“Un problème avec Bercy” ?

Même les socialistes les plus fanatiques et les plus endurcis ont eu du mal à avaler le dernier cafouillage du gouvernement, celui qui concerne les effets fiscaux à retardement de l’abolition en 2008 par le gouvernement de Nicolas Sarkozy de la « demie part des veuves ». Pour ceux qui n’auraient pas suivi, voici l’explication : jusqu’en 2008, les veufs et veuves non remariés pouvaient compter une demie-part en plus dans leur quotient familial. Ainsi, pour calculer son revenu fiscal de référence, celui qui sert à calculer l’impôt sur le revenu que vous aurez à acquitter, une veuve où un veuf divise son revenu par 1,5 (sa part plus la « demie part » en question), alors qu’un célibataire le divisera par 1. Ainsi, un certain nombre de veuves et veufs qui auparavant n’étaient pas imposables se sont trouvés tout à coup devoir payer l’impôt sur le revenu. Mais ce n’est pas là le plus grave : au dessus d’un certain âge, les contribuables dont le revenu fiscal de référence est inférieur à un certain seuil sont exonérés de certaines taxes locales. Des retraités modestes, qui auparavant ne payaient rien, se sont trouvés donc tout à coup devoir payer l’impôt sur le revenu plus la taxe foncière…

Vous me direz que pour une mesure prise en 2008, les princes qui nous gouvernent ont eu le temps de voir venir. Le problème, c’est qu’au lieu d’une remise à plat du dispositif avec des mesures pérennes, on s’est contenté chaque année de coller une rustine. Fatalement, ça devait cafouiller un jour : à force de coller des rustines les règles deviennent de plus en plus opaques, de plus en plus incompréhensibles. Eh bien, c’est fait. Mais la crise a montré aussi l’incapacité flagrante du gouvernement de gérer une crise. Affolement général, promesses contradictoires et pour finir un ministre du budget qui demande aux citoyens contribuables de ne pas payer l’impôt en violation flagrante de la loi. En d’autres temps, le malheureux aurait été – à juste titre – traîné dans la boue et obligé à démissionner. Mais les citoyens de ce pays sont aujourd’hui tellement habitués à ce genre de chose que personne ne lève un sourcil.

Fidèles à une vieille tradition de défausse, nos hommes politiques ont trouvé un coupable idéal. Comme d’habitude, c’est la faute des fonctionnaires, et plus précisément des fonctionnaires de Bercy. Ces pelés, ces galeux censés tirer les sonnettes d’alarme. Anne Hidalgo est allée jusqu’à déclarer « il y a un problème avec Bercy ». Pour ajouter « d’ailleurs, chaque fois que je vais négocier quelque chose avec un ministre il me dit « moi je veux bien, mais il y a un problème avec Bercy » ». Ce qui ouvre une palpitante alternative : est-ce que les ministres prennent Anne Hidalgo pour une cruche, ou est-ce cette dernière qui nous prend pour des imbéciles ?

Ce genre de défausse est digne d’une cour de récréation. On cherche à nous faire croire que la fonction publique serait une sorte de monstre qui ferait ce qu’il veut dans le dos des ministres, dont les instructions seraient ignorées et les ordres désobéies. Chaque ministre se permet aujourd’hui de justifier ses échecs en invoquant l’obstruction – ou l’incompétence – de son administration. Et ils peuvent se permettre ce luxe parce que les français connaissent mal leur fonction publique. Ils ignorent par exemple que la fonction publique française, c’est un peu l’armée sans uniforme. Qu’elle est régie par le principe d’obéissance hiérarchique, et que le fonctionnaire est tenu sous peine de sanctions d’exécuter loyalement les instructions de son supérieur : « Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l'exécution des tâches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l'ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. Il n'est dégagé d'aucune des responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés » (article 28 de la loi du 13 juillet 1983). Pour s’assurer de leur autorité, les ministres nomment et démettent à leur convenance les préfets, les directeurs et directeurs généraux des administrations, les présidents et les directeurs généraux des établissements publics. Alors, il faut arrêter de prendre des vessies pour des lanternes : l’administration obéit au gouvernement. Et si le gouvernement n’est pas capable de commander, ce n’est pas la faute de « Bercy » ou d’aucune autre administration.

Si les ministres sont souvent frustrés par leur administration, c’est parce qu’ils ont une idée très particulière de ce que l’administration est censée faire. L’obéissance ne leur suffit pas, il leur faudrait que les fonctionnaires deviennent des militants politiques, qu’ils aident leur ministre à contenter ses électeurs et à avancer ses idées. Or, l’administration n’est pas là pour ça. Si elle doit pouvoir servir successivement des ministres et des gouvernements différents, alors elle ne peut devenir « militante » pour aucun d’eux. L’administration n’est pas là pour avoir des idées politiques, elle est là pour expertiser les idées du gouvernement, pour l’avertir des difficultés et des problèmes qu’elles peuvent poser, et finalement de mettre en œuvre avec compétence – qui n’est pas synonyme d’enthousiasme – de ce qui aura été décidé.

Le problème n’est pas dans l’administration, mais chez les ministres. Si les ministres peuvent être « bloqués » par leur administration, c’est parce que celle-ci a le monopole de l’expertise. Lorsque l’administration après analyse décide que telle mesure est inapplicable ou illégale, le ministre peut toujours passer outre et ordonner à l’administration de la mettre en œuvre. Mais cela représente un risque important : pour le prendre, il faut disposer d’une expertise indépendante qui vous dit comment la mesure peut être mise en œuvre et quelles instructions précises donner à l’administration. Or, s’il fut un temps où les partis politiques et les politiciens eux-mêmes avaient ce type d’expertise, ce temps est largement révolu. Les partis politiques aujourd’hui n’enseignent qu’une seule compétence : la communication. La réflexion sur le fond est moribonde ou carrément absente.

La bérézina médiatique de Myriam El Khomri a bien montré le problème : comment un ministre qui ignore les fondamentaux du Code du Travail pourrait-elle commander son administration ? D’ailleurs la ministre du travail théorise elle-même son ignorance : « La question n'est pas 'est-ce que j'ai appris le Code du travail par coeur', la question c'est comment on travaille à réformer notre droit du travail ». Mais comment la ministre pourra « travailler » et affirmer son autorité sur l’administration alors qu’elle ne connaît pas même pas les fondamentaux de la matière ? On ne peut pas d’un côté estimer qu’on peut être un bon ministre tout en ignorant tout de son sujet, et d’un autre se plaindre que l’administration « prenne le pouvoir ». Et c’est partout pareil : les cabinets ministériels sont pleins de jeunes militants rompus à la promotion de leur ministre, mais connaissant mal la matière qu’ils ont a gérer et le droit applicable. D’où les cafouillages à répétition, les textes annulés par le Conseil d’Etat ou le Conseil constitutionnel, les lois qu’il faut rectifier à peine votées tant les conséquences ont été mal évaluées, sans compter avec les mesures de pur affichage qui se révèlent inapplicables en pratique.

Ce n’est donc pas « à Bercy » qu’il y a un problème. C’est chez les politiques. L’administration n’a pas « pris le pouvoir », elle l’a ramassé. Elle ne fait que remplir le vide laissé par les appareils politiques, par les ministres et par leurs cabinets. Et il ne faut pas être dupe des discours des politiques qui, après avoir organisé leur propre impuissance, prétendent rejeter les fautes sur quelqu’un d’autre.

Descartes

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

85 réponses à “Un problème avec Bercy” ?

  1. luc dit :

    Il me semble qu ‘une dimension guignolesque de ‘sauve qui peut’,avant des élections annoncées comme catstrophiques,a motivé le clan Valls.
    N’oublions pas que déjà des fiefs détenus depuis 105 ans,comme Limoges,ont été perdus par le PS à cause d’Hollande.
    Dans la presse,il se dit que la région Midi-Pyrénées-Languedoc est menacée par Dominique Reynier(LR),pourtant,notoirement inéligible et clivant dans son propre camp:
    http://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/midi-pyrenees-politiques-france3/
    Un clan est il en train de remplacer l’autre au PS?
    Le clan Valls remplacera t il;le clan Delors,dont Hollande-Aubry-Royal-Jospin auront été les représentants?
    J’utilise le terme clan,puisque le PS est manifestement laissé à l’abandon,cantonné à ùa course derrière ‘les tabous’,comme ‘le vote aux étrangers’.
    Cambadélis d’ailleurs semble être un excellent chasseur de Tabous,faute d’être un irréprochable chasseur de diplôme..

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Il me semble qu ‘une dimension guignolesque de ‘sauve qui peut’, avant des élections annoncées comme catstrophiques, a motivé le clan Valls.]

      Il faut dire qu’ils jouent le tout pour le tout. Il y a pas mal de gens qui depuis sa nomination sont en train d’aiguiser les couteaux dans la perspective d’un faux pas. Une élection perdue a toujours encouragé les présidents à changer de Premier ministre…

      [Un clan est il en train de remplacer l’autre au PS? Le clan Valls remplacera t il le clan Delors, dont Hollande-Aubry-Royal-Jospin auront été les représentants?]

      Je ne le crois pas un instant. Pour la base sociologique du PS, Valls est beaucoup trop « républicain », quelque soient par ailleurs ses défauts. C’est pourquoi Macron est en train de dépasser allégrement Valls. Et l’ascension de Macron est un coup du clan Delors/Rocard.

  2. bernard dit :

    Quand même l’histoire de la demie part est servie je pense dans l’optique des régionales et récupérer certains électeurs , je suis pas sur qu’il y ai eu affolement mais je peux me tromper , quand a la connaissance du droit c’est vrai pour un ministre du travail ça fait tache et il n’a pas que chez les ministres qu’on rencontre des pistonnés !

    • Descartes dit :

      @ bernard

      [Quand même l’histoire de la demie part est servie je pense dans l’optique des régionales et récupérer certains électeurs,]

      Franchement, je doute que le traitement par le gouvernement de la question de la « demie part des veuves » tel qu’il a été fait lui rapporte beaucoup de voix ou lui permette de récupérer des électeurs. Il faut d’ailleurs noter qu’à la base la suppression de la demie-part des veuves est une mesure de justice fiscale. Cette mesure profitait d’autant plus à la veuve que celle-ci était plus riche, puisque l’impôt sur le revenu étant progressif, la « demie part » de Mme Bettencourt vaut beaucoup plus que celle de Mme Michu. Et on aurait pu parfaitement maintenir une exonération des impôts locaux pour les personnes âgés vivant seules et dont les revenus seraient inférieurs à un certain seuil.

      [je suis pas sur qu’il y ai eu affolement mais je peux me tromper,]

      Je peux vous assurer que « affolement » est un mot faible. « Panique » un mot plus approprié pour décrire la manière dont cette affaire a été traitée par Bercy. Le clou de l’affaire est la situation créée par un ministre de la République invitant les contribuables à ne pas honorer les titres de perception légalement émis par sa propre administration. Ce qui, entre vous et moi, constitue le délit de prévarication puni par l’article 432-10 du Code pénal : « Est puni des mêmes peines [cinq ans de prison et 500.000 € d’amende] le fait, par les mêmes personnes [personnes dépositaires de l’autorité publique ou chargées d’un service public], d’accorder sous une forme quelconque et pour quelque motif que ce soit une exonération ou franchise des droits, contributions, impôts ou taxes publics en violation des textes légaux ou réglementaires ».

      [quand a la connaissance du droit c’est vrai pour un ministre du travail ça fait tache et il n’a pas que chez les ministres qu’on rencontre des pistonnés !]

      L’ignorance, c’est déjà assez grave. Mais Myriam El Khomri a aggravé son cas par deux fois : d’abord en essayant de « deviner » la réponse – comme une mauvaise élève qui ne connaît pas sa leçon – et ensuite, une fois que la réponse s’est révélée mauvaise, en affirmant que les ministres n’étaient pas là pour « savoir », mais pour « agir ». Si tel était le cas, elle aurait du refuser de répondre dès le départ…

      Dans un état moderne, par nature complexe, les ministres ne peuvent pas se contenter d’être des gentils dilettantes et des experts en communication politique. Ils ne sont pas obligés de tout savoir, mais ils doivent à minima s’intéresser à leurs sujets et être capables de former une équipe de « sachants » autour d’eux qui puissent interroger et éventuellement défier la compétence des administrations. Or, si on ne veut pas que ces “sachants” viennent eux mêmes de l’administration, il faut que les partis politiques se donnent la peine eux mêmes de constituer des pôles de compétence.

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [L’ignorance, c’est déjà assez grave. Mais Myriam El Khomri a aggravé son cas par deux fois : d’abord en essayant de « deviner » la réponse – comme une mauvaise élève qui ne connaît pas sa leçon – et ensuite, une fois que la réponse s’est révélée mauvaise, en affirmant que les ministres n’étaient pas là pour « savoir », mais pour « agir ». Si tel était le cas, elle aurait du refuser de répondre dès le départ…]
      je ne savais pas qu’on le verrait aussi rapidement, mais c’est arrivé: voilà où mène la discrimination positive!
      D’abord, en terme de parité, je suis sûr que Françoise Giroud aurait été aux anges: aujourd’hui, on ne vire plus une femme ministre pour incompétence! Et côté “diversité”, là c’est Ségolène Royal qui va être contente: si la (le?) nouvelle (nouveau?) ministre du Travail s’était appelée Claudine Dupont, elle n’aurait tout simplement pas été…ministre!
      Il faut donc constater que Mme.El Khomri est ministre parce que “beurette”!
      Ce dernier point est discutable, je le sais, mais Hollande et sa clique doivent donner des gages à leurs clientèles électorales. Et quand on sait que “Flamby” avait hésité à nommer un spécialiste du droit de travail, bref une personne idoine, on est conforté dans l’opinion que la méritocratie n’existe plus au sommet de l’Etat, et que seul le fait du prince prévaut: nous sommes retombés dans les pires travers de l’Ancien Régime, et c’est sous un gouvernement dit de gauche que cela se produit.
      Régis Debré avait donc raison: Mai 68 est une contre-révolution réussie, et je croyais ne jamais voir de mon vivant des moeurs dignes d’une cour royale à la tête du pays….

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [je ne savais pas qu’on le verrait aussi rapidement, mais c’est arrivé: voilà où mène la discrimination positive! D’abord, en terme de parité, je suis sûr que Françoise Giroud aurait été aux anges: aujourd’hui, on ne vire plus une femme ministre pour incompétence!]

      Tout à fait. Il fut un temps ou les rares ministres « diversitaires » étaient des « têtes », parce que pour arriver là il leur fallait démontrer qu’ils étaient deux fois plus compétents que « l’homme blanc ». Aujourd’hui, nous avons des ministres à la fois « diversitaires » et totalement incompétents. Un grand progrès de l’égalité.

      [Il faut donc constater que Mme.El Khomri est ministre parce que “beurette”!]

      Oui. A chaque étape de sa carrière Mme El Khomri a certainement bénéficié de ce petit « plus » que donnent aujourd’hui les programmes de « promotion de la diversité » dans les partis politiques. Malheureusement, ces « programmes » se concentrent plus sur « l’égalité des résultats » que sur « l’égalité des chances ». Au lieu de chercher à donner aux militants « issus de la diversité » les savoirs et la préparation qui leur manquent et qui leur permettront de se battre pour les postes à armes égales avec les autres, on préfère promouvoir les militants « issus de la diversité » sans critère de compétence. Ca donne des cas comme celui d’El Khomri ou de Vallaud-Belkacem : des personnalités aux dents longues et rompues aux magouilles et à la communication, parfaitement ignorantes des questions de fond et parfaitement vierges de tout projet dans leur domaine.

      [Ce dernier point est discutable, je le sais, mais Hollande et sa clique doivent donner des gages à leurs clientèles électorales.]

      Oui, mais plus que les « clientèles électorales », il faut compter avec les « clientèles militantes ». Il y a dans les partis politiques de puissants groupes de pression « diversitaires » dont les membres se soutiennent mutuellement pour faire carrière. Ces groupes ont un pouvoir de nuisance médiatique considérable et une capacité à se mobiliser lors des congrès et autres votations qui est loin d’être négligeable. Hollande a besoin d’eux pour « tenir » le PS et le groupe parlementaire.

      [Et quand on sait que “Flamby” avait hésité à nommer un spécialiste du droit de travail, bref une personne idoine, on est conforté dans l’opinion que la méritocratie n’existe plus au sommet de l’Etat, et que seul le fait du prince prévaut: nous sommes retombés dans les pires travers de l’Ancien Régime, et c’est sous un gouvernement dit de gauche que cela se produit.]

      C’est pire que ça : l’ancien régime est marqué justement par une transition ou le Roi cesse de nommer des « princes de sang » pour consacrer plutôt des « grands commis de l’Etat » venus de la toute petite noblesse mais compétents dans leur domaine. Colbert, Vauban, Louvois, Turgot, Necker étaient détestés par la « vieille noblesse ». On est revenus à l’avant Louis XIII, quand les « grand féodaux » faisaient la loi devant un roi faible. Hollande contente ses « féodaux » en promouvant des personnages comme El Khomri, Philippe Martin, Najat Vallaud-Belkacem, Benoit Hamon, Harlem Désir, Emmanuel Macron ou Taubira…

      [Régis Debray avait donc raison: Mai 68 est une contre-révolution réussie, et je croyais ne jamais voir de mon vivant des moeurs dignes d’une cour royale à la tête du pays….]

      Comme souvent, Debray a parfaitement raison. Mais si on voit en Hollande un Roi, ce serait plutôt un roi fainéant plutôt qu’un monarque absolu façon Louis XIII ou Louis XIV.

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Comme souvent, Debray a parfaitement raison. Mais si on voit en Hollande un Roi, ce serait plutôt un roi fainéant plutôt qu’un monarque absolu façon Louis XIII ou Louis XIV.]
      Pour filer la métaphore historique, j’aurais dit plutôt Louis XV, pour son inconsistance, sa désinvolture, son impéritie, sa capacité considérable à dilapider l’héritage considérable de ses prédécesseurs, et enfin son goût prononcé pour les favorites qui se mêlent de tout et de rien, un peu comme la Pompadour qui a eu un effet délétère dans le renversement d’alliances avec les Autrichiens au détriment des Prussiens et des Anglais: quand on sait rétrospectivement les conséquences que cela a eu au cours des deux derniers siècles dans notre pays (notamment les guerre de 7 ans, les guerres Révolutionnaires et impériales, guerre franco-prusse, etc…), il y a de quoi frémir!
      En 2015, les mêmes causes listées plus haut risquent de provoquer les mêmes effets: alliances douteuses avec les puissances du Golfe, inféodation à l’UE, l’OTAN et à Berlin, et surtout, aux marchés…
      Notre pays en a vu d’autres, mais dieu que c’est dur de savoir que la suite ne va pas être drôle, même après le départ de Hollande: il représente le haut de panier de la classe politique actuelle…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [Notre pays en a vu d’autres, mais dieu que c’est dur de savoir que la suite ne va pas être drôle, même après le départ de Hollande: il représente le haut de panier de la classe politique actuelle…]

      Oui. Vivrons nous assez pour voir revenir une période de redressement ? Je commence à perdre espoir…

  3. CVT dit :

    @Descartes,
    [ Pour la base sociologique du PS, Valls est beaucoup trop « républicain », quelque soient par ailleurs ses défauts. C’est pourquoi Macron est en train de dépasser allégrement Valls. Et l’ascension de Macron est un coup du clan Delors/Rocard.]
    Et moi qui croyais que Valls était le fils spirituel de Rocard… J’en suis pour mes frais!
    Sinon, Macron est surtout la créature de Jacques Attali, véritable père Joseph du pouvoir socialiste (et sarkoziste, accessoirement…) depuis 1981! Comment pourrions-nous nous débarrasser de cette “éminence grise” nuisible?
    Ca prouve surtout que Hollande est un président qui vole ses concitoyens sur un point: il n’assume JAMAIS ses choix et ses décisions politiques! Macron est surtout la négation du symbole de Hollande comme “adversaire” (et non ennemi, comme on aurait pu le croire…) de la finance…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [Et moi qui croyais que Valls était le fils spirituel de Rocard… J’en suis pour mes frais!]

      Spirituel, certainement pas. Il est vrai que le jeune Valls vient de la matrice « rocardienne » et non de la matrice « mitterrandienne » et qu’il a grandi politiquement dans les cercles proches de lui. Mais il est difficile de voir dans l’idéologie politique et même dans l’univers mental de Valls une continuité avec la « deuxième gauche » rocardienne.

      [Sinon, Macron est surtout la créature de Jacques Attali, véritable père Joseph du pouvoir socialiste (et sarkoziste, accessoirement…) depuis 1981! Comment pourrions-nous nous débarrasser de cette “éminence grise” nuisible?]

      Très difficile. Les Attali, les Minc survivent à tous les régimes. Dans un système politique ou les grandes carrières se font grâce à des rencontres, ceux qui se sont spécialisés dans l’organisation de ces rencontres détiennent un énorme pouvoir. Trop de monde doit beaucoup à Attali ou a Minc pour pouvoir les renvoyer à leurs chères études…

      [Ca prouve surtout que Hollande est un président qui vole ses concitoyens sur un point: il n’assume JAMAIS ses choix et ses décisions politiques!]

      Il est aidé par le fait qu’il ne « décide » jamais vraiment. Ses « choix » tiennent plus de la politique du chien crevé au fil de l’eau que d’un véritable engagement dans une direction donnée. Ainsi, Hollande affirme une parfaite continuité de sa politique économique tout en remplaçant Montebourg par Macron.

      [Macron est surtout la négation du symbole de Hollande comme “adversaire” (et non ennemi, comme on aurait pu le croire…) de la finance…]

      Ne me dites pas que vous y avez cru…

  4. RP dit :

    Bonjour Descartes,

    Votre article fait écho à l’expérience d’un de mes proches qui travaille pour un conseil départemental en tant que fonctionnaire. Tout du moins, dans celui dont il s’agit, c’était plutôt la gauche (majorité PS) qui avait le travers de vouloir instrumentaliser son administration, en dépit de toute considération d’intérêt général (et pourtant ce proche se définissait plutôt comme de gauche et en est venu à haïr le PS en grande partie à cause de cela). Mais je pense que c’est assez circonstanciel et qu’ailleurs, ce serait davantage la droite qui aurait ce défaut.

    D’ailleurs, j’interprète l’affaire autour de la ministre du travail comme une preuve que ce gouvernement ne cherche même plus à cacher son impuissance chronique et que la plupart des ministres sont juste là pour assurer un (mauvais) spectacle. Mais ça, ce n’est pas nouveau…

    • Descartes dit :

      @ RP

      [(et pourtant ce proche se définissait plutôt comme de gauche et en est venu à haïr le PS en grande partie à cause de cela).]

      Je connais pas mal de fonctionnaires « de gauche » qui sont totalement excédés par la tendance du gouvernement à instrumentaliser la fonction publique et notamment à travers des nominations. Ce qui prouve que chez nos fonctionnaires l’éthique professionnelle prime très souvent sur les engagements politiques et citoyens…

      [Mais je pense que c’est assez circonstanciel et qu’ailleurs, ce serait davantage la droite qui aurait ce défaut.]

      Ayant travaillé sous des gouvernements des deux bords, je peux vous dire qu’au niveau national au moins c’est loin d’être le cas. La droite a plus tendance à maintenir des rapports de confiance avec les « sachants » et à les écouter, là où la gauche tombe souvent dans un volontarisme absolu qui la pousse à mépriser les « sachants » et à voir derrière toute objection une tentative de sabotage. La droite est aussi plus sensible au « temps long »…

      [D’ailleurs, j’interprète l’affaire autour de la ministre du travail comme une preuve que ce gouvernement ne cherche même plus à cacher son impuissance chronique et que la plupart des ministres sont juste là pour assurer un (mauvais) spectacle. Mais ça, ce n’est pas nouveau…]

      Pas nouveau… mais il faut reconnaître qu’il faut remonter très loin en arrière pour trouver un gouvernement aussi faible en termes de compétence collective. Un gouvernement ou les « poids lourds » politiques sont rares et les « poids lourds » intellectuels presque absents. On l’a vu avec la nomination de El Khomri : maintenant, quand un poste ministériel se libère, on a du mal à trouver un candidat crédible.

  5. Si Valls est “républicain”, ça doit expliquer pourquoi je le suis de moins en moins…

    • Descartes dit :

      @ nationaliste??

      Je n’ai pas dit que Valls soit “Républicain”. J’ai dit qu’il était encore trop républicain pour les deloristes. C’est dire…

    • Les deloristes, qui sont-ils exactement? Et quel est leur projet de société?

    • Descartes dit :

      @nationalistejacobin

      D’abord, je suis content de vous voir de retour. Ce blog a perdu quelques “habitués” que je ne vois plus intervenir, et je commençais à être inquiet…

      [Les deloristes, qui sont-ils exactement? Et quel est leur projet de société?]

      Les Deloristes sont d’abord les héritiers de cette vision technocratique et antipopulaire qui revient périodiquement dans notre histoire. Partant de croyance qu’il ne peut y avoir de meilleur gouvernement que celui des gens “raisonnables” et d’un rejet du de la souveraineté populaire – car le peuple mesure rarement combien les technocrates veulent faire son bonheur – leur projet est celui d’une société ou la politique aura été abolie, et le pouvoir sera dans les mains des “gens raisonnables”, c’est à dire, d’eux mêmes.

    • @ Descartes,

      “D’abord, je suis content de vous voir de retour. Ce blog a perdu quelques “habitués” que je ne vois plus intervenir, et je commençais à être inquiet..”

      Je continue à vous lire régulièrement, mais il est vrai que je n’interviens guère, pour plusieurs raisons.

      Premièrement, comme vous si j’ai bien compris, je trouve l’actualité morose, et ne suis guère motivé pour la commenter. Il y a quelques temps d’ailleurs que je n’ai pas “commis” d’article sur mon propre blog.

      Deuxièmement, je dois vous dire que je n’apprécie pas beaucoup de passer du temps à rédiger une longue réponse, construite, pour être “snobé” par celui à qui elle est adressée (v2s pour ne pas le nommer, sur un précédent article). Franchement, ça décourage d’écrire et, après ce camouflet, j’admets m’être dit que j’avais finalement mieux à faire que de perdre mon temps dans un dialogue de sourds.

      Enfin, et c’est sans doute le plus important, j’ai l’impression qu’on finit par tourner un peu en rond. Ce n’est pas une critique de vos analyses, au contraire, j’ai le sentiment qu’elles se vérifient un peu plus chaque jour. Tenez, récemment, j’ai eu droit, dans le cadre professionnel, à une grand-messe sur la “réforme du collège”, le passage de l’école “élitiste” à l’école “inclusive”, franchement c’était un cas d’école si j’ose dire. Ou comment l’Education nationale renonce à former des élites parce que… les élites se reproduisent tranquillement dans leur coin, en dehors de l’école. Bien sûr, l’inspecteur ne l’a pas dit, mais c’était implicite au vu de l’historique des choix opérés dans l’Education nationale. Dans ces moments-là, je me dis que votre grille de lecture “classiste” est plutôt pertinente.

      Mais une fois qu’on a constaté cette domination implacable, idéologique, médiatique, intellectuelle et politique des classes moyennes, que fait-on? Et là, on bute sur une réalité un peu désespérante: il n’y a hélas pas grand-chose à faire. Je suis avec un intérêt certain vos joutes homériques avec v2s, et j’en tire deux conclusions: 1) en contradicteur valeureux épris de débat, vous alignez, commentaire après commentaire, des arguments, des démonstrations, vous relevez les contradictions de l’adversaire, tout cela en pure perte, car jamais votre interlocuteur n’admet (ni n’admettra à mon avis) ses erreurs et ses incohérences. Je ne pense pas que ce soit de la mauvaise foi, je crois simplement que c’est le résultat d’une grille de lecture dogmatique qui méprise le réel. Et encore, v2s a le courage de se confronter au point de vue d’un adversaire, il faut saluer chez lui un certain panache intellectuel. Mais, moi qui hante les salles des profs, je puis vous dire que d’autres qui pensent comme lui n’ont même pas cette ouverture d’esprit; 2) ceux qui nous gouvernent (et les classes moyennes qui les soutiennent) pensent globalement comme v2s, et se sont appropriés le concept de république. Aujourd’hui, les “républicains” s’appellent Taubira, Vallaud-Belkacem, Valls, Mamère, Duflot, etc. Je cite des gens “de gauche” mais à droite, ce n’est guère mieux. Peu importe au fond que ces gens aient renié l’héritage et les fondamentaux de la République, peu importe qu’ils conspuent tout ce qui a fait la grandeur de la France républicaine: ils ont réussi une incroyable escroquerie intellectuelle, une inversion des valeurs à peine imaginable. C’est un fait.

      Aujourd’hui, vous êtes républicain si, et seulement si, vous défendez le discours écolo-libertaire, diversitaire, antiraciste, immigrationniste, multiculturaliste islamo-compatible, européiste. Sinon, vous êtes lepéniste (v2s le dit d’ailleurs), maurrassien, frontiste, fasciste, nazi, Pegida ou que sais-je encore. C’est triste, je vous l’accorde, mais il y a eu une OPA réussie sur la République. Les classes moyennes et leurs représentants incarnent désormais la République, même si c’est une forme abâtardie et dévoyée de l’idée républicaine. Dans ce contexte, il ne m’est plus possible de rester “républicain”, de devoir sans cesse me justifier en convoquant l’histoire. La République a changé de camp, elle m’a tourné le dos (et elle est aussi en train de vous tourner le dos, Descartes). Mais ça n’est pas le plus grave à mes yeux, non, le drame c’est que la République est en train de se retourner contre la France, contre la nation qui l’a portée sur les fonts baptismaux. La République nous explique que ses “vrais” enfants sont les immigrés discriminés, les victimes de la colonisation et de l’esclavage, les membres des minorités opprimées. La République nous fait comprendre aussi, insidieusement, qu’elle préfère les noirs et les basanés aux blancs (sinon, pourquoi promouvoir des “chartes de la diversité”?).

      Je n’ai pas rejeté la République, parce que je suis d’un naturel conservateur et loyaliste. C’est la République qui m’a renié. Mais la République n’est pas la France. Il y a une nouvelle identité politique à bâtir, une nation à refonder. Mais ce sera la nation contre la République, et non point avec. Et il est clair que, pour moi, désormais, il faut envisager sérieusement l’instauration d’un pouvoir autoritaire et brutal pour briser la domination économique et politique des classes moyennes. Appelons-ça un coup d’Etat ou une révolution, peu importe. Il s’agit aussi de mettre fin à la déliquescence de l’Etat qui en est réduit à se prosterner lamentablement devant la moindre communauté déterminée, devant la moindre secte d’activistes.

    • Descartes dit :

      @ nationalistejacobin

      [Premièrement, comme vous si j’ai bien compris, je trouve l’actualité morose, et ne suis guère motivé pour la commenter. Il y a quelques temps d’ailleurs que je n’ai pas “commis” d’article sur mon propre blog.]

      J’ai un peu le même problème. Je n’aime pas trop publier sur mon blog des articles trop noirs ou pessimistes, peut-être parce que comme dit le dicton anglais « riez, et le monde rit avec vous, pleurez et vous pleurerez tout seul ». Mais en même temps, je ne trouve pas beaucoup de sujets sur lesquels pointe une lueur d’espoir… Je pense que nous avons cependant le devoir de croire. De croire que cet état d’anomie générale n’est qu’un état passager, qu’on en sortira un jour, et qu’il faut se préparer pour ce jour là, en particulier en ayant les idées claires.

      [Deuxièmement, je dois vous dire que je n’apprécie pas beaucoup de passer du temps à rédiger une longue réponse, construite, pour être “snobé” par celui à qui elle est adressée (v2s pour ne pas le nommer, sur un précédent article). Franchement, ça décourage d’écrire et, après ce camouflet, j’admets m’être dit que j’avais finalement mieux à faire que de perdre mon temps dans un dialogue de sourds.]

      Votre interlocuteur peut vous « snober », mais vous n’écrivez pas seulement pour lui. D’autres vous lisent, et même s’ils ne réagissent pas, cela leur est utile. Et puis, on écrit aussi pour soi, pour clarifier et développer ses propres idées.

      [Enfin, et c’est sans doute le plus important, j’ai l’impression qu’on finit par tourner un peu en rond.]

      On tourne toujours un peu en rond. Comme disait Einstein, « c’est si rare, une idée… ». On a de la chance si on a quelques unes dans sa vie. Le reste du temps, on peut les confronter, les corriger, les polir, les développer… et c’est à ça que sert le débat. Ne soyez pas trop exigeant avec vous-même ni avec les autres…

      [Mais une fois qu’on a constaté cette domination implacable, idéologique, médiatique, intellectuelle et politique des classes moyennes, que fait-on? Et là, on bute sur une réalité un peu désespérante: il n’y a hélas pas grand-chose à faire.]

      Je me mets dans la situation de la France vaincue en 1940. Qu’est ce qu’on fait ? Et bien, on prépare la revanche. On essaye de rendre la vie de l’occupant la plus difficile possible. On le défie, pour qu’il sache que sa victoire n’est pas totale. Et on attend le bouleversement qui permettra de le buter dehors. Peut-être que cela ne sert à rien, mais si on n’essaye pas, on ne le saura jamais. Il faut être des pédagogues : chaque idée qu’on aura réussi à faire passer, chaque collègue dont on aura ouvert les yeux, c’est une petite victoire de gagnée.

      [Je suis avec un intérêt certain vos joutes homériques avec v2s, et j’en tire deux conclusions: 1) en contradicteur valeureux épris de débat, vous alignez, commentaire après commentaire, des arguments, des démonstrations, vous relevez les contradictions de l’adversaire, tout cela en pure perte, car jamais votre interlocuteur n’admet (ni n’admettra à mon avis) ses erreurs et ses incohérences.]

      Ne croyez pas ça : personne n’aime admettre publiquement qu’il a changé d’avis, mais la discussion change les idées des gens. Lentement, graduellement, mais elle les change. C’est d’ailleurs pourquoi, comme vous le signalez, beaucoup de gens refusent le débat, tant ils ont peur des effets de la remise en cause de leurs certitudes au cours d’un échange. Il faut reconnaître à v2s – et à d’autres intervenants de ce blog – le mérite de prendre ce risque. Mais quand bien même ces débats ne changeaient rien avec des gens comme v2s m’aide à penser et à remettre en question mes propres idées. Et rien que pour ça, ça vaut la peine…

      [2) ceux qui nous gouvernent (et les classes moyennes qui les soutiennent) pensent globalement comme v2s, et se sont appropriés le concept de république. Aujourd’hui, les “républicains” s’appellent Taubira, Vallaud-Belkacem, Valls, Mamère, Duflot, etc. Je cite des gens “de gauche” mais à droite, ce n’est guère mieux.]

      Je ne partage pas votre diagnostic. Le concept de République est trop grand pour tous ces gens, et c’est pourquoi ils s’en méfient et évitent de s’en servir. Quand on parle de « Républicain », les gens pensent à Chévenement ou Guaino, pas à Taubira ou Vallaud-Belkacem. Bien sûr, ces gens là utilisent le mot « République » dans leurs discours, mais du mot au concept il y a un pas, et personne n’est je pense dupe.

      [Aujourd’hui, vous êtes républicain si, et seulement si, vous défendez le discours écolo-libertaire, diversitaire, antiraciste, immigrationniste, multiculturaliste islamo-compatible, européiste. Sinon, vous êtes lepéniste (v2s le dit d’ailleurs), maurrassien, frontiste, fasciste, nazi, Pegida ou que sais-je encore. C’est triste, je vous l’accorde, mais il y a eu une OPA réussie sur la République.]

      Je ne partage pas votre pessimisme. Je constate d’ailleurs que pour ceux qui défendent le discours « post-moderne » (pour faire court) le mot « République » faut toujours peur. On s’en méfie. Pour la gauche « libérale-libertaire », être « Républicain » c’est être de droite. Pour la droite européiste, être « Républicain » c’est être jacobin et donc anti-européen. La République reste toujours pour les bienpensants une idée subversive. Ce n’est pas par hasard si Sarkozy, grand maître de la transgression, a voulu – contre les meilleurs avis de droite comme de gauche – donner à son parti le nom qu’il porte aujourd’hui.

      [Je n’ai pas rejeté la République, parce que je suis d’un naturel conservateur et loyaliste. C’est la République qui m’a renié. Mais la République n’est pas la France. Il y a une nouvelle identité politique à bâtir, une nation à refonder. Mais ce sera la nation contre la République, et non point avec.]

      Je crois que nous avions échangé sur ce point. La France n’a pas toujours été républicaine, mais la République est l’aboutissement de la longue histoire de France. Elle concentre en elle les idées, les valeurs, les projets, les visions que la France à développé au cours de son histoire. Même si le jacobinisme est né avec Louis XIII et Richelieu, la méritocratie avec Louis XIV et Colbert, le Code Civil avec Napoléon. C’est la République qui finalement à regroupé tous ces éléments épars et en a fait une idée moderne. Je ne vois pas la « nation » s’opposer à la « République », et c’est d’ailleurs pourquoi les bienpensants en ont toujours peur.

      [Et il est clair que, pour moi, désormais, il faut envisager sérieusement l’instauration d’un pouvoir autoritaire et brutal pour briser la domination économique et politique des classes moyennes. Appelons-ça un coup d’Etat ou une révolution, peu importe. Il s’agit aussi de mettre fin à la déliquescence de l’Etat qui en est réduit à se prosterner lamentablement devant la moindre communauté déterminée, devant la moindre secte d’activistes.]

      Un pouvoir fort, certainement. Mais pourquoi « autoritaire et brutal » ? Notre histoire nous a montré que la France pouvait en temps de crise produire des pouvoirs forts et efficaces sans être « autoritaires et brutaux ». Napoléon, Clémenceau, De Gaulle sont de bons exemples. Je partage par contre votre conviction quant à la priorité absolue de mettre fin à la déliquescence de l’Etat pour mettre fin à la féodalisation du champ politique sous l’effet des revendications contradictoires des différentes groupuscules d’activistes. Malheureusement, les seuls projets dans ce sens surgissent du côté de l’extrême droite…

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [“Ce n’est pas par hasard si Sarkozy, grand maître de la transgression, a voulu – contre les meilleurs avis de droite comme de gauche – donner à son parti le nom qu’il porte aujourd’hui.”]

      Ah bon ? Sarkozy est un “grand maître” de la transgression ? Alors pourquoi a-t-il éjecté Nadine Morano ? Celle-ci ne faisait, après tout, que rapporter le point de vue du Général De Gaulle dans son fameux “débat sur l’identité nationale”, non ? Je dirai que si Sarkozy est passé maître dans quelque chose, c’est surtout dans l’art d’enfumer et d’attraper les nigauds.

      @ nationalistejacobin

      [“Je n’ai pas rejeté la République, parce que je suis d’un naturel conservateur et loyaliste. C’est la République qui m’a renié. Mais la République n’est pas la France. Il y a une nouvelle identité politique à bâtir, une nation à refonder. Mais ce sera la nation contre la République, et non point avec.”]

      Personnellement, je suis monarchiste. Si nous avions un roi, Sarkozy serait aujourd’hui vendeur de cravates dans le métro, et certainement pas le président de “Les Républicains”.

      P.S. : J’offre une forte récompense à celui qui – légalement, bien entendu – me débarrassera définitivement de Sarkozy.

    • @ Descartes,

      “Je me mets dans la situation de la France vaincue en 1940.”

      Sauf que l’ennemi est plus difficile à cerner: en 40, l’état du pays était tragique mais la situation plus simple, pour ou contre les Boches. Il y avait une armée d’occupation étrangère, avec des uniformes, des chars et leurs collabos. Mais aujourd’hui? Vous êtes prêt à flinguer v2s et les gens qui pensent comme lui? Bien sûr que non. D’ailleurs, les résistants ont eu besoin d’armes, parce qu’il arrive toujours un moment dans l’histoire où, si vous n’avez pas d’armes, vous ne changerez rien. Et quand je dis “armes”, je ne pense pas uniquement à une kalachnikov: ce peut être un parti, une revue, une radio, un groupe de réflexion… Vous n’avez rien de tout cela, ni moi non plus.

      “Il faut être des pédagogues : chaque idée qu’on aura réussi à faire passer, chaque collègue dont on aura ouvert les yeux, c’est une petite victoire de gagnée”

      Je ne crois pas. Les “collègues” n’ont aucun pouvoir. Ce sont ceux qui tiennent le pouvoir qu’il faudrait convaincre, c’est-à-dire les classes moyennes. Or ces dernières savent où est leur intérêt… Même si vous convainquez tous vos collègues, ça risque de ne pas changer grand-chose. A part une petite satisfaction personnelle.

      “Lentement, graduellement, mais elle les change.”

      Les idées, peut-être. Mais certainement pas les intérêts de classe, le discours dominant… et le bulletin de vote à la fin parce que, quand il faut choisir entre les idéaux et les intérêts, les seconds l’emportent. Personne ne pourra empêcher les classes moyennes de voter en fonction de leur intérêt. Et comme elles ont les moyens de faire régner un véritable terrorisme intellectuel, elles tiennent le pays, par le chantage au fascisme.

      “Le concept de République est trop grand pour tous ces gens, et c’est pourquoi ils s’en méfient et évitent de s’en servir.”
      Pardon, Taubira, Valls, Hollande ne cessent de nous parler de la République. Bien sûr, c’est une république girondine, multiculturelle, métissée, ouverte à l’immigration, mais les concepts évoluent. La République aujourd’hui, c’est cela. Chevènement est un vieillard sans héritier, Guaino passe pour un agité qui mène une vendetta contre la magistrature. Personne ne parierai un kopek sur ces gens-là…

      “Bien sûr, ces gens là utilisent le mot « République » dans leurs discours, mais du mot au concept il y a un pas, et personne n’est je pense dupe”

      Voulez-vous parier? A force de répéter des mensonges comme si c’étaient des évidences, les gens finissent par y croire… Et ça fait près de trente ans qu’on nous explique que la République, c’est la diversité, le respect des particularismes, des différences, etc. Croyez-vous qu’il ne restera rien de ce matraquage?

      “Mais pourquoi « autoritaire et brutal » ?”

      Je ne pense pas qu’on puisse nier que Napoléon fût autoritaire, et capable de brutalité…

      “Malheureusement, les seuls projets dans ce sens surgissent du côté de l’extrême droite…”

      Pas vraiment. Je pense que les gens devraient s’intéresser davantage à l’histoire de l’extrême droite française, car elle est bien différente de l’extrême droite allemande. Depuis sa naissance à la fin du XIX° siècle, l’extrême droite française est anti-Etat, contestataire, à demi-anarchiste, un nid d’activistes. L’extrême droite aime faire le coup de poing, voire le coup de feu à l’occasion, mais ça s’arrête là. Elle n’a jamais véritablement exercé le pouvoir (elle a soutenu Pétain, certes, mais était-elle vraiment aux commandes? ce n’est pas si sûr…). L’extrême droite est très profondément anti-jacobine.

      Je pense que, sous l’impulsion de Marine le Pen peut-être influencée par Florian Philippot (dont à mon avis on exagère l’influence, mais on ne prête qu’aux riches), le FN est en train de quitter l’extrême droite pour devenir autre chose. D’ailleurs, l’extrême droite, la vraie, s’en prend très violemment à Marine le Pen. Ce n’est pas un hasard.

    • CVT dit :

      @Descartes et nationalistejacobin,
      je crois que le célèbre texte de Régis Debray, écrit en 1989 pour le bi-centenaire de la Révolution, a gardé toute sa pertinence:
      https://www.yumpu.com/fr/document/view/20112588/etes-vous-democrate-ou-republicain-par-regis-debray
      J’imagine qu’il est un rappel pour vous deux…
      Il répond surtout à la question de Nationalistejacobin: oui, plus que jamais, il faut être républicain! En fait, les républicains d’aujourd’hui sont, au sens de Debray, des démocrates!
      La République Française est largement inspirée de la République Romaine, et non de la démocratie athénienne: ce n’est pas un hasard, vu le tempérament française, qui aime le plébiscite et les chefs charismatiques. Mais là où Rome opposait la plèbe aux patriciens, notre pays a mis en place la méritocratie ou aristocratie des meilleurs. C’est bien cela qui est mis à mal aujourd’hui par les “classes moyennes”, car comme à Rome, le régime risque (si ce n’est pas déjà le cas…) de devenir oligarchique, et cela au nom même de la République!
      Oui, c’est toujours une bonne idée de relire ses classiques quand l’époque essaie de nous rendre amnésique…

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Ah bon ? Sarkozy est un “grand maître” de la transgression ?]

      Oui. Je pense que beaucoup de gens regardent Sarkozy avec une perspective « de gauche ». Mais il ne faut pas oublier que l’électorat de Sarkozy est un électorat de droite. A votre avis, lorsque Sarkozy cite dans son discours Jaurès, lorsqu’il fait lire dans les écoles la dernière lettre d’un militant communiste, comment est-ce perçu par son propre électorat, sinon comme une « transgression » ? Imaginez-ce que serait la réaction de la gauche si un président de la République issu du PCF faisait lire dans les écoles la dernière lettre de Brasillach avant d’être fusillé ?

      [Alors pourquoi a-t-il éjecté Nadine Morano ?]

      Parce qu’elle a dit une bêtise. Il ne faut pas confondre transgression et stupidité.

      [Celle-ci ne faisait, après tout, que rapporter le point de vue du Général De Gaulle dans son fameux “débat sur l’identité nationale”, non ?]

      Non. D’abord, elle n’a pas présenté sa déclaration comme une citation, ce qui aurait permis de les replacer dans son contexte. Elle n’a fait le rapprochement avec les paroles de mongénéral qu’a posteriori, quand il a fallu se défendre, et sur le mode « je n’ai fait que répéter ce qu’a dit De Gaulle ». Seulement, De Gaulle l’a dit en privé, dans une conversation avec l’un de ses collaborateurs. Il y a des choses qu’on peut tout à fait dire autour d’un café, et qu’on ne peut pas dire, qu’on ne doit pas dire à une tribune.

      [Je dirai que si Sarkozy est passé maître dans quelque chose, c’est surtout dans l’art d’enfumer et d’attraper les nigauds.]

      Dans ce domaine, on peut difficilement le considérer un « maître ». A côté de Hollande ou de Mitterrand, ce n’est qu’un amateur éclairé, tout au plus…

      [P.S. : J’offre une forte récompense à celui qui – légalement, bien entendu – me débarrassera définitivement de Sarkozy.]

      Comme disait Goethe, « quand les dieux veulent nous punir, ils réalisent nos rêves »… attendez d’avoir Juppé à l’Elysée, et vous le regretterez, le petit…

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [Alors pourquoi a-t-il éjecté Nadine Morano ?] [Parce qu’elle a dit une bêtise. Il ne faut pas confondre transgression et stupidité.]

      En l’occurrence, je ne pense pas qu’elle ait dit une bêtise. D’abord, elle a soulevé une question que beaucoup de gens se posent. Il est donc important, à mon avis, de ne pas la censurer, ne serait-ce que pour pouvoir y répondre. D’autre part, cette question est à mon avis tout à fait pertinente. Voici des années, en effet, que le racisme est réprimé et combattu. Et pourtant, à entendre nos “dirigeants”, jamais les “discriminations” n’auraient été aussi fortes, de sorte qu’il faudrait plus que jamais lutter contre elles. Que faut-il en conclure ? Que les “français de souche” seraient d’indécrottables racistes ? Fort bien. Mais dans ce cas, il serait raciste de leur réserver un tel jugement. Les “non blancs” devraient donc, en toute logique, être eux aussi d’indécrottables racistes. Or dans ce cas, qu’arrivera-t-il aux “français de souche” lorsqu’ils seront devenus minoritaires en France ? Eh bien, ils devraient subir à leur tour les “discriminations”. Sauf que, contrairement aux autres, ils n’en auront pas eu le choix. Ils n’auront pas décidé un jour d’aller s’installer dans un autre pays, au risque d’y subir des “discriminations”. Voici donc en quoi, selon moi, la question de Morano n’était pas du tout stupide. Elle revient à se demander, au fond, s’il est possible de faire disparaître le racisme et les “discriminations”.

    • Descartes dit :

      @ nationalistejacobin

      [Sauf que l’ennemi est plus difficile à cerner: en 40, l’état du pays était tragique mais la situation plus simple, pour ou contre les Boches. Il y avait une armée d’occupation étrangère, avec des uniformes, des chars et leurs collabos.]

      Je pense qu’elle vous parait « simple » par un effet de perspective. En 1940, elle n’était en rien « simple ». Pour beaucoup de français, c’était la France qui, en déclarant la guerre à l’Allemagne après l’invasion de la Pologne, était devenue « l’agresseur ». Beaucoup voyaient dans l’occupation allemande la défaite du camp « belliciste » et l’opportunité de construire finalement ce « nouvel ordre européen » – tiens, ça ne vous rappelle rien – dont Briand avait rêvé. Ce n’est que plus tard, lorsque la spoliation économique du pays, la brutalité de la répression et le STO auront montré le vrai visage de l’occupation, que les choses deviendront « simples ».

      [Mais aujourd’hui? Vous êtes prêt à flinguer v2s et les gens qui pensent comme lui? Bien sûr que non.]

      Bien sur que oui. Je le fais presque quotidiennement dans ce blog. Seulement, nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes dans un état de droit et le combat se déroule dans un cadre démocratique. Si les britanniques votent pour une sortie de l’UE, ils sortiront du joug « européen » sans tirer un seul coup de feu. La question de flinguer littéralement v2s – ou que v2s vous flingue, parce que cela va dans les deux sens – ne se pose pas. Pour le moment on en est dans le combat dans un cadre démocratique. Demain… on ne sait pas.

      [D’ailleurs, les résistants ont eu besoin d’armes, parce qu’il arrive toujours
      un moment dans l’histoire où, si vous n’avez pas d’armes, vous ne changerez rien. Et quand je dis “armes”, je ne pense pas uniquement à une kalachnikov: ce peut être un parti, une revue, une radio, un groupe de réflexion… Vous n’avez rien de tout cela, ni moi non plus.]

      En même temps, l’Histoire a montré que lorsque la société est mûre pour un changement, les « armes » – au sens ou vous l’entendez – apparaissent. L’avantage d’être resté marxiste, c’est la conviction que les contradictions du capitalisme amènent nécessairement à ce changement, tôt ou tard. Aujourd’hui, on voit un réveil des couches populaires qui se cherchent une représentation politique, et en même temps commencent à apparaître des fissures dans l’alliance entre les classes moyennes et la bourgeoisie…

      [« Il faut être des pédagogues : chaque idée qu’on aura réussi à faire passer, chaque collègue dont on aura ouvert les yeux, c’est une petite victoire de gagnée ». Je ne crois pas. Les “collègues” n’ont aucun pouvoir. Ce sont ceux qui tiennent le pouvoir qu’il faudrait convaincre, c’est-à-dire les classes moyennes.]

      Vous pouvez convaincre des individus, vous ne pouvez pas convaincre une « classe ». Une « classe » agit en fonction de ses intérêts. Mais les individus peuvent, quelquefois, aller contre leurs intérêts de classe. Et ces individus sont importants à l’heure de gagner l’hégémonie idéologique. Ce n’est pas seulement une question de « satisfaction personnelle »…

      [Les idées, peut-être. Mais certainement pas les intérêts de classe, le discours dominant… et le bulletin de vote à la fin parce que, quand il faut choisir entre les idéaux et les intérêts, les seconds l’emportent. Personne ne pourra empêcher les classes moyennes de voter en fonction de leur intérêt. Et comme elles ont les moyens de faire régner un véritable terrorisme intellectuel, elles tiennent le pays, par le chantage au fascisme.]

      Les classes moyennes ont le monopole sur les idées. Et c’est pourquoi chaque individu qu’on peut détacher de ses intérêts est une victoire. Si on veut voir apparaître un parti défendant les intérêts des classes populaires, il vous faudra des « experts » venus des « classes moyennes » pour les faire fonctionner.

      [« Le concept de République est trop grand pour tous ces gens, et c’est pourquoi ils s’en méfient et évitent de s’en servir ». Pardon, Taubira, Valls, Hollande ne cessent de nous parler de la République.]

      Ne confondez pas le mot et le concept. Hollande a beau finir ses discours par « vive la République, vive la France », mais c’est une formule rituelle. Personne n’y voit un véritable engagement. Taubira et Valls ont beau répéter le mot, personne ne voit chez eux des véritables républicains.

      [Chevènement est un vieillard sans héritier, Guaino passe pour un agité qui mène une vendetta contre la magistrature. Personne ne parierai un kopek sur ces gens-là…]

      Personne n’aurait parié un kopek sur un obscur colonel qui proposait la modernisation de l’armée française en 1938… il est difficile de prévoir d’où surgira « l’homme providentiel » capable de rassembler les énergies autour de son nom. Je comprends votre pessimisme, mais je pense qu’il est excessif : le futur est incertain et on ne sait jamais de quel côté ça va partir. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de fourbir nos armes, c’est de nous préparer et chercher à préparer d’autres pour pouvoir tirer le plus grand profit des opportunités qui pourraient se présenter. C’est dans ce sens que notre travail est un travail de pédagogue. Vous qui faites ce beau métier devriez le comprendre : chaque élève que vous sortez de l’ignorance ne change pas le monde, mais est une victoire personnelle, et c’est de ces victoires personnelles que le monde est fait.

      [Voulez-vous parier? A force de répéter des mensonges comme si c’étaient des évidences, les gens finissent par y croire… Et ça fait près de trente ans qu’on nous explique que la République, c’est la diversité, le respect des particularismes, des différences, etc. Croyez-vous qu’il ne restera rien de ce matraquage?]

      Je ne peux pas prévoir l’avenir. Mais je trouve que jusqu’ici le peuple français justifie largement la confiance que je place en lui… quand on parle aux gens d’un « ministre républicain », personne ne vous cite spontanément Taubira. Lorsque vous parlez d’un « parti républicain », personne ne pense spontanément au PS. « Républicain » est toujours pour les gens synonyme d’eurosceptique. Je ne crois pas que le matraquage dont vous parlez soit très efficace.

      [« Mais pourquoi « autoritaire et brutal » ? ». Je ne pense pas qu’on puisse nier que Napoléon fût autoritaire, et capable de brutalité…]

      On peut discuter du sens des mots. Par « autoritaire » je comprends un homme ou un régime qui n’accepte pas que ses idées soient discutées. Napoléon était certainement capable de faire preuve d’autorité. Mais était-il pour autant « autoritaire » ? Je ne le crois pas : c’était un homme qui consultait largement avant de prendre des décisions, et qui n’hésitait pas à déléguer une partie de son autorité aux hommes en qui il avait confiance. De même, si Napoléon pouvait être brutal lorsqu’il l’estimait indispensable, il ne faisait pas de la brutalité un mode souhaitable de gouvernement et on peut difficilement dire que son gouvernement ait été « brutal ».

      [« Malheureusement, les seuls projets dans ce sens surgissent du côté de l’extrême droite… ». (…) Depuis sa naissance à la fin du XIX° siècle, l’extrême droite française est anti-Etat, contestataire, à demi-anarchiste, un nid d’activistes. L’extrême droite aime faire le coup de poing, voire le coup de feu à l’occasion, mais ça s’arrête là. (…) Je pense que, sous l’impulsion de Marine le Pen peut-être influencée par Florian Philippot (dont à mon avis on exagère l’influence, mais on ne prête qu’aux riches), le FN est en train de quitter l’extrême droite pour devenir autre chose. D’ailleurs, l’extrême droite, la vraie, s’en prend très violemment à Marine le Pen. Ce n’est pas un hasard.]

      Je partage cette analyse, vous le savez bien. Lorsque je parlais de « extrême droite », je parlais dans le sens du spectre politique actuel tel qu’il est vu par nos concitoyens, et non au sens historique du terme. Le discours Le Pen/Philippot s’éloigne très notablement de la tradition politique de l’extrême droite française, notamment parce qu’il fait la synthèse entre la nation, l’Etat et la République, synthèse que l’extrême droite a toujours refusé au moins depuis la Révolution. Je crois que les analystes politiques « bienpensants » n’ont pas saisi l’ampleur de cette évolution : pour la première fois, dans le langage de l’extrême droite la République n’est plus « la gueuse ».

    • Ruben dit :

      @descartes
      [ Aujourd’hui, on voit un réveil des couches populaires qui se cherchent une représentation politique, et en même temps commencent à apparaître des fissures dans l’alliance entre les classes moyennes et la bourgeoisie…]
      J’aimerais bien que vous développiez, au moins sommairement, ce point, si ça ne vous en coûte. Surtout la dernière partie sur les fissures qui apparaissent. Je ne suis que de très loin l’actualité, et je n’ai pas la solidité intellectuelle de votre formation marxiste et des années que vous avez passées à réfléchir sur le cas des classes moyennes, je ne suis donc pas capable de suivre et comprendre pleinement cette évolution des alliances de classe, et votre éclairage ne pourrait m’être que bénéfique.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [En l’occurrence, je ne pense pas qu’elle ait dit une bêtise. D’abord, elle a soulevé une question que beaucoup de gens se posent.]

      Là n’est pas le problème : quand on est une femme publique – c’est bien le féminin de « homme public », non ? – on ne peut pas se permettre de dire n’importe quoi. Même si c’est la vraie vérité. Une société est fondée aussi sur des fictions et des non dits. Et un homme – ou une femme – qui veut exercer une fonction symbolique comme l’est la fonction politique se doit de les respecter. Ou alors de les violer à bon escient après mûre réflexion. Madame Michu peut se permettre de dire ce qui lui passe par la tête. Pas Madame Morano, du moins si elle veut faire de la politique.

      [Il est donc important, à mon avis, de ne pas la censurer, ne serait-ce que pour pouvoir y répondre.]

      A ma connaissance, personne n’a rien « censuré », et Morano a eu toute liberté pour dire ce qu’elle avait envie de dire. Mais avec la liberté vient aussi la responsabilité. On ne peut pas prétendre représenter les autres après leur avoir craché à la gueule. Elle a dit quelque chose que les gens de son parti n’avaient pas envie d’entendre dire. Elle doit assumer les conséquences.

      [D’autre part, cette question est à mon avis tout à fait pertinente.]

      Oui, dans une enceinte académique ou dans une émission de débat sur les questions de société, et encore, exprimée avec une grande prudence. Pas dans une tribune politique.

      [Voici des années, en effet, que le racisme est réprimé et combattu. Et pourtant, à entendre nos “dirigeants”, jamais les “discriminations” n’auraient été aussi fortes, de sorte qu’il faudrait plus que jamais lutter contre elles. Que faut-il en conclure ? Que les “français de souche” seraient d’indécrottables racistes ? Fort bien. Mais dans ce cas, il serait raciste de leur réserver un tel jugement. Les “non blancs” devraient donc, en toute logique, être eux aussi d’indécrottables racistes.]

      Vous savez bien que je partage cette analyse. L’antiracisme est une cause fort noble aussi longtemps qu’il défend l’indifférence à l’appartenance ethnique, de la même manière que la laïcité défend l’indifférence à l’appartenance religieuse. Mais lorsque l’antiracisme devient une bannière de ralliement communautaire, une défense des « minorités », il trahit la noblesse de ses origines pour devenir une simple manipulation politique. C’est pourquoi je pense que la logique de la « discrimination positive » n’est qu’un racisme inversé. Plus que d’essayer à rendre la société indifférente à la question ethnique, cette vision finit par « ethniciser » tous les rapports en construisant une écologie de la discrimination ou chaque groupe minoritaire cherche à défendre sa légitimité dans une compétition victimaire. Avec le risque que le groupe majoritaire finisse par réagir violemment…

      [Voici donc en quoi, selon moi, la question de Morano n’était pas du tout stupide. Elle revient à se demander, au fond, s’il est possible de faire disparaître le racisme et les “discriminations”.]

      La question n’avait rien de « stupide », c’est Morano qui est stupide de l’avoir posée dans son contexte…

    • Descartes dit :

      @ Ruben

      [J’aimerais bien que vous développiez, au moins sommairement, ce point, si ça ne vous en coûte. Surtout la dernière partie sur les fissures qui apparaissent.]

      Pour ce qui concerne les couches populaires, je pense que le réveil est assez évident. Après des années d’un retrait de la scène politique, d’un vote honteux pour des organisations politiques qui les trahissaient systématiquement manipulé avec des menaces du genre « au secours la droite revient », on voit un changement. Non seulement on n’hésite plus à sanctionner une « gauche » qui a trahi ses promesses, mais on vote « populiste », et on assume d’une façon qui paraissait impossible il y a dix ans. Les partis dits « de gouvernement » voient de plus en plus leur échapper les régions les plus « populaires » – et ce n’est pas un hasard si c’est le Nord-Picardie qui concentre tous les regards.

      Pour ce qui concerne les « classes moyennes », c’est plus complexe. On pourrait penser aux paroles prophétiques de Marx dans le « Manifeste » : « La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités considérées jusqu’alors, avec un saint respect, comme vénérables. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, l’homme de science, elle en a fait des salariés à ses gages ». Les « classes moyennes » tirent leur pouvoir de négociation de leur « capital immatériel ». Mais ce capital immatériel n’a de valeur qu’aussi longtemps qu’il est rare. Or, la mondialisation a tendance à banaliser la connaissance. De la même manière que naguère le patronat a fait venir des ouvriers du « bled » pour pousser à la baisse les salaires dans l’industrie, on fait aujourd’hui venir des médecins d’Afrique ou d’Europe orientale pour prendre les postes que les médecins français ne prendraient pas à rémunération égale. La venue des réfugiés syriens, souvent membres d’une « classe moyenne » bien formée – comme quoi finalement l’éducation sous le régime d’Assad n’était pas si mauvaise que ça – va mettre cette question durement en évidence, particulièrement en Allemagne. Si le médécin, l’avocat, l’ingénieur, le scientifique étaient hier des denrées rares, aujourd’hui les universités – et pas seulement en France – en crachent par milliers. A terme, cela ne peut que provoquer un phénomène de déclassement.

      Aussi longtemps que la bourgeoisie avait besoin du cadre national, elle a été disposée à aider les « classes moyennes » à maintenir leur situation. Mais avec la « globalisation » de l’économie, on peut douter de la solidité de ses dispositions. Bien sur, une multinationale comme Total a toujours besoin du soutien de l’Etat français, et a donc un intérêt à la stabilité politique du pays. Mais pour les multinationales qui n’opèrent pas dans des domaines stratégiques, on peut se le demander. Après tout, une multinationale comme Renault a-t-elle vraiment un intérêt quelconque à la stabilité politique et sociale de la France ? De plus en plus, il semblerait que non.

      Les « classes moyennes » se rendent d’ailleurs parfaitement compte de leur fragilité. On peut le voir dans leur acharnement à donner à leurs rejetons une « éducation internationale » qui les prépare à une carrière détachée des contingences du cadre national. Seulement, à ce jeu là seule une petite frange des « classes moyennes », celle qui détient un « capital immatériel » négociable sur le marché international, tirera son épingle du jeu. En d’autres termes, le « haut du panier ». Le reste risque très fort le déclassement à terme… la question reste de savoir à quel terme. Pas tout de suite à mon avis, peut-être dans une génération. Mais en attendant, on voit une partie des « classes moyennes » qui étaient décidément européistes il n’y a pas si longtemps revenir à une revendication « nationale » (certains diront « nationaliste ») contre une mondialisation qui a terme pourrait remettre en cause leur position…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [je crois que le célèbre texte de Régis Debray, écrit en 1989 pour le bi-centenaire de la Révolution, a gardé toute sa pertinence: (…) J’imagine qu’il est un rappel pour vous deux…]

      Oui, mais un rappel qui mérite d’être fait. C’est un texte magnifique d’intelligence, et qui en un quart de siècle n’a pas pris une ride.

      J’ai extrait quelques paragraphes qui me paraissent essentiels :

      « Tout gouvernement, pour borné que soit son horizon, repose sur une idée de l’homme. Même s’il ne le sait pas, le gouvernement républicain définit l’homme comme un animal par essence raisonnable, né pour bien juger et délibérer de concert avec ses congénères. Libre est celui qui accède à la possession de soi, dans l’accord de l’acte et de la parole. Le gouvernement démocratique tient que l’homme est un animal par essence productif, né pour fabriquer et échanger. Libre est celui qui possède des biens —entrepreneur ou propriétaire. Ici donc, la politique aura le pas sur l’économie ; et là, l’économie gouvernera la politique. Les meilleurs en république vont au prétoire et au forum ; les meilleurs en démocratie font des affaires. Le prestige que donne ici le service du bien commun, ou la fonction publique, c’est la réussite privée qui l’assure là ».

      (…)

      « Le président à Paris prête serment sur la Constitution votée par ceux d’en bas, et à Washington sur la Bible, qui émane du Trés-Haut. Le premier, après son « Vive la République ! Vive la France ! » terminal, ira se faire encadrer dans sa bibliothèque avec les « Essais » de Montaigne dans les mains. L’autre terminera son discours sur « God Bless America » — et se fera photographier sur fond de bannière étoilée. En république la liberté est une conquête de la raison. La difficulté est que si on n’apprend pas à croire, il faut apprendre à raisonner. « C’est dans le gouvernement républicain, disait Montesquieu, qu’on a besoin de toute la puissance de l’éducation ». Une république d’illettrés est un cercle carré, parce qu’un ignorant ne peut être libre, participer à la rédaction ou prendre connaissance des lois. Une démocratie où la moitié de la population serait analphabète n’est nullement impensable ».

      (…)

      « La république, dans l’enfant, cherche l’homme et ne s’adresse en lui qu’à ce qui doit grandir, au risque de le brimer. La démocratie flatte l’enfant dans l’homme, craignant de l’ennuyer si elle le traite en adulte. Nul enfant n’est comme tel adorable, dit le républicain, qui veut que l’élève s’élève. Tous les hommes sont aimables parce que ce sont au fond de grands enfants, dit le démocrate. Cela peut se dire plus crûment : la république n’aime pas les enfants. La démocratie ne respecte pas les adultes.
      En république, la société doit ressembler à l’école, dont la mission première est de former des citoyens aptes à juger de tout par leur seule lumière naturelle. En démocratie, c’est l’école qui doit ressembler à la société, sa mission première étant de former des producteurs adaptés au marché de l’emploi. On réclamera en ce cas une école « ouverte sur la vie », ou encore une « éducation à la carte ». En république, l’école peut être qu’un lieu fermé, clos derrière des murs et des règlements propres, sans quoi elle perdrait son indépendance (synonyme de laïcité) à l’égard des forces sociales, politiques, économiques ou religieuses qui la tirent à hue et à dia. Car ce n’est pas la même école, qui se destine l’une à libérer l’homme de son milieu et l’autre à mieux l’y insérer. Et tandis que l’école républicaine sera réputée produire des chômeurs éclairés, on verra dans l’école démocratique une pépinière d’imbéciles compétitifs. Ainsi va la méchanceté, par tirs croisés.
      La république aime l’école (et l’honore) ; la démocratie la redoute (et la néglige). Mais ce que les deux aiment et redoutent le plus c’est encore la philosophie à l’école. Il n’est pas de moyen plus sûr pour distinguer une république d’une démocratie que d’observer si la philosophie s’enseigne ou non au lycée, avant l’entrée à l’université. On verra que dans la partie la plus démocratique de l’Europe, celle du Nord, de souche protestante, c’est l’enseignement religieux qui en tient lieu dans les classes terminales. Les systèmes d’enseignement démocratiques tiennent la philosophie pour un supplément d’âme facultatif, à se partager entre pasteurs et poètes. En république, la philosophie est une matière obligatoire, qui n’a pas pour fin d’exposer des doctrines mais de faire naître des problèmes. C’est l’école et notamment le cours de philosophie qui, en république, relie d’un lien organique les intellectuels au peuple, quelle que soit l’origine sociale des élèves ».

      (…)

      « Le maître mot en démocratie sera donc communication. Et en république, institution. Il n’est pas étonnant que dans le vocabulaire républicain, instituteur ou institutrice soit un terme noble, comme la fonction, alors qu’il tend à faire honte en démocratie. Du rectangle sacré — tableau noir ou petit écran — dérivent deux types de nomenklatura. Chaque régime sa noblesse. Celle de la vie et celle du diplôme. Le journaliste, le publicitaire, le chanteur, l’acteur, l’homme d’affaires composent le Gotha d’une démocratie. Le professeur, le tribun, l’écrivain, le savant, et même, paradoxe apparent, l’officier, composent celui d’une république ».

      Si vous avez le temps, lisez le texte complet ça vaut la peine!

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [“Là n’est pas le problème : quand on est une femme publique – c’est bien le féminin de « homme public », non ? – on ne peut pas se permettre de dire n’importe quoi. Même si c’est la vraie vérité. Une société est fondée aussi sur des fictions et des non dits.”]

      Tout à fait. C’est d’ailleurs exactement ce que j’expliquerais à votre “grand maître” de la transgression, qui passe son temps à braquer des pans entiers de la société française – et pas seulement ses “classes moyennes” gauchistes – et qui vient chouiner après qu’on le détesterait en fait à cause de ses origines étrangères. Qu’il cesse, par exemple, de se donner en spectacle moyennant rémunération devant des banquiers étrangers, ce qui se conçoit sans doute dans son véritable pays, les États-Unis, mais pas dans celui de Bonaparte et du Général De Gaulle. 

      [“A ma connaissance, personne n’a rien « censuré », et Morano a eu toute liberté pour dire ce qu’elle avait envie de dire. Mais avec la liberté vient aussi la responsabilité. On ne peut pas prétendre représenter les autres après leur avoir craché à la gueule. Elle a dit quelque chose que les gens de son parti n’avaient pas envie d’entendre dire. Elle doit assumer les conséquences. “]

      Les gens de son parti ? Je ne crois pas. Elle a surtout dit quelque chose que les centristes et les socialistes ne voulaient pas entendre. Elle mettait en danger la tactique actuelle de Sarkozy, qui est celle du “Front Républicain” contre le FN. Je dirai qu’elle a manqué de réactivité dans cette affaire. Elle n’a pas vu que la girouette Sarkozy indiquait désormais le sud.

      [“Vous savez bien que je partage cette analyse. L’antiracisme est une cause fort noble aussi longtemps qu’il défend l’indifférence à l’appartenance ethnique, de la même manière que la laïcité défend l’indifférence à l’appartenance religieuse. Mais lorsque l’antiracisme devient une bannière de ralliement communautaire, une défense des « minorités », il trahit la noblesse de ses origines pour devenir une simple manipulation politique. C’est pourquoi je pense que la logique de la « discrimination positive » n’est qu’un racisme inversé. Plus que d’essayer à rendre la société indifférente à la question ethnique, cette vision finit par « ethniciser » tous les rapports en construisant une écologie de la discrimination ou chaque groupe minoritaire cherche à défendre sa légitimité dans une compétition victimaire. Avec le risque que le groupe majoritaire finisse par réagir violemment…”]

      Entièrement d’accord.

    • @ dsk,

      “Personnellement, je suis monarchiste. Si nous avions un roi, Sarkozy serait aujourd’hui vendeur de cravates dans le métro, et certainement pas le président de “Les Républicains” “

      A mon avis, vous vous faites des illusions. Si nous avions un roi, Sarkozy serait à la place de Cameron, ni plus ni moins, c’est-à-dire Iznogoud sous un calife impuissant, au lieu d’être lui-même calife. Les monarchies, il faut les regarder: Royaume-Uni, Espagne, Belgique connaissent des crises identitaires et des tentations sécessionnistes (et deux d’entre elles sont de vieilles et illustres monarchies). Très franchement, je ne crois pas que la monarchie changerait grand-chose. A moins bien sûr que vous vouliez rétablir la monarchie absolue et la société d’ordres. Je suis très réactionnaire, je l’admets, mais pas à ce point…

      @ Descartes,

      “En 1940, elle n’était en rien « simple ».”

      Je suis bien sûr parfaitement d’accord avec vous. En 1940, la confusion régnait, c’est vrai. Pétain pouvait paraître légitime en homme providentiel auréolé de ses états de service pendant la Grande Guerre (d’ailleurs, on a aussi fait appel à de Gaulle en 58 à cause de ses états de service passés, entre nous soit dit). Mais, le temps passant, comme vous le rappelez, l’occupation allemande, sa brutalité, ses réquisitions devenaient difficiles à ne pas voir. A partir de là, il n’y avait que trois possibilités: résister activement, collaborer ou… attendre, en espérant des jours meilleurs. Pour ceux qui choisissaient la résistance (gaullistes, communistes), l’ennemi était identifiable: l’Allemand, le milicien, le membre du PPF de Doriot ou du RNP de Déat. Ces gens-là ne se cachaient pas, ils portaient souvent des uniformes, leurs chefs étaient connus.

      Aujourd’hui, je peux difficilement identifier mon ennemi. Surtout, je ne peux véritablement le combattre, car il n’est pas appuyé par une armée étrangère, et en plus il a gagné les élections légalement et loyalement. Par conséquent, le traître, c’est moi, dans l’affaire, puisque j’ai cessé d’avoir le moindre respect pour mes dirigeants, et c’est particulièrement grave parce que je suis un fonctionnaire d’Etat. Je sers une structure dirigée par des incapables que je méprise, et dans lesquels je n’ai aucune confiance.

      “l’Histoire a montré que lorsque la société est mûre pour un changement,”

      Alors la société n’est pas mure. Mais mon analyse est que l’emprise idéologique des classes moyennes est telle que la société ne sera pas prête de sitôt. D’autant que les classes moyennes n’hésitent pas à criminaliser les opinions qui lui déplaisent. Je n’oublie pas que Zemmour a été condamné pour avoir déclaré: “la majorité des trafiquants sont des noirs et des Arabes”. En France, au pays des Lumières, on a condamné un homme qui a énoncé une réalité statistique… Je ne me considère pas libre dans ce pays, nous vivons à l’heure du terrorisme intellectuel. C’est une forme de dictature douce qui se met en place.

      “Taubira et Valls ont beau répéter le mot, personne ne voit chez eux des véritables républicains.”

      Personne? Je vous trouve très, très optimiste… Je vous rappelle que ces gens-là, pour quelques millions de Français, sont le rempart de la République contre le fascisme. Demandez donc à v2s…

      “quand on parle aux gens d’un « ministre républicain », personne ne vous cite spontanément Taubira. Lorsque vous parlez d’un « parti républicain », personne ne pense spontanément au PS. « Républicain » est toujours pour les gens synonyme d’eurosceptique. Je ne crois pas que le matraquage dont vous parlez soit très efficace.”

      Il est clair que nous ne parlons pas aux mêmes gens… Il y a des personnes qui ne fréquentent que des gens de leur avis (ce qui n’est pas un avantage comme vous le rappelez parfois, car on finit par croire que tout le monde pense comme soi). Je n’ai pas ce problème: je ne côtoie quasiment que des gens qui ont des références idéologiques aux antipodes des miennes. J’ignore si ces gens sont majoritaires, mais je puis affirmer qu’ils disposent d’une influence énorme, au moins dans l’Education nationale.

      La République a, vous l’avez rappelé, fait une belle synthèse des différents apports (monarchique, révolutionnaire, napoléonien) de notre histoire. Seulement, le modèle s’essouffle. Ce modèle est le produit d’une époque. Il semblerait que les rapports entre états, entre populations, que l’idée même que les Occidentaux se font d’eux et de leur place dans le monde ont beaucoup changé. Nous en avons déjà parlé, mais le modèle républicain s’inscrit dans la continuité de l’hégémonie en Europe conquise par Louis XIV et Napoléon et d’un impérialisme colonial né dès le XVII° siècle. Or l’Europe est aujourd’hui sous suzeraineté américaine, les colonies sont perdues, et une immigration qui n’a guère d’équivalents que les millions d’Européens partis aux Amériques durant les XIX° et XX° siècles est en train de provoquer une mutation profonde de la composition ethnique et culturelle de la France (et d’autres pays d’Europe). Je pense qu’il est temps de repenser la nation à l’aune de ses défis, avant que la France ne ressemble au Liban… Et, pour le moment, la République ne me semble pas apporter des réponses satisfaisantes, tout simplement parce que la République n’a jamais eu à traiter la question de la diversité au coeur de son territoire, en métropole. Elle l’a traitée dans les colonies, et pas toujours si bien que ça, oscillant entre assimilationnisme et respect des particularismes. Cela reste de mon point de vue le gros problème de la République: son universalisme conduit parfois à nier les spécificités ethniques et culturelles de l’identité française. Du temps où la France était sure de sa civilisation, ce n’était pas si grave, mais aujourd’hui ça devient un problème.

      Les Français du XIX° et du début du XX° siècles ont pu s’unir autour de la défense de cette civilisation mais aussi de la défense concrète du territoire français en 1870, en 1914, en 1940. A présent qu’il n’y a plus en Europe ni guerre ni frontière, quelles raisons les Français auraient-ils de rester unis? Mon compatriote d’origine marocaine, musulman pratiquant dont la femme se voile, a plus en commun avec ses cousins qui vivent de la même façon en Belgique ou aux Pays-Bas qu’avec moi. De mon côté, ne suis-je pas plus proche d’un Belge ou d’un Italien de souche que d’un Français salafiste ou militant de la cause noire? Les identités sont en train de se brouiller. La mondialisation crée d’énormes diasporas qui disposent des moyens pour conserver leur identité propre. On me parle sans cesse des musulmans, des noirs, etc. On ethnicise la société. Je suis bien obligé de conclure que moi aussi j’appartiens à une communauté, celle des blancs, francophones, de tradition catholique. Mais la République est en train d’oublier ce qu’elle doit à cette communauté.

    • Descartes dit :

      @dsk

      [Tout à fait. C’est d’ailleurs exactement ce que j’expliquerais à votre “grand maître” de la transgression, qui passe son temps à braquer des pans entiers de la société française – et pas seulement ses “classes moyennes” gauchistes – et qui vient chouiner après qu’on le détesterait en fait à cause de ses origines étrangères.]

      C’est le sort de tous ceux qui sont dans la transgression, non ?

      [Elle a dit quelque chose que les gens de son parti n’avaient pas envie d’entendre dire. Elle doit assumer les conséquences. “][Les gens de son parti ? Je ne crois pas. Elle a surtout dit quelque chose que les centristes et les socialistes ne voulaient pas entendre.]

      Et donc les membres de son parti, qui n’ont pas envie de heurter l’électorat centriste dont ils ont besoin pour gagner en 2017…

    • Descartes dit :

      @ nationalistejacobin

      [Aujourd’hui, je peux difficilement identifier mon ennemi.]

      Comme je vous l’ai dit plus haut, l’identification de l’ennemi ne paraît simple qu’avec l’effet de perspective historique. Pour ceux qui vivent l’événement au présent, c’est toujours très difficile. Comme le disait un maréchal de Napoléon, « en temps troublés, la difficulté n’est pas de faire son devoir, mais de le connaître ».

      [Surtout, je ne peux véritablement le combattre, car il n’est pas appuyé par une armée étrangère, et en plus il a gagné les élections légalement et loyalement.]

      Beaucoup de résistants de la première heure se sont posés la même question par rapport à Pétain, investi « légalement » par l’Assemblée nationale à Bordeaux. Je ne dis pas que ce soit facile. Mais chaque situation présente ses difficultés et ses modes de combat. Aujourd’hui, le cadre démocratique rend le combat plus difficile mais, vous me l’accorderez, moins risqué. Les arme ne sont pas les fusils ou les mitraillettes, mais l’activité politique légale.

      [Par conséquent, le traître, c’est moi, dans l’affaire, puisque j’ai cessé d’avoir le moindre respect pour mes dirigeants, et c’est particulièrement grave parce que je suis un fonctionnaire d’Etat. Je sers une structure dirigée par des incapables que je méprise, et dans lesquels je n’ai aucune confiance.]

      Etant moi-même agent public, je sais ce que vous ressentez. Mais en tant que fonctionnaires nous ne servons pas des personnes. Nous servons l’Etat. Nous sommes tenus d’obéir notre hiérarchie, nous ne sommes pas tenus de la respecter. Et je dois dire que je suis étonné chaque jour par l’esprit « républicain » de mes collègues qui, contre vents et marées, cherchent à servir les français malgré les ordres et contre-ordres qui pleuvent dans le plus grand désordre aujourd’hui…

      [« l’Histoire a montré que lorsque la société est mûre pour un changement, » Alors la société n’est pas mure.]

      Bien entendu. Mais si nous ne faisons pas quelque chose pour l’aider a mûrir, qui le fera ?

      [Mais mon analyse est que l’emprise idéologique des classes moyennes est telle que la société ne sera pas prête de sitôt. D’autant que les classes moyennes n’hésitent pas à criminaliser les opinions qui lui déplaisent. Je n’oublie pas que Zemmour a été condamné pour avoir déclaré: “la majorité des trafiquants sont des noirs et des Arabes”. En France, au pays des Lumières, on a condamné un homme qui a énoncé une réalité statistique… Je ne me considère pas libre dans ce pays, nous vivons à l’heure du terrorisme intellectuel. C’est une forme de dictature douce qui se met en place.]

      Oui, mais n’oubliez pas que ce genre de répression est en général un signe de faiblesse, et non de force. Les classes moyennes ont peur, parce qu’elles savent que leur règne est fragile, que leur situation privilégiée est éminemment précaire. Encore une fois, si nous – et quand je dis « nous » je parle de ceux qui pensent en dehors de cette bienpensance étouffante – capitulons, il ne restera plus personne pour contester le monopole des classes moyennes. Souvenez-vous de la fin de « Fahrenheit 451 »…

      [« Taubira et Valls ont beau répéter le mot, personne ne voit chez eux des véritables républicains. » Personne? Je vous trouve très, très optimiste… Je vous rappelle que ces gens-là, pour quelques millions de Français, sont le rempart de la République contre le fascisme.]

      C’est peut-être pour cela qu’une majorité de français n’a plus peur de voir le FN acccèder à des positions de pouvoir. Comme « remparts », ils ne semblent pas très crédibles. Et ils ne le sont pas parce que les français on cessé de voir en eux des véritables défenseurs de la République.

      [Il est clair que nous ne parlons pas aux mêmes gens… Il y a des personnes qui ne fréquentent que des gens de leur avis (ce qui n’est pas un avantage comme vous le rappelez parfois, car on finit par croire que tout le monde pense comme soi). Je n’ai pas ce problème: je ne côtoie quasiment que des gens qui ont des références idéologiques aux antipodes des miennes. J’ignore si ces gens sont majoritaires, mais je puis affirmer qu’ils disposent d’une influence énorme, au moins dans l’Education nationale.]

      Je peux imaginer, à partir de ce que je connais du milieu enseignant. Mais je fréquente tous les jours dans mon métier des gens très différents, qui vont de l’ouvrier au haut-fonctionnaire. Et je suis moi-même étonné des changements de cette dernière année, et notamment de l’après 7 janvier. Il y a une « demande de République » que je n’avais pas perçu, ou du moins pas avec une telle force, avant. Les gens sont fatigués de cette fausse liberté qui n’est en fait le faux nez du désordre et du chacun pour soi. Pour le moment, on n’a toujours pas un parti, un homme qui réponde à cette demande (à mon sens, le FN essaye mais c’est une réponse bien imparfaite, du moins pour le moment). Mais le fait que la demande existe et qu’elle se manifeste est quelque chose de nouveau et d’encourageant.

      [Les Français du XIX° et du début du XX° siècles ont pu s’unir autour de la défense de cette civilisation mais aussi de la défense concrète du territoire français en 1870, en 1914, en 1940. A présent qu’il n’y a plus en Europe ni guerre ni frontière, quelles raisons les Français auraient-ils de rester unis?]

      Je pense que la longue période de « bisounoursisme » se termine. On redécouvre que l’histoire est par essence tragique, et qu’elle est toujours là, n’en déplaise à Francis Fukuyama. Les gens redécouvrent le fait que sans un Etat pour les protéger, non seulement des menaces extérieures, mais aussi les uns des autres, le monde devient plus sombre, plus menaçant, moins vivable…

      [Mon compatriote d’origine marocaine, musulman pratiquant dont la femme se voile, a plus en commun avec ses cousins qui vivent de la même façon en Belgique ou aux Pays-Bas qu’avec moi. De mon côté, ne suis-je pas plus proche d’un Belge ou d’un Italien de souche que d’un Français salafiste ou militant de la cause noire? Les identités sont en train de se brouiller. La mondialisation crée d’énormes diasporas qui disposent des moyens pour conserver leur identité propre. On me parle sans cesse des musulmans, des noirs, etc. On ethnicise la société. Je suis bien obligé de conclure que moi aussi j’appartiens à une communauté, celle des blancs, francophones, de tradition catholique. Mais la République est en train d’oublier ce qu’elle doit à cette communauté.]

      Si nous cédons à la tentation de nous « communautariser » nous-mêmes, c’est la fin. Aujourd’hui, dire « non » c’est précisément refuser cette idée. C’est peut-être un combat perdu, mais si nous n’essayons pas, nous ne le sauront jamais.

    • dsk dit :

      @ nationalistejacobin

      [“A mon avis, vous vous faites des illusions. Si nous avions un roi, Sarkozy serait à la place de Cameron, ni plus ni moins, c’est-à-dire Iznogoud sous un calife impuissant, au lieu d’être lui-même calife.”]

      Cameron n’est vraiment pas le bon exemple pour me dissuader de mes penchants monarchistes. Je vous rappelle que grâce à lui, les Anglais seront peut-être bientôt sortis de l’UE.

      [“Très franchement, je ne crois pas que la monarchie changerait grand-chose. A moins bien sûr que vous vouliez rétablir la monarchie absolue et la société d’ordres. Je suis très réactionnaire, je l’admets, mais pas à ce point… “]

      Une monarchie absolue, peut-être pas. Sous un tel régime, Sarkozy, par exemple, serait probablement, à l’heure actuelle, en train de croupir dans une “fillette” spécialement fabriquée à ses mensurations de nain, logée au fond d’un cachot humide, répugnant et parcouru de rats, d’où il n’entendrait que les horribles gémissements de son compère Bernard-Henri Lévy, en attendant d’être “questionné” à son tour. Tout cela, bien entendu, je le regretterais infiniment. Non, ce que j’appellerais plutôt de mes vœux, c’est une monarchie où le Roi ait réellement le pouvoir, tout en s’assurant de l’appui du Peuple. Formule difficile à trouver, j’en conviens, mais surtout, question largement théorique. En pratique, comme vous le savez, je soutiens le FN, qui me paraît tout de même, sous certains aspects, se rapprocher de ce modèle.

    • BolchoKek dit :

      @dsk

      >Non, ce que j’appellerais plutôt de mes vœux, c’est une monarchie où le Roi ait réellement le pouvoir, tout en s’assurant de l’appui du Peuple.<
      Oui, on pourrait imaginer un système dans lequel le roi serait élu tous les cinq ans et responsable devant le peuple uniquement, déciderait de la politique à mener par le gouvernement et aurait traditionnellement des domaines privilégiés symboliques, comme les affaires étrangères 😉

    • dsk dit :

      @ Bolchokek

      [“Oui, on pourrait imaginer un système dans lequel le roi serait élu tous les cinq ans et responsable devant le peuple uniquement, déciderait de la politique à mener par le gouvernement et aurait traditionnellement des domaines privilégiés symboliques, comme les affaires étrangères ;)”]

      Vous avez tout compris. Je crois que De Gaulle, effectivement, était un monarchiste intelligent et moderne, qui a voulu mettre en place une formule originale permettant de marier république et monarchie. Mais force est de constater que la Ve république n’était pas, en elle-même, suffisante pour garantir un tel alliage au delà de son règne. Sans doute faudrait-il quelque chose de plus profond qu’une simple constitution. Personnellement, je pense qu’il faudrait aller jusqu’à rétablir une monarchie héréditaire, car cela aurait pour avantage de placer le pouvoir suprême hors d’atteinte des intérêts particuliers, autrement dit, en pratique, de ceux des fameuses “classes moyennes” chères à notre hôte.

    • @ dsk,

      Je n’ai pas comparé Sarkozy à Cameron en tant qu’homme politique. J’ai juste dit que dans une monarchie, Sarkozy gagnerait les élections tout pareil, et serait Premier ministre, c’est tout.

      “Je vous rappelle que grâce à lui, les Anglais seront peut-être bientôt sortis de l’UE.”

      Peut-être. Mais, comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois… Attendons.

      @ Bolchokek,

      Bien vu.

    • Descartes dit :

      @dsk

      [Personnellement, je pense qu’il faudrait aller jusqu’à rétablir une monarchie héréditaire, car cela aurait pour avantage de placer le pouvoir suprême hors d’atteinte des intérêts particuliers, autrement dit, en pratique, de ceux des fameuses “classes moyennes” chères à notre hôte.]

      Mais comment évitez-vous que cette monarchie héréditaire devienne elle-même dominée par les “classes moyennes”. Regardez les monarchies constitutionnelles qui nous entourent… Je crains que votre idéal aille même beaucoup plus loin que la simple “monarchie héréditaire”. Vous voulez une monarchie héréditaire dont le monarque soit “habité” par son rôle. Et ça, aucun système de sélection, que ce soit l’élection ou l’hérédité, ne vous le garantit, malheureusement…

    • dsk dit :

      @ nationalistejacobin

      [“Je n’ai pas comparé Sarkozy à Cameron en tant qu’homme politique. J’ai juste dit que dans une monarchie, Sarkozy gagnerait les élections tout pareil, et serait Premier ministre, c’est tout.”]

      Oui. C’est que j’ai opéré un raccourci. Vous m’avez dit que Sarkozy serait à la place de Cameron. Or, ce que je constate, c’est que les Anglais ont justement Cameron, là où nous avons Hollande et Sarkozy. Et ceci a peut-être quelque chose à voir avec le fait qu’ils ont conservé leur monarchie.

      [“Peut-être. Mais, comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois… Attendons.”]

      Quelle que soit l’issue, Cameron nous rend d’ores et déjà un immense service, car il montre que le programme du FN, n’en déplaise à ce juriste du dimanche qu’est Asselineau, est parfaitement crédible : il est tout à fait possible de négocier un changement des traités, en attendant un référendum sur la sortie de l’UE, ainsi que le propose depuis longtemps le FN.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Quelle que soit l’issue, Cameron nous rend d’ores et déjà un immense service, car il montre que le programme du FN, n’en déplaise à ce juriste du dimanche qu’est Asselineau, est parfaitement crédible : il est tout à fait possible de négocier un changement des traités, en attendant un référendum sur la sortie de l’UE, ainsi que le propose depuis longtemps le FN.]

      Oui. Mais cela ne peut marcher que si la menace de sortie de l’UE est crédible. Elle l’est dans le cas britannique parce que les autorités de Bruxelles savent parfaitement que le sentiment souverainiste est très fort en Grande Bretagne, et que le gouvernement anglais ne pourra pas y résister s’il n’obtient pas quelques billes. Lorsque Mélenchon menace de « désobéir », lorsque Hollande menace de “rénégocier le TSCG”, lorsque Tsipras menace d’une rupture, la menace n’est pas crédible parce que Bruxelles sait parfaitement que jamais Mélenchon ou Hollande ne mettront à référendum une sortie de l’UE.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [“Je crains que votre idéal aille même beaucoup plus loin que la simple “monarchie héréditaire”. Vous voulez une monarchie héréditaire dont le monarque soit “habité” par son rôle.”]

      Remarque très juste. Il est vrai que je suis à la recherche d’un monarque “habité”. Et peut-être est-ce même là, au fond, la raison principale de ma détestation de Sarkozy : son refus manifeste d’être habité par son rôle de monarque à la française, rassembleur du Peuple, au delà des partis. N’était-ce pas, du reste, ce qu’il exprimait, lorsqu’il disait à qui voulait l’entendre qu’il comptait se lancer dans les affaires une fois son mandat terminé ? Autrement dit : je ne “suis” pas un monarque, je ne m’identifie pas à ce rôle. Sarkozy n’était qu’un (mauvais) premier ministre, si bien qu’entre 2007 et 2012, la France n’avait plus de Roi.

      [“Et ça, aucun système de sélection, que ce soit l’élection ou l’hérédité, ne vous le garantit, malheureusement…”]

      Tout de même. Le fait d’être né roi dans une famille de rois, cela aide à “être” le Roi. La difficulté, c’est que l’élection, en revanche, est censée traduire l’appui du Peuple, même s’il y aurait beaucoup à redire sur ce point : le Peuple a-t-il vraiment manifesté son appui à Hollande en l’élisant ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Remarque très juste. Il est vrai que je suis à la recherche d’un monarque “habité”. Et peut-être est-ce même là, au fond, la raison principale de ma détestation de Sarkozy : son refus manifeste d’être habité par son rôle de monarque à la française, rassembleur du Peuple, au delà des partis.]

      De ce point de vue, Sarkozy était très ambigu. D’un côté, il n’était de toute évidence pas « habité » par son rôle. De l’autre, il était pleinement conscient de cette faiblesse et faisait des efforts notables – même si souvent ils étaient infructueux – pour la dépasser. Ainsi, par exemple, il avait le souci de se faire écrire de beaux discours, souci que Hollande, par exemple, n’a pas.

      [Tout de même. Le fait d’être né roi dans une famille de rois, cela aide à “être” le Roi.]

      Je n’en suis pas persuadé. L’histoire – et l’actualité – sont remplies de rois qui ont failli à leur mandat. Pensez au roi d’Espagne et sa chasse à l’éléphant. Tout le monde n’est pas Elizabeth II. Je ne crois pas que le fait d’être « né roi dans une famille de rois » aide plus à habiter son personnage que le « cursus honorum » d’un président élu au suffrage universel.

      [La difficulté, c’est que l’élection, en revanche, est censée traduire l’appui du Peuple, même s’il y aurait beaucoup à redire sur ce point : le Peuple a-t-il vraiment manifesté son appui à Hollande en l’élisant ?]

      Son appui, non. Sa préférence, oui. Mais je suis d’accord avec vous, la logique des « primaires » combinée à l’alternance est le dernier clou dans le cercueil de la Vème République.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [“De ce point de vue, Sarkozy était très ambigu. D’un côté, il n’était de toute évidence pas « habité » par son rôle.”]

      C’est bien pire que cela. Il a carrément refusé son rôle de monarque. Souvenez-vous de ses déclarations au sujet de ses prédécesseurs, qu’il avait traité de “rois fainéants”. Et aujourd’hui, n’a-t-il pas justement tenu à appeler son parti “Les Républicains” ? Personnellement, je suis convaincu que si Sarkozy se montre si viscéralement hostile à la monarchie, c’est que sa véritable patrie, son pays de cœur, les États-Unis, sont précisément, au sens de Tocqueville, “le” pays de la démocratie.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [C’est bien pire que cela. Il a carrément refusé son rôle de monarque.]

      C’est vrai au début. Je ne crois pas que ce soit aussi vrai à partir de la deuxième année de son mandat. Il appartient comme Hollande à cette génération qui croit que le meilleur gouvernant doit être un « homme normal », proche du peuple et refusant la pompe et l’apparat de la fonction. Ou du moins, qui croit que c’est ce que les électeurs veulent. Mais contrairement à Hollande, Sarkozy a fait l’effort d’assumer le rôle, par exemple en faisant écrire des discours qui sortaient de l’ordinaire…

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [“Il appartient comme Hollande à cette génération qui croit que le meilleur gouvernant doit être un « homme normal », proche du peuple et refusant la pompe et l’apparat de la fonction. Ou du moins, qui croit que c’est ce que les électeurs veulent.”]

      Vous voulez dire, ce côté “proche des gens” qui sourit en permanence, et qui, en pratique, se préoccupe surtout de la “COP21”, évènement mondain dont le Peuple se fout éperdument, et qui se goberge à nos frais dans un trois étoiles avec Ségolène et son “pote” Barack, tandis que nous autres, les “sans dents”, faisons la queue aux restaus du cœur ?

      [“Mais contrairement à Hollande, Sarkozy a fait l’effort d’assumer le rôle, par exemple en faisant écrire des discours qui sortaient de l’ordinaire…”]

      Je ne sais pas. A la décharge de Sarkozy, il faut reconnaître qu’il y a, dans la Ve République, à mon sens, une “malfaçon” fondamentale, en ce qu’elle voudrait confier un rôle de monarque “au dessus des partis” à quelqu’un qui ne peut arriver au pouvoir que porté par un parti. Voici pourquoi, sans doute, l’alliage entre monarchie et république voulu par De Gaulle ne pouvait durer. Je crois que si l’on veut vraiment un monarque “au dessus des partis”, alors il faut être logique : il faut que, au moins en partie, il échappe à l’élection. Sans doute faudrait-il réfléchir à une méthode performante de pré-selection ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Vous voulez dire, ce côté “proche des gens” qui sourit en permanence, et qui, en pratique, se préoccupe surtout de la “COP21”, évènement mondain dont le Peuple se fout éperdument, et qui se goberge à nos frais dans un trois étoiles avec Ségolène et son “pote” Barack, tandis que nous autres, les “sans dents”, faisons la queue aux restaus du cœur ?]

      Non, pas du tout. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a deux visions symboliques de l’exercice du pouvoir. Une vision qui fait de l’homme investi du pouvoir un être exceptionnel, exemplaire et qui s’oppose à une vision qui fait de lui un être ordinaire, ayant les mêmes libertés et les mêmes contraintes que n’importe quel citoyen. La première vision nécessite, pour se réaliser, que l’homme de pouvoir garde une certaine distance, un certain mystère – car « il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre » – et qu’il s’astreigne à une discipline de tous les instants. La deuxième laisse l’homme public beaucoup plus libre, mais le protège beaucoup moins. Hollande a d’abord adhéré à la logique du « président normal », et plus sa présidence avance plus il hésite entre les deux, se rendant compte que les français demandent un minimum d’exceptionnalité.

      [Je ne sais pas. A la décharge de Sarkozy, il faut reconnaître qu’il y a, dans la Ve République, à mon sens, une “malfaçon” fondamentale, en ce qu’elle voudrait confier un rôle de monarque “au dessus des partis” à quelqu’un qui ne peut arriver au pouvoir que porté par un parti. Voici pourquoi, sans doute, l’alliage entre monarchie et république voulu par De Gaulle ne pouvait durer.]

      Je suis en partie d’accord avec vous. Les français ont eu des dirigeants exceptionnels en temps de crise, mais en temps normal ils tombent assez vite dans une logique de médiocrité gauloise. C’est le mouvement pendulaire entre la « grande France » et la « petite France », que nous avons discuté ici plusieurs fois. Pour moi, les institutions de la Vème – ou ce qu’il en reste… – sont une « belle endormie ». Dans une situation « exceptionnelle », elle permettrait à un homme exceptionnel de prendre les commandes et de faire de grandes choses. En période ordinaire, notre constitution permet une gestion raisonnablement consistante de l’Etat, et guère plus.

      [Je crois que si l’on veut vraiment un monarque “au dessus des partis”, alors il faut être logique : il faut que, au moins en partie, il échappe à l’élection. Sans doute faudrait-il réfléchir à une méthode performante de pré-selection ?]

      J’imagine mal comment cela pourrait fonctionner dans la culture politique qui est la notre.

  6. xc dit :

    Initialement, il était prévu que les élections régionales se tiennent en mars. Si cette période avait été maintenue, les contribuables concernés par la suppression de la demi-part n’auraient découvert leur sort qu’après. A mon avis, il ne faut voir aucun calcul dans ce calendrier. La réforme ayant été adoptée en 2008, l’information pouvait largement être faite en temps utile.
    Mais la réforme régionale a été enclenchée, ce qui a nécessité le report des élections. Dans l’affaire, la suppression de la demi-part a été perdue de vue. Les contribuables se réveillent, et c’est la panique….

    • Descartes dit :

      @ xc

      [Initialement, il était prévu que les élections régionales se tiennent en mars. Si cette période avait été maintenue, les contribuables concernés par la suppression de la demi-part n’auraient découvert leur sort qu’après. A mon avis, il ne faut voir aucun calcul dans ce calendrier.]

      Tout à fait d’accord. En général, il vaut mieux pour le gouvernement d’organiser les élections au printemps : les gens sont plus optimistes. A l’automne les jours se raccourcissent, les feuilles d’imposition tombent et les gens ont en mémoire les hausses de tarifs des services publics. Je doute beaucoup qu’il y ait eu un calcul politique lorsqu’on a décidé de placer les élections régionales en décembre. D’autant plus que quitte à se prendre une veste, autant la regrouper avec la veste des départementales…

    • bip dit :

      @Descartes

      [Je doute beaucoup qu’il y ait eu un calcul politique lorsqu’on a décidé de placer les élections régionales en décembre.]

      COP21 : 30 novembre au 11 décembre.

      Régionales : 6 et 13 décembre.

      De là à penser que la mission de la COP21 soit de sauver le monde et le PS… (le second objectif parait quand même bien ambitieux)

    • Descartes dit :

      @ bip

      [Je doute beaucoup qu’il y ait eu un calcul politique lorsqu’on a décidé de placer les élections régionales en décembre.][COP21 : 30 novembre au 11 décembre. Régionales : 6 et 13 décembre. De là à penser que la mission de la COP21 soit de sauver le monde et le PS… (le second objectif parait quand même bien ambitieux)]

      Je n’y crois pas vraiment. Il est probable que les élections régionales gâchent pour le PS la fête de la COP plutôt que l’inverse, selon la bonne vieille loi dite « de l’importance inverse », qui dit qu’un événement est d’autant moins important qu’il arrive plus loin de nous. Même si Hollande arrive à arracher un super accord à la COP, si Marine Le Pen est élue présidente de la région Nord-Picardie, la deuxième nouvelle éclipsera complètement la première…

  7. Antoine dit :

    Merci pour cet article, qui met au jour une tendance qui me paraît très inquiétante…

  8. François dit :

    Le PS est en train de payer méchamment l’uniformisation et la “professionnalisation” de ses cadres dirigeants : IEP (ou faculté de droit), passage par l’UNEF ou organisation similaire, début de carrière en tant que collaborateur d’élu ou assistant parlementaire, puis candidat sur une liste aux régionales (ou aux municipales) et pour les plus chanceux, investiture dans une circonscription gagnable, le plus souvent dans les centre-villes des grandes métropoles mondialisées. Il est révolu le temps ou en commençant sa carrière ouvrier on pouvait finir président du Sénat ou premier ministre.
    Bref, nous avons des élus qui n’ont jamais étés confrontés à la réalité et en conséquence incapables de développer des idées complexes et pensant tous la même chose car sortants des mêmes moules. Jamais El-Khomri n’a mis les pieds dans le privé et si elle l’avait fait, ne serait-ce que quelques temps elle aurait répondue sans problèmes à la question de Bourdin.
    De plus, ce type de “recrutement” ne favorise guère les meilleurs : les plus fayots sont embauchés et El-Khomri s’est trahie elle-même en disant que si on lui en voulait pour sa bourde inexcusable, c’est parce-qu’elle est “femme, beurre et jeune”; disons plutôt que c’est grâce à ces trois attributs qu’elle est arrivée jusqu’ici.
    À titre d’exemple, en Allemagne, une mesure qui au premier abord peut sembler purement clientéliste est plutôt bonne pour recruter des cadres : les partis donnent des bourses d’études. Grâce à ce dispositif, les bons élèves sont tentés de se rapprocher de la politique et on peut diversifier les profils et donc les idées.

    PS : je tenais à vous remercier pour les articles de votre blog que j’estime d’une grande qualité

    • Descartes dit :

      @ François

      [Le PS est en train de payer méchamment l’uniformisation et la “professionnalisation” de ses cadres dirigeants : IEP (ou faculté de droit), passage par l’UNEF ou organisation similaire, début de carrière en tant que collaborateur d’élu ou assistant parlementaire, puis candidat sur une liste aux régionales (ou aux municipales) et pour les plus chanceux, investiture dans une circonscription gagnable, le plus souvent dans les centre-villes des grandes métropoles mondialisées. Il est révolu le temps ou en commençant sa carrière ouvrier on pouvait finir président du Sénat ou premier ministre.]

      Ouvrier, c’était rare – sauf au PCF. Mais il est vrai que les hommes politiques avaient en général une profession. Journaliste, avocat, ingénieur, militaire, scientifique, enseignant, employé, ouvrier… Le plus notable aujourd’hui est la question des études : On trouve de moins en moins de bons étudiants parmi les cadres de la gauche. En général, pendant leurs études ils se sont distingués plus pour leurs activités politiques et syndicales que pour leur amour pour les livres.

      [Bref, nous avons des élus qui n’ont jamais étés confrontés à la réalité et en conséquence incapables de développer des idées complexes et pensant tous la même chose car sortants des mêmes moules. Jamais El-Khomri n’a mis les pieds dans le privé et si elle l’avait fait, ne serait-ce que quelques temps elle aurait répondue sans problèmes à la question de Bourdin.]

      Je partage votre remarque sauf sur un point : votre référence « au privé ». En quoi le passage par « le privé » serait-il plus formateur en termes de contact avec la réalité que le service public ? Je peux vous assurer qu’un policier, un pompier, un infirmier hospitalier, un agent EDF, un enseignant en Seine-St-Denis se confrontent autant « à la réalité » que beaucoup de cadres du privé. Autant je pense qu’il ne faut pas diaboliser le secteur privé, autant il faut éviter de l’idéaliser à l’excès. De Gaulle fut un excellent président de la République, et à ma connaissance il n’est jamais passé par « le privé ».

      [De plus, ce type de “recrutement” ne favorise guère les meilleurs : les plus fayots sont embauchés et El-Khomri s’est trahie elle-même en disant que si on lui en voulait pour sa bourde inexcusable, c’est parce-qu’elle est “femme, beurre et jeune”; disons plutôt que c’est grâce à ces trois attributs qu’elle est arrivée jusqu’ici.]

      Tout a fait. La promotion des militants politiques telle qu’elle se fait aujourd’hui récompense en général leur capacité à rejoindre la bonne écurie au bon moment, à être des porte-flingue loyaux de leur chef de courant, à jouer des coudes au bon moment, quand ce n’est pas des critères « diversitaires » qui permettent de cocher les bonnes cases auprès de l’opinion publique. Peu d’organisations politiques aujourd’hui ont une véritable « politique des cadres » destinée à former et promouvoir une élite capable de gouverner.

      [À titre d’exemple, en Allemagne, une mesure qui au premier abord peut sembler purement clientéliste est plutôt bonne pour recruter des cadres : les partis donnent des bourses d’études. Grâce à ce dispositif, les bons élèves sont tentés de se rapprocher de la politique et on peut diversifier les profils et donc les idées.]

      C’est une idée intéressante. En France, le PCF avait beaucoup réfléchi à la question, et avait créé un système parallèle de formation interne avec des « bourses » pour permettre aux meilleurs éléments repérés par les « responsables aux cadres » de bénéficier d’une formation intellectuelle, politique, économique que leur origine sociale ne pouvait pas leur donner. Et cela a très bien marché : quand on suit les dirigeants du PCF et de la CGT des années 1945-1980, on retrouve beaucoup d’autodidactes d’une grande culture.

      [PS : je tenais à vous remercier pour les articles de votre blog que j’estime d’une grande qualité]

      Pour vous dire franchement, je trouve difficile en ce moment de me motiver pour écrire. Et lorsque je me mets devant la page blanche il en sort des textes tellement noirs et pessimistes que j’hésite à les publier… alors tout encouragement est bon à prendre ! Merci encore.

  9. Bruno dit :

    Bonjour Descartes,

    Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour ces quelques lignes “hors-sujet”, mais en lisant ce papier, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à vous : http://colantifa09.neowordpress.fr/regionales-2015-le-no-pasaran-des-gens-du-nord-face-au-fn/ (je ne lis pas ce genre de site, mais j’ai pu y trouver l’intégralité de l’article abonné de l’Immonde). C’est fascinant de voir comment ce journal peut montrer que les “gens” du Nord sont contre le FN en interrogeant, un grand patron, des artistes et l’ancien directeur de l’IEP… On est vraiment dans la lutte de classes pour le coup et dans la caricature de ce sur quoi vous insistez fréquemment : l’action des classes moyennes.

    Par ailleurs, je ne sais pas si vous avez entendu Pierre Laurent ce matin sur France Inter, mais un auditeur a réussi à poser 1 bonne question, lui demandant comment il pouvait soutenir le maintien de L’UE et l’euro, qui riment nécessairement avec austérité. Il a rétorqué qu’il préféré rester “dedans” pour changer les choses de l’intérieur (dis-donc c’est très trotskyste!) que de s’isoler dans un repli… Bref Hollande aurait dit exactement la même chose. Il ne faisait toutefois pas le lien entre sa réponse et le fait qu’il pèse 4-5%…

    • Descartes dit :

      @ Bruno

      [Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour ces quelques lignes “hors-sujet”,]

      Ne vous excusez pas, tous les hors-sujet intelligents sont ici les bienvenus !

      [C’est fascinant de voir comment ce journal peut montrer que les “gens” du Nord sont contre le FN en interrogeant, un grand patron, des artistes et l’ancien directeur de l’IEP… On est vraiment dans la lutte de classes pour le coup et dans la caricature de ce sur quoi vous insistez fréquemment : l’action des classes moyennes.]

      Tout à fait. J’avais vu effectivement l’article publié dans « Le Monde ». Mais il est drôle de le voir repris sur un site « antifa ». On y découvre que les plus inquiets par une éventuelle victoire du FN sont… les patrons. Pour un gauchiste moyennement réactif, cela devrait quand même pousser à s’interroger : la « vraie gauche » aurait-elle les mêmes ennemis que le patronat ?

      A part cela, comme vous l’avez signalé, pour « Le Monde » il n’y a que les classes moyennes et la bourgeoisie dont l’opinion ait une valeur. Pourtant, il n’aurait pas été difficile d’interroger un syndicaliste, un ouvrier de l’industrie – il en reste encore quelques unes – ou une caissière de supermarché. Mais peut-être que ces êtres méprisables auraient dit des choses qu’on n’a pas envie d’entendre ?

      [Par ailleurs, je ne sais pas si vous avez entendu Pierre Laurent ce matin sur France Inter, mais un auditeur a réussi à poser 1 bonne question, lui demandant comment il pouvait soutenir le maintien de L’UE et l’euro, qui riment nécessairement avec austérité. Il a rétorqué qu’il préféré rester “dedans” pour changer les choses de l’intérieur (dis-donc c’est très trotskyste!) que de s’isoler dans un repli… Bref Hollande aurait dit exactement la même chose. Il ne faisait toutefois pas le lien entre sa réponse et le fait qu’il pèse 4-5%…]

      D’habitude je ne tire pas sur les ambulances et encore moins sur les corbillards. C’est pourquoi je ne commente plus les dires de Pierre Laurent. Le PCF a poussé la paresse intellectuelle au-delà de toute limite. Après avoir constaté avec l’expérience Tsipras l’impossibilité manifeste de changer quoi que ce soit « de l’intérieur », Pierre Laurent continue à tenir une ligne qui au fond est celle du maintien du statu quo. Incapable de penser autre chose que ce qui est, le PCF s’y est résigné. L’appareil du PCF ne sert plus qu’un seul objectif : sa propre préservation. S’il ne pouvait pas compter sur un corps militant toujours fidèle à un PCF qui n’existe plus, il serait déjà parti dans les poubelles de l’histoire.

  10. Ruben dit :

    L’inculture du ministre est sûrement très blâmable, mais alors les journalistes qui se prennent pour des profs et des références morales en se plaçant au-dessus des politiques et les interrogeant comme des gamins au lieu de se contenter de poser certaines questions bien définies visant à permettre à l’interviewé de développer ses opinions…

    • Descartes dit :

      @ Ruben

      [L’inculture du ministre est sûrement très blâmable,]

      Il n’y a pas que « l’inculture ». Si la ministre avait répondu « je ne sais pas, un ministre n’est pas censé connaître par cœur le Code du Travail », sa position aurait au moins eu le mérite de la cohérence. Le problème est que la ministre a d’abord cherché à occulter son ignorance en essayent de « deviner » la réponse comme le fait un mauvais élève au cours d’un examen en proposant une réponse et regardant la tête du prof pour voir si ça passe ; elle a cherché ensuite à déguiser sa mauvaise réponse en disant que lorsqu’elle avait dit « trois fois » elle voulait en fait dire « trois périodes » et donc deux prolongations possibles ; et finalement, lorsqu’il est apparu clairement qu’elle ne savait pas de quoi elle parlait, elle s’est justifié en disant qu’un ministre « n’est pas là pour savoir mais pour réformer ». Mais s’il est ainsi, pourquoi a-t-elle cherché à nous persuader qu’elle savait ?

      Par ailleurs, l’idée que « un ministre n’est pas là pour savoir mais pour réformer » ouvre une question assez évidente. Si la ministre « ne sait pas », qui concevra la « réforme » ? L’administration ? Les experts ? Les lobbies ? Comment un ministre qui « ne sait pas » pourrait arbitrer entre tous ces gens qui, eux, « savent » ?

      [mais alors les journalistes qui se prennent pour des profs et des références morales en se plaçant au-dessus des politiques et les interrogeant comme des gamins au lieu de se contenter de poser certaines questions bien définies visant à permettre à l’interviewé de développer ses opinions…]

      En d’autres termes, des questions permettant à l’invité de dérouler le script préparé par ses experts en communication ? Franchement, outre le fait que c’est d’un ennui mortel, je ne vois pas trop l’intérêt. Autant donner le micro à tour de rôle à chaque dirigeant politique pour qu’il dise ce qu’il a envie de dire.

      En d’autres temps, les journalistes agissaient comme arbitres des débats entre hommes politiques, et c’étaient eux qui posaient ce genre de question gênante (on se souvient de Mitterrand demandant à Giscard le prix du ticket de métro). Mais depuis, les hommes politiques ont cessé d’accepter ce mode de débat. Le face-à-face avant le deuxième tour des élections présidentielles est le seul survivant des émissions de débat, où l’on mettait face à face deux hommes politiques d’opinions opposées. Du coup, c’est sur les journalistes que retombe la tâche de mettre les hommes politiques en difficulté. Dans la mesure où la nomination de Myriam El Khomri à un ministère technique comme celui du Travail avait soulevé la question de sa compétence, Bourdin était dans son rôle en la testant sur ce point.

    • Ruben dit :

      @descartes
      [
      En d’autres termes, des questions permettant à l’invité de dérouler le script préparé par ses experts en communication ? Franchement, outre le fait que c’est d’un ennui mortel, je ne vois pas trop l’intérêt. Autant donner le micro à tour de rôle à chaque dirigeant politique pour qu’il dise ce qu’il a envie de dire. ]
      Personnellement, c’est l’intérêt des interros faites aux hommes politiques que je ne vois pas. C’est exactement ce genre de procédé qui amène à des circonvolutions de communication que la plupart maîtrisent très bien — le cas El Khomry est ici une exception et révèle plus son incompétence à enfumer dans cette interview que son incompétence pour ce ministère. Alors, en l’occurrence elle ne s’en pas sortie du fait d’une inculture crasse dans le domaine de son ministère, et la question à le mérite de révéler ça. Mais avec un minimum de connaissances elle s’en sortait sans pour autant pouvoir être considérée comme compétente, ce qui est au final le cas de la plupart.
      Oui, à vrai dire je préférerais que l’on les laisse dérouler. Dérouler une pensée structurée, réfléchie,… Et si elle ne l’est pas, cela sera alors bien plus prégnant que lors de ces interviews mitraillettes où ils ne peuvent en placer une. Bien sûr, il ne s’agit pas simplement de leur laisser faire un discours et que le journaliste puisse tout de même poser quelques questions précises ou orienter le débat vers tel ou tel sens, je ne peux qu’être d’accord.
      Et même s’ils ne sont pas à l’origine de cette pensée, quelle importance tant qu’ils comprennent ses grandes orientations politiques, la mettent en oeuvre, l’assument sur la place publique face aux citoyens et ne sont pas les marionnettes de leurs conseillers mais bien ceux capables de les choisir (la première qualité d’un homme d’Etat) Songeons à Sarkozy et Guaino.
      Alors certes, s’agissant d’El Kohmri on peut douter qu’elle ait ces qualités mais je pense qu’il n’est pas besoin de ce type d’intervention du journaliste (infantilisant le politique) pour le révéler, et je songe plus généralement à leur attitude en général, se croyant les égaux des politiques, voire comme détenant une légitimité supérieure et ne cachant plus leurs opinions que sous les vocables de l'”évidence” qu’il faudrait agréer. Ils sont devenus leurs contradicteurs et se drapent de la blanche toge de la vérité, d’autant plus légitimes qu’ils ne se présentent pas aux élections : attitude oligarchique à l’opposé de la démocratie représentative — si encore il s’agissait d’experts sur tel ou tel domaine…

    • Descartes dit :

      @ Ruben

      [Personnellement, c’est l’intérêt des interros faites aux hommes politiques que je ne vois pas.]

      Il ne s’agit pas « d’interro ». Dans le cas d’El Khomri ou de Fleur Pellerin, dont les nominations avaient été très critiquées sur le fait qu’elles n’y connaissaient rien aux sujets traités par leur ministère, « l’interro » permet d’illustrer ces critiques – ou, au contraire, de les réfuter. En fait, c’est un test de préparation. Si El Khomri ou Pellerin avaient conscience de leurs insuffisances, elles auraient cherché à les combler. Je suis sûr qu’il y a au ministère du Travail qui ont fait pour la ministre une fiche sur les points saillants du Code du Travail. Seulement voilà, la ministre ne considère pas important de lire ce genre de prose. Parce que pour elle il n’est pas important de « savoir ». Voilà ce que « l’interro » de Bourdin révèle.

      [C’est exactement ce genre de procédé qui amène à des circonvolutions de communication que la plupart maîtrisent très bien — le cas El Khomry est ici une exception et révèle plus son incompétence à enfumer dans cette interview que son incompétence pour ce ministère.]

      Je ne suis pas d’accord. Même des cadors de la communication ont du mal à « enfumer » dans ce genre d’épisodes. Rappelez-vous quand on a demandé à Ségolène Royal le nombre de sous-marins stratégiques dont la France disposait… et pourtant, on ne peut pas dire que la dame soit manchote en matière de communication…

      [Alors, en l’occurrence elle ne s’en pas sortie du fait d’une inculture crasse dans le domaine de son ministère, et la question à le mérite de révéler ça. Mais avec un minimum de connaissances elle s’en sortait sans pour autant pouvoir être considérée comme compétente, ce qui est au final le cas de la plupart.]

      Justement. Avec un minimum de connaissances qu’elle pouvait acquérir en lisant une fiche préparé par son ministère, elle s’en sortait. Cette affaire révèle donc non seulement que la ministre n’y connaît rien – ce qui pour moi n’est pas le plus grave – mais qu’elle ne considère pas le fait d’apprendre ce qu’elle ne sait pas comme étant une priorité. C’est là où réside le véritable problème. J’ai un copain qui travaille dans un ministère technique, et qui me dit qu’il y a une grande différence entre les ministres pré-2012 et ceux qui sont venus après : avant 2012, le ministre qui venait d’arriver demandait à chaque service un « briefing ». Il réservait des tranches de trois heures de son agenda – trois heures de temps ministériel, c’est beaucoup – pour recevoir les chefs des différentes directions générales pour qu’on lui fasse une « leçon » sur les principaux domaines de son ministère. Depuis 2012, aucun « briefing » de ce type n’a été organisé.

      [Oui, à vrai dire je préférerais que l’on les laisse dérouler. Dérouler une pensée structurée, réfléchie,… Et si elle ne l’est pas, cela sera alors bien plus prégnant que lors de ces interviews mitraillettes où ils ne peuvent en placer une. Bien sûr, il ne s’agit pas simplement de leur laisser faire un discours et que le journaliste puisse tout de même poser quelques questions précises ou orienter le débat vers tel ou tel sens, je ne peux qu’être d’accord.]

      Personnellement, je n’ai pas envie d’écouter un politique dérouler son discours. Pour cela, il suffit d’aller à ses meetings. Cela ne veut pas dire que je préfère les « interviews mitraillette » ou le journaliste se met en valeur aux dépens du politique. En fait, je crains que le journalisme politique ne fasse que refléter la qualité du débat politique lui-même. Lorsque les hommes et les femmes politiques n’ont plus d’idées et ne font que de la communication, le journaliste ne peut que devenir un rouage de la machine de com’.

      [Alors certes, s’agissant d’El Kohmri on peut douter qu’elle ait ces qualités mais je pense qu’il n’est pas besoin de ce type d’intervention du journaliste (infantilisant le politique) pour le révéler, et je songe plus généralement à leur attitude en général, se croyant les égaux des politiques, voire comme détenant une légitimité supérieure et ne cachant plus leurs opinions que sous les vocables de l'”évidence” qu’il faudrait agréer. Ils sont devenus leurs contradicteurs ( …)]

      C’est bien ça le problème. Depuis que les hommes politiques refusent de débattre entre eux, les journalistes sont devenus leurs seuls contradicteurs devant l’opinion. Si on ajoute à cela la logique paranoïaque qui veut voir des « complots » partout, complots que bien entendu seuls les journalistes peuvent nous révéler, on comprend que les journalistes soient devenus les censeurs des politiques. Il faut dire que l’opinion n’est pas dupe : en termes de confiance, les journalistes ne sont pas beaucoup mieux classés que les politiques…

  11. Françoise dit :

    Veuillez m’excuser d’être allée sur Wikipedia mais je voulais savoir qui était cette “beurette” “issue de la diversité” qui s’en prend plein la figure ici et ailleurs.
    Eh bien vous avez tout faux : Myriam El Khomri est Française, née de mère française et ayant passé son enfance à Tanger, elle est donc exactement l’inverse d’une beurette; d’autre part, diplômée d’un DESS de droit public à l’Université, vous pouvez difficilement la taxer d’incompétence et profiteuse de promotion à la diversité, sauf déplorer qu’elle ne sorte pas de sciences-po/ENA (à supposer que ces derniers soient compétents).
    Elle a fait une gaffe, oui, une faute politique dans le contexte actuel, oui, mais citez un Ministre, surtout du Travail, qui n’en a pas fait… ça va être dur! Son procès d’intention est néanmoins complètement mauvais, méchant et injustifié.
    Pour Bercy, vous auriez crié encore plus fort s’ils n’avaient pas rectifié le pataquès, non?
    Et puis veuillez, s’il vous plaît, corriger votre faute sur “demi-part” car tous vos aficionados la reprennent.

    • Descartes dit :

      [Eh bien vous avez tout faux : Myriam El Khomri est Française, née de mère française et ayant passé son enfance à Tanger, elle est donc exactement l’inverse d’une beurette;]

      C’est vous qui avez « tout faux ». D’abord, ce n’est pas moi qui a qualifié Myriam El Khomri de « beurette », mais l’un de mes commentateurs. Comment pourrais-je avoir « tout faux » sur une qualification qui n’est pas la mienne ? Ensuite, on peut être français, né de mère française, et « beurrette » quand même. Le père de Myriam El Khomri étant marocain elle est bien une « jeune française d’origine maghrebine issue de parents immigrés ». Ce qui constitue une définition de « beurette » – même s’il y en a d’autres. Si au lieu de chercher à m’agresser inutilement vous réfléchissiez deux minutes, vous auriez trouvé toute seule.

      [d’autre part, diplômée d’un DESS de droit public à l’Université, vous pouvez difficilement la taxer d’incompétence et profiteuse de promotion à la diversité, sauf déplorer qu’elle ne sorte pas de sciences-po/ENA (à supposer que ces derniers soient compétents).]

      La question n’est pas de savoir si Myriam El Khomri est « compétente » en droit public. Le fait de savoir si elle a un DESS dans cette matière est donc sans importance. La question est de savoir si elle est compétente pour être ministre du Travail. Et cela n’est pas une question de diplômes : Charles Fiterman avait pour tout diplôme un CAP d’ajusteur, et cela ne l’a pas empêché d’être un excellent ministre des transports.

      [Elle a fait une gaffe, oui, une faute politique dans le contexte actuel, oui, mais citez un Ministre, surtout du Travail, qui n’en a pas fait… ça va être dur!]

      Non, ça va être très facile. Pourriez-vous me citer une « faute politique » de cet acabit commise par Jean-Pierre Chevènement, par Pierre Joxe, par Hubert Védrine, par Charles Fiterman ? ? Non, El Khomri n’a pas commis « une gaffe ». Sa faute n’était ni un lapsus, ni un oubli. Myriam El Khomri a commis une triple faute : d’abord, d’ignorer quelque chose que n’importe quelle personne qui a travaillé ailleurs que dans le monde politique connaît, ensuite de chercher à occulter son ignorance. Et enfin, et c’est sa faute la plus grave : elle a déclaré qu’un ministre n’a pas besoin de savoir. Si les deux premières étaient pardonnables, cette dernière faute est sans pardon possible. Parce qu’une personne qui est persuadée qu’un ministre n’a pas besoin de savoir n’apprendra jamais.

      [Son procès d’intention est néanmoins complètement mauvais, méchant et injustifié.]

      Quel « procès d’intention » ? Personne à ma connaissance n’a jugé des « intentions » de El Khomri. On s’est contenté d’examiner ses déclarations.

      [Pour Bercy, vous auriez crié encore plus fort s’ils n’avaient pas rectifié le pataquès, non?]

      Je constate qu’après avoir dénoncé un « procès d’intention » contre El Khomri, vous vous permettez de m’en faire un a moi. Qu’est ce que vous en savez, si j’aurais « crié plus fort » ou pas ?

    • Françoise dit :

      @ CVT ET Descartes
      [[Il faut donc constater que Mme.El Khomri est ministre parce que “beurette”!]

      Oui. A chaque étape de sa carrière Mme El Khomri a certainement bénéficié de ce petit « plus » que donnent aujourd’hui les programmes de « promotion de la diversité » dans les partis politiques.]

      Beur, beurette: Jeune d’origine maghrébine né en France de parents immigrés. (Larousse)
      NON, Madame El Kohmri est l’inverse de cette définition car elle est née à Tanger et sa mère est française.
      OUI, vous lui prêtez faussement l’intention d’avoir profité de son nom pour monter en politique, cela s’appelle un PROCES D’INTENTION.

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [Il faut donc constater que Mme.El Khomri est ministre parce que “beurette”!]

      Si vous relisez avec attention, c’est CVT qui a écrit cette phrase. Ce n’est donc pas moi qui a « tout faux »…

      [Beur, beurette: Jeune d’origine maghrébine né en France de parents immigrés. (Larousse)]

      Au cas ou cela ne vous aurait frappé, le Larousse n’est pas le seul dictionnaire aujorud’hui en circulation. La définition du mot « beur » est encore très mobile. Pour certains, il faut être né en France. Pour d’autres, il suffit d’être « né français ». Quoi qu’il en soit, si cela vous fait plaisir, substituez « beurette » par « jeune française d’origine maghrébine », et affaire conclue. Pour l’intérêt de l’argument exposé ici, cela ne fait la moindre différence.

      [NON, Madame El Kohmri est l’inverse de cette définition car elle est née à Tanger et sa mère est française.]

      Oui, et son père marocain. Pour dire qu’elle est issue « de parents immigrés », un seul parent suffit.

      [OUI, vous lui prêtez faussement l’intention d’avoir profité de son nom pour monter en politique, cela s’appelle un PROCES D’INTENTION.]

      Absolument pas. Relisez ce que j’ai écrit : « A chaque étape de sa carrière Mme El Khomri a certainement bénéficié de ce petit « plus » que donnent aujourd’hui les programmes de « promotion de la diversité » dans les partis politiques ». Notez bien : « a bénéficié ». Et non pas « a profité », comme vous me le faites dire. Et pour « bénéficier », aucune « intention » n’est nécessaire. Votre accusation est donc infondée.

      En tout cas, je constate que vous continuez toujours à fonctionner de la même manière : toujours aussi agressive, et toujours soucieuse du détail plutôt que du fond.

    • CVT dit :

      @Françoise,
      sachez que j’étais parfaitement au courant que la mère de Mme El Khomri était bretonne. Pour autant, ma critique va surtout à l’encontre de ceux qui l’ont choisie, et non contre ce “ministricule” intuitu personae: elle a été sélectionnée par Hollande et sa clique, de la même façon que le préfet “musulman” que recherchait désespérément Sarkozy jadis… C’est dire à quel point l’anti-racisme façon “SOS Racisme” a fini par attendre son but: les socialistes ne choisissent leur ministre que pour leur apparence, et non pour leur compétence.

      A titre personnel, j’ai toujours répugné à me servir de ma vie comme argument, mais j’ai déjà dit à plusieurs reprise sur ce blog, qu’en tant que descendant d’Africains, j’ai toujours été foncièrement hostile à la discrimination positive, dont nous pouvons désormais constater les ravages. Et j’accuse les socialistes d’être les pires racistes qui soient: croyez-vous vraiment qu’ils ont rendu service à la cause des femmes d’origine immigrée, avec ce ministre du Travail incompétent, ou bien encore avec sa collègue Vallaud-Belkacem, ou pire encore, avec l’épouvantable Taubira (OK, elle est guyanaise, mais séparatiste, donc je l’inclus dans le lot)?
      J’ai le plus profond mépris pour ces personnages, qui sont une véritable insulte non seulement à la méritocratie, mais également à tous ces immigrés installés en France comme mes parents, qui nous ont toujours ordonné de bien travailler à l’école et dans la vie, et d’être respectueux des lois et usages républicains en ne demandant JAMAIS ni faveur ni accommodement, au prétexte que le seul de fait de vivre en France était un privilège!
      Or ici, il semble que les socialistes, en mettant fin à l’assimilation, aient transformé notre pays en fournisseur de prestations sociales pour des immigrés et leur descendants nés sur le sol français, tout en les incitant de plus en plus à se comporter en passagers clandestins de la République, et non plus en citoyens conscients de leurs devoirs envers leur pays d’adoption.
      Oui, Françoise, je suis un homme en colère, surtout contre certains en France qui veulent m’infantiliser parce que j’ai la peau noire: c’est exactement ce que font les socialistes avec les “minorités visibles”. C’est à ce point vrai que, même si je ne l’approuve pas, de plus en plus de gens dans ma condition n’hésitent plus à voter FN: le seul risque qu’ils prennent à le faire serait d’être confronté au racisme de ce parti, à ceci près que, contrairement au PS, les choses seront clairement dites! Et voilà l’une des explications du recentrage du FN: séduire les Français “assimilés”…

    • v2s dit :

      Descartes, vous dites à Françoise

      [En tout cas, je constate que vous continuez toujours à fonctionner de la même manière : toujours aussi agressive, et toujours soucieuse du détail plutôt que du fond.]

      Votre façon, Descartes, de fonctionner, fabrique l’agressivité et fabrique la tendance des commentateurs à se soucier du détail plutôt que du fond.
      Pour ce qui est de fabriquer de l’agressivité vous maniez continuellement le mépris à l’endroit de vos interlocuteurs. Vous semblez trouver un plaisir sadique à mettre votre érudition au service d’une démolition mentale de la personne qui s’adresse à vous. Flatter vos aficionados et ridiculiser vos détracteurs, c’est ça qui fabrique l’agressivité de ceux qui auraient aimé débattre honnêtement avec vous.

      Pour ce qui est de fabriquer des commentaires plus soucieux du détail que du fond, c’est simple, vous montrez continuellement le mauvais exemple : Dès que vous ne vous adressez pas à l’un ou l’une de vos groupies, vous ne vous intéressez pas au contenu du commentaire, vous y recherchez le détail que vous allez pouvoir mettre en exergue et démolir.
      Et, du coup vous ridiculisez, vous discréditez l’ensemble de la réponse, ce qui, convenez en, crée de l’agressivité tout en s’éloignant du fond.

    • Descartes dit :

      @ v2s

      [Pour ce qui est de fabriquer de l’agressivité vous maniez continuellement le mépris à l’endroit de vos interlocuteurs. Vous semblez trouver un plaisir sadique à mettre votre érudition au service d’une démolition mentale de la personne qui s’adresse à vous. Flatter vos aficionados et ridiculiser vos détracteurs, c’est ça qui fabrique l’agressivité de ceux qui auraient aimé débattre honnêtement avec vous.]

      Vous me blessez, parce que vous êtes injuste. Prenons vos reproches un par un. Vous dites que je manie « le mépris à l’endroit de vos interlocuteurs ». Quand vous ais-je « méprisé » ? Au contraire : J’ai publié tous vos commentaires dans leur intégralité, sans la moindre censure. Je vous respecte tellement qu’au lieu d’évacuer vos arguments d’un revers de manche ou les laisser sans réponse, je prends la peine et le temps de vous répondre point par point. Trouvez-vous que c’est là un signe de « mépris » ? Vous parlez d’une « démolition mentale ». Mais où voyez-vous une telle chose ? Vous ais-je injurié ? Ais-je organisé contre vous une campagne de dénigrement ? Des attaques ad hominem ? Non, pas une seule fois.

      J’aime bien les échanges vifs et les débats « virils ». Je ne le nie pas. Mais si je peux attaquer une argumentation, une idée, je n’attaque jamais les personnes. Sur ce blog, je laisse à tous, qu’ils soient mes « aficionados » ou mes contradicteurs – je trouve très étrange que vous parliez de mes « détracteurs » – la même possibilité d’exposer ici leurs arguments en toute liberté, sans autres limites que celles posées par la loi et par la bienséance. Vous ais-je jamais censuré ? Jamais. Est-ce que j’ai refuse la publication d’un seul de vos commentaires ? Jamais. Vous avez pu exposer vos opinions et vos arguments dans exactement les mêmes conditions que moi. Et si j’ai sur vous le privilège de pouvoir écrire le « billet » qui lance la discussion, je ne me suis jamais permis d’utiliser ce privilège pour attaquer ou « ridiculiser » l’un de mes commentateurs.

      Vous m’accusez de « flatter mes aficionados ». Et bien, je vous mets au défi de trouver un seul commentateur sur ce blog avec qui je n’ai pas eu des échanges vifs à l’occasion. Vous n’en trouverez pas. Si ce blog a réussi quelque chose, c’est à former une communauté de gens qui aiment échanger avec passion tout en se respectant personnellement. Je vous le répète, je ne vous ai jamais volontairement témoigné le moindre « mépris », pour la simple raison que je ne vous méprise pas. Et si vous avez ressenti le contraire, je le regrette profondément.

      [Pour ce qui est de fabriquer des commentaires plus soucieux du détail que du fond, c’est simple, vous montrez continuellement le mauvais exemple : Dès que vous ne vous adressez pas à l’un ou l’une de vos groupies, vous ne vous intéressez pas au contenu du commentaire, vous y recherchez le détail que vous allez pouvoir mettre en exergue et démolir.]

      Là encore, je vous trouve injuste. Je m’attache au détail lorsque celui-ci est important pour l’argumentation, parce que je suis attaché à la rigueur dans le raisonnement, et qu’on ne peut pas raisonner rigoureusement avec de l’à-peu-près. Mais je ne m’attache guère aux détails lorsqu’ils sont accessoires.

  12. Maxime dit :

    @Descartes
    “Cette affaire révèle donc non seulement que la ministre n’y connaît rien – ce qui pour moi n’est pas le plus grave – mais qu’elle ne considère pas le fait d’apprendre ce qu’elle ne sait pas comme étant une priorité. C’est là où réside le véritable problème.”

    Tout à fait ! C’est tellement plus grave que ne pas savoir.J’ai vu récemment, dans un documentaire consacré à De Gaulle, le témoignage de M. Philippe Dechartre qui fut nommé secrétaire d’Etat à l’équipement en 68. Au moment de rencontrer De Gaulle, il raconte être très embêté car il ne connaît strictement rien aux routes, ports, etc. Quelle fut sa réaction ? Eh bien il nous dit qu’il appela dans la journée quelques directeurs des grands services et passa, je cite, “une formation d’agreg accélérée” jusque dans la nuit. Le jour J il avoua ces inquiétudes et De Gaulle lui répondit que ce n’était pas important (pour l’anecdote De Gaulle lui demanda plutôt de lui parler de Racine…). On a donc une situation qui ressemble à celle de notre ministre du travail, à un “détail” près, c’est que cette dernière n’a pas fait le travail de combler les plus grosses lacunes.
    Je crois que cela est peut être une conséquence de la perte de l’aura du poste de ministre, certainement que pour M. Dechartre c’était “le poste de sa vie”, ou pas loin. Du coup pouvons nous peut-être relier ce billet à celui sur le départ de M. Rebsamen.
    Si le poste de ministre du travail avait été pour Myriam El Khomri le couronnement d’une (jeune) carrière, il y eut fort à parier que cette dernière aurait fournie le même type d’effort que M. Dechartre en son temps. Mais peut être est-ce moi qui suis déconnecté en pensant qu’au dessus de ministre il n’y a qu’un seul poste plus prestigieux, celui de président…

    • Descartes dit :

      @ Maxime

      [Si le poste de ministre du travail avait été pour Myriam El Khomri le couronnement d’une (jeune) carrière, il y eut fort à parier que cette dernière aurait fournie le même type d’effort que M. Dechartre en son temps.]

      Non, je ne crois pas. C’est une question d’état d’esprit. Dans les années 1960 on restait sur l’idée qu’un ministre était le chef d’une administration. Aujourd’hui, le ministre est d’abord le directeur de la communication de son ministère.

  13. piero dit :

    merci mille fois cher Descartes ,et merci à vos différents interlocuteurs pour la qualité et pour la classe ;c’est très sport ,généralement ,et dans ce cadre il est plus facile au lecteur béotien de repérer ceux qui dealent leur poudre aux yeux .
    Je vous lis depuis des années ; je ne me sens pas assez” trempé” pour participer .J’aurais tendance à être très d’accord avec vous ,mais seulement quand l’optimisme me guette ;vos arguments forment un bloc fort cohérent et généreux ;c’est extrêmement précieux..Pardonnez moi je ne sais pas trop quoi dire;seulement je lis régulièrement des gens comme vous ou nationalistejacobin ou d’autres qui parfois se sentent parler en braille dans un monde de morses mais je dis non non ,des gens vous entendent et par delà les éventuels désaccords vous sont reconnaissant de la place inexistante que vous concédez à l’invective ,à l’argument d’autorité ou encore à l’argument massue du “qui c’est qui a la plus grosse” .

    • Descartes dit :

      @piero

      [Je vous lis depuis des années ; je ne me sens pas assez” trempé” pour participer.]

      Allez, lancez-vous. Ici les intervenants ne mordent pas. Enfin, presque pas… en tout cas, merci de vos encouragements.

  14. v2s dit :

    @Descartes
    C’est comme souvent. Avec vous, il est facile d’etre d’accord sur une partie importante de votre constat, ici par exemple sur le fait que les ministres actuels ne cherchent pas à s’imprégner de leur sujet avant de se mettre au travail, que vous illustrez ainsi : [avant 2012, le ministre qui venait d’arriver demandait à chaque service un « briefing ». Il réservait des tranches de trois heures de son agenda – trois heures de temps ministériel, c’est beaucoup – pour recevoir les chefs des différentes directions générales pour qu’on lui fasse une « leçon » sur les principaux domaines de son ministère. Depuis 2012, aucun « briefing » de ce type n’a été organisé.]
    Là, je me dis, voila une observation très intéressante.
    Mais là ou ça se gâte, c’est lorsque vous mettez votre analyse au service de votre aversion pour les français issus de l’immigration maghrébine.
    Encore une fois, lorsque je finis de vous lire, je garde l’impression désagréable que vous utilisez votre érudition, votre sens aigu de l’observation et de l’analyse, comme une fausse barbe.
    Une fausse barbe derrière laquelle vous dissimulez difficilement votre refus de voir la France etre chaque jour un peu plus tout ce que vous n’aimez pas : Une France moins blanche, plus colorée, plus religieuse plus musulmane.

    • Descartes dit :

      @ v2s

      [Mais là ou ça se gâte, c’est lorsque vous mettez votre analyse au service de votre aversion pour les français issus de l’immigration maghrébine.]

      Je n’ai aucune « aversion » pour les français issus de l’immigration, qu’elle soit maghrébine ou autre. Plusieurs fois j’ai d’ailleurs manifesté mon désaccord avec d’autres commentateurs sur ce même blog qui considèrent cette immigration comme « inassimilable ». Personnellement, je ne connais que des français, titulaires des mêmes droits et sujets aux mêmes obligations, héritiers du même patrimoine. Alors, s’il vous plait, évitez de plaquer sur moi vos préjugés.

      [Une fausse barbe derrière laquelle vous dissimulez difficilement votre refus de voir la France etre chaque jour un peu plus tout ce que vous n’aimez pas : Une France moins blanche, plus colorée, plus religieuse plus musulmane.]

      Je ne sais pas où vous voyez une « fausse barbe » qui cacherait un « refus » que j’ai exprimé sans la moindre ambiguïté. Oui, pour moi la France n’a pas de « couleur », pas plus qu’elle n’a de « religion ». Pour moi, la France est une république laïque qui ne fait aucune différence fondée sur les « couleurs ». Ce qui veut dire que religion et couleur sont des questions qui appartiennent à la sphère privée. Les français peuvent éventuellement devenir « plus colorés » ou « plus religieux », mais la France, elle, ne peut devenir « religieuse et colorée » qu’en trahissant la tradition des Lumières. Et vous avez parfaitement raison : je n’aime pas ça. Je me battrai contre toute tentative de transformer la République en une mosaïque de communautés construites sur la « couleur » et la « religion ». Et si ce combat était impossible ou infructueux, alors j’irais vivre ailleurs. Ou je me retirerai dans un village reculé. Ou je me tirerai une balle dans la tête. Là, c’est dit « sans barbe ».

  15. Trublion dit :

    @ V2S :

    “Une fausse barbe derrière laquelle vous dissimulez difficilement votre refus de voir la France être chaque jour un peu plus tout ce que vous n’aimez pas : Une France moins blanche, plus colorée, plus religieuse plus musulmane.”

    V2S, le jour où l’Islam devient religion d’état, il y aura du souci à se faire ! La France en tant qu’état laïque n’a pas à devenir plus musulmane ou plus bouddhiste ou plus zoroastrienne.

    Il faudrait m’expliquer en quoi le fait que la nation française devienne plus religieuse est un gain ? N’est-il pas préférable que la nation devienne plus rationnelle ?

  16. v2s dit :

    @nationalistejacobin et à Descartes

    Faudra-t-il fusiller v2s … ou sera-t-il suffisant de le tondre ?

    nationalistejacobin écrit :
    [Mais aujourd’hui? Vous êtes prêt à flinguer v2s et les gens qui pensent comme lui? …]

    Et Descartes lui répond :
    [La question de flinguer littéralement v2s – ou que v2s vous flingue, parce que cela va dans les deux sens – ne se pose pas. (ouf !) Pour le moment on en est dans le combat dans un cadre démocratique. Demain… on ne sait pas.]

    Tout est dans le « Demain … on ne sait pas ».
    Pour des gens qui disent pourfendre les bien-pensants je trouve que, sur ce coup, vous vous auto-discernez, l’un et l’autre, bien facilement, un brevet de « bon » français.
    Ni vous nationalistejacobin, ni vous Descartes, n’étiez de ce monde en 1940.
    Moi non plus.
    Alors vous NJ, vous pouvez bien vous rêver en héro de la résistance, en Pierre Brossolette ou pourquoi pas en Jean Moulin, pourchassant au péril de votre vie l’envahisseur et son « laquais » v2s.
    Permettez-moi d’avancer une autre hypothèse. Si j’en juge par vos écrits, depuis trois ans que je fréquente ce blog, je vous imaginerais plutôt en supporter de « La France aux Français » en partisan du « Dehors les métèques » ou encore du « Être Français ça se mérite », fustigeant ceux « qui se sont rendus indignes d’être des nôtres ».
    Si vous aviez été là pendant l’occupation, peut-être auriez vous soutenu les lois sur la dénaturalisation, comme vous soutenez aujourd’hui la remise en cause de la nationalité française des descendants d’immigrés.

    Et vous, Descartes, vous pouvez bien vous rêver en Colonel Fabien ou en Henri Rol-Tanguy, ces héros communistes de la résistance. Mais qui nous dit que vous auriez eu ce courage et cette grandeur. Peut-être n’auriez vous été qu’un des ces minables membres obscures des FFI de la dernière heure.
    Dans mon village on raconte que des jeunes gens, ayant eu pour seul courage celui de se cacher dans la montagne pour échapper au STO, sont redescendus le moment venu pour régler leurs vengeances personnelles à coup d’armes de guerre. Puis, dans l’ivresse de la victoire, ils ont tondu les jeunes filles du village ayant couché avec les Allemands, sans oublier au préalable de les violer.

    Qui peut savoir ce que nous aurions réellement été, vous comme moi, si nous avions été contemporains et acteurs de la seconde guerre mondiale ?

    • Descartes dit :

      @ v2s

      [Faudra-t-il fusiller v2s … ou sera-t-il suffisant de le tondre ?]

      Si ça vous plait de vous couvrir du manteau de la victime, allez-y, faites vous plaisir. Mais il n’y a chez moi pas la moindre intention de vous fusiller, de vous tondre, ni même de vous bâillonner. Je vous fais par ailleurs remarquer que je vous offre ici une tribune pour exposer vos idées avec un minimum de restrictions. Je n’attends pas de vous des remerciements, mais au moins que vous m’en donniez acte…

      [Et Descartes lui répond : « La question de flinguer littéralement v2s – ou que v2s vous flingue, parce que cela va dans les deux sens – ne se pose pas. (ouf !) Pour le moment on en est dans le combat dans un cadre démocratique. Demain… on ne sait pas ». Tout est dans le « Demain … on ne sait pas ».]

      Tout à fait. Si demain nous sommes dans un contexte de guerre civile, peut-être prendrez-vous les armes pour défendre votre conception de la France. Et qu’est ce qui vous dite que vous ne trouverez pas nationalistejacobin de l’autre côté de la barricade, défendant une conception diamétralement opposée ? Qui peut dire ce que vous ferez ce jour-là avec votre arme ? Il nous reste à souhaiter – et à œuvrer – pour que ce jour n’arrive jamais.

      [Pour des gens qui disent pourfendre les bien-pensants je trouve que, sur ce coup, vous vous auto-décernez, l’un et l’autre, bien facilement, un brevet de « bon » français.]

      Tout ce que je dis, c’est que la question d’user de la violence entre les différents intervenants de ce blog ne se pose pas. Demain, on ne sait pas. Expliquez-moi où ais-je décerné à qui que ce soit un quelconque « brevet » ? J’ai même insisté que si la question du « flingage » se posait, elle se poserait dans les deux sens, pour souligner encore combien la chose est symétrique.

      [Ni vous nationalistejacobin, ni vous Descartes, n’étiez de ce monde en 1940. Moi non plus. Alors vous NJ, vous pouvez bien vous rêver en héro de la résistance, en Pierre Brossolette ou pourquoi pas en Jean Moulin, pourchassant au péril de votre vie l’envahisseur et son « laquais » v2s.]

      Tout à fait. Et vous pouvez vous aussi vous rêver en héros chassant au péril de votre vie l’ennemi raciste. Et qui pourrait dire qui de vous est dans le vrai ? Ayons donc tous la modestie de comprendre que, pour reprendre la formule de Jean Renoir dans « La règle du jeu », « Le plus terrible dans ce monde est que chacun a ses raisons », et que ce qui nous paraît évidemment juste n’apparaît pas forcément ainsi pour les autres. Et que ce n’est que par le débat que nous pouvons essayer de voir plus clair, du moins aussi longtemps que le débat reste possible.

      [Permettez-moi d’avancer une autre hypothèse. Si j’en juge par vos écrits, depuis trois ans que je fréquente ce blog, je vous imaginerais plutôt en supporter de « La France aux Français » en partisan du « Dehors les métèques » ou encore du « Être Français ça se mérite », fustigeant ceux « qui se sont rendus indignes d’être des nôtres ».]

      Une amalgame n’est pas un argument, pas plus qu’une revue d’étiquettes infamantes. Admettons un instant que ce soit vrai. Que je sois un supporter de « La France aux Français » et un partisan fervent du « Dehors les métèques ». Que comptez-vous faire ? Me convaincre que j’ai tort ? Il vous faudra pour cela des arguments plus percutants qu’un simple « vous êtes un affreux, pouah ».

      L’amalgame qui précède – et celle qui suit, parce que ce n’est pas fini – ne me fait ni chaud ni froid parce que je suis convaincu de ne pas l’avoir méritée. Mes écrits sont sur ce blog, et chacun peut les lire et juger de votre accusation. A partir de là, le terrorisme intellectuel me laisse de marbre. Vous pouvez me traiter de « admirateur de Hitler » ou de « émule de Goebbels » aussi, si cela vous chante. La seule réponse que vous obtiendrez de moi c’est « vous n’êtes pas sérieux ».

      [Et vous, Descartes, vous pouvez bien vous rêver en Colonel Fabien ou en Henri Rol-Tanguy, ces héros communistes de la résistance. Mais qui nous dit que vous auriez eu ce courage et cette grandeur. Peut-être n’auriez vous été qu’un des ces minables membres obscures des FFI de la dernière heure.]

      Peut-être. Peut-être même que j’aurais été collabo. Et vous aussi, d’ailleurs. Je n’en sais rien, et vous non plus. Et des choses dont on ne sait rien, il vaut mieux ne pas en parler. Maintenant, qu’est ce que vous pensez avoir démontré ? J’avoue que je vois mal le but de cette remarque.

    • v2s dit :

      @Descartes
      [Je n’en sais rien, et vous non plus. Et des choses dont on ne sait rien, il vaut mieux ne pas en parler.]

      Mais c’est exactement ce que je dis !
      Ne tentez pas un des tours de passe dont vous avez l’expertise, n’inverser pas les rôles c’est bien NJ et vous qui avez comparé [v2s et ceux qui pensent comme lui] aux [Boches] contre qui les français ont spontanément pris les armes en 40.
      Voici la phrase de NJ entière :
      [Sauf que l’ennemi est plus difficile à cerner: en 40, l’état du pays était tragique mais la situation plus simple, pour ou contre les Boches. Il y avait une armée d’occupation étrangère, avec des uniformes, des chars et leurs collabos. Mais aujourd’hui? Vous êtes prêt à flinguer v2s et les gens qui pensent comme lui?]
      Phrase que vous n’avez pas démenti sur le fond, vous avez simplement indiqué que, non, la situation n’était pas plus simple en 40, mais rien ne semble vous avoir choqué lorsque NJ me compare aux [Boches] qu’il convient de [flinguer].

    • Descartes dit :

      @ v2s

      [Ne tentez pas un des tours de passe dont vous avez l’expertise,]

      Je vous trouve assez adepte des attaques ad hominem en ce moment. Chez quelqu’un qui m’accusait de « manier le mépris », je trouve que c’est particulièrement peu cohérent. Pensez-vous que la phrase qui précède soit une preuve de respect ?

      [n’inverser pas les rôles c’est bien NJ et vous qui avez comparé [v2s et ceux qui pensent comme lui] aux [Boches] contre qui les français ont spontanément pris les armes en 40. Voici la phrase de NJ entière : Sauf que l’ennemi est plus difficile à cerner: en 40, l’état du pays était tragique mais la situation plus simple, pour ou contre les Boches. Il y avait une armée d’occupation étrangère, avec des uniformes, des chars et leurs collabos. Mais aujourd’hui? Vous êtes prêt à flinguer v2s et les gens qui pensent comme lui?]

      Je vois bien la phrase de NJ, mais je ne vois nulle part la mienne. Si vous accusez « NJ et moi » de vous avoir comparé, le moins que vous puissiez faire c’est de montre la phrase ou je formulerai une telle comparaison. En fait, cette phrase n’existe pas. Vous m’accusez sur le fondement d’une amalgame :

      [Phrase que vous n’avez pas démenti sur le fond,]

      Aha. Je suis donc censé être le co-auteur de tout ce que je n’ai pas « démenti sur le fond ». Pour vous, silence vaut accord. Ais-je besoin de dire ce que je pense de ce genre de procédé ?

      Maintenant sur le fond : je commence à connaître votre tendance à jouer les Calimero, et pour cela à faire dire aux autres des choses qu’ils n’ont pas dit. Non, personne ne vous a « comparé aux Boches ». NJ a simplement dit qu’en 1940 « l’ennemi » était visible, avec « des uniformes, des chars, des collabos » et que le choix était alors plus simple : pour ou contre. Et qu’aujourd’hui « les ennemis » – parmi lesquels il vous classe – sont plus diffus, plus difficiles à reconnaître et à combattre. Cela ne revient pas à considérer que tout « ennemi » est comparable aux « boches ».

      Quant à cette qualification « d’ennemi », c’est l’opinion de NJ et certainement pas la mienne. Non seulement je l’ai critiqué sur le fond, estimant que nous ne sommes pas dans un contexte de guerre civile qui ferait de tout adversaire un « ennemi ». Et j’ai soutenu mon opinion dans les faits, en poursuivant le dialogue avec vous. Pensez-vous que ce soit le comportement que j’ai avec mes « ennemis » ? Quelque soient les désaccords qui nous opposent, ce n’est pas moi qui ira vous coller des étiquettes du genre « traître » ou « ennemi de la France », même si vous vous permettez de me coller celles de « partisan de la France aux Français » ou si vous me faites dire « dehors les métèques ». Moi, je crois à la vertu du débat en démocratie. Peut-être qu’un jour nous nous trouverons face à face les armes à la main, on ne peut jamais savoir. Mais ici et maintenant nous avons la chance de vivre dans un pays où ce débat est possible. Profitons-en. Et faisons tout notre possible pour le préserver.

    • @ v2s,

      Je n’ai pas voulu vous comparer à un Boche, monsieur. J’ai dit que je vous considérais comme un “ennemi”, mais pas comme un collabo ou un soldat étranger.

      J’ai dit aussi que vous aviez un certain “panache intellectuel” de venir ici défendre vos opinions. Pourquoi ne pas retenir ce compliment, car c’en est un?

      J’ai également observé que les gens qui nous gouvernent, globalement, pensent comme vous. Vous êtes au pouvoir, v2s, avec des gens qui pensent comme vous, depuis trente ans. La France de 2015 est votre France bien plus que la mienne, la France que vous avez voulue, celle dont vous avez rêvé. C’est dans VOTRE France que des islamistes massacrent des caricaturistes, c’est dans VOTRE France qu’à l’heure même où j’écris le sang coule à Paris.

      Voilà la France que vous avez voulu, “moins blanche, plus colorée, plus religieuse, plus musulmane”. Maintenant, vous l’avez. Profitez-en.

  17. luc dit :

    Il va sans dire que les attentats de Paris,occupent le devant de la scène.
    En mon nom, comme d’autres blogueurs,je présente mes condoléances aux victimes.
    Dans ce post,car le vie continue,je vais présenter différents textes,dont un trés émotif où j’énonce l’éventualité d’un vote FN de ma part.
    Mais avant,je tiens à remercier Descartes,pour sa maitrise des débats,sur son blog et la démonstration qu’il fait de sa capacité à la fois d’intransigeance et de respect de ses interlocuteurs;Bravo et Merci de nous apporter cette démonstration concrète de sereinité.
    Oui,ce matin,je me suis imaginé votant FN ,en secret,pour la première fois de ma vie.
    Plus que la réaction identitaire suite aux abominations de Paris,c’est le souvenir de la fierté ressentie lorsque j’ai vu MLP,sous le regard de Philipot,énoncer leurs 4 vérités à Merkel età ‘son chancelier’Hollande,qui a porté mon élan imagination.
    Puis,la longue liste des facettes de l’anomie actuelle en France dont en tant qu’enseignant,je subis de plein fouet les effets.
    Même,la baisse du taux de natalité me préoccupe.
    La pseudo-gauche,libérale-libertaire,se voile la face.
    C’est une question de logique pour moi.
    La disparition des old school,suite au simple écoulement du temps prendra 1,2 ou 3 décennies et aprés,où seront les vrais laïcs à la Descartes?
    Les olds schools subissent la la dénatalité donc OBLIGATOIREMENT aura lieu ,l’abject remplacement par un gloubi-glouba monothéiste de notre culture spécifique laïque depuis 500 ans (avec Jean Bodin,fondateur français de la laïcité française après les guerres de religion).Cette gauche caviar promeut aussi,malheureusement, la mondialisation au nivellement social, par l’acceptation de cet Euro anti-démocratique d’ores et déjà depuis quasi-toujours Euro-Mark pro allemand.Le pacte Gaullo-communiste remis en cause depuis 1981 est sur le point de s’effondrer.
    Arrive aussi ce rejet de notre identité tolérante et laïque,par quasi 100% des médias, au profit des crétinismes monothéistes(Hallal Islam religion de paix ;Monothéismes religions du livre,Bible textes divins idylliques,Thora,21 ième siècle des religions,des fumisteries,des sornettes,des superstitions,des enfumages,des manipulations,bla bla bla blabla..etc..).
    Que chacun continue de faire la liste,et vous comprendrez pourquoi même moi,petit fils d’un maquisard membre du front national pour l’émancipation,j’ai envie de voter Front National pour un nouvel ordre occidental !
    Las,je suis écoeuré.Le vote étant secret,je réserve ma position finale.D’habitude je vote PCF.Voici un texte d’ailleurs sur les futures élections régionales écrit avant ce Vendredi, soir d’attentats .’Quelques phrases de découragement,voire d’accablements semblent sourdre ici ou là dans quelques commentaires.Au vu du spectacle du monde,cela se comprend…Allez,compagnons,camarades,bloguers,haut les coeurs!
    Notre,foi,c’est la laîcité,et nous sommes nombreux à la défendre,venant de toutes les religions,de tous les agnostismes et de tous les athéismes.Imposer la loi,en république?
    Bien sûr!
    Faut il donc sans cesse que la loi républicaine soit accuser d’être liberticide alors qu’au contraire elle nous protège?
    La loi est laîque dans notre pays!
    Que le communautarisme en soit énervé ne doit pas nous impressionner ni dissuader les préfets d’être pertinents dans l’application de notre législation et laïcité,courage chers amis,en 2015,notre république a marqué des points!.
    Certes comme vous je suis sceptique,
    Mais je suis pris d’une irrépressible euphorie à la lecture des listes pour les régionales.
    Quelles passions animent ces plus de 20000 candidats fougeux autant que naîfs?
    En 2015:Dans deux régions, le Front de gauche a littéralement explosé devant la possibilité d’un accord avec les écologistes.
    En Auvergne Rhône-Alpes, la situation se décline ainsi : d’un côté le PCF seul, de l’autre un rassemblement EE-LV, PG, Ensemble Rhône-Alpes ainsi que Nouvelle donne conduit par l’écologiste Jean-Charles Kohlhaas. Il ne fait guère de doute que les écologistes ont toujours aspiré à un rassemblement sans le PCF, mais ce dernier a tout fait pour leur donner satisfaction. Empêtré dans ses problèmes internes (entre les deux régions et au sein même de Rhône-Alpes), le PCF a attendu la fin juin pour annoncer qu’il ne partirait pas avec le PS laissant largement passer le train du rassemblement.
    Dans le Nord Pas-de-Calais Picardie, région au centre de l’attention médiatique, le PG a choisi de rallier la liste de l’écologiste Sandrine Rousseau pendant que Ensemble-Nord Pas-de-Calais faisait le choix de soutenir le communiste Fabien Roussel. D’évidence, la compatibilité sur une même liste des communistes et des écologistes dans cette région n’allait pas de soi. Pourtant, à l’heure où le Parti socialiste, miné par la politique gouvernementale et les multiples affaires locales, s’effondre aux alentours de 15%, et envisage de plus en plus de s’effacer voire de fusionner avec Les Républicains de Xavier Bertrand, il y a peut-être là une occasion manquée. La situation de l’entre-deux tours risque de laisser quelques regrets.S on regarde par rapport aux précédentes régionales, la situation n’est aussi complexe,à 12 qu’à 22!.Les différences de configuration d’une région à l’autre tiennent en fait uniquement à la relation entretenue vis-à-vis d’EELV, là où en 2010 on avait d’une part les relations au PS et d’autre part celles au NPA.En 2010, sur 22 régions métropolitaines, on avait : configuration liste PCF seul : 1 (Corse) configuration PS-PCF d’une part, PG d’autre part : 2 (Bretagne, Lorraine) configuration PS-PCF d’une part, NPA-PG d’autre part : 3 (Bourgogne, Champagne-Ardenne, Basse Normandie)
    configuration FdG : 13 (Alsace, Aquitaine, Auvergne, Centre, Franche-Comté, Île-de-France, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie, Picardie, Poitou-Charentes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes) configuration FdG-NPA : 3 (Languedoc-Roussillon, Limousin, Pays-de-la-Loire)’.DE toutes les façons,et à juste titre la campagne est interrompue afin de respecter le deuil national.

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Oui, ce matin, je me suis imaginé votant FN, en secret, pour la première fois de ma vie.]

      La première fois, c’est dur. Après, malheureusement, on s’habitue.

      [Que chacun continue de faire la liste,et vous comprendrez pourquoi même moi, petit fils d’un maquisard membre du front national pour l’émancipation, j’ai envie de voter Front National pour un nouvel ordre occidental !]

      Cela peut paraître un paradoxe, mais l’explication est simple. Au fur de la conquête de l’espace politique par les « classes moyennes », la gauche a laissé tomber ses drapeaux historiques. La laïcité, le rationalisme matérialiste des Lumières, le principe de souveraineté nationale et populaire (et l’une n’existe pas sans l’autre), l’unité du genre humain et même cette « common decency » qui fait partie de la culture populaire on été abandonnées pour adopter une sorte de « gloubi-boulga » idéologique qui reprend sous un vernis « progressiste » les idées les plus réactionnaires issues de la philosophie de la « communauté » et de la naturphilosophie allemande. Les drapeaux que la gauche a laissé tomber, le FN n’avait qu’à les ramasser, et c’est exactement ce qu’il a fait. Quand vous êtes tenté de voter pour le FN, c’est en fait à ces vieux drapeaux que va votre fidélité…

  18. Glarrious dit :

    Je me demandais si les hauts-fonctionnaires n’ont pas eux aussi perdu leurs compétences dans leurs matières à tel point le gouvernement fait appel à des prestataires de services qui viennent du privé ou pire de l’étranger (on peut prendre l’exemple de d’Alstom) . Est ce que l’ENA perd aussi ses savoirs au nom de l’affaiblissement de l’Etat, de l’UE etc … ?

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [Je me demandais si les hauts-fonctionnaires n’ont pas eux aussi perdu leurs compétences dans leurs matières à tel point le gouvernement fait appel à des prestataires de services qui viennent du privé ou pire de l’étranger (on peut prendre l’exemple de d’Alstom).]

      Il est certain que la haute fonction publique a perdu des compétences.

      D’abord, parce que la modération salariale et le rétrécissement permanent de l’Etat fait que la différence entre les carrières qu’un jeune peut espérer dans le publique et dans le privé à égalité de compétences deviennent abyssales, que ce soit en termes de responsabilité ou de salaire. On critique beaucoup le fait qu’un grand nombre de hauts fonctionnaires sortis des meilleures écoles de la fonction publique aillent « pantoufler » dans le privé (1). Mais ce « pantouflage » est inévitable dès lors que la compression permanente des moyens de l’Etat fait qu’à partir d’un certain niveau les postes intéressants se font rares… et comme le privé peut faire son marché, vous pouvez être sûr que ceux qui partent ne sont pas les moins bons.

      Ensuite, le rétrécissement du périmètre de l’Etat ne permet plus le maintien de certaines compétences, notamment techniques. L’existence de puissants établissements publics ou d’entreprises d’Etat (EDF, SNCF, France Télécom, ELF, GAN, AGF, Banques) permettait aux hauts fonctionnaires des aller-retour entre des postes opérationnels et des postes de supervision, et à l’Etat de disposer d’une expertise technique à sa main. La privatisation ou la transformation des établissements en entreprises priées de fonctionner dans un environnement concurrentiel réduisent ces possibilités à la potion congrue.

      Enfin, la logique de communication qui s’est imposée à tous les niveaux fait que l’apparence devient plus importante que la substance. La compétence du « faire » se trouve reléguée dans la sélection pour les postes dirigeants par la compétence du « faire savoir ».

      (1) Ce qui au passage tend à montrer que, loin de la caricature qu’on fait d’eux, nos hauts fonctionnaires sont non seulement compétents, travailleurs et efficaces, mais surtout qu’ils ne sont pas si coupés que cela des réalités du monde. On voit mal sinon pourquoi les entreprises privées iraient les débaucher…

      • Glarrious dit :

        [ Ce qui au passage tend à montrer que, loin de la caricature qu’on fait d’eux, nos hauts fonctionnaires sont non seulement compétents, travailleurs et efficaces, mais surtout qu’ils ne sont pas si coupés que cela des réalités du monde. On voit mal sinon pourquoi les entreprises privées iraient les débaucher… ]

        Pas vraiment c’est plutôt du renvoie d’ascenseur, un tel m’a aidé à faire avancer mes intérêts ainsi les entreprises privées les remercie en les embauchant. Donc cette caricature qu’on fait d’eux est une réalité et aussi mérité.

        • Descartes dit :

          @ Glarrious

          [Pas vraiment c’est plutôt du renvoie d’ascenseur, un tel m’a aidé à faire avancer mes intérêts ainsi les entreprises privées les remercie en les embauchant.]

          En majorité le pantouflage touche des hauts fonctionnaires qui, n’arrivant pas à se faire nommer à des postes de décision, partent dans le privé dans l’espoir de trouver mieux. Ils n’étaient donc pas en position de fournir une aide substantielle aux entreprises qui les embauchent. L’achat de carnets d’adresses ou le retour d’ascenseur peuvent exister, mais touchent une toute petite minorité de hauts fonctionnaires qui ont fait des carrières brillantes et qui en fin de carrière vont dans le privé, et deviennent d’ailleurs de plus en plus rares au fur et à mesure que les commissions de déontologie se font plus pressantes. La grande majorité des “pantouflards” ne sont pas dans cette situation.

          Prenez par exemple le cas de Macron. En 2004 il rejoint l’Inspection des finances à la sortie de l’ENA. Comme bon inspecteur des finances nouvellement nommé, il passe quatre ans à rédiger divers rapports sur des sujets aussi passionnants que « la valorisation de la recherche », « la fraude aux prélèvements obligatoires et son contrôle » et « la répartition des prélèvements obligatoires entre générations et la question de l’équité intergénérationnelle », avant de participer en tant que rapporteur adjoint à la “commission Attali sur la libération de la croissance”. Il quittera la fonction publique en 2008 sans avoir occupé un poste qui lui donne le moindre pouvoir de décision.

          Alors expliquez moi: quel est l’ascenseur que le jeune Macron aurait pu envoyer à la banque Rotschild, et qui aurait justifié que celle-ci embauche un personnage parfaitement incompétent et coupé des réalités juste pour un “retour d’ascenseur” ?

  19. Glarrious dit :

    [ Alors expliquez moi: quel est l’ascenseur que le jeune Macron aurait pu envoyer à la banque Rotschild, et qui aurait justifié que celle-ci embauche un personnage parfaitement incompétent et coupé des réalités juste pour un “retour d’ascenseur” ? ]

    Selon moi son embauche est un investissement pour cette banque fructifie ses affaires, je m’explique, la banque Rotschild le prend pour continuer à agrandir son carnet d’adresse en effet il faut rappeler que le travail de Macron dans cette banque était de réunir des partenaires pour des projets de fusion, de rachat ou vente. On peut citer la vente du journal le Monde à BNP (Pierre Bergé, Xavier Niels et Mathieu Pigasse) où il a joué un rôle assez sombre dans cette affaire. Ensuite il retourne dans le public dans lequel il deviendra ministre de l’économie. Dans l’affaire Alstom Macron et la banque de Rotschild joueront un rôle majeur, le premier a finalisé la vente aux américains et le second jouera le rôle de conseillé en gagnant une jolie somme d’argent ensuite Macron devient leur champion pour défendre les intérêts qu’il représente lors des élections présidentielles ainsi c’est cette ascenseur que le jeune Macron a pu envoyer à la Banque Rotschild mais il n’y a pas qu’eux .

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [Selon moi son embauche est un investissement pour cette banque fructifie ses affaires, je m’explique,]

      Peut-être. Mais nous sommes bien d’accord que cette embauche n’est pas un « retour d’ascenseur », puisque aucun ascenseur n’a été envoyée vers la banque par un Emmanuel Macron qui n’avait occupé aucun poste impliquant un pouvoir de décision.

      [Ensuite il retourne dans le public dans lequel il deviendra ministre de l’économie.]

      Vous faites ici une confusion entre le « public » et le gouvernement. Emmanuel Macron n’est jamais revenu dans le public – au sens qu’il n’a jamais plus exercé des fonctions de haut-fonctionnaire. Il a été nommé secrétaire général adjoint de la présidence, puis ministre, qui ne sont pas des postes de la fonction publique, et qui ont été d’ailleurs plusieurs fois occupés par des gens venant du privé. Si le but était d’envoyer quelqu’un au gouvernement ou d’avoir un beau carnet d’adresses, la Banque Rotschild aurait parfaitement pu embaucher un brillant HEC, un brillant centralien.

      Si Emmanuel Macron a « renvoyé l’ascenseur », c’est en tant que ministre, pas en tant que haut fonctionnaire. Il ne faut pas confondre.

Répondre à RP Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *