Pour celui qui aime à observer la société et le monde politique, le moment qui nous est donné de vivre est passionnant, à défaut d’être exaltant. Les sages chinois avaient l’habitude de se souhaiter les uns aux autres « puissiez vous vivre des temps intéressants ». De ce point de vue nous sommes gâtés. Comme une immense machine à rayons X, le Brexit nous révèle chaque jour les recoins les plus intimes du fonctionnement de notre système politique.
Ainsi, par exemple, il est fascinant de contempler le niveau d’impréparation de notre classe politique. Nous, pauvres anonymes, avons tendance à croire que les princes qui nous gouvernent sont pourvus de qualités exceptionnelles qui les mettent à part du commun des mortels. Des qualités de clairvoyance, de profondeur d’analyse, mais aussi de prévision et de préparation. Parce qu’ils passent leur temps à planifier à inventer des tactiques diaboliques pour se faire réélire – et pour mettre en échec les tactiques diaboliques de leurs adversaires – nous imaginons qu’ils sont capables de prévoir, de préparer et de mettre en œuvre une politique. Le vote britannique les met à leur juste place. On les découvre pris au dépourvu, désemparés, réduits à sortir les formules passe-partout qu’on entend depuis trente ans sur le besoin d’écouter – enfin – le message des électeurs et de « refonder l’Europe » sans que cette « refondation » se traduise par autre chose que la continuité dans la même voie.
Un leader historique de la CGT m’avait un jour raconté comment lors de chaque conflit il préparait toujours deux discours, l’un au cas où le mouvement était victorieux, un autre pour le cas ou le mouvement serait battu. Et il passait le même temps à polir l’un et l’autre Ainsi, il était sûr de ne pas être pris au dépourvu et de faire un excellent discours quelque fut l’issue du conflit. On aurait pu imaginer que cette sagesse fort basique serait connue de nos dirigeants. On constate qu’il n’en est rien : à l’annonce du vote, il était évident que personne ne s’y était préparé. Pourtant, on savait depuis plus d’un an que le référendum britannique allait avoir lieu. On savait aussi qu’il y avait une chance raisonnable que le « out » l’emporte. Et pourtant, rien n’a été préparé. Les leaders des « pays fondateurs » se sont réunis à Berlin – le symbole est piquant – puis les 27 à Bruxelles, et à chaque fois on aurait dit qu’ils commençaient seulement à s’intéresser à la question. Pour expliquer cette situation, on ne peut invoquer que trois hypothèses : l’amateurisme qui les empêche de voir que, comme disait Lénine, même l’improvisation doit être soigneusement préparée, l’auto-intoxication qui les a conduit à se persuader les derniers jours que le « in » avait partie gagnée, ou la superstition qui les fait croire que se préparer à un évènement contribue à le provoquer. Et aucun de ces trois prétextes n’est très rassurant.
C’est le sentiment de panique haineuse qui domine les réactions de notre caste politico-médiatique, elle-même un bon thermomètre des réactions des « classes moyennes ». La panique se manifeste d’abord par une exagération du caractère catastrophique de l’évènement. Ces derniers jours, les prophètes de toutes sortes qui hantent nos médias se sont donnés à cœur joie, celui-ci prédisant la dissolution du Royaume-Uni, celui-là une récession désastreuse… Ainsi, il était amusant d’entendre les auditeurs de l’émission « le téléphone sonne » de France-Inter demander aux invités – qui eux aussi ajoutaient leur goutte d’eau à l’hystérie (1) – si la sortie de l’UE allait empêcher les britanniques de voyager ou de vivre en France, si les produits venant de Grande Bretagne continueraient à accéder au marché européen, et ainsi de suite. A se demander si ces participants réalisent que sur les quelque 180 pays qui intègrent l’ONU, l’immense majorité d’entre eux ont leur propre monnaie, leurs propres frontières, n’appartient pas à l’UE et que cela ne les empêche nullement de vivre et de voir leurs produits de remplir nos étals. Même s’il n’y avait pas d’accord avec les britanniques – ce qui serait étonnant – les règles de l’OMC continueraient à s’appliquer, et les produits britanniques entreraient dans le territoire de l’UE. Vous aurez noté que ni la Chine, ni le Japon, ni les Etats-Unis n’appartiennent à l’UE, et que cela ne semble pas être un obstacle insurmontable à leur commerce. Quant aux déplacements, il faudrait se souvenir que Maria Sklodowska n’a pas eu besoin d’Erasmus pour venir étudier à Paris, ni de Schenguen pour s’installer chez nous, obtenir un poste d’enseignant et épouser Pierre Curie.
Or, la panique devient de la haine. Il faut se venger de celui qui nous fait peur, d’autant plus que se mêle à cette peur la frustration de l’amant éconduit. La haine se manifeste d’abord par des appels au châtiment divin et au repentir. Les prophètes vous le disent : les anglais seront horriblement punis de leur outrecuidance. D’ailleurs, regardez ! La livre baisse ! l’Ecosse s’en va ! Les leaders pro-brexit trahissent leurs promesses ! Les anglais eux-mêmes commencent à changer d’avis ! Le gouvernement britannique est paralysé !Et on nous bassinera avec des reportages et des témoignages d’électeurs britanniques sur le thème « si j’avais su, j’aurais voté autre chose », témoignages qu’on peut facilement trouver au soir de n’importe quelle élection et dans n’importe quel pays. On nous expliquera que si l’Angleterre a voté « out », l’Ecosse à voté « in », en oubliant de noter que l’Ecosse n’a que 5 millions d’habitants, contre 55 millions pour l’Angleterre. Et bien entendu, on couronne cette campagne avec le discours sur l’électeur britannique trompé par les démagogues.
Ce discours a deux fonctions. D’une part, décourager ceux qui en Europe continentale seraient tentés d’imiter les britanniques. D’autre part, préparer un éventuel contournement du suffrage. Réduire la légitimité du résultat, prédire l’apocalypse est la voie choisie pour préparer les mentalités à l’organisation d’un possible deuxième référendum. On connaît la technique, on l’a vue déjà utilisée à maintes reprises lors de la ratification des différents traités européens. Il semblerait cependant que cette solution, caressée quelque temps par certains eurolâtres, soit aujourd’hui considérée comme politiquement impossible à mettre en œuvre.
Pour le camp progressiste, au contraire, le Brexit est une formidable opportunité. Encore faut il comprendre exactement son sens, pour ne pas se perdre dans des débats absurdes. D’abord, et c’est le point essentiel, le référendum britannique a mis en évidence un vote de classe. Ont voté pour le « in » les couches insérées dans l’économie globale, disposant du capital monétaire et intellectuel qui leur permet d’en tirer profit sans en subir les conséquences, autrement dit, les « classes moyennes ». Ont voté massivement pour le « out » les couches sociales qui payent les coûts de la globalisation sans jamais en voir les avantages, qui voient quotidiennement leur avenir se boucher, leur cadre de vie se dégrader, ceux que des « réformes » obligent à participer à une compétition qu’elles ne peuvent pas gagner. On avait déjà pu observer ce phénomène en 2005 en France lors du référendum contre le TCE, et cette géographie électorale se retrouve aujourd’hui dans la carte du vote FN. Mais peut-être parce que la mixité sociale reste plus forte en France qu’en Grande Bretagne, on n’avait jamais observé une polarisation sur une telle échelle.
