Le petit chat est mort

Selon le président de la République, il fut « une source d’inspiration pour des générations de français ». Pour le Premier ministre, « La première image qui me vient, c’est celle du combattant, pour ses idées, ses convictions ». Pour Jack Lang, « “il était synonyme de combat, de courage, d’intelligence, une intelligence exceptionnelle, une capacité de répondre, d’inventer, de créer ». Anne Hidalgo se pâme : « Le courage, l’audace, la passion, les excès. Quelle incroyable vie que la sienne ! Pensées pour sa famille, ses proches et ses amis ». Castaner : « “Il aura marqué notre région, et notre pays. Il restera, pour toujours, dans les cœurs de ceux qui l’ont connu ». Estrosi : « “Il était pour moi un exemple de dépassement de soi. Au travers de cette force incroyable, il nous aura donné, à tous, une extraordinaire leçon de vie malgré l’acharnement qu’il a subi de toute part. Un véritable phoenix (sic) ». Et même Fabien Roussel s’y met : « je salue son énergie inouïe, y compris dans son combat contre la maladie. Il fut un président de club remarquable ».

De qui parle-t-on ? D’un grand résistant qui aura combattu pour la liberté de son pays ? D’un médecin qui par ses travaux aura sauvé des milliers de vies ? D’un capitaine d’industrie qui par son intelligence et sa vision a créé de la richesse et des emplois ? D’un artiste qui aurait apporté un message universel à l’humanité ? Non. On parle d’un homme à qui son bagout hors du commun, son intelligence des situations et son égo surdimensionné qu’il a su mettre au service de sa carrière personnelle, ont permis de faire partie des « premiers de cordée », de vivre comme un prince sur l’argent des autres, d’occuper la première page des gazettes sans avoir de toute sa vie rien bâti et beaucoup détruit. Un escroc – et condamné comme tel par les tribunaux – faisant de l’argent avec la vente de services imaginaires. Un vautour qui fit fortune sur le cadavre d’entreprises en difficulté – Wonder, Manufrance – qu’il reprenait pour un franc symbolique à la barre des tribunaux de commerce en faisant miroiter des plans de reprise mirobolants à des syndicats et des collectivités locales désespérés devant la montée du chômage de masse et que, une fois les subventions empochées, il mettait en faillite laissant les travailleurs sur le carreau. Un homme qui fit carrière politique parce que les socialistes convertis au libéralisme ont rêvé de faire du lépénisme sans Le Pen, de capitaliser le populisme à leur avantage. L’homme du dopage dans le cyclisme et des matchs truqués dans le foot. L’homme qui falsifia un arbitrage pour voler 400 millions – oui, quatre cent millions, on construit beaucoup d’écoles avec ça – d’argent public, et qui bénéficia – et bénéficie toujours, comme les déclarations ci-dessus en témoignent – pour cela de la bienveillance coupable de l’establishment politique et médiatique. L’homme qui utilisa toutes les tactiques dilatoires, les méthodes les plus contestables pour retarder ses procès et continuer à jouir jusqu’au jour de sa mort des biens mal acquis au détriment de la collectivité. Voilà qui était cet homme qui reçoit aujourd’hui l’hommage ému de l’ensemble de notre classe politique, toutes tendances confondues. Même le Rassemblement National y va de sa larme. C’est drôle, n’est-ce pas, de voir l’homme qu’on nous présente comme un combattant irréductible contre le Front National recevoir les compliments de Jordan Bardella…

Pas une seule voix ne s’est levée pour dire combien ce personnage fut néfaste. Personne n’est allé interroger les anciens de Wonder – en particulier la jeune employée que Tapie avait injurié publiquement dans une émission de télévision – pour savoir comment Tapie « reste dans le cœur de ceux qui l’ont connu ». Personne n’est allé interroger Joseph Sanguedolce, maire de Saint Etienne dans les années 1980 qui racontait comment il avait refusé de recevoir Tapie à la mairie malgré le siège appuyé de ce dernier parce qu’il ne voulait pas être complice du démantèlement de Manufrance. Personne n’est allé interroger Jacques Glassmann, l’homme qui dénonça la tentative de truquage du match OM-Valenciennes et dont la droiture fut si mal récompensée alors que le corrupteur est aujourd’hui salué comme « un président de club remarquable » par Fabien Roussel.

On est prié de s’incliner devant lui et de l’ériger en exemple pour la jeunesse. Un politicien dont je tairai le nom par charité a même affirmé que « Tapie est l’exemple qu’un jeune d’origine modeste peut réussir dans notre pays ». Mais « réussir » à quoi, bon dieu ? A vendre de l’air ? A escroquer ses clients, ses employés, les adhérents du club qu’on dirige – et qui, comme le cocu content de la pièce, lui rendent un hommage unanime ? C’est ça, « réussir » dans notre société ? C’est cela le modèle de « réussite » qu’on propose à notre jeunesse ?

Jerôme Cahuzac cacha au fisc quelques malheureux milliers d’euros, et pour cela fut défénestré. Condamné à l’opprobre et à une lourde peine par des juges qui ont souligné le caractère « exemplaire » qu’un homme politique doit avoir dans son comportement. Bernard Tapie aura fait infiniment plus, infiniment pire, et se trouve embaumé. Pourquoi ? Parce que Tapie savait co-mmu-ni-quer. C’est ça le secret de tout, l’alchimie qui permet de transformer le plomb en or, de faire d’un salaud un héros. Arrêtons d’enseigner à nos enfants le français, les mathématiques, l’histoire, la géographie, la physique. Enseignons-leur plutôt le culot, la ruse, le bagout. Parce que c’est cela qui vous permet de « réussir » dans le monde qui est le nôtre.

Tapie est l’incarnation d’une époque, celle des « années fric ». La gauche « libérale-libertaire » au pouvoir, fascinée par l’argent facile, avait jeté aux orties tout projet collectif, toute logique méritocratique pour se prosterner devant l’autel de la réussite individuelle mesurée en euros et en exposition médiatique. On dit que la gauche des années 1980 s’est réconciliée avec l’entreprise. On a tort : la gauche s’est réconciliée avec un type particulier d’entreprise – et d’entrepreneur. Pas avec l’entrepreneur qui construit des usines ou des laboratoires, qui développe des brevets, qui met en œuvre les dernières découvertes scientifiques et développe les technologies de l’avenir. Pas même l’entrepreneur qui prête des services utiles et crée des emplois. Non, la gauche a choisi un autre modèle d’entrepreneur, celui qui fabrique du vent, qui communique au point que la communication devient sa seule production.

Tapie incarnait parfaitement ce choix. La sienne est l’histoire d’une réussite sans mérite, acquise par la magie de la communication et la capacité parasitaire d’exploiter les « trous » du système. Tapie était un entrepreneur sans entreprises – toutes celles qu’il a fondées ou dirigées se sont lamentablement cassées la gueule lorsque l’illusion qui leur permettait de tenir s’est dissipée. Il n’a rien inventé, rien construit, en dehors de son propre personnage. Il n’a réussi que des « coups » sans lendemain, qui se sont invariablement terminés par des catastrophes à l’image de sa présidence de l’OM lorsqu’il est apparu que les succès sportifs ont été obtenus par le trucage des comptes et l’achat de matchs.

Tapie était l’incarnation d’une fiction dangereuse, celle de la toute-puissance volontariste. Tapie nous expliquait qu’on peut diriger des usines sans formation technique, qu’on peut être acteur sans passer par le conservatoire, qu’on peut être financier sans rien connaître à la finance, qu’on peut être ministre sans rien connaître à l’administration. Autrement dit, que le savoir, la discipline intellectuelle ne servent à rien, que seule importe « le courage, l’audace, la passion » pour reprendre la formule d’Anne Hidalgo. De ce point de vue, Tapie était le digne héritier de mai 68, l’alter ego d’un Cohn-Bendit.

Alors, Tapie « une source d’inspiration pour des générations de Français » ? Oui, le président a parfaitement raison. Toute une génération a été inspirée par Bernard Tapie. Et c’est peut-être pour cela que nous sommes dans l’état où nous sommes. Il est grand temps de passer à autre chose, de se trouver d’autres références.

“Nous devons des égards aux vivants. Aux morts, nous ne devons que la vérité” (Voltaire)

Descartes

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138 réponses à Le petit chat est mort

  1. J. Elsé dit :

    Ce n’était qu’un équarisseur d’entreprise. Une blague qui courrait il y a quelques années : chute de l’OM parce que Tapie n’avait plus assez d’argent pour payer les entraineurs et plus d’entraineuses pour payer les arbitres…

    • Descartes dit :

      @ J. Elsé

      [Ce n’était qu’un équarisseur d’entreprise. Une blague qui courrait il y a quelques années : chute de l’OM parce que Tapie n’avait plus assez d’argent pour payer les entraineurs et plus d’entraineuses pour payer les arbitres…]

      Tapie aurait mérité l’oubli. Dans la France d’il y a cinquante ans, sa mort aurait fait l’objet d’un entrefilet, et les anciens se seraient dits “tiens, je croyais qu’il était déjà mort”. Aujourd’hui, même Roussel se croit obliger de saluer la mémoire d’un homme qui fut de son vivant un ardent anticommuniste, et la tête chercheuse du mitterrandisme pour affaiblir le PCF à Marseille… c’est dire !

  2. Gugus69 dit :

    Aujourd’hui, même Roussel se croit obliger de saluer la mémoire d’un homme qui fut de son vivant un ardent anticommuniste, et la tête chercheuse du mitterrandisme pour affaiblir le PCF à Marseille… c’est dire !
    Bon, à Marseille dans les années quatre-vingt-dix, le PCF de Guy Hermier n’avait pas besoin d’une grosse torpille pour sombrer. Avec les “refondateurs” aux commandes, il ne résistait pas trop fort au mitterrandisme ! Bref…

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Bon, à Marseille dans les années quatre-vingt-dix, le PCF de Guy Hermier n’avait pas besoin d’une grosse torpille pour sombrer. Avec les “refondateurs” aux commandes, il ne résistait pas trop fort au mitterrandisme ! Bref…]

      Ne croyez pas ça. On accolait volontiers à Guy Hermier l’étiquette de “réfondateur”, mais il était avant tout et sur tout un “baron” local, qui défendait bec et ongles son territoire. Au point qu’au lieu de réjoindre les structures de “Réfondations”, il avait préféré créer sa propre marque. Et cette baronnie locale gênait pas mal les socialistes. C’est pourquoi contrairement à un Fiszbin ou un Fiterman, qui finirent leurs carrières au PS, Hermier est resté farouchement indépendant des socialistes…

  3. Fabien dit :

     
    Bonjour Descartes,
    Macron, Hidalgo et même Roussel… C’est à se demander si tous les candidats à la magistrature suprême  vont y aller de leur petit éloge.
    Cela me laisse perplexe, à supposer même que ces déclarations soient sincères, y a t il vraiment une chance qu’elles soient bien recues par l’électorat?
    En voyant la nouvelle aux infos et la liste de témoignages, autant des personnalités que des micro-trottoirs, j’ai eu une pensée émue pour tous ces gens ayant développé/produits les vaccins contre la covid. A quoi bon se faire chier à oeuvrer pour l’humanité quand tout ce qui compte en fin de compte c’est la richesse et la popularité. On se croirait revenu au collège.
    Merci pour cet article!

    • Descartes dit :

      @ Fabien

      [Macron, Hidalgo et même Roussel… C’est à se demander si tous les candidats à la magistrature suprême vont y aller de leur petit éloge.]

      Probablement. Nos hommes et femmes politiques sont avant tout des publicitaires qui ont un produit – eux-mêmes en général – à vendre. Et les admirateurs de Tapie sont une « cible » qu’il serait suicidaire de manquer. C’est pourquoi je pense que le concert d’éloges et l’amnésie sélective qui l’accompagne ne sont pas seulement un indice de la dégradation du niveau des élites politiques, mais un symptôme qui souligne la dégradation du niveau de notre société en général, à tous les niveaux.

      Pensez un instant à tous ces supporteurs de l’OM qui rendent aujourd’hui hommage à Tapie. A qui rendent-ils hommage, sinon à l’homme qui a déshonoré leurs couleurs avec des matchs truqués et des manipulations douteuses. Certes, il a ramené des titres nationaux et européens, mais tous ces titres sont aujourd’hui ternis par la suspicion qu’ils ont été mal acquis. Et pourtant, ils vont aller pleurer au Stade Vélodrome. Quelle meilleure illustration du fait que nous vivons dans une société où seul le résultat compte, ou l’on est prêt à pardonner toutes les turpitudes pourvu que l’argent rentre ?

      [Cela me laisse perplexe, à supposer même que ces déclarations soient sincères, y a-t-il vraiment une chance qu’elles soient bien reçues par l’électorat ?]

      Sans aucun doute. Les politiques ont beaucoup de défauts, mais s’il savent faire quelque chose, c’est bien ça : mesurer la demande du public. Tapie n’est pas seulement une référence pour les politiques, c’est une référence pour une majorité de Français. C’est cela le plus triste.

      [A quoi bon se faire chier à œuvrer pour l’humanité quand tout ce qui compte en fin de compte c’est la richesse et la popularité. On se croirait revenu au collège.]

      Si vous avez la curiosité de regarder de temps en temps des séries « familiales » américaines, vous verrez revenir cette question comme une obsession. Le plus important, c’est d’être « populaire ». Dans les lycées américains, c’est une obsession. Et cette obsession se perpétue à l’université, au travail, dans la « communauté » de voisinage…

      • Fabien dit :

         
        @Descartes
         
        [Pensez un instant à tous ces supporteurs de l’OM qui rendent aujourd’hui hommage à Tapie. A qui rendent-ils hommage, sinon à l’homme qui a déshonoré leurs couleurs avec des matchs truqués et des manipulations douteuses. Certes, il a ramené des titres nationaux et européens, mais tous ces titres sont aujourd’hui ternis par la suspicion qu’ils ont été mal acquis. Et pourtant, ils vont aller pleurer au Stade Vélodrome. Quelle meilleure illustration du fait que nous vivons dans une société où seul le résultat compte, ou l’on est prêt à pardonner toutes les turpitudes pourvu que l’argent rentre ?]
         
        Si les gens pensent que seul le résultat compte, ils continuent de feindre que les moyens ne sont pas sans importance. Ces supporters de l’OM affichent leur amour pour Tapie mais ils ne disent pas vraiment “Merci d’avoir truandé, la victoire en valait la peine!”. J’ai plutôt l’impression qu’il y a un silence convenu sur les méthodes de Tapie comme si cela pouvait ternir le résultat malgré tout. Donc le résultat sans doute, mais les apparences certainement.
        Bien sûr je parle là des micros-trottoirs, le journaliste choisit ce qu’il montre…
         
        [Sans aucun doute. Les politiques ont beaucoup de défauts, mais s’il savent faire quelque chose, c’est bien ça : mesurer la demande du public. Tapie n’est pas seulement une référence pour les politiques, c’est une référence pour une majorité de Français. C’est cela le plus triste.]
         
        Cela ne pourrait il pas être aussi un calcul de très court-terme, on pleure sur le cadavre tant qu’il est encore chaud pour ne plus en parler ensuite? Je ne conteste pas le talent des politiques à mesurer cette demande, après tout moi je n’ai pas ce talent, mais vous imaginez les candidats vanter les qualités d’un escroc en pleine campagne électorale? Avec le risque de se faire rependre sur ce point par un concurrent?
         
        [Si vous avez la curiosité de regarder de temps en temps des séries « familiales » américaines, vous verrez revenir cette question comme une obsession. Le plus important, c’est d’être « populaire ». Dans les lycées américains, c’est une obsession. Et cette obsession se perpétue à l’université, au travail, dans la « communauté » de voisinage…]
         
        Si par familiale vous entendez tout public, Il m’est arrivé d’en regarder oui. Mon avis là dessus rejoint mon commentaire sur les supporters de l’OM. Ces séries mettent en valeur la “réussite à tout prix” maix pas question de faire passer les protagonistes pour des gens véritablement cyniques. Je trouve au contraire que les américains ont cette insupportable manie d’afficher une prétendue supériorité morale, farcie d’une bonne conscience absolue.

        • Descartes dit :

          @ Fabien

          [Si les gens pensent que seul le résultat compte, ils continuent de feindre que les moyens ne sont pas sans importance. Ces supporters de l’OM affichent leur amour pour Tapie mais ils ne disent pas vraiment “Merci d’avoir truandé, la victoire en valait la peine!”. J’ai plutôt l’impression qu’il y a un silence convenu sur les méthodes de Tapie comme si cela pouvait ternir le résultat malgré tout. Donc le résultat sans doute, mais les apparences certainement.]

          Bien sûr, le cynisme a ses limites, et les vrais cyniques sont rares. Disons que le résultat compte suffisamment pour qu’on passe sous silence pas mal de turpitudes. Mais dans la mesure où ces turpitudes sont connues de tous et ne font aucun doute, la célébration de Tapie par les supporters nous montre que pour eux le résultat efface tous les reproches.

          [Cela ne pourrait-il pas être aussi un calcul de très court-terme, on pleure sur le cadavre tant qu’il est encore chaud pour ne plus en parler ensuite? Je ne conteste pas le talent des politiques à mesurer cette demande, après tout moi je n’ai pas ce talent, mais vous imaginez les candidats vanter les qualités d’un escroc en pleine campagne électorale? Avec le risque de se faire rependre sur ce point par un concurrent?]

          Le risque est minime, précisément parce que l’appréciation positive de l’opinion publique est presque unanime. Tapie est inattaquable parce qu’il est devenu un modèle. C’est la chose à laquelle une bonne partie de notre société rêve de ressembler. On imagine mal des politiques – qu’une large majorité de nos concitoyens disent corrompus – aller donner des leçons d’honnêteté à propos de Tapie. Et ne vous trompez pas : Tapie n’est pas un sujet d’horreur, mais d’envie. Quand les politiques que j’ai cité font son éloge funèbre, on devine que leur rêve secret serait de lui ressembler.

          Tapie est devenu un modèle bien avant sa mort. Lui, qui a laissé sur le carreau tant de gens, qui a trahi tant de confiandes, a su se fabriquer une image de « victime ». Combien d’articles le présentant malade, victime de « l’acharnement » (Estrosi dixit) des « puissants » qui ne lui pardonnaient pas d’être « populaire », de ne pas sacrifier aux convenances ? Dans le monde du « tous pourris », pensez-vous vraiment que le Français moyen ira reprocher à Tapie ses « arrangements » avec la loi ? C’est bien là le problème : dans notre société, tout le monde rêve d’escroquer 400 millions au fisc…

          [« Si vous avez la curiosité de regarder de temps en temps des séries « familiales » américaines, vous verrez revenir cette question comme une obsession. Le plus important, c’est d’être « populaire ». Dans les lycées américains, c’est une obsession. Et cette obsession se perpétue à l’université, au travail, dans la « communauté » de voisinage… » Si par familiale vous entendez tout public, Il m’est arrivé d’en regarder oui.]

          Non, par « familiale » j’entends qui présentent la vie d’une famille. Je pensais à des titres comme « The Middle », qui est un intéressant document sur la manière comme les américains « profonds » se voient eux-mêmes.

          [Mon avis là-dessus rejoint mon commentaire sur les supporters de l’OM. Ces séries mettent en valeur la “réussite à tout prix” maix pas question de faire passer les protagonistes pour des gens véritablement cyniques. Je trouve au contraire que les américains ont cette insupportable manie d’afficher une prétendue supériorité morale, farcie d’une bonne conscience absolue.]

          En ce sens, Tapie était très « américain »…

  4. Vincent dit :

    [Tapie savait co-mmu-ni-quer. C’est ça le secret de tout, l’alchimie qui permet de transformer le plomb en or, de faire d’un salaud un héros. Arrêtons d’enseigner à nos enfants le français, les mathématiques, l’histoire, la géographie, la physique. Enseignons-leur plutôt le culot, la ruse, le bagout. Parce que c’est cela qui vous permet de « réussir » dans le monde qui est le nôtre.
    (…)
    Alors, Tapie « une source d’inspiration pour des générations de Français » ? Oui, le président a parfaitement raison. Toute une génération a été inspirée par Bernard Tapie. Et c’est peut-être pour cela que nous sommes dans l’état où nous sommes. Il est grand temps de passer à autre chose, de se trouver d’autres références.]

     
     
    Quelques petits commentaires qui abonderont dans votre sens :
     
    1°) Il semblerait que influenceur / youtubeur soit un métier qui fait maintenant rêver les jeunes occidentaux…
    https://www.journaldemontreal.com/2019/07/17/les-enfants-americains-veulent-devenir-des-youtubeurs-les-jeunes-chinois-veulent-aller-dans-lespace
    Effectivement, pas besoin de français, mathématiques, etc. La communication, le savoir-être, et surtout le “savoir-paraître” sont les nouveaux fondamentaux.
     
    2°) Je vous conseille de vous renseigner sur les procédures d’admission en 1ère année de Sciences Po. De ce que j’en ai compris, vous êtes jugés sur votre bagout pour l’oral, et surtout sur votre “storytelling” pour l’admissibilité…
     
    3°) La réforme du Bac, avec le grand oral, va dans le même sens : il faut savoir se vendre et raconter une histoire.
     
    Tout cela me choque, comme vous. La communication, c’est bien, mais encore faut-il avoir quelque chose à communiquer.
     
    Ceci dit… Je ne voudrais pas, à travers ces mots, que des jeunes nous lisant n’en viennent à rejeter totalement la communication et l’apparence. Si cela n’est pas suffisant, et à mon avis pas le principal, cela compte tout de même.
    A toutes fins utiles, je partage ci dessous mon témoignage (l’anonymat m’aidant).
     
     
    Je viens en effet de l’extrême inverse. Quand j’avais 20 ans, j’étais fortement énervé par le paraître. Comme étudiant ingénieur, je considérais que la communication n’était pas de mon ressort, et que l’apparence, dans un métier sérieux, ne devait compter pour rien.
     
    Aussi, je n’ai jamais fait de powerpoint sans y avoir été obligé. Et encore, par principe, je n’y mettais jamais la moindre couleur, la moindre animation, la moindre image autre que le strict nécessaire. Quand les questions n’étaient pas techniques, ma réponse était invariablement lapidaire (type : “donner votre ressenti sur…” ==> “pas de ressenti particulier” ; “quelle émotion risquez vous de susciter…” ==> “je ne suis pas psychologue, donc je ne me pose pas ce type de question”, etc.).
     
    Je me disais que si on faisait un métier vraiment sérieux et intelligent, ce qui comptait n’était pas notre apparence. J’ai poussé la logique jusqu’à refuser de me présenter à des entretiens de recrutement en costume (voire une fois en revenant tout juste d’un chantier, avec encore des taches de boue sur mes vêtements). J’ai tout de même été recruté sans problème, dans un secteur “sérieux”. Pas un secteur de communicants.
     
    Par la suite, j’ai été jusqu’à présenter des communications devant un public international, de plusieurs centaines de personnes, en jean et polaire ; et quand j’avais une bonne idée, j’étais content de moi, et je ne cherchais pas à faire savoir que c’était la mienne. J’avais ma conscience pour moi, et ça me suffisait.
     
    Mais je me suis rendu compte que cela m’a desservi. Souvent, mes idées, mes travaux, ont été repris par de meilleurs communicants, qui ont su faire mousser dessus.
    Bref, par la force des choses, j’ai fini par mettre de l’eau dans mon vin. Je mets maintenant une chemise pour les occasions importantes, voire une veste pour présenter en conférence internationale. Et je fais des efforts pour rendre mes (rares) présentations attrayantes. En quelques années, j’ai senti une bien meilleure reconnaissance de mes collègues et de ma hiérarchie…
     
    Si un jeune me lit, qui pense, comme moi il y a 20 ans, que la communication et l’apparence sont le gage d’un métier superficiel, attention tout de même à ne pas aller trop loin dans cette logique…

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Tout cela me choque, comme vous. La communication, c’est bien, mais encore faut-il avoir quelque chose à communiquer.]

      Tout à fait. Je ne conteste pas l’intérêt de communiquer. Le problème commence quand c’est le besoin de communiquer qui commence à guider l’action. Je me souviens dans ma formation d’avoir fait un module « communication » avec un communiquant qui nous faisait une mise en situation – de mémoire, on se trouvait dans la peau d’un préfet qui devait annoncer un accident nucléaire à la presse. J’avais fait mon laius, et lors du retour d’expérience le communiquant m’explique que ne j’aurais pas du dire certaines choses parce que le public n’aimait pas ça. Autrement dit, ce qui était en question n’était pas la FORME du discours, mais le FOND. Et l’injonction est que le contenu du discours devait être celui que le public souhaitait entendre. Je m’étais permis de lui indiquer que son rôle était de nous enseigner la meilleure forme pour faire passer notre message, et non d’adapter le message lui-même au gout du public. Nous nous sommes quittés fâchés…

      [Mais je me suis rendu compte que cela m’a desservi. Souvent, mes idées, mes travaux, ont été repris par de meilleurs communicants, qui ont su faire mousser dessus. Bref, par la force des choses, j’ai fini par mettre de l’eau dans mon vin. Je mets maintenant une chemise pour les occasions importantes, voire une veste pour présenter en conférence internationale. Et je fais des efforts pour rendre mes (rares) présentations attrayantes. En quelques années, j’ai senti une bien meilleure reconnaissance de mes collègues et de ma hiérarchie…]

      Je pense qu’il ne faut pas confondre deux choses différentes. Une chose est de faire preuve de pédagogie, d’adapter son langage, son apparence à son public, d’utiliser les bons codes pour attirer son attention. Mais la communication, ce n’est pas ça. La communication, c’est d’adapter au public le message lui-même. Quand j’explique que 2+2=4 en utilisant de beaux transparents, et que je mets un costume et une cravate parce que c’est ce qui se fait dans le milieu, je fais de la pédagogie. Quand j’accepte d’expliquer que 2+2=5 parce que c’est ce que le public veut entendre, je fais de la communication.

      • cdg dit :

        “Quand j’accepte d’expliquer que 2+2=5 parce que c’est ce que le public veut entendre, je fais de la communication”
        Le seul probleme c est que 2+2 ca ne fait pas 5
        Et qu a un moment ca va se voir ( a mon avis on est pas loin car l effondrement de l occident a bien ete mis en valeur grace au COVID). Evidement on va forcer la dose de MLF, LBGTQ+, racisés … mais ca va passer de moins en moins bien (que Zemmour soit credité de 15 % des voix doit quand meme interpelr nos dirigeants)
         
        La question est  par contre de savoir si on pourra se relever. Et la c est pas gagné.
        On a des generations qui ont ete eduquee a la tapie (l important c est de gagner beaucoup de $ et peu importe comment). C e n est pas d ailleurs specifique a la France, j en discutait la semaine derniere a propos des jeunes suisses alemaniques
        En face vous avez des gens motivés, qui travaillent bien plus que nous en Asie
        Notre meilleure chance c est que la machine a decerebrer tourne aussi chez eux (ils ont pas facebook/instagram mais tiktok et wechat font aussi bien l affaire) et que Xi peut rejouer le grand bond en avant de Mao

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [“Quand j’accepte d’expliquer que 2+2=5 parce que c’est ce que le public veut entendre, je fais de la communication” Le seul problème c’est que 2+2 ca ne fait pas 5. Et qu’a un moment ça va se voir]

          C’est ce que je me dis depuis quarante ans, et la réalité m’a prouvé systématiquement que j’avais tort. Tant que les gens ont envie de croire que 2+2=5, il y a peu de chance qu’ils « voient » qu’il en est autrement. La capacité des gens à se convaincre qu’il fait jour à minuit est illimitée.

          [Que Zemmour soit crédité de 15 % des voix doit quand même interpeler nos dirigeants]

          Oui, mais dans quel sens ? Le discours de Zemmour n’est pas un discours « populaire ». Il ne vient pas remplacer le « social-souverainisme » du FN de 2017, qui formulait un projet pour l’avenir. Le discours de Zemmour est un discours profondément passéiste. C’est un hommage rendu à une France qu’on a beaucoup aimé – et peut importe si elle a vraiment existé ou s’il s’agit d’une idéalisation, on peut aimer un fantôme – et qui n’est plus. Le fait que ce discours puisse attirer 15% des voix, et plus encore le fait qu’il puisse saturer l’espace médiatique, montre que cette nostalgie est relativement partagée, que nos concitoyens sont largement sensibles au même récit, au même « roman national ».

          C’est beaucoup et c’est peu. Le problème, c’est qu’au-delà de la nostalgie tirer les conséquences de ce « roman » et lui redonner sa vigueur implique un coût très important, que seule une minorité est aujourd’hui prête à payer.

          [La question est par contre de savoir si on pourra se relever. Et là ce n’est pas gagné. On a des générations qui ont été éduquées à la Tapie (l’important c’est de gagner beaucoup de $ et peu importe comment). Ce n’est pas d’ailleurs spécifique à la France, j’en discutait la semaine dernière à propos des jeunes suisses alémaniques.]

          Et pourtant, on sent que cela ne suffit pas. Que l’humanité n’arrive pas à se contenter d’être riche et de se taire. Quand des milliers de jeunes européens vont se battre en Syrie dans les conditions qu’on sait, on se dit que l’esprit humain exige autre chose que le simple bonheur matériel. Bien sur, on peut regretter que ces jeunes aillent chercher une cause chez les mouvements les plus obscurantistes, les plus rétrogrades. Peut-être cela ne se produirait pas si notre société était en mesure d’offrir d’autres voies au dépassement de soi, à la transcendance.

          • pierre dit :

            [
            [“Quand j’accepte d’expliquer que 2+2=5 parce que c’est ce que le public veut entendre, je fais de la communication” Le seul problème c’est que 2+2 ca ne fait pas 5. Et qu’a un moment ça va se voir]
            C’est ce que je me dis depuis quarante ans, et la réalité m’a prouvé systématiquement que j’avais tort. Tant que les gens ont envie de croire que 2+2=5, il y a peu de chance qu’ils « voient » qu’il en est autrement. La capacité des gens à se convaincre qu’il fait jour à minuit est illimitée.
            ]
            2 ou 3 remarques
            Dire que 2+2=5 est de la communication. Oui mais on peut préciser : c’est tromper les gens, utiliser sa position, son rôle pour fabriquer du chaos mental, empêcher de penser, i.e. empêcher d’appréhender le monde perceptible et faire le Spectacle.
             
            Quand vous dites « Tant que les gens ont envie de croire que 2+2=5 » personne ne doute de cette observation triviale. Le beau, le clinquant, le brillant attire les lobotomisés, exploite notre animalité dans sa condition de proie-prédateur. À force de jouer le Spectacle, de montrer les malheurs réels (lesquels sont des choix politiques : la violence affaiblit tout sauf les plus puissants – je pense entre-autre à l’Empire, c’est donc un instrument de pouvoir totalitaire) ou potentiels du monde les gens sont facilement séduits. Le cerveau (par ailleurs absorbant) ne fait que rechercher du contentement, ce qui est le seul but du Spectacle, servir ce contentement ou faire peur, c’est à dire asservir les gens. On connaît l’enchaînement : proie-prédateur, bien-mal, plaisir-peur. Une recette vieille comme l’humanité.
             
            Lorsque vous croyez satisfaire les gens vous vous basez sur ce qu’ils disent pour une petite part et ce que disent les (médias) dominants pour une grande part. Les médias fabriquent plus que l’opinion, ILS en créent la croyance. Les sondages d’opinion(s?) ne reflètent PAS les opinions des gens mais ce que veulent leurs faire dire les escrocs. Je suis certain que vous avez l’expérience de cette réalité. Donc notre/votre opinion de ce que pensent les gens EST faussée.
            Si vous faites l’exercice – et je suis certain que vous l’avez fait – de discuter avec des gens inconnus vous vous rendez-compte combien il est facile de leur faire dire n’importe-quoi. De les amener à accepter tel argumentaire ou tel autre lesquels se contredisent. C’est ce que font les sondages (peut-être pas tous). L’opinion est une pâte molle. De tous temps, les dominants ont pétri cette pâte.
            Quand par un concours de circonstances l’opinion devient dangereuse pour le pouvoir, c’est alors qu’interviennent les ‘fortes’ actions d’influence. Mais c’est une autre histoire.
            Pour illustrer ce mot voir le dernier quart de ce montage par ailleurs pas mal fait :
            https://www.youtube.com/watch?v=bUAgwXt59-E&t=0s
             
            Je veux dire par là que l’opinion n’est rien que de l’écume, lui prêter plus est tromper la raison.
            Notre état et capacité de penser est une chimère cultivée dont chef jardinier est un bandit.
             

            • Descartes dit :

              @ pierre

              [Dire que 2+2=5 est de la communication. Oui mais on peut préciser : c’est tromper les gens, utiliser sa position, son rôle pour fabriquer du chaos mental, empêcher de penser, i.e. empêcher d’appréhender le monde perceptible et faire le Spectacle.]

              Je pense que vous péchez par excès de manichéisme : d’un côté le communicant, qui veut vous convaincre que 2+2=5, de l’autre la victime, que ce discours détache du « monde perceptible » et empêche de penser.

              Ma vision est plus dialectique. D’un côté, le communicant ne choisit pas son discours en fonction de SES idées, mais des idées du public qu’il veut toucher. Pour que son message soit entendu, il doit correspondre à ce que son auditoire a envie de croire. Imaginez par exemple que Jadot demain avait une révélation, était convaincu que le nucléaire est l’option la plus raisonnable pour combattre le réchauffement climatique, est fondait sa campagne sur ce discours appuyé sur des démonstrations factuelles incontestables. Quelle proportion des électeurs écologistes à votre avis changerait sa position et suivrait le candidat ?

              Cela ne veut pas dire, bien entendu, que la propagande n’ait pas de pouvoir. Les médias peuvent convaincre des gens… à condition qu’ils aient envie d’être convaincus. Pensez à la campagne de 2005 pour la ratification du TCE. Rarement on a vu un tel déferlement de propagande. Tous les grands médias, publics et privés, ont activement milité pour le « oui », donnant largement la parole à des élites intellectuelles, économiques, culturelles largement acquises au « oui ». Avec des arguments très proches de ceux qui, treize ans plus tard, avaient servi à faire ratifier Maastricht. Mais ce que les gens avaient envie de croire en 1992 ils n’avaient plus envie de de le croire en 2005.

              [Quand vous dites « Tant que les gens ont envie de croire que 2+2=5 » personne ne doute de cette observation triviale. Le beau, le clinquant, le brillant attire les lobotomisés, exploite notre animalité dans sa condition de proie-prédateur.]

              Non, justement. Les gens n’ont pas « envie de croire » parce qu’ils sont lobotomisés. C’est beaucoup plus complexe que cela. Ils ont envie de croire parce que cette croyance a une fonction dans leur psyché : cela peut servir à les rassurer, cela peut servir à les valoriser, cela peut servir à atténuer leur sentiment de culpabilité… ou, last but not least, cela peut servir à dissimuler leurs intérêts égoïstes derrière l’intérêt général.

              Derrière cette question se pose ce qui est pour moi la grande question de la démocratie. Un bon régime politique est celui qui donne aux gens ce qu’ils veulent, ou ce qui est bon pour eux ? Si vous choisissez la première option, alors si les gens veulent qu’on leur dise que 2+2=5, il faut que l’école, l’hôpital, les institutions en général proclament que 2+2=5. Si vous choisissez la seconde option, se pose la question de savoir qui est le juge de ce qui est « bon pour les gens »…

              [Lorsque vous croyez satisfaire les gens vous vous basez sur ce qu’ils disent pour une petite part et ce que disent les (médias) dominants pour une grande part. Les médias fabriquent plus que l’opinion, ILS en créent la croyance. Les sondages d’opinion(s?) ne reflètent PAS les opinions des gens mais ce que veulent leurs faire dire les escrocs. Je suis certain que vous avez l’expérience de cette réalité.]

              Oui et non. Bien sûr, une étude d’opinion peut être manipulée, les questions posées de telle façon à solliciter les réponses. Mais cela n’implique pas que les médias « créent la croyance » ou plutôt si, ils la créent mais pas n’importe comment. Ils ne peuvent « créer » une croyance que dans la mesure ou le terrain est fertile, c’est-à-dire, dans la mesure où la cible a ENVIE de croire ce que vous lui dites. McDonalds adapte plus le coût de ses produits au goût de ses clients que l’inverse.

              [Si vous faites l’exercice – et je suis certain que vous l’avez fait – de discuter avec des gens inconnus vous vous rendez-compte combien il est facile de leur faire dire n’importe-quoi. De les amener à accepter tel argumentaire ou tel autre lesquels se contredisent.]

              Dans ma très longue expérience militante j’ai fait une infinité de marchés et de porte-à-porte, discuté avec des milliers d’inconnus. Et je m’inscris totalement en faux contre cette affirmation. On ne fait « accepter » un argumentaire que dans la mesure où celui-ci correspond à ce que l’interlocuteur a envie de croire. C’est pourquoi la première chose qu’on enseignait au militant au PCF se résumait à une simple formule : « il faut partir de ce que les gens ont dans la tête ».

  5. luc dit :

    ‘pandaria papers’ arive trop tard…Il y aurait probablement le cas de Tapie qui aurait été révélé.
    Y a DSK,Tony Blair,un député LREM transfuge du PD et tant d’autres.
    Pendant ce temps le Kérosène brûle dans les supers paquebots,les avions,les centrales à charbon allemandes empoisonnent le ciel parisien et le climat du Monde comme les centrales à Gaz dont les prix s’envolent:
    Que faire pour arréter ces énergies carbonées qui régissent le Monde ? C’est la question 
    Alors Oui,une fois de plus vous pointez la zone sensible:Nos merdias font la pluie et le beau temps pour nous détourner de l’essentiel le naufrage organisé de notre pays comme en Mai 1940 Pétain et les cagoulards …Avec votre courage et votte énergie comme blogger, vous êtes  un Descartes qui ne fais pas Tapi ceri (se sur le gâteau)..
    Plus sérieusement ce pauvre Bertrand semble mal en point depuis que Vauquiez soutient Barnier ?
    Zemmour a déjà réussit à troubler les  Fillonistes ..Au fait Fillon aura t il un éloge funèbre comme Tapi ?
    Fillon semble ne pas être dans les ‘panderias papers’,comme quoi une bonne mise au pilori trempe le caractère.
    Et DSK, Cahuzac,Sarkozy,Barretous possesseurs de compte en paradis fiscaux ou condamnés pour d’autres raisons valent ils mieux que Bernard Tapi ? Le tous pourri sauf Tapi,n’est il pas un écran de fumée pour cacher la déliquescence de nos têtes de gondole politiques?
    Avec 500 millions de dettes,pour 300 millions d’avoir Tapi laisse beaucoup de dettes à ses enfants.
    Mais qui est l’héritier politique de Tapi ? Benhalla ?Grivaux ?Castaner?Macron?
    Quant à Zemmour n’a t il pas paradoxalement le même profil de fou du roi,que Coluche en 1981 ?
    N’auront ils pas la même fin,ne se présentatnt pas mais soutenant Larine Lepen comme Coluche soutint Mitterand ?
     
     

    • Descartes dit :

      @ luc

      [‘pandora papers’ arive trop tard…Il y aurait probablement le cas de Tapie qui aurait été révélé.
      Y a DSK,Tony Blair,un député LREM transfuge du PD et tant d’autres.]

      Franchement, toute cette agitation autour des « XXX papers » que relance périodiquement le « consortium des journalistes d’investigation » – qui inclut en fait les journaux bienpensants – devient lassant. A chaque fois, on fait comme si on découvrait des choses qu’on sait parfaitement depuis longtemps. Est-ce qu’il y a encore quelqu’un qui s’imaginait que les paradis fiscaux servaient à autre chose qu’à permettre aux riches de payer moins d’impôts ou d’effectuer des transactions illégales ? Avons-nous besoin de « papers » pour savoir que nos élites de gauche, de droite et de centre sont les premiers utilisateurs de la chose ?

      J’ajoute que dans ces enquêtes on voit toujours apparaître des politiques, des banquiers, des hauts fonctionnaires… mais jamais de journalistes ou de magnats de la presse. Etonnant, non ?

      [Que faire pour arréter ces énergies carbonées qui régissent le Monde ?]

      J’aurais tendance à dire qu’il faudrait commencer par se débarrasser des écologistes. C’est la condition sine qua non pour pouvoir faire une politique rationnelle

      [Plus sérieusement ce pauvre Bertrand semble mal en point depuis que Vauquiez soutient Barnier ?]

      Il n’y a pas que Bertrand qui est mal parti. La droite en général est dans les choux. Et la gauche est au fond du gouffre. Il faut dire qu’il n’y a pas vraiment un sentiment d’urgence : l’électorat des classes intermédiaires de la droite comme celui de la gauche s’accommodent fort bien d’une présidence Macron II. Sa réélection ne fait finalement peur à personne. Et les couches populaires ne votent pas, parce que personne ne leur propose quelque chose de différent.

      [Mais qui est l’héritier politique de Tapie ? Benalla ? Grivaux ? Castaner ? Macron ?]

      Nous sommes tous les héritiers du legs empoisonné de Tapie. D’abord, parce que c’est de l’argent public qui aura été détourné et qu’on ne récupérera pas.

      [Quant à Zemmour n’a-t-il pas paradoxalement le même profil de fou du roi, que Coluche en 1981 ?]

      Non. D’abord, parce que Zemmour n’est pas un populiste. Il n’enfourche pas le discours du « tous pourris » qui était celui de Coluche. Coluche était anti-politique, alors que Zemmour veut au contraire restaurer la noblesse du métier politique.

      • BolchoKek dit :

        @ Descartes
        [Avons-nous besoin de « papers » pour savoir que nos élites de gauche, de droite et de centre sont les premiers utilisateurs de la chose ?]
         
        Oh, les américains ont inventé bien des choses “pratiques”, comme le porte-goblet intégré, les rires enregistrés, et la “plausible deniability“…

        • Descartes dit :

          @ BolchoKek

          [Oh, les américains ont inventé bien des choses “pratiques”, comme le porte-goblet intégré, les rires enregistrés, et la “plausible deniability“…]

          Vous pouvez ajouter à la liste les “journalistes d’investigation” qui, en “révélant” périodiquement ce que tout le monde sait, contribuent à maintenir l’illusion que les médias nous informent…

      • Patriote Albert dit :

        [J’ajoute que dans ces enquêtes on voit toujours apparaître des politiques, des banquiers, des hauts fonctionnaires… mais jamais de journalistes ou de magnats de la presse. Etonnant, non ?]
        Manifestement, on voit aussi apparaître des personnalités de tous les pays du monde sauf les États-Unis. Étonnant, non?

  6. Rafio dit :

    N’est-ce pas ici que nous entendons parler parfois des “fictions nécessaires” ? Tapie fiction nécessaire. Toute petite fiction, et loin d’être nécessaire à tout le monde. Mais tout de même. Il faut que Tapie ait été “grand” pour que l’Olympique de Marseille ait pu l’être un temps. Sinon qu’est-ce qu’il en reste ? Il faut que Tapie ait été “grand” pour que certains notables supposément socialistes osent encore s’exprimer en public. Et solliciter à nouveau le suffrage des Français. Il sera oublié. Encore un instant monsieur le bourreau…

    • Descartes dit :

      @ Rafio

      [N’est-ce pas ici que nous entendons parler parfois des “fictions nécessaires” ? Tapie fiction nécessaire.]

      Ce que j’appelle une « fiction nécessaire » c’est un récit dont tout le monde sait pertinemment qu’il est inexact, mais qu’on tient tous pour vrai parce que c’est une condition pour maintenir un fonctionnement social harmonieux. L’idée de « fiction nécessaire » s’approche de la notion de « convention ».

      Ainsi, par exemple, lorsqu’on fait répéter aux enfants « nos ancêtres les gaulois », il s’agit d’une pure convention. Il est trivial pour l’ensemble de la classe comme pour l’instituteur que tous les enfants n’ont pas des ancêtres « gaulois ». Il n’en reste pas moins qu’il y avait consensus pour estimer que cette répétition était utile parce qu’elle permettait de maintenir l’idée d’une nation homogène et dont tous les membres méritaient le même traitement sans distinction d’origine.

      Est-ce que les discours sur Tapie font partie d’une « fiction nécessaire » ? J’avoue que je vois mal en quoi le fait d’établir par convention que Tapie était un grand homme aurait un effet positif sur le fonctionnement de la société. J’aurais tendance à penser le contraire. Alors, que ce discours soit une « fiction utile » à tel ou tel secteur, je ne dis pas non. Mais je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une « fiction nécessaire ».

      [Toute petite fiction, et loin d’être nécessaire à tout le monde.]

      Le propre d’une « fiction nécessaire », c’est justement d’être « nécessaire » à tout le monde – autrement dit, de permettre un meilleur fonctionnement de la société dans son ensemble.

      [Mais tout de même. Il faut que Tapie ait été “grand” pour que l’Olympique de Marseille ait pu l’être un temps. Sinon qu’est-ce qu’il en reste ? Il faut que Tapie ait été “grand” pour que certains notables supposément socialistes osent encore s’exprimer en public. Et solliciter à nouveau le suffrage des Français. Il sera oublié. Encore un instant monsieur le bourreau…]

      C’est une explication possible. Rappeler les turpitudes de Tapie, c’est indirectement rappeler celles de ceux qui lui ont permis d’exister. Mais personnellement je pense que cela va bien au-delà : Tapie est devenu une référence, un exemple. C’est à quoi beaucoup de citoyens – et beaucoup de politiques – rêvent de ressembler.

  7. cdg dit :

    Tout a fait d accord avec l article. Tapie a ete une crapule et le plus terrible c est qu en effet c est lui qui sert de modele.
    Comment esperer redresser un pays quand ceux qui sont presenté comme modeles sont des escrocs qui vivent aux dépends des autres
    Au final, Tapie a ete le chef d oeuvre de Mitterrand : une personne qui ne croit en rien et pret a tout trahir pourvu que ca serve son interet personnel. Ce qui dans les annees 70 etait mal vu est devenu la norme quand Mitterrand est mort

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [Comment espérer redresser un pays quand ceux qui sont présenté comme modèles sont des escrocs qui vivent aux dépends des autres]

      Je pense que vous avez résumé en une phrase la tragédie de la gauche au tournant des années 1980.

      [Au final, Tapie a ete le chef d oeuvre de Mitterrand : une personne qui ne croit en rien et pret a tout trahir pourvu que ca serve son interet personnel. Ce qui dans les annees 70 etait mal vu est devenu la norme quand Mitterrand est mort]

      Oui. On aimerait entendre Mélenchon sur ce sujet…

    • BolchoKek dit :

      @ cdg
       
      Je tiens à vous remercier pour ce commentaire, et au delà, pour votre participation soutenue aux échanges avec notre hôte. Voyez-vous, il est assez angoissant dans le déluge unanime de bons sentiments qui accompagnent la mort de l’escroc le plus accompli du siècle (escroquer une nation entière même après sa mort, excusez du peu) d’avoir l’impression que le seul avis contraire serait celui d’une bande de rouges qui fondamentalement n’auraient pas compris l’évolution du monde. On a franchement l’impression que quelque chose nous échappe quand un personnage qui nous semble si évidemment néfaste à la société reçoit tant d’honneurs… Le fait que vous partagiez cette opinion de Tapie depuis une tradition idéologique diamétralement opposée à la plus courante ici apporte un certain soulagement !

  8. cd dit :

    Si l’ignoble créature que je suis peut encore se permettre d’intervenir sur votre blog. Je suis d’accord avec vous mais je voudrais juste poster ce lien qui prouve que Tapie était quand même reconnaissant à la politique de la municipalité communiste où il avait passé son enfance : https://youtu.be/GI-bl_90v3o.
    Bien à vous

    • Descartes dit :

      @ cd

      [Si l’ignoble créature que je suis peut encore se permettre d’intervenir sur votre blog.]

      Les ignobles créatures sont les bienvenues sur ce blog, tant qu’ils respectent les règles de courtoisie, ce qui a toujours été votre cas…

      [Je suis d’accord avec vous mais je voudrais juste poster ce lien qui prouve que Tapie était quand même reconnaissant à la politique de la municipalité communiste où il avait passé son enfance : (…)]

      C’est fou de voir combien on adore les communistes lorsqu’ils sont morts et enterrés, combien ceux qui ont contribué à le détruire versent aujourd’hui des chaudes larmes sur l’action du PCF. Que ne disait-il pas la même chose lorsqu’il était ministre de Mitterrand…

      Tapie est un hypocrite : hier il combattait les communistes – je pourrais raconter bien des choses de son action à Marseille ; aujourd’hui qu’ils sont morts politiquement il utilise leur action pour se positionner lui-même « du côté des pauvres ». On l’entend dire qu’il y avait autrefois « des partis politiques qui s’occupaient des pauvres ». Mais il ne nous dit pas pourquoi ils ont disparu, et quel rôle il a joué lui-même et ses amis dans leur disparition.

      Tapie est un hypocrite, et il n’est pas le seul. Ceux qui essayent aujourd’hui de se donner une contenance et de se présenter comme étant « du côté des pauvres » en évoquant avec tendresse cela même qu’ils ont combattu autrefois, et avec quelles méthodes, sont légion. Parce qu’il faut se rappeler ce que ces gens disaient du « communisme municipal » il y a vingt ou trente ans : on accusait les communistes de maintenir les gens dans la pauvreté pour des raisons électorales, d’exercer une police de la pensée, d’exiger la carte pour accorder les logements sociaux, qu’ils volaient l’argent du contribuable pour financer le Parti ou la CGT. Maintenant, on découvre avec tendresse et force larmes de crocodile que le PCF « s’occupait des pauvres »…

      Tapie dit être fier de son père communiste. Je me demande ce que le père, s’il était avec nous, aurait pensé.

      • BolchoKek dit :

        @ Descartes
         
        [C’est fou de voir combien on adore les communistes lorsqu’ils sont morts et enterrés, combien ceux qui ont contribué à le détruire versent aujourd’hui des chaudes larmes sur l’action du PCF.]
         
        Soyons honnêtes : pas tous. Il y en a beaucoup encore pour qui le mot “communiste” est la pire des insultes. On peut donc reconnaitre à Tapie qu’il n’était pas névrosé là-dessus… Bon, comme vertu, c’est un peu limité.

        • Descartes dit :

          @ BolchoKek

          [Soyons honnêtes : pas tous. Il y en a beaucoup encore pour qui le mot “communiste” est la pire des insultes.]

          Preuve que le communisme n’est pas totalement mort…

  9. Klaudios03 dit :

    Matinale de France Culture, 4 octobre 2021 :
    Marcel Gauchet : ” Il faut la lire [la possible candidature de Zemmour] comme un phénomène politique, en se gardant de toute espèce d’appréciation sur la personne d’Éric Zemmour, qui est aux antipodes de Bernard Tapie dans le style et la démarche, ne confondons pas !
    Guillaume Erner : Pourquoi ?
    MG : Parce qu’il est cultivé, c’était pas le genre de Bernard Tapie qui ne le revendiquait d’ailleurs pas, et parce qu’il fait appel au raisonnement, il n’insulte personne ; il est polémique, mais il n’est pas insultant, alors que le style de Bernard Tapie, c’était l’insulte ; c’est à mes yeux une démarcation fondamentale, on a parfaitement le droit d’être extrêmement polémique en politique, mais pas d’aller dans le champ de l’insulte qui est l’introduction du privé dans le public.
    GE : Dans le dernier livre d’Éric Zemmour il y a différents portraits de personnalités qui sont des portraits assassins.
    MG : Assassins, mais pas injurieux ; c’est une différence capitale. ”
     

    • Descartes dit :

      @ Klaudios03

      [Parce qu’il est cultivé, c’était pas le genre de Bernard Tapie qui ne le revendiquait d’ailleurs pas, et parce qu’il fait appel au raisonnement, il n’insulte personne ; il est polémique, mais il n’est pas insultant, alors que le style de Bernard Tapie, c’était l’insulte ; c’est à mes yeux une démarcation fondamentale, on a parfaitement le droit d’être extrêmement polémique en politique, mais pas d’aller dans le champ de l’insulte qui est l’introduction du privé dans le public.]

      Gauchet excellent comme toujours. Zemmour n’est pas, contrairement à ce qu’on cherche à nous faire croire, un populiste et encore moins un démagogue. Tapie ou Le Pen c’était “mes idées ? mais ce sont les vôtres”. Zemmour, lui, exprime des convictions longuement muries et ne cherche à plaire à personne. On peut penser ce qu’on veut de ses idées, mais on peut difficilement douter de sa sincérité. Et c’est cela qui le rend si dangereux, selon la formule attribuée à Goebbels à propos de Hitler: “cet homme est dangereux, il croit ce qu’il dit”.

      Parce qu’il ne faut pas sous-estimer le danger que représente Zemmour. Je ne parle pas de ses idées, mais du rôle qu’il pourrait jouer dans la prochaine élection. Le phénomène Macron avait illustré la dissolution de notre système politique en faisant exploser le PS, le succès de Zemmour risque de faire exploser la droite.

      • @ Descartes,
         
        [On peut penser ce qu’on veut de ses idées, mais on peut difficilement douter de sa sincérité. Et c’est cela qui le rend si dangereux, selon la formule attribuée à Goebbels à propos de Hitler: “cet homme est dangereux, il croit ce qu’il dit”.]
        Mais que doit-on conclure de cette remarque? Qu’il faut se contenter de guignols et d’hypocrites qui ne présentent aucun danger? 
         
        [Le phénomène Macron avait illustré la dissolution de notre système politique en faisant exploser le PS, le succès de Zemmour risque de faire exploser la droite.]
        Et quel est le problème? Peut-être que la droite mérite d’exploser après tout…
         
        Zemmour n’est pas un problème. Et probablement pas une solution non plus. Zemmour est le symptôme d’une société qui glisse chaque jour un peu plus vers l’anomie. Et je crois qu’il s’en désole, ce qui n’est pas un crime. Le crime a été commis par tous ceux qui ont gouverné pendant des décennies pour en arriver là où nous en sommes. 

        • Descartes dit :

          @ nationaliste-ethniciste

          [« On peut penser ce qu’on veut de ses idées, mais on peut difficilement douter de sa sincérité. Et c’est cela qui le rend si dangereux, selon la formule attribuée à Goebbels à propos de Hitler : “cet homme est dangereux, il croit ce qu’il dit”. » Mais que doit-on conclure de cette remarque ? Qu’il faut se contenter de guignols et d’hypocrites qui ne présentent aucun danger ?]

          Malheureusement, c’est la logique que suit la majorité de nos concitoyens depuis plusieurs décennies maintenant, et c’est la logique de la « petite France » depuis des siècles. Nous sommes, vous le savez, un pays de paysans durs à la tâche lorsqu’ils ont un but mais qui n’aiment pas les risques. On a toujours préféré les « guignols et les hypocrites », et on n’a vu des personnalités fortes arriver au pouvoir qu’en temps de grande crise, lorsque la prise de risque était inévitable.

          Personnellement, je ne me contente pas des « guignols », et je suis tout à fait prêt à soutenir quelqu’un de « dangereux » pour peu qu’il s’attaque aux priorités du jour.

          [« Le phénomène Macron avait illustré la dissolution de notre système politique en faisant exploser le PS, le succès de Zemmour risque de faire exploser la droite. » Et quel est le problème? Peut-être que la droite mérite d’exploser après tout…]

          Je ne fais pas de morale, et ne me préoccupe donc pas de ce que chacun « mérite ». Le fait est qu’aujourd’hui il n’y a que la droite qui puisse disputer le pouvoir à la galaxie Macron. Et que j’ai tendance à préférer le gouvernement des professionnels à celui des amateurs. Je vous accorde que ce qu’on voit à droite est à peine un peu mieux que Macron, mais c’est déjà ça.

          [Zemmour n’est pas un problème. Et probablement pas une solution non plus. Zemmour est le symptôme d’une société qui glisse chaque jour un peu plus vers l’anomie. Et je crois qu’il s’en désole, ce qui n’est pas un crime. Le crime a été commis par tous ceux qui ont gouverné pendant des décennies pour en arriver là où nous en sommes.]

          Je suis tout à fait d’accord.

      • Eth dit :

        En quoi est-ce un problème de faire exploser “la droite”?
        Entre une Fabienne Keller, avec l’histoire du “polexit”, qui prends position pour le droit naturel européen, qui tombe des cieux, et un quelconque souverainiste qui défendrait une épistémologie constructiviste du droit;
        qu’ont-ils en commun?
        De même pour les socialistes, abandonnant le socialisme, il est normal qu’ils explosent.
        Avec ou sans Macron.

        • Descartes dit :

          @ Eth

          [En quoi est-ce un problème de faire exploser “la droite”?]

          En ce que nous avons tous collectivement intérêt à ce qu’il y ait quelqu’un quelque part qui soit capable de diriger le pays. Sans quoi nous allons encore avoir un gouvernement de « condottiere » à la façon Macron qui se comporteront comme un éléphant dans un magasin de porcelaine cassant ce qui reste de nos institutions. Je n’aime pas la droite, mais quand je vois une bande d’amateurs jouer avec les allumettes dans le magasin de poudre, je tremble.

          [Entre une Fabienne Keller, avec l’histoire du “polexit”, qui prends position pour le droit naturel européen, qui tombe des cieux, et un quelconque souverainiste qui défendrait une épistémologie constructiviste du droit ; qu’ont-ils en commun ?]

          Peut être un minimum d’attachement à notre histoire et nos institutions. C’est déjà quelque chose.

      • CVT dit :

        @Descartes,

        [Et c’est cela qui le rend si dangereux, selon la formule attribuée à Goebbels à propos de Hitler: “cet homme est dangereux, il croit ce qu’il dit”.]

         
        Ce ne serait pas plutôt l’avertissement qu’avait lancé Mirabeau à propos de Robespierre lorsque celui-ci était devenu député à la Convention?

        • Descartes dit :

          @ CVT

          [Ce ne serait pas plutôt l’avertissement qu’avait lancé Mirabeau à propos de Robespierre lorsque celui-ci était devenu député à la Convention?]

          Pas tout à fait. La formule attribuée à Mirabeau était un peu différente: “cet homme ira loin, car il croit tout ce qu’il dit”. La formule est une réponse à ceux qui trouvaient Robespierre terne et piètre orateur – en comparaison avec le flamboyant Mirabeau. Mais il n’y a pas dans la formule une idée de danger…

  10. Vincent dit :

    [Parce qu’il ne faut pas sous-estimer le danger que représente Zemmour. Je ne parle pas de ses idées, mais du rôle qu’il pourrait jouer dans la prochaine élection. Le phénomène Macron avait illustré la dissolution de notre système politique en faisant exploser le PS, le succès de Zemmour risque de faire exploser la droite.]

     

    Je suis tout à fait d’accord sur le risque d’une explosion de la droite, mais je n’y vois pas un danger, bien au contraire. La droite était éclatée entre un parti tiraillé entre des opinions diamétralement opposées (UMP), et un autre “diabolisé”, et donc qui avait du mal à attirer des personnes sensées et cortiquées.
    Je ne doute pas que si la droite devait exploser, il y aurait suite à l’élection, qu’il gagne ou qu’il perde, un nouveau parti pour prendre la suite de sa candidature. Avec des gens qui viendraient de tous les anciens partis éclatés. Et sans doute beaucoup d’autres.
    Cela reviendrait à recréer un vrai parti de droite, qui n’ait pas honte de ses opinions, et ne soit plus diabolisé. Je pense que la démocratie y gagnerait.
     
     
     

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Je ne doute pas que si la droite devait exploser, il y aurait suite à l’élection, qu’il gagne ou qu’il perde, un nouveau parti pour prendre la suite de sa candidature. Avec des gens qui viendraient de tous les anciens partis éclatés. Et sans doute beaucoup d’autres.]

      Je pense que vous êtes bien trop optimiste. L’époque n’est pas vraiment à la constitution de nouvelles institutions. On le voit bien à gauche : l’explosion du PS n’a pas donné lieu à la création d’un « nouveau parti », mais à une galaxie de formations plus ou moins « gazeuses » autour de leaders charismatiques. Parmi les candidats qui en sont issus, Macron, Mélenchon, Hidalgo, Montebourg, aucun n’est le candidat d’un parti (ce serait plutôt le parti qui serait au service du candidat). Si la droite devait exploser – ce qu’elle a commencé à faire d’ailleurs – on se retrouverait probablement dans la même situation.

      • Variant des sources dit :

        Certes, mais on peut dire aussi que Bertrand et Pécresse ont quitté leur parti pour faire à peu près la même chose… La seule exception c’est qu’ils affirment qu’ils n’empièteront pas une autre candidature à droite. Mais comment le déterminer sinon par une primaire à laquelle Bertrand dit se refuser de participer ?
        Le problème, c’est je pense que l’UMP et le PS n’ont jamais été de véritables partis politiques mais de simples écuries électorales bricolant au dernier moment un programme et un candidat “appropriés” en vue de l’élection prochaine. C’est pour cette raison que Macron les a aussi facilement vampirisés.
        S’il y’a bien une chose que j’envie du Labour et des “tories” britanniques, c’est que ce sont de véritables institutions et j’aurais beaucoup de mal à envisager un tel scénario. Farage étant une exception temporaire car il s’agissait d’un vote expressif. Le Brexit obtenu, la droite a repris ses électeurs en vue de gouverner.
        Mais, à l’exception du PCF pré-Hué, je n’ai pas l’impression de voir de tels équivalents français, même au temps de L’UNR/UDR. Entre les tribus gauloises à droite et les bricolages opportunistes à gauche, c’est pas très glorieux. Chez nous, c’est l’Etat et la Vème qui font tenir l’édifice.
        Quant à Macron, au crépuscule de son (premier ?) quinquennat, je peux le résumer en deux phrases. Il est le meilleur président que nous pouvons avoir aujourd’hui. Il est également un très mauvais président. Triste époque…
        Pour ce qui est de 2022, je pense que mon vote ira vers Zemmour, non en raison de son programme économique puisqu’il ne sera pas élu, mais parce qu’il exprime une nostalgie d’une Grande France que je n’ai pas connue, que je voudrais voir et dans laquelle je voudrais vivre. Et je serais heureux de voir au second tour, disons 40% des français le partager car j’ai du mal a voir ce que ce vote pourrait exprimer d’autre. Pour baisser les impôts, Macron est là…

        • Descartes dit :

          @ Variant des Sources

          [Certes, mais on peut dire aussi que Bertrand et Pécresse ont quitté leur parti pour faire à peu près la même chose… La seule exception c’est qu’ils affirment qu’ils n’empièteront pas une autre candidature à droite. Mais comment le déterminer sinon par une primaire à laquelle Bertrand dit se refuser de participer ?]

          On peut dire en effet que la droite à d’ores et déjà en partie éclaté. Et la meilleure preuve en est que le parti LR n’a plus aucune autorité pour arbitrer entre les candidats. Les candidats se regardent en chiens de faïence, chacun espérant que devant les sondages les autres candidats abandonneront la course. Aucun n’est prêt à consentir par avance à se soumettre à un processus qu’il ne contrôlerait pas.

          [Le problème, c’est je pense que l’UMP et le PS n’ont jamais été de véritables partis politiques mais de simples écuries électorales bricolant au dernier moment un programme et un candidat “appropriés” en vue de l’élection prochaine. C’est pour cette raison que Macron les a aussi facilement vampirisés.]

          Vous êtes un peu dur. Le PS est un « véritable parti politique » à l’intérieur duquel il y a un débat sur les options politiques au moins jusqu’au milieu des années 1980. C’est pendant la deuxième présidence de Mitterrand, alors que les « vieux » cadres venus de la SFIO sont progressivement remplacés par les jeunes loups venus de l’OCI ou de l’ENA (ou les deux) que le débat politique disparaît pour laisser la place à un simple débat tactique.

          Pour ce qui concerne l’UMP, c’est un peu pareil. Tant que les héritiers du gaullisme et du pompidolisme étaient là, il y avait une forme de débat politique interne. C’est l’hyper-présidence de Sarkozy qui vide progressivement le parti de son sens.

          [S’il y’a bien une chose que j’envie du Labour et des “tories” britanniques, c’est que ce sont de véritables institutions et j’aurais beaucoup de mal à envisager un tel scénario. Farage étant une exception temporaire car il s’agissait d’un vote expressif. Le Brexit obtenu, la droite a repris ses électeurs en vue de gouverner.]

          En fait, la loi électorale britannique rend le bipartisme presque inévitable. Et du coup on voit se former deux grands blocs, l’un « de gauche » et l’autre « de droite », extrêmement hétérogènes. Du coup, les débats entre « social-libéraux » et « révolutionnaires », ceux entre « nationalistes » et « européistes » se règlent à l’intérieur de chaque bloc plutôt que sur la place publique.

          [Mais, à l’exception du PCF pré-Hué, je n’ai pas l’impression de voir de tels équivalents français, même au temps de L’UNR/UDR. Entre les tribus gauloises à droite et les bricolages opportunistes à gauche, c’est pas très glorieux. Chez nous, c’est l’Etat et la Vème qui font tenir l’édifice.]

          Vous exagérez un peu. La SFIO, le Parti radical, le PSU étaient des « vrais » partis au sens où vous l’entendez. C’était moins évident à droite, parce que mongénéral n’avait jamais voulu structurer un « parti gaulliste », ce qui fait que ses partisans se sont organisés presque clandestinement.

          [Quant à Macron, au crépuscule de son (premier ?) quinquennat, je peux le résumer en deux phrases. Il est le meilleur président que nous pouvons avoir aujourd’hui. Il est également un très mauvais président. Triste époque…]

          Ca…

          [Pour ce qui est de 2022, je pense que mon vote ira vers Zemmour, non en raison de son programme économique puisqu’il ne sera pas élu, mais parce qu’il exprime une nostalgie d’une Grande France que je n’ai pas connue, que je voudrais voir et dans laquelle je voudrais vivre.]

          Je vous comprends, mais je ne partage pas. Même s’il est du côté de la « grande France », sa « grande France » n’est pas tout à fait la mienne. Sauf dans le cas où apparaîtrait un candidat capable d’empêcher la réélection de Macron – auquel cas mon vote serait purement tactique – je pense que je voterai Roussel. D’abord, pour une question de cohérence : j’ai milité pour que le PCF présente son propre candidat, je ne serais pas très cohérent si, ayant obtenu satisfaction, je ne lui accordais ma voix. Ensuite, et c’est plus important, parce que je pense que c’est quelqu’un de parfaitement estimable, personnellement et politiquement, et que j’ai envie qu’il sorte de l’élection renforcé face aux courants qui veulent poursuivre la « mutation » sous d’autres formes.

          [Et je serais heureux de voir au second tour, disons 40% des français le partager car j’ai du mal a voir ce que ce vote pourrait exprimer d’autre. Pour baisser les impôts, Macron est là…]

          Au deuxième tour, je voterai pour quiconque est contre Macron.

          • CVT dit :

            @Descartes,

            [Au deuxième tour, je voterai pour quiconque est contre Macron.]

            C’est exactement ce qui je m’était dit depuis quatre ans, jusqu’à ce que l’écolo Jadot soit le candidat des Verts aux Présidentielles, avec de bonnes chances d’être celui de la gauche.
            Etes-vous vraiment sûr qu’on puisse éviter au second tour un choix entre les bobos écolos et les bobos libéraux-libertaires macronards🤮🤬? C’est digne du choix entre Pompidou et Poher en 69, “vert chou contre chou vert”, disait le candidat communiste Duclos…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [“Au deuxième tour, je voterai pour quiconque est contre Macron”. C’est exactement ce qui je m’était dit depuis quatre ans, jusqu’à ce que l’écolo Jadot soit le candidat des Verts aux Présidentielles, avec de bonnes chances d’être celui de la gauche.]

              Je pourrais vous répondre par une pirouette en vous disant qu’on peut difficilement dire que Jadot serait “contre Macron”, son programme étant largement “macron-compatible”. Mais au delà de cette petite pique, je vous avoue que si on allait vers un deuxième tour Jadot-Macron, je serais bien embêté pour voter. Heureusement, je ne pense pas un seul instant que Jadot puisse être présent au deuxième tour. Pour cela, il faudrait que Mélenchon ait un AVC.

          • Pierre dit :

            @ Descartes
            Même pour Melenchon ou Jadot en cas de miracle pour la gauche ?

            • Descartes dit :

              @ Pierre

              [Même pour Melenchon ou Jadot en cas de miracle pour la gauche ?]

              “Miracle” ? Le mot est faible. Il faudrait bien plus qu’un miracle pour que Jadot soit au deuxième tour. Mais effectivement, si le choix se posait entre Jadot et Macron, il serait cornélien.

            • Pierre dit :

              @ Descartes
              (( Il faudrait bien plus qu’un miracle pour que Jadot soit au deuxième tour ))
               
              Je dois vous dire que je commence à me poser la question… pour deux raisons. La première est le phénomène Zemmour, qui en siphonnant des voix au RN et à la droite de LR fait nettement baisser la barre d’accession au 2e tour, potentiellement aux alentours de 15%… La deuxième est la dynamique de plomb de la campagne d’Hidalgo au point qu’il transpire que certains cadres du PS envisagent la défection de leur championne au profit de Jadot.
              Je crois que le scénario d’un “ticket” Jadot/Hidalgo est loin d’être absurde, et si ce couple se met à taper dans les 13-14% dans les sondages, on peut avoir d’une part un phénomène de “vote utile” de la part d’un certain nombre d’electeurs insoumis (marginal mais il suffit d’un ou deux pourcents) et peut-être même un léger effet de vases communiquants avec la portion la plus “à gauche” de l’electorat Macron…
              Scénario cauchemard, mais pas complètement improbable à mon sens…
              Après on peut se rassurer en se disant que si un ticket Jadot/Hidalgo se concrétise, Jadot perdra sûrement aussi quelques pourcents liés à la fuite des écolos les plus radicaux en direction de LFI ou de l’abstention…
               
              Il peut encore se passer tellement de choses. En tout cas, il ne se passe plus une semaine sans que le sujet de la prévalence du droit européen sur le droit national ne ressurgisse dans l’actualité. Pourvu que ça dure et que ça devienne un sujet de la campagne, ce sera déjà un gros progrès.

            • Descartes dit :

              @ Pierre

              [Je dois vous dire que je commence à me poser la question… pour deux raisons. La première est le phénomène Zemmour, qui en siphonnant des voix au RN et à la droite de LR fait nettement baisser la barre d’accession au 2e tour, potentiellement aux alentours de 15%…]

              Ne nous emballons pas. Nous sommes dans la phase ou les électeurs expriment dans les sondages leurs préférences de cœur. Mais plus on s’approchera de l’élection, et plus les considérations tactiques pèseront sur les choix. Je pense qu’il ira de Zemmour comme de Chevènement en 2012 : il avait un score d’estime de 12% six mois avant l’élection, mais il a fait 6% dans les urnes. Je ne sais pas si LR arrivera à arbitrer entre les différents candidats de la droite, mais les sondages le feront pour lui. S’ils donnent Bertrand, Pécresse ou n’importe qui d’autre en tête de la droite et avec une chance d’aller au deuxième tour, les électeurs de droite se reporteront massivement sur lui. Après tout, quelle serait l’opposition idéologique qui empêcherait un partisan de Pécresse de voter pour Betrand ou vice-versa ?

              [La deuxième est la dynamique de plomb de la campagne d’Hidalgo au point qu’il transpire que certains cadres du PS envisagent la défection de leur championne au profit de Jadot. Je crois que le scénario d’un “ticket” Jadot/Hidalgo est loin d’être absurde, et si ce couple se met à taper dans les 13-14% dans les sondages, on peut avoir d’une part un phénomène de “vote utile” de la part d’un certain nombre d’electeurs insoumis (marginal mais il suffit d’un ou deux pourcents) et peut-être même un léger effet de vases communiquants avec la portion la plus “à gauche” de l’electorat Macron…]

              L’idée du « ticket » Jadot/Hidalgo, c’est le genre d’idées qui germent dans la tête des stratèges de la gauche bienpensante qui s’arrachent les cheveux en essayant de trouver une idée qui permette de surmonter les divisions sans que les égos en souffrent. Seulement voilà, il n’y a pas de « ticket » possible dans la constitution de la Vème République. Il y aura UN candidat, et c’est lui qui apparaîtra dans les émissions de télévision, dont le nom sera dans le bulletin. Le « ticket », c’est un ralliement qui ne dit pas son nom. Rappelons que cette solution a déjà été essayée : en 1969, il y eut un « ticket » Deferre/Mendes-France pour surmonter les divisions entre la SFIO et les radicaux. Il recueillit un maigre 5%…

              Le « ticket » Jadot/Hidalgo serait le mariage de la carpe et du lapin. Si Jadot était placé en tête – et c’est le plus vraisemblable – une bonne partie des « notables » socialistes hurleraient à l’effacement du PS comme le fait déjà Le Foll, et le ticket ne recueillerait pas l’intégralité des voix socialistes, alors que si Hidalgo était en tête beaucoup d’écologistes s’estimeraient trahis et iraient chez LFI. Chacun des membres du « ticket » serait contraint par les défauts et les engagements de l’autre… et les journalistes n’auraient pas beaucoup de mal à les faire se contredire. Franchement, j’ai du mal à imaginer comment un « ticket » pourrait fonctionner. Un ralliement pur et simple me semble bien plus probable.

              [Il peut encore se passer tellement de choses. En tout cas, il ne se passe plus une semaine sans que le sujet de la prévalence du droit européen sur le droit national ne ressurgisse dans l’actualité. Pourvu que ça dure et que ça devienne un sujet de la campagne, ce sera déjà un gros progrès.]

              Tout à fait. Et ce qui est encore plus encourageant, c’est que pour le moment personne ne s’est engagé dans le camp de la primauté du droit européen. Même pas le président, pas même l’ancien commissaire européen. Auraient-ils peur de quelque chose ?

            • Ian Brossage dit :

              @Descartes

              Mais effectivement, si le choix se posait entre Jadot et Macron, il serait cornélien.

              Je ne vois pas trop pourquoi. Entre un candidat dont le positionnement est structurellement obscurantiste (Jadot) et un autre qui peut parfois « tomber du bon côté » en fonction du sens du vent (Macron), il me semble que la raison commande de choisir Macron. Vous imaginez Jadot annoncer publiquement le financement de SMR ou envisager de lancer de nouveaux EPR ?
               

            • Descartes dit :

              @ Ian Brossage

              [Je ne vois pas trop pourquoi. Entre un candidat dont le positionnement est structurellement obscurantiste (Jadot) et un autre qui peut parfois « tomber du bon côté » en fonction du sens du vent (Macron), il me semble que la raison commande de choisir Macron.]

              Ce n’est pas aussi simple. Bien entendu, entre celui qui écoute les ingénieurs et celui qui leur préfère les sorcières, ma sympathie intellectuelle ira toujours au premier. Mais il ne s’agit pas ici d’un choix intellectuel, mais politique. Souvenez vous la formule de Clemenceau: “je vote pour lui parce que c’est le plus bête”. Entre un technicien rationnel qui a derrière lui l’ensemble de l’establishment néolibéral et qui a donc les soutiens nécessaires pour mener à bien ses choix politiques souvent néfastes, quelquefois justes, et l’écolo irrationnel désigné de justesse par son parti et qui n’a guère les moyens de gouverner, quel serait le meilleur choix ?

              Jadot n’aurait certainement pas annoncé publiquement le financement d’un SMR ou envisagé de lancer un EPR, mais il n’aurait pas non plus réussi à fermer Fessenheim ou arrêter Astrid – deux choses que Hollande a essayé de faire et n’y a pas réussi, souvenez-vous. Relisez “les grenouilles voulaient un roi”…

            • Ian Brossage dit :

              @Descartes

              Entre un technicien rationnel qui a derrière lui l’ensemble de l’establishment néolibéral et qui a donc les soutiens nécessaires pour mener à bien ses choix politiques souvent néfastes, quelquefois justes, et l’écolo irrationnel désigné de justesse par son parti et qui n’a guère les moyens de gouverner, quel serait le meilleur choix ?

              Je comprends votre raisonnement. Mais je suis tout de même étonné de vous voir préférer l’anomie à un mauvais gouvernement… (comment un Jadot aurait-il géré l’épidémie de Covid-19 ? que ferait-il si une crise diplomatique survient ?)
               

            • Descartes dit :

              @ Ian Brossage

              [Je comprends votre raisonnement. Mais je suis tout de même étonné de vous voir préférer l’anomie à un mauvais gouvernement…]

              Je ne vois pas où est “l’anomie”. Personne ne pense que Jadot président ce serait le chaos. Dans la mesure où j’ai à choisir entre deux gouvernants dont les objectifs me déplaisent également, je “vote pour le plus bête”, c’est à dire, pour celui qui aura le moins de chance de les atteindre.

              [(comment un Jadot aurait-il géré l’épidémie de Covid-19 ? que ferait-il si une crise diplomatique survient ?)]

              Je ne sais pas si Jadot aurait fait moins bien que Macron devant le Covid-19. Quant à ce qu’on ferait devant une crise internationale… je n’ai pas l’impression que Macron fasse grande chose après l’affaire des sous-marins. Jadot aurait probablement fait la même chose.

            • Pierre dit :

              à Descartes
               
              [Tout à fait. Et ce qui est encore plus encourageant, c’est que pour le moment personne ne s’est engagé dans le camp de la primauté du droit européen. Même pas le président, pas même l’ancien commissaire européen. Auraient-ils peur de quelque chose ?]
               
              Jadot hier sur France Info par contre n’a peur de rien. Pour lui, quiconque critique l’UE est un infâme fasciste digne du bûcher. Et d’ajouter une chose en laquelle il n’a pas tort: “placer le droit national au dessus du droit de l’UE, ça a un nom, ça s’appelle le FREXIT”. Bien vu l’aveugle ! Dommage que le journaliste bienveillant ait “oublié” de ressortir à ce moment les propos tenus par le même Jadot quelques jours plus tôt lors de la primaire écolo: “Les écologistes veulent un protectionnisme vert aux frontières. il faut taxer les produits provenant de pays qui ne respectent pas l’accord de Paris sur le climat. nous voulons également interdire d’ici 5 ans les importations de produits qui ne respectent pas la liberté syndicale”. Et ça Dugland, ça s’appelle comment ?
              J’espère au moins que les débats de cette présidentielle vont servir à mettre à chacun (et en particulier journalistes et analystes politiques) le nez sur cette question… Mais je rêve…

            • Descartes dit :

              @ Pierre

              [Jadot hier sur France Info par contre n’a peur de rien. Pour lui, quiconque critique l’UE est un infâme fasciste digne du bûcher.]

              Quel dommage qu’il n’ait pas connu le Mélenchon d’il y a trente ans… ils se seraient très bien entendus ! Jadot sait de quel côté sa tartine est beurrée. Il chasse l’électeur des classes intermédiaires, farouchement pro-européen.

              [Et d’ajouter une chose en laquelle il n’a pas tort: “placer le droit national au-dessus du droit de l’UE, ça a un nom, ça s’appelle le FREXIT”. Bien vu l’aveugle !]

              Je trouve très curieux que le débat sur la souveraineté – qui est un débat fondamentalement politique – soit posé à partir d’une question juridique. Il faut d’ailleurs lire le commentaire de la décision de la Cour constitutionnelle polonaise publié par « Le Monde ». Non seulement pour son ton haineux, mais parce que pour son auteur, il y a deux types de juges. Les « juges indépendants », qui sont ceux qui prennent des décisions favorables à l’extension des compétences de l’UE, et les « juges à la botte des politiques », qui prennent les décisions contraires. Les juges de le Cour constitutionnelle polonaise, « c’est bien connu », sont « à la botte du gouvernement ». Les juges de la CJUE, eux aussi nommés politiquement, sont par contre parfaitement « indépendants »…

              Pourtant, les juges polonais n’ont fait que redire ce qui avait déjà été dit auparavant : les traités européens sont peut-être supérieurs aux lois, mais pas aux constitutions nationales. C’est une position déjà soutenue par la Cour constitutionnelle en Allemagne, par le Conseil constitutionnel en France. Mais la Cour allemande a eu le bon gout d’établir le principe dans une décision aux conséquences limitées, et le Conseil constitutionnel de se prononcer AVANT la ratification des traités, permettant une modification de la Constitution. La cour polonaise, en constatant que certaines dispositions du traité lui-même sont contraires à la Constitution a posteriori rend beaucoup plus difficile de dissimuler le conflit. En ce sens, le « non » de 2005 n’a pas été inutile : il a coupé court à toute prétention de donner aux traités européens un niveau constitutionnel, et les placer au-dessus des constitutions nationales.

              Mais Jadot a raison – contre les partisans de la « désobéisance ». Si l’on admet que les peuples conservent le pouvoir constituant, et que celui-ci n’est pas subordonné au droit européen, on nie le principe même de la supra-nationalité sur lequel l’Europe s’est construite depuis Maastricht. On ne peut pas faire partie du « système » de Maastricht et en même temps considérer que la souveraineté réside dans la Nation.

              [Dommage que le journaliste bienveillant ait “oublié” de ressortir à ce moment les propos tenus par le même Jadot quelques jours plus tôt lors de la primaire écolo: “Les écologistes veulent un protectionnisme vert aux frontières. il faut taxer les produits provenant de pays qui ne respectent pas l’accord de Paris sur le climat. nous voulons également interdire d’ici 5 ans les importations de produits qui ne respectent pas la liberté syndicale”. Et ça Dugland, ça s’appelle comment ?]

              Il n’y a pas de contradiction. Jadot dit « les écologistes veulent », pas « les écologistes feront ». L’UE ne vous empêche pas de « vouloir » tout ce que vous voulez, si on me pardonne la redondance. Les écologistes s’imaginent qu’ils iront à Bruxelles et qu’ils réussiront à obtenir un accord sur ces mesures…

              [J’espère au moins que les débats de cette présidentielle vont servir à mettre à chacun (et en particulier journalistes et analystes politiques) le nez sur cette question… Mais je rêve…]

              Pour le moment, tous les candidats qui se sont prononcés sur la question ont pris la position « souverainiste »… peut-être savent-ils des choses sur l’état de l’opinion que nous ignorons…

          • bernard dit :

            Bonjour Roussel propose le smic a 1800 net et promet les 32h00 je crois et la retraite a 60 ans , comment vas t’il mettre en œuvre son programme si par miracle il devient président !!

            • Descartes dit :

              @ bernard

              [Bonjour Roussel propose le smic a 1800 net et promet les 32h00 je crois et la retraite a 60 ans , comment vas t’il mettre en œuvre son programme si par miracle il devient président !!]

              Dans l’hypothèse – fort peu vraisemblable, vous me l’accorderez – où il accéderait au pouvoir, il ne le mettra probablement pas en œuvre, comme n’importe quel autre homme politique. Au risque de me répéter, les promesses électorales font partie des figures imposées de la politique. Ce ne sont pas à proprement parler des mensonges, puisque ni celui qui les formule ni celui qui les entend n’y croit. C’est un peu comme lorsqu’un amoureux promet à l’élue de son coeur de lui décrocher la lune. Dire “je vais faire le smic à 1800 €” c’est une façon de dire “je m’intéresserait au sort des smicards”, de la même façon que dire “je vais doubler le salaire des enseignants” veut dire “je m’inquiète de la rémunération des enseignants” ou “je vais baisser de 50% l’impôt sur le revenu” veut dire “je m’occupe des rentiers”.

              Si Roussel était élu, il ferait certainement son possible pour augmenter le SMIC, réduire le temps de travail et permettre aux travailleurs de prendre leur retraite le plus tôt possible, en privilégiant ces sujets plutôt que les marges des entreprises. C’est cela la signification de ses “promesses”. De la même manière que l’amoureux promettant de décrocher la lune promet en fait de mettre son aimée au dessus de toute autre considération.

          • Nobidexx dit :

            Bonjour,
            J’avais moi aussi une opinion favorable de Roussel, mais j’ai trouvé ahurissante sa proposition de rendre inéligibles les personnes condamnées pour racisme ou incitation à la haine raciale / religieuse (en visant nommément Zemmour).
            Pour moi c’est absolument rédhibitoire et incompatible avec un système démocratique, ce n’est pas aux juges de décider en fonction de leurs idées quels candidats ont le droit de se présenter, a fortiori quand il s’agit d’un concept aussi flou et dévoyé que celui “d’incitation à la haine”.
            Pourrait-on encore se considérer comme un pays démocratique si un candidat recueillant plus de 15% des intentions de vote (probablement davantage le jour de l’élection) ne pouvait pas se présenter à cause de ses idées, et donc qu’on interdisait une représentation politique à une large partie de la population ?
             

            • Descartes dit :

              @ nobidexx

              [J’avais moi aussi une opinion favorable de Roussel, mais j’ai trouvé ahurissante sa proposition de rendre inéligibles les personnes condamnées pour racisme ou incitation à la haine raciale / religieuse (en visant nommément Zemmour).]

              Ahurissante c’est le mot. Il est effrayant de constater combien la gauche a cessé d’être voltairienne, et à quel point elle accepte n’importe quel raisonnement ad-hoc. Roussel se rend-t-il compte qu’une telle disposition mettrait tout candidat à la merci de l’interprétation du juge d’un concept lui-même vague et mal défini ? Qu’une telle règle c’est un pas supplémentaire vers une « judiciarisation » du débat politique ?

              Roussel devrait relire ses classiques. La ligne constante du PCF est qu’on ne combat pas une idéologie dans les tribunaux, mais par le débat et l’action politique. Empêcher Zemmour de se présenter, c’est casser le thermomètre, et non faire baisser la température.

              [Pour moi c’est absolument rédhibitoire et incompatible avec un système démocratique, ce n’est pas aux juges de décider en fonction de leurs idées quels candidats ont le droit de se présenter, a fortiori quand il s’agit d’un concept aussi flou et dévoyé que celui “d’incitation à la haine”.]

              Je serais plus nuancé. Qu’on déclare inéligible celui qui a volé les deniers publics, pourquoi pas. Mais il y a une ligne rouge à ne pas franchir, et c’est celui dans lequel l’inéligibilité résulterait d’un délit d’expression. Parce qu’une telle loi impliquerait que les citoyens ne peuvent voter que pour des idées préalablement approuvées par un juge.

              On peut être pour ou contre la loi Gayssot, mais on ne peut pas lui faire dire n’importe quoi. Quand Roussel déclare que « Il y a dans notre pays la loi Gayssot (de 1990) qui condamne toute personne qui tient des propos racistes, xénophobes, antisémites », il ne sait pas de quoi il parle. Le délit d’incitation à la haine raciale a été établi par l’article 1er de la loi du 1er juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme – votée donc sous un régime de droite, notez-le bien – vingt ans avant la loi Gayssot. Loi qui est bien plus restrictive que Roussel ne le pense : elle ne créé qu’une seule incrimination, beaucoup plus restrictive que Roussel ne le croit : « Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale ».

              Contrairement à ce que Roussel semble croire, la loi Gayssot n’est pas une loi de moralité, destinée à fixer ce qui est « bon » ou « mauvais » de dire, mais une loi d’ordre public. Elle n’établit pas non plus une vérité officielle. Elle ne fait que déclarer que certaines affirmations, parce qu’elles sont susceptibles de provoquer ou d’offenser la grande majorité de la population, n’ont pas leur place dans le débat public – qu’elles soient vraies ou fausses par ailleurs.

              Je ne sais pas pourquoi Roussel s’embarque dans cette galère. Mais il est vrai qu’en lisant des déclarations comme celles-ci, on peut s’interroger sur son jugement. Après, il reste la phrase de Churchill: “on ne dit jamais autant de bêtises qu’après la chasse, pendant la guerre et avant les élections”.

          • marc.malesherbes dit :

             
            à propos de la candidature de Roussel
            Je suis surpris de vos propos bienveillants vis-à-vis de Roussel. Comment un candidat peut-il aujourd’hui se réclamer d’être candidat du “Parti communiste français”, se réclamant ainsi du passé sinistre du parti communiste soviétique qui a promu le totalitarisme le plus pur (selon R Aron) et massacré des millions de personnes dont des millions Ukrainiens ; En nombre de morts “interne” il a fait bien pire que le parti nazi d’Allemagne … Accepteriez-vous de voir un candidat tout à fait “convenable” d’un “Parti national-socialiste français” ?Vous me direz que Roussel et son parti ne sont plus sur la ligne politique stalinienne, et donc qu’il est sans objet de leur reprocher le nom de leur parti. Certes, mais le fait qu’ils n’aient pas changé le nom de leur parti est significatif, et me fait vraiment mal pour leurs millions de victimes … un “détail” me direz-vous. Une sensibilité exagérée … Et puis il y a eu des côtés positifs dans leur histoire (comme Hitler a largement réduit le chômage lors de son accession au pouvoir).
            Je note que même l’Union Soviétique a choisi de revenir à son nom d’origine, la Russie.
            nb: notez que je ne souhaite pas l’interdiction de sa candidature alors que Rousssel, fidèle au passé de son parti, a déclaré vouloir déposer une résolution à l’assemblée nationale demandant que la justice interdise la candidature éventuelle de Zemmour.
             

            • Descartes dit :

              @ marc.malesherbes

              [à propos de la candidature de Roussel
              Je suis surpris de vos propos bienveillants vis-à-vis de Roussel. Comment un candidat peut-il aujourd’hui se réclamer d’être candidat du “Parti communiste français”, se réclamant ainsi du passé sinistre du parti communiste soviétique qui a promu le totalitarisme le plus pur (selon R Aron) et massacré des millions de personnes dont des millions Ukrainiens ;]

              Je ne rentrerai pas dans la nécrocomptabilité, d’autant plus qu’elle s’exprime en termes outranciers qui déforment la réalité historique (le parti communiste soviétique n’a pas « massacré des millions d’ukrainiens » : une famine n’est pas un massacre). Mais même en admettant ces péchés, je m’en tiens à la formule de Napoléon : « de Clovis au Comité de Salut Public, j’assume tout ». L’histoire est tragique, et on ne saurait se situer dans une continuité historique – quelqu’elle soit d’ailleurs – sans assumer aussi la part d’ombre. Au chrétien l’Inquisition, les croisades, les massacres de juifs. Au républicain l’exploitation coloniale et les enfants de 12 ans travaillant dans les mines. Si vous me trouvez un candidat se réclamant d’une filiation qui ait les mains propres…

              [En nombre de morts “interne” il a fait bien pire que le parti nazi d’Allemagne …]

              Mais moins bien que les républicains chinois, qui ont présidé à des famines bien plus meurtrières. Et ne parlons même pas de la peste noire, que l’obscurantisme chrétien a empêché de combattre efficacement. Vous savez, la necrocomptabilité conduit très vite à comparer des choux et des carottes.

              [Accepteriez-vous de voir un candidat tout à fait “convenable” d’un “Parti national-socialiste français” ?]

              Mais on la vu… souvenez-vous, celui qui a dit « l’Algérie c’est la France », qui a couvert la torture, qui a fait fleurir la tombe de Pétain… et il a même été élu président de la République.

              [Vous me direz que Roussel et son parti ne sont plus sur la ligne politique stalinienne, et donc qu’il est sans objet de leur reprocher le nom de leur parti. Certes, mais le fait qu’ils n’aient pas changé le nom de leur parti est significatif, et me fait vraiment mal pour leurs millions de victimes … un “détail” me direz-vous. Une sensibilité exagérée …]

              Non, une erreur. Si vous préférez que les gens avancent masqués, qu’ils changent de nom pour se recréer une virginité, c’est votre affaire. Moi, je préfère les gens qui assument leur passé, y compris leurs erreurs. Je vois sur le fronton de nos bâtiments publics écrit « République Française », cette même République qui a été associée à la colonisation. Et flotter ce drapeau tricolore qui pour beaucoup est le symbole de l’oppression et des massacres.

              [Je note que même l’Union Soviétique a choisi de revenir à son nom d’origine, la Russie.]

              Oui… mais vous noterez que l’Allemagne, elle, n’a pas changé de nom. Et que les Allemands continuent à chanter « Deutschland über Alles »… pensez-vous qu’ils aient tort ?

            • @ Descartes,
               
              Personnellement, je n’ai aucun problème avec le fait que Roussel revendique l’étiquette “communiste” et assume le passé de sa famille politique, les grandes heures comme les pages plus sombres. Aujourd’hui, il est de bon ton de rejeter toute filiation, tout héritage, toute dette intellectuelle. C’est déjà un acte de courage d’aller contre ce courant.
               
              Maintenant, comme l’a rappelé marc.malesherbes, Fabien Roussel a déclaré vouloir “présenter une résolution pour empêcher que Zemmour (et toute personne condamnée pour “délit d’expression”, il n’y a pas d’autre mot) se présente”. Cette attitude est inadmissible, parce qu’elle revient à mêler la justice à une forme de sélection des candidats (et franchement, une telle dérive ne promet rien de bon) et ensuite à évacuer commodément les problèmes et les analyses de l’adversaire sur le mode “ah non, mais c’est un type condamné, donc il ne devrait pas s’exprimer”. C’est presque du même niveau qu’Omar Sy qualifiant Zemmour de “criminel” (parce que quand on est un crétin, on ne sait pas qu’il y a une différence entre un délit et un crime…).
               
              Fabien Roussel a même qualifié Zemmour d’ “antisémite”. On peut discuter sur le “racisme” de Zemmour (encore qu’à mon avis, il faudrait mieux parler de xénophobie, ce qui n’est pas stricto sensu la même chose), mais le qualifier d’ “antisémite”, alors qu’à ma connaissance Zemmour n’a jamais rougi de ses racines juives, il faut le faire quand même…

               
              Et là, c’est vrai que j’aimerais bien que les gens qui se réclament du communisme, Gugus69, Luc, vous-même Descartes, et tous ces gens qui ne manquent pas (à juste titre) de rappeler combien le parti communiste a été en son temps ostracisé, a dû faire face à des coups bas et des mesures déloyales dans un régime prétendument démocratique, nous donnent leur avis sur la conception de la démocratie portée par le camarade Roussel. 
               
              Dernier point qui me paraît important dans l’extrait que j’ai mis en lien, Roussel déclare que “le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions, mais un délit”. C’est faux: le racisme et l’antisémitisme sont des opinions, et personne ne peut empêcher qui que ce soit d’être raciste ou antisémite. L’expression de telles opinions dans un cadre strictement privé n’est d’ailleurs pas illégale à ma connaissance (et il faut s’en réjouir selon moi): est-ce que quelqu’un peut être condamné pour avoir chez soi un portrait de Pétain, les oeuvres complètes de Maurras ou un exemplaire des Protocoles? Bien sûr que non. Et si des imbéciles ont envie de mettre au mur de leur salon ou de leur grange un drapeau à croix gammée, à l’abri des regards, c’est leur droit. Le délit est constitué par la tenue et la diffusion publiques de propos racistes ou antisémites. Et ce n’est pas du tout la même chose…
               
              Il est quand même étonnant qu’un candidat que d’aucuns jugent “sérieux” reprenne sans réfléchir ce qui relève du catéchisme bienpensant.

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [Maintenant, comme l’a rappelé marc.malesherbes, Fabien Roussel a déclaré vouloir “présenter une résolution pour empêcher que Zemmour (et toute personne condamnée pour “délit d’expression”, il n’y a pas d’autre mot) se présente”. Cette attitude est inadmissible, parce qu’elle revient à mêler la justice à une forme de sélection des candidats (et franchement, une telle dérive ne promet rien de bon) et ensuite à évacuer commodément les problèmes et les analyses de l’adversaire sur le mode “ah non, mais c’est un type condamné, donc il ne devrait pas s’exprimer”.]

              Je suis d’accord avec vous : Roussel a fait là une bêtise. Et cette bêtise me gêne moins par son côté liberticide que par le raisonnement sous-jacent. C’est à mon sens un exemple de plus de ce qu’on appelle un raisonnement ad hoc. Autrement dit, d’une application sélective des principes en fonction du contexte : ce qui est admissible chez vos amis devient inadmissible chez vos adversaires. Roussel devrait se souvenir qu’en d’autres temps (pensez à l’affaire dite « le bulldozer de Vitry ») c’est le PCF qui aurait pu être condamné pour « incitation à la haine raciale ».

              Malheureusement, le raisonnement ad hoc est le fléau de la gauche. Ainsi, on nous explique qu’il ne faut pas soutenir la décision de la cour suprême polonaise reconnaissant la supériorité de la constitution nationale sur le droit européen au motif que le gouvernement polonais est « réactionnaire » et que le gouvernement polonais utilisera ce principe pour prendre de « mauvaises » décisions.

              [Fabien Roussel a même qualifié Zemmour d’ “antisémite”. On peut discuter sur le “racisme” de Zemmour (encore qu’à mon avis, il faudrait mieux parler de xénophobie, ce qui n’est pas stricto sensu la même chose), mais le qualifier d’ “antisémite”, alors qu’à ma connaissance Zemmour n’a jamais rougi de ses racines juives, il faut le faire quand même…]

              Je n’avais pas entendu ce commentaire de Roussel. En êtes-vous sûr ? Je trouve que Roussel a déjà assez de péchés bien à lui pour qu’on en rajoute…

              [Et là, c’est vrai que j’aimerais bien que les gens qui se réclament du communisme, Gugus69, Luc, vous-même Descartes, et tous ces gens qui ne manquent pas (à juste titre) de rappeler combien le parti communiste a été en son temps ostracisé, a dû faire face à des coups bas et des mesures déloyales dans un régime prétendument démocratique, nous donnent leur avis sur la conception de la démocratie portée par le camarade Roussel.]

              Je pense que vous connaissez le mien. Dans l’idéal, la démocratie est un système pour gérer les désaccords, et non pour les occulter. Ce qui suppose une ouverture absolue du débat, et un peuple éduqué et parfaitement rationnel. Le problème, c’est que nous ne sommes pas dans un monde idéal : Le peuple n’est pas parfaitement éduqué ou rationnel, et le débat n’est pas absolument ouvert puisque certains ont accès à des moyens d’expression qui sont fermés aux autres. Il faut donc réguler le débat, et donc limiter certaines expressions ou candidatures dès lors qu’elles peuvent menacer l’ordre public.

              Mais en quoi la candidature d’une personne ayant exprimé des opinions en violation de la loi porte atteinte à l’ordre public ? Dans une élection, le risque pour l’ordre public ne vient pas de ce que le candidat DIT, mais de ce que le candidat PENSE. Le fait qu’il l’ait exprimé ou pas ne change rien à l’affaire. On peut donc difficilement rattacher un délit d’expression à une interdiction de candidature. Je n’imagine pas un instant que le Conseil constitutionnel puisse laisser passer pareille chose.

              [Dernier point qui me paraît important dans l’extrait que j’ai mis en lien, Roussel déclare que “le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions, mais un délit”. C’est faux: le racisme et l’antisémitisme sont des opinions, et personne ne peut empêcher qui que ce soit d’être raciste ou antisémite. L’expression de telles opinions dans un cadre strictement privé n’est d’ailleurs pas illégale à ma connaissance (et il faut s’en réjouir selon moi): est-ce que quelqu’un peut être condamné pour avoir chez soi un portrait de Pétain, les oeuvres complètes de Maurras ou un exemplaire des Protocoles? Bien sûr que non.]

              Tout à fait. Mais je ne pense pas que Roussel utilise « délit » dans le sens juridique du terme. Sa formule – qui est aujourd’hui un syntagme cristalysé – est une affirmation morale. Autrement dit, que dans notre société « on n’a pas le droit moral » d’être raciste ou antisémite. Ce n’est rien de plus qu’une pétition de principe. On a parfaitement le droit dans notre République d’avoir un portrait de Pétain chez soi, et même de fleurir publiquement sa tombe…

              [Et si des imbéciles ont envie de mettre au mur de leur salon ou de leur grange un drapeau à croix gammée, à l’abri des regards, c’est leur droit. Le délit est constitué par la tenue et la diffusion publiques de propos racistes ou antisémites. Et ce n’est pas du tout la même chose…]

              Même pas. Ce qui est punissable, c’est l’atteinte à l’ordre public. La loi punit l’incitation à la haine, la discrimination ou la violence. Elle ne punit pas la simple expression d’une préférence ou d’une détestation.

              [Il est quand même étonnant qu’un candidat que d’aucuns jugent “sérieux” reprenne sans réfléchir ce qui relève du catéchisme bienpensant.]

              Pourquoi ? Quand vous êtes candidat, vous êtes tenu à certains rituels auxquels votre électorat est habitué et dont il demande la confirmation.

            • BolchoKek dit :

              @ Descartes
               
              [le parti communiste soviétique n’a pas « massacré des millions d’ukrainiens » : une famine n’est pas un massacre]
               
              Je vois que tu n’es pas au courant du dernier cri des fadaises anticommunistes : le “Holodomor” aurait été organisé volontairement et méthodiquement dans un but d’extermination…
               
              [Oui… mais vous noterez que l’Allemagne, elle, n’a pas changé de nom.]
               
              Si si, aujourd’hui on dit “Union Européenne”.
               
               
              @ marc.malesherbes
               
              [Je note que même l’Union Soviétique a choisi de revenir à son nom d’origine, la Russie.]
               
              L’URSS n’a rien choisi de tel. La Russie, république constituante de l’union (et qui n’a jamais cessé de s’appeler Russie), a fait sécession en même temps que les autres républiques, mettant de facto un terme à l’existence réelle de l’URSS.

            • Descartes dit :

              @ BolchoKek

              [“Oui… mais vous noterez que l’Allemagne, elle, n’a pas changé de nom.” Si si, aujourd’hui on dit “Union Européenne”.]

              Superbe réponse! Je la retiens…

            • cd dit :

              @BolchoKek
              @Descartes
              [Je vois que tu n’es pas au courant du dernier cri des fadaises anticommunistes : le “Holodomor” aurait été organisé volontairement et méthodiquement dans un but d’extermination…]
              Ben oui ! Le Holodomor était organisé dans le but de la grande réalisation de la Grande Idée communiste.
              Le tout pour aboutir à une Union soviétique incapable de nourrir sa population, ce que faisait sans problème l’immonde Russie tsariste. Mais je sais, l’immonde vipère lubrique que je suis est incapable d’appréhender la grandeur du projet léniniste. 

            • Descartes dit :

              @ cd

              [Ben oui ! Le Holodomor était organisé dans le but de la grande réalisation de la Grande Idée communiste.]

              Franchement, on voit mal l’intérêt « d’organiser » une famine pour « réaliser la grande idée communiste ». Le régime bolchévique en serait sorti bien plus renforcé si tout le monde avait pu manger à sa faim.

              Comme souvent, on gagne à utiliser le rasoir d’Occam. Les bolchéviques se sont trouvés devant un pays ravagé par une guerre mondiale puis une guerre civile, et soumis à un blocus extérieur. Avec une production agricole insuffisante, impossible de nourrir tout le monde. La retention de la production par les campagnes menaçait d’affamer les villes. Le gouvernement a fait le choix de privilégier les villes sur les campagnes. Un choix tragique, certainement. Mais qu’auriez-vous fait à leur place ?

              [Le tout pour aboutir à une Union soviétique incapable de nourrir sa population,]

              D’où tirez-vous cette idée ? Curieusement, après le début des plans quinquennaux, l’URSS sera largement capable de nourrir sa population, et le restera jusqu’à la fin des années 1960. Finalement, le petit père des peuples ne se débrouillait pas si mal…

              [ce que faisait sans problème l’immonde Russie tsariste.]

              Je vous assure que vous faites erreur. La Russie tsariste connaissait régulièrement des famines. Mes grands parents ont émigré précisément pour cette raison…

              [Mais je sais, l’immonde vipère lubrique que je suis est incapable d’appréhender la grandeur du projet léniniste.]

              Appréhender les faits, ce ne serait déjà pas si mal…

            • cd dit :

              @Descartes
              « Appréhender les faits, ce ne serait déjà pas si mal… »
              Ben appréhender les faits, Descartes, ça consiste à voir une URSS des années 70 obligée d’importer du blé pour nourrir sa population et donc sensible aux sanctions américaines. Pour un pays se prétendant grande puissance, ça fait un peu désordre… D’autre part, avez-vous entendu parler d’une famine dans les années 1930 dans un pays d’Europe occidentale ? Staline a quand même réussi à organiser une famine dans son pays en temps de paix.
              Voyez-vous contrairement à ce que vous avez sous-entendu en parlant de ma science sur l’URSS qui serait tirée des « articles du Figaro » j’ai une petite connaissance personnelle du pays en question. Par exemple, la propagande soviétique qui se montrait triomphante encore dans les années 60 devenait franchement défensive dans les années 70, critiquant le rock, la culture hippie, l’art moderne, les cheveux longs, bref tout ce qui attirait les jeunes Soviétiques mais qui révulsait les vieux stals… Le léninisme  a disparu parce qu’il a échoué, l’URSS est morte parce que plus personne n’avait envie de se battre pour elle. Les vieux stals comme vous, Isabelle Bleitrach ou d’autres peuvent encore pleurnicher comme ils veulent, votre rêve de jeunesse est mort. Faites-en votre deuil. J’apprécie beaucoup votre blog et en général votre réflexion, mais votre nostalgie du stalinisme me fait horreur.

            • Descartes dit :

              @ cd

              [« Appréhender les faits, ce ne serait déjà pas si mal… » Ben appréhender les faits, Descartes, ça consiste à voir une URSS des années 70 obligée d’importer du blé pour nourrir sa population et donc sensible aux sanctions américaines.]

              Bon, déjà vous admettez qu’entre le milieu des années 30 et les années 70 l’URSS n’a pas été obligée d’importer du blé. Autrement dit, les difficultés des années 1970 sont conjoncturelles, et non pas structurelles. C’est déjà un grand progrès…

              [Pour un pays se prétendant grande puissance, ça fait un peu désordre…]

              Je ne vois pas pourquoi. Les Etats-Unis à la même époque étaient dépendants du pétrole du Moyen-Orient, et à ma connaissance cela ne faisait pas désordre pour une grande puissance. En quoi le fait de ne pas être autosuffisant en blé serait plus grave que de ne pas être autosuffisant en pétrole ?

              [D’autre part, avez-vous entendu parler d’une famine dans les années 1930 dans un pays d’Europe occidentale ?]

              Non. Je n’ai pas non plus entendu parler d’un pays d’Europe occidentale qui dans les années 1930 ait eu à supporter à la fois des attaques extérieures et une guerre civile alimentée par les grandes puissances, accompagné d’un blocus économique. Mais j’imagine que n’importe quel pays d’Europe occidentale soumis à une telle contrainte aurait probablement eu le même problème…

              [Staline a quand même réussi à organiser une famine dans son pays en temps de paix.]

              Quel « temps de paix » ? L’URSS n’a guère connu de « temps de paix » au cours de son histoire.

              [Voyez-vous contrairement à ce que vous avez sous-entendu en parlant de ma science sur l’URSS qui serait tirée des « articles du Figaro » j’ai une petite connaissance personnelle du pays en question.]

              Je ne me souviens pas d’avoir écrit que votre science de l’URSS serait « tirée des articles du Figaro ». Ce commentaire relève de la technique de « l’homme de paille ». Je constate quand même qu’entre deux commentaires vous avez corrigé un certain nombre d’erreurs factuelles…

              [Par exemple, la propagande soviétique qui se montrait triomphante encore dans les années 60 devenait franchement défensive dans les années 70, critiquant le rock, la culture hippie, l’art moderne, les cheveux longs, bref tout ce qui attirait les jeunes Soviétiques mais qui révulsait les vieux stals…]

              Là encore, vous inventez les faits pour correspondre à votre démonstration : la propagande soviétique critiquait l’art moderne dans les années 30 à 50, au nom du « réalisme socialiste ». Mais dans les années 1960 et 70, ce n’était plus du tout le cas. Je ne suis d’ailleurs pas persuadé que « l’art moderne » fut aussi attractif pour les « jeunes soviétiques ».

              [Le léninisme a disparu parce qu’il a échoué,]

              Qu’est ce que vous appelez « le léninisme » ? Et à quelle date aurait-il, selon vous, « disparu » ?

              [l’URSS est morte parce que plus personne n’avait envie de se battre pour elle. Les vieux stals comme vous, Isabelle Bleitrach ou d’autres peuvent encore pleurnicher comme ils veulent, votre rêve de jeunesse est mort.]

              « Isabelle Bleitrach » ? On voit que vous savez de quoi vous parlez…

              Voyez-vous, vos attaques sont peut-être la meilleure démonstration que mon « rêve de jeunesse » est toujours vivant. Pourquoi perdre votre temps – et je vous rassure, il n’y a pas que vous – à trainer dans la boue, à falsifier une expérience qui serait, selon votre propre affirmation, morte et enterrée ? A quoi bon continuer à combattre ce qui n’est qu’un fantôme pour lequel « plus personne » n’est prêt à se battre ?

              Voyez-vous, si on trouve encore tant de gens qui dépensent leur énergie à piétiner le cadavre, c’est parce qu’ils ne sont pas totalement convaincus qu’il est vraiment mort, qu’il ne peut ressusciter…

              [J’apprécie beaucoup votre blog et en général votre réflexion, mais votre nostalgie du stalinisme me fait horreur.]

              Je récuse le mot « nostalgie ». Mais dites bien que l’un n’existerait pas sans l’autre…

            • @ Descartes,
               
              [Pourquoi ? Quand vous êtes candidat, vous êtes tenu à certains rituels auxquels votre électorat est habitué et dont il demande la confirmation.]
              Je pensais que Roussel essayait de parler aux gens comme vous, Descartes. Me serais-je trompé?

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [Je pensais que Roussel essayait de parler aux gens comme vous, Descartes. Me serais-je trompé?]

              Probablement. Roussel essaye de parler à beaucoup de gens très différents. Il lui faut garder le soutien de ses propres militants. Il lui faut amadouer l’appareil, qui est loin d’être acquis à l’idée d’une candidature communiste, et où des anciens bébés-hue et bébés-buffet trainent encore (Pierre Laurent est un excellent exemple…). Il lui faut garder ses électeurs venus des classes intermédiaires, et essayer de reconquérir l’électorat populaire. Dans un parti archipélisé, cela ne peut qu’aboutir à un discours à géométrie variable.

            • cd dit :

              @Descartes
              [Je ne vois pas pourquoi. Les Etats-Unis à la même époque étaient dépendants du pétrole du Moyen-Orient, et à ma connaissance cela ne faisait pas désordre pour une grande puissance. En quoi le fait de ne pas être autosuffisant en blé serait plus grave que de ne pas être autosuffisant en pétrole ? ]
              Ben être autosuffisant suppose d’avoir des ressources géologiques qui ne dépendent pas de vous mais être autosuffiants en blé suppose d’avoir une agriculture qui fonctionne et qui est productive. Choses dont nous serons peut-être bientôt privés si les délires boboïques d’une agriculture privée d’engrais et de pesticides ou d’OGM se réalisent. Je répète l’URSS des années 70 ne nourrissait pas sa population, la Russie des années 2020 y arrive alors qu’elle est privée des terres noires fertiles de l’Ukraine. Votre conclusion ?
              [Non. Je n’ai pas non plus entendu parler d’un pays d’Europe occidentale qui dans les années 1930 ait eu à supporter à la fois des attaques extérieures et une guerre civile alimentée par les grandes puissances, accompagné d’un blocus économique. Mais j’imagine que n’importe quel pays d’Europe occidentale soumis à une telle contrainte aurait probablement eu le même problème… ]
              Ah bon ? L’URSS était en guerre en 1932 ? Et avec qui ? En guerre civile ? Avec qui ? L’URSS était le plus grand pays du monde disposant de toutes les ressources naturelles possibles. Vous me faites penser à votre grand copain BHL qui parle d’Israël comme d’un petit pays constamment sous la menace alors qu’Israël possède l’armée la plus puissante du Moyen-Orient et a la bombe atomique.
              [Là encore, vous inventez les faits pour correspondre à votre démonstration : la propagande soviétique critiquait l’art moderne dans les années 30 à 50, au nom du « réalisme socialiste ». Mais dans les années 1960 et 70, ce n’était plus du tout le cas. Je ne suis d’ailleurs pas persuadé que « l’art moderne » fut aussi attractif pour les « jeunes soviétiques ».
              Ma « science » vient des affiches soviétiques où l’on voit des critiques des cheveux longs ou de la culture pop des années 70 alors que la propagande des années 60 se montrait plus triomphante montrant la conquête spatiale soviétique. Mais bon, je suppose que ce genre de propagande n’était pas reprise dans l’Humanité…
              [Qu’est ce que vous appelez « le léninisme » ? Et à quelle date aurait-il, selon vous, « disparu » ? ]
              Le léninisme est cette idéologie élaborée par Lénine qui est à l’origine de l’URSS et des partis communistes qui se sont réclamés des conditions dictées par icelui. On peut en dater la mort, si tant est qu’une idéologie puisse mourir le 25 décembre 1991. Le jour où Gorbatchev a ramené le drapeau rouge avec le marteau et la faucille sur les tours du Kremlin. Je sais que cette date est douloureuse pour vous, Descartes, désolé de vous le rappeler.
              [« Isabelle Bleitrach » ? On voit que vous savez de quoi vous parlez… ]
              Vous avez raison : j’ai merdé sur ce coup-là.;-) Danielle me le pardonne ! J’ai pendant quelque temps suivi un peu son blog puis j’en ai eu très vite marre de ses obsessions de vieille stalinienne.

            • Descartes dit :

              @ cd

              [« Je ne vois pas pourquoi. Les Etats-Unis à la même époque étaient dépendants du pétrole du Moyen-Orient, et à ma connaissance cela ne faisait pas désordre pour une grande puissance. En quoi le fait de ne pas être autosuffisant en blé serait plus grave que de ne pas être autosuffisant en pétrole ? » Ben être autosuffisant suppose d’avoir des ressources géologiques qui ne dépendent pas de vous mais être autosuffiants en blé suppose d’avoir une agriculture qui fonctionne et qui est productive.]

              Mais est-ce intéressant ? Bien de grandes puissances ont décidé par le passé qu’il était plus intéressant de produire sur leur territoire des biens à plus forte valeur ajoutée, et de sous-traiter l’agriculture a d’autres. La Grande Bretagne n’est plus autosuffisante en blé depuis le début du XVIIIème siècle, et cela ne l’a pas empêché d’être la première puissance mondiale.

              On peut longuement discuter des erreurs économiques de la direction soviétique, et notamment dans l’organisation de l’agriculture. Il ne vous aura pas échappé non plus qu’une bonne partie de ces erreurs ont été commises dans les années 1960, quand la direction soviétique s’est écartée du modèle stalinien de l’économie de guerre et introduit des formes de régulation par le marché souvent mal conçues. Mais l’idée que l’importation de blé per se indique une faiblesse relève d’une vision autarcique de l’économie.

              [Je répète l’URSS des années 70 ne nourrissait pas sa population,]

              Oui. Tout comme la Grande Bretagne du XIXème siècle, et cela ne l’a pas empêché d’être la nation la plus riche du globe, et la première puissance mondiale. Quelle conclusion en tirez-vous ?

              [la Russie des années 2020 y arrive alors qu’elle est privée des terres noires fertiles de l’Ukraine. Votre conclusion ?]

              Ma première conclusion serait de vous dire qu’il faut comparer ce qui est comparable. La Russie est privée certes des terres noires fertiles de l’Ukraine. Elle est aussi privée des terres arides des républiques soviétiques d’Asie centrale et de leurs populations. La Russie actuelle a donc moins de terres fertiles à cultiver que n’avait l’URSS, mais a aussi moins de bouches à nourrir. Je ne sais pas si la RFSR – dont les frontières recoupent peu ou prou celles de la Russie d’aujourd’hui était ou non capable de se nourrir elle-même du temps de l’URSS.

              Ma deuxième conclusion serait de vous demander d’où vous tirez l’idée que la Russie des années 2020 nourrit sa population (aux mêmes standards qu’en 1970, s’entend). Peut-on voir vos chiffres ? Si l’on suit les statistiques sur l’état sanitaire de la population, non seulement la Russie continue à importer de la nourriture, mais la diète de la population s’est largement dégradée. Il est vrai que pour un état socialiste, ne pas fournir les calories suffisantes est impardonnable. Dans un état capitaliste, par contre, c’est parfaitement acceptable…

              [« Non. Je n’ai pas non plus entendu parler d’un pays d’Europe occidentale qui dans les années 1930 ait eu à supporter à la fois des attaques extérieures et une guerre civile alimentée par les grandes puissances, accompagné d’un blocus économique. Mais j’imagine que n’importe quel pays d’Europe occidentale soumis à une telle contrainte aurait probablement eu le même problème… » Ah bon ? L’URSS était en guerre en 1932 ? Et avec qui ? En guerre civile ?]

              Oui. On connaît assez mal en France l’histoire de l’URSS des années 1920 et du début des années 1930. Le pays est à l’époque dans un état d’instabilité permanente. Si les interventions étrangères ouvertes s’achèvent au début des années 1920 (pour ne donner que quelques exemples, rappelons le bombardement de la région d’Arkhangelsk puis son occupation par les britanniques utilisant des armes chimiques en 1919-20, l’occupation d’Odessa par les autrichiens ou celle de Vladivostok et sa région par les Japonais), le blocus économique et les interventions secrètes continueront jussqu’aux années 1930 : ainsi, le gouvernement soviétique n’est reconnu par les Américains qu’en 1932, et la France, qui fait du remboursement des « emprunts russes » un préalable à la reprise du commerce, n’ouvre les vannes qu’en 1928. A cela s’ajoute bien entendu l’hostilité active de l’ensemble des puissances de l’époque, qui obligent le jeune état à maintenir une garde haute, à investir dans sa propre défense, à surveiller ses frontières.

              Pour ce qui concerne la guerre civile, si les armées constituées disparaissent vers 1923, les partisans « blancs » transformés souvent en bandes criminelles continuent à être très actives jusqu’au début des années 1930, et à cela s’ajoutent divers épisodes de rébellion qui accompagnent les conflits entre les différentes fractions du parti au pouvoir, et qui prennent souvent un tour violent. Il faut comprendre que la répression stalinienne n’est pas venue de nulle part. Elle n’est pas le simple caprice d’un dictateur paranoïaque, mais l’expression d’une guerre civile larvée, de conflits violents qui n’attendaient qu’à exploser.

              [Avec qui ? L’URSS était le plus grand pays du monde disposant de toutes les ressources naturelles possibles.]

              Oui, un peu comme le Zaïre aujourd’hui. Mais comme le Zaïre, il était soumis à l’intromission permanente des puissances étrangères, à une guerre civile, et héritait de l’incurie d’un système politique arriéré et corrompu. Dans ces conditions, il n’est pas tout à fait étonnant qu’il ait eu des difficultés économiques…

              [Vous me faites penser à votre grand copain BHL qui parle d’Israël comme d’un petit pays constamment sous la menace alors qu’Israël possède l’armée la plus puissante du Moyen-Orient et a la bombe atomique.]

              Je ne saisis pas le rapport. Je ne me souviens pas que « mon grand copain BHL » ait utilisé ce type d’arguments pour justifier les problèmes économiques d’Israel… a part une volonté d’amalgame, je ne vois pas le sens de ce commentaire.

              [« Là encore, vous inventez les faits pour correspondre à votre démonstration : la propagande soviétique critiquait l’art moderne dans les années 30 à 50, au nom du « réalisme socialiste ». Mais dans les années 1960 et 70, ce n’était plus du tout le cas. Je ne suis d’ailleurs pas persuadé que « l’art moderne » fut aussi attractif pour les « jeunes soviétiques ». » Ma « science » vient des affiches soviétiques où l’on voit des critiques des cheveux longs ou de la culture pop des années 70 alors que la propagande des années 60 se montrait plus triomphante montrant la conquête spatiale soviétique.]

              Je ne vois pas très bien le rapport des cheveux longs et de la culture pop avec « l’art moderne ».

              [Mais bon, je suppose que ce genre de propagande n’était pas reprise dans l’Humanité…]

              Vous voulez dire que l’Humanité ne reprenait pas servilement la propagande de ses maîtres soviétiques ? Que ses rédacteurs avaient ne ligne éditoriale autonome, qui s’écartait des ordres de Moscou ? Dont acte…

              [« Qu’est ce que vous appelez « le léninisme » ? Et à quelle date aurait-il, selon vous, « disparu » ? » Le léninisme est cette idéologie élaborée par Lénine qui est à l’origine de l’URSS et des partis communistes qui se sont réclamés des conditions dictées par icelui.]

              Si le « léninisme » est une « idéologie », alors il ne peut pas « disparaître ». Les idéologies, une fois construites, appartiennent à l’histoire et à ce titre sont éternelles. Diriez-vous que le platonisme est mort ? Que la pensée cartésienne ou aristotélicienne ont « disparu » ?

              [On peut en dater la mort, si tant est qu’une idéologie puisse mourir le 25 décembre 1991. Le jour où Gorbatchev a ramené le drapeau rouge avec le marteau et la faucille sur les tours du Kremlin. Je sais que cette date est douloureuse pour vous, Descartes, désolé de vous le rappeler.]

              Mais le 24 décembre 1991, selon vous, le léninisme était donc encore vivant ? Pensez-vous que l’URSS de Gorbatchev peut encore être appelée « léniniste » ? J’ai l’impression que vous accordez à l’URSS une unité idéologique au cours de son histoire qu’elle n’a pas. Entre Gorbatchev et Lénine il y a à peu près la même distance qu’entre Robespierre et Napoléon III.

              [Vous avez raison : j’ai merdé sur ce coup-là.;-) Danielle me le pardonne ! J’ai pendant quelque temps suivi un peu son blog puis j’en ai eu très vite marre de ses obsessions de vieille stalinienne.]

              Bleitrach une « vieille stalinienne » ? Là encore, vous faites de l’adjectif « stalinien » un simple titre d’injure, un mot-valise censé désigner tout ce que vous n’aimez pas. Bleitrach est tout sauf « stalinienne ». Son idéal n’est certainement pas l’URSS de Staline, ce serait plutôt la Cuba du Che, celui qui tenait au contraire tête aux soviétiques et alimentait les mouvements gauchistes en Amérique Latine.

      • Vincent dit :

        [l’explosion du PS n’a pas donné lieu à la création d’un « nouveau parti », mais à une galaxie de formations plus ou moins « gazeuses » autour de leaders charismatiques. Parmi les candidats qui en sont issus, Macron, Mélenchon, Hidalgo, Montebourg, aucun n’est le candidat d’un parti. Si la droite devait exploser – ce qu’elle a commencé à faire d’ailleurs – on se retrouverait probablement dans la même situation.]

        Ne trouvez vous pas significatif, tout de même, que les deux candidats favoris de la “droite”, tous les deux, aient démissionné du parti il y a plusieurs années, et ne reprennent leur carte que comme une formalité quelques jours avant d’officialiser leur candidature ?
        Peut on dire d’un parti dont les champions daignent tout juste prendre leur carte pour pouvoir officialiser le soutien du parti, n’a pas déjà explosé ?
         
        Par ailleurs, je crois savoir que l’entourage de Zemmour est relativement solide (une équipe, parait-il, de 200 ou 300 personnes, constituée de “hauts profils” : énarques, normaliens, X, hauts fonctionnaires d’un peu tous les corps, etc.)
        Je ne suis pas certain que, en termes de compétences techniques pour l’entourer, il y ait réellement une grosse différence de compétences avec des Macron ou “Républicains”.
        En revanche, je doute qu’on retrouve de telles compétences aux RN ou chez EELV, par exemple (mais je peux me tromper…)

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [« Si la droite devait exploser – ce qu’elle a commencé à faire d’ailleurs – on se retrouverait probablement dans la même situation. » Ne trouvez-vous pas significatif, tout de même, que les deux candidats favoris de la “droite”, tous les deux, aient démissionné du parti il y a plusieurs années, et ne reprennent leur carte que comme une formalité quelques jours avant d’officialiser leur candidature ?]

          Non, je ne crois pas que ce soit « significatif ». C’est juste une manœuvre qui tient à la procédure de sélection du candidat qui sera soutenu par LR. Dès lors que la sélection sera faite par un congrès où seuls les militants LR sont appelés à voter, il est évident qu’avoir sa carte du parti procure un avantage électoral. Pourquoi dès lors ne pas prendre une carte qui ne vous engage finalement à pas grand-chose ?

          Car contrairement à une logique de parti, le candidat qui sera choisi au congrès pourra compter sur le soutien de LR… mais il portera non pas le programme du parti – discuté et voté par les militants – mais le sien propre. Le fait que Pécresse ou Bertrand prennent leur carte est un acte purement gratuit, il n’emporte aucune conséquence en termes d’engagement. Les candidats qui l’accomplissent ne sacrifient en rien la liberté qu’ils ont acquis en quittant LR.

          [Peut-on dire d’un parti dont les champions daignent tout juste prendre leur carte pour pouvoir officialiser le soutien du parti, n’a pas déjà explosé ?]

          Il n’a pas explosé au sens qu’il contrôle encore suffisamment d’électeurs pour être incontournable. Les candidats de droite ne peuvent pas se contenter de l’investiture de leur « parti personnel », et sont tout de même obligés de faire quelques gestes pour obtenir l’investiture LR. A gauche personne n’est obligé d’aller chercher quoi que ce soit : Mélenchon ou Montebourg s’investissent eux-mêmes, Anne Hidalgo ne prend même pas la peine d’être présente au congrès du PS censé l’investir. Les écologistes sont dans une logique proche de celle de la droite, élisant un candidat et lui laissant ensuite le soin de définir le programme. Seuls les communistes fonctionnent encore « à l’ancienne ».

          [Par ailleurs, je crois savoir que l’entourage de Zemmour est relativement solide (une équipe, parait-il, de 200 ou 300 personnes, constituée de “hauts profils” : énarques, normaliens, X, hauts fonctionnaires d’un peu tous les corps, etc.)]

          C’est ce qui se dit. Je ne serais pas surpris. Zemmour – contrairement au tandem Le Pen/Philippot de 2017 – est un candidat de droite assez classique. Ses positions en matière économique et sociale sont franchement réactionnaires, et s’il dénonce l’asservissement de la France aux décisions de Bruxelles, il ne parle pas d’une sortie de l’UE ni même de l’Euro. Son obsession avec l’immigration peut éloigner de lui quelques âmes sensibles, mais pour le reste il n’aura pas trop de difficultés à trouver des cadres de droite prêts à le soutenir.

          [Je ne suis pas certain que, en termes de compétences techniques pour l’entourer, il y ait réellement une grosse différence de compétences avec des Macron ou “Républicains”.]

          Macron, contrairement à une légende qui fait de lui est son équipe des « technocrates », est en fait assez mal entouré en terme de compétences techniques. Le mépris pour les « techniciens » et les « sachants » – toujours censés être coupés des « réalités » – est malheureusement l’une des choses les mieux partagées dans nos élites politico-médiatiques. Ces dernières semblent éprouver un complexe d’infériorité devant « ceux qui savent ». On se demande pourquoi…

          • bernard dit :

            Bonsoir , une interrogation pour moi : en matière d’équipe compétente autour de candidats comme Mélenchon ou Roussel , ont ils des compétences autour d’eux pour assumer la tache de président des français , j’en doute déjà pour les marchands d’idéologie autour de Mélenchon !!

            • Descartes dit :

              @ bernard

              [Bonsoir , une interrogation pour moi : en matière d’équipe compétente autour de candidats comme Mélenchon ou Roussel , ont ils des compétences autour d’eux pour assumer la tache de président des français , j’en doute déjà pour les marchands d’idéologie autour de Mélenchon !!]

              La question que vous posez est intéressante parce qu’elle porte en fait sur une spécificité française, qui est la puissance de l’administration. Dans notre pays – ce n’est pas le cas ailleurs – le fait que les policiers soient payés, que l’électricité arrive à votre prise, que vos enfants soient accueillis à l’école ou que les hôpitaux aient du matériel ne dépend pas directement de la compétence ou l’incompétence des ministres ou de leurs cabinets. Il y a des professionnels qui s’en chargent. Ce qu’on demande à un ministre est une compétence politique, c’est à dire, une intelligence pour comprendre les problèmes, une volonté de les résoudre, et une capacité à arbitrer entre les différentes solutions élaborées par ceux qui savent. Prenez par exemple un ministre comme Fiterman en 1981. Il n’avait aucune expérience gouvernementale, aucune compétence administrative. Mais il était intelligent, il savait ce qu’il voulait, et il était capable de prendre des décisions. A partir de là, il a su établir une relation de qualité avec son administration, qui l’a soutenu tout au long de son mandat – alors qu’en théorie elle était dirigée par des hauts fonctionnaires hérités de 20 ans de règne sans partage de la droite. Et vous noterez que les quatre ministres communistes à l’époque étaient peu ou prou dans la même situation, et s’en sont très bien tirés.

              La question est donc de savoir quels sont les candidats qui pourraient établir ce type de rapports avec leur administration. Même si le PCF n’est plus ce qu’il était, je pense que Roussel n’aurait pas de difficultés de ce point de vue: les communistes ont une longue tradition de respect et d’écoute de la compétence technique, et l’administration ne demande pas en fait autre chose. Dans le cas de Mélenchon, je pense que le sectarisme et la paranoïa aboutiraient à un résultat très différent. On imagine mal une Danièle Obono ou une Mathilde Panot admettre qu’elles n’y connaissent rien aux questions techniques, étape indispensable pour accepter l’avis des techniciens…

          • Arthur dit :

            (il ne parle pas d’une sortie de l’UE ni même de l’Euro)
            Il ne l’envisage pas de suite mais à l’issue de son “meeting” récent à Lille il répond  assez franchement à une question de l’auditoire qu’il est trop tôt car son électorat potentiel ne l’accepterait pas et n’est pas prêt. Certes c’est une manière de ne pas en parler mais il ne fuit pas la question dans le sens où il n’invente pas une raison annexe, c’est clairement électoraliste.

            Personnellement je reste bloqué et choqué (notamment) par ses propos sur Pétain et Vichy. 6000 juifs devenus français depuis 1927 ont été dénaturalisés sous Vichy pour faciliter leur déportation et le freluquet ose prétendre que Pétain a sauvé des Juifs. Inutile d’aller plus loin.
            Pour l’instant le meilleur article lu sur la question reste selon moi celui là (l’auteur écrit sous pseudo), étant précisé que je n’ai pas encore eu le temps de vérifier la relativisation de l’innocence de Dreyfus qui y est évoquée :

            Éric Zemmour, glaive et bouclier de l’extrême droite


             
             

            • Descartes dit :

              @ Arthur

              [« il ne parle pas d’une sortie de l’UE ni même de l’Euro » Il ne l’envisage pas de suite mais à l’issue de son “meeting” récent à Lille il répond assez franchement à une question de l’auditoire qu’il est trop tôt car son électorat potentiel ne l’accepterait pas et n’est pas prêt. Certes c’est une manière de ne pas en parler mais il ne fuit pas la question dans le sens où il n’invente pas une raison annexe, c’est clairement électoraliste.]

              Certes. Il n’en reste pas moins que son discours alimente l’idée qu’on peut changer les choses pour le mieux tout en restant dans l’UE et dans l’Euro. Et pour moi ce point est fondamental, car si l’on peut résoudre les problèmes de la France sans sortir des traités, pourquoi s’engager dans une procédure de sortie qui sera forcément coûteuse ? Que Zemmour – ou n’importe quel autre souverainiste – évite de faire du Frexit sont drapeau alors que l’on sait que l’opinion est frileuse à ce sujet, c’est compréhensible. Mais aller jusqu’à dire qu’on pourrait mettre en œuvre un programme de reconquête sans se poser la question me semble dangereux.

              [Personnellement je reste bloqué et choqué (notamment) par ses propos sur Pétain et Vichy. 6000 juifs devenus français depuis 1927 ont été dénaturalisés sous Vichy pour faciliter leur déportation et le freluquet ose prétendre que Pétain a sauvé des Juifs. Inutile d’aller plus loin.]

              Pour avoir lu l’histoire de la période, je ne peux lui donner complètement tort. Il y avait chez Vichy une « hiérarchie » des juifs, qui allait des juifs anciens combattants aux juifs « étrangers » en passant par les juifs « français ». Dans le statut des juifs du 3 juillet 1940, on voit par exemple à l’article 3 cette distinction qui permet l’accès à des emplois dans la fonction publique aux juifs « titulaire de la carte de combattant 1914-1918 », « cités au cours de la campagne 1914-1918 », « cités à l’ordre du jour au cours de la campagne 1939-1940 » ou « décoré de la Légion d’honneur à titre militaire ou de la médaille militaire ». On trouve d’autres exemples qui montrent que Vichy a sacrifié les juifs « étrangers », déportés en grand nombre, pour sauver des juifs « français » qui, eux, ont été beaucoup moins touchés.

              Il y a aussi une question historique qui n’a pas de réponse simple : si l’armistice n’avait pas eu lieu, si la France avait été simplement occupée sans qu’un gouvernement « français » soit maintenu sur le territoire, les juifs de France auraient-ils été traités comme le furent les juifs polonais ? Le maintien d’une structure « française » dont l’autonomie était limitée mais réelle a-t-il contribué à faire que les déportations de juifs en France n’aient aucune commune mesure avec ce qui a été pratiqué dans les pays simplement occupés ? Ces questions n’ont pas de réponse simple. On peut raisonnablement penser que l’existence de l’Etat français a constitué un obstacle à la toute-puissance des allemands en France, et à ce titre a contribué objectivement à « sauver » un certain nombre de juifs. De là à dire que « Pétain a sauvé des juifs » comme si c’était sa volonté de le faire, il y a un pas qu’il est imprudent de franchir…

              Je ne suis pas persuadé que c’est le genre de sujet qu’on devrait soulever dans une campagne électorale. C’est un sujet difficile, douloureux, compliqué, qu’il vaut mieux laisser aux historiens. Je trouve positif que quelqu’un aille donner des coups de pied aux vaches sacrées pour amorcer des débats qu’on a enterrés sous des tonnes de « politiquement correct ». Mais toutes les vaches sacrées ne se valent pas, et la fiction du « tous résistants » face au traître Pétain introduite par le gaullo-communisme pour mettre fin à ce qui fut, il faut bien avoir conscience, une guerre civile me paraît une fiction éminemment utile, qu’on ne gagne pas à remettre en question.

              [Pour l’instant le meilleur article lu sur la question reste selon moi celui-là (l’auteur écrit sous pseudo), étant précisé que je n’ai pas encore eu le temps de vérifier la relativisation de l’innocence de Dreyfus qui y est évoquée : (…)]

              L’article est certainement très bien écrit, mais il souffre à mon avis d’un parti pris un peu trop évident. Prenons si vous le voulez un petit exemple : celui du discours de Jacques Chirac lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv en 1995 dans lequel il « reconnaît » la responsabilité de la France (et non pas de Vichy) dans la déportation des juifs. L’auteur de l’article mentionne à plusieurs reprises la condamnation par Zemmour de ce discours comme une tentative de réhabilitation des idéologies d’extrême droite.

              Cela revient à donner pour tranchée une question politique très complexe. Le discours de Chirac marque une rupture non pas avec les idéologies de l’extrême droite, mais avec celle de la Résistance. Il ne faudrait pas oublier que ce sont les gaullistes et les communistes qui ont toujours rejeté l’idée que « Vichy c’était la France ». Que De Gaulle, Pompidou mais aussi Mitterrand – c’est-à-dire, les hommes qui ont connu l’époque en question – ont toujours refusé la « reconnaissance » à laquelle Chirac s’est prêté. Et ils l’ont fait pour une excellente raison : ils avaient compris que faire plaisir à une « communauté » en « reconnaissant » son deuil particulier, c’était ouvrir la porte à la concurrence mémorielle ou chaque « communauté » voudrait avoir son Vel d’Hiv personnel.

              Sur ce point particulier, Zemmour se place plutôt du côté du « résistentialisme » gaullien alors que les défenseurs du discours chiraquien sont plutôt ceux qui voudraient voir la « légitimité française » dans Pétain. Il est donc paradoxal de reprocher à Zemmour SUR CE POINT PARTICULIER de se ranger du côté de l’extrême droite. Mais le fait que ce reproche soit formulé – et répété – dans l’article en question montre combien l’auteur fait sienne l’idéologie bienpensante en bloc, sans l’examiner avec un œil critique. Que le discours de Chirac soit un « bien », c’est une vérité d’évidence pour n’importe quel progressiste bien né. Que Zemmour le critique ne peut qu’être le signe de sa perversion.

              Mais je pense surtout ce type de critique de Zemmour est inutile. Pas la peine de beaucoup creuser pour comprendre le personnage ou les racines de l’idéologie qu’il propage. La seule question intéressante, c’est celle de savoir pourquoi ce discours prend racine. Pourquoi tout à coup ce discours, qui était marginal il n’y a pas si longtemps, atteint aujourd’hui une telle résonance. Même si ce n’est qu’un feu de paille – et c’est à mon sens le plus probable – le phénomène dessine en creux les expectatives d’une bonne partie de l’opinion.

          • Vincent dit :

             

            Ses positions en matière économique et sociale sont franchement réactionnaires,

            J’ai peut être raté un épisode, mais je ne pense pas qu’il ait dit grand chose pour l’instant.
            Il ne me semble pas qu’il ait pris de position trop ferme, et j’ai l’impression qu’au contraire, son positionnement en matière économique et sociale est une sorte de consensus mou pour ne rebuter personne sur tout le spectre de la droite :
            – je tape sur l’euro qui est un des responsables de la désindustrialisation, mais je trouve un peu risqué d’en sortir,
            – réformer les retraites : oui. Mais une réforme minimaliste, juste histoire de dire, en augmentant d’une année les cotisations, et c’est tout,
            – il ne parle pas de réduire le nombre fonctionnaires (ou sinon j’ai loupé quelque chose), contrairement à Pécresse, qui va sans doute rejouer le match des primaires d’il y a 5 ans, où tous les candidats se faisaient la course à celui qui annoncerait les plus grosses baises du nombres de fonctionnaires.
            Bref, il me semble au contraire qu’il s’agit d’un programme de droite très modéré, intermédiaire entre les très libéraux UMP, et les plus radicaux RN. Pour essayer de rallier tout le monde.

             

            [Son obsession avec l’immigration peut éloigner de lui quelques âmes sensibles,]

            Des quelques discussions que j’ai pu avoir autour de moi, les 2 choses qui repoussent sont le coup des prénoms, et la mysoginie / antiféminisme…
             

            [Macron, contrairement à une légende qui fait de lui est son équipe des « technocrates », est en fait assez mal entouré en terme de compétences techniques.]

            Ca n’est pas la première fois que j’entends ce genre de chose. Et, je n’ai pas osé l’écrire, mais j’ose à présent, j’ai entendu quelqu’un de très bien informé dire que les équipes qui entouraient Zemmour candidat étaient techniquement incomparablement plus compétentes que celles qui entouraient Macron candidat, et même plus compétentes que celles qui entourent Macron président (si on exclut les personnes qui sont simplement des hauts fonctionnaires, et dont on ne connait pas les opinions politiques).
             

            [Le mépris pour les « techniciens » et les « sachants » – toujours censés être coupés des « réalités » – est malheureusement l’une des choses les mieux partagées dans nos élites politico-médiatiques. Ces dernières semblent éprouver un complexe d’infériorité devant « ceux qui savent ». On se demande pourquoi…]

            Je pense que c’est une des très grosses qualités de Zemmour : il ne se cache pas d’être incompétent dans bien des domaines, et n’hésite pas à dire des choses comme “je me suis fait expliquer…” ; “on m’a expliqué que…” ; “si j’ai bien compris ce qu’on m’a expliqué…”.
            Il n’a pas de mal à reconnaitre son incompétence dans certains domaines, et donc, je suppose, aucun complexe à accepter que des personnes bien plus compétentes que lui puissent l’aider. Et aucun complexe à les écouter et à suivre leurs avis.
             
             

            • Descartes dit :

              @ Vincent

              [« Ses positions en matière économique et sociale sont franchement réactionnaires, » J’ai peut être raté un épisode, mais je ne pense pas qu’il ait dit grand chose pour l’instant.]

              Il n’a certainement pas dessiné un programme cohérent, ni même exposé des propositions très élaborées. Mais il laisse tomber de temps à autre des petites phrases qui ne laissent guère d’ambiguïté sur son positionnement. C’est particulièrement flagrant en matière fiscale.

              [contrairement à Pécresse, qui va sans doute rejouer le match des primaires d’il y a 5 ans, où tous les candidats se faisaient la course à celui qui annoncerait les plus grosses baises du nombres de fonctionnaires.]

              N’oubliez pas que Zemmour s’adresse aux électeurs, alors que Pécresse, Bertrand et Cie s’adressent aux militants… L’électorat de droite et les militants LR n’ont pas forcément les mêmes marottes…

  11. Pandy dit :

    “Non, la gauche a choisi un autre modèle d’entrepreneur, celui qui fabrique du vent, qui communique au point que la communication devient sa seule production.”
    Tiens, on dirait que vous décrivez à la perfection ce que l’on appelle un “homme politique”.
     
    Merci à vous pour ce juste retour.
     

    • Descartes dit :

      @ Pandy

      [« Non, la gauche a choisi un autre modèle d’entrepreneur, celui qui fabrique du vent, qui communique au point que la communication devient sa seule production. » Tiens, on dirait que vous décrivez à la perfection ce que l’on appelle un “homme politique”.]

      Non. Je décris peut-être parfaitement ce que VOUS appelez un « homme politique », mais certainement pas ce que MOI j’appelle un « homme politique ». Parce que MOI, je ne pense pas que la politique soit « du vent » ou qu’elle se réduise à de la communication. Il y a, c’est vrai, des mauvais politiques comme y a des mauvais maçons, de mauvais médecins, de mauvais ouvriers, de mauvais professeurs. Mais il ne faut pas conchier leurs métiers pour autant.

  12. Vincent dit :

    @Descartes
     
    Hors sujet…
     
    C’est fou comme, souvent, l’actualité se télescope. Ces derniers jours :
    – La question de savoir si le secret de la confession est absolu. Il s’agit pour moi d’une question éthique réelle, car le confessé ne se confesse au confesseur que dans la mesure où il a l’assurance absolue que le secret ne sera pas trahi (c’est même son unique rôle, contrairement à un médecin, qui a aussi un rôle de soin). La situation est pour moi bien plus délicate encore que dans le cas d’un médecin qui constate des sévices corporels ou des traces de viol sur un enfant,
    – L’histoire des viols à Centrale Paris. Où, quand on lit l’article, on comprend qu’il n’y a eu aucun signalement de quoi que ce soit, mais que ces informations n’ont pu “remonter” qu’à la suite d’une enquête anonyme. L’Ecole a effectué un signalement à la police, et, si j’ai bien compris, la brigade de gendarmerie compétente va essayer de remonter à la source des personnes ayant déclaré avoir été violées, alors même qu’elles n’avaient répondu oui qu’en échange d’un anonymat numérique…
     
    Dans ce type d’enquête, il se peut fort que des personnes ayant, par exemple, eu des relations sexuelles, et l’ayant regretté quelques jours après, se convainquent à posteriori qu’il s’agissait d’un viol. Mais tout en ayant conscience que la personne qui les a “violé” n’avait pas conscience de le faire et qu’une plainte était donc totalement inopportune. Le fait de cocher “oui” à une enquête anonyme devient un moyen de se donner bonne conscience sur le fait qu’il s’agissait bien d’un viol, sans non plus trop la ramener, car une enquête contradictoire mettrait en évidence la complexité de la situation, ce qui n’est pas le but recherché par la victime.
    Et là dedans, la direction de l’Ecole et la Police, avec leurs gros sabots, utilisent une enquête anonyme pour rechercher des qualifications pénales…
     

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [C’est fou comme, souvent, l’actualité se télescope. Ces derniers jours :
      – La question de savoir si le secret de la confession est absolu. Il s’agit pour moi d’une question éthique réelle, car le confessé ne se confesse au confesseur que dans la mesure où il a l’assurance absolue que le secret ne sera pas trahi (c’est même son unique rôle, contrairement à un médecin, qui a aussi un rôle de soin). La situation est pour moi bien plus délicate encore que dans le cas d’un médecin qui constate des sévices corporels ou des traces de viol sur un enfant,]

      Oui. Mais alors, pourquoi réserver le « secret » à la seule confession catholique ? Si un collègue me confie un secret en échange de mon engagement de ne le dire à personne, en quoi ma situation est différente de celle du confesseur – dans un contexte laïque, s’entend ? Votre raisonnement est parfaitement applicable à cette situation…

      Ou bien vous considérez que TOUTE confidence sous le sceau du secret est protégée – et vous voyez les conséquences d’une telle généralisation, ou bien vous considérez qu’il y a une obligation d’ordre public de dénonciation d’un crime qui va au-delà des accords particuliers. Mais vous ne pouvez pas accorder à la confession un statut particulier, au prétexte qu’il s’agit d’une obligation religieuse.

      [– L’histoire des viols à Centrale Paris. Où, quand on lit l’article, on comprend qu’il n’y a eu aucun signalement de quoi que ce soit, mais que ces informations n’ont pu “remonter” qu’à la suite d’une enquête anonyme.]

      C’est bien pire que ça. Il semblerait qu’il s’agisse d’une enquête faite par une association féministe du campus de CentraleSupélec (l’association « çapèse » dont je vous conseille la consultation du site, c’est très éclairant). Comme l’enquête n’est pas publiée – seuls certains résultats le sont – nous ne connaissons pas la méthodologie. Or, avant de tirer des conclusions sur des chiffres concernant des catégories telles que « viol » ou « agression sexuelle », il faut savoir non seulement comment les témoignages ont été recueillis, mais surtout comment ces catégories sont définies. Si vous incluez parmi les « agressions sexuelles » les « regards appuyés » (c’est ce qui a été fait dans une enquête récente) il est assez évident que le nombre « d’agressions sexuelles » dépend fortement de la subjectivité de chacun et de ses envies ou non de se sentir « agressé ». Hier, dans le métro, un mendiant m’a regardé de façon « appuyée ». Etais-ce une « agression sexuelle », ou simplement un désir de me voir mettre une pièce dans son gobelet ? Même problème avec le « viol ». Si l’on entend pas là tout acte sexuel non explicitement consenti, on va avoir beaucoup de « viols » tout simplement parce que dans les rapports entre les êtres humains le consentement n’est pas toujours explicité devant notaire. Ces techniques pour gonfler les chiffres ne sont pas nouvelles. Il existe un cas classique aux Etats-Unis, celui du « Wellesley Report » dont Christina Hoff-Sommers a démonté la mécanique.

      Personnellement, je ne crois pas un instant que les résultats publiés reflètent une réalité, du moins si l’on se tient aux définitions du Code pénal. On ne parle pas ici d’ouvrières qui ont peur de dénoncer leur patron. Les étudiants de CentraleSupélec appartiennent à la classe qui a tous les instruments intellectuels, financiers et juridiques pour aller devant la justice, et qui est le plus sensibilisée à ces questions. Qu’il n’y ait pas eu UN SEUL signalement alors qu’on nous parle de plus d’une dizaine de viols et une demie-centaine d’agressions sexuelles paraît pour le moins extraordinaire. Il est d’ailleurs remarquable qu’avec une telle fréquence, aucun membre du « club féministe » qui s’est chargé de l’enquête n’ait été victime ou témoin DIRECT des faits en question – car on suppose que si tel avait été le cas, elle aurait fait part du fait à la gendarmerie…

      [L’Ecole a effectué un signalement à la police, et, si j’ai bien compris, la brigade de gendarmerie compétente va essayer de remonter à la source des personnes ayant déclaré avoir été violées, alors même qu’elles n’avaient répondu oui qu’en échange d’un anonymat numérique…]

      Quand on lit les communiqués de l’Ecole, on voit combien les institutions sont aujourd’hui terrorisées par ce genre d’activisme. On n’est pas encore à Evergreen, mais ça commence à y ressembler drôlement.

      [Dans ce type d’enquête, il se peut fort que des personnes ayant, par exemple, eu des relations sexuelles, et l’ayant regretté quelques jours après, se convainquent à posteriori qu’il s’agissait d’un viol. Mais tout en ayant conscience que la personne qui les a “violé” n’avait pas conscience de le faire et qu’une plainte était donc totalement inopportune.]

      C’est exactement ce qu’explique Katie Roiphe dans un livre au titre évocateur : « The morning after : Sex, fear and feminism on campus ». Avec Paris-Saclay, nos gouvernants voulaient avoir un campus « à l’américaine ». J’ai l’impression que leurs désirs sont en train de se réaliser…

      [Et là-dedans, la direction de l’Ecole et la Police, avec leurs gros sabots, utilisent une enquête anonyme pour rechercher des qualifications pénales…]

      Je doute que l’Ecole ait très envie qu’on « trouve des qualifications pénales ». Elle a surtout peur qu’on puisse lui reprocher d’être passive ou de tolérer de tels agissements. On a vu les dégâts que cela a fait à Sciences-Po. Alors, elle veut montrer à tout le monde qu’elle est au contraire à la pointe du combat contre « les violences sexistes et sexuelles » avec l’espoir que les activistes iront voir ailleurs. Quant à la gendarmerie, elle n’a pas le choix : dès lors qu’un crime lui est signalé, elle est tenue d’enquêter y compris en cassant l’anonymat.

      Tout ça va finir – on l’a vu outre-atlantique – par tuer la vie de campus. C’est d’ailleurs ironique: ces dernières semaines, on a vu comment en Afghanistan on a séparé dans les universités les hommes et les femmes – chacun de son côté d’un rideau opaque. Va-t-on finir par faire la même chose sur nos campus ?

  13. Jopari dit :

    Je suis d’accord qu’une société où l’on honore quelqu’un, non parce qu’il a découvert de nouveaux faits scientifiques (à ce propos, quelle fut la couverture sur les prix Nobel récents en chimie, médecine et physique?), ni inventé un outil innovant, ni créé une entreprise proposant des produits et/ou des services utiles mais simplement à cause du bagout et de l’absence totale de scrupules qu’il a montré est en bonne voie sur le chemin de la décadence.
    Et le fait que cet homme est proposé en exemple en dit long sur l’ampleur de cette décadence.

  14. Patriote Albert dit :

    Pour me replonger un peu dans le passé, j’ai regardé le débat Tapie – Le Pen (père) de 1994. Il est déjà frappant de voir que Tapie avait été le seul à accepter ce débat, on a oublié à quel point Le Pen a été blacklisté sous des prétextes fallacieux (voir la déclaration de Jospin: “pendant toutes les années du mitterandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, et donc tout antifascisme n’était que du théâtre”). J’avais oublié aussi l’anticommunisme viscéral de Le Pen, qui ose assimiler Tapie au PC en les faisant passer tous les deux pour “la gauche”. Concernant Tapie, on voit bien en effet qu’il était un pur communiquant, car le seul message qu’il délivre est publicitaire: pleurniche sur l’immigration avec une photo de tirailleurs sénégalais, Europe fédérale (notamment pour régler le problème des “centaines de centrales nucléaires soviétiques qui risquent de nous péter à la gueule”!), entrée de l’ex-Yougoslavie dans l’UE pour résoudre la guerre des Balkans, défense de l’imagination, du rêve et de l’utopie contre “le raisonnement” des technocrates dans sa tirade finale… C’est le vide sidéral! Bon, on peut se consoler en se disant que ce triste personnage sera vite oublié et qu’il y a tout de même peu de chances qu’on érige des statues ou qu’on nomme des places à son nom… Pour l’anecdote, je fais toutes les semaines le point de l’actualité avec mes élèves de lycée, et aucun ne m’a mentionné son décès cette semaine.
     
    Sur un autre sujet, un sondage vient de sortir sur l’opinion des Français face à un certain nombre de grands choix économiques: https://drive.google.com/file/d/166NunQja3h-O0PDpWm8dJKT662z0XbjP/view . Les résultats ne sont pas inintéressants, car on voit bien que si les Français approuvent massivement certaines mesures importantes ou nécessaires, comme la relocalisation des productions stratégiques, l’imposition des multinationales ou le fait que la défense reste nationale et non européenne, dès qu’il s’agit de payer un prix aux mesures prises, le soutien baisse considérablement: opinion partagée sur la taxe carbone, minoritaire sur le renchérissement des importations pour compenser les dommages écologiques, refus du démantèlement des GAFAM… En revanche, le soutien au nucléaire reste non négligeable, avec même un quart des jeunes qui souhaitent qu’on en utilise davantage dans le mix électrique.

    • Descartes dit :

      @ Patriote Albert

      [Pour me replonger un peu dans le passé, j’ai regardé le débat Tapie – Le Pen (père) de 1994.]

      Vous êtes masochiste !

      [Il est déjà frappant de voir que Tapie avait été le seul à accepter ce débat, on a oublié à quel point Le Pen a été blacklisté sous des prétextes fallacieux]

      Pas si « fallacieux » que ça. Au PCF, on entendait qu’un débat avec Le Pen ne servait strictement à rien, sinon à donner au « menhir » une respectabilité. Et le débat de 1994 l’a largement prouvé. Le seul échange possible avec Le Pen, c’était la surenchère dans la démagogie.

      [J’avais oublié aussi l’anticommunisme viscéral de Le Pen, qui ose assimiler Tapie au PC en les faisant passer tous les deux pour “la gauche”.]

      En 1994, l’anticommunisme faisait encore recette. Et Le Pen – et la droite en général – n’était pas le seul à y avoir recours, loin de là. A gauche aussi, on y avait recours. Souvenez-vous de Duras traitant les communistes de « chiens » dans les colonnes de « Libération »…

      [Concernant Tapie, (…) Bon, on peut se consoler en se disant que ce triste personnage sera vite oublié et qu’il y a tout de même peu de chances qu’on érige des statues ou qu’on nomme des places à son nom…]

      Je ne crois pas qu’il sera si vite oublié, du moins pas partout. A Marseille, il risque de devenir une icône. Je vous conseille d’écouter les discours lors de ses obsèques à La Major…

      [Pour l’anecdote, je fais toutes les semaines le point de l’actualité avec mes élèves de lycée, et aucun ne m’a mentionné son décès cette semaine.]

      En dehors de Marseille, je pense en effet que son pouvoir d’attraction se limite aux générations qui l’ont connu – et qui l’associent à leur jeunesse.

      [Sur un autre sujet, un sondage vient de sortir sur l’opinion des Français face à un certain nombre de grands choix économiques : (…). Les résultats ne sont pas inintéressants, car on voit bien que si les Français approuvent massivement certaines mesures importantes ou nécessaires, comme la relocalisation des productions stratégiques, l’imposition des multinationales ou le fait que la défense reste nationale et non européenne, dès qu’il s’agit de payer un prix aux mesures prises, le soutien baisse considérablement: opinion partagée sur la taxe carbone, minoritaire sur le renchérissement des importations pour compenser les dommages écologiques, refus du démantèlement des GAFAM…]

      Classique… on aime faire les choses bien, à condition que ça coute rien à personne…

      [En revanche, le soutien au nucléaire reste non négligeable, avec même un quart des jeunes qui souhaitent qu’on en utilise davantage dans le mix électrique.]

      Oui, mais là encore on trouve les chiffres habituels. Par contre, vous noterez la planche sur la protection sociale. A la question : « Selon vous, la France doit-elle augmenter son niveau de protection sociale (revenu universel ou RSA jeune ou dépendance, etc.), ce qui signifie plus de cotisations sociales et plus de dépenses publiques ? » les deux tiers répondent « non », et ce sont les CSP- et les vieux qui sont les plus ardents opposants à cette mesure.

      Il est vrai que les exemples de « protection sociale » sont assez particuliers : il s’agit dans tous les cas de prestations de soutien au revenu, et on a évité de prendre des prestations assurantielles, comme la Sécurité sociale ou le chômage… mais ce rejet de la protection collective m’interpelle !

      • Cording1 dit :

        Comme la théorie économique du ruissellement des néolibéraux depuis Thatcher et Reagan est fausse il va falloir augmenter les impôts de toutes les catégories sociales qui ont bénéficié indûment des baisses d’impôts depuis 1983 chez nous, surtout faites à crédit pour faire croire qu’il n’y a plus d’argent pour maintenir une protection sociale de bon niveau mais avec des trous de plus en plus larges.
        La classe politique a eu recours à de couteuses politiques sociales pour mieux faire passer la pilule amère des choix néolibéraux depuis 1983 sous alibi européen avec notamment le dogme de la monnaie forte à tout prix d’où une large désindustrialisation quand nos industries n’ont pas été délibérément bradées par Macron, Ministre des finances de Hollande, telle Alstom-énergie en 2014 suite au chantage du softpower étatsunien. Dès 1981 les socialistes étaient acquis au néolibéralisme cf “Fake state” de l’économiste Frédéric Farah.

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [Comme la théorie économique du ruissellement des néolibéraux depuis Thatcher et Reagan est fausse il va falloir augmenter les impôts de toutes les catégories sociales qui ont bénéficié indûment des baisses d’impôts depuis 1983 chez nous, surtout faites à crédit pour faire croire qu’il n’y a plus d’argent pour maintenir une protection sociale de bon niveau mais avec des trous de plus en plus larges.]

          Je ne le formulerai pas comme ça. Il est clair qu’on est dans une situation surréaliste où une partie de la société vit très largement au-dessus de ce qu’elle produit et peut même constituer des réserves d’épargne massives, alors que de l’autre côté on appauvrit en permanence les services publics. Il faudrait donc prélever sur le niveau de vie de ces couches sociales pour redistribuer. Mais cela ne se fait pas nécessairement par l’impôt. Il y a d’autres méthodes : l’inflation, par exemple, fut le moyen de procéder à « l’euthanasie des rentiers » – pour reprendre le mot de Keynes – après les guerres mondiales. Des services publics monopoliques utilisant leur pouvoir de fixation des tarifs pour faire de la redistribution par le biais de la péréquation sont un autre moyen – pensez à l’électrification de la France, ou les grandes villes et les clients « rentables » ont payé pour les régions périphériques.

          Le débat sur les impôts est un débat réducteur. Le véritable débat est celui de la redistribution.

          [La classe politique a eu recours à de couteuses politiques sociales pour mieux faire passer la pilule amère des choix néolibéraux depuis 1983 sous alibi européen avec notamment le dogme de la monnaie forte à tout prix d’où une large désindustrialisation quand nos industries n’ont pas été délibérément bradées par Macron, Ministre des finances de Hollande, telle Alstom-énergie en 2014 suite au chantage du softpower étatsunien.]

          Là encore, il ne faut pas céder à la tentation de tout charger sur la dernière mule. Macron n’a fait que prolonger les politiques mises en œuvre à partir du milieu des années 1980, et Alstom n’est que le dernier dans une très longue liste d’entreprises démantelées ou vendues à la découpe par tous les gouvernements qui se sont succédés, et avec la bénédiction des élites économiques, politiques et médiatiques dans leur ensemble. Maudire Macron à chaque phrase – comme le font certains politiques, d’autant plus fort qu’ils ont dans leur jeunesse voté « oui » à Maastricht et soutenu le tournant de la rigueur, été ministres sous Jospin et donné leur voix à Hollande – ne fait qu’occulter cette continuité.

          • Cording1 dit :

            En effet au début je parlais de la classe dirigeante dont Macron est le dernier actuellement au pouvoir. Des politiques néfastes des 4 derniers présidents Chirac inclus voire Mitterrand puisque c’est avec lui et ses amis socialistes qu’ont été mises en pratique les politiques néolibérales sous alibi européen.
            D’autre part l’euthanasie des rentiers par l’inflation doit être aussi une méthode mais permettra aussi bien de réduire l’importance de la dette rendue exorbitante par les taux d’intérêts servi aux prêteurs depuis 40 ans. Je me souviens avoir lu une étude selon laquelle ils contribuaient pour les 2/3 de la dette actuelle. 

            • Descartes dit :

              @ Cording1

              [En effet au début je parlais de la classe dirigeante dont Macron est le dernier actuellement au pouvoir. Des politiques néfastes des 4 derniers présidents Chirac inclus voire Mitterrand puisque c’est avec lui et ses amis socialistes qu’ont été mises en pratique les politiques néolibérales sous alibi européen.]

              Vous pouvez même remonter aux dernières années du septennat de Giscard. Ce qui est remarquable, c’est la continuité de ces politiques malgré les alternances. C’est en ce sens que je trouve injuste de tout mettre sur le dos de Macron. Injuste et dangereux, parce que cela occulte les responsabilités des uns et des autres. J’aimerais entendre Mélenchon nous expliquer comment et pourquoi il a soutenu le « tournant de la rigueur » ou le traité de Maastricht. Vous noterez qu’il est remarquablement discret sur ces questions.

              [D’autre part l’euthanasie des rentiers par l’inflation doit être aussi une méthode mais permettra aussi bien de réduire l’importance de la dette rendue exorbitante par les taux d’intérêts servi aux prêteurs depuis 40 ans. Je me souviens avoir lu une étude selon laquelle ils contribuaient pour les 2/3 de la dette actuelle.]

              La « rente », c’est la contrepartie de la dette. L’inflation a « euthanasié les rentiers » en rendant négatifs les taux de retour réels sur la dette.

  15. Geo dit :

    Nous sommes, vous le savez, un pays de paysans durs à la tâche lorsqu’ils ont un but mais qui n’aiment pas les risques.”
    Aujourd’hui, nous sommes plus probablement un pays de vieux qui n’aiment pas les risques.

    • Descartes dit :

      @ Geo

      [Aujourd’hui, nous sommes plus probablement un pays de vieux qui n’aiment pas les risques.]

      Je suis toujours étonné d’entendre cet argument qu’on sort comme si c’était une vérité d’évidence. Il n’y a en théorie aucune raison pour penser que les vieux soient plus averses au risque que les jeunes. Après tout, moins il nous reste à vivre, et plus l’enjeu de la prise de risque est faible. Pour un jeune, dire “merde” à son chef est un gros risque, mais lorsqu’on est à trois mois de la retraite, on peut tout se permettre. Quant à l’expérience historique, elle fournit des exemples contradictoires. Pensez à De Gaulle et aux risques qu’il a pris en 1958… à 70 ans!

      • Cording1 dit :

        Plus précisément à 68 ans il n’envisageait pas de commencer une carrière de dictateur comme une partie de la gauche l’en accusait.
        Il est à noter que les jeunes dont l’avenir est le plus incertain sont ceux qui votent le moins. Comme s’ils avaient compris qu’ils n’ont rien de bon à attendre de notre actuelle classe dirigeante. On peut tenir un raisonnement identique pour les abstentionnistes de plus en plus nombreux à chaque élection.

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [Il est à noter que les jeunes dont l’avenir est le plus incertain sont ceux qui votent le moins. Comme s’ils avaient compris qu’ils n’ont rien de bon à attendre de notre actuelle classe dirigeante.]

          Je pense surtout qu’ils ont compris que le rapport de forces leur est tellement défavorable qu’il n’y a aucune chance d’arracher à la classe dominante des concessions. La classe dominante des années 1950 n’était pas plus sympathique envers les couches populaires que les classes dominantes des années 2020. Simplement, le rapport de force était différent.

          • Cording1 dit :

            A l’époque des années 50 les classes dominantes étaient encore sous l’influence et les effets du programme du CNR. Elles avaient bien plus que maintenant le souci des couches populaires et moyennes dont l’actuelle classe dirigeante se moque éperdument. Le PCF et la CGT étaient leurs puissants défenseurs. 

            • Descartes dit :

              @ Cording1

              [A l’époque des années 50 les classes dominantes étaient encore sous l’influence et les effets du programme du CNR. Elles avaient bien plus que maintenant le souci des couches populaires et moyennes dont l’actuelle classe dirigeante se moque éperdument.]

              Certes. Mais ce “souci” n’avait rien à voir avec leur grandeur d’âme, et encore moins à l’influence du programme du CNR. S’ils se “souciaient” des couches populaires, c’est parce que le rapport de forces entre capital et travail leur était relativement favorable. D’une part, parce que dans la forte croissance de l’époque, la main d’œuvre qualifiée était une denrée rare qu’il fallait donc choyer si on ne voulait pas qu’ils aillent travailler chez un concurrent. Et aussi parce que les couches populaires étaient organisées et représentées par des organisations politiques et syndicales puissantes qui pouvaient prendre appui sur ce rapport de forces.

              Le libre-échange, la globalisation, le progrès technique a inversé ce rapport de forces. C’est pourquoi les classes dominantes peuvent se permettre le luxe d’ignorer les couches populaires.

  16. Cording1 dit :

    La droite ne risque pas d’exploser parce qu’elle est en voie d’implosion : elle est Macron-compatible. En effet avec Edouard Philippe puis Jean Castex, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin Macron fait la politique que la droite voulait faire sans oser la faire. Il est probable qu’avec la prochaine campagne électorale Macron achève la démolition du paysage politique avec la droite qui agonise. Macron a réalisé de façon concrète le consensus droite/gauche qui n’osait pas s’avouer, UE oblige. Entre Filllon et Macron il n’y avait que peu de différences au niveau programmatique. Le premier était un politicien classique de droite, l’autre un aventurier arrivé par effraction mais avec un fort soutien de l’oligarchie pour adapter la France à l’Europe et la mondialisation néolibérales. Macron a réalisé la synthèse de la bourgeoisie de droite et de gauche qui feignaient de s’opposer depuis 1983; le quinquennat Hollande met fin à un cycle historique entamé par le congrès d’Epinay en 1971. 

    • Descartes dit :

      @ Cording1

      [La droite ne risque pas d’exploser parce qu’elle est en voie d’implosion : elle est Macron-compatible.]

      Je pense que c’est là une erreur d’analyse. On ne le répétera jamais assez : Macron est issu DE LA GAUCHE, l’essentiel de ses ministres viennent DE LA GAUCHE et ses politiques sont dans la continuité de celles d’un Hollande ou d’un Jospin : libéraux en matière économique est sociale, libertaires en matière sociétale. Je mets au défi quiconque de me montrer une rupture entre Hollande et Macron.

      Bien sûr, il y a des individualités à droite qui sont venus parce que la soupe était bonne. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois : Michel Rocard, quand il fut ministre de François Mitterrand, avait aussi dans son gouvernement des ministres de droite (Soissons, Durafour…). Mais ce ne sont pas eux qui donnent l’orientation générale.

      [En effet avec Edouard Philippe puis Jean Castex, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin Macron fait la politique que la droite voulait faire sans oser la faire.]

      Pas vraiment. La droite, la vraie, est obsédée par les déficits et les effectifs de la fonction publique, deux points sur lesquels Macron n’a rien fait qui ne soit dans la droite ligne hollandaise. Et je ne me souviens pas que la droite, la vraie, soit très favorable à la PMA pour tous.

      [Macron a réalisé la synthèse de la bourgeoisie de droite et de gauche qui feignaient de s’opposer depuis 1983 ; le quinquennat Hollande met fin à un cycle historique entamé par le congrès d’Epinay en 1971.]

      Tout à fait. Mais vous noterez qu’il a été l’apanage d’un politicien venu de la gauche, avec une équipe venue de la gauche, qui a réalisé cette synthèse…

      • Cording1 dit :

        Il est parfaitement exact que la structure fondamentale du parti macronien vient de la gauche et plus spécialement du parti socialiste et pas seulement de son aile droitière. Macron a tué le PS et s’apprête à tuer les LR. Les ministres les plus “sérieux” viennent des LR;  Il n’en demeure pas moins que sur le plan économique toute la droite est Macron-compatible. La seule différence est sur les questions de sociétés mais là elle est minoritaire dans l’opinion. Voyez une Christine Boutin et un Jean-Frédéric Poisson ( économiquement Macron-compatibles) voire un FX Bellamy qui a essuyé un bel échec aux européennes de mai 2019 parce que la bourgeoisie de droite a préféré son argent avec Macron à ses valeurs comme Fillon dont le programme économique en 2017 ressemblait fort à celui de Macron. L’autre partie de l’électorat de droite celui du métro à 5 heures selon l’expression de Malraux est parti ailleurs, au FN/RN par exemple. Celui que le duo Seguin-Pasqua arrivait encore à garder non sans mal. Chirac et les siens en ont perdu la plupart comme ils ont liquidé le gaullisme.

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [Les ministres les plus “sérieux” viennent des LR;]

          Ah bon ? En quoi Le Maire est plus « sérieux » que Le Drian ? En quoi Darmanin est plus « sérieux » que Parly ?

          [Il n’en demeure pas moins que sur le plan économique toute la droite est Macron-compatible.]

          En quoi la droite est sur le plan économique plus Macron-compatible que Hidalgo-compatible ou Jadot-compatible ? Je ne vous parle pas de promesses, bien sûr, mais des actes. Tous ces gens ont soutenu la politique économique de Hollande, ils ont voté « oui » à Maastricht et au TCE. Vous pensez vraiment que s’ils étaient élus leur politique économique serait très différente de celle de Macron ?

          Dire que « sur le plan économique la droite est Macron compatible » c’est occulter le fait que sur le plan économique, la gauche l’est aussi. Macron, c’est la politique du « bloc dominant ». Mais contrairement à ce qui pouvait se passer dans les années 1950, aujourd’hui les classes dominantes sont autant « à gauche » que « à droite »…

          [comme Fillon dont le programme économique en 2017 ressemblait fort à celui de Macron.]

          Je pense qu’il y a dans la droite une véritable ligne de division, qui porte sur la question de la dette. D’un côté vous trouverez les classes intermédiaires, dont le niveau de vie est largement financé par la dette, et qui n’ont donc aucune envie de se serrer la ceinture. De l’autre, une bourgeoisie plus « traditionnelle », souvent rentière, et qui se rend compte que plus on creuse la dette, plus les chances qu’elle soit payée un jour sont faibles. Le premier groupe favorise des politiques de crédit généreuses, le deuxième une véritable austérité fiscale.

          Macron représente plutôt le premier groupe, Fillon le second… et sa défaite marque d’une certaine façon le pouvoir des classes intermédiaires dans le bloc dominant.

          • Cording1 dit :

            Pour moi la seule différence entre Fillon et Macron est sur les sujets d’ordre sociétal. Et encore à choisir son électorat préfère ses intérêts économiques à ses valeurs. Quant à la dette la position de la droite, celle des LR, est la nécessité de faire des politiques d’austérité pour payer des dettes qu’elle ne veut pas voire comme impayables en raison de leurs importances.
            Comme il y a depuis longtemps un consensus droite/gauche il est vain de faire des différences qui n’existent pas. Cela explique bien le ralliement de membres des LR à Macron, les autres n’osent pas mais c’est tout comme. Les électeurs ne s’y trompent pas. Tel ou tel LR peut toujours essayer de faire illusion.
            Point n’est besoin d’évoquer la gauche qui est comme la droite largement Macron-compatible à tous égards, économiquement et sociétalement. Raisons pour lesquelles Macron peut espérer être réélu.
            En tous cas il faut au moins rendre un peu justice à Mélenchon c’est d’avoir largement contribué du côté de la gauche et de l’électorat de gauche à la victoire du NON le 29 mai 2005; malgré son relatif succès de mai 2017 il s’est auto-détruit par son comportement et ses choix depuis .  

            • Descartes dit :

              @ Cording1

              [Pour moi la seule différence entre Fillon et Macron est sur les sujets d’ordre sociétal.]

              C’est simplifier par trop les choses. Sur la construction européenne, il y a une certaine distance entre le euroréaliste Fillon et l’eurolâtre Macron. Sur la question budgétaire, Fillon est plus proche de la bourgeoisie rentière qui veut l’orthodoxie fiscale, alors que Macron est bien plus proche de la bourgeoisie financière, qui se remplit les poches avec le crédit pas cher.

              [Et encore à choisir son électorat préfère ses intérêts économiques à ses valeurs.]

              Ca, c’est le cas de tous les électorats…

              [En tous cas il faut au moins rendre un peu justice à Mélenchon c’est d’avoir largement contribué du côté de la gauche et de l’électorat de gauche à la victoire du NON le 29 mai 2005;]

              Je ne vois pas pourquoi il faudrait réécrire l’histoire pour lui faire plaisir. En 2005, Mélenchon est un obscur sénateur socialiste, connu surtout dans les batailles d’appareil au Parti socialiste – ou il dirige le courant « pour la république sociale » après être passé par le « Nouveau monde » d’Henri Emmanuelli. S’il prend position pour le « non » au TCE, dire qu’il a « largement contribué » à la victoire est très exagéré. Remarquez, si l’on dit qu’il a « largement contribué » au rejet du TCE, il faudrait alors aussi dire qu’il a « largement contribué » à la ratification de Maastricht…

          • Ian Brossage dit :

            @Descartes

            De l’autre, une bourgeoisie plus « traditionnelle », souvent rentière, et qui se rend compte que plus on creuse la dette, plus les chances qu’elle soit payée un jour sont faibles. Le premier groupe favorise des politiques de crédit généreuses, le deuxième une véritable austérité fiscale.

            Qu’appelez-vous « austérité fiscale » ? Stricto sensu, si l’on veut limiter ou rembourser la dette, la logique voudrait qu’on augmente les rentrées fiscales de l’État. Or ce n’est pas du tout ce que propose la bourgeoisie traditionnelle de droite, à ma connaissance.
             
            En fait, cette bourgeoisie traditionnelle est obsédée moins par la dette que par le budget de l’État et de la fonction publique. Lorsqu’il s’agit d’octroyer des exonérations ou des subventions diverses aux entreprises, elle n’est pas vraiment avare des deniers de l’État.
             

            • Descartes dit :

              @ Ian Brossage

              [Qu’appelez-vous « austérité fiscale » ? Stricto sensu, si l’on veut limiter ou rembourser la dette, la logique voudrait qu’on augmente les rentrées fiscales de l’État. Or ce n’est pas du tout ce que propose la bourgeoisie traditionnelle de droite, à ma connaissance.]

              L’austérité fiscale, c’est la baisse simultanée des dépenses et des recettes. Exactement ce que la droite libérale réclame depuis des lustres: moins d’impôts, moins de déficits (et donc moins de dépenses…).

              [En fait, cette bourgeoisie traditionnelle est obsédée moins par la dette que par le budget de l’État et de la fonction publique. Lorsqu’il s’agit d’octroyer des exonérations ou des subventions diverses aux entreprises, elle n’est pas vraiment avare des deniers de l’État.]

              Bien entendu. Il ne s’agit pas de diminuer TOUTES les dépenses. Seulement celles qui ne lui profitent pas.

            • Ian Brossage dit :

              @Descartes
               

              L’austérité fiscale, c’est la baisse simultanée des dépenses et des recettes. Exactement ce que la droite libérale réclame depuis des lustres: moins d’impôts, moins de déficits (et donc moins de dépenses…).

              On voit bien que c’est une position incohérente : si l’objectif principal est moins de déficits, on ne baisse pas les impôts. Et quand la droite (plus ou moins libérale) arrive au pouvoir, on voit bien qu’elle ne fait jamais baisser les déficits (par contre, oui, elle baisse les impôts, ou au moins certains d’entre eux). La baisse des déficits, dans le discours politique, est rarement plus qu’un prétexte pour affaiblir la puissance publique.

            • Descartes dit :

              @ Ian Brossage

              [On voit bien que c’est une position incohérente : si l’objectif principal est moins de déficits, on ne baisse pas les impôts.]

              Pardon: on peut baisser les déficits en baissant les dépenses plus vite qu’on ne baisse les recettes. Et c’est ce que la droite essaye de faire. Et elle n’a pas si mal réussi, sauf sous Sarkozy parce que la crise de 2008 a rendu une politique keynésienne inévitable.

  17. Geo dit :

    @Descartes
    “Il n’y a en théorie aucune raison pour penser que les vieux soient plus averses au risque que les jeunes. Après tout, moins il nous reste à vivre, et plus l’enjeu de la prise de risque est faible.”
    En théorie, ça se tient. Reste que la prise de risque est empiriquement plutôt le fait d’êtres jeunes. Le sentiment d’avoir le temps et la capacité de se remettre d’un échec doit y être pour quelque chose. Une fracture n’est pas envisagée de la même façon à 20 ans qu’à 60 ans, c’est dans l’ordre.
     

    • Descartes dit :

      @ Geo

      [“Il n’y a en théorie aucune raison pour penser que les vieux soient plus averses au risque que les jeunes. Après tout, moins il nous reste à vivre, et plus l’enjeu de la prise de risque est faible.” En théorie, ça se tient. Reste que la prise de risque est empiriquement plutôt le fait d’êtres jeunes.]

      J’attends toujours de voir les données. Je vous accorde que les jeunes sont plus enclins à prendre des risques PHYSIQUES – grimper aux arbres, faire de l’alpinisme ou de la plongée sous-marine, courser un voleur – et c’est assez logique, puisqu’avec l’âge on fait de moins en moins confiance à son corps. Mais nous sommes dans une société ou l’aspect « physique » est de moins en moins déterminant. A l’heure de prendre un risque professionnel ou politique, je ne vois aucune donnée qui permette de postuler que les jeunes sont plus prêts à prendre des risques que les vieux.

      Je pense que vous confondez « conservatisme » avec « aversion au risque ». Il est vrai que les vieux, qui ont connu le passé, ont plus tendance à vouloir conserver les objets, les habitudes, les règles de leur jeunesse. Mais dans un monde en mutation constante, « conserver » n’est pas moins risqué que « changer ». Qui a pris le risque le plus grand, les généraux qui voulaient faire la guerre en 1940 comme on la faisait en 1918, ou ceux qui proposaient des conceptions nouvelles ?

      • cdg dit :

        “Qui a pris le risque le plus grand, les généraux qui voulaient faire la guerre en 1940 comme on la faisait en 1918, ou ceux qui proposaient des conceptions nouvelles ?”
        Je suis persuade que Gamelin et tout l etat major francaise de 1939 vous aurait repondu que c etait une stupidité de faire une guerre eclair, que les chars se feraient hacher menu par l artillerie (comme en 17) ou l aviation. D ailleurs les italiens avaient essayé en espagne et ca aavait ete un echec (https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Guadalajara)

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [Je suis persuade que Gamelin et tout l etat major francaise de 1939 vous aurait repondu que c etait une stupidité de faire une guerre eclair, que les chars se feraient hacher menu par l artillerie (comme en 17) ou l aviation.]

          Certainement. Mais mon point est que la “prise de risque” est une notion bien plus complexe que vous ne la faites. Celui qui en 1939 défendait la guerre de mouvements prenait un risque politique immédiat plus grand en allant contre le courant, mais l’histoire retient son nom. Les conformistes comme Gamelin prenaient un risque immédiat plus faible puisqu’ils avaient l’opinion avec eux, mais leur nom est aujourd’hui synonyme de stupidité et d’imprévision. Et ce raisonnement n’a rien à voir avec l’âge. On peut soutenir qu’un vieux a moins de temps à vivre qu’un jeune – et qu’il est donc plus intéressé par le court terme. Mais dans le sens contraire, on peut imaginer qu’un vieux est plus sensible à la trace qu’il laissera dans l’histoire qu’un jeune. On ne peut donc pas déduire de manière évidente que les vieux seraient plus ou moins sensibles aux différents types de risques.

          D’ailleurs, la confrontation entre les partisans de la guerre éclair et ceux de la guerre de positions n’est pas une confrontation de générations: en 1940, De Gaulle a cinquante ans.

  18. luc dit :

    Arnaud Montebourg sur Europe1 brillait de mille feux ce dimanche matin face à Sonia Mabrouk.
    Restructuration de l’UE,primauté de l’intérêt des nations dans l’UE;souveraineté du droit national,protectionisme,patriotisme économique,soutien au nucléaire civil,c’est déjà pas mal!
    Pourquoi le PS a tout fait pour miniliser son rôle quand il était,membre du PS allant jusqu’à faire croire qu’il était issu d’une famille de ci-devant l’appelant régulièrement dans la communication interne au PS Arnaud de Montebourg?
    Comment expliquer autrement que sa popularité dans l’électorat PS soit si faible alors qu’Hidalgo est si terne ?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Comment expliquer autrement que sa popularité dans l’électorat PS soit si faible alors qu’Hidalgo est si terne ?]

      En se disant que la dernière chose que l’électorat PS veut est “la restructuration de l’UE, la primauté de l’intérêt des nations dans l’UE, la souveraineté du droit national, le protectionnisme, le patriotisme économique, le soutien au nucléaire civil”, par exemple…

      Vous semblez croire que l’ensemble de la gauche – et l’électorat PS en particulier – veut ce que vous voulez. Mais ce n’est pas le cas. L’électorat de gauche est d’abord issu des classes intermédiaires, c’est à dire de celles qui ont le plus à perdre et le moins à gagner si les politiques que Montebourg défend venaient à être mises en œuvre. Il est donc parfaitement normal que l’électorat PS préfère les discours eurolâtres et libéraux-libertaires d’un Jadot ou d’une Hidalgo plutôt que ceux de Montebourg. Et point n’est besoin pour cela que la communication du PS – qui n’est que l’ombre de ce qu’elle fut – fasse de Montebourg un “ci devant”…

    • Cording1 dit :

      Il est parfaitement logique que Montebourg ne soit pas populaire dans l’électorat socialiste. En effet pour la plupart il est Macron-compatible, la sociologie du PS est celle de la bourgeoisie des métropoles qui sont gagnante ( ou se croient du fait de la fausse conscience de leur situation réelle comme le monde enseignant) de l’UE et de la mondialisation néolibérales. L’électorat EELV en est le complément celui de la petite bourgeoisie des CPIS. 
      Tout le programme de Montebourg est étranger aux préoccupations des socialistes du moins ceux qui se reconnaissent dans ce qui reste du PS. Il s’adresse à des catégories populaires qui ne sont plus du tout au PS et pour longtemps. Le PS est mort comme bien des partis au cours de notre histoire parce qu’il n’est plus fidèle à sa raison d’être ou bien pour les autres que leur programme a été réalise cf le Parti Radical si fort sous la 3è puis 4è République.

  19. marc malesherbes dit :

     
     
    bravo pour votre billet sur B Tapie. Le voir encenser par tous jusqu’à Fabien Roussel m’était vraiment pénible …

    une question: il y a longtemps, vous disiez à peu près (de mémoire) qu’il était normal et bien que les candidats fassent des promesses intenables pour être élus.
    A Hidalgo, dont on ne parle pas beaucoup dans ce blog, a sans doute suivi vos conseils. Sociale elle promet de doubler le salaire des enseignants, de baisser le prix des carburants …
    Pensez-vous que ce type de promesses entre dans ce qu’il est “bien” de faire lors d’une élection ?
     

    • Descartes dit :

      @ marc malesherbes

      [une question: il y a longtemps, vous disiez à peu près (de mémoire) qu’il était normal et bien que les candidats fassent des promesses intenables pour être élus.]

      Votre mémoire vous trahit. Je n’ai jamais dit que c’est « bien » ou c’est « mal ». J’ai dit que c’est INEVITABLE. Que cela fait partie des rituels par lesquels les politiques font la cour aux électeurs. Pour reprendre l’exemple que je donnais à l’époque, cela ne vous est jamais arrivé, lorsque vous faisiez la cour à une jeune fille, de lui promettre de décrocher la lune pour elle ? Bien sûr, ce sont des choses qu’on dit parce qu’il faut le dire. Ni vous ni la jeune fille n’y croyiez vraiment. Mais le dire fait partie d’un rituel et si vous ne l’aviez pas dit, la jeune fille n’aurait pas cédé à vos avances…

      Diriez-vous que c’est « normal et bien » de promettre la lune à une jeune fille ? Moi si. Si nous nous contentions en société de dire toujours la vérité, de ne faire que les promesses que nous sommes surs de pouvoir – et de vouloir – tenir, la vie serait beaucoup plus triste, plus formelle, plus désagréable qu’elle ne l’est. Les fictions ont leur utilité…

      [A Hidalgo, dont on ne parle pas beaucoup dans ce blog, a sans doute suivi vos conseils. Sociale elle promet de doubler le salaire des enseignants, de baisser le prix des carburants … Pensez-vous que ce type de promesses entre dans ce qu’il est “bien” de faire lors d’une élection ?]

      Bien entendu. Pensez-vous vraiment que quelqu’un est dupe ? Qu’il se trouve un seul citoyen pour croire que si Hidalgo était élue demain, les prix à la pompe baisseraient et le salaire des enseignant doublerait ?

      Si les promesses d’Hidalgo sont « mauvaises », ce n’est pas parce qu’elles sont irréalisables, mais parce qu’elles sont invraisemblables. L’art du politique – comme celui du séducteur – et de faire des promesses suffisamment attractives pour donner à l’électeur envie de le suivre, et suffisamment vraisemblables pour que le citoyen puisse faire semblant d’y croire sans se ridiculiser. Qu’Hidalgo en soit réduite à faire des promesses tellement démagogiques que personne – même avec la meilleure volonté du monde – ne puisse faire semblant d’y croire ne fait que montrer sa méconnaissance du peuple qu’elle prétend gouverner.

      • Jopari dit :

        [Qu’Hidalgo en soit réduite à faire des promesses tellement démagogiques que personne – même avec la meilleure volonté du monde – ne puisse faire semblant d’y croire ne fait que montrer sa méconnaissance du peuple qu’elle prétend gouverner.]
        Au vu des promesses faites en 2012 (plans énergétique allant à l’encontre de toute rationalité économique et physique), 2017 (fin de la taxe d’habitation) et pour les municipales (à Paris, on avait le choix entre les forets urbaines, la Gare du Nord remplacée par un parc géant, 10,000€ pour chaque ménage achetant un logement dans la ville – et Rachida Dati), je pense que le niveau de démagogie autorisé a malheureusement augmenté.

        • Descartes dit :

          @ Jopari

          [Au vu des promesses faites (…)]

          A votre avis, quel est le pourcentage d’électeurs qui ont cru aux promesses de leur candidat, et qui ont fondé leur choix sur cette croyance ? Les gens ne sont pas idiots, ils savent que la promesse électorale est un exercice imposé, un exercice de séduction.

  20. Geo dit :

    @Descartes
    “Nous devons des égards aux vivants. Aux morts, nous ne devons que la vérité” (Voltaire)
    On est peut-être devenu incapable en politique de se tenir à la hauteur de ce qu’implique de dureté cette simple maxime. (Nous sommes devenus officiellement gentils, à part avec Colbert ou Napoléon.)

    • Descartes dit :

      @ Geo

      [(Nous sommes devenus officiellement gentils, à part avec Colbert ou Napoléon.)]

      Vous venez là sur un terrain qui m’est cher, celui de l’infantilisation. Car c’est le propre de l’enfant d’avoir des sentiments exacerbés, sans nuances, d’être soit très gentil, soit très méchant selon les moments…

      • BolchoKek dit :

        @ Descartes
         
        [Vous venez là sur un terrain qui m’est cher, celui de l’infantilisation. Car c’est le propre de l’enfant d’avoir des sentiments exacerbés, sans nuances, d’être soit très gentil, soit très méchant selon les moments…]
         
        D’ailleurs, as-tu lu Christopher Lasch, “La culture du narcissisme” ? Je suppose que oui, mais on ne sait jamais, ça reste à mon avis la référence sur le sujet. Et écrit en 1979, ce qui montre une extraordinaire clairvoyance de l’auteur…

        • Descartes dit :

          @ BolchoKek

          [D’ailleurs, as-tu lu Christopher Lasch, “La culture du narcissisme” ? Je suppose que oui, mais on ne sait jamais, ça reste à mon avis la référence sur le sujet. Et écrit en 1979, ce qui montre une extraordinaire clairvoyance de l’auteur…]

          Oui, mais il y a très, très longtemps. J’avais beaucoup aimé ses analyses, qui pas mal influencé mon propre parcours.

    • marc malesherbes dit :

       
      @geo

      “Nous devons des égards aux vivants. Aux morts, nous ne devons que la vérité” (Voltaire)

      Belle maxime, mais le problème dans cette maxime, c’est ce que signifie “devoir la vérité” et “vérité”
      Connaissez-vous le contexte de cette maxime ?
      (pour mieux savoir ce que voulait dire Voltaire)
      (mon préjugé est que Voltaire voulait seulement faire une belle phrase. Il aimait les traits d’esprit, il avait des convictions, mais cela n’allait guère au-delà)

       

      • Descartes dit :

        @ marc malesherbes

        [Belle maxime, mais le problème dans cette maxime, c’est ce que signifie “devoir la vérité” et “vérité” Connaissez-vous le contexte de cette maxime ?]

        Oui. Elle figure dans une note posthume dans une lettre de Voltaire sur sa tragédie “Oedipe”. Il fait référence au fait que dans la publication de la lettre on avait omis un paragraphe particulièrement critique des vers de l’abbé de Chaulieu “parce qu’on ne voulut pas l’affliger”. Il semblerait que l’abbé en question était vivant du temps ou la lettre a été écrite, d’où la remarque de Voltaire, qui rétablit l’intégralité du texte alors que l’abbé n’est plus vivant pour en souffrir.

        Je ne pense pas que chez Voltaire cette maxime relève simplement d’une volonté esthétique ou de son plaisir à faire de l’esprit. Elle reflète pour moi l’essence du personnage, son humanité. Contrairement à certains de ses contemporains (on pense à Rousseau) pour quoi tout compromis sur la vérité était détestable, Voltaire admet qu’on puisse la “tordre” par égard pour la souffrance des personnes. Ce n’est qu’une fois qu’elles ne sont plus là pour souffrir que tout compromis est exclu.

        • marc malesherbes dit :

          merci pour l’information qui me permet de mieux comprendre la phrase de Voltaire
          nb: j’en tire la déduction que quand Voltaire parle de “vérité”, il veut simplement dire “relations des faits” et non “vérité” au sens philosophique générique. Cela me va d’ailleurs bien.

  21. Simon dit :

    [Arrêtons d’enseigner à nos enfants le français, les mathématiques, l’histoire, la géographie, la physique. Enseignons-leur plutôt le culot, la ruse, le bagout. ]
    Cela s’appelle une école de commerce, et peut délivrer des titres universitaires (remarquez, pas sûr que le marketing produise moins de savoirs que la sociologie).
     
    Le primat de la communication est horripilant, vu que le forme supplante le fond, au lieu de simplement le mettre en valeur. Proposer une idée nouvelle et a priori rentable et possible et entendre “ce n’est pas le template corporate” au lieu de “sur le fond voici mes critiques, sur la forme merci d’utiliser les documents-types mis à disposition” me fait douter de la compétence de mes supérieurs.
     
    Sur les viols à Centrale, cela sent le remord post-coucherie alcoolisée, et je n’ai pas bien compris qui viole qui quand une fille ivre couche avec un gars ivre. Le problème vient plutôt de la culture de libération sexuelle (ou alors il faut assumer ses présupposés et accepter que le viol est une agression parmi d’autres, ce qui est une position cohérente à défaut d’être la mienne). Les résultats qui m’inquiètent dans cette “enquête”, ce sont les 20 non binaires sur 650, et les 8 hommes “violés”, curieux de savoir si c’est par des hommes ou des femmes.

    • Descartes dit :

      @ Simon

      [« Arrêtons d’enseigner à nos enfants le français, les mathématiques, l’histoire, la géographie, la physique. Enseignons-leur plutôt le culot, la ruse, le bagout. » Cela s’appelle une école de commerce, et peut délivrer des titres universitaires (remarquez, pas sûr que le marketing produise moins de savoirs que la sociologie).]

      Je dirais plutôt que cela s’appelle Sciences-Po. Les écoles de commerce au moins enseignent l’économie et le droit des affaires… 😉

      [Le primat de la communication est horripilant, vu que le forme supplante le fond, au lieu de simplement le mettre en valeur.]

      Ce n’est pas tant que la forme supplante le fond, mais que la forme tire le fond. Je suis toujours étonné dans mon travail de voir l’autorité politique se tourner à droite et à gauche en se demandant « qu’est-ce que je peux bien faire pour me retrouver en première page du journal ? ». On ne fait que ce qui fait parler de vous en bien, et des projets dont le bien-fondé est universellement partagé croupissent parce qu’ils risquent de brouiller « l’image » du décideur. La communication n’est plus un moyen de faire passer des idées ou défendre des projets, mais un but en soi auquel idées et projets sont adaptées.

      [Sur les viols à Centrale, cela sent le remord post-coucherie alcoolisée, et je n’ai pas bien compris qui viole qui quand une fille ivre couche avec un gars ivre.]

      Franchement, je ne sais pas. Il est pratiquement impossible – même avec de bonnes connexions sur le campus – d’obtenir des éléments sur la méthodologie utilisée dans l’étude, les questions posées aux sondés, le choix de l’échantillon et les définitions des termes « viol », « violences sexuelles », etc. Cela sent surtout « l’étude internet » faite par une association féministe radicale pour se faire mousser. Qu’une telle étude soit publiée sans la moindre analyse critique dans un journal national et oblige la direction de l’institution à réagir là aussi de façon acritique montre le pouvoir de la terreur qu’exercent ces groupuscules.

      [Le problème vient plutôt de la culture de libération sexuelle (ou alors il faut assumer ses présupposés et accepter que le viol est une agression parmi d’autres, ce qui est une position cohérente à défaut d’être la mienne).]

      Je dirais plutôt que tout ce battage reflète une volonté de retour à la normale. Avec la libération sexuelle des années 1960, l’individu a été libéré de toute contrainte sociale en matière sexuelle, l’injonction était de « jouir sans entraves ». Une idée qui bien évidement est problématique dès lors que l’acte sexuel consenti implique l’accord de deux parties, et que la volonté de l’un est forcément une « entrave » au plein exercice de la volonté de l’autre.

      Ces associations et groupuscules qui dénoncent à cor et à cri les « agressions sexuelles », catégorie floue qui comprend des actes qui vont du « regard appuyé » au viol, ne font que regretter la bonne vieille morale victorienne, qui interdisait à une femme d’être seule avec un homme qui ne fut pas un proche parent, un prêtre ou une personne d’âge canonique, de peur qu’une telle situation enflamme les sens et aboutisse au « viol » de la femme par un homme incapable de contrôler ses pulsions à la vue d’une cheville dénudée. Après la liberté des mœurs de la génération 1968, on revient doucement mais sûrement à une logique de séparation, les femmes ne pouvant se sentir en sécurité qu’entre elles, les hommes ne pouvant échapper à l’accusation de viol qu’en restant chez eux. La police des mœurs n’est pas loin.

      J’ai de la peine pour les jeunes, qu’on éduque dans une logique de méfiance et de peur. Un lieu qui devrait être celui de la formation, de l’échange, de l’épanouissement, de l’ouverture, est présenté aux jeunes comme un lieu hérissé de menaces, parsemé de prédateurs sexuels, et dans lequel il est impératif de rester dans sa chambre enfermer à double tour.

      [Les résultats qui m’inquiètent dans cette “enquête”, ce sont les 20 non binaires sur 650, et les 8 hommes “violés”, curieux de savoir si c’est par des hommes ou des femmes.]

      Ou bien s’il s’agit de petits plaisantins. Car franchement, quand j’étais étudiant, qui aurait fait une telle enquête aurait collecté des résultats effrayants. On se serait tous amusés à décrire les sévices – bien entendu imaginaires – qu’on aurait subi chaque nuit, rien que pour embêter les dragons de vertu. C’était l’époque où fleurissaient dans les campus les associations comme la « communauté païenne » (destinée à faire pièce à la « communauté chrétienne ») ou le CPCH (« club des petits cons hargneux »), et une part non négligeable des loisirs était consacrée au montage de canulars, certains véritables œuvres d’art…

      D’ailleurs, pour ceux qui chercheraient des idées, je pense qu’il serait facile dans n’importe quel campus de créer de toutes pièces une enquête bidon avec des résultats encore plus effrayants que celle de CentraleSupélec, la remettre à la direction et contacter “Le Monde” ou “Libération”. Je suis persuadé qu’on pourrait faire un foin d’enfer… et ensuite révéler le canular à la manière Sokal.

      • Pierre dit :

        à Descartes
        [D’ailleurs, pour ceux qui chercheraient des idées, je pense qu’il serait facile dans n’importe quel campus de créer de toutes pièces une enquête bidon avec des résultats encore plus effrayants que celle de CentraleSupélec, la remettre à la direction et contacter “Le Monde” ou “Libération”. Je suis persuadé qu’on pourrait faire un foin d’enfer… et ensuite révéler le canular à la manière Sokal]
         
        Facile certainement… Mais encore faudra-t’il en assumer les conséquences, car s’il est une chose dont toutes les assos victimistes sont absolument dépourvues, c’est du sens de l’humour. Imaginer les représailles en termes de carrière, sans même parler des conséquences immédiates potentielles en terme de harcèlement et procès d’intentions en tout genre doit refroidir bien des ardeurs…

        • Descartes dit :

          @ Pierre

          [Facile certainement… Mais encore faudra-t’il en assumer les conséquences, car s’il est une chose dont toutes les assos victimistes sont absolument dépourvues, c’est du sens de l’humour.]

          Vous avez raison. On a vu des plaisanteries couter très cher à leurs auteurs…

  22. Gugus69 dit :

    Tapie ?
    Hubert Germain est mort.
    Vive la France !

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Tapie ? Hubert Germain est mort. Vive la France !]

      Je ne vois ni l’emballement médiatique, ni les foules allant à ses obsèques. Les peuples sont bien injustes… et celui qui les sert ne doit attendre d’autre récompense que la satisfaction d’avoir fait son devoir.

  23. Bannette dit :

    Il y a une référence qui doit m’échapper, de quel « petit chat » parles-tu ? Celui de Schrödinger ?
    Sinon, cet élan de panurgisme envers Tapie est choquant, on parle d’un escroc avéré, une caricature de marseillais hâbleur. Quand Dassault ou Ghosn passeront l’arme à gauche, je ne suis pas sûre qu’ils obtiennent un tel panégyrique (mais les Arnault ou Pinault oui, pour avoir fait tant pour « l’élégance à la française, gnagnagna »).
     
    Par contre, il y a une bonne chose pour laquelle je me réjouis dans sa mort, c’est qu’il a été terrassé par un cancer alors qu’il suivait je ne sais quel traitement expérimental. S’il avait eu la moindre petite amélioration de son état de santé, on n’aurait pas échappé à la tournée des plateaux radio et télé louant son « audace », son sens de la « gagne », fustigeant les traitements médicaux conventionnels, ce qui est un discours très dangereux. Et bien non, la réalité l’a rattrapé et c’est tant mieux, les traitements non conventionnels sont des foutaises de charlatans, et si les académies de médecine y sont hostiles, c’est qu’elles ont de sérieux arguments scientifiques et éthiques.
    C’est important car on a pu mesurer, à la lumière de la crise du Covid l’effondrement de la rationalité scientifique dans notre pays, avec des éditorialistes irresponsables à la Rioufol fustigeant la prudence par rapport à la « potion Raoult » (individu fait du même bois que Tapis), le refus de libéraliser la vente de chloroquine ou invermectine, faire des odes à la liberté pour les médecins et les patients de « choisir » leurs traitements parce qu’ils le « sentent bien » (un peu l’état d’esprit aux USA). L’Académie a tenu bon, sans doute que le précédent sur le Médiator a laissé des traces (où ce sont avant tout les médecins qui ont détourné son utilisation initiale qui sont fautifs, et non big pharma).
    Je dis ça parce que j’ai eu une collègue à qui il a été diagnostiqué une sclérose en plaque, et qui allait voir un genre de « naturopathe ». J’étais estomaquée par les dépenses qu’elle faisait, mais comment peut on croire que ce genre de pathologie neurologique auto-immune puisse se soigner par des conneries new age ? Ça n’arrive pas qu’à des gens analphabètes, mais il faut croire que l’expression « nature / bio / organique » a un effet magique sur beaucoup de gens.
    La « liberté » de choisir son traitement médical amène à chercher le moins douloureux, le moins chimique, le moins envahissant, or face à des pathologies graves telles que cancers, SEP, HIV et j’en passe, il n’existe pas 3000 traitements différents à l’efficacité égale comme pour les marques de lessive au supermarché.
     
    Pour en revenir au succès passé de Tapis, et le fait que les classes moyennes se reconnaissent en lui, il est surtout symptomatique de la dégradation du Logos dans notre société, logos qui a été confisqué par ces classes. Le logos n’est plus un instrument dans la recherche de la vérité, mais pour fortifier une domination sociale, bref devenu le langage du sophiste. Mais l’endogamie sociale a fait que leur égo est totalement surestimé : parce qu’ils dominent socialement, il se croient capables de devenir spécialiste de tout. Obsédés par tout payer moins cher, beaucoup croient qu’en faisant des clics que gogol, ils pourront avoir un avis éclairé en médecine, en travaux spécialisés nécessitant une certaine technicité (et pour éviter à avoir à payer des spécialistes), etc.

    • Descartes dit :

      @ Bannette

      [Il y a une référence qui doit m’échapper, de quel « petit chat » parles-tu ? Celui de Schrödinger ?]

      Non, celui de Molière. Lorsque Arnolphe demande à Agnès « quoi de neuf ? », cette dernière – à laquelle il est arrivée un certain nombre de choses bien plus importantes – répond « le petit chat est mort ». La formule est restée pour indiquer une personne qui s’occupe de quelque chose sans importance alors que des choses graves lui arrivent par ailleurs…

      [Sinon, cet élan de panurgisme envers Tapie est choquant, on parle d’un escroc avéré, une caricature de marseillais hâbleur.]

      Je crois qu’un jeune marseillais interrogé à la télévision a parfaitement résumé le problème. Lorsqu’on lui a parlé des ennuis de Tapie avec la justice, il répond « c’est quelqu’un de chez nous, donc, il est innocent ». C’est le b-a-ba de la pensée clanique : il n’a escroqué que les gens extérieurs à la tribu, il n’y a donc pas de faute. C’est même un badge d’honneur. La seule faute impardonnable aurait été de voler « chez nous ». Bien sûr, lorsque Tapie escroque le fisc, il nous vole tous. Mais j’imagine que l’idée que la propriété fiscale est la propriété de tous est trop évolué pour le « clanisme » local…

      [C’est important car on a pu mesurer, à la lumière de la crise du Covid l’effondrement de la rationalité scientifique dans notre pays, avec des éditorialistes irresponsables à la Rioufol fustigeant la prudence par rapport à la « potion Raoult » (individu fait du même bois que Tapis), le refus de libéraliser la vente de chloroquine ou invermectine, faire des odes à la liberté pour les médecins et les patients de « choisir » leurs traitements parce qu’ils le « sentent bien » (un peu l’état d’esprit aux USA). L’Académie a tenu bon, sans doute que le précédent sur le Médiator a laissé des traces (où ce sont avant tout les médecins qui ont détourné son utilisation initiale qui sont fautifs, et non big pharma).]

      L’Académie de médecine a fait son boulot, et il faut reconnaître qu’elle a toujours été du côté de la rationalité et de la pensée scientifique. Il y a donc chez nous des institutions qui marchent, et il faut la défendre. Ce qui est regrettable, c’est que les médecins jouent contre leur camp, en sciant la branche sur laquelle ils sont assis. Ils devraient apprendre des erreurs des enseignants.

      [Je dis ça parce que j’ai eu une collègue à qui il a été diagnostiqué une sclérose en plaque, et qui allait voir un genre de « naturopathe ». J’étais estomaquée par les dépenses qu’elle faisait, mais comment peut on croire que ce genre de pathologie neurologique auto-immune puisse se soigner par des conneries new age ? Ça n’arrive pas qu’à des gens analphabètes, mais il faut croire que l’expression « nature / bio / organique » a un effet magique sur beaucoup de gens.]

      Et les marchands de peur l’ont bien compris, rassurez-vous. Comme disait Barnum, « il nait un imbécile chaque minute ». Vous n’imaginez pas combien de « thérapeutes » de toute sorte vivent sur le dos de ces imbéciles.

  24. Geo dit :

    @Descartes et tous
    C’est bien pire que ça. Il semblerait qu’il s’agisse d’une enquête faite par une association féministe du campus de CentraleSupélec (l’association « çapèse » dont je vous conseille la consultation du site, c’est très éclairant). Comme l’enquête n’est pas publiée – seuls certains résultats le sont – nous ne connaissons pas la méthodologie.”
    Sur ce type de problèmes , je me permet de renvoyer à l’excellent site Meztulle de Catherine kintzler, et particulièrement à cet article:
    https://www.mezetulle.fr/le-mirage-metoo-de-sabine-prokhoris-lu-par-c-kintzler/

    • Descartes dit :

      @ Geo

      [Sur ce type de problèmes , je me permet de renvoyer à l’excellent site Meztulle de Catherine kintzler, et particulièrement à cet article: (…)]

      Excellent article. Ce qu’on peut regretter, c’est que le livre de Prokhoris constate la réalité mais ne se demande jamais POURQUOI on en est arrivé là, et à qui profite le crime.

  25. Vincent dit :

    Une actualité rigolote pour se détendre :
     
    Les élus EELV du conseil de Paris qui reprochent à Hidalgo d’en faire trop pour l’environnement. Extrait d’un article que vous retrouverez facilement :

    Critiquant les forêts urbaines promises par Mme Hidalgo, “très coûteuses”, Chloé Sagaspe (EELV) a également dénoncé “une grande opération de communication environnementale dont on peut se demander si elle ne répond pas davantage à des fins médiatiques et électoralistes plutôt qu’à de véritables ambitions écologiques” pour la capitale.

     
    L’hôpital qui se fout de la charité ! Car si on peut se demander ce qu’il resterait d’EELV si on supprimait les opérations de communication environnementale dont on peut se demander si elles ne répondent pas davantage à des fins médiatiques qu’à de véritables ambitions écologiques…
     
    On peut la comprendre, si Hidalgo se met à faire de la comme via des coups d’éclat environnementaux, ils auront du mal à montrer leur utilité.
     

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [On peut la comprendre, si Hidalgo se met à faire de la comme via des coups d’éclat environnementaux, ils auront du mal à montrer leur utilité.]

      Surtout, harceler Hidalgo à Paris, critiquer en permanence tout ce qu’elle fait, c’est l’affaiblir face à Jadot. C’est pourquoi à mon avis la guérilla va continuer…

  26. Paul_L dit :

    Bonjour,
    En parlant de modèles, vous avez grandement attisé ma curiosité sur Jean-Baptiste Colbert. Je me suis donc procuré ce livre: https://www.tallandier.com/livre/le-grand-colbert/
    Je connaissais peu le personnage et je voulais en avoir le cœur net. Je dois dire que je comprend votre volonté de l’ériger (ou plutôt le garder) comme modèle. Sa dévotion au Roi et à l’Etat est admirable, et sa vision sur le long-terme tout autant. Il n’a pas tout réussi, et n’était pas parfait, mais c’est un personnage crucial pour l’Histoire de France. Je vous conseille ce livre, qui s’applique avec de nombreuses sources épistolaires, à retranscrire le personnage et à le peindre sans le glorifier ni le détruire… Je suis en doctorat actuellement et ce sont bien de personnages comme Colbert dont j’ai besoin pour motiver mon travail. Je vous remercie donc chaleureusement ! 

    • Descartes dit :

      @ Paul_L

      [Je connaissais peu le personnage et je voulais en avoir le cœur net. Je dois dire que je comprend votre volonté de l’ériger (ou plutôt le garder) comme modèle. Sa dévotion au Roi et à l’Etat est admirable, et sa vision sur le long-terme tout autant. Il n’a pas tout réussi, et n’était pas parfait, mais c’est un personnage crucial pour l’Histoire de France.]

      Tout à fait. Si on exige des grands hommes qu’ils soient parfaits, on n’en trouvera pas beaucoup. Colbert, malgré ses défauts et ses vices – dont certains n’étaient pas considérés comme tels à son époque -reste un personnage qui peut inspirer les citoyens. Puisque vous êtes doctorant, je vous conseille de lire “Règner et gouverner” de Mathieu Stoll et Thierry Sarmant. Il montre bien comment on gouvernait au temps de Louix XIV, et le rôle joué par des personnages comme Colbert ou Louvois dans la réforme administrative du XVIIème siècle qui donne naissance à l’Etat moderne.

      • Paul_L dit :

        @Descartes
         
        Merci du conseil, je trouve cette époque très intéressante. J’aime trouver de l’inspiration dans le passé, je commence d’ailleurs à l’instant les mémoires du Général. Bonne continuation pour votre blog, que je lis souvent et qui est précieux!

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