titre ? Quelle est sa légitimité ? Mitterrand l’a dit lui-même à l’époque : il est resté pour empêcher la droite de gouverner comme elle l’entend. C’est donc en chef de parti qu’il est resté, pour « bloquer » le parti adverse. Dès lors que la classe politique a accepté cette position, la Vème était morte.

  10. morel dit :

    Bon, c’est raté. J’espérais faire diversion. Dans l’activité qui me tient à cœur, il y a plus de baffes que d’encouragement et ce, depuis des années et pourquoi alors, malgré tout cela, on continue, y compris après les coups de cafard. Et je suis sûr que vous aussi, continuerez (à tenir ce blog , par exemple, à notre grand plaisir).
    Si l’on est loin d’avoir raison sur tout, on a au moins le mérite de bâtir un discours sur la raison hors de laquelle c’est le délire. Eclectique, j’ai pris un jour, un ouvrage à la bibliothèque d’Edward Sapir dont une phrase de l’introduction m’a frappé : « entre l’écriture et le chaos affectif, j’ai choisi puisque j’écris », c’est peut-être un peu rapide mais…
    Les élites ? Faut-il tout attendre d’elles ? Je n’en suis pas sûr et je ne crois pas être « gauchiste ». Et d’ailleurs, que seraient-elles sans les milliers de « soutiers » ? Je pense avoir assez affirmé que De Gaulle, par exemple, serait resté ce qu’il était sans la force de l’affirmation ouvrière de la France du sortir de la guerre, idem avec « le relâchement » de la pression qui a conduit au mai 68 ouvrier (je ne parle pas du quartier latin !). Mon père, ouvrier du bâtiment m’a dit le mieux être…
    De même, Le Pen est une baudruche qui ne s’inscrit pas dans la lutte des salariés mais pour la promotion de son clan au pouvoir avec, soyons rationnels, les bénéfices afférents à la clé (rien de nouveau, c’est vrai aussi).
    Et puis, les zadistes comme les djihadistes sont des minorités qui n’ont pas grand-chose à voir avec la classe laborieuse. Le problème, c’est que celle-ci actuellement subit, phase qui ne me semble pas sans précédent dans l’histoire. Pas de perspective à cette heure.
    Je crois qu’il n’y a aucune raison à accepter « la défaite de la pensée » comme l’énonçait un titre de Finkielkraut auteur que j’aime peu généralement.
    Pas plus que vous, je ne sais ce dont sera fait l’avenir. Ma seule certitude : « Les hommes font l’histoire ». Peut-être, à notre niveau, avons-nous une certaine conscience de….

    Assez philosophé, pour ma part, je vais avec ma « tribu » passer les fêtes de Noël (rien de religieux) en famille. On s’étripe moins : l’un a quitté la CFDT, l’autre le PS…un signe ?
    Réveillonnez, cher Descartes, en famille ou avec vos amis, prenez, je vous prie, du bon temps et revenez tel que vous êtes, j’ai hâte de « polémiquer » avec vous.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Bon, c’est raté. J’espérais faire diversion. Dans l’activité qui me tient à cœur, il y a plus de baffes que d’encouragement et ce, depuis des années et pourquoi alors, malgré tout cela, on continue, y compris après les coups de cafard. Et je suis sûr que vous aussi, continuerez (à tenir ce blog , par exemple, à notre grand plaisir).]

      Je passe par un coup de déprime, mais je vous rassure, je ne suis pas suicidaire ! Oui je compte bien continuer à bosser… et à écrire !

      [Les élites ? Faut-il tout attendre d’elles ? Je n’en suis pas sûr et je ne crois pas être « gauchiste ». Et d’ailleurs, que seraient-elles sans les milliers de « soutiers » ? Je pense avoir assez affirmé que De Gaulle, par exemple, serait resté ce qu’il était sans la force de l’affirmation ouvrière de la France du sortir de la guerre, idem avec « le relâchement » de la pression qui a conduit au mai 68 ouvrier (je ne parle pas du quartier latin !).]

      Cela dépend de ce qu’on appelle les « élites ». Si « l’élite » ce sont « les meilleurs » – c’est le sens étymologique – alors non seulement il faut beaucoup attendre d’eux mais je dirais plus : il faut beaucoup en exiger. Par contre, il ne faut pas confondre « l’élite » avec les plus riches. On peut être ouvrier et faire partie de « l’élite ». Pensez à Georges Seguy, à Henri Krasucki, à Marcel Paul…

      Je n’adhère pas, vous l’avez compris, à la vulgate de la gauche qui se veut « anti-élitiste ». Je pense au contraire qu’une société qui ne récompense pas « les meilleurs » ne pousse pas les gens à s’améliorer. Et une société a tout intérêt à exiger beaucoup de ceux qui sont « les meilleurs » dans chaque domaine. Plutôt que rejeter toute idée « d’élite », il vaudrait mieux réfléchir aux moyens de constituer des véritables élites républicaines sélectionnées au mérite.

      [Je crois qu’il n’y a aucune raison à accepter « la défaite de la pensée » comme l’énonçait un titre de Finkielkraut auteur que j’aime peu généralement.]

      Je pense au contraire qu’il faut prendre cette « défaite » très au sérieux. Je ne dis pas qu’elle soit définitive, mais on ne peut nier qu’elle a perdu du moins une bataille.

      [Réveillonnez, cher Descartes, en famille ou avec vos amis, prenez, je vous prie, du bon temps et revenez tel que vous êtes, j’ai hâte de « polémiquer » avec vous.]

      J’y compte bien. Deux semaines de vacances et manger des bonnes choses devraient me mettre d’attaque pour l’année prochaine ! Bonne fête à vous aussi.

  11. Albert dit :

    [(1) Oui, je suis sexiste, et alors ?]
    Gare à vous, Descartes ! La Police de la Pensée veille…

  12. Baruch dit :

    Décidément votre sexisme vous égare monsieur Descartes : je connais des messieurs Michu passionnés par les amours de François et Julie !
    Et il y a des dames qui lisent vos billets au soir à la veillée,elles pourraient deviser et filer à la chandelle car elles sont bien vieilles mais elle vous répondent parfois …
    Je reprends donc à mon compte et à la première personne (sans jouer à la mettre au féminin avec tirets) la phrase de Gugus69 que je salue:
    "Alors moi, quand la raison me pousse comme vous au pessimisme, je me recentre sur l’instinct de classe, je me reconcentre, je me veux bolchévik, constructeur et révolutionnaire. C’est con, mais ça me fait du bien !"

  13. Marcailloux dit :

    Tristesse d’automne ?
    Depuis hier, c’est terminé, . . . ouf !
    Il se trouve que ce moment de relative déprime coïncide avec le solstice d’hiver, période des basse lumières – affligeant pour un adepte de l’esprit éponyme – et qui cependant annonce le retour de la progression positive des vitamines D qui vont, à n’en pas douter, effacer ce passage à gué.
    Pourquoi, cher Descartes, et j’emploie cet adjectif à dessein car vous l’êtes dans l’estime de la plupart de vos lecteurs – mais me direz-vous : « donnez-moi la référence d’où vous tirez cette affirmation, et je me retrouverai là penaud et confus de m’être avancé avec imprudence – pourquoi disais-je, ne profiteriez-vous pas de ce répit qui nous est offert pour parler poésie, comme cela est affiché dans votre en tête de blog ?
    Ou encore, engager un débat plus philosophique sur l’humanité en tant qu’essence, la citoyenneté, la vérité…….à partir de quelques exemples ordinaires puisque l’ordinaire est à l’ordinaire.
    Les fêtes de fin d’année, et leur débauche consumériste ne vont pas manquer de nous fournir moult exemples cocasses. Et puis certains de vos commentateurs pourraient, s’ils en ont l’opportunité, nous proposer quelques bonnes histoires propres à nous secouer la rate.
    Car enfin, privilégiés que nous sommes en tant que citoyens français, avons-nous réellement lieu de désespérer de notre situation ou de notre devenir, si nous nous comparons aux milliards d’êtres humains qui nous envient, et parmi lesquels les hasards de la naissance auraient dû nous placer si l’on examine un tant soit peu l’affaire sous l’angle des probabilités.
    Actuellement, on marche et on patauge un peu dans la boue, . . . .et alors ? On reviendra bien à un moment ou un autre en terrain sec.

    « Je suis pessimiste par l’intelligence, mais optimiste par la volonté. Je pense, en toute circonstance, à la pire hypothèse, pour mettre en branle toutes mes réserves de volonté et être capable d’abattre l’obstacle. Je ne me suis jamais fait d’illusions et n’ai jamais eu de désillusions. En particulier je me suis toujours armé d’une patience illimitée, non passive, inerte, mais animée de persévérance.
    Gramsci : lettre à son frère Carlo écrite en prison, le 19 décembre 1929 (Cahiers de prison, Gallimard, Paris, 1978-92). . . . . Il était lui aussi sous l’influence du solstice d’hiver, en prison, et comme il l’écrit, armé d’une patience illimitée.
    Avec toute mon estime amicale….. si vous me permettez cet attribut.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [pourquoi disais-je, ne profiteriez-vous pas de ce répit qui nous est offert pour parler poésie, comme cela est affiché dans votre en tête de blog ?]

      Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
      Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
      Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
      Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

      Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
      Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
      La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
      Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

      Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
      Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
      J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…

      Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
      Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
      Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

      [Ou encore, engager un débat plus philosophique sur l’humanité en tant qu’essence, la citoyenneté, la vérité…….à partir de quelques exemples ordinaires puisque l’ordinaire est à l’ordinaire.]

      Je connais mes limites. Je ne suis pas sûr d’être capable d’écrire un texte philosophique qui se tienne… d’autant plus que certains des commentateurs de ce blog son nettement plus calés sur ces questions que moi.

      [Car enfin, privilégiés que nous sommes en tant que citoyens français, avons-nous réellement lieu de désespérer de notre situation ou de notre devenir, si nous nous comparons aux milliards d’êtres humains qui nous envient, et parmi lesquels les hasards de la naissance auraient dû nous placer si l’on examine un tant soit peu l’affaire sous l’angle des probabilités.
      Actuellement, on marche et on patauge un peu dans la boue, . . . .et alors ? On reviendra bien à un moment ou un autre en terrain sec.]

      J’en suis persuadé… mais le temps passe, et j’aimerais être encore actif quand cela arrivera !

      [Avec toute mon estime amicale….. si vous me permettez cet attribut.]

      Je vous le permets… et je vous le retourne. Bonnes fêtes à vous !

    • bovard dit :

      Vous auriez pu ajouter: Yamine Benguigui,Aquino Morel,Guérini et tous ceux qui manipulent les âmes idéalistes,il est vrai souvent consentantes:Duflot,Mamère,Cohn-Bendit etc…Le PS a un énorme problème avec la sélection de ces élites,Cambadélis multi-condamné ne le dirige pas par hasard,mais chut,il fait partie du ‘système’.
      C’est vrai dans ces conditions l’ordinaire est fade!
      Pourtant,il y a de l’extraordinaire ces temps ci.
      Votre blog,si sympathique est extraordinaire.
      Et l’actualité,aussi.Ordinaire?Sauf dans les 3 guerres menées par la France,la nouvelle guerre froide contre la Russie,la situation à pôle emploi,dans les classes du secondaire,les Zad,les jihads délirants ,en Tunisie où l’acmée démocratique est en jeu ces jours ci etc…Mais votre blog,démontre grâce à,votre talent prouvé par le texte ci-dessus, que l’ordinaire peut se transformer en Super ..hautement inflammable,comme l’avait déjà remarqué un contributeur.
      Bon,moi aussi,je vais me lancer dans d’extraordinaires hypothèses,histoire d’enflammer le débat mais je culpabilise à cause de mon ignorance.
      Votre brio,pertinent me pousse à émettre ces hypothèses explosives,quasi-obsessionneles donc non-rationnelle probablement. Grâce à votre blog,vous me permettez une expression décomplexée mais remplie d’inexactitudes vraisemblablement.
      Vous le savez,je suis victime de mes propres ‘démons’,fantasmes sombres et attristants,je m’en excuse.
      Votre blog m’a permis d’exprimer certaines problématiques,que l’apparente assurance affichée par vous,encourage.
      Ainsi votre texte de la ZAD au Jihad’,a permis d’établir que ce n’est pas l’idéologie de l’Islam qui rend les jihadistes violents mais que leur violence prend prétexte de l’Islam ou d’autres idéologies, pour s’exprimer.
      Or le pangermanisme,lié à l’idéologie du Volk a peut êtredébouché sur de l’hyperviolence en 1870,14/18,33/45 comme j’avais pu le lire dans certains textes dont le souvenir est flou.. .
      Mais n’est ce pas Napoléon 1er ,le modernisateur de ces petits royaumes archaïques germains, le déclencheur.
      Peut être qu’en bousculant les petites monarchies du centre de l’europe,il a déclenché ces cataclysmes de violences allemandes? à l’instar du colonialisme suscitant ce jihadisme si ‘incompréhensible’,contemporain sorte de revanche hypothétique?
      Ce n’est qu’une de de mes hypothèses récurrentes personnelles.
      Pour terminer avec Verlaine à qui j’ai pensé en lisant votre texte.
      Ce poème est moins centrée sur la mélancolie personnelle que celui proposé par vous.
      Il évoque les loups qui rodent et peuvent rentrer dans notre environnement social.
      Alors que pour paraphraser Beuve-Méry en Avril 1968,’La France s’ennuie’ ,(en apparence?),le paysage politique semble figé aujourd’hui.
      Que nous réserve demain?

      Dans l’interminable ennui de la plaine

      Dans l’interminable
      Ennui de la plaine
      La neige incertaine
      Luit comme du sable.

      Le ciel est de cuivre
      Sans lueur aucune.
      On croirait voir vivre
      Et mourir la lune.

      Comme les nuées
      Flottent gris les chênes
      Des forêts prochaines
      Parmi les buées.

      Le ciel est de cuivre
      Sans lueur aucune.
      On croirait voir vivre
      Et mourir la Lune.

      Corneille poussive
      Et vous, les loups maigres,
      Par ces bises aigres
      Quoi donc vous arrive?

      Dans l’interminable
      Ennui de la plaine
      La neige incertaine
      Luit comme du sable

    • Marcailloux dit :

      Bonjour,
      [ Je connais mes limites. Je ne suis pas sûr d’être capable d’écrire un texte philosophique qui se tienne… d’autant plus que certains des commentateurs de ce blog son nettement plus calés sur ces questions que moi.]
      Vous vous sous estimez sans aucun doute. Car philosopher ne correspond pas forcément à conceptualiser une vision particulière, ni à commenter de manière académique les philosophes attitrés.
      Je souhaite simplement rappeler ce que René Descartes écrivait sur le fait de philosopher : « C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ».
      D’ailleurs, tous vos billets se proposent la mission de donner à réfléchir, d’inciter vos lecteurs à engager une démarche réflexive sur leur propre opinion de départ, et voir en quoi, votre point de vue est propre à modifier le leur, à partir des arguments de la raison. Ils sont – c’est ce que j’ai cru comprendre – d’obédience marxiste. N’est-ce pas une question philosophique que de débattre en quoi le marxisme serait inférieur ou supérieur ou même égal – si cela a toutefois un sens -, au libéralisme par exemple.
      Faut-il être agrégé de philosophie pour essayer de se forger une opinion ? Et pourquoi « croire » plutôt l’un que l’autre, pareillement titré et dont les thèses s’opposent ?
      La difficulté viendrait elle , qu’en philosophie, la question a la primauté sur la réponse ?
      Bonne soirée festive (ou non) à vous, ainsi qu’à tous nos collègues lecteurs ou commentateurs de ce blog et petit salut d’hommage à Jacques Chancel qui a ouvert des espaces de connaissances et de réflexion à beaucoup d’entre nous..

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Vous vous sous estimez sans aucun doute. Car philosopher ne correspond pas forcément à conceptualiser une vision particulière, ni à commenter de manière académique les philosophes attitrés.]

      Oh…mais je suis parfaitement capable de philosopher, j’en suis conscient. Seulement, je doute que ma philosophie soit d’un grand intérêt pour tout autre que moi…

      [D’ailleurs, tous vos billets se proposent la mission de donner à réfléchir, d’inciter vos lecteurs à engager une démarche réflexive sur leur propre opinion de départ, et voir en quoi, votre point de vue est propre à modifier le leur, à partir des arguments de la raison. Ils sont – c’est ce que j’ai cru comprendre – d’obédience marxiste. N’est-ce pas une question philosophique que de débattre en quoi le marxisme serait inférieur ou supérieur ou même égal – si cela a toutefois un sens -, au libéralisme par exemple.]

      C’est certainement un point qu’on peut aborder d’un point de vue philosophique. Je ne suis pas sûr que c’est ce que je fais.

      [et petit salut d’hommage à Jacques Chancel qui a ouvert des espaces de connaissances et de réflexion à beaucoup d’entre nous..]

      Bonnes fêtes pour toi et les tiens aussi. Quant à Jacques Chancel, je voulais aussi lui rendre hommage dans le prochain papier…

  14. morel dit :

    Bonnes fêtes de fin d’année à vous et tous les commentateurs de ce blog.

  15. morel dit :

    Erratum : ajouter à la fin de mes vœux "et tant pis pour les volatiles à foie gras"

  16. Paul dit :

    Cher camarade, je te souhaite néanmoins de bonnes fêtes en famille.
    J’étais le week-end dernier en congrès, c’est sensé stimuler l’intelligence menacée par l’appauvrissement du quotidien. Congrès sur les limites, tant sur le plan psychiatrique que sociétal. Des intervenants pour la plupart intelligents, mais dont le propos est court-circuité par l’idéologie: libéralisme, gender studies (pardon, çà n’existe pas), souvenirs émus de mai 68, etc… Si je résume, tous faisaient le constat angoissant de ce que les limites ne tenaient plus… tout en se réjouissant du déclin de l’état et de ses institutions jugées vieillotes ! Le plus navrant étant que ce congrès ait eu lieu dans le grand amphi de l’université René Descartes 8 Tentons d’en rire…
    Juste une question: que reproches-tu à Michel Serres ?

    • Descartes dit :

      @ Paul

      [Cher camarade, je te souhaite néanmoins de bonnes fêtes en famille.]

      Merci de ces vœux que je vous retourne.

      [Si je résume, tous faisaient le constat angoissant de ce que les limites ne tenaient plus… tout en se réjouissant du déclin de l’état et de ses institutions jugées vieillotes ! Le plus navrant étant que ce congrès ait eu lieu dans le grand amphi de l’université René Descartes 8 Tentons d’en rire…]

      Pas de quoi rire, à mon avis. Mais cette schizophrénie révèle peut-être une évolution, un début de prise de conscience. Pensez à l’hommage rendu à Chancel par une télévision qui représente tout ce qu’il a détesté.

      [Juste une question: que reproches-tu à Michel Serres ?]

      Oh… une toute petite chose : d’être un charlatan. D’être un démagogue. De servir la soupe à la mode sans la moindre exigence, la moindre rigueur intellectuelle. C’est un marchand de papier, il ne faut pas mieux que Rifkin.

    • bovard dit :

      Un autre point serait en Histoire ,d’étudier le sort des entreprises comme Honeywell bull,des systèmes comme le Minitel et du remarquable serveur ‘Voilà’ mis au point par les ingénieurs de France télécom.
      Cette histoire est celle du sabotage organisé d’un des fleurons de la recherche et l’industrie gaullienne au profit de l’ouverture de ce marché français de l’informatique à IBM,Windows,Google,Freeetc.. .
      Ceux ci au nom de l’illusoire concurrence ‘libre et non faussée’ ont éliminé ces concurrent français public,gaullien,innovant et très sérieux.
      Cette histoire connue par certains qui un jour j’espère l’écriront,est symptomatique du grand sabordage des atouts français par ‘lélite française’;à la fin du 20ième siècle.
      Cette période ,après les trente glorieuses nous l’appellerons les quarante piteuses,nous y sommes encore d’où la ‘Tristesse ‘ de Descartes et la mienne…
      Nos élites se comportent sournoisement comme en 1940,certains qui ont préféré Hitler que le Front populaire.
      Ou les ci-devants expatriés menant une guerre féroce et implacable contre leur propre peuple pour sauvegarder l’ancien système,en 1792…
      Ils oublient que la France ne leur appartient pas,ni à leurs héritiers idéologiques..La France n’appartient qu’à la Terre!
      Oui l’ensemble de la planète veut que la France continue d’exister telle qu’elle est,c’est à dire au top!
      C’est dans l’inconscient collectif mondial: La France ne peut être que ‘belle,prospère et heureuse’.
      C’est pour cela que le monde entier a les yeux qui brillent quand ils parlent de la France sauf les français trop intoxiqués par les déclinistes intéressés.
      Tout le monde le sait sauf en France où le pessimisme règne de façon névrotique et entretenue par les médias.
      Une guerre idéologique terrible se déroule chez nous entre les rationnalistes et les financiéristes.
      Pourtant,partout dans le monde la France est un espoir de bonheur à commencer par l’Allemagne où la sagesse populaire a le dicton suivant:’Heureux comme Dieu en France’.
      C’est vrai au Maghreb,en Asie ,en Afrique,aux Amériques.
      Seuls les requins affairistes veulent nous dépecer avec la complicité de certains dirigeants locaux,certes cupides mais surtout idiots et inconscients pour la plupart.
      D’où la tristesse de Descartes sauf que il n’y a pas plus pro-français que les non-français,dans l’imagerie internationale de ce que j’appellerai le roman international contemporain en paraphrasant Descartes.
      Une autre citation,dans le même sens.Jaurès disait:’un peu d’internationalisme éloigne de la France,beaucoup y ramène’.
      Bonne année au Monde,donc bonne année à la France !!!.

    • Descartes dit :

      @ bovard

      Un autre point serait en Histoire, d’étudier le sort des entreprises comme Honeywell bull, des systèmes comme le Minitel et du remarquable serveur ‘Voilà’ mis au point par les ingénieurs de France télécom. Cette histoire est celle du sabotage organisé d’un des fleurons de la recherche et l’industrie gaullienne au profit de l’ouverture de ce marché français de l’informatique à IBM, Windows, Google, Freeetc..]

      Le recit des grands programmes – Minitel, le programme nucléaire, Concorde, TGV… – devrait faire partie de notre « roman national », et enseigné comme tel dans les écoles, collèges et lycées. Il rentre parfaitement dans la logique de Renan du « souvenir des grandes choses faites ensemble, et le désir d’accomplir de nouvelles ». Malheureusement, les programmes scolaires en histoire s’intéressent très peu à ces aspects, préférant des sujets bien plus passionnants comme « le rôle des femmes au XXème siècle »…

      [Nos élites se comportent sournoisement comme en 1940, certains qui ont préféré Hitler que le Front populaire.]

      Je ne crois pas qu’on puisse exprimer les choses en ces termes. Je ne vois aucun « front populaire » à l’horizon, auquel nos élites pourraient préférer Hitler…

      [Ils oublient que la France ne leur appartient pas,ni à leurs héritiers idéologiques..La France n’appartient qu’à la Terre! Oui l’ensemble de la planète veut que la France continue d’exister telle qu’elle est, c’est à dire au top!]

      N’exagérons rien. Il y a une frontière à ne pas franchir entre la « vocation universelle » et la mégalomanie. « L’ensemble de la planète » ne « veut » rien du tout. Nous pouvons penser que le monde serait appauvri si la France disparaissait, mais c’est notre opinion. Elle n’est pas universellement partagé…

      [Pourtant,partout dans le monde la France est un espoir de bonheur à commencer par l’Allemagne où la sagesse populaire a le dicton suivant:’Heureux comme Dieu en France’.
      C’est vrai au Maghreb, en Asie, en Afrique, aux Amériques.]

      C’est vrai. Nous ne sommes peut-être pas aussi efficaces que les allemands, aussi flexibles que les américains, aussi travailleurs que les anglais, aussi tolérants que les suédois… mais nous avons su au cours des siècles définir un « art de vivre » qui fait notre spécificité. Il n’est pas inutile de le rappeler à une époque on l’on cherche précisément à le sacrifier au nom de la sacro-sainte « compétitivité ».

      [Bonne année au Monde, donc bonne année à la France !!!.]

      Amen. Et bonne année à vous aussi !

  17. Nirgal dit :

    @Descartes
    Bonne année,
    Lecteur assidu de ce blog depuis plus d’un an, j’attends toujours avec impatience vos nouveaux articles. Ils m’ont beaucoup appris et surtout ils m’ont stimulés et encouragés à approfondir et étayer mes connaissances et opinions politiques.
    D’autre part je pense que mon expérience récente du syndicalisme, je suis délégué du personnel CGT dans mon entreprise en pleine restructuration et rachat depuis un an ( 25 % de licenciements, ancienne branche d’Alcatel ), conforte votre analyse concernant la classe moyenne. En effet seule la CGT s’est élevée contre le plan de licenciements en contestant son ampleur, les autres syndicats (CFDT et UNSA) ont validé ce plan sans lever le petit doigt avec pour résultat une proportion très importante de salariés modestes parmi les licenciés. Je constate tous les jours l’indifférence intéressée de mes collègues ( je suis informaticien et au vu de mes revenus un membre imminent de cette classe moyenne). J’ai relayé certaines de vos analyses au cours de conversations animées, votre influence s’étend donc largement au delà du cercle strict de vos lecteurs. J’espère que cela vous fera plaisir et vous encouragera à continuer.
    Meilleurs vœux Camarade.

    • Descartes dit :

      @ nirgal

      [Lecteur assidu de ce blog depuis plus d’un an, j’attends toujours avec impatience vos nouveaux articles. Ils m’ont beaucoup appris et surtout ils m’ont stimulés et encouragés à approfondir et étayer mes connaissances et opinions politiques.]

      Merci beaucoup. Si ce blog peut encourager ses lecteurs à penser et à approfondir, il aura rempli son objectif. En tout cas,vous m’encouragez à continuer.

      [En effet seule la CGT s’est élevée contre le plan de licenciements en contestant son ampleur, les autres syndicats (CFDT et UNSA) ont validé ce plan sans lever le petit doigt avec pour résultat une proportion très importante de salariés modestes parmi les licenciés. Je constate tous les jours l’indifférence intéressée de mes collègues (je suis informaticien et au vu de mes revenus un membre imminent de cette classe moyenne).]

      Effectivement, on voit souvent lors des plans sociaux les lignes de fracture. Il n’est pas anormal que chaque syndicat défende les intérêts matériaux et moraux de ses ouailles – après tout, ils existent pour cela. Mais comme nos syndicats restent assez « classistes », on trouve souvent cette ligne de fracture entre la CGT et FO d’un côté, la CFDT et l’UNSA ou la CGC de l’autre.

      [J’ai relayé certaines de vos analyses au cours de conversations animées, votre influence s’étend donc largement au delà du cercle strict de vos lecteurs. J’espère que cela vous fera plaisir et vous encouragera à continuer.]

      Certainement. Si ce qui se dit sur ce blog vous est utile dans votre réflexion et vos luttes, je suis comblé !

      [Meilleurs vœux Camarade.]

      A toi aussi. Et ne baisse pas les bras !

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