L’Angleterre est depuis toujours une société hiérarchique, ou la division entre les classes – division spatiale, sociale, culturelle – est bien plus forte qu’elle ne l’est en France. Il faut relire « Pygmalion » de G.B. Shaw – ou voir le film « My fair lady », qui s’en inspire largement – pour le comprendre (2). D’ailleurs, les classes ne se mélangent pas. Lorsque j’ai travaillé en Angleterre, j’ai pu constater que les ouvriers, les techniciens et les ingénieurs avaient chacun son « pub » pour aller après le travail. Et on ne se mélangeait pas : les ouvriers auraient été gênés par la présence d’un ingénieur, les ingénieurs par celle d’un ouvrier (3). Entre eux, pas de sujets de conversation communs, pas d’intérêts communs, même pas de langage commun. Cette division fait que les groupes sociaux en Grande Bretagne sont beaucoup plus homogènes, et que la ségrégation géographique est bien plus marquée. Ils ont donc une vision beaucoup plus tranchée de leurs intérêts respectifs. Le vote britannique, bien plus que le vote français en 2005, est un vote pragmatique. Ce n’est pas l’idée européenne qui a été sanctionnée, c’est l’incapacité et/ou l’indifférence des institutions européennes aux préoccupations d’une couche sociale, qui se tourne alors vers ses institutions nationales. Les britanniques n’ont pas voté contre le libéralisme. Mais ils préfèrent les libéraux de Westminster – qui sont tenus à leur égard à un minimum de solidarité et qu’ils peuvent éventuellement sanctionner par leur vote – aux libéraux de Bruxelles qui sont hors de leur portée. En ce sens, les couches populaires ont toujours en tête un logiciel national : il vaut mieux des bourgeois « nationaux », dont on peut espérer un certain degré de « solidarité inconditionnelle » que les bourgeois « supranationaux », qui n’ont eux aucune empathie pour personne.
Ont-ils raison de faire cette différence ? On peut se le demander. Il est tout de même frappant de constater le fossé – non seulement économique, mais aussi géographique et culturel – qui sépare le bloc dominant formé par la bourgeoisie et les « classes moyennes » de l’ensemble des couches populaires. Ce n’est pas seulement une question d’inégalités de revenu ou de patrimoine, mais de la dissolution de la « communauté de destin » qui réunissait les uns et les autres. Dans les années 1960, l’expansion des entreprises françaises voulait dire non seulement plus de profits, mais aussi plus de salaires, de meilleurs salaires et des rentrées fiscales plus importantes. Aujourd’hui, il est parfaitement possible de voir les profits des entreprises s’envoler alors que leur charge fiscale diminue, tout comme leurs effectifs et les salaires payés. Pour le dire schématiquement, aujourd’hui la prospérité de l’entreprise n’a plus aucune connexion avec la situation de ses travailleurs et du pays où elle est installée. La conséquence est une totale indifférence du bloc dominante à l’endroit des couches populaires. Pour ses membres, ces dernières ne présentent plus aucune utilité. Même pas comme chair à canon, alors que les guerres ont disparu du continent européen et se professionnalisent ailleurs. On supporte tous ces pauvres parce qu’on ne peut faire autrement, alors on essaye de faire en sorte qu’ils coûtent le moins cher possible en rognant les dispositifs d’aide et les services publics, et on leur cède quelques miettes lorsqu’on a peur qu’ils se révoltent ou qu’on a besoin de leur vote. Certains théorisent même une logique d’apartheid, avec des « villes-monde » qui, à l’image de Singapour ou de Hong-Kong, déclareraient leur « indépendance » pour permettre aux bourgeois et aux « classes moyennes » de vivre entre eux, sans avoir à prendre en compte ces couches populaires qui, décidément, ne leur ressemblent pas.
Mais si la question de classe est écartée chez beaucoup de commentateurs, la question de l’âge est au contraire sous toutes les plumes. Ainsi, les vieux auraient voté pour le « out » par nostalgie ou par frilosité, alors que les jeunes ouverts et cosmopolites auraient voté pour le « in ». Certains en arrivent même à souhaiter que les vieux soient privés du vote, ou que le poids de leur vote soit réduit. Cela met en évidence un phénomène que j’ai dénoncé plusieurs fois sur ce blog : notre société déteste tout ce qui peut nous rattacher à notre histoire, et donc à notre passé. Dans l’immense majorité des sociétés, la parole des « anciens » – c’est comme ça qu’on appelle les « vieux » quand on les respecte – est au contraire valorisée. C’est la voix de l’expérience, c’est aussi la voix de la mémoire. C’est la voix qui peut nous raconter ce que nos ancêtres ont fait, et nous éviter de faire les mêmes erreurs. Parce que le progrès humain est un processus cumulatif, il n’y a pas de progrès sans mémoire. Si nous voyons plus loin que nos « anciens », c’est parce que nous sommes assis sur leurs épaules, comme le disait si joliment Newton.
Il est faux de dire que les vieux sont plus égoïstes que les jeunes. Au contraire : les vieux savent ce que c’est d’être jeune, parce qu’ils l’ont été. Les jeunes, eux, ne connaissent qu’eux-mêmes. Il n’y a d’ailleurs qu’à voir les discours politiques : j’ai déjà vu des vieux politiciens dire qu’il fallait faire place aux jeunes, je n’ai jamais vu un jeune politicien dire qu’il faut faire leur place aux vieux. Il est bien plus courant de voir des parents se saigner aux quatre veines pour leurs enfants ou leurs petits enfants que l’inverse. C’est l’âge et l’expérience qui permet de relativiser les idées et les choses, d’échapper aux sectarismes. Que le vote des vieux ait condamné l’UE n’est pas à mon sens neutre : l’UE est condamnée par ceux qui l’ont vue à l’œuvre, qui connaissent l’avant. Elle est plébiscitée par ceux qui ne connaissent que le présent, et qui subissent depuis leur enfance le bourrage de crâne de la propagande européenne. Peut-on imaginer une condamnation plus terrible ? On pourrait ajouter que le vote des anciens montre que l’argument-phare de la construction européenne, celui qui veut que « l’Europe c’est la paix », n’a plus aujourd’hui la force qu’il avait hier. Comment sinon expliquer que la génération qui a été le plus marquée par la guerre et ses horreurs soit celle dont le vote a penché le plus du côté du « out » ?
Et maintenant ? Le souverainisme – tout comme l’europhilie, d’ailleurs – n’est pas en lui-même une politique. On peut être europhile au nom d’une « Europe libérale » mais aussi au nom d’une « Europe sociale ». Il y a un souverainisme social et un souverainisme libéral, un souverainisme de droite et un souverainisme de gauche. Le choix souverainisme/européisme n’est pas le choix d’une politique, mais d’un arrangement institutionnel. L’europhile pense que les règles doivent être faites par la Commission à Bruxelles ou par la BCE à Francfort. Le souverainiste pense que les règles doivent être faites souverainement par les autorités politiques nationales. Mais ce choix étant fait, nous ne savons pas plus sur la nature de ces règles. C’est pourquoi il est ridicule de reprocher aux partisans du Brexit de « ne pas avoir de programme ». Leur programme, c’était de rapatrier le pouvoir de décision à Londres. Les électeurs leur ont donné raison. Mais une fois le pouvoir rapatrié, c’est aux électeurs de décider la politique à suivre dans un débat démocratique où les divisions ne se feront pas forcément sur la ligne souverainisme/europhilie. De ce point de vue, je ne peux qu’être d’accord avec Todd : la sortie de l’UE ne résoudra aucun problème. Mais elle fera que les problèmes que l’UE était incapable de résoudre redeviendront nos problèmes, sur lesquels il sera enfin possible de prendre de véritables décisions.
