Il fut un temps – je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître – ou l’on adhérait à un parti politique parce qu’on partageait ses idées. Oui, oui, ne souriez pas! Cette époque a existé. En ce temps-là, les partis étaient de véritables institutions: l’acte d’adhésion impliquait l’acceptation d’une discipline qui supposait que le Parti, expression d’une volonté collective, avait raison contre les individus. C’est peut-être Trotsky qui a le mieux exprimé cette vision en écrivant que “nul n’a raison contre le Parti” (1).
Avec la dérive individualiste qui affecte la politique à gauche depuis que les classes moyennes en ont pris le contrôle, une autre philosophie a vu le jour: celle du “parti outil”. Dans la conception classique, le Parti est plus une institution définissant collectivement une “cosmogonie” et un projet auquel il st proposé aux militants et aux citoyens d’adhérer. La logique du “parti-outil” est inverse. Le Parti se trouve réduit à être un “outil” entre les mains des “gens”. C’est le citoyen ou le militant qui élabore son “projet”, et qui se sert ensuite du “parti-outil” pour le faire avancer (2). Cette conception de militantisme “à la carte” s’est imposée – explicitement ou implicitement – dans l’ensemble des partis de gauche. Loin d’être une pure lubie intellectuelle, elle traduit un double changement.
Le premier changement est un changement sociologique de la gauche avec une perte du militantisme ouvrier et la montée en force des classes moyennes, bien plus individualistes. Or, il y a une différence fondamentale entre le militantisme ouvrier et le militantisme des classes moyennes. L’ouvrier défend son intérêt: il fait grève et il vote pour ses salaires, pour ses conditions de travail, pour sa retraite. Etant la classe exploitée, cela ne pose aucun problème de légitimité à gauche. Personne n’ira contester le droit de la classe ouvrière de défendre prioritairement ses intérêts. Mais les classes moyennes fonctionnent dans un contexte mental différent: loin de s’assumer comme classe sociale qui se bat avant tout pour ses intérêts, elle construit un discours qui maintien la fiction qu’elle se bat pour les autres: les marginaux, les sans-papiers, les SDF, les souffrants des pays lointains, les femmes de banlieue… même les ouvriers, quelquefois (3)… Difficile donc d’attirer les militants des classes moyennes à partir d’une “cosmogonie” partagée. Pour attirer le militant, il faut donner une place à sa lubie particulière. Ainsi, le militant sanspapierophile n’adhérera que si le Parti lui offre un “outil” pour se battre pour les sans-papiers, alors que le défenseur passionné des SDF ne viendra que s’il trouve dans le Parti “l’outil” pour faire avancer sa passion.
Le deuxième changement est la conséquence du premier: c’est l’atomisation des partis politiques. Dès lors que l’adhésion à un parti n’a pas pour motivation l’adhésion à une “cosmogonie” mais la poursuite d’un combat ponctuel, il est difficile aux organisations de construire une vision qui ne soit pas une agrégation de combats particuliers, fussent-ils contradictoires. Tenter de hiérarchiser ces combats, privilégier certains plutôt que d’autres revient à mécontenter des militants dont le seul motif d’adhésion est son combat particulier. Ces liens éminemment fragiles favorisent un “nomadisme” politique, avec des bouffées de départs à chaque fois qu’un choix doit être fait.
Les affaires d’Ilhan Moussaïd et de Fabien Engelmann illustrent jusqu’à la caricature ce mécanisme. Honneur aux dames: commençons par le cas d’Ilhan Moussaïd. Militante du NPA, cette jeune femme se présente voilée sur la liste du NPA aux régionales de 2010. A son discours, on comprend bien que la motivation essentielle de son engagement politique n’a rien à voir avec une quelconque “cosmogonie” anticapitaliste que porterait le NPA. Non, le NPA est un “outil” sont elle se sert pour faire avancer son combat personnel qui est de faire avancer une certaine idée de la participation communautaire en France. Et la meilleure preuve est que lorsque le NPA ne veut plus de son foulard, elle le quitte pour aller se présenter aux cantonales investie par un autre organisme. En d’autres termes, le foulard pèse pour elle bien plus lourd que l’anticapitalisme.
Le cas d’Engelmann est inverse: il adhère au NPA après avoir milité sept ans chez Lutte Ouvrière. Il le quitte lorsqu’il découvre que le NPA présente une candidate voilée… et rejoint quelque temps plus tard le FN – là encore, comme candidat – attiré par la fermeté du discours sur l’immigration de Marine Le Pen. Là encore, on voit la fragilité de l’adhésion, son faible contenu idéologique. Comment fait-on en quelques mois le chemin de “l’anticapitalisme” du NPA à l’idéologie du FN ? Faut-il que l’adhésion soit fondée sur des bases bien fragiles pour qu’un simple erreur de parcours de la direction du NPA provoque un renversement aussi total.
La multiplication ces dernières années de tête-à-queue idéologiques traduit un affaiblissement idéologique des partis politiques. Le Parti-église et le Parti-armée a laissé la place au Parti-supermarché. On va chez celui qui propose le produit qu’on recherche. Que ce produit ne soit plus en rayon – ou qu’en face on le propose moins cher – et on n’hésitera pas à changer d’enseigne.
Comment sortir de ce piège ? Et bien, il faut que les dirigeants de gauche comprennent qu’on ne peut pas faire une politique à gauche fondée exclusivement sur les classes moyennes. Il faut aller chercher l’électorat et le militantisme populaire, en le disputant au besoin pied à pied au Front National. Pour cela, il faut ré-institutionnaliser les organisations politiques, en donnant aux mission fondamentale d’éducation, de formation et d’élaboration une place plus importante que le seul combat électoral. Cela suppose de revenir à un véritable fonctionnement démocratique et non pas un fonctionnement groupusculaire ou d’écurie électorale. Vaste programme…
Descartes
(1) Cela ne revient pas à dire que le Parti est toujours dans le vrai. Comme toute institution humaine, le parti peut se tromper. La considération de Trotsky porte sur la légitimité de la décision collective: des lors que le Parti prend une décision, même erronée, elle doit être appliquée. Car un système où tout un chacun se permet de contester les décisions prises est en dernière analyse bien moins efficace qu’un système où les décisions collectivement prises sont systématiquement exécutées, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Les systèmes démocratiques fonctionnent tous plus ou moins sur cette logique: les décisions du président de la République ont force de loi, et chaque citoyen est tenu de s’y conformer quelque soient ses convictions personnelles.
(2) Cette conception, brillamment (mais oui, mais oui) théorisée par Robert Hue dans son oeuvre immortelle “Communisme, la Mutation” (Le Livre de Poche, 1977). Une oeuvre dont la lecture est indispensable pour tous ceux qui voudraient comprendre comment le PCF est devenu ce qu’il est devenu.
(3) Bien entendu, il s’agit d’une fiction. La défense des “minorités opprimées” se cantonne au domaine symbolique. Lorsqu’il s’agit de mesures concrètes, ce sont les couches populaires qui sont appelées à payer la facture. Le débat sur la politique migratoire est un cas d’école: il est connu (voir par exemple le rapport du CAE “immigration, qualifications et marché du travail”, juin 2009) que l’immigration a un effet à la baisse sur les salaires des moins qualifiés (par simple effet d’augmentation de l’offre de travail). C’est pourquoi l’assouplissement de la réglementation sur l’immigration est une demande récurrente du patronat, sur laquelle les syndicats sont très réservés. On peut se demander si l’exigence de “régularisation de tous les sans papiers” serait aussi présente à gauche si les immigrants potentiels n’étaient pas des concurrents pour les travailleurs moins qualifiés, mais venaient au contraire concurrencer médecins, avocats, professeurs, ingénieurs et cadres…
Désolé de t’embêter à nouveau, Descartes, mais comme je me sens membre des classes moyennes et que j’avoue n’en avoir pas honte ni nourrir une quelconque hostilité pour elles, ce que tu écris
m’interpelle à nouveau.
Je suis bien d’accord avec toi pour dire que l’individualisme règne dans les classes moyennes. Mais j’ai le sentiment qu’il règne dans d’autres secteurs de la société, y compris dans la classe
ouvrière. Cet individualisme est sans doute lié au consumérisme, mais peux-tu prouver qu’il tire son origine des seules classes moyennes? Est-ce que la bourgeoisie industrielle, à certains égards,
ne prônait pas déjà l’individualisme?
De plus, j’ai le sentiment que tu fais l’impasse sur une spécificité française: la faiblesse historique de la classe ouvrière, et a contrario le poids longtemps important de la paysannerie. Il se
trouve que l’essentiel de ma famille, comme pour beaucoup de Français, est issu de cette paysannerie modeste. Eh bien, de ce que j’ai pu entendre et apprendre de cette vieille France rurale, il me
semble que l’individualisme y était relativement répandu, après que la Révolution ait abattu le seigneur (l’ennemi commun en quelque sorte) et affaibli l’Eglise.
Par conséquent, je pense que l’individualisme est pour une part un “mal” (guillemets, car je n’y vois pas que des mauvais côtés) français, et que les classes moyennes ont hérité en parti de
l’individualisme paysan et l’ont accentué dans le cadre de la société de consommation.
D’autre part, l’individualisme n’est-il pas lié également à une certaine conception de la République en France? Une conception qui n’aime pas tellement les médiations et qui tend à placer le
citoyen directement en face de l’Etat.
Je suis bien d’accord avec toi pour dire que l’individualisme règne dans les classes moyennes. Mais j’ai le sentiment qu’il règne dans d’autres secteurs de la société, y compris dans la
classe ouvrière.
Tu as raison de signaler un point qui semble contradictoire dans mon texte. Le fait est qu’il existe plusieurs sortes d’individualisme, et qu’il faut les séparer si l’on veut comprendre quelque
chose. Dans le langage colloquial, on utilise “individualisme” souvent comme synonyme “d’égoisme”, c’est à dire le fait de faire passer ses intérêts au dessus des intérêts des autres. C’est un
peu ce que j’ai fait dans mon dernier papier, et je le regrette.
De plus, j’ai le sentiment que tu fais l’impasse sur une spécificité française: la faiblesse historique de la classe ouvrière, et a contrario le poids longtemps important de la
paysannerie.
Tu as en partie raison. L’importance de la tradition paysanne est un élément important de la psyché française. N’étant pas moi même inscrit dans cette tradition, j’avoue que j’ai tendance à la
négliger.
Par conséquent, je pense que l’individualisme est pour une part un “mal” (guillemets, car je n’y vois pas que des mauvais côtés) français,
Ce n’est pas un mal. C’est grâce à la tradition individualiste qu’on a pu avoir la laïcité et que notre société n’est pas – contrairement à celle de nos voisins – communautariste. Mais c’est une
caractéristique qu’il faut prendre en compte si l’on veut faire de la politique en France. Et notamment pour comprendre le rôle de l’Etat dans l’histoire de France. C’est l’individualisme qui
fait que les corps intermédiaires sont historiquement faibles chez nous.
Je suis en accord avec votre billet.
Il est synchro avec une discussion que je viens d’avoir circa les 17H.
Le Secrétaire fédéral du PCF du département où je réside, après un après-midi de militantisme à l’aider dans sa campagne pour les cantonales, m’interroge, m’incite à adhérer au PCF.
je lui ai répondu que lorsque j’adhérais à une structure j’adhérais de A à Z, en assumant tout, ce qui me plaisait et ce qui me déplaisait.
Donc, même si dans mon département, il n’y a pas eu d’accord FDG, je soutiens activement le candidat PCF, sans y adhérer, au contraire des dirigeants du PG et du FDG qui, pour le moment ne lui ont
même pas apporté leur soutien moral. Vont-ils alors voter pour le PS, EELV ou le candidat DVG ?
Bonjour,
Billet tout à fait pertinent.
Une première lecture m’inspire néanmoins une remarque, ou plutôt une question.Vous parlez de l’atomisation des partis, conséquence de la demande “à la carte” des militants ou des électeurs. Ne
serait ce pas peut être l’inverse, dans la mesure tout d’abord ou, en politique c’est généralement les élus qui proposent un programme ou des mesures et les militants ou électeurs adhèrent ou
non.
Nous assistons depuis des années à des batailles d’égo,des manœuvres individuelles, des “petites phrases” mais jamais oh!grand jamais un modèle alternatif crédible. Chacun des politique qui se
hausse du col ne fait que présenter soit des truismes,soit des mesurettes sans portée ni sociale ni économique.Ou alors, on a droit à une machine à gaz…..suivez mon regard. C’est le problème de
l’œuf et de la poule,:qui est à l’origine ?
Former des militants, pour un parti c’est un investissement à long terme. Rentabilité aléatoire !
Le paradigme de l’époque c’est le jetable.
Cette lecture m’a cependant permis de [me] confirmer que je faisais partie de la classe moyenne, car mes attentes sont en effet assez “atomisées”.Et pourtant je ne demanderais qu’à adhérer, mais
pas avec la foi du charbonnier.
Cordialement.
Vous parlez de l’atomisation des partis, conséquence de la demande “à la carte” des militants ou des électeurs. Ne serait ce pas peut être l’inverse, dans la mesure tout d’abord ou, en
politique c’est généralement les élus qui proposent un programme ou des mesures et les militants ou électeurs adhèrent ou non.
C’est une dialectique: même si ce sont les dirigeants qui proposent, la solution de facilité est de proposer ce que les militants ou les électeurs veulent entendre. C’est le commerçant qui
propose, mais les commerçants qui proposent des produits que les clients n’ont pas envie d’acheter sont assez rapidement en faillite. Et c’est un peu ce qui arrive en politique: les dirigeants
politiques sont devenus en fait des professionnels du marketing. Ils voient leur rôle moins comme guides ou comme éducateurs du peuple que comme commerçants satisfaisant une demande.
Bonjour à tous,
Je verrai la critique de nos partis dit de “gauche” sur un angle.
S’il est vrai qu’ils essaient de mettre une espèce de “démocratie participative en place dans l’élaboration d’un “programme partagé”,
il manque un outil essentiel, c’est l’ANALYSE.
Pas simplement une analyse économique, financière et sociale de notre Nation mais aussi une analyse sociologique et psychologique de nos concitoyens/nes.
Le terme “psychologique” va peut-être vous faire sursauter.
J’essaie de vous faire comprendre avec mes petits moyens intellectuels. SI, SI…
La démolition au bulldozer d’un bidon-ville à Ivry par la municipalité communiste à l’époque. Quel message voulait faire passer le PCF? Qu’il en avait marre de gérer toutes les misère du “Monde”
alors que d’autres (Neuilly) en était à l’abri! Avouez que le moyen était psychologiquement et intellectuellement condamnable.
Avant toute action politique, comment vont réagir nos concitoyens/nes dans leur majorité et quels sont les moyens de l’adversité? Dans ce cas-là, sans analyse largement partagée tout est
possible!
La classe ouvrière a souvent réagi à partir d’analyses que lui fournissait le politique (PCF) et le syndical (CGT). A ce sujet, il n’est pas certain qu’elle est une courte histoire, cette classe
ouvrière française, peut-être courte mais tellement riche et …enrichissante.
En définitif, notre jeunesse ne réagit qu’à partir de l’analyse qu’ elle se fait de notre sociètè (ses lectures, nos médias, ses contacts, son vécu…) mais que lui proposent les partis notamment
le PCF, ce parti d’avant-garde et révolutionnaire qu’il était et que j’ai connu.
@Marcailloux,
Tu l’auras compris, je viens du PCF, je lisais les “Rois Maudits” dans l’Huma à 14 ans et bien d’autres choses…Si je dois rejoindre un parti, ce sera celui-là…rien d’autre!
Le “bourrage de crâne” et la propagande à la méthode stalinienne, c’est finie, notre jeunesse n’en veut plus! Mais entre le passé et laissez nos concitoyens/nes dans le désert “analytique”, il y a
une marge pour quelques choses audibles et intelligents.
Cette analyse, une fois partagée, fixerait les mini et les maxi de notre programme d’action, de gouvernement, de société.
Les experts, les scientifiques, les ouvriers…les paysans, toutes les couches populaires de la société doivent participer à l’élaboration de cette analyse mais le parti doit en être le maitre
d’oeuvre.
il manque un outil essentiel, c’est l’ANALYSE.
Tout à fait. Mais ce manque n’est pas accidentel. Faire une analyse, c’est s’exposer à aboutir à des résultats qui ne correspondent pas à nos préjugés (ou à nos intérêts…). La politique à l’age
des classes moyennes fonctionne dans le sens inverse: on se demande d’abord à quelle conclusion on souhaite, et on “plaque” ensuite sur le réel les prémisses nécessaires pour aboutir à cette
conclusion. Par exemple, on veut arriver à la conclusion que les classes moyennes et la classe ouvrière ont les mêmes intérêts… et on invente ensuite la théorie ad-hoc. Une analyse sérieuse
montrerait rapidement que la conclusion en question ne vaut rien. Alors, mieux vaut ne pas faire des analyses…
La démolition au bulldozer d’un bidon-ville à Ivry par la municipalité communiste à l’époque. Quel message voulait faire passer le PCF?
Faut être sérieux. D’abord, le PCF n’a jamais “démoli au bulldozer un bidonville”. Elle s’était contenté de murer au bulldozer un bâtiment qui devait servir à loger des travailleurs transférés
depuis Saint-Maur (un cas typique de la manière dont les municipalités de droite faisaient transférer leurs travailleurs immigrés vers les municipalités communistes). Et l’affaire concernait
Vitry, et non Ivry…
Avouez que le moyen était psychologiquement et intellectuellement condamnable.
Il était certainement erroné du point de vue de la communication. Mais pourquoi “condamnable” ?
Concernant l’affaire de Vitry, ma mémoire m’a fait défaut. Merci d’avoir rectifier. Condamnable pour l’époque puisque le travail d’explication n’avait pas été fait avant et l’opinion publique, pas
au fait de la politique menée par les municipalités de droite dans ce domaine.
Je ne pense pas qu’il soit souhaitable de toujours opposé “classes moyennes” et “classes laborieuses”. Il fut un temps où le PCF avait dans ses rangs de nombreux/ses adhérents/tes des “classes
moyennes” et tout le monde cohabitait. Il est vrai que la classe ouvrière était largement représentée ainsi que la paysannerie.
Je ne pense pas qu’il soit souhaitable de toujours opposé “classes moyennes” et “classes laborieuses”. Il fut un temps où le PCF avait dans ses rangs de nombreux/ses adhérents/tes des
“classes moyennes” et tout le monde cohabitait.
Oui. Mais les adhérents des classes moyennes étaient priés de laisser leurs intérêts au vestiaire. A l’heure des choix, c’étaient les intérêts des classes laborieuses qui primaient. Et d’ailleurs
ca provoquait pas mal de difficultés, avec des accusations “d’ouvriérisme” et de temps en temps des départs en fanfarre de camarades qui trouvaient que le PCF ne prenait pas assez en compte les
revendications “sociétales” chères aux classes moyennes…
@ Descartes,
Bonjour tout d’abord
Vos billets sont comme un bon pot au feu -excusez la trivialité de la comparaison-, on peut les relire plusieurs fois, et ce sous des aspects différents, il y a toujours quelque chose à se mettre
sous la dent.
Contrairement à votre exemple du commerçant condamné à un certain « suivisme », ceux qui finalement réussissent sont justement ceux qui, soit par la forme, soit par le fond (sans s), proposent,
donc prennent l’initiative d’une offre nouvelle.
Carrefour, Leclerc, Auchan et bien d’autres ont révolutionné le commerce en organisant une forme nouvelle de distribution de masse.
Mac Donald, les moto taxi, les boutiques informatiques, les articles de mode et que sais je encore, ne font que nous imposer par leur publicité, la consommation de produits ou de services nouveaux
dont le besoin est crée de toute pièce.
Je lisais il y a pas mal d’années une étude qui indiquait que près de la moitié des produits ou services que nous consommerions dans les 10 ou 20 ans, n’existaient pas à ce jour. La suite l’a
confirmé.
On nous vend bien un “article” presque construit de toute pièce vue l’ampleur qu’il revêt: l’insécurité liée à l’islamisme ou l’immigration. Sans nier une part de réalité, ce n’est pas pour autant
l’alfa et l’oméga de nos préoccupations.
Ce que l’on peut regretter dans la plupart des partis, c’est leur manque d’originalité, ni sur le fond, ni sur la forme. Aucun ne semble prendre ou faire plutôt le pari d’un positionnement de «
créneau », sauf le FN, pour l’instant ce qui lui procure l’avantage d’un message clair, perceptible par le plus grand nombre de citoyens et de plus répondant directement à ce qui les « gratte »
tous les jours.
A l’inverse, JLM a choisi une sorte de fédéralisme mou dans lequel il espère, en donnant des gages aux uns et aux autres, constituer un amalgame convainquant et cohérent. C’est organiser le mariage
de la carpe et du lapin. A chercher à s’assurer[des concours disparates, voire antagonistes], je crains qu’il n’arrive finalement qu’à se désagréger.
Vous écrivez, il me semble, que le parti n’est plus la grande famille qu’il pourrait ou devrait être. C’est très regrettable en effet mais cela vient probablement de l’avènement du mode de famille
perpétuellement recomposée et qui ne garantit plus une continuité dans sa ligne, et qui est à chaque instant susceptible d’exploser, avec les dégâts dans les convictions que l’on peut imaginer.
La « famille » que tente de constituer JLM ne peut en être une dans la mesure ou il est nécessaire que d’une certaine façon, les contractants du mariage présentent une certaine « virginité », une
certaine « ingénuité », gage d’un engagement sincère. Ce n’est manifestement pas le cas pour le probablement futur feu FdG. Je me commets de temps en temps d’un commentaire dans ce sens sur son
blog (pas plus d’un par semaine) et il est systématiquement « censuré » sans explication. Faut il y voir là un point douloureux qui fait problème non exposable dans cette organisation ?
L’avenir nous éclairera….
@dudu 87
Je ne saisi pas complètement le sens de votre « interpellation », néanmoins je peux vous affirmer que j’ai le plus profond respect pour les militants qui s’engagent quelquefois corps et âmes pour
les convictions qui sont les leurs. La seule chose qui, de mon point de vue complètement extérieur, j’en conviens, me retient d’adhérer, c’est qu’un nombre trop important à mes yeux d’adhérents ne
le sont que pour des raisons d’ambition personnelle ou d’intérêt particulier. Les militants sincères et désintéressés deviennent alors des faire-valoir, des alibis utiles, des moyens humains à
l’usage d’arrivistes opportunistes.
Bien cordialement à tous, et bonne semaine.
Mac Donald, les moto taxi, les boutiques informatiques, les articles de mode et que sais je encore, ne font que nous imposer par leur publicité, la consommation de produits ou de services
nouveaux dont le besoin est crée de toute pièce.
En dehors de l’eau, d’un bout de mammouth et d’une cave pour se protéger de la pluie, tous les autres besoins sont “crées de toute pièce”. Au nom de quoi peut on juger que “la moto taxi” est un
“besoin” plus artificiel que les livres ou les concerts symphoniques ? Le discours sur les “besoins légitimes” opposés aux “besoins crées par la publicité” n’a de sens que si l’on propose un
moyen de définir les besoins légitimes. Et pour le moment, personne n’a réussi à en trouver un…
On nous vend bien un “article” presque construit de toute pièce vue l’ampleur qu’il revêt: l’insécurité liée à l’islamisme ou l’immigration. Sans nier une part de réalité, ce n’est pas pour
autant l’alfa et l’oméga de nos préoccupations.
C’est qui ce “nous” pour qui ce n’est pas “l’alpha et l’oméga de nos préoccupations” ? Et comment expliquer, si “ce n’est pas l’alpha et l’oméga de nos préoccupations” que ces questions aient une
résonance aussi profonde dans l’électorat, et particulièrement dans l’électorat populaire ? Encore une fois, je pense qu’on ne peut pas imposer aux gens ce que doivent être leur préoccupations.
De toute évidence, l’immigration et l’islamisme préoccupent les électeurs. Si l’on n’arrive pas à proposer des réponses à leur questionnement, il ne faut pas s’étonner qu’ils aillent voir
ailleurs.
A l’inverse, JLM a choisi une sorte de fédéralisme mou dans lequel il espère, en donnant des gages aux uns et aux autres, constituer un amalgame convainquant et cohérent. C’est organiser le
mariage de la carpe et du lapin. A chercher à s’assurer[des concours disparates, voire antagonistes], je crains qu’il n’arrive finalement qu’à se désagréger.
Je partage tout à fait cette préoccupation. D’autant plus qu’à mon avis on lache la proie pour l’ombre: la FASE, les Alternatifs, le M’PEP ne représentent en fin de compte pas grande chose, et le
NPA à peine plus. Et pour s’attacher le concours de ces gens-là on renonce à tenir un langage républicain qui permettrait d’aller chercher l’électorat populaire.
@Descartes
OK, j’aurais du employer le terme d’envies, en effet, plutôt que besoins.
OK, j’aurais du employer le terme d’envies, en effet, plutôt que besoins.
Je ne vois pas très bien ce que ça change. Comment différencier les “envies légitimes” des autres ?
Ah ! j’aurais du m’en douter.
Je suis dans le cas présent, l’arroseur arrosé, et mon entourage rirait bien de cette courte discussion sur l’emploi précis du sens des mots. Passant souvent pour excessif dans la rigueur à
respecter quant à la sémantique, je me dois pour le coup d’approfondir mon acception du sens de deux mots très fréquemment utilisés dans les débats qui nous rassemblent.
Pour ce faire, j’utiliserai essentiellement les termes utilisés dans Wikipédia qui constitue ma « bible » quotidienne.
Tout d’abord, selon le Petit Larousse, on peut considérer en effet qu’il y a synonymie entre les mots besoin et envie,- auxquels il serait pertinent d’ajouter le terme désir – avec toutefois une
nuance de morale qu’envie signifie convoitise des avantages d’autrui. Devant ces mots qui représentent souvent le moteur de nos actions, je trouve les développements du petit Larousse, un peu trop
sommaires.
« La notion de besoin recouvre l’ensemble de tout ce qui est nécessaire à un être, que cette nécessité soit consciente ou non, à la différence du désir qui exprime la fixation contingente (non
nécessaire) de la conscience sur un objet. Ainsi respirer (de l’air chargé en oxygène) est un besoin, alors que respirer un air pur, un air parfumé ou de la fumée de tabac sont des désirs ».
« Les besoins se situent à la jonction entre le biologique et le culturel, entre le corps et l’esprit, et mettent en jeu l’interaction entre l’individu et l’environnement. Il est souvent fait un
classement des besoins humains en trois grandes catégories : les besoins primaires, les besoins secondaires et les besoins fondamentaux. »
Professionnellement, j’ai souvent été inspiré par l’approche de Maslow en matière de recherche de satisfaction de besoins, et le terme d’envie, je l’ai souvent relégué au domaine de la psychologie
ou celui du markéting. Maslow distingue cinq types de besoins, des plus basiques.aux plus évolués .
1-physiologiques
2-sécuritaires
3-appartenance
4-reconnaissance
5-réalisation
Les besoins pour l’homme correspondent à mon sens plus au fondamental, à l’essentiel, au nécessaire, à la nature de notre être que le désir, souvent légitime et se situant à mi chemin du besoin et
de l’envie.
L’envie, dans ma sensibilité judéo chrétienne, constitue un vice, c’est pourquoi je ne le considère personnellement pas comme un synonyme de besoin ou de désir. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne
m’arrive jamais, comme beaucoup, de l’employer dans le même sens.
Votre exigence, même si elle est quelquefois «décoiffante» est cependant salutaire et je vous en remercie.
N.B. : si vous estimez que ce commentaire n’a pas sa place dans votre billet, son absence de diffusion ne me froissera pas.
Cordialement votre.
Mais, pourquoi n’aurait-il pas sa place ?
Mais en revenant au motif de cette discussion, votre référence a Maslow montre que cette idée comme quoi la “société capitaliste” créérait des besoins est problématique. Parce que pour Maslow, en
dehors des besoins physiologiques tous les autres sont créés socialement. Des “besoins” comme le livre ou le tableau sont autant “artificiels” que le téléphone portable où la voiture.
“Le discours sur les “besoins légitimes” opposés aux “besoins crées par la publicité” n’a de sens que si l’on propose un moyen de définir les besoins légitimes. Et pour le moment, personne n’a
réussi à en trouver un…”
Si, les communistes.
Ah bon ? Et comment définissent les communistes les “besoins légitimes” ?
En fonction de ce que l’Etat décide de produire. Si l’Etat le produit, c’est que sa production est légitime, voyons ! 😀
Je laisse ce commentaire comme illustration du niveau d’imbécilité des arguments des anticommunistes primaires.
Bonjour je découvre ce blog avec intérêt et m’immisce dans cette conversation sur “les besoins”.
Les besoins fondamentaux de l’être humain ont été définis il y a près de 70 ans par la “mère” de tous les infirmiers et infirmières du Monde : Virginia Henderson. Ils sont au nombre de 14. Toutes
réflexions et démarches politiques devraient être sous-tendues par l’impérieuse nécessité de permettre aux êtres humains de satisfaire dignement ces besoins. En les lisant attentivement, on peut en
déduire beaucoup de choses : derrière le besoin de “respirer” arrive la nécessité d’avoir un air sans pollution, derrière celui d'”apprendre”, c’est l’éducation, le besoin de “dormir et se reposer”
induit forcément l’accès à un logement… Bref, je pense que nos futures politiques devraient apprendre ça par cœur à Sciences Po ou l’ENA…
1. Respirer.
Capacité d’une personne à maintenir un niveau d’échanges gazeux suffisant et une bonne oxygénation.
2. Boire et manger.
Capacité d’une personne à pouvoir boire ou manger, à mâcher et à déglutir. Également à avoir faim et absorber suffisamment de nutriments pour capitaliser l’énergie nécessaire à son activité.
3. Éliminer.
Capacité d’une personne à être autonome pour éliminer selles et urine et d’assurer son hygiène intime. Également d’éliminer les déchets du fonctionnement de l’organisme.
4. Se mouvoir, et maintenir une bonne posture et maintenir une circulation sanguine adéquate.
Capacité d’une personne de se déplacer seule ou avec des moyens mécaniques, d’aménager son domicile de façon adéquate et de ressentir un confort. Également de connaître les limites de son
corps.
5. Dormir, se reposer.
Capacité d’une personne à dormir et à se sentir reposée. Également de gérer sa fatigue et son potentiel d’énergie.
6. Se vêtir et se dévêtir.
Capacité d’une personne de pouvoir s’habiller et se déshabiller, à acheter des vêtements. Également de construire son identité physique et mentale.
7. Maintenir sa température corporelle dans la limite de la normale.
Capacité d’une personne à s’équiper en fonction de son environnement et d’en apprécier les limites.
8. Être propre, soigné et protéger ses téguments.
Capacité d’une personne à se laver, à maintenir son niveau d’hygiène, à prendre soin d’elle et à se servir de produits pour entretenir sa peau, à ressentir un bien-être et de se sentir belle.
Également à se percevoir au travers du regard d’autrui.
9. Éviter les dangers.
Capacité d’une personne à maintenir et promouvoir son intégrité physique et mentale, en connaissance des dangers potentiels de son environnement.
10. Communiquer avec ses semblables.
Capacité d’une personne à être comprise et comprendre grâce à l’attitude, la parole, ou un code. Également à s’insérer dans un groupe social, à vivre pleinement ses relations affectives et sa
sexualité.
11. Agir selon ses croyances et ses valeurs.
Capacité d’une personne à connaître et promouvoir ses propres principes, croyances et valeurs. Également à les impliquer dans le sens qu’elle souhaite donner à sa vie.
12. S’occuper en vue de se réaliser.
Capacité d’une personne à avoir des activités ludiques ou créatrices, des loisirs, à les impliquer dans son auto-réalisation et conserver son estime de soi. Également de tenir un rôle dans une
organisation sociale.
13. Se divertir, se récréer.
Capacité d’une personne à se détendre et à se cultiver. Également à s’investir dans une activité qui ne se centre pas sur une problématique personnelle et d’en éprouver une satisfaction
personnelle.
14. Apprendre.
Capacité d’une personne à apprendre d’autrui ou d’un événement et d’être en mesure d’évoluer. Également à s’adapter à un changement, à entrer en résilience et à pouvoir transmettre un savoir.
Bonjour je découvre ce blog avec intérêt et m’immisce dans cette conversation sur “les besoins”.
Immiscez vous ! C’est fait pour ça!
Les besoins fondamentaux de l’être humain ont été définis il y a près de 70 ans par la “mère” de tous les infirmiers et infirmières du Monde : Virginia Henderson.
Le problème est que la “définition” en question est si vague qu’elle peut recouvrir tout et n’importe quoi. Car si du “besoin de respirer” entendu comme “maintenir un niveau d’échanges gazeux
suffisant et une bonne oxygénation” on peut déduire un besoin de “avoir un air sans pollution”, alors de celui de “boire et manger” on pourrait déduire celui d’avoir du caviar et du saumon fumé à
volonté…
Désolé, mais on ne peut pas se contenter d’un catalogue aussi général dans lequel on peut finalement faire entrer tout et n’importe quoi. Le paragraphe sur “s’occuper en vue de se réaliser” vaut
à lui seul le détour…
Mais il ne s’agit pas ici de faire un catalogue d’action politique mais de définir les besoins fondamentaux de l’être humain. Et, à partir de ceux-ci, faire en sorte que les actions politiques,
quelles qu’elles soient, les respectent. Ce qui est loin d’être toujours le cas.
Quant au catalogue vague, c’est néanmoins à partir de celui-là que sont conduites aujourd’hui encore toutes actions de soins ou de prévention dans les milieux hospitaliers. C’est qu’il doit donc
avoir quand même un minimum de pertinence non ?
La question n’est pas la “pertinence” du catalogue, mais sa sélectivité. En fait, à partir de cette liste n’importe quel besoin peut être qualifié de “fondamental”. Si je décide que pour me
“réaliser” j’ai besoin d’un iPad, est-ce que l’iPad devient un “besoin fondamental” ? Oui, puisque le point 12 de la liste énonce “Capacité d’une personne à avoir des activités ludiques ou
créatrices, des loisirs, à les impliquer dans son auto-réalisation et conserver son estime de soi.”. Et si je décide que pour “avoir des activités ludiques” et “conserver mon estime de moi” un
iPad est indispensable, au nom de quoi peut on dire le contraire ?