De l’humour du proviseur Dartigolles

Quand on m'en a parlé, je n'ai pas voulu le croire. Mais j'ai eu tort: aujourd'hui, rien n'est assez invraisemblable au PCF pour être impossible. Je vous présente donc, pour votre édification, la chose la plus étrange que de mémoire de militant ait jamais été publiée par le site du PCF. J'ai nommé: le

Bulletin scolaire de l'élève François Rebsamen (Olivier Dartigolles)

Nom : Rebsamen

Prénom : François

Recruté le 2 avril 2014 dans la classe du professeur Manuel Valls dans les options Travail, Emploi et Dialogue social. Démissionnaire le 19 août 2015.

Résultats : catastrophiques. + 200.000 chômeurs en 16 mois

Comportement : Mauvais esprit

– triche en copiant sur son camarade de classe Pierre Gattaz, dont il reprend les propositions de casse du code du travail,

– a tenté de falsifier les méthodes de calcul du nombre de chômeurs, sans grand résultat d'ailleurs,

– se défausse sur ceux dont il est censé s'occuper : en l’occurrence, les privés d'emplois, qu'il accuse de frauder

Note pour plus tard :

l'enseignement délivré par le Professeur Valls dans l'école du directeur Hollande ne donne aucun résultat quels que soient les élèves depuis 2012. Proposition : revoir les formations de façon urgente, si possible. Celles de « L'Humain d'abord » et de la rupture avec l'austérité devraient être essayées pour les salaires, l'emploi et une grande réforme fiscale.

Olivier Dartigolles, porte parole du PCF

Avant de poursuivre, je tiens à dire que je n’ai rien contre l’humour en politique, au contraire. Mais ici, sous l’apparence de la plaisanterie, l’humour est tristement absent. L’humour digne de ce nom travaille sur le suggéré, sur l’ironie, sur le décalage. Ici, rien n’est suggéré, tout est explicite jusqu’à la nausée. Pas un jeu de mots, pas une métaphore, pas même un jeu de style. C’est lourd, bête, sans grâce.

Par ailleurs, en quoi ce communiqué fait avancer en quoi que ce soit les idées du PCF ? En quoi cette lourde parodie nous illustre sur les mérites de « l’humain d’abord », sur les propositions du PCF ou même sur le rôle de Rebsamen dans cette affaire ? Sert-il à autre chose que de rappeler aux lecteurs du site du PCF – fort rares par ailleurs – l’existence de Dartigolles, au cas où ils l’auraient oublié ?

Dans un pays qui compte trois millions et demi de chômeurs, une croissance en berne, qui assiste au démantèlement des services publics et de l’Etat lui-même, les dirigeants du PCF n’ont rien de mieux à faire, rien de plus intéressant à dire que ce genre de blagues de potache ? La question doit être posée. Il serait temps pour les dirigeants du PCF de réaliser que la politique n’est un amusement que pour ceux qui ont le ventre plein et les besoins satisfaits. Pour les autres, pour ceux qui attendent de la politique des solutions à des problèmes urgents, ce genre de blague tombe à plat. L’humour en politique, pourquoi pas. Mais avec intelligence et modération, et en faisant attention de ne pas porter atteinte à la dignité de la chose. Parce que si les dirigeants politiques eux-mêmes ne sont pas convaincus que ce qu’ils font est sérieux, qui le sera ?

Quant à Dartigolles… « Quousque tandem, Catilina, abutere patientia nostra? » (1)

Descartes

(1) « Jusqu’à quand, Catilina, abuseras tu de notre patience ? » C’est l’exorde de la première des « catilinaires » de Ciceron, discours prononcés devant le sénat romain contre son adversaire politique, Catilina, politicien populiste…

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42 réponses à De l’humour du proviseur Dartigolles

  1. bovard dit :

    De retour sur le site,je salue Descartes et tous les contributeurs.
    Décidemment,le PCF ne cesse de tenir le haut du pavé,comme quoi ”le cadavre bouge encore!
    Le PCF semble à l’instar des zombies catholiques,chers à nos prédateurs de la Minorité exhibitionniste,suscités les rejets nets y compris lorsque,le + beau des bébés Hues,s’amuse.
    Allons,c’est une blague de potache,sans jeu de mots mais amusante pour certains.
    L’Humour,c’est comme l’érotisme,pour certains,c’est de l’Art,pour d’autres de la pornographie!
    Je préfère cette Dartirigolade que la Sé(dé)guelade sur le PCF, consultable à http://www.liberation.fr/politiques/1997/10/31/la-derniere-blague-sur-le-pcf-on-disait-que-le-parti-allait-changer-de-nom-marchais-est-intervenu-hi_218210.
    De bébé Hue,Olivier est transformé en tête de l’Art de La darty-Rigolade;
    Pourquoi,pas,c’est un ancien prof agrégé,et après tout,si vous avez vu Prof1 et Prof2,la mode est aux enseignants qui rigolent!
    Pour moi,y a pas photo:Vaut mieux en Rire qu’en pleurer !
    Pour ceux qui préfèrent les sujets sérieux,je vous propose de lire la Tribune de Pierre Laurent en réponse au dossier de Libération sur la Grèce;Là,c’est du lourd et du sérieux…à tout prendre,je préfère une bonne Dartirigolade…

    • Descartes dit :

      @bovard

      [Décidemment,le PCF ne cesse de tenir le haut du pavé,comme quoi ”le cadavre bouge encore!]

      Si publier ce genre de bêtises c’est « tenir le haut du pavé », alors nous n’avons pas la même idée de la politique.

      [Allons, c’est une blague de potache, sans jeu de mots mais amusante pour certains.]

      L’idée qu’il y aurait de gens au PCF que ce genre de texte pourrait « amuser » me fait froid dans le dos. Sont ils vraiment devenus aussi bêtes ? Par ailleurs, je vous fais noter que ce n’est pas publié dans la page « humour » de l’Huma, mais à la « une » du site du PCF, dans les articles d’actualité.

      [Je préfère cette Dartirigolade que la Sé(dé)guelade sur le PCF, consultable à http://www.liberation.fr/politiques/1997/10/31/la-derniere-blague-sur-le-pcf-on-disait-que-le-parti-allait-changer-de-nom-marchais-est-intervenu-hi_218210.%5D

      Mais là, point de humour. L’intention de Séguéla était sérieuse, tout comme était sérieuse l’écoute de Robert Hue qui, à l’époque, cherchait lui aussi à « relooker » le PCF. Ce fut un ballon d’essai bien lancé, et ce n’est que devant la levée de boucliers à l’intérieur du PCF que Robert Hue a cherché à faire croire qu’il s’agissait d’une « rumeur » sans fondement propagée par un publicitaire solitaire…

      [Pourquoi pas, c’est un ancien prof agrégé, et après tout, si vous avez vu Prof1 et Prof2, la mode est aux enseignants qui rigolent!]

      Dartigolles « agrégé d’histoire » ? Première nouvelle. Sur sa fiche biographique, il est écrit « enseignant d’histoire », et titulaire d’un DEA. Nulle trace d’une agrégation.

      [Pour ceux qui préfèrent les sujets sérieux,je vous propose de lire la Tribune de Pierre Laurent en réponse au dossier de Libération sur la Grèce; Là,c’est du lourd et du sérieux…à tout prendre, je préfère une bonne Dartirigolade…]

      Si vous voulez proposer la lecture de cette tribune, mettez le lien. Je vous rappelle que je ne publie pas les commentaires qui consistent pure et simplement dans la reproduction d’un texte publié ailleurs…

  2. Tsipras démissionne et prépare des élections anticipées pour fin septembre. Qu’en pensez-vous?

    Je ne suis pas spécialiste de la politique grecque mais, vu de l’extérieur, on a quand même l’impression que l’expérience Syriza est loin d’être concluante: élu en janvier 2015, Tsipras remet déjà son mandat, dans un climat de division de son parti. Après avoir résisté avec énergie, et même un certain panache aux pressions de l’eurozone, après avoir gagné haut la main son référendum début juillet, il a depuis donné l’impression de capituler en rase campagne, faisant adopter des mesures d’austérité qu’il avait combattues et auxquelles il a dit publiquement ne pas croire en les faisant voter…

    Alexis Tsipras a sans doute beaucoup de qualités, et il a dû faire face à une situation très difficile pour son pays. Je ne doute pas qu’il a cru faire de son mieux dans un contexte très tendu. Malgré tout, et même si à titre personnel je n’attendais rien de spécial de Syriza et de son chef, je suis tenté de reprendre ce titre d’une pièce de Shakespeare: much ado about nothing…

    • Descartes dit :

      @ nationalistejacobin

      [Tsipras démissionne et prépare des élections anticipées pour fin septembre. Qu’en pensez-vous?]

      Je vous avoue que je ne sais pas quoi penser. Je ne connais pas assez la politique grecque pour en tirer des conclusions. Vu de loin, je dirais que cette démission était prévisible dans la mesure où le gouvernement Tsipras n’avait plus de véritable majorité au Parlement. De plus, Tsipras conserve très largement selon les sondages la confiance des grecs. Une élection lui donne donc l’opportunité de consolider sa majorité.

      Mais je pense – et vous me direz peut-être que j’essaye de voir le verre à moitié plein – qu’il y a un peu plus que ça. Je ne pense pas que Tsipras soit un cynique, et je conçois que pour lui il soit humainement difficile de poursuivre une politique qui n’est pas vraiment la sienne, même s’il est convaincu qu’elle est la seule possible. Qu’il demande un mandat populaire pour continuer dans cette voie, c’est tout à son honneur. Pensez que chez nous le Parti socialiste n’a eu aucun scrupule à partir de 1983 de faire une politique aux antipodes du programme sur lequel il avait été élu, et que Mitterrand s’est même accroché au pouvoir en 1986 après que le peuple eut manifesté son rejet de cette politique en mettant les socialistes en minorité.

      Par ailleurs, le retour vers les électeurs est sain parce qu’il implique une campagne électorale, ou chacun va devoir clarifier son programme. Je suis curieux de voir ce que Syriza offrira maintenant aux électeurs pour gagner leurs suffrages…

      [Je ne suis pas spécialiste de la politique grecque mais, vu de l’extérieur, on a quand même l’impression que l’expérience Syriza est loin d’être concluante: élu en janvier 2015, Tsipras remet déjà son mandat, dans un climat de division de son parti.]

      Au contraire, je pense que l’expérience est concluante. Syriza a été élu sur un programme dont la mise en œuvre était conditionnée à l’hypothèse « bisounours » des eurolâtres, qui veut que l’UE est un club de gens sympas et raisonnables qui aident la veuve et l’orphelin. Les grecs ont cru que s’ils expliquaient avec sérieux à Bruxelles que l’austérité était en train de tuer l’économie grecque et qu’il fallait changer de cap, leurs « amis » français, allemands, finlandais, hollandais, espagnols, etc. allaient dire « oui, vous avez raison, on va vous aider à redresser le pays ».

      Il a fallu l’expérience « concluante » de ces six mois de négociation pour que Tsipras est ses camarades comprennent que l’UE ne correspond nullement à leurs rêves. Ils ont essayé les arguments économiques, soutenus d’ailleurs par l’ensemble des économistes, y compris les libéraux ; ils ont essayé la légitimité démocratique, en montrant par un référendum que le peuple grec rejetait le diktat européen. Rien n’y fit. Ils se sont trouvés devant un mur. Et vous trouvez que c’est une expérience « peu concluante » ? Moi je trouve au contraire qu’elle est terriblement concluante. Même notre « gauche radicale », pourtant lente à la détente, est en train de se réveiller – timidement, il est vrai – de ses rêves europhiles et mitterrandolâtres et commence à réfléchir à une sortie de l’Euro « en plan B », c’est dire !