C’est là à mon sens le principal problème posé par le Brexit : faire comprendre aux électeurs que le souverainisme pour lequel ils ont voté n’est pas un programme politique, mais un instrument pour permettre à un tel programme d’être mis en œuvre. Cameron tombé, il faudra constituer un gouvernement. La difficulté, c’est que si les souverainistes sont d’accord sur le fait de rapatrier les pouvoirs à Londres, ils ne sont pas d’accord sur grande chose d’autre. Il n’est donc pas possible de former un gouvernement exclusivement composé de personnalités souverainistes. Le gouvernement qui aura à gérer la sortie de l’UE mélangera donc nécessairement des personnalités europhiles et eurosceptiques. Trouvera-t-on des europhiles prêts à se soumettre de bonne foi au verdict populaire ? Peut-on compter sur eux pour faire de leur mieux pour que le Brexit se passe bien ? C’est là le test le plus intéressant, et le plus dur pour une démocratie. L’exemple français invite à un certain scepticisme : après le « non » au TCE, la tentation fut forte de faire rentrer par la fenêtre une bonne partie de ce qui était sorti par la porte. Mais on pouvait toujours argumenter que ce que l’électeur avait rejeté était le fait constitutionnel, et qu’un traité ordinaire ne violait donc pas la volonté du peuple. Ici, la question posée laisse beaucoup moins de place à l’ambiguïté.
Tout repose donc sur la qualité du gouvernement que les britanniques arriveront à mettre en place. Si ce gouvernement fait du Brexit une réussite, ce sera un exemple pour les autres pays. Les progressistes européens se doivent donc de soutenir cette expérience, en particulier en faisant veillant à ce que les volontés punitives des eurocrates délaissés soient modérées. Car il ne faut pas négliger la volonté de Juncker et sa clique, de faire échouer un processus qui, s’il réussissait, pourrait faire des émules. Donc, bonne chance amis anglais, et God Save the Queen.
Descartes
(1) Il faut dire que, comme souvent, on avait invité les vaincus mais on avait oublié de convier les vainqueurs. L’émission se passait depuis Bruxelles – ce qui permettait de disposer d’une large brochette d’europhiles – mais le seul invité eurosceptique, un député UKIP, intervenait par l’intermédiaire d’une ligne téléphonique, ligne coupée – mon dieu, que les communications sont mauvaises depuis que la Grande Bretagne a quitté l’UE – dès le début de l’émission. Comme une auditrice faisait remarquer qu’il appartenait aux organisateurs du débat de garantir une juste représentation, elle s’est vu répondre fort grossièrement par Nicolas Demorand que « ce n’était pas à lui de gérer les télécommunications britanniques ». Encore un joli exemple du mépris de cette caste médiatico-politique pour tout ce qui ne lui ressemble pas.
(2) Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, le sujet est le pari fait par un professeur d’élocution qu’il est possible de prendre une fille de basse extraction et la faire passer pour une lady juste en modifiant son accent. En effet, en Angleterre chaque région et chaque classe sociale a son propre accent, qui la rend immédiatement reconnaissable. Par exemple, un anglais de classe élevée prononcera rigoureusement les « h » initiales, alors qu’un anglais d’origine modeste ne les prononcera pas. A l’ouest de Londres on prononce « Hartford » alors qu’à l’est on le prononcera « Artford ».
(3) Il ne faut pas étonner que les britanniques se soient parfaitement accommodés du système des castes en Inde. Il est d’ailleurs drôle de constater qu’en tant qu’étrangers, nous étions dispensés de ces contraintes. Etant « hors caste », nous pouvions aller boire avec qui nous voulions !
Bonjour Descartes,
Décidément, deux excellents articles de votre part en peu de temps.
Je ne sais pas si vous avez vu passer ce sondage, réalisé en France au lendemain du référendum britannique :
http://www.tns-sofres.com/publications/du-brexit-au-frexit#
En lisant le détail (dans le PDF attaché), on apprend que les classes populaires (représentées sous le vocable “PCS-“) sont en majorité pour sortir de l’UE, à 42% contre 32%. Il me semble que c’est là une évolution très importante, car si les classes populaires sont eurosceptiques depuis longtemps, qu’elles soient majoritairement pour la sortie (non seulement de l’euro, mais carrément de l’UE) me semble un fait nouveau. Est-ce que je me trompe ?
@ Antoine
[Il me semble que c’est là une évolution très importante, car si les classes populaires sont eurosceptiques depuis longtemps, qu’elles soient majoritairement pour la sortie (non seulement de l’euro, mais carrément de l’UE) me semble un fait nouveau. Est-ce que je me trompe ?]
Je ne suis pas sûr, mais je pense qu’effectivement un vote majoritaire chez les couches populaires pour une sortie non seulement de l’Euro mais aussi de l’UE est relativement nouveau. En tout cas, le sondage en question montre la claire divergence entre le “bloc dominant” (bourgeoisie et “classes moyennes”) et les couches populaires. Par contre, on voit qu’en France l’effet d’âge continue à jouer en faveur de l’Europe, alors qu’en Grande Bretagne ce n’est pas le cas. Peut-être la mémoire de l’Occupation est plus traumatisante que celle de la Bataille d’Angleterre…
1/Tableau 45 % des Français déçus du Brexit…
Préférence partisane FN, ST satisfait : 63.
Les deux tranches d’âge les plus jeunes sont celles pour lesquelles le Brexit est le moins satisfaisant (ST 24 et 28).
2/Tableau un tiers des Français voterait pour la sortie de l’UE contre 45% pour le maintien.
Préférence partisane FN 74 % pour la sortie
Les deux tranches d’âge les plus jeunes donnent 32 et 29 % pour la sortie.
Ces seuls faits font justice de la thèse du « FN premier parti chez les jeunes », hors toute polémique.
Oups..Vous écrivez dans la moitié approximative de ce texte de trés bonne facture,une fois encore,grand merci à vous,[‘.. bloc dominante ..’].
Mon impression est qu’aucune majorité pour la mise en oeuvre concrète n’existe au parlement anglais.
Par conséquen,l’avenir du bretix,sera le même que celui du Non au référendume en France en 2005,RIEN..Non?
Nous aurons de nouvelles élections en Autriche suite aux nombreuses irrégularités;
à coup sûr les Européistes déclencheront un tsunami médiatique sans précédant pour que le score du candidat du système,’l’écologiste’,fasse le score le plus élevé possible,n’est ce pas?
Dans certains cercles proches de Thierry Messian,il se murmure que seuls le Palais et certains cercles aristocratiques et financiers anglais sont pour le bretix,de façon à commercer librement avec la Chine et les BRICS,vous le pensez?
@ luc
[Mon impression est qu’aucune majorité pour la mise en oeuvre concrète n’existe au parlement anglais.Par conséquent, l’avenir du Brexit, sera le même que celui du Non au référendum en France en 2005, RIEN..Non?]
Je ne le crois pas. D’abord, il est exagéré de dire que le « non » au référendum de 2005 n’a pas eu d’effet. Si beaucoup de dispositions du TCE ont été repris dans le traité de Lisbonne, il faut aussi reconnaître que tout espoir de « constitutionnaliser » l’UE a dû être abandonné. Et ce n’est pas un mince résultat. Quant au Brexit, le vote du peuple britannique impose aux hommes politiques un cadre. Etant donné la vision qu’ont les anglais de la souveraineté, je n’imagine pas le Parlement aller contre ce cadre. Même les institutions européennes, après quelques heures pendant lesquelles on imaginait un contournement, exigent maintenant une mise en œuvre rapide de l’article 50…
[à coup sûr les Européistes déclencheront un tsunami médiatique sans précédant pour que le score du candidat du système,’l’écologiste’,fasse le score le plus élevé possible,n’est ce pas?]
Possible. Reste à savoir quel sera le résultat de leurs efforts…
[Dans certains cercles proches de Thierry Messian, il se murmure que seuls le Palais et certains cercles aristocratiques et financiers anglais sont pour le brexit, de façon à commercer librement avec la Chine et les BRICS, vous le pensez?]
Certainement pas. Le complotisme à la Meissan n’a jamais été ma tasse de thé. Et pourquoi pas la Reine dirigeant le commerce international de cocaïne, comme l’affirme Lyndon LaRouche ? De grâce, sortez votre rasoir d’Occam…
Sale semaine pour les européistes après le Brexit, l’élection présidentielle autrichienne (qui avait vu le candidat écolo gagner d’un cheveu par rapport à celui d’extrême droite) a été invalidée. Même si la présidence est plus honorifique qu’autre chose en Autriche, cela confirme surtout la vague d’euroscepticisme.
L’arrivée de Marine Le Pen en 1er au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 est tout à fait possible (en tout cas, sa place au 2ème tour est quasi assurée), ils vont faire quoi nos médiacrates, jouer encore la surprise et l’affolement ? En tout cas, je doute qu’il y aura pour elle des manif comme pour son père en 2002, mis à part les bobos de SOS Racisme.
Sinon, en effet, la sortie de l’UE n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour lequel les progressistes devraient se battre. J’ai déjà entendu à gauche des âneries du genre “ouais mais les Sapir and Co veulent rétablir un capitalisme national”, mais une position réaliste devrait faire prendre conscience qu’un rapport de forces Capital/Travail au niveau national est plus “facile” à gérer qu’un rapport international.
@ Bannette
[Sale semaine pour les européistes après le Brexit, l’élection présidentielle autrichienne (qui avait vu le candidat écolo gagner d’un cheveu par rapport à celui d’extrême droite) a été invalidée. Même si la présidence est plus honorifique qu’autre chose en Autriche, cela confirme surtout la vague d’euroscepticisme.]
Oui, l’euroscepticisme se manifeste de plus en plus. C’est pourquoi il faut que les progressistes soient particulièrement actifs. Comme le montre l’exemple britannique, ce qui était d’abord une posture intellectuelle risque demain d’influencer véritablement les politiques publiques. On ne peut donc plus se contenter de penser en théorie, il faut réfléchir sérieusement aux reformes institutionnelles pour exercer effectivement la souveraineté retrouvée, et aux rapports que nous voulons entretenir avec nos voisins européens.
[Sinon, en effet, la sortie de l’UE n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour lequel les progressistes devraient se battre. J’ai déjà entendu à gauche des âneries du genre “ouais mais les Sapir and Co veulent rétablir un capitalisme national”, mais une position réaliste devrait faire prendre conscience qu’un rapport de forces Capital/Travail au niveau national est plus “facile” à gérer qu’un rapport international.]
Ce que vous avez entendu n’est pas nécessairement une « ânerie ». Il ne faut pas confondre les combats. La récupération de la souveraineté aura pour effet de reconstituer un « capitalisme national ». Ensuite, on pourra se battre pour faire évoluer ce capitalisme vers la société de nos rêves. Mais ce qu’il faut faire comprendre, c’est que la récupération de la souveraineté est un instrument indispensable pour pouvoir passer à ce deuxième combat. Tant que les décisions sont prises ailleurs par des gens sur lesquelles on n’a aucun moyen d’agir, le combat anticapitaliste est condamné à l’échec.
Par “ânerie”, je voulais surtout dire que ceux à gauche qui critiquent ceux qui dans leur camps sont favorables à la sortie de l’euro et de l’UE le font parfois à cause d’une vision paranoïaque (“En fait, leur vrai plan serait de reconstituer le capitalisme national pour exploiter les travailleurs en France”) ou d’un internationalisme imbécile (“Le capital étant international, il faut que les luttes soient internationalistes”). Dans les 2 cas de figure, c’est le statu quo.
Sale temps pour les européistes bis, le décès de Michel Rocard. Je n’irai pas fleurir sa tombe pour ma part…
“l’auto-intoxication qui les a conduit à se persuader les derniers jours que le « in » avait partie gagnée”
Je dirais plutôt que pour la classe dirigeante, le “Brexit” était, littéralement, impensable, hors de ses schémas de pensée.
A propos du vote des jeunes, il n’est pas inutile de rappeler que près des 2/3 des 18-24 ans se sont abstenus. Chez les 25-35 ans, c’est pas mal non plus. Plus la tranche d’âge s’élève, meilleur est le score du Brexit, et plus l’abstention diminue.
http://www.les-crises.fr/brexit-l-arnaque-du-vote-des-jeunes/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+les-crises-fr+%28Les-Crises.fr%29
@ xc
[Je dirais plutôt que pour la classe dirigeante, le “Brexit” était, littéralement, impensable, hors de ses schémas de pensée.]
Il y a aussi de ça. Pour beaucoup d’europhiles, l’idée même que l’UE puisse être mortelle est une idée inconcevable. C’est d’ailleurs un des effets de la faible culture historique de nos élites. Elles ont complètement oublié que l’UE n’a que trente ans, et que pendant des siècles la France a géré sa monnaie, ses frontières, son économie et la protection de ses consommateurs sans demander l’avis de personne. Ce qui n’empêchait pas les français de voyager et les étrangers de s’installer chez nous. Alors, quand on leur parle de sortie ils demandent les yeux exorbités « mais comment arriverait-on à vivre sans l’UE ? ». Et bien, comme on a vécu pendant des siècles, et comme vit toujours la plus grande partie de l’humanité…
[A propos du vote des jeunes, il n’est pas inutile de rappeler que près des 2/3 des 18-24 ans se sont abstenus. Chez les 25-35 ans, c’est pas mal non plus. Plus la tranche d’âge s’élève, meilleur est le score du Brexit, et plus l’abstention diminue.]
Ce qui d’ailleurs conduit à relativiser l’attachement des jeunes à la construction européenne. Ils ont beau dire aux sondeurs qu’ils se sentent « européens » – probablement en faisant écho au bourrage de crâne scolaire et médiatique – mais pas au point d’aller défendre l’Europe bulletin de vote à la main. Un attachement sentimental n’est pas nécessairement un attachement politique.
Aux élections européennes de 2014, le FN a obtenu en France environ 25 % des suffrages exprimés.
Vote par tranches d’âge pour le FN : 30 % pour les moins de 35 ans, 27 % pour les 35/59 ans, 21 % pour les 60 ans et plus (source : sondages IPSOS).
Commentaires à peu près unanimes des médias dominants : les électeurs les plus âgés avaient une « sagesse » et une «expérience politique » qui les détournaient d’un vote extrémiste.
(Cf. journal Le Monde par exemple – archives sur abonnement)
Cldt,
Anonymous
@ Martin
[Commentaires à peu près unanimes des médias dominants : les électeurs les plus âgés avaient une « sagesse » et une «expérience politique » qui les détournaient d’un vote extrémiste.]
Merci beaucoup de cet exemple, encore un de raisonnement ad hoc. En fait, le vote des vieux est le vote de la mémoire. En France, les générations anciennes ont encore en tête la guerre et l’occupation, qui ont été des périodes d’abaissement national et de division, et sont sensibles au discours « l’Europe c’est la paix ». En Grande Bretagne, la « Bataille d’Angleterre » est au contraire vécue avec nostalgie comme une période d’exaltation nationale, avec un peuple uni et solidaire luttant pour une grande cause. Ce qui explique à mon avis qu’ils soient beaucoup moins sensibles à ce discours.
Cela étant dit, la BBC a publié des statistiques du vote en fonction de l’âge par tranches de dix ans, qui montrent une augmentation linéaire avec l’âge du vote « out ». Ce qui tendrait à montrer que le vote est guidé par l’expérience plutôt que par les souvenirs historiques. En effet, si la génération de 70+ se souvient de la guerre, il n’y a pas de raison que celle-ci influence plus fortement la tranche 20-30 ans que la tranche 30-40 ans, puisque aucune des deux ne l’a connue…
L’Angleterre a montré au monde qu’elle protégerait ses conquêtes sociales. Car l’accord transatlantique l’en priverait. Ils ont déclaré soudainement qu’ils ne souhaitaient pas accueillir des millions de réfugiés. Déjà avec un million de réfugiés, l’Europe étouffe. Les Britanniques ont fait comprendre que, bien que l’Amérique soit leur frère aîné, ils sont assez grands pour prendre des décisions. Et ils vont diriger leur pays comme ils l’entendent .Les simples citoyens britanniques ont exprimé leur volonté assez fortement. Ils ne veulent pas se laisser dicter leur conduire par l’aristocratie ou plutôt la bureaucratiede Bruxelles. Ils veulent conserver leur culture et leurs traditions nationales, développer les garanties sociales, sans être soumis aux diktats. Je pense que la suite se fera aux Pays-Bas, en France. L’Italie et en Espagnen’aiment pas non plus l’ordre existant. Donc, aujourd’hui, nous assistons à un moment très important dans l’histoire, qui va suivre maintenant un chemin quelque peu différent des plans des globalistes qui, au cours des 15 dernières années ont souffert leur troisième défaite majeure .
@ alexis
[L’Angleterre a montré au monde qu’elle protégerait ses conquêtes sociales. Car l’accord transatlantique l’en priverait. Ils ont déclaré soudainement qu’ils ne souhaitaient pas accueillir des millions de réfugiés.]
Je pense qu’il ne faut pas surinterpréter le vote britannique. Les sujets de Sa Majesté n’ont pas voté pour ou contre les conquêtes sociales, pour ou contre l’accueil des réfugiés, pour ou contre l’accord transatlantique. Ils ont voté sur la simple question de savoir si les décisions qui les concernent doivent être prises à Westminster par des gens qu’ils ont élu, où à Bruxelles par un mécanisme complexe faisant intervenir des gens qu’ils n’ont pas mandaté. C’est tout. Après, parmi les gens qui ont voté « out » vous trouverez des ultra-libéraux et des défenseurs des conquêtes sociales, des libre-échangistes et des protectionnistes…
Enfin un bon article
Je suppose qu’il n’y a pas bien longtemps que vous consultez ce blog?
@xc
de quel “blog” parlez vous ? Je crois que le lien n’est pas passé…
“il faudrait se souvenir que Maria Sklodowska n’a pas eu besoin d’Erasmus pour venir étudier à Paris, ni de Schengen pour s’installer chez nous, obtenir un poste d’enseignant et épouser Pierre Curie.”
Comment voulez-vous qu’ils se souviennent ?
Ils ont congédié l’Histoire.
Et on peut comprendre. L’Histoire, c’est ce qui empêche de fantasmer dans l’entre soi.
C’est un très bel article, bravo et merci !
Il y a un autre point intéressant qui a été soulevé dans “l’après réferendum”, c’est la légitimité à proposer des réferendums “sur certains sujets” et/ou “dans certains contextes”. Vous me direz, à force de les perdre, on comprend que les partisans de l’UE en aient marre des réferendums. Mais entre les “ah mais ils ne répondent pas à la bonne question”, “ils sont mal informés”, “ils regrettent”, on a eu droit à tout…
Mais la question est tout de même intéressante : est ce que tout réferendum est une bonne chose ? Certaines questions ne doivent elles pas être réservées aux “spécialistes”, loin des “passions” ? Et si oui sur quels critères doit-on choisir entre le “bon” et le “mauvais réferendum” ? On cite souvent l’exemple de la peine de mort, qui aurait été abrogée alors qu’une majorité de français l’aurait volontiers gardé… Qu’en pensez vous ?
Autre exemple d’argument, moyennement convaincant, dans cet article par exemple (http://www.causeur.fr/brexit-royaume-uni-union-europeenne-populisme-peuple-elite-38917.html), l’auteur écrit entre autres : “En réalité, seule la démocratie indirecte, la démocratie représentative, peut prendre en compte les diverses composantes d’une société composite, entre lesquelles les élus responsables et révocables doivent trouver un compromis acceptable par tous. Les passions haineuses envers les couches non populaires, et la démagogie envers les élus constituent le talon d’Achille des démocraties. Elles sont une menace mortelle pour la démocratie libérale.”
@ tmn
[Mais la question est tout de même intéressante : est ce que tout réferendum est une bonne chose ? Certaines questions ne doivent elles pas être réservées aux “spécialistes”, loin des “passions” ? Et si oui sur quels critères doit-on choisir entre le “bon” et le “mauvais réferendum” ? On cite souvent l’exemple de la peine de mort, qui aurait été abrogée alors qu’une majorité de français l’aurait volontiers gardé… Qu’en pensez vous ?]
Je pense que c’est une question fondamentale, à laquelle il est difficile d’apporter une réponse définitive puisque le sujet fait débat parmi les spécialistes du droit constitutionnel – ce que je ne suis bien entendu pas. Personnellement, je ne suis pas de ceux qui croient qu’il faut aller vers une démocratie directe dans tous les domaines. Il y a des domaines dont la technicité nécessite l’intervention d’experts, et où le souverain n’a pour fonction que de choisir les experts qu’il préfère. Il y a aussi des domaines ou le représentant joue un rôle de médiation entre le citoyen et le pouvoir, permettant ainsi que soient prises des décisions nécessaires mais qui, pour des raisons psychologiques, les citoyens ne sont pas prêts à assumer. Prenez par exemple la politique d’immigration : tout le monde est d’accord que la France ne peut accueillir « toute la misère du monde », mais tout le monde se mobilise pour défendre tel ou tel immigré clandestin qui risque l’expulsion… les citoyens préfèrent se réserver le beau rôle, laissant à leur ministre de l’intérieur charger avec l’image du « méchant » en faisant une politique que tout le monde admet comme nécessaire ! Oui, je sais, c’est un peu hypocrite mais il y a des hypocrisies nécessaires, comme il y a des fictions nécessaires.
C’est pourquoi le référendum doit être réservé aux questions de nature fondamentale, celles qui organisent et encadrent l’exercice politique et les rapports du politique avec le souverain. Et non aux choix politiques eux-mêmes. Il est à mon avis néfaste de confier des décisions telles que la réalisation d’un aéroport ou d’un barrage à une procédure référendaire. Ce sont des décisions prises dans le cadre de l’exercice du pouvoir public, mais qui ne modifient pas ce cadre. Par contre, les décisions qui touchent à l’organisation des pouvoirs publics et l’exercice de la souveraineté – modifications de la Constitution, des compétences de l’UE – nécessitent un référendum. Pour le dire autrement : dès lors qu’il s’agit d’une décision qui modifie les compétences et les pouvoirs des représentants, la décision ne peut être prise par les représentants eux-mêmes, elle doit être déférée au peuple souverain directement. Toutes les autres décisions sont à prendre par les voies représentatives.
