Tout le monde veut sa place… mais personne ne veut gouverner!

Même une montre arrêtée peut afficher l’heure juste. Bien sûr, cela n’arrive que deux fois par jour, mais ça arrive. Et de même, il arrive aux pontifes qui hantent les émissions des chaînes d’information continue de dire quelque chose d’intéressant. L’autre jour, l’un de ces commentateurs multicartes a dit quelque chose qui m’a mis la puce à l’oreille. Commentant la difficulté à former un gouvernement, sa théorie était que la difficulté vient en grande partie du fait que nos politiciens ont tous le regard rivé sur 2027, et que par conséquent ils ne veulent pas vraiment aller au gouvernement. Car, si l’on croit ce commentateur, gouverner aujourd’hui c’est hypothéquer ses chances à l’élection présidentielle.

Cela m’a fait réfléchir. Pourquoi le fait de gouverner devrait faire baisser votre cote dans l’opinion ? C’est pourtant là une vérité admise par tous, au point qu’à droite comme à gauche on se féliciterait presque de ne pas avoir à gouverner, à exercer effectivement le pouvoir. Parce que l’exercice du pouvoir ne peut que dégrader votre image, vous faire perdre des voix, bref, réduire votre statut aux yeux des Français.

Pourtant, cela n’a pas été toujours comme ça. Pendant des décennies, il y avait une « prime au sortant » qui jouait au contraire en faveur de celui qui exerçait le pouvoir. De 1958 à 1978, ce qui fait tout de même vingt ans, la majorité de droite conduite par les gaullistes avait été systématiquement reconduite, l’électeur préférant celui qu’on pouvait juger sur ses réalisations à celui qu’on ne pouvait jauger qu’à ses promesses, promesses qui, comme le veut l’adage, n’engagent que ceux qui y croient. Cette « prime au sortant » joue d’ailleurs toujours en faveur des maires en dehors des métropoles, là où l’électeur peut apprécier directement les actions du sortant.

C’est tout de même étrange. Alors que chaque parti propose un programme merveilleux censé satisfaire une majorité de Français et conduire le pays vers le bonheur, et qu’ils nous jurent la main sur le cœur que ces programmes sont réalisables, ils craignent la sanction des électeurs. N’est-ce pas curieux ?

Mais peut-être se fondent-ils tout bêtement sur l’expérience. Depuis 1978, une seule majorité a été reconduite, aux élections de 2007, après l’élection de Nicolas Sarkozy. Le phénomène est assez intéressant pour mériter qu’on s’y arrête. Cela fait plus de quarante ans que toute législature – qu’elle soit de droite, de gauche ou de centre – se termine par un échec, que la majorité qui prétend à la réélection sur la base de son bilan est rejetée. Un phénomène qui contredit singulièrement la pratique des vingt années antérieures. Pourquoi ?

Au fond, cela traduit l’impuissance organisée du politique. Nos politiques ont bien compris que celui qui entre à Matignon a les attributs du pouvoir, mais guère plus. Une fois assis sur le trône, il peut gouverner… à condition d’obéir aux injonctions de Bruxelles, de rester à l’intérieur des contraintes imposées par les juges, de se soumettre aux règles et instances imposées par les traités internationaux, de ne pas mécontenter les lobbies, sans compter sur la pression des « barons » locaux, à qui la décentralisation a donné beaucoup de pouvoir alors que c’est l’Etat qui, aux yeux des citoyens, reste responsable lorsque le toit du lycée fuit ou les trains n’arrivent pas à l’heure. Autrement dit, nous avons un système dans lequel les gouvernants ont les honneurs quand ça va bien, et encourent le blâme quand ça va mal, mais n’ont guère le pouvoir de changer ce qui compte. Ils sont payés pour prendre les coups de bâton pour les résultats de politiques largement décidées ailleurs, celles que leur prescrit le « cercle de la raison ».

Dans ces conditions, ils ne peuvent qu’échouer. Les politiques qu’ils peuvent faire, quels que soient leurs choix personnels, ne peuvent que conduire à l’appauvrissement du pays, à la dégradation des services publics, à approfondir le fossé entre ceux qui profitent de la mondialisation et ceux qui en sont les victimes. Parce que le système de contraintes a été construit de telle manière que ce soient là les seules politiques possibles. Et un gouvernement qui met en œuvre ces politiques ne peut que perdre des voix.

Ils ne peuvent qu’échouer parce que dans ce monde où, pour citer Clouscard, « tout est permis mais rien n’est possible », la politique est devenue du marketing. Les politiques ne sont plus là pour gouverner, mais pour nous faire rêver, en nous promettant un monde où tout le monde sera riche (à droite) ou heureux (à gauche), et peu importe si ce monde est impossible. Ceux qui comme Churchill n’ont à promettre que du sang, de la sueur et des larmes ne risquent pas de passer le premier tour. Le temps est plutôt à la promesse du diplôme sans effort, de la consommation sans production, du loisir sans travail. C’est pourquoi, une fois arrivés à Matignon ou à l’Elysée, nos politiques ne peuvent que décevoir leurs électeurs. Des électeurs qui n’y croient pas vraiment, mais qui se laissent séduire quand même.

Mais il y a une chose qu’il faut rappeler toujours. Les contraintes dont j’ai parlé plus haut ne sont pas imposées par la nature. Elles sont largement auto-imposées par ces élites qui ont organisé leur impuissance pour ne pas avoir de prendre des responsabilités. Ce système de contraintes, on peut le refuser si on est prêt à en payer le prix. Mais on ne sort de ce système qu’en prenant des mesures « révolutionnaires ». Le refus des politiques imposées de Bruxelles lorsqu’elles ne vont pas dans l’intérêt de la nation. La mise au pas des juges qu’il faut ramener à leur mission originale, qui est d’appliquer la loi. La dénonciation des obligations internationales souscrites par des gouvernants assoiffés de « succès diplomatiques » sans tenir compte de l’intérêt à long terme du pays. La réaffirmation de l’intérêt général par-dessus tous les lobbies, y compris en dénonçant publiquement leurs pressions. Le réexamen de la décentralisation, avec en tête le principe fondamental « pas de pouvoir sans responsabilité ». La fin d’une logique législative et réglementaire qui, pour reprendre la formule britannique, a le moteur d’une deux chevaux et les freins d’une Rolls-Royce.

Vous trouvez cela dur ? Je dirais plus, c’est aujourd’hui impossible. Une telle « révolution » a un coût, et personne ou presque ne veut le payer. Et ce n’est pas qu’une question d’argent : quel parent d’un cancre est prêt aujourd’hui à embrasser une école méritocratique ? Quel étudiant milite pour que le niveau d’exigence des examens soit remonté ? La réalité est que nos concitoyens sont attrapés dans un système qui fait plaisir à tout le monde quitte à s’endetter sans limite, dans lequel votre statut social est déterminé par ce que vous consommez, et non par ce que vous produisez. C’est un peu comme si on avait oublié qu’on n’arrive au royaume de la liberté qu’en passant par le royaume de la nécessité. On prend un énorme risque à réveiller un somnambule qui marche sur une corniche…

Pourtant, il va falloir. Et le nœud de l’affaire, c’est à mon sens la question de la production et du travail. Tout programme construit sur l’idée qu’il y aurait quelque part une corne d’abondance, et qu’il suffirait de distribuer ce qui en sort pour que tout le monde soit heureux est toxique. Rien ne nous est offert par la nature, et l’homme n’est devenu homme que par le travail. Pour se nourrir, pour se vêtir, pour se loger, il faut cultiver, tisser, bâtir. Pour savoir, il faut étudier. Pour jouer un instrument de musique, pour faire de la pâtisserie, même pour élever des enfants il faut une longue pratique faite de soucis, d’essais, d’échecs, d’efforts. Imaginer une vie sans effort, sans soucis, sans problèmes, où il suffirait d’aller dans un grand magasin où l’on pourrait tout prendre dans les rayons – diplôme, conjoint, enfants, vacances, savoir, statut social – et le payer avec une carte bleue qui se remplit toute seule, c’est non seulement se bercer de douces illusions, c’est refuser notre propre humanité.

Tout ce que nous avons, tout ce que nous savons, tout ce que nous sommes est le produit du travail. Du travail de nos parents, de nos maîtres, des générations qui nous ont précédées et, bien entendu, du nôtre et de ceux à qui nous empruntons. Le problème, c’est que nous empruntons de plus en plus et que notre travail produit de moins en moins… c’est là le problème fondamental de nos sociétés, celui qui devrait passer avant tous les autres. C’est pourquoi penser une « coalition » qui puisse gouverner le pays, c’est se mettre d’accord sur la manière dont les efforts et la valeur qu’ils produisent seront distribués entre les différentes couches de la société. L’atomisation du champ politique en onze groupes parlementaires – un record inégalé, même sous la IVème – incapables de se regrouper autour d’un projet politique traduit le refus des différents groupes de s’accorder autour de cette répartition. La formule de Mélenchon « tout le programme, rien que le programme » est un très bon résumé de ce refus de chacun de comprendre l’autre. Vous imaginez ce que cela aurait donné si le PCF en 1944 avait prétendu du CNR qu’il retienne « tout son programme » ?  

Il faudrait une crise profonde, très profonde, pour avoir l’espoir de voir quelque chose bouger. En attendant, comme le disait un politique, « gouverner restera une pénible corvée entre deux élections ». Une corvée si pénible, qu’on ne trouvera bientôt plus que des jeunes sans expérience ou des nullités venant de la « société civile » pour la faire.

Descartes

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46 réponses à Tout le monde veut sa place… mais personne ne veut gouverner!

  1. Manchego dit :

     @ Descartes
    ***Ils sont payés pour prendre les coups de bâton blâme de politiques largement décidées ailleurs, celles que leur prescrit le « cercle de la raison ».***
    Le “cercle de la raison” est puissant, il peut corrompre et imposer ses hommes de paille (on peut d’ailleurs s’étonner que Anticor n’arrive pas à retrouver sont agrément).
    En sortir ne sera pas facile car aucun des partis présidentiables ne travaille sur la question (a supposer qu’ils admettent le constat que vous faites et que je partage largement), ou bien si ils y travaillent ils sont très discrets. Et puis pour le moment les perdants sont relativement minoritaires et sur le Titanic le champagne coule à flots…

    • Descartes dit :

      @ Manchego

      [Le “cercle de la raison” est puissant, il peut corrompre et imposer ses hommes de paille (on peut d’ailleurs s’étonner que Anticor n’arrive pas à retrouver sont agrément).]

      Il ne faut pas tomber dans le complotisme. Le “cercle de la raison” n’est pas une organisation secrète douée de volonté et pouvant “corrompre” ou “imposer ses hommes”. C’est une image pour désigner un groupe social qui partage des intérêts, et qui agit donc dans le même sens sans avoir à se concerter ou à organiser quoi que ce soit. Et ce groupe distille une idéologie, celle qui déguise ses intérêts particuliers sous l’apparence de politiques “raisonnables”.

      [Et puis pour le moment les perdants sont relativement minoritaires et sur le Titanic le champagne coule à flots…]

      Et surtout, personne ne propose une alternative.

  2. Tintin dit :

    « Tout est permis mais rien n’est possible »
    La formule est de Michel Clouscard, pas de Michéa

  3. bernard dit :

    Bonjour
    Il me semble que le nouveau Front populaire veut gouverner ? ou c’est une partie de poker menteur entre tous les protagonistes de ce  Nouveau Front Populaire sous la Houlette de notre président de la république 
    J’ai écouté Henri Guaino sur le sujet qui lui craint que les institutions vont en souffrir comme un peu le bazard a l’assemblée 
     

    • Descartes dit :

      @ bernard

      [Il me semble que le nouveau Front populaire veut gouverner ? ou c’est une partie de poker menteur entre tous les protagonistes de ce Nouveau Front Populaire sous la Houlette de notre président de la république]

      Dire « le Nouveau Front Populaire veut… », c’est déjà un abus de langage, puisque le NFP n’a aucune instance de décision qui permette de savoir ce qu’il veut. Le NFP, c’est quatre partis plus un certain nombre de groupuscules, chacun ayant sa propre stratégie, ses propres choix tactiques, ses propres objectifs. Si vous me dites qu’Olivier Faure veut, selon toute probabilité, gouverner, je serais plutôt d’accord. Mais j’ai mes doutes quant à la volonté de gouverner de LFI. Or, c’est LFI qui impose, sinon ses candidats, au moins sa stratégie au NFP, non seulement parce qu’ils ont le groupe le plus nombreux, mais surtout parce que, comme disait Sun Tzu, la victoire va non aux armées les plus nombreuses mais aux armées les plus décidées. Et parce que Mélenchon, on l’a dit ici, a beau être un piètre stratège, il reste un tacticien hors pair.

      Pour moi, la tactique de Mélenchon est claire : il a saboté tous les candidats présentés par ses partenaires et qui auraient pu être acceptés par Emmanuel Macron, et a proposé systématiquement des personnalités qui n’avaient aucune chance d’être retenues par le président à juste titre, pour la simple raison qu’elles n’ont aucune chance d’éviter une motion de censure. Et lorsque finalement LFI accepte une candidate proposée par les socialistes, c’est surtout parce que c’est une illustre inconnue venue de la société civile sous l’aile des socialistes, qui n’a la moindre chance d’obtenir le poste. Bien sûr, au point où nous en sommes il n’est pas exclu que l’empereur fasse d’un cheval un sénateur, mais je ne pense pas – je me trompe peut-être – qu’on soit encore tombé si bas.

      [J’ai écouté Henri Guaino sur le sujet qui lui craint que les institutions vont en souffrir comme un peu le bazard a l’assemblée]

      Vous avez là une bonne référence. Je ne suis pas toujours d’accord avec lui, mais ce qu’il dit est toujours intelligent et donne matière à réflexion.

  4. Cording1 dit :

    Si, en ce moment seulement, le fait de gouverner vous rend impopulaire c’est d’abord le fait que l’élection présidentielle est l’acte majeur de notre vie politique. Les partis et leurs dirigeants ne pensent plus, n’ont plus aucune réflexion approfondie si tant est qu’ils en aient eu. Pour eux une élection chasse l’autre. Ils ne font que de la com’ pour mettre en scène de présumées différences. Ils n’ont plus que des écuries de présidentiables.
    D’autre part la classe dirigeante sait qu’elle fait une politique qui les rend impopulaires : une politique néolibérale sous l’alibi d’une Europe qu’elle-même a mis en place fondée notamment sur le déni du vote démocratique du 29 mai 2005. Cette politique néolibérale vise à mettre l’Etat au service des entreprises et non plus de citoyens donc à dépolitiser la gestion économique et sociale par notamment la multiplication d’autorités dites indépendantes non élues dont l’UE est la quintessence. Pour elle et tous les néolibéraux comme disaient Ronald Reagan et Margaret Thatcher l’Etat est le problème et non la solution. Or nos compatriotes attendent plus de l’Etat selon notre histoire politique, économique, sociale et culturelle. Ce pourquoi, dans mes souvenirs, Lionel Jospin en campagne électorale en 2002 s’est trouvé fort désarmé face à des ouvriers de la société LU qui attendaient de lui la sauvegarde de leurs emplois. Ce qui est toujours d’actualité mais que notre classe politique telle l’aristocratie d’Ancien régime méprise comme archaïque. Les déplorables, les pauvres, les incultes en économie qui osent réclamer cela. Quand ils ne sont pas traités de racistes et fascistes.

    • Descartes dit :

      @ Cording1

      [Si, en ce moment seulement, le fait de gouverner vous rend impopulaire c’est d’abord le fait que l’élection présidentielle est l’acte majeur de notre vie politique.]

      Pourquoi ? Qu’est ce qui vous fait penser que si demain l’élection législative était « l’acte majeur de notre vie politique » le fait de gouverner serait moins redouté ? Vous avez le droit de penser que l’élection présidentielle au suffrage universel est une mauvaise idée, mais la rendre coupable de tous les maux de notre système, cela me paraît un peu exagéré.

      [Les partis et leurs dirigeants ne pensent plus, n’ont plus aucune réflexion approfondie si tant est qu’ils en aient eu. Pour eux une élection chasse l’autre. Ils ne font que de la com’ pour mettre en scène de présumées différences. Ils n’ont plus que des écuries de présidentiables.]

      Oui, mais cela n’a pas toujours été comme ça. Pour parler du parti que je connais le mieux, le PCF, il fut un temps où il avait plusieurs revues théoriques (« La Pensée », dont le sous-titre était « la revue du rationalisme moderne » ; les « Cahiers du communisme »…). Le PCF avait créé l’institut Maurice Thorez, devenu plus tard « institut de recherches marxistes », qui publiait lui aussi une revue théorique. Et à cela s’ajoutaient les travaux des « sections » auprès du Comité central, dont la « section économique », qui comptait plusieurs économistes de premier niveau comme Phililppe Herzog, ou la section consacrée à la réflexion institutionnelle animée par Anicet Le Pors. A cela s’ajoutait un système de formation comportant des écoles échelonnées, des « écoles de cellule » et des « écoles de section », accessibles aux militants de base, jusqu’aux « écoles fédérales » et « l’école centrale », ouvertes aux cadres du niveau correspondant. J’imagine que les autres partis avaient des systèmes équivalents, peut-être moins développés mais relativement consistants.

      Mais surtout, les partis avaient des militants. Et les militants jouaient un rôle essentiel : ils étaient présents dans les usines, dans les bureaux, dans les magasins, dans les marchés. Ils discutaient, ils écoutaient, et ils pouvaient faire remonter au niveau supérieur leur ressenti, leurs observations, leur sentiment. Cela permettait aux dirigeants, qui n’avaient plus ni le temps ni la possibilité d’être en prise directe avec le terrain, de ne pas perdre contact avec la réalité. Pour moi, le problème est que ce lien a été rompu. Dans les partis sans militants de base, les cadres ne fréquentent plus que des gens comme eux, ils n’entendent que leur propre discours renvoyé par des gens comme eux, ne voient que leur image dans un miroir. C’est pourquoi on entend des discours du genre « les Français veulent que… » suivi en général de quelque chose dont les Français s’en foutent. On a remplacé les remontées du terrain faites par les militants par des sondages.

      [D’autre part la classe dirigeante sait qu’elle fait une politique qui les rend impopulaires : une politique néolibérale sous l’alibi d’une Europe qu’elle-même a mis en place fondée notamment sur le déni du vote démocratique du 29 mai 2005.]

      Certes. Mais comment expliquer que des politiques, dont l’intérêt individuel serait plutôt de se faire réélire, fassent des politiques qui ne peuvent que compromettre cette réélection ? Finalement, nos hommes et femmes politiques seraient-ils moins « démagogues » qu’on pourrait le croire ?

      • Cording1 dit :

        Je n’ai pas dit ni ne pense que l’élection du président au suffrage universel soit une mauvaise chose, simplement tous les acteurs du jeu politique ont les yeux tournés vers celle de 2027. Je ne le rends donc pas cependant responsable de tous les mots. Par ailleurs le quinquennat dont j’étais et reste hostile était censé nous éviter des cohabitations donc les problèmes issus d’une dissolution inutile et hasardeuse d’un jeune et immature président. 
        Merci pour toutes les précisions que vous apportez à propos des éléments de formation politique et intellectuelle qu’apportait votre Parti à ses membres. Mon député Stéphane Peu est présumé avoir fait les écoles du Parti, n’est-ce pas ?
        Je suis d’une génération qui a commencé à faire de la politique à partir du moment où le monde politique que vous décrivez avait déjà disparu. Un ami en a fait partie et parfois m’en parle de ce temps où il était au PCF, celui de Georges Marchais. Je me souviens qu’après avoir fait partie des exclus de la CFDT-PTT en décembre 1988 par sa confédération une camarade syndicaliste à F.O. avait son mari au PS auquel on a fait comprendre qu’il n’était pas à sa place en ce parti.
        Quant à la classe dirigeante jusqu’à Macron les alternances successives permettaient d’espérer revenir rapidement au pouvoir limitant ainsi les effets d’une défaite somme toute passagère. Hollande, peut-être, l’espère, comme Sarkozy en Macron-compatible, et même Giscard l’espérait mais en vain. De plus il y a chez eux un consensus politique, UE oblige.

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [Je n’ai pas dit ni ne pense que l’élection du président au suffrage universel soit une mauvaise chose, simplement tous les acteurs du jeu politique ont les yeux tournés vers celle de 2027. Je ne le rends donc pas cependant responsable de tous les maux.]

          C’était mon point. Le problème n’est pas que les acteurs politiques aient les yeux tournés vers l’élection présidentielle. Le problème est qu’aujourd’hui on ne peut gagner l’élection présidentielle en proposant un bon projet puis en le mettant en œuvre. Parce que le système de contraintes fait que lorsqu’on présente un bon projet on ne peut ensuite le mettre, et on ne peut donc que décevoir. Du coup, pour être élu mieux vaut ne pas être aux responsabilités…

          [Par ailleurs le quinquennat dont j’étais et reste hostile était censé nous éviter des cohabitations donc les problèmes issus d’une dissolution inutile et hasardeuse d’un jeune et immature président.]

          J’ai toujours trouvé absurde cette idée que le quinquennat allait « éviter les cohabitations ». C’est d’ailleurs un non-sens démocratique : est-il normal que lorsque le président a perdu le soutien des Français il puisse continuer à gouverner pendant des années, protégé par les institutions ? C’est tout le contraire de l’esprit de la Vème, qui impliquait un président élu sur le long terme… mais qui retourne devant les électeurs fréquemment pour revalider son mandat. Et qui démissionne s’il n’a plus le soutien du peuple.

          [Merci pour toutes les précisions que vous apportez à propos des éléments de formation politique et intellectuelle qu’apportait votre Parti à ses membres. Mon député Stéphane Peu est présumé avoir fait les écoles du Parti, n’est-ce pas ?]

          Si ma mémoire ne me trompe pas, il est né en 1962. Il a donc tout juste l’âge pour avoir profité des derniers feux du PCF. Et je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il n’a pas une bonne formation politique, quelque soient les critiques que peuvent lui valoir un positionnement qui n’est pas tout à fait dénoué d’arrières-pensées…

          [Quant à la classe dirigeante jusqu’à Macron les alternances successives permettaient d’espérer revenir rapidement au pouvoir limitant ainsi les effets d’une défaite somme toute passagère.]

          La force de Macron est essentiellement la faiblesse de ses concurrents. Le RN avec un électorat trop composite, peine a tenir une ligne politique et manque de cadres. La gauche n’a pas de projet, entre un PS dont les différences avec le macronisme sont largement cosmétiques, une « France insoumise » qui n’a d’autre projet que de bordéliser le système en espérant magiquement une « révolution citoyenne », des écologistes qui ne savent que se battre entre eux, et un PCF qui ne pense qu’à sauver ses meubles. Quant à LR…

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [Je n’ai pas dit ni ne pense que l’élection du président au suffrage universel soit une mauvaise chose, simplement tous les acteurs du jeu politique ont les yeux tournés vers celle de 2027. Je ne le rends donc pas cependant responsable de tous les maux.]

          C’était mon point. Le problème n’est pas que les acteurs politiques aient les yeux tournés vers l’élection présidentielle. Le problème est qu’aujourd’hui on ne peut gagner l’élection présidentielle en proposant un bon projet puis en le mettant en œuvre. Parce que le système de contraintes fait que lorsqu’on présente un bon projet on ne peut ensuite le mettre, et on ne peut donc que décevoir. Du coup, pour être élu mieux vaut ne pas être aux responsabilités…

          [Par ailleurs le quinquennat dont j’étais et reste hostile était censé nous éviter des cohabitations donc les problèmes issus d’une dissolution inutile et hasardeuse d’un jeune et immature président.]

          J’ai toujours trouvé absurde cette idée que le quinquennat allait « éviter les cohabitations ». C’est d’ailleurs un non-sens démocratique : est-il normal que lorsque le président a perdu le soutien des Français il puisse continuer à gouverner pendant des années, protégé par les institutions ? C’est tout le contraire de l’esprit de la Vème, qui impliquait un président élu sur le long terme… mais qui retourne devant les électeurs fréquemment pour revalider son mandat. Et qui démissionne s’il n’a plus le soutien du peuple.

          [Merci pour toutes les précisions que vous apportez à propos des éléments de formation politique et intellectuelle qu’apportait votre Parti à ses membres. Mon député Stéphane Peu est présumé avoir fait les écoles du Parti, n’est-ce pas ?]

          Si ma mémoire ne me trompe pas, il est né en 1962. Il a donc tout juste l’âge pour avoir profité des derniers feux du PCF. Et je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il n’a pas une bonne formation politique, quelque soient les critiques que peuvent lui valoir un positionnement qui n’est pas tout à fait dénoué d’arrières-pensées…

          [Quant à la classe dirigeante jusqu’à Macron les alternances successives permettaient d’espérer revenir rapidement au pouvoir limitant ainsi les effets d’une défaite somme toute passagère.]

          La force de Macron est essentiellement la faiblesse de ses concurrents. Le RN avec un électorat trop composite, peine a tenir une ligne politique et manque de cadres. La gauche n’a pas de projet, entre un PS dont les différences avec le macronisme sont largement cosmétiques, une « France insoumise » qui n’a d’autre projet que de bordéliser le système en espérant magiquement une « révolution citoyenne », des écologistes qui ne savent que se battre entre eux, et un PCF qui ne pense qu’à sauver ses meubles. Quant à LR…

      • Vincent dit :

        “Dans les partis sans militants de base, les cadres ne fréquentent plus que des gens comme eux, ils n’entendent que leur propre discours renvoyé par des gens comme eux, ne voient que leur image dans un miroir.”
         
        Je ne connais pas le RN, mais de ce que j’ai pu voir ou entendre, au-delà de l’absence de militants “de base”, les états-majors se foutent totalement de ce que peuvent penser les militants (généralement des profils cadres) 

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [Je ne connais pas le RN, mais de ce que j’ai pu voir ou entendre, au-delà de l’absence de militants “de base”, les états-majors se foutent totalement de ce que peuvent penser les militants (généralement des profils cadres)]

          Je ne connais pas non plus le RN “de l’intérieur”, alors je peux difficilement vous répondre. Mais je trouve que le RN “colle” beaucoup mieux à l’humeur du pays que les autres organisations politiques. Si Marine Le Pen & Co arrivent à ce résultat sans bénéficier des remontées du terrain à travers les militants, chapeau!

          • Vincent dit :

            Je parlais des états-majors de partis autres que le RN (et le PCF) pour lesquels je n’ai pas d’informations.

            • Descartes dit :

              @ Vincent

              [Je parlais des états-majors de partis autres que le RN (et le PCF) pour lesquels je n’ai pas d’informations.]

              J’avais mal compris. Les partis en dehors du RN et du PCF ont très peu de militants “de base”. Une fois que vous laissez de côté les élus, les cadres politiques, les fonctionnaires dépendant des élus, et ceux qui aspirent à l’être – qui vivent dans leur monde et n’ont avec ceux qui se lèvent tôt le matin pour aller bosser pour un patron qu’un rapport lointain – il ne reste plus grand monde à écouter. Le militant dont le revenu ne dépend pas du résultat des élections devient un animal en voie d’extinction. Les partis “de gouvernement” sont essentiellement des écuries électorales, qui regroupent des gens qui, de près ou de loin, vivent de l’activité politique. C’est plus un “lieu de travail” qu’une activité citoyenne.

  5. Pierre dit :

    “Olivier Faure veut, selon toute probabilité, gouverner”…soit à peu près comme tout un chacun dans le marigot politique actuel. Qui serait effectivement prêt à se ranger derrière lui et son (très hypothétique) programme ? Le PS, combien de divisions ? Probablement autant que d’adhérents à jour de cotisation. 
     
    Et puis… est-il réellement possible de gouverner en régime de libre échange ?
    Je suis actuellement en vacances en Bulgarie et constate quotidiennement que toute spécificité locale fond comme neige au soleil : les mêmes références de consommation et comportementales que partout ailleurs au Globalistan. Même le cyrillique a complètement disparu des enseignes de la principale artère commerciale de Sofia, au profit de l’alphabet latin. Et quelle ne fût pas ma surprise de découvrir, sur le même boulevard (il n’y a pas de hasard) une immense affiche (au moins 10m de haut) vantant les mérites… de l’OTAN !! Ce qui est quand-même un comble quand chaque coin de rue rappelle que c’est la Russie qui a fait renaître la Bulgarie après 5 siècles de domination ottomane (guerre de 1877/78).
    Est-il possible de véritablement gouverner quand les esprits sont aussi colonisés ? Comment imposer des efforts à une population qui ne rêve que d’un nouveau tatouage, d’un sac Gucci et pense en globish ?
    Le contraste est fort avec le voisin serbe, qui affiche sa fierté nationale à tous les coins de rue et accepte (aujourd’hui) d’en payer le prix (économique et en facilités de circulation) fort. Mais je ne doute pas que l’entrée dans Schengen fasse rapidement un sort à cette “serbité toxique”.
     
    Tout cela pour dire que même si le pauvre Olivier avait un programme, il n’aurait pas de troupes et gouvernerait constamment à rebours des aspirations profondes de sa population. Comment ne pas être cynique et se battre pour autre chose qu’une indemnité confortable et une voiture de fonction ?

    • Descartes dit :

      @ Pierre

      [“Olivier Faure veut, selon toute probabilité, gouverner”…soit à peu près comme tout un chacun dans le marigot politique actuel.]

      Mon point est précisément que tout le monde veut les postes, mais personne ne veut vraiment gouverner, c’est-à-dire, prendre les décisions difficiles et souvent tragiques que l’exercice du pouvoir suppose.

      [Et puis… est-il réellement possible de gouverner en régime de libre échange ?]

      Plus on s’impose de ne pas « fausser les marchés », et moins il est possible de « gouverner ». Parce que toute décision politique touche de près ou de loin l’équilibre des marchés… l’idéal d’une société exclusivement régulée par le marché est l’idéal d’une société sans politique.

      [Est-il possible de véritablement gouverner quand les esprits sont aussi colonisés ? Comment imposer des efforts à une population qui ne rêve que d’un nouveau tatouage, d’un sac Gucci et pense en globish ?]

      Consolez-vous, la réalité finit toujours par se venger… et la réalité est toujours tragique.

  6. MJJB dit :

    Les politiques que les gouvernants peuvent faire, quelque soient leurs choix personnels, ne peuvent que conduire à l’appauvrissement du pays, à la dégradation des services publics, à approfondir le fossé entre ceux qui profitent de la mondialisation et ceux qui en sont les victimes. Parce que le système de contraintes a été construit de telle manière que ce soient là les seules politiques possibles. Et un gouvernement qui met en œuvre ces politiques ne peut que perdre des voix.

    Ou, comme Jean-Claude Juncker l’avait si bien résumé (in vino veritas !) : “nous savons ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment faire pour être réélus après l’avoir fait”…

    Il faudrait une crise profonde, très profonde, pour avoir l’espoir de voir quelque chose bouger.

    Je vois avec plaisir que, malgré tout ce qui me sépare de vous, il y a au moins quelqu’un à part moi qui pense cela…
    Blague à part : à part un coup de bambou de l’ampleur de celui de 1940, je ne vois pas ce qui pourrait être en mesure de nous réveiller d’un sommeil dogmatique si douillet. Quel type de cataclysme faudrait-il imaginer, pour que, par exemple, la bourgeoisie et les classes intermédiaires cessent de considérer l’intérêt national comme essentiellement antagoniste au leur ? Est-ce seulement encore possible ? Quant à un scénario de type révolutionnaire, sur le modèle de 1789 ou de 1917, c’est-à-dire, l’élimination pure et simple de la classe dirigeante actuelle en tant que classe : cela ne risquerait-il pas de tourner à la guerre civile, et de détruire purement et simplement le pays ? Honnêtement, de quelque côté que je tourne ma réflexion, je n’aboutis qu’au défaitisme, voire au masochisme pur et simple ; et je préfère remettre ma tête dans le sable.

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [Ou, comme Jean-Claude Juncker l’avait si bien résumé (in vino veritas !) : “nous savons ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment faire pour être réélus après l’avoir fait”…]

      C’est une des rares choses qui me rendent Juncker sympathique. C’est l’un des rares dirigeants politiques qui soit un véritable cynique, qui ne se raconte pas à lui-même des histoires quant au véritable contenu de la construction européenne. Quant il a dit « il n’y a pas de décision démocratique contre les traités européens », il a mis les pieds dans le plat explicité ce qu’a toujours été l’objectif des européistes : liquider les souverainetés nationales. Quand il explique que « nous savons ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment faire pour être réélus après l’avoir fait », il admet publiquement que les politiques qu’il « faut faire » ne sont pas celles que les citoyens veulent…

      [Blague à part : à part un coup de bambou de l’ampleur de celui de 1940, je ne vois pas ce qui pourrait être en mesure de nous réveiller d’un sommeil dogmatique si douillet. Quel type de cataclysme faudrait-il imaginer, pour que, par exemple, la bourgeoisie et les classes intermédiaires cessent de considérer l’intérêt national comme essentiellement antagoniste au leur ? Est-ce seulement encore possible ?]

      Le seul scénario que je puisse concevoir aujourd’hui est celui d’une crise de la dette. Une situation où la montée en flèche des taux d’intérêts nous mettrait en situation de ne plus pouvoir emprunter, et nous obligerait alors à regarder la vérité des prix, et surtout obligerait notre classe politique à ouvrir le débat sur le partage des sacrifices. C’est à ce moment-là que la société sera obligée de se poser la question des alliances entre groupes sociaux pour faire une politique « nationale ».

      • Cording1 dit :

        La crise de la dette ? On en parle depuis au moins une décennie, je n’y crois pas en effet l’euro est surtout une construction politique pour imposer des politiques d’austérités aux salariés. Les politiques feront tout en accord avec les instances qu’ils ont mis en place pour sauvegarder se système. Souvenez-vous du “whatever it takes” de Mario Draghi. Les intellectuels les plus lucides et hostiles à l’euro tels Jacques Sapir et Emmanuel Todd sont bien plus prudents. Ce dernier se déclare un perdant de l’Histoire. Le système me parait bien verrouillé. 
        En effet les dirigeants jouent sur la peur de l’aventure que représenterait la sortie de l’euro. Il faut dire que depuis longtemps les souverainistes n’ont pas de dirigeants sérieux, rigoureux, constants et cohérents. Certains croient qu’il suffit de crier “Frexit Frexit Frexit comme des cabris.
        Parfois je pense qu’il faudrait qu’une partie des élites rejoigne les contestataire du système pour leur donner un projet et une crédibilité qu’ils n’ont pas. On a pu constater lors des élections législatives une partie des CSP+ et des retraités favorables au système ont voté pour le RN. Je me demande si l’arrivée au pouvoir du RN ne serait pas l’étape obligée de la décomposition du système euro-oligarchique. A moins que le scénario Meloni ne s’impose.

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [La crise de la dette ? On en parle depuis au moins une décennie,]

          « A force de parler de choses horribles, elles finissent par arriver ! » (réplique de Michel Simon dans « Drôle de drame », 1957)

          [je n’y crois pas en effet l’euro est surtout une construction politique pour imposer des politiques d’austérités aux salariés. Les politiques feront tout en accord avec les instances qu’ils ont mis en place pour sauvegarder ce système.]

          C’est un peu réducteur comme approche. Mais au-delà du débat sur les objectifs des créateurs de l’Euro – qui n’étaient d’ailleurs pas du tout les mêmes chez les uns et les autres – l’Euro a des effets économiques. Et l’un d’eux est d’avoir rompu le lien entre l’endettement excessif et la sanction des marchés. Autrefois, lorsque les gouvernements s’endettaient au-delà de leurs capacités de remboursement telles qu’anticipées par les acteurs économiques, les taux d’intérêt remontaient fortement, et cette remontée encourageait fortement les gouvernements à se désendetter. L’Euro a donné aux prêteurs l’illusion que chaque fois qu’ils prêtent à un état de la zone Euro, ils prêtent à l’Allemagne. Mais cette illusion, est-elle justifiée ? Si un pays européen se révèle incapable de rembourser, l’Allemagne est-elle prête à payer pour lui ?

          Sans la corde de rappel qu’est la sanction des marchés financiers, les états européens – et les électeurs – ont l’impression de pouvoir s’endetter sans limite. C’est là aussi une autre illusion. A un certain moment, il sera plus rentable pour un pays de faire défaut sur sa dette que de la payer… et à ce moment là le système entrera en crise.

          [Souvenez-vous du “whatever it takes” de Mario Draghi.]

          Si cela allait de soi, Mario Draghi n’aurait pas été obligé de mettre les points sur les « i ».

          [Les intellectuels les plus lucides et hostiles à l’euro tels Jacques Sapir et Emmanuel Todd sont bien plus prudents. Ce dernier se déclare un perdant de l’Histoire. Le système me parait bien verrouillé.]

          Il n’est pas donné aux hommes de prédire les révolutions…

          [En effet les dirigeants jouent sur la peur de l’aventure que représenterait la sortie de l’euro. Il faut dire que depuis longtemps les souverainistes n’ont pas de dirigeants sérieux, rigoureux, constants et cohérents. Certains croient qu’il suffit de crier “Frexit Frexit Frexit comme des cabris.]

          Tout à fait. J’ai cessé de croire à la possibilité d’organiser une sortie ordonnée de l’Euro ou de l’UE à l’issue d’une élection. Une telle sortie ne peut qu’être l’issue d’une crise grave, d’une situation révolutionnaire.

          • Cording1 dit :

            Une crise grave ou une situation révolutionnaire genre l’arrivée au pouvoir du RN ? En plus s’il arrivait à avoir une majorité parlementaire ? On ne peut rien exclure. En tous ça ne ressemblera à rien de connu.
            Il faut se souvenir que malgré le barrage républicain de juillet dernier le RN avait 2 députés en 2012, 89 en 2022 puis 143 dont 17 alliés le 7 juillet dernier. Il pourrait céder plus vite qu’on ne pense.

            • Descartes dit :

              @ Cording1

              [Une crise grave ou une situation révolutionnaire genre l’arrivée au pouvoir du RN ?]

              Je ne sais pas. J’imagine mal que l’arrivée du RN au gouvernement – ne confondons pas le gouvernement et le « pouvoir » – provoquerait une situation dans lequel l’affrontement de classes aux intérêts antagonistes ne pourrait être résolu que par une rupture radicale de l’ordre juridique et politique. Or, du moins pour l’indécrottable marxiste que je suis, c’est cela une « situation révolutionnaire ». Je peut concevoir que l’arrivée au pouvoir du RN produise un désordre façon mai 1968, mais il ne faut pas confondre agitation et révolution.

              En fait, toujours dans une logique indécrottablement marxiste, lorsque je pensais à une « crise grave » ou une « situation révolutionnaire », je pensais plutôt à l’aspect économique qu’à l’aspect institutionnel. Comme cela a été rappelé par CDG – commentateur avec qui, soit dit en passant, j’ai des sérieuses différences, mais aussi quelques points d’accord fondamentaux – nous finançons un haut niveau de vie – et par « nous » j’entends l’ensemble du monde occidental, toutes classes confondues – en puisant collectivement dans le capital constitué pendant les « trente glorieuses » et en nous endettant. Ceci est vrai dans tous les pays : En France, on a fait le choix de nous endetter collectivement, appauvrissant l’Etat pour enrichir les citoyens, d’où une dette publique stratosphérique. Dans les pays dits « frugaux », on a fait le choix inverse : la dette publique est restée plus raisonnable, et c’est la dette privée – on l’a vu avec l’affaire des subprimes – qui menace l’équilibre du système.

              Ce système, dans lequel une partie du monde joue les fourmis pour que l’autre puisse jouer les cigales n’est pas, à long terme, viable. Or, c’est sur ce système que repose la paix sociale, c’est en distribuant des chèques – avec de l’argent emprunté – et en offrant des produits bon marché qu’on calme les revendications des exploités. On l’a bien vu l’année dernière : dès que l’inflation a pointé son nez, que le pouvoir d’achat des couches populaires a été touché, la perspective d’un conflit social d’ampleur a été tellement perceptible que même un gouvernement « néolibéral » – du moins en paroles – et peu sensible au sort des couches populaires s’est senti obligé à distribuer de l’argent – quitte à dégrader pour cela les comptes de ceux qui gèrent les infrastructures, comme ce fut le cas avec le « bouclier énergétique », qui a couté 8 Md€ à EDF.

              La question de la production et de la distribution de la valeur produite a été occultée par ce système. Quand ce système entrera en crise – et tôt ou tard, lorsque les capacités d’emprunt et le capital contenu dans nos infrastructures sera épuisé – ces questions se poseront avec acuité, et la lutte des classes reprendra ses droits. C’est à cette « crise » là, qui peut aboutir à une situation révolutionnaire, que je faisais référence.

              [En plus s’il arrivait à avoir une majorité parlementaire ? On ne peut rien exclure. En tous ça ne ressemblera à rien de connu.]

              Pardon, cela ressemblerait à quelque chose de très connu : à l’arrivée du Parti socialiste au pouvoir en 1981. C’était à l’époque tout à fait inédit : un parti proclamant sa volonté de « rompre avec le capitalisme » et de « changer la vie », détenant à lui seul les principaux leviers de l’Etat, cela ne s’était jamais vu. Et il n’a pas manqué de bourgeoises qui ont caché leurs fourrures ou vidé leurs coffres dans les banques, croyant que les chars soviétiques allaient d’un moment à l’autre débouler sur les Champs Elysées et que les partageux allaient prendre leurs économies. Il n’a pas fallu très longtemps pour que tout rentre dans l’ordre, pour que le Parti socialiste remette au placard ses prétentions de changement, et se coule dans le moule néolibéral. Il ne faut donc pas surestimer les effets de l’arrivée au pouvoir d’un parti, quand bien même il proclamerait sa volonté de tout changer… Est-ce que le RN une fois au pouvoir suivrait le même chemin ? C’est très difficile à dire. Tout au plus, on peut faire des hypothèses. D’une part, le RN est bien plus dépendant du vote des couches populaires que ne l’était le PS de 1981. D’autre part, l’endettement et la dégradation des infrastructures de l’Etat font que les marges de manœuvre sont beaucoup plus étroites. Quelque soit le parti au pouvoir, il lui faudra faire des choix tragiques…

          • Cording1 dit :

            J’ajoute à mon précédent commentaire le souvenir de la regrettée Coralie Delaume qui rapportait le propos selon lequel ce serait l’Allemagne qui mettrait fin à la zone euro lorsqu’elle ne correspondra plus à ses intérêts. Il est évident que l’euro et sa zone monétaire est un DM bis.

            • Descartes dit :

              @ Cording1

              [J’ajoute à mon précédent commentaire le souvenir de la regrettée Coralie Delaume qui rapportait le propos selon lequel ce serait l’Allemagne qui mettrait fin à la zone euro lorsqu’elle ne correspondra plus à ses intérêts. Il est évident que l’euro et sa zone monétaire est un DM bis.]

              Oui. L’Euro a fabriqué un paradoxe intéressant. Au départ, les Allemands avaient peur que la monnaie unique n’accouche pas de « l’Europe des transferts ». C’est une question classique en théorie monétaire : imaginez une zone monétaire isolée, constituée de deux parties, dont l’une qu’on appellera A, vend à l’autre, qu’on appellera B, bien plus qu’elle n’achète. En l’absence de tout transfert, A accumulera de la monnaie, alors que B se videra progressivement. Et il arrivera un moment où B n’aura plus de monnaie du tout, et le système s’arrêtera…

              Pour éviter cette situation, il y a trois possibilités. Première solution : créer un système de transferts inconditionnels de A vers B – c’est ce qu’on pratique dans les états-nations comme le nôtre, l’exemple de la Corse étant peut-être le plus flagrant, mais cela suppose que A accepte cette situation. Deuxième solution : A prête de la monnaie à B, pour qu’il puisse continuer à acheter ses produits – creusant ainsi une dette que B ne pourra jamais payer. Troisième solution : réduire les achats et/ou augmenter la production chez B pour atteindre l’équilibre des échanges.

              L’Europe n’étant pas une nation, personne n’est prêt à accepter des transferts inconditionnels, et surtout pas les états « riches » dont l’Allemagne, qui auraient à financer le dispositif. La deuxième solution est clairement inviable à long terme : soit on fait périodiquement des défauts plus ou moins déguisés sur la dette, et on revient alors à la première solution, soit on arrive à un moment où les prêteurs comprennent qu’ils ne seront jamais remboursés et le système entre en crise.

              Il ne restait donc que la troisième solution, et c’est celle qu’on a retenu. Les « critères de Maastricht » visaient en fait à pousser chaque « sous-zone » nationale de la zone euro à équilibrer ses comptes. Ce sont les Allemands qui ont exigé cette discipline comme pris de leur acceptation du dispositif. Ils ont cru – fort naïvement, je pense – que les institutions européennes seraient capables d’imposer une telle discipline à des états-nations, que les corps sociaux de ces états accepteraient de se serrer la ceinture pour leur éviter des tracas. Et ils se sont trompés. Cela explique leur hargne dans la crise grecque, quant ils ont finalement compris le danger : si la Grèce avait été remise à flot sans contrepartie, une « Europe des transferts » aurait de facto vu le jour. Il fallait donc imposer à la Grèce des conditions draconiennes pour dissuader les autres.

              Aujourd’hui, la faiblesse des taux d’intérêt occulte l’éléphant au milieu de la pièce et que personne ne veut voir. Ou plutôt que de parler d’éléphant, il faut parler de grenade dégoupillée. Or, les taux dépendent en grande partie de la capacité des états à rassurer les marchés sur leur capacité à pressurer leurs populations respectives pour pouvoir les rembourser. C’est cela qui explique pourquoi le gouvernement français s’est entêté à passer la réforme des retraites, quitte à passer en force et payer un énorme coût politique. Renoncer, c’aurait été envoyer aux marchés financiers un message clair : « nous ne sommes plus en mesure de prendre les décisions qui permettent de continuer à vous payer ». Imaginez un moment la panique…

              Les Allemands ont maintenant compris que les avantages énormes qu’ils tirent de l’Euro et d’une politique monétaire faite à leur image sont contrebalancés par l’énorme risque de devoir payer pour les autres en cas de crise financière. A un moment donné, le risque serait plus couteux que les avantages…

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [Ou, comme Jean-Claude Juncker l’avait si bien résumé (in vino veritas !) : “nous savons ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment faire pour être réélus après l’avoir fait”…]

      C’est une des rares choses qui me rendent Juncker sympathique. C’est l’un des rares dirigeants politiques qui soit un véritable cynique, qui ne se raconte pas à lui-même des histoires quant au véritable contenu de la construction européenne. Quant il a dit « il n’y a pas de décision démocratique contre les traités européens », il a mis les pieds dans le plat explicité ce qu’a toujours été l’objectif des européistes : liquider les souverainetés nationales. Quand il explique que « nous savons ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment faire pour être réélus après l’avoir fait », il admet publiquement que les politiques qu’il « faut faire » ne sont pas celles que les citoyens veulent…

      [Blague à part : à part un coup de bambou de l’ampleur de celui de 1940, je ne vois pas ce qui pourrait être en mesure de nous réveiller d’un sommeil dogmatique si douillet. Quel type de cataclysme faudrait-il imaginer, pour que, par exemple, la bourgeoisie et les classes intermédiaires cessent de considérer l’intérêt national comme essentiellement antagoniste au leur ? Est-ce seulement encore possible ?]

      Le seul scénario que je puisse concevoir aujourd’hui est celui d’une crise de la dette. Une situation où la montée en flèche des taux d’intérêts nous mettrait en situation de ne plus pouvoir emprunter, et nous obligerait alors à regarder la vérité des prix, et surtout obligerait notre classe politique à ouvrir le débat sur le partage des sacrifices. C’est à ce moment-là que la société sera obligée de se poser la question des alliances entre groupes sociaux pour faire une politique « nationale ».

      • P2R dit :

        @ Descartes et MJJB
         
        (Le seul scénario que je puisse concevoir aujourd’hui est celui d’une crise de la dette)
         
        Je pense qu’on ne peut pas écarter non plus un effondrement des institutions et un contexte de guerre civile. Un tiers de l’électorat subit humiliation sur humiliation (sur ce point il y a beaucoup à dire sur la cérémonie des JO), le bloc macroniste montre son absence totale de scrupule à dévoyer l’esprit des institutions pour lui interdire une juste représentation en leur sein, alors que le bloc de gauche démontre jour après jour qu’il ne reconnaitra jamais la légitimité des élus RN, et par voie de conséquence qu’ils contesteront dans la rue une éventuelle victoire par les urnes. Les dernières législatives étaient un peu le point de non-retour pour entendre et agir en tenant compte des rapports de force dans la société. Le fait que le résultat ait été une radicalisation de l’opposition entre électeurs RN et le reste du spectre montre clairement qu’on court à la catastrophe.
         
        Quelque part je souhaite ardemment que vous ayez raison: une bonne grosse crise de la dette avant 2027 serait probablement bien moins pénible à affronter, et surtout bien plus féconde en terme de débat d’idées, que l’élection de M.LePen et le chaos urbain qui s’ensuivrait à coup sûr..

        • Descartes dit :

          @ P2R

          [Je pense qu’on ne peut pas écarter non plus un effondrement des institutions et un contexte de guerre civile.]

          Personne ne peut savoir avec certitude de quoi le futur sera fait, mais je pense qu’à court et moyen terme au moins on peut écarter cette hypothèse. Pour avoir vécu dans un pays en guerre civile, je peux vous assurer qu’on n’y est pas, et de très loin. Il ne faut pas confondre les personnes qui incarnent une institution et l’institution elle-même. Ce n’est pas parce que les gens veulent la tête du roi qu’ils veulent la fin de la monarchie, on l’a bien vu en Angleterre au XVIIème siècle. Macron a beau être détesté et même haï, ce n’est pas pour autant que la présidence, comme institution, est remise en cause. Et même chose avec l’Assemblée nationale.

          Je pense que les Français qui ont vécu toute leur vie dans se pays ne se rendent pas compte de la solidité de leurs institutions, comparées à celles de pays plus jeunes et moins structurés. Je vous parle de pays où quand on se fait cambrioler, on ne va pas voir la police parce qu’on sait que personne ne se risque à cambrioler sans payer le commissaire du coin pour s’assurer de sa protection. Un pays où les militants de certaines organisations étudiantes se promènent dans les locaux universitaires en exhibant des armes à feu. Un pays où les fonctionnaires peuvent attendre six mois leur paye, et où la monnaie se dévalue tellement vite qu’on en arrive à imprimer les billets d’un seul côté parce que la planche à billets ne tourne pas assez vite. Un pays où personne ne paye ses impôts, et où la moitié de l’économie fonctionne « au noir ». Autrement dit, un Etat impuissant et corrompu, qui n’inspire ni confiance, ni crainte.

          Il reste un très long chemin à parcourir pour que la France en soit là. En France, l’Etat reste solide, ses institutions sont respectées. Les impôts sont payés. Les écoles ouvrent tous les matins et les gens sont payés à chaque fin de mois. Personne ne retire ses économies des banques sur une rumeur. Personne en dehors des services officiels ne se balade ostensiblement armé.

          • cdg dit :

            @Descartes
            J ai connu quelqu un qui m a raconté la chute de l URSS qu elle avait vecu dans une republique d asie (Tadijikistan). Le systeme qui paraissait en beton s est effondré rapidement et a meme degenere en guerre civile au point ou elle a vu un soldat se faire executer par un rebelle sous ses yeux
             
            Meme si je pense pas que la france sombre dans une guerre civile rapidement, la situation peu se degrader rapidement. Surtout si la politique du carnet de cheque s arrete et qu aucun gouvernement est capable de donner un cap, un espoir voire perd le soutien des forces de l ordre (grosse peur de Macron au debut des gilets jaunes)

            • Descartes dit :

              @ cdg

              [J’ai connu quelqu’un qui m’a raconté la chute de l’URSS qu’elle avait vécu dans une république d’Asie (Tadjikistan). Le système qui paraissait en béton s’est effondré rapidement et a même dégénéré en guerre civile au point ou elle a vu un soldat se faire exécuter par un rebelle sous ses yeux]

              Quand le système s’effondre au centre, les effets sont encore plus dramatiques en périphérie. Imaginez ce qui se passerait en Nouvelle Calédonie si l’Etat français s’effondrait…

              [Même si je pense pas que la France sombre dans une guerre civile rapidement, la situation peu se dégrader rapidement. Surtout si la politique du carnet de chèque s’arrête et qu’aucun gouvernement est capable de donner un cap, un espoir]

              A la rigueur, on peut imaginer une situation de rupture de l’ordre public. Mais « guerre civile » ? Entre qui et qui ? Quel est le conflit d’intérêts qui pourrait pousser une fraction de la population à faire la guerre à une autre ? Peut-être en Corse, entre indépendantistes et loyalistes… et encore, je doute qu’on trouve beaucoup de monde prêt à prendre le risque d’une indépendance, compte tenu de la dépendance économique de l’île…

              [voire perd le soutien des forces de l’ordre (grosse peur de Macron au debut des gilets jaunes)]

              La « peur » de la macronie de perdre le contrôle des forces de l’ordre était avant tout un fantasme. A aucun moment il n’y a eu le moindre risque de voir la gendarmerie, la police ou l’armée se retourner contre les pouvoirs constitués, quelque qu’aient été les états d’âme des agents de ces corps. Dans notre histoire, les cas de soulèvement des agents de l’Etat contre le pouvoir légitime sont rarissimes. Les seul qui me vienne à l’esprit c’est la rébellion du « quarteron de généraux », et encore, il s’agissait d’une partie minoritaire du commandement militaire, que l’ensemble de l’institution n’a pas suivi.

            • cdg dit :

              @descartes
              Je voulait dire qu un systeme qui paraissait en beton, doté d une police politique non droit-de-l-hommiste s est effondré en quelques mois apres la tentative de putsch contre Gorbatchev

              [A la rigueur, on peut imaginer une situation de rupture de l’ordre public. Mais « guerre civile » ?]
              Quelle est la difference ? Si vous n avez plus d ordre public vous allez avoir une situation a la libanaise avec des milices regentant chacune un bout du territoire. Et la milice X va forcement a un moment ou un autre vouloir envahir le territoire de la milice Y. Ne serait ce que pour le controle des ressources economiques ou du narco traffic

              [Quel est le conflit d’intérêts qui pourrait pousser une fraction de la population à faire la guerre à une autre ? Peut-être en Corse, entre indépendantistes et loyalistes… ]
              Je pense pas que ca soit motive par des idees mais plus par des rivalités triviales. Si l etat s effondre (ou simplement ne peut plus payer) il va se trouver des groupes de gens qui ne peuvent subsister sans aller piller le voisin car l etat ne sera plus la pour fournir. On peut imagine alors une libanisation avec des groupes confessionels (banlieue contre france profonde) ou plus “politique” metropole (aka bobo) contre campagne

              [A aucun moment il n’y a eu le moindre risque de voir la gendarmerie, la police ou l’armée se retourner contre les pouvoirs constitués, quelque qu’aient été les états d’âme des agents de ces corps.]
              Sans aller jusque la, on aurait pu voir des refus d obeissance, des epidemies de “malades” …
              je suis d accord avec vous que le risque est mineur mais quel etait la probabilite que Louis XVI soit execute en 1789 ?

            • Descartes dit :

              @ cdg

              [Je voulais dire qu’un système qui paraissait en béton, doté d’une police politique non droit-de-l-hommiste s’est effondré en quelques mois après la tentative de putsch contre Gorbatchev]

              Certes. Mais de là à conclure que tous les sytèmes qui paraissent en béton peuvent s’effondrer en quelques mois… Encore une fois, la situation du Tadjikistan en 1990 n’a aucun rapport avec celle de la France en 2024.

              [« A la rigueur, on peut imaginer une situation de rupture de l’ordre public. Mais « guerre civile » ? » Quelle est la différence ?]

              Dans une situation de rupture de l’ordre public, vous avez des groupes qui s’arment pour piller d’autres, ou bien pour se défendre des pillards. Dans une situation de guerre civile, des groupes s’effondrent pour prendre le pouvoir.

              [Je pense pas que ca soit motive par des idees mais plus par des rivalités triviales. Si l etat s effondre (ou simplement ne peut plus payer) il va se trouver des groupes de gens qui ne peuvent subsister sans aller piller le voisin car l etat ne sera plus la pour fournir.]

              Des hordes de retraités pillant les magasins ? Je regrette, mais j’ai du mal à l’imaginer.

              [« A aucun moment il n’y a eu le moindre risque de voir la gendarmerie, la police ou l’armée se retourner contre les pouvoirs constitués, quelque qu’aient été les états d’âme des agents de ces corps. » Sans aller jusque-là, on aurait pu voir des refus d’obéissance, des épidémies de “malades” …]

              Je vois mal nos policiers se mettre en arrêt maladie et regarder à la télévision les voyous piller « leurs » quartiers. Je pense que vous négligez l’instinct d’ordre de nos policiers et gendarmes. Vous savez, on ne choisit pas ces métiers par hasard…

              [je suis d accord avec vous que le risque est mineur mais quel etait la probabilite que Louis XVI soit execute en 1789 ?]

              Zéro. Et c’est pourquoi il n’a pas été exécuté en 1789, mais quelques années plus tard. A la fin du XVIIIème siècle, l’idée du “pouvoir divin des rois” était déjà largement entamée, et d’autres monarques s’étaient déjà trouvés devant l’option d’accepter la monarchie constitutionnelle ou de perdre la tête. Louis XVI aurait pu choisir la première solution, il a choisi la seconde…

  7. MJJB dit :

    C’est un peu comme si on avait oublié qu’on n’arrive au royaume de la liberté qu’en passant par le royaume de la nécessité.

    Pour illustrer cette hargne envers l’effort, et surtout envers la part de souffrance qui fait partie de l’effort, et qui seul peut lui donner une quelconque valeur, un rapprochement entre deux anecdotes.
    Première anecdote : lorsqu’une des dirigeantes de Huawei fut arrêtée au Canada à la demande des Etats-Unis, elle publia sur Internet une photographie montrant le pied d’une danseuse abîmé et blessé par l’exercice, avec en commentaire cette citation de Romain Rolland (ou en tout cas, qui lui est attribuée) : “Derrière toute grandeur, il y a de la souffrance”. Ce qui déclencha, dans son pays, une admiration générale.
    Deuxième anecdote : désormais, en France, lorsqu’un entraîneur sportif se montre un peu trop exigeant avec les jeunes athlètes qu’on lui a confiées, il y a plainte, procès, condamnation – et ses “victimes” sont canonisées, transformées en véritables héroïnes de notre temps. (Oui, je sais, il s’agit d’une vidéo. Je m’en excuse bien bas ; mais en guise de défense, laissez-moi remarquer qu’elle ne dure que trois minutes…)
    En guise de coda à cette sonate édifiante : Romain Rolland ? Qui ça, Romain Rolland ? Qui lit encore Romain Rolland ? Eh bien, les Chinois, pardi !…

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [Pour illustrer cette hargne envers l’effort, et surtout envers la part de souffrance qui fait partie de l’effort, et qui seul peut lui donner une quelconque valeur, un rapprochement entre deux anecdotes.
      Première anecdote : (…)
      Deuxième anecdote : désormais, en France, lorsqu’un entraîneur sportif se montre un peu trop exigeant avec les jeunes athlètes qu’on lui a confiées, il y a plainte, procès, condamnation – et ses “victimes” sont canonisées, transformées en véritables héroïnes de notre temps.]

      Les deux exemples sont très intéressants. Je prends le deuxième : personne n’est obligé de faire du haut niveau. On peut parfaitement se contenter de faire du sport, de la musique ou du bricolage au niveau amateur. Mais si on veut être parmi les meilleurs, oui, il faut du sang, de la sueur et des larmes. Cela me rappelle ce musicien à qui une admiratrice disait « je donnerais la moitie de ma vie pour jouer comme vous avez joué ce soir », et qui lui avait répondu « vous savez, c’est à peu près ce que cela m’a couté ». La grandeur, qu’elle soit individuelle ou collective, est nécessairement une passion, et comme toute passion, dévorante. Et il faut croire que le jeu en vaut la chandelle, vu le nombre de gens prêts à faire cet effort, individuellement ou collectivement.

      J’ai raconté plusieurs fois la chose sur ce blog, mais tant pis, je vais la refaire. De ma fenêtre, j’ai vue sur une esplanade ou des jeunes pratiquent la planche à roulettes. Je les vois, toujours les mêmes, répéter les mêmes gestes, les mêmes figures, jusqu’à arriver à les dominer à la perfection. Et cela en se prenant de temps en temps des gnons mémorables, chutes, abrassions, hématomes… et même, de temps en temps, une entorse ou une fracture. Personne ne les force, ils font cela parce qu’ils ont envie de ce plaisir qui vient du fait de dominer une technique, et d’être reconnu par ses pairs. Quand je vois ça, je me dis que le sens de l’effort, l’idée que le plaisir d’arriver au sommet passe par la douleur de l’escalade n’est pas absente chez nos jeunes. Et je pleure aussi sur la manière dont notre société gâche cette prédisposition en diffusant l’idéologie de la facilité, en leur donnant l’illusion qu’on peut avoir le diplôme sans passer par l’étude…

      [En guise de coda à cette sonate édifiante : Romain Rolland ? Qui ça, Romain Rolland ? Qui lit encore Romain Rolland ? Eh bien, les Chinois]

      Oui. On est souvent surpris, lorsqu’on voyage à l’étranger, de voir combien les personnages et les œuvres françaises que nous méprisons chez nous continuent à être connues et révérées de par le monde. Je pense à la remarque attribuée à Sun Yat Sen, premier président de la République de Chine en 1912 après avoir conduit la révolution qui renverse l’empereur Pu Yi. Interrogé sur l’héritage de la Révolution française, il avait répondu « il est trop tôt pour le dire ». La révolution française aura une influence très importante dans l’imaginaire chinois : « La France est un champ de citoyens, les philosophes des Lumières tels Montesquieu, Voltaire et Rousseau y avaient semé la liberté, l’égalité et la fraternité, puis La Fayette, Mirabeau, Robespierre, Danton, ont contribué à la mise en œuvre de ces idées. C’est donc grâce aux philosophes et aux acteurs révolutionnaires que le peuple français jouit de nos jours des fruits de la citoyenneté. » (« Guoming bao » (« journal des citoyens »), 1901)

  8. Glarrious dit :

    [Depuis 1978, une seule majorité a été reconduite, aux élections de 2007, après l’élection de Nicolas Sarkozy. Le phénomène est assez intéressant pour mériter qu’on s’y arrête.]
     
    Vous avez une explication pour 2007 de la reconduction de la majorité ?
     
     

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [Vous avez une explication pour 2007 de la reconduction de la majorité ?]

      2007 présente plusieurs particularités. C’est le seul cas depuis 1978 où un président de la République succède à un autre président venant du même parti politique. Or, il est logique qu’un président nouvellement élu obtienne du peuple une majorité pour pouvoir appliquer son programme. Mais s’il y a là une continuité formelle, il n’y a pas de continuité politique: Nicolas Sarkozy avait été élu sur une logique de rupture avec son prédécesseur. Je pense qu’il est raisonnable de dire que depuis 1978 aucune politique mise en œuvre par une majorité n’a été validée par les Français à l’élection suivante.

  9. cdg dit :

    Pourquoi aucun gouvernement sortant est victorieux ? c est tres simple : ils promettent n importe quoi pour etre elu et si par malheur leur parti gagne les elections ils sont evidement incapable de faire ce qu ils ont promis (je suis persuadé que le NFP ne pensait pas etre en position de mettre en oeuvre son programme)
    Par contre penser que c est a cause de l UE, de la decentralisation ou de l influence de la lune est chercher des excuses. Deja aucun parti n a un objectif clair qui se declinerai dans un programme coherent. Car comme l ecrit l auteur ici, ca vaudrait dire annoncer un programme ou on ne raserai pas gratis, et donc se mettre a dos un nombre consequent d electeurs.
    La ou la situation est a mon avis interessante, c est que la corne d abondance qui permettait de consommer sans produire est bientot vide. On peut difficilement endetter plus la France pour distribuer des prestations a ses clienteles electorales et laisser la production aux chinois (pour le bas de gamme) et allemands (pour le haut de gamme). Il va y avoir des choix politiques a faire car le systeme francais (en gros issu de l apres guerre) n est plus adapte au monde du XXI sciecle : c est comme essayer de rejouer la guerre des tranchées en 1940 (avec le succes qui en a resulté)
     

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [ Pourquoi aucun gouvernement sortant est victorieux ? c est tres simple : ils promettent n importe quoi pour etre elu et si par malheur leur parti gagne les elections ils sont evidement incapable de faire ce qu ils ont promis (je suis persuadé que le NFP ne pensait pas etre en position de mettre en oeuvre son programme). Par contre penser que c est a cause de l UE, de la decentralisation ou de l influence de la lune est chercher des excuses.

      Mais pourquoi ne pas promettre ce qu’on peut faire ? Si je crois votre raisonnement, ni l’UE, ni la décentralisation, ni l’influence de la lune n’empêchent le gouvernement de faire une politique qui améliorerait la vie d’une majorité de Français qui en retour voteraient pour vous. Alors, à votre avis, pourquoi les partis continuent à promettre ce qu’ils sont incapables de faire ?

      Le défaut de votre raisonnement est là : vous affirmez que les partis « sont incapables de faire ce qu’ils ont promis », mais vous ne vous interrogez pas sur les raisons de cette « incapacité ». Mon point était précisément que cette « incapacité » tient en grande partie au corsetage du politique par toutes sortes de moyens. Bien sûr, vous allez me dire que cela tient à l’incompétence du personnel politique. Mais là encore, je dois m’interroger sur le pourquoi de cette incompétence. Pourquoi on ne retrouve que des incompétents aux postes politiques ? Parce que les gens compétences se détournent de la politique, et préfèrent aller voir ailleurs. Et pourquoi ce choix ? Parce que la politique, c’est l’impuissance, c’est de se faire élire pour ensuite ne rien pouvoir faire. Et on est revenu à la question de « l’incapacité ».

      Il n’y pas si longtemps, une éminente haute fonctionnaire passée dans le privé dans un poste de direction a refusé la proposition qui lui était faite d’aller à Matignon. Sa justification ? « On a bien plus de pouvoir et on est bien mieux payé dans le privé ». CQFD

      [Deja aucun parti n a un objectif clair qui se declinerai dans un programme coherent. Car comme l ecrit l auteur ici, ca vaudrait dire annoncer un programme ou on ne raserai pas gratis, et donc se mettre a dos un nombre consequent d electeurs.]

      Mais un programme qui mécontente quelques électeurs et satisfait la majorité devrait vous faire élire… à moins bien entendu que les contraintes (UE, marchés, etc.) rendent impossible de mettre en œuvre un programme qui satisfait la majorité ? C’est une dialectique : à quoi bon dépenser de l’énergie à dessiner un programme « ou l’on ne raserait pas gratis » si l’on sait d’avance que MEME ELU on n’aurait aucune chance de pouvoir le mettre en œuvre ?

      [La ou la situation est a mon avis intéressante, c’est que la corne d’abondance qui permettait de consommer sans produire est bientôt vide. On peut difficilement endetter plus la France pour distribuer des prestations a ses clientèles électorales et laisser la production aux chinois (pour le bas de gamme) et allemands (pour le haut de gamme).]

      Possible… mais d’aun autre côté, c’est là une des contradictions du capitalisme. Les Chinois devront continuer à nous prêter s’ils veulent qu’on achète leur « bas de gamme », et idem pour les Allemands. Si nous étions les seuls à nous endetter pour subventionner des clientèles, votre argument tiendrait. Mais comme ce système où l’on vit au-dessus de ses moyens grâce à l’endettement touche TOUS les pays développés, les risques que la « corne d’abondance » se vide sont relativement limités pour le moment.
      Pour moi, le problème ne viendra pas du côté de la consommation, mais des services publics. Depuis quarante ans, on appauvrit l’Etat pour enrichir les citoyens. Ce n’est donc pas la consommation directe qui est en danger, mais celle de services collectifs (éducation, santé…).

      [Il va y avoir des choix politiques a faire car le systeme francais (en gros issu de l apres guerre) n est plus adapte au monde du XXI sciecle : c est comme essayer de rejouer la guerre des tranchées en 1940 (avec le succes qui en a resulté)]

      Vous écrivez comme si la question de l’endettement ne concernait que la France…

      • cdg dit :

        [Le défaut de votre raisonnement est là : vous affirmez que les partis « sont incapables de faire ce qu’ils ont promis », mais vous ne vous interrogez pas sur les raisons de cette « incapacité ». Mon point était précisément que cette « incapacité » tient en grande partie au corsetage du politique par toutes sortes de moyens.]
        Il y a bien sur un corsetage du politique. Mais celui-ci a été fait souvent pour de bonne raison : par ex éviter qu un dirigeant se mue en tyran (cf Maduro) ou plus prosaiquement ne ruine le pays (par ex les fameux 3% du PIB).
        Mais a mon avis l impuissance du politique n est pas tant la que dans la loi implacable de la réalité.
        Contrairement aux années 50-60, la France est un pays mineur économiquement et techniquement (on a loupe la vague de l informatique (1980) de l internet (2000)). Pire les conditions de la competition ont changées et pas a notre avantage, par ex fabriquer a l autre bout du monde etait complique et cher en 1950, c est le standard aujourd hui. Pire je crains qu un ingenieur chinois aujourd hui soit meilleurs qu un ingenieur francais sur le plan du savoir technique. Pourquoi donc fabriquer en France si ca coute plus cher pour avoir moins bien ?
        Parce qu on peut s affranchir des règles de l UE mais on peut pas s affranchir de la réalité : la France est un pays deinsdustrialisé, qui a pendant 40 ans englouti l essentiel de ses ressources dans des dépenses sociales ( d ou un effondrement du niveau des infrastructures mais surtout du savoir ) et dont 17 millions d habitants vivent au crochet des actifs. Certes on a toujours eut une frange de la population qui vit au crochet du secteur productif mais la noblesse/clerge était 1% sous l ancien regime et les rentiers de la belle époque était moins de 3% (https://www.retronews.fr/societe/interview/2021/04/13/francais-de-la-belle-epoque-antoine-prost 1 millions de rentier sur 40 millions d habitants). Maintenant on a 25 % de la population de retraités
        [Il n’y pas si longtemps, une éminente haute fonctionnaire passée dans le privé dans un poste de direction a refusé la proposition qui lui était faite d’aller à Matignon. Sa justification ? « On a bien plus de pouvoir et on est bien mieux payé dans le privé ».]
        Sur le salaire c est clair. Sur le pouvoir, ca doit certainement dépendre du domaine pour le public et de l entreprise pour le privé. Si vous travaillez pour une multinationale US, je ne suis pas sur que la direction francaise ait tant de latitude que ca. Par contre elle doit se feliciter de ne pas être allé chez Attal, au bout de quelques mois elle aurait du faire ses cartons
         
        [Mais un programme qui mécontente quelques électeurs et satisfait la majorité devrait vous faire élire… à moins bien entendu que les contraintes (UE, marchés, etc.) rendent impossible de mettre en œuvre un programme qui satisfait la majorité ?]
        C est plus complique que ca. Prenez par exemple la taxation des heritages style NFP. Ca va impacter assez peu de gens, mais c est très couteux electoralement. Et vu la situation de la France, un programme de redressement serait surtout du sang et des larmes : pas beaucoup de gagnants et beaucoup de mecontents
        [Mais comme ce système où l’on vit au-dessus de ses moyens grâce à l’endettement touche TOUS les pays développés, les risques que la « corne d’abondance » se vide sont relativement limités pour le moment.]
        C est vrai qu actuellement personne n a interet a une crise de la dette. Ni les pays riches qui sont chroniquement deficitaires ni les pays créanciers qui exportent chez nous (et qui se retrouveraient avec des creances qui ne valent plus rien). Par contre ca veut pas dire que ca n arrivera pas un jour. C est comme les subprimes, aucun des acteurs n avait interet a ce que ca s effondre et pourtant ca a bien fini par s effondrer
         
        [Vous écrivez comme si la question de l’endettement ne concernait que la France…]
        Non bien sur, meme si on est clairement sur la mauvaise pente. L Italie est plus endette que nous en % du PIB mais ils etaient en excedent primaire (aka avant le service de la dette leur budget est en equilibre). A mon avis le probleme n est pas tant notre endettement que pourquoi il est fait. S endetter pour doubler le budget du CNRS n est pas la meme chose que s endetter pour faire un « cheque bois » ou « ressemelage de chaussures »

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [« Le défaut de votre raisonnement est là : vous affirmez que les partis « sont incapables de faire ce qu’ils ont promis », mais vous ne vous interrogez pas sur les raisons de cette « incapacité ». Mon point était précisément que cette « incapacité » tient en grande partie au corsetage du politique par toutes sortes de moyens. » Il y a bien sur un corsetage du politique. Mais celui-ci a été fait souvent pour de bonne raison : par ex éviter qu’un dirigeant se mue en tyran (cf Maduro) ou plus prosaiquement ne ruine le pays (par ex les fameux 3% du PIB).]

          La France a vecu en République pendant un siècle sans directives et règlements européens, sans CJUE, sans CEDH, sans QPE, sans charte de l’environnement. Et que je sache, aucun de ses dirigeants ne s’est « mué en tiran ». Alors, ne venez pas me dire que tout ce système est là pour nous protéger de la tyrannie. Quant à éviter qu’un dirigeant ruine le pays, si c’était là le but, il faut admettre que le dispositif est particulièrement inefficace…

          [Mais à mon avis l’impuissance du politique n’est pas tant la que dans la loi implacable de la réalité.]

          Autrement dit, la « réalité » impose une seule et unique politique. Dans ces conditions, à quoi bon voter tous les quatre ans ? Finalement, vous donnez raison aux abstentionnistes. Puisque la « réalité » impose une seule et unique politique, autant laisser la politique aux guignols et consacrer sont temps à autre chose.

          Personnellement, je n’accepterai jamais ce genre d’idées. Bien sur, comme disait mongénéral, on ne fait de la politique qu’avec des réalités. Mais les contraintes de la réalité laissent une marge de manœuvre importante. Il y a des alternatives, pour peu qu’on soit prêt à payer le prix. Si aujourd’hui il n’y a qu’une seule politique possible, ce n’est pas à cause de la « réalité », mais du fait qu’on a fermé toutes les possibilités que la « réalité » nous laissait, sauf une…

          [Contrairement aux années 50-60, la France est un pays mineur économiquement et techniquement (on a loupe la vague de l’informatique (1980) de l’internet (2000)).]

          Et alors ? Au début du XXème siècle, la Corée était un pays économiquement et techniquement mineur. Regardez où ils sont aujourd’hui. Ce n’est pas parce qu’on a raté quelques trains dans le passé – en supposant qu’on les ai ratés, ce dont je ne suis pas convaincu – qu’on est condamnés à rater les prochains.

          [Pire les conditions de la compétition ont changées et pas à notre avantage, ]

          Alors, ne participons pas à la course. Rien n’est plus stupide que de participer à une compétition alors que vous savez que les conditions de compétition vous condamnent à l’échec. Le libre-échange et la libre circulation des capitaux ne sont pas des fatalités, ce sont des choix politiques.

          [Pire je crains qu un ingenieur chinois aujourd hui soit meilleurs qu un ingenieur francais sur le plan du savoir technique. ]

          Admettons. Il y a trente ans, c’était l’inverse, et les chinois ont réussi à tourner les tables. Pourquoi pas nous ? Là, j’avoue que je ne comprends pas votre discours. Si les ingénieurs français sont devenus moins bons que les chinois, ce n’est pas une question de « réalité », c’est une question de choix politique. Maintenant, demandez-vous pourquoi a-t-on fait ces choix. Pourquoi, par exemple, on a sacrifié l’un des systèmes d’enseignement supérieur considéré comme l’un des meilleurs du monde pour nous aligner sur le LMD européen…

          [Pourquoi donc fabriquer en France si ca coute plus cher pour avoir moins bien ?]

          Parce que cela rémunère des travailleurs français, parce que cela tire la recherche et le développement en France. Je suis parfaitement prêt à payer tout vingt pour cent plus cher si cela me garantit que mes enfants auront une formation et un emploi de qualité.

          [Parce qu’on peut s’affranchir des règles de l’UE mais on peut pas s’affranchir de la réalité : la France est un pays désindustrialisé,]

          Oui, mais pourquoi ? Parce que la « réalité » l’a ainsi voulu, ou parce qu’on s’est plié aux diktats européens du « marché libre et non faussé » et de l’Euro fort ? J’ai du mal à vous suivre. Vous êtes critique des politiques poursuivies par nos gouvernements, mais d’un autre côté vous affirmez que s’ils n’ont pas fait autre chose c’est que la « réalité » ne leur laisse aucune marge de manœuvre…

          [Certes on a toujours eut une frange de la population qui vit au crochet du secteur productif mais la noblesse/clerge était 1% sous l ancien regime et les rentiers de la belle époque était moins de 3% (…). Maintenant on a 25 % de la population de retraités]

          La comparaison est ridicule. La retraite est un salaire différé, et le retraité qui touche sa pension a tout de même travaillé et cotisé pendant quarante deux ans. Le rentier de la belle époque, la noblesse et le clergé d’ancien régime ne travaillaient pas un mois dans leur vie.

          [« Il n’y pas si longtemps, une éminente haute fonctionnaire passée dans le privé dans un poste de direction a refusé la proposition qui lui était faite d’aller à Matignon. Sa justification ? « On a bien plus de pouvoir et on est bien mieux payé dans le privé ». » Sur le salaire c’est clair. Sur le pouvoir, ca doit certainement dépendre du domaine pour le public et de l’entreprise pour le privé. Si vous travaillez pour une multinationale US, je ne suis pas sur que la direction francaise ait tant de latitude que ca.]

          Une filiale française a plus d’autonomie vis-à-vis de sa maison mère que le gouvernement français n’a vis-à-vis des décisions prises à Bruxelles ou à Francfort…

          [« Mais un programme qui mécontente quelques électeurs et satisfait la majorité devrait vous faire élire… à moins bien entendu que les contraintes (UE, marchés, etc.) rendent impossible de mettre en œuvre un programme qui satisfait la majorité ? » C est plus complique que ca. Prenez par exemple la taxation des heritages style NFP. Ca va impacter assez peu de gens, mais c est très couteux electoralement.]

          Pourriez-vous m’expliquer sur quoi se fonde cette affirmation ? Cela fait des années que certains secteurs – je vous laisse deviner lesquels – répètent sur tous les tons que les Français sont contre la taxation des héritages. Mais je ne vous pas pourquoi une taxation « style NFP » – c’est-à-dire, avec un seuil relativement haut – devrait être « couteuse électoralement ». Pourriez- vous indiquer vos sources ?

          [Et vu la situation de la France, un programme de redressement serait surtout du sang et des larmes : pas beaucoup de gagnants et beaucoup de mecontents]

          Pourquoi ? Si ce programme prépare une France plus riche, plus forte, plus heureuse, nous serions in fine tous gagnants. En 1958, De Gaulle annonce un programme de redressement féroce (le plan Rueff), et cela ne l’a pas empêché de gagner les élections législatives, puis d’être réélu triomphalement en 1965. Il faut dire qu’il avait annoncé un plan de réduction des dépenses non pas pour « rentrer dans les critères de Maastricht », mais pour rendre la France plus forte, plus riche, plus souveraine. C’est déjà beaucoup plus motivant. Et puis, à l’heure de demander des sacrifices, il ne les a pas tous fait reposer sur les couches populaires, comme le font nos politiques depuis quarante ans. Finalement, De Gaulle n’hésitait pas, lorsque juristes et diplomates lui expliquaient qu’il ne pouvait pas faire ce qu’il avait décidé, à les renvoyer à leurs études et à « rendre possible ce qu’il jugeait nécessaire », pour paraphraser Richelieu. Autrement dit, De Gaulle faisait bien la différence entre les contraintes de la « réalité » et celles d’un système qui cherchait à organiser, déjà, l’impuissance du politique. Et c’est pourquoi, lorsqu’il proposait « du sang et des larmes » pour atteindre un objectif partagé, les gens faisaient la part des choses.

  10. Denis W dit :

    Bonjour Descartes,
    Merci pour ces deux derniers articles.
    Ma thèse est que cette nomination de 1er ministre est un vrai dîner de con.
    Il faut trouver l’abruti(e) qui acceptera de prendre les rennes d’un pays surendetté et divisé sans vrai majorité derrière, pour porter le bilan de 10 ans de macronisme (car soyez en certain au bout de 6 mois tous les problèmes de la France lui seront mis sur le dos, les peuples ayant la mémoire politique de plus en plus courte) et être certain de perdre en 2027.
    Vous noterez que ni Mélenchon, ni Marine Le Pen, ne semblent pressés d’y aller, ni aucun politique d’envergure.
    C’est pour cela que contrairement à vous je ne crois pas que Lucie Castets ne soit pas en mesure d’être nommée. Macron est assez vicieux pour le faire à la rentrée une fois les JO passés. Quelle cadeau plus empoisonné pourrait-il faire à cette “gauche” ?
    Bien installé dans son fauteuil de président de la Veme, Macron aurait tout loisir pendant 2 ans de prendre de la hauteur, dans une pause gaullienne du recul et de l’apaisement et de contempler le pays s’enfoncer un peu plus dans le chaos (peut être même pour revenir en sauveur ?).
    C’est en tout cas la symbolique de sa lettre aux français de début juillet (au passage, une des interprétations les plus lucides que j’ai pu lire du résultats des dernières législatives).
    De toute façon Macron semble avoir accompli ce qu’il devait accomplir comme méfaits après 7 ans de règne (10 si l’on compte les années Hollande) et il se pourrait que sa porte de sortie soit de relancer l’opposition droite / gauche dans laquelle il a trouvé le pays en arrivant. 
    Bien à vous,
     

    • Descartes dit :

      @ Denis W

      [Ma thèse est que cette nomination de 1er ministre est un vrai dîner de con. Il faut trouver l’abruti(e) qui acceptera de prendre les rênes d’un pays surendetté et divisé sans vrai majorité derrière, pour porter le bilan de 10 ans de macronisme (car soyez en certain au bout de 6 mois tous les problèmes de la France lui seront mis sur le dos, les peuples ayant la mémoire politique de plus en plus courte) et être certain de perdre en 2027.]

      S’ils cherchent un « abruti » pour prendre le poste, je suis candidat. Avant, je n’osais pas le manifester, mais après tout, si un tiers de l’Assemblée juge que Lucie Castets peut assurer la fonction, je ne vois plus aucune raison de me gêner… Mais vous verrez, il y a très peu de chance qu’ils m’appellent !

      [Vous noterez que ni Mélenchon, ni Marine Le Pen, ne semblent pressés d’y aller, ni aucun politique d’envergure.]

      Mélenchon s’était déclaré candidat… l’a-t-il fait pour des raisons tactiques, sachant que son nom n’avait aucune chance d’être retenu ? Ou bien souhaitait-il vraiment le poste ? Je penche pour la première explication, mais je ne peux pas exclure la seconde…

      Je pense qu’on peut aujourd’hui gouverner le pays et mettre en œuvre une politique qui vous fasse gagner l’appui d’une majorité des électeurs. Pour cela, il faut chercher une coalition d’intérêts à l’image de ce que fut le CNR, d’énoncer un projet mobilisateur, et se débarrasser de cette chappe d’impuissance qu’on a bâti depuis quarante ans pour pouvoir le mettre en œuvre. Le problème est que pour cela il faut un mandat clair et massif du peuple français, mandat qu’aucun parti, aucun bloc ne détient aujourd’hui… parce qu’aucun parti aujourd’hui ne l’a sollicité, à l’exception du RN qui se l’est vu refuser.

      [C’est pour cela que contrairement à vous je ne crois pas que Lucie Castets ne soit pas en mesure d’être nommée. Macron est assez vicieux pour le faire à la rentrée une fois les JO passés. Quel cadeau plus empoisonné pourrait-il faire à cette “gauche” ?]

      Je vous décris la séquence : Lucie Castets est nommée le lundi, le mardi elle publie un décret fixant le SMIC à 1600 €. Le mercredi une motion de censure est déposée, le vendredi elle est votée. Mais le décret demeure, la gauche aura beau clamer qu’elle était prête à appliquer son programme et qu’elle a été empêchée par les méchants, et que grâce à elle les smicards gagnent plus. Et ce sera le gouvernement suivant qui aura à payer les pots cassés…

  11. Bonjour Descartes, 
    Je me suis permis de faire une petite lecture commentée de votre billet sur ma chaîne Youtube : Actualités politiques. Pourquoi ont-ils peur de gouverner ? – YouTube
    J’aurais par ailleurs voulu vous interrogez sur un billet précédent. N’avez-vous pas tendance à surestimer la dimension populaire de l’électorat du RN ? Certes, 57% des ouvriers votants ont choisi le RN au premier tour, mais si on soustrait l’abstention, seul 1 ouvrier sur 4 vote pour ce parti. De même, vous écrivez que “c’est dans les vieilles régions ouvrières, frappées par la désindustrialisation et la relégation économique que le RN fait ses meilleurs scores.” J’imagine que vous connaissez la distinction entre “RN du sud” et “RN du nord”. Le RN est très bien implanté en région PACA, qui n’est pas une “vieille région ouvrière désindustrialisée”, précisément.
    Un autre élément qui m’amène à penser que vous avez une tendance à la surestimation est la distribution du vote en fonction du revenu du foyer fiscal. Le vote NFP a une structure pyramidale: il capte 35% des votants se rattachant à un fiscal fiscal dont le revenu mensuel est inférieur à 1250 euros ; 33% de la tranche 1250-2000 euros ; 26% de la tranche 2000 à 3000 euros ; 26% de la tranche des + de 3000 euros.
    En revanche, la distribution des votes pour le RN n’a pas une forme pyramidale, mais plutôt “en colonne” ; elle est très homogène quelque soit la tranche (respectivement: 38% ; 36% ; 35% et 32% de la tranche des + de 3000 euros). C’est donc un parti dont la structure du vote est plus “inter-classiste” qu’à gauche (où que pour les macronistes, qui ont une structure pyramidale inversée). Il y a sans doute une partie importante des classes populaires qui votent pour le RN, mais si on regarde les pourcentages, le RN est moins dépendant de cet électorat que ne l’est le NFP.
    En fait, le RN est même le premier vote des électeurs rattachés à un revenu gagnant plus de 3000 euros mensuels nets. Est-il alors très étonnant que, parvenu aux portes du pouvoir, M. Bardella déclare que l’abrogation de la réforme des retraites de M. Macron n’est plus une priorité, cherche des alliances avec la droite classique, etc. ?

    • Descartes dit :

      @ Johnathan R. Razorback

      [Je me suis permis de faire une petite lecture commentée de votre billet sur ma chaîne Youtube : Actualités politiques. Pourquoi ont-ils peur de gouverner ? – YouTube]

      Merci beaucoup, je suis honoré que vous estimiez mon texte au point d’en faire l’exégèse… d’autant plus que vous dites des choses fort gentilles en introduction. En tout cas, je suis ravi de voir que vous suivez mon blog, cela fait très longtemps que je ne vous avais pas vu sur ces pages !

      [J’aurais par ailleurs voulu vous interrogez sur un billet précédent. N’avez-vous pas tendance à surestimer la dimension populaire de l’électorat du RN ? Certes, 57% des ouvriers votants ont choisi le RN au premier tour, mais si on soustrait l’abstention, seul 1 ouvrier sur 4 vote pour ce parti.]

      Et alors ? Si vous faites la même correction pour les autres partis, vous trouverez que le RN reste, et de très loin, le premier parti parmi les ouvriers. Lorsqu’on analyse les ELECTORATS d’une formation politique, on se penche sur ceux qui votent. Si maintenant vous voulez mesurer le soutien dont un parti bénéficie dans le pays, il faut alors se demander de quel côté penchent les sympathies de ceux qui n’ont pas voté. Beaucoup d’études montrent que, pour ce qui concerne les couches populaires, les abstentionnistes, s’ils avaient voté, n’auraient pas voté très différemment de ceux qui se sont rendus aux urnes.

      [De même, vous écrivez que “c’est dans les vieilles régions ouvrières, frappées par la désindustrialisation et la relégation économique que le RN fait ses meilleurs scores.” J’imagine que vous connaissez la distinction entre “RN du sud” et “RN du nord”. Le RN est très bien implanté en région PACA, qui n’est pas une “vieille région ouvrière désindustrialisée”, précisément.]

      Oui et non. Marseille, Fos-Berre, Toulon-La Seyne sur Mer – si vous regardez les escalators du métro parisien, du moins les plus anciens, vous verrez le signe « CNIM » pour « Constructions navales et industrielles de la Méditerranée » -, La Ciotat, Frontignan-Sète ont été des pôles industriels d’importance, et ont été très durement touchés par la désindustrialisation. Le « midi rouge » n’est pas qu’un fantasme…

      Avant 1962, le midi votait massivement à gauche. Le RN est devenu fort à partir de la fin de la guerre d’Algérie du fait de l’installation de très nombreux rapatriés d’Algérie, qui avaient des comptes à régler autant à la gauche – qui avait soutenu l’indépendance – que le gaullisme dont ils dénonçaient la trahison. Mais il y a dans le coin des circonscriptions traditionnellement ouvrières, notamment autour de l’ensemble industriel Fos-Martigues-Etang de Berre, qui envoyaient des députés communistes à l’Assemblée. A cette élection, plusieurs d’entre elles ont basculé au RN… La distinction entre le « RN du sud » et le « RN du nord » perd en partie de sa consistance au fur et à mesure que la singularité qu’étaient les rapatriés s’efface. Sur les 38 députés RN élus au premier tour, seuls 11 l’ont été dans l’arc méditerranéen, 26 dans le nord et l’est, et seulement un dans l’ouest.

      [Un autre élément qui m’amène à penser que vous avez une tendance à la surestimation est la distribution du vote en fonction du revenu du foyer fiscal. Le vote NFP a une structure pyramidale: il capte 35% des votants se rattachant à un fiscal fiscal dont le revenu mensuel est inférieur à 1250 euros ; 33% de la tranche 1250-2000 euros ; 26% de la tranche 2000 à 3000 euros ; 26% de la tranche des + de 3000 euros. En revanche, la distribution des votes pour le RN n’a pas une forme pyramidale, mais plutôt “en colonne” ; elle est très homogène quelque soit la tranche (respectivement: 38% ; 36% ; 35% et 32% de la tranche des + de 3000 euros).]

      Malheureusement, ces chiffres sont très difficiles d’interpréter. D’abord, le revenu du foyer fiscal ne nous donne pas vraiment le niveau de vie : un revenu de 3000 € n’a pas la même signification pour un célibataire de 25 ans sans patrimoine, pour un couple marié avec quatre enfants, pour un retraité propriétaire de son logement. Il faudrait donc regarder le niveau de vie des individus plutôt que le revenu du foyer fiscal. Ensuite, ce type d’enquêtes ne peut être que déclarative, l’électeur devant indiquer au sondeur son revenu et son vote. Or, rien ne permet de vérifier la cohérence des déclarations des personnes sondées et donc de corriger les biais de déclaration. Enfin, les tranches choisies ne sont pas assez sélectives. Le SMIC étant fixé à 1400 € net pour un temps plein, un couple dont les deux membres travaillent à temps plein a toutes les chances d’être, avec les différentes allocations, au-dessus des 3000 €/mois en termes de revenu par foyer fiscal, quel que soit l’emploi qu’ils occupent.

      [En fait, le RN est même le premier vote des électeurs rattachés à un revenu gagnant plus de 3000 euros mensuels nets.]

      Et alors ? C’est là le revenu d’un couple d’ouvriers employés à plein temps. Qu’est ce que vous en déduisez ? Les tranches de revenu choisies ne sont pas assez sélectives…

      [Est-il alors très étonnant que, parvenu aux portes du pouvoir, M. Bardella déclare que l’abrogation de la réforme des retraites de M. Macron n’est plus une priorité, cherche des alliances avec la droite classique, etc. ?]

      Pourquoi, pensez-vous que deux ouvriers au SMIC se trouveraient lésés par l’abrogation de la réforme des retraites ?

      Je pense que vous faites un mauvais procès. Les gens cherchent des alliances là où ils ont des chances de les trouver. Pensez-vous qu’il serait très productif pour Bardella d’aller chercher des alliances chez LFI, au PCF ou chez les écologistes ? Après, toute alliance implique des compromis. Et cela vaut pour tout le monde. Si le NFP veut gouverner, il lui faudra aller chercher le soutien du centre, et cela implique que des pans entiers de son programme devront être remisés. Si le RN veut gouverner, il lui faudra lui aussi le soutien de la droite et du centre, et cela implique là aussi de sacrifier une partie du programme.

      Je vous avoue que je suis toujours surpris de voir combien dans ce pays on a du mal à faire la différence entre un compromis et une compromission. Quand les électeurs vous donnent une majorité pour appliquer votre programme, c’est une trahison de ne pas le faire. Mais lorsque les électeurs ne vous ont pas donné une majorité, il faut en tirer les conclusions et arbitrer entre ce qu’on considère absolument fondamental et ce qui peut être laissé pour plus tard. Désolé de revenir toujours au même exemple, mais pensez-vous que le PCF se soit “compromis” en acceptant au CNR un programme relativement modéré au lieu d’exiger la révolution socialiste tout de suite ?

  12. Vincent dit :

    Pourriez-vous svp indiquer quelle est cette formule britannique ?
    “formule britannique, a le moteur d’une deux chevaux et les freins d’une Rolls-Royce.”
     
    Merci d’avance !

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Pourriez-vous svp indiquer quelle est cette formule britannique ? “formule britannique, a le moteur d’une deux chevaux et les freins d’une Rolls-Royce.”]

      Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris votre question. La “formule britannique” est précisément celle-là: “avoir le moteur d’une deux-chevaux et les freins d’une Rolls Royce”. C’est une formule couramment utilisée par les politiciens outre-manche dans les années 1970 pour souligner les blocages de la société britannique.

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