Et si on faisait appel au juge suprême ?

Honneur à qui honneur est dû. Il faut reconnaître, même si cela doit nous coûter, que Mélenchon a vu juste. Seul parmi les politiques il a compris à quel point notre système démocratique a été détérioré par trente ans de fausse alternance entre des néolibéraux enthousiastes dits « de droite » et des néolibéraux honteux dits « de gauche », qui ont conduit les mêmes politiques – ou plutôt qui les ont laissées conduire par l’Union européenne. Seul parmi les politiques il a vu que dans ces conditions il suffisait de secouer l’édifice pour qu’il s’effondre. Sa tactique de « bordélisation » a finalement été très efficace pour paralyser l’Assemblée. Au point qu’elle est maintenant copiée par d’autres groupes parlementaires.

Si vous ne me croyez pas, un exemple devrait vous convaincre : celui des débats sur l’abrogation de la réforme des retraites. Un texte devenu symbolique de la brutalité avec laquelle le macronisme a imposé aussi longtemps qu’il l’a pu ses « réformes » aux pays. L’abrogation de cette réforme aurait pu être là aussi un symbole, celui d’une rupture avec un macronisme qui aurait pris acte de ses défaites électorales de l’été dernier. Car il n’y a pas d’ambigüité là-dessus. Lors de l’élection de juillet, une majorité de citoyens a voté pour des partis ou des coalitions qui condamnaient sans ambigüité la réforme, qui promettaient un retour en arrière sur l’âge de départ. Les études d’opinion montrent d’ailleurs que ce rejet était largement partagé dans l’opinion. En bonne logique démocratique, l’abrogation de la réforme aurait dû être une formalité.

Mais ce n’est pas du tout comme cela que les choses se sont passées. Pour commencer, à gauche on a inversé les priorités : l’abrogation devient finalement une question secondaire, l’essentiel étant de ne pas en laisser le bénéfice politique à un adversaire. Le sort ayant donné au RN la première « niche parlementaire », celui-ci a bien déposé une proposition de loi conforme à son engagement de revenir sur la réforme. La gauche avait donc le choix entre soutenir cette proposition, conforme sur le fond à celle qu’elle avait porté pendant la campagne électorale, ou bien de la saboter pour éviter de donner une victoire symbolique au Rassemblement national. Et comme cela était prévisible, c’est le sectarisme qui a gagné : dès lors que la proposition est portée par le RN, il n’était pas question pour la gauche de laisser ce projet prospérer, dussent les futurs retraités en souffrir. Les députés du Nouveau front populaire se sont donc donnés à cœur joie en commission, avec le soutien enthousiaste – il faut le souligner, parce que c’est important – du « bloc central » macroniste, pour vider en commission le projet de sa substance. Et le texte ainsi vidé fut « verrouillé » ensuite par la présidente de l’Assemblée en utilisant l’article 40, sans que la gauche n’y trouve rien à redire. Le texte sera finalement rejeté le 31 octobre avec l’abstention hypocrite du NFP.

Comment a-t-on expliqué aux citoyens cette trahison ? En prétendant que l’abrogation proposée par le RN était une « fausse » abrogation, qu’il fallait attendre la « vraie » abrogation, celle qui serait bien entendu proposée par la gauche. Et la proposition de loi a été dûment inscrite dans la « niche » communiste du jeudi 28 novembre. Le RN, décidément beaucoup moins sectaire que le NFP, avait annoncé cette fois qu’il voterait le projet, et le passage en commission s’est donc déroulé normalement. Seulement voilà, une fois arrivé à l’hémicycle, le « bloc central », qui fut le complice du NFP pour saborder le texte du RN, tourna casaque et déposa des centaines et des centaines d’amendements de manière à rendre impossible le vote du texte avant que le carrosse de la « niche » se transforme en citrouille. Et le texte, qui avait potentiellement une majorité solide derrière lui, n’a donc pas été soumis au vote. Scandaleux ? Certainement. Mais les cris d’orfraie de la gauche en général et des « insoumis » en particulier seraient nettement plus convaincants s’ils n’avaient pas systématiquement usé des mêmes méthodes depuis des années pour s’opposer au passage des textes des autres.

La « bordélisation » introduite par les « insoumis » dans l’enceinte de l’Assemblée a contaminé la plupart des groupes. Les débats de fond qui, jusqu’aux années 1990, étaient la règle, sont devenus l’exception. La manœuvre a remplacé l’argumentation. On ne combat plus un texte, on le sabote. De plus en plus, l’Assemblée fonctionne comme un jeu compliqué que seuls les initiés peuvent suivre, où la lettre du règlement prend le pas sur son esprit, où le droit ne sert plus à protéger l’intérêt général, mais à empêcher. Tout n’est plus que calcul politique, sans que l’effet de ces calculs sur les citoyens soit vraiment pris en compte.

Après l’élection de juillet, la logique aurait voulu que la minorité macroniste accepte sa défaite, et laisse l’Assemblée nouvellement élue voter, à l’initiative de l’un ou plusieurs groupes parlementaires, cette abrogation voulue par les Français. Peu importe ici de savoir si cette réforme est ou non juste, si elle est ou non indispensable à l’équilibre des finances publiques. Le fait est qu’en démocratie, c’est le peuple souverain qui est l’ultime juge des politiques mises en œuvre. Les macronistes ont eu largement le temps d’expliquer leur réforme. Si toutes ces explications n’ont pas suffi à convaincre le peuple de la justesse de leur position, la position démocratique serait d’y renoncer.

Abroger la réforme aurait eu une immense vertu pédagogique : elle aurait permis de montrer que le système politique écoute le peuple, et que le vote sert à quelque chose. Piétiner la volonté populaire en usant de toutes les ruses procédurales a l’effet inverse, celui de montrer une classe politique qui n’écoute que ses intérêts. Alors que tout le monde reconnaît l’effet délétère du vote de 2008, quand l’establishment politique – gauche et droite confondues – s’est assis sur le résultat du référendum de 2005 en ratifiant le traité de Lisbonne, on reproduit exactement la même situation en maintenant une réforme qu’une majorité d’électeurs a rejetée. Le fait est qu’on a voté à deux-tiers contre la réforme, et que celle-ci continuera à s’appliquer. Comment dans ces conditions le citoyen pourrait se sentir représenté par un parlement qui, de toute évidence, ne l’écoute pas ?

Le spectacle que donne l’Assemblée nationale est désolant. La teneur des débats montre chaque jour plus une classe politique qui, tous partis confondus, se regarde le nombril. Les problèmes de la France – autrement dit, ceux des Français – sont oubliés ou minimisés par des députés dont le seul objectif semble être d’obtenir des victoires tactiques à la petite semaine. Faire la nique au RN devient plus important qu’abroger la réforme des retraites. Et face à cette Assemblée, un gouvernement sans vision, sans unité, où dominent des ministres macronistes dont le seul objectif semble être que rien ne change aux politiques mises en œuvre ces sept dernières années avec les brillants résultats que l’on sait.

Mais pas pour longtemps. Parce que selon toute vraisemblable, le gouvernement sera bientôt censuré. Et s’il tombe, c’est parce qu’il se trouve devant une contradiction insoluble : il doit concilier un « bloc central » qui ne supporte pas la moindre remise en cause du crédo macroniste – moins d’impôts, plus d’argent pour les entreprises, démantèlement de l’Etat – et une extrême droite qui doit donner des gages à un électorat qui a voté pour lui avec l’espoir d’en finir avec l’héritage de monsieur Macron.

On nous explique que la chute de Michel Barnier est un signe d’une crise démocratique. Pour moi, c’est exactement le contraire. Il y a crise de la démocratie chaque fois que l’establishment politique se permet d’ignorer l’avis du peuple. Il y a crise de la démocratie quand une réforme des retraites reste en vigueur bien après que deux tiers des citoyens l’ont rejetée dans les urnes. Il y aurait une véritable crise de notre démocratie si un macronisme largement battu dans les urnes réussissait quand même à faire approuver une loi de finances conforme à ses désirs. Le fait qu’il y échoue devrait être salué par tous les démocrates.

Michel Barnier a échoué parce qu’au lieu de marquer la rupture avec le macronisme que le pays attendait, il a essayé au contraire d’assurer sa continuité. Or, dans un pays qui a majoritairement rejeté le macronisme, une telle ligne ne pouvait que mettre en porte à faux par rapport à leurs électeurs ceux qui, à droite comme à gauche, auraient pu le soutenir. Quand Marine Le Pen exprime ses « lignes rouges » – non indexation des pensions, taxe sur l’électricité, maintien de l’aide médicale d’Etat, déremboursement de certains médicaments – elle ne le fait pas pour le plaisir de faire du chantage. Elle le fait parce qu’elle sait que laisser passer un budget purement macroniste la mettrait en grande difficulté vis-à-vis de ses électeurs, qu’il lui faut pouvoir leur montrer que voter RN sert à quelque chose. Et les socialistes ont un peu le même problème : s’ils votent la censure, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont mis sous pression par les « insoumis ». Quel intérêt d’élire un député socialiste si ensuite il vote comme s’il était affilié au « bloc central » ?

Michel Barnier a eu tort d’oublier qu’il a été gaulliste. Il a conçu sa stratégie en recherchant le soutien de l’Assemblée nationale, alors que c’est le soutien du pays qu’il aurait dû sortir chercher. Parce que s’il avait l’électorat derrière lui, si les Français étaient convaincus que la loi de finances qui leur est proposée, sans être parfaite, est le mieux qu’on peut faire compte tenu des contraintes, qu’elle distribue justement les efforts demandés, et qu’elle prépare un avenir désirable, aucun parti n’aurait pris la responsabilité de le censurer. Oui, c’est entendu, le succès n’était pas garanti. Mais entre une stratégie qui a une petite chance de réussir, et une stratégie qui a toutes les chances d’échouer, le choix est vite fait.

C’est là à mon sens que se trouve la solution à la crise politique que nous vivons. Il faut remettre les choses à leur juste place. Le gouvernement est certes responsable devant l’Assemblée, mais il est d’abord et avant tout responsable devant le peuple français. Si la configuration de l’Assemblée nationale est telle qu’elle ne permet pas au gouvernement d’obtenir une véritable légitimité qui le mette à l’abri de la censure, c’est au pays qu’il doit la demander. C’est là l’esprit même de nos institutions. Celui qui succédera à Michel Barnier doit faire un discours de politique générale devant la nation, et non devant l’Assemblée nationale. Il doit construire un discours qui soit susceptible d’emporter l’adhésion non d’une majorité à l’Assemblée – c’est aujourd’hui clairement impossible – mais une majorité de citoyens. Et c’est avec cette caution populaire qu’il pourra se présenter devant l’Assemblée sans crainte d’être censuré. Parce qu’en démocratie, c’est le peuple qui est le juge suprême, n’est-ce pas ?

Descartes

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65 réponses à Et si on faisait appel au juge suprême ?

  1. Cording1 dit :

    Comme je ne cesse de le dire sur nombre pages Facebook il ne fallait pas sauver la mise des macroniens. Le NFP et la droite ont le fruit de leur politique électorale de Front républicain. Je dirais plus : bien fait pour eux ! Macron est indélogeable avant son départ officiel en 2027. 
    L’anti-Macron que j’étais dès 2014 avait bien raison. Il est le fruit pervers du quinquennat Hollande. Hollande ou cette erreur de casting. Je pense qu’il a clos un cycle historique entamé par le congrès d’Epinay et l’élection de François Mitterrand. La gauche toute réunie ne fait que 28% des voix. JLM par la NUPES puis par le NFP a permis d’éviter temporairement le naufrage total de la gauche voire son élimination de la représentation parlementaire. En effet par le PS elle a mis en place une Europe néolibérale irréformable parce qu’il y faut l’unanimité de ses membres or la plupart des pays de l’Europe du nord s’en trouve très bien.
    Michel Barnier n’est pas un gaulliste sinon cela se serait vu depuis longtemps. Il est un vieux représentant de la droite chiraquienne celle qui a liquidé le gaullisme. Comme le dit le député centriste Charles de Courson c’est le responsable de ce bordel Macron qui doit partir.
    Comme je ne le cesse de le dire à maints militants politiques qui se moquent de ma marotte qui est pourtant fondamentale : tant que vous ne voulez pas sortir de cette Europe et de son carcan nommé euro vous serez impuissants ou ne pourrez faire tôt ou tard qu’une politique économique et sociale néolibérale conforme aux traités.
    Le déni démocratique a commencé le 29 mai 2005 et tant que la classe politique et médiatique en sera dans son déni il n’est guère possible de faire vraiment autre chose. Peu importe le successeur de Barnier, c’est la forme alors que ce qui compte c’est le fonds.

    • Descartes dit :

      @ Cording1

      [Macron est indélogeable avant son départ officiel en 2027.]

      Vous allez un peu vite en besogne, je pense…

      [L’anti-Macron que j’étais dès 2014 avait bien raison. Il est le fruit pervers du quinquennat Hollande. Hollande ou cette erreur de casting. Je pense qu’il a clos un cycle historique entamé par le congrès d’Epinay et l’élection de François Mitterrand. La gauche toute réunie ne fait que 28% des voix.]

      Je n’en suis pas convaincu. En histoire, un cycle est clos quand un nouveau cycle commence. Or, je ne vois rien de nouveau à l’horizon. Oui, Macron est dans la continuité d’une logique qui s’est lentement imposée à partir de la fin des années 1960. Les prémisses de cette logique sont déjà visibles dans ce mouvement anti-institutionnel des classes intermédiaires que fut mai 1968. Avec Giscard, on peut déjà percevoir les premiers éléments de la révolution néolibérale qui se mettent en place, même si à l’époque personne ne pouvait faire le lien. Après l’élection de Mitterrand, et surtout de l’échec de la stratégie de relance par la consommation qui mit la gauche au pied du mur en 1983, l’ambigüité n’est plus de mise. On voit d’abord une alternance entre néolibéraux radieux et néolibéraux honteux – certains jouant l’un et l’autre rôle, pensez au Chirac de 1986 comparé à celui de 1995.

      Ce « cycle », c’est celui de la prise du pouvoir par les classes intermédiaires, de la conformation d’un bloc dominant constitué par l’addition de celles-ci avec la bourgeoisie. Et je ne vois pas qu’il soit « terminé », même si certains craquements se font entendre.

      [JLM par la NUPES puis par le NFP a permis d’éviter temporairement le naufrage total de la gauche]

      Pourquoi parlez-vous de « naufrage » ? A ce que je sais, nous avons un président de la République qui vient de la gauche. Le principal groupe du « bloc central » vient lui aussi de la gauche, tout comme les deux premiers ministres qui ont précédé Baroin. Après tout, qu’est ce qui différentie fondamentalement un Macron ou un Attal des apparatchiks socialistes ?

      [Comme je ne le cesse de le dire à maints militants politiques qui se moquent de ma marotte qui est pourtant fondamentale : tant que vous ne voulez pas sortir de cette Europe et de son carcan nommé euro vous serez impuissants ou ne pourrez faire tôt ou tard qu’une politique économique et sociale néolibérale conforme aux traités.]

      Tout à fait d’accord. On ne peut imaginer un instant qu’on pourrait faire une politique qui serait dans l’intérêt de la France et en même temps obéir aux injonctions d’un système fait pour défendre d’autres intérêts. Je ne sais pas s’il faut aller jusqu’à la sortie de l’UE ou de l’Euro, mais qu’il faut casser quelque chose, j’en suis convaincu.

      • Cording1 dit :

        Toutefois bien qu’issu de la gauche les formations politiques de gauche rejettent ce président. Pourtant il en est bien une de leurs expressions :une gauche néolibérale plus soucieuse du capital que du travail.
        Il est possible que les dissensions internes au sein du NFP ne produisent pas tôt ou tard une fracture qui conduirait à une pluralité de candidature en 2027 conduisant à son élimination dès le premier tour puis une éventuelle élimination parlementaire. C’est en ce sens que je parlais d’un éventuel naufrage.
        En parlant de cycle historique je pensais à une fameuse phrase de Gramsci que vous connaissez bien. En attendant un autre monde le vieux  s’effondre dans la douleur lentement, trop, mais sûrement. L’accouchement est lent et pénible. Il n’est pas interdit de penser qu’en fin de compte le RN au pouvoir ne soit pas ce nouveau avec toutes les ambiguïtés qu’il recèle.
        Enfin sauf une sortie violente Macron ne peut être délogé juridiquement de sa fonction. A moins qu’un processus de  destitution, bien improbable, n’arrive à son terme.

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [Toutefois bien qu’issu de la gauche les formations politiques de gauche rejettent ce président. Pourtant il en est bien une de leurs expressions : une gauche néolibérale plus soucieuse du capital que du travail.]

          Et surtout soucieuse des classes intermédiaires. Accessoirement, il n’y a pas que le président : quand Macron se présente en 2017, il a derrière lui pas mal de personnages venus de l’orbite socialiste et écologiste. Pour ne donner que quelques exemples, Attal, Borne, Collomb, Castaner viennent du PS, Canfin et Cohn-Bendit de l’écologie. Et on aurait tort d’accuser ces gens d’avoir « trahi ». Leurs convictions n’ont pas changé : il y a une parfaite continuité entre ce qu’ils ont défendu sous Hollande et ce qu’ils ont fait sous Macron ;

          [Il est possible que les dissensions internes au sein du NFP ne produisent pas tôt ou tard une fracture qui conduirait à une pluralité de candidature en 2027 conduisant à son élimination dès le premier tour puis une éventuelle élimination parlementaire. C’est en ce sens que je parlais d’un éventuel naufrage.]

          Je n’y crois pas. Ce qui les unit – le besoin de garder leurs positions électorales – est bien plus fort que ce qui les sépare. On le voit d’ailleurs tous les jours.

          [En parlant de cycle historique je pensais à une fameuse phrase de Gramsci que vous connaissez bien. En attendant un autre monde le vieux s’effondre dans la douleur lentement, trop, mais sûrement. L’accouchement est lent et pénible. Il n’est pas interdit de penser qu’en fin de compte le RN au pouvoir ne soit pas ce nouveau avec toutes les ambiguïtés qu’il recèle.]

          C’est peut-être le désespoir qui me gagne, mais j’en arrive à penser qu’il faut une rupture, et que finalement peu importe laquelle. Peu importe que ce soit Le Pen ou Mélenchon à l’Elysée. Dans un cas comme dans l’autre, cela obligera la société à réagir, à se poser des questions, à prendre position en dehors du cadre connu et familier, devenu anesthésiant. Prenez le cas de Macron : deux tiers des Français veulent le voir partir, mais vous ne mettrez pas 10.000 personnes dans la rue pour exiger son départ. Au fond, personne ne voit une alternative : Macron parti, cela ne changera rien. Un autre prendra sa place qui fera, de gré ou de force, la même politique.

  2. maleyss dit :

    Et comment, je vous prie, pourra t’on juger de l’adhésion du peuple à ce discours de politique générale ? Par référendum ? Mais cela est la prérogative du Président, et on sait ce que ce dernier pense du peuple. 
    Par  ailleurs, j’ai du mal à suivre votre raisonnnement  : vous semblez appeler de vos voeux l’abrogation de la réforme des retraites, alors que, ab imo pectore, vous savez parfaitement, et vous l’avez répété, que cette  réforme  est indispensable, ou du moins qu’UNE  réforme est indispensable.
     

    • Descartes dit :

      @ maleyss

      [Et comment, je vous prie, pourra t’on juger de l’adhésion du peuple à ce discours de politique générale ?]

      De la même manière que Marine Le Pen a pu juger que son électorat voulait voir Barnier dégager le plancher, ou que Mélenchon a pu juger que son électorat a envie de le voir manifester contre l’islamophobie. En écoutant les Français dans les usines, dans les marchés, dans la rue. Directement ou à travers des militants qui font monter le ressenti du terrain. On peut reprocher beaucoup de choses à nos élus, mais dans leur grande majorité ils sont parfaitement capables de prendre le pouls de leur électorat, et savent parfaitement quelles sont les positions qui leur feront perdre des voix, et lesquelles leur en feraient gagner.

      [Par ailleurs, j’ai du mal à suivre votre raisonnement : vous semblez appeler de vos voeux l’abrogation de la réforme des retraites, alors que, ab imo pectore, vous savez parfaitement, et vous l’avez répété, que cette réforme est indispensable, ou du moins qu’UNE réforme est indispensable.]

      Pardon : ce n’est pas parce qu’on est persuadé qu’UNE réforme est indispensable qu’on doit garder CETTE réforme, que je considère désastreuse. Mais la question n’est pas là : bonne ou mauvaise, cette réforme a une valeur symbolique : elle symbolise la brutalité avec laquelle le macronisme a abusé des institutions pour imposer une réforme a un pays qui n’en voulait pas. Et les symboles ont leur importance : un gouvernement qui maintient la réforme marque sa continuité avec le programme et les méthodes macronistes. Or, cette continuité a été rejetée massivement par les électeurs. Il faut donc marquer une rupture, et la seule manière de la faire c’est d’abattre le symbole.

  3. Bob dit :

    @ Descartes
     
    Les Français ont dit clairement non à la réforme des retraites proposée par Macron, avec des manifestations pas vues depuis des décennies, dans la rue ; ils l’ont redit par le vote. Celle-ci est toujours en vigueur. Que faut-il faire ?

    [un gouvernement sans vision, sans unité, où dominent des ministres macronistes]
     
    Ce simple fait est pour moi une éclatante défaite de notre démocratie. Balayés par les élections – et comment ! – les macronistes sont toujours là, avec un pouvoir d’action, voire de nuisance contre la majorité populaire.
     
    [ Il doit construire un discours qui soit susceptible d’emporter l’adhésion non d’une majorité à l’Assemblée – c’est aujourd’hui clairement impossible – mais une majorité de citoyens. Et c’est avec cette caution populaire qu’il pourra se présenter devant l’Assemblée sans crainte d’être censuré.]
     
    Fort bien, mais en pratique comment savoir si le discours de politique générale à l’accord majoritaire de la Nation ?
    Et puis, en imaginant qu’on le sache, on en revient à une situation de quasi blocage puisque le prochain futur gouvernement sera irrémédiablement mis en difficulté par le bloc macroniste qui s’obstine à refuser le verdict des urnes ; il lui sera donc très difficile d’avoir ce vote d’adhésion qui in fine est voté par… les députés.

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [Les Français ont dit clairement non à la réforme des retraites proposée par Macron, avec des manifestations pas vues depuis des décennies, dans la rue ; ils l’ont redit par le vote. Celle-ci est toujours en vigueur. Que faut-il faire ?]

      Ca dépend qui est « il ».

      [Ce simple fait est pour moi une éclatante défaite de notre démocratie. Balayés par les élections – et comment ! – les macronistes sont toujours là, avec un pouvoir d’action, voire de nuisance contre la majorité populaire.]

      Oui, mais leur pouvoir d’action est sévèrement limité, comme la situation actuelle le montre. Jusqu’à la dissolution, ils pouvaient se permettre le luxe de « réformer » contre une majorité des Français. Plus maintenant.

      [Fort bien, mais en pratique comment savoir si le discours de politique générale à l’accord majoritaire de la Nation ?]

      On peut reprocher beaucoup de choses à nos élus. Mais pas de ne pas connaître leurs électeurs. Et dans les marchés, dans les rues, dans les usines, dans leurs permanences, les gens disent aux élus – et aux militants de leurs partis – ce qu’ils en pensent. Prenons un exemple : quand Marine Le Pen décide de voter la censure, pensez-vous qu’elle n’a pas pris avant la peine d’écouter ses électeurs ?

      [Et puis, en imaginant qu’on le sache, on en revient à une situation de quasi blocage puisque le prochain futur gouvernement sera irrémédiablement mis en difficulté par le bloc macroniste qui s’obstine à refuser le verdict des urnes ; il lui sera donc très difficile d’avoir ce vote d’adhésion qui in fine est voté par… les députés.]

      Mais pour commencer il n’a pas besoin que les députés votent pour lui, il lui suffit que les députés ne le censurent pas. Or, il est difficile de censurer un homme qui est populaire dans le pays. Je ne vous dis pas que ce soit facile. Il faudrait un homme ayant « une certaine idée de la France », et la capacité à la faire partager. Je ne sais si cet homme existe aujourd’hui – franchement, je ne vois personne. Mais on dit que les circonstances exceptionnelles révèlent les hommes exceptionnels…

      • Antoine dit :

        Or, il est difficile de censurer un homme qui est populaire dans le pays. Je ne vous dis pas que ce soit facile. Il faudrait un homme ayant « une certaine idée de la France », et la capacité à la faire partager

        De Villepin ? Beau discoureur de droite, il a déjà montré qu’il savait écouter le peuple en renonçant au CPE/CNE. Il aurait l’avantage de plaire aux propalestiniens d’une part et aux réfractaires de la guerre de l’UE contre la Russie d’autre part.

        • Descartes dit :

          @ Antoine

          [De Villepin ?]

          De Villepin a été un excellent ministre des affaires étrangères, parce qu’il avait « une certaine idée » de la présence de la France à l’international. Mais lorsqu’il fut premier ministre, on peut difficilement dire qu’il ait énoncé une vision globale de ce que devrait être la France. Il est vrai que le climat de la présidence Chirac finissante ne se prêtait pas trop à ce genre de grand projet.

          [Beau discoureur de droite, il a déjà montré qu’il savait écouter le peuple en renonçant au CPE/CNE.]

          J’aurais tendance à conclure le contraire. Le fait de présenter un projet de loi qu’on doit retirer en catastrophe peu après devant la levée de boucliers montre un défaut de connaissance de l’état de l’opinion. S’il avait su « écouter le peuple », il aurait compris qu’il y aurait un problème avant de présenter le projet en question.

          [Il aurait l’avantage de plaire aux propalestiniens d’une part (…)]

          Mais le désavantage de déplaire aux americanolâtres et autres partisans du nettoyage ethnique. Ca compense.

          [(…) et aux réfractaires de la guerre de l’UE contre la Russie d’autre part.]

          « La guerre de l’UE contre la Russie » ? J’ignorais que « l’UE » était en guerre… pourriez-vous m’indiquer quand cette guerre a été déclarée ?

          • Antoine dit :

            S’il avait su « écouter le peuple », il aurait compris qu’il y aurait un problème avant de présenter le projet en question.

            Je voulais dire qu’il avait su prendre en compte le refus généralisé de cette “réforme” et rebrousser chemin. Mais je viens de relire quelques articles sur cette époque qui le présentent comme un forcené qui n’a cédé que sur ordre exprès  du Président. Je ne sais trop quoi penser finalement.

            Mais le désavantage de déplaire aux americanolâtres et autres partisans du nettoyage ethnique

            Effectivement…

            J’ignorais que « l’UE » était en guerre… pourriez-vous m’indiquer quand cette guerre a été déclarée ?

            Elle ne l’est pas pour l’instant. Mais certains essaient de nous la vendre.
             

          • CVT dit :

            @Descartes,

            [J’aurais tendance à conclure le contraire. Le fait de présenter un projet de loi qu’on doit retirer en catastrophe peu après devant la levée de boucliers montre un défaut de connaissance de l’état de l’opinion. S’il avait su « écouter le peuple », il aurait compris qu’il y aurait un problème avant de présenter le projet en question.]

            Oh, c’est même pire que ça: dans le cas de la loi sur le CPE, le projet de loi avait bien été voté grâce au 49-3 et finalement promulgué comme loi au JO.
            Toutefois, et c’était une contorsion du père Chichi (digne du personnage…), il l’avait aussitôt décrétée lettre-morte, en affirmant qu’il ne l’appliquerait pas, ce qui est formellement une forfaiture; en effet, l’Exécutif se doit d’appliquer les textes votés par le Législateur, mais c’était la seule solution qu’il avait trouvée pour sauver la face de son premier ministre. 
            Cette façon de faire de nos gouvernant a, depuis lors, fait florès : depuis 2006, plus aucun texte de loi controversé n’a été retiré, particulièrement ceux qui sont imposés contre la volonté populaire.
            Désormais, plutôt que de les retirer purement et simplement, on préfère ratifier des textes de loi même très largement expurgés et délavés, à mille lieues de leur esprit initial: à croire que céder explicitement devant la volonté populaire  est devenu infamant pour nos dirigeants…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Désormais, plutôt que de les retirer purement et simplement, on préfère ratifier des textes de loi même très largement expurgés et délavés, à mille lieues de leur esprit initial: à croire que céder explicitement devant la volonté populaire est devenu infamant pour nos dirigeants…]

              C’est cela la politique moderne… l’idée que le peuple est le juge suprême – ce qui ne veut pas dire qu’il ait toujours raison, mais qu’il a droit à voir ses décisions mises en oeuvre – a été mise de côté par une classe qui est persuadée de savoir ce qui est le mieux pour le peuple, et qui s’estime légitime à le mettre en oeuvre y compris contre lui.

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [C’est cela la politique moderne… l’idée que le peuple est le juge suprême – ce qui ne veut pas dire qu’il ait toujours raison, mais qu’il a droit à voir ses décisions mises en oeuvre – a été mise de côté par une classe qui est persuadée de savoir ce qui est le mieux pour le peuple, et qui s’estime légitime à le mettre en oeuvre y compris contre lui.]
               
               
              Cette politique “moderne” n’est-elle pas par là même anti-démocratique ?

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Cette politique “moderne” n’est-elle pas par là même anti-démocratique ?]

              Certainement. Mais avant de la condamner pour cette raison, il faut être conscient des limites de la « démocratie ». Nous avons des institutions démocratiques, dans laquelle le peuple délègue à des représentants librement élus les différents pouvoirs (lorsqu’il ne les exerce pas directement par la voie du référendum) pour un temps limité et dans un cadre fixé par la hiérarchie des normes.

              A côté de cette « politique visible » il y a une « politique cachée », qui est celle du rapport de forces entre les différents groupes sociaux. Pourquoi un groupe donné accepterait-il le verdict des urnes s’il pense pouvoir obtenir un meilleur résultat en faisant jouer le rapport de forces – que ce soit dans la rue, sur les marchés financiers ou, dans des cas limites, en faisant parler la poudre ? C’est pourquoi les institutions démocratiques fonctionnent aussi longtemps qu’aucun groupe n’estime pouvoir obtenir de meilleurs résultats en reversant la table. Et cela concerne tout particulièrement le groupe dominant, puisque le rapport de forces va généralement dans son sens.

              Bien sûr, renverser la table a un coût, et c’est pourquoi on n’arrive pas souvent à de telles extrémités. Mais sans aller aussi loin, on peut voir quotidiennement des situations où la règle démocratique est discrètement violée pour faire place au rapport de forces. Et ces violations de la règle démocratique sont souvent présentées idéologiquement de manière à les légitimer au nom de valeurs supérieures. Dans le cas qui nous occupe, les classes intermédiaires prétendent faire le bonheur du peuple malgré lui en invoquant des principes comme la rationalité (souvenez-vous du « cercle de la raison » cher à Minc), les droits de l’homme et autres principes incontestables…

        • Antoine dit :

          Finalement, c’était prévisible : l’ego-politique remporte le lot.

  4. Bob dit :

    @ Descartes
     
    [Et si on faisait appel au juge suprême ?]
     
     
    Quelle serait la question ?

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [“Et si on faisait appel au juge suprême ?” Quelle serait la question ?]

      “Est-ce que le projet que je vous propose est acceptable pour vous ?”

  5. LE PANSE Armel (homme) dit :

    Cher Descartes,
    Merci une fois de plus pour cet article revigorant !
    J’aurais juste une question à vous poser : devant ce marasme politicien, ne croyez-vous pas que nous sommes mûrs pour une écriture politique et non tactique d’une nouvelle constitution républicaine ? En tout cas, la santé et l’éducation en auraient bien besoin, sans parler de l’industrie moribonde et de l’artisanat à la peine …
    Et à qui confier cette écriture ? Des spécialistes, des juristes, des savants ou bien des gens ordinaires, non-spécialistes mais fervents démocrates ? Comment les repérer et qui les désignera ?
    Pardon d’avance pour la complexité que soulèvent pareilles questions !
    Bonne continuation à vous
     

    • Descartes dit :

      @ LE PANSE Armel (homme)

      [J’aurais juste une question à vous poser : devant ce marasme politicien, ne croyez-vous pas que nous sommes mûrs pour une écriture politique et non tactique d’une nouvelle constitution républicaine ? En tout cas, la santé et l’éducation en auraient bien besoin, sans parler de l’industrie moribonde et de l’artisanat à la peine …]

      Je ne vois pas très bien ce que la « constitution » a à voir avec « la santé, l’éducation, l’industrie ou l’artisanat ». La constitution doit être le texte qui organise le fonctionnement des pouvoirs publiques et la garantie des droits fondamentales. L’idée de constitutionnaliser une politique sanitaire, éducative, industrielle me paraît profondément antidémocratique. Ce sont là des matières qui appartiennent au pouvoir législatif, et non au pouvoir constituant.

      Une nouvelle constitution ? Pour quoi faire ? Qu’est ce que vous voudriez faire que la constitution aujourd’hui en vigueur vous empêche de faire ?

      [Et à qui confier cette écriture ? Des spécialistes, des juristes, des savants ou bien des gens ordinaires, non-spécialistes mais fervents démocrates ? Comment les repérer et qui les désignera ?]

      Si par « non spécialistes » vous entendez Mme Michu, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, et je suis convaincu que Mme Michu partagera largement mon point de vue, parce que les Français sont très conscients de leurs propres limites. Mais dans la rédaction d’un texte juridique, il y a deux étapes bien distinctes. Il y a l’étape de conception, qui répond à la question « quoi », et celle de la rédaction proprement dite, ou l’on répond à la question « comment ». On commence par se fixer des objectifs et par faire les grands choix – parlementarisme ou présidentialisme ? pouvoir ou autorité judiciaire ? liste des droits à protéger et limites de cette protection. Et ensuite on rédige un texte qui mette ces objectifs et ces choix en forme. La première étape doit être confiée à des gens bénéficiant d’une longue expérience administrative et/ou politique, c’est-à-dire, les gens habitués à faire fonctionner la machine. Ce sont donc surtout des hauts fonctionnaires et des politiciens chevronnés qui devraient être sollicités. La seconde étape, ce sont les juristes. Et bien entendu, le résultat doit être soumis au peuple souverain pour approbation ou rejet.

  6. Glarrious dit :

    [Celui qui succédera à Michel Barnier doit faire un discours de politique générale devant la nation, et non devant l’Assemblée nationale. Il doit construire un discours qui soit susceptible d’emporter l’adhésion non d’une majorité à l’Assemblée – c’est aujourd’hui clairement impossible – mais une majorité de citoyens. Et c’est avec cette caution populaire qu’il pourra se présenter devant l’Assemblée sans crainte d’être censuré. Parce qu’en démocratie, c’est le peuple qui est le juge suprême, n’est-ce pas ?]
     
    Je ne comprend pas, pourquoi avoir une majorité de citoyens pourrait empêcher une motion de censure ? On l’a vu avec le traité de Lisbonne que le vote de la majorité des citoyens sur le référendums a été ignoré. De plus son discours de politique générale contiendrait quoi selon vous ? Qu’est ce qu’il devrait dire ?

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [Je ne comprend pas, pourquoi avoir une majorité de citoyens pourrait empêcher une motion de censure ?]

      Parce que les politiciens sont sensibles à leur électorat. Et cette sensibilité est d’autant plus forte que le poids des partis « populistes », dont l’influence repose essentiellement sur leur capacité à capter et retenir des électorats toujours tentés par l’abstention, est plus grand. S’il y avait à Matignon un premier ministre dont le 70% de la population pensait qu’il fait la meilleure politique possible compte tenu des contraintes, pensez-vous qu’une Marine Le Pen ou un Mélenchon oseraient le censurer ?

      [On l’a vu avec le traité de Lisbonne que le vote de la majorité des citoyens sur le référendums a été ignoré.]

      Oui. Et on a vu le résultat : les partis ont ignoré le vote populaire, et ont été laminés en quelques années, alors que l’extrême droite a monté en flèche. Pensez-vous qu’ils soient prêts à refaire cette erreur ?

      [De plus son discours de politique générale contiendrait quoi selon vous ? Qu’est ce qu’il devrait dire ?]

      Vous m’avez presque donné envie d’écrire un discours « comme si j’y étais ». Peut-être devrais-je le faire et l’envoyer à l’Elysée avec une lettre de candidature. Il paraît qu’il y a une place vacante…

      Pour revenir à votre question, je pense que ce discours devrait contenir les éléments suivants (je résume chacun dans une phrase, il faudrait bien entendu développer) :

      1) La politique qui a été suivie depuis 2017, qui ne fait que prolonger la politique du chien crevé au fil de l’eau des gouvernements antérieurs est un échec. J’entends donc opérer une rupture complète avec celle-ci.

      2) La situation de la France est difficile, et nous ne nous en sortirons si chacun contribue à l’effort commun. J’entends donc demander des efforts, mais ceux-ci seront justement repartis (et là il faut détailler un minimum de mesures concrètes montrant que tout le monde paye, et que ceux qui ont plus payent plus).

      3) Tout cet effort n’a pas pour objectif satisfaire on ne sait quelle autorité supranationale, mais il doit conduire à reconstruire une France plus grande, plus belle, plus forte, plus riche, plus sûre. Et c’est pourquoi les efforts de réduction de la dépense publique comme privée ne doivent pas toucher les dépenses qui préparent l’avenir (infrastructures, éducation, santé, développement productif). Par contre, il y a des économies importantes à faire (là aussi, il faut donner des détails montrant que tous les autres secteurs seront passés au crible).

      4) Ce programme ne satisfera personne complètement. Mais c’est le meilleur compromis possible aujourd’hui entre les intérêts des différentes catégories. Il ne peut réussir que s’il bénéficie de l’engagement de tous. C’est pourquoi je le présenterai en bloc à l’Assemblée nationale et que je l’exécuterai en entier, sans entendre tel ou tel lobby qui demandera à être exempté de la règle générale.
      5) Je m’adresse donc à vous, citoyens. Si vous le soutenez, alors faites le savoir à vos élus, qui seront amenés à se prononcer en votre nom. Si vous n’en voulez pas, alors je préfère me retirer, car je ne tiens pas à rester pour appliquer un autre programme que celui qui va dans l’intérêt de tous.

      6) A vous de choisir. Fondu au noir, Marseillaise.

      • Bob dit :

        @ Descartes
         
        Envoyez votre lettre de candidature à l’Élysée svp.

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [Envoyez votre lettre de candidature à l’Élysée svp.]

          Malheureux! Et si elle est retenue, je fais quoi ?

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            Comme nos gouvernements depuis des années, vous improviserez.
            De toute façon, vous pourrez difficilement faire pire qu’eux !
            Ne trainez pas, Macron semble vouloir aller vite cette fois-ci.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Ne trainez pas, Macron semble vouloir aller vite cette fois-ci.]

              Ok, j’envoie. Après tout, il faut bien que quelqu’un se dévoue pour éviter à notre pays d’avoir Bayrou!

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
               
              [Ok, j’envoie. Après tout, il faut bien que quelqu’un se dévoue pour éviter à notre pays d’avoir Bayrou!]
               
              Oui !
              Macron vient d’annoncer un nouveau 1er ministre sous 48 heures. Des nouvelles de votre candidature ?

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Macron vient d’annoncer un nouveau 1er ministre sous 48 heures. Des nouvelles de votre candidature ?]

              Oui: la droite me trouve trop révolutionnaire, la gauche trop conservateur, le centre trop souverainiste, le RN n’a pas été consulté.

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [Oui: la droite me trouve trop révolutionnaire, la gauche trop conservateur, le centre trop souverainiste, le RN n’a pas été consulté.]
               
              On verra l’annonce demain soir, mais cela nous laisse peu d’espoir.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [On verra l’annonce demain soir, mais cela nous laisse peu d’espoir.]

              En tout cas, je commence à réflechir à une équipe… on ne sait jamais, il faut pas se laisser surprendre!

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [Après tout, il faut bien que quelqu’un se dévoue pour éviter à notre pays d’avoir Bayrou!]
               
              Raté !

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Raté !]

              Ca, on peut le dire… Une nomination digne de Caligula.

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [Ca, on peut le dire… Une nomination digne de Caligula.]
               
              Parce que Macron errerait du côté de la folie ou parce qu’il a nommé son cheval ?

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Parce que Macron errerait du côté de la folie ou parce qu’il a nommé son cheval ?]

              Pour répondre à votre question, je vous dirai que dans les ministères certains hauts-fonctionnaires appellent gentiment notre nouveau premier ministre “Incitatus”. Non, je ne dirais pas que Macron erre du côté de la folie. Au contraire, il est devenu terriblement raisonnable. Trop raisonnable même pour le poste qu’il occupe, et qui a besoin quelque part d’une certaine démesure, d’une certaine mégalomanie. Si le président ne croit pas qu’il est capable de déplacer des montagnes, personne ne le croira à sa place. Et la façon dont il a cédé au chantage montre qu’il ne reste plus rien du président “jupitérien” qu’il voulait être.

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [Et la façon dont il a cédé au chantage montre qu’il ne reste plus rien du président “jupitérien” qu’il voulait être.]
               
              Oui. Et avec un gouvernement qui est condamné à jouer les équilibristes du fait des trois blocs, le blocage du pays, au sens d’absence de réformes importantes, est ce qui nous attend jusque 2027. C’est peut-être le plus grave : après 7 ans de réformes qui n’ont pas amélioré l’état du pays – c’est peu de le dire -, le statu quo nous attend.
              Une possible future dissolution pouvant donner peu ou prou les mêmes résultats qu’aujourd’hui, on entend de plus en plus, à gauche comme à droite, des voix s’élever pour dire que la seule vraie issue à ce marasme est la démission de Macron.
              Quel est votre point de vue sur ce point crucial ?

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [« Et la façon dont il a cédé au chantage montre qu’il ne reste plus rien du président “jupitérien” qu’il voulait être. » Oui. Et avec un gouvernement qui est condamné à jouer les équilibristes du fait des trois blocs, le blocage du pays, au sens d’absence de réformes importantes, est ce qui nous attend jusque 2027.]

              Je persiste et signe. Pour dépasser le blocage du Parlement, la seule façon qui vaille est de faire appel au peuple souverain. Et il y a plusieurs façons de le faire. La plus simple, c’est de s’adresser à la nation, de lui présenter un projet et un programme de gouvernement qui soit simple, clair, équilibré et qui répartisse l’effort d’une manière juste. Si un tel message est efficace, s’il recueille un consensus massif de la population, les députés auront du mal à aller contre lui, à censurer un gouvernement qui aura acquis sinon le soutien, au moins la bienveillance du peuple. Pour moi, le fait que le premier ministre consulte tout ce qui bouge dans le marigot mais omet de s’adresser directement au peuple est très significatif de l’époque.

              [C’est peut-être le plus grave : après 7 ans de réformes qui n’ont pas amélioré l’état du pays – c’est peu de le dire -, le statu quo nous attend.]

              Le mot « réformes » doit être mis entre guillemets. Plus que des « réformes » (qui, comme l’étymologie l’indique, implique de donner une nouvelle « forme » aux choses) on a assisté à une destruction en règle des institutions. La réforme de la fonction publique en est peut-être le meilleur exemple.

              [Une possible future dissolution pouvant donner peu ou prou les mêmes résultats qu’aujourd’hui, on entend de plus en plus, à gauche comme à droite, des voix s’élever pour dire que la seule vraie issue à ce marasme est la démission de Macron. Quel est votre point de vue sur ce point crucial ?]

              Avant de chercher à résoudre un problème, il faut commencer par le poser correctement. Quel est le problème qu’on chercherait à résoudre par la démission de Macron ? La fragmentation du spectre politique ? Elle ne fait que refléter la fragmentation du pays. L’isolement d’une caste politique qui fonctionne en circuit fermé et n’entend plus le pays ? Ce n’est pas en substituant un président issu de cette caste par un autre de même origine que vous allez régler le problème.

              Je ne pense pas comme vous que « ce point » soit « crucial ». Le point « crucial », c’est celui qui est à l’origine de la crise non pas de nos institutions, mais beaucoup plus largement de l’idée même de « politique ». Tant que l’activité politique sera un théâtre ou des gens feront semblant de gouverner alors que les vraies décisions se prennent ailleurs (dans les conseils d’administration, à Bruxelles, dans des autorités administratives indépendantes, chez les juges), on ne sortira pas de cette situation. Tout le monde aujourd’hui accuse Macron d’avoir provoqué la crise avec la dissolution. Mais la crise était déjà là. Tout ce que la dissolution a fait, c’est de rendre visible ce qui était auparavant caché.

              Si Macron démissionnait maintenant, il ouvrirait une deuxième crise. On aurait grosso modo un mois pour élire un nouveau président, et dans le paysage qui se présente à nous on voit mal qui, à part Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon serait en mesure de proposer un candidat charismatique. On aurait probablement un sursaut du « bloc dominant » qui mettrait en selle un candidat centriste peu connu mais soutenu à bout de bras par tous les pouvoirs occultes de l’eurolâtrie et de la finance. Et à partir de là, soit on aura soit un Macron-bis à l’Elysée – ne sous-estimez jamais la lâcheté de nos concitoyens et leur peur de l’inconnu – soit un Mélenchon qui changerait tout pour que rien ne change, soit une Marine Le Pen dont il est difficile de prévoir les lignes de gouvernement. Le seul avantage de ces deux dernières solutions serait de provoquer une crise profonde, et donc d’ouvrir peut-être la voie à quelque chose de différent.

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              Oui, “réformes” entre guillemets. En écrivant ce mot, je pensais saccage des institutions.
               
              [La fragmentation du spectre politique ? Elle ne fait que refléter la fragmentation du pays. L’isolement d’une caste politique qui fonctionne en circuit fermé et n’entend plus le pays ?]
               
              La fragmentation du pays est un fait, rien ne pourra le changer.
              Quant au fait que la caste politique n’entend plus le pays, quel meilleur exemple pouvions-nous avoir que Bayrou qui à peine nommé commence par prendre l’avion – merci pour le CO2 émis au passage – pour assister au conseil municipal de Pau tandis même que la France n’a ni budget ni gouvernement, qu’accessoirement une réunion de crise se tient pour gérer les effets des destructions de l’ouragan à Mayotte et qui nous parle de retoquer la loi ô combien prioritaire en ces temps sur le non-cumul des mandats ? On aimerait croire que c’est sa marionnette des Guignols de l’info qui était dans l’avion…
               
              Très intéressant, une démission de Macron, contrairement à ce qu’on entend toujours plus fort, ne réglerait donc rien, en tout cas pas directement.
               
              Personne – que ce soit parmi les politiciens, les journalistes ou les “spécialistes des plateaux télé” – ne préconise le recours au juge suprême malheureusement. Cela me fait d’autant plus regretter l’échec de votre candidature.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [« La fragmentation du spectre politique ? Elle ne fait que refléter la fragmentation du pays. L’isolement d’une caste politique qui fonctionne en circuit fermé et n’entend plus le pays ? » La fragmentation du pays est un fait, rien ne pourra le changer.]

              Sur ce point, je suis plus optimiste que vous. Cette fragmentation n’est pas arrivée par hasard, elle est le résultat de quarante ans de discours catégoriels, par une clase politique qui a fait sienne une approche marketing : on divise l’opinion en « groupes », et on tient à chacun de ces groupes un langage de victimisation qui exploite ses angoisses. C’est une approche qui aboutit nécessairement à une fragmentation de la société, chaque groupe persuadé qu’il ne peut compter sur la solidarité des autres. Cela fait bien longtemps qu’aucun homme politique ne s’adresse à l’ensemble du pays, pire, nos hommes politiques cultivent des images « transgressives » ou « clivantes »…

              [Quant au fait que la caste politique n’entend plus le pays, quel meilleur exemple pouvions-nous avoir que Bayrou qui à peine nommé commence par prendre l’avion – merci pour le CO2 émis au passage – pour assister au conseil municipal de Pau tandis même que la France n’a ni budget ni gouvernement, qu’accessoirement une réunion de crise se tient pour gérer les effets des destructions de l’ouragan à Mayotte et qui nous parle de retoquer la loi ô combien prioritaire en ces temps sur le non-cumul des mandats ? On aimerait croire que c’est sa marionnette des Guignols de l’info qui était dans l’avion…]

              Je ne sais plus qui disait que si l’art de la parodie se perd, c’est parce qu’on aurait du mal aujourd’hui à distinguer la parodie de l’original. Nous n’avons plus les Guignols parce qu’il y a le risque que la marionnette fasse plus premier ministre que l’original. Le déplacement de Bayrou donne une idée d’où se situent ses priorités : pas dans la gestion de la crise à Mayotte, pas dans la formation d’un gouvernement ou l’élaboration du budget, mais dans la préservation de son fauteuil de maire de Pau. Il est tellement peu pénétré de sa mission à la tête du gouvernement qu’il fait passer ses fonctions gouvernementales – et la responsabilité qui va avec – au second plan. Il a tellement peu confiance dans ses propres troupes, qu’il a même peur de laisser le fauteuil à son premier adjoint le temps que durera son expérience gouvernementale.

              [Très intéressant, une démission de Macron, contrairement à ce qu’on entend toujours plus fort, ne réglerait donc rien, en tout cas pas directement.]

              Je ne le pense pas, en effet. Tout au plus, il accélérerait la décomposition du système. Pour ceux qui pensent que de cette décomposition sortira quelque chose de meilleur, c’est une bonne idée. Personnellement, je n’en suis pas totalement convaincu.

              [Personne – que ce soit parmi les politiciens, les journalistes ou les “spécialistes des plateaux télé” – ne préconise le recours au juge suprême malheureusement.]

              Parce qu’ils en ont tous peur… les politiciens, les journalistes, les toutologues qui hantent les plateaux de télévision appartiennent à ce petit group pour qui la politique est un jeu, parce que leurs statuts les protègent des conséquences des politiques qu’ils font et qu’ils commentent. Ce ne sont pas eux qui arriveront à 62 ans le dos cassé ou les poumons silicosés, et devront quand même attendre deux ans de plus pour avoir leur retraite. Ce ne sont pas eux qui auront a slalomer entre les clients et les dealers dans leur hall d’immeuble. Ils ont avec la politique le même rapport que peut avoir le jouer de jeu vidéo avec les personnages qui sont à l’écran.

              Appeler au juge suprême, c’est sortir de ce jeu confortable et se confronter à la réalité. Parce que faire appel à lui, c’est prendre le risque qu’il vous donne tort. Et c’est là le début des vrais emmerdements. Bien sûr, on peut toujours essayer de contourner le vote, mais ça marche de moins en moins. On a réussi à annuler une partie du vote de 2005 avec le traité de Lisbonne, mais malgré les efforts considérables de la bienpensance britannique, ils n’ont pas réussi à faire revoter sur le Brexit ou à le vider de son contenu.

              [Cela me fait d’autant plus regretter l’échec de votre candidature.]

              J’étais prêt à faire don de mon corps à la France. La France n’en a pas voulu, je le reprends et je m’en vais fêter Noël !

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [J’étais prêt à faire don de mon corps à la France. La France n’en a pas voulu, je le reprends et je m’en vais fêter Noël !]
               
              Ma déception est à la hauteur des espérances que l’ébauche de votre programme avait fait surgir chez moi (gardez-le au chaud, au cas où Bayrou sauterait dans quelques mois).
              Qu’il en soit ainsi. Grand bien vous fasse !

          • P2r dit :

            @ Descartes 
             
            [Je ne sais plus qui disait que si l’art de la parodie se perd, c’est parce qu’on aurait du mal aujourd’hui à distinguer la parodie de l’original. Nous n’avons plus les Guignols parce qu’il y a le risque que la marionnette fasse plus premier ministre que l’original. ]
            C’était le propos d’Alain Supiot dans une interview au Figaro il y a quelque temps. Mais peut-être l’a t’il emprunté à quelqu’un. 

            • Descartes dit :

              @ P2r

              [C’était le propos d’Alain Supiot dans une interview au Figaro il y a quelque temps. Mais peut-être l’a t’il emprunté à quelqu’un.]

              Je pense qu’on peut trouver beaucoup de sources, parce que c’est une constatation presque banale. La parodie a connu son âge d’or au XXème siècle, mais est aujourd’hui un genre presque éteint. Cela fait bien longtemps qu’on ne voit pas un film comme “la vie de Brian” ou “coup de tête” (on se demande d’ailleurs s’il serait possible de les réaliser aujourd’hui).

      • maleyss dit :

        Vous pouvez même aller jusqu’à évoquer “blood(peut-être pas, mais…), toil, tears and sweat”. Parce que je ne pense pas qu’on puisse s’en sortir autrement.

        • Descartes dit :

          @ maleyss

          [Vous pouvez même aller jusqu’à évoquer “blood(peut-être pas, mais…), toil, tears and sweat”. Parce que je ne pense pas qu’on puisse s’en sortir autrement.]

          Certainement. Et je suis persuadé que nos concitoyens sont prêts à accepter ce discours, à condition de pouvoir faire confiance au gouvernement pour que “blood, toil, tears and sweat” soient équitablement distribuées, et pour que ces sacrifices servent à quelque chose.

  7. Lafleur dit :

    [ Le texte sera finalement rejeté le 31 octobre avec l’abstention hypocrite du NFP.]
    Il a été rejeté par un vote contre des élus des groupes GDR, PS et EELV, à l’exception de celui l’hypocrite et de soumission au RN par LFI qui s’est abstenue. 
    https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/scrutins/217#groupeRN
    L’abstention de LFI est bien hypocrite après avoir créé un climat délétère et de confusion. Le bilan de l’échec pour la gauche politique de 2023/2024 sur le sujet n’a toujours pas été tiré. Ils ont ménagé, comme ils le reprochent à Barnier ou à Macron, le RN de Madame Le Pen, en espérant son soutien.
     [Et la proposition de loi a été dûment inscrite dans la « niche » communiste du jeudi 28 novembre. ]
    La “niche” insoumise qui fut un bel échec. Toute l’action de la LFI est marquée d’un certain “crétinisme parlementaire” comme le décrivait Marx et Engels.
    Pour les communistes, leur niche a eu lieu le 30 mai 2024, avec notamment l’adoption par l’assemblée nationale de la prise en charge des soins liés au traitement du concret du sein par l’assurance maladie.  
    Mélenchon estime que son mouvement thaumaturge serait donc seul en mesure d’émanciper le peuple par des postures réformistes soi-disant radicales, du moins dans les gesticulations et le verbiage. Et c’est l’arroseur arrosé, Mélenchon prophétisait que, par la proposition de loi LFI, la situation serait remise à “l’endroit” (en oubliant que par le vote pour des députés RN) mais il avait oublié qu’il avait humilié l’Assemblée Nationale et surtout tordu le bras au mouvement social en refusant un vote sur l’article 7.
     
    LFI cherche la provocation permanente. Comme le texte de la motion de censure,… son texte retraite était aussi un coup tactique contre le PS (cf. abrogation de la réforme Touraine) en vue d’une “victoire symbolique” car bien évidemment le texte même repris dans la “niche” écolo du Sénat n’aurait pas prospéré et … dès lors le parcours aurait été fini en l’absence de CMP déclenchée par le Gouvernement.
    En 2023, la bordélisation était aussi un moyen de lutte “antistalinienne” contre la CGT de Martinez et contre les autres groupes, principalement à travers les personnes de Roussel qui réclamait la retraite à 60 ans avec 37, annuités – qui est un Doriot et qui n’est pas un camarade – avec la volonté de liquider définitivement le PCF, alors même que Jean-Luc Mélenchon est bien à la droite du PCF en acceptant les réformes ROCARD – BALLADUR et le chef de fil LFI de cette réforme, à savoir F. Ruffin qui s’était publiquement engagé à ce que LFI ne fasse pas d’obstruction et donc de soutenir les syndicats.
    https://www.bienpublic.com/social/2023/01/24/retraites-autain-et-ruffin-assurent-qu-il-n-y-aura-pas-d-obstruction-parlementaire-de-lfi
    La population aspirant à l’abrogation (comme celle du NON de 2005) récolte malheureusement l’impuissance semée par l’hypocrisie et par l’orgueil de la LFI et de son candidat à présidentielle anticipée.
     

    • Descartes dit :

      @ Lafleur

      [L’abstention de LFI est bien hypocrite après avoir créé un climat délétère et de confusion. Le bilan de l’échec pour la gauche politique de 2023/2024 sur le sujet n’a toujours pas été tiré. Ils ont ménagé, comme ils le reprochent à Barnier ou à Macron, le RN de Madame Le Pen, en espérant son soutien.]

      Je n’ai rien compris à cette remarque. En quoi « la gauche politique » aurait entre 2023 et 2024 « ménagé le RN de madame Le Pen » ? Et ils l’auraient fait « en espérant son soutien » sur quoi, exactement ?

      [LFI cherche la provocation permanente. Comme le texte de la motion de censure,… son texte retraite était aussi un coup tactique contre le PS (cf. abrogation de la réforme Touraine) en vue d’une “victoire symbolique”]

      Ce sont les dignes héritiers des gauchistes de 1968. On l’a oublié, mais lorsqu’on demandait à Cohn-Bendit dans les années 1980 de quoi il était le plus fier lors de la fête de mai, il ne répondait pas en parlant des réformes ou des accords de Grenelle. Il choisissait le fait « d’avoir fait marcher les staliniens de la CGT derrière le drapeau noir » lors d’une manifestation. Le gauchisme ne cherche pas à changer les choses, il cherche à se faire plaisir.

      • Lafleur dit :

        @ Descartes
         
        [Je n’ai rien compris à cette remarque. En quoi « la gauche politique » aurait entre 2023 et 2024 « ménagé le RN de madame Le Pen » ? Et ils l’auraient fait « en espérant son soutien » sur quoi, exactement ?]
        Seul le groupe LFI (71 députés) s’est abstenu sur la proposition de loi présentée par le RN dans le cadre de sa “niche”. 
        Cette abstention était opportuniste, surtout après avoir mené une campagne de dénonciation des autres forces qui auraient pu voter le texte de la “niche” RN. 
        Cette abstention de LFI était une concession, vu le respect exigé par cette dernière formation, en vue du soutien du RN à la proposition de la niche insoumise du 28 novembre 2024, dont l’objet central était l’abrogation des réformes Touraine/Borne.
        La “gauche politique” n’a pas “ménagé le RN de Madame Le Pen”. La LFI, oui. La “gauche politique” est en échec en 2023/2024 : En 2023, malgré un contexte de rejet de la réforme Borne et le soutien de libéraux éclairés (De Courson)… la réforme Borne des retraites a été adopté, tout comme ensuite la loi immigration. En 2024, les résultats des élections – avec en particulier l’abandon du programme pour le Front Républicain – n’est pas un succès. L’abrogation n’a pas été obtenue. La mise sous contrôle de l’AN par le mouvement social le 18 juillet 2024 illustre l’échec. Dans la fausse conscience actuelle, le RN est l’opposition “inconditionnelle” à MACRON.
        Enfin, LFI a rédigé une motion de censure défendue par Eric Coquerel qui est votée par le vote du bloc “bleu marine” (RN, apparentés Identité Libertés et groupe UDR). Certes pour la galerie, il y était fait référence au “viles obsessions” mais… du théâtre. Le NFP a eu le soutien du RN. De cette opération, un des deux s’est en échec. Probablement, le NFP vu que l’opération sectaire de LFI était de discipliner une nouvelle fois ses “alliés” et d’aller-ver une élection présidentielle anticipée.
        [Ce sont les dignes héritiers des gauchistes de 1968. On l’a oublié, mais lorsqu’on demandait à Cohn-Bendit dans les années 1980 de quoi il était le plus fier lors de la fête de mai, il ne répondait pas en parlant des réformes ou des accords de Grenelle. Il choisissait le fait « d’avoir fait marcher les staliniens de la CGT derrière le drapeau noir » lors d’une manifestation. Le gauchisme ne cherche pas à changer les choses, il cherche à se faire plaisir.]
        Je partage pleinement. 

        • Descartes dit :

          @ Lafleur

          [« Je n’ai rien compris à cette remarque. En quoi « la gauche politique » aurait entre 2023 et 2024 « ménagé le RN de madame Le Pen » ? Et ils l’auraient fait « en espérant son soutien » sur quoi, exactement ? » Seul le groupe LFI (71 députés) s’est abstenu sur la proposition de loi présentée par le RN dans le cadre de sa “niche”. Cette abstention était opportuniste, surtout après avoir mené une campagne de dénonciation des autres forces qui auraient pu voter le texte de la “niche” RN.
          Cette abstention de LFI était une concession, vu le respect exigé par cette dernière formation, en vue du soutien du RN à la proposition de la niche insoumise du 28 novembre 2024, dont l’objet central était l’abrogation des réformes Touraine/Borne.]

          Franchement, je ne vois pas sur quoi s’appuie cette analyse. Le RN avait par avance annoncé qu’il soutiendrait toute proposition qu’il jugerait positive, d’où qu’elle vienne. C’est d’ailleurs un choix stratégique qui joue par effet de contraste sur le sectarisme de la gauche. Imaginer que l’abstention de LFI visait à obtenir le soutien du RN pour sa propre proposition n’a donc pas de sens. Si LFI s’est abstenu, c’est surtout pour se singulariser, pour qu’on parle d’eux.

          [Enfin, LFI a rédigé une motion de censure défendue par Eric Coquerel qui est votée par le vote du bloc “bleu marine” (RN, apparentés Identité Libertés et groupe UDR). Certes pour la galerie, il y était fait référence au “viles obsessions” mais… du théâtre. Le NFP a eu le soutien du RN.]

          Non. La motion de censure a eu le soutien du RN, pas « le NFP ». De la même manière que le RN avait soutenu la proposition d’abrogation de la réforme des retraites de LFI en commission. La stratégie du RN, comme je l’ai dit ci-dessus, c’est de donner une image « constructive » en soutenant les propositions que son électorat juge positives quelle que soit leur origine. Ce n’est donc pas un soutien à telle ou telle organisation, mais à telle ou telle proposition. C’est drôle de constater que finalement le RN est le seul groupe qui joue le jeu du régime parlementaire…

          [De cette opération, un des deux s’est en échec. Probablement, le NFP vu que l’opération sectaire de LFI était de discipliner une nouvelle fois ses “alliés” et d’aller-ver une élection présidentielle anticipée.]

          Je ne suis pas persuadé. Dans cette affaire, tout le monde « y gagne ». LFI pense s’approcher de son graal, c’est-à-dire, la présidentielle anticipée. Le PS et EELV voient une opportunité de revenir dans le jeu : après l’échec d’une ouverture à droite, Macron pourrait essayer le coup d’une ouverture à gauche. Le RN gagne en montrant à son électorat populaire qu’ils ne sont pas prêts à se laisser « normaliser » par le système…

          [« Ce sont les dignes héritiers des gauchistes de 1968. On l’a oublié, mais lorsqu’on demandait à Cohn-Bendit dans les années 1980 de quoi il était le plus fier lors de la fête de mai, il ne répondait pas en parlant des réformes ou des accords de Grenelle. Il choisissait le fait « d’avoir fait marcher les staliniens de la CGT derrière le drapeau noir » lors d’une manifestation. Le gauchisme ne cherche pas à changer les choses, il cherche à se faire plaisir. » Je partage pleinement.]

          De ce point de vue, il est amusant de comparer les réactions de Mathilde Panot et de Marine Le Pen après le vote. Aucune des deux ne regrette son vote, mais chez l’insoumise, la censure votée est un motif de joie et de fête, alors que chez la présidente du groupe RN, c’est au contraire des regrets qu’on en soit arrivés là. A votre avis, laquelle des deux reflète au mieux le sentiment du pays ?

          • Lafleur dit :

            @Descartes
             
            [Franchement, je ne vois pas sur quoi s’appuie cette analyse. Le RN avait par avance annoncé qu’il soutiendrait toute proposition qu’il jugerait positive, d’où qu’elle vienne. C’est d’ailleurs un choix stratégique qui joue par effet de contraste sur le sectarisme de la gauche. Imaginer que l’abstention de LFI visait à obtenir le soutien du RN pour sa propre proposition n’a donc pas de sens. Si LFI s’est abstenu, c’est surtout pour se singulariser, pour qu’on parle d’eux.]
            Justement, ce fait d’arme de collaboration passive n’a pas été publicisé par LFI alors même qu’il avait chauffé leur partenaires du NFP à s’opposer au RN coute que coute dans un premier temps. 
            L’abstention, c’était : respecter.
            Le groupe RN a d’ailleurs été loyal à la LFI pour sa niche. Il aura fallu toute l’énergie du gouvernement et du socle commun pour bloquer.
            Mais LFI a obtenu des 3 autres groupes un vote “sectaire” qui contraste avec la seule formation, en réalité, sectaire, à savoir la LFI. Pour cette dernière aux mains des lambertistes, c’était aussi mettre un petit taquet au NPA-A (pabliste) qui appelait à voter pour.
            [Non. La motion de censure a eu le soutien du RN, pas « le NFP ». De la même manière que le RN avait soutenu la proposition d’abrogation de la réforme des retraites de LFI en commission. La stratégie du RN, comme je l’ai dit ci-dessus, c’est de donner une image « constructive » en soutenant les propositions que son électorat juge positives quelle que soit leur origine. Ce n’est donc pas un soutien à telle ou telle organisation, mais à telle ou telle proposition. C’est drôle de constater que finalement le RN est le seul groupe qui joue le jeu du régime parlementaire…]
            Non à votre non. En terme tactique, le RN a soutenu, sans sectarisme et malgré les provocations insoumises, le texte du NFP. Ce choix correspond à votre analyse : “image constructive etc.”
            Après, je suis entièrement d’accord avec la suite… même si j’y vois que de la tactique. Et une nuance, les autres jouent aussi le jeu. Cela relève même pour le NFP à du crétinisme parlementaire. 
            Pour la motion de censure, il y deux morts. Le premier est le socle commun évidemment. Mais, du NFP ou du RN, un des deux a pris aussi par son vote une cartouche. A ce stade difficile, car la seule élection partielle est celle des Ardennes : un NFP à 10% mais un RN qui perd une circonscription dans un département “acquis” au RN.
             
            [Je ne suis pas persuadé. Dans cette affaire, tout le monde « y gagne ». LFI pense s’approcher de son graal, c’est-à-dire, la présidentielle anticipée. Le PS et EELV voient une opportunité de revenir dans le jeu : après l’échec d’une ouverture à droite, Macron pourrait essayer le coup d’une ouverture à gauche. Le RN gagne en montrant à son électorat populaire qu’ils ne sont pas prêts à se laisser « normaliser » par le système…]
             
            Oui pour LFI. Mais des victoires sont à la Pyrrhus. Et aussi parfois “tout le monde y perd”.
            Le PS est revenu avec l’élection européenne, confirmé par un groupe qui a plus que doublé sachant que certains sont LIOT (députés de l’Ariège) ou NI (Taupiac). EELV a renforcé son groupe parlementaire.
            Ne pas oublier que LFI est une formation, “populiste”, mais structurellement social-démocrate comme le PS et EELV. Mélenchon a donné des gages atlantistes sur le Sahara Occidental et récemment sur la Syrie (l’occupation du Golan, voire que Tsahal occupe désormais des terrains au delà du Golan ne choque pas).
            Le RN sera le grand gagnant s’il réussit à ne pas se “normaliser” tout en étant respectable, vu l’état de désenchantement et de confusion.
            [De ce point de vue, il est amusant de comparer les réactions de Mathilde Panot et de Marine Le Pen après le vote. Aucune des deux ne regrette son vote, mais chez l’insoumise, la censure votée est un motif de joie et de fête, alors que chez la présidente du groupe RN, c’est au contraire des regrets qu’on en soit arrivés là. A votre avis, laquelle des deux reflète au mieux le sentiment du pays ?]
            Je ne sais pas le sentiment du pays car le socle commun est dépité et donc remobilisable par ses notables avec le parti LR qui est de fait rallié, dans une telle cette situation ou ils ont l’impression que tout fout le camp, et aussi dans un contexte d’abstention massive. Les classes populaires votaient plus que les classes aisées : désormais, c’est le contraire et les classes intermédiaires sont “légalistes”. Dans l’immédiat, le RN a perdu la 1er circonscription des Ardennes.
            Mais, Mathilde Panot est effectivement hors sol. LFI est une mauvaise farce pour la “gauche politique” (cf. le NFP, comprenant la CGT ou encore la CNL et bien évidemment les autres partis). LFI est un marqueur de la décomposition de la vie politique française. Les autres formations ont probablement compris qu’il n’y avait aucun intérêt à une élection présidentielle anticipée, sauf à en être otage. 
            Les prochaines législatives générales répondra à nos hypothèses. 

            • Descartes dit :

              @ Lafleur

              [Justement, ce fait d’arme de collaboration passive n’a pas été publicisé par LFI alors même qu’il avait chauffé leurs partenaires du NFP à s’opposer au RN coute que coute dans un premier temps.
              L’abstention, c’était : respecter.]

              Bof. L’abstention, c’était surtout éviter de se voir accusés d’avoir empêché par sectarisme le vote d’une proposition de loi tendant à l’abrogation de la réforme. Encore une fois, je ne vois pas ce qui vous conduit à la conclusion que la motivation principale de ce geste était de « ménager le RN ».

              [Le groupe RN a d’ailleurs été loyal à la LFI pour sa niche. Il aura fallu toute l’énergie du gouvernement et du socle commun pour bloquer.]

              Non. Le RN a été « loyal » à ses électeurs, qui voulaient l’abrogation de la réforme. Et il a été consistant avec sa stratégie, qui consiste à soutenir une proposition qu’il juge utile quelque soit son origine. Encore une fois, je ne vois pas ce qui vous permet de conclure à une quelconque « loyauté ».

              Je pense que vous faites ici une erreur logique, celle qui consiste à déduire artificiellement d’une coïncidence une motivation. Ce n’est pas parce que deux groupes votent la même chose qu’ils se sont concertés, ou qu’ils sont « loyaux » l’un envers l’autre.

              [« Non. La motion de censure a eu le soutien du RN, pas « le NFP ». (…) » Non à votre non. En terme tactique, le RN a soutenu, sans sectarisme et malgré les provocations insoumises, le texte du NFP.]

              Je ne comprends pas. Vous commencez par « non à mon non », et ensuite vous écrivez la même chose que moi, à savoir, que le RN a soutenu un TEXTE, et non pas « le NFP ».

              [Mais, du NFP ou du RN, un des deux a pris aussi par son vote une cartouche. A ce stade difficile, car la seule élection partielle est celle des Ardennes : un NFP à 10% mais un RN qui perd une circonscription dans un département “acquis” au RN.]

              Difficile de tirer des conclusions avec aussi peu de données. L’élection dans les Ardennes s’est d’abord 70% d’abstention au deuxième tour, contre 30% en juillet. Difficile donc de se faire une idée du résultat dans une élection générale, où la mobilisation de l’électorat est plus importante. Ensuite, le RN présentait un candidat inconnu, alors que se présentait « sans étiquette » l’ancien député centriste battu en juillet dernier. Enfin, il ne s’agit pas d’une circonscription « acquise » au RN : Flavien Termet, le député démissionnaire, avait été élu en juillet dernier avec 38% des voix au premier tour et avec 52% des voix seulement au second. Aujourd’hui, son successeur perd avec 49,8% des voix. Cela fait un déplacement en voix assez faible.

              Si je crois les commentateurs, la censure ne semble pas avoir eu un effet sur l’opinion. Intuitivement, on peut penser que le vote du RN a probablement conforté le choix de son électorat populaire, et mécontenté son électorat proche de la « droite classique ». Je ne suis pas persuadé qu’au final il fasse une mauvaise affaire. Pour le NFP, c’est plus ambigu, parce que son électorat est essentiellement chez les classes intermédiaires, qui tiennent un langage révolutionnaire mais qui, au fond d’elles-mêmes, craignent le désordre. C’est pour cela je pense que le PS, plus sensible que LFI à cet électorat, est en train de se rapprocher du « bloc central »…

              [Les classes populaires votaient plus que les classes aisées : désormais, c’est le contraire]

              C’était quand ça, que « les classes populaires votaient plus que les classes aisées » ?

              [Les prochaines législatives générales répondra à nos hypothèses.]

              Il y aura les présidentielles avant…

            • Lafleur dit :

              @ Descartes
              [Bof. L’abstention, c’était surtout éviter de se voir accusés d’avoir empêché par sectarisme le vote d’une proposition de loi tendant à l’abrogation de la réforme. Encore une fois, je ne vois pas ce qui vous conduit à la conclusion que la motivation principale de ce geste était de « ménager le RN ».]
              LFI a poussé “ses partenaires” du NFP dans un choix sectaire, tout en ménageant le RN, ceci en ne participant pas au rejet de la proposition RN qui n’avait aucune chance de l’emporter pour avoir lors de sa “niche LFI” le privilège d’abroger les réformes Touraine et Borne.
              Vous noterez que LFI est sectaire et en fait ouvertement la pub de cette position pour cliver au sein du NFP. Il est donc intéressant que le seul vote non sectaire soit pour cette proposition du RN vu le tombereau d’insultes contre ceux qui jusqu’à la note de blog de Mélenchon appelait à la voter.
              [Non. Le RN a été « loyal » à ses électeurs, qui voulaient l’abrogation de la réforme. Et il a été consistant avec sa stratégie, qui consiste à soutenir une proposition qu’il juge utile quelque soit son origine. Encore une fois, je ne vois pas ce qui vous permet de conclure à une quelconque « loyauté ».]
              Je parle de rapports sociaux de nature politique dans le cadre de l’instance parlementaire entre formations (RN/LFI).
              Mais, oui, vous avez raison. Dans ce jeu de dupes, et de coquins, le RN prétend être responsable et non sectaire.
              Sauf que je ne suis pas sûr de sa “loyauté”, c’est-à-dire de l’abrogation quand le gentil RN sera au pouvoir exécutif. La réalité des comptes et les priorités du moment primeront.
              L’illusion du réformisme social-démocrate, y compris du “gentil RN adossé électoralement sur le vote populaire”, face à l’exercice du pouvoir devrait être démystifié. Le RN agit dans l’optique d’une conquête pas de l’exercice.
              Vous me répondez par rapport à sa base électorale, comme si la motivation du vote Bardella 1er ministre était l’abrogation. Je ne vous ferai pas l’insulte de rappeler le nombre de mot de Marine Le Pen à l’AN lors de la réforme. Il est peut probable que la “base sociale” soit pour l’abrogation, notamment dans les départements de l’arc méditerranéen. Les députés Identité Libertés ou UDR ne sont pas aussi favorable à l’abrogation, au contraire même. La position de Jordan Bardella a été ambiguë lors de la campagne législative. Le RN a t’il estimé qu’il devait se racheter pour préserver son RN du “Ch’Nord” ? Par ailleurs, certains RN sont clairement pour la capitalisation … 
              [Je ne comprends pas. Vous commencez par « non à mon non », et ensuite vous écrivez la même chose que moi, à savoir, que le RN a soutenu un TEXTE, et non pas « le NFP ».]
              Vous avez débuté par un “Non.” Et vous dites la même chose que moi. Je ne suis donc pas d’accord avec votre Non.
              Mais, votre formulation est plus précise. J’ai fait un raccourci “NFP soutenu” car évidemment c’était la motion de censure. Vous avez donc reformulé mon propos. En effet, je ne disais pas que le RN s’était rallié au NFP, pour soutenir son programme ou l’avènement d’une majorité alternative.  
              La motion de censure ne portait pas sur l’abrogation. La motion de censure était sur le budget et des lignes “rouges”. Le RN a défendu visiblement par ses revendications le pouvoir d’achat des retraités (pas les actifs dont il considère qu’ils sont “acquis). Nous verrons si le RN y progresse.
              [Difficile de tirer des conclusions avec aussi peu de données. L’élection dans les Ardennes s’est d’abord 70% d’abstention au deuxième tour, contre 30% en juillet. Difficile donc de se faire une idée du résultat dans une élection générale, où la mobilisation de l’électorat est plus importante.]
              Actuellement, le désenchantement et la résignation gagnent, donc l’abstention.
              [Ensuite, le RN présentait un candidat inconnu, alors que se présentait « sans étiquette » l’ancien député centriste battu en juillet dernier. ]
              Présenter un inconnu est un mauvais argument. Le député RN démissionnaire était inconnu. La marque fait voter.
              Le député est d’une famille de centre droit. Il a déjà été député macroniste. Il est élu local… Son père lui même élu avec l’étiquette UDF. Il est identifié. Sa base sociale savait. 
              [Enfin, il ne s’agit pas d’une circonscription « acquise » au RN : Flavien Termet, le député démissionnaire, avait été élu en juillet dernier avec 38% des voix au premier tour et avec 52% des voix seulement au second. Aujourd’hui, son successeur perd avec 49,8% des voix. Cela fait un déplacement en voix assez faible.]
              Déplacement en voix assez faible, donc d’une circonscription favorable si ce n’est pas acquise.
              Lors des derniers scrutins nationaux, Marine Le Pen ou Jordan Bardella ont dépassé les 50%.
               
              [Pour le NFP, c’est plus ambigu, parce que son électorat est essentiellement chez les classes intermédiaires, qui tiennent un langage révolutionnaire mais qui, au fond d’elles-mêmes, craignent le désordre. C’est pour cela je pense que le PS, plus sensible que LFI à cet électorat, est en train de se rapprocher du « bloc central »…]
              LFI tient un tel discours “radicool”. Le PS n’a pas de discours “révolutionnaire”. En principe, les derniers verbiages ont été supprimés au Congrès de Rennes en mars 1990… 
              LFI est un parti de la classe intermédiaire car social-démocrate avec des groupes gauchistes issus du tropisme français pour le folklore trotskiste. 
              Je vous invite à regarder la vidéo de Blast sur Ruffin/Mélenchon à ce propos. Joanna Silva s’exprime clairement. Mais surtout, Coquerel explique bien l’orientation “tactique” de la LFI qui rappelle Terra Nova en “radicool”.
              [C’était quand ça, que « les classes populaires votaient plus que les classes aisées » ?]
              A partir du moment où le vote “de classe” s’est estompé. A partir du milieu des années 1980, le lien des classes populaires avec le vote a été rompu. Plusieurs causes évidemment, le “gauchisme culturel”, l’ère du PS avec les classes intermédiaires, etc. Il est intéressant de voir que les députés LFI élus en RP le sont avec très peu de voix ou encore que le PS n’a plus de député dans le Pas-de-Calais etc. 
              Je vous invite à lire “le vote des banlieues. Réflexions sur 60 ans de recherche” par David Gouard. 
              [Il y aura les présidentielles avant…]
              Mélenchon en rêve. Qui vivra verra.
              Le ou la future impétrante sortira une nouvelle fois des ambiguïtés à son détriment. Car le RN de Philippot n’est plus et celui de Tanguy est plus réac économiquement même si toujours inclusif sur les questions sociétales. 
               

            • Descartes dit :

              @ Lafleur

              [LFI a poussé “ses partenaires” du NFP dans un choix sectaire, tout en ménageant le RN, ceci en ne participant pas au rejet de la proposition RN qui n’avait aucune chance de l’emporter pour avoir lors de sa “niche LFI” le privilège d’abroger les réformes Touraine et Borne.]

              Encore une fois, vous mélangez ici l’énoncé des faits et l’affirmation des intentions. Vous pouvez constater que LFI s’est abstenu et que le reste du NFP a voté contre. C’est un fait. Mais lorsque vous affirmez que LFI a « poussé » ceux-ci, ou bien qu’il a « ménagé » ceux-là, sauf à mentionner des faits précis qui la soutiennent, ce n’est que de la pure spéculation. C’est d’ailleurs comme cela qu’on construit les théories du complot : en attribuant aux acteurs des « intentions » sans le moindre élément factuel pour soutenir ces attributions.

              [Vous noterez que LFI est sectaire et en fait ouvertement la pub de cette position pour cliver au sein du NFP. Il est donc intéressant que le seul vote non sectaire soit pour cette proposition du RN vu le tombereau d’insultes contre ceux qui jusqu’à la note de blog de Mélenchon appelait à la voter.]

              LFI fait ouvertement sa put d’organisation sectaire, mais LFI est aussi soumis à une pression de son électorat pour voter l’abrogation de la réforme des retraites. Le conflit entre ces deux éléments est suffisant pour expliquer l’abstention, sans aller chercher des intentions plus ou moins perfides.

              [Sauf que je ne suis pas sûr de sa “loyauté”, c’est-à-dire de l’abrogation quand le gentil RN sera au pouvoir exécutif. La réalité des comptes et les priorités du moment primeront.]

              Ce que vous dites-là, c’est trivial : tout parti politique arrivé au pouvoir agit en fonction « de la réalité des comptes et des priorités du moment ». Cela étant dit, il y a plusieurs façons de lire « la réalité des comptes » et de fixer « les priorités du moment » en fonction des intérêts qu’on sert. Au fond, le fait de savoir ce que les dirigeants du RN pensent au fond de leur esprit n’a pas beaucoup d’importance. Le jour où ils seront au pouvoir, l’équation sera claire : trahir leur électorat – avec le risque de le voir se détourner d’eux – ou bien interpréter « la réalité des comptes et les priorités du moment » pour essayer de les satisfaire. Jusqu’ici, chaque fois qu’ils ont été confrontés à ce dilemme ils ont toujours choisi la première branche. En censurant Barnier, par exemple, le RN a préféré suivre son électorat populaire plutôt que de donner des gages à l’électorat de la « droite bourgeoise ». Continuerait-il dans cette voie si demain MLP était à l’Elysée ? C’est une question ouverte.

              [L’illusion du réformisme social-démocrate, y compris du “gentil RN adossé électoralement sur le vote populaire”, face à l’exercice du pouvoir devrait être démystifié. Le RN agit dans l’optique d’une conquête pas de l’exercice.]

              Peut-être. Mais une fois conquis, il lui faudra l’exercer. Si on regarde ce qu’ils ont fait dans les municipalités conquises ces dix ou quinze dernières années, on ne peut pas dire qu’ils se soient contentés d’une « logique de conquête ». Et leur gestion semble être apprécié par leur électorat populaire, majoritaire en général dans ces communes, qui les a assez systématiquement réélus.

              Si l’on regarde notre histoire politique, il est assez rare qu’un parti ait trahi sa base électorale une fois arrivé au pouvoir. Et lorsqu’il l’a fait, c’est généralement parce qu’il projetait de changer de base. L’idée qu’un parti est d’une certaine manière l’otage de ses électeurs, quelque soit la pensée profonde de ses dirigeants, est assez conforme à notre histoire.

              [Vous me répondez par rapport à sa base électorale, comme si la motivation du vote Bardella 1er ministre était l’abrogation. Je ne vous ferai pas l’insulte de rappeler le nombre de mot de Marine Le Pen à l’AN lors de la réforme.]

              Vous devriez pourtant. Parce que je ne vois pas très bien à quoi vous faites référence.

              [Il est peut probable que la “base sociale” soit pour l’abrogation, notamment dans les départements de l’arc méditerranéen. Les députés Identité Libertés ou UDR ne sont pas aussi favorable à l’abrogation, au contraire même. La position de Jordan Bardella a été ambiguë lors de la campagne législative. Le RN a t’il estimé qu’il devait se racheter pour préserver son RN du “Ch’Nord” ? Par ailleurs, certains RN sont clairement pour la capitalisation …]

              Je ne saisis pas le rapport. Capitalisation ou pas, la question de l’âge de départ se pose exactement dans les mêmes termes. Et oui, même dans l’arc méditerranéen, l’électorat populaire n’a aucune envie de partir à la retraite deux ans plus tard. Bardella a été ambigu pendant la campagne législative, parce qu’il représente un secteur du RN qui rêve de mordre sur l’électorat de la droite bourgeoise. Mais on sait que ce genre de politiques ne peut marcher que ponctuellement. Sur le long terme, on perd plus qu’on ne gagne, et l’expérience du PCF est là pour le montrer.

              [« Difficile de tirer des conclusions avec aussi peu de données. L’élection dans les Ardennes s’est d’abord 70% d’abstention au deuxième tour, contre 30% en juillet. Difficile donc de se faire une idée du résultat dans une élection générale, où la mobilisation de l’électorat est plus importante. » Actuellement, le désenchantement et la résignation gagnent, donc l’abstention.]

              Là, vous surinterprétez. L’abstention tend toujours à être beaucoup plus élevée lors des élections partielles que lors des élections générales, parce que lors de ces dernières l’électeur pense avoir la possibilité par son vote de modifier les équilibres politiques dans l’Assemblée. Alors que lors d’une élection partielle on est conscient que ce n’est pas un député de plus ou de moins qui fera la différence. Dire que l’augmentation de l’abstention dans les Ardennes traduit un plus grand « désenchantement et résignation » qu’il y a trois mois me paraît donc osé.

              [« Ensuite, le RN présentait un candidat inconnu, alors que se présentait « sans étiquette » l’ancien député centriste battu en juillet dernier. » Présenter un inconnu est un mauvais argument. Le député RN démissionnaire était inconnu. La marque fait voter.]

              Dans une élection générale, oui. Mais dans une élection partielle, le poids du national se trouve réduit par rapport aux problématiques locales. Et le poids des notables joue beaucoup plus.

              [« Enfin, il ne s’agit pas d’une circonscription « acquise » au RN : Flavien Termet, le député démissionnaire, avait été élu en juillet dernier avec 38% des voix au premier tour et avec 52% des voix seulement au second. Aujourd’hui, son successeur perd avec 49,8% des voix. Cela fait un déplacement en voix assez faible. » Déplacement en voix assez faible, donc d’une circonscription favorable si ce n’est pas acquise.]

              Elle était « favorable » (à 2% près) en juillet dernier, mais « defavorable » à l’élection précédente (2022). C’est plutôt ce qu’on appellerait une circonscription flottante…

              [Lors des derniers scrutins nationaux, Marine Le Pen ou Jordan Bardella ont dépassé les 50%.]

              Oui, avec une participation beaucoup plus importante, et dans des scrutins nationaux. Pour un parti faiblement implanté dans le paysage local, un scrutin national est toujours plus facile à gagner.

              [« C’était quand ça, que « les classes populaires votaient plus que les classes aisées » ? » A partir du moment où le vote “de classe” s’est estompé. A partir du milieu des années 1980, le lien des classes populaires avec le vote a été rompu.]

              J’aimerais bien voir vos chiffres. En pratique, l’électorat populaire s’est toujours abstenu plus que celui des classes favorisées, même si la différence tend à augmenter.

              [Le ou la future impétrante sortira une nouvelle fois des ambiguïtés à son détriment. Car le RN de Philippot n’est plus et celui de Tanguy est plus réac économiquement même si toujours inclusif sur les questions sociétales.]

              Il est clair que Tanguy n’est pas Philippot. Mais l’un profite de l’électorat conquis par l’autre, et je doute que le RN puisse s’offrir le luxe de revenir aux idées libérales du temps de Jean-Marie.

  8. Frank dit :

    Je partage l’entièreté de votre analyse.
    Et j’invite les lecteurs du blog à réécrire votre papier en remplaçant “réforme des retraites de Macron” par “traité Mercosur de von der Leyen”.
    Il se pourrait qu’enfin, devant le niveau inouï de violation des principes démocratiques par les soi-disant élites, le peuple ouvre les yeux. La-haut, ils sont devenus tellement sûr d’eux qu’ils ne prennent plus aucune précaution pour maquiller leurs forfaits. L’hubris va les emporter. L’aveuglement va les achever. Un révolte ? Non, une Révolution !

    • Descartes dit :

      @ Franck

      [Et j’invite les lecteurs du blog à réécrire votre papier en remplaçant “réforme des retraites de Macron” par “traité Mercosur de von der Leyen”.]

      Je pense qu’il faudrait plutôt réécrire « les grenouilles voulaient un roi ». Von der Leyen ne fait qu’appliquer les textes que notre classe politique a soutenu avec enthousiasme. Il suffit de regarder un peu en arrière pour trouver nos politiciens déclarant que la décision à l’unanimité avait fait son temps, qu’il fallait aller vers des décisions à la majorité pour « permettre à l’Europe d’avancer ». Et bien, aujourd’hui, « l’Europe avance » vers un accord avec le Mercosur. Ce n’est pas la faute de Von der Leyen, mais des politiques qui ont signé les traités qui lui permettent d’agir de la sorte.

      [Il se pourrait qu’enfin, devant le niveau inouï de violation des principes démocratiques par les soi-disant élites, le peuple ouvre les yeux. La-haut, ils sont devenus tellement sûr d’eux qu’ils ne prennent plus aucune précaution pour maquiller leurs forfaits. L’hubris va les emporter. L’aveuglement va les achever. Un révolte ? Non, une Révolution !]

      Vous y croyez ? Moi pas. Les révolutions impliquent quelque chose de plus qu’une simple révolte : elles impliquent une idéologie révolutionnaire. 1789 est fille des Lumières, 1917 du matérialisme historique et dialectique. Où voyez-vous l’idéologie révolutionnaire qui peut aujourd’hui donner une colonne vertébrale à une révolution ? Cette idéologie n’est pas là, et elle n’est pas là parce que cela suppose que le mode de production capitaliste soit en crise, ce qui n’est pas du tout le cas.

  9. Glarrious dit :

    C’est un hors-sujet total par rapport à votre billet mais je veux vous partager une vidéo sur l’effondrement de l’URSS. Je sais que les vidéos vous rebute mais j’espère que vous la trouverait intéressante

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [Je sais que les vidéos vous rebute mais j’espère que vous la trouverait intéressante]

      J’ai commencé à regarder… c’est une enfilade de lieux communs.

      • Glarrious dit :

        Ah vraiment ? je pensais que vous la trouveriez intéressante. Comme enfilade de lieux communs dans la vidéo vous faites références à quoi ?

        • Descartes dit :

          @ Glarrious

          [Ah vraiment ? je pensais que vous la trouveriez intéressante. Comme enfilade de lieux communs dans la vidéo vous faites références à quoi ?]

          Je pense notamment au discours sur “le parti communiste contrôlait tout”, qui fait totalement l’impasse sur la complexité des rapports entre le Parti et l’Etat dans le régime soviétique. La vidéo affirme d’ailleurs que le secrétaire général du PCUS était le véritable gouvernant, que tous les autres étaient soumis à lui. C’est clairement faux. Si c’était le cas, on comprend mal pourquoi certains secrétaires généraux, et pas des moindres ont cumulé le poste de secrétaire général du PCUS et de président du conseil des ministres. Ce fut le cas pour Lénine, pour Staline, pour Khrouchtchev, Brezhnev préférant, lui, la fonction de chef de l’Etat.

  10. democ-soc dit :

    [Vous y croyez ? Moi pas. Les révolutions impliquent quelque chose de plus qu’une simple révolte : elles impliquent une idéologie révolutionnaire. 1789 est fille des Lumières, 1917 du matérialisme historique et dialectique. Où voyez-vous l’idéologie révolutionnaire qui peut aujourd’hui donner une colonne vertébrale à une révolution ? Cette idéologie n’est pas là, et elle n’est pas là parce que cela suppose que le mode de production capitaliste soit en crise, ce qui n’est pas du tout le cas.]
     
    Je rebondis la dessus… Dans une bonne partie de l’Europe, les révolutions de 1848 sont celles de la montée des nationalismes (Allemagne, Italie, Hongrie…). Avec le discredit croissant qui touche la mondialisation et ses relais (l’UE chez nous), nous pourrions tres bien avoir l’équivalent.
     
    D’ailleurs, sur ce retour des nationalismes en ce XXIe siecle, je trouve que le trumpisme a quelque chose de révolutionnaire… Mais c’est difficile à faire avaler aux gens de gauche de mon entourage, je le reconnais!

    • Descartes dit :

      @ democ-soc

      [Je rebondis la dessus… Dans une bonne partie de l’Europe, les révolutions de 1848 sont celles de la montée des nationalismes (Allemagne, Italie, Hongrie…). Avec le discredit croissant qui touche la mondialisation et ses relais (l’UE chez nous), nous pourrions tres bien avoir l’équivalent.]

      J’aimerais bien y croire. Mais les mouvements de 1848 ont un double aspect. Le premier aspect, c’est que 1848 est en grande mesure une réplique de la Révolution française. A partir de 1789 et surtout 1792, l’ensemble des régimes nobiliaires qui gouvernaient l’ensemble européen ont tout fait pour abattre cette révolution qui non seulement avait déposé le roi de France, mais dont les idées risquaient par contagion de toucher leurs propres territoires. Napoléon, en amenant ces idées avec ses armées, n’a rien arrangé, et il faut relire Edmund Burke pour voir ce que fut la grande peur des aristocraties de l’époque. Le Congrès de Vienne, après la défaite napoléonienne, donna l’illusion que l’incendie était éteint, mais la braise couvait toujours, et 1848 en fut la manifestation : de même que la Révolution française avait ancré la nation en France, le mouvement de 1948 marque l’apparition des mêmes idées en Allemagne, en Italie, en Pologne, en Hongrie…

      Mais à ce phénomène se superpose un second : les révolutions du milieu du XIXème siècle marquent l’entrée en lice d’une classe en expansion : le prolétariat. Une classe qui, paradoxalement, se saisit de l’idéologie fabriquée par la bourgeoisie des Lumières et de la Révolution française pour revendiquer sa place dans le champ politique, par exemple à travers de la lutte pour le suffrage universel, là où la bourgeoisie préférait le suffrage censitaire, qui lui permettait de contrôler le processus électoral.

      Pour pousser votre parallèle, quelle pourrait être aujourd’hui la révolution à laquelle un mouvement ferait écho, dont elle reprendrait l’idéologie et les valeurs ? La révolution russe de 1917 ? Son cadre idéologique est un peu trop décalé par rapport aux aspirations des couches populaires aujourd’hui.

      [D’ailleurs, sur ce retour des nationalismes en ce XXIe siecle, je trouve que le trumpisme a quelque chose de révolutionnaire… Mais c’est difficile à faire avaler aux gens de gauche de mon entourage, je le reconnais!]

      Le vote Trump (comme le vote RN chez nous, Meloni en Italie ou Orban en Hongrie) traduisent une révolte. Celle des couches populaires délaissées par la révolution néolibérale et privées de représentation politique par un « establishment » centré sur les classes intermédiaires. Mais cette révolte n’est pas une révolution. Elle s’organise autour d’un rejet, et non d’un projet.

      Cela étant dit, pour reprendre la formule qui était un mantra au PCF à l’époque glorieuse, « il faut partir de ce que les gens ont dans la tête ». C’est en cela que les « gens de gauche » se trompent. Ils s’imaginent que c’est en diabolisant ces idées, en refusant toute discussion avec ceux qui les portent, en bâtissant des « cordons sanitaires » autour de leurs organisations qu’ils arriveront à faire changer les gens d’avis. Cela ne peut pas marcher. On n’a jamais convaincu personne en lui disant « vous êtes idiot, c’est nous qui avons raison ». Certaines idées portées par Trump – ou par les populistes de droite européens – sont absurdes, ridicules, dangereuses. Mais si on ne comprend pas pourquoi ils sont très nombreux à y adhérer, si on ne part pas de cette compréhension pour combattre ces discours et en proposer de meilleurs, on n’arrivera à rien.

      • Bob dit :

        @ Descartes
         
        [On n’a jamais convaincu personne en lui disant « vous êtes idiot, c’est nous qui avons raison »].
         
        Cela semble évident, mais apparemment pas pour nos politiciens. Il suffit de penser à Macron il y a quelques jours qui n’hésita pas à dire que la dissolution – condamnée quasiment unanimement – n’était pas mauvaise mais qu’elle “n’avait pas été comprise”, ce qui revient à dire que les gens sont trop stupides pour le comprendre…

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [Cela semble évident, mais apparemment pas pour nos politiciens. Il suffit de penser à Macron il y a quelques jours qui n’hésita pas à dire que la dissolution – condamnée quasiment unanimement – n’était pas mauvaise mais qu’elle “n’avait pas été comprise”, ce qui revient à dire que les gens sont trop stupides pour le comprendre…]

          Que l’homme politique puisse penser en privé qu’il avait raison et qu’il a été mal compris, c’est logique. Après tout, c’est une situation que chacun de nous a expérimenté: qui n’a jamais proposé un projet, une initiative, une action qui nous paraissait évidemment bénéfique, pour la voir rejeter pour des motif que nous pouvions estimer futiles ? Mais une chose c’est de le penser en privé, et une autre de le dire en public. Parce que toute l’idéologie démocratique repose sur la “fiction nécessaire” que le peuple est intelligent et capable de comprendre ce qu’on lui raconte. Si on accepte l’idée que le peuple ne comprend pas ce qui est bon pour lui, il devient difficile de soutenir que le processus démocratique devrait aboutir a des décisions plus sages qu’un gouvernement oligarchique ou même une dictature…

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            [Si on accepte l’idée que le peuple ne comprend pas ce qui est bon pour lui, il devient difficile de soutenir que le processus démocratique devrait aboutir a des décisions plus sages qu’un gouvernement oligarchique ou même une dictature…]
             
            Absolument. Accessoirement, cela montre que Macron n’est même pas capable, pas plus que son entourage de lui dire, de comprendre à quel point dire cela est méprisant pour le peuple. Quel manque flagrant de “diplomatie” populaire, de “bon sens” politique. Ce n’est plus de l’arrogance, c’est de la stupidité pour le coup !
            Dans la logique de Macron, celui qui n’est pas d’accord avec sa logique est forcément stupide, car lui est bien sûr supérieurement intelligent. Sa femme aurait dit que “les Français ne le méritent pas”, quelle humilité, surtout au regard de ses résultats après 7 ans… 
            Plus profondément, je pense que cette “fiction” n’en est pas une, c’est-à-dire que le peuple est tout à fait capable de comprendre les décisions prises. Mais que ce dernier veuille autre chose que le “Bien” qu’on lui promet, et il devient sur-le-champ idiot…
             

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Absolument. Accessoirement, cela montre que Macron n’est même pas capable, pas plus que son entourage de lui dire, de comprendre à quel point dire cela est méprisant pour le peuple. Quel manque flagrant de “diplomatie” populaire, de “bon sens” politique. Ce n’est plus de l’arrogance, c’est de la stupidité pour le coup !]

              C’est un sujet très intéressant, qui mériterait un article à lui seul. Pendant très longtemps, il y avait une différence entre la manière dont les hommes politiques s’adressaient au public et celle – beaucoup plus crue en général – dont ils échangeaient entre « gens du métier ». Mongénéral s’était permis de dire que « les français sont des veaux » en privé, il ne l’aurait jamais dit du haut d’une tribune.

              Ce qu’on peut observer ces dernières années, c’est une confusion entre ces deux sphères. Les hommes politiques parlent indifféremment dans leur bureau et à la tribune. D’ailleurs, la séparation entre les deux situations tend à disparaître avec cette course à la transparence qu’on nous vend tous les jours. Ce qui se dit dans le bureau transcende de plus en plus les murs de celui-ci, et même les documents échangés deviennent aujourd’hui communiquables au public. Naguère, le « secret des conseils » était sacré, au point que la tradition gaullienne interdisait la prise de notes au Conseil des ministres, aujourd’hui non seulement les ministres prennent des notes, mais ils twittent pendant la réunion sur les échanges. Hollande étalant ses états d’âme dans « un président ne devrait pas dire ça » illustre à la perfection comment la discrétion, qui était une vertu cardinale de l’homme politique, tend à disparaître. Le titre du livre montre d’ailleurs que son héros avait une conscience assez aigüe de cette dérive. Il savait qu’il ne « devait » pas le faire… et pourtant il l’a fait.

              Une profession structurée est une forme d’aristocratie : ses membres sont tenus à une forme de courtoisie professionnelle et à des formes d’échange entre ses membres qui préserve, vers l’extérieur, une certaine image d’unité. Un médecin s’adressera à un autre avec un « cher confrère » même s’il le déteste ou le méprise, et échangera avec lui sous des formes qui préservent une confidentialité vis-à-vis du patient. C’était jusqu’à il n’y a pas si longtemps le cas pour la profession politique. Mais celle-ci est aujourd’hui totalement déstructurée, avec des députés qui refusent de serrer la main des autres, et une expression qui ne distingue plus le « dehors » du « dedans ».

              [Dans la logique de Macron, celui qui n’est pas d’accord avec sa logique est forcément stupide, car lui est bien sûr supérieurement intelligent. Sa femme aurait dit que “les Français ne le méritent pas”, quelle humilité, surtout au regard de ses résultats après 7 ans…]

              Soyons honnêtes : tout politique pense cela. Je dirais même que c’est le propre de toute personne humaine. Qui n’a jamais porté à son chef une proposition, et la voyant rejetée n’a pensé « ce type est un abruti », ou « cette maison ne me mérite pas » ? Même mongénéral, dont on ne peut pourtant pas dire qu’il n’aimait pas son pays ou ne le comprenait pas, s’est livré dans ses moments de découragement à ce type de commentaire. Ce qui a changé, c’est qu’à l’époque les politiciens avaient une conscience aigüe du fait que toutes vérités ne sont pas bonnes à dire.

              [Plus profondément, je pense que cette “fiction” n’en est pas une, c’est-à-dire que le peuple est tout à fait capable de comprendre les décisions prises.]

              Ca se discute. Prenez par exemple la France de 1939 : le peuple français était très majoritairement pacifiste. Il a suivi massivement le discours de ceux qui ne voulaient rien faire contre Hitler, et rejeté le discours des Cassandre qui prédisaient la catastrophe. Non, je suis désolé, je n’ai jamais pensé que le peuple ait toujours raison, qu’il soit capable de tout comprendre. Et je ne vous parle même pas de certaines questions dont la technicité est telle qu’on ne trouve pas beaucoup de gens capables de les comprendre en général…

  11. Sami dit :

    On le sait bien, la seule solution réaliste, quasi harmonieuse, et logique, c’est un gouvernement LFI et RN ! (je ne suis pas le seul à y avoir pensé, tout bas). Mais on sait aussi que c’est impossible. (c’est la même histoire qu’en Allemagne, où beaucoup pensent sans le dire, à une alliance AFD/Die Linke…, seule alliance vraiment efficace à tout point de vue, mais impossible, là aussi).Alors ? Alors, les choses vont suivre leur cours hors du contrôle des Hommes, comme une rivière qui gonfle suite à une grosse pluie, et qui trouve nécessairement et fatalement sa voie, quitte à tout inonder sur sa route. Puis, après un certain chaos (un vrai, pas ce qui se passe à l’heure actuelle), comme la rivière qui retrouve son lit, la politique institutionnelle retrouvera ses esprits : tout finit toujours par se ré-équlibrer, ou par succomber. Mais comme pour l’inondation, on ne sait pas vraiment quels seront les dégâts (un peu ? beaucoup ? combien de temps ?…). Donc, on ne peut actuellement, sauf à accumuler d’innombrables hypothèses plus bancales les unes que les autres, on ne peut vraiment pas prévoir ce qui va se passer (sans oublier que Macron, acculé, dans un élan de folie, tel Néron brûlant Rome, a dans l’esprit l’idée démente d’envoyer des troupes en Ukraine : Zelensky vient d’évoquer la chose ; mais espérons tout de même qu’il ne fera pas cela). Bref, que Dieu nous protège ! 😀 

    • Descartes dit :

      @ Sami

      [On le sait bien, la seule solution réaliste, quasi harmonieuse, et logique, c’est un gouvernement LFI et RN ! (je ne suis pas le seul à y avoir pensé, tout bas). Mais on sait aussi que c’est impossible. (c’est la même histoire qu’en Allemagne, où beaucoup pensent sans le dire, à une alliance AFD/Die Linke…, seule alliance vraiment efficace à tout point de vue, mais impossible, là aussi).]

      Pour savoir ce qui est possible ou impossible, il faut surtout regarder les rapports sociaux. Est-ce que l’électorat sur lequel s’appuie LFI a les mêmes intérêts que celui sur lequel s’appuie le RN ? Si la réponse est positive, alors des coopérations sont possibles – même si elles ne peuvent pas, pour des raisons historiques et symboliques, la forme d’une alliance en bonne et due forme.

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