Autre exemple d’argument, moyennement convaincant, dans cet article par exemple (…), l’auteur écrit entre autres : “En réalité, seule la démocratie indirecte, la démocratie représentative, peut prendre en compte les diverses composantes d’une société composite, entre lesquelles les élus responsables et révocables doivent trouver un compromis acceptable par tous.]
C’est une vision extrêmement idéaliste. Le système fait que les élus « responsables et révocables » appartiennent dans leur immense majorité à la même classe sociale. Ils ont donc, quelque soit le parti auquel ils appartiennent, tendance à aboutir à des « compromis » guidés par les intérêts de cette classe. Si ce processus est gênant pour les décisions ordinaires, il est absolument néfaste lorsqu’il permet aux élus de fixer eux-mêmes les conditions de l’exercice de leurs fonctions.
Bonjour Descartes.
Nous vivions en effet une période très intéressante et d’ailleurs j’ai quelques anecdotes à raconter au sujet de ce Brexit.
Lors d’un déjeuner avec des collègues, j’ai eu l’opportunité d’entendre tous les arguments et raisonnements ad hoc des europhiles.
Cela commença avec notre DRH qui ne comprenait pas pourquoi on fait vote les citoyens sur des sujets aussi complexes ! Selon elle il y a des experts et ce serait à ceux-là de décider.
Je répliquai en expliquant que pour moi les gens ont le droit de s’exprimer sur ce genre de question non pas en raison de leur intelligence ou de leur formation ou de leur sagesse mais parce que ce sont eux qui auraient à vivre avec les conséquences des arbitrages pris.
Durant la discussion j’introduisis le fait qu’il y avait un fort vote de classe, que les citoyens des villes ont voté pour le remain alors que la campagne et la grande banlieue ont voté pour le Brexit. On me rétorqua que les pauvres n’avaient rien à gagner à voter contre l’UE et qu’ils seraient les premières victimes d’une décision idiote. Je répondis que les pauvres n’avaient plus aucun espoir dans l’UE, uniquement la certitude que les choses empireraient. Dans ces conditions, au moins le Brexit donne l’espoir d’un possible mieux.
J’eu aussi droit à l’argument des vieux qui sacrifient l’avenir de la jeunesse. Je n’y crois car ce sont ces mêmes jeunes qui en Autriche et en France votent fortement pour les parties d’extrême-droite. Par ailleurs un jeune c’est destiné à vieillir et avec le temps on peut changer d’avis. Il y a dix ans j’étais encore un europhile !
Le Brexit qui n’aura finalement pas lieu, les gens qui votent pour autre chose que la question posée, les leaders du Brexit qui mentent, tout y est passé.
@ Trublion
[Lors d’un déjeuner avec des collègues, j’ai eu l’opportunité d’entendre tous les arguments et raisonnements ad hoc des europhiles (…).
J’ai fais quelques déjeuners comme celui que vous décrivez. Le plus surprenant, c’est de constater l’absolue certitude qu’expriment les europhiles. Jamais un doute, jamais une interrogation.Ce n’est pas de la conviction, c’est de la foi…
Ca m’a quand meme fait penser à 2-3 petites choses.
Tout d’abord, les resistances les plus fortes à l’UE semblent venir des pays qui ont une longue tradition de liberalisme politique : Islande, Norvege, Danemark, Royaume-Uni, France, Pays-bas. (E. Todd y verrait la patte de la famille nucleaire…)
Il y a quelques semaines, j’etais tombé sur une tribune d’un philosophe anglais pro-brexit (meme si il prometait à sa maniere sang, sueur et larmes en ce cas) qui posait l’alternative ainsi :
“ce qui est en jeu ici, c’est la suprématie du Parlement, et rien d’autre”.
Finalement, quand on regarde les raisons qui ont poussé les anglais à partir, c’est bien celle ci qui a primé (et pas l’immigration comme nos editocrates français ont voulu le faire croire).
L’idée de democratie est encore tres vivace en Europe de l’ouest, et c’est une excellente nouvelle!
A contrario, dans les pays du sud où ces traditions de liberalisme politique n’existent pas, mais qui auraient encore de meilleures raisons de partir, les contestations ne debouchent au final sur rien. L’episode Syriza a fini en queue de poisson et podemos s’est rangé avant meme d’arriver au pouvoir. Reste le M5S… A suivre.
Autre chose qui m’intrigue, c’est la droite anglaise : une majorité de sympathisants des tories ont voulu sortir.
Voila donc un pays où la droite n’a aucune tradition gaulliste, aucun interventionnisme etatique à defendre contre la commission (il avait falllu une guerre mondiale pour forcer les conservateurs anglais à intervenir dans l’economie!), et pourtant son electorat bourgeois prend la porte.
Il y a là un mystere qui m’echappe.
Avant derniere remarque : au RU comme ailleurs, la “vraie” gauche est maudite.
Corbyn le rouge qui défend le remain au nom de l’Europe sociale. Meme chez nous plus personne n’ose!
ca rassurerait presque : on a pas la gauche de la gauche la plus bete du monde; si on passe la Manche, c’est pire!
Pour le vote des personnes agées, petite hypothese : peut etre que quand on a un revenu fixe garanti (par exemple une pension), on est intéressé à une monnaie forte et deflationniste, sans meme etre pro-UE à la base.
Cet “avantage” de l’euro n’existant pas en Angleterre, ce sont d’autres preoccupations qui rentrent en jeu pour les plus de 60 ans…
@ democ-soc
[Tout d’abord, les resistances les plus fortes à l’UE semblent venir des pays qui ont une longue tradition de liberalisme politique : Islande, Norvege, Danemark, Royaume-Uni, France, Pays-bas. (E. Todd y verrait la patte de la famille nucleaire…)]
J’aurais tendance à me méfier. La Tchéquie ou la Hongrie sont des pays fortement eurosceptiques, et le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pas une longue tradition de libéralisme politique. D’ailleurs, dans la liste que vous donnez au moins un pays, le Danemark, est une démocratie relativement jeune…
[“ce qui est en jeu ici, c’est la suprématie du Parlement, et rien d’autre”]
C’est un peu ce que j’ai dit dans mon papier. Le choix souverainiste n’est pas le choix d’une politique, mais le choix d’une manière de faire les politiques.
[Autre chose qui m’intrigue, c’est la droite anglaise : une majorité de sympathisants des tories ont voulu sortir. Voila donc un pays où la droite n’a aucune tradition gaulliste, aucun interventionnisme etatique à defendre contre la commission (il avait falllu une guerre mondiale pour forcer les conservateurs anglais à intervenir dans l’economie!), et pourtant son electorat bourgeois prend la porte. Il y a là un mystere qui m’echappe.]
Il y a deux explications à ce mystère. La première, évidente, est que l’Angleterre est une île. Et comme tous les îliens, les britanniques – quelque soit leur position politique – ont une longue tradition d’indépendance et de refus de la soumission à un pouvoir venu de l’extérieur. La souveraineté parlementaire est l’illustration de ce réflexe. La seconde, est que contrairement à ce qu’on croit souvent les électeurs conservateurs ne sont pas forcément des bourgeois. Beaucoup d’ouvriers votent conservateur depuis que les travaillistes sont devenus « postmodernes ». Un peu comme les ouvriers français votent FN depuis que le PCF a « muté ».
[Corbyn le rouge qui défend le remain au nom de l’Europe sociale. Meme chez nous plus personne n’ose!]
Ne croyez pas ça. Souvenez-vous de la campagne du FdG aux dernières élections européennes : « il faut rester dans l’Euro pour faire le smic européen »… on fait tout un plat sur le nouveau slogan de Mélenchon, « l’Europe on la change ou on la quitte ». Mais dans la tête de Mélenchon c’est le premier terme de l’alternative qui reste privilégié.
[Pour le vote des personnes agées, petite hypothese : peut etre que quand on a un revenu fixe garanti (par exemple une pension), on est intéressé à une monnaie forte et deflationniste, sans meme etre pro-UE à la base.]
Mais dans ce cas, les vieux auraient voté pour rester dans l’UE. Une sortie ne peut qu’affaiblir – ne serait-ce que pendant quelque temps – la Livre.
De nombreux dirigeants européens ne pensent que marché unique (ou marché commun). Ils se sont pliés aux désidératas des dirigeants Anglais pour “conserver” les acheteurs Anglais (Mme Tatcher est directement visée avec son célèbre “I want my money back”).
Les Anglais vont enterrer le Brexit en n’actionnant pas l’article 50 (dont on nous rabat les oreilles). Il y aura des discussions secrètes, les Anglais obtiendront de nouveaux avantages….
Faisons de même : disons que nous quittons l’UE sauf si…. Les consommateurs Français sont aussi nombreux que les consommateurs Anglais. On ne risque rien : il suffit de ne pas appliquer l’article 50 pour que rien ne se passe !
@ lessart pierre
[Les Anglais vont enterrer le Brexit en n’actionnant pas l’article 50 (dont on nous rabat les oreilles). Il y aura des discussions secrètes, les Anglais obtiendront de nouveaux avantages….]
Possible, mais pas très vraisemblable. Tous les candidats qui se positionnent pour remplacer Cameron se sont clairement engagés à respecter le verdict du référendum. Connaissant un peu le pays, je pense qu’il faudrait vraiment des concessions extraordinaires pour permettre aux dirigeants anglais de refaire un référendum ou d’ignorer le résultat du dernier. Je doute que les autres dirigeants européens soient disposés à prendre le risque de faire de telles concessions. Cela pourrait donner de mauvaises idées à certains…
petite anecdote: au lendemain du vote pour le Breit, les dirigeants européens se sont réunis “naturellement” autour de Merkel, à Berlin.
Curieux pour des européens convaincus. Pourquoi ne se sont-ils pas réunis à Bruxelles ?
Cela en dit long sur la force hégémonique de l’Allemagne en Europe. Hitler a échoué lamentablement, mais l’Allemagne réunifié a enfin réussi à créer son “hinterland” européen.
Reste à voir la position future de l’Angleterre: elle n’a jamais aimé un bloc européen unifié derrière une seule puissance, Française ou Prussienne.
Il y a fort à parier que son prochain objectif sera de saper l’hégémonie allemande. Mais peut-être a-t-elle, elle aussi, oubliée son histoire.
@ marc.malesherbes
[Curieux pour des européens convaincus. Pourquoi ne se sont-ils pas réunis à Bruxelles ?]
Il y a une raison technique : à Berlin, on ne trouvait que les chefs d’Etat et de gouvernement de quelques pays triés sur le volet. C’était possible parce que la réunion se tenait à l’invitation d’un pays – l’Allemagne – et qu’un pays peut inviter qui il veut. Si la réunion s’était tenue à Bruxelles dans le cadre européen, il aurait fallu inviter tout le monde…
Mais il est vrai que le symbole est fâcheux. La courtoisie internationale fait que ce genre de réunions se fait en « terrain neutre », c’est-à-dire, chez un « petit » pays dont le poids n’est pas trop pesant sur l’issue de la réunion. Ce n’est pas pour rien que Genève ou Vienne sont des paradis des diplomates…
Concernant l’impréparation de nos “élites”, Asselineau avait raconté dans une vidéo (je ne me souviens plus laquelle, il faudrait que je retrouve) qu’à Bercy il était “interdit” de faire un rapport en posant l’hypothèse de la sortie de l’euro (contrairement à l’Allemagne et la BCE qui, elles, anticipent les scénarios de sortie apparemment). Donc j’imagine que pour la sortie de l’UE c’est la même chose dans les autres administrations.
@ Sylvain
[Concernant l’impréparation de nos “élites”, Asselineau avait raconté dans une vidéo (je ne me souviens plus laquelle, il faudrait que je retrouve) qu’à Bercy il était “interdit” de faire un rapport en posant l’hypothèse de la sortie de l’euro (contrairement à l’Allemagne et la BCE qui, elles, anticipent les scénarios de sortie apparemment). Donc j’imagine que pour la sortie de l’UE c’est la même chose dans les autres administrations.]
A ce que je sais, le récit d‘Asselineau est tout à fait vraisemblable. La question serait de savoir pourquoi… superstition ? crainte que préparer ces scénarios donne des arguments aux sceptiques ?
ce que nous pensons de l’Europe:
http://www.notreeurope.sitew.fr
et vous?
@ Jacques Berhaut-Streel
[ce que nous pensons de l’Europe (…) et vous?]
Moi, pas. Je dois dire qu’ayant parcouru votre site, je n’ai pas vu beaucoup de « pensée ». Penser, ce n’est pas assener des vérités d’évidence. Penser, c’est construire un raisonnement et ensuite le confronter aux faits. Or, chez vous cette confrontation est plutôt paradoxale. Ainsi, vous écrivez :
« La petite Belgique est en fait une union difficile qui pourrait servir de référence à l’Europe puisqu’elle consiste à faire cohabiter dans une même nation deux peuples totalement différents que sont les flamands (germains cousins des hollandais et des allemands) et les wallons (latins cousins des français). »
Pensez-vous vraiment que cette « cohabitation » qui devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que le temps passe, ou la moitié du pays refuse de parler à l’autre, où institutions sont scindées sur une base communautaire, soit un « exemple qui pourrait servir de référence » ? De même, lorsque vous écrivez : « Notre histoire commune depuis plus de 25 siècles est incontestablement européenne et notre caractère spécifique est essentiellement régional bien plus que national », vous faites une erreur capitale. Notre « histoire commune » n’a rien « d’Européen ». L’immense majorité des européens pratique une religion dont les racines se trouvent au moyen orient, héritent un droit venu d’un empire méditerranéen. Rien dans notre culture ne vient d’une histoire européenne de 25 siècles.
En fait, on trouve dans votre site à tous les détours des « évidement », des « incontestablement », et autres formules du même genre, qui indiquent généralement une pensée dogmatique, qui refuse tout débat au nom d’une vérité d’évidence. Non, rien n’est « incontestable »…
@Descartes,
sale temps pour les européistes “français”: après le Brexit, c’est Michel Rocard qui vient de passer l’arme à…gauche :-)!
Je ne sais trop quoi dire, ou plutôt, j’aurais bien trop à dire de méchant sur ce personnage. Mais on peut juste constater que la “gauche” d’aujourd’hui est ABSOLUMENT à l’image de ce “personnage”, qui n’a jamais renié son gauchisme du temps du PSU. Tout le monde loue son sens des responsabilités au pouvoir, mais moi, je prétends qu’il est toujours plus facile de défaire que de construire. La liste de ses forfaitures à Matignon serait trop longue, et nous en payons le prix aujourd’hui!
Rocard est, ou plutôt était, l’incarnation de tout ce qui me fait horreur à “gauche” désormais: la moraline et la bien-pensance, mâtinée d’un libéralisme-libertaire d’état…
Je sais que vous détestez F.Mitterrand, mais reconnaissez qu’en éliminant Rocard de la course à l’Elysée en 95, grâce à coup tordu organisé avec l’appui de Tapie et Kouchner, le “Sphinx” nous a rendu un grand service…
@ CVT
[sale temps pour les européistes “français”: après le Brexit, c’est Michel Rocard qui vient de passer l’arme à…gauche :-)!]
Ca lui ferait quelque chose à gauche, finalement… 😉
[Je ne sais trop quoi dire, ou plutôt, j’aurais bien trop à dire de méchant sur ce personnage.]
Comme disait Voltaire, « nous devons des égards aux vivants, aux morts nous ne devons que la vérité ». Rocard est une figure qui marque la transition entre la « vieille gauche » qui avait pour référence le sort de la classe ouvrière, et la « nouvelle gauche » toute entière dévouée aux « classes moyennes ». Le paradoxe est que l’idéologie rocardienne a gagné, alors que son principal porteur a vu à chaque pas ses ambitions personnelles contrariées. Le plus rigolo, c’est de voir ceux qui pendant des années ont tout fait pour le faire trébucher verses des larmes de crocodile sur le « grand homme »…
[Rocard est, ou plutôt était, l’incarnation de tout ce qui me fait horreur à “gauche” désormais: la moraline et la bien-pensance, mâtinée d’un libéralisme-libertaire d’état…]
Tout à fait. Hollande et Valls sont les fils de Delors et de Rocard…
[Je sais que vous détestez F.Mitterrand, mais reconnaissez qu’en éliminant Rocard de la course à l’Elysée en 95, grâce à coup tordu organisé avec l’appui de Tapie et Kouchner, le “Sphinx” nous a rendu un grand service…]
Sauf qu’il a éliminé l’homme pour reprendre son idéologie…
[Comme disait Voltaire, « nous devons des égards aux vivants, aux morts nous ne devons que la vérité ». Rocard est une figure qui marque la transition entre la « vieille gauche » qui avait pour référence le sort de la classe ouvrière, et la « nouvelle gauche » toute entière dévouée aux « classes moyennes ». Le paradoxe est que l’idéologie rocardienne a gagné, alors que son principal porteur a vu à chaque pas ses ambitions personnelles contrariées.]
La chronique de Zemmour de ce jour devrait vous plaire : http://www.rtl.fr/actu/politique/michel-rocard-a-ete-battu-politiquement-par-mitterrand-mais-il-l-a-vaincu-ideologiquement-analyse-eric-zemmour-7783971489
Résumé de RTL : “”La lutte haute en couleurs de Rocard avec Mitterrand fait une dernière fois le bonheur des médias. C’est la victoire cent fois contée de la belle langue sur le jargon, de la politique sur l’économique, du féru d’histoire sur le technocrate. Récit exact mais récit partiel”, décrypte Éric Zemmour. “Rocard a été battu politiquement par Mitterrand, mais il l’a vaincu idéologiquement. Mitterrand a conservé l’Élysée, mais a mis en oeuvre le programme de Rocard”, explique le journaliste.
Michel Rocard fut “le parrain de Terra Nova, ce club de réflexion socialiste qui prône le multiculturalisme et défend l’alliance des bobos et des enfants de l’immigration pour compenser la rupture entre la gauche et la classe ouvrière”, constate-t-il encore. “Délocalisations, accroissement des inégalités, immigration de masse : le divorce entre le peuple et la gauche est le fruit des victoires idéologiques du rocardisme. Mais c’est le secret le mieux gardé de la gauche”, plaide-t-il.”
@ bip
[Résumé de RTL : “”La lutte haute en couleurs de Rocard avec Mitterrand fait une dernière fois le bonheur des médias. C’est la victoire cent fois contée de la belle langue sur le jargon, de la politique sur l’économique, du féru d’histoire sur le technocrate. Récit exact mais récit partiel”, décrypte Éric Zemmour. “Rocard a été battu politiquement par Mitterrand, mais il l’a vaincu idéologiquement. Mitterrand a conservé l’Élysée, mais a mis en oeuvre le programme de Rocard”, explique le journaliste.]
Il est difficile de lui donner tort…
Podemos/Izquierda,perdentplus de un million de voix.
Brexit ptécède Frexit…
Tout ça montre que le PCF ne doit pas disparaître ou se fondre dans les ex-comités anti lbéraux ou le fdg.
JLM est il le nouveau Peron,et où ça ménera-t-il ?
Que chacun aille devant les électeurs,sous ses couleurs.
Les électeurs seront ainsi largement ratissés,c’est de loin la meilleure tactique.Chacun sera heureux de pouvoir voter pour son parti hors coalition.
Personnellement,je déteste les gauchistes et je ne veux absolument pas changer.
Un monde culturel,de valeurs nous sépare.
Je veux voter PCF et que les bobos se retrouvent avec les successeurs de Placé,Martelli ou Autain pour gauchiser en grande joie !
Que l’on me rende mon PCF!
http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/01/31002-20160701ARTFIG00368-phillip-blond-jamais-la-mondialisation-n-avait-connu-un-tel-rejet-dans-les-urnes.php
Une analyse intéressante et assez hétérodoxe, qui rejoint en bonne partie la vôtre. Je ne partage évidemment pas sa critique de l’Etat-providence comme déresponsabilisant ni de l’étatisme en général mais ça fait plaisir de lire quelque chose comme ça. D’ailleurs il me semble que j’avais lu un article sur cet intellectuel dans Causeur il y a quelques années.
@ Carnot
[Une analyse intéressante et assez hétérodoxe, qui rejoint en bonne partie la vôtre.]
En partie seulement… il est vrai que cette idée d’un “conservatisme des couches populaires” est assez proche de ma réflexion, mais pas tout à fait dans le même sens…
La campagne présidentielle nécessitera des arguments où l’âme de la France sera sollicitée.Qui sera capable d’être à la hauteur,Cécile Duflot,Clémentine Autain?Elles ne savent même pas en quoi la Nation française est nécessaire à l’humanité…..
Sans Thorez,sans Duclos,la gauche n’a plus de porte parole pour défendre la république acquis de la révolution française,mère de toutes les révolutions.Oui,qui pourra dire à gauche,ce que nous sommes des millions à penser:Vive la France!
Je propose que l’on revienne au vote censitaire qui serait fixé ainsi :
– les électeurs sélectionnés auraient entre 14 et 40 ans, et auraient un revenu de 4000/euros par mois/personne minimum.
L’avantage serait que les vieux ne voteraient pas bêtement par nostalgie d’une répartition des richesses qui dura quelques années mais que les gens raisonnables se sont empressés de remettre dans le droit chemin pour revenir au glorieux XIXè où les pauvres restaient pauvres et les vieux… ben yen avait pas ils mourraient autour de 40 ans (sf les bourgeois certes mais ce ne sont pas ceux-là qui sont bêtes ce sont les pauvres).
– Par mesure de modernité rajeunir l’âge du vote à 14 ans : cet âge est plus raisonnable que celui de 70 ans.
– 4000 €/mois est raisonnable : qu’ils gagnent bien leur vie est la preuve de leur intelligence. Il est de notoriété que des Carlos Ghