Aux morts qui n’intéressent personne…

A Nîmes, dans le quartier de Pissevin, deux morts en deux jours. Fayed, un enfant de dix ans, touché par une balle perdue. Et un jeune de 18 ans, assassiné. Tous deux lors d’échanges de tirs liés aux disputes de territoires du trafic de stupéfiants.

Après la mort de Nael M., nous avons eu les déclarations de tous les leaders politiques de gauche, des manifestations, trois jours et trois nuits d’émeutes. Et les doctes sociologues qui remplissent nos étranges lucarnes ont beaucoup glosé sur les causes, et cherché à nous convaincre que la puissance de la réaction – manifestations, émeutes, discours enflammés – tenait au processus d’identification, au fait que, pour les jeunes des quartiers, ce qui est arrivé à Nahel M. « peut nous arriver à chacun d’entre nous ».

Après les deux morts de Nîmes, pas de leaders politiques au micro, pas d’émeute, pas de manifestations. Les morts de Nîmes ont eu droit pour solde de tout compte à une « marche blanche » autour de la place de la cité, entre 40 et 100 participants tout au plus. Et point de docte sociologue pour nous expliquer pourquoi ceux qui se sont identifiés avec Nahel M. ne s’identifient pas avec Fayed et avec son – anonyme – compagnon d’infortune. Et pourtant, l’identification serait d’autant plus facile que les règlements de compte se multiplient ces derniers temps, et que pas une semaine ne passe sans qu’un jeune soit trouvé mort. Aujourd’hui, un jeune de cité a bien plus de chances de périr sous les balles des trafiquants que de celles de la police. Alors, où est cette « identification » ?

La violence – souvent liée aux trafics de drogue, mais pas que – dans les quartiers est en train de se « naturaliser ». La mort d’un Nahel M., d’un Adama Traoré, ou d’un Clément Méric provoquent une réponse forte des militants comme des dirigeants politiques et intellectuels. Mais celles des anonymes qui tombent dans les quartiers nord de Marseille – plus d’une trentaine d’assassinats depuis le début de l’année, soit plus d’un par semaine – ou dans la banlieue de Nîmes, de Strasbourg ou de Paris ne rencontrent que l’indifférence. Et d’abord celle des premiers concernés, les habitants des quartiers, pour qui le fait d’avoir un point de deal à côté de chez soi, un « chouf » en bas de son immeuble, un point de vente dans son escalier, d’entendre les coups de feu ou de voir le défilé constant des clients venus chercher leur « came » devient partie du paysage quotidien.

Que la droite s’accommode de cet état de fait, c’est dans sa nature. Après tout, ce n’est pas sa base sociologique qui se trouve dans les cités. Mais on est étonné de voir que la gauche radicale, qui professe précisément de défendre les intérêts de ces populations, réserve ses indignations à autre chose. L’argument selon lequel une bonne partie de ces victimes sont eux-mêmes mêlées aux trafics, et qu’elles meurent donc comme elles ont choisi de vivre ne tient pas : un Adama Traoré, dont le casier judiciaire est digne de la scène du catalogue dans « Don Giovanni », voit sa mémoire honorée pieusement à toutes les manifestations de la gauche radicale, son image portée comme un drapeau par une famille dont les casiers judiciaires de ses membres rappellent, eux aussi, la scène de l’opéra de Mozart (1).

Il n’a pas toujours été ainsi. Il fut un temps où politiques et militants avaient le courage de se battre, y compris en prenant des risques personnels, avec le soutien de la population. Je me souviens encore comment au début des années 1980 Maurice Nilès, maire du Drancy, avait appelé ses concitoyens à manifester contre les trafiquants – il avait été largement suivi. Ou comment Robert Hue, à l’époque maire de Montigny-les-Cormeilles, avait fait partir une famille de trafiquants de sa commune en mobilisant la population. Ou bien de Georges Marchais dénonçant avec force les trafics dans sa ville de Champigny. Mais il est vrai qu’à l’époque, on avait des politiques qui « aimaient les gens », pour qui le citoyen n’était pas un nombre dans une soirée électorale. Nous avions aussi un Etat fort, des institutions solides, une police qui faisait peur aux voyous. Et puis trente ans de précarité et de chômage de masse n’avaient pas encore fait leur effet sur le tissu social. Les adultes avaient encore la mémoire du temps où des français s’étaient dressés contre un occupant armes à la main, et les trafiquants ne jouaient pas de la Kalachnikov impunément. Je me souviens aussi que déjà à l’époque, pour plaire à son électorat, le reste de la gauche avaient traîné Nilès, Hue et Marchais dans la boue. Mais cela leur importait peu : ils pouvaient compter avec le soutien agissant des militants et de la population. Et le PCF n’était pas le seul. Chez les socialistes comme chez les gaullistes, il y avait des gens qui n’hésitaient pas à « terroriser les trafiquants », avec les flingues si nécessaire. Aucune de ces conditions n’existe plus aujourd’hui : il n’y a plus d’organisation politique puissante, ayant une ligne claire et capable d’organiser et d’encadrer une réponse collective aux trafiquants. Devant des gangs organisés et de plus en plus violents, les habitants des quartiers sont seuls, chacun enfermé dans sa propre individualité. Comment organiser dans ces conditions une riposte collective ?

Que disent les habitants du quartier quand ils ont le micro entre les mains ? Un jeune père de famille : « On se sent abandonnés par l’Etat (sous-entendu : par la police (2)) ». Un artisan : « La venue des CRS c’est bien, mais ça ne changera rien, ils ne resteront pas ». Une mère de famille : « il faudrait que tout soit plus strict ». Et à cette demande, que répond la gauche radicale ? Nous avons tous entendu les dirigeants de LFI nous expliquer que « la police tue ». Nous avons entendu des jeunes militants crier à tue-tête que « tout le monde déteste la police » et dénoncer le « racisme systémique ». Jean-Luc Mélenchon nous a expliqué que nous avions une police hors de contrôle, raciste et quasiment fasciste. Hors de question donc de l’envoyer dans les quartiers. Alors, qu’est ce que cette gauche propose ?

Rien. Parce que cette gauche a d’autres priorités : lorsqu’elle convoque une grande manifestation de rentrée, c’est « pour faire front ensemble contre la répression des contestations sociales, démocratiques et écologiques, pour la fin du racisme systémique, des violences policières, et pour la justice sociale climatique, féministe et les libertés publiques » (3). Est-ce là vraiment la priorité d’une gauche digne de ce nom dans un pays qui voit son éducation se déliter, qui se prépare à subir des coupures d’électricité en hiver, dont les quartiers populaires deviennent des zones de non-droit, dont le tissu social se dégrade chaque jour sous les coups de la désindustrialisation et de la précarisation du travail, et dont la fonction publique est lentement mais sûrement « privatisée » ? La défense des couches populaires n’a-t-elle pas d’autres priorités que la « justice féministe » et le « racisme systémique » ? Les habitants du quartier du Pissevin seront-ils admis à la manifestation du 23, eux qui veulent plus de policiers sur place, que « tout soit plus strict ». Je ne sais pas s’ils pensent que la police « tue », ou bien qu’elle est « raciste », mais à les entendre on a l’impression qu’ils veulent la présence de cette police-là, infiniment préférable au règne des trafiquants. Trouveront-ils au sein de cette manifestation des gens prêts à écouter leur point de vue, prêts à le prendre en compte ?

On peut parier que cette manifestation comptera aussi parmi ses rangs une bonne proportion de « black block », très courageux à l’heure de détruire du mobilier urbain ou de lancer des cocktails molotov sur les policiers. Où sont ces courageux militants quand il s’agit de « nettoyer » un point de deal, de « libérer » une cage d’escalier ? Là, il n’y a plus personne. Pourtant, cela leur gagnerait bien plus le soutien de la population que de casser les abribus. Mais les courageux « révolutionnaires » ne sont pas fous : s’attaquer à « la police qui tue », ça ne risque rien parce que la police a pour ordre de ne pas trop amocher les enfants des classes intermédiaires. Mais aller dans une cité se confronter à des gens qui tirent pour de vrai… pas question.  Peut-être qu’ils n’y voient pas l’intérêt d’une telle action ? Après tout, ils sont là pour faire la révolution, pas pour assurer la sécurité des citoyens les plus modestes…

La thématique choisie pour cette manifestation illustre parfaitement à quel point le gauchisme – devenu dominant dans la gauche, au point d’avoir colonisé même le Parti socialiste (4) – est aujourd’hui déconnectée de la réalité des gens qu’elle prétend défendre. Alors que certains quartiers populaires deviennent des zones de non-droit mises en coupe réglée par les trafiquants et où la vie même des habitants est menacée, qu’on observe une « mexicanisation » des trafics avec des rapports entre gangs de plus en plus violents et l’engagement dans cette violence d’acteurs de plus en plus jeunes, quel est le sujet qui passionne les universités d’été de la gauche ? Le débat sur les listes pour les élections européennes. Liste unique ou pas liste unique, that is the question. Devant ce dilemme passionnant – quelle sera la liste à une élection qui n’a absolument aucun enjeu pour élire un parlement croupion qui ne sert à pas grande chose – toutes les autres questions sont oubliées, ou du moins, mis au second rang des préoccupations, loin derrière l’antisémitisme réel ou supposé d’un rappeur invité pour l’occasion. Le ridicule lui-même ne tue plus : Ségolène Royal – oui, la même qui espérait que Macron lui jette un os, pardon, un ministère – faisant don de son corps à la gauche, après s’être faite manipuler par un Mélenchon hilare, avouez que ça vaut la peine d’avoir vécu pour voir ça…

La gauche gauchiste choisit ses injustices. Lorsque les institutions agissent mal – car il ne s’agit pas pour moi de contester le fait que certains policiers manquent à leurs devoirs – cela doit être condamné avec la dernière vigueur. Lorsque les individus privés agissent mal, ils méritent la plus grande indulgence – que voulez-vous, il faut les comprendre, ils sont victimes du patriarcat, du racisme systémique, des violences policières, de l’injustice climatique. Entre le resquilleur et le contrôleur, c’est le premier qui a raison et le second qui a tort. Le contrôleur, qui prétend faire payer le voyage, est le représentant de « l’injustice systémique ». Le resquilleur, qui voyage sur le dos des honnêtes citoyens qui payent leur voyage, est un héros, un rebelle, une sorte de Robin Hood moderne.

Et cette idéologie romantique conduit à une représentation erronée de la réalité, dont on a eu des exemples insignes lors des émeutes du mois de juillet. On a vu ainsi des dirigeants de cette gauche décrire les jeunes incendiaires de bâtiments publics et pillards de magasins de fringues comme des « rebelles », et parler à propos des émeutes de « lutte de classe ». A ces dirigeants-là , il faut poser la question : contre quoi se rebelle-t-on lorsqu’on incendie un gymnase ou une bibliothèque ? Quel intérêt de classe apparaît lorsqu’on saccage un magasin Nike ?

La gauche romantique voit dans ces émeutes un geste de liberté, alors que c’est au contraire une manifestation d’aliénation, une expression de rejet de la culture qui émancipe en faveur du paraître. On vole des chaussures et des vêtements de marque, pas des livres. Nous avons dans nos cités une jeunesse aliénée comme jamais elle ne l’a été dans notre histoire. Aliénée à la défense d’un territoire qui devient le seul lieu où l’on se sent en sécurité. Aliénée à une pression communautaire qui devient la seule source de l’identité. Aliénée à un modèle de consommation qui l’oblige à trouver des ressources toujours plus importantes pour le satisfaire. Aliénée à des modèles médiatiques destructeurs, où la célébrité et la fortune sont les seules mesures du succès. Et après on s’étonne de voir cette jeunesse tomber dans les combines, dans cet argent facile qu’on peut gagner dangereusement dans les trafics ?

Mais attention, s’il en est ainsi, ce n’est pas la faute des jeunes. C’est la faute d’une société qui ne leur offre plus de références solides, qui ne fait qu’administrer des injonctions paradoxales, des directives contradictoires. Une société qui condamne les trafics mais vénère l’argent facile ; qui parle de valeurs humaines mais qui glorifie la marque ; qui parle d’émancipation mais enferme chacun dans la prison de ses origines. Une société qui – et c’est peut-être le plus dévastateur – n’offre plus d’avenir radieux dans une aventure collective, qui ne connaît de salut qu’individuel. Comment voulez-vous que les jeunes, qui découvrent ce monde, s’y retrouvent ?

L’idéologie romantique que la gauche radicale embrasse goulument, c’est en fait le crédo néolibéral. Les deux convergent sur l’idée que « l’individu est tout, la société n’est rien ». Seul le langage diffère : chez les néolibéraux, on nie la société – on se souvient de la formule thatchérienne « il n’y a pas de société, il n’y a que des individus et des familles ». Chez la gauche radicale, on aime la société… à condition qu’elle n’impose rien aux individus, qu’elle ne les « réprime » pas. Elle est dans l’intérêt des dominants, qui ont les moyens de se défendre, et laisse démunis les plus faibles, comme par exemple les habitants de la cité Pissevin.

La « gauche radicale » s’imagine qu’elle pourrait gagner les voix des quartiers en flattant le communautarisme islamiste ou le sentiment de rébellion contre les institutions. A mon avis ils se trompent. La vaste majorité des habitants des quartiers n’ont pas envie, et aucun intérêt, de se rebeller contre l’Etat. Ils demandent au contraire qu’il soit plus présent, plus rigoureux, que « tout devienne plus strict ». Et si la gauche n’a pas de propositions à faire dans ce sens, ils iront les chercher ailleurs.

Descartes

(1) Pour ceux qui n’ont pas l’opéra en question en tête, c’est la scène où Leporello, le valet de Don Giovanni, lit à Doña Ana, qui se croit la seule et unique amoureuse de Don Giovanni, le catalogue des femmes aimées de son patron : « Ma chère, voici le catalogue des belles aimées de mon patron. Un catalogue que je tiens fidèlement. Regardez, lisez avec moi : En Italie, six cents quarante. En Allemagne, neuf cents trente une. Cent en France, en Turquie nonante et une. Mais en Espagne… en Espagne elles sont déjà mille et trois. Mille et trois ».

(2) Le sous-entendu est évident, puisqu’il donne comme exemple de cet abandon le fait que le projet d’implantation d’un commissariat de police ait été abandonné.

(3) Les droits inaliénables du raton laveur ont été outrageusement ignorés. Scandale !

(4) Ce n’est pas nouveau. Souvenez-vous du Mitterrand des années 1970 déclarant devant l’aréopage des vieilles barbes de la SFIO  que « celui qui ne veut pas la rupture avec le capitalisme n’a pas sa place au Parti socialiste ». Quand il est loin du pouvoir, le Parti socialiste n’a jamais hésité à tenir un discours « révolutionnaire »…

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66 réponses à Aux morts qui n’intéressent personne…

  1. Pierre Lessart dit :

    Pourquoi Nahel M. n’a-t-il pas voulu d’un contrôle Policier ? Peut être qu’il avait quelque chose à se reprocher ! Feu rouge grillé, défaut de permis de conduire, autre chose ? J’ai été l’objet de plusieurs contrôles policiers. J’ai obtempéré, et même si, une fois, un policier pointilleux m fait constater que mes pneus étaient limite point de vue usure, je n’ai jamais eu d’amendes !
    Pourquoi le policier a-t-il fait feu sur Nahel M. ? Que devait il faire ? S’il avait laissé partit Nahel M. et que celui-ci avait été responsable d’un accident, qu’aurait on reproché au policier ? 

    • Descartes dit :

      @ Pierre Lessart

      [Pourquoi Nahel M. n’a-t-il pas voulu d’un contrôle Policier ? Peut-être qu’il avait quelque chose à se reprocher ! Feu rouge grillé, défaut de permis de conduire, autre chose ?]

      A ma connaissance, aucun de ces délits n’est puni de mort. Si vous me dites que le policier a tiré en craignant pour sa sécurité ou celle de son collègue, c’est une excuse admissible. Mais si vous jugez qu’il a tiré pour punir un feu rouge grillé ou un défaut de permis de conduire, ça devient injustifiable…

      [J’ai été l’objet de plusieurs contrôles policiers. J’ai obtempéré, et même si, une fois, un policier pointilleux m fait constater que mes pneus étaient limite point de vue usure, je n’ai jamais eu d’amendes !]

      Moi si. J’étais passé au feu orange foncé, parce que j’ai eu peur que la voiture derrière, qui me serrait de près, me rentre dedans si je poussait trop fort sur le frein. J’ai obtempéré, et j’ai eu mon amende. J’ai l’ai eu amère, mais c’est la vie.

      [Pourquoi le policier a-t-il fait feu sur Nahel M. ? Que devait-il faire ? S’il avait laissé partit Nahel M. et que celui-ci avait été responsable d’un accident, qu’aurait-on reproché au policier ?]

      C’est là que la question devient intéressante. Ce que vous posez, c’est la question que se pose chaque jour au décideur public dans un contexte où les médias vivent du scandale et poussent donc le public à oublier toute bienveillance et à exiger des coupables. J’appelle cela le dilemme de Bachelot. Vous vous souvenez, cette ministre de la santé qui, suivant le conseil des experts, avait acheté massivement des vaccins en prévoyant une épidémie de grippe H5N1 aux conséquences dévastatrices. L’épidémie ne s’est pas matérialisée, et on lui a reproché amèrement d’avoir mal employé les deniers publics. Si elle avait choisi de ne rien faire, et que l’épidémie s’était matérialisée, on lui aurait reproché tout aussi amèrement son impréparation. C’est pourquoi, de plus en plus, les décideurs ne font rien et allument des cierges en espérant que le danger ne se matérialisera pas.

      Votre policier, il a le même problème : s’il laisse couler et que Nahel M., au volant de sa grosse voiture, tue une famille entière, on lui reprochera de n’avoir tout fait pour arrêter le chauffard. Ici, il a essayé de l’arrêter, ça s’est mal passé… et on lui reproche les conséquences.

      • claustaire dit :

        Il semblerait surtout que le policier dont le coup de feu a tué le jeune chauffard avait menti sur les conditions de son intervention et de son tir, ce que des enregistrements diffusés ultérieurement ont prouvé. S’il n’avait pas menti, son intervention n’aurait sans doute pas suscité l’émotion que l’on sait.

        • Descartes dit :

          @ claustaire

          [Il semblerait surtout que le policier dont le coup de feu a tué le jeune chauffard avait menti sur les conditions de son intervention et de son tir, ce que des enregistrements diffusés ultérieurement ont prouvé.]

          Les enregistrements diffusés n’ont rien « prouvé » de tel. D’abord, parce que leur qualité ne permet pas vraiment de mettre en défaut la version du policier. Mais à supposer même que ce soit le cas, l’accusation de « mensonge » implique que le policier est pleinement conscient que le récit qu’il fait est inexact. Ce qui exclut par avance une hypothèse pourtant raisonnable, qui est que le policier se trompe dans son récit des faits. On sait que la perception d’un témoin n’est pas forcément exacte, et qu’elle peut contenir des erreurs, surtout lorsqu’il s’agit d’interpréter une séquence qui n’a duré que quelques secondes. Franchement, si vous aviez à décrire une situation traumatique de cette nature, vous vous feriez confiance pour en faire un récit exact ? Personnellement, je serais très prudent. Pour avoir eu à conduire des enquêtes sur des accidents de travail, je peux vous dire que si vous avez dix témoins, vous avez en général dix récits différents… et souvent contradictoires.

          [S’il n’avait pas menti, son intervention n’aurait sans doute pas suscité l’émotion que l’on sait.]

          Je constate que le policier ne bénéficie pas d’une présomption de bonne foi : toute inexactitude ne peut être qu’un « mensonge ». Appliqueriez-vous la même règle à un autre témoin ?

          • Gugus69 dit :

            Un piéton est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à Paris, fauché par un automobiliste qui fuyait la police après avoir refusé de se soumettre à un contrôle à Pantin (Seine-Saint-Denis).
            Le conducteur a abandonné sa voiture dans une rue du XIXe arrondissement, dans le nord-est de la capitale, et est toujours en fuite, selon une source policière, confirmant une information de BFMTV.
            Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que cet homicide est le dixième perpétré cette année (dont me semble-t-il un policier et une gendarme) par l’auteur d’un refus d’obtempérer (treize morts en 2022).
            C’est pourquoi, personnellement, je ne reproche pas aux forces de l’ordre de tout mettre en œuvre, je dis bien TOUT, pour arrêter ces délinquants. Le reste, c’est de la morale.

             

            • Descartes dit :

              @ Gugus69

              [Un piéton est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à Paris, fauché par un automobiliste qui fuyait la police après avoir refusé de se soumettre à un contrôle à Pantin (Seine-Saint-Denis) (…). C’est pourquoi, personnellement, je ne reproche pas aux forces de l’ordre de tout mettre en œuvre, je dis bien TOUT, pour arrêter ces délinquants. Le reste, c’est de la morale.]

              Je crains que ce ne soit pas aussi simple. Pour vous, ce TOUT, cela comprend aussi des actes illégaux ou immoraux ? Est-ce que pour vous le chantage ou la torture sont des méthodes légitimes pour « arrêter ces délinquants » ? Non ? Alors vous ne pouvez pas écrire que vous ne reprocheriez pas aux forces de l’ordre de TOUT faire pour mettre ces individus hors d’état de nuire…

              La question que vous ouvrez est très complexe, et non ne peut pas la résoudre par une règle simple. Chaque fois qu’on autorise les forces de l’ordre à utiliser une technique, un équipement, on prend un risque. Armer la police, c’est prendre le risque qu’elle tire sur des innocents. Est-ce qu’on est prêt à payer ce prix en échange d’une plus grande efficacité de nos forces de l’ordre dans la poursuite des délinquants ? Là est la question. C’est à chaque fois un équilibre délicat entre le risque social qu’on prend et les avantages qu’on attend, mais aussi du niveau de responsabilité que le politique est prêt à assumer en faisant ce choix. C’est d’ailleurs pourquoi certaines méthodes sont largement utilisées alors qu’elles sont en théorie interdites…

            • Gugus69 dit :

              Pour vous, ce TOUT, cela comprend aussi des actes illégaux ou immoraux ? Est-ce que pour vous le chantage ou la torture sont des méthodes légitimes pour « arrêter ces délinquants » ? Non ? Alors vous ne pouvez pas écrire que vous ne reprocheriez pas aux forces de l’ordre de TOUT faire pour mettre ces individus hors d’état de nuire…
               
              Évidemment, ami et camarade, vous me connaissez : quand je dis “tout”, j’entends dans le cadre de la loi et des règlements. Mais précisément, je soutiens que le policier qui a ouvert le feu sur le jeune Nahel l’a fait dans le cadre précis de la loi qui est claire : il est permis d’utiliser une arme si l’objectif est de stopper un véhicule ou tout autre moyen de transport, dont le conducteur n’obtempère pas à l’ordre d’arrêt et est susceptible de perpétrer des atteintes à la vie ou à l’intégrité physique des forces de l’ordre ou d’autrui. Or, le procureur nous avait décrit les événements de ce jour tragique, où le jeune homme de 17 ans avait emprunté à très vive allure un couloir de bus, grillé deux feux, et failli renverser dans la course poursuite un cycliste et un piéton sur un passage protégé. Oui, il fallait l’empêcher de redémarrer.
              Je rappelle que le gardien de la paix impliqué est emprisonné depuis maintenant trois mois, après que le Président de la République l’a jugé le jour même inexcusable…
              Vraiment, quand on parle de “morts qui n’intéressent personne”, je pense, moi, aux victimes de ces criminels du volant.

            • Descartes dit :

              @ Gugus69

              [Évidemment, ami et camarade, vous me connaissez : quand je dis “tout”, j’entends dans le cadre de la loi et des règlements.]

              Cela va peut-être sans dire, mais cela va mieux en le disant…

              [Mais précisément, je soutiens que le policier qui a ouvert le feu sur le jeune Nahel l’a fait dans le cadre précis de la loi qui est claire : il est permis d’utiliser une arme si l’objectif est de stopper un véhicule ou tout autre moyen de transport, dont le conducteur n’obtempère pas à l’ordre d’arrêt et est susceptible de perpétrer des atteintes à la vie ou à l’intégrité physique des forces de l’ordre ou d’autrui.]

              Je n’ai pas accès au dossier, et vous non plus. C’est donc l’enquête qui le dira.

              [Or, le procureur nous avait décrit les événements de ce jour tragique, où le jeune homme de 17 ans avait emprunté à très vive allure un couloir de bus, grillé deux feux, et failli renverser dans la course poursuite un cycliste et un piéton sur un passage protégé. Oui, il fallait l’empêcher de redémarrer.]

              Peut-être. Et peut-être y avait-il d’autres moyens de l’immobiliser. Encore une fois, nous n’avons pas accès au dossier, et li nous faut donc faire confiance aux organismes spécialisés, c’est-à-dire, à l’IGS pour ce qui concerne le geste technique, à la justice pour ce qui est de l’application du droit. En tant que citoyens, nous ne pouvons que veiller à ce que ces organismes travaillent dans la sérénité, rien de plus.

              [Je rappelle que le gardien de la paix impliqué est emprisonné depuis maintenant trois mois, après que le Président de la République l’a jugé le jour même inexcusable…]

              Macron veut toujours chasser avec la meute et courir avec le lièvre. D’un côté, il parle de rétablir l’autorité de l’Etat, de l’autre il la sape en prenant le parti des « victimes ». Et il n’est pas le seul à vivre dans cette schizophrénie.

  2. COUVERT Jean-Louis dit :

    (…) ce qui est arrivé à Nahel M. « peut nous arriver à chacun d’entre nous ». Bref, ces “jeunes des quartiers” envisagent, en cas de contrôle, de ne pas obtempérer… Quel magnifique expression de leur “intégration” à nos valeurs ! A propos de valeurs : “Hood”, quoi donc est-ce ? Je n’ai pas trouvé ce mot dans mon Petit Robert…

    • Descartes dit :

      @ COUVERT Jean-Louis

      [(…) ce qui est arrivé à Nahel M. « peut nous arriver à chacun d’entre nous ». Bref, ces “jeunes des quartiers” envisagent, en cas de contrôle, de ne pas obtempérer…]

      Certainement. Mais dans ce pays, le refus d’obtempérer n’est pas puni de mort, que je sache.

      [Quel magnifique expression de leur “intégration” à nos valeurs !]

      « Nos » valeurs ? Je ne voudrais pas vous décevoir, mais je connais de nombreux cas de purs « gaulois » qui refusent de se soumettre à un contrôle routier, de souffler dans le ballon, de se prêter à un prélèvement sanguin ou de salive. Désolé de vous décevoir, mais contrairement à ce que vous semblez penser, ce n’est pas un délit réservé aux immigrés ou à leurs descendants.

      [A propos de valeurs : “Hood”, quoi donc est-ce ? Je n’ai pas trouvé ce mot dans mon Petit Robert…]

      Cherchez-le dans le Robert des noms propres… un petit indice : il s’agit d’un personnage littéraire.

      • COUVERT Jean-Louis dit :

        Par contre, la tentative d’écrasement d’un policier est normale ? C’est vrai qu’il y a des délinquants de toutes nationalités, de toutes races, de toutes religions mais il me semble que même si les statistiques ethniques ne sont pas admises en France, il y a, paraît-il une sur-représentation de la “diversité” en prison ! Cela prouve certainement que policiers et juges sont racistes… Concernant les personnages littéraires, je connais Robin des Bois… Pour moi, toute référence linguistique à l’anglo-saxon est une trahison de nos racines et je vous épargnerai (pour cette fois) la citation de Soljenitsyne…

        • Descartes dit :

          @ COUVERT Jean-Louis

          [Par contre, la tentative d’écrasement d’un policier est normale ?]

          Encore faut-il établir qu’il y en a eu une… La brève vidéo qui a été largement diffusé semble plutôt montrer que si la voiture a bousculé le policier, il n’y avait pas de risque d’écrasement. Mais la question se complique parce que l’angle de vue de la caméra n’est pas celui du tireur. La question est moins de savoir s’il y a eu tentative d’écrasement que si le policier, dans sa position, pouvait valablement conclure qu’il y en avait une. Autrement dit, c’est la perception du policier qui est en jeu plus que la réalité.

          [C’est vrai qu’il y a des délinquants de toutes nationalités, de toutes races, de toutes religions mais il me semble que même si les statistiques ethniques ne sont pas admises en France, il y a, paraît-il une sur-représentation de la “diversité” en prison !]

          Cela se discute. D’abord, parce que la probabilité de se trouver en prison n’est pas la même selon les couches sociales. Et pas parce que les couches supérieures seraient plus enclines à respecter la loi, mais parce que les lois sont ainsi faites qu’elles punissent plus fréquemment de prison les délits des pauvres que ceux des riches. Le patron qui omet de prendre les mesures de sécurité réglementaires et dont l’employé décède comme conséquence d’un accident de travail finit très rarement en prison…

          [Cela prouve certainement que policiers et juges sont racistes…]

          Moins que le racisme des policiers et des juges, je blâmerais le classisme du législateur…

          [Concernant les personnages littéraires, je connais Robin des Bois… Pour moi, toute référence linguistique à l’anglo-saxon est une trahison de nos racines et je vous épargnerai (pour cette fois) la citation de Soljenitsyne…]

          Ah bon, vous parlez de Winston Colline-de-l’église ? De Margaret Couvreur ? Si l’on ne traduit pas les noms étrangers des personnages réels, je ne vois pas pourquoi on devrait le faire avec celui des personnages de fiction. Robin Hood est un personnage qui appartient à la tradition médiévale anglaise, il n’y a donc aucune raison de le franciser.

          • Gugus69 dit :

            Robin Hood est un personnage qui appartient à la tradition médiévale anglaise, il n’y a donc aucune raison de le franciser.
             
            J’ai toujours pensé que la piètre traduction de Robin Hood en Robin des bois était une mauvaise compréhension des Français (Robin “Wood”) d’autant que Robin vivait ses aventures dans la forêt de Sherwood. Je n’ai pas vérifié cette hypothèse…
            Mais du coup, la traduction d’un sobriquet devient logique, et Jack The Ripper devient Jack l’éventreur, sinon on ne comprend rien à l’histoire.

            • Descartes dit :

              @ Gugus69

              [Mais du coup, la traduction d’un sobriquet devient logique, et Jack The Ripper devient Jack l’éventreur, sinon on ne comprend rien à l’histoire.]

              Dans le cas de Jack the Ripper, la traduction se justifie en effet parce que le sobriquet qui a été donné à cet assassin (dont on ne connaît pas l’identité d’ailleurs, même le “jack” est inventé) le décrit, et que cette description échapperait au lecteur qui ne connaît pas la langue de Shakespeare. Mais dans le cas de Robin Hood, la traduction ne se justifie pas, pas plus en tout cas que dans le cas de Churchill ou de Thatcher.

              Le nom de Robin Hood est d’ailleurs d’autant plus difficile à traduire qu’on ne connaît pas son origine. Il pourrait faire référence à un vêtement (hood=cagoule) mais aussi à d’autres sens du mot (hood=bandit, vaurien). L’orthographe elle-même est incertaine, puisque le personnage apparaît sous des noms légèrement différents dès le XIIIème siècle…

  3. Antoine dit :

    Merci pour cet article. J y adhère en grande partie. 
    La géographie électorale des dernières élections tend plutôt a montrer que la gauche radicale cible ces quartiers efficacement. Je crois que le clientélisme ( qui concerne d’autres partis toutefois aussi )  et le poids des relais d’influence l’explique en partie.  L’avis d’un imam, d’un entraîneur de foot ou d’un militant associatif influent détermine peut être au moins autant le vote des quartiers que l’intérêt tout bien compris des populations. 

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [La géographie électorale des dernières élections tend plutôt a montrer que la gauche radicale cible ces quartiers efficacement.]

      Pas tant que ça, en fait. La gauche radicale arrive à trouver une majorité dans ces circonscriptions… mais dans un contexte d’abstention massive. De ce que m’ont dit des amis qui ont tenu des bureaux dans des cités populaires, l’abstention reste bien plus importante qu’ailleurs.

      [Je crois que le clientélisme (qui concerne d’autres partis toutefois aussi) et le poids des relais d’influence l’explique en partie. L’avis d’un imam, d’un entraîneur de foot ou d’un militant associatif influent détermine peut-être au moins autant le vote des quartiers que l’intérêt tout bien compris des populations.]

      Bien entendu. Et beaucoup de leaders communautaires font voter pour LFI, parce qu’objectivement c’est le seul dont le discours soit ouvertement communautariste. De ce point de vue, LFI est pour le moment dans une position privilégiée : tant qu’ils n’ont pas d’élus locaux, ils peuvent tout promettre sans rien tenir. Mais ça peut devenir dangereux : le jour où un « insoumis » sera élu maire, les « communautés » passeront à la caisse pour exiger leur dû. Et c’est là que cela devient amusant : souvenez-vous des aventures de Dassault à Corbeil…

      • anarcho-collectiviste dit :

        “Je me souviens encore comment au début des années 1980 Maurice Nilès, maire du Drancy, avait appelé ses concitoyens à manifester contre les trafiquants”
         
        Pourquoi la flicaille est payé a foutre quoi de sa journé ? On aime la police ici, et la police qui bosse. Moralement j’ai aucun souci a ce qu’on canarde et le fou du volant meme mineur et la trafiquants ensauvagé.

        • Descartes dit :

          @ anarcho-collectiviste

          [Pourquoi la flicaille est payée à foutre quoi de sa journée ? On aime la police ici, et la police qui bosse.]

          Personnellement, je n’ai jamais cru que la question de la sécurité et de l’ordre public soit une question purement policière. La police a son rôle, essentiel bien sûr. Mais le citoyen a lui aussi une responsabilité lorsqu’il s’agit d’appliquer et de faire appliquer la loi. Un ami qui avait passé son enfance à la cité des 4000 à La Courneuve me racontait qu’à l’époque les pelouses étaient interdites, et les enfants qui marchaient dessus étaient interpellés par le gardien et taxés d’une « amende » de cinq francs – et les parents ne trouvaient rien à redire. Pensez-vous que ce gardien aurait dû appeler la police ? Je ne le pense pas. Il faisait un travail d’éducation, et il pouvait le faire parce qu’il avait la collectivité derrière lui.

          [Moralement j’ai aucun souci à ce qu’on canarde et le fou du volant même mineur et le trafiquant ensauvagé.]

          L’ennui, c’est que vous risquez de canarder l’honnête citoyen qui a un coup de trop dans le pif, le jeune idiot qui a pris la voiture de ses parents pour faire un peu le fou… et les canarder, ça me pose un souci.

  4. Robert Val dit :

    Certainement. Mais dans ce pays, le refus d’obtempérer n’est pas puni de mort, que je sache.
    Certes, mais comment lutter contre les trafics si on laisse les délinquants les plus endurcis se jouer des barrages de police ? Je vous rappelle que ce sont des dizaines de milliers de cas chaque année, entraînant trop souvent la mort ou des blessures incapacitantes à vie chez les membres des forces de l’ordre.
    Pour moi, la règle devrait être simple : si vous n’obtempérez pas, après les sommations d’usage, on tire. Pas dans les pneus, à cause du risque de victimes collatérales, mais dans l’habitacle (une balle de 9 mm n’en sort généralement pas) et tant pis pour les morts éventuels. Je dirais que ce sont les risques du métier.
    Ah mais vous allez me dire que cela mettrait le feu au poudre, que cela tournerait à la guerre civile. Sauf qu’en ne faisant rien, nous aurons quand même la guerre civile, alors faut-il céder aux racailles comme Édouard Daladier s’était couché devant Hitler ?

    • Descartes dit :

      @ Robert Val

      [« Certainement. Mais dans ce pays, le refus d’obtempérer n’est pas puni de mort, que je sache. » Certes, mais comment lutter contre les trafics si on laisse les délinquants les plus endurcis se jouer des barrages de police ?]

      C’est une question d’équilibre entre les bénéfices et les dégâts potentiels. Aux Etats-Unis, dans certains états, on habilite même les particuliers à défendre leur propriété armes à la main. Conséquence : quelques milliers d’innocents morts et quelques centaines de milliers de blessés chaque année par arme à feu. Sans compter les cas de « j’ai-cru-que-c’était-un-voleur-et-j’ai-tiré-sur-ma-belle-mère » dont on ne saura jamais si c’est un malheureux accident ou un meurtre prémédité. Même chose chez les policiers : un innocent a beaucoup plus de chance de se faire blesser ou tuer par un policier suite à un geste malheureux que chez nous. En France, les règles qui régissent l’ouverture du feu par les particuliers et les forces de l’ordre sont plus restrictives. Cela laisse plus de délinquants dans la rue, mais évite aussi pas mal de morts et de blessés innocents. Il y a un équilibre à trouver.

      [Je vous rappelle que ce sont des dizaines de milliers de cas chaque année, entraînant trop souvent la mort ou des blessures incapacitantes à vie chez les membres des forces de l’ordre.]

      Des dizaines de milliers ? N’est-ce pas un peu exagéré ? Mais sur le fond, oui, on fait le choix de risquer un peu plus la vie de nos policiers, et un peu moins celle des citoyens innocents. Comme je vous l’ai dit, c’est un équilibre à trouver.

      [Pour moi, la règle devrait être simple : si vous n’obtempérez pas, après les sommations d’usage, on tire. Pas dans les pneus, à cause du risque de victimes collatérales, mais dans l’habitacle (une balle de 9 mm n’en sort généralement pas) et tant pis pour les morts éventuels. Je dirais que ce sont les risques du métier.]

      Je pense que vous ne vous rendez compte des conséquences d’une telle politique. D’abord, cette histoire de « tirer dans les pneus », n’importe quel policier vous le dira, ne marche que dans les films. Dans la pratique, il vous faut une chance inouïe pour toucher aux pneus une voiture qui fuit. Et cela sans même se poser la question des risques collatéraux. Tirer dans l’habitacle ? Vous risquez de toucher un passager, qui n’a peut-être rien à voir avec l’affaire. Mais surtout, il faut avoir un minimum de cohérence dans la gradation des peines. Si vous tirez sur celui qui n’obtempère pas à un contrôle routier, pourquoi ne pas tirer sur le patron qui n’obtempère pas à un contrôle de l’inspection du travail, par exemple ?

      [Ah mais vous allez me dire que cela mettrait le feu aux poudres, que cela tournerait à la guerre civile.]

      Non, je ne vous dirai pas ça. Avant d’examiner si une proposition est faisable, je m’occupe de regarder si elle est souhaitable. Dans le cas présent, je ne crois pas que ce soit le cas. Seule une petite minorité de ceux qui se soustraient aux contrôles sont des dangereux délinquants. La grande majorité, si je crois les statistiques, sont des pauvres bougres qui ont bu un coup de trop et ont peur qu’on leur enlève leur permis. Les tuer rien que pour cela, c’est franchement anti-économique…

      [Sauf qu’en ne faisant rien, nous aurons quand même la guerre civile, alors faut-il céder aux racailles comme Édouard Daladier s’était couché devant Hitler ?]

      Là, franchement, vous vous ridiculisez. La question n’est pas de « rien faire », mais de trouver un équilibre entre le dommage qu’on fait à la société en laissant courir un délinquant, et celui qu’on lui inflige en tirant sur un innocent. Et cela n’a absolument rien à voir avec la situation de Daladier à Munich…

      • cdg dit :

        [Si vous tirez sur celui qui n’obtempère pas à un contrôle routier, pourquoi ne pas tirer sur le patron qui n’obtempère pas à un contrôle de l’inspection du travail, par exemple ?]
        C est quand meme rare qu un patron s enfuie et tue un passant comme aujourd hui (a paris, un delit de fuite a causé la mort un passant)
        [Seule une petite minorité de ceux qui se soustraient aux contrôles sont des dangereux délinquants. La grande majorité, si je crois les statistiques, sont des pauvres bougres qui ont bu un coup de trop et ont peur qu’on leur enlève leur permis. Les tuer rien que pour cela, c’est franchement anti-économique…]
        Deja on peut supposer que s il sait qu il va se faire tirer dessus, il s arretera. mieux vaut perdre son permis que la vie. Ensuite je suis un peu surpris par l argument utilisé “anti economique”.  Quand Staline etablissait des quotas d execution pour chaque region, il se disait pas que c etait anti economique

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [« Si vous tirez sur celui qui n’obtempère pas à un contrôle routier, pourquoi ne pas tirer sur le patron qui n’obtempère pas à un contrôle de l’inspection du travail, par exemple ? » C’est quand même rare qu’un patron s’enfuie et tue un passant comme aujourd’hui (à paris, un délit de fuite a causé la mort un passant)]

          Le cas de patrons qui, par leur refus d’obtempérer à un contrôle de l’inspection du travail les enjoignant de prendre des mesures de sécurité, ont provoqué la mort d’autres travailleurs ne sont pas si rares que ça. Prenez par exemple la direction d’Orange, qui a ignoré toutes les injonctions concernant les suicides – affaire dans laquelle elle a été condamnée par la justice d’ailleurs.

          [« Seule une petite minorité de ceux qui se soustraient aux contrôles sont des dangereux délinquants. La grande majorité, si je crois les statistiques, sont des pauvres bougres qui ont bu un coup de trop et ont peur qu’on leur enlève leur permis. Les tuer rien que pour cela, c’est franchement anti-économique… » Déjà on peut supposer que s’il sait qu’il va se faire tirer dessus, il s’arrêtera. Mieux vaut perdre son permis que la vie.]

          L’expérience tend à prouver le contraire. Aux Etats-Unis, les forces de l’ordre tirent bien plus facilement sur les fuyards qu’en France, et cela ne semble pas réduire significativement le nombre d’innocents qui se font tuer. La menace peut être dissuasive lorsqu’on parle d’actes réfléchis et accomplis de sang-froid. Il n’est pas évident qu’elle ait cet effet pour des réactions instinctives sous l’effet de stupéfiants ou d’alcool.

          [Ensuite je suis un peu surpris par l’argument utilisé “anti économique”. Quand Staline établissait des quotas d’exécution pour chaque région, il ne disait pas que c’était anti économique]

          Je suis curieux de voir d’où vous tirez que Staline aurait « établi des quotas d’exécution pour chaque région ». Et encore plus de savoir sur quoi vous vous appuyez pour dire qu’il n’évaluait pas l’économie du dispositif… Je veux bien qu’on ne prête qu’aux riches, mais Staline a assez de péchés authentiques pour qu’on vienne lui en rajouter.

          Mais admettons que tout cela soit vrai. Et alors ? Que vient faire Staline dans cette affaire ?

  5. Onésime Lobelsar dit :

    Vous écrivez :
    “La « gauche radicale » s’imagine qu’elle pourrait gagner les voix des quartiers en flattant le communautarisme islamiste ou le sentiment de rébellion contre les institutions. A mon avis ils se trompent. La vaste majorité des habitants des quartiers n’ont pas envie, et aucun intérêt, de se rebeller contre l’Etat.”
    Ce raisonnement, le vôtre et celui de ladite gauche radicale (ainsi que des autres partis, d’ailleurs), suppose que les élections sont sincères, qu’il s’agit de convaincre les électeurs, que le dépouillement et la transmission des résultats sont sincères et non falsifiés par les moyens de transmission.
    Quand vous écrivez qu’ils se trompent, c’est aussi dans le sens où l’on peut douter de ces moyens de transmission.
    Vous écrivez aussi que les habitants n’ont pas envie de se rebeller contre l’Etat : c’est tout à fait vrai : il suffit de regarder autour de soi le comportement soumis aux modes, à la publicité, aux tares de la société capitaliste.
    Et encore : ” le jour où un « insoumis » sera élu maire, les « communautés » passeront à la caisse pour exiger leur dû. Et c’est là que cela devient amusant ” : comment fonctionnent les collectivités locales du 93 ?

    • Descartes dit :

      @ Onésime Lobelsar

      [Ce raisonnement, le vôtre et celui de ladite gauche radicale (ainsi que des autres partis, d’ailleurs), suppose que les élections sont sincères, qu’il s’agit de convaincre les électeurs, que le dépouillement et la transmission des résultats sont sincères et non falsifiés par les moyens de transmission.]

      Pardon, mais… avez-vous déjà tenu un bureau de vote ? J’en ai tenu quelques-uns dans ma carrière, et franchement je vois mal ce qui vous permettrait de dire que le dépouillement et la transmission des résultats seraient « falsifiés ». Avez-vous des éléments précis et circonstanciés pour affirmer le contraire ?

      On peut critiquer le processus démocratique de notre pays sur beaucoup de points. Mais les cas de fraude électorale au niveau du dépouillement et de la transmission des résultats ont toujours été relativement rares, et depuis quelques années la fraude est devenue pratiquement impossible, tant les procédures sont blindées.

      [Quand vous écrivez qu’ils se trompent, c’est aussi dans le sens où l’on peut douter de ces moyens de transmission.]

      Non. Les « insoumis » ont parfaitement les moyens de vérifier et le dépouillement, et la transmission. Il suffit d’être présent au dépouillement – le dépouillement est public et n’importe quel citoyen peut participer – dans chaque bureau, de relever les résultats et de vérifier qu’ils sont correctement reportés sur les résultats publiés par les préfectures et le ministère de l’intérieur. Et s’ils ne le sont pas, de déposer un recours devant le juge de l’élection. Or, les recours mettant en cause le dépouillement ou la transmission se comptent sur les doigts d’une main. J’en déduis donc soit que les « insoumis » désignent des assesseurs et délégués de liste incompétents, soit qu’ils sont satisfaits de la sincérité du scrutin.

      [Vous écrivez aussi que les habitants n’ont pas envie de se rebeller contre l’Etat : c’est tout à fait vrai : il suffit de regarder autour de soi le comportement soumis aux modes, à la publicité, aux tares de la société capitaliste.]

      Je ne vois pas le rapport avec l’Etat. Ce n’est pas l’Etat que je sache qui fait les « modes »…

      [Et encore : ” le jour où un « insoumis » sera élu maire, les « communautés » passeront à la caisse pour exiger leur dû. Et c’est là que cela devient amusant ” : comment fonctionnent les collectivités locales du 93 ?]

      Ca dépend lesquelles…

    • Robert Val dit :

      Descartes dit : “Là, franchement, vous vous ridiculisez. La question n’est pas de « rien faire », mais de trouver un équilibre entre le dommage qu’on fait à la société en laissant courir un délinquant, et celui qu’on lui inflige en tirant sur un innocent. Et cela n’a absolument rien à voir avec la situation de Daladier à Munich…”
      Votre ton condescendant n’est pas indispensable et je ne vois pas où est le ridicule.
      Depuis 40 ans au moins que les gouvernements successifs jouent le pourrissement, je pense que l’on est en droit de se dire que les autorités ne font rien, sauf à déverser de l’argent public dans les cités pour acheter la paix sociale, avec le succès que l’on sait.
      Les victimes, quelles victimes ? Les passagers, y compris la famille, embarquant avec des délinquants endurcis ? Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. Les ivrognes ou drogués au volant ? Parce que l’affaire Palmade ne vous interpelle pas ?
      Et si vous ne comprenez pas le lien entre les racailles et Hitler, vous avez raison il n’y en a pas ; je voulais seulement souligner que la lâcheté crasse de nos élites, dans un cas comme dans l’autre, ne peut conduire à plus ou moins longue échéance qu’à des crises majeures.
       

      • Descartes dit :

        @ Robert Val

        [Descartes dit : “Là, franchement, vous vous ridiculisez. La question n’est pas de « rien faire », mais de trouver un équilibre entre le dommage qu’on fait à la société en laissant courir un délinquant, et celui qu’on lui inflige en tirant sur un innocent. Et cela n’a absolument rien à voir avec la situation de Daladier à Munich…” Votre ton condescendant n’est pas indispensable et je ne vois pas où est le ridicule.]

        Franchement, si vous ne voyez pas où est le ridicule dans la comparaison des rapports entre les voyous et l’Etat français aujourd’hui et les rapports entre la France de Daladier et l’Allemagne de Hitler, je ne peux rien pour vous. Et il n’y a chez moi aucune « condescendance », simplement la constatation d’un fait : c’est une comparaison ridicule. Et je suis sûr que si vous réfléchissez sérieusement, vous serez d’accord avec moi. Les comparaisons avec le III Reich en général sont à traiter avec la plus grande prudence…

        [Depuis 40 ans au moins que les gouvernements successifs jouent le pourrissement, je pense que l’on est en droit de se dire que les autorités ne font rien, sauf à déverser de l’argent public dans les cités pour acheter la paix sociale, avec le succès que l’on sait.]

        Je ne vois pas très bien le rapport avec Daladier. Sur le fond, je suis d’accord avec vous avec une nuance. Je ne pense pas que les gouvernements « jouent le pourrissement ». Cela supposerait qu’ils ont une stratégie, ce qui à mon avis est loin d’être le cas. Je pense que la situation actuelle est moins le résultat d’une volonté de « jouer le pourrissement » que d’une absence de vision, chacun jouant ses intérêts à court terme. Les élus locaux ignorent la situation quand ils ne la couvrent pas parce qu’ils ne veulent pas de vagues, et accessoirement parce que certains « grands frères » et autres associations, en échange de cette protection, deviennent leurs agents électoraux. Le gouvernement central veut que cela coûte le moins possible, et n’intervient que lorsque ça explose.

        [Les victimes, quelles victimes ? Les passagers, y compris la famille, embarquant avec des délinquants endurcis ? Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es.]

        Peut-être. Mais ce que vous proposez, ce n’est pas de dire qui ils sont, mais de leur tirer une balle dans la peau. Cela reste assez problématique.

        [Les ivrognes ou drogués au volant ? Parce que l’affaire Palmade ne vous interpelle pas ?]

        Elle m’interpelle. Mais elle ne me convainc pas qu’il faudrait la peine de mort pour cette catégorie.

        [Et si vous ne comprenez pas le lien entre les racailles et Hitler, vous avez raison il n’y en a pas ;]

        Autrement dit, vous m’avez jeté à la figure une analogie dont vous admettez qu’elle n’a ni queue ni tête. Et c’est moi le « condescendant » ?

        [je voulais seulement souligner que la lâcheté crasse de nos élites, dans un cas comme dans l’autre, ne peut conduire à plus ou moins longue échéance qu’à des crises majeures.]

        Mais est-ce la « lâcheté » le véritable problème ? Je pense que c’est moins la lâcheté que le désintérêt de nos élites pour le peuple qui pose problème. Avant, nous avions des élites qui connaissaient leur le peuple et le pays, qui s’identifiaient à lui et qui souffraient presque physiquement ses malheurs. Nous avons maintenant des élites – et Macron en est peut-être le représentant le plus achevé – qui ne connaissent pas leur peuple et leur pays, qui ne s’identifient pas à lui. Pour eux, les gens sont des chiffres dans une statistique. Macron n’est pas un lâche, il a même un certain courage. Mais il est insensible.

        • Robert Val dit :

          Je ne pense pas que les gouvernements « jouent le pourrissement ». Cela supposerait qu’ils ont une stratégie, ce qui à mon avis est loin d’être le cas.

          Pour avoir une stratégie, il faut avoir la main, or nos dirigeants ne l’ont plus.
          Ils sont prisonniers des traités européens et internationaux, sans parler de cette bien-pensance qui les paralyse.
          De plus, la mise en concurrence effrénée qu’ils ont appelée de leurs vœux ne leur permet pas de faire repartir notre économie : ainsi, le coût du travail est trop élevé en France, les aides sociales constituent un frein à l’emploi, or supprimer ces dernières provoquerait le chaos.
          De même, ils ne peuvent pas lutter efficacement contre les trafics et l’économie parallèle des cités, sous peine de devoir assurer la distribution de soupes populaires à tous les coins de rue, ce qui entraînerait une pression fiscale totalement insupportable.
          Dans un geste désespéré, avec les grandes illusions des conscrits du temps passé, ils agitent la baguette magique de l’immigration forcée, alors que nous aurions besoin d’une immigration choisie et planifiée, mais les traités les en empêchent, ainsi que le rayon paralysant des Droits de l’Homme, de l’antiracisme et de toutes les sornettes progressistes.
          Si tout cela n’est pas du pourrissement, comment faut-il le définir ?
          Au moins nos autorités pourraient-elles assurer au minimum la sécurité des gens honnêtes, en procédant à des contrôles contre les racailles susceptibles de faire changer la peur de camp, avec les réponses judiciaires adéquates et les places nécessaires dans les prisons. Sachant qu’un boulet au pied et un tas de cailloux à réduire en gravette pourraient éventuellement faire l’affaire.
          Car c’est bien la lâcheté de nos gouvernants successifs qui nous obligent à des solutions radicales.

          • Descartes dit :

            @ Robert Val

            [Pour avoir une stratégie, il faut avoir la main, or nos dirigeants ne l’ont plus. Ils sont prisonniers des traités européens et internationaux, sans parler de cette bien-pensance qui les paralyse.]

            Je ne suis pas d’accord avec cette présentation, qui fait de nos dirigeants des « victimes » et non des acteurs. On n’est « prisonnier des traités européens » que parce que nous le voulons bien. Les Britanniques ont voté pour le Brexit, et oh ! miracle, cette « prison » s’est évanouie. Nos dirigeants seraient-ils « prisonniers » ? Drôle de prisonnier, que celui qui la clé de sa cellule dans la poche, et refusent de s’en servir.

            De même, nos dirigeants ne sont pas « prisonniers » de la bien-pensance : ils en sont les auteurs. Ce sont eux qui ont flatté dans l’opinion le « victimisme », qui ont fait l’éloge de la « diversité », qui ont craché sur les hiérarchies du travail et du mérite. Et ils ne l’ont pas fait par stupidité, mais parce que cette idéologie va dans le sens de leurs propres intérêts.

            [De plus, la mise en concurrence effrénée qu’ils ont appelée de leurs vœux ne leur permet pas de faire repartir notre économie : ainsi, le coût du travail est trop élevé en France, les aides sociales constituent un frein à l’emploi, or supprimer ces dernières provoquerait le chaos.]

            Ne soyez pas si négatif… certes, les élites n’ont pas réussi à faire de la France un pays 100% néolibéral. Mais ils ont accompli sur cette route des progrès considérables. Regardez ce qu’était la France de 1970 et celle d’aujourd’hui, et vous verrez les « progrès » accomplis : une éducation publique sinistrée qui voit les classes intermédiaires aller de plus en plus vers le privé ; un secteur public moribond – la seule grande entreprise qui subsiste est EDF, et cela grâce à ce parc nucléaire qu’on ne peut raisonnablement laisser dans les mains du privé ; une fonction publique ravagée, où la part des contractuels augmente année après année et où le système des « dépouilles » et donc la politisation s’impose petit à petit ; une ouverture à la concurrence de la quasi-totalité des secteurs économiques ; un marché du travail « flexible » ou le CDI a cessé d’être la norme pour les jeunes et devient de plus en plus facile à rompre pour les vieux. Avec le retour de l’inflation et une bonne dose d’immigration, on pourra faire baisser les salaires réels, et la suppression des régimes sociaux est en marche…

            [Si tout cela n’est pas du pourrissement, comment faut-il le définir ?]

            Je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas de « pourrissement ». Ce que j’ai contesté, c’est que ce pourrissement soit l’objectif d’une « stratégie » concertée et consciente. Le « pourrissement » dont vous parlez existe objectivement, mais plus que l’objectif d’une stratégie c’est l’effet collatéral de décisions prises pour d’autres raisons – pour faire court, pour avancer les intérêts du « bloc dominant ».

            • Robert Val dit :

              Le « pourrissement » dont vous parlez existe objectivement, mais plus que l’objectif d’une stratégie c’est l’effet collatéral de décisions prises pour d’autres raisons – pour faire court, pour avancer les intérêts du « bloc dominant ».

              Effet collatéral ou pas, le pourrissement fait bien partie d’une stratégie d’ensemble, ce que confirme le peu qui fuite du forum de Davos, par exemple.
              Les conditions qui ont précédé l’élection du cynique Macron, avec la couverture médiatique et les fonds somptuaires dont il a bénéficié, l’élimination opportune de François Fillon (quoi que l’on pense du personnage), le contrôle total de l’opposition, tenue notamment par le mode de financement des partis politiques et les avantages accordés aux parlementaires, tout cela et tous les renoncements auxquels nous assistons a été orchestré, non par le cabinet plus ou moins occulte de notre usurpateur en chef, mais à un niveau bien supérieur et depuis 1945.
              Alors Macron, acteur volontaire ou victime de son impuissance ?
              Un peu les deux, mon colonel : certes il retire un énorme bénéfice de sa soumission à l’Empire, mais a-t-il vraiment le choix ? Certains ont bien tenté de s’émanciper des USA, mais ils ont connu quelques problèmes.
              Les étasuniens ne connaissant que la force, tout ce qui les affaiblit laisse espérer à terme une redistribution des cartes, avec des relations beaucoup moins conflictuelles entre les États. Mais cela ne se fera pas sans douleur, vus les capacités de nuisance des Néocons.

            • Descartes dit :

              @ Robert Val

              [Effet collatéral ou pas, le pourrissement fait bien partie d’une stratégie d’ensemble, ce que confirme le peu qui fuite du forum de Davos, par exemple.]

              Je ne vois pas très bien à quelle « fuite » vous faites allusion, mais j’aurais tendance à vous inviter à vous méfier de « fuites » dont on ne peut tracer la source, et qui sont très souvent des inventions des complotistes divers et variés.

              Je pense qu’il faut garder toujours en tête, lorsqu’on pense à une « stratégie », la différence entre les objectifs et les moyens choisis pour les atteindre, et les conséquences non désirées qui en découlent. Le réchauffement climatique est la conséquence d’une stratégie industrielle fondée sur les énergies fossiles. Mais peut-on dire que Total ou EXXON aient « choisi la stratégie du réchauffement climatique » ? Je ne le pense pas.

              [Les conditions qui ont précédé l’élection du cynique Macron, avec la couverture médiatique et les fonds somptuaires dont il a bénéficié, l’élimination opportune de François Fillon (quoi que l’on pense du personnage), le contrôle total de l’opposition, tenue notamment par le mode de financement des partis politiques et les avantages accordés aux parlementaires, tout cela et tous les renoncements auxquels nous assistons a été orchestré, non par le cabinet plus ou moins occulte de notre usurpateur en chef, mais à un niveau bien supérieur et depuis 1945.]

              Je sens dans ce paragraphe un petit parfum de complotisme… ainsi, pour vous, le financement et le soutien médiatique de la campagne de Macron, l’élimination de Fillon, le financement des partis politiques, les avantages accordés aux parlementaires, sont le résultat d’une Grande Konspiration mise en place depuis 1945 « à un niveau bien supérieur » ? Qui seraient les membres de cette Konspiration, où se réunissent-ils ?

              Soyons sérieux : le financement des partis politiques ne permettent aucun « contrôle de l’opposition », puisque depuis la fin des années 1980 le financement en question n’est pas discrétionnaire mais résulte d’un simple calcul en fonction du nombre de voix et d’élus recueillis. Le mode de financement antérieur, qui reposait sur le détournement plus ou moins admis des ressources de l’Etat ou des collectivités locales contrôlées par chaque parti permettaient bien plus qu’aujourd’hui de « contrôler l’opposition ».

              Mais surtout, on ne voit pas le lien entre cette Konspiration et votre conclusion. Les « renoncements » dont vous parlez ont été assumés par chaque majorité, et donc par chaque opposition lorsqu’elle est arrivée au pouvoir. Car nous vivons depuis 1981 dans un régime d’alternance, ou l’opposition du jour est la majorité du lendemain. Si le problème était le « contrôle de l’opposition », comment expliquer que l’alternance ait changé les choses en pire, qu’elle ait accéléré le rythme des « renoncements » ?

              Même chose avec l’élimination de Fillon. Qu’est ce que cela aurait changé ? Vous croyez vraiment que Fillon aurait fait une politique très différente de celle de Macron, au-delà des différences de caractère des deux personnages ?

              [Alors Macron, acteur volontaire ou victime de son impuissance ? Un peu les deux, mon colonel : certes il retire un énorme bénéfice de sa soumission à l’Empire, mais a-t-il vraiment le choix ? Certains ont bien tenté de s’émanciper des USA, mais ils ont connu quelques problèmes.]

              Au-delà des individus, il y a les rapports de force entre les classes sociales. Macron a été élu pour faire les politiques du « bloc dominant », classes intermédiaires et bourgeoisie confondues. Et on ne peut lui reprocher de ne pas tenir ses engagements envers ce bloc. Il est très difficile de faire une politique contre le rapport de forces dans la société. Même De Gaulle n’y est pas arrivé : quand les classes intermédiaires ont été assez fortes, elles l’ont fait partir.

            • Robet Val dit :

               

              Je ne vois pas très bien à quelle « fuite » vous faites allusion, …

              Le livre de Klaus Schwab, les conférences de Jacques Attali, les projets assumés de Bill Gates, cela fait déjà un hors d’œuvre assez copieux.

              Mais peut-on dire que Total ou EXXON aient « choisi la stratégie du réchauffement climatique » ?

              Je ne comprends pas bien où vous voulez en venir, mais cette fable du réchauffement climatique anthropique arrange bien des renifleurs d’argent public à s’accaparer, or personne à cette heure n’en a établi une démonstration irréfutable et ce n’est pas René Descartes qui dirait le contraire.

              Je sens dans ce paragraphe un petit parfum de complotisme…

              Effectivement, si vous pensez que les sommes dépensées pour la campagne de Macron ont été trouvées sous les sabots du cheval d’Alexis Kohler et que la cupidité de Fillon, qui était un secret de Polichinelle au sein du microcosme politique, a été révélée par hasard au pire moment pour lui…

              Qui seraient les membres de cette Konspiration, où se réunissent-ils ?

              Cela me rappelle les lecteurs du Monde, qui réclament avec gourmandise des sources, le plus souvent parce qu’ils n’ont aucun argument à opposer, or tout le monde sait qu’il n’existe aucune société secrète ou fermée et que les divers think-tanks, le Club de l’Horloge, le Rotary Club, le Groupe Bilderberg, l’Automobile Club de France ou les multiples officines de la CIA, ne réunissent leurs membres que pour papoter.

              Soyons sérieux : le financement des partis politiques ne permettent aucun «  contrôle de l’opposition »

              Mais je suis aussi sérieux que vous, la condescendance en moins, et je vous donne un exemple : pourquoi pensez-vous que LFI, le PC, Lutte Ouvrière et le NPA sont des partis séparés, alors que beaucoup de leurs idées sont interchangeables ? Pour des questions d’égo bien sûr, mais aussi parce que dispersés ils récoltent davantage de fonds publics qu’en étant rassemblés sous la même bannière.
              Diviser pour mieux régner, c’est la stratégie de base de nos oligarques, à tous les étages : les racisés contre les souchiens, les femmes contre les hommes, les LGBTmachinchose contre les hétéros, les musulmans contre les juifs, les premiers de cordée contre ceux qui ne sont rien… Et, au risque de vous surprendre, ça ne marche pas, ça court !
               

              Car nous vivons depuis 1981 dans un régime d’alternance, ou l’opposition du jour est la majorité du lendemain.

              C’est bien ce que je dis, tout change pour que rien ne change, parce que tout est sous contrôle.
              Avec, vous me voyez marri d’insister lourdement, les USA à la manœuvre depuis 1945 pour vassaliser l’Europe, eux qui nous imposent leur sous culture, leur mode de vie avachissant, une UE aussi bureaucratique et inefficace que l’ex URSS, des Young Leaders formatés pour brader nos fleurons technologiques, l’OTAN qui nous oblige à servir leurs intérêts, etc.

              Macron a été élu pour faire les politiques du « bloc dominant », classes intermédiaires et bourgeoisie confondues.

              Je ne sache pas que la majorité des électeurs fasse partie de ce « bloc dominant » et la conclusion s’impose : le Peuple est-il stupide ou bien tétanisé par la peur de l’estrêmedrouâte, incarnée par le Grand Méchant Loup déguisé en Marine Mère Grand ?
              Réflexion faite, je me surprends à penser qu’effectivement le Peuple est vraiment stupide. Ou bien que tous les dés sont pipés, mais les factcheckers m’ont assuré que cela n’était pas possible, alors j’oublie.
              P.S. : les complotistes sont ceux qui fomentent les complots, pas ceux qui les suspectent.
               

            • Descartes dit :

              @ Robert Val

              [« Je ne vois pas très bien à quelle « fuite » vous faites allusion, … » Le livre de Klaus Schwab, les conférences de Jacques Attali, les projets assumés de Bill Gates, cela fait déjà un hors d’œuvre assez copieux.]

              Oui, mais je ne vois pas très bien le rapport avec les « fuites de Davos ». Les propositions de Schwab ont été présentées publiquement, tout comme sont publiques les conférences d’Attali ou, tautologiquement, les « projets assumés » de Bill Gates. Que des gens médiatiquement exposés disent ou écrivent ce qui leur passe par la tête, c’est dans la logique des choses. Que ces expressions aient dans le même sens, c’est tout aussi logique : d’une part parce que ces gens ont les mêmes intérêts, et d’autre part parce qu’ils ont tendance à abonder sur les sujets à la mode. Mais de là à supposer qu’il existe une « stratégie d’ensemble » organisée par on ne sait quel Grand Komplot…

              [« Mais peut-on dire que Total ou EXXON aient « choisi la stratégie du réchauffement climatique » ? » Je ne comprends pas bien où vous voulez en venir, mais cette fable du réchauffement climatique anthropique arrange bien des renifleurs d’argent public à s’accaparer, or personne à cette heure n’en a établi une démonstration irréfutable et ce n’est pas René Descartes qui dirait le contraire.]

              Personne pour le moment n’a trouvé une « démonstration irréfutable » du principe de conservation de l’énergie. Tout ce qu’on sait, c’est que les théories bâties sur ce principe aboutissent à des conclusions qui n’ont jamais été contredites par l’expérience. Si vous ne tenez pour vrai que ce qui fait l’objet de « démonstration irréfutable », vous allez être très vite limité dans votre pensée. Et ce n’est pas René Descartes qui dira le contraire, lui qui considérait que le seul fait « irréfutable » était le fait que je pense. Après tout, qu’est-ce qui vous « démontre irréfutablement » que vos sens ne vous trompent pas, et que tout ce qui vous entoure n’est qu’illusion ?

              Le réchauffement anthropique est une théorie scientifique. On ne peut exclure qu’elle soit fausse, mais toutes les prédictions fondées sur ce modèle sont, pour l’instant, confirmées par l’expérience. Dès lors, on doit la tenir scientifiquement pour vraie, aussi longtemps que l’expérience ne viendra la contredire. Après, on peut discuter sur son amplitude réelle, sur l’influence relative des activités humaines. Mais la discussion sur l’existence même du phénomène me paraît dépassée, à moins que vous ayez un fait expérimental qui contredirait la théorie à évoquer…

              [« Je sens dans ce paragraphe un petit parfum de complotisme… » Effectivement, si vous pensez que les sommes dépensées pour la campagne de Macron ont été trouvées sous les sabots du cheval d’Alexis Kohler et que la cupidité de Fillon, qui était un secret de Polichinelle au sein du microcosme politique, a été révélée par hasard au pire moment pour lui…]

              Bien sur que non. L’argent de la campagne de Macron a été trouvé là ou a été trouvé l’argent pour toutes les campagnes électorales : chez ceux qui ont de l’argent, et qui ont intérêt à voir tel ou tel candidat gagner. Mais c’était vrai pour Macron, pour Sarkozy, pour Hollande, pour Chirac, pour Mitterrand (vous avez entendu parler de Schueller ?), pour Giscard, pour Pompidou (avez-vous entendu parler de Rotschild ?), et même pour De Gaulle, bien que mongénéral avait tendance à détourner son auguste regard et laisser d’autres s’occuper de ces basses besognes. Rien de bien nouveau sous le soleil. Et si Fillon ou Hamon avaient gagné c’aurait été grâce à une campagne financée par les mêmes. Car ne vous faites aucune illusion : pour ces intérêts-là, quelques millions d’euros pour payer tracts, sonos et spots publicitaires, ce n’est que peu de chose en comparaison avec ce que rapporte d’avoir à l’Elysée un homme qui vous doit beaucoup. Alors, chez ces gens-là on parie prudemment sur tous les chevaux, et de cette façon on est sûr d’avoir un cheval en tête à l’arrivée.

              Pour le dire autrement, TOUS les candidats ayant une chance de gagner ont été financés par les mêmes intérêts, et TOUS les candidats ont été victimes de la diffusion fort opportune de rumeurs malveillantes ou d’accusations. Quelque soit le candidat gagnant, vous pourrez TOUJOURS dire qu’il n’a pas trouvé l’argent sous les pieds d’un cheval, et que ses adversaires ont été descendus par la Grande Konspiration. C’est un peu comme la mère juive qui offre à son fils deux chemises, et lorsqu’il en mettra une lui reprochera de ne pas avoir aimé l’autre. C’est cela, la beauté des théories complotistes : elles sont tautologiques, et donc irréfutables.

              [« Qui seraient les membres de cette Konspiration, où se réunissent-ils ? » Cela me rappelle les lecteurs du Monde, qui réclament avec gourmandise des sources, le plus souvent parce qu’ils n’ont aucun argument à opposer, or tout le monde sait qu’il n’existe aucune société secrète ou fermée et que les divers think-tanks, le Club de l’Horloge, le Rotary Club, le Groupe Bilderberg, l’Automobile Club de France ou les multiples officines de la CIA, ne réunissent leurs membres que pour papoter.]

              Beh oui. Le simple fait de leur multiplicité devrait d’ailleurs vous mettre la puce à l’oreille : comment s’assurer que les « divers think tanks », le Club de l’Horloge, le Rotary Club, le groupe Bilderberg, l’Automobile Club, et les « multiples officines de la CIA » aboutissent à la même politique ? S’il y a multiplicité de groupes, c’est qu’il y a multiplicité de politiques (et d’intérêts). Difficile donc de trouver dans ce magma cette fameuse Konspiration…

              L’erreur de raisonnement des partisans des théories de complot est de supposer que toute coïncidence suppose une organisation. Autrement dit, que si je suis d’accord avec mon voisin c’est parce que nous nous sommes concertés ou, pire, parce que nous obéissons à une même autorité. Autrement dit, si Attali et Gates disent la même chose, c’est nécessairement qu’il y a une Grande Konspiration dont ils ne sont que les porte-parole. Mais l’usage du rasoir d’Occam est ici indispensable : n’est-il pas bien plus simple d’imaginer que deux personnes qui appartiennent à la même classe sociale, à la même culture, puissent avoir des opinions proches ?

              Accessoirement, oui, lorsqu’il s’agit d’information, le contrôle des sources est une discipline indispensable. C’est comme cela qu’on peut faire la différence entre l’homme qui a vu le loup, et l’homme qui n’a pas quitté son bureau mais à qui des amis ont raconté qu’un paysan avait trouvé des poils qui à son avis sont des poils de loup. Sans cet exercice salutaire, comment décider quelles informations croire ?

              [« Soyons sérieux : le financement des partis politiques ne permettent aucun « contrôle de l’opposition » » Mais je suis aussi sérieux que vous, la condescendance en moins,]

              Je vous cite : « Effectivement, si vous pensez que les sommes dépensées pour la campagne de Macron ont été trouvées sous les sabots du cheval d’Alexis Kohler (…) ». Le lecteur appréciera qui de nous deux est le plus « condescendant »…

              [et je vous donne un exemple : pourquoi pensez-vous que LFI, le PC, Lutte Ouvrière et le NPA sont des partis séparés, alors que beaucoup de leurs idées sont interchangeables ?]

              Parce que je ne pense pas que leurs idées soient « interchangeables ». Parce que je ne pense pas qu’ils répondent à la même base sociologique. Encore une fois, le rasoir d’Occam se révèle bien utile.

              [Pour des questions d’égo bien sûr, mais aussi parce que dispersés ils récoltent davantage de fonds publics qu’en étant rassemblés sous la même bannière.]

              Pourriez-vous m’expliquer en quoi le fait d’être séparés leur permet de « récolte davantage de fonds publics » qu’en étant rassemblés ? J’ai l’impression que vous n’avez pas compris comment fonctionne le financement des partis politiques. C’est en fait l’exact inverse.

              Prenons par exemple les campagnes électorales. Les règles de remboursement varient d’une campagne à l’autre, mais avec une constante : le remboursement est minimal sauf à dépasser un seul donné. Ains, pour la présidentielle, le plafond du remboursement des frais de campagne sera de 800 k€ pour un candidat ayant obtenu moins de 5%, alors qu’il est porté à 8 M€ – dix fois plus – au-delà. Les « petits » partis auraient donc, du point de vue financier, tout intérêt à présenter un candidat unique plutôt que se disperser.

              Même chose pour le financement des partis politiques. Celle-ci consiste en deux fractions : une première fraction est repartie proportionnellement aux suffrages obtenus par les candidats de chaque formation aux dernières législatives… à condition qu’elles aient obtenu au moins 1% des exprimés dans au moins 50 circonscriptions, ce qui exclut par exemple le NPA. La seconde fraction est repartie en fonction du nombre de parlementaires élus. Et du fait du scrutin majoritaire, il est clair qu’aller à l’élection séparés limite le nombre d’élus, et donc les financements reçus.

              Moralité : vous avez bâti une théorie du complot sur une fausse information. Vous postulez que le gouvernement « tient » l’opposition grâce à un système de financement qui favorise le morcellement, alors que le système tend plutôt au contraire à pousser à l’unité des petits partis, et est tout à fait indifférente pour les autres…

              [« Car nous vivons depuis 1981 dans un régime d’alternance, ou l’opposition du jour est la majorité du lendemain. » C’est bien ce que je dis, tout change pour que rien ne change, parce que tout est sous contrôle.]

              Vous n’avez toujours pas montré où est ce « contrôle ». Non, si « tout change pour que rien ne change », ce n’est pas du fait d’un « contrôle » exercé on ne sait pas par qui, mais du fait d’un rapport de forces, qui fait que ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change sont les plus forts. A partir de là, peu importe que le gouvernant soit Macron ou Hollande, Mitterrand ou Chirac.

              [Avec, vous me voyez marri d’insister lourdement, les USA à la manœuvre depuis 1945 pour vassaliser l’Europe, eux qui nous imposent leur sous culture, leur mode de vie avachissant, une UE aussi bureaucratique et inefficace que l’ex URSS, des Young Leaders formatés pour brader nos fleurons technologiques, l’OTAN qui nous oblige à servir leurs intérêts, etc.]

              Oui, mais mon point est que si les USA peuvent nous « imposer » cela, ce n’est pas par l’action de la CIA ou du Bilderberg, mais parce que les classes dominantes européennes trouvent leur intérêt à cette soumission économique et culturelle. Pas la peine donc de rechercher d’obscures conspirations, le processus est bien plus naturel et impersonnel.

              [« Macron a été élu pour faire les politiques du « bloc dominant », classes intermédiaires et bourgeoisie confondues. » Je ne sache pas que la majorité des électeurs fasse partie de ce « bloc dominant »]

              Je ne sais pas. Des électeurs inscrits, certainement pas. Mais des exprimés ? C’est déjà moins évident. A cela s’ajoute le fait qu’au-delà du rapport de forces électoral, il y a le rapport de forces économique. Autrement dit, les électeurs savent très bien que quelque soit le candidat élu, il fera la même politique au-delà des ajustement cosmétiques. Dans ces conditions, pourquoi voter Pécresse ou Mélenchon plutôt que Macron ?

              [P.S. : les complotistes sont ceux qui fomentent les complots, pas ceux qui les suspectent.]

              Je crois que vous confondez « comploteur » et « complotiste »…

          • Robert Val dit :

             

            Je crois que vous confondez « comploteur » et « complotiste »…

            Effectivement, mea culpa : vous voyez je sais reconnaître mes erreurs et surtout tenir compte de vos arguments.
            Je vous ai répondu trop vite sur certains points et me suis également mal exprimé. Je n’y reviendrai pas, car je ne cherche pas avoir raison à tout prix et puis je ne veux pas abuser de votre temps.
            Je vous remercie sincèrement d’avoir pris la peine de me répondre et je tiens à vous dire que j’apprécie les points de vue originaux que vous y exprimez.
            Nous ne sommes pas d’accord sur tout ? Ce n’est pas grave, j’ai même envie de vous dire : « Tant mieux ! »
            Bonne continuation.
             

  6. Cording1 dit :

    Quand vous terminez votre article par “ils iront les chercher ailleurs” n’est-ce pas implicitement penser à l’extrême-droite incarnée par le RN ? En effet dans le paysage politique actuel il n’y a pas d’autres forces susceptibles de rétablir un ordre voulu par la majorité de nos concitoyens. 

    • Descartes dit :

      @ cording1

      [Quand vous terminez votre article par “ils iront les chercher ailleurs” n’est-ce pas implicitement penser à l’extrême-droite incarnée par le RN ? En effet dans le paysage politique actuel il n’y a pas d’autres forces susceptibles de rétablir un ordre voulu par la majorité de nos concitoyens.]

      Je pensais mon allusion assez explicite. En effet, je ne vois pas très bien qui d’autre propose aujourd’hui une politique d’ordre républicain – ce qui ne préjuge nullement de ce que le RN ferait une fois arrivé au pouvoir. Car dans le domaine, ce ne sont pas les déceptions qui manquent.

      Je suis en fait beaucoup plus pessimiste que vous. Je pense que personne ne réussira à rétablir l’ordre « voulu par la majorité de nos concitoyens » parce que le désordre est fonctionnel au capitalisme dans l’étape actuelle de son développement. Non pas parce que le capitalisme tire un avantage direct du désordre, mais parce que les processus qu’il engage – la substitution du rapport monétaire à tout autre rapport humain, la construction d’une société d’individus-consommateurs uniformisés – conduit nécessairement à la fragmentation de la société et à « la guerre de tous contre tous ». Et donc, nécessairement, au désordre. Combattre le désordre, c’est combattre le capitalisme. Et je ne suis pas persuadé que les dirigeants du RN en aient pris conscience…

      De ce point de vue, le PCF version Cogniot (« Le parti communiste est un parti d’ordre, d’un ordre différent, mais un parti d’ordre ») était bien plus avancé dans son analyse… mais qu’est ce qu’il en reste ? Roussel est sur une ligne « d’ordre » je pense, mais il est bien seul dans une direction où les anciens « bébés Hue », les gauchistes « réfondateurs » et les « communistes insoumis » ouverts ou souterrains pullulent…

  7. BolchoKek dit :

    Ces histoires me touchent personnellement d’assez près, car je connais bien le quartier. La ZUP de Nîmes (aucun local ne l’appelle Pissevin), j’y suis né, j’ai passé une bonne partie de mon enfance et de ma jeunesse dans les alentours, j’y suis allé pas mal de fois… Et l’idée que les simples citoyens iront “chercher ailleurs” les solutions, je peux dire d’expérience que c’est déjà le cas, le vote RN même chez les “arabes” est de plus en plus décomplexé. Je pense qu’on est face à deux options : soit l’Etat reprend la main sur la sécurité publique, et c’est d’ailleurs ce que les gens attendent, car nous sommes dans un pays où l’on a encore l’habitude d’attendre beaucoup de l’Etat. Soit les citoyens vont intégrer le fait que l’Etat les a abandonnés, et on risque de voir les gens se faire justice eux-mêmes, avec le chaos que ça implique… Nous sommes dans un moment de flottement, et l’incapacité des gouvernants à voir venir une crise avant qu’elle ne leur éclate à la gueule ne m’inspire guère confiance…

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      Salut Kevin, un plaisir de te voir de retour sur ces pages…

      [Ces histoires me touchent personnellement d’assez près, car je connais bien le quartier. La ZUP de Nîmes (aucun local ne l’appelle Pissevin), j’y suis né, j’ai passé une bonne partie de mon enfance et de ma jeunesse dans les alentours, j’y suis allé pas mal de fois…]

      Je connais assez mal le coin. J’ai vécu en cité, mais c’était en région parisienne. Et je connais un peu celles de Marseille. Mais j’imagine que les problèmes sont un peu les mêmes, même si l’origine des gens qui s’y trouvent peut différer fortement.

      [Et l’idée que les simples citoyens iront “chercher ailleurs” les solutions, je peux dire d’expérience que c’est déjà le cas, le vote RN même chez les “arabes” est de plus en plus décomplexé.]

      Je ne sais pas. En région parisienne, c’est l’abstention qui domine, suivie du vote LFI. Dans le sud, c’est un peu différent, et le RN est bien plus présent sur le terrain. Peut-être que la différence tient à la puissance passée du vote communiste et la présence sur le terrain de ses militants ? Il est clair qu’au fur et à mesure que le RN s’implante sur le terrain, certaines préventions risquent de tomber.

      [Je pense qu’on est face à deux options : soit l’Etat reprend la main sur la sécurité publique, et c’est d’ailleurs ce que les gens attendent, car nous sommes dans un pays où l’on a encore l’habitude d’attendre beaucoup de l’Etat. Soit les citoyens vont intégrer le fait que l’Etat les a abandonnés, et on risque de voir les gens se faire justice eux-mêmes, avec le chaos que ça implique…]

      Plus que de « se faire justice eux-mêmes » – ce qui suppose une certaine habitude de la violence – le risque st qu’ils délèguent cette fonction dans des groupes capables de maintenir un certain ordre. C’est d’ailleurs comme cela que les mafias sont nées : devant la défaillance de l’Etat, on comptait sur un « parrain » pour vous « protéger ». Le « pizzo » que les mafias prélèvent peut être regardé comme une forme d’impôt.

  8. SCIPIO dit :

    La notion de sécurité est une question vaste. Comment la définir? La sécurité est-ce la satisfaction des besoins fondamentaux (manger, boire, dormir,…) à un coût raisonnable ou est-ce avoir des policiers efficacement répartis sur le territoire afin de neutraliser les délinquants?
    Les deux à la fois. Cependant la question sociale est la question principale. Un individu (jeune ou non) qui a un avenir (idéalement tout fait) en usine, dans un bureau ou ailleurs ne sera pas tenté par la délinquance.
    Le problème des banlieues (appelez-les les encore cités ou quartiers) vient du fait de la grande précarité sociale de leurs habitants. Le résultat sur les jeunes qui sont les plus vulnérable et les plus malléables est catastrophique.
    Autrefois le monde populaire était organisé, via surtout le PCF. L’idéologie communiste ayant périclitée ces trente dernières années, sont arrivés  des masses de jeunes anomiques, sans repères, sans passé, sans avenir: sans rien.
    Le résultat est que de masses de prolétaires ont est passé à des masses de sous-prolétaires (lumpenprolétariat auraient dit les marxistes) en proie à tous les troubles et dont les tendances profondes sont réactionnaires.
    Un véritable gachis.
    Seule une politique de fermeté doublé impérativement par une politique volontariste de remise en marche d’un appareil productif nous permettra de nous sortir de cette situation et d’en finir avec ces masses sous-prolétariennes dont l’auteur de ces lignes pense qu’elles peuvent être remise sur le chemin de l’histoire et par conséquent de l’avenir 

    • Descartes dit :

      @ SCIPIO

      [La notion de sécurité est une question vaste. Comment la définir ? La sécurité est-ce la satisfaction des besoins fondamentaux (manger, boire, dormir, …) à un coût raisonnable ou est-ce avoir des policiers efficacement répartis sur le territoire afin de neutraliser les délinquants ?]

      On peut toujours étendre les concepts jusqu’à englober l’ensemble des actions humaines. C’est un peu ce qu’on a fait avec le terme « violence », qui aujourd’hui peut désigner autant un coup de couteau qu’un regard. Ce type d’extension finit par vider les concepts de toute utilité, puisque l’utilité d’un concept est de désigner un ensemble de choses auxquelles on peut attribuer les mêmes propriétés, qu’on peut soumettre aux mêmes règles. Et une société où un regard et un coup de couteau sont soumis aux mêmes règles est une société peu vivable.

      La « sécurité », sans qualificatif, est inséparable de la garantie des droits fondamentaux – qu’il ne faut pas confondre avec les besoins fondamentaux – certains parleront des droits « inconditionnels ». On est en sécurité lorsque nos droits fondamentaux sont garantis, lorsque leur exercice ne nous met pas à la merci de représailles. La répartition efficace des policiers n’est en tout cas qu’un MOYEN d’améliorer la sécurité, elle ne constitue pas la sécurité EN ELLE-MEME.

      Au-delà, on peut parler de « sécurité alimentaire », de « sécurité de l’emploi », et ainsi de suite. Mais le qualificatif est indispensable. La « sécurité » sans qualificatif n’est pas l’addition des « sécurités » qualifiées, mais un concept à part.

      [Les deux à la fois.]

      Je ne vois pas en quoi. Que je sache, personne ne nous doit la « satisfaction des besoins fondamentaux ». Aucun texte constitutionnel ne garantit à chacun de quoi « manger, boire, dormir » sans contrepartie. Tout au plus, on nous garantit le droit de pouvoir couvrir ces besoins par notre travail. Et c’est logique : que ferait une société qui garantirait sans contrepartie la satisfaction des besoins fondamentaux si tout le monde exigeait cette satisfaction tout en refusant de travailler ?

      [Cependant la question sociale est la question principale. Un individu (jeune ou non) qui a un avenir (idéalement tout fait) en usine, dans un bureau ou ailleurs ne sera pas tenté par la délinquance.]

      Vous avez trop lu Rousseau. Un individu qui a un avenir en usine à 2000 € par mois pour 35 heures par semaine peut parfaitement être tenté par la délinquance à 8000 € par mois avec une amplitude horaire bien moindre. Et je ne fais même pas référence à d’autres déterminants sociologiques ou culturels. Imaginer que la délinquance n’est que la conséquence d’n avenir bouché me paraît très naïf. La « French Connection » se développe dans une période de plein emploi…

      Le respect de la propriété ou de l’intégrité physique d’autrui n’est pas « naturel ». Il a fallu au contraire des siècles de conditionnement social pour que les individus internalisent l’idée qu’on ne peut pas prendre ce qui est à autrui voire le réduire à l’esclavage simplement parce qu’on est le plus fort. Et cette internalisation, on l’a vu récemment, est toujours précaire. Et n’a rien à voir avec le fait d’avoir ou non « un avenir en usine, dans un bureau et ailleurs », sans quoi il n’y aurait pas de délinquance en col blanc…

      La « question sociale » est certainement la question principale. Mais c’est aussi la question la plus complexe à résoudre. Le capitalisme ne donne pas de signe d’entrer en crise systémique, et sans cela on voit mal comment on pourrait le dépasser. Il faut donc admettre que nous vivrons encore de longues années dans ce système, et se demander ce qu’on peut faire pour améliorer le sort des travailleurs en attendant. Parce que si le seul discours qu’on arrive à leur tenir est de leur dire qu’un jour leur prince viendrai, ça ne va pas le faire.

      [Le problème des banlieues (appelez-les les encore cités ou quartiers) vient du fait de la grande précarité sociale de leurs habitants. Le résultat sur les jeunes qui sont les plus vulnérable et les plus malléables est catastrophique.]

      Non, non, non et non. Pensez aux immigrants qui sont arrivés dans les années 1900-1930. Leur « précarité sociale » était-elle plus ou moins importante que celle des habitants des banlieues d’aujourd’hui ? Elle était infiniment plus grande : il n’y avait à l’époque pas de couverture maladie, pas de retraite, pas d’allocations chômage, pas de SMIC, pas de logement social… bref, ils ne bénéficiaient pas du « filet de sécurité » social qui existe aujourd’hui. Et en plus – je pense par exemple aux juifs d’Europe de l’Est – ils étaient apatrides. Et pourtant, la grande majorité d’entre eux se sont assimilés et en une génération le « problème » avait disparu.

      Le « problème » aujourd’hui n’est pas la « grande précarité sociale » – elle était bien plus grande par le passé. Le problème est surtout l’incapacité – ou plutôt le manque de volonté – de notre société à assimiler ces populations, à les inscrire dans un réseau de droits et de devoirs communs, à donner à cette jeunesse un cadre et des références partagées. On ne peut reprocher à ces jeunes de sortir le drapeau algérien alors que nos élites crachent en permanence sur le drapeau français, symbole d’une société raciste, sexiste, colonialiste, bref, de tous les péchés contemporains.

      [Autrefois le monde populaire était organisé, via surtout le PCF. L’idéologie communiste ayant périclitée ces trente dernières années, sont arrivés des masses de jeunes anomiques, sans repères, sans passé, sans avenir : sans rien.]

      Je ne pense pas qu’on puisse réduire la question à la chute de l’idéologie communiste. L’idéologie communiste a fonctionné dans une société qui partageait en fait le cadre dans lequel cette idéologie était construite. Les valeurs du travail, de l’honnêteté, de l’effort, du mérite, du collectif n’étaient pas seulement les valeurs communistes : elles étaient partagées bien au-delà. Si le « gaullo-communisme » a été possible, c’est parce qu’indépendamment des désaccords sur ce que devait être l’avenir il y avait un consensus sur les valeurs qui devaient régir le présent.

      Le PCF – et l’idéologie collectiviste qu’il portait – s’affaiblit au fur et à mesure que montent les idéologies libérales-libertaires. Cela commence avec 1968 et aboutira aux « révolutions néolibérales » des années 1980. Plus que la « précarité sociale », ce qui rend les banlieues invivables c’est l’individualisme exacerbé, confinant à l’égocentrisme, qui provoque en retour des réactions intégristes dans des communautés qui voient dans cet individualisme une menace identitaire.

      [Seule une politique de fermeté doublé impérativement par une politique volontariste de remise en marche d’un appareil productif nous permettra de nous sortir de cette situation et d’en finir avec ces masses sous-prolétariennes dont l’auteur de ces lignes pense qu’elles peuvent être remise sur le chemin de l’histoire et par conséquent de l’avenir]

      Oui et non. Oui à une politique de « fermeté ». Mais de « fermeté » sur quelles valeurs, sur quelles règles, sur quels principes ? C’est là tout le problème. On le voit bien avec le débat sur l’abaya et le qamis. Alors qu’on nous explique que l’individu a le droit de choisir son nom, son genre, son pays, on nous dit qu’on ne peut porter tel ou tel vêtement à l’école. Est-ce cohérent ? Il n’y a pas de « fermeté » possible si l’on n’est pas capable de s’accorder sur les limites qu’on met à la toute-puissance individuelle.

      • SCIPIO dit :

        Cher Descartes
        Chaque point que vous soulevez mériterait un débat à lui tout seul. Cependant, il me semble qu’il y a un soucis plus fondamental dans votre réponse auquel les philosophes ont eu une réponse. Le soucis est que vous semblez perdre de vue que l’homme est un animal raisonnable mais fini.
        Par conséquent il trainera cette finitude comme un boulet jusqu’à la fin des temps.
        L’auteur de ces lignes parie sur la raison de l’homme. C’est la raison qui guide aussi l’homme, qui fait que l’histoire humaine n’est pas faite que de bruit et de fureur mais a cependant un but ultime: celui de la liberté.
        Si on ne fait pas ce pari ou si vous préférez ce postulat alors on est, au mieux, comme Diogène le Cynique qui avec une lanterne allumée en plein jour recherchait un homme. Au pire on est prêt à mettre au pas tous les hommes par la force puisque ce ne sont pas des êtres raisonnables.
        En clair il me semble que c’est la fin de toute politique, de tous débats et d’une certaine manière de toute civilisation humaine.

        • Descartes dit :

          @ SCIPIO

          [Chaque point que vous soulevez mériterait un débat à lui tout seul. Cependant, il me semble qu’il y a un souci plus fondamental dans votre réponse auquel les philosophes ont eu une réponse. Le souci est que vous semblez perdre de vue que l’homme est un animal raisonnable mais fini.]

          « Raisonnant », je veux bien. « Raisonnable »… c’est une autre paire de manches. Je ne suis pas persuadé qu’on puisse généraliser cette qualité à l’ensemble de l’espèce humaine…

          [L’auteur de ces lignes parie sur la raison de l’homme.]

          L’expérience ne vous a donc rien enseigné ? Personnellement, je fais mienne la maxime : « l’homme est naturellement bon, mais il est encore meilleur quand on le surveille ». On revient au débat Hobbes vs. Rousseau…

          [C’est la raison qui guide aussi l’homme, qui fait que l’histoire humaine n’est pas faite que de bruit et de fureur mais a cependant un but ultime : celui de la liberté.]

          Admettons un instant que « la raison guide l’homme » – je saute sur le « aussi », fort révélateur à mon avis. Mais qu’est ce qui vous fait conclure qu’un homme guidé par la « raison » tournera le dos à la délinquance ? Prenons un cas concret, le cas du « passager clandestin », c’est-à-dire, celui qui ne paye pas son voyage en comptant sur les autres voyageurs pour payer le coût du service. Sa conduite est parfaitement « raisonnable » : son comportement lui permet d’économiser le prix du ticket. Vous me direz qu’il y a le raisonnement kantien : si tous les voyageurs faisaient de même, le système s’effondrerait. C’est vrai, seulement, l’expérience montre quotidiennement que tous les voyageurs ne font pas de même. Le « passager clandestin » agit donc rationnellement à partir d’une preuve empirique. Son comportement délinquant est donc parfaitement conforme aux dictats de la raison…

          [Si on ne fait pas ce pari ou si vous préférez ce postulat alors on est, au mieux, comme Diogène le Cynique qui avec une lanterne allumée en plein jour recherchait un homme. Au pire on est prêt à mettre au pas tous les hommes par la force puisque ce ne sont pas des êtres raisonnables.]

          Mais les supposer « raisonnables » ne vous dispense pas de les « mettre au pas par la force ». Parce que la « raison » ne nous commande pas d’obéir à la loi, mais de suivre nos intérêts. Et si un comportement délinquant nous coûte moins qu’il ne nous rapporte, est-il « raisonnable » de s’en abstenir ?

          [En clair il me semble que c’est la fin de toute politique, de tous débats et d’une certaine manière de toute civilisation humaine.]

          Au contraire, c’est le début de toute civilisation humaine. Relisez Hobbes…

      • marc.malesherbes dit :

        “On le voit bien avec le débat sur l’abaya et le qamis. Alors qu’on nous explique que l’individu a le droit de choisir son nom, son genre, son pays, on nous dit qu’on ne peut porter tel ou tel vêtement à l’école. Est-ce cohérent ? Il n’y a pas de « fermeté » possible si l’on n’est pas capable de s’accorder sur les limites qu’on met à la toute-puissance individuelle.”
         
        ll me semble que les limites qu’on met en démocratie à la toute-puissance individuelle c’est la loi.

        La loi est plus ou moins respectée en fonction de l’opinion publique majoritaire, et la justice puis la loi évolue en fonction de cette opinion.
         
        Un petit exemple. Jusqu’à présent la GPA est interdite en France, mais on a laissé des citoyens français recourir à la GPA à l’étranger sans les condamner et pire encore on a accepté que leurs enfants nés à l’étranger puissent acquérir la nationalité française. Autrement dit on a accepté que la loi soit contournée parce que c’est dans l’air du temps. D’ailleurs la loi viendra bientôt autoriser la GPA.
         
        A l’inverse pour la pédophilie, on a poursuivi et condamné, même si les actes étaient commis à l’étranger, alors qu’il y avait en 68 une grande tolérance sur ce sujet.
         
        Il ne faut pas chercher de cohérence intellectuelle : tout est affaire de consensus social pour des tas de raisons historiques et autres.
         
        Un exemple : on autorise deux drogues qui font plein de morts, l’alcool et le tabac, et l’on pourchasse le cannabis, dangereux, mais bien moins.
         
        Revenons à l’abaya et aux qamis. Pour l’instant la société française n’est pas prête à les accepter à l’école et je parie que l’interdiction sera appliquée. Mais quand dans quelques années la part de la population immigrée musulmane et de leurs descendants sera encore plus nombreuse, on les acceptera bon gré mal gré.
         
        Comme le voile à l’école, on y viendra.
         
        J’ai noté que même Bardella du RN avait accepté de voter sous le regard attentif d’une femme du bureau de vote voilée, alors qu’elle exerçait une mission de service public dans une enceinte de service public.

        La loi dit pourtant « Les agents du service public, pendant l’exercice de leurs fonctions, représentent l’Etat. A ce titre, ils ne peuvent donc pas marquer de préférence ni laisser supposer un comportement préférentiel ou discriminatoire par la présence de signes religieux dans leur bureau ou par le port de tels signes. »

        Mais on a du trouver des astuces juridiques pour l’accepter … parce que c’était devenu accepté par l’opinion publique. La meilleur preuve, c’est que Bardella lui même a trouvé cela « normal » » et il s’en est vanté en diffusant lui même largement cette photo.

        • Descartes dit :

          @ marc.malesherbes

          [ll me semble que les limites qu’on met en démocratie à la toute-puissance individuelle c’est la loi. La loi est plus ou moins respectée en fonction de l’opinion publique majoritaire, et la justice puis la loi évolue en fonction de cette opinion.]

          Faudrait savoir. Si la loi est « plus ou moins respectée en fonction de l’opinion publique », alors elle ne semble pas être une « limite » très efficace à la toute-puissance individuelle, non ? Dès lors que « l’opinion publique » le décide, vous avez le choix INDIVIDUEL de respecter la loi ou de vous asseoir sur elle…

          Par ailleurs, je pense que vous confondez « opinion publique » et « idéologie dominante ». Il y a des règles sur lesquelles « l’opinion publique » est massivement défavorable et qui pourtant sont religieusement respectées (ex : le stationnement payant), et d’autres pour lesquelles l’opinion est massivement favorable (l’interdiction de la GPA) et dont le contournement est admis par la justice… vous écrivez qu’en matière de GPA on accepte le contournement parce que c’est « dans l’air du temps ». On l’accepte surtout parce que ceux qui ont recours à la GPA appartiennent à une certaine classe sociale, et que c’est cette classe qui fait « l’air du temps »….

          [A l’inverse pour la pédophilie, on a poursuivi et condamné, même si les actes étaient commis à l’étranger, alors qu’il y avait en 68 une grande tolérance sur ce sujet.]

          Là encore, cela dépend du statut social. Gabriel Matzneff, par exemple, a raconté largement ses aventures pédophiles dans des ouvrages à grand tirage et en a fait l’éloge, et à ma connaissance il n’a pas été condamné à quoi que ce soit. Un ouvrier métallurgiste qui aurait fait le quart du huitième de ce qu’il a fait et s’en serait vanté au zinc d’un bistrot aurait certainement eu beaucoup plus d’ennuis.

          Mais j’ai du mal à saisir le sens de votre propos. Vous aviez écrit que « les limites qu’on met en démocratie à la toute-puissance individuelle c’est la loi ». Or, la loi n’a pas véritablement changé : elle était aussi répressive (sinon plus) en 1968 qu’aujourd’hui. Si l’on suit votre raisonnement, ce n’est pas la « loi » qui met des limites à la « toute-puissance individuelle », mais plutôt « l’opinion publique » ?

          [Il ne faut pas chercher de cohérence intellectuelle : tout est affaire de consensus social pour des tas de raisons historiques et autres.]

          Là encore, je pense que vous confondez « consensus social » et « idéologie dominante ». Je ne crois pas que le « consensus social » sur la pédophilie soit aujourd’hui très différent que ce qu’il était en 1968. L’immense majorité de la population – c’est-à-dire, les couches populaires – regardaient avec horreur ce type de rapports en 1968 et n’ont guère varié. La seule différence se trouve chez les bobos lecteurs de Télérama, qui sous l’influence du postmodernisme américain sont passés d’une logique de « jouir sans entraves » à une sorte de néo-victorianisme.

          [Un exemple : on autorise deux drogues qui font plein de morts, l’alcool et le tabac, et l’on pourchasse le cannabis, dangereux, mais bien moins.]

          D’abord, je ne vois pas qu’on « pourchasse le cannabis », qui est aujourd’hui quasiment en vente libre et consommé très ouvertement. Ensuite, la faculté n’est pas d’accord avec vous sur le fait que le cannabis serait « moins dangereux » que le tabac ou l’alcool. Pour le tabac, c’est une évidence : les gens qui conduisent ou travaillent après avoir fumé du tabac n’ont pas plus d’accidents que les autres, ceux qui le font après avoir pris du cannabis, oui.

          [Revenons à l’abaya et aux qamis. Pour l’instant la société française n’est pas prête à les accepter à l’école et je parie que l’interdiction sera appliquée. Mais quand dans quelques années la part de la population immigrée musulmane et de leurs descendants sera encore plus nombreuse, on les acceptera bon gré mal gré. Comme le voile à l’école, on y viendra.]

          Peut-être. Peut-être même qu’on considérera normal, comme cela est le cas en Grande Bretagne, que des tribunaux « communautaires » règlent les affaires civiles des musulmans conformément à la Charia plutôt que d’appliquer le Code civil. Après tout, pourquoi pas, puisqu’on choisit de se résigner plutôt que d’aller contre le courant. Après tout, on s’est habitués aux fusillades dans les cités, avec leur cortège de morts et d’estropiés, et qu’on considère comme étant dans l’ordre des choses. Cependant, j’aurai toujours de l’admiration pour ceux qui se battent pour ce qu’ils estiment juste, au lieu de se résigner sur le mode « à quoi bon »…

          Si votre remarque préfigure le monde à venir, alors il y a de quoi être profondément attristé. Il fut un temps – je pense aux Lumières et au long XIXème siècle – ou les rationnalistes, les progressistes, les illuministes tiraient le reste de la société derrière eux. C’est leur action qui a permis de sortir une paysannerie de la domination obscurantiste de l’église et de la noblesse. Ce que vous me dites, c’est que l’avenir sera fait d’un processus contraire : c’est la frange la plus rétrograde, la plus obscurantiste, la plus ignorante qui imposera sa loi à la société. Qu’au fur et à mesure que « la part de la population immigrée musulmane et de leurs descendants sera plus nombreuse », nous reviendrons au moyen-âge. Permettez-moi de rester optimiste.

          [J’ai noté que même Bardella du RN avait accepté de voter sous le regard attentif d’une femme du bureau de vote voilée, alors qu’elle exerçait une mission de service public dans une enceinte de service public. La loi dit pourtant « Les agents du service public, pendant l’exercice de leurs fonctions, représentent l’Etat. A ce titre, ils ne peuvent donc pas marquer de préférence ni laisser supposer un comportement préférentiel ou discriminatoire par la présence de signes religieux dans leur bureau ou par le port de tels signes. »]

          Sauf que les assesseurs d’un bureau de vote ne sont pas des « agents du service public », puisqu’elles ne sont pas employées, organisées ou contrôlées par une personne publique. Il s’agit simplement de « collaborateurs occasionnels du service public ». Or, le Conseil d’Etat constate que « même si de nombreuses personnes, qui peuvent ne pas être des agents du service public, sont parfois amenées à collaborer ou à participer à ce service, ni les textes, ni la jurisprudence n’ont identifié une véritable catégorie juridique des collaborateurs ou des participants au service public, dont les membres seraient soumis à des exigences propres en matière de neutralité » (CE, avis du 20 septembre 2013 relative à l’affaire des femmes voilées accompagnant des sorties scolaires). Le code électoral n’impose par ailleurs aux membres du bureau de vote aucune obligation de neutralité. C’est la jurisprudence qui dégage une obligation de neutralité politique fondée sur le risque qu’une expression puisse fausser la sincérité du scrutin (CE, 15 novembre 2004), raisonnement qui ne permet pas de conclure à une obligation de neutralité s’étendant à la sphère religieuse. La présence de cette femme voilée était donc tout à fait légale.

          [Mais on a du trouver des astuces juridiques pour l’accepter … parce que c’était devenu accepté par l’opinion publique.]

          Il n’y a aucune « astuce » à trouver. La loi, telle qu’elle est aujourd’hui, n’impose aucune obligation de neutralité religieuse aux assesseurs d’un bureau de vote, point à la ligne. Vous vous inventez là un homme de paille.

          [La meilleur preuve, c’est que Bardella lui-même a trouvé cela « normal » » et il s’en est vanté en diffusant lui-même largement cette photo.]

          Quel est l’intérêt de diffuser une photo que tout le monde trouvera « normale » ? Là, votre raisonnement est directement paradoxal. S’il a diffusé cette photo, c’est précisément parce qu’il ne la trouvait pas « normale », qu’il savait qu’une majorité des français – et une grosse majorité de son électorat – ne la trouverait pas « normale », et que cela ferait réagir. Et il avait raison : la photo a provoqué un tollé, ce qui tendrait a atténuer votre idée que « c’est accepté par l’opinion publique ».

          • marc.malesherbes dit :

            Sauf que les assesseurs d’un bureau de vote ne sont pas des « agents du service public….
             
            merci de votre réponse argumentée.
             
            De mon point de vue tout est dans l’interprétation que l’on souhaite faire de la loi.
             
            Demain (peu vraisemblablement) le Conseil d’Etat pourrait juger que l’affichage d’une conviction religieuse des membres d’un bureau de vote pourrait influencer le vote, compte tenu des positions de plus en plus communautaire des candidats (en 2022 JLM a recueilli 69% des voix des musulmans qui ont voté).
             
            Et il y a un tropisme comparable des catholiques  pour la droite, quoique moins prononcé.
             
            les Français d’Israël ont voté à plus de 50 % pour Eric Zemmour et des études éparses confirme que ce tropisme existe aussi en France.
             
             

            • Descartes dit :

              @ marc.malesherbes

              [De mon point de vue tout est dans l’interprétation que l’on souhaite faire de la loi. Demain (peu vraisemblablement) le Conseil d’Etat pourrait juger que l’affichage d’une conviction religieuse des membres d’un bureau de vote pourrait influencer le vote, compte tenu des positions de plus en plus communautaire des candidats (en 2022 JLM a recueilli 69% des voix des musulmans qui ont voté).]

              Mais si le Conseil d’Etat arrivait à cette décision, elle serait toujours prise sur le fondement de l’intégrité du scrutin, et non de la défense de la laïcité. Il faut comprendre la subtile différence qu’il y a entre « l’interprétation de la loi » et la « qualification juridique des faits ». Lorsque le juge décide si le fait de porter ou non le voile peut fausser le scrutin, il n’interprète pas la loi – car la loi dit explicitement que ce qui peut fausser le scrutin est interdit – mais examine si les faits peuvent ou non être qualifiés comme « faussant le scrutin ».

              Le juge a une liberté bien plus grande lorsqu’il s’agit de qualifier les faits que d’interpréter la loi. Et cela pour une raison simple : la qualification des faits s’applique à un cas d’espèce, en tenant compte de son contexte. L’interprétation de la loi, elle, crée une jurisprudence qui s’applique à l’ensemble des affaires. Et c’est pourquoi les juridictions sont bien plus surveillées lorsqu’il s’agit de changer l’interprétation de la loi…

              [Et il y a un tropisme comparable des catholiques pour la droite, quoique moins prononcé. Les Français d’Israël ont voté à plus de 50 % pour Eric Zemmour et des études éparses confirme que ce tropisme existe aussi en France.]

              Je ne vois pas de quelles études vous parlez. Projeter les résultats du vote des Français installés en Israël sur l’ensemble des juifs français me paraît clairement erroné : les juifs Français qui ont fait leur « retour » en Israël – l’Aliyah, en hébreu – sont la partie la moins assimilée, la plus communautariste des juifs français. Et celle qui vit dans un contexte où le discours raciste anti-arabe tient pignon sur rue, et où les thèmes identitaires de Zemmour peuvent avoir le plus d’écho. Mais l’immense majorité des juifs français ne sont pas dans une logique communautaire.

              Je vois mal aussi où vous voyez un « vote communautaire » catholique. Il n’y a aujourd’hui pratiquement aucun dirigeant politique qui se présente comme « catholique pratiquant », ni même comme « chrétien ». Même à l’extrême droite, cela manque sérieusement : Zemmour est juif, Marine Le Pen vit dans le péché… la bourgeoisie catholique préférait certes un candidat comme Fillon, mais cette préférence était-elle fondamentalement différente dans la bourgeoisie juive ou protestante ?

  9. A ma connaissance, aucun de ces délits n’est puni de mort.
    Cet argument me semble fallacieux dans la mesure où le policier n’a certainement pas eu l’intention -même fugace ou “réflexe”- de tuer cet adolescent. Il faut aussi considérer que l’enregistrement sonore ne détermine pas qui a prononcé la phrase -genre série B- qui déclencha les émeutes.
    Si ce policier s’était arrogé, ne serait-ce que le temps d’un éclair meurtrier, le rôle de juge et de bourreau bien sur les choses seraient plus simples, mais nous devons nous mettre un peu dans la peau de ces hommes (et parfois de femmes) qui sont épuisés mentalement, souvent aussi physiquement, peu soutenus psychologiquement alors qu’ils sont confrontés sans cesse à la lie de terre, aux drames, à la violence, à tout ce qui ne fonctionne plus dans notre société, et ce pour un salaire peu élevé. Si les Juges étaient un peu moins laxistes, si l’État était plus répressif dès l’origine, si les policiers avaient l’impression d’être considérés … Ce drame c’est aussi la faute de LFI.
    Bien sur, rien de mérite la peine de mort, mais si ce magrébin (parce qu’il faut bien le dire aussi !) n’avait pas conduit sans en avoir l’age, au volant d’un voiture puissante et couteuse, s’il avait eu l’habitude de respecter le code de la route (et donc les autres), s’il avait eu une autre attitude dans la seconde phase de l’affaire, il serait en vie.
     
    Que ce soit pour la location de “grosses berlines allemandes” ou pour la vente de feux d’artifices on retrouve des sociétés Polonaises sans morale ni frein alors qu’elles savent qui sont leurs clients ; si l’on ajoute les F16 achetés le jour de l’entrée dans l’UE, les F35 et les chars Coréens achetés dans le cadre de la guerre américaine en Ukraine, cela n’incite pas à un amour de ce pays (en fait des allemands parlant russe).

    • Descartes dit :

      @ Gerard Couvert

      [« A ma connaissance, aucun de ces délits n’est puni de mort. » Cet argument me semble fallacieux dans la mesure où le policier n’a certainement pas eu l’intention -même fugace ou “réflexe”- de tuer cet adolescent.]

      La question n’est pas l’intention mais le résultat. Si on met en œuvre une politique qui « normalise » la mort du délinquant à l’issue d’un refus d’obtempérer, alors on établit de facto la peine de mort pour une telle infraction.

      [Il faut aussi considérer que l’enregistrement sonore ne détermine pas qui a prononcé la phrase -genre série B- qui déclencha les émeutes.]

      Sur ce point, je suis d’accord. L’enregistrement en question ne permet pas vraiment de trancher.

      [Si ce policier s’était arrogé, ne serait-ce que le temps d’un éclair meurtrier, le rôle de juge et de bourreau bien sur les choses seraient plus simples, mais nous devons nous mettre un peu dans la peau de ces hommes (et parfois de femmes) qui sont épuisés mentalement, souvent aussi physiquement, peu soutenus psychologiquement alors qu’ils sont confrontés sans cesse à la lie de terre, aux drames, à la violence, à tout ce qui ne fonctionne plus dans notre société, et ce pour un salaire peu élevé.]

      C’était précisément le message de mon papier. J’appelle justement à une logique de bienveillance envers des fonctionnaires que nous envoyons faire un travail impossible pour un salaire des plus modestes. Cela ne veut pas dire qu’ils ne puissent pas faire des fautes et même commettre des crimes. Mais ils doivent bénéficier d’une présomption non seulement d’innocence, mais de professionnalisme. Et de bienveillance lorsque, comme tout être humain, ils commettent des erreurs.

      [Bien sûr, rien de mérite la peine de mort, mais si ce magrébin (parce qu’il faut bien le dire aussi !) n’avait pas conduit sans en avoir l’âge, au volant d’un voiture puissante et couteuse, s’il avait eu l’habitude de respecter le code de la route (et donc les autres), s’il avait eu une autre attitude dans la seconde phase de l’affaire, il serait en vie.]

      Je suis d’accord. Mais cela ne règle pas la question. Je pense comme vous que la police est fondamentalement rationnelle, et que si les policiers arrêtent les gens ce n’est pas pour le plaisir de les emmerder. Autrement dit, si vous rentrez dans un cadre social, vos chances de subir une telle mésaventure sont minimes. Cela ne justifie en rien qu’on canarde ceux qui sortent du cadre.

      [Que ce soit pour la location de “grosses berlines allemandes” ou pour la vente de feux d’artifices on retrouve des sociétés Polonaises sans morale ni frein alors qu’elles savent qui sont leurs clients ; si l’on ajoute les F16 achetés le jour de l’entrée dans l’UE, les F35 et les chars Coréens achetés dans le cadre de la guerre américaine en Ukraine, cela n’incite pas à un amour de ce pays (en fait des allemands parlant russe).]

      Attendez… on ne peut pas vouloir le capitalisme et ensuite pleurer sur ses ravages. Le capitalisme substitue à tous les rapports le rapport monétaire. Pourquoi voulez-vous que les entreprises polonaises aient une “morale” ? Une entreprise, c’est fait pour gagner de l’argent. Si vous voulez de la “morale” et du “patriotisme”, il vous faut changer de système…

  10. La question n’est pas l’intention mais le résultat. Si on met en œuvre une politique qui « normalise » la mort du délinquant à l’issue d’un refus d’obtempérer, alors on établit de facto la peine de mort pour une telle infraction.

    Si on met en œuvre une politique qui “normalise” l’impunité alors on établit de facto la loi de la jungle.
    Cet homme a fait usage de son arme dans des circonstances physiques et psychologiques qui restent à établir (cf. non-lieu affaire Théo), le fait qu’il soit policier ne lui confère pas la totale maitrise de lui en toutes circonstances, certes il est entrainé et expérimenté, et alors est-il pour cela un sur-homme ? N’a-t’il pas le droit d’avoir peur, d’être excédé, épuisé ? Notre droit ne prévoit-il pas la perte du discernement ? Cela ne doit-il être applicable qu’aux criminels ?
    Et puis enfin pour ce mort combien de refus d’obtempérer qui se soldent par une arrestation ou par une fuite ?

    • Descartes dit :

      @ Gérard COUVERT

      [Si on met en œuvre une politique qui “normalise” l’impunité alors on établit de facto la loi de la jungle.]

      Je ne pense pas qu’on puisse me reprocher de vouloir « normaliser » ce type de comportement. Je ne condamne pas non plus à priori le policier qui a fait l’usage de son arme, et je pense – comme je l’ai écrit dans mon papier – qu’il doit bénéficier, le temps de l’enquête, d’une présomption de bonne foi et de professionnalisme.

      Ce n’est pas un équilibre facile à tenir. Je peux vous dire mon expérience : j’ai eu l’opportunité d’encadrer des activités industrielles « sensibles ». Et vous avez toujours ce dilemme : si vous sanctionnez trop légèrement ceux qui font des bêtises, les gens finissent par faire n’importe quoi. Si vous les sanctionnez trop lourdement, les gens finissent par cacher les bêtises qu’ils font et vous découvrez des véritables bombes à retardement lorsqu’il est trop tard. L’art de la chose est de garder le juste milieu : la personne qui vient dire à son chef « j’ai fait une bêtise » doit pouvoir compter sur la bienveillance de sa hiérarchie et de sa communauté de travail, mais la hiérarchie doit savoir sanctionner et sanctionner au bon niveau. Ce n’est pas simple.

      Personnellement, quand je me suis trouvé dans ces situations j’ai toujours appliqué une règle simple : on sanctionne la faute, on ne sanctionne pas l’erreur commise de bonne foi. Et on sanctionne toujours au fond, jamais pour faire plaisir à l’opinion ou pour « marquer le coup ». Et je peux vous dire que cela m’a valu des engueulades homériques avec ma propre hiérarchie, qui me reprochait amèrement de ne pas avoir sanctionné untel, dont l’erreur certes avait couté beaucoup d’argent, mais qui n’avait fait qu’une erreur humaine…

      [Cet homme a fait usage de son arme dans des circonstances physiques et psychologiques qui restent à établir (cf. non-lieu affaire Théo), le fait qu’il soit policier ne lui confère pas la totale maitrise de lui en toutes circonstances, certes il est entrainé et expérimenté, et alors est-il pour cela un sur-homme ? N’a-t’il pas le droit d’avoir peur, d’être excédé, épuisé ? Notre droit ne prévoit-il pas la perte du discernement ? Cela ne doit-il être applicable qu’aux criminels ?]

      Bien sur que non. Vous me dites cela comme si j’avais soutenu le contraire. Si vous lisez mes papiers, vous verrez que votre commentaire rejoint exactement mon point de vue : une société dont la tendance est de trouver un coupable à sacrifier chaque fois qu’il y a un incident est une société qui pousse les acteurs à minimiser les risques, et donc à faire le moins possible. Il faut accepter que dans la vie il y a des accidents qui n’ont pas de « coupable », qui résultent de concours de circonstances et d’erreurs humaines commises de bonne foi et qui s’expliquent par le contexte – et dieu sait que le contexte dans lequel les policiers agissent est difficile. Que la victime ou ses proches aient du mal à l’accepter, qu’ils voient dans le sacrifice du coupable une sorte de réparation, on peut le comprendre. Mais la société doit prendre en compte une dimension un peu plus large que le seul regard de la victime.

      [Et puis enfin pour ce mort combien de refus d’obtempérer qui se soldent par une arrestation ou par une fuite ?]

      Là, vous pointez un phénomène bien connu d’amplification médiatique : un homme qui mord un chien peut faire la « une », un chien qui mord un homme jamais. Pour un TGV qui arrive avec trois heures de retard et qui fait l’ouverture du journal télévisé, combien de TGVs qui arrivent sans encombre chaque jour ?

      Malheureusement, notre monde politique est victime de ce biais médiatique. Il suffit qu’un train arrive en retard, et on entend des députés expliquer que cela montre le besoin de réformer la SNCF. Un policier tire, et on trouve des gens pour clamer “il faut réformer la police de fond en comble”. Ce n’est pas sérieux.

      • Vous me dites cela comme si j’avais soutenu le contraire. Si vous lisez mes papiers, vous verrez que votre commentaire rejoint exactement mon point de vue : une société dont la tendance est de trouver un coupable à sacrifier chaque fois qu’il y a un incident est une société qui pousse les acteurs à minimiser les risques, et donc à faire le moins possible.

        En me relisant je comprend votre remarque, mais mon idée était plutôt un désir de se conforter et de vous faire préciser ; désolé d’avoir consommé de votre “bande passante” intellectuelle qui est déjà fortement sollicité par ce blog.
        Je vous lis depuis l’origine ; nous n’avons aucune divergence de fond et notre colère triste de voir la société française péricliter alors que notre pays a tant d’atouts nous rapproche encore.

        Il faut accepter que dans la vie il y a des accidents qui n’ont pas de « coupable », qui résultent de concours de circonstances et d’erreurs humaines commises de bonne foi et qui s’expliquent par le contexte.

        Cette acceptation est l’une des choses la moins rependue qui soit ; on peu le comprendre de la part des victimes ou de leurs proche, et dans le temps de la stupeur, mais la versatilité de l’Homme-foule est sans cesse exaspérée et exploitée.
         

        • Descartes dit :

          @ Gerard Couvert

          [Je vous lis depuis l’origine ; nous n’avons aucune divergence de fond et notre colère triste de voir la société française péricliter alors que notre pays a tant d’atouts nous rapproche encore.]

          Aucune divergence de fond ? Je n’irai pas jusque-là… mais nous pouvons nous accorder je pense sur un programme minimum assez large. Le « gaullo-communisme » vit encore…

          [« Il faut accepter que dans la vie il y a des accidents qui n’ont pas de « coupable », qui résultent de concours de circonstances et d’erreurs humaines commises de bonne foi et qui s’expliquent par le contexte. » Cette acceptation est l’une des choses la moins rependue qui soit ; on peu le comprendre de la part des victimes ou de leurs proche, et dans le temps de la stupeur, mais la versatilité de l’Homme-foule est sans cesse exaspérée et exploitée.]

          Oui. Et ce processus est en train de détruire l’ensemble des institutions collectives. Aujourd’hui, servir la collectivité est devenu un risque. Du policier au maire, du professeur au haut fonctionnaire, aucun ne peut compter sur un minimum de bienveillance. Chacun exige qu’on reconnaisse son « droit à l’erreur », mais personne n’est prête à reconnaître celui de l’autre, surtout lorsque l’autre représente une institution. Si Nahel avait été victime de l’erreur d’un vigile de supermarché, on aurait à peine parlé. Mais comme l’erreur a été commise par un policier, on casse à hauteur de 760 M€ – estimation des assurances publiée ce matin.

          Pourquoi trouve-t-on de moins en moins de bons candidats aux élections municipales, aux concours de la fonction publique, à la direction des associations ? Parce que les gens en ont marre de répondre à des gens qui se comportent en clients et non en usagers. Quand je préside un petit club de sport et que les parents respectent mon travail, je veux bien faire du bénévolat. Mais quand ils commencent à me traiter comme si j’étais le gérant d’un club privé, sur le mode « je paye et donc j’ai le droit », alors qu’ils aillent se faire voir.

  11. Baruch dit :

    Je viens de lire ceci à l’instant, car je cherchais à voir quels pouvaient être les “programmes” de la petite section de Maternelle.Non seulement une phraséologie bien lourdingue, mais une orthographe plus que hasardeuse.Je vous envoie l’objet de mon étonnement, non sans avoir vérifié que l’orthographe était fautive et que je je me trompais pas .Le Ministère pourrait se relire !C’est secondaire bien sûr, mais tout de même énervant.

    • Descartes dit :

      @ Baruch

      [Je viens de lire ceci à l’instant, car je cherchais à voir quels pouvaient être les “programmes” de la petite section de Maternelle. Non seulement une phraséologie bien lourdingue, mais une orthographe plus que hasardeuse]

      Je crains que vous ayez omis de mettre le lien vers le site que vous avez consulté. Mais j’imagine le tableau. Depuis quelques années, la consultation des programmes est un exercice réservé aux masochistes…

      • P2R dit :

        @ Descartes
        [Depuis quelques années, la consultation des programmes est un exercice réservé aux masochistes…]
         
        Et pas qu’à la maternelle.. L’année dernière une amie prof de français avait regardé le programme du CAPES de lettres modernes.. outre le fait que l’épreuve d’ancien français (la plus technique) avait purement et simplement disparu, le programme officiel mentionnait trois œuvres à étudier.. Lorsque mon amie avait passé son examen en 2001, le programme était le même chaque année et s’intitulait sobrement “La littérature française” !!!
         
         

        • Descartes dit :

          @ P2R

          [Et pas qu’à la maternelle… L’année dernière une amie prof de français avait regardé le programme du CAPES de lettres modernes… outre le fait que l’épreuve d’ancien français (la plus technique) avait purement et simplement disparu, le programme officiel mentionnait trois œuvres à étudier. Lorsque mon amie avait passé son examen en 2001, le programme était le même chaque année et s’intitulait sobrement “La littérature française” !!!]

          Je sais bien que rien n’embellit autant le passé qu’une mauvaise mémoire. Mais lorsque je lis les programmes de mathématiques, de physique ou de chimie en terminale aujourd’hui et je compare avec ceux que j’avais eu à passer… j’ai envie de pleurer. Et ce n’est pas seulement la liste des concepts, mais l’esprit qui pose problème. Ainsi, dans les programmes de mathématiques qui avaient suivi la réforme de 1970 – les mathématiques étaient alors dans le tronc commun – on précisait les propriétés « sans démonstration », ce qui implicitement indiquait que, à défaut d’indication, la démonstration était présumée faire partie du programme. Dans le programme de spécialité d’aujourd’hui – qui n’est suivi que par les élèves se destinant aux études scientifiques – les résultats à démontrer sont au contraire listés limitativement, ce qui suppose que touts les autres sont admis.

  12. Paul Zwilling dit :

    Bonjour,
    Je commence par faire la publicité des “rencontres de la souveraineté” qui se tiendront à Nîmes le 23 et 24 septembre. Elles sont animées par République souveraine (Djodje Kuzmanovic) et Oser la France (Julien Aubert). Je m’y suis inscrit, car je trouve que, outre la qualité des intervenants, elles dépassent le clivage droite/gauche. 
    Autre information: le non-lieu pour les gendarmes impliqués dans le décès d’Adama Traoré. Après de nombreuses expertises et contre-expertises… et pourtant, la belle Assa, icône assimilée à Angela Davis, persiste dans la dénonciation de l’Etat policier, au mépris de cette décision de justice, et appelle encore à jeter de l’huile sur le feu.
    Je suis intéressé par la réflexion que tu as faite concernant le changement de nature de l’Etat depuis Marx. Je pense que c’est un des axes majeurs de notre réflexion, réflexion sans laquelle les gauchistes choisissent l’Etat pour cible. Outre un retour nécessaire à Hobbes, aux fondements du monopole de la violence légitime, comment ne pas voir que dans les quartiers, c’est la loi qui est réclamée par la population, avec ses outils ?
    Je sais que mon commentaire est un peu fouillis, mais il y a néanmoins une question qui me gêne: comment le chef de l’Etat peut-il décider seul d’envoyer du matériel militaire à l’Ukraine ? N’y a-t-il pas là un dévoiement de la fonction présidentielle ? Ne doit-il pas au moins y avoir un débat parlementaire ? Même si je sais bien qu’une majorité de parlementaires donneraient leur accord… J’aurais aimé que la France fasse entendre un autre son de cloche que le bellicisme, comme naguère lors de l’invasion américaine de l’Irak. 

    • Descartes dit :

      @ Paul Zwilling

      [Je commence par faire la publicité des “rencontres de la souveraineté” qui se tiendront à Nîmes le 23 et 24 septembre. Elles sont animées par République souveraine (Djodje Kuzmanovic) et Oser la France (Julien Aubert). Je m’y suis inscrit, car je trouve que, outre la qualité des intervenants, elles dépassent le clivage droite/gauche.]

      En effet, la qualité des organisateurs laisse augurer d’échanges intéressants. Je ne sais pas si je serai dans le voisinage à ces dates, mais si je le suis j’irai faire un tour.

      [Autre information : le non-lieu pour les gendarmes impliqués dans le décès d’Adama Traoré. Après de nombreuses expertises et contre-expertises… et pourtant, la belle Assa, icône assimilée à Angela Davis, persiste dans la dénonciation de l’Etat policier, au mépris de cette décision de justice, et appelle encore à jeter de l’huile sur le feu.]

      C’était couru d’avance. Assa Traoré – que ne je trouve pas si belle que ça, mais c’est une question de goût – a trouvé une cause, une raison de vivre et – last but not least – un bon prétexte pour se faire inviter partout et, si je crois certaines mauvaises langues, une source de revenus. Pensez-vous qu’elle va abandonner le filon simplement parce que les juges ne lui donnent pas satisfaction ?

      [Je suis intéressé par la réflexion que tu as faite concernant le changement de nature de l’Etat depuis Marx. Je pense que c’est un des axes majeurs de notre réflexion, réflexion sans laquelle les gauchistes choisissent l’Etat pour cible. Outre un retour nécessaire à Hobbes, aux fondements du monopole de la violence légitime, comment ne pas voir que dans les quartiers, c’est la loi qui est réclamée par la population, avec ses outils ?]

      Oui, c’est une réflexion essentielle. Quand on discute avec des gens « de gauche », c’est une espèce de dogme incontestable que la loi est « faite pour les puissants ». C’est une vision un peu schématique, mais admettons un instant que ce soit vrai. Est-ce que pour autant les faibles ont intérêt à ce que les lois ne soient pas appliquées ? La réponse, si l’on réfléchit un peu, est négative. Si on laisse de côté la loi, alors les rapports humains sont ramenés à des rapports de force. Et dans le rapport de force, c’est le plus fort – le puissant – qui imposera toujours sa volonté. Autrement dit, le puissant n’a pas besoin de lois puisqu’il a la force avec lui. C’est le faible, le dominé, qui a intérêt à sortir du rapport de forces. Pour lui, la pire des lois vaut mieux que pas de loi du tout.

      Et qui dit loi, dit une institution capable de la faire respecter, y compris par les puissants. C’est pourquoi les classes dominantes n’ont jamais voulu un Etat fort : parce que l’Etat est le seul contrepoids à leur pouvoir. Mais « la gauche » ne fait pas ce raisonnement : pour elle, au contraire, il faut affaiblir l’Etat, le transformer en une simple caisse d’allocations…

      [Je sais que mon commentaire est un peu fouillis, mais il y a néanmoins une question qui me gêne : comment le chef de l’Etat peut-il décider seul d’envoyer du matériel militaire à l’Ukraine ? N’y a-t-il pas là un dévoiement de la fonction présidentielle ? Ne doit-il pas au moins y avoir un débat parlementaire ? Même si je sais bien qu’une majorité de parlementaires donneraient leur accord…]

      Dans votre question il y a la réponse. Si les parlementaires voulaient un débat, ils l’auraient demandé. Mais vous noterez que personne ne le demande trop fort. Finalement, tout le monde est bien content de laisser ce genre de décisions à l’éxécutif…
      [J’aurais aimé que la France fasse entendre un autre son de cloche que le bellicisme, comme naguère lors de l’invasion américaine de l’Irak.]

      Moi aussi. Mais attendre des larves qui nous gouvernent qu’elles aient du caractère et une réflexion personnelle… c’est beaucoup demander.

  13. Geo dit :

     
    À Gérard Couvert:
     
    [Que ce soit pour la location de “grosses berlines allemandes” ou pour la vente de feux d’artifices on retrouve des sociétés Polonaises sans morale ni frein alors qu’elles savent qui sont leurs clients ; si l’on ajoute les F16 achetés le jour de l’entrée dans l’UE, les F35 et les chars Coréens achetés dans le cadre de la guerre américaine en Ukraine, cela n’incite pas à un amour de ce pays (en fait des allemands parlant russe).]
    Les Polonais NE SONT PAS des allemands parlant russe. C’est aussi factuellement faux que de parler de la Russie comme d’un “Congo nucléaire”, performance réalisée il  a quelque années lors d’une émission télé par un spectateur trop entiché de slogan.
    Je sais qu’ Emmanuel Todd est un personnage discutable, mais relisez “La troisième planète” livre commis il y a nombre d’années et donc peu suspect d’être influencé par l’actualité: si vous trouvez le moindre point commun entre ce qui est dit du fond anthropologique de la Russie et ce qui est dit de la Pologne, vous êtes pour le moins volontariste. Les Polonais pourraient plus valablement être croqués comme des Français parlant slave, sinon Russe. C’est conforme au sentiment de familiarité que vous donneront les polonais si vous avez l’occasion de voyager dans le pays. Si vous réagissez comme moi, les Russes vous laisseront une impression de dureté assez exotique. (Là encore, souvenir de bien avant l’actualité.)
     

    • FB67 dit :

      Emmanuel Todd est un personnage discutable…
      Pourriez-vous préciser?

    • J’ai visité la Pologne et je n’ai pas eu de sentiment de familiarité en revanche nombre de mots m’ont semblé proches du Russe (que j’ai jadis étudié). Cet été j’ai eu la -bonne- surprise de voir que la maison de vacance voisine de la mienne était occupée : un couple de polonais, fort sympathiques et leurs trois fils, nous avons donc échangé -en anglais !- lors de soirées où nous attendions que la chaleur sicilienne se dissipe, mon impression reste inchangée : des slaves germanisés. Leur tropisme étasunien est incroyable, mais ils sont de Gdynia à coté de Gdansk (ville Prussienne !), donc bien proches de Kaliningrad ! Et puis on ne peut que s’entendre avec des personnes ayant eu le courage d’acheter une maison au sud de la Sicile (ils étaient quand même bien contents de profiter de notre expérience).
       

  14. marc.malesherbes dit :

    Il faut comprendre la subtile différence qu’il y a entre « l’interprétation de la loi » et la « qualification juridique des faits ». Lorsque le juge décide si le fait de porter ou non le voile peut fausser le scrutin, il n’interprète pas la loi – car la loi dit explicitement que ce qui peut fausser le scrutin est interdit – mais examine si les faits peuvent ou non être qualifiés comme « faussant le scrutin ».
    Le juge a une liberté bien plus grande lorsqu’il s’agit de qualifier les faits que d’interpréter la loi. Et cela pour une raison simple : la qualification des faits s’applique à un cas d’espèce, en tenant compte de son contexte. L’interprétation de la loi, elle, crée une jurisprudence qui s’applique à l’ensemble des affaires. Et c’est pourquoi les juridictions sont bien plus surveillées lorsqu’il s’agit de changer l’interprétation de la loi…
     
    merci pour cette distinction qui m’avait complètement échappé, et que j’ignorai

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