Conseils d’un vieux con

Il y a quelques jours, j’ai invité à dîner chez moi le fils d’un vieil ami. Un jeune homme charmant, intelligent, militant au PS – non, non, ce n’est pas incompatible – et qui officie aujourd’hui dans un cabinet ministériel d’un ministre plus ou moins confidentiel après avoir été attaché parlementaire d’un député qui ne l’était pas moins. En un mot, un digne représentant, à regret mais représentant tout de même, de la « République des attachés parlementaires ».

Pour ceux pour qui cette expression n’est pas familière, une explication s’impose. La formule a été inventée par un dignitaire socialiste : « si vous avez aimé la République des énarques, vous adorerez la République des attachés parlementaires ». On désigne ainsi cette nouvelle classe de politiciens professionnels qui commencent leur carrière à un jeune âge comme militants lycéens, puis étudiants, moins motivés par les études que par l’espoir d’être remarqués par un notable de leur parti qui leur proposera un poste dans leur cabinet municipal ou comme attaché parlementaire voire, si l’occasion se présente, dans un cabinet ministériel. Ce qui est l’occasion de se faire connaître des puissants et de se tailler des réseaux qui permettront de s’approprier un jour un siège d’élu. Delphine Batho, qui fut successivement militante lycéenne puis étudiante, militante à SOS-Racisme ou elle fut remarquée par Julien Drai qui la recommanda à Ségolène Royal qui la prit dans son cabinet puis lui céda sa circonscription législative de Melle est un excellent exemple de cette forme de carrière. Une carrière qui lui permet à 35 ans, avec de médiocres études et sans avoir jamais connu le monde du travail d’être ministre de la République. J’y reviendrai.

Après un délicieux dîner ou l’on parla de tout et de rien, nous nous retirâmes dans la bibliothèque (1) avec une bonne bouteille d’Armagnac (2) pour parler des choses sérieuses, c’est à dire, de politique. Ou pour être plus précis, des étonnements d’un jeune politicien en herbe qui vient de réaliser combien Goethe avait raison lorsqu’il disait que « lorsque les dieux veulent nous punir, ils réalisent nos rêves ». Pourtant, en apparence tout lui sourit : la victoire électorale de son candidat à la présidentielle, la majorité pour son parti à l’Assemblée, une majorité de gauche au Sénat, un poste en cabinet avec un bail long, et la perspective de se voir placé dans une position éligible sur une liste municipale l’année prochaine. Que peut demander un jeune professionnel de la politique de plus ?

Et pourtant – et c’est tout à son honneur – ce jeune homme découvre tout à coup que cela ne suffit pas. Dans toutes les carrières, on mange de la merde les premières années. Et on la mange en pensant aux délices qu’on mangera une fois qu’on aura accédé, après des années de sacrifices, aux responsabilités où l’on s’amuse vraiment (3). Et voici qu’à 27 ans tout rond, il est arrivé. Ou presque. S’il n’est pas encore en train de jouer le premier rôle dans la pièce, il est au moins en situation d’observer les acteurs de près, sur la scène comme dans les coulisses. Et le spectacle n’est pas des plus attirants. Le problème n’est donc pas qu’il ne s’amuse pas dans son travail, mais que lorsqu’il regarde ceux qu’il est appelé à succéder, et d’abord son ministre, il n’a pas l’impression que celui-ci s’amuse bien non plus. D’où la question : est-ce bien la peine de se crever au travail pour accéder à un poste de ministre ou de député où l’on se crève au travail… pour un salaire qui reste décent et pour l’indifférence hostile – quand ce n’est l’hostilité méprisante – de vos concitoyens et une parcelle de pouvoir réduite à presque rien ?

Bien sur, il y a une déception que nous imaginons tous, celle du citoyen qui voit le gouvernement en qui il a mis ses espoirs faible, sans projet, sans programme, qui n’agit pas mais réagit, et cela un peu comme un boxeur groggy qui ne sait plus de quel côté se trouve son coin. Mais dans le cas de mon jeune ami se superpose une souffrance différente, celle du professionnel qui commence à se demander s’il a fait le bon choix. On voit des chirurgiens débutants qui découvrent qu’ils n’aiment pas opérer, des avocats débutants qui se rendent compte qu’ils n’aiment pas plaider, des enseignants débutants qui réalisent qu’ils ne supportent pas les gamins. Pourquoi serait-il interdit aux politiciens professionnels d’avoir des interrogations sur leur vocation ?

Et j’avoue qu’en l’entendant me raconter ses doutes, je me suis senti coupable. Non pas pour moi, qui ne lui ai au fond rien fait, mais une culpabilité collective pour ma génération, qui a été trop égoïste pour transmettre et préparer la génération qui viendra après elle, et trop lâche pour résister aux sirènes du jeunisme. Car le problème, à mon sens, est là. Sous prétexte de « donner sa place aux jeunes » on permet – et on stimule – l’arrivée de jeunes aux plus hautes responsabilités. Or, précisément parce qu’elles sont « les plus hautes », celui qui les exerce a besoin de recul, de hauteur de vues, bref – et je suis conscient en disant cela de l’énormité du crime de lèse-politiquement-correct que je commets – d’expérience. Et il en a besoin non seulement pour les exercer correctement, mais pour avoir du plaisir à les exercer. Car on éprouve rarement du plaisir à exercer des responsabilités qui nous dépassent, dans lesquelles on a toujours l’impression d’être au delà de notre niveau d’incompétence.

L’idée même d’expérience a été singulièrement dévalorisée depuis la fin des années 1960. Le discours dominant – qui n’était pas celui du gaullisme en recul, mais celui des « enragés », contrairement à ce que certains veulent nous faire croire aujourd’hui – voulait nous convaincre que le passé était « out ». Le mot préféré par les propagateurs de cette vulgate était « inédit ». Qu’il s’agisse de la situation internationale, de la construction européenne, de la politique nationale, des questions sociales ou sociétales, tout était « inédit ». Un « inédit » qui enlevait tout intérêt à l’expérience, au regard informé par la connaissance du passé et préparait l’avènement d’un monde de « djeunes » d’où l’adulte est banni. Dans cette logique, on a laissé croire que l’enthousiasme et l’ambition de la jeunesse pouvaient remplacer l’expérience et la connaissance de l’âge adulte, et appelé à cor et à cri à ce que la génération adulte s’efface pour laisser les places aux « djeunes ». Nous récoltons aujourd’hui les fruits amers de cette imbécillité. Nous avons aujourd’hui le gouvernement le plus « jeune » dont on ait mémoire, avec des ministères « lourds » occupés par des personnages n’ayant pas atteint la quarantaine.

Qu’on me permette ici un commentaire personnel. J’ai eu la chance, l’immense chance de commencer ma carrière avec des chefs qui étaient non seulement des personnalités exceptionnelles, mais qui étaient surtout des pédagogues, conscients du besoin de former les jeunes recrues. Ce que j’ai appris d’eux – et que j’ai appliqué soigneusement ensuite, quand ce fut mon tour de former les autres – c’est que dans toute pédagogie le plus dur est de doser la progression. Donnez à l’apprenti des affaires trop dures pour lui, et il se découragera. Donnez lui des affaires trop simples, et il aura l’impression de faire du sur-place. N’importe quel chirurgien se souvient de la première opération qu’on lui a laissé faire en solo. Mais pour certains, ceux qu’on a mis dans cette situation alors qu’ils n’étaient pas prêts, ce souvenir est un cauchemar. Surtout si cela s’est mal passé. Tout cela est vrai pour les hommes politiques. Confier un ministère de premier plan à un ministre de 35 ans, c’est le mettre en situation d’échec. C’est le mettre dans une position de stress où il ne prendra pas plaisir à faire son travail, et dans une profession intellectuelle le travail qu’on ne prend pas plaisir à faire est généralement mal fait.

Doser la progression, c’est la seule manière de permettre aux individus de prendre plaisir dans leur métier. Et sur un point plus pragmatique, c’est optimiser le rendement de l’investissement social dans la formation. Mettre un « djeune » à faire un travail qu’il ne sait pas faire et déplacer pour ce faire un « vieux » dans la plénitude de son art est une absurdité dans n’importe quel métier. Et encore plus en politique. Toute profession établit donc un « cursus honorum » pour, dans la mesure du possible, assurer à chacun une progression qui ne s’arrête qu’avec la retraite. La politique, depuis quelques années, viole cette sage règle, et peuple notre vie politique de « jeunes » incompétents qui rament pour assumer – ou du moins pour faire semblant – des fonctions trop grandes pour eux, et de « vieux » aigris remisés trop tôt à des postes subalternes. Laurent Fabius a occupé ses plus hautes fonctions à 35 ans, quand il était arrogant et superficiel. A 50 ans, après l’expérience du sang contaminé et du référendum de 2005, il aurait eu, dans la fonction de Premier ministre, une toute autre profondeur. D’ailleurs, les jeunes eux-mêmes ne sont guère dupes du « djeunisme » régnant, même si les politicards en herbe s’en servent cyniquement pour faire avancer leur carrière. Lorsqu’ils ont besoin de références, de figures à vénérer ou des exemples à suivre, c’est bien chez un Stéphane Hessel, chez l’abbé Pierre ou chez Jean-Luc Mélenchon – à qui l’on peut reprocher beaucoup de choses, mais pas d’être un perdreau de l’année – qu’ils vont les rechercher.

Car les jeunes ne sont pas idiots. Malgré le travail de décérebrage d’une société dont le message est que seul le présent existe, il faut voir avec quelle attention la jeunesse écoute lorsqu’on lui parle de l’histoire, d’un passé qu’ils n’ont pas connu et qu’on fait de ce passé un instrument pour comprendre le présent. Le problème, c’est qu’elle se trouve succéder à une génération, celle de 68, dont le pouvoir s’est construit sur le rejet de toute forme de continuité et de transmission. Avez vous entendu une seule fois Cohn-Bendit parler dans l’un de ses discours d’histoire ? Citer Napoléon, de Gaulle, Robespierre ou Rousseau ? Parler de la Résistance, de Vercingétorix ou de Jeanne-d’Arc, de César ou d’Alexandre le Grand ? Non, bien sur que non. Tous ces gens sont des affreux racistes, sexistes et homophobes qu’il vaut mieux oublier. Le jugement des figures du passé avec des critères tirés du présent « aplatit » l’histoire, et ne laisse subsister comme figures positives que des figures mineures et celles issues d’un passé proche. L’ideal de la génération de 68 était celui d’une génération auto-référente, c’est à dire, qui n’a accès à d’autres références que celles qu’elle produit elle-même (6). C’est ce rêve monstrueux que l’on essaye d’imposer aujourd’hui à la jeunesse. Heureusement, celle-ci garde une certaine capacité de résistance qu’il ne faudrait pas sous-estimer. Malheureusement, cette capacité de résistance la conduit vers ceux qui apparaissent aujourd’hui comme porteurs de la continuité et de l’histoire, c’est à dire, le Front National… faut-il s’étonner si celui-ci est devenu électoralement le parti en tête parmi les jeunes ?

La dévalorisation de l’expérience a un deuxième volet, celui qui conduit à l’idéologie du « tout, tout de suite ». En d’autres termes, l’idée que l’excellence dans un métier ne vient pas de longues études, de travail acharné, d’échecs et de succès qui se suivent au fil du temps, mais d’une sorte de « don » magique qu’on reçoit à son berceau et surtout de la chance de se faire remarquer par ceux qui ont le pouvoir de faire les carrières. Cette logique imprègne le « show-business », et qui fabrique des « stars » qui n’ont besoin que de quelques semaines de « star academy » pour tout viatique avant de connaître la consécration professionnelle. Elle imprègne de plus en plus la politique, où l’on voit surgir de plus en plus des « stars » au maigre bagage dont le seul titre de gloire est d’avoir été « remarquées » par tel ou tel dirigeant dans une réunion, à la tribune d’un congrès, dans un meeting. Ces personnalités arrivent rapidement à des responsabilités de premier plan sans nécessairement comprendre combien l’art de gouverner est complexe. Il y a encore des ministres qui pensent qu’il suffit d’étendre l’index et prononcer la formule « je veux » pour que les choses se fassent. Or, c’est un petit peu plus compliqué que cela : un ministre est un chef d’orchestre. Et comme un chef d’orchestre, il est censé tirer le meilleur des instrumentistes, alors qu’il est incapable de jouer lui même de leurs instruments. Les ministères sont remplis d’experts : juristes, ingénieurs, économistes, fiscalistes… encore faut-il leur indiquer une partition et les faire travailler ensemble. La cascade de textes mal ficelés annulés ces derniers mois par le conseil constitutionnel montre combien cette tâche est difficile.

Alors, quel conseil donner à mon jeune interlocuteur, travaillant dans un milieu où tout le monde est persuadé qu’il n’y a pas de destin plus enviable que celui d’être député à 25 ans et ministre à 30, que les bonnes idées ne sont pas celles qui améliorent la vie, mais celles qui vous font élire (5), et que les techniciens ne sont que des ronds-de-cuir sans imagination qui ne servent qu’à faire obstruction ? Que lui conseiller, alors qu’autour de lui règnent carriérisme et clientélisme ?

D’abord, de ne pas céder aux sirènes de la facilité. Aujourd’hui, faire de la politique – au sens le plus noble du terme – implique un choix. On peut choisir la pureté, celle des saints, et s’enfermer dans une posture de dénonciation. Et on peut choisir au contraire de vivre dans le monde réel et de chercher à faire du mieux avec ce qu’on a. Ce qui suppose de fréquenter la corruption sans devenir soi même corrompu, de faire des accords et des alliances avec des gens qu’on méprise sans pour autant devenir méprisable. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le choix de la sainteté est le plus simple, le plus facile, et c’est pour cela qu’il attire. Le choix du pragmatisme, au contraire, est difficile et conduit nécessairement à gérer des dilemmes moraux à chaque pas. Croyez, moi, j’ai essayé les deux options dans ma vie… et je ne peux que recommander la seconde !

Ensuite, et c’est certainement l’essentiel, étudier, étudier, étudier. Il y a bien pire que le politicien corrompu ou carriériste, et c’est le politicien ignorant. Observer le réel et l’interpréter avec l’aide de ceux qui l’ont observé par le passé est un exercice indispensable à toute politique qui aspire à autre chose qu’un repli sur le quotidien. Tous les grands hommes d’Etat ont été d’abord des passionnés d’histoire, et la geste napoléonienne comme la geste gaullienne sont incompréhensibles si on oublie combien leurs auteurs regardaient le passé autant que l’avenir. Je dirais même que l’histoire est le meilleur vaccin contre la corruption des hommes politiques : ceux qui aspirent à figurer dans les annales de l’humanité s’abaissent rarement à piquer dans la caisse…

Est-ce que mon jeune ami suivra mes conseil ? Je l’ignore, mais je le souhaite. Un cabinet ministériel est un lieu dangereux, et à 25 ans on peut facilement perdre son temps et son âme si l’on ne fait pas attention. Le secret, c’est de toujours garder en tête le sens et les limites de ce qu’on fait. Celui qui fait le mal et en est conscient peut toujours être sauvé. C’est lorsqu’on fait le mal en croyant bien faire que la damnation n’est pas loin.

Descartes

(1) Ok, ok, dans le coin bibliothèque. Ce n’est pas parce qu’on a des petits moyens qu’on ne peut raconter une belle histoire…

(2) L’abus d’alcool – et de politique – sont dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

(3) D’où la célèbre plaisanterie : « J’ai deux mauvaises nouvelles : la première, c’est que pendant dix ans on va manger de la merde, et la seconde, qu’en plus il n’y en aura pas pour tout le monde ! ».

(4) Trois exceptions dans ce sombre tableau : Sarkozy, d’abord, qui truffait ses discours de références historiques, non pas qu’il eut une culture historique lui-même, mais il avait au moins l’intelligence de comprendre combien ces références étaient importantes et de s’entourer de conseillers qui les avaient. L’autre exception est sans conteste Jean-Luc Mélenchon, et la richesse de ses références – même s’il a une certaine tendance à réécrire l’histoire en fonction des circonstances – n’est pas pour rien dans son attrait dans la jeunesse. La troisième exception est Marine Le Pen, dont l’éducation a été tout sauf soixante-huitarde, et dont le père avait une culture historique remarquable.

(5) Avec le raisonnement pervers qui veut que de toute manière, pour changer le monde il faut bien se faire élire. Et qu’il faut avoir donc deux costumes idéologiques, un qu’on met pour l’élection, l’autre qu’on met pour le gouvernement…

(6) Qu'on me permette ici un exemple. Voici un extrait d'un commentaire posté sur le blog de Jean-Luc Mélenchon: "La France a aujourd'hui besoin d'une nouvelle génération de punks, de rebelles et d'anticonformistes défiant la pensée unique comme ces jeunes gens qui ont rejoint De Gaulle à Londres en 40". Ainsi donc De Gaulle aurait il été rejoint en 1940 par "des punks, des rebelles et des anticonformistes" ? Bien sur que non: la plupart de ceux qui ont rejoint De Gaulle en 1940 étaient loin d'être des "punks", et encore moins des "anticonformistes". C'était surtout des militaires – les civils sont au départ minoritaires – et situés bien à droite du spectre politique. Des "anticonformistes" souvent ultra-catholiques, quelquefois anti-républicains, maurrassiens ou cagoulards, toujours anti-parlementaires, réunis par la détestation du Front Populaire qui aurait "affaibli la France". Des "rebelles" qui ont pour beaucoup fait le coup de feu contre le Front Populaire et la République… Mais ce qui est intéressant dans ce commentaire – qui n'est qu'un parmi des dizaines qui font le même type de parallèle – est de voir combien il est difficile pour la jeunesse aujourd'hui d'échapper aux références de son temps pour examiner le passé.

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38 réponses à Conseils d’un vieux con

  1. CVT dit :

    Bonjour Descartes,
    [Delphine Batho, qui fut successivement militante lycéenne puis étudiante, militante à SOS-Racisme ou elle fut remarquée par Julien Drai qui la recommanda à Ségolène Royal qui la prit dans son cabinet puis lui céda sa circonscription législative de Melle est un excellent exemple de cette forme de carrière.]
    Voilà le résultat de la parité! Et dans le même genre (pas au sens "gender", bien sûr;-)…),on aurait tort d’oublier Najat Vallaud-Belkacem, un autre bébé-Ségolène, qui a tiré le gros lot: femme ET issue de l’immigration! Pour ce qui est de la recherche de l’excellence et de la méritocratie, on peut rêver!
    Franchement, ce résultat n’est pas très surprenant: une fois que la sélection par le mérite a été abolie, c’est désormais le règne du piston, du népotisme, des réseaux et du carnet d’adresses. Et quand cela se voit trop, on fait l’aumône d’une place une politique de quotas afin de calmer la colère du populo qui voit l’avenir de ses enfants bouché par l’absence d’ascension sociale. Vive Mai 68 et son égalitarisme sournois, triomphe des intrigants et des cyniques…
    Franchement, l’honnêteté de votre jeune convive l’honore, mais j’ai du mal à compatir à ses remords, car il me rappelle à quel point la mauvaise conscience est une des marques de fabrique du P"S": elle sert à justifier toutes les mesures "généreuses" mais surtout irresponsables et anti-républicaines qui caractérisent (ouverture des frontières, politiques des quotas, européisme, etc…).
    Vu ce que je sais de votre aversion pour Mai 68, je pense que vous n’êtes pas comptable du mal-être éprouvé par votre jeune ami, qui s’étonne d’avoir tout eu sans grand effort et grâce à son entregent.
    D’ailleurs, j’ai une hypothèse sur l’emprise qu’a l’idéologie anti-effort sur les élites françaises: en effet, l’un de ses traits culturels est sa détestation de l’effort et son admiration éperdue pour le talent pur.
    Je m’en suis aperçu à deux occasions au cours de ma vie: durant mes études d’ingénieur, où il était mal vu d’être un élève bûcheur; et lorsque je me suis expatrié, et que je me suis aperçu que le travail et l’effort étaient bien mieux récompensés en terme de responsabilités et de salaire qu’en France. D’où vient ce tropisme français? Est-ce une réminiscence de la noblesse française, qui avait toujours refusé de travailler la terre et faire du commerce, au contraire de la bourgeoisie? Notre monde étant gouverné par la bourgeoisie, généralement travailleuse, j’aurais tendance à répondre par la négative. Impression renforcée par le fait que notre pays est de tradition agricole et donc plutôt encline à valoriser le travail. A moins que cette détestation de l’effort ne soit le fait d’une "classe intellectuelle", que vous désignez souvent dans votre blog sous le terme de "classes moyennes", et ça me paraît presque satisfaisant. Je dis presque car j’avoue ne pas être convaincu des motivations profondes car elles ne me paraissent pas raisonnables: en effet, on n’a rien sans rien…

    • Descartes dit :

      [voila le résultat de la parité]

      Je ne suis pas un grand ami de la parité, mais il me semble qu’ici vous lui faites bien d’honneur en la rendant responsable des dérives que je dénonce. Il est vrai que le besoin de promouvoir rapidement des femmes dans un milieu jusqu’alors masculin rend la chose encore plus visible. En effet, la "République des attachés parlementaires" est un phénomène récent, et les ministres masculins tendent à être plus vieux que les ministres féminins. Mais il n’y a pas que les femmes qui font ce type de carrières. Benoît Hamon, par exemple, est lui aussi un pur exemple de ce genre de parcours.

      [D’où vient ce tropisme français? Est-ce une réminiscence de la noblesse française, qui avait toujours refusé de travailler la terre et faire du commerce, au contraire de la bourgeoisie?]

      Un peu de cela, certainement. Mais surtout l’influence du catholicisme, avec son discours de résignation. Dans le monde protestant, la vision du travail est totalement différente. Il y a aussi des puissantes racines paysannes, qui, contrairement à ce que vous pensez, ne conduisent pas à valoriser le travail. L’agriculture a été – avant de devenir une activité industrielle – un domaine où le résultat dépend plus de la "volonté de dieu" (clémence des éléments, maladies…) que du travail investi. Et comme l’a montré Le Goff, on travaillait fort peu dans nos campagnes comparé aux villes…

  2. morel dit :

    « Malheureusement, cette capacité de résistance la conduit vers ceux qui apparaissent aujourd’hui comme porteurs de la continuité et de l’histoire, c’est à dire, le Front National… faut-il s’étonner si celui-ci est devenu électoralement le parti en tête parmi les jeunes ? »

    La Une du quotidien Le Monde du 9 avril titrait : « Marine Le Pen en tête chez les jeunes » se fondait sur un sondage publié sans notice ni échantillon. L’enquête publiée par le Monde l’a été sans aucune mention d’échantillon, pourtant obligatoire. L’enquête concerne en fait les 18-29 ans pour 438 personnes inscrites sur les listes électorales. Suite à saisine de la commission des sondages, Le Monde publiera en page 7 (en non en Une), la précision apportée par celle-ci : « En l’espèce, le sous-échantillon des « jeunes 18-24 ans » comportait moins de 200 personnes et cette indication faisait défaut. Eu égard, à la faiblesse de cet effectif et aux marges d’incertitudes qui affectent par voie de conséquence les résultats obtenus, la commission des sondages rappelle qu’ils doivent être interprétés avec une grande prudence. La présentation qu’en a faite Le Monde n’a pas respecté cette règle de prudence. »
    Selon un sondage Ipsos-Logica Business Consulting sur la sociologie des électorats réalisé du 19 au 21 avril 2012 sur Internet auprès de 3.152 personnes et redressé avec les résultats du scrutin. Il arrive troisième chez les jeunes de 18 ans à 24 ans (18%), loin derrière François Hollande (29%) et Nicolas Sarkozy (27%).
    Par ailleurs, le fait faire élire sous marque dynastique une députée de…22 printemps semble vous avoir échappé.

    • Descartes dit :

      Il est exact que le sondage publié par Le Monde était fait sur un échantillon relativement petit, et doit être interprété avec précaution. Mais ses résultats sont confirmés par plusieurs sondages faits pour le compte des candidats et non publiés, dont deux auxquels j’ai eu accès et qui pour des raisons évidentes je ne peux publier ici. Par ailleurs, il me semble contradictoire de critiquer le sondage du Monde et proposer ensuite un sondage Ipsos-Logica fait sur Internet… il est connu que les sondages par Internet privilégient fortement les couches moyennes, c’est à dire, celles qui sont les moins favorables au FN.

      [Par ailleurs, le fait faire élire sous marque dynastique une députée de…22 printemps semble vous avoir échappé.]

      Je ne vois pas très bien ce que vous appelez "faire élire". Le FN n’a pas de "bastion" où n’importe qui portant l’étiquette "FN" est sûr d’être élu. Le FN n’est donc pas en mesure de "faire élire" qui que ce soit. Et il est de même avec la "marque dynastique". J’ajoute que la "marque dynastique" n’est pas le privilège du FN. Je crois me souvenir que François Mitterrand a "fait élire" l’un de ses fils député (et dans ce cas, on peut dire "fait élire" sans travestir les faits, parce qu’un âne coiffé du bonnet PS aurait été élu dans sa circonscription), et la montée de Besancenot dans la hiérarchie de la LCR n’est pas tout à fait étrangère aux rapports que celui-ci avait à l’époque avec la fille du leader inamovible de la Ligue…

  3. Ifig dit :

    D’accord avec ton éloge de l’engagement dans le concret de la politique (et donc du réformisme 🙂

    Si on doit chercher les catégories présentes à Londres dès Juin 40, ne pas oublier les marins-pêcheurs sénans. Mais c’est vrai que ce qui est frappant dans ce commentaire, c’est l’anachronisme plus la nostalgie d’un passé romanticisé où nos contemporains ont l’impression que les choix moraux étaient évidents/immédiats. L’époque actuelle est complexe, floue, pragmatique; savoir discerner le bon du mal n’est pas facile; et savoir quelles sont les capacités d’action est encore p^lus dur à voir. Je ne suis pas sûr que c’était beaucoup plus facile dans les années 30. Cf. par exemple Paul Nizan: "Ils ne savaient pas encore comme c’est lourd et mou le monde, comme il ressemble peu à un mur qu’on flanque par terre pour en monter un autre beaucoup plus beau, mais plutôt à un amas sans queue ni tête de gélatine, à une espèce de grande méduse avec des organes bien cachés." (La Conspiration.)

    • Descartes dit :

      [D’accord avec ton éloge de l’engagement dans le concret de la politique (et donc du réformisme :-)]

      Je ne vois pas où vous voyez un "éloge du réformisme" dans mes propos. Lénine, le grand Lénine, prit le pouvoir dans une alliance avec les "socialistes révolutionnaires". Il fit aussi une alliance avec la petite bourgeoisie lorsqu’il mit en place la NEP. Diriez-vous que c’était un "réformiste" ? Je crois que vous confondez ici "réformiste" avec "pragmatique"… si je revendique le deuxième terme, je n’assume certainement pas le premier!

      [Je ne suis pas sûr que c’était beaucoup plus facile dans les années 30.]

      Je suis persuadé que cela ne l’était pas. Nous avons l’illusion que les choix étaient simples parce que nous connaissons le dénouement. Mais lorsqu’on lit l’histoire de cette époque – et beaucoup d’historiens ces dernières années sont revenus sur cette époque avec un regard neuf qui n’est ni celui de l’image d’Epinal, ni celle de la condamnation moralisante – on se rend compte au contraire qu’elle n’avait rien de "simple", et que le hasard a joué un rôle bien plus grand qu’on ne le croit dans le positionnement des individus entre "héros" et "traîtres"…

  4. morel dit :

    Pouvons-nous sérieusement dialoguer en invoquant des faits ou études tenus confidentielles ?
    Que diriez-vous si je me référais à ce procédé ?

    Selon l’Acerp, 23,1 millions abonnés internet au premier trimestre 2012. L’INED comptabilise, pour sa part 26,8 millions de ménages en 2009 et souligne la tendance structurelle à la réduction de la taille de ceux-ci. Il a sans doute, chez les foyers plus aisés, des abonnements plus nombreux mais il en résulte que la « fracture numérique » n’est plus ce gouffre auparavant évoqué.
    Personnellement, je connais un nombre significatif d’ouvriers et même des personnes ressortissants de la CMU, abonnés.
    Par ailleurs, si vous contestez (et c’est votre droit) la validité du sondage Ipsos concerné, il vous faut remettre en cause aussi ses autres résultats dont la première place qu’il accorde (29%) au vote ouvrier pour les mêmes.

    Enfin, concernant la famille Le Pen à l’égard de laquelle je vous trouve (à tort ?) bien moins sévère que concernant Mélenchon. Je m’amuse à constater que ces gens-là ont un problème « d’identité » : le père qui se fait appeler Jean-Marie, la fille, Marine, et la nièce qui tient à accoler le nom de sa mère à son nom d’origine. Mais là, vous pouvez m’accorder qu’il y a une raison fort prosaïque. Le fils Halliday, Dutronc, etc…
    Foin des plaisanteries, vous avez donné votre sentiment relativement à un conseiller ministériel de 27 ans. Que pensez-vous de l’exercice d’un mandat de député à 22 ans ?

    • Descartes dit :

      [Pouvons-nous sérieusement dialoguer en invoquant des faits ou études tenus confidentielles ?]

      Bien entendu, s’il s’agit d’un "dialogue" et non d’une "joute" où il s’agit de désigner un vainqueur. Une étude tenue confidentielle ne vaut bien entendu pas preuve. Vous avez tout à fait le droit d’estimer que mon point n’est pas demontré, et de ne pas faire confiance à mes dires. Si je vous la cite, c’est parce que je l’ai vue de mes yeux vue, et que je pense que cela peut apporter à votre réflexion. Après, vous en faites ce que vous voulez… je ne connais franchement pas d’étude publique et statistiquement fiable confirmant ce point.

      [Personnellement, je connais un nombre significatif d’ouvriers et même des personnes ressortissants de la CMU, abonnés.]

      La question n’est pas là. Il ne suffit pas d’être abonné, encore faut-il que les gens aillent sur les sites où se font ces sondages, et qu’ils choisissent de participer.

      [Par ailleurs, si vous contestez (et c’est votre droit) la validité du sondage Ipsos concerné, il vous faut remettre en cause aussi ses autres résultats dont la première place qu’il accorde (29%) au vote ouvrier pour les mêmes.]

      Pas du tout. Dire qu’un sondage est statistiquement discutable n’implique nullement que ses résultats soient faux. Si j’interroge dix personnes sur leur vote, il y a une probabilité non négligeable que leur réponse corresponde au résultat observé. Mais il y a une possibilité non négligeable que j’obtienne les bons résultats pour les candidats de droite et pas de gauche… Le fait qu’un sondage soit statistiquement douteux implique qu’on ne peut affirmer avec une probabilité raisonnable que les résultats correspondent à la réalité avec une marge d’erreur, c’est tout.

      [Enfin, concernant la famille Le Pen à l’égard de laquelle je vous trouve (à tort ?) bien moins sévère que concernant Mélenchon.]

      Normal. On est toujours plus "exigeant" avec les gens dont on attend quelque chose des gens dont on n’attend rien. Que Marine Le Pen montre son ignorance de l’histoire ou son manque de rigueur ne me gêne pas, au contraire. Qu’une personne dont j’ai été proche et en qui je vois – de moins en moins, mais tout de même – un espoir fasse de même me blesse. Il faut être dur avec ses ennemis, et encore plus dur avec ses amis. La complaisance ne rend service à personne.

      [Je m’amuse à constater que ces gens-là ont un problème « d’identité » : le père qui se fait appeler Jean-Marie, la fille, Marine, et la nièce qui tient à accoler le nom de sa mère à son nom d’origine. Mais là, vous pouvez m’accorder qu’il y a une raison fort prosaïque. Le fils Halliday, Dutronc, etc… ]

      Je ne saisis pas trop le sens de ce commentaire. Le père "se fait appeler" Jean-Marie parce que c’est le prénom qui figure dans son état civil. Pour être précis, Jean Louis Marie Le Pen. Mais il est d’usage dans certaines familles, particulièrement en Bretagne, d’accoler le premier et le troisième prénoms. Et c’est ce qui arrive à Marine Le Pen: sur l’Etat civil, elle s’appelle Marion Anne Perrine Le Pen, on aurait du l’appeler "Marion-Perrine" ce qui par apocope donne "Marine". Quant à la nièce, si ma mémoire ne me trompe pas la revendication de pouvoir accoler le nom de la mère au nom patronymique a été portée par les féministes avant d’être inscrite dans la loi. Diriez-vous que ces féministes avaient "un problème d’identité" ?

      [Foin des plaisanteries, vous avez donné votre sentiment relativement à un conseiller ministériel de 27 ans. Que pensez-vous de l’exercice d’un mandat de député à 22 ans ?]

      Que c’est une très mauvaise idée, et personnellement je ne voterais pas pour un tel candidat.

    • BolchoKek dit :

      Morel :
      >Il a sans doute, chez les foyers plus aisés, des abonnements plus nombreux mais il en résulte que la « fracture numérique » n’est plus ce gouffre auparavant évoqué.

      Toujours est-il qu’il y a sociologiquement une fréquentation différente de certains secteurs d’internet. Ce n’est pas parce que le chômeur a internet qu’il va se mettre à lire les chroniques de The Economist.

      >Personnellement, je connais un nombre significatif d’ouvriers et même des personnes ressortissants de la CMU, abonnés.
      J’ai rencontré, de par mes activités militantes, mais pas seulement, un nombre important de jeunes des quartiers. Là où j’ai trouvé le plus de personnes se retrouvant dans le discours du FN était chez les lycéens pro, les jeunes travailleurs et les apprentis, indifféremment selon l’origine "ethnique". Le discours social a en fait vraiment percé, à un point que l’on peut mal imaginer sans le voir, et les positions "identitaires" ne leur sont même pas parvenues. Quand c’est le cas, ils peinent à en comprendre l’enjeu, et je les comprends, c’est un peu mon cas.

      Descartes :
      >Mais il est d’usage dans certaines familles, particulièrement en Bretagne, d’accoler le premier et le troisième prénoms.
      En réalité, les bretons ne font traditionnellement ceci que de façon voulue. Les prénoms secondaires sont plus vus comme des "composés" du premier prénom. C’est aussi la raison pour laquelle de nombreux bretons n’ont pas de deuxième prénom : lorsque l’on veut que quelqu’un s’appelle Jean, on le nomme simplement Jean, sans autre prénom légal.

    • Descartes dit :

      [Le discours social a en fait vraiment percé, à un point que l’on peut mal imaginer sans le voir,]

      Tout à fait. Si dans ce blog je rappelle à chaque opportunité ce point, ce n’est pas par on ne sait quelle "complaisance" pour le FN, mais parce que c’est l’éléphant au milieu du salon que tout le monde fait semblant de ne pas voir. Au point que dans la gauche radicale, signaler combien le discours du FN pénètre les l’électorat populaire est assimilé à une quasi-trahison. Et pourtant… "Le Monde" publie aujourd’hui un entrefilet concernant le cas d’une ancienne responsable de la CGT, Anna Rosso-Roig – un nom pas très de chez nous, comme dirait Jean-Marie – qui fut candidate Front de Gauche aux dernières élections législatives dans le 5ème secteur de Marseille et qui se présentera aux prochaines municipales sous l’étiquette FN. Si j’étais militant à Marseille, je me précipiterais chez elle pour essayer de comprendre ce qui l’a fait changer si radicalement de bord. Mais je suis sur que personne au FdG marseillais ne fera ce travail.

    • dsk dit :

      Descartes dixit : "Que c’est une très mauvaise idée, et personnellement je ne voterais pas pour un tel candidat."

      Franchement, moi je n’en peux plus de ces tromblons ménopausées à la mine sévère qui nous gouvernent. Assez ! Vive la fraîcheur, l’optimisme et la beauté ! Vive le sexe !

    • Descartes dit :

      Mon cher DSK, vous me décevez. Je croyais que vous aviez compris que les critères pour choisir qui on met dans son lit ne sont pas les mêmes que ceux pour choisir qui on met au pouvoir…

  5. J.Payen dit :

    " L’Histoire, vaccin contre la corruption des hommes politiques". Superbement dit !
    Puis-je suggérer ceci, s’agissant du visage de la Terre, l’éternelle oubliée :
    " La Géographie, vaccin contre le déni des réalités".

    • dsk dit :

      Descartes dixit : "Mon cher DSK, vous me décevez. Je croyais que vous aviez compris que les critères pour choisir qui on met dans son lit ne sont pas les mêmes que ceux pour choisir qui on met au pouvoir…"

      Croyez moi, je l’ai très bien compris.Comme tout un chacun malheureusement aujourd’hui, vous connaissez certainement mon goût prononcé pour les tromblons. C’est donc bien à l’Assemblée que je veux les jolies femmes, tandis que c’est dans mon lit que je veux les tromblons. Pourquoi ? Why is that, me direz-vous ? Eh bien c’est très simple : dans le contexte actuel de négation idéologique de la différence sexuelle, donc de la biologie, donc du corps, et donc du sexe, j’affirme, au contraire : vive le corps, vive la beauté, vive la jeunesse, et vive le sexe ! Vous voyez donc qu’il s’agit bien d’une affirmation de nature purement politique.
      Sinon, de façon plus terre-à-terre, je vous dirais que je ne vois pas pourquoi il faudrait éviter que des jeunes ne soient élus à l’Assemblée. Après tout, ceci leur permet d’y faire leurs "classes", encadrés par des députés plus expérimentés, sachant que la discipline de vote est par ailleurs de nature à éviter qu’ils ne commettent des erreurs dues à leur inexpérience. Où est la différence, dès lors, avec les jeunes technocrates à qui l’on commence par confier des affaires simples ? Ceci dit, il est bien certain que la jeunesse n’est pas en soi un gage de qualité, mais c’est là une autre question.

    • Descartes dit :

      [j’affirme, au contraire : vive le corps, vive la beauté, vive la jeunesse, et vive le sexe ! Vous voyez donc qu’il s’agit bien d’une affirmation de nature purement politique.]

      Je ne vois aucune "affirmation politique" là dedans. Je crois que vous souffrez encore du syndrome de mai 68 et voyez de la politique partout, et notamment dans le sexe. On peut aimer la beauté, le corps jeune, le sexe de la même manière qu’on aime Rembrandt ou une bonne blanquette de veau à l’ancienne. Diriez-vous que "vive la blanquette de veau à l’ancienne" est une "affirmation de nature purement politique" ? *

      [Sinon, de façon plus terre-à-terre, je vous dirais que je ne vois pas pourquoi il faudrait éviter que des jeunes ne soient élus à l’Assemblée.Après tout, ceci leur permet d’y faire leurs "classes", encadrés par des députés plus expérimentés, ]

      L’Assemblée n’est pas un centre de formation pour jeunes politiciens, mais un lieu où se fait la décision politique. On ne met pas un jeune étudiant en chirurgie à pratiquer des opérations à coeur ouvert. On commence par lui confier les appendicites. Et de même, si nous voulons une "fonction politique" de qualité, il faut former les politiciens en définissant un "cursus honorum" qui commence d’abord par des fonctions bénévoles qui lui permettent de passer l’essentiel de son temps dans le "monde réel" – pour le dire avec moins de nuances, de bosser pour un véritable patron dans un véritable poste de travail – pour ensuite exercer des fonctions de représentation puis de gestion dans une collectivité, et enfin autour de la quarantaine avec une bonne connaissance du terrain aboutir à une fonction représentative nationale.

      [Où est la différence, dès lors, avec les jeunes technocrates à qui l’on commence par confier des affaires simples ?]

      Justement, je ne crois pas qu’une fonction de député soit une "fonction simple", par laquelle on puisse commencer sa formation. On ne met pas les jeunes magistrats en sortie d’école à la Cour de Cassation, pas plus qu’on ne met les jeunes ingénieurs en sortie d’école dans les comités de direction.

  6. adrien dit :

    Ce billet m’a fait penser au vôtre : http://www.lemonde.fr/vous/article/2013/05/24/juste-un-mot-experience_3416095_3238.html

    Comme quoi, l’« expérience » est bien valorisée dans notre société 😉

    • Descartes dit :

      Je vois… vous faites dans l’humour noir…

    • dsk dit :

      [ Diriez-vous que "vive la blanquette de veau à l’ancienne" est une "affirmation de nature purement politique" ? *]

      Et que faîtes-vous de la poule au pot d’Henri IV ? Si la poule au pot a pu jouer un rôle politique dans l’Histoire, pourquoi pas la blanquette de veau ?

      [L’Assemblée n’est pas un centre de formation pour jeunes politiciens, mais un lieu où se fait la décision politique.]

      Certes, mais c’est une décision collective qui, de plus, est encadrée par la discipline des partis. Du reste, si vous même aviez à choisir entre un candidat européiste de 40 ans, et un candidat souverainiste de 23 ans, honnêtement, lequel choisiriez vous ? Le jeune, bien entendu, car vous savez qu’il sera, de toute façon, encadré par son parti.

      [Et de même, si nous voulons une "fonction politique" de qualité, il faut former les politiciens en définissant un "cursus honorum" qui commence d’abord par des fonctions bénévoles qui lui permettent de passer l’essentiel de son temps dans le "monde réel" – pour le dire avec moins de nuances, de bosser pour un véritable patron dans un véritable poste de travail]

      Et voilà. Je constate qu’ une fois de plus, vous rejoignez exactement la philosophie du Front National. Vous trouverez ci-dessous un lien vers un reportage de LCP sur Marion Le Pen, la montrant en train de suivre un stage pratique chez un fraisiculteur de Carpentras. Vous pouvez, bien évidemment, couper le son, en vue de mieux jouir du spectacle de cette jeune beauté évoluant au milieu des fraises.

      http://www.lcp.fr/emissions/j-aimerais-vous-y-voir/vod/147306-marion-marechal-le-pen-deputee-fn-du-vaucluse

    • Descartes dit :

      [Et que faîtes-vous de la poule au pot d’Henri IV ? Si la poule au pot a pu jouer un rôle politique dans l’Histoire, pourquoi pas la blanquette de veau ? ]

      J’attire votre attention sur le fait qu’Henri IV n’a jamais proclamé "vive la blanquette de veau". Dire "je veux que chaque sujet de mon royaume puisse mettre une poule au pot chaque dimanche" est une déclaration politique. Dire "vive la poule au pot", non.

      [Du reste, si vous même aviez à choisir entre un candidat européiste de 40 ans, et un candidat souverainiste de 23 ans, honnêtement, lequel choisiriez vous ? Le jeune, bien entendu, car vous savez qu’il sera, de toute façon, encadré par son parti.]

      Le jeune, bien entendu, parce que pour moi les idées priment l’âge, et que je préfère être représenté par un incompétent qui partage les miennes plutôt que par un compétent du côté opposé. Mais lorsque je parlais du choix, je parle plutôt de celui que font les partis que de celui que font les électeurs. C’est aux partis de présenter à la députation des gens qui sont dans la plénitude de leur capacité.

      [Et voilà. Je constate qu’ une fois de plus, vous rejoignez exactement la philosophie du Front National.]

      Vous savez, je suis immunisé contre ce genre de terrorisme intellectuel. Ce n’est pas parce que le Front National dit qu’il fait jour a minuit que je vais m’obliger à dire le contraire. Par ailleurs, l’exemple que vous citez est ridicule et n’a aucun rapport avec ma proposition. La question n’est pas de faire faire aux politiciens des "stages pratiques", mais une véritable expérience de travail. J’aurais certainement plus de respect pour Marion Le Pen si elle avait travaillé – mais vraiment travaillé – pour un fraisiculteur de Carpentras pendant cinq ou dix ans.

  7. julien dit :

    A 28 ans, je suis un lecteur très régulier de votre blog. Malheureusement, cela ne m’ouvre pas d’horizons professionnels… Mais je n’ai pas attendu cet âge pour deviner qu’on ne peut pas tout avoir…

    • Descartes dit :

      [A 28 ans, je suis un lecteur très régulier de votre blog. Malheureusement, cela ne m’ouvre pas d’horizons professionnels…]

      Ne croyez pas ça… Chaque fois qu’on mobilise une neurone, on augmente ses chances de trouver un boulot. C’est scientifiquement prouvé… 😉

    • julien dit :

      Merci, je le souhaite… A contre-courant du féminisme bébête, neurone est un nom commun masculin. 🙂

    • Descartes dit :

      Je suis couvert de honte…

  8. dsk dit :

    [Dire "je veux que chaque sujet de mon royaume puisse mettre une poule au pot chaque dimanche" est une déclaration politique. Dire "vive la poule au pot", non.]

    Merci de ne pas me prendre pour un demeuré. Je n’ai pas dit que "vive la poule au pot" était une déclaration politique. J’ai dit que la poule au pot a pu jouer un rôle politique. Pour que "vive quelque chose" devienne une déclaration politique, il faut, par exemple, que le pouvoir politique décide de s’attaquer à cette chose. Or c’est bien le cas du sexe, dans sa dimension reproductrice, lorsque le pouvoir entend, comme aujourd’hui, créer de toutes pièces des familles homosexuelles.

    • Descartes dit :

      [Merci de ne pas me prendre pour un demeuré. ]

      Si vous ne voulez pas qu’on vous prenne pour un demeuré, je ne peux que vous conseiller de suivre ce sage précepte de la sagesse juive: "ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse"…

      [Je n’ai pas dit que "vive la poule au pot" était une déclaration politique.]

      Bien sur que si. Vous avez ressorti votre "poule au pot" en réponse à mon commentaire qui demandait ironiquement pourquoi si vous estimiez que "vive le sexe, vive la jeunesse, vive la beauté" était une déclaration politique, alors vous n’accordiez pas le même statut à "vive la blanquette de veau". Dans la mesure où notre échange concernait la comparaison d’expressions de la forme "vive la ….", on pouvait raisonnablement supposer que votre "poule au pot" s’insérait dans ce type d’expression.

      Ce n’est pas la première fois que vous donnez un exemple sans aucun rapport avec l’échange et que vous vous indignez ensuite. Si vous ne lisez pas avec attention ce que votre interlocuteur écrit, ce n’est pas ma faute.

    • dsk dit :

      [Si vous ne lisez pas avec attention ce que votre interlocuteur écrit, ce n’est pas ma faute.]

      Je ne vous ai peut-être pas bien compris, mais croyez moi, je vous ai lu avec attention. Vous avez dit : "Je crois que vous souffrez encore du syndrome de mai 68 et voyez de la politique partout, et notamment dans le sexe. On peut aimer la beauté, le corps jeune, le sexe de la même manière qu’on aime Rembrandt ou une bonne blanquette de veau à l’ancienne. Diriez-vous que "vive la blanquette de veau à l’ancienne" est une "affirmation de nature purement politique" ? ", ce que j’ai compris comme signifiant que, pour vous, certains sujets, par essence, n’étaient pas politiques, car ils ne sont que de l’ordre du plaisir privé. C’est pourquoi j’ai pris l’exemple de la poule au pot, proche, vous en conviendrez, de la blanquette de veau, afin de vous démontrer que si tout n’est pas politique, tout, ou presque, peut néanmoins le devenir.

    • Descartes dit :

      [ce que j’ai compris comme signifiant que, pour vous, certains sujets, par essence, n’étaient pas politiques, car ils ne sont que de l’ordre du plaisir privé.]

      De quels "sujets" parlez vous ? La poule au pot n’est pas un "sujet" politique. Déclarer "vive la poule au pot" n’a aucun contenu politique, pas plus que "vive le sexe". Par contre, déclarer que l’objectif d’un gouvernement est que chaque français puisse mettre une poule au pot chaque dimanche, oui.

    • dsk dit :

      [De quels "sujets" parlez vous ? La poule au pot n’est pas un "sujet" politique. Déclarer "vive la poule au pot" n’a aucun contenu politique, pas plus que "vive le sexe".]

      Désolé, mais je ne comprends pas. En quoi n’est-ce pas un sujet politique ? Vous semblez dire, dans cette phrase, que pour que quelque chose soit un sujet politique, il faut absolument que "Vive (cette chose) !" ait un contenu politique. Or je n’en vois pas la nécessité. Peut-être voulez-vous dire que cette chose doit avoir en elle-même, et à elle seule, un contenu politique ? Quoi qu’il en soit, si vous voulez une phrase de type "Vive…!" appliquée à un plat culinaire, et qui aurait un contenu politique, je peux vous proposer: "Vive le fromage au lait cru !", dans le contexte d’une menace de prohibition émanant de l’UE, par exemple. Quant à "Vive le sexe !", je crois m’en être expliqué assez clairement dans mon avant dernier message, sauf à rajouter que cette phrase n’était pas non plus à prendre au premier degré. Si j’avais voulu être complètement sérieux, précis et circonstancié, j’aurais plutôt dû dire : "Vive la filiation par le sexe, et vive la différence des sexes !".

    • Descartes dit :

      [En quoi n’est-ce pas un sujet politique ?]

      En ce qu’il n’a aucun rapport avec la conduite de la cité, qui est au sens stricte la définition de la politique. Que vous aimiez la blanquette ou le sexe, c’est une affaire privée entre vous et votre conscience. Et par voie de conséquence, cette inclinaison n’a aucun contenu "politique".

      [Vous semblez dire, dans cette phrase, que pour que quelque chose soit un sujet politique, il faut absolument que "Vive (cette chose) !" ait un contenu politique.]

      Absolument pas. C’est vous qui aviez fait de "vive le sexe" une "affirmation de nature purement politique". J’ai contesté cette qualification, et pour illustrer cette contestation je vous ai demandé ironiquement si "vive la blanquette de veau" était aussi une "affirmation de nature purement politique"…

      ["Vive le fromage au lait cru !", dans le contexte d’une menace de prohibition émanant de l’UE, par exemple.]

      Tout à fait. Mais dans ce contexte, je peux crier "vive le fromage au lait cru" même si je déteste le fromage. Ce qui est en cause dans cette affirmation est en fait la contestation d’une interdiction de l’UE qui, étant d’ordre public, est évidement politique. Ce n’était pas du tout le sens que vous aviez donné à votre affirmation "vive la jeunesse, vive le sexe". A ma connaissance, aucune autorité politique n’a interdit ni l’un, ni l’autre.

      [Si j’avais voulu être complètement sérieux, précis et circonstancié, j’aurais plutôt dû dire : "Vive la filiation par le sexe, et vive la différence des sexes !".]

      Vous auriez du être plus sérieux, précis et circonstancié, alors. Parce que cette affirmation est, elle, évidement politique puisqu’elle conteste, là encore, une décision de l’autorité politique, celle de séparer la filiation du sexe….

    • dsk dit :

      "Vous auriez du être plus sérieux, précis et circonstancié, alors."

      Adressez plutôt ce reproche aux soixante-huitards, que je n’ai fait ici que pasticher. "Il est interdit d’interdire !" n’était pas, en effet, un slogan sérieux, précis et circonstancié. Et pourtant, il avait bien un contenu politique, puisqu’il a fini par donner, ces jours-ci, l’interdiction de l’interdiction du mariage aux homosexuels.

    • dsk dit :

      Je vois que vous ne souhaitez pas continuer cette petite conversation à propos "Vive le sexe!". Dommage, il me semble que grâce à vous, j’étais en train de comprendre ce que j’avais voulu dire.

      ["La question n’est pas de faire faire aux politiciens des "stages pratiques", mais une véritable expérience de travail. J’aurais certainement plus de respect pour Marion Le Pen si elle avait travaillé – mais vraiment travaillé – pour un fraisiculteur de Carpentras pendant cinq ou dix ans."]

      Excusez-moi mais, là encore, il se trouve que je vous ai bien lu avec attention. Vous avez écrit :
      "si nous voulons une "fonction politique" de qualité, il faut former les politiciens en définissant un "cursus honorum" qui commence d’abord par des fonctions bénévoles qui lui permettent de passer l’essentiel de son temps dans le "monde réel" – pour le dire avec moins de nuances, de bosser pour un véritable patron dans un véritable poste de travail".
      S’il s’agit de "fonctions bénévoles", c’est donc bien qu’il s’agit d’un "stage pratique", non? Vous ne suggérez quand même pas qu’un homme politique devrait d’abord travailler cinq ou dix ans "dans un véritable poste de travail" de façon bénévole ?

    • Descartes dit :

      [Je vois que vous ne souhaitez pas continuer cette petite conversation à propos "Vive le sexe!".]

      Je trouve personnellement que le sujet est épuisé. Pas vous ?

      [Dommage, il me semble que grâce à vous, j’étais en train de comprendre ce que j’avais voulu dire.]

      Désolé, je ne fais plus de psychanalyses gratuites…

      [S’il s’agit de "fonctions bénévoles", c’est donc bien qu’il s’agit d’un "stage pratique", non?]

      Non. Vous confondez deux choses. D’un côté, le "cursus honorum" pour former un politicien, qui devrait à mon avis commencer par des fonctions bénévoles. De l’autre côté, sa formation en tant que citoyen qui, elle, passe par le fait de "passer l’essentiel de son temps dans le monde réel" en travaillant pour un salaire chez un patron. Pour le dire autrement, j’aimerais que les politiques passent une dizaine d’années dans le monde du travail tout en assumant en plus des fonctions bénévoles. Un "stage pratique" dans le monde réel ne suffit pas!

    • dsk dit :

      [Je trouve personnellement que le sujet est épuisé. Pas vous ?]

      Je ne sais pas. Encore faudrait-il que je sache quel était le sujet. Peut-être était-ce le refoulement, dans notre société libérale, de la sexualité dans sa dimension reproductrice, en tant qu’elle nous renvoie à notre condition de mortel ? Mais oui ! C’est ça ! Merci Descartes !

      [Désolé, je ne fais plus de psychanalyses gratuites…]

      Ah bon ? Combien je vous dois ?

      [Pour le dire autrement, j’aimerais que les politiques passent une dizaine d’années dans le monde du travail tout en assumant en plus des fonctions bénévoles.]

      Dans ce cas, permettez-moi de vous dire que je ne partage absolument pas ce point de vue. Comme vous, je souhaiterais que nos députés soient aussi compétents que possible. Mais je ne crois pas que le fait de passer dix ans dans le "monde du travail", tout en assumant parallèlement des fonctions politiques bénévoles, puisse ensuite les rendre aptes à se prononcer valablement sur les questions d’économie, de défense, de politique étrangère, de fiscalité, de sécurité, de justice etc. Déjà que nos hommes politiques passent en réalité le plus clair de leur temps à élaborer des stratégies pour se hisser au pouvoir, si en plus, vous voulez les faire trimer dix ans pour un patron…

    • Descartes dit :

      [Désolé, je ne fais plus de psychanalyses gratuites…] Ah bon ? Combien je vous dois ?

      Je ne sais pas… à combien se cotise la patience ?

      [Dans ce cas, permettez-moi de vous dire que je ne partage absolument pas ce point de vue. Comme vous, je souhaiterais que nos députés soient aussi compétents que possible. Mais je ne crois pas que le fait de passer dix ans dans le "monde du travail", tout en assumant parallèlement des fonctions politiques bénévoles, puisse ensuite les rendre aptes à se prononcer valablement sur les questions d’économie, de défense, de politique étrangère, de fiscalité, de sécurité, de justice etc.]

      Ce n’est pas ce que je veux dire. Je pense que le principal problème de nos élus aujourd’hui n’est pas leur incompétence, mais leur immaturité. Le fait de vivre quelques années dans le "monde réel", avec ses contraintes, apporte cette maturité. Le monde politique, par son côté artificiel et faussement "ludique", ne pousse pas vers la maturité. Cela n’est pas grave lorsque l’on y rentre avec une certaine maturité déjà acquise, mais est désastreux lorsqu’on rentre à plein temps très jeune et sans véritable expérience de la vie.

    • dsk dit :

      [Je pense que le principal problème de nos élus aujourd’hui n’est pas leur incompétence, mais leur immaturité.]

      Le "principal problème", carrément ? Franchement, je vous avoue que je me demande si votre hostilité à l’égard du Front National ne vous conduit pas à tenir ainsi des propos quelque peu excessifs. Quoi qu’il en soit, s’il s’agit bien là de votre pensée, je crois qu’il serait intéressant que vous l’explicitiez, peut-être pas dans ce fil de commentaire, désormais déserté par vos habituels lecteurs, mais dans un véritable billet.

    • Descartes dit :

      Je suis très vexé que vous n’ayez pas remarqué que c’était, précisément, le sujet de mon billet… mais peut-être est-ce ma faute ? Je n’ai peut-être pas été assez clair, dont je vais essayer de préciser. Le problème de ce que j’ai appelé "la République des attachés parlementaires", où le politicien n’a pour toute formation, pour toute expérience de la vie que celle acquise dans un milieu militant fréquenté dès un âge précoce; et pour tout mécanisme de sélection celui de se faire remarquer successivement par des "barons" de son Parti, c’est qu’il produit des êtres profondément immatures, qui font de la politique comme on joue à un jeu vidéo.

      On revient, comme toujours, à la question de la tragédie. La politique à laquelle jouent les "attachés parlementaires" est un jeu, une sorte de dessin animé où le coyote peut être aplati lors d’une séquence et se relève comme si de rien n’était à la suivante. On peut perdre une élection, être viré d’un poste… mais on ne se retrouve jamais au chômage, on n’est jamais saisi par les huissiers, on n’est pas jeté dans la misère… tout au plus, on se retrouve un job bien payé dans le privé et on essaye de revenir. Cette politique politicienne est un vaudeville. La politique, la vraie, est une tragédie et c’est pourquoi elle nécessite une maturité qu’on acquiert par une confrontation à la vie réelle, celle où l’on vit sans filet et on peut devenir chômeur ou SDF.

    • dsk dit :

      [Je suis très vexé que vous n’ayez pas remarqué que c’était, précisément, le sujet de mon billet…]

      Le "principal problème" que dénonce, à mon avis, votre billet n’est pas celui de l’immaturité de nos hommes politiques, mais plutôt celui que, du reste, vous dénoncez dans la plupart de vos autres billets, à savoir l’effet dissolvant de l’idéologie libérale sur la politique, et dont le "jeunisme" n’est qu’une des manifestations (cf. par exemple votre billet sur la "VIème république" de Mélenchon). Par essence, l’idéologie libérale demande, en effet, des politiques impuissants, dont le seul talent consiste à savoir laisser faire l’économie. De ce point de vue, leur incompétence n’est donc pas un problème, mais une solution. Car ce serait uniquement si les politiques décidaient de reprendre le pouvoir sur l’économie qu’il leur faudrait être compétents. Au contraire, les jeunes, les femmes, les élu(e)s issu(e)s de la diversité, tous ceux, en résumé, qui doivent leur carrière à la discrimination positive, sont, pour ainsi dire, recherchés pour leur incompétence, car celle-ci leur interdit de pouvoir venir un jour menacer le pouvoir économique. Ainsi s’explique, je crois, ce "Vaudeville" frivole et immature qu’est devenu la politique, dès l’instant où, en fait, elle a abandonné tout le réel pouvoir à l’économie.

    • Descartes dit :

      [Par essence, l’idéologie libérale demande, en effet, des politiques impuissants, dont le seul talent consiste à savoir laisser faire l’économie. De ce point de vue, leur incompétence n’est donc pas un problème, mais une solution. Car ce serait uniquement si les politiques décidaient de reprendre le pouvoir sur l’économie qu’il leur faudrait être compétents.]

      Pas forcément. Je pense que chez un "technocrate", la compétence est l’élément essentiel. Pas chez un politique. Chez un politique, la maturité est certainement beaucoup plus importante que la compétence. Pour ne donner qu’un exemple, je ne pense pas que De Gaulle fut très compétent en économie, en politique industrielle ou en droit. Ceux qui l’ont connu ont souvent dit au contraire qu’il n’y connaissait rien. Mais il avait la maturité suffisante pour s’entourer de techniciens compétents et pour leur faire leur juste place, tout en conservant le rôle d’orientation politique.

      Nos politiques actuels ne manquent d’ailleurs pas nécessairement de compétence. Mais il y a un manque général de maturité. Leur fonctionnement me rappelle furieusement les magouilles et contre-magouilles de l’UNEF-ID ou de SOS-Racisme.

      [Au contraire, les jeunes, les femmes, les élu(e)s issu(e)s de la diversité, tous ceux, en résumé, qui doivent leur carrière à la discrimination positive, sont, pour ainsi dire, recherchés pour leur incompétence, car celle-ci leur interdit de pouvoir venir un jour menacer le pouvoir économique.]

      Vous n’avez pas tort. Je ne partage pas une vision machiavélique dans laquelle une quelconque "grande conspiration" aurait promu l’immaturité, mais il est vrai que dans la mesure où le "vrai" pouvoir se trouve ailleurs, les personnes compétentes et matures délaissent la politique et laissent donc les postes aux immatures…

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