Dans la France du XXIème siècle, pas de place pour Napoléon…

« Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu […] Il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier, un code de lois, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente […] Il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre au sein du chaos […] Il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, sans autre autorité que celle de son génie, se faire obéir par trente-six millions de sujets […] Il est grand pour avoir surpassé tous les vainqueurs qui le précédèrent, pour avoir rempli dix années de tels prodiges qu’on a peine aujourd’hui à les comprendre. » (François-Réné de Chateaubriand, “Mémoires d’outre-tombe”

« … un enfant des philosophes, il détestait la féodalité, l’inégalité civile, et l’intolérance religieuse. Voyant dans le despotisme éclairé une réconciliation de l’autorité avec les réformes politiques et sociales, il en est finalement devenu son représentant le plus illustre. Dans ce sens il fut l’homme de la Révolution » (Georges Lefevbre)

« Napoléon… était un instigateur conscient de Révolution partout en Europe. En fait, je crois fermement que c’était la raison de sa perte. Il était, pour les puissances légitimes de l’Europe, un Jacobin couronné…» (Owen Connelly) .

Il y a deux siècles à l’Ile de Sainte-Hélène, s’éteignait un homme et naissait un mythe.  Car il y a dans un personnage tel que Napoléon Bonaparte une double dimension. Il y a l’homme, avec ses forces et ses faiblesses, ses grandeurs et ses mesquineries, ses fulgurances et ses limitations. Et puis, il y a le mythe, c’est-à-dire l’image que chaque peuple, chaque nation se fait de lui. Et il faut bien dans ce cas parler de « mythes » au pluriel, car Napoléon Bonaparte n’est pas seulement un mythe français : dans chacun des pays où il est passé – et même là où il n’est pas passé – sa trace est visible. Il y a un Napoléon à Venise ou à Vienne, qui abolit les structures vermoulues du Saint Empire ou de la République aristocratique et apporte la modernité de la Révolution, il y a un Napoléon à Londres qu’on considère avec un mélange ambigu d’admiration et de haine, et même un Napoléon en Egypte…

Les ambiguïtés de la commémoration/célébration du bicentenaire de Napoléon Bonaparte en France sont révélatrices de la difficulté qu’éprouve notre société « libérale avancée » à gérer le mythe. Car l’homme, lui, appartient aux historiens de la même façon qu’un cadavre appartient aux médecins légistes. L’histoire n’a pas à se soucier de considérations morales, à distribuer de bons ou de mauvais points, de qualifier tel ou tel acte de « faute » ou de « crime » a posteriori. L’histoire, en tant discipline intellectuelle, se doit rassembler les documents et les témoignages, les organiser, chercher à comprendre ce qui s’est passé, comment ça s’est passé et – si on y arrive – pourquoi cela s’est passé. Elle n’a pas à juger, et encore moins à « commémorer », à « célébrer » pas plus qu’à condamner. La commémoration, la célébration, la condamnation sont de l’ordre du mythe, et non de l’histoire.

C’est au mythe, et non à l’homme, qu’on dresse des statues. C’est le mythe qu’on célèbre ou qu’on salit dans des discours ou des manifestations. Et les mythes qu’une société se construit nous disent en fait plus sur cette société que sur l’homme qui est derrière. Le fait que Colbert ou Bonaparte aient été donnés en exemple dans nos lycées et nos écoles hier et voués aux gémonies aujourd’hui ne nous dit rien sur l’Empereur ou le ministre de Louis XIV. Dans l’intervalle on n’a rien découvert de nouveau sur l’œuvre et l’œuvre de l’un et l’autre : on sait depuis longtemps que l’un a contribué à rédiger le « Code noir », que l’autre rétablit l’esclavage dans les possessions françaises d’outre-mer, et personne n’a jamais songé à le cacher. C’est nous qui avons changé, pas eux. Il est donc intéressant de regarder pourquoi le mythe qui fondait hier notre identité n’est plus en phase avec l’idéologie dominante de la France de 2021.

D’abord, Napoléon Bonaparte est l’incarnation du réalisme politique, de l’homme plus intéressé par les résultat que par le princpe. La formule gaullienne « on ne fait de la politique qu’avec des réalités » lui va parfaitement. Jacobin, acquis à la pensée des Lumières, il ne rejette nullement les conquêtes de la Révolution. Mais il est conscient que si le régime révolutionnaire était nécessaire pour mettre à bas l’ordre ancien, le désordre général qui s’en est suivi menace non seulement ses conquêtes mais l’intégrité de la nation toute entière. Pour préserver l’œuvre de la Révolution, il faut vite rétablir un fonctionnement prévisible des institutions et la confiance dans la monnaie. Il faut fonder un Etat administratif efficace, traduire les principes révolutionnaires de liberté, d’égalité, de fraternité dans un ordre législatif réaliste, donner aux institutions un décorum qui les rendent légitimes aux yeux d’un pays largement paysan habitué à certaines formes d’autorité. Et, last but not least, défendre la France contre les armées coalisées des monarchies européennes qui voyaient d’un très mauvais œil le surgissement d’une puissance qui assumait une rupture avec l’ordre aristocratique.

Une fois ces objectifs fixés, Bonaparte n’hésitera jamais sur les moyens pour les atteindre. Il sacrifiera sans hésiter les symboles républicains lorsqu’il comprend qu’il faut rassurer une France paysanne de traumatisée par des changements qui ont mis à bas en quelques années des institutions séculaires en organisant un retour à une symbolique traditionnelle du pouvoir. Il adoptera donc la pompe et le langage symbolique de la monarchie, sans pour autant rétablir les principes. Lorsqu’il réalisera qu’en réaction à l’abolition de l’esclavage dans les possessions françaises ordonnée par la Révolution les élites locales négocient avec l’Angleterre mais aussi avec les Etats-Unis un statut de protectorat et préparent leur sécession, sécession qu’il n’a pas les moyens militaires d’éviter, il n’hésite pas à rétablir l’esclavage. Ce n’est là que de la Réalpolitik. Une Realpolitik qui d’ailleurs n’a rien changé au sort des esclaves : un protectorat anglais ou américain aurait abouti au même résultat.

C’est que pour Bonaparte, gouverner « est un art tout d’exécution ». Communiquer est important pour lui, mais réaliser l’est encore plus. L’Etat napoléonien est d’abord un état efficace, présent partout et se donnant les moyens de régler les problèmes, d’installer les nouvelles institutions et de les faire fonctionner. Napoléon n’a pas créé les départements – c’est là l’œuvre de la Révolution – mais a créé les préfets, dont la mission est de faire fonctionner l’administration, de résoudre les problèmes sur le terrain, d’assurer la présence de l’Etat dans tous les coins de France. Le fait que deux siècles plus tard et malgré tout ce qui a changé depuis le système préfectoral reste efficace et apprécié par les Français, au point que le projet de la gauche des années 1970 de les supprimer est vite parti aux oubliettes.

On comprend que le réalisme napoléonien entre en conflit avec une idéologie aujourd’hui dominante qui se soucie plus de la communication sur les principes que des résultats (1), qui préfère le symbole au réel. Le mythe d’aujourd’hui est nécessairement un martyr qui meurt pour ses convictions, et non un réaliste qui vit pour les réaliser. Colbert, Robespierre ou Bonaparte deviennent des reprouvés parce qu’ils ont su faire des compromis pour tenir compte du contexte de leur époque. On donnera au contraire le nom d’Olympe de Gouges à un lycée parce qu’elle était une fanatique qui poursuivit sa marotte jusqu’au pied de la guillotine. Peu importe que les premiers laissent une œuvre considérable qui nous constitue encore aujourd’hui comme nation, et l’autre ne nous ait laissé qu’un manifeste mal écrit.

Circonstance aggravante, Bonaparte est un homme des Lumières. Grand lecteur, passionné de sciences, il cherche à exercer un pouvoir éclairé et s’entoure pour cela des esprits les plus savants et les plus cultivés de son époque. Il saura s’entourer d’ailleurs de ministres et de hauts fonctionnaires compétents, mais il comprendra aussi que l’avis scientifique n’est pas l’avis de tel ou tel savant, mais l’avis collectif d’une institution. C’est pourquoi il constituera des « corps » lui permettant de disposer d’une compétence institutionnelle sur les sujets scientifiques et techniques (2). Il poursuivra l’œuvre de la Révolution en organisant l’enseignement primaire, secondaire et supérieur sur un modèle strictement méritocratique. Et nous laisse une magnifique citation qu’on devrait graver dans le mur de chaque école : « Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles qu’on fait sur l’ignorance » (3).

Un modèle méritocratique qu’on retrouve à tous les étages de la pensée napoléonienne. Napoléon a beau avoir rétabli les titres de noblesse et distribué ceux-ci largement parmi ses fidèles. Mais cette communication aristocratique ne doit pas cacher les réalités : on devient duc de ceci ou comte de cela parce qu’on a démontré sa compétence dans le laboratoire, dans l’administration ou sur le champ de bataille. Ce n’est pas le sang ou la naissance qui fait de Lannes – qui commença sa carrière comme apprenti teinturier – un duc et un maréchal. Et Bonaparte y est d’autant plus sensible qu’il est lui-même issu de la promotion au mérite. En langage moderne Bonaparte peut être considéré un immigré assimilé. C’est le 15 mai 1768 que par le traité de Versailles la République de Gênes transfère à la France la Corse, ou Napoléon Bonaparte nait un an plus tard issu d’une famille de robe sans fortune d’origine italienne installée dans l’île. Sa langue maternelle n’est donc pas le français – qu’il parlera jusqu’à la fin de sa vie avec un fort accent. Il se hisse dans la hiérarchie grâce à des études brillantes (notamment en mathématiques) à l’école militaire de Brienne puis à l’école militaire de Paris (4). Sa famille, engagée en politique, paiera d’ailleurs chèrement son attachement à la France : elle sera forcée de quitter la Corse après que sa maison soit incendiée par les indépendantistes paolistes le 24 mai 1793.  Bonaparte ne retournera plus jamais en Corse, et dans son testament demandera à être inhumé « sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé ».  

Là encore, on peut comprendre que la figure napoléonienne irrite l’idéologie dominante. Pensez-y : un immigré assimilé, qui aime la France et qui rejette son « identité régionale », qui arrive en haut par son travail et son mérite, qui étend cette logique méritocratique à l’ensemble de ses collaborateurs, qui fait du savoir et de la compétence le seul critère de noblesse… avouez que dans la société où se multiplient les « fils de », et où une partie des couches dominantes sont obsédées par la possibilité d’un déclassement, ça fait tâche.

Enfin, le mythe napoléonien est celui de la souveraineté et du volontarisme, celui du rejet des logiques de résignation et du « il n’y a pas d’alternative ». La formule « impossible n’est pas français » qui lui a été attribuée est peut-être apocryphe – du moins sous cette forme – mais l’action de Bonaparte tout au long de sa vie est clairement marquée par une volonté de précéder les évènements, de les modeler, et non de réagir. On souligne d’ailleurs un peu trop vite la soif de conquêtes de Bonaparte, en oubliant que la plupart des guerres napoléoniennes étaient, à la racine, défensives. Bonaparte savait que les monarchies européennes n’avaient jamais accepté la France postrévolutionnaire, et qu’à défaut de porter la guerre chez elles, elles n’auraient pas le moindre scrupule à porter la guerre chez nous. A-t-il eu tort de prendre l’initiative ? On peut tout de même noter que les régimes qui lui ont succédé ont tous assumé des stratégies purement défensives, ce qui nous a valu la dévastation de notre territoire en 1870, en 1914 et en 1940.

Là encore, il n’est pas inutile de comparer cette position avec celle portée par l’idéologie dominante, qui prêche la résignation à l’inévitable, l’inéluctable adaptation à des changements sur lesquels nous n’aurions aucune prise. La figure de Bonaparte est à l’opposé complet de la logique « victimiste » dans laquelle notre société se complaît. Pensez aux cent jours…

On pourrait évoquer bien d’autres éléments du mythe napoléonien. Et à chaque fois, on constatera la même chose : que ce mythe remet en cause l’essentiel de l’idéologie dominante d’aujourd’hui. Bonaparte est le symbole d’une société fondée sur le savoir et le mérite, dans une société dans laquelle « méritocratie » devient un gros mot. Bonaparte nous parle de grandeur et de projet collectif dans une France qui a largement accepté de se subordonner à une construction supranationale fondée sur les préférences individuelles du consommateur. Bonaparte nous parle d’un Etat puissant et efficace là où nos politiques s’apprêtent à banaliser l’idée même d’agent public. Napoléon déclarait que « de Clovis au Comité de Salut Public, j’assume tout » dans une société ou les politiques sont appelés – et sont rares à y résister – à se frapper la poitrine et demander pardon en permanence. Combien d’hommes politiques seraient aujourd’hui prêts à répéter cette formule ?

C’est pourquoi les reproches liés au rétablissement de l’esclavage ou le sexisme du Code civil doivent être traités pour ce qu’ils sont : des prétextes. On ne déboulonne pas Napoléon – ou Colbert, ou tant d’autres – parce qu’ils sont racistes. On découvre leur racisme parce qu’on veut les déboulonner. Et on veut les déboulonner parce que leur présence dans l’espace public est un reproche permanent. Elles nous disent « qu’as-tu fait de mon héritage ? » ou « es-tu digne de moi ? ». On comprend que nos élites n’aient pas envie de répondre à ces questions.

Eriger des statues et enseigner le mythe des grands hommes est à juste titre perçu comme un danger par nos élites politico-médiatiques. Et on comprend bien pourquoi : une jeunesse nourrie de ces exemples de grandeur pourrait juger les acteurs du présent à partir des mythes du passé. Combien d’hommes publics vivants peuvent se frotter au mythe de Napoléon, de Colbert, de Richelieu, de Robespierre ou de De Gaulle sans y laisser des plumes ? Plutôt que de faire l’effort de se hisser au niveau de ces géants, nos élites politiques, médiatiques, intellectuelles préfèrent les rabaisser à leur niveau. C’est là le mécanisme profond qui est derrière la remise en cause de nos mythes fondateurs. Ceux qui se contentent d’une « petite France » provinciale et soumise au bon vouloir bruxellois ont besoin de mythes à leur niveau. Olympe de Gouges plutôt que Robespierre… Dans la “start-up” nation, Napoléon ou Colbert n’ont pas leur place.

Descartes

(1) Il suffit de voir le nombre de dispositions purement déclaratives et n’ayant aucun effet pratique incluses dans les textes législatifs et réglementaires. Cette idéologie qui sert largement à compenser symboliquement le fait que dans le monde économique on s’assied sans vergogne sur les principes au nom de « l’efficacité » et de la « compétitivité »…

(2) On oublie souvent que l’œuvre de Bonaparte est essentiellement une œuvre collective. Si l’on l’associe presque toujours à la rédaction des Codes, il ne faut pas oublier que ces textes ont bénéficié des apports des meilleurs juristes de l’époque : Cambacères, Portalis, Tronchet, Maleville, Bigot de Preameneu entre autres pour le Code civil. De même, ses victoires militaires n’auraient pas été possibles s’il n’avait pas disposé de généraux d’une haute compétence, sélectionnés largement pour leurs mérites et non, comme cela se faisait auparavant, pour leurs origines.

(3) On rapprochera cette citation d’une autre, « l’ignorance est une forteresse qu’il nous faut conquérir », due à… Staline. Le parallèle entre les deux personnages est d’ailleurs intéressant : tous deux étaient nés dans des régions périphériques et étaient jusqu’à un certain point des « immigrés assimilés ». Tous deux ont participé à une révolution qui a balayé l’ensemble des structures politiques et symboliques de leurs pays. Tous deux arrivent au pouvoir à un moment où il s’agit de tourner le dos aux tourmentes révolutionnaires et rétablir un fonctionnement rationnel de l’Etat. Tous deux ont eu à faire face à une guerre permanente organisée par des voisins hostiles à l’idéologie du nouvel Etat. Tous deux étaient des pragmatiques, et ont cherché à établir les institutions issues de la révolution sous l’aspect rassurant d’une symbolique à laquelle leurs peuples étaient habitués, « trahissant » symboliquement la période révolutionnaire. La différence est que Staline partait de bien plus loin, dans un pays dont la tradition politique était celle « d’une autocratie modérée par le meurtre », alors que Napoléon héritait l’œuvre politique et administrative commencée par Louis XIV et l’apport des Lumières…

(4) Rappelons que ces écoles ont été fondés pour permettre aux candidats « sans fortune » de poursuivre leurs études et rentrer dans les armées françaises. On trouve en France les prémisses d’une promotion méritocratique pour le service public bien avant la Révolution… Colbert déjà avait réalisé combien réserver les postes de commandement aux seuls nobles fortunés restreignait le vivier de recrutement et gâchait des talents.

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91 réponses à Dans la France du XXIème siècle, pas de place pour Napoléon…

  1. Glarrious dit :

    [  Le fait que deux siècles plus tard et malgré tout ce qui a changé depuis le système préfectoral reste efficace et apprécié par les Français, au point que le projet de la gauche des années 1970 de les supprimer est vite parti aux oubliettes. ]
    Tiens j’en apprends des choses, je ne savais pas que la gauche voulait faire ça. Dites-moi la gauche, c’est son ensemble ou une partie ? Et aussi pour quelles raisons elle voulait la suppression du système préfectoral ?

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [Tiens j’en apprends des choses, je ne savais pas que la gauche voulait faire ça. Dites-moi la gauche, c’est son ensemble ou une partie ?]

      L’ensemble. On peut lire dans le programme commun de la gauche cette formule sans ambiguïté : « L’administration préfectorale sera supprimée » (« Le programme commun de gouvernement de la gauche, Flammarion, 1978, 127 p., p. 100 ».). Une proposition de loi à cet effet avait été déposée par les socialistes en 1979…

      [Et aussi pour quelles raisons elle voulait la suppression du système préfectoral ?]

      La gauche non communiste en France est traditionnellement notabiliaire, fédéraliste et girondine. La décentralisation qu’elle appelait de ses vœux – c’est-à-dire la prise du pouvoir par les grands féodaux – était difficile à concilier avec la présence dans les départements d’un représentant de l’Etat central doté de pouvoirs importants et dont le prestige auprès de la population reste considérable. Les communistes sont plus jacobins, mais se méfient d’une autorité forte et non élue que les gouvernements de droite – mais aussi socialistes – avaient largement instrumentalisé pour gêner le PCF, que ce soit au niveau électoral ou dans l’administration des collectivités qu’il dirigeait. Quant à l’extrême gauche, elle est allergique à toute autorité.

      • Jean-Gilles Mongendre dit :

        Bonjour,
        Sur quoi vous appuyez-vous pour affirmer que « le système préfectoral reste efficace et apprécié par les Français » ou que « le prestige [du préfet] auprès de la population reste considérable » ?
        Je vous remercie.

        • Descartes dit :

          @ Jean-Gilles Mongendre

          [Sur quoi vous appuyez-vous pour affirmer que « le système préfectoral reste efficace et apprécié par les Français » ou que « le prestige [du préfet] auprès de la population reste considérable » ?]

          Sur mon expérience et mes observations. Prenons quelques exemples: lorsqu’il y a une catastrophe quelque part, vers qui se tournent les citoyens ? Quelquefois vers le maire, très rarement vers le président du conseil départemental ou régional, mais pratiquement toujours vers le préfet. Ce qui montre deux choses: la première, que les gens ont confiance dans la capacité du préfet à réagir, le second, qu’ils ont confiance dans le fait qu’ils seront écoutés par lui. Autrement dit, que le préfet est à la fois une autorité efficace et bienveillante.

          Deuxième exemple: on voit quotidiennement dans les journaux des dénonciations de la corruption de toutes sortes d’autorité. On dénonce les privilèges des hauts fonctionnaires, le clientélisme ou la malhonnêteté des élus… mais vous noterez que ce genre de dénonciation épargne en général le préfet. Dans un pays ou l’on a tendance à critiquer tout le monde, la remise en cause personnelle des préfets est rarissime.

          • Jean-Gilles Mongendre dit :

            D’accord, je vois. C’est sans doute parce que je n’ai jamais eu besoin de me tourner vers les autorités, mais le préfet a toujours été pour moi une figure distante – l’agent de l’État sur le terrain – dont je ne connais pas l’étendue de la prise d’initiative. Dès lors, une deuxième question me vient naturellement : hormis ceux (peu nombreux, en effet) convaincus d’actes malhonnêtes, comment peut-on distinguer un bon préfet d’un mauvais préfet ?

            • Descartes dit :

              @ Jean-Gilles Mongendre

              [D’accord, je vois. C’est sans doute parce que je n’ai jamais eu besoin de me tourner vers les autorités, mais le préfet a toujours été pour moi une figure distante – l’agent de l’État sur le terrain – dont je ne connais pas l’étendue de la prise d’initiative.]

              Mais lorsque le préfet de votre département apparaît à la télévision pour appeler la population à faite telle ou telle chose, vous lui faites confiance ?

              [Dès lors, une deuxième question me vient naturellement : hormis ceux (peu nombreux, en effet) convaincus d’actes malhonnêtes, comment peut-on distinguer un bon préfet d’un mauvais préfet ?]

              Un haut fonctionnaire, c’est un peu comme un médecin : si vous guérissez, vous ne pouvez pas savoir si c’est grâce à lui, si vous ne guérissez pas, ce n’est pas nécessairement sa faute. Un haut fonctionnaire est appelé « à faire ce qu’il peut avec ce qu’il a » (et je cite un ami, préfet de son état). Il essaye de faire du mieux dans un faisceau de contraintes énorme. C’est pourquoi la population – et ses élus – peut juger si un préfet est attentif à leurs problèmes, s’il est facile d’accès… mais pour savoir si c’est un « bon préfet » – ou même un « grand préfet » – il faut faire confiance au jugement de ses pairs. C’est à cela que sert un « corps »…

            • Jean-Gilles Mongendre dit :

              D’accord, c’est intéressant. C’est certainement dû à une méconnaissance du système, mais je n’ai pas l’impression d’avoir à faire confiance à mon préfet ; plus au gouvernement dont il ne serait qu’un exécutant – même si tous ne mettent pas en œuvre les mesures gouvernementales de la même façon, cela dépend autant du préfet que des spécificités de chaque département, non ?
              De même, certaines prérogatives ou actions du préfet me semblent parfois redondantes avec celles des conseils départemental ou régional, notamment en matière d’accompagnement des entreprises, mais peut-être là encore devrais-je regarder ces questions plus en détail.

            • Descartes dit :

              @ Jean-Gilles Mongendre

              [D’accord, c’est intéressant. C’est certainement dû à une méconnaissance du système, mais je n’ai pas l’impression d’avoir à faire confiance à mon préfet ; plus au gouvernement dont il ne serait qu’un exécutant – même si tous ne mettent pas en œuvre les mesures gouvernementales de la même façon, cela dépend autant du préfet que des spécificités de chaque département, non ?]

              D’un point de vue générale, tout fonctionnaire est « exécutant de la politique du gouvernement ». Mais « la politique du gouvernement » laisse aux fonctionnaires une marge d’appréciation. Et puis, il y a beaucoup de sujets sur lesquels le gouvernement n’a pas défini de « politique », tout au plus de vagues lignes directrices. Beaucoup de préfets ont des idées à eux et des projets qu’ils ont envie de mettre en œuvre. Pensez au préfet Poubelle…

              [De même, certaines prérogatives ou actions du préfet me semblent parfois redondantes avec celles des conseils départemental ou régional, notamment en matière d’accompagnement des entreprises, mais peut-être là encore devrais-je regarder ces questions plus en détail.]

              Vous devriez. En fait, les textes définissent clairement les prérogatives de chaque collectivité : le département n’a aucune compétence en matière de développement économique ou d’aide aux entreprises, c’est là le domaine de la région. Mais vous savez comment c’est… lorsqu’une entreprise et en difficulté, cela a un contenu politique et chaque élu a envie d’être vu comme faisant quelque chose…

  2. Claustaire dit :

    Merci pour ce travail de remémoration et votre souci à la fois de synthèse et d’actualisation.
     
    Au fil de la lecture de votre post, on sentait, avant que vous ne le précisiez en note (3), combien vive est encore votre nostalgie d’un “petit père du peuple”.
     
    Nostalgie compréhensible, lorsqu’on sait que sans fondateur ni protecteur il est difficile à un peuple de se fonder et persévérer. Et que sans guide, il lui est difficile de toujours bien savoir où aller. Même si ensuite ce guide éventuellement bénéfique dans un premier temps peut ensuite conduire un peuple à l’abîme.
     
     
    Cela me rappelle une incise que fit l’historien Patrick Boucheron dans un de ses récents cours au Collège de France, incise par laquelle, dans son étude du Léviathan de Hobbes, il signalait la proximité entre patriarcat, paternalisme et sacrifice de l’enfant (symbolisant le présent) au profit de l’Etat et du contrat avec les Puissances ou les Nécessités de l’Histoire, garantes du futur.

    • Descartes dit :

      @ Claustaire

      [Au fil de la lecture de votre post, on sentait, avant que vous ne le précisiez en note (3), combien vive est encore votre nostalgie d’un “petit père du peuple”.]

      Pourquoi parlez-vous de « nostalgie » ? Je me suis contenté de souligner le parallèle entre notre « petit caporal » et leur « petit père des peuples ». J’aurais pu tout aussi bien parler de la figure de Cromwell, qui joue un rôle similaire après la révolution et la guerre civile anglaise du milieu du XVIIème siècle. Toutes les révolutions semblent appeler la figure d’un grand organisateur dont la fonction est de donner forme et stabilité au nouveau régime.

      [Nostalgie compréhensible, lorsqu’on sait que sans fondateur ni protecteur il est difficile à un peuple de se fonder et persévérer. Et que sans guide, il lui est difficile de toujours bien savoir où aller. Même si ensuite ce guide éventuellement bénéfique dans un premier temps peut ensuite conduire un peuple à l’abîme.]

      Vous noterez que mon article ne concerne pas les « guides » vivants, mais les « guides » morts. La question de savoir si Bonaparte a été un bon gouvernant, et celle de savoir si son mythe est utile sont deux questions très différentes. De ce point de vue, j’adhère à la distinction faite par François George entre le Staline-homme et le Staline-mythe. Ce n’est pas parce qu’un homme a été criminel que son mythe est nécessairement maléfique.

      • Vincent dit :

        [Je me suis contenté de souligner le parallèle entre notre « petit caporal » et leur « petit père des peuples ». J’aurais pu tout aussi bien parler de la figure de Cromwell, qui joue un rôle similaire]

         
        Ne pourrait-on pas aussi citer Bismark ? Arrivé au pouvoir suite à des difficultés intérieures prussiennes aux alentours de 1950 ?
         
        C’est ce paragraphe suivant qui m’a fait penser à l’analogie :
         

        [le mythe napoléonien est celui de la souveraineté et du volontarisme, celui du rejet des logiques de résignation et du « il n’y a pas d’alternative ». La formule « impossible n’est pas français » qui lui a été attribuée est peut-être apocryphe – du moins sous cette forme – mais l’action de Bonaparte tout au long de sa vie est clairement marquée par une volonté de précéder les évènements, de les modeler, et non de réagir.]

         
        Il me semble que cette méthode napoléonienne est ce qui a donné la politique de Bismark :
         
        On sait que l’action de Napoléon a été fortement suivie en Prusse, et que la pensée militaire prussienne (et donc la pensée prussienne tout court) a été fortement influencée par l’analyse de l’action de Napoléon.
         
        Et, toute proportion gardée, je pense qu’on peut dire que l’action de Bismark qui a réussi le tour de force en quelques années et 3 guerres de transformer la Prusse d’un petit royaume en un monstre capable de mettre au pas l’Europe s’est directement inspirée de Napoléon. A chaque fois, il s’agissait de mener des guerres préventives en situation favorable, après avoir négocié et fait des promesses à d’autres pays pour éviter d’avoir à affronter tout le monde en même temps.
         
        Mais rapidement, la Prusse s’est du coup retrouvée dans la position de Napoléon : trop puissante pour respecter les équilibres européens, au sens des traités de Westphalie, elle s’est alliénée les autres grandes puissances. Comme Napoléon (à part que Napoléon partait déjà avec un handicap de ce point de vue).
         
        Cette pensée “Napoléonnienne” s’est maintenue en Prusse, devenue Allemagne : L’Allemagne était le pays dominant l’Europe, d’un point de vue militaire. Et elle voyait donc logiquement des alliances se former (France / Russie / GB), potentiellement menaçantes pour elle. Avec en plus une industrialisation de la Russie qui risquait, dès 1915 / 1920, d’avoir une armée moderne rapidement mobilisable, l’obligeant à combattre sur 2 fronts dès le début d’un éventuel conflit.
         
        Dans une telle impasse géostratégiques, 2 attitudes sont possibles. L’attitude de conciliation, qui consiste à essayer de comprendre les souhaits des voisins, à leur faire des concessions, pour qu’ils ne constituent plus une menace (cela aurait consisté par exemple, vis à vis de la France, à restituer l’Alsace, et à démilitariser la rive gauche du Rhin).
         
        L’autre attitude, volontariste, napoléonienne, était de résoudre le conflit par la force, en écrasant les ennemis l’un après l’autre, pour être toujours en supériorité numérique. C’était le plan Schieffen. Et on a vu ce que ça a donné…
         
         
        Je crois me souvenir qu’à une époque, Napoléon avait la possibilité de conclure une paix y compris avec l’Angleterre, dans laquelle la France conservait toute la rive gauche du Rhin, mais renonçait en échange à imposer sa volonté au delà du Rhin… Est ce qu’une telle solution de conciliation n’aurait pas été intelligente ?
         
        Après, la comparaison entre Napoléon et la Prusse ne peut pas être trop extrapolée : Napoléon et sa France étaient porteurs d’un idéal universaliste et émancipateur, ce qui n’était pas le cas des prussiens. Et l’espace germanique, qui est longtemps restée un lieu de production intellectuelle et artistique considérable (que ce soit en musique, en théologie, en philosophie, etc.) a quasiment abandonné l’intellectualisme une fois prussianisé. Je ne sais pas si on peut dire la même chose de Napoléon.

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [« Je me suis contenté de souligner le parallèle entre notre « petit caporal » et leur « petit père des peuples ». J’aurais pu tout aussi bien parler de la figure de Cromwell, qui joue un rôle similaire » Ne pourrait-on pas aussi citer Bismarck ? Arrivé au pouvoir suite à des difficultés intérieures prussiennes aux alentours de 1950 ?]

          Je ne connais pas très bien la biographie de Bismarck, mais l’analogie me paraît osée. Bismarck n’est aucunement un révolutionnaire, au contraire : faisant partie de la classe des « junkers » prussiens qui exercent encore une autorité féodale sur « leurs » paysans, il se range du côté des contre-révolutionnaires lors de la « révolution de Mars » de 1848, au point que l’entourage du roi de Prusse Frédéric Guillaume IV, qui est pourtant conservateur, le trouve trop extrémiste. Bismarck est un réactionnaire qui veut un retour à l’absolutisme aristocratique.

          [Il me semble que cette méthode napoléonienne est ce qui a donné la politique de Bismarck :]

          Bismarck, comme Napoléon, est un réaliste. Le terme « Realpolitik » a d’ailleurs été inventé pour qualifier la politique bismarckienne. Il est probable que Bismarck, qui était un admirateur de Napoléon, se soit inspiré de ses méthodes. Mais il n’affrontait pas une situation du même type, et n’avait pas les mêmes objectifs, alors que c’est le cas pour Staline ou Cromwell…

          [Mais rapidement, la Prusse s’est du coup retrouvée dans la position de Napoléon : trop puissante pour respecter les équilibres européens, au sens des traités de Westphalie, elle s’est alliénée les autres grandes puissances. Comme Napoléon (à part que Napoléon partait déjà avec un handicap de ce point de vue).]

          Vous allez un peu vite, en confondant la Prusse avec l’Allemagne. La Prusse est devenue puissante parce qu’elle a réussi à structurer autour d’elle l’espace germanique, la « nation allemande » au sens que donnait Fichte à cette expression. La puissance napoléonienne vient essentiellement de la France, dont la constitution comme nation est bien plus ancienne.

          [L’autre attitude, volontariste, napoléonienne, était de résoudre le conflit par la force, en écrasant les ennemis l’un après l’autre, pour être toujours en supériorité numérique. C’était le plan Schieffen. Et on a vu ce que ça a donné…]

          Votre théorie présente un point faible. Si les puissances européennes se sont coalisées contre la France, ce n’est pas parce qu’elle était devenue « trop puissante » au sens de l’équilibre westphalien, mais parce que le projet révolutionnaire français représentait une menace politique pour des régimes européens qui étaient tous sans exception soit des monarchies, soit des républiques aristocratiques. Dans le cas de l’Allemagne, le problème ne se posait pas : Bismarck n’était pas un révolutionnaire, il ne proposait pas un modèle politique dangereux pour les autres. Le compromis entre la France et le reste de l’Europe était impossible après la Révolution – vous noterez d’ailleurs qu’une fois Napoléon battu, le premier souci des alliés fut… de rétablir les Bourbons sur le trône !

          [Je crois me souvenir qu’à une époque, Napoléon avait la possibilité de conclure une paix y compris avec l’Angleterre, dans laquelle la France conservait toute la rive gauche du Rhin, mais renonçait en échange à imposer sa volonté au delà du Rhin… Est ce qu’une telle solution de conciliation n’aurait pas été intelligente ?]

          Elle n’aurait pas duré. L’Angleterre – comme l’Allemagne – ne pouvaient tolérer une République, même déguisée en empire, à ses portes

          • Vincent dit :

            Votre théorie présente un point faible. Si les puissances européennes se sont coalisées contre la France, ce n’est pas parce qu’elle était devenue « trop puissante » au sens de l’équilibre westphalien, mais parce que le projet révolutionnaire français représentait une menace politique pour des régimes européens qui étaient tous sans exception soit des monarchies, soit des républiques aristocratiques.

             
            Oui, vous avez raison. C’est ce que je voulais dire avec ma parenthèse : “(à part que Napoléon partait déjà avec un handicap de ce point de vue)”.
             
            Effectivement, les autres puissances avaient 2 raisons de vouloir réduire la France : l’idéologie qu’elle diffusait d’une part, et son attitude menaçante d’autre part.
            Initialement, dans les premières années de la Révolution, c’était la 1ère raison qui prédominait. Mais progressivement, l’Autriche s’est parfaitement accommodée de Napoléon, en le voyant quasi comme une transition dynastique. L’Espagne voulait juste rester tranquille. L’Italie était divisée et surtout occupée par ses affaires intérieures. Les zones de l’Ouest de l’Allemagne, occupées par la France, étaient très contentes du nouveau régime.
            Quand à l’Angleterre, c’était un pays qui avait déjà entamé sa transition, et celui qui avait le moins à craindre idéologiquement de tous.
             
            Je crois qu’assez rapidement, les coalitions se sont reformées davantage contre la menace de la puissance française (qui allait grandissant) que contre le modèle républicain (qui, avec l’empire, les mariages, etc. ressemblait de plus en plus à un simple changement dynastique)
             
            Est ce que la paix aurait pu durer… Il me faut bien reconnaitre que vous n’êtes pas le seul à penser qu’une paix durable aurait été impossible…

            • Descartes dit :

              @ Vincent

              [L’Espagne voulait juste rester tranquille. L’Italie était divisée et surtout occupée par ses affaires intérieures. Les zones de l’Ouest de l’Allemagne, occupées par la France, étaient très contentes du nouveau régime. Quant à l’Angleterre, c’était un pays qui avait déjà entamé sa transition, et celui qui avait le moins à craindre idéologiquement de tous.]

              Je ne suis pas un expert, mais de mes lectures je ne retire pas cette impression. Et je note d’ailleurs qu’après la défaite de Napoléon, les puissances coalisées n’ont d’autre idée que de rétablir les bourbons sur le trône, et que pour ce faire ils choisissent le candidat le plus réactionnaire, le moins porté à un compromis avec les idées de la Révolution.

              [Je crois qu’assez rapidement, les coalitions se sont reformées davantage contre la menace de la puissance française (qui allait grandissant) que contre le modèle républicain (qui, avec l’empire, les mariages, etc. ressemblait de plus en plus à un simple changement dynastique)]

              L’Empire n’était pas un « simple changement dynastique », et les puissances européennes ne se sont fait aucune illusion là-dessus. L’exemple d’un empire qui, malgré les titres de noblesse, n’avait pas la moindre intention de rétablir les liens féodaux, de revenir sur la réforme agraire, qui recrutait ses élites par le mérite exclusivement était virtuellement très corrosif.

              Pensez à l’exemple soviétique : alors que le régime s’est largement « normalisé » après 1953, que l’internationale communiste était depuis longtemps dissoute et que l’idée de « révolution mondiale » avait été depuis longtemps abandonnée, le contenu révolutionnaire du régime a continué à faire peur jusqu’à sa chute…

  3. Luc dit :

    Merci cher Descartes, pour ce texte très intéressant comme à l’accoutumée.
     N’êtes vous pas le  Napoléon des blogueurs en analyse politique ?
     
    Préfèreriez vous en être le Bonaparte ?
    Mais que vient faire ici la citation de Châteaubriand qui haïssait la république, non ?

    • Descartes dit :

      @ Luc

      [N’êtes vous pas le Napoléon des blogueurs en analyse politique ? Préfèreriez vous en être le Bonaparte ?]

      Sans Napoléon, qui se souviendrait de Bonaparte ?

      [Mais que vient faire ici la citation de Châteaubriand qui haïssait la république, non ?]

      Chateaubriand était monarchiste et passablement réactionnaire, mais il était aussi un fin observateur des caractères…

  4. Bougalouga dit :

    Un détail révélateur qui témoigne des conséquences culturelles de l’empire français sous Napoléon et donc de la grandeur de l’homme politique et militaire :
    En voyage au sud de l’Allemagne dans une région qu’on appelle la Bavière et qui était jadis sous domination de l’empire, j’ai pu constater que l’influence française demeurait toujours dans cette région dans la langue parlée… au XXème siècle ! Des mots comme “papillon”, “pantalon” ou “parapluie” sont toujours prononcés en français au détriment des termes officiels ailleurs dans le pays.
    Quel autre homme politique français a su préserver ainsi notre culture dans le monde pour des siècles ?

    • Descartes dit :

      @ Bougalouga

      [Un détail révélateur qui témoigne des conséquences culturelles de l’empire français sous Napoléon et donc de la grandeur de l’homme politique et militaire :(…)]

      L’exemple que vous donnez n’a rien à voir avec Napoléon. L’influence française dans le monde germanique date de bien avant. Déjà du temps de Louis XIV la cour de Versailles était la référence que beaucoup de princes allemands voulaient imiter. Notre “haine de soi” nous empêche de voir que pour beaucoup de pays – c’est particulièrement évident en Europe centrale – la France reste le pays de l’intelligence et du raffinement. Le français était la langue des cours européennes, et est resté celle de la diplomatie jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Et le complexe d’infériorité est particulièrement fort en Allemagne, la langue allemande étant jusqu’au XIXème siècle considérée comme primitive et peu capable de subtilité. Souvenez-vous de la formule de Charles Quint: “Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval.”

  5. jmp dit :

    ce n’est pas colbert qui ecrit le code noir: c’est son fils, seignelay
    pour le reste ,d’accord

    • Descartes dit :

      @ jmp

      [ce n’est pas colbert qui ecrit le code noir: c’est son fils, seignelay. Pour le reste ,d’accord]

      Le Code a été écrit en grande partie par Colbert, mais la mort l’a rattrapé avant qu’il ait réussi à le faire promulguer. C’est donc son fils qui a fini le travail!

      • Vincent dit :

         

        [Le Code a été écrit en grande partie par Colbert, mais la mort l’a rattrapé avant qu’il ait réussi à le faire promulguer. C’est donc son fils qui a fini le travail!]

         
        J’ai des doutes ; mais peut être avez vous des sources que j’ignore ?
         
        Colbert a confié fin 1681 au gouverneur de la Martinique et au gouverneur général des Isles d’Amérique la mission de rédiger : “un mémoire le plus exact et le plus étendu qu’il sera possible, qui comprenne tous les cas qui peuvent avoir rapport aux dits nègres en quelque manières que ce puisse être qui mériteraient d’être réglés par un ordre et vous devez bien connaître l’usage observé jusqu’à présent dans les isles et votre avis sur ce qui devrait être observé à l’avenir”.
        Deux mémoires ont été rédigés, servant de base à la rédaction du “code noir”, l’un remis en 1682, et l’autre en 1683 (année de la mort de Colbert ; celui ci est mort des suites d’une maladie dont il souffrait déjà en 1681).
         
        Et il le “code noir” à proprement parler a été rédigé sur la base de ces mémoires, en 1685, soit après la mort de Colbert. C’est d’ailleurs le second (de 1683) qui a servi de base principale.
         
        Colbert lui même a-t-il influé quelque peu que ce soit sur le contenu du “code noir” ?
         
        Je n’en ai jamais retrouvé le moindre indice, et l’analyse des dates (le mémoire qui a servi de base à la rédaction du code noir a été rédigé par des personnes qui habitaient de l’autre côté de l’Atlantique, et a été remis quelques mois avant sa mort, alors qu’il était déjà en très mauvaise santé).
        Et la transcription du mémoire en code a été faite en 1685, plus d’un an après sa mort.

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [« Le Code a été écrit en grande partie par Colbert, mais la mort l’a rattrapé avant qu’il ait réussi à le faire promulguer. C’est donc son fils qui a fini le travail ! » J’ai des doutes ; mais peut être avez vous des sources que j’ignore ?]

          Vous avez raison, mes mots ont trahi ma pensée. J’aurais du écrire que le Code noir a été écrit en grande partie sous Colbert et à sa demande. Mais certainement pas par Colbert lui-même, qui était trop malade lorsque le premier mémoire arrive pour travailler dessus. Il ne reste pas moins qu’il s’agit d’un projet de Colbert – et typiquement colbertien – même s’il est mené à bien après sa mort.

          [Colbert lui-même a-t-il influé quelque peu que ce soit sur le contenu du “code noir” ? Je n’en ai jamais retrouvé le moindre indice, et l’analyse des dates (le mémoire qui a servi de base à la rédaction du code noir a été rédigé par des personnes qui habitaient de l’autre côté de l’Atlantique, et a été remis quelques mois avant sa mort, alors qu’il était déjà en très mauvaise santé). Et la transcription du mémoire en code a été faite en 1685, plus d’un an après sa mort.]

          L’influence de Colbert me paraît assez claire, même s’il est douteux qu’il ait travaillé directement sur le texte. Mais le fait qu’il ait lui-même commandé les mémoires – les intendants savaient donc à qui le texte était destiné – a certainement joué un rôle, tout comme le fait que le texte final ait été signé par Seignelay, qui avait été formé et se considérait un continuateur de l’œuvre de son père. L’esprit du texte en tout cas est très « colbertien »…

  6. Evelyne Buissière dit :

    Très belle réflexion. Effectivement c’est Napoléon qui juge notre époque plutôt que notre époque qui est en capacité de juger Napoléon. Hegel aurait parlé des “maîtres d’école” qui veulent juger le grand homme à l’aune de leur morale étriquée. Merci de vos posts que je trouve vraiment très pertinents et “inactuels” dans ce monde qui met en avant la bouillie du coeur comme s’il s’agissait de pensée véritable. 

  7. Eh bien dites donc camarade (j’ose), le parallèle Napoléon Bonaparte/Joseph Staline est savoureux…
    Il me renvoie à une petite anecdote personnelle qui s’est déroulée en 1980. Je venais de sortir mon premier bouquin aux éditions sociales et l’écrivain Roger Maria m’avait invité à déjeuner pour me proposer d’écrire un livre sur un sujet qui lui tenait à cœur : « Aristocrates et révolutionnaires » (!!!!). Pour différentes raisons l’affaire n’eut pas de suite, mais je me rappelle une réflexion au moment où dans notre discussion à bâtons rompus nous avons parlé de Staline. Comme je m’étais permis l’expression de quelques réserves, il balaya mes critiques et je me souviens au mot près d’une de ses formules : « on a beaucoup trop critiqué Staline. Comme Napoléon, de fils de vacher, il a quand même fait des maréchaux ». Ce qui était factuellement tout à fait exact et fit mouche compte tenu de cette fichue culture familiale qui ne m’a jamais quitté (!). Je recommande à ce sujet le dernier livre de Jean Lopez et Lascha Othkmezuri intitulé précisément : « Les maréchaux de Staline ».
    Sur le fond, venu personnellement à Napoléon d’abord par la lecture des biographies des historiens soviétiques Eugène Tarlé et Albert Manfred, je considère que votre parallèle fonctionne tout à fait. Mais alors, il est à manier avec précaution…

    • Descartes dit :

      @ Régis de Castelnau

      [Eh bien dites donc camarade (j’ose),]

      Osez, osez… je serais honoré de vous compter parmi mes camarades…

      [le parallèle Napoléon Bonaparte/Joseph Staline est savoureux…]

      Je crains que, par le temps qui courent, cela ne contribue pas à redorer le blason du « petit caporal » chez les bienpensants divers… Mais je pense que c’est un parallèle qui éclaire la dynamique des phénomènes révolutionnaires, entre une première phase marquée par la destruction de l’ordre existant au nom d’une utopie, puis le retour au réel qui nécessite de résoudre le conflit entre le possible et le souhaitable. A Robespierre succède Napoléon, a Trotski succède Staline.

      [Sur le fond, venu personnellement à Napoléon d’abord par la lecture des biographies des historiens soviétiques Eugène Tarlé et Albert Manfred, je considère que votre parallèle fonctionne tout à fait.]

      Les historiens soviétiques étaient fascinés par la Révolution française, et interprétaient l’évolution de leur propre pays après 1917 par analogie avec elle. D’où l’intérêt qu’ils ont montré à partir des années 1930 pour l’aventure napoléonienne. On ignore malheureusement presque tout des lectures de Staline. Mais je serais prêt à parier que le personnage de Napoléon ne le laissait pas indifférent…

      [Mais alors, il est à manier avec précaution…]

      Pourquoi ? Parce que ça risque d’offenser les bienpensants ?

  8. Koutouzov dit :

    Ce 5 mai 2021, encore une ode réactionnaire macronienne pour commémorer le tyran Napoléon premier.
    Vous Descartes êtes plus exhaustif car vous n’avez pas l’esprit Jupitérien.
    Macron lui , manie très mal les concepts par ignorance et par manipulation.
    Il qualifie la France de : “pays de temps long qui avance sans effacer, sans nier ni renier, mais en réinterprétant sans cesse, en reconnaissant, en cherchant à comprendre.”
    Mais peut être pensez vous comme lui ? La lutte des classes disparait elle lorsqu’on interprète les faits historiques ?

    • Descartes dit :

      @ Koutouzov

      [Ce 5 mai 2021, encore une ode réactionnaire macronienne pour commémorer le tyran Napoléon premier.]

      Un discours peu inspiré, oui. Un discours littérairement sans intérêt, oui. Mais « réactionnaire » ? Même pas. Macron a fait son exercice habituel d’équilibriste : un coup pour faire plaisir à ceux pour qui la figure napoléonienne mérite d’être valorisée, un coup pour faire plaisir à ceux qui la vouent aux gémonies. Après trois ans, on commence à connaître le coup…

      [Il qualifie la France de : “pays de temps long qui avance sans effacer, sans nier ni renier, mais en réinterprétant sans cesse, en reconnaissant, en cherchant à comprendre.” Mais peut être pensez-vous comme lui ?]

      Je ne pense pas, non. Je crains malheureusement que notre belle France – ou du moins ses élites intellectuelles et politiques – aient poussé assez loin ces dernières années l’habitude détestable de « nier et renier ». A commencer par Macron lui-même, dont on se souvient qu’il avait qualifié à Alger la colonisation de « crime contre l’humanité ».

      [La lutte des classes disparait elle lorsqu’on interprète les faits historiques ?]

      Au contraire, on ne comprend pas les faits historiques si l’on ne les interprète pas à la lumière de la lutte des classes. Mais vous noterez que mon papier ne parle pas de l’histoire, mais du mythe. Les « faits historiques » m’intéressent moins que le récit qui en est tiré.

  9. Bonsoir,
     
    [Dans la France du XXIème siècle, pas de place pour Napoléon]
    Ne soyez pas trop dur quand même: le XXI° siècle n’est pas encore terminé. Je pense qu’il y a des forces de résistance, et Napoléon reste une référence honorée dans une partie de la population française. Certes, nos élites tiennent le discours que vous signalez, mais il faut dire qu’elles sont de moins en moins écoutées, et de moins en moins respectées, ceci étant certainement lié à cela. D’ailleurs, la dissonance devient telle que les élites devraient s’inquiéter. Le problème étant que maintenant, pour certains secteurs de la société, tout discours devient suspect dès qu’il émane des élites, indépendamment de sa valeur propre.
     
    [L’histoire, en tant discipline intellectuelle, se doit rassembler les documents et les témoignages, les organiser, chercher à comprendre ce qui s’est passé, comment ça s’est passé et – si on y arrive – pourquoi cela s’est passé. Elle n’a pas à juger, et encore moins à « commémorer », à « célébrer » pas plus qu’à condamner.]
    Ah… Mais ça c’était avant, mon cher. Maintenant que l’histoire universitaire s’est laissée contaminée par les lubies des départements de sociologie et d’anthropologie, les thèses sont des réquisitoires (ou des hagiographies, mais le réquisitoire est plus vendeur pour les tenants de la “déconstruction”). Place à une relecture de l’histoire sous le prisme, ô combien éclairant, de la théorie critique de la race, des “gender studies”, du concept d’intersectionnalité. Les clercs ont trahi.
     
    [On souligne d’ailleurs un peu trop vite la soif de conquêtes de Bonaparte, en oubliant que la plupart des guerres napoléoniennes étaient, à la racine, défensives.]
    On oublie également que les guerres de la Révolution et de l’Empire s’inscrivent dans un conflit plus général et plus ancien pour l’hégémonie en Europe et le contrôle des mers. Les historiens anglo-saxons parlent d’une “2ème Guerre de Cent ans” qui débute avec la guerre de la ligue d’Augsbourg (1688-1697) sous Louis XIV, se poursuit sous Louis XV avec, entre autres, la guerre de Sept ans (1756-1763) et sous Louis XVI avec la guerre d’Indépendance américaine (1775-1783). Napoléon hérite autant des guerres de la Révolution que d’une configuration géopolitique séculaire. Il est d’ailleurs traité de despote, de tyran à l’hubris sans frein, tout comme Louis XIV en son temps… 
     
    [De même, ses victoires militaires n’auraient pas été possibles s’il n’avait pas disposé de généraux d’une haute compétence, sélectionnés largement pour leurs mérites et non, comme cela se faisait auparavant, pour leurs origines.]
    Là, je me permettrais un bémol: Napoléon, compte tenu des circonstances de son ascension, a eu tendance à se méfier de ses meilleurs généraux, comme Davout. Pas au point de les éliminer ou de se passer de leurs services, certes, mais assez pour favoriser des gens moins compétents mais jugés plus sûrs comme Murat. Le grand homme n’en reste pas moins homme…
     
    [Ce n’est pas parce qu’un homme a été criminel que son mythe est nécessairement maléfique.]
    La question se pose quand même de savoir si un homme “a été criminel” au regard des conventions de son époque. Or les mentalités évoluent. Dans l’Antiquité, les rois assyriens se vantaient dans leurs annales et leurs inscriptions de massacrer et de déporter des dizaines de milliers d’ennemis, hommes, femmes et enfants. Se sentaient-ils criminels? Manifestement non, puisqu’ils œuvraient pour la gloire du dieu Assur. Je ne suis pas sûr, au regard des mentalités et des habitudes de son temps, que Napoléon se soit montré un dirigeant et un chef militaire particulièrement cruel et sanguinaire. Bien sûr, la guerre amène son lot de destructions et d’exactions, mais Napoléon, contrairement à un Hitler, ne cherchait pas tant à détruire les autres peuples qu’à leur offrir le modèle français. Dans sa correspondance, on ne décèle pas de mauvaises intentions à l’égard des autres peuples d’Europe, ce serait même plutôt le contraire, et Napoléon croit sincèrement que les réformes “à la française” vont susciter l’engouement des populations. A contrario, les dirigeants nazis n’avaient que le plus profond mépris pour les peuples de l’est et les juifs. Et ils avaient tout à fait conscience de commettre des crimes: ils se sont bien gardés de se vanter publiquement de la “Solution finale” et ont tenté de détruire un maximum de preuves avant l’arrivée des alliés.
     
    [Bonaparte est le symbole d’une société fondée sur le savoir et le mérite, dans une société dans laquelle « méritocratie » devient un gros mot.]
    Une fois de plus, vous touchez juste: pas plus tard que la semaine dernière, à l’émission “la Grande Table” sur France Culture, un Américain, un universitaire je crois, a prononcé un long réquisitoire contre la méritocratie, expliquant que ce système humilie et exclut ceux qui ne réussissent pas, en leur expliquant que c’est leur faute. Bref, la méritocratie donnerait la grosse tête à ceux qui arrivent et renverrait une image déplorable d’eux-mêmes à ceux qui échouent. Le seul point faible dans l’argumentation de ce monsieur est qu’il a omis de dire, dans l’océan de bienveillance qu’il prône, comment on sélectionne les membres de l’élite (au delà du sempiternel “plus de femmes”, “plus de noirs”, etc). Un oubli sans doute…
     
    J’ai trouvé votre texte très intéressant. J’essaie moi-même d’en rédiger un, davantage axé sur une remise en cause des accusations portées contre l’empereur d’être un fauteur de guerres, un négrophobe patenté ou encore un despote fossoyeur de la démocratie naissante (la démocratie étant à l’agonie dès le Directoire). J’ai relevé que les élites de notre temps, incapables de faire de grandes choses, méprisent ceux qui en ont réalisées dans le passé. Je pense aussi que notre époque refuse par principe l’idée d’incarnation, qu’un homme puisse, à un moment, incarner un pays, une idée, bref qu’il soit un symbole. C’était le même phénomène au moment du déboulonnage des statues de Schoelcher: “arrêtez de parler de lui, parlez plutôt des esclaves anonymes qui ont lutté”. Mais je retiens votre formule selon laquelle les accusations portées à l’endroit de Napoléon et Colbert sont en réalité des prétextes. Vous avez raison: on n’attaque pas leurs statues parce qu’ils sont racistes, on les découvre (ou on les décrète) racistes pour abattre leurs statues. Je n’y avais pas pensé, mais c’est très bien vu.  

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [« Dans la France du XXIème siècle, pas de place pour Napoléon » Ne soyez pas trop dur quand même : le XXI° siècle n’est pas encore terminé.]

      Vous avez raison, mon raccourci était un peu trop violent. Là ou j’ai écrit « dans la France du XXIème siècle », j’aurais du rajouter « elle que la conçoivent nos élites ». Je suis persuadé que beaucoup de Français sont en demande de figures de référence positives, de modèles pour les inspirer, et que le mythe napoléonien répond parfaitement à cette demande. Et même si notre école diffuse aujourd’hui les thèses révisionnistes, pour beaucoup de Français Napoléon c’est le Code civil, les préfets, l’école polytechnique et la grandeur de la France en Europe, et non le rétablissement de l’esclavage ou le sexisme.

      Je pense d’ailleurs qu’on ne creuse pas assez cette question des « figures de référence » et des « modèles ». Quand on regarde la biographie des grands hommes, qu’ils soient politiques, scientifiques, artistes… on voit souvent qu’ils ont été inspirés par un exemple, par un personnage historique dont le mythe les a impressionnés dans leur jeunesse. Je me souviens dans mon enfance avoir été fasciné à l’école par le récit de la vie de Pasteur, de Robespierre ou de Marie Curie, et ça vous poussait à faire des efforts pour ressembler à ces modèles. Aujourd’hui, la vague révisionniste fait que les seuls modèles proposés aux jeunes sont des victimes, parce que ce sont les seules à être moralement incontestables.

      [Ah… Mais ça c’était avant, mon cher. Maintenant que l’histoire universitaire s’est laissée contaminer par les lubies des départements de sociologie et d’anthropologie, les thèses sont des réquisitoires (ou des hagiographies, mais le réquisitoire est plus vendeur pour les tenants de la “déconstruction”). Place à une relecture de l’histoire sous le prisme, ô combien éclairant, de la théorie critique de la race, des “gender studies”, du concept d’intersectionnalité. Les clercs ont trahi.]

      Tout à fait. Il reste des historiens sérieux, mais ils sont généralement inconnus du grand public… et certainement pas invités dans les émissions à l’heure de grande écoute. Vous me faites penser à la disparition de Jacques Bouveresse, cet immense philosophe qui vient de nous quitter. Dans une nécrologique, quelqu’un notait qu’il n’était jamais apparu à la télévision, ni pour faire la promotion de ses livres, ni pour participer aux « débats » qui n’ont de débat que le nom.

      [« De même, ses victoires militaires n’auraient pas été possibles s’il n’avait pas disposé de généraux d’une haute compétence, sélectionnés largement pour leurs mérites et non, comme cela se faisait auparavant, pour leurs origines. » Là, je me permettrais un bémol: Napoléon, compte tenu des circonstances de son ascension, a eu tendance à se méfier de ses meilleurs généraux, comme Davout. Pas au point de les éliminer ou de se passer de leurs services, certes, mais assez pour favoriser des gens moins compétents mais jugés plus sûrs comme Murat. Le grand homme n’en reste pas moins homme…]

      Et la politique reste la politique. Mais si Napoléon a quelquefois privilégié la fidélité à la compétence pure, il n’a certainement pas choisi ses généraux en fonction de leur fortune ou de leur naissance. Et cela représente, pour son époque, une grande nouveauté. C’était là mon point.

      [« Ce n’est pas parce qu’un homme a été criminel que son mythe est nécessairement maléfique. » La question se pose quand même de savoir si un homme “a été criminel” au regard des conventions de son époque.]

      Bien entendu. Mais je pensais « criminel » au sens des conventions de notre époque.

      [Or les mentalités évoluent. Dans l’Antiquité, les rois assyriens se vantaient dans leurs annales et leurs inscriptions de massacrer et de déporter des dizaines de milliers d’ennemis, hommes, femmes et enfants. Se sentaient-ils criminels ? Manifestement non, puisqu’ils œuvraient pour la gloire du dieu Assur.]

      C’est plus compliqué que ça. Il y a aujourd’hui un consensus des historiens pour considérer que les inscriptions et annales en question sont souvent de vastes exagérations, destinées à faire apparaître le monarque comme plus terrible qu’il ne l’était en réalité, de façon à terroriser ses ennemis. Un peu comme la propagande américaine sur les « nouvelles armes » dont les performances sont toujours exagérées (souvenez-vous de la « guerre des étoiles » chère à Reagan). Mais je suis d’accord avec vous sur le fait que la notion de « crime » est historique. L’ancien testament décrit assez précisément des massacres – pensez aux prêtres de Baal égorgés sur ordre du prophète Elie – sur un ton qui ne laisse guère penser que de tels actes fussent considérés immoraux ou même gênants par ceux qui tenaient la plume. D’une façon générale, dans le monde ancien un acte n’était considéré criminel par la communauté que si la victime appartenait à celle-ci. Ce n’est qu’avec l’universalisme chrétien qu’apparait pour la première fois l’idée d’une communauté humaine, et donc l’idée que tuer un être humain, quel que soit son origine ou appartenance, pose un problème moral.

      [Je ne suis pas sûr, au regard des mentalités et des habitudes de son temps, que Napoléon se soit
      montré un dirigeant et un chef militaire particulièrement cruel et sanguinaire.]

      Je dirais le contraire. On sait qu’il était particulièrement sensible aux ravages de la guerre, qu’il concevait une grande amertume après ses batailles devant le spectacle des morts et des blessés (sa célèbre formule « Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles que l’on fait sur l’ignorance » en porte par ricochet la marque).

      Petit aparté. On cite souvent la première partie de cette formule, mais je trouve que cela vaut la peine de la lire en entier : « Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles que l’on fait sur l’ignorance. L’occupation la plus honorable, comme la plus utile pour les nations, c’est de contribuer à l’extension des idées humaines. La vraie puissance de la République française doit consister désormais à ne pas permettre qu’il existe une idée nouvelle qu’elle ne lui appartienne ».

      [Une fois de plus, vous touchez juste: pas plus tard que la semaine dernière, à l’émission “la Grande Table” sur France Culture, un Américain, un universitaire je crois, a prononcé un long réquisitoire contre la méritocratie, expliquant que ce système humilie et exclut ceux qui ne réussissent pas, en leur expliquant que c’est leur faute. Bref, la méritocratie donnerait la grosse tête à ceux qui arrivent et renverrait une image déplorable d’eux-mêmes à ceux qui échouent. Le seul point faible dans l’argumentation de ce monsieur est qu’il a omis de dire, dans l’océan de bienveillance qu’il prône, comment on sélectionne les membres de l’élite (au delà du sempiternel “plus de femmes”, “plus de noirs”, etc). Un oubli sans doute…]

      Eh oui, il y a des ces pudeurs… parce que l’alternative, c’est la sélection par la naissance, l’argent ou une combinaison des deux. Le plus effrayant aujourd’hui est que les attaques théoriques contre la méritocratie sont aujourd’hui d’abord le fait des penseurs dits « de gauche ». Les populismes « de gauche » latinoaméricains, si chers à notre ami Mélenchon, sont les premiers à être montés dans ce bateau…

      [J’ai trouvé votre texte très intéressant.]

      Venant de vous, j’apprécie doublement le compliment.

      [J’ai relevé que les élites de notre temps, incapables de faire de grandes choses, méprisent ceux qui en ont réalisées dans le passé.]

      Je ne crois pas qu’on puisse parler de « mépris ». Je dirais plutôt qu’ils en ont peur. Incapables de se hisser à la hauteur des figures du passé, ils craignent la comparaison et tendent donc à vouloir les raboter pour les ramener à leur niveau.

      [Je pense aussi que notre époque refuse par principe l’idée d’incarnation, qu’un homme puisse, à un moment, incarner un pays, une idée, bref qu’il soit un symbole.]

      Là encore, je pense que ce n’est pas aussi simple. Notre société produit des incarnations, mais les incarnations qu’elle produit sont presque toujours des victimes. Ainsi, par exemple, on vient de renommer l’avenue des Aygalades, à Marseille, « Avenue Ibrahim Ali », du nom d’un immigré comorien tué par des colleurs d’affiches du Front National. Pour justifier cette mesure, la mairie de Marseille parle de « rendre hommage à un symbole de la lutte contre le racisme ». Vous noterez que le « symbole » en question n’est pas un COMBATTANT contre le racisme, mais une VICTIME du racisme. Pour le dire autrement, ce que notre société refuse n’est pas tant qu’un homme puisse incarner un pays, mais qu’il puisse incarner un PROJET de pays – c’est-à-dire, qu’il soit une injonction à agir.

      Ce que notre société refuse n’est pas tant l’incarnation que ce qu’on pourrait appeler « l’incarnation active », c’est-à-dire, des individus qui incarnent une volonté d’agir. On préfère une « incarnation passive », c’est-à-dire, des individus qui incarnent la souffrance inutile. On préfère faire entrer au Panthéon une Simone Veil, qui fut une victime à Auschwitz, plutôt qu’un Marcel Paul qui fut un militant à Buchenwald.

      • Gugus69 dit :

        Aujourd’hui, la vague révisionniste fait que les seuls modèles proposés aux jeunes sont des victimes, parce que ce sont les seules à être moralement incontestables.
         
        Il est aussi beaucoup plus facile et moins fatigant de devenir une “victime” que de devenir Louis Pasteur, non ? La vague est certes révisionniste, mais elle est aussi pas mal fainéantiste…
        Les lycéens qui manifestent pour qu’on leur offre le bac 2021 se posent davantage en victimes d’aujourd’hui qu’en Marie Curie de demain, je crois…

        • Descartes dit :

          @ Gugus69

          [Il est aussi beaucoup plus facile et moins fatigant de devenir une “victime” que de devenir Louis Pasteur, non ? La vague est certes révisionniste, mais elle est aussi pas mal fainéantiste…]

          Certes. Mais la question n’est pas tant de savoir ce qu’il faut pour faire une victime ou ce qu’il faut pour faire un Pasteur, que de savoir pourquoi notre société choisit de mettre au fronton d’un lycée le nom de l’un plutôt que de l’autre. Opérations pour lesquelles l’effort est parfaitement équivalent.

          J’apporte donc une nuance à votre raisonnement. L’effort qu’il faut pour devenir Pasteur – et qui est nul pour devenir une victime – joue un rôle au niveau de l’injonction. Donner à un lycée le nom de Pasteur – ou de Pascal, De Gaulle, Richelieu, Dautry, Moulin, Joliot-Curie, Colbert – est une injonction à les imiter. Et donc à l’effort, à la rigueur, au sacrifice. Car tous ces gens étaient d’abord des travailleurs infatigables, des hommes engagés consciemment dans un projet et prêts à tout donner intelligemment pour lui. Mais baptiser un lycée « Ibrahim Ali », c’est une injonction à quoi, exactement ? A ne pas s’approcher des colleurs d’affiche du RN ?

          [Les lycéens qui manifestent pour qu’on leur offre le bac 2021 se posent davantage en victimes d’aujourd’hui qu’en Marie Curie de demain, je crois…]

          Tout à fait. La presse, les syndicats d’enseignants, le gouvernement même propagent une petite musique comme quoi il serait « injuste » de ne pas accorder le bac aux jeunes qui n’auraient pas le niveau, au motif que cette baisse de niveau n’est pas de leur fait mais le résultat des mesures prises pour combattre la pandémie. Derrière cette logique il y a en fait l’idée du « droit au diplôme ». Autrement dit, le diplôme ne constate pas un niveau de connaissances REEL, mais doit être accordé de droit à tous ceux qui se seront conformés à une certaine procédure. Et si la procédure ne peut être mise en place pour des raisons extérieures, alors il faut l’accorder quand même sous peine de porter atteinte à ce droit…

          Cette position est la négation même de l’idée du diplôme. Une personne qui ne connait pas l’anatomie ne devrait pas recevoir le diplôme de médecin, et cela quelque soient les raisons qui l’ont empêché d’apprendre cette matière. Et le même raisonnement est valable pour l’ensemble des diplômes. Car si je commence à donner les diplômes à des gens qui n’y connaissent rien au prétexte que ce n’est pas leur faute, quelle valeur aura alors le diplôme ? En quoi un employeur pourra s’y fier comme certification d’un certain niveau de connaissances ?

          Cette attaque contre le diplôme – qui s’ajoute à bien d’autres ces trente dernières années – a bien entendu un contenu de classe. Ce n’est pas par hasard que la République a donné une valeur forte aux diplômes, bien plus forte que dans les autres pays, et que depuis quarante ans les classes intermédiaires tirent au canon sur cette spécificité française qui associe souvent niveau de recrutement et diplôme. Car le recrutement par diplôme est la pierre fondamentale de la méritocratie : le diplôme certifie votre niveau de connaissances, et par là votre rigueur, votre capacité de concentration et de travail, votre capacité d’effort. Si le diplôme ne certifie plus cela et que le niveau de recrutement n’est plus conditionné à votre « peau d’âne », à quoi sera-t-il lié ? Quel sera le critère utilisé pour recruter ? Vous voyez tout de suite venir la réponse : les réseaux familiaux et professionnels, la connaissance des « codes » du recruteur… c’est-à-dire, exactement ce que les classes intermédiaires veulent, parce que ces critères assurent à leurs enfants un avantage.

      • Antoine dit :

        [Bref, la méritocratie donnerait la grosse tête à ceux qui arrivent et renverrait une image déplorable d’eux-mêmes à ceux qui échouent]Permettez-moi une petite incise dans votre échange intéressant. Je crois avoir lu chez Todd, l’idée que le brexit a en partie eu lieu grâce au modèle aristocratique britannique. En effet, l’élite consciente d’être à sa place peut-être autant par sa naissance que par ses mérites se sent investit d’une mission et cultive un certain sens du devoir et de la représentation vis-à-vis de ses concitoyens ne serait-ce que pour justifier sa position dominante. A contrario, la méritocratie française aboutirait à des profils comme ceux des derniers présidents qui, convaincus de ne devoir leur place qu’à eux-mêmes, pouvaient cracher sans scrupules sur les classes populaires. “Si vous n’y arrivez pas, c’est que vous bossez pas assez”. 1) Trancher sur la validité de cette analyse (et je ne le fais pas) ne revient pas je crois, comme vous semblez tous les deux le penser, à jeter la méritocratie aux lions. Il est possible de simplement chercher à comprendre les lacunes ou les dévoiements de ce modèle de recrutement des élites. 2) La méritocratie est peut-être aujourd’hui attaquée d’abord par ceux qui en ont profité. De même que Napoléon bénéficie de la méritocratie révolutionnaire et veut un fils empereur comme le rappelle Cdg plus bas, Macron détruit l’ENA qui a pourtant en partie fait de lui ce qu’il est. Réflexe de survie des nouvelles classes dominantes, vos “classes intermédiaires” ? 

        • Descartes dit :

          @ Antoine

          [Permettez-moi une petite incise dans votre échange intéressant. Je crois avoir lu chez Todd, l’idée que le brexit a en partie eu lieu grâce au modèle aristocratique britannique. En effet, l’élite consciente d’être à sa place peut-être autant par sa naissance que par ses mérites se sent investit d’une mission et cultive un certain sens du devoir et de la représentation vis-à-vis de ses concitoyens ne serait-ce que pour justifier sa position dominante. A contrario, la méritocratie française aboutirait à des profils comme ceux des derniers présidents qui, convaincus de ne devoir leur place qu’à eux-mêmes, pouvaient cracher sans scrupules sur les classes populaires.]

          Ce raisonnement me paraît assez contradictoire en lui-même. D’abord, il ne faudrait pas oublier qu’il y a en Grande Bretagne un fort courant méritocratique : Margaret Thatcher, la fille d’épicier qui à force de ténacité, d’effort, d’intelligence arrive à faire des études à Oxford puis à faire la carrière politique que l’on sait, en est à la fois l’exemple et l’icône. Or, ces franges – qui pourtant ressemblent à nos dirigeants « méritocratiques » à nous – qui ont donné les eurosceptiques les plus violents, pensez à Norman Tebbit, pour ne donner qu’un autre exemple.

          Je pense qu’il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Les britanniques sont eurosceptiques parce qu’ils savent que le centre de gravité de l’Europe passera, quoi qu’on en fasse, plus près de Berlin ou de Paris que de Londres. Et que l’intégration européenne ne peut que conduire à la soumission de leur pays à une puissance continentale. En cela, l’aristocratie et les couches populaires sont fondamentalement d’accord parce que leur statut et leur force ont des bases nationales. Il n’y a que la partie de la société qui s’intègre aux élites « de nulle part » qui soutiennent la position inverse.

          Par ailleurs, vous noterez que nos « derniers présidents » peuvent difficilement dire qu’ils se sont « faits tous seuls ». Macron N’EST PAS UN PUR PRODUIT DE LA MERITOCRATIE. Il n’a pas eu un père ouvrier et une mère femme de ménage, que je sache : il est né dans une famille de médecins et de notables provinciaux, il a été éduqué dans du coton, entre le lycée (privé) à Amiens et Henri IV à Paris quand il fallut l’éloigner de son professeur de théâtre pour les raisons qu’on sait. Et toute sa carrière sera marquée par le soutien des puissances d’argent. Il a fait un très beau mariage (Brigitte est issue d’une famille fortunée de la bourgeoisie amiénoise). Ce n’est ni un Henri Guaino, ni un Marcel Paul.

          Todd se trompe d’ailleurs s’il s’imagine que l’aristocratie « cultive un certain sens du devoir et de la représentation pour justifier sa position dominante ». Le propre de l’aristocrate, c’est précisément qu’il n’a rien à « justifier ». C’est pourquoi l’aristocratie cultive l’excentricité, qui est une manière de dire au monde « je fais ce que je veux ». Ce qui n’exclut pas chez l’aristocrate une certaine idée des « devoirs » qu’il a, non pas envers les classes populaires, mais envers lui-même, et qui peuvent alimenter une forme de paternalisme envers ses « inférieurs », c’est-à-dire, ceux qui n’ont pas la chance d’être comme lui. Les élites « méritocratiques » ont un rapport avec les couches populaires qui est d’une autre nature, fait d’un mélange de mépris et d’exigence qu’on peut résumer en une phrase : « si je l’ai fait, pourquoi ne peuvent-ils pas le faire ».

          [“Si vous n’y arrivez pas, c’est que vous bossez pas assez”]

          Mais cette formule traduit plus un mépris ou une exigence ?

          [1) Trancher sur la validité de cette analyse (et je ne le fais pas) ne revient pas je crois, comme vous semblez tous les deux le penser, à jeter la méritocratie aux lions. Il est possible de simplement chercher à comprendre les lacunes ou les dévoiements de ce modèle de recrutement des élites.]

          Il faut rappeler le contexte du débat. Nous vivons, et pour quelque temps encore, dans une société fondamentalement inégalitaire. Cette inégalité est fondamentale au sens qu’elle ne résulte pas d’un fonctionnement plus ou moins mauvais de la société, qu’il serait loisible de corriger par l’éducation ou par une réforme de la fiscalité. L’inégalité en question est inscrite dans la structure même, dans le mode de production. Dans le fait que certains sont forcés de vendre leur force de travail à d’autres qui possèdent le capital. Dès lors, il est illusoire de vouloir implanter dans une telle société un mode de sélection des élites qui efface les inégalités. A supposer même qu’on puisse inventer un tel mode, les classes dominantes ne permettraient jamais qu’il soit mis en œuvre !

          Dès lors, il faut choisir entre plusieurs maux. Le choix au mérite me semble socialement rationnel non pas parce qu’il effacerait les inégalités – je le répète, dans une société inégalitaire c’est impossible – mais parce qu’il pousse les couches populaires à l’effort, à l’étude, à la discipline intellectuelle et morale, et donc à développer des qualités qui favorisent son émancipation. A contrario, la logique du « ce n’est pas la peine », du « de toute façon vous n’arriverez à rien » quand ce n’est pas du « vous devez être fier de ce que vous êtes » encourage au contraire à la paresse, au découragement, et finalement à ce que chacun reste à sa place. Autrement dit, même si l’on sait que même dans les moments les plus méritocratiques seule une minorité des couches populaires a connu la promotion sociale, l’idée de méritocratie est une « fiction nécessaire » dont les conséquences vont bien au-delà de ses résultats matériels.

          En fait, il n’y a pas à opposer aristocratie et méritocratie. La méritocratie est une forme de l’aristocratie. Alors que l’aristocratie traditionnelle sélectionne ses membres par l’héritage, la méritocratie est une « aristocratie de l’effort et de la connaissance », qui sélectionne ses membres sur ces critères-là. Mais dans les deux cas il y a l’idée que le gouvernement doit être confié « aux meilleurs ». Ce qui change, c’est le critère pour sélectionner « les meilleurs »…

          [2) La méritocratie est peut-être aujourd’hui attaquée d’abord par ceux qui en ont profité. De même que Napoléon bénéficie de la méritocratie révolutionnaire et veut un fils empereur comme le rappelle Cdg plus bas, Macron détruit l’ENA qui a pourtant en partie fait de lui ce qu’il est. Réflexe de survie des nouvelles classes dominantes, vos « classes intermédiaires ».]

          Le parallèle avec Napoléon me paraît peu convaincant. En effet, si Napoléon envisage de rendre l’empire héréditaire, c’est plus pour des raisons de pragmatisme politique que par souci de préserver sa classe de la concurrence des nouveaux venus. Napoléon avait vécu l’instabilité de la période révolutionnaire, et avait parfaitement compris combien il était difficile, dans un pays sans tradition démocratique, d’établir la légitimité et la stabilité d’une autorité issue de l’élection. Napoléon connaît l’histoire, et notamment celle de la faiblesse des régimes d’autorité élective (Pologne, Saint Empire) par rapport aux régimes héréditaires (France, Angleterre). Il applique donc la recette qui a fonctionné pendant des siècles, c’est-à-dire l’hérédité. En cela, il applique l’adage médiéval qui voulait qu’il faille mieux un roi mauvais que pas de roi du tout.

          L’Empire restera d’ailleurs un régime largement méritocratique jusqu’au bout – et cela se comprend, vu qu’il n’a pas duré vingt ans. On peut imaginer que s’il avait duré, les élites promues par Napoléon auraient tôt ou tard tiré l’échelle qui leur avait permis de monter comme le font aujourd’hui les classes intermédiaires. Mais l’Empire n’a pas assez duré pour qu’on puisse observer le phénomène.

          • dsk dit :

            @ Descartes
             
            [“Je pense qu’il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Les britanniques sont eurosceptiques parce qu’ils savent que le centre de gravité de l’Europe passera, quoi qu’on en fasse, plus près de Berlin ou de Paris que de Londres. Et que l’intégration européenne ne peut que conduire à la soumission de leur pays à une puissance continentale.”]
             
            Tout à fait. Et j’ajouterais qu’une telle soumission, lorsqu’on est le pays qui a vaincu Napoléon et Hitler, inventé la démocratie et le capitalisme modernes, produit Shakespeare et les Beatles, dont la Reine règne encore sur la moitié de la planète, et dont la langue constitue aujourd’hui la langue universelle, paraît sans doute à beaucoup d’entre eux littéralement impensable. Plutôt que de “modèle aristocratique britannique”, je parlerais donc, pour ma part, d’un sentiment de supériorité britannique, par ailleurs tout à fait justifié.

          • Glarrious dit :

            [  pensez à Norman Tebbit ]
            Qu’est ce qu’il a de particulier ce Norma Tebbit ?
            [ Les britanniques sont eurosceptiques parce qu’ils savent que le centre de gravité de l’Europe passera, quoi qu’on en fasse, plus près de Berlin ou de Paris que de Londres. Et que l’intégration européenne ne peut que conduire à la soumission de leur pays à une puissance continentale.]
            Mais alors pourquoi en les français ne savent pas ou peu que l’intégration européenne conduit à la soumission de la France à l’Allemagne notamment sur le sujet de l’euro ou sur les institutions européenne.
            https://europa.eu/eurobarometer/surveys/detail/2355
             

            • Descartes dit :

              @ Glarrious

              [Qu’est ce qu’il a de particulier ce Norma Tebbit ?]

              Norman Tebbit est un politicien conservateur qui a connu son heure de gloire à la fin des années 1980. Il est connu en particulier pour une adresse au congrès annuel du Parti conservateur dans lequel il avait emporté l’adhésion du Parti sur une ligne fortement eurosceptique au grand dam de l’aile europhile du parti. Ce discours est resté dans l’histoire, et a marqué le courant eurosceptique britannique. Ce n’est pas une coïncidence si Tebbit (comme Thatcher) était né dans un milieu populaire et devait sa position sociale à l’effort et la tenacité.

              [Mais alors pourquoi en les français ne savent pas ou peu que l’intégration européenne conduit à la soumission de la France à l’Allemagne notamment sur le sujet de l’euro ou sur les institutions européenne.]

              Parce que les Français souffrent de ce complexe d’infériorité qui entraine à la fois la “haine de soi” et l’admiration acritique envers tout ce qui vient d’ailleurs (l’Amérique, l’Allemagne, le Japon, la Finlande…). Les élites Britanniques sont très fières de NE PAS faire comme les autres.

            • BolchoKek dit :

              @ Descartes
               
              [Ce n’est pas une coïncidence si Tebbit (comme Thatcher) était né dans un milieu populaire et devait sa position sociale à l’effort et la tenacité.]
              Je ne sais pas si l’origine sociale a tant à voir avec la position sur l’Europe… Les conservateurs Britanniques ont, tout comme les travaillistes, de nombreuses différences internes après tout. Le contre exemple de Tebbit serait Enoch Powell, qui avait sur une bien plus longue durée et depuis bien plus longtemps été l’un des seuls au sein de la droite Britannique à être farouchement contre toute forme d’intégration européenne… Et qui était également l’un des plus notables représentants du courant “high tory”, que l’on pourrait qualifier de fondamentalement conservateur au sens strict du terme, et aristocratique *. Il faut d’ailleurs noter que l’euroscepticisme, à l’époque, se trouvait surtout dans les franges les plus “à gauche” du parti travailliste, ce qui le poussera d’ailleurs à plusieurs reprises à soutenir des candidats travaillistes face aux conservateurs, localement comme nationalement. Un personnage fascinant, Enoch Powell…
               
              En corollaire, un aspect que je trouve intéressant : ce qui est frappant dans la politique britannique par rapport à la politique française, c’est que la rhétorique conservatrice est largement suivie. Défendre “la tradition”, chercher à “ne pas changer ce qui fonctionne depuis longtemps”, ce sont des références rhétoriques qui ont bien plus d’écho qu’en France. En France, tout le monde est réformiste en comparaison : on n’a jamais vu même le RPR très à droite ne pas vouloir “réformer” dans tous les sens – et la comparaison n’est d’ailleurs pas valable que pour la droite. Chaque candidat en France déclare vouloir tout chambouler, c’est là à mon avis une différence majeure dans l’idiosyncrasie des deux peuples : les Français ont un éthos fondamentalement progressiste, tout le contraire des Britanniques qui sont profondément conservateurs.
               
              C’est assez ironique car quand on considère les actes au pouvoir, on se rend compte que la droite britannique est nettement plus libérale que la droite française. Un ami briton établi en France depuis un certain temps m’avait d’ailleurs fait cette remarque : “La droite française, c’est des conservateurs déguisés en libéraux ; la droite britannique, c’est exactement l’inverse.”*Je ne résiste pas à citer cette anecdote d’une discussion entre Powell et Thatcher lors d’un colloque qui illustre à mon avis les différences idéologiques fondamentales qui existent au sein du parti conservateur – désolé pour les non-anglophones :

              Edward Norman (then Dean of Peterhouse) had attempted to mount a Christian argument for nuclear weapons. The discussion moved on to “Western values”. Mrs Thatcher said (in effect) that Norman had shown that the Bomb was necessary for the defence of our values. Powell: “No, we do not fight for values. I would fight for this country even if it had a communist government.” Thatcher (it was just before the Argentinian invasion of the Falklands): “Nonsense, Enoch. If I send British troops abroad, it will be to defend our values.” “No, Prime Minister, values exist in a transcendental realm, beyond space and time. They can neither be fought for, nor destroyed.” Mrs Thatcher looked utterly baffled. She had just been presented with the difference between Toryism and American Republicanism.

            • Descartes dit :

              @ BolchoKek

              [« Ce n’est pas une coïncidence si Tebbit (comme Thatcher) était né dans un milieu populaire et devait sa position sociale à l’effort et la tenacité. » Je ne sais pas si l’origine sociale a tant à voir avec la position sur l’Europe…]

              Dans le camp conservateur, c’est presque une évidence : le camp « pro-europe » tend à regrouper l’essentiel des « aristocrates » issus de vieilles dynasties des affaires ou de la politique comme Heath ou Cameron, le camp « anti-europe » regroupant plutôt les « plébéiens » comme Thatcher, Tebbit ou Farage.

              [Les conservateurs Britanniques ont, tout comme les travaillistes, de nombreuses différences internes après tout. Le contre exemple de Tebbit serait Enoch Powell, qui avait sur une bien plus longue durée et depuis bien plus longtemps été l’un des seuls au sein de la droite Britannique à être farouchement contre toute forme d’intégration européenne… Et qui était également l’un des plus notables représentants du courant “high tory”,]

              Pas vraiment : son père était instituteur tout comme sa mère avant son mariage, son grand-mère était policier. Pas vraiment une famille « aristocratique »… Là encore, vous avez une origine plutôt populaire. Et une promotion sociale qui passe par l’armée et par les études…

              [c’est là à mon avis une différence majeure dans l’idiosyncrasie des deux peuples : les Français ont un éthos fondamentalement progressiste, tout le contraire des Britanniques qui sont profondément conservateurs.]

              Je crois qu’il faut faire une différence ici entre les élites et la masse. Il est vrai que les élites françaises sont fondamentalement « progressistes » là ou les élites britanniques sont « conservatrices ». Il y a en France un culte de la nouveauté qu’on ne retrouve pas dans les élites britanniques. Mais si l’on regarde au niveau du peuple, on retrouve un fort conservatisme des deux côtés de la Manche. Ce qui explique peut-être pourquoi les rapports entre l’élite et le peuple sont bien plus agités en France qu’ils ne le sont en Grande Bretagne…

              [C’est assez ironique car quand on considère les actes au pouvoir, on se rend compte que la droite britannique est nettement plus libérale que la droite française. Un ami briton établi en France depuis un certain temps m’avait d’ailleurs fait cette remarque : “La droite française, c’est des conservateurs déguisés en libéraux ; la droite britannique, c’est exactement l’inverse.”]

              Oui. Le courant libéral a été idéologiquement le courant dominant en Grande Bretagne, alors qu’il a toujours été marginal en France. Cela tient à mon avis au rôle différent que joue l’Etat dans la construction des deux nations.

              [*Je ne résiste pas à citer cette anecdote d’une discussion entre Powell et Thatcher lors d’un colloque qui illustre à mon avis les différences idéologiques fondamentales qui existent au sein du parti conservateur – désolé pour les non-anglophones :]

              Excellent ! Je me permets de traduire pour les non anglophones :

              Edward Norman (directeur des études de Peterhouse) avait essayé d’exposer un argument chrétien en faveur des armes nucléaires. La discussion se touran ensuite vers les « valeurs occidentales ». Mme Thacher dit (en substance) que Norman avait démontré que la bombe atomique était nécessaire pour la défense de nos valeurs. Powell : « non, nous ne nous battons pas pour des valeurs. Je me battrais pour ce pays quand même bien il aurait un gouvernement communiste ». Thatcher (c’était juste avant de la guerre des Malouines) : « N’importe quoi. Si j’envoie des troupes britaniques à l’étranger, ce sera pour défendre nos valeurs ». « Non, madame le Premier ministre, les valeurs existent dans un espace transcendent, au-delà de l’espace et du temps. Elles ne peuvent ni être détruites, pas plus qu’elles ne peuvent faire l’objet de combats ». Madame Thacher parût totalement surprise. Elle venait de se voir présenter la différence entre le conservatisme britannique et le républicanisme à l’américaine.

            • Glarrious dit :

              @Descartes 
              [ Dans le camp conservateur, c’est presque une évidence : le camp « pro-europe » tend à regrouper l’essentiel des « aristocrates » issus de vieilles dynasties des affaires ou de la politique comme Heath ou Cameron, le camp « anti-europe » regroupant plutôt les « plébéiens » comme Thatcher, Tebbit ou Farage.]
               
              Je peux vous citer un contre-exemple qui est Boris Johnson, “aristocrates” issus de vieilles dynasties, pourtant c’est un fervent partisan du Brexit comment vous expliquez cela ? J’ajoute que lors du référendum sur le Brexit que Theresa May était pour le remain mais si elle le manifestait timidement a contrario d’un David Cameron. May semble faire parti des “plébéiens” par ses origines sociales. Alors comment se fait-il que May ne se soit pas prononcée pour le “Out” ?
               
              [  Le courant libéral a été idéologiquement le courant dominant en Grande Bretagne, alors qu’il a toujours été marginal en France]
               
              Vous estimez que la politique mené depuis 1983 ne s’inscrit pas dans le courant libéral ou bien je ne comprend pas le sens que vous donnez au mot libéral ?

            • Descartes dit :

              @ Glarrious

              [Je peux vous citer un contre-exemple qui est Boris Johnson, “aristocrates” issus de vieilles dynasties, pourtant c’est un fervent partisan du Brexit comment vous expliquez cela ?]

              Il y a toujours des contre-exemples. Vous trouverez bien des bourgeois communistes, et des prolétaires libéraux. Si la classe et les rapports économiques déterminent les positions politiques, il s’agit d’une détermination collective, et non individuelle. A l’intérieur de cette détermination, il y a toujours une place pour des individus atypiques. Et l’accent qui est mis par les médias sur les origines de BoJo à l’heure de critiquer sa politique vous montre que cette « atypicité » est reconnue par les commentateurs eux-mêmes. Ce qui serait « normal », c’est que BoJo soit pro-européen.

              [« Le courant libéral a été idéologiquement le courant dominant en Grande Bretagne, alors qu’il a toujours été marginal en France » Vous estimez que la politique mené depuis 1983 ne s’inscrit pas dans le courant libéral ou bien je ne comprend pas le sens que vous donnez au mot libéral ?]

              C’est le mot « idéologiquement » qui vous a échappé. Il y a les politiques poursuivies, et il y a la représentation de ces politiques au niveau des idées. Nos élites politiques – tous partis confondus – ont mis en œuvre depuis la fin des années 1970 des politiques libérales, mais dans leur immense majorité ne les ont jamais assumées idéologiquement. A l’exception d’un petit noyau réuni autour de personnalités comme Madelin – un des rares véritables libéraux français – personne n’est sortie dire dans les médias « la concurrence libre et non faussée est une bonne chose, il faudrait l’inscrire dans notre constitution ». Nos élites politiques tendent au contraire à présenter les politiques libérales comme une imposition venue de l’extérieur à laquelle il faut nolens voles « s’adapter »…

              C’est ce qui donne un caractère surréaliste au débat politique en France. Comme personne ne s’assume comme libéral, comme personne n’assume la paternité des politiques réellement mises en œuvre, le débat sur ces politiques est dès le départ biaisé. Comment débattre des politiques de Jospin (« oui à l’économie de marché, non à la société de marché ») ou Hollande (« mon ennemi c’est la finance ») leurs politiques puisque ni l’un ni l’autre ne les assument idéologiquement ?

            • dsk dit :

              @ Bolchokek
               
              [“Je ne résiste pas à citer cette anecdote d’une discussion entre Powell et Thatcher lors d’un colloque qui illustre à mon avis les différences idéologiques fondamentales qui existent au sein du parti conservateur – désolé pour les non-anglophones :”]
               
              Merci beaucoup. Vous n’auriez pas, en regard, une discussion entre Macron, Castaner et Darmanin, que nous puissions pleurer un peu ? 

            • Descartes dit :

              @ dsk

              [Merci beaucoup. Vous n’auriez pas, en regard, une discussion entre Macron, Castaner et Darmanin, que nous puissions pleurer un peu ?]

              Comment osez vous! Alors que nous avons un président-philosophe qui fut secrétaire de Paul Ricoeur…

  10. Koutouzov dit :

    CF DESCARTES[Bismarck, mais l’analogie me paraît osée. Bismarck n’est aucunement un révolutionnaire]
    Peut être ont ils eu le même ressort,un courage physique personnel manifeste et une ambition individuelle hors normes,mais Bismark était plus motivé par son peuple que Napoléon qui a utilisé et épuisé le peuple français à des fins personnelle.Pas Bismark,le peuple Allemand a commencé à prospérer avec lui là où les français ont plongé dans l’hoeerur ,la misère,les tueries de masse,choléra ,famines et réaction ultra royaliste sanguinaire après la vcitoire des 13 Nations liguées contre la France.
    Quelle humiliation après 1815 ,non?
    Enfant ,Napoléon a appris le français en 3 mois car jusqu’à 10 ans il ne parlait qu’un dialecte corse.Puis son adolescence commença avec une frénésie d’ambitions diverses.De toutes ces qualités il n’en fit que des outils pour une ambition égoïste,ainsi:
    -Lorsqu’il devint Empereur ,le suffrage universel (uniquement masculin) fut aboli au profit de la tyranie assumée.
    -Alors que la République lui avait permis une ascencion fulgurante,il détruisit la République et rétablit une nouvelle dynastie ,une nouvelle noblesse .
    -Il rétablit l’esclavage pourtant aboli en 1790.Ce 10 Mai est une journée souvenir.
    -de part  le rejet à son égard,Napoléon  l’unité,de l’Allemagne,de l’Italie,de l’Espagne et le départ de la dominaton mondiale de l’Angleterre.Tout ça fut réalisé contre lui et la France qu’il dirigeait.
    -Le surnom d’Ogre lui fut attribué tant les morts furent nombreux sous ses ordres .Chateaubriand occulte qu’il y eut beaucoup plus de morts souse les campagnes militaires de Napoléon(des millions) que sous la Terreur Robespierriste(1500).
    Ainsi,le parallèle de Napoléon avec Bismark(réactionnaire) est plus valable qu’avec Staline,non ?

    • Descartes dit :

      @ Koutouzov

      [Peut-être ont-ils eu le même ressort, un courage physique personnel manifeste et une ambition individuelle hors normes, mais Bismarck était plus motivé par son peuple que Napoléon qui a utilisé et épuisé le peuple français à des fins personnelles.]

      Je ne le crois pas. D’abord, quand vous dites que Bismarck était motivé par « son peuple », de quel « peuple » parlez-vous ? Bismarck, dans ses écrits, ne parle jamais du « peuple » si ce n’est en termes fort négatifs. Il est resté jusqu’au bout le noble prussien fidèle à sa classe. Pour lui, la constitution de l’Allemagne n’était qu’un moyen d’exalter la puissance prussienne, et le sort du « peuple allemand » lui importait fort peu. Il n’avait d’ailleurs que du mépris pour le nationalisme « à la Fichte ».

      [Pas Bismarck, le peuple Allemand a commencé à prospérer avec lui là où les français ont plongé dans l’horreur, la misère, les tueries de masse, choléra, famines et réaction ultra royaliste sanguinaire après la victoire des 13 Nations liguées contre la France. Quelle humiliation après 1815, non?]

      L’histoire se juge sur le temps long. Les institutions bâties par Napoléon sont encore avec nous deux siècles plus tard. Les institutions bâties par Bismarck n’auront pas tenu un demi-siècle.

      [Puis son adolescence commença avec une frénésie d’ambitions diverses. De toutes ces qualités il n’en fit que des outils pour une ambition égoïste, ainsi:]

      Mais pourquoi alors consacrer tant d’efforts à bâtir le Code civil et le Code pénal ? En quoi ces deux textes apportaient quelque chose à son « ambition égoïste » ?

      [-Lorsqu’il devint Empereur, le suffrage universel (uniquement masculin) fut aboli au profit de la tyrannie assumée.]

      Révisez votre histoire : le suffrage est censitaire jusqu’en 1791. Il ne devient universel masculin pour l’élection de la Convention (élection du 2-6 septembre 1792). La constitution de l’an III (22 aout 1795) qui établit le Directoire rétablit le suffrage censitaire. La constitution « Consulaire » de l’an VIII (13 décembre 1799), pour laquelle Bonaparte a joué d’ailleurs un rôle signalé, RETABLIT LE SUFFRAGE UNIVERSEL (pour l’élection des assemblées : Tribunat et Corps législatif). Il sera conservé dans la constitution de l’an XII (18 mai 1804) et restera en vigueur jusqu’à la défaite de Waterloo et la Restauration, qui rétablit le suffrage censitaire. Loin d’abolir le suffrage universel, Bonaparte l’a rétabli…

      Car contrairement à ce que vous semblez penser, l’Empire ne fut jamais une autocratie. Des assemblées élues (Tribunat, Corps législatif) ou nommées (Sénat, Conseil d’Etat) permettaient un réel débat des lois.

      [-Alors que la République lui avait permis une ascension fulgurante, il détruisit la République et rétablit une nouvelle dynastie, une nouvelle noblesse.]

      Il a bien compris qu’après les bouleversements révolutionnaires, les Français avaient besoin d’une certaine stabilité, et que le retour à des formes politiques familières était utile. Cela étant dit, pour former sa nouvelle aristocratie il s’est d’abord fondé sur la compétence. Un peu une noblesse recrutée par concours…

      [-Il rétablit l’esclavage pourtant aboli en 1790.Ce 10 Mai est une journée souvenir.]

      C’était ça ou voir les Antilles françaises passer sous pavillon britannique ou américain. Pour les esclaves, cela n’aurait fait aucune différence.

      [-de par le rejet à son égard, Napoléon fit l’unité, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et le départ de la domination mondiale de l’Angleterre. Tout ça fut réalisé contre lui et la France qu’il dirigeait.]

      Non. D’abord, ni l’Allemagne, ni l’Italie n’existaient comme états à l’époque. Ensuite, ce n’est pas Napoléon mais la Révolution qui fit l’unanimité des rois et des empereurs contre la France. Aucun d’eux ne voulait d’une République qui pouvait donner de si mauvais exemples à leurs propres sujets. Et c’est pourquoi l’Autriche, la Grande Bretagne et les princes allemands ont chaleureusement soutenu les émigrés et leur ont prêté main forte. « La patrie en danger », c’était bien avant que Bonaparte joue les conquérants.

      [-Le surnom d’Ogre lui fut attribué tant les morts furent nombreux sous ses ordres.]

      Il lui fut attribué par qui ? Par ses adversaires ? Ou par ses soldats ? Il semble que les « grognards » de Napoléon, qui pourtant sont ceux qui ont eu le plus à souffrir, n’en gardaient pas rigueur à leur commandant. Il ne devait pas être si « ogresque » que ça…

      • Ian Brossage dit :

        @Descartes

        Il a bien compris qu’après les bouleversements révolutionnaires, les Français avaient besoin d’une certaine stabilité, et que le retour à des formes politiques familières était utile.

        Je ne comprends pas : de quelles formes politiques familières s’agit-il ? La France n’avait guère connu de forme impériale (si ce n’est sous Charlemagne…). La monarchie absolue était héréditaire et de droit divin. Le régime napoléonien, selon vous, n’était pas autocratique, et Napoléon n’avait aucune antécédence familiale à faire valoir.

        Cela étant dit, pour former sa nouvelle aristocratie il s’est d’abord fondé sur la compétence. Un peu une noblesse recrutée par concours…

        L’aristocratie commence, à l’origine, sans doute par un élément de méritocratie (les initiateurs d’une lignée se distinguaient ou bien par les armes, ou bien par l’habileté manoeuvrière, le talent politique, etc.). Le problème est qu’elle se transmet ensuite par le sang…

        Il semble que les « grognards » de Napoléon, qui pourtant sont ceux qui ont eu le plus à souffrir, n’en gardaient pas rigueur à leur commandant

        Argument un peu bizarre, non ? Doit-on relativiser les morts sous prétexte que certains vivants n’en tenaient pas rigueur ?
         

        • Descartes dit :

          @ Ian Brossage

          [« Il a bien compris qu’après les bouleversements révolutionnaires, les Français avaient besoin d’une certaine stabilité, et que le retour à des formes politiques familières était utile. » Je ne comprends pas : de quelles formes politiques familières s’agit-il ? La France n’avait guère connu de forme impériale (si ce n’est sous Charlemagne…).]

          J’ai bien parlé de « forme » pour bien distinguer du « fond ». Prenons un exemple : de temps immémorial, les habitants de notre territoire étaient habitués à voir sur leurs pièces de monnaie l’effigie du prince. C’était une constante depuis l’époque romaine. Et s’il était ainsi, ce n’est pas pour une question de vanité du prince. D’une part, à une époque où les voyages étaient difficiles et où l’imprimé, seul média accessible, était rare, c’était une manière de donner au prince une image, une présence humaine. Et nous savons que les sujets étaient capables de connaître et de reconnaître cette effigie (pensez à la fuite à Varennes). Mais c’était aussi une manière de créer une confiance dans la monnaie. En effet, dès lors qu’elle portait l’effigie du souverain, l’atteinte à la monnaie (comme le faux monnayage ou le « limage ») devenait pratiquement un crime de lèse-majesté.

          Le régime républicain, qui voyait dans la personnalisation du pouvoir un danger mortel, fit en sorte d’éliminer tout représentation des gouvernants. Il n’y eut pas de « portrait officiel » de Danton ou de Robespierre, et il eut paru incongru de frapper des monnaies ou des médailles à leur effigie. Mais lorsque Napoléon – à l’époque premier consul – cherche à rétablir la monnaie, il émet le Franc Germinal (1803) à son effigie. Et c’est un succès : la nouvelle monnaie bénéficie dès le départ d’une enviable cote de confiance. On peut beaucoup discuter pour savoir si une monnaie qui aurait porté simplement le sceau de la République aurait eu le même succès. Nous savons cependant qu’en matière monétaire la confiance joue un rôle fondamental. C’est pourquoi je pense que pour le paysan ou l’artisan Français de l’époque, le retour à une monnaie « qui avait de la gueule » – la gueule du gouvernant, s’entend – a joué probablement un rôle non négligeable dans son succès. Pour les hommes de l’époque, c’était le retour à une tradition à laquelle ils étaient habitués, un gage de stabilité.

          De ce point de vue, il est intéressant de comparer les portraits « officiels » de Napoléon à ceux de ses prédécesseurs. On retrouve tous les éléments iconographiques auxquels les gens étaient habitués, dont ils connaissaient bien la signification. Après les convulsions de la Révolution, ce retour des « formes » familières était fondamentalement rassurant. De ce point de vue, Napoléon n’a fait qu’appliquer une règle bien connue des communicants : si vous allez annoncer une réforme novatrice, faites-le dans un environnement rassurant et un langage traditionnel. Si vous n’avez rien de nouveau à dire, vous pouvez vous permettre un environnement moderniste et un langage « transgressif ». Toute ressemblance avec un certain président de la République n’est que pure coïncidence…

          [La monarchie absolue était héréditaire et de droit divin. Le régime napoléonien, selon vous, n’était pas autocratique, et Napoléon n’avait aucune antécédence familiale à faire valoir.]

          Non, mais Napoléon avait pu observer aux premières loges les difficultés que pouvait avoir un régime républicain pour se donner des leaders, et les risques d’instabilité associés. Car il ne faut pas oublier qu’au départ la monarchie était souvent élective – dans certains pays, comme la Pologne, elle l’est toujours resté. Le problème, c’est que le caractère électif était une source permanente d’instabilité et de conflits, et ce climat instable et conflictuel était très mauvais pour les affaires. Très vite on s’est rendu compte que les défauts du régime héréditaire étaient largement compensés par ses avantages.

          Il a fallu de longues années pour construire en France une culture démocratique qui permette à celui qui gagne l’élection de gouverner, et à celui qui la perd d’accepter sa défaite sans que l’affrontement électoral dégénère en guerre civile. Et l’histoire récente de l’Afrique montre que cette culture n’a rien d’évident. Même chez nous, il se trouve de plus en plus d’extrémistes pour contester la légitimité du gouvernement sorti des urnes. Dans la France de 1800, la stabilité du gouvernement était au prix d’un retour aux “formes” – mais pas au “fond” – de la monarchie absolue.

          [L’aristocratie commence, à l’origine, sans doute par un élément de méritocratie (les initiateurs d’une lignée se distinguaient ou bien par les armes, ou bien par l’habileté manoeuvrière, le talent politique, etc.). Le problème est qu’elle se transmet ensuite par le sang…]

          Dans la logique féodale, le seigneur donnait à ses vassaux des terres en échange de leur fidélité. Autrement dit, c’est moins la compétence – qu’elle soit militaire ou politique – que la loyauté qui était récompensée. Un peu comme dans la maffia aujourd’hui…

          [« Il semble que les « grognards » de Napoléon, qui pourtant sont ceux qui ont eu le plus à souffrir, n’en gardaient pas rigueur à leur commandant » Argument un peu bizarre, non ? Doit-on relativiser les morts sous prétexte que certains vivants n’en tenaient pas rigueur ?]

          Non. Mais on peut au moins « relativiser » le discours qui voudrait que Napoléon ait été considéré un « ogre » par les Français en général et par ses propres soldats en particulier. Il semblerait que Napoléon ait été un général très soucieux du bien-être et de la vie de ses soldats. Il veillait lui-même à la qualité de la nourriture (« une armée marche sur son estomac »), il organisa un véritable service de santé des armées (continuant en cela l’œuvre de Louis XIV) avec des éminents spécialistes comme Larrey (le « père de la médecine d’urgence »), Percy ou Desgenettes. Et dans ses batailles, il cherche à économiser ses soldats.

  11. cdg dit :

    Bel hommage a Napoleon. Mais vous exegerez un peu. Napoleon etait un produit de la meritocratie revolutionnaire mais il voulait un fils pour lui succeder comme empereur. Dans les pays conquis, il n a pas installé des republiques mais mit sa famille ou ses marechaux a la tete de royaumes (J Bonaparte roi de naples, d espagne. Murat roi de naples). Rien ne dit que s il avait reussit a se maintenir au pouvoir il n ait pas fini comme un autocrate voulant mettre sa famille et ses enfants au pouvoir et bloquer l ascenseur social (terme anachronique j en conviens).
    Quant a la liberté Napoleon etait plutot sur une ligne conservatrice: il y avait une police politique et un cabinet noir. Napoleon n avait rien inventé ici, il se mettait dans la continuite des rois (https://fr.wikipedia.org/wiki/Cabinet_noir#Le_cabinet_noir_du_Consulat_et_du_Premier_Empire)
    Contrairement a vous, je ne suis pas sur que Napoleon ait ete contraint a faire toutes ces guerres. Je pense qu a un certain moment le succes lui est monté a la tete, qu il pensait que militairement personne ne pouvait s opposer a lui et donc qu il pouvait passer en force au lieu de negocier. Il n a pas compris que ses opposants ont fini par apprendre de leurs erreurs (cf Wellington) et que la France et les territoires qu elle controlait etaient epuises par ces guerres incessantes. Envahir l espagne etait une erreur majeure tout comme l attaque de la Russie
     
    Que dire de la comparaison avec Staline ?
    Je vois pas grand point commun entre les 2 a part le fait qu aucun n a ete econome du sang de leurs sujets
    Napoleon etait un genie militaire, Staline un pietre commandant (il n a pas brillé dans la guerre civile russe et est la cause de l echec des sovietiques en pologne en 1920 en refusant sa cavalerie a Toukhatchevski). L un est arrivé au pouvoir porté par ses fait d armes & l armée, l autre grace a son controle du parti communiste
    Napoleon a promu et gardé autour de lui les generaux qui l ont aidé a conquerir le pouvoir et le garder (une parti ayant meme epousé des femmes de sa famille). Staline a consciencieusement purgé son entourage a plusieurs reprises. Napoleon a survecu a nombre de complot alors que Staline en inventait afin d executer ceux qui lui faisait de l ombre ou simplement afin de leur faire porter ses erreurs
    A l inverse de Napoleon, Staline a su garder le pouvoir et n a pas fait la guerre de trop.
     
     

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [Bel hommage à Napoléon. Mais vous exagérez un peu. Napoléon était un produit de la méritocratie révolutionnaire mais il voulait un fils pour lui succéder comme empereur.]

      Napoléon avait bien vu combien le régime républicain, dans un pays peu éduqué et sans tradition démocratique, avait abouti au chaos. Il n’était pas le seul, d’ailleurs : la plupart des révolutionnaires avaient cherché à préserver la figure royale bien conscients du besoin pour le pays d’une ancre de stabilité. N’oubliez pas que l’idée d’une république au suffrage universel était à l’époque une idée jamais expérimentée… A partir de là, l’idée d’établir une logique dynastique apparait assez rationnelle au pragmatique qu’était Bonaparte.

      [Dans les pays conquis, il n’a pas installé des républiques mais mit sa famille ou ses maréchaux a la tête de royaumes (J Bonaparte roi d’Espagne. Murat roi de Naples).]

      Encore une fois, il faut revenir au contexte de l’époque. La plupart des expériences républicaines avaient fini dans le chaos ou la guerre civile, et les républicains étaient une infime minorité. Je doute que les populations d’Espagne ou de Naples à l’époque aient souhaité une république, pas plus que la population française, d’ailleurs.

      [Quant à la liberté Napoléon était plutôt sur une ligne conservatrice : il y avait une police politique et un cabinet noir. Napoléon n’avait rien inventé ici, il se mettait dans la continuité des rois.]

      Et dans la continuité de tout régime dans une situation politique troublée, qui lui fait craindre les éventuels complots. Encore une fois, il faut se placer dans le contexte de l’époque : les institutions politiques anciennes avaient été balayées, les nouvelles n’étaient pas encore stabilisées.

      [Contrairement a vous, je ne suis pas sûr que Napoléon ait été contraint à faire toutes ces guerres.]

      Vous voulez dire que vous croyez que si à un certain moment il avait arrêté les campagnes militaires, le reste de l’Europe aurait reconnu la légitimité du gouvernement français et aurait laissé la France en paix ? Dites-moi, à quel moment exactement vous placez cette possibilité ?

      [«Que dire de la comparaison avec Staline ? Je vois pas grand point commun entre les 2 à part le fait qu’aucun n’a été économe du sang de leurs sujets]

      Vous ne voyez pas de points communs ? Voyons quelques uns :

      1) Tous deux sont nés dans un territoire aux marches de leur pays, et ont été élevés dans une langue et une culture qui n’y est pas la culture dominante. Tous deux étaient considérés « étrangers dans leur propre pays ».
      2) Tous deux adhèrent à la faction la plus radicale d’une révolution.
      3) Tous deux arrivent au pouvoir après que la Révolution ait abouti à une guerre civile, ou l’acquis révolutionnaire n’a été préservé que grâce à des mesures extrêmes.
      4) Tous deux, une fois au pouvoir, ont à faire face à l’hostilité ouverte et la guerre portée par l’ensemble des autres puissances, qui refusent d’accepter qu’on puisse remettre en cause le type de régime auquel elles adhérent.
      5) Tous deux arrivent au pouvoir alors que le processus révolutionnaire a mis à bas l’Etat, les institutions, l’administration ancienne, mais n’arrive pas à accoucher d’un ordre nouveau. Et tous deux établissent l’Etat, les institutions, l’administration sur des bases nouvelles ainsi que les « blocs de granit » qui leur survivront très largement.

      La plus grande différence… c’est que Staline – plus prudent et plus conscient de ses propres limites – a su éviter son Waterloo en limitant ses ambitions après 1945…

      [Napoléon était un génie militaire, Staline un piètre commandant]

      Mais un grand stratège. Alors que Napoléon a cherché à écraser définitivement ses adversaires lors de la désastreuse campagne de Russie, Staline a bien compris en 1945 qu’il aurait été folie de chercher une confrontation avec les puissances occidentales toujours hostiles. Peut-être que si Napoléon s’était contenté d’une « guerre froide » au lieu de chercher à trancher le nœud gordien, il n’aurait pas eu Waterloo… Comme vous dites, il n’a pas fait la guerre de trop.

      [Napoleon a promu et gardé autour de lui les generaux qui l ont aidé a conquerir le pouvoir et le garder (une parti ayant meme epousé des femmes de sa famille). Staline a consciencieusement purgé son entourage a plusieurs reprises.]

      Certes. Mais il faut là tenir compte des traditions nationales. Alors qu’en France on compte sur les doigts d’un nez les rois qui ont été assassinés par leur entourage, le phénomène est très fréquent dans l’histoire russe…

  12. Koutouzov dit :

    @Descartes[On ne déboulonne pas Napoléon – ou Colbert, ou tant d’autres – parce qu’ils sont racistes. On découvre leur racisme parce qu’on veut les déboulonner]
    Dans votre citation,je retrouve l’idée que ‘pour noyer son chien on l’accuse de la rage’..dans cette acception que pensez vous du concept de Bonapartisme tel qu’il est compris chez les Marxistes – léninistes (Les généraux Mac-Mahon,Boulanger,De Gaulle,Perron,Franco,Mussolini tous les dictateurs ..) seraient des Bonapartistes ,portés par un mouvement populaire ils seraient devenus des tyrans du peuple ou usurpateurs éphémères ?
     

    • Descartes dit :

      @ Koutouzov

      [Dans votre citation, je retrouve l’idée que ‘pour noyer son chien on l’accuse de la rage’…]

      Il y a de ça, vous avez bien compris.

      [dans cette acception que pensez-vous du concept de Bonapartisme tel qu’il est compris chez les Marxistes – léninistes (Les généraux Mac-Mahon, Boulanger, De Gaulle, Peron, Franco, Mussolini tous les dictateurs ..) seraient des Bonapartistes, portés par un mouvement populaire ils seraient devenus des tyrans du peuple ou usurpateurs éphémères ?]

      Je pense que chez les marxistes le « bonapartisme » est analysé plus par référence à l’expérience de Napoléon III (régime que Marx a pu observer de visu) que de Napoléon Ier (que Marx était trop jeune pour connaître). Dans le « 18 Brumaire », Marx fait de Napoléon III un imposteur, que les masses soutiennent parce qu’elles y voient – à tort – le retour des heures de gloire du premier empire. Cela étant dit, parmi ceux qui se réclament du marxisme il y a toujours eu plusieurs écoles : l’une plus libertaire qui se méfie de « l’homme providentiel », une autre plus historiciste qui fait la différence entre les « bons » et les « mauvais » hommes providentiels… Lénine ou Staline ne sont pas moins « providentiels » que Mussolini ou De Gaulle…

      Il y a par contre un rejet évident du mouvement ouvrier pour tout pouvoir dont la légitimité est issue des baïonnettes. Mais parmi les exemples que vous donnez, seul Franco rentre dans cette catégorie.

  13. Brillant articleClair, riche et synthétique.Vous allez vous faire beaucoup d’ennemis.Restez anonyme.

    • Descartes dit :

      @ Le Rabouilleur

      [Vous allez vous faire beaucoup d’ennemis. Restez anonyme.]

      J’y compte bien! Comme disait je ne sais plus qui, “une société libre est une société où il n’est pas dangereux d’être impopulaire”…

  14. Koutouzov dit :

    Napoléon n’est il pas le produit de son temps comme nous tous?
    Comme Koutouzov de 10 ans son aîné,aristocrate russe de naissance à la vie extravagante .
    Voici des éléments biographiques de Napoléon,trouvés ici: https://fr.wikipedia.org/wiki/Napol%C3%A9on_Ier
    L’histoire du jeune Napoléon n’est pas celle d’un ambitieux?
    Une sorte de prétendant à être le meilleur,un d’aristocrate non de naissance mais  par le mérite?
    L’ambition est la seulevéritable conviction de Bonaparte gravir l’échelle sociale en travaillant n’est ce pas?
    ‘Il aurait pu être une général d’une république corse indépendante si les circonstances avait produit une Corse indépendante.Un général Génois aussi ,si l’Histoire ne l’avait pas placé dans l’orbite française.
    En Corse ces migrants italiens que sont les Bonaparte ne sont pas une famille riche.Dans ce milieu rural, les ressources matérielles de la famille sont essentiellement fondées sur les récoltes et les échanges. À l’école, Bonaparte est un enfant turbulent et bagarreur avec ses camarades, mais sera très vite reconnu comme étant un enfant avec de grandes capacités, notamment pour le calcul.Le 8 juin 1777, Charles Bonaparte est élu député de la noblesse aux États de Corse. En cette qualité, il fait partie de la députation que l’Assemblée générale des États de la Corse envoie à Versailles auprès du roi Louis XVI. Le 15 décembre 1778, il part pour Versailles où Louis XVI le reçoit en audience une seconde fois8, la première rencontre avec le roi datant de 1776. Arrivé au collège d’Autun, Napoléon ne sait pas parler français, il ne parle qu’un dialecte corse. La légende veut qu’à ce moment là, Napoléon ait appris le français en trois mois11, ce qui est très peu probable. Napoléon gardera toute sa vie son accent italien et sa mauvaise orthographe2. Après trois mois et vingt jours passés à Autun, il ira à l’école militaire de Brienne, où il restera 5 ans jusqu’en 1784.En résumé,issu d’une famille bigote,Charles Bonaparte a aussi fourni les preuves de noblesse de sa famille ,Napoléon se destine à être un officier du Roi.Sa motivation est une ambition considérable pour être le meilleur,un aristocrate non par la naissance mais par le mérite.Programmé pour être un chef,Napoléon va être emporté par le tourment révolutionnaire au début de façon passive.Ensuite la rencontre entre son ambition et les oppotunités et effets d’aubaine,jugez vous mêmes.Lorsque la Révolution éclate en 1789, le lieutenant Bonaparte a dix-neuf ans. Il est présent depuis le 15 juin 1788 au régiment de La Fère, alors à l’école royale d’artillerie à Auxonne dirigée par le maréchal de camp Jean-Pierre du Teil. Ce dernier lui confie la répression de la première émeute de la faim qui éclate dans la ville le 19 juillet 1789.En 1791, le lieutenant Bonaparte répond à l’ouverture de l’armée russe aux émigrés français ordonnée par la tsarine Catherine II. Son offre est rejetée car la tsarine, qui se méfie des républicains, est également rebutée par le caractère prétentieux du lieutenant qui demande son intégration dans son armée avec le grade de major23 (Майор/Mayor, c’est-à-dire « commandant » ou « chef de bataillon »)’.
    Bonaparte aurai pu finir sous les ordres de Koutouzov si son ambition à faire carrière en Russie avait été accepté par la Tsarine ,trouvez vous ça très ‘républicain’?
    Napoléon se ‘cherche’..’Il retourne à plusieurs reprises en Corse, où les luttes de clans avaient repris, les paolistes soutenant la monarchie à l’anglaise, et les Bonaparte la Révolution. Napoléon se fait élire, dans des circonstances floues (522 voix sur 492 inscrits), lieutenant-colonel en second du 2e bataillon de volontaires de la Corse à Ajaccio le 1er avril 179224. Les troubles qui suivent cette élection amènent les autorités de l’île à éloigner Bonaparte en lui confiant une mission sur le continent au moment où la France déclare la guerre au roi de Bohême et de Hongrie. Présent ponctuellement à Paris, le jeune officier est spectateur de l’invasion des Tuileries par le peuple le 20 juin 1792 et aurait manifesté alors son mépris pour l’impuissance de Louis XVI. Ce  Louis XVI qui signe, quelques jours plus tard,  brevet de capitaine de Napoléon , l’un de ses derniers actes publics’.
    Où voyez vous un engagement profond des convictions ancrées dans une jeunesse exceptionnelle comme chez Cromwelle ou Staline ?
    Seule une ambition puissante explique l’ascension de Bonaparte telle que décrite ci dessus,non?
    La mégalomanie ne vous semble t elle pas prépondérante car Napoléon fera de sa date de naissance, le 15 août, un jour férié ? (Sous les Premier et Second Empire, la Saint-Napoléon est la fête nationale instituée le jour de la naissance de Napoléon Ier, le 15 août).

    • Descartes dit :

      @ Koutouzov

      [L’histoire du jeune Napoléon n’est pas celle d’un ambitieux ?]

      Probablement. On ne fait pas une carrière politique – ou une carrière tout court – sans être ambitieux. Mais il y a ambition et ambition. On peut avoir l’ambition d’être riche ou puissant, on peut avoir l’ambition de voir son pays être riche et puissant. Clairement, Bonaparte appartient à cette seconde catégorie.

      [‘Il aurait pu être une général d’une république corse indépendante si les circonstances avait produit une Corse indépendante. Un général Génois aussi, si l’Histoire ne l’avait pas placé dans l’orbite française.]

      Et peut-être un empereur de Chine s’il était né à Beijing. Franchement, je ne comprends pas ce raisonnement. Ce sont nos circonstances qui nous font tels que nous sommes. Si Bonaparte avait été le fils de Louis XIV, il aurait été peut-être roi de France. Et alors ?

      [Bonaparte aurai pu finir sous les ordres de Koutouzov si son ambition à faire carrière en Russie avait été accepté par la Tsarine, trouvez-vous ça très ‘républicain’?]

      Il faudrait revenir au contexte. En 1791, la France est en pleine ébullition et Bonaparte est un jeune militaire sans emploi. Il n’était pas rare pour les militaires à l’époque – ils n’étaient pas fonctionnaires et il faut bien faire bouillir la marmite – d’accepter un poste dans une armée étrangère. De toute évidence, combattre sous le drapeau russe ne motivait pas particulièrement Bonaparte, puisqu’il a posé des conditions tout à fait exorbitantes…

      [Présent ponctuellement à Paris, le jeune officier est spectateur de l’invasion des Tuileries par le peuple le 20 juin 1792 et aurait manifesté alors son mépris pour l’impuissance de Louis XVI. Ce Louis XVI qui signe, quelques jours plus tard, brevet de capitaine de Napoléon , l’un de ses derniers actes publics’.]

      Vous savez, c’est Fabius qui a signé mon décret de naturalisation, et je ne me sens pas pour autant obligé d’en dire du bien. Quel rapport ?

      [Où voyez-vous un engagement profond des convictions ancrées dans une jeunesse exceptionnelle comme chez Cromwell ou Staline ?]

      L’engagement de Cromwell est lui aussi tardif. Quand à Staline, n’oubliez qu’il a été séminariste. Les grands hommes ne naissent pas grands, ils sont le fruit des circonstances.

      [La mégalomanie ne vous semble t elle pas prépondérante car Napoléon fera de sa date de naissance, le 15 août, un jour férié ? (Sous les Premier et Second Empire, la Saint-Napoléon est la fête nationale instituée le jour de la naissance de Napoléon Ier, le 15 août).]

      Non, je ne pense pas. Je pense plutôt qu’il cherchait à renforcer sa légitimité en imitant les autres monarchies européennes, qui avaient fait de même (l’anniversaire de la Reine d’Angleterre est toujours fêté aujourd’hui). Vous noterez d’ailleurs qu’il a eu l’intelligence de placer sa fête dans un jour qui était déjà une fête chrétienne (l’Assomption), de façon à capitaliser la chose…

  15. kOUTOUZOV dit :

    Aujourd’hui 50 personnes à la queue leu leu à bureau de poste sous dimensionnée,de mon qurtier populaire faisaient la queue.des vigiles arabophones faisaient régner l’ordre.Après que j’ai demandé à quelle heure il y avait le moin de monde,il me répondit avec un accent feint très maghrébin,’Misséeu,c’est la fête du Gateau,vous savez ici c’est la France algérienne y a Ramadan,demain c’est férié’.
    Je rétorquai ,vous me faites éclater de rire car ce n’est pas le Ramadan qui rend ce jeudi férié,c’est l’ascension.Très calme je partis en maudissant Mitterand qui a dit dans les années 80 ao Monde entier:’Vous êtes ici chez vous , chez nous..’ Mitterand n’en avait que cure que 10 Millions en (2021 selon Macron) de personnes issues de cultures musulmanes,ignorante du droit au blasphème,se ruent en France pour consommer.Le danger principal pour Mitterant était le bloc soviétique,le collectivisme et secondairement le PCF utilisé pourtant comme marche pied.Alors l’Islam,était son allier comme il l’a montré entre 1979 et 1989 au sujet de l4afghanistan où il soutenait les dascistes islamiques. contre les progressistes.
    Napoléon était comme Mitterand. Animé d’une ambition personnelle il s’est vu roi d’Egypte potentiellement.Il s’est même converti à l’islam pour être plus crédible dans ces ambitions et chercher l’aval des turcs.Après avoir brisé les mamelouks du sultan Mourad Bey, il prend sans hésiter les atours d’un despote local, raconte l’historien Dimitri Casali. « Napoléon se met à porter le costume oriental, notamment pour la grande fête du Nil, en août 1798, ce qui amuse beaucoup son état-major, notamment ses généraux Murat et Lannes qui éclatent de rire… Le peuple l’appelle rapidement “le sultan El-Kébir”, un surnom qui lui restera longtemps, et le conseil du diwan lui attribue le titre d’Ali-Bonaparte. Lui-même se fait appeler “digne enfant du Prophète” et “favori d’Allah”… » Son attachement aux rites locaux ira même assez loin puisqu’en juillet 1799, le général français proclame  son adhésion à la foi musulmane avec ce qui ressemble à une shahada, une véritable profession de foi : « Il n’y a pas d’autres dieux que Dieu et Mahomet est son prophète ! » affirme-t-il devant les populations locales.De cette époque est resté Rouslam,un Mamelouk musulman à son service.Le cheikh Khalil El Bekri au Caire, dignitaire local qui a pris le parti du général Napoléon Bonaparte lors de la campagne d’Égypte ,a un Mamelouk,Rouslam.. Peu avant le retour en France de ce dernier, en août 1799 , Roustam postule pour passer à son service et est accepté.Napoléon le gardera des années. Napoléon constatant qu’il ne deviendra jamais Roi musulman d’Egypte abandonne sur place son corps éxpéditionnaire et rentre en Bateau en France où une opportunité de promotion sociale apparait.Son arrivisme se sole par des milliers de morts car ve fit un calvaire pour les hommes de troupes abandonnés en Egypte par Bonaparte.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_d%27%C3%89gypte
    A côté de Napoléon ,Saakachvili(successivement dirigeant de Géorgie puis d’Ukraine(,Valls (conseiller municipal à Barcelone,ex 1er ministre et futur candidat) ou Vincent Placé sont des enfants de choeur de l’arrivisme,du vide idéologique et du foutage de gueule au service d’une intransigeante promotion de l’Ego Napoléonien,sans conviction si ce n’est d’être le chef de tout ou n’importe quoi,mais d’être le chef,c’est humain  ,non ?
     

    • Descartes dit :

      @ Koutouzov

      [Napoléon était comme Mitterand. Animé d’une ambition personnelle il s’est vu roi d’Egypte potentiellement. Il s’est même converti à l’islam pour être plus crédible dans ces ambitions et chercher l’aval des turcs.]

      D’où sortez vous qu’il se serait « converti à l’Islam » ? Il ne faut pas dire n’importe quoi. Bonaparte, dans une proclamation restée célèbre, affirme qu’il n’est pas venu en Egypte pour se mêler des affaires religieuses, et qu’il a le plus grand respect pour la religion musulmane. Mais il ne s’est certainement pas « converti », et d’une façon générale son comportement envers l’Islam en Egypte a été assez similaire à celui qu’il aura plus tard envers le catholicisme en France, à savoir, qu’il n’y a aucun avantage à ouvrir un affrontement avec la religion majoritaire du pays, du moment où on elle accepte de ne pas se mêler des affaires civiles.

      [Après avoir brisé les mamelouks du sultan Mourad Bey, il prend sans hésiter les atours d’un despote local, raconte l’historien Dimitri Casali. « Napoléon se met à porter le costume oriental, notamment pour la grande fête du Nil, en août 1798, ce qui amuse beaucoup son état-major, notamment ses généraux Murat et Lannes qui éclatent de rire… Le peuple l’appelle rapidement “le sultan El-Kébir”, un surnom qui lui restera longtemps, et le conseil du diwan lui attribue le titre d’Ali-Bonaparte. Lui-même se fait appeler “digne enfant du Prophète” et “favori d’Allah”… »]

      Sans vouloir vous offenser, Dimitri Casali n’est pas un véritable historien, et je n’ai pas retrouvé ces éléments chez ceux qui le sont. Mais je trouve votre position bien contradictoire : si vous reprochez aux immigrés qui habitent chez nous de ne pas s’habiller « à l’européenne », il est difficile de reprocher à Bonaparte de s’habiller « à l’orientale » quand il était en Orient. Plus banalement, je pense que le pragmatique qu’était Bonaparte a bien compris l’importance de gagner la bienveillance de la population et des élites locales. Que le Diwan lui ait attribué un titre et que le peuple l’appelle « sultan El Kébir » (« el Kebir » signifie « le grand » en arabe) montre qu’il a atteint son objectif.

      [Napoléon constatant qu’il ne deviendra jamais Roi musulman d’Egypte (…)]

      Je ne vois pas d’où vous tirez que Bonaparte aurait voulu devenir « Roi musulman d’Egypte ».

      [(…) abandonne sur place son corps expéditionnaire et rentre en Bateau en France où une opportunité de promotion sociale apparait.]

      Je ne vois pas quelle est « l’opportunité de promotion sociale ». Ce que voit Bonaparte – et surtout ses amis politiques, qui le font revenir – est une opportunité politique.

      [Son arrivisme se solde par des milliers de morts car ce fut un calvaire pour les hommes de troupes abandonnés en Egypte par Bonaparte.]

      Faut pas exagérer. L’armée d’Egypte est restée sous le commandement de Kléber, qui était aussi compétent que Bonaparte que ce soit comme commandant ou comme administrateur. Kléber emportera d’ailleurs des succès qui sont loin d’être négligeables avant d’être assassiné par un étudiant syrien.

  16. Claustaire dit :

    Bonjour. Puisque vous évoquez les éminents services qu’un militaire (et son armée) auraient rendus à une République menacée d’effondrement, quelles réflexions cet exemple pourrait-il vous avoir inspiré sur la manière dont, ces derniers jours, des militaires sont venus, par diverses tribunes publiques, se mêler de la vie politique de notre pays ?

    • Descartes dit :

      @ Claustaire

      [Bonjour. Puisque vous évoquez les éminents services qu’un militaire (et son armée) auraient rendus à une République menacée d’effondrement, quelles réflexions cet exemple pourrait-il vous avoir inspiré sur la manière dont, ces derniers jours, des militaires sont venus, par diverses tribunes publiques, se mêler de la vie politique de notre pays ?]

      Vous noterez tout de même que le gouvernement de Bonaparte n’était pas un gouvernement militaire. Bonaparte n’a pas imposé son régime au peuple français par la force militaire, et il n’installe pas un régime d’administration militaire, bien au contraire. Bonaparte en avait d’ailleurs parfaitement conscience lui-même : « Ce n’est pas comme général que je gouverne, mais parce que la Nation croit que j’ai les qualités civiles propres au gouvernement ». Assimiler le régime napoléonien à une intervention des militaires dans la vie politique me paraît donc erroné du point de vue historique.

      Maintenant si vous voulez mon opinion sur les pétitions publiées par « valeurs actuelles », je trouve que les militaires – pas plus que les autres fonctionnaires – n’ont à se mêler de politique es qualités. S’ils peuvent exprimer leur opinion politique, ou militer pour les idées de leur choix, c’est en tant que citoyens et en respectant le devoir de réserve. Cela étant dit, il n’y a pas dans ces « pétitions » de quoi fouetter un chat. Elles se contentent de dire « si cela continue, on va à la catastrophe et il faudra utiliser la force pour rétablir la situation ». Constatation somme toute assez banale, même si elle est exprimée dans sur une tonalité théâtrale. Rappelons aussi que ce discours est tenu aussi hors des armées : Sami Ghali n’avait pas appelé elle aussi à l’intervention des militaires pour mettre un terme aux trafics dans les quartiers nord de Marseille ? Je ne me souviens pas qu’à l’époque ce discours ait été considéré « séditieux »…

      • Claustaire dit :

        Merci de la clarté avec laquelle vous exprimez votre jugement sur ces tribunes de militaires, en les ramenant, juste ou justement, à ce qu’elles disent.
         
        Pertinent aussi, pour qui l’ignorerait, de rappeler le genre “d’appel à l’armée” (il y a près de 10 ans déjà) d’une sénatrice PS inquiète de la dégradation incivique de certains quartiers de Marseille.

  17. Koutouzov dit :

    OUI,BIEN SUR,VOUS AVEZ RAISON..Le Mythe Napoléonien doit être séparé de la vie réelle de l’individu ,ambitieux à l’extrème,qu’ il fut .
    Mais justement,vous défendez le Mythe sans participer avec votre habituel rasoir d’Occam,à la mise en évidence de l’individu réel uniquement mu par son ambition .
    N’êtes vous pas aveuglé par le mythe ?
    Or,aujourd’hui dans les Médias règne, vous l’avez suffisemment critiqué, dans de nombreux esprits , le populisme du grand homme,de l’Ego politicien,comme Mélenchon ou Macron.
    Il nous faut combatre cet enfumage de l’Ego politicien,or le Napoléonisme en est une caricature avec sa devise abusive et ridicule’impossible n’est pas français’,là où la raison lui préfère’à l’impossible nul n’est tenu’,non?
    Le fond de cette problématique c’est qu’il y a plusieurs formes de Nationalisme.
    Le mien n’a rien avoir avec celui des Ego politiciens ,celui des Napoléonistes.
    Ma France(cf:Jean Ferrat) est celle de la Nation qui est sociale,démocratique,laïque,occcupant une place essentiellement hexagonale à l’extrème occident de la péninsule Européenne.
    Pour Macron ou Napoléon,la France est le cadre de leur ascension sociale,où n’importe quel ‘Roman National’ peut être  écrit à partir du moment où il est clinquant,Testostrénoné,adéquat aux modes du moment..Non?
    S le sérieux doit prévaloir alors l’idéologie se doit d’orienter notre regard sur le simple déroulé chronologique.
    Nous avons à énoncer d’où nous parlons,’Nation’.Une Nation-palimpseste qui reçoit les héritages sans testament , tout en revendiquant “une commémoration éclairée”,n’a aucin sens car pleine des contradictions de la lutte des classe.Pour regarder notre Histoire en face et en bloc,seul le compas des contradictions de clase nous permet de dégager le bon grain de l’ivrai. »il faut lui rappeler que le palimpseste est « un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau. » Une nation palimpseste serait une nation qui fait table rase de son passé et qui reécrirait à chaque époque, chaque régime l’histoire en effaçant le passé. L’inverse de ce que le Napoléonisme valorise dans son Histoire en bloc et pas comme « Marc Bloch », le grand historien critique qui dénonce l’étrange défaite de 1940.
    Pourquoi revendiquer l’Histoire de France en bloc ?Que faire des contradictions avec les guerres de religion, le premier Empire rétablissant l’esclavage, privant le peuple de la plupart des libertés fondamentales, adoptant un code civil régressif et restreignant le droit des femmes, mettant à feu et à sang l’Europe et faisant 1,5 millions de victimes en France, les conquêtes coloniales et le régime pétainiste ?
    Comment célébrer un tyran à l’origine directe de la construction des principaux ennemis de la France au 19ième et 20ième siècle que furent le pan germanisme,le Ducce chef du fascisme italien et  le Franco en Espagne qui aussi se servit de Napoléon comme  modèle ?

    • Descartes dit :

      @ Koutouzov

      [OUI, BIEN SUR, VOUS AVEZ RAISON… Le Mythe Napoléonien doit être séparé de la vie réelle de l’individu, ambitieux à l’extrême, qu’il fut.]

      Vous me permettrez ici de faire une disgression. J’aimerais qu’un jour on m’explique pourquoi dans la vision de la gauche on a une telle méfiance envers l’idée « d’ambition ». Un écrivain est porté par « l’ambition » d’être lu, un cuisinier par « l’ambition » que sa production soit appréciée. Dés lors qu’on veut devenir autre chose que ce qu’on est, qu’on veut tordre le cours naturel des évènements, l’ambition est là. Pourquoi condamner un sentiment aussi positif ?

      On peut condamner bien entendu l’ambition personnelle, le désir de posséder le pouvoir ou la richesse pour la possession même. Mais ce n’est pas le cas de Napoléon. Nous savons qu’il s’est par exemple vraiment investi dans la rédaction du Code civil. Or, quel profit particulier tirait Napoléon de l’édiction de ce code ? Que je sache, il n’avait pas un pourcentage sur les exemplaires vendus… pas plus qu’il ne tirait du Code une augmentation de ses pouvoirs – au contraire, régler par un Code les affaires civiles réduisait la part d’arbitraire et donc le pouvoir du souverain. Et pourtant, c’est l’œuvre dont il était le plus fier.

      [Mais justement, vous défendez le Mythe sans participer avec votre habituel rasoir d’Occam, à la mise en évidence de l’individu réel uniquement mu par son ambition.]

      Mais justement, l’individu réel ne m’intéresse pas. Je le laisse aux historiens. Ce qui m’intéresse, c’est le mythe et comment on peut aujourd’hui l’utiliser pour pousser les jeunes générations à développer un certain nombre de vertus et de qualités. Qu’au fond de lui Napoléon ait été mu par les plus nobles intérêts ou au contraire par les plus diaboliques desseins, cela ne change rien. Il est mort et enterré, et il ne peut plus agir. Il n’agit que par le souvenir qu’on a de lui.

      [Or, aujourd’hui dans les Médias règne, vous l’avez suffisamment critiqué, dans de nombreux esprits, le populisme du grand homme, de l’Ego politicien, comme Mélenchon ou Macron. Il nous faut combattre cet enfumage de l’Ego politicien, or le Napoléonisme en est une caricature avec sa devise abusive et ridicule ’impossible n’est pas français’, là où la raison lui préfère ’à l’impossible nul n’est tenu’, non ?]

      Non, non et non. D’abord, Napoléon n’est pas – même à l’anachronisme près – un égo-politicien. Je vous rappelle qu’une des caractéristiques de l’égo-politique c’est la détestation de toute forme institutionnelle. L’égo-politicien se méfie des institutions parce que toute institution limite par nature les marges de liberté des dirigeants. C’est pourquoi par exemple LFI ou LREM n’ont pas de véritables statuts, pas d’instances de décision formelles, pas de procédure démocratique interne. Ce régime « gazeux » permet au dirigeant suprême, Macron ou Mélenchon, de garder un contrôle total sur leur organisation. Et pour la même raison, les égo-politiciens ne s’entourent que de béni-oui-oui. Vous aurez du mal à trouver dans l’entourage de Macron ou de Mélenchon quiconque qui ait un caractère lui permettant de tenir tête au Grand Chef.

      Mais dans le cas de Napoléon, c’est exactement l’inverse. L’Empereur est un fondateur d’institutions. Il a lui-même théorise cette idée en postulant le besoin de « masses de granit » pour constituer une base solide au fonctionnement du pays. Et il s’entoure pour cela d’intellects brillants et d’esprits forts parfaitement capables de lui tenir tête : quand il nomme Portalis, Tronchet, de Maleville et Cambacérès pour finir la rédaction du Code civil, ce n’est pas pour faire de la figuration. D’ailleurs, Napoléon soumet le texte à l’examen collectif du Conseil d’Etat – 102 séances ! – auxquelles il participe lui-même. Connaissez-vous une seule instance d’examen collectif à laquelle Macron ou Mélenchon aient participé depuis qu’ils sont chefs de leurs partis ?

      Quant à la question des devises, je ne vois pas en quoi « impossible n’est pas français » serait « ridicule » ou « abusive ». Je vous rappelle d’ailleurs le contexte dans lequel cette formule a été employée. En fait, on connaît plusieurs expressions de ce type dans la bouche de Napoléon, qui par décantation ont donné la formule que l’on connaît aujourd’hui. La première est à la traversée du col de Samossierra : l’avance française est bloquée par une batterie, et l’empereur décide d’envoyer une partie de ses troupes pour la prendre. A ses officiers qui prétendent que c’est impossible, il répond : « « comment ? Impossible ! Je ne connais point ce mot là ! ». Les troupes seront envoyées et prendront effectivement le col. La seconde arrive lorsque Fouché lui explique qu’il lui est impossible de convaincre le Tsar d’expulser les émigrés français. Napoléon lui fait une remarque similaire, à laquelle Fouché remarque « en effet, j’aurais dû me rappeler que Votre Majesté nous a appris que le mot impossible n’est pas français ». La troisième concerne la prise de Magdebourg, dont le commandant écrit à l’empereur qu’il est impossible de tenir. Napoléon lui répond « c’est impossible m’écrivez-vous ; cela n’est pas français ».

      Ces trois exemples donnent le sens à l’expression. A chaque fois elle est utilisée pour répondre à des subordonnés qui cherchent des prétextes pour arrêter l’effort. Et on sait bien que la réaction habituelle devant l’injonction de faire quelque chose qu’on n’a pas envie de faire, c’est la formule « c’est impossible ». La formule de Napoléon a donc la même signification que celle du ministre qui répondait à ses directeurs « on ne vous paye pas pour me dire que c’est impossible, mais pour me dire comment le rendre possible », ou celle de Richelieu qui considérait que « la politique est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ». La formule « impossible n’est pas français » symbolise le rejet des prétextes commodes pour ne pas faire un effort, pour abandonner un projet. Loin d’être « ridicule » ou « abusive », c’est l’esprit même de la politique au sens le plus noble du terme.

      [Ma France(cf:Jean Ferrat) est celle de la Nation qui est sociale, démocratique, laïque, occupant une place essentiellement hexagonale à l’extrême occident de la péninsule Européenne.]

      Faudrait savoir. Si vous vous contentez « d’une place essentiellement hexagonale », vous ne pouvez pas vous réclamer de Ferrat, qui dit exactement le contraire : « Cet air de liberté au-delà des frontières/Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige/Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige/Elle répond toujours du nom de Robespierre/ Ma France ». Et qui mieux que Napoléon – ce « Robespierre couronné » – a propagé « cet air de liberté au-delà des frontières » ?

      Je suis désolé, mais la France a commencé bien avant que les mots « sociale, démocratique et laïque » aient un sens. Vous ne pouvez pas faire comme si la France était née le 14 juillet 1789. La France « sociale, démocratique et laïque » plante ses racines dans une histoire longue. La laïcité ne se comprend pas si l’on ne remonte pas aux luttes entreprises par la monarchie absolue pour libérer l’Etat de l’emprise de l’Eglise.

      [Pour Macron ou Napoléon, la France est le cadre de leur ascension sociale, où n’importe quel ‘Roman National’ peut être écrit à partir du moment où il est clinquant, Testostrénoné, adéquat aux modes du moment… Non ?]

      Encore une fois, j’ai du mal à voir la logique de votre association entre Macron et Napoléon. Pour Napoléon, il y a une véritable « ascension sociale ». Mais pour Macron ? Certainement pas : il est né dans les classes intermédiaires supérieures, et il y est toujours. On peut parler d’une promotion professionnelle, mais « sociale » ? Pas vraiment. Ensuite, je ne vois pas Macron écrivant le moindre « roman national », au contraire : Macron montre à chacune de ses décisions son profond rejet et mépris de toute construction institutionnelle, de tout projet collectif. C’est exactement le contraire d’un Napoléon, qui croyait fermement à la nécessite d’institutions fortes pour fonder l’Etat. Macron est un démagogue qui dissout l’ENA parce qu’il s’imagine que cela lui apportera des voix parmi les « gilets jaunes ». Vous imaginez Napoléon dissolvant l’Ecole Polytechnique pour faire plaisir au lobbies ?

      J’ajoute que Napoléon a finalement été assez peu sensible aux « modes du moment ». Au contraire : il a cherché la stabilité dans un retour aux formes plus « traditionnelles » alors que la Révolution avait tout bouleversé. C’est un peu comme si Macron rétablissait le protocole gaullien.

      [Nous avons à énoncer d’où nous parlons, ’Nation’. Une Nation-palimpseste qui reçoit les héritages sans testament, tout en revendiquant “une commémoration éclairée”, n’a aucun sens car pleine des contradictions de la lutte des classes. Pour regarder notre Histoire en face et en bloc, seul le compas des contradictions de clase nous permet de dégager le bon grain de l’ivraie. » il faut lui rappeler que le palimpseste est « un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau. » Une nation palimpseste serait une nation qui fait table rase de son passé et qui réécrirait à chaque époque, chaque régime l’histoire en effaçant le passé. L’inverse de ce que le Napoléonisme valorise dans son Histoire en bloc et pas comme « Marc Bloch », le grand historien critique qui dénonce l’étrange défaite de 1940.]

      La « nation-palimpseste » que vous proposez est une nation qui s’interdirait de chercher dans le passé les racines de son présent. Car comment comprendre comment l’histoire nous a faite tels que nous sommes si nous réécrivons l’histoire en fonction des besoins politiques de tel ou tel régime ?

      J’ai l’impression que vous confondez « histoire » et « mythe ». La décision d’assumer ou de commémorer telle ou telle partie de notre passé n’a rien à voir avec l’histoire. L’histoire est une description des événements et de leurs rapports tels qu’on peut les reconstruire à partir des témoignages et les documents. Mais elle n’a pas à faire des jugements moraux, à classer les « bons » et les « mauvais ». Une Nation réécrit évidement ses mythes pour correspondre aux besoins de chaque époque. Mais l’idée qu’une Nation puisse « faire table rase de son passé » a de quoi faire peur…

      [Pourquoi revendiquer l’Histoire de France en bloc ?Que faire des contradictions avec les guerres de religion, le premier Empire rétablissant l’esclavage, privant le peuple de la plupart des libertés fondamentales, adoptant un code civil régressif et restreignant le droit des femmes, mettant à feu et à sang l’Europe et faisant 1,5 millions de victimes en France, les conquêtes coloniales et le régime pétainiste ?]

      « Que faire » ? D’abord, chercher à comprendre comment elles s’inscrivent dans la dynamique de leur époque. Et ensuite, accepter que cela fait partie de nous, que de la même façon que nous ne pouvons pas récuser un père ou une mère qui seraient criminels, nous ne pouvons pas récuser l’histoire qui nous a faite tels que nous sommes. Et non seulement parce que c’est un peu trop facile de prendre dans l’héritage ce qui nous convient et de refuser d’endosser ce qui ne nous convient pas. Nul ne peut échapper à ce qu’il est. Et nous sommes le produit de cette histoire. Ne pas assumer Napoléon, Bugeaud ou Pétain, c’est comme refuser d’assumer notre rapport avec nos parents. Que nous l’aimions ou pas, ce sont eux qui nous ont fait.

      [Comment célébrer un tyran à l’origine directe de la construction des principaux ennemis de la France au 19ième et 20ième siècle que furent le pan-germanisme, le Duce chef du fascisme italien et le Franco en Espagne qui aussi se servit de Napoléon comme modèle ?]

      Franchement, j’attends avec impatience que vous m’expliquiez comment vous faites pour trouver « l’origine directe » du pangermanisme du fascisme et du franquisme chez Napoléon. C’est particulièrement absurde pour Franco : dans quel domaine précis le « generalisimo » aurait pris Napoléon « pour modèle » ?

      Si nous nous aimons, alors nous ne pouvons que célébrer ce qui nous ont fait. Et franchement, Napoléon a laissé un bilan suffisamment impressionnant pour que l’on puisse dans la construction du mythe considérer qu’il représente plus un projet collectif pour la France que l’esclavage ou le sexisme. Je vous le répète : ceux qui insistent sur ces aspects ne font que saisir des prétextes pour abattre l’essentiel, c’est-à-dire, un mythe étroitement lié à ce qu’est la France révolutionnaire et progressiste. C’est là leur principale cible, ne vous laissez pas prendre…

  18. Trouve un chemin dit :

    @ Descartes, 
    Un grand merci pour ce nouveau billet ! En ce qui me concerne, j’ai notamment apprécié de comprendre comment les contextes de l’époque avaient influencé les décisions de Napoléon (Lumières, post-Révolution, rivalités en Europe, culture paysanne, …). 

  19. Luc dit :

    AUJOURD’HUI Jean Louis Bourlange a été brillant sur france Info à 12H sur C’pol d’Ali Badou.
    Il s’est prononcé pour un retour à la loi instaurant la proportionnelle en 1985,quelle aisance dans la justesse et le verbe chez Bourlange,75 ans,Chapeau !
    Bourlange a aussi fait uné éloge très appuyé  de  Macron et Blanquer pour leur  qualités intellectuelles et de travail.
    Tout cela ,vous le savez puisque  il y a des années au début de la magnifique aventure de votre blog vous aviez écrit votre estime pour Borlange.
    Aujourd’hui vous semblez très loin de Macron,contrairement à votre Bourlange,quels sont vos griefs de fond si vous en avez sinon pourqoui ces divergences avec Bourlange ou Macron ?

    • Descartes dit :

      @ Luc

      [AUJOURD’HUI Jean Louis Bourlanges a été brillant sur France Info à 12H sur C’pol d’Ali Badou.
      Il s’est prononcé pour un retour à la loi instaurant la proportionnelle en 1985, quelle aisance dans la justesse et le verbe chez Bourlange,75 ans, chapeau !]

      Bourlanges est un homme que j’ai trouvé très intelligent et brillant. Mais voyez-vous, ce n’est pas parce que quelqu’un est très intelligente et brillant que je me considère obligé d’être d’accord avec lui. Ce n’est pas parce deux personnes sont intelligentes qu’elles sont forcément d’accord. Encore faut-il regarder quels sont les intérêts qu’ils défendent…

      Pour la proportionnelle, je comprends très bien que Bourlanges, grand eurolâtre devant l’éternel, veuille réduire les gouvernements nationaux à l’impuissance. Car c’est exactement ce que produirait le retour de la proportionnelle. Il n’y qu’à regarder : en Espagne, le gouvernement a été paralysé pendant deux ans et il a fallu plusieurs élections pour dégager une majorité… d’ailleurs si faible que le gouvernement est virtuellement réduit à l’impuissance. En Israël, au bout de quatre élections, toujours pas de gouvernement. En Italie, les accords d’arrière-boutique donnent le pouvoir à des gouvernements faibles qui n’ont rien à voir avec ce qu’ont voté les électeurs. C’est ça que vous voulez ?

      [Aujourd’hui vous semblez très loin de Macron, contrairement à votre Bourlanges, quels sont vos griefs de fond si vous en avez sinon pourquoi ces divergences avec Bourlanges ou Macron ?]

      Ce n’est pas « mon » Bourlanges. J’admire l’intelligence de Bourlanges, et j’avais beaucoup apprécié l’intervention qu’il avait faite devant une promotion de l’ENA au début des années 2000 dans laquelle il avait exposé son analyse sur les crises qui attendaient l’UE en se démarquant du discours eurobéat de l’époque. Mais je n’ai jamais été d’accord avec lui politiquement. Ce n’est pas que je me pense plus intelligent que lui, mais tout simplement parce qu’on ne tient pas aux mêmes choses et on ne défend pas les mêmes intérêts.

      Suivant cette logique, on peut parfaitement admirer l’intelligence de Macron ou de Blanquer tout en étant en désaccord avec leurs politiques. Je ne vais pas vous lister toutes les divergences que j’ai avec Macron, je pense que la lecture de mon blog devrait vous avoir illustré abondamment…

      • Claustaire dit :

        Ayant écouté et apprécié ce même entretien de Bourlanges avec l’équipe de France Inter [ https://www.franceinter.fr/emissions/questions-politiques/questions-politiques-16-mai-2021 ], j’ai noté, à propos de proportionnelle, le passage où il expliquait l’intérêt mutuel de la proportionnelle et des partis politiques, la proportionnelle permettant le dosage assez fin des rapports de forces entre les diverses tendances politiques à l’œuvre dans un pays.
         
        La quasi disparition des partis politiques (mention honorifique à l’exception d’un PCF confirmant la règle) et donc l’impossibilité pour des militants et citoyens adhérents de ces partis de contribuer, dans la durée, à la réflexion collective au sein de cet intellectuel commun au fil des réunions et congrès internes à ces partis ne peut que nuire au fonctionnement même de notre démocratie, qui se met de plus en plus à fonctionner comme un régime de coups d’état électoraux conjoncturels sans lendemain mais hélas pas sans éventuelles et dramatiques conséquences…

        • Descartes dit :

          @ Claustaire

          [j’ai noté, à propos de proportionnelle, le passage où il expliquait l’intérêt mutuel de la proportionnelle et des partis politiques, la proportionnelle permettant le dosage assez fin des rapports de forces entre les diverses tendances politiques à l’œuvre dans un pays.]

          On pourrait penser que la proportionnelle renforce les partis, puisque ce sont eux qui font les listes et désignent donc les élus. Mais la pratique montre que ce n’est pas le cas: l’exemple israélien, ou l’on voit se multiplier à l’infini les petits partis formés pour permettre l’élection de tel ou tel leader charismatique montrent qu’il en est rien. En fait, on voit que la force des partis politiques n’a finalement peu de rapport avec le système électoral. On observe une atomisation des partis et l’apparition d’égo-politiciens autant dans les systèmes proportionnels que dans les systèmes à prime majoritaire…

  20. Koutouzov dit :

    Merci pour votre réponse documentée,attentionnée et en définitive généreuse.Merci pour cette qualité d’échanges. [l’individu réel ne m’intéresse pas. Je le laisse aux historiens. Ce qui m’intéresse, c’est le mythe et comment on peut aujourd’hui l’utiliser pour pousser les jeunes générations à développer un certain nombre de vertus et de qualités.] Là,nous y sommes.C’est le mythe qui vous intéresse ,pour moi, c’est l’individu dans son histoire,puis dans l’Histoire! Car les Mythes encombrent le paysage politique.Les Mythes sont encombrants et sont des leurres.Plus grave ,faire de la politique  avec des mythes ,expose à des désillusions mortifères et anti productives.
    Napoléon est un exemple idéal d’un Mythe fossoyeur de l’idéal dont il se veut l’étiquette.Après Waterloo,il y eut défaites sur défaites pour les républicains.Relisez le colonel Chabert,1830,1848,1871! les restaurations des bourbons,des Orléans,le retour d’un Bonaparte,il aura fallu attendre 1877 pour que les Royalistes soient vraiment exclus de l’horizon politique français.83ans après que Robespierre ait été guillotiné!
    Quant à la noblesse d’empire et la famille des Bonapartes ils étaient anti-républicains pro-royalistes,alors le Mythe de Napoléon 1er vous semble toujours profitable aux républicains ?

    Macron prétend que «après des mois de tâtonnements et d’hésitations, il (Napoléon) sut donner une forme durable à la géniale intuition révolutionnaire de souveraineté nationale.
    Il ne sait il pas ou ne comprend il pas que la souveraineté nationale de la révolution de 1789 a été développée par Sieyès ?comme «Selon cette conception, la souveraineté appartient à la nation, une entité abstraite et indivisible? En 1791, la souveraineté nationale est passée sous un régime de monarchie constitutionnelle .
    Sous le premier Empire, on était loin d’un gouvernement pour le peuple et par le peuple avec tous les pouvoirs concentrés entre les mains de l’Empereur et avec des libertés très limitées, pour la presse et l’opposition,le suffrage universel masculin aboli,n’est ce pas une Tyranie?
    L’École centrale des travaux publics est militarisée en 1804 par Napoléon Ier. Plus macronienne et réactionnaire la répétition d’une formulation chère à Macron, « le vertige de la fin du droit divin » avec l’abolition de la monarchie. « Le génie de Napoléon fut d’aider les Français à rompre définitivement avec ce qu’ils avaient décidé d’abandonner en 1789 et de franchir cet abîme. » Le recours à un pouvoir fort pour les nostalgiques de la monarchie, comme si c’était l’aspiration générale ou même majoritaire du peuple français.La Première République, officiellement nommée République française, est le nom conventionnellement donné par les historiens à la période correspondant à l’ensemble des régimes républicains de la France de septembre 1792 à mai 1804.Après ce fut l’empire,en pire!
    Qui célèbre Robespierre à sa juste valeur de républicain?« L’État, au travers entre autres des comités de salut publics et les commissaires de la République avant les préfets et des maires qui se déployèrent bientôt partout dans le pays et permirent à la Nation de rester Une.
    Est ce Napoléon qui sauva seul ,ex nihilo, la république ?
    Macron semble ignorer ou il fait semblant que sous le consulat et le premier Empire, les Maires qui avaient été élus au suffrage censitaire en 1789 ont été nommés ,pas élus,par les préfets et par le premier consul pour les villes de plus de 5000 habitants et sous le premier Empire.
    Là le maire est chargé seul de l’administration de la commune et les conseillers ne sont consultés que lorsqu’il le juge utile. Macron dans son discours attribue à la réforme de Polytechnique par Napoléon : « de donner encore à la France des générations d’ingénieurs au plus haut niveau. Il ignore ou fait semblant d’ignorer que Polytechnique a été créée en 1794 par la Convention nationale. La réforme de Napoléon a consisté à militariser l’école en 1804 et imposé des frais de scolarité pour la réserver aux enfants de la bourgeoisie. Il souhaitait ainsi détourner un maximum de polytechniciens vers ses armées au lieu de les encourager à développer de nouvelles techniques pour le bien de la nation. En conclusion, en le prenant au mot, il faut rétablir les faits ignorés ou manipulés par Macron : « Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles que l’on fait sur l’ignorance » a-t-il dit en commençant son discours ce 5 mai 2021 pour commémorer le 150ème anniversaire de Napoléon premier. Si cette citation est de Napoléon,alors Oui,Merci à son auteur!
    Mais pourquoi attribuer à Napoléon les mérites de la république,à l”action d’un seul l’action des masses en lutte de classes établissant un nouveau régime à la place de l’ancien,féodal,basé sur des privilèges iniques,renversés par la république et non par Napoléon qui rétablit les rites monarchiques,créa une nouvelle dynastie,une nouvelle noblesse,et pilla les pays occupés ?
    Pour Hitler ,le mythe nous le décrit ‘fou ‘alors qu’il est le serviteur de l’impérialisme allemand comme Napoléon était l’outil de l’impérialisme français.
    HITLER n’ EST il pas le mythe renversé ,versus obscurantiste et antisémite de Napoléon ?
    Le bloccus continental ,la mise sous tutelle économique de la confédération allemande ne sont ils pas le signe de la spoliation économique des locaux par les affairistes Napoléonnienes,Maquignons,marchands d’armes etc..?
     

    • Descartes dit :

      @ Koutouzov

      [Merci pour votre réponse documentée, attentionnée et en définitive généreuse. Merci pour cette qualité d’échanges.]

      C’est un plaisir, au contraire. Je dois par ailleurs m’excuser de cette réponse tardive. Pour des raisons que je ne comprends pas, vos commentaires ont été classés « indésirables » par le filtre automatique, et j’ai dû les repêcher…

      [Là, nous y sommes. C’est le mythe qui vous intéresse, pour moi, c’est l’individu dans son histoire, puis dans l’Histoire!]

      C’est une différence essentielle. Je ne voulais pas dire d’ailleurs que l’histoire napoléonienne ne m’intéresse pas, mais qu’à l’heure de bâtir des monuments ou de déboulonner des statues, ce n’est pas l’histoire qui importe, mais le mythe.

      [Car les Mythes encombrent le paysage politique. Les Mythes sont encombrants et sont des leurres. Plus grave, faire de la politique avec des mythes, expose à des désillusions mortifères et anti productives.]

      Si c’est un mal, c’est un mal nécessaire. Sans le mythe, nous sommes ramenés à la prison glacée de nos petits intérêts individuels. Il n’y a que le mythe qui nous permet de nous identifier à plus grand que nous, et qui nous donne la force de faire de grandes choses.

      [Napoléon est un exemple idéal d’un Mythe fossoyeur de l’idéal dont il se veut l’étiquette.]

      Comme disait Althusser, « le concept de chien ne mord pas ». Un « mythe » ne peut rien fossoyer, rien détruire, rien construire. Tout au plus il peut inspirer ceux qui le font. Le Napoléon historique a peut-être tué beaucoup de monde, mais le mythe de Napoleon ne peut faire de mal une mouche.

      [Après Waterloo, il y eut défaites sur défaites pour les républicains. Relisez le colonel Chabert,1830,1848,1871! les restaurations des bourbons, des Orléans, le retour d’un Bonaparte, il aura fallu attendre 1877 pour que les Royalistes soient vraiment exclus de l’horizon politique français. 83ans après que Robespierre ait été guillotiné!]

      Et alors ? Vous donnez trop d’importance à mon sens au régime politique, et pas assez aux structures. On a vu défiler des Bourbons, des Orleans, le retour d’un Bonaparte… mais les fondamentaux de la Révolution n’ont plus été remis en cause. L’universalité des droits, la souveraineté de la nation, l’égalité devant la loi, la primauté du civil sur le religieux n’ont plus été vraiment contestés. Et c’est en grande partie grâce à Bonaparte et à ses « masses de granit ». Loin de trahir l’idéal des Lumières, Bonaparte a permis de graver dans le marbre les principales conquêtes de la Révolution.

      [Quant à la noblesse d’empire et la famille des Bonapartes ils étaient anti-républicains pro-royalistes, alors le Mythe de Napoléon 1er vous semble toujours profitable aux républicains ?]

      Une fois de plus, vous mélangez mythe et histoire. Qu’importe qu’historiquement la famille Bonaparte ait été pro-royaliste ? Ils sont morts et enterrés, et leur opinion n’a plus aucun effet. Par contre, me mythe Napoléonien est celui d’une aristocratie recrutée d’abord par sa compétence, d’un gouvernement éclairé par des assemblées de savants et de juristes prestigieux, de l’accent mis sur l’éducation et l’enseignement… et en cela, le mythe est tout à fait « républicain », même si Bonaparte ne l’était pas.

      [Macron prétend que « après des mois de tâtonnements et d’hésitations, il (Napoléon) sut donner une forme durable à la géniale intuition révolutionnaire de souveraineté nationale.]

      Il n’a pas tort.

      [Il ne sait-il pas ou ne comprend-il pas que la souveraineté nationale de la révolution de 1789 a été développée par Sieyès ? comme « Selon cette conception, la souveraineté appartient à la nation, une entité abstraite et indivisible? En 1791, la souveraineté nationale est passée sous un régime de monarchie constitutionnelle.]

      Pour une fois, vous m’obligez à défendre Macron : il ne dit pas que Bonaparte ait développé le concept, mais qu’il a su lui donner « une forme durable ». Ce n’est pas tout à fait la même chose. Comme disait Richelieu, la politique est l’art de rendre possible ce qui est souhaitable. Napoléon n’était pas lui-même un grand juriste, mais il a su s’entourer des meilleurs experts de son temps (Cambacères, Portalis, Merlin de Douai…) et reprendre les meilleures idées chez les autres.

      [Sous le premier Empire, on était loin d’un gouvernement pour le peuple et par le peuple avec tous les pouvoirs concentrés entre les mains de l’Empereur et avec des libertés très limitées, pour la presse et l’opposition, le suffrage universel masculin aboli, n’est ce pas une Tyranie ?]

      Comme je vous ai montré plus haut, le premier empire n’est pas un régime purement personnel. Si l’exécutif est fort – et non élu – il doit compter avec des assemblées élues et des corps nommés qui savent exercer leur poids. Mais votre remarque laisse penser que pour vous un gouvernement ne peut être « par le peuple et pour le peuple » que s’il est démocratique.

      [L’École centrale des travaux publics est militarisée en 1804 par Napoléon Ier.]

      Et ?

      [Plus macronienne et réactionnaire la répétition d’une formulation chère à Macron, « le vertige de la fin du droit divin » avec l’abolition de la monarchie. « Le génie de Napoléon fut d’aider les Français à rompre définitivement avec ce qu’ils avaient décidé d’abandonner en 1789 et de franchir cet abîme. »]

      Là encore, il n’a pas tort. La Révolution a été efficace pour démolir l’ancien monde, mais elle a ensuite eu des difficultés pour bâtir le nouveau. Ca arrive dans toutes les révolutions : après une première période de démolition et de projets utopiques, apparaît généralement un gouvernement fort qui permet de passer du principe de désir au principe de réalité.

      [Le recours à un pouvoir fort pour les nostalgiques de la monarchie, comme si c’était l’aspiration générale ou même majoritaire du peuple français. La Première République, officiellement nommée République française, est le nom conventionnellement donné par les historiens à la période correspondant à l’ensemble des régimes républicains de la France de septembre 1792 à mai 1804.Après ce fut l’empire, en pire!]

      Mais pourquoi abouti-t-on à l’empire ? Pourquoi les « régimes républicains » qui se sont succédés entre 1792 et 1804 n’ont pas réussi à organiser le pays, à créer des institutions solides, à assurer la position de la France sur la scène internationale, à stabiliser la situation économique ? Pourquoi ces « régimes républicains » n’ont pas réussi à se donner une légitimité aux yeux du peuple, qui le moins qu’on puisse dire est qu’il les a soutenu très mollement au moment de leur chute ?

      Vous oubliez là que le régime de Bonaparte a été populaire. Très populaire. L’épisode des cent jours le montre clairement. Et cela malgré les morts, les difficultés, les guerres. Comment se fait-il ? Pourquoi ce régime qui ne gouvernait pas « pour le peuple et par le peuple » a eu un soutien populaire que n’aura eu aucun de ses prédécesseurs ? Voilà une question qu’elle est bonne…

      Votre discours me rappelle celui d’un Mitterrand dénonçant le « coup d’Etat permanent » qu’était la Vème République. Mais la réalité est qu’en 1958 les Français étaient usés par l’instabilité et l’impuissance de la très démocratique IVème République.

      [Qui célèbre Robespierre à sa juste valeur de républicain? « L’État, au travers entre autres des comités de salut publics et les commissaires de la République avant les préfets et des maires qui se déployèrent bientôt partout dans le pays et permirent à la Nation de rester Une. Est-ce Napoléon qui sauva seul, ex nihilo, la république ?]

      Non, bien sûr que non. Et Bonaparte était le premier à se reconnaître comme Jacobin et fils de la Révolution. Il y a pour moi une profonde continuité entre Robespierre et Bonaparte. Il a fallu l’un pour que l’autre puisse accomplir son œuvre, c’est la Terreur qui a déblayé le terrain pour construire les « masses de granit ». Une continuité qui va bien au-delà : les préfets napoléoniens sont les enfants des commissaires de la République de la Révolution, mais aussi les petits enfants des Intendants de Colbert…

      [Macron dans son discours attribue à la réforme de Polytechnique par Napoléon : « de donner encore à la France des générations d’ingénieurs au plus haut niveau. Il ignore ou fait semblant d’ignorer que Polytechnique a été créée en 1794 par la Convention nationale. La réforme de Napoléon a consisté à militariser l’école en 1804 et imposé des frais de scolarité pour la réserver aux enfants de la bourgeoisie. Il souhaitait ainsi détourner un maximum de polytechniciens vers ses armées au lieu de les encourager à développer de nouvelles techniques pour le bien de la nation.]

      La réforme napoléonienne ne se limite pas à la « militarisation ». Elle modifie considérablement le cursus, qui cesse d’être orienté vers la pratique du métier pour devenir un véritable cursus scientifique avec un accent particulier sur les mathématiques. La « militarisation » ne vise pas tant à orienter les élèves vers les armées qu’à instituer une discipline stricte, à une époque où les étudiants sont connus pour leurs désordres. Quant aux frais de scolarité, j’aimerais connaître la source de vos informations.

      [Mais pourquoi attribuer à Napoléon les mérites de la république, à l”action d’un seul l’action des masses en lutte de classes établissant un nouveau régime à la place de l’ancien, féodal, basé sur des privilèges iniques, renversés par la république et non par Napoléon qui rétablit les rites monarchiques, créa une nouvelle dynastie, une nouvelle noblesse, et pilla les pays occupés ?]

      Parce que « les masses en lutte » – les « masses » bourgeoises, parce qu’il ne faudra pas oublier que la révolution de 1789 est l’expression d’une bourgeoisie qui aspire à prendre la place de l’aristocratie féodale, et non une révolution prolétarienne – avaient été capables de mettre à bas l’ancien régime, mais étaient incapables d’en établir un nouveau. C’est le sens de la formule de Chateaubriand que je mets en exergue de mon article : « « Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu […] Il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier, un code de lois, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente […] Il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre au sein du chaos […] ». Ce que les révolutionnaires n’avaient pas réussi à faire, même s’ils avaient plein de bonnes idées – dont beaucoup ont d’ailleurs été mises en œuvre par Napoléon.

      Quant aux « rites monarchiques » de Napoléon, au risque de me répéter je pense qu’il ne faut pas être plus attaché aux symboles qu’aux réalités. La France de 1800 avait besoin de stabilité, d’un retour à l’ordre, de réassurance. Et il est bien connu qu’on rassure en ressuscitant des formes que les gens connaissent et auxquelles ils sont habitués. N’oubliez pas que si pour nous la République est une organisation familière, pour l’homme de la fin du XVIIIème c’était une aventure…

      [Pour Hitler, le mythe nous le décrit ‘fou ‘alors qu’il est le serviteur de l’impérialisme allemand comme Napoléon était l’outil de l’impérialisme français.]

      Mais vous noterez que loin d’être un organisateur, Hitler fut un DESORGANISATEUR. Lisez la biographie que lui a consacré Ian Kershaw, et tout particulièrement le chapitre consacré à l’administration hitlérienne. On y apprend par exemple que Hitler gouvernait sans jamais réunir ses ministres, qu’il favorisait au contraire les conflits entre les administrations et entre elles et toutes sortes d’organismes extérieurs (des associations, du NSDAP) comme moyen d’assurer son pouvoir, puisqu’il n’y avait que lui qui pouvait arbitrer ces conflits. Vous noterez d’ailleurs qu’après la défaite d’Hitler, AUCUNE des innovations juridiques ou administratives, aucune des institutions qu’il a fondé ne lui ont survécu, alors que Napoléon vaincu son héritage a vécu jusqu’à nos jours.

  21. Jordi dit :

    Un test idiot, un piège à connards. Infaillible.
    Nous ne sommes pas du même bord politique, laissez moi résumer. Qui n’aime pas Napoléon n’aime pas la France. Qui n’aime pas la France est un ennemi, et s’il réside en notre patrie un occupant. Il ne faut pas poser de limites à l’amour. Ni à l’imagination. Et encore moins à la haine des ennemis de la France.
    Quand à a comparaison avec Staline, personnage pour qui j’ai une estime mitigée (mais loin d’être nulle ou négative), elle est aussi audacieuse que pertinente. L’un comme l’autre n’aurait jamais accédé au statut dû à leur talent en dehors d’une période révolutionnaire.  Les victimes tombées sous le joug du très petit père des peuples ont des griefs légitimes à  son encontre, et notamment les goyim polonais. MAIS les hommes libres délivrés du nazisme lui doivent une fière chandelle, à lui , à ses légendaires maréchaux (autre point commun avec l’Empereur) et aux valeureux conscrits de l’Union Soviétique (et ça me fait mal au cul de mettre des majuscules à un un régime antilibéral dont les Citoyens payèrent avec Valeur le prix du Sang)  . L’histoire est l’archéologie d’un seul résultat advenu parmi un océan d’ex possibles.
    Par delà nos différences politiques, sachez que j’ai bien plus d’empathie, de points communs, de respect ou de consanguinité envers vous qu’envers quiconque critique notre mortel empereur Français. Vous glosiez sur la petite fRance, celle que les détracteurs du rédacteur du Code Civil incarnent. Vive la France, mort à ses ennemis, mort à leur descendance !!!!
    Issu sur deux générations de la méritocratie impériale dite républicaine. Et par delà nos divergences politiques  (je suis catholique et libéral, je préfère une France même communiste ou  covidée à une province de Franconie du Sud fût-elle délicieusement libérale).
    Qui n’aime pas l’Empereur n’aime pas la France. Je prie pour La victoire. En Chantant. 200 ans plus tard, certaines causes méritent toujours d’être soutenues, quel que soit le péril. Vive l’Empereur. Vive la Liberté! Vive les droits de l’Homme qu’il a su exporter partout en Europe, chez les libérés enthousiastes ou chez les aristos obsolètes de Prusse ou d’Ibérie contraints de concéder la citoyenneté à leur serfs pour recruter en nombre face à la marée des hommes libres ou libérés. Merci à la Corse pour de cadeau à la France et au Monde.
    Vive Bonaparte! Vive l’Empereur!  Vive la Liberté! Vive la France! Mort à ses ennemis! Mort à leur descendance!
     

    • Descartes dit :

      @ Jordi

      [Nous ne sommes pas du même bord politique, laissez moi résumer. Qui n’aime pas Napoléon n’aime pas la France. Qui n’aime pas la France est un ennemi, et s’il réside en notre patrie un occupant. Il ne faut pas poser de limites à l’amour. Ni à l’imagination. Et encore moins à la haine des ennemis de la France.]

      Je pense que vous posez mal le problème. Ne pas aimer tel ou tel personnage de notre histoire n’implique pas que vous « n’aimiez pas la France ». Et nous n’avons pas à exiger de l’étranger qui réside chez nous qu’il « aime » notre pays, tout au plus qu’il obéisse à nos lois et respecte nos institutions.

      Personnellement, le Français qui déclare « ne pas aimer » Napoléon (ou Colbert, ou Richelieu, ou Jeanne d’Arc) est pour moi plus un objet de compassion que de haine. Car ne pas aimer ces mythes fondateurs, c’est ne pas aimer une partie de soi-même. C’est un peu comme détester ses parents. Voir quelqu’un s’amputer ainsi une partie de lui-même, cela me fait plus de peine qu’autre chose ;

      [Vive Bonaparte! Vive l’Empereur! Vive la Liberté! Vive la France! Mort à ses ennemis! Mort à leur descendance!]

      Trinquons à cela, au-delà de nos différences !

      • Vincent dit :

         le Français qui déclare « ne pas aimer » Napoléon (ou Colbert, ou Richelieu, ou Jeanne d’Arc) est pour moi plus un objet de compassion que de haine

         
        Un bémol pour Richelieu.
         
        Si je partage votre admiration pour ce personnage, ça n’a pas toujours été le cas, influencé que j’ai été pendant ma jeunesse par la série de romans d’Alexandre Dumas.
         
        Je pense que beaucoup de français ont l’image d’un cardinal despotique et assoiffé de complots et de contrôle (une sorte de Fouché qui aurait les pleins pouvoirs). Sans réaliser à quel point il a construit le pays. 
        Dès lors il s’agit plus d’un manque de culture que d’une détestation de soi. 

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [« le Français qui déclare « ne pas aimer » Napoléon (ou Colbert, ou Richelieu, ou Jeanne d’Arc) est pour moi plus un objet de compassion que de haine » Un bémol pour Richelieu.]

          Il y a, il est vrai, un problème d’éloignement dans le temps. Napoléon appartient à l’ère moderne. Il nous est donc relativement proche, et on peut lire ses écrits et ses actes sans un grand effort de contextualisation. C’est déjà un peu moins vrai avec Colbert. Mais dans le cas de Richelieu, on se trouve vraiment dans un autre monde, avec des logiques politiques et sociales qui nous sont totalement étrangères. Pour apprécier l’œuvre de Richelieu, ses ombres et ses lumières, il faut se plonger dans ce qu’étaient les rapports politiques et religieux à la fin du XVIème siècle…

          [Si je partage votre admiration pour ce personnage, ça n’a pas toujours été le cas, influencé que j’ai été pendant ma jeunesse par la série de romans d’Alexandre Dumas. Je pense que beaucoup de français ont l’image d’un cardinal despotique et assoiffé de complots et de contrôle (une sorte de Fouché qui aurait les pleins pouvoirs). Sans réaliser à quel point il a construit le pays.]

          Oui… mais même chez Dumas le Cardinal est un personnage ambigu. Après tout, dans l’affaire la Reine s’est compromise avec l’ennemi anglais. Si les mousquetaires cherchent à la sauver, c’est sur un coup de tête et par pure galanterie. La motivation rationnelle, la défense des intérêts de la France sont clairement du côté du Cardinal. Ses méthodes peuvent être contestables, mais pas ses buts. En ce sens, le livre de Dumas magnifie la figure de Richelieu plutôt qu’autre chose. Je me souviens avoir lu le livre quand j’avas dix ans, et ça m’a donne plus envie d’apprendre des choses sur le personnage qu’autre chose !

  22. Jovien dit :

    “Sa langue maternelle n’est donc pas le français – qu’il parlera jusqu’à la fin de sa vie avec un fort accent.”
    Sur l’accent de Napoléon en français, les témoignages ou jugements de ses contemporains diffèrent, mais notons que élève pensionnaire en France à un peu moins de l’âge de dix ans, et pas retourné en Corse pendant sept ans et neuf mois (et retourné pour assez peu de temps), il est extrêmement peu probable qu’il ait eu un accent étranger. On n’a jamais vu quelqu’un élevé dans ces conditions avoir un accent étranger. Il écrivait comme un cochon, certes, et parlait en faisant de nombreuses fautes, et il avait peut-être une ou plusieurs particularités dans sa prononciation, et tout ça a pu faire dire à certains qu’il avait un accent étranger mais c’est extrêmement peu probable. 
    Au demeurant je ne vois pas qui a parlé d’un “fort” accent. 

    • Descartes dit :

      @ Jovien

      [“Sa langue maternelle n’est donc pas le français – qu’il parlera jusqu’à la fin de sa vie avec un fort accent.” Sur l’accent de Napoléon en français, les témoignages ou jugements de ses contemporains diffèrent,]

      Je me réfère aux « Souvenirs » de Chaptal, qui l’a bien connu et qui fut son ministre : « Napoléon ne parlait bien aucune langue. Sa langue maternelle était le corse, qui est un jargon italien, et lorsqu’il s’exprimait en français, on s’apercevait aisément qu’il était étranger ». Il n’est pas le seul : d’autres commentateurs qui pourtant sont plutôt de son côté font la même remarque. Il est par ailleurs attesté que la mère de Napoléon n’a jamais vraiment dominé la langue de Molière, et que son fils lui a toujours parlé en corse.

      [mais notons que élève pensionnaire en France à un peu moins de l’âge de dix ans, et pas retourné en Corse pendant sept ans et neuf mois (et retourné pour assez peu de temps), il est extrêmement peu probable qu’il ait eu un accent étranger. On n’a jamais vu quelqu’un élevé dans ces conditions avoir un accent étranger.]

      Que vous dites… ma grand-mère a quitté la Russie à l’âge de trois ans. Ils n’ont pourtant jamais perdu l’accent caractéristique des juifs russes… en fait, la langue maternelle ne se perd jamais, et le fait qu’on perde ou non l’accent en apprenant une nouvelle langue dépend surtout de la qualité de l’oreille. Les personnes qui ont une « oreille musicale » arrivent quelquefois à perdre complètement l’accent de leur langue maternelle même lorsqu’ils apprennent une langue après l’enfance. C’est mon cas, alors que mon frère conserve lui un accent étranger. Et il est plus jeune que moi !

      • Jovien dit :

        Ce que vous dites de votre famille contrevient à tout ce que j’ai cru savoir. Cela dit, vous avez certainement raison de dire que les enfants diffèrent les uns des autres.
        Pour ce qu’il en est de Bonaparte, l’avis d’un spécialiste de l’apprentissage des langues par les enfants serait évidemment bienvenu. Une info qui l’intéresserait sans doute : il semble que Napoléon n’avait pas d’oreille, et qu’il chantait extrêmement faux. On ne sait pas du tout jusqu’à quel point Napoléon dans son enfance corse connaissait et pratiquait le français. Si l’on imagine qu’il en avait une assez bonne connaissance et pratique, ce devait évidemment être un français à fort accent corse, et cela pourrait expliquer que plus tard il ait conservé un accent.       
        Vous notez que  Chaptal ne parle pas spécifiquement de l’accent. Pas mal de gens ont écrit sur la façon dont Napoléon parlait, mais apparemment un seul – le Chouan d’Andigné, qui l’a rencontré en 1799 – a parlé d’un accent étranger. Il me semble que s’il avait eu jusqu’à sa mort un fort accent, il en aurait été bien davantage question dans les témoignages de ses contemporains. Ce qui me fait nettement pencher pour l’absence d’accent ou un accent léger plutôt que fort. Qu’est-ce qu’un fort accent italien en français ? C’est en particulier ne pas pouvoir prononcer le son “u” et prononcer “é” en place du “e” muet.
        Je pense probable que Napoléon prononçait “Tu le vois ?” comme vous et moi, pas comme Aldo Maccione.
        Ce que j’ai trouvé de plus exhaustif sur la question : 
        http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=55&t=39608 

        • Descartes dit :

          @ Jovien

          [Pour ce qu’il en est de Bonaparte, l’avis d’un spécialiste de l’apprentissage des langues par les enfants serait évidemment bienvenu. Une info qui l’intéresserait sans doute : il semble que Napoléon n’avait pas d’oreille, et qu’il chantait extrêmement faux.]

          Oui. C’est ce qui pour moi rend le commentaire de Chaptal crédible. Il note non pas que Bonaparte ne parlait pas bien le français, mais qu’il ne parlait bien « aucune langue », ce qui semble confirmer qu’il n’avait pas vraiment l’oreille musicale. Ses écrits sont eux aussi pleins d’italianismes – mais pas ses discours, ce qui laisse penser qu’il était conscient de ses problèmes et qu’il les faisait corriger…

          [On ne sait pas du tout jusqu’à quel point Napoléon dans son enfance corse connaissait et pratiquait le français. Si l’on imagine qu’il en avait une assez bonne connaissance et pratique, ce devait évidemment être un français à fort accent corse, et cela pourrait expliquer que plus tard il ait conservé un accent.]

          On sait tout de même que sa mère ne parlait pas français, ce qui laisse penser qu’au moins dans sa petite enfance il ne parlait que sa langue maternelle, le corse. En tout cas, il est amusant de constater que le nom de Napoléon reste pour beaucoup lié à la Corse – difficile de faire un pas à Ajaccio sans retrouver son nom – alors que de son vivant Bonaparte n’y a jamais prêté la moindre attention, si ce n’est pour écrire de méchantes choses.

      • dsk dit :

        @ Descartes
         
        [“Les personnes qui ont une « oreille musicale » arrivent quelquefois à perdre complètement l’accent de leur langue maternelle même lorsqu’ils apprennent une langue après l’enfance.”]
         
        Ah je comprends maintenant pourquoi Jane Birkin chante faux ! 

      • Vincent dit :

        [mais notons que élève pensionnaire en France à un peu moins de l’âge de dix ans, et pas retourné en Corse pendant sept ans et neuf mois (et retourné pour assez peu de temps), il est extrêmement peu probable qu’il ait eu un accent étranger. On n’a jamais vu quelqu’un élevé dans ces conditions avoir un accent étranger.]
         
        Je dois abonder dans le sens de Descartes. J’ai en tête 2 exemples de personnes hispanophones (originaires d’Espagne et de Colombie), qui, après une quinzaine d’année en France, vivant en couple et travaillant en français, ont toujours un “accent à couper au couteau”, au point qu’il faille faire un effort de compréhension pour les comprendre…

  23. CVT dit :

    @Descartes,
    hors-sujet…
    Je sais bien que ce n’est pas votre tasse de thé, mais je vais m’y risquer quand même, car dans cette histoire, c’est mon patriotisme qui vacille. Pour moi, l’heure est grave…
    Evoquons un sujet qui pendant longtemps, était très futile, mais qui pour moi, jusqu’à ce soir, faisait partie de mon âme de Français: je veux parler bien sûr de football.
    Ce soir, je crois que j’ai perdu une partie de mon âme: j’ai perdu mon amour pour l’Equipe de France😭. C’est dur, la fin d’une histoire de près de 40 ans…
    Ça pourra vous paraître très emphatique et véniel, mais c’est précisément grâce au football que le fils d’immigrés que je suis a pris conscience qu’il était français en supportant les Tricolores et non l’équipe du pays de mes parents. L’EDF était la première équipe de foot que j’ai jamais soutenue, dans les bons comme dans les mauvais moments, je l’ai fait, même quand elle était INSUPPORTABLE. Elle fait partie de mon identité de Français, à tel point que je la soutenais avant même d’avoir ma carte d’identité nationale (tiens, encore un autre sujet d’irritation infinie: la nouvelle carte d’identité française est bilingue français-anglais! P’tit Cron nous humiliera jusqu’au bout…)
     
    Mais ce soir, tout est différent: le retour en sélection du plus pur représentant du lumpen-prolétariat algérien, j’ai nommé Karim Benzema, est un tel choc que la seule réaction que j’ai pu avoir, compte tenu de son pédigrée de petite frappe, est: comment se fait-il après toutes ces déclarations francophobes, sa participation à une extorsion de fonds d’un coéquipier, et son allégeance notoire à l’Algérie, ce salaud puisse représenter, même symboliquement, la France? Ou alors est-ce désormais le pays de ses compatriotes algériens? Je réalise que je n’ai ABSOLUMENT aucune envie que ce sinistre personnage soit mon compatriote… Au passage, la FFF et son sélectionneur se sont déconsidérés, et ce pour au moins une génération: ils sont cédés aux sirènes communautaristes…
     
    Et c’est ainsi que j’en viens à me dire qu’être Français aujourd’hui ne veut ABSOLUMENT PLUS RIEN DIRE!!! Et ceci vient une semaine après la défection d’un joueur français de souche qui a préféré se faire naturaliser espagnol pour devenir joueur international parce que cela fait partie d’un plan de carrière!
     
    OK, je l’admets, il n’y a pas que le foot dans la vie. Mais comme toute manifestation politique de patriotisme est désormais proscrite, ce dernier s’est réfugié dans les stades de foot. Mais même là, il est désormais pollué par l’alliance du communautarisme pro-islam et du cosmopolitisme. En effet, Benzema est soutenu par les bobos et les musulmans contre la majorité des supporters tricolores, heureux qu’ils étaient d’être débarrassés de lui; une opposition, qui comme par hasard, correspond à la même division sociale qui traverse le pays…
     
    Oui, ça me rend triste, parce que j’ai la sombre impression que ceux qui dirigent nos institutions prennent un malin plaisir à vouloir nous imposer des choix qu’on a refusé pendant des années. C’est un comportement digne d’un psychopathe, qui par absence d’empathie, veut imposer ses volontés à autrui contre son gré, coûte que coûte et sournoisement si possible: nous avons un bel exemple de ce type de dirigeant à l’Elysée…
     
    Après tout, dans un pays qui a élu Micronléon et qui s’apprête à en faire de même l’année prochaine, ce genre de coup de Jarnac est toujours possible.

    • Descartes dit :

      @Descartes,

      [Ce soir, je crois que j’ai perdu une partie de mon âme : j’ai perdu mon amour pour l’Equipe de France😭. C’est dur, la fin d’une histoire de près de 40 ans…]

      Il était temps ! Je vous assure que cela ne valait plus la peine, et cela depuis longtemps. Cela avait encore un sens quand le foot était encore un sport, quand les clubs n’étaient pas encore des entreprises commerciales cotées en bourse, et que les « petits gars » qui courraient sur le terrain étaient des enfants du pays pour qui le maillot avait encore un sens. Mais soyons sérieux : depuis maintenant vingt ans, le foot est un spectacle, assuré par des vedettes grassement payées pour qui le maillot n’est qu’une tenue de travail qu’on change – tout comme la nationalité – sans arrière-pensées si quelqu’un vous fait une meilleure offre. Si vous avez mis vingt ans à vous en rendre compte, ce n’est pas leur faute, c’est la vôtre !

      [Mais ce soir, tout est différent: le retour en sélection du plus pur représentant du lumpen-prolétariat algérien, j’ai nommé Karim Benzema, est un tel choc que la seule réaction que j’ai pu avoir, compte tenu de son pédigrée de petite frappe, est: comment se fait-il après toutes ces déclarations francophobes, sa participation à une extorsion de fonds d’un coéquipier, et son allégeance notoire à l’Algérie, ce salaud puisse représenter, même symboliquement, la France? Ou alors est-ce désormais le pays de ses compatriotes algériens?]

      Laissons de côté ses allégeances et ses péchés de jeunesse. Voici une personne qui non seulement participe à une extorsion de fonds, mais qui plus est le fait au détriment d’un collègue, d’un « frère de maillot ». Un acte qui, au-delà de son caractère délictuel, va à l’encontre de toutes les valeurs éthiques que le sport est sensé porter. Une sportif qui se rend coupable d’un tel acte devrait être effacé des tablettes, non seulement de l’équipe de France, mais de toute équipe. Comment peut-on porter avec honneur un maillot après ça ? Comment des dirigeants acceptent de paraître avec lui, comment ses collègues acceptent de partager un vestiaire avec lui ? Comment des supporteurs peuvent-ils tolérer sa présence sur un terrain ?

      Alors non, l’équipe de France ne représente pas plus la France que la BNP ne représente Paris. Ce sont des entreprises commerciales, qui raisonnent avec une logique d’entreprise commerciale : le but est de gagner des matchs parce que c’est comme ça qu’on gagne de l’argent. Et si Benzema fait gagner des matchs, alors peu importe que ce soit un homme sans honneur, un vulgaire escroc capable de trahir la confiance d’un camarade.

      [Au passage, la FFF et son sélectionneur se sont déconsidérés, et ce pour au moins une génération: ils sont cédés aux sirènes communautaristes…]

      Même pas. Ils ont cédé aux sirènes de l’argent, ce qui n’est guère mieux.

      • CVT dit :

        @Descartes,

        [Alors non, l’équipe de France ne représente pas plus la France que la BNP ne représente Paris. Ce sont des entreprises commerciales, qui raisonnent avec une logique d’entreprise commerciale : le but est de gagner des matchs parce que c’est comme ça qu’on gagne de l’argent. Et si Benzema fait gagner des matchs, alors peu importe que ce soit un homme sans honneur, un vulgaire escroc capable de trahir la confiance d’un camarade]

        Et bien, pour le coup, ça se voit que vous n’avez pas suivi les matches des Bleus! Rien que le passé sportif de ce salopard plaidait pour son bannissement…
        Karim Benzema n’a JAMAIS été bon en Equipe de France: en 81 sélections (preuve qu’on lui a laissé sa chance, contrairement à la réthorique de ses partisans…) deux participations à l’Euro et une coupe du monde, il n’a jamais marqué le moindre but dans les matchs couperets. Sans compter qu’il a été incapable de marquer un but pendant 1222 minutes… Sacré cador!
        Mais le pire, c’est son narcissisme, son côté anti-social et psychopathe: il a systématiquement saboté ses matches dès que les consignes du sélectionneur n’allait dans son sens, ce qui illustre bien son petit côté “caillera”, ce “tout pour ma gueule”, avec son mépris souverain pour son coéquipier “fromage blanc” Giroud: une véritable métaphore de ce qu’il se passe en banlieue…
        Il y a donc une véritable injustice, et une faillite morale absolue à rappeler un tel énergumène, d’autant plus qu’il ne s’est JAMAIS renié, ni excusé publiquement pour ses propos et ses méfaits. Et tout, c’est ça, c’est possible dans la France de 2021!
         
        Mais bon, prenons un peu de recul, passons sur l’Algérien francophobe de coeur et voyons plutôt ce que ce scandale dit de “notre cher pays” (désormais, j’ai beaucoup de mal à l’aimer: pour la premier fois de vie, j’ai honte d’être Français👿🤬): la France n’est plus, elle n’est désormais RIEN, comme dirait l’époux de Brizitte Trogneux.
        Les Algériens et les musulmans islamistes y règnent en maître par la terreur physique et intellectuelle, l’intimidation et la peur, imposant ainsi leurs désidérata et faisant que les personnes les moins méritantes et les plus parasites arrivent toujours à leurs fins.
        Parce que s’ils parviennent à nous imposer ceux qui vont représenter la France dans les événements sportifs en subvertissant une institution relativement consensuelle;  s’ils arrivent, à coopter auprès du ministère des Sports, un rappeur noir musulman, raciste anti-blanc, anti-français, ultra-misogyne pour être le barde de l’équipe de France de football; ou encore, pour quitter le monde sportif, s’ils arrivent à forcer la main de l’Etat pour imposer la smala Traoré comme une famille française exemplaire, alors ce pays est mort à mes yeux car c’est désormais le pays de la faiblesse et de l’injustice! Et quelle passivité, de la pays des “Vrais Français”: à croire que ceux-ci n’existent plus ou pire, qu’ils approuvent ce qu’il se passe!
        Pardonnez mon pessimisme, mais cet événement, anecdotique au regard de l’histoire, m’a fait réaliser pourquoi les guerres civiles arrivent. A partir du moment où “cette France”, celle de Benzema, Youssoufa (le rappeur raciste évoqué plus haut…), Assa Traoré et surtout celle de P’tit Cron et ses partisans, est la France, cela signifie que je m’en sens exclu et renié; je refuse d’être leur compatriote… 
        Dès lors, deux attitudes s’imposent à moi: soit changer d’allégeance, soit reconquérir ce dont on m’a spolié, à savoir mon pays. C’est dans ce dernier cas que la guerre civile (ici, tribale, pour être exact) pourrait se produire, parce que deux visions aussi antinomiques du pays, à savoir l’Afrance et la France, ne peuvent durablement coexister sur le même sol.
        Je me raccroche à l’espoir que je ne suis pas isolé, et que mon dégoût est partagé par la majorité de mes VRAIS compatriotes…

        • Descartes dit :

          @ CVT

          [Et bien, pour le coup, ça se voit que vous n’avez pas suivi les matches des Bleus! Rien que le passé sportif de ce salopard plaidait pour son bannissement… Karim Benzema n’a JAMAIS été bon en Equipe de France:]

          J’avoue que je ne me suis jamais intéressé à la question. Au fond, le fait que Benzema soit une tanche ou au contraire le plus grand joueur de tous les temps m’indiffère. Je laisse ce jugement aux experts, et tout particulièrement au sélectionneur de l’équipe de France, qui doit savoir ce qu’il fait. Mais ici la question n’est pas son mérite footballistique. Le sport, c’est aussi une éthique. Si on subventionne lourdement l’activité sportive avec de l’argent public, c’est parce qu’elle propage des valeurs sociales positives : la santé, le « fair play », la camaraderie, l’esprit d’équipe, le respect des règles. En échange, on doit exiger des sportifs une éthique irréprochable. Benzema est devenu le symbole du mauvais camarade, prêt à se rendre complice d’extorsion sur un membre de sa propre équipe. Ce simple fait devrait l’exclure de l’équipe, quelque soient ses mérites footballistiques.

          [Mais le pire, c’est son narcissisme, son côté anti-social et psychopathe : il a systématiquement saboté ses matches dès que les consignes du sélectionneur n’allaient dans son sens, ce qui illustre bien son petit côté “caillera”, ce “tout pour ma gueule”, avec son mépris souverain pour son coéquipier “fromage blanc” Giroud : une véritable métaphore de ce qu’il se passe en banlieue…]

          On voit là que le sport, avec la professionnalisation, a cessé de jouer le rôle éducatif et éthique qu’il devrait jouer – et qu’il jouait il n’y a pas si longtemps. Repérés pendant leur adolescence, les éléments « prometteurs » sont choyés et surpayés. Tout leur est permis et on leur passe tout, parce que l’essentiel c’est de marquer des buts – et d’empocher les droits qui vont avec. Si vous ne l’avez pas vu, regardez le film « Coup de Tête », de J.J. Annaud avec Patrick Dewaere. Avec cette formule du président Sivardière, propriétaire du club – et de l’usine du village : « Je veux qu’on gagne dimanche le reste je m’en fous. J’entretiens onze imbéciles pour en calmer huit cents qui n’attendent qu’une occasion pour s’agiter. J’ai besoin qu’on fasse une bonne saison. »

          [Il y a donc une véritable injustice, et une faillite morale absolue à rappeler un tel énergumène, d’autant plus qu’il ne s’est JAMAIS renié, ni excusé publiquement pour ses propos et ses méfaits. Et tout, c’est ça, c’est possible dans la France de 2021!]

          Oui. Parce que dans la France de 2021, les affaires sont les affaires.

          [Mais bon, prenons un peu de recul, passons sur l’Algérien francophobe de coeur et voyons plutôt ce que ce scandale dit de “notre cher pays” (désormais, j’ai beaucoup de mal à l’aimer: pour la premier fois de vie, j’ai honte d’être Français👿🤬): la France n’est plus, elle n’est désormais RIEN, comme dirait l’époux de Brizitte Trogneux.]

          Pitié ! Vous avez vraiment du mal à aimer notre pays parce que parmi les onze imbéciles sélectionnés pour courir derrière un ballon avec un maillot bleu il y en a un qui est plus idiot que les autres ? C’est vraiment leur faire trop d’honneur. Je serais d’ailleurs plus inquiet si je pensais que les Français dans leur ensemble en on quelque chose à foutre. Mais l’affaire de Knisna a montré que, contrairement à d’autres, le peuple français est loin de prendre les vessies pour des lanternes, et sait remettre le football au niveau qu’il mérite. La France a été championne du monde en 2018. Trois ans après, qui s’en souvient ?

          [Les Algériens et les musulmans islamistes y règnent en maître par la terreur physique et intellectuelle, l’intimidation et la peur, imposant ainsi leurs désidérata et faisant que les personnes les moins méritantes et les plus parasites arrivent toujours à leurs fins.]

          Relisez-vous : trouvez-vous vraiment que dans notre pays « les musulmans islamistes règnent en maître » ? Il ne faudrait tout de même pas exagérer. « La terreur physique et intellectuelle » n’a finalement pas eu d’effets notables à l’heure « d’imposer les désidérata » des « musulmans islamistes ». Les caricatures de Mahomet continuent à être publiées, et aucune loi contre le blasphème n’est à ma connaissance en préparation. Alors il faut garder le sens des proportions.

          [Parce que s’ils parviennent à nous imposer ceux qui vont représenter la France dans les événements sportifs en subvertissant une institution relativement consensuelle ; s’ils arrivent, à coopter auprès du ministère des Sports, un rappeur noir musulman, raciste anti-blanc, anti-français, ultra-misogyne pour être le barde de l’équipe de France de football ;]

          Je pense que vous vous trompez d’ennemi. Ce ne sont pas « eux » qui nous « imposent » quoi que ce soit. C’est « nous » qui choisissons de sélectionner Benzema ou de confier l’hymne de l’équipe de France à Youssoupha. Et « nous » choisissons ainsi parce que le football est une affaire commerciale, et que la « diversité » fait vendre. Certains s’imaginent qu’avec Youssoupha ou Benzema à bord on attirera des « clients » qu’on n’aurait pas touché autrement, de la même façon que Benneton fait campagne sur les « united colors ». Le problème n’est pas ce que les « musulmans islamistes » peuvent nous imposer, mais ce que la logique commerciale nous conduit à faire.

          [ou encore, pour quitter le monde sportif, s’ils arrivent à forcer la main de l’Etat pour imposer la smala Traoré comme une famille française exemplaire, alors ce pays est mort à mes yeux car c’est désormais le pays de la faiblesse et de l’injustice!]

          A votre avis, combien de Français – toutes origines confondues – prend la smala Traoré comme « famille exemplaire » ? Encore une fois, tout ce qui est excessif est négligeable. L’affaire Traoré est utilisée comme étendard par une galaxie d’extrême gauche capable de crier très fort mais qui ne représente pas grande chose. Et dont l’action pousse d’ailleurs des Français de plus en plus nombreux vers des positions conservatrices.

          [Et quelle passivité, de la part des “Vrais Français”: à croire que ceux-ci n’existent plus ou pire, qu’ils approuvent ce qu’il se passe!]

          Le problème est que l’intégration des classes intermédiaires dans le bloc dominant a laisse une grande partie des « vrais Français » sans voix, sans représentation politique – si ce n’est celle, fondamentalement négative, du RN. Je ne pense pas que les « vrais Français » soient passifs, simplement ils ne trouvent pas un moyen d’exprimer leur frustration.

          [Pardonnez mon pessimisme, mais cet événement, anecdotique au regard de l’histoire, m’a fait réaliser pourquoi les guerres civiles arrivent. A partir du moment où “cette France”, celle de Benzema, Youssoufa (le rappeur raciste évoqué plus haut…), Assa Traoré et surtout celle de P’tit Cron et ses partisans, est la France, cela signifie que je m’en sens exclu et renié; je refuse d’être leur compatriote…]

          Sur ce point, je suis d’accord avec vous. Les « séparatismes » communautaires encouragés dans les faits par le bloc dominant – même si l’on déguise l’affaire derrière un discours qui, comme souvent, exprime exactement le contraire de ce qu’on fait – fragmentent la société, et il arrive un moment ou chacun cesse de voir ceux qui n’appartiennent pas au même « fragment » comme des concitoyens, dignes de respect et d’empathie. On met en place les conditions d’une guerre tribale…

          • CVT dit :

            @Descartes,

            [En échange, on doit exiger des sportifs une éthique irréprochable. Benzema est devenu le symbole du mauvais camarade, prêt à se rendre complice d’extorsion sur un membre de sa propre équipe. Ce simple fait devrait l’exclure de l’équipe, quelque soient ses mérites footballistiques.]

            Vous prêchez un convaincu😡: pendant cinq ans, cet action de gangster a fermé les portes de l’EDF à cette petite crapule de Benzema, et là, tout à coup, il n’y a plus aucun problème?  “Tout est oublié”, comme disait Sarko à son ex-femme Cécilia? Plus de morale, plus de probité, plus d’exemplarité: Knysna, c’est déjà loin…
            C’est le sentiment d’injustice qui me révolte: l'”Algérien de coeur”a brisé au passage la carrière du joueur qu’il a tenté de racketter, et absolument personne n’en cure! C’est l’aspect le plus révoltant dans cette affaire: on récompense les bourreaux et on punit les victimes! l’indécence qui règne est abyssale, et je ne la croyais pas possible chez “nous”! Toute ressemblance avec des situations existantes dans les tribunaux remplis de racailles n’est pas purement fortuite…
             

            [Je serais d’ailleurs plus inquiet si je pensais que les Français dans leur ensemble en on quelque chose à foutre.]

            Et bien contrairement à vous, je pense que la majorité des Français, aficionados ou non, en a quelque chose à faire, parce que cette EDF est un symbole. D’ailleurs, c’est bien ce qui me pose un problème: leur approbation tacite.
            Et pourtant, contrairement à vous, je suis aussi persuadé que la Coupe du Monde gagnée en 2018 est encore dans les mémoires, pour le meilleur (la victoire) mais aussi pour le pire (particulièrement ces débordements malvenus, souvent causés par les “congénères” de Benzema…)
             

            [Je pense que vous vous trompez d’ennemi. Ce ne sont pas « eux » qui nous « imposent » quoi que ce soit. C’est « nous » qui choisissons de sélectionner Benzema ou de confier l’hymne de l’équipe de France à Youssoupha. Et « nous » choisissons ainsi parce que le football est une affaire commerciale, et que la « diversité » fait vendre. Certains s’imaginent qu’avec Youssoupha ou Benzema à bord on attirera des « clients » qu’on n’aurait pas touché autrement, de la même façon que Benneton fait campagne sur les « united colors ». Le problème n’est pas ce que les « musulmans islamistes » peuvent nous imposer, mais ce que la logique commerciale nous conduit à faire.]

             
            Non, je ne pense pas me tromper d’ennemi, justement: nous avons à faire à une alliance entre la pire catégorie d’immigrés possible et les bobos, qui par mépris de leur propre pays, s’en servent pour à imposer à la majorité du pays l’image que la France doit avoir d’elle-même. Pour moi, il n’y en a pas pour rattraper l’autre!
             
            Et si la majorité des Français est d’accord avec ça, alors “nous” avons mal agi et il y a de quoi avoir honte! C’est la raison pour j’affirme avoir honte d’être Français! Pour moi, céder à une minorité séditieuse, prédatrice et anti-française qui n’a jamais contribué à quoi que ce fut de positif, oui, c’est honteux! Je croyais que “nous” valions beaucoup mieux que ça!
             
            Enfin, s’il y a une logique commerciale à tout ça, alors elle est totalement “à la ramasse”, pour ne pas dire absurde. Si la clientèle prétendument visée par ces décisions sont les “immigrés” et leur diaspora à passeport français (c’est le seul terme qui me vienne à l’esprit pour désigner les Benzema, Youssoupha et consorts…) et les bobos, alors tout est basé sur un très mauvais calcul.
            En effet, la première catégorie n’est précisément la plus solvable et la plus “francophile”, quand bien même elle fournirait la majorité des footballeurs pros en France. Quant aux bobos, qui sont les vrais maîtres d’oeuvre de ce genre de décisions, ce sont des supporters opportunistes, versatiles, courtisans et généralement incultes en matière sportive (un trait de caractère “bien de chez nous”. Historiquement, les “élites intellos” se sont longtemps gargarisées de débats littéraires et philosophiques pour mieux mépriser la plèbe fan de sport. A vrai, cela ne m’a jamais posé de problème insoluble, car il n’y a pas que le sport dans la vie. Seulement voilà, tout cela a changé avec la première victoire des Bleus au Mondial 98: en bonne courtisanes, ces “élites” se sont devenues suivistes et ont fini par subvertir le sport le plus populaire, au point même de voler aux “Français sincères”… Un peu comme elles sont “gentrifiés” les centres-villes jadis occupés par les prolos, et les a remplacées par…des diasporas à passeport français). Tout ça pour dire qu’il est impossible de faire prospérer un commerce avec une clientèle aussi peu fiable et versatile après avoir bazardé ses clients les plus fiables et les plus fidèles, les “Français sincères”…
             

            [A votre avis, combien de Français – toutes origines confondues – prend la smala Traoré comme « famille exemplaire » ? Encore une fois, tout ce qui est excessif est négligeable. L’affaire Traoré est utilisée comme étendard par une galaxie d’extrême gauche capable de crier très fort mais qui ne représente pas grande chose. Et dont l’action pousse d’ailleurs des Français de plus en plus nombreux vers des positions conservatrices.]

            Avez-vous des exemples de ce que vous affirmez sur les positions conservatrices? La seule élection de P’tit Cron en 2017 infirme ce propos. Je me souviens aussi de discussions que nous avions sur la PMA non-thérapeutique et la fin symbolique de la paternité, ou encore la légalisation de l’euthanasie: avez-vous entendu beaucoup de protestations contre ces propositions “progressistes”?
            Quant à la smala Traoré, elle est montrée en exemple de par le monde, et pas seulement par le microcosme gauchiste, qui a décidément le bras bien long. J’ai déjà signalé l’an dernier le dégoût que ces gens m’inspiraient, et les médias dominants continuent encore et toujours à nous saouler avec ces Thénardier maliens!

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Vous prêchez un convaincu😡: pendant cinq ans, cet action de gangster a fermé les portes de l’EDF à cette petite crapule de Benzema, et là, tout à coup, il n’y a plus aucun problème? “Tout est oublié”, comme disait Sarko à son ex-femme Cécilia ? Plus de morale, plus de probité, plus d’exemplarité : Knysna, c’est déjà loin…]

              Je ne connais pas assez bien le monde du football pour savoir pourquoi tout à coup Deschapms – qui a lui-même été la cible d’injures de la part de Benzema – décide aujourd’hui de le réintégrer à l’effectif. Pense-t-il que Benzema est la botte secrète qui lui permettra de gagner l’Euro ? Est-ce sous la pression de sponsors ou d’autres intérêts économiques qui savent que Benzema « fait vendre » ? Je ne saurais pas le dire. Mais dans les deux cas, ni Deschamps qui a fait ce pas de clerc, ni les autorités du football français qui l’ont permis ne sortent grandis de cette affaire. Avec ce geste, ils montrent qu’il n’y a dans le football qu’une seule morale, celle du fric.

              [C’est le sentiment d’injustice qui me révolte: l’”Algérien de coeur”a brisé au passage la carrière du joueur qu’il a tenté de racketter, et absolument personne n’en cure! C’est l’aspect le plus révoltant dans cette affaire: on récompense les bourreaux et on punit les victimes! l’indécence qui règne est abyssale, et je ne la croyais pas possible chez “nous”! Toute ressemblance avec des situations existantes dans les tribunaux remplis de racailles n’est pas purement fortuite…]

              Il n’y a pas de justice dans les affaires, et le football est une affaire. Souvenez vous de Jacques Glassmann, l’homme qui avait dénoncé à son entraineur l’offre faite par des dirigeants de l’OM pour qu’il « lève le pied » lors du match qui devait opposer Valenciennes à l’OM. Sa carrière avait été brisée : surnommé « la balance », il ne pouvait sortir sur le terrain sans se faire siffler par les supporteurs, et son club a préféré mettre fin à son contrat. Il n’a jamais plus retrouvé de place dans le football professionnel.

              [Et bien contrairement à vous, je pense que la majorité des Français, aficionados ou non, en a quelque chose à faire, parce que cette EDF est un symbole. D’ailleurs, c’est bien ce qui me pose un problème : leur approbation tacite.]

              Je ne le crois pas. Bien sur, les gens regardent le match a la télé et sortent fêter dans la rue, parce que c’est une opportunité pour se réunir entre copains et de faire la fête, et par les temps qui courent on n’a pas tant d’occasions que ça. Mais ça ne va guère plus loin, et on voit d’ailleurs combien la célébration de la victoire de 2018 a été courte…

              [En effet, la première catégorie n’est précisément la plus solvable et la plus “francophile”, quand bien même elle fournirait la majorité des footballeurs pros en France.]

              Ne croyez pas ça, c’est une catégorie qui dépense pas mal en vêtements et produits de sport… ou en abonnements télé.

              [« A votre avis, combien de Français – toutes origines confondues – prend la smala Traoré comme « famille exemplaire » ? Encore une fois, tout ce qui est excessif est négligeable. L’affaire Traoré est utilisée comme étendard par une galaxie d’extrême gauche capable de crier très fort mais qui ne représente pas grande chose. Et dont l’action pousse d’ailleurs des Français de plus en plus nombreux vers des positions conservatrices. » Avez-vous des exemples de ce que vous affirmez sur les positions conservatrices?]

              Ici, « conservateur » était un euphémisme pour parler du vote RN d’une bonne partie de nos couches populaires.

              [La seule élection de P’tit Cron en 2017 infirme ce propos.]

              Je ne crois pas. Si vous prenez en compte l’abstention et le battage médiatique, le résultat de Macron est assez minable.

              [Je me souviens aussi de discussions que nous avions sur la PMA non-thérapeutique et la fin symbolique de la paternité, ou encore la légalisation de l’euthanasie: avez-vous entendu beaucoup de protestations contre ces propositions “progressistes”?]

              Non, mais cela n’implique pas que les gens soient d’accord. Cela montre surtout que les couches populaires réalisent que dans le contexte actuel le rapport de forces leur est massivement défavorable et leur poids politique presque nul.

            • CVT dit :

              @Descartes,

              [Il n’y a pas de justice dans les affaires, et le football est une affaire. Souvenez vous de Jacques Glassmann, l’homme qui avait dénoncé à son entraineur l’offre faite par des dirigeants de l’OM pour qu’il « lève le pied » lors du match qui devait opposer Valenciennes à l’OM. Sa carrière avait été brisée : surnommé « la balance », il ne pouvait sortir sur le terrain sans se faire siffler par les supporteurs, et son club a préféré mettre fin à son contrat. Il n’a jamais plus retrouvé de place dans le football professionnel.]

              Oh, que oui, je me souviens bien de Glassmann: un vrai héros! J’ai toujours eu un faible pour les personnages naïvement intègres et sincères, à la Serpico… Ça finit souvent mal pour eux: ils font office de boucs-émissaires…
              Mais contrairement au sacrifice de Matthieu Valbuena, le souffre-douleur de Benzema dans l'”affaire de la sex-tape”, l’injustice subie par le joueur alsacien pour avoir dit la vérité n’aura pas été totalement vaine: elle aura provoqué la chute de l’empire Tapie, son bannissement durable de la vie politique en France (jusqu’à l’élection de Sarkozy…) et un assainissement des clubs professionnels de football, qui à l’époque couraient à la ruine car atteints par la Folie des Grandeurs.
              Au passage, l’ironie veut qu’à l’époque de cette affaire, dite “affaire VA-OM”, le capitaine de l’équipe marseillaise était un certain Didier Deschamps, et le président de la ligue pro de foot, s’appelait  Noël Le Graët: les deux mêmes protagonistes qui ont rétabli ce prédateur de Benzema dans sa “dignité” d’international “français”, honneur tout à fait injustifié à tous égards…
              Encore une fois, ce qui se passe dans le foot français est une métaphore de ce qui ne va plus dans le pays de Micronléon. J’en veux pour preuve, la généralisation de l’inversion de valeurs, où les victimes sont punies et les bourreaux sont loués, où les minorités tyrannisent des majorités; le règne de l’injustice et de l’arbitraire; la perte de toute “common decency”. Tout laisse à penser que le pays dont la devise est “liberté-égalité-fraternité” n’existe peut-être déjà plus, que c’est un astre mort!
              J’adorerais être démenti sur le point-là, mais la perte de foi est souvent irrémédiable…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Oh, que oui, je me souviens bien de Glassmann: un vrai héros! J’ai toujours eu un faible pour les personnages naïvement intègres et sincères, à la Serpico… Ça finit souvent mal pour eux: ils font office de boucs-émissaires…]

              Naïf est bien le mot. Il y avait à l’époque encore des gens qui croyaient que le football était un sport, que les matchs se disputaient sur la pelouse – et non sur le tapis vert – et ainsi de suite. Je doute que vingt ans plus tard il y ait encore beaucoup de gens pour le croire. Et le retour de Benzema dans l’équipe de France montre combien cette croyance est aujourd’hui insoutenable.

              [Mais contrairement au sacrifice de Matthieu Valbuena, le souffre-douleur de Benzema dans l’”affaire de la sex-tape”, l’injustice subie par le joueur alsacien pour avoir dit la vérité n’aura pas été totalement vaine : elle aura provoqué la chute de l’empire Tapie, son bannissement durable de la vie politique en France (jusqu’à l’élection de Sarkozy…) et un assainissement des clubs professionnels de football, qui à l’époque couraient à la ruine car atteints par la Folie des Grandeurs.]

              Chute relative : on voit aujourd’hui Tapie faire le tour des chaines en jouant les victimes et donnant son avis sur tout. Il est toujours patron d’un journal (« La Provence ») et grâce à la célérité de notre justice quand il s’agit des « importants » médiatiques, il y a fort à parier qu’il ne mourra pas dans la misère. Mais effectivement, l’affaire lancée par Glassmann a eu, du fait des connexions politiques des principaux acteurs, un retentissement que l’affaire Valbuena-Benzema n’aura pas eu, et c’est fort dommage.

              [Au passage, l’ironie veut qu’à l’époque de cette affaire, dite “affaire VA-OM”, le capitaine de l’équipe marseillaise était un certain Didier Deschamps, et le président de la ligue pro de foot, s’appelait Noël Le Graët : les deux mêmes protagonistes qui ont rétabli ce prédateur de Benzema dans sa “dignité” d’international “français”, honneur tout à fait injustifié à tous égards…]

              Je vous le répète, les affaires sont les affaires… L’honneur, l’esprit d’équipe, la fierté du maillot, c’était le monde d’avant…

              [Encore une fois, ce qui se passe dans le foot français est une métaphore de ce qui ne va plus dans le pays de Micronléon. J’en veux pour preuve, la généralisation de l’inversion de valeurs, où les victimes sont punies et les bourreaux sont loués, où les minorités tyrannisent des majorités ; le règne de l’injustice et de l’arbitraire ; la perte de toute “common decency”.]

              On peut difficilement me suspecter de sympathies pour Macron, mais je combats l’antimacronisme primaire – comme hier l’antisarkozysme primaire. Les maux que vous dénoncez n’ont pas commencé avec Macron, mais sont le résultat d’une idéologie et des politiques qui la traduisent qui s’est imposée lentement depuis la fin des années 1960 et qui est devenue dominante à partir du début des années 1980. L’oublier, c’est se bercer de l’illusion que parce qu’on ferait battre Macron par un vague candidat « de gauche » (ou « de droite », c’est le même prix) on aurait extirpé la racine du mal.

              Malheureusement, ce n’est pas aussi simple. Macron fait ce que les gouvernements qui l’ont précédé ont rêvé de faire – et dont ils ont souvent préparé le chemin. Ce n’est pas Macron qui a fait ratifier le traité de Maastricht et désarmé l’Etat. Ce n’est pas Macron qui a fabriqué de toutes pièces la logique « victimaire » qui empêche tout débat public. Ce n’est pas Macron qui a commencé à alimenter les tendances « séparatistes », qui a cassé la machine à assimiler, qui a le premier acheté la paix sociale aux « grands frères » en échange de subventions et de fermer les yeux sur leurs trafics. Vous savez, ce n’est pas un hasard si ceux qui consacrent le plus d’efforts à diaboliser Macron sont ceux qui, comme Mélenchon, ont été les soutiens enthousiastes des gouvernements qui ont préparé la voie à la situation que nous vivons aujourd’hui. Rejeter toute la faute sur Macron, c’est demander l’indulgence plenière pour tous les autres. C’est un piège dans lequel il ne faut pas tomber !

              [Tout laisse à penser que le pays dont la devise est “liberté-égalité-fraternité” n’existe peut-être déjà plus, que c’est un astre mort! J’adorerais être démenti sur le point-là, mais la perte de foi est souvent irrémédiable…]

              Pensez à l’histoire… ce n’est pas la première fois que la France est à genoux. Elle s’est toujours relevée, et elle vivra aussi longtemps qu’il y aura des gens – même minoritaires – prêts à se battre pour elle…

            • CVT dit :

              @Descartes,

              [Ce n’est pas Macron qui a commencé à alimenter les tendances « séparatistes », qui a cassé la machine à assimiler, qui a le premier acheté la paix sociale aux « grands frères » en échange de subventions et de fermer les yeux sur leurs trafics. Vous savez, ce n’est pas un hasard si ceux qui consacrent le plus d’efforts à diaboliser Macron sont ceux qui, comme Mélenchon, ont été les soutiens enthousiastes des gouvernements qui ont préparé la voie à la situation que nous vivons aujourd’hui. Rejeter toute la faute sur Macron, c’est demander l’indulgence plenière pour tous les autres. C’est un piège dans lequel il ne faut pas tomber !]

              Piège dans lequel je ne suis jamais tombé! D’une part, j’ai toujours essayé de juger l’hôte de l’Elysée à ses discours et ses actions PUBLIQUES. D’autre part, j’ai toujours affirmé que Jupiteux n’était que l’aboutissement d’une logique qui a pris le pouvoir en France un certain “dissemai 81”, et qui est pleinement effective depuis mars 1983. Et pendant tout ce temps, les Français n’ont jamais remis en cause ou alors, ont fait mine de chouiner, mais toujours pour réélire des hommes politiques qui n’ont jamais rien fait pour inverser le cours des choses.
              Donc il y a bien une volonté (ou désir) profonde de la part des Français d’auto-flagellation,  d’abaissement de leur propre pays, pour ne pas dire de suicide de la nation. D’ailleurs, un sondage récent montre que les Français étaient optimistes pour eux-mêmes et pessimistes pour leur pays: on ne peut pas être plus contradictoire, ni plus inconséquent, ni plus égoïste!
              Outre sa morgue et son côté psychopathe (i.e. narcissique sans honte, ni remord, ni empathie), la vraie raison pour laquelle P’tit Cron est détesté est justement parce que, comme ses alliés islamo-gauchistes, il est sans fard dans son mépris des Français et il les met en fasse de leurs propres contradictions…
              Toute proportion gardée, la situation actuelle me rappelle une fable peu connue de la Fontaine, qui ressemble drôlement à notre situation actuelle, celle des “Grenouilles qui demandent un roi”;  la cruauté et la morgue présidentielles succédant à la fausse bonhomie de Flamby; franchement, les grenouilles (comme nous appellent “affectueusement” nos voisins britons…) de la fable ont un furieux air de famille avec “mes compatriotes”…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Et pendant tout ce temps, les Français n’ont jamais remis en cause ou alors, ont fait mine de chouiner, mais toujours pour réélire des hommes politiques qui n’ont jamais rien fait pour inverser le cours des choses.]

              Ne soyez pas trop dur. Pour la France populaire, le rapport de forces depuis le début des années 1980 est tellement défavorable qu’on peut comprendre leur découragement. Découragement qui se traduit par une abstention devenue massive. Par ailleurs, dès lors que les classes intermédiaires intégrées dans le bloc dominant ont le monopole du champ politique, il est difficile de faire apparaître un candidat qui ferait quelque chose de différent….

              [Donc il y a bien une volonté (ou désir) profonde de la part des Français d’auto-flagellation, d’abaissement de leur propre pays, pour ne pas dire de suicide de la nation.]

              Vous attribuez à la volonté (ou au désir) ce qui est en fait le résultat d’un rapport de force, gouverné d’abord par une mutation économique. Personne ne se bat si elle ne croit pas la victoire possible. Or, comment le « gaulois » moyen pourrait croire à la victoire alors qu’il est mis en concurrence avec un travailleur dix fois moins payé que lui ?

              [D’ailleurs, un sondage récent montre que les Français étaient optimistes pour eux-mêmes et pessimistes pour leur pays: on ne peut pas être plus contradictoire, ni plus inconséquent, ni plus égoïste!]

              Je ne vois pas la « contradiction ». J’y vois au contraire une grande lucidité : les Français ont confiance dans leur capacité à contrôler leur destin individuel, mais ont bien compris qu’ils sont dépossédés des leviers de contrôle de leur destin collectif.

              [Toute proportion gardée, la situation actuelle me rappelle une fable peu connue de la Fontaine, qui ressemble drôlement à notre situation actuelle, celle des “Grenouilles qui demandent un roi”; la cruauté et la morgue présidentielles succédant à la fausse bonhomie de Flamby; franchement, les grenouilles (comme nous appellent “affectueusement” nos voisins britons…) de la fable ont un furieux air de famille avec “mes compatriotes”…]

              Intéressante analogie….

  24. dsk dit :

    @ Glarrious
     
    [“Je peux vous citer un contre-exemple qui est Boris Johnson, “aristocrates” issus de vieilles dynasties, pourtant c’est un fervent partisan du Brexit comment vous expliquez cela ? J’ajoute que lors du référendum sur le Brexit que Theresa May était pour le remain mais si elle le manifestait timidement a contrario d’un David Cameron. May semble faire parti des “plébéiens” par ses origines sociales. Alors comment se fait-il que May ne se soit pas prononcée pour le “Out” ?”]
     
    En fait de “vieilles dynasties”, il se trouve que Boris Johnson descend même carrément en ligne directe du roi George II, qui a régné sur la Grande Bretagne entre 1727 et 1760. Du moins, c’est ce qu’il a appris grâce à l’émission de la BBC “Who do you think you are”, que je vous recommande : 
     

     
    Toutefois, on y voit, en réalité, qu’il ne doit cette descendance qu’à une relation extra-conjugale entre un prince allemand et une actrice, si bien dissimulée que sa famille proche elle-même, typiquement “classe intermédiaire” au sens de Descartes, n’en avait pas connaissance…   
     
    Quant à Theresa May, elle était surtout la fille d’un vicaire anglican, ce qui ne me paraît pas, en tout cas, très “working class”.
     

  25. dsk dit :

    @ Descartes
     
     
    [“Comment osez vous! Alors que nous avons un président-philosophe qui fut secrétaire de Paul Ricoeur…”]
     
     
    Oui, enfin… Paul Ricoeur avait 85 ans. Il avait sans doute besoin d’un jeune étudiant qui sache manipuler Word.

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