      Tsipras agit peut-être pour des motifs tactiques en convoquant de nouvelles élections. Mais il n’en reste pas moins que ce faisant il constate publiquement que le programme présenté par Syriza aux dernières élections, celui qui reposait sur la vision bisonouurs de l’Europe, était inapplicable. Car personne ne pourra lui reprocher de ne pas avoir tout fait pour essayer de l’appliquer. On verra quel est le mandat que Tsipras demandera maintenant au peuple grec. Quel sera son programme ? Constatera-t-il qu’il n’y a qu’une seule solution, l’austérité et la mise sous tutelle du pays ? Ou demandera-t-il un mandat pour faire autre chose ?

      [Après avoir résisté avec énergie, et même un certain panache aux pressions de l’eurozone, après avoir gagné haut la main son référendum début juillet, il a depuis donné l’impression de capituler en rase campagne, faisant adopter des mesures d’austérité qu’il avait combattues et auxquelles il a dit publiquement ne pas croire en les faisant voter…]

      Quel sujet pour un grand dramaturge, non ? Quel dommage qu’il n’y ait plus de tragédiens…

      [Malgré tout, et même si à titre personnel je n’attendais rien de spécial de Syriza et de son chef, je suis tenté de reprendre ce titre d’une pièce de Shakespeare: much ado about nothing…]

      Je ne suis pas d’accord. Je pense que dans les années à venir on saura gré à Tsipras d’avoir révélé les limites du système européen. Tant que personne n’avait essayé, on pouvait nourrir l’illusion d’une « solidarité européenne ». Tsipras a poussé le système a ses limites avant de céder, et en cela je pense que l’histoire le jugera positivement. Si seulement Hollande avait fait de même plutôt que de se coucher tout de suite…

    • @ Descartes,

      “De plus, Tsipras conserve très largement selon les sondages la confiance des grecs.”
      C’est pour moi un mystère… Je comprends que les Grecs soient reconnaissants à Tsipras de son courage et de ses efforts. Mais les résultats paraissent un peu maigres, quand même.

      “Je ne pense pas que Tsipras soit un cynique”
      Mais moi non plus! Je dois dire que Tsipras m’inspire plutôt de la sympathie et une pointe d’admiration. Mais je me posais la question suivante en l’écoutant hier au soir: n’est-il pas fatigué de gérer les désirs contradictoires du peuple grec? N’aimerait-il pas, au fond, que quelqu’un d’autre continue le sale boulot?

      “Il a fallu l’expérience « concluante » de ces six mois de négociation pour que Tsipras est ses camarades comprennent que l’UE ne correspond nullement à leurs rêves.”
      Nous sommes d’accord: pour vous et moi, eurosceptiques français (je pense que vous ne récuserez pas cette étiquette), l’expérience de Syriza va dans le sens de ce que nous dénonçons depuis longtemps dans la construction européenne. Mais, pour les Grecs, est-ce véritablement concluant? Si j’étais Grec, j’aurais espéré que Tsipras trouve une solution qui relance le pays et évite l’austérité. Or, économiquement parlant, peut-on dire que Syriza a éclairci l’horizon du peuple grec? Je me permets d’émettre des doutes, même si, d’un point de vue psychologique, Tsipras a pu rendre un peu de fierté nationale à son peuple (et ce n’est pas rien, certes).

      Par ailleurs, je me pose une question après lecture de cet article de l’Express:
      http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/reformes-economiques-l-europe-elle-s-est-reveillee_1707643.html#xtor=AL-839

      Se pourrait-il que l’austérité marche en fin de compte? Qu’en pensez-vous? J’avoue que j’ai du mal à croire que le Portugal, l’Espagne et l’Irlande se portent si bien, ou du moins que l’ensemble de la population (en particulier les ouvriers et les employés) profite du redémarrage. Il est vrai cependant que le profil économique de ces pays diffère de celui de la Grèce.

      “Constatera-t-il qu’il n’y a qu’une seule solution, l’austérité et la mise sous tutelle du pays ?”
      Je crains pour ma part qu’il en arrive à cette conclusion. Et il semblerait que l’exemple portugais plaide en ce sens. J’entendais ce matin qu’à Bruxelles, on pense que Tsipras demande un nouveau mandat pour pouvoir réformer sérieusement l’Etat grec (ce qui, en soi, est certainement nécessaire) et appliquer l’austérité. Mais les eurocrates ne sont pas dans la tête de Tsipras.

      “Quel dommage qu’il n’y ait plus de tragédiens…”
      C’est sans doute la loi de l’offre et de la demande… Qui a envie d’écouter des tragédies de nos jours? Nos contemporains n’ont sans doute pas très envie qu’on leur mette sous les yeux des héros confrontés à des choix cornéliens. Regardez Tsipras: sa grandeur lui a valu la haine féroce de tous les bienpensants (Attali l’a traité de tyran, d’autres d’escroc, de poutinophile ou que sais-je encore). Nos censeurs n’aiment pas les gens qui révèlent la dureté et la violence du monde. Il faut que tout se passe sans vague, sans éclat de voix, dans des salons feutrés. A la façon bisounours comme vous dites.

      “Je pense que dans les années à venir on saura gré à Tsipras d’avoir révélé les limites du système européen.”
      Encore une fois, je suis d’accord. Mais la question est de savoir si Tsipras n’aura pas finalement été plus utile aux souverainistes des autres pays qu’au peuple grec…

    • Descartes dit :

      @ nationalistejacobin

      [“De plus, Tsipras conserve très largement selon les sondages la confiance des grecs.”][C’est pour moi un mystère… Je comprends que les Grecs soient reconnaissants à Tsipras de son courage et de ses efforts. Mais les résultats paraissent un peu maigres, quand même.]

      La confiance n’est pas – heureusement – qu’une question de résultats. Les peuples ne sont pas idiots, et savent parfaitement que leurs dirigeants agissent à l’intérieur d’un cadre fixé par le rapport de forces. Et s’il est raisonnable de demander aux dirigeants de faire tout leur possible pour atteindre leurs objectifs, « à l’impossible nul n’est tenu ». Or, le moins qu’on puisse dire de Tsipras, c’est qu’il a roué dans les brancards. Contrairement à un vulgaire Hollande qui promet de « renégocier le TSCG » avant l’élection puis, fraîchement élu, le signe avec à peine une modification cosmétique, Tsipras a commencé par dire non, a convoqué un référendum, a négocié jusqu’à la dernière minute… Et puis – chose importante – une fois qu’on l’a forcé à avaler la couleuvre, il n’a pas fait semblant d’aimer ça. Il n’a jamais prétendu avoir été fidèle à ses engagements ou croire que l’accord conclu était un bon accord. Là encore, vous pouvez comparer à nos politiciens à nous, qui de Sarkozy à Mélenchon, de Hollande à Juppé essayent de nous faire prendre des échecs pour des victoires et des vessies pour des lanternes…

      On peut reprocher ses résultats à Tsipras. On peut même lui reprocher une certaine naïveté et une bonne dose d’impréparation. Mais on ne peut l’accuser d’avoir menti, de ne pas avoir essayé, de ne pas avoir pris des risques ou de s’accrocher au pouvoir. Par deux fois maintenant il est retourné devant le peuple pour lui demander de clarifier son mandat. Pourquoi les grecs ne lui feraient pas confiance ?

      [“Je ne pense pas que Tsipras soit un cynique”][Mais moi non plus! Je dois dire que Tsipras m’inspire plutôt de la sympathie et une pointe d’admiration. Mais je me posais la question suivante en l’écoutant hier au soir: n’est-il pas fatigué de gérer les désirs contradictoires du peuple grec? N’aimerait-il pas, au fond, que quelqu’un d’autre continue le sale boulot?]

      Probablement… mais je pense que la petitesse de nos politiciens à nous nous a fait oublier que la politique est d’abord une tache civique. A la cour de Louix XIV, les ministres devaient gérer les humeurs du souverain, et pouvaient sur un seul geste du roi se trouver en disgrâce. Et bien, le peuple n’est pas un souverain plus facile que ne pouvait l’être le roi-soleil. Ce n’est pas seulement les beaux logements, le respect des larbins et les voitures avec chauffeur, c’est aussi servir sa patrie malgré l’angoisse, l’incompréhension, la haine ou l’indifférence que le souverain peut vous témoigner. Pensez à la phrase qui figure en exergue de ce blog : « pour le roi souvent, pour la patrie toujours ». Le politique est là pour servir la patrie, quelquefois avec le souverain, quelque fois malgré lui. Et quelque en soient les conséquences pour soi même.

      De ce point de vue, j’ai comme vous une certaine sympathie pour Tsipras. Je pense qu’il réhabilite le sens du tragique en politique. Sachant que son souverain n’accepterait pas une sortie de l’Euro, il est forcé d’accepter un plan qui viole les engagements qu’il a lui-même pris auprès du souverain, et auquel il ne croit pas. Et comme mongénéral naguère, il appelle au peuple pour lui renouveler ou lui retirer sa confiance.

      [“Il a fallu l’expérience « concluante » de ces six mois de négociation pour que Tsipras est ses camarades comprennent que l’UE ne correspond nullement à leurs rêves.”

      Nous sommes d’accord: pour vous et moi, eurosceptiques français (je pense que vous ne récuserez pas cette étiquette) (…)]

      Si je la récusais, ce serait parce que je la trouve trop faible. Pour faire honneur à la vérité, je dirais que plus que « eurosceptique », je suis « antieuropéen », en ce que non seulement je rejette la construction européenne telle qu’elle s’est faite, mais que je ne crois autre construction « européenne » possible. Pour moi, « l’Europe » est une idée totalement artificielle : l’Espagne a beaucoup plus en commun avec le Mexique qu’avec la Finlande. Mais il paraît que le terme « antieuropéen » fait peur au bourgeois, alors, va pour « eurosceptique »…

      [(…) l’expérience de Syriza va dans le sens de ce que nous dénonçons depuis longtemps dans la construction européenne. Mais, pour les Grecs, est-ce véritablement concluant?]

      Oui, c’est « concluant » au sens que c’est une expérience dont on peut tirer une conclusion univoque et sans ambiguïté. On a coutume d’utiliser le terme « concluant » pour qualifier un succès, une expérience qui confirme la théorie de son auteur. Mais une expérience qui infirme une théorie est, strictement parlant, tout à fait « concluante ».

      [Si j’étais Grec, j’aurais espéré que Tsipras trouve une solution qui relance le pays et évite l’austérité. Or, économiquement parlant, peut-on dire que Syriza a éclairci l’horizon du peuple grec?]

      Les Grecs espéraient que Tsipras trouve une solution qui relance le pays et évite l’austérité, tout en restant dans l’Euro. Mais comme disait le roi du Petit Prince de Saint-Exupéry, si je commande à l’un de mes sujets de se transformer en oiseau de mer, et qu’il n’obéit pas, qui a commis la faute, lui ou moi ? Les Grecs ont demande à Tsipras l’impossible. Leur seule circonstance atténuante est que Tsipras lui-même croyait que c’était possible. Je ne crois pas qu’il y ait eu tromperie volontaire, mais les faits sont là. Que Tsipras, ayant réalisé l’impossibilité, retourne aux urnes est tout à son honneur.

      Si Tsipras a « éclairci l’horizon du peuple grec », c’est en dissipant l’illusion que l’Europe pouvait être autre chose qu’une belle-mère acariâtre, tatillonne et insensible. C’est déjà pas mal. Maintenant, le peuple grec peut prendre ses décisions en adulte.

      Par ailleurs, je me pose une question après lecture de cet article de l’Express:

      [Se pourrait-il que l’austérité marche en fin de compte? Qu’en pensez-vous? J’avoue que j’ai du mal à croire que le Portugal, l’Espagne et l’Irlande se portent si bien, ou du moins que l’ensemble de la population (en particulier les ouvriers et les employés) profite du redémarrage.]

      Bien sur que l’austérité « marche ». La question subsidiaire est « pour qui ? ». Pour le capital, l’austérité est excellente : la pression à la baisse sur les services publics, sur les salaires, sur la protection sociale n’a jamais réduit la rentabilité des entreprises. Si l’on identifie la santé de l’économie avec la santé des entreprises, il ne fait pas de doute que « l’austérité marche ». C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est soutenue par Bruxelles.

      Vous remarquerez en tout cas que l’article de l’Express ne parle que de « croissance » et de « chômage », mais reste discret sur l’ensemble des autres indicateurs. Si l’on prend ces indicateurs en compte, le Bangladesh fait nettement mieux que la France. Et pourtant, on ne voit pas une vague massive de retour au pays parmi les bangladeshis venus en France, au contraire. Tout comme les portugais ou les irlandais continuent à quitter leur pays pour aller chercher ailleurs meilleurs salaires et conditions de vie malgré le « succès » de leur pays. Etonnant, non ?

      [“Quel dommage qu’il n’y ait plus de tragédiens…”][C’est sans doute la loi de l’offre et de la demande… Qui a envie d’écouter des tragédies de nos jours? Nos contemporains n’ont sans doute pas très envie qu’on leur mette sous les yeux des héros confrontés à des choix cornéliens.]

      Vous me rappelez le personnage de Farenheit 451 qui rejette les livres parce que « ils font pleurer »… oui, personne n’a envie qu’on lui explique que le monde est compliqué. On aime les choix simples : ici le Bien, là bas le Mal.

      [Regardez Tsipras: sa grandeur lui a valu la haine féroce de tous les bienpensants (Attali l’a traité de tyran, d’autres d’escroc, de poutinophile ou que sais-je encore).]

      Sans compter la « gauche radicale » qui, après lui avoir tressé des couronnes, en fait le Gannelon moderne…oui, comme dit Ibsen, mieux vaut ne pas mettre son meilleur costume quand on sort défendre la vérité et la justice.

      [“Je pense que dans les années à venir on saura gré à Tsipras d’avoir révélé les limites du système européen.”][Encore une fois, je suis d’accord. Mais la question est de savoir si Tsipras n’aura pas finalement été plus utile aux souverainistes des autres pays qu’au peuple grec…]

      Aider les souverainistes, c’est aider son peuple.

  3. Alain Briens dit :

    Bonjour Descartes,

    Olivier qui ?
    Il semblerait, bien que vous ne soyez pas très explicite sur le sujet (ce qui est parfaitement votre droit, tant la transparence obligatoire est une des dérives la plus haïssables de notre époque), que votre itinéraire politique ait démarré au PCF, ou pas très loin, d’où cet intérêt constant dans vos écrits pour ce que les journalistes fatigués appellent “la gauche de la gauche”.
    Rien de déshonorant à cela, mais attention que ce tropisme ne vous fasse pas surestimer l’intérêt des prises de position de gens comme Dartigolles dont la renommée et l’influence ne dépassent guère le cercle étroit de sa famille, de ses voisins de pallier et de sa concierge si tant est qu’une pure conscience comme la sienne puisse souffrir d’une exploitation aussi indigne.
    Les écrits de ce monsieur que vous nous donnez à lire paraissent justifier d’ailleurs pleinement l’anonymat auquel il est aujourd’hui condamné.
    En conséquence, même si vos raisonnements sont justes, cet article va surtout intéresser ceux qui connaissent Olivier Dartigolles ce qui ne peut que vous restreindre à une audience tout à fait confidentielle…

    • Descartes dit :

      @ Alain Briens

      [Olivier qui ?]

      Vous êtes cruel…

      [Rien de déshonorant à cela, mais attention que ce tropisme ne vous fasse pas surestimer l’intérêt des prises de position de gens comme Dartigolles dont la renommée et l’influence ne dépassent guère le cercle étroit de sa famille, de ses voisins de pallier et de sa concierge si tant est qu’une pure conscience comme la sienne puisse souffrir d’une exploitation aussi indigne.]

      N’exagérons rien. Dartigolles a beau être une personnalité de second rang, il est quand même assez bien connu – surtout en mal, d’ailleurs – dans le milieu de la « gauche radicale » française. Qui est un peu ma famille politique – vous savez, « on choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille – et pour laquelle j’ai donc un certain intérêt.

      [En conséquence, même si vos raisonnements sont justes, cet article va surtout intéresser ceux qui connaissent Olivier Dartigolles ce qui ne peut que vous restreindre à une audience tout à fait confidentielle…]

      Je choisis mes sujets en fonction de ce qui m’intéresse, et je me soucie peu de la taille de mon « audience ». Par ailleurs, si Dartigoles est un inconnu, le fait que sont billet d’humeur soit publié en « une » sur le site du PCF n’est pas politiquement indifférent. Je pense que c’est une bonne illustration de l’esprit « potache » qui s’est emparé de la « gauche radicale », qui ne semble pas comprendre que la population – est notamment les couches populaires – ne partagent pas cette vision de la politique. Souvenez vous des « brigades de clowns » que Mélenchon avait mobilisé pour faire sa campagne à Hénin-Beaumont…

  4. v2s dit :

    @Descartes
    Ce genre d’humour sous la plume d’un membre du PC semble vous surprendre ? Et bien dites-vous que ceux qui, comme moi, ont rarement lu d’autre texte du PC que les affligeants tracts de la CGT à la sortie de leurs lieux de travail, ne sont du tout surpris.

    [L’humour digne de ce nom travaille sur le suggéré, sur l’ironie, sur le décalage. Ici, rien n’est suggéré, tout est explicite jusqu’à la nausée. Pas un jeu de mots, pas une métaphore, pas même un jeu de style. C’est lourd, bête, sans grâce.]
    Oui, c’est tout à fait ça ! Exactement comme un tract de la CGT.
    C’est même pour ça que la plupart des salariés se détournent de ce genre de syndicalisme et de militantisme politique, qu’ils estiment benêt, bébête, et, disons le, carrément « beauf ».

    • Descartes dit :

      @ v2s

      [Ce genre d’humour sous la plume d’un membre du PC semble vous surprendre ? Et bien dites-vous que ceux qui, comme moi, ont rarement lu d’autre texte du PC que les affligeants tracts de la CGT à la sortie de leurs lieux de travail, ne sont du tout surpris.]

      Ah… parce que les tracts de la CGT sont des « textes du PC » ? Vous êtes sérieux ?
      Je sais bien que vous n’aimez pas la CGT. Ce qui, connaissant vos positions, me rassure nettement plus que si vous lui tressiez des couronnes. Je ne sais pas comment sont les militants CGT de votre lieu de travail, mais je dois dire que ceux que je connais – et j’en connais un paquet – jouent très rarement sur l’humour. J’aurais plutôt tendance à leur faire le reproche opposé. Mais quand bien même ils le feraient, je suis plus indulgent avec des militants de base, qui font cela en dehors de leurs heures du travail, qu’avec des dirigeants professionnels dont c’est le boulot.

      [Oui, c’est tout à fait ça ! Exactement comme un tract de la CGT.]

      Ah bon ? Les tracts CFDT, FO ou CGC font ils preuve d’un humour fin et intelligent ? Je trouve votre fixation sur la CGT assez révélatrice, qu’est ce que vous voulez que je vous dise…

      [C’est même pour ça que la plupart des salariés se détournent de ce genre de syndicalisme et de militantisme politique, qu’ils estiment benêt, bébête, et, disons le, carrément « beauf ».]

      Vous croyez vraiment que la qualité de l’humour dans les tracts est la cause de la désaffection pour « ce genre de syndicalisme » ? Et d’ailleurs, pourquoi « ce genre de syndicalisme » ? Voyez vous un autre « genre » de syndicalisme qui emporte un franc succès en France ?

      Soyez sérieux : la « désaffection » pour le syndicalisme est le résultat de trente ans d’un rapport de forces éminemment défavorable aux salariés qui a réduit comme peau de chagrin les possibilités d’action collective. Contre ce phénomène, même des tracts écrits par Oscar Wilde seraient inopérants.

      Vous pouvez mépriser le syndicalisme « beauf ». Vous n’inventez d’ailleurs rien : les « classes moyennes » ont de tout temps méprisé le syndicaliste, déjà qualifié de « beauf » dans les années 1930. Il n’empêche que nous sommes redevables à ces « beaufs » du fait que le patron n’est plus un seigneur féodal et l’employé un serf. Croyez-vous vraiment que les congés payés ou la sécurité sociale sont le résultat de la bonté illimitée des patrons et des hommes politiques ? Bénis soient ces « beaufs » qui depuis un siècle prennent des risques pour le reste d’entre nous…

    • @ v2s & Descartes,

      “les « classes moyennes » ont de tout temps méprisé le syndicaliste.”
      Je dois dire qu’il fut un temps où je partageais ce mépris et cette hostilité envers les syndicats, et tout particulièrement la CGT. Chez moi, je me souviens que mes parents disaient qu’ils exagéraient, qu’ils étaient tout le temps en grève (en parlant de la CGT-Cheminot en particulier), qu’ils refusaient les compromis, voire que les entreprises fermaient à cause d’eux, les militants CGT. Cela ne signifiait pas, paradoxalement, qu’on aimait les patrons, mais le fait est que la CGT était l’objet de remarques désobligeantes, peut-être parce qu’elle ne semblait pas obtenir des résultats probants (du moins dans les affaires médiatisées… c’est-à-dire les fermetures d’usines). Mais j’ai compris depuis que la CGT ne peut pas faire de miracles dans un monde “ouvert” dans lequel l’ouvrier roumain coûte cinq fois moins cher que l’ouvrier français, et l’ouvrier chinois dix fois moins cher. Certaines personnes s’exagèrent la puissance de la CGT.

      Lorsqu’il a été question du travail dominical, j’ai lu moult critiques sur FO et la CGT qui faisaient des procès aux entreprises ne respectant pas les heures de fermeture le soir et les week-ends (il s’agissait d’un magasin des Champs-Elysées qui voulait rester ouvert la nuit, si ma mémoire est bonne). Je me souviens de salariés s’en prenant aux syndicats parce que ces derniers limitaient leur “liberté” de travailler le dimanche. Et les patrons de nous expliquer que ça créait de l’emploi et ça permettait de donner des jobs aux étudiants. Ben voyons! On aurait presque eu envie de leur remettre une médaille, à ces saints patrons…

      J’ai pris conscience à ce moment que la société était devenue trop individualiste. Les salariés qui veulent bosser le dimanche sont sans doute une minorité, ils n’ont pas d’enfant… ou bien leur conjoint ne travaille pas. Ces gens ne comprennent pas qu’en voulant travailler le dimanche, ils courent le risque de banaliser le travail dominical, y compris pour les salariés qui n’en veulent pas. Et rien ne dit qu’eux-mêmes ne seront pas contents dans quelques années de passer les dimanches en famille. Je trouve assez triste de vivre dans une société où chacun ne voit que son intérêt à court terme, et se moque des conséquences de ses actes. Vivre en société, c’est être concerné par le sort des autres membres de la société. C’est un peu paradoxal de donner aux restos du coeur d’un côté, et de se moquer de la dégradation des conditions de travail de l’autre (même si tout cela participe de l’idéologie des classes moyennes qui défendent leur intérêt tout en se donnant bonne conscience, bien sûr). Si le travail dominical devait être généralisé, les avantages et compensations des salariés qui acceptent (plus ou moins volontairement d’ailleurs) ce travail risqueraient fort de disparaître. Et beaucoup de salariés se retrouveraient obligés de bosser le dimanche sans majoration de salaire ou jour de repos supplémentaire… Qui aurait été le grand gagnant dans cette affaire?

      Et puis, il y a eu l’affaire Thierry Lepaon. Et là, franchement, j’ai trouvé que la campagne anti-CGT allait un peu loin. C’est limite si on ne nous expliquait pas que le patron de la CGT vivait dans un luxueux hôtel particulier, que c’était un escroc, un malhonnête. On est allé exhumer toutes les indemnités que le syndicat avait pu lui verser (de manière tout à fait légale et conformément aux pratiques de la CGT d’après ce que j’ai compris). On nous a expliqué que la CGT était une mafia, un club de corrompus brassant des millions via la gestion opaque de comités d’entreprise (quel rapport avec les travaux de l’appartement de fonction du secrétaire général de la CGT, je vous le demande?!). Je me demande d’ailleurs ce que veulent les pères-la-morale: que le chef de la CGT vive dans un squat ou un bidonville pour être “plus proche du peuple”?

      Depuis tout ça, j’ai changé d’idée sur la CGT et sur les syndicats en général. J’ai moi-même adhéré à un syndicat et je comprends mieux la logique que défend la CGT. Même si la seule membre de ce syndicat que je connaisse est une détestable gauchiste qui a beaucoup nui à l’établissement dans lequel elle travaille (puisqu’il s’agit d’un établissement scolaire)…

    • BolchoKek dit :

      @Descartes
      >Il n’empêche que nous sommes redevables à ces « beaufs » du fait que le patron n’est plus un seigneur féodal et l’employé un serf.<
      Je vois que tes informations concernant les conditions de travail dans les services en région parisienne datent un peu… On oublie vite que l’immigration est appréciée des patrons parce que non seulement elle fait pression à la baisse sur les salaires, mais aussi parce qu’elle met à leur disposition un vivier de travailleurs dont la représentation du monde et surtout la compréhension du droit du travail sont celles du tiers-monde. Après quelques années de ce fonctionnement, on voit apparaitre des directeurs d’hôtels qui trouvent normal de demander à leur réceptionniste de laver leur voiture. Bientôt, on n’aura plus besoin de romans de medieval fantasy : on aura des appareils magiques volants ET des larbins corvéables à volonté. Tolkien en a rêvé…

    • Descartes dit :

      @ nationalistejacobin

      [Je dois dire qu’il fut un temps où je partageais ce mépris et cette hostilité envers les syndicats, et tout particulièrement la CGT.]

      Faute avouée, à demi pardonnée… 😉

      [Je trouve assez triste de vivre dans une société où chacun ne voit que son intérêt à court terme, et se moque des conséquences de ses actes. Vivre en société, c’est être concerné par le sort des autres membres de la société.]

      Je partage tout à fait. Et je dirais même que l’un des problèmes du syndicalisme français est, paradoxalement, sa dépolitisation. Traditionnellement, le syndicalisme français est un syndicalisme politique. Les militants syndicaux se battaient certes pour « les intérêts matériels et moraux de leurs membres », mais ils le faisaient à l’intérieur d’un cadre idéologique qui dépassait ces intérêts. Contrairement aux syndicats anglo-saxons ou allemands, qui ne défendent que leurs membres, le droit français, en interdisant de réserver les conquêtes sociales aux membres d’un syndicat particulier, ont favorisé une vision globale et donc politique. La mise en cause de ce modèle dans les années 1980 a affaibli durablement la représentation des travailleurs.

      [C’est un peu paradoxal de donner aux restos du coeur d’un côté, et de se moquer de la dégradation des conditions de travail de l’autre (même si tout cela participe de l’idéologie des classes moyennes qui défendent leur intérêt tout en se donnant bonne conscience, bien sûr).]

      Aucun paradoxe. Donner aux « restaurants du cœur » est un acte de charité. Et comme tout acte de charité, c’est une manifestation du pouvoir de celui qui donne sur celui qui reçoit. La conquête sociale est aux antipodes de l’acte de charité.

      [Et puis, il y a eu l’affaire Thierry Lepaon. Et là, franchement, j’ai trouvé que la campagne anti-CGT allait un peu loin.]

      D’autant plus qu’elle a été montée par un certain nombre d’apparatchiks de la CGT de la mouvance « huiste » aujourd’hui vendus – et pas très cher, en plus – au PS. Thierry Lepaon avait mis un grain de sable dans la succession féodale de Bernard Thibault – celui qui avait appelé à voter « oui » au TCE, vous vous en souvenez ? – dont l’héritière nommée, Nadine Prigent, avait été rejetée par le CCN. Les « huistes » qui étaient la garde rapprochée de Thibault ne lui ont pas pardonné. Lepaon fut la victime d’une exécution maffieuse.

      [Depuis tout ça, j’ai changé d’idée sur la CGT et sur les syndicats en général. J’ai moi-même adhéré à un syndicat et je comprends mieux la logique que défend la CGT. Même si la seule membre de ce syndicat que je connaisse est une détestable gauchiste qui a beaucoup nui à l’établissement dans lequel elle travaille (puisqu’il s’agit d’un établissement scolaire)…]

      On tombe toujours sur le même problème. Entre la dépolitisation et la mort des appareils de formation des militants, les syndicats comme les partis politiques sont devenus des nébuleuses ou chaque militant se croit autorisé à fixer la « ligne » sans le moindre contrôle disciplinaire de l’organisation. Cela donne naissance à ce genre de petits satrapes locaux qui au nom de l’organisation font n’importe quoi.

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [« Il n’empêche que nous sommes redevables à ces « beaufs » du fait que le patron n’est plus un seigneur féodal et l’employé un serf. » Je vois que tes informations concernant les conditions de travail dans les services en région parisienne datent un peu…]

      N’exagérons rien… les monde du travail est devenu bien dur, mais on n’est tout de même pas revenus à la situation des années 1930. Mais il est vrai qu’avec quelques années de « gouvernements de gauche » de plus…

    • morel dit :

      @ v2s

      Honnêtement, que peut-on gagner avec ce type de sortie aussi gratuite que lamentable ?
      J’ai l’impression que votre aversion s’exerce bien plus volontiers en direction de l’exploité qu’envers l’exploiteur, du faible plutôt que du puissant.
      Ôtez-moi d’un doute : pensez-vous que ce sont les syndicats revendicatifs qui nous ont conduits là où nous en sommes ?
      Les combats de ces « beaufs » ne compteraient-ils pour rien pour l’institution d’une pension de retraite digne de ce nom dont il me semble que vous (et c’est bien ainsi) en profitez ?
      N’êtes-vous jamais malade, ne bénéficiez-vous jamais des prestations fournies par la sécurité sociale ?
      Votre vie professionnelle ne s’est-elle jamais accomplie avec l’encadrement du code du travail ?
      N’avez-vous jamais goûté le repos grâce aux beaufs de 36 dont le combat a permis les congés payés ?
      Liste non limitative réfléchissez y.

      @ Descartes

      Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par « dépolitisation » des syndicats ?
      Le terme que vous employez pourrait être sujet à caution.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par « dépolitisation » des syndicats ? Le terme que vous employez pourrait être sujet à caution.]

      Je ne vois pas pourquoi. Le syndicalisme français a été historiquement un syndicalisme « politique », qui mélange la simple défense des « intérêts matériaux et moraux de ses membres » – selon la définition canonique de l’activité syndicale – avec la promotion de choix économiques et sociaux qui dépassent le simple cadre syndical. Cela vient d’ailleurs de loin : la Charte d’Amiens approuvée au 9ème Congrès de la CGT en 1906 proclame : « Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique les travailleurs en révolte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, tant matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière. Le Congrès précise, par les points suivants, cette affirmation théorique : dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme (…) ».

      Cette référence à la lutte des classes a survécu jusqu’au 45ème congrès, en 1999. En parallèle à la « mutation » du PCF, acquise définitivement au congrès de Martigues (2000), la CGT a abandonné son rôle de syndicat « politique » adossé au PCF pour se recentrer sur un rôle purement « syndical ». C’est à cela que je fais référence quand je parle de « dépolitisation ».

    • BolchoKek dit :

      @ Descartes
      Certes, mon commentaire était volontairement pessimiste. Mais toujours est-il que l’on voit arriver des pratiques dans les petites entreprises de services qui n’auraient pu exister il y a dix ans : on est dans une dynamique de régression…

      Pour ce qui est de la CGT, il faut tout de même rappeler son caractère confédéral, comme l’indique son nom, on peut donc y trouver un peu de tout. Nous avions il y a quelque temps pu observer les différences entre par exemple la CGT Cheminots et la CGT intermittents du spectacle…

    • morel dit :

      Aïe ! Je suis revenu de vacances depuis une semaine et ai beaucoup de mal à émerger. Il a fallu la sortie de v2s pour me faire réagir et je pressens à vous lire, qu’à nouveau la discussion risque de s’avérer longue et difficile.

      Il y aurait bien des choses à dire sur le développement original du syndicalisme ouvrier en France.
      Si la Confédération Générale du Travail se constitue en 1895, elle ne prendra un véritable essor qu’avec la fusion avec la Fédération des bourses du travail en 1902 dont l’apport original (entre autres l’éducation populaire au service des salariés) est loin d’être négligeable.

      La charte d’Amiens lors du congrès de la CGT en 1906, document posant les fondements théoriques du syndicalisme vient en fait en réponse à la puissance nouvelle du parti socialiste (SFIO) qui a unifié un mouvement socialiste divisé en de nombreux partis, apparaissant comme une menace à l’indépendance du syndicalisme pour l’écrasante majorité des délégués.

      Ainsi la motion Renard proposant un liaison avec la SFIO est repoussée par 774 mandats contre 34 et 37 abstentions.
      La « Charte d’Amiens » sera, elle, adoptée par 830 mandats, 8 contre et 1 abstention. Elle affirme la spécificité spécifiquement française de l’indépendance du syndicalisme tant devant l’Etat que du patronat et des partis politiques.
      « Les organismes confédérés n’ont pas en tant que groupements syndicaux à se préoccuper des partis et des sectes, qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté, la transformation sociale ».

      Ainsi un syndicat « adossé » comme vous l’écrivez à un parti politique quel qu’il soit ne saurait correspondre à la Charte d’Amiens.

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [Certes, mon commentaire était volontairement pessimiste. Mais toujours est-il que l’on voit arriver des pratiques dans les petites entreprises de services qui n’auraient pu exister il y a dix ans : on est dans une dynamique de régression…]

      C’est certain. C’était d’ailleurs prévisible, dans une logique de vases communicants. L’ouverture des frontières a pour conséquence de niveler par le bas la situation du facteur de production le moins mobile, et par le haut celle du facteur le plus mobile. Le capital étant mobile peut aller chercher le meilleur rendement, et s’investit donc là où le travail est moins cher…

      [Pour ce qui est de la CGT, il faut tout de même rappeler son caractère confédéral, comme l’indique son nom, on peut donc y trouver un peu de tout. Nous avions il y a quelque temps pu observer les différences entre par exemple la CGT Cheminots et la CGT intermittents du spectacle…]

      Tout à fait. Sans cette « épine dorsale » qu’était le PCF, dont la réflexion politique assurait une certaine unité d’analyse et d’action, la CGT s’est transformé en un village gaulois ou plutôt dans la France de l’an 1000, ou des barons féodaux se font la guerre ou se coalisent en fonction des circonstances. L’affaire Lepaon montre combien la structure est gangrenée par ce fonctionnement. Et pourtant, à l’heure de défendre les travailleurs, la CGT reste ce qu’il y a de meilleur…

    • Descartes dit :

      @ morel

      [La charte d’Amiens lors du congrès de la CGT en 1906, document posant les fondements théoriques du syndicalisme vient en fait en réponse à la puissance nouvelle du parti socialiste (SFIO) qui a unifié un mouvement socialiste divisé en de nombreux partis, apparaissant comme une menace à l’indépendance du syndicalisme pour l’écrasante majorité des délégués.]

      Vrai. Mais il ne faut pas en déduire que le projet de ceux qui portaient la Charte d’Amiens était « anti-politique ». La Charte n’est pas issue d’un rejet de la politique, mais d’un rejet de la politique « institutionnelle », celle qui reposait sur l’élection, sur le travail parlementaire, sur le suffrage universel. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque était encore très nombreux dans le mouvement ouvrier les voix qui considéraient que la cause ouvrière ne pouvait avancer que par les voies d’une rupture « révolutionnaire » avec les institutions politiques « bourgeoises ». La SFIO, surtout après l’expérience Millerand – homme politique passé de l’extrème gauche à la droite réactionnaire, remplacer les « ll » par « tt » et vous en aurez un autre – apparaissait comme le parti des compromissions, l’aile guesdiste étant marginalisée.

      [Ainsi un syndicat « adossé » comme vous l’écrivez à un parti politique quel qu’il soit ne saurait correspondre à la Charte d’Amiens.]

      Tout à fait. Mais le contexte a changé. Les années 1930 et 1940 voient la classe ouvrière s’insérer dans le jeu institutionnel. Il ne s’agit plus de prendre le Palais d’Hiver, mais de prendre le Palais Bourbon. Des lois sociales qui rompent avec la conception des rapports sociaux qui régnait encore en 1906 sont adoptées sans qu’il soit besoin pour cela de renverser les institutions ou d’imposer une dictature. A partir du moment ou les travailleurs sont dans le système politique, et non à la marge, le syndicat indépendant tel qu’il est décrit par la Charte n’est plus un avantage pour le travailleur, mais un handicap.

      Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si le retour de “l’independence syndicale” se fait au moment ou la classe ouvrière est à nouveau marginalisée dans le jeu politique, et qu’on revient aux rapports sociaux de la société “rentière” des années 19000…

    • morel dit :

      « il ne faut pas en déduire que le projet de ceux qui portaient la Charte d’Amiens était « anti-politique ».

      Ce dont je me suis bien gardé. La CGT de l’époque avait sa vue propre sur les buts et les moyens d’y parvenir.
      J’y reviendrai.

      « La SFIO, surtout après l’expérience Millerand – homme politique passé de l’extrême gauche à la droite réactionnaire, remplacer les « ll » par « tt » et vous en aurez un autre – apparaissait comme le parti des compromissions, l’aile guesdiste étant marginalisée »

      C’est en 1899 que Millerand entre dans le gouvernement (au côté du général Galliffet massacreur de la Commune). La charte d’unification des socialistes de 1905 condamne toute participation ministérielle à un gouvernement bourgeois.

      « Mais le contexte a changé. »

      Oui. La saignée de 14-18 et la révolution d’octobre ont changé la donne. Pour la première fois au monde un état réalisant la socialisation des moyens de production voyait le jour attirant les militants les plus décidés.
      Les vainqueurs étaient les bolcheviks qui constituaient un pôle d’attraction édictant les conditions d’adhésion à la nouvelle internationale.
      Ainsi pour les syndicats :
      « 9. Tout Parti désireux d’appartenir à l’Internationale Communiste doit poursuivre une propagande persévérante et systématique au sein des syndicats, coopératives et autres organisations des masses ouvrières. Des noyaux communistes doivent être formés, dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats au communisme. Leur devoir sera de révéler à tout instant la trahison des social-patriotes et les hésitations du « centre ». Ces noyaux communistes doivent être complètement subordonnés à l’ensemble du Parti.
      10. Tout Parti appartenant à l’Internationale Communiste a pour devoir de combattre avec énergie et ténacité l’« Internationale » des syndicats jaunes fondée à Amsterdam. Il doit répandre avec ténacité au sein des syndicats ouvriers l’idée de la nécessité de la rupture avec l’Internationale Jaune d’Amsterdam. Il doit par contre concourir de tout son pouvoir à l’union internationale des syndicats rouges adhérant à l’Internationale Communiste. ».
      De leur côté les dirigeants de la CGT sont passés brusquement d’une opposition ouverte à la guerre à l’union sacrée ; du syndicat suffisant en soi, certains allant jusqu’à voir en lui, l’organisateur futur de la production socialisée, à des formes d’association avec les gouvernements.
      Pour ma part, je me situe à distance de l’un ou l’autre de ces conceptions. Le syndicalisme doit être indépendant comme le dit la Charte d’Amiens des partis, gouvernements et du patronat (bien évidemment) ce qui n’empêche nullement de soutenir toute avancée favorable aux salariés.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [C’est en 1899 que Millerand entre dans le gouvernement (au côté du général Galliffet massacreur de la Commune). La charte d’unification des socialistes de 1905 condamne toute participation ministérielle à un gouvernement bourgeois.]

      Tout à fait. Mais l’entrée de Millerand au gouvernement avait provoqué un débat intense entre ceux qui pensaient que la défense du prolétariat passait par un rejet de toute participation institutionnelle pour se consacrer à la préparation du « grand soir », et ceux qui pensaient que les intérêts de la classe ouvrière seraient mieux défendus si les organisations ouvrières étaient insérées dans le système, même au prix des compromis nécessaires à cette insertion. La « Charte d’Amiens » est adoptée dans le contexte de ce débat, tout comme la « charte d’unification » de la SFIO.

      [« Mais le contexte a changé. » Oui. La saignée de 14-18 et la révolution d’octobre ont changé la donne. Pour la première fois au monde un état réalisant la socialisation des moyens de production voyait le jour attirant les militants les plus décidés.]

      Pas que ça. Il y a aussi l’économie qui change, et avec elle le social. Avec l’urbanisation et l’industrialisation, l’Etat-gendarme laisse progressivement la place à l’Etat-providence. L’insertion des partis ouvriers dans le système politique est alors bien plus rentable, du point de vue de la défense de la classe ouvrière, que le positionnement en dehors des institutions. Même le mouvement communiste, qui pourtant voit dans l’expérience de 1917 l’acmé de la situation révolutionnaire, finit par comprendre que la logique « classe contre classe » est contreproductive et cherche une insertion institutionnelle dès le milieu des années 1930. Ce sera encore plus fort après la Libération, quand le PCF opère la synthèse entre le vision léniniste et la tradition républicaine française.

      [« 9. Tout Parti désireux d’appartenir à l’Internationale Communiste doit poursuivre une propagande persévérante et systématique au sein des syndicats, coopératives et autres organisations des masses ouvrières. Des noyaux communistes doivent être formés, dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats au communisme. Leur devoir sera de révéler à tout instant la trahison des social-patriotes et les hésitations du « centre ». Ces noyaux communistes doivent être complètement subordonnés à l’ensemble du Parti.]

      Ce texte est intéressant parce qu’il montre que pour l’Internationale la question n’était pas de subordonner organiquement les syndicats au Parti, mais de faire un travail politique à l’intérieur du syndicat, de les « conquérir au communisme » par un travail de dénonciation de la « trahison » des social-patriotes (aujourd’hui on dirait des socio-libéraux). En écrivant ces lignes, Lénine pensait probablement d’abord aux conflits qu’il avait lui-même avec les organisations syndicales russes, qui étaient loin d’être acquises dès le départ à la Révolution, et qui ont été un facteur de pouvoir important d’opposition aux bolchéviques jusqu’au début des années 1920. Mais ce discours est aussi marqué par le conflit de 1914-18 et de la division entre « internationalistes » et « social-patriotes ». Un conflit qui perdra de son sens lorsque sera patent l’échec des « internationalistes » et que le mouvement communiste reprendra à son compte la question nationale.

      [De leur côté les dirigeants de la CGT sont passés brusquement d’une opposition ouverte à la guerre à l’union sacrée ; du syndicat suffisant en soi, certains allant jusqu’à voir en lui, l’organisateur futur de la production socialisée, à des formes d’association avec les gouvernements.]

      Oui, c’est la vision « corporatiste » du syndicalisme qui se manifestera particulièrement avec Belin et sa « charte du travail » sous Vichy.

      [Pour ma part, je me situe à distance de l’un ou l’autre de ces conceptions. Le syndicalisme doit être indépendant comme le dit la Charte d’Amiens des partis, gouvernements et du patronat (bien évidemment) ce qui n’empêche nullement de soutenir toute avancée favorable aux salariés.]

      Ma position est plus nuancée. Je pense que le syndicalisme « indépendant » est une illusion. Cela supposerait trouver des dirigeants syndicaux vierges de tout engagement politique, je dirais plus, de toute idéologie politique. Pensez-vous vraiment qu’on puisse trouver des hommes et des femmes capables de diriger une structure comme la CGT et qui auraient traversé la vie sans jamais s’engager politiquement ? Et à partir du moment ou les dirigeants sont engagés, pensez vous qu’il soit possible d’ériger dans leur tête une « muraille de chine » entre leurs pensées « politiques » et leurs pensées « syndicales » ?

      Que le syndicat soit ORGANIQUEMENT indépendant, j’en suis en total accord. Le ce sont les militants syndicaux qui doivent élire leurs dirigeants, fixer sa ligne de négociation sociale et choisir ses combats. Mais pour être efficace, l’action syndicale a besoin de cohérence, et cette cohérence nécessite de choix idéologiques. Or, un syndicat est très mal armé pour produire une idéologie. C’est là le terrain des organisations politiques. La fiction du « syndicat indépendant » conduit au morcellement des actions et finalement à l’impuissance relative. Sans relais politique, le syndicat en est réduit à acter les changements sans pouvoir peser sur eux.

    • morel dit :

      La condition 9 d’adhésion à l’internationale communiste s’inscrit dans la logique d’organisation de parti voulue par Lénine qui me semble contenir bien des dangers c’est pourquoi je ne suis pas « léniniste » mais cela nous entraînerait trop loin.
      Soyons pragmatiques et voyons l’effet de la condition 9 dans l’histoire :
      Scissions des minoritaires : 1921 qui créent la CGT-U ; 1947 qui créent la CGT-FO. Je ne crois pas qu’on puisse dire que le mouvement syndical s’en trouve renforcé.
      A contrario, les mouvements de réunification:
      – décidée en 1935, formalisée au congrès de Toulouse en mars 1936 ne sera pas pour rien dans le mouvement de 1936 et la syndicalisation.
      – accord du Perreux de 1943 sans doute aussi non indifférente au niveau de syndicalisation d’après-guerre et d’acquis.
      Et puis pourquoi ne pas pousser le raisonnement léniniste avec ses conséquences inéluctables jusqu’au bout : un syndicat par parti politique (c’est d’ailleurs ce qu’avait tenté le FN) !

      Loin de l’illusoire « apolitisme », le syndicalisme est partisan. Partisan du travail contre le capital, ce qui est toujours d’actualité mais son parti pris, comme écrit dans la Charte ne saurait « se préoccuper des partis et des sectes, qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté, la transformation sociale ».
      A chacun son objet.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [La condition 9 d’adhésion à l’internationale communiste s’inscrit dans la logique d’organisation de parti voulue par Lénine qui me semble contenir bien des dangers c’est pourquoi je ne suis pas « léniniste » mais cela nous entraînerait trop loin.]

      En politique, tout « contient des dangers ». Et l’impuissance n’est pas moins dangereuse que la toute-puissance. Mais il ne faut pas voir la « condition 9 » comme une doctrine éternelle. C’est un acte politique posé dans un contexte particulier, et qu’il faut regarder dans ce contexte.

      [Soyons pragmatiques et voyons l’effet de la condition 9 dans l’histoire : Scissions des minoritaires : 1921 qui créent la CGT-U ;]

      Je ne vois pas très bien en quoi la « condition 9 » aurait été responsable de la scission de la CGT en 1921, qui résulte plutôt du conflit entre les « réformistes » conduits par Jouhaux et des « révolutionnaires » – conduits par Monmousseau, qui n’est pas lui-même adhérent au parti communiste. Parmi les « révolutionnaires », les communistes ne sont qu’une composante, à côté des socialistes révolutionnaires et des anarchistes. Par ailleurs, la CGT et la CGT-U fusionneront en 1936, alors que la « condition 9 » est toujours en vigueur…

      [1947 qui créent la CGT-FO.]

      Encore une fois, quel est le rapport avec la « condition 9 » ? En 1947, la « condition » en question n’existe plus, puisque la IIIème internationale a été dissoute. La scission de 1947 résulte de la volonté de constituer des syndicats anticommunistes sur le modèle américain. C’est d’ailleurs l’AFL-CIO qui financera le nouveau syndicat.

      [Et puis pourquoi ne pas pousser le raisonnement léniniste avec ses conséquences inéluctables jusqu’au bout : un syndicat par parti politique (c’est d’ailleurs ce qu’avait tenté le FN) !]

      Ce serait une très bonne idée. Ca obligerait chaque parti politique à prendre en compte les revendications des travailleurs, puisque la « courroie de transmission » fonctionne dans les deux sens… Mais je ne suis pas sur que tous les partis politiques souhaitent s’encombrer d’un syndicat. Les partis de droite n’ont jamais vraiment essayé. Seule l’Eglise catholique (avec la CFTC), le Parti socialiste (avec FO, puis la CFDT), le PSU (la CFDT) et le PCF y sont allés.

      [Loin de l’illusoire « apolitisme », le syndicalisme est partisan. Partisan du travail contre le capital, ce qui est toujours d’actualité mais son parti pris, comme écrit dans la Charte ne saurait « se préoccuper des partis et des sectes, qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté, la transformation sociale ».]

      Mais si le syndicalisme est « partisan » tout en n’étant rattaché à aucun parti, alors il devient un parti lui-même, non ? Comment peut-on défendre efficacement « le travail contre le capital » sans avoir des élus ? Sans participer à l’exercice du pouvoir ?

    • morel dit :

      On pourrait continuer à échanger les arguments ce qui est loin de n’être salutaire tant il est bon, me semble-t-il, de soumettre à la discussion raisonnée ce que nous pensons et qui s’avère parfois un moyen de progresser.
      Vous nous avez fait part que votre père était militant du PC, ceci explique en partie votre construction.
      Je profite de l’anonymat que confère l’intervention sous pseudonyme.
      Mon père, issu d’une famille très catholique alsacienne était adhérent à la CFTC (j’imagine d’ici les hauts cris de la gôche). Ouvrier menuisier, il a participé en son temps aux négociations en préfecture avec la CGT.
      En désaccord avec celle-ci, il m’a toujours expliqué que son but était plutôt de faire front contre les patrons. Les « piques » à l’égard du leader CGT étaient plutôt plaisantes et bon enfant : ex : lors des interruptions de séances où les délégués ouvriers se concertaient au bar en face, c’était : « X… un rouge ? ».
      Tout ceci, il me l’a raconté plus tard, bien sûr. Il y a eu d’interminables séances où les patrons ne voulaient pas débourser un sou pour la « caisse à outils » de l’ouvrier. J’ai gardé en souvenir un de ces crayons longs rouges et carrés de menuisier dont il m’a dit tout le mal qu’il a fallu pour l’achat sur le compte du patron (un de ses copains se tamponnant ironiquement les yeux avec son mouchoir lorsque les patrons pleurnichaient pour le coût induit…).
      Et mille autres choses qui peuvent apparaître aujourd’hui comme le temps des dinosaures. Désolé, c’est du vécu.
      Lorsque j’ai commencé à travailler, il m’a conseillé de me syndiquer. Souhaitait-il que ce soit à la CFTC ? Je ne le saurais jamais, d’autant plus que notre famille nombreuse lui avait fait abandonner le syndicalisme.
      Je n’ai pas cherché longtemps, la CGT était le seul syndicat où je travaillais. Avec la fougue et les erreurs de la jeunesse me m’y suis mis. Le responsable local voyant que je faisais « des cartes » s’est intéressé à moi…pour discuter PCF. Difficile avec la politesse de lui faire comprendre que cela ne m’intéressait pas. En clair, j’étais jeune et il était « tannant ».
      Deux choses ont mis le feu aux poudres : le responsable local m’a introduit dans une réunion au siège du syndicat. J’ai été ébahi de voir « l’Humanité » déplorée devant nombre de délégués, lesquels semblaient de connivence et parlaient péjorativement des « soces » (j’ai compris lorsqu’un nom local a été cité). Bref, je me demandais où j’étais « tombé ».
      La deuxième, c’est lorsqu’une personne que j’avais antérieurement syndiquée a déclaré que si Le Pen venait au pouvoir en France, elle se réfugierait en…URSS ! (le responsable passait derrière moi pour faire les adhésions à son parti).
      Je n’ai pas renouvelé ma carte. Je voulais être « tranquille ».
      J’ai changé géographiquement de lieu de travail et là, révolté contre les pratiques de la direction, j’ai voulu m’y opposer. J’ai fini par choisir un autre syndicat pour pouvoir peser. Et c’est là que j’ai rencontré Morel, retraité accro au syndicalisme, passé par le PCF dont il était sorti (il ne s’étalait pas sur le sujet, je l’ai appris par d’autres). Il m’a beaucoup appris. Il souriait de mon « emporte-pièce » de jeune. Intraitable avec mes fautes d’orthographes et mes approximations tant de Français qu’en matière de raisonnement. Il m’a enseigné et donné goût à fouiller les textes, à travailler et me documenter tant sur le mouvement ouvrier que sur d’autres sujets.
      A l’époque où j’étais formateur régional de mon syndicat, j’ai mis l’accent sur l’histoire du mouvement ouvrier en appuyant sur l’aspect « transformation sociale » sans laquelle nous étions condamnés à tourner en rond (le capitalisme des 30 « glorieuses » ne saurait être éternel, le système doit impérativement retrouver son taux de profit, je synthétise) mais je ne me suis jamais engagé dans un parti.
      Je favorise l’unité syndicale lorsque c’est possible c-a-d sur un but clair.
      A ce stade, nous avons surtout régressé. La « gauche » sur toutes ses formes n’y est pas pour rien.
      Avec ce pessimisme et cette lassitude, j’avoue que de plus en plus, j’ai envie de céder la place.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Et mille autres choses qui peuvent apparaître aujourd’hui comme le temps des dinosaures. Désolé, c’est du vécu.]

      Ne soyez pas désolé. L’histoire, c’est aussi le vécu des hommes. Et pour nous qui avons vu le temps des dinosaures, le raconter est une manière de rappeler aux jeunes générations que ce temps a existé.

      [Deux choses ont mis le feu aux poudres : le responsable local m’a introduit dans une réunion au siège du syndicat. J’ai été ébahi de voir « l’Humanité » déplorée devant nombre de délégués, lesquels semblaient de connivence et parlaient péjorativement des « soces » (j’ai compris lorsqu’un nom local a été cité). Bref, je me demandais où j’étais « tombé ». La deuxième, c’est lorsqu’une personne que j’avais antérieurement syndiquée a déclaré que si Le Pen venait au pouvoir en France, elle se réfugierait en…URSS ! (le responsable passait derrière moi pour faire les adhésions à son parti). Je n’ai pas renouvelé ma carte. Je voulais être « tranquille ».]

      Vous auriez adhéré à la CFDT ou a FO, et vous auriez eu la même expérience. Sauf que vous auriez vu un autre journal à la place de l’Humanité, qu’on vous aurait parlé avec mépris des « cocos », et qu’on vous aurait expliqué que si Marchais était ministre on irait se réfugier aux USA ou ailleurs. La politique est partout. Pourquoi voudriez-vous qu’elle soit absente des syndicats ? Bien sur, il y a des syndicalistes sectaires. Comme il y a des gens sectaires dans toutes les activités. Mais si « nombre de délégués » lisaient l’Humanité, pourquoi ne l’auraient-ils pas déployé ? En quoi est-ce « choquant » ?

      [J’ai fini par choisir un autre syndicat pour pouvoir peser.]

      Serait-ce indiscret de demander lequel ?

      [A l’époque où j’étais formateur régional de mon syndicat, j’ai mis l’accent sur l’histoire du mouvement ouvrier en appuyant sur l’aspect « transformation sociale » sans laquelle nous étions condamnés à tourner en rond (le capitalisme des 30 « glorieuses » ne saurait être éternel, le système doit impérativement retrouver son taux de profit, je synthétise) mais je ne me suis jamais engagé dans un parti.]

      J’entends ce que vous dites. Mais n’y a-t-il pas une contradiction entre votre désir de « transformation sociale » et l’absence d’engagement politique ? Après tout, ce n’est pas la mission du syndicat de « transformer » la société… ou alors le syndicat devient lui-même un parti politique. On peut reprocher beaucoup de choses à cette CGT que vous avez connu et qui vous a tant rebuté. Mais elle avait l’avantage d’être cohérente en ce sens qu’elle pouvait donner à sa volonté de transformation un relais politique.

      [Avec ce pessimisme et cette lassitude, j’avoue que de plus en plus, j’ai envie de céder la place.]

      Ne vous découragez pas. Nous avions le devoir de lutter, nous avons aujourd’hui le devoir de transmettre.

    • morel dit :

      « Vous auriez adhéré à la CFDT ou à FO, et vous auriez eu la même expérience »

      La vérité m’oblige à dire pas vraiment. Ce n’était pas le cas pour ma seconde adhésion. On restait sur le terrain syndical et les inévitables discussions « politiques » lors par ex, des pots de fin de réunion n’avaient pas ce caractère – veuillez excuser le terme – « missionnaire ». Et si, par la suite j’ai pu entendre des propos idiots dans d’autres sections, je les ai traités comme tels.

      « En quoi est-ce « choquant » ?

      C’est un ensemble. J’avais l’impression d’avoir été amené, à mon corps défendant, dans un cadre autre que syndical.

      « Serait-ce indiscret de demander lequel ? »

      J’ai adhéré à la CGT-FO. Je n’en fais pas mystère mais m’en suis abstenu jusqu’à présent pour les raisons suivantes :
      1- Sur ce blog, je n’exprime que mon point de vue personnel, mon organisation syndicale ne saurait être engagée.
      2- Les qualificatifs malsonnants qui m’ont jadis été attribués par, entre autres, vos ex-camarades ne permettent pas la discussion. Il est vrai qu’avec le temps les choses se sont calmées et je m’entends assez bien avec mon vis-à-vis CGT mais peut-être est-ce parce qu’il n’est pas adhérent d’un parti ?

      « Mais n’y a-t-il pas une contradiction entre votre désir de « transformation sociale » et l’absence d’engagement politique ? »

      Peut-être je n’ai jamais trouvé parti qui me convienne mais sans doute, par ce que le syndicat mérite un exercice « à temps plein » et je me méfie de la confusion des genres.
      Le syndicat doit être un syndicat, le parti, un parti. Chacun peut avoir sa place s’il ne « colonise » pas l’autre. Un syndicat ne saurait avoir un projet de société « achevé », ce qui est le cas d’un parti et doit pouvoir regrouper les salariés indépendamment de leurs convictions politiques.
      Pour Lénine, au fond, les syndicats sont un vivier pour ce qu’il considère l’essentiel : le parti. Ce n’est pas mon point de vue.
      Et puis j’ai cru constater que lorsque les « amis » des uns sont au pouvoir, la revendication se fait parfois moins exigeante.
      Lors de la campagne de 2012, j’ai pu lire un appel à voter pour un candidat sur le site internet d’un syndicat local, est-ce bien son rôle ?

      Au-delà, personne n’est irremplaçable et l’âge de la retraite approche.
      Usant de toujours « tirer la charrette ».

    • Descartes dit :

      @ morel

      [La vérité m’oblige à dire pas vraiment. Ce n’était pas le cas pour ma seconde adhésion. On restait sur le terrain syndical et les inévitables discussions « politiques » lors par ex, des pots de fin de réunion n’avaient pas ce caractère – veuillez excuser le terme – « missionnaire ». Et si, par la suite j’ai pu entendre des propos idiots dans d’autres sections, je les ai traités comme tels.]

      C’est pourquoi je vous ai demandé à quel syndicat vous aviez adhéré. Je pensais que vous faisiez référence à la CFDT. Le fait que vous ayez adhéré à FO – voir ci-dessous – me permet de mieux comprendre votre commentaire. Pour l’avoir fréquenté par curiosité quelques réunions, je me souviens au contraire de discours assez « missionnaires ». Bien entendu, pour des raisons historiques les appartenances partisanes restent plus discrètes – c’est « l’argument de vente » de la confédération dans son combat contre la CGT – mais le discours politique est tout aussi présent : je me souviens de longues envolées anticommunistes, par exemple. Et j’y ai entendu parler des « cocos » de la même manière qu’on entend parler des « soces » à la CGT.

      Parler « d’apolitisme » à FO, syndicat dont la création poursuivait un but explicitement politique, qui a été financé par le gouvernement US pendant de longues années pour des raisons politiques, et dont l’implantation a été favorisée par les gouvernements successifs de la IVème République pour des raisons politiques me semble bizarre…

      [« En quoi est-ce « choquant » ? C’est un ensemble. J’avais l’impression d’avoir été amené, à mon corps défendant, dans un cadre autre que syndical.]

      Mais c’est quoi, un « cadre syndical » ? Est-ce qu’on peut concevoir, dans le système français, un « cadre syndical » séparé du politique ? Je ne le pense pas. A partir du moment où les conquêtes du syndicat sont ouvertes à tous les travailleurs et non seulement à ses membres, le syndicat devient un organisme politique. Que certains syndicats assument dans leur fonctionnement intérieur le caractère politique et que d’autres le cachent, c’est un fait. Mais personnellement, je préfère infiniment ceux ou l’appartenance politique des dirigeants est connue publiquement que ceux ou les dirigeants se prétendent apolitiques mais en sous-main prennent leurs ordres d’un parti politique. Comme FO…

      [J’ai adhéré à la CGT-FO. Je n’en fais pas mystère mais m’en suis abstenu jusqu’à présent pour les raisons suivantes : 1- Sur ce blog, je n’exprime que mon point de vue personnel, mon organisation syndicale ne saurait être engagée.]

      Cela va de soi. Ici chacun parle en son nom propre, et le fait d’appartenir à telle ou telle organisation n’engage en rien, ni dans un sens, ni dans l’autre.

      [2- Les qualificatifs malsonnants qui m’ont jadis été attribués par, entre autres, vos ex-camarades ne permettent pas la discussion. Il est vrai qu’avec le temps les choses se sont calmées et je m’entends assez bien avec mon vis-à-vis CGT mais peut-être est-ce parce qu’il n’est pas adhérent d’un parti ?]

      Mais peut-être que ces « qualificatifs malsonnants » n’étaient pas à sens unique ? Mon expérience syndicale me conduit à la conclusion que le refus de discuter et les noms d’oiseau n’étaient pas moins nombreux chez les uns que chez les autres…

      [Le syndicat doit être un syndicat, le parti, un parti. Chacun peut avoir sa place s’il ne « colonise » pas l’autre.]

      Je pense que votre vision d’un syndicalisme « apolitique » est une illusion. Le syndicat est un lieu de pouvoir, et comme tout lieu de pouvoir, il ne peut échapper à des définitions politiques.

      [Un syndicat ne saurait avoir un projet de société « achevé », ce qui est le cas d’un parti et doit pouvoir regrouper les salariés indépendamment de leurs convictions politiques.]

      Vous avez connu un tel syndicat, quelque part, vous ?

    • morel dit :

      On peut toujours se lancer à la tête que les dirigeants de tel ou tel syndicat sont des agents stipendiés de la CIA ou du KGB. Qu’ils prennent ordres et financement auprès de tel gouvernement ou parti.
      Cela ne convainc que les convaincus et fait fuir, avec raison, la masse des salariés. Le syndicalisme n’en sort pas grandi.
      Nous sommes dans une situation difficile et devant un « éparpillement » syndical. Ma ligne directrice est depuis longtemps : qu’est-il possible de faire ensemble pour tenter d’y remédier ?
      La question n’en vaut*elle pas la peine ?

      NB : permettez-moi une précision : je n’ai jamais écrit « apolitique » (voir plus bas).

    • Descartes dit :

      @ morel

      [On peut toujours se lancer à la tête que les dirigeants de tel ou tel syndicat sont des agents stipendiés de la CIA ou du KGB. Qu’ils prennent ordres et financement auprès de tel gouvernement ou parti.]

      Je ne « lance à la tête » rien du tout. L’histoire de la scission de la CGT et de la fondation de la CGT-FO sous les encouragements – y compris financiers – des services américains est aujourd’hui bien connue et documentée. Je vous renvoie par exemple à Georgette Elgey qui la raconte dans sa monumentale histoire de la IVème République. Cela ne transforme pas bien entendu chaque syndicaliste FO en agent de la CIA. Mais il est important de savoir d’où on vient pour savoir où on va.

      [Nous sommes dans une situation difficile et devant un « éparpillement » syndical. Ma ligne directrice est depuis longtemps : qu’est-il possible de faire ensemble pour tenter d’y remédier ? La question n’en vaut-elle pas la peine ?]

      Bien sur que si. Mais l’éparpillement que vous signalez n’est pas accidentel. Il y a de véritables désaccords, que ce soit sur la stratégie à suivre ou, et c’est plus embêtant, sur les objectifs poursuivis. On ne peut pas faire comme si ces différences n’existaient pas. Là aussi, il ne serait pas inutile de réfléchir à une logique de « front » en dégageant les priorités qui peuvent faire l’objet d’un consensus.

    • morel dit :

      C’est peut-être l’opinion de Mme Elgey ; la grande majorité des historiens ne parlent pas de la scission de cette façon.
      J’avoue avoir du mal à accrocher aux versions policières de l’histoire. Pouvez-vous croire, par exemple que Trotski ou d’autres, je n’ai pas de préférence, aient été des agents de Hitler ou de l’impérialisme américain ?
      Un débat sur la scission n’est pas tabou mais mériterait mieux.

      Si l’éparpillement n’est pas accidentel, il est dommageable au regard des nécessités actuelles.
      Pour ma part, je suis assez pragmatique, là où plusieurs formulent une opposition face à un existant, projet patronal ou gouvernemental néfaste aux salariés, il doit être possible de faire quelque chose ensemble pour y faire face.
      Avec le temps, j’avoue avoir eu des succès dans cette démarche.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [C’est peut-être l’opinion de Mme Elgey ; la grande majorité des historiens ne parlent pas de la scission de cette façon.]

      Non, ce n’est pas « l’opinion de Mme Elgey ». Georgette Elgey est une historienne, spécialiste de la IVème République, et dont l’ouvrage fait autorité. Il ne s’agit pas d’un livre de journaliste, mais d’un travail d’historien. Et d’ailleurs, elle est très loin d’être la seule. Beaucoup d’historiens font référence au rôle d’Irving Brown, syndicaliste américain et agent de la CIA, dans la création de FO, en signalant en particulier ses rapports avec Jouhaux et Bergeron. Voir par exemple Frédéric Charpier, « La CIA en France. 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises », Seuil, 2008, ou, pour ceux qui lisent en anglais, Hugh Wilford, « The mighty wurlitzer: how the CIA played America », Harvard University Press, 2008.

      [J’avoue avoir du mal à accrocher aux versions policières de l’histoire. Pouvez-vous croire, par exemple que Trotski ou d’autres, je n’ai pas de préférence, aient été des agents de Hitler ou de l’impérialisme américain ?]

      Pas tant que je ne trouve un historien sérieux qui, sur la foi de documents et de témoignages recoupés, arrive à cette conclusion. Mais l’engagement des services américains et du gouvernement français dans la scission de la CGT et la création de FO est un fait historique bien documenté. Je vous avoue que je suis étonné de voir qu’un militant FO de longue date connaisse aussi mal l’histoire de son organisation.

      [Pour ma part, je suis assez pragmatique, là où plusieurs formulent une opposition face à un existant, projet patronal ou gouvernemental néfaste aux salariés, il doit être possible de faire quelque chose ensemble pour y faire face.]

      Seulement si les objectifs sont clairs et partagés dès le départ. Autrement, on assiste à ces tristes palinodies où l’unité s’effrite dès que le patron ou le gouvernement fait la petite concession qui permet à certains de sauver la face.

    • morel dit :

      Histoire de la IVè République : la République des contradictions (1951-1954), une citation de Mme Elgey « qui fait autorité » pour vous :

      « Toujours exclue de ces palabres, la CGT tente une offensive isolée et révélatrice. Elle n’est pas une machine révolutionnaire, mais un instrument d’ordre au service du mouvement communiste français, un peu le bras séculier du PC. »

      Vous évoquez aussi MM Charpier et Wilford ( je ne lis pas l’anglais) mais ne pensez-vous pas que pareille accusation doit être étayée de preuves solides ?

      Je ne crois pas que la meilleure façon de faire face ensemble commence par la multiplication des objections conditionnelles ou non. Les salariés sont capables de juger qui veut faire avancer les choses.

    • Descartes dit :

      @morel

      [Histoire de la IVè République : la République des contradictions (1951-1954), une citation de Mme Elgey « qui fait autorité » pour vous : « Toujours exclue de ces palabres, la CGT tente une offensive isolée et révélatrice. Elle n’est pas une machine révolutionnaire, mais un instrument d’ordre au service du mouvement communiste français, un peu le bras séculier du PC. »]

      Je ne comprends pas très bien le sens de votre remarque. Je ne crois avoir jamais contesté que la CGT ait longtemps été la « courroie de transmission » du PCF. Je dirais même plus : ce ne pas moi qui critiquerais cet arrangement. Cela permettait aux revendications syndicales de trouver un relais politique. Je ne crois pas que les travailleurs soient aujourd’hui mieux défendus par une CGT « indépendante » qu’ils ne l’étaient hier par une CGT « courroie de transmission ». J’aurais plutôt tendance à penser le contraire.

      [Vous évoquez aussi MM Charpier et Wilford ( je ne lis pas l’anglais) mais ne pensez-vous pas que pareille accusation doit être étayée de preuves solides ?]

      Les preuves que la scission de CGT-FO a été fortement soutenue et encouragée par les services américains sont accablantes. Celles concernant le rôle d’Irving Brown dans cette affaire, aussi. La réalité des financements par l’AFL-CIO et autres officines anticommunistes liées aux services américains ne sont d’ailleurs pas contestées par le syndicat lui-même. Cela ne veut pas dire que la CGT-FO soit aujourd’hui au service des américains. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Mais il faut savoir d’où l’on vient, pour savoir ou l’on va…

      [Je ne crois pas que la meilleure façon de faire face ensemble commence par la multiplication des objections conditionnelles ou non.]

      Je n’ai pas très bien compris. De quelles « objections » parlez-vous ? Jusqu’aux années 1980, FO a porté son anticommunisme en bandoulière. Souvenez vous du « livre blanc sur l’infiltration communiste dans l’Etat », ou de l’exigence de voir appliquée au CEA la circulaire dite « 49 » qui interdisait la nomination d’un communiste à un poste de responsabilité dans cette institution de la République. Ne pensez-vous pas qu’une telle attitude justifie quelques « objections » ?

      [Les salariés sont capables de juger qui veut faire avancer les choses.]

      Certes. C’est peut-être pour cela que FO arrive toujours derrière la CGT et la CFDT ?

    • morel dit :

      « Les preuves que la scission de CGT-FO a été fortement soutenue et encouragée par les services américains sont accablantes. »

      N’est-ce pas vous qui écriviez : « la répétition ne vaut pas argument » ?
      Ne trouvez-vous pas curieux que l’écrasante majorité des historiens ne reprenne pas cette thèse ?
      Des preuves « accablantes » ne devraient être pas si difficiles à produire donc à s’imposer.

      Personne n’a contesté l’aide financière de l’ American Federation of Labour (AFL) pour démarrer un nouveau syndicat privé de ressources confédérales. Certains y associant le Congress of Industrial Organisations (CIO décliné par eux en CIA).
      J’aurais pu, à mon tour, vous produire les historiens qui ont aussi écrit sur la perception par le PCF et ses organisations amies de l’argent de l’état soviétique. Mais je vous le répète, l’histoire vue par les jumelles policières ne m’intéresse pas.

      Pour ma part, cette discussion s’arrête là.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [« Les preuves que la scission de CGT-FO a été fortement soutenue et encouragée par les services américains sont accablantes. » N’est-ce pas vous qui écriviez : « la répétition ne vaut pas argument » ?]

      Je vous ai donné plusieurs références, des ouvrages d’historiens respectés et qui d’ailleurs, comme le montre l’extrait que vous avez-vous-même publié, ne prêchent en général pas pour ma paroisse. Voilà mes arguments. Vous les avez balayé du revers de main…

      [Ne trouvez-vous pas curieux que l’écrasante majorité des historiens ne reprenne pas cette thèse ?]

      Je ne vois pas à quels historiens vous faites référence. Pourriez-vous proposer deux ou trois exemples d’historiens sérieux qui aient écrit sur le sujet sans y faire référence ?

      [Des preuves « accablantes » ne devraient être pas si difficiles à produire donc à s’imposer.]

      Vous croyez ? Vous négligez le contenu idéologique de la question… « l’histoire de l’espèce humaine et l’expérience quotidienne montrent que la vérité est facile à tuer, et qu’un mensonge bien raconté est invincible » (Mark Twain).

      [Personne n’a contesté l’aide financière de l’ American Federation of Labour (AFL) pour démarrer un nouveau syndicat privé de ressources confédérales. Certains y associant le Congress of Industrial Organisations (CIO décliné par eux en CIA).]

      Une aide totalement désintéressée et sans aucune contrepartie, bien entendu. C’est fou, ce que l’AFL-CIO – n’insultez pas mon intelligence en pensant que j’aurais pu confondre CIO avec CIA – était généreuse pendant la guerre froide. Ce qui est plus curieux, c’est que cette aide généreuse n’a pas été accordée à tous les syndicats, mais seulement à quelques organisations choisies. Une coïncidence, certainement.

      [J’aurais pu, à mon tour, vous produire les historiens qui ont aussi écrit sur la perception par le PCF et ses organisations amies de l’argent de l’état soviétique.]

      Admettons. Et alors ? J’ai du mal à saisir en quoi le fait que le PCF ait reçu des subventions soviétiques changerait le fait que la scission de la CGT-FO a été stimulée, favorisée et financée par les services américains. Si votre point est que la CGT-FO était autant inféodée aux intérêts américains que le PCF l’était aux intérêts soviétiques, je vous l’accorderai volontiers…

      [Pour ma part, cette discussion s’arrête là.]

      A votre aise. Chacun est esclave de ses paroles et maître de ses silences. Si vous ne voulez pas voir les zones d’ombre de l’histoire de votre organisation, c’est votre choix. Après tout, les autruches ont vécu des millénaires comme ça…

  5. Nirgal dit :

    @nationalistejacobin @Descartes @v2s
    Voilà deux ans que je me suis engagé dans le syndicalisme à la CGT alors que mon entreprise a licencié 25% de son personnel et a fait l’objet d’une reprise accélérée ( prepack session). Le résulat 200 millions d’euros de dette effacées, une direction qui s’est servie sur la bête en se versant primes et augmentation de salaires rétroactifs de 30% ( j’en passe et des meilleurs, des commandes passées auprès des fournisseurs tout en sachant qu’elles ne seraient jamais payées). L’état s’assoie sur 40 millions de dette sociale, sans compter les CIR, travail partiel et autres mécanismes d’aide.
    Le repreneur lui après le dépôt de bilan accéléré se retrouve à la tête d’une affaire juteuse en ne faisant rien.

    Alors v2s a votre avis, ne serait ce pas plutôt le comportement de cette direction prédatrice qui est ringarde et beauf plutôt que nos tracts et caricatures qui ont pour objectif de mobiliser des salariés trop individualistes ?
    Je peux vous assurer que les salariés ne se détournent pas de ce syndicalisme parcequ’ils le pensent bébête mais bien plutôt par crainte de se trouver sur la prochaine liste de licenciements et aussi parcequ’ils sentent que nous faisons face à un pouvoir politique totalement hostile (loi Macron) et qu’ils se résignent ou bien encore parcequ’ils savent pertinemment que la CGT défend les intérêts des employés les plus modestes et pas ceux des cadres (CFDT,UNSA).
    @Descartes
    [On tombe toujours sur le même problème. Entre la dépolitisation et la mort des appareils de formation des militants, les syndicats comme les partis politiques sont devenus des nébuleuses ou chaque militant se croit autorisé à fixer la « ligne » sans le moindre contrôle disciplinaire de l’organisation]
    Je confirme le manque de ligne politique et le manque de contrôle disciplinaire. Je le constate malheureusement régulièrement. Nombre de militants n’ont aucune ligne politique et revendiquent un certain anarchisme, je dis ce que j’ai envie de dire.

    • Descartes dit :

      @ Nirgal

      [Le résulat 200 millions d’euros de dette effacées, une direction qui s’est servie sur la bête en se versant primes et augmentation de salaires rétroactifs de 30% ( j’en passe et des meilleurs, des commandes passées auprès des fournisseurs tout en sachant qu’elles ne seraient jamais payées). L’état s’assoie sur 40 millions de dette sociale, sans compter les CIR, travail partiel et autres mécanismes d’aide.]

      Voulez-vous insinuer que les patrons sont finalement bien plus rapaces que n’importe quel syndicaliste ? Vous allez faire de la peine à V2S, mon ami… le pauvre croit toujours que ce sont les “entrepreneurs” qui sauveront le monde…

      [Je confirme le manque de ligne politique et le manque de contrôle disciplinaire. Je le constate malheureusement régulièrement. Nombre de militants n’ont aucune ligne politique et revendiquent un certain anarchisme, je dis ce que j’ai envie de dire.]

      J’ai pu le constater aussi. Or, le problème c’est que la lutte collective, ce n’est pas la simple juxtaposition de luttes individuelles. Elle implique une unité d’objectifs et de moyens, et donc une discipline de lutte.

  6. Anne Iversaire dit :

    @ Descartes

    [Avec l’urbanisation et l’industrialisation, l’Etat-gendarme laisse progressivement la place à l’Etat-providence.]

    Je ne vois pas ce qui semble être pour toi la relation de cause à effet entre urbanisation et industrialisation, d’une part, et passage de l’Etat-gendarme à l’Etat-providence, d’autre part.
    Peux-tu développer ?

    • Descartes dit :

      @ Anne Iversaire

      [Je ne vois pas ce qui semble être pour toi la relation de cause à effet entre urbanisation et industrialisation, d’une part, et passage de l’Etat-gendarme à l’Etat-providence, d’autre part. Peux-tu développer ?]

      Dans la logique de la « communauté villageoise », toute la question de la solidarité était prise en charge par la communauté elle-même. D’abord grâce aux solidarités familiales, puisque plusieurs générations coexistaient sous le même toit ou dans un rayon réduit. Des mécanismes d’aide mutuelle entre voisins permettaient de faire face aux accidents, la charité organisée par l’Eglise prenait en charge les plus pauvres. Mais la solidarité s’organisait entre des gens qui se connaissaient personnellement et qui se fréquentaient tout au long de la vie.

      L’industrialisation – et son corollaire, l’urbanisation – ont détruit la communauté villageoise, pour lui substituer un mode de relation beaucoup plus éclaté. Il s’agit d’organiser la solidarité entre des gens qui ne se connaissent pas forcément personnellement, dont la mobilité rend les relations plus éphémères. Les familles sont plus éclatées et on voit de moins en moins plusieurs générations sous le même toit. Les solidarités ne sont plus personnelles, elles sont globales et nécessitent donc une autorité pour s’assurer que chacun y contribue, et pour la distribuer. Le rôle de l’Etat change pour accommoder ces nouvelles responsabilités.

  7. luc dit :

    Avant les régionales,Pierre Laurent écrit aux adhérents du PCF.J’isole un paragraphe,(ce qui est déontogiquement discutable),pour montrer que Dartigolles n’est pas le seul à ‘blaguer’.
    Voici la citation,de PL juste avant ces régionales:’La perspective d’une victoire générale de la droite et de l’extrême-droite s’explique par la
    situation d’une gauche meurtrie et sidérée par la politique Hollande-Valls-Macron. Cette politique a affaibli considérablement un PS en grand désarroi. Il perd des adhérents, voit des candidats se retirer de ses listes, d’anciens militants appeler à voter Front de gauche. Europe écologie – Les verts est en voie d’implosion avec le départ de Jean-Vincent Placé, François de Rugy et
    plusieurs cadres du parti, qui ont créé un nouveau parti centriste et écologiste.Du côté du Front de gauche, la situation est pour le moins « complexe »’.
    Ce qui est amusant ,c’est qu’en PACA et Midi -Pyrénées-Languedoc,le PCF n’anime plus rien,puisqu’il est ligoté dans une alliance où EELV,PG,Ensemble se taille la part du Lion!! Tout s’est joué entre copines/coquines de l’ex Comité National anti Libéral!
    Enfin,c’est pas du Dartigolles,c’est pire,puisque pour PL,c’est de l’humour involontaire.
    Abruti! aurait pu dire mon Oncle paysan,qui n’aimait rien de mieux que de voyager en URSS,dans les années 1960/1970!
    Quant PL se rendra t il compte que la prophétie Huiste,’la mort des partis’ ne se réalise que pour le PCF,noyé par une fraction majoritaire de sa propre direction auto-destructrice?
    Là probablement se trouve l’explication de l’humour involontaire de PL..Ces élections s’avèreront une fois de plus catastrophique pour le PCF!

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Voici la citation,de PL juste avant ces régionales:’La perspective d’une victoire générale de la droite et de l’extrême-droite s’explique par la situation d’une gauche meurtrie et sidérée par la politique Hollande-Valls-Macron. Cette politique a affaibli considérablement un PS en grand désarroi. Il perd des adhérents, voit des candidats se retirer de ses listes, d’anciens militants appeler à voter Front de gauche. Europe écologie – Les verts est en voie d’implosion avec le départ de Jean-Vincent Placé, François de Rugy et plusieurs cadres du parti, qui ont créé un nouveau parti centriste et écologiste. Du côté du Front de gauche, la situation est pour le moins « complexe »’.]

      Très bon diagnostic. Sauf qu’il oublie qu’une partie de la « gauche » n’est nullement « meurtrie » par la politique du gouvernement, puisque c’est elle qui la fait. A moins qu’on décrète que Valls ou Hollande ne sont plus « de gauche », et dans ce cas il faudrait m’expliquer ou commence et ou termine la « gauche »…

      [Ce qui est amusant ,c’est qu’en PACA et Midi -Pyrénées-Languedoc,le PCF n’anime plus rien,puisqu’il est ligoté dans une alliance où EELV, PG, Ensemble se taille la part du Lion!! Tout s’est joué entre copines/coquines de l’ex Comité National anti Libéral!]

      Tout à fait. Le plus surprenant, c’est la démission du PCF qui accepte de céder la tête de liste régionale à EELV. Et les histoires à dormir debout sur le thème des « binômes » ne sont là que pour cacher cette démission. C’est EELV qui a la tête de liste, et c’est donc EELV qui en fin de compte validera la liste et surtout qui négociera la fusion entre les deux tours.

      [Enfin, c’est pas du Dartigolles, c’est pire, puisque pour PL, c’est de l’humour involontaire.]

      Désolé de demander l’explication, mais je ne vois pas où est « l’humour », volontaire ou involontaire, dans le texte de Pierre Laurent.

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