Liberté, sécurité…

Un avion s’écrase dans les Alpes de Haute Provence avec à son bord 150 passagers et membres d’équipage. Il n’y a pas de survivants. L’enquête révèle ensuite que selon toute vraisemblance le co-pilote a provoqué volontairement la destruction de l’aéronef et la mort de 150 personnes, dont la sienne.

Dans les sociétés traditionnelles, la catastrophe est acceptée comme une chose inévitable, un fait du destin, une décision des dieux. Au mieux, c’est le fait du hasard, au pire c’est la faute des hommes qui par leur comportement ont provoqué la colère des dieux ou des esprits. Mais dans les sociétés modernes, nous n’avons pas ces exutoires. Toute catastrophe doit trouver une origine dans une faute générale. Même dans le cas présent, ou la responsabilité individuelle est évidente, on ne s’arrêtera pas là. Oui, Andreas Lubitz a détruit volontairement l’avion dont il avait la charge. Mais qui a confié un avion à Lubitz ? Qui lui a accordé une licence de pilotage ? La compagnie Germanwings a-t-elle sacrifié la sécurité à la rentabilité ? Le médecin traitant de Lubitz a-t-il commis une faute en ne prévenant pas l’employeur ? Le médecin du travail a-t-il commis une faute ?

En fin de comptes, notre société ne reconnait plus la responsabilité personnelle des individus. Elle donne pour acquis que chacun de nous exerce ses responsabilités sous le contrôle d’un système complexe, et que nous partageons la responsabilité de nos choix et de nos fautes avec ce système. Cela équivaut a reconnaître au système le droit de nous mettre sous tutelle : des gens sont là pour contrôler nos actions, pour nous corriger et éventuellement pour nous interdire de faire telle ou telle chose. De là à imaginer que chacun de nous est implicitement une victime, que nos mauvaises actions ne sont pas de notre faute, mais de celle de ceux qui nous entourent et qui ne nous ont pas empêché d’agir, il n’y a qu’un pas, aisément franchi. Andreas Lubitz est-il l’assassin de 150 personnes, ou une malheureuse victime du système ?

La question posée, finalement, est celle de la liberté personnelle. Et de son rapport au risque. Car admettre la liberté, c’est admettre le risque que cette liberté soit mal employée. Si la société me reconnaît la liberté de conduire un véhicule à moteur, c’est qu’elle accepte le risque que j’écrase quelqu’un. Bien entendu, pour réduire le risque la société exige que je passe un examen, que ma voiture ait satisfait certaines conditions, et ainsi de suite. Mais en dernière instance, quelque soit le soin que j’apporte à l’entretien de ma voiture et à ma conduite l’accident est toujours possible. Les exigences que la société m’impose ne font que réduire sa probabilité. Il y a donc une notion d’équilibre entre le risque que la société est prête à accepter et les libertés qu’elle est prête à m’accorder.

Les catastrophes comme celle de la Germanwings provoquent généralement un raidissement qui aboutit à limiter les libertés au nom de la sécurité. La question qui se pose immédiatement est « comment faire pour que cela ne se répète pas ». Mais est-ce une question pertinente ? Regardons la chose rationnellement : le transport aérien est aujourd’hui le mode de transport le plus sûr qu’on connaisse. Au nombre de kilomètres parcourus et au nombre de passagers transportés, il fait nettement moins de morts que la voiture, que le vélo, que le bateau et même que le train. On peut déduire donc que le système de contrôle et de suivi psychologique des pilotes n’est pas si mauvais que ça. Faut-il l’améliorer ? On peut toujours faire mieux, bien entendu, mais cela a un coût. Et lorsqu’un risque est déjà très faible, le réduire encore est souvent très couteux. L’argent serait probablement mieux employé dans l’amélioration de la sécurité routière. Faut-il mettre les pilotes d’avion sous une tutelle encore plus sourcilleuse que celle qu’ils subissent déjà ? En 50 ans d’histoire du transport aérien, on répertorie moins d’une dizaine de cas comme celui d’Andreas Lubitz. La statistique est donc beaucoup trop faible pour établir une typologie qui permettrait par exemple à des psychiatres d’établir un diagnostic fiable à priori pour les empêcher de voler. Quant à l’idée d’avoir toujours deux personnes dans le poste de pilotage, quitte à remplacer un pilote qui doit s’absenter par un membre du personnel de cabine… je me demande ce qu’on fera le jour où un tel personnel profitera lui-même de ce dispositif pour provoquer un crash.

La réalité est que le risque existe, et existera toujours. Quoi qu’on fasse, les voitures continueront à rentrer dans les arbres et les avions à s’écraser périodiquement. La seule chose que nous puissions faire, c’est réduire la probabilité d’un tel accident. Et il arrive un moment où le risque résiduel est si faible que chercher à le réduire encore implique de sacrifier nos libertés et des moyens au delà du raisonnable.

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22 réponses à Liberté, sécurité…

  1. bovard dit :

    mon oncle conduisait les trains de marchandises ou de voyageurs,seul!
    Une manette qu’il fallait serrer de temps en temps,permettait de sécuriser la conduite.La médecine du travail,évaluait son étatt de santé,an 1970.
    S’il ne pressait pas la manette au bout de 30s,environs, secondes,le train s’arrêtait automatiquement.J’imagine que dans les tgv ou les trains aujourd’hui,le système est le même.les conducteurs sont sollicités ce qui entraine fatigues et responsabilités…
    Pour le suicide altruiste,évoqué ici,c’est Lufthansa-schrôderquälitat qui est ,selon moi,en cause..Mais,pour les autres,ce que j’en dis..

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [mon oncle conduisait les trains de marchandises ou de voyageurs,seul! Une manette qu’il fallait serrer de temps en temps, permettait de sécuriser la conduite.]

      Ca s’appelle un « homme mort ». Ce genre de dispositif est destiné à prévenir la situation ou le conducteur aurait un malaise qui le mettrait hors de combat avant d’avoir eu le temps d’arrêter le train. Ce type de dispositif existe dans nombreux métiers ou les gens conduisent une machine dangereuse seuls. Mais « l’homme mort » représente une toute petite atteinte à la liberté du travailleur – « l’homme mort » ne fait que s’assurer que la personne est vivante et consciente, pas qu’elle fait telle ou telle chose – pour un gain de sécurité considérable. Cela paraît donc parfaitement normal.

      [Pour le suicide altruiste, évoqué ici, c’est Lufthansa-schrôderquälitat qui est, selon moi, en cause…]

      Je n’ai pas compris cette remarque. De quel « suicide altruiste » parlez vous ?

  2. Marcailloux dit :

    @ Descartes,
    Bonjour,
    [Faut-il mettre les pilotes d’avion sous une tutelle encore plus sourcilleuse que celle qu’ils subissent déjà ?]
    La question ne me semble pas être la plus pertinente.
    Il y a un certain nombre de professions qui donnent à leur titulaire un pouvoir potentiel de destruction très élevé par rapport à la plupart des métiers. C’est le cas d’un pilote de ligne, qui en cas de “pétage des plombs” pour des raisons x ou y, sont susceptibles de massacrer des centaines de personnes. L’attention que l’entreprise qui les emploie doit accorder à ce risque est en toute logique supérieure aux cas ordinaires. Le copilote auteur du crash avait des antécédents qui normalement – au sens fort du terme norme – n’aurait JAMAIS dû se voir confier cet emploi. Il avait été traité lourdement pour des instincts suicidaires et s’était “vanté” selon les enquêteurs allemands de “bientôt être connu du monde entier” auprès d’une hôtesse de l’air, sa petite amie de l’époque.
    Cela pose le problème du secret médical et de ses limites.
    La même question peut se poser pour les principaux dirigeants dans un pays. La liberté octroyée n’est elle pas en raison inverse de la capacité de nuisance dont nous disposons dans telle ou telle situation?
    Le passager, comme le citoyen n’est-il pas légitime quand il exige que ceux à qui il confie sa vie, ne présente pas de graves failles prédictive de catastrophe? Pour un individu ne présentant pas les les caractéristiques médicales d’Andréas Lubitz, le risque prévisionnel est peut être de 1/ 1million, c’est à dire infime. Pour Lubitz, le risque s’élevait à un ordre de 1/ 1000, c’est à dire inacceptable pour ce niveau de potentialité dangereuse. Ce ne sont pas les mots qui définissent la normalité, mais les chiffres en terme de probabilité corrélée à l’enjeu.
    Il en va de même de l’honnêteté de nos dirigeants, et l’on peut exiger, à la fois de la compétence et de l’honnêteté.
    Lorsque vous écrivez: “Les catastrophes comme celle de la Germanwings provoquent généralement un raidissement qui aboutit à limiter les libertés au nom de la sécurité.”, j’utiliserais plutôt le mot “affinement” concernant les procédures. Il ne s’agit pas tant de rigidifier des modes d’action que de les adapter à chaque situation.
    Voyageant une dizaine de fois par an à bord d’un moyen courrier, je veux bien – si l’on peut dire – me crasher à cause d’une défaillance humaine ou technique imprévisible selon toute vraisemblance, car il s’agit très souvent de la conjonction de plusieurs événements qui s’enclenchent simultanément. Or si, avant de monter dans un avion, j’apprend que le pilote a, ou a eut, des forts penchants suicidaires – ce qui souvent est génétique, je présume – je ne serai absolument pas rassuré, et je n’accepterai pas que la compagnie qui me transporte joue à la roulette russe avec ma vie.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Il y a un certain nombre de professions qui donnent à leur titulaire un pouvoir potentiel de destruction très élevé par rapport à la plupart des métiers. C’est le cas d’un pilote de ligne, qui en cas de “pétage des plombs” pour des raisons x ou y, sont susceptibles de massacrer des centaines de personnes. L’attention que l’entreprise qui les emploie doit accorder à ce risque est en toute logique supérieure aux cas ordinaires.]

      Mais un risque, comme vous le savez, est le produit d’une probabilité par un coût. Que le coût du « pétage des plombs » d’un pilote puisse être très grand, on le comprend. Mais en même temps, la probabilité d’un tel événement est très faible. Il n’est dès lors pas évident que le « risque » soit si « supérieur aux cas ordinaires ». Les excès de vitesse sur la route coûtent bien plus cher à la société que les « pétages de plombs » des pilotes d’avion. A partir de là, il n’est pas sûr que si l’on veut investir quelques millions d’euro pour la sécurité il faille les investir en tests psychologiques pour les pilotes.

      [Le copilote auteur du crash avait des antécédents qui normalement – au sens fort du terme norme – n’aurait JAMAIS dû se voir confier cet emploi.]

      Je pense que vous êtes victime d’une erreur qui est celle de l’interprétation à postériori. C’est toujours comme ça dans ce genre d’affaires. Dès lors qu’on sait qu’une personne a commis un acte criminel, tout le monde se « souvient » qu’il arrachait les ailes des mouches lorsqu’il était petit, qu’il était quelquefois mélancolique ou solitaire, et qu’il faisait des rêves morbides. Seulement voilà, des millions d’êtres humains ont arraché les ailes des mouches, ont été de temps en temps mélancoliques et ont eu besoin de solitude, et nous faisons tous quelquefois des rêves morbides. Et ces millions d’êtres humains sont souvent des parents aimants, des collègues solidaires, et ne tuent jamais personne. Il n’y a donc aucun lien entre ces comportements et l’acte.

      Dans le cas de Mathias Lubitz, c’est un peu pareil. Il paraît qu’il aurait dit un jour à sa petite amie qu’il ferait un jour quelque chose qui le rendrait célèbre. Aujourd’hui certains en déduisent qu’il avait déjà un plan en tête. Mais est-ce vraiment le cas ? Combien d’adolescents ais-je entendu dire la même chose ? Faut-il tous les interdire de pilotage ?

      [Il avait été traité lourdement pour des instincts suicidaires (…)]

      Un ami psychiatre avec qui j’ai discuté cette affaire m’a expliqué qu’on fait une grave erreur en faisant le lien entre l’acte de Lubitz et ses « instincts suicidaires ». Il est extrêmement rare qu’un suicide entraîne d’autres dans sa mort. Le mécanisme mental par lequel on arrive à mettre fin à sa propre vie et celui qui vous pousse à détruire un avion et tous ses passagers sont très différents, et ne relèvent pas du tout de la même pathologie. Ce serait plutôt le contraire : un pilote « suicidaire » serait moins dangereux pour les autres qu’un pilote paranoïaque ou mégalomane.

      [et s’était “vanté” selon les enquêteurs allemands de “bientôt être connu du monde entier” auprès d’une hôtesse de l’air, sa petite amie de l’époque.]

      On est là en plein dans l’interprétation à postériori. Si demain je devais faire sombrer un avion, exploser une centrale nucléaire ou exterminer un congrès de Greenpeace, je suis persuadé qu’on pourrait trouver dans mes conversations amicales de fin de repas des dix dernières années des milliers d’expressions qui, à postériori, pourraient être jugées annonciatrices d’un plan futur. Et pourtant, je peux fous assurer que je n’ai jamais eu envie de faire sombrer un avion, de faire exploser une centrale nucléaire, d’exterminer un congrès de Greenp… euh…

      [La même question peut se poser pour les principaux dirigeants dans un pays. La liberté octroyée n’est elle pas en raison inverse de la capacité de nuisance dont nous disposons dans telle ou telle situation?]

      Non, je ne crois pas. Je pense que la liberté octroyée est surtout en raison inverse à la probabilité que nous nous servions du dit pouvoir de nuisance. Il est inutile de restreindre les libertés pour prévenir un acte que nous nous interdisons naturellement de commettre, même s’il est potentiellement très dommageable. Le contrôle des mouvements des passagers dans le métro est minimal, et cela malgré la possibilité que chacun de nous a de pousser son voisin sous le train.

      Il y a un équilibre à trouver : si pour prévenir un acte qui arrive une fois par siècle il faut mettre un policier derrière chaque citoyen, alors mieux vaut vivre avec le risque.

      [Le passager, comme le citoyen n’est-il pas légitime quand il exige que ceux à qui il confie sa vie, ne présente pas de graves failles prédictive de catastrophe?]

      Mais justement, c’est le « prédictif » qui manque. L’immense majorité des gens qui disent à leur petite amie qu’ils seront un jour célèbres et qui sont à un moment où un autre de leur vie traités pour dépression ne tuent personne. Faudrait-il par simple précaution les écarter de tout poste à risque ?

      [Pour un individu ne présentant pas les les caractéristiques médicales d’Andréas Lubitz, le risque prévisionnel est peut être de 1/ 1million, c’est à dire infime. Pour Lubitz, le risque s’élevait à un ordre de 1/ 1000, c’est à dire inacceptable pour ce niveau de potentialité dangereuse.]

      Comment le savez-vous ? Sur quelle méthodologie vous basez-vous pour estimer ce risque ? Comme je vous l’ai dit, sur l’ensemble de l’histoire de l’aviation on répertorie moins d’une dizaine de cas semblables. Pas vraiment de quoi faire une statistique…

      [Lorsque vous écrivez: “Les catastrophes comme celle de la Germanwings provoquent généralement un raidissement qui aboutit à limiter les libertés au nom de la sécurité.”, j’utiliserais plutôt le mot “affinement” concernant les procédures. Il ne s’agit pas tant de rigidifier des modes d’action que de les adapter à chaque situation.]

      Je ne suis pas d’accord. Les incidents, lorsqu’ils restent dans le domaine des techniciens, font en général l’objet d’une analyse rationnelle qui permet d’affiner les procédures et de les adapter aux différentes situations. J’ai travaillé trop longtemps dans le nucléaire pour ne pas apprécier l’intérêt de ce processus. Mais lorsqu’il s’agit d’une catastrophe, la chose ne se fait plus entre techniciens. Le débat cesse d’être rationnel pour tomber sous la dictature de l’émotion. Et les interprétations a postériori permettent finalement de justifier un peu n’importe quoi. Mathias Lubitz était membre d’un aéro-club. Faut il interdire de pilotage les membres des aéro-clubs ?

      [Voyageant une dizaine de fois par an à bord d’un moyen courrier, je veux bien – si l’on peut dire – me crasher à cause d’une défaillance humaine ou technique imprévisible selon toute vraisemblance, car il s’agit très souvent de la conjonction de plusieurs événements qui s’enclenchent simultanément.]

      Voyageant souvent à bord d’un avion, la seule chose qui m’intéresse est de savoir la probabilité que j’ai de me crasher. Après, mourir à cause d’une défaillance humaine ou d’un boulon qui casse, franchement…

      [Or si, avant de monter dans un avion, j’apprend que le pilote a, ou a eut, des forts penchants suicidaires – ce qui souvent est génétique, je présume – je ne serai absolument pas rassuré,]

      Moi si. Parce comme je l’ai expliqué plus haut, un pilote suicidaire a plutôt moins de chances de crasher son avion qu’un autre. Ce n’est pas parce qu’on est suicidaire qu’on n’a pas d’empathie pour les autres, au contraire. Par ailleurs, contrairement à ce que vous pensez les penchants suicidaires n’ont rien de « génétiques ».

  3. Ribus dit :

    C’est une façon astucieuse de renverser les raisonnements qui ont suivi cet accident. En effet, dans la presse, il n’était question que de renforcer la sécurité et de prévenir des situations comme celles-là quitte à enfermer préventivement des pilotes qui auraient des problèmes de vue ou seraient en instance de divorce.

    La presse est aujourd’hui particulièrement nocive car elle n’informe plus ; elle déforme. Elle n’est que le relais de la caste en place composée de journaleux, politiques et financiers dont le but principal est d’asservir et d’abrutir.

    Finalement, une lutte sans merci est menée contre les libertés mais aussi contre le discernement. Pour ce faire, pour le système il faut infantiliser le plus possible les citoyens pour leur retirer leur esprit critique, leur capacité de jugement et de pensée.

    La crétinisation des masses par la ruine de l’école, l’abrutissement par la musique, la publicité et les jeux vidéos sont autant de moyens visant à réduire l’autonomie des hommes.

    Au bout du compte toute l’activité humaine est ligotée par des milliers de lois et règlements, de procédures contraignantes. C’est la responsabilité mais aussi l’intelligence qui sont ainsi étouffées. C’est une sorte de totalitarisme de velours que nous subissons sans toujours nous en apercevoir.

    A force de verrouiller le réel par de la législation, il n’est pas surprenant de voir des réactions irrationnelles de refus de la réalité comme un accident d’avion ou de voiture ou un incident au cours d’une intervention chirurgicale. On essaie de fabriquer un réel sans risque, comme on essaie de faire un pays sans Histoire ; c’est le même principe.

    • Descartes dit :

      @ Ribus

      [La presse est aujourd’hui particulièrement nocive car elle n’informe plus ; elle déforme. Elle n’est que le relais de la caste en place composée de journaleux, politiques et financiers dont le but principal est d’asservir et d’abrutir.]

      Au fond, la devise des médias aujourd’hui serait plutôt « je suis leur leader, je dois les suivre ». Les médias sont d’abord suivistes de leur public, puisqu’ils sont dépendants des chiffres d’audience. Et le public veut, comme disait le poète, « des meurtres, des amants et des enterrements ». D’où cette mise en scène presque obscène de la douleur des victimes et de la chasse aux coupables.

      Je pense que vous faites erreur de voir une intention, un « but », là où il n’y a en fait qu’un mécanisme. Les médias donnent aux foules ce que les foules demandent, et de ce simple fait ils aident à garder les foules dans leur condition. Mais y voir un quelconque complot pour créer cet état de fait me paraît excessif.

      [A force de verrouiller le réel par de la législation, il n’est pas surprenant de voir des réactions irrationnelles de refus de la réalité comme un accident d’avion ou de voiture ou un incident au cours d’une intervention chirurgicale. On essaie de fabriquer un réel sans risque, comme on essaie de faire un pays sans Histoire ; c’est le même principe.]

      Ce n’est pas le verrouillage du réel par de la législation qui cause ces « réactions irrationnelles ». Ce serait plutôt l’inverse : c’est la réaction irrationnelle du refus du risque qui provoque un foisonnement de règlements de plus en plus difficilement applicables mais qui sont alimentés par la croyance magique qu’on peut fabriquer un réel sans risque. Je n’avais pas pensé à l’analogie entre le « réel sans risque » et le « pays sans Histoire », mais je la trouve très intéressante. A la racine des deux se trouve à mon avis le même problème : le refus du tragique.

  4. CVT dit :

    @Descartes,
    [En fin de comptes, notre société ne reconnait plus la responsabilité personnelle des individus. Elle donne pour acquis que chacun de nous exerce ses responsabilités sous le contrôle d’un système complexe, et que nous partageons la responsabilité de nos choix et de nos fautes avec ce système. Cela équivaut a reconnaître au système le droit de nous mettre sous tutelle : des gens sont là pour contrôler nos actions, pour nous corriger et éventuellement pour nous interdire de faire telle ou telle chose. De là à imaginer que chacun de nous est implicitement une victime, que nos mauvaises actions ne sont pas de notre faute, mais de celle de ceux qui nous entourent et qui ne nous ont pas empêché d’agir, il n’y a qu’un pas, aisément franchi. Andreas Lubitz est-il l’assassin de 150 personnes, ou une malheureuse victime du système ?]

    Avec cette accumulation de catastrophes depuis ce sinistre 7 janvier, je suis accablé! Pas un jour sans un attentat (pratiquement toujours islamiste) ou un fait divers sanglant (cf le tournage de “Dropped” en Argentine)! Bon sang, comme 2015 commence vraiment mal!
    Sinon, corrigez-moi si je me trompe, mais d’après les divers sites et tous les articles que j’ai pu voir (désolé, il y a en vraiment trop: c’est d’ailleurs un problème, car l’information aujourd’hui est très fruitée…), j’ai tendance à penser que le pilote “amok” (dixit le journal Bild) est considéré par beaucoup comme un Anders Breivik volant, donc comme RESPONSABLE DE SES ACTES! Et pourtant, en d’autres circonstances, eu égard à sa santé mentale, la justice l’aurait interné d’office et considéré comme irresponsable.
    Votre question m’a rappelé celle que je me suis posé concernant les frères Kouachi et le triste sire Koulibaly: est-ce qu’ils étaient vraiment responsables de leurs actes, ou, comme le dénonce les bien-pensants et notre premier ministre Valls (cf l’apartheid), la responsabilité de leurs est-elle collective?
    Pour ma part, je pense que vous connaissez mon point de vue: bien que “socialiste” (oui, c’est un vilain mot, mais je n’en ai pas d’autre de rechange), je crois foncièrement à la RESPONSABILITE INDIVIDUELLE. Sans elle, la notion même de citoyenneté n’a plus aucun sens!
    Ce qui me révolte, c’est le fait de vivre sous le règne l’arbitraire: pourquoi les “Kouachi-Koulibaly” n’ont pas été déclarés responsables de leurs actes par nos dirigeants (à rebours de ce que pensent l’immense majorité des Français et des résidents français), alors qu’ils n’ont fait que mettre en pratique leur foi? A l’inverse, pourquoi un personnage comme Lubitz peut être considéré par les mêmes comme un tueur en série, donc pénalement responsable?
    J’ai parlé d’arbitraire pour les tueurs de Charlie Hebdo, mais en fait, j’hésite: le racisme des bien-pensants a peut-être encore frappé! Pourquoi refuser à ces trois tueurs leur libre-arbitre? Parce qu’ils sont ontologiquement des victimes, eu égard à leur couleur de peau?

    J’avoue ne pas avoir de réponse tranchée à toutes ces questions, quand bien même je suis à peu près certain du racisme “compassionel” (merci Mme Polony) de la grande majorité de la gauche, et de la droite bien pensante (cf le sinistre B.Apparu). Pour ce qui est de A.Lubitz, je partage votre opinion sur le risque: sur ce coup-là, on ne peut qu’invoquer la fatalité, chose bizarrement difficile à admettre en cette époque de règne de l’individu tout-puissance et de la science du même nom…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [Avec cette accumulation de catastrophes depuis ce sinistre 7 janvier, je suis accablé! Pas un jour sans un attentat (pratiquement toujours islamiste) ou un fait divers sanglant (cf le tournage de “Dropped” en Argentine)! Bon sang, comme 2015 commence vraiment mal!]

      Vraiment ? J’aurais pensé que la disparition d’une équipe de télé-réalité était plutôt une bonne nouvelle… 😉

      [j’ai tendance à penser que le pilote “amok” (dixit le journal Bild) est considéré par beaucoup comme un Anders Breivik volant, donc comme RESPONSABLE DE SES ACTES!]

      Si tel est le cas, pourquoi alors chercher des responsabilités du côté de la compagnie aérienne, de son médecin traitant, des autorités de contrôle ? Si Lubitz et totalement responsable, alors les autres ne le sont pas…

      [Pour ma part, je pense que vous connaissez mon point de vue: bien que “socialiste” (oui, c’est un vilain mot, mais je n’en ai pas d’autre de rechange), je crois foncièrement à la RESPONSABILITE INDIVIDUELLE. Sans elle, la notion même de citoyenneté n’a plus aucun sens!]

      Ma position est un peu différente. Je pense que nos sociétés ont besoin d’un certain nombre de « fictions nécessaires », c’est-à-dire, de choses que nous devons poser comme vérités sociales, tout simplement parce que ne pas les poser conduit à une société invivable. Peu importe en fait de savoir si nous sommes véritablement « responsables » de nos actes – au sens qu’ils expriment une volonté libre – ou si au contraire nos actes sont plus ou moins déterminés par d’autres. Le fait est qu’une société ou chacun peut rejeter toute responsabilité en se présentant comme « victime » du système est une société éminemment dangereuse. La position inverse, celle de considérer que les personnes sont responsables de leurs actes, est peut-être injuste, mais elle est à mon avis indispensable pour fonder une société ou chacun doit faire attention à ce qu’il fait.

      [Ce qui me révolte, c’est le fait de vivre sous le règne l’arbitraire: pourquoi les “Kouachi-Koulibaly” n’ont pas été déclarés responsables de leurs actes par nos dirigeants (à rebours de ce que pensent l’immense majorité des Français et des résidents français), alors qu’ils n’ont fait que mettre en pratique leur foi? A l’inverse, pourquoi un personnage comme Lubitz peut être considéré par les mêmes comme un tueur en série, donc pénalement responsable?]

      Je ne crois pas que « nos dirigeants » aient jamais refusé de considérer les Kouachi et Koulibaly responsables de leurs actes. C’est plutôt un certain secteur proche de l’extrême gauche qui a cherché à les justifier au nom des péchés de racisme, de discrimination et de colonialisme commis par la République. Mais nos dirigeants n’ont guère suivi cette ligne.

  5. morel dit :

    Un peu étrange tout cela mais sans doute révélateur de notre époque. Jamais, concernant nos sociétés évoluées, la vie n’a été aussi sûre et ce, sous divers aspects. Jamais non plus, nous n’avons été aussi libres de nos actes et paroles. Pourtant, il semble que l’une et l’autre sont mises en question à chaque événement catastrophique.
    L’avion, c’est prouvé est le moyen de transport le plus sûr ; bien loin de l’automobile. Pourtant, il suscite bien plus d’angoisses. Cela vient-il que le chauffeur auto est plus souvent un proche, une connaissance ou parce que JE conduis l’auto ?
    La sécurité. Deux anecdotes :
    Il y a plusieurs années, en qualité de membre d’un CHSCT, j’ai suivi un stage de formation où nous devions, par groupe, à partir de situations « concrètes », élaborer des préconisations de sécurité. J’ai assisté à une sorte de surenchère visant le risque zéro…
    Plus pragmatiquement, j’ai connu un début d’incendie dans un immeuble où j’habitais, réactions humaines déroutantes difficiles à mettre en schéma…
    Je n’en tire pas, pour autant, la conclusion que la prévention des risques est une foutaise mais qu’il faut savoir raison garder.
    La (les) liberté (s).
    S’il s’agit de fichiers concernant toute personne exerçant une responsabilité, alors, il faudrait, pour le moins, l’exiger des candidats à la magistrature suprême…
    De même, il serait inadmissible de sonder « les cœurs et les reins ». Qui n’a jamais songé sous le coup de la colère à des actes répréhensibles ?
    Mais aussi, il serait incroyable de confier le sort de personnes à psychopathe reconnu.
    Tautologie, bien évidement mais aussi souci de répondre à ceux qui priorisent la « liberté » comme absolu individuel. Il n’est pas anormal d’exiger certaines garanties de ceux qui peuvent engager la vie des autres mais dans le cadre des libertés. Sachant aussi que le risque zéro n’existe pas (j’ai évoqué le comportement « in vivo » lors d’un incendie réel, pour l’exemple), Ce lien social ne peut que reposer sur la confiance même si celle-ci peut être raisonnée. Le mettre en cause à chaque catastrophe me semble improductif comme il me semble que la presse voulant faire du « chiffre » avec ses « révélations » sur le co-pilote trouve une « solution » trop facile au problème (facile après coup de trouver un chemin « évident » par ex, à un assassin).
    Pour finir, la solution retenue par les compagnies aériennes « ne mange pas de pain » : toujours deux personnes dans l’habitacle, pourquoi pas ? (même s’il n’y aura jamais de risque zéro, faut-il le répéter ?)

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Je n’en tire pas, pour autant, la conclusion que la prévention des risques est une foutaise mais qu’il faut savoir raison garder.]

      Et la meilleure manière de « raison garder », c’est de faire confiance aux spécialistes. Il y a peu de sujets où « l’intervention citoyenne » soit aussi néfaste que dans le domaine de la sécurité. La dictature de l’émotion est un danger pour toutes les politiques publiques, mais dans le domaine de la sécurité elle génère des catastrophes.

      [S’il s’agit de fichiers concernant toute personne exerçant une responsabilité, alors, il faudrait, pour le moins, l’exiger des candidats à la magistrature suprême…]

      Mon cher… si l’on faisait souffler dans le ballon nos législateurs et nos ministres avant de leur permettre de délibérer on aurait bien des surprises. Et pourtant un législateur ou un ministre bourré peut provoquer bien plus de dégâts qu’un automobiliste bourré, non ?

      [Tautologie, bien évidement mais aussi souci de répondre à ceux qui priorisent la « liberté » comme absolu individuel. Il n’est pas anormal d’exiger certaines garanties de ceux qui peuvent engager la vie des autres mais dans le cadre des libertés.]

      C’est un équilibre à trouver. Et cet équilibre reflète en fait le prix qu’on accorde à la liberté comparé à celui qu’on accorde à la préservation de notre santé ou de notre vie. Le paradoxe est qu’alors que nous proclamons souvent la liberté comme le plus précieux des biens, au point de glorifier ceux qui sont morts pour la préserver, nous sommes prêts à consentir des limitations des libertés tout à fait considérables – pensez à Guantanamo – pour nous préserver de dangers incroyablement improbables.

      [Ce lien social ne peut que reposer sur la confiance même si celle-ci peut être raisonnée. Le mettre en cause à chaque catastrophe me semble improductif comme il me semble que la presse voulant faire du « chiffre » avec ses « révélations » sur le co-pilote trouve une « solution » trop facile au problème (facile après coup de trouver un chemin « évident » par ex, à un assassin).]

      Plus qu’improductif, je le trouve dangereux. Pour vendre du papier – ou du « temps de cerveau disponible » – on stimule les peurs les plus irrationnelles. Alors que nous bénéficions d’un niveau de sécurité dans nos transports, dans nos logements et dans la nourriture que nous mangeons qui n’a pas son pareil dans toute l’histoire de l’humanité, alors que les filets de sécurité institutionnels qui nous protègent ne laissent finalement passer que des cas marginaux, les médias nous répètent en boucle que nous sommes menacés de toutes parts, quitte à falsifier les donnés ou à donner la parole à toutes sortes d’hurluberlus. Qui est mort du fameux « cheval dans les lasagnes » ? Personne. Mais a entendre certains reportages, c’est l’équivalent moderne de la peste noire. Qui est mort du nucléaire ? Très peu de gens, mais a entendre certains c’est le fléau du siècle.

      [Pour finir, la solution retenue par les compagnies aériennes « ne mange pas de pain » : toujours deux personnes dans l’habitacle, pourquoi pas ? (même s’il n’y aura jamais de risque zéro, faut-il le répéter ?)]

      Bien entendu. Mais qui sera la « deuxième personne » lorsque l’un des pilotes s’absentera ? Un membre du personnel de cabine ? Il faudra alors étendre à l’ensemble des hôtesses et stewards les contrôles de sécurité qui sont faits sur les pilotes, parce qu’autrement on pourrait par ce biais permettre à un terroriste ou un fou de s’introduire dans la cabine de pilotage. Il vaudrait mieux prendre un passager au hasard, non ?

      Lorsqu’il s’agit de combattre un risque dont la probabilité est importante, on trouve assez facilement des mesures pour le réduire. Mais lorsqu’il s’agit d’une probabilité marginale, il devient difficile de trouver une solution qui ne crée elle-même un nouveau risque. Le fait de faire entrer une « troisième personne » dans le cockpit quand l’un des deux pilotes s’absente crée un nouveau risque, celui que cette personne soit malintentionnée et profite de la situation. Est-ce que ce risque a une probabilité inférieure à celle d’un co-pilote de devenir fou pendant que son commandant va pisser ? Ce n’est pas évident…

    • BolchoKek dit :

      @Descartes
      >Pour vendre du papier – ou du « temps de cerveau disponible » – on stimule les peurs les plus irrationnelles. Alors que nous bénéficions d’un niveau de sécurité dans nos transports, dans nos logements et dans la nourriture que nous mangeons qui n’a pas son pareil dans toute l’histoire de l’humanité, alors que les filets de sécurité institutionnels qui nous protègent ne laissent finalement passer que des cas marginaux, les médias nous répètent en boucle que nous sommes menacés de toutes parts, quitte à falsifier les donnés ou à donner la parole à toutes sortes d’hurluberlus.<
      Je pense que comme l’homme a besoin de croire, il a besoin d’avoir peur… Jadis, on craignait les korrigans, les djinns, les dibbouk, les bêtes diaboliques tapies aux coins de nos chemins qui ne disposaient pas encore d’éclairage public. Maintenant, on craint les ingénieurs du nucléaire malveillants, les industriels de l’agro-alimentaire empoisonneurs, les pilotes de ligne fous. Il s’agit de donner une explication simpliste (et irrationnelle) afin de légitimer et de donner un support à la peur de ce que l’on ne voit pas ou ne comprend pas, qui est peut-être elle-même un reliquat des époques où elle avait une fonction de mise en garde de l’individu. A l’époque ce n’était certainement pas un démon qui rôdait la nuit, mais un chien enragé n’était pas à exclure…

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [Je pense que comme l’homme a besoin de croire, il a besoin d’avoir peur…]

      C’est un peu vrai. Il n’y a qu’à voir comment les enfants jouent à se faire peur, ou le succès qu’ont les films d’horreur. Certains médecins vous diront que la peur provoque la sécrétion d’hormones qui accélèrent le rythme cardiaque et aiguisent nos sens… et nous procurent un certain plaisir. Mais comme toujours, le problème est que ce besoin somme toute naturel et à priori inoffensif est exploité par des gens qui le sont beaucoup moins.

      Il y a quelques années la BBC a réalisé une série documentaire appelée « the politics of fear » (« la politique de la peur », dans la langue de Molière), qui démontait le mécanisme par lequel on était passé de systèmes ou les leaders essayaient de convaincre le peuple de soutenir leurs projets à un système ou les politiques obtiennent le soutien en se présentant comme le seul rempart contre des dangers souvent imaginaires. La série analysait à fonds l’utilisation par Tony Blair des « armes de destruction massive de Saddam Hussein » dont il assurait – sur la base de documents bidonnés, mais ça on l’a su plus tard – avoir la preuve de l’existence. Armes que, bien entendu, personne ne retrouva jamais, et pas faute d’avoir cherché.

      La soi-disant « écologie politique » a bâti son succès sur la manipulation des peurs. Elle a très habilement exploité ce « besoin d’avoir peur » en créant toute sorte de croquemitaines imaginaires mais qui répondent à une typologie bien déterminée qui correspond à merveille aux préjugés de son public. Ainsi, par exemple, la nourriture dite « industrielle » est par définition dangereuse, alors que celle venant des « petits producteurs » est, par définition là aussi, saine. Or, les chiffres montrent que la réalité est exactement inverse : vous avez beaucoup plus de chance d’attraper une intoxication alimentaire ou de retrouver une substance dangereuse en mangeant une conserve « artisanale » qu’en consommant sa sœur industrielle, tout simplement parce que l’industrialisation implique des moyens de stérilisation plus modernes, des produits mieux étudiés et un contrôle qualité plus sévère. Le produit industriel est peut-être moins « goûteux », mais certainement pas plus sain que l’autre.

      [Jadis, on craignait les korrigans, les djinns, les dibbouk, les bêtes diaboliques tapies aux coins de nos chemins qui ne disposaient pas encore d’éclairage public. Maintenant, on craint les ingénieurs du nucléaire malveillants, les industriels de l’agro-alimentaire empoisonneurs, les pilotes de ligne fous.]

      Oui, mais curieusement, on ne craint pas les « petits producteurs » bio, les fabricants de remèdes homéopathiques, les industriels qui fabriquent des panneaux solaires. Alors que l’homéopathie est un « business » au même niveau que l’allopathie – et même plus – et qu’une erreur dans la fabrication d’un médicament homéopathique peut avoir les mêmes résultats que celui d’un autre. Ce qui vous montre que si ces peurs sont à priori « irrationnelles », elles ne surgissent pas aléatoirement. Il y a dans ces peurs une systématique qui – surprise, surprise – rejoint à chaque fois la vision anti-institutionnelle des libéraux-libertaires…

  6. Marcailloux dit :

    @Descartes,
    Bonsoir,
    [Lorsqu’il s’agit de combattre un risque dont la probabilité est importante, on trouve assez facilement des mesures pour le réduire. Mais lorsqu’il s’agit d’une probabilité marginale, il devient difficile de trouver une solution qui ne crée elle-même un nouveau risque.]
    Là, j’ai beaucoup de peine à vous suivre, et l’émotion n’a rien à y voir. A quelle niveau d’alarme faut – il être informé dans le cadre qui nous intéresse pour que le principe de précaution soit appliqué sans excès de zèle? Qu’il [Lubitz] soit arrivé dans son cockpit en slip?, Qu’il ait mis son poing sur la g…… du premier turc rencontré sur le tarmac, Qu’il ait tenté avec un Airbus, comme il envisageait de le faire dans son appareil en cours d’apprentissage d’atterrir sans carburant, simplement pour voir? Non, il y a un seuil d’alerte qui doit imposer une décision de suspension définitive qui a été franchit dès le début de carrière de Lubitz. On élimine un pilote dont la vision sans lunettes n’est pas parfaite. Le risque encouru me parait – sans être expert – moindre et de loin par rapport à quelqu’un dont le mental présente des défaillances, car là il n’y a pas de correctif fiable.

    @morel
    Concernant la “magistrature suprême” comme vous l’évoquez cela ne s’adresse qu’à une seule personne dans notre pays et encore, s’il est seul , dans le pire des risques, c’est à dire la bombe atomique, il n’a physiquement pas la possibilité de la faire exploser en appuyant simplement sur un bouton. Un pilote “timbré” l’a pour les passagers qu’il transporte. Supposons que Hollande “pète les plombs” subitement même sans signes préalables. Cela peut-il se traduire par une déflagration nucléaire? Si tel était le cas, cela démontrerait une défaillance criminelle et effroyable de la part des concepteurs du système de dissuasion.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Lorsqu’il s’agit de combattre un risque dont la probabilité est importante, on trouve assez facilement des mesures pour le réduire. Mais lorsqu’il s’agit d’une probabilité marginale, il devient difficile de trouver une solution qui ne crée elle-même un nouveau risque.][Là, j’ai beaucoup de peine à vous suivre, et l’émotion n’a rien à y voir. A quelle niveau d’alarme faut – il être informé dans le cadre qui nous intéresse pour que le principe de précaution soit appliqué sans excès de zèle?]

      La question n’est pas là. Pour appliquer le « principe de précaution », il vous faut imaginer des mesures. Or, ces mesures créent elles mêmes un risque. Lorsque vous cherchez à vous prémunir contre un risque dont la probabilité est grande, il est relativement simple de vérifier que le risque créé par votre mesure est inférieur à celui qu’elle réduit. Mais lorsque le risque dont vous cherchez à vous prémunir a une probabilité extrêmement faible, c’est beaucoup plus difficile.

      Prenons un exemple : lorsque la ceinture de sécurité a été introduite, elle cherchait à réduire le risque d’accident. Comme c’est un risque dont la probabilité est relativement importante, il était facile de vérifier que la gêne introduite par la ceinture – qui a priori tend à augmenter la probabilité d’accident – était très largement compensée par le gain sur les effets de l’accident. Mais à l’inverse, si pour prévenir des catastrophes comme celle de la Germanwings on décide de permettre à une troisième personne de s’installer dans le cockpit lorsqu’un des pilotes le quitte, on crée un risque supplémentaire. Cette personne peut elle-même commettre des gestes malveillants ou accidentels qui conduisent eux aussi à la catastrophe. Est-ce que le gain sur le risque d’un nouveau Lubitz est supérieur au risque additionner créé par la troisième personne ? Très difficile à dire, puisque les deux occurrences ont des probabilités très faibles.

      [Non, il y a un seuil d’alerte qui doit imposer une décision de suspension définitive qui a été franchit dès le début de carrière de Lubitz.]

      Qui fixe le seuil ? En fonction de quel critère ?

      [On élimine un pilote dont la vision sans lunettes n’est pas parfaite. Le risque encouru me parait – sans être expert – moindre et de loin par rapport à quelqu’un dont le mental présente des défaillances, car là il n’y a pas de correctif fiable.]

      Sauf qu’on a des moyens objectifs de mesurer l’acuité visuelle. Et on n’a aucun moyen objectif de mesurer les « défaillances » du mental…

      [Concernant la “magistrature suprême” comme vous l’évoquez cela ne s’adresse qu’à une seule personne dans notre pays et encore, s’il est seul , dans le pire des risques, c’est à dire la bombe atomique, il n’a physiquement pas la possibilité de la faire exploser en appuyant simplement sur un bouton.]

      Bien sur que si. L’idée même de dissuasion nucléaire repose sur ce principe. Si le président n’a pas ce pouvoir, si dans la chaîne de déclenchement quelqu’un peut dire « stop », quelle crédibilité pourrait avoir la dissuasion nucléaire ?

      [Un pilote “timbré” l’a pour les passagers qu’il transporte. Supposons que Hollande “pète les plombs” subitement même sans signes préalables. Cela peut-il se traduire par une déflagration nucléaire? Si tel était le cas, cela démontrerait une défaillance criminelle et effroyable de la part des concepteurs du système de dissuasion.]

      Bien sur que non. La dissuasion ne peut fonctionner qu’à cette condition. S’il ne suffit pas à Hollande de pousser sur le bouton pour provoquer la déflagration nucléaire, comment un éventuel ennemi pourrait-il prendre au sérieux la menace d’utiliser l’arme nucléaire ?

    • morel dit :

      Marcailloux

      “quelle que soit la personne qui recevrait l’ordre d’utiliser l’arme nucléaire, elle doit avoir confirmation que l’ordre vient bien de celui qui est habilité à le donner”, c’est-à-dire le président de la République, souligne-t-on de même source.
      in :
      http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/05/15/les-codes-nucleaires-un-des-secrets-les-mieux-gardes-de-la-republique_1701517_1471069.html

      Mais au-delà du légendaire pouvoir de décision atomique, un tel personnage devenu fou aurait des possibilités de nuisance décuplées dans divers domaines, songez par ex qu’il fréquente ses pairs lors des sommets internationaux.
      Plus terre à terre, pourquoi ne formulez-vous pas la même chose pour les chauffeurs de bus qui transportent du monde et sont souvent seuls, idem les trams, idem les gros poids lourds qui sillonnent nos autoroutes, idem les avions de tourisme qui pourraient viser des sites sensibles etc… ?
      Oui, nous sommes faillibles de mille manières à l’égard de tout individu déterminé, c’est ce que prouvent les attentats. Pour autant faut-il généraliser le fichage ? Et croyez que je ne suis pas libertarien.

      Descartes

      « Mon cher… si l’on faisait souffler dans le ballon nos législateurs et nos ministres avant de leur permettre de délibérer on aurait bien des surprises. Et pourtant un législateur ou un ministre bourré peut provoquer bien plus de dégâts qu’un automobiliste bourré, non »

      Je serais plus indulgent que vous sur ce sujet : vu l’indigence des mesures qu’on leur demande d’adopter, la plus grande mansuétude doit leur être accordée pour leur intempérance.

  7. Marcailloux dit :

    @ Descartes,
    [S’il ne suffit pas à Hollande de pousser sur le bouton pour provoquer la déflagration nucléaire, comment un éventuel ennemi pourrait-il prendre au sérieux la menace d’utiliser l’arme nucléaire ?]
    Eh bien voyez vous, je doute que dans la réalité opérationnelle cela se passe aussi simplement que vous le présentez.Et cela me rassure. Cependant, j’imagine que la procédure ultime est un tantinet plus sophistiquée, entourée d’un secret absolu pour justement présenter le caractère dissuasif recherché et cependant élaborée de telle façon à éliminer tout accident cataclysmique lié à la faiblesse intrinsèque de l’homme (en général et donc celui détenteur de ce pouvoir en particulier)
    Car il s’agit là non pas de 150 vies, mais potentiellement de 150 millions de vies !

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [S’il ne suffit pas à Hollande de pousser sur le bouton pour provoquer la déflagration nucléaire, comment un éventuel ennemi pourrait-il prendre au sérieux la menace d’utiliser l’arme nucléaire ?][Eh bien voyez vous, je doute que dans la réalité opérationnelle cela se passe aussi simplement que vous le présentez. Et cela me rassure.]

      Si cela vous rassure, j’en suis ravi pour vous. Mais vous vous trompez. Dans la « réalité opérationnelle », la crédibilité de la dissuasion repose précisément sur le fait que c’est un homme et un seul qui prend la décision finale, et que cette décision n’est susceptible d’aucun recours ni même de discussion. Imaginez-vous ce que cela donnerait si la décision d’employer l’arme nucléaire était une décision collective, ou si la décision du Président n’était pas sans appel…

      La procédure est d’ailleurs assez bien connue : le président confie à son officier de liaison le soin d’envoyer un code à nos sous-marins nucléaires et à nos bases aériennes. Ceux qui transmettent ce code ne savent pas ce qu’il signifie, ni à qui il est véritablement destiné. A la réception du code, le commandant du sous-marin retire de son coffre l’enveloppe correspondante et exécute les ordres qui y sont contenues. Et comme le commandant ne reçoit pas la presse quotidienne et ne connaît pas l’état des menaces, il n’a aucun moyen de juger s’il faut ou non désobéir aux ordres. Il y a bien entendu quelques raffinement supplémentaires qui permettent au capitaine de vérifier que l’ordre vient bien du président et que les codes n’ont pas été trafiqués. Mais en dehors de ça, il n’y a pas véritablement de garde-fou possible contre un président qui serait devenu fou.

    • Marcailloux dit :

      @ Descartes,
      Bonjour,
      [Mais en dehors de ça, il n’y a pas véritablement de garde-fou possible contre un président qui serait devenu fou.]
      Eh bien, cela ne m’inspirerait pas une confiance solide en nos institutions.
      Je vous pose cette question : combien y a-t-il de personnes en France, chaque année, qui sont subitement atteintes de bouffée délirante aiguë, par exemple, « un coup de tonnerre dans un ciel serein….. » disent les spécialistes, et de ce fait, rentrent dans un état de confusion mentale dangereux pour eux et leur entourage. Généralement, cet accès – selon le corps médical – ne dure pas et se soigne. Ce n’est, au demeurant, pas la seule pathologie à laquelle notre Président -quel qu’il soit- est exposé.
      Eh bien, selon le site médical Santé AZ+, ce nombre de bouffée délirante aiguë (BDA) s’élève à 600 000 en France, par an. Ce n’est pas « epsilon », 1% de la population !.
      Et si cette bouffée délirante se traduit rarement par un geste fatal pour le malade et/ou son entourage, le potentiel de dangerosité n’est tout de même pas négligeable et pourrait se traduire par plusieurs morts dans certains cas, ce qui a quelquefois du se constater j’imagine. Je vous rejoins sur la nécessité de faire avec ce type de risque inhérent à notre mode de vie ainsi qu’à notre génétique. Et les quelques morts que cela occasionne, rentrent dans la catégorie des accidents « sociaux » inéluctables que nous tous sommes bien obligés d’accepter, un peu comme le risque réel de recevoir une météorite sur la tête qui nous tuerait à coup sûr.
      Or, quand il s’agit pour un homme seul, exposé comme tout un chacun à ce type d’accident cérébral imprédictible, ne pas prévoir, dans la mesure où son pouvoir de nuisance est presque infini et surtout instantané et sans recours, un dispositif éliminant ou réduisant fortement ce risque extrême, me parait sidérant.
      Il ne m’appartient pas de proposer des solutions préservant à la fois les impératifs de la dissuasion et la prudence minimale indispensable face à ce risque majeur.J’en serais incapable, et le problème n’est pas simple. Mais comme citoyen, je serais interloqué de devoir admettre l’hypothèse de cette probabilité, même infiniment faible, mais de conséquence inimaginable.
      La situation serait différente en cas de conflit fort avec une puissance étrangère, avec une décision à prendre très rapidement dans le cadre de réponses militaires préparées et concertées avec l’état-major des armées.
      Supposons qu’Israël – qui s’affranchit allègrement des traités internationaux – nous envoie par mégarde, et sans raison apparente, un missile balistique nucléaire. Le Président serait-il fondé, dans la minute, de déclencher le feu nucléaire de représailles, même en cas de quelques millions de morts autour de Marseille par exemple ?
      Par conséquent, en temps de paix, le risque, c’est la folie. En temps de conflit, le risque, c’est la vitesse de réactivité. Dans le premier cas tout reposerait sur l’intégrité mentale d’un homme et dans le second, il repose sur une concertation préalable, progressive et évolutive des principaux responsables politiques et militaires en cas de crise internationale. Nous pouvons et devons maîtriser l’un et nous ne pouvons pas grand-chose vis-à-vis de l’autre.
      Pour le cas dont nous débattons, celui du crash, il existe des solutions techniquement et économiquement acceptables pour pallier le risque de situation telle que celle que l’on vient de voir. La présence d’une personne tierce n’est peut-être pas la panacée, mais son application ne coûte rien, est instantanée, et réduit, mais n’annule pas le risque. Et rapidement, une solution technique doit prendre le relais, et ça ne semble pas très compliqué.
      L’autorité de l’aviation civile prendrait une grosse responsabilité si demain, un Airbus A380 avec 800 personnes à bord, se dirigeait et s’écrasait sur le stade de France avec 70 000 personnes dans les tribunes.
      Ce qui s’est passé est déterminé à se repasser si des mesures ne sont pas prises. Quel serait, alors, la teneur de votre billet dans ces circonstances ?
      Les arguments chiffrés concernant la sécurité du transport aérien me paraissent un tantinet fallacieuses. On compare des choux et des jambons lorsque l’on fait la comparaison en terme de kilomètres parcourus par passager. Avec ce raisonnement, le fait d’aller se promener à pied devient très dangereux, et même, la stagnation dans un fauteuil, déplacement de 4m pendant la pub pour s’approvisionner en chocolat, avec les probabilités d’infarctus augmentées de ce fait, devient un risque mortel, au kilomètre parcouru.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Je vous pose cette question : combien y a-t-il de personnes en France, chaque année, qui sont subitement atteintes de bouffée délirante aiguë, par exemple, « un coup de tonnerre dans un ciel serein….. » disent les spécialistes, et de ce fait, rentrent dans un état de confusion mentale dangereux pour eux et leur entourage. Généralement, cet accès – selon le corps médical – ne dure pas et se soigne. Ce n’est, au demeurant, pas la seule pathologie à laquelle notre Président -quel qu’il soit- est exposé.]

      Si la bouffée est détectée avant qu’il presse le bouton, il existe une procédure prévue par la constitution, celle de l’incapacité. Mais s’il réussit à pousser le bouton avant que la procédure soit enclenchée, il n’y a pas et ne peut y avoir de garde-fou.

      [Eh bien, selon le site médical Santé AZ+, ce nombre de bouffée délirante aiguë (BDA) s’élève à 600 000 en France, par an. Ce n’est pas « epsilon », 1% de la population !.]

      Mais je vous rassure : les bouffées délirantes ne se traduisent que dans un nombre minime de cas par des actes de violence, et dans un nombre encore plus minime par des actes de violence de masse. Par ailleurs, la distribution de ce genre de pathologies n’est pas aléatoire, et on constate que son incidence parmi les présidents de la République est extrêmement faible.

      [Or, quand il s’agit pour un homme seul, exposé comme tout un chacun à ce type d’accident cérébral imprédictible, ne pas prévoir, dans la mesure où son pouvoir de nuisance est presque infini et surtout instantané et sans recours, un dispositif éliminant ou réduisant fortement ce risque extrême, me parait sidérant.]

      L’ennui, c’est qu’on n’a pas vraiment trouvé de dispositif qui « réduit ce risque extrême » sans priver de toute efficacité la dissuasion…

      [Supposons qu’Israël – qui s’affranchit allègrement des traités internationaux – nous envoie par mégarde, et sans raison apparente, un missile balistique nucléaire. Le Président serait-il fondé, dans la minute, de déclencher le feu nucléaire de représailles, même en cas de quelques millions de morts autour de Marseille par exemple ?]

      En tout cas, il serait le seul a décider. Et s’il décide que c’est fondé, personne n’aurait le droit de s’opposer à sa décision. Admettre le contraire implique enlever à la dissuasion nucléaire toute efficacité.

      [Pour le cas dont nous débattons, celui du crash, il existe des solutions techniquement et économiquement acceptables pour pallier le risque de situation telle que celle que l’on vient de voir. La présence d’une personne tierce n’est peut-être pas la panacée, mais son application ne coûte rien, est instantanée, et réduit, mais n’annule pas le risque.]

      La réduction du risque n’est pas aussi évidente que vous le pensez. Si cela réduit le risque de voir le co-pilote profiter de l’absence de l’autre pilote pour provoquer un crash, cela introduit un risque supplémentaire, celui de voir la « troisième personne » – qui ne sera pas elle même un pilote qualifié – provoquer, par accident ou par malveillance, un accident. Qui contrôlera la santé mentale de la « personne tierce » ? Qui s’assurera qu’elle ne détient pas d’arme lui permettant de prendre le pilote en otage ?

      Je vous rappelle que la porte blindée a été installée dans les cabines d’avion après le 11 septembre pour empêcher les prises d’otage. Depuis cette date, combien d’accidents la porte blindée a-t-elle provoqué ?

      [L’autorité de l’aviation civile prendrait une grosse responsabilité si demain, un Airbus A380 avec 800 personnes à bord, se dirigeait et s’écrasait sur le stade de France avec 70 000 personnes dans les tribunes.]

      Et si la « tierce personne » en question prend en otage le co-pilote et provoque le crash dans les mêmes circonstances ? Qui « prendrait la grosse responsabilité » dans ce cas ? Il n’y a rien à faire, le risque zéro n’existe pas. Il y a un optimum économique entre le niveau de risque résiduel qu’on accepte de prendre et le coût des mesures nécessaires pour le réduire. Et lorsqu’on parle de risques aux probabilités très faibles, il est difficile de trouver des mesures qui soient en même temps économiques et qui ne dégradent pas la sécurité en essayant de l’améliorer.

      [Ce qui s’est passé est déterminé à se repasser si des mesures ne sont pas prises. Quel serait, alors, la teneur de votre billet dans ces circonstances ?]

      La même qu’aujourd’hui : nous vivons dans un monde dangereux, que notre intelligence a permis de rendre relativement sûr, sans que cette sécurité soit absolue. Nous devons admettre qu’aussi perfectionnés qu’ils soient, les filets de sécurité qui nous protègent laisseront de temps en temps passer un accident.

      [Les arguments chiffrés concernant la sécurité du transport aérien me paraissent un tantinet fallacieuses. On compare des choux et des jambons lorsque l’on fait la comparaison en terme de kilomètres parcourus par passager. Avec ce raisonnement, le fait d’aller se promener à pied devient très dangereux, et même, la stagnation dans un fauteuil, déplacement de 4m pendant la pub pour s’approvisionner en chocolat, avec les probabilités d’infarctus augmentées de ce fait, devient un risque mortel, au kilomètre parcouru.]

      Je suis prêt à examiner l’indicateur qui vous plaira. Les connaisseurs du sujet ont tendance à utiliser le taux d’accident par kilomètre parcouru comme indicateur pour comparer les différents moyens de transport, ce qui est rationnel puisque l’objectif du moyen de transport est de vous faire parcourir une certaine distance, et que lorsque vous avez le choix entre plusieurs moyens de transport c’est le paramètre invariable du choix.

    • Marcailloux dit :

      @ Descartes
      Bonjour,
      [Si la bouffée est détectée avant qu’il presse le bouton, il existe une procédure prévue par la constitution, celle de l’incapacité. Mais s’il réussit à pousser le bouton avant que la procédure soit enclenchée, il n’y a pas et ne peut y avoir de garde-fou.]
      Il est bien entendu qu’un secret absolu – par définition – entoure le processus de déclenchement du feu nucléaire. Et c’est pour cela que notre échange aboutit à une impasse.
      Cependant, une petite recherche sur le sujet m’a permis de lire un article du ” Monde” qui laisse supposer que le Président ne pourrait en aucun cas se comporter comme Lucky Luke et tirer plus vite que son ombre. Les “filtres” existent. . . . . heureusement !
      Extrait de l’ article « Le Monde.fr » 15.05.2012
      PAS UN CODE, MAIS PLUSIEURS
      Pour le reste, “c’est le secret absolu”. Le mystère qui entoure les codes nucléaires participe de la dissuasion, en France comme dans les autres pays disposant de l’arme nucléaire. “Le président de la République n’est pas tout seul à avoir le code”, et il n’y a pas un seul, mais plusieurs codes, en fonction des objectifs et de la nature de la réplique qui aurait été décidée, précise un connaisseur du dossier. Le système informatique permettrait également de modifier régulièrement ces codes.
      Des systèmes d’identification, notamment biométriques, permettent également d’identifier le chef de l’Etat. Car “quelle que soit la personne qui recevrait l’ordre d’utiliser l’arme nucléaire, elle doit avoir confirmation que l’ordre vient bien de celui qui est habilité à le donner”, c’est-à-dire le président de la République

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Il est bien entendu qu’un secret absolu – par définition – entoure le processus de déclenchement du feu nucléaire. Et c’est pour cela que notre échange aboutit à une impasse.]

      Pas si secret que ça, en fait. La dissuasion repose sur un principe fondamental, qui est celui de la transparence. En effet, une dissuasion totalement secrète serait totalement inefficace. Pour que la dissuasion soit efficace, l’ennemi doit savoir que les bombes existent, qu’elles sont nombreuses, qu’elles sont portées par des vecteurs fiables, et que la chaine de commandement qui permet de les déclencher est intègre. Moins l’ennemi est convaincu que ces éléments sont réels, moins il sera dissuadé et plus probable est un « accident ». C’est pour cette raison que les puissances nucléaire se débrouillent pour que leurs essais nucléaires et leurs essais de missiles soient bien visibles, et pour que la procédure de déclenchement soit connue.

      [Pour le reste, “c’est le secret absolu”. Le mystère qui entoure les codes nucléaires participe de la dissuasion, en France comme dans les autres pays disposant de l’arme nucléaire. “Le président de la République n’est pas tout seul à avoir le code”, et il n’y a pas un seul, mais plusieurs codes, en fonction des objectifs et de la nature de la réplique qui aurait été décidée, précise un connaisseur du dossier. Le système informatique permettrait également de modifier régulièrement ces codes.]

      Pas besoin d’être un « connaisseur du dossier ». J’ai fait allusion moi-même au fait qu’il existe plusieurs codes en fonction des objectifs et de la nature de la réplique. Il ne reste pas moins que le président de la République a le code, et qu’il peut l’utiliser à sa guise sans demander l’accord de personne.

      [Des systèmes d’identification, notamment biométriques, permettent également d’identifier le chef de l’Etat. Car “quelle que soit la personne qui recevrait l’ordre d’utiliser l’arme nucléaire, elle doit avoir confirmation que l’ordre vient bien de celui qui est habilité à le donner”, c’est-à-dire le président de la République]

      Tout à fait. Mais une fois que cette vérification a été faite, le feu nucléaire part. Les systèmes biométriques ne sont pas susceptibles de vérifier que le président est sain d’esprit…

    • v2s dit :

      @Marcailloux
      J’avais un peu « zapper » l’évolution des réactions à ce billet déjà ancien (30 mars), quand ma curiosité m’a emmené jusqu’à votre remarque :

      [Les arguments chiffrés concernant la sécurité du transport aérien me paraissent un tantinet fallacieuses. On compare des choux et des jambons lorsque l’on fait la comparaison en termes de kilomètres parcourus par passager. Avec ce raisonnement, le fait d’aller se promener à pied devient très dangereux, et même, la stagnation dans un fauteuil, déplacement de 4m pendant la pub pour s’approvisionner en chocolat, avec les probabilités d’infarctus augmentées de ce fait, devient un risque mortel, au kilomètre parcouru.]

      Et bien, Marcailloux, votre remarque m’a vraiment fait plaisir.
      Parce que, depuis des décennies que je soulève le coté fallacieux de cette mesure de la sûreté supposée des transports aériens, ne voyant nulle part, personne, me rejoindre sur ce point, j’en finissais par me dire que j’étais le seul à trouver cette présentation erronée et que, décidément je voyais le mal partout.
      Effectivement, pour avoir du sens il faudrait tenir compte du nombre voyages : un départ, un trajet, une arrivée, indépendamment du nombre de kms.
      On pourrait par exemple comparer des vacances en Guadeloupe, voyage en avion 6700 kms, avec les mêmes vacances en Bretagne, trajet en Train 450km. On pourrait ainsi faire une statistique de dangerosité par trajet et non par kms parcourus. Dans mon exemple, il devient vraisemblable que le train sera moins dangereux que l’avion, contrairement à ce que disent les statistiques du transport aérien.
      Parce qu’il ne viendrait à l’idée de personne de se rendre, par exemple, à Phuket en Thaïlande, en train, ou en autocar au départ de Paris, une statistique de dangerosité par km, revient effectivement, comme vous le dites, à comparer de façon fallacieuse, [des choux et des jambons].
      Sans même parler de l’éventualité de se rendre à pied ou en vélo en Thaïlande ou au Kamtchatka russe, ce qui, au km parcouru, deviendrait infiniment plus dangereux que n’importe quel autre moyen de transport, mais parfaitement irréaliste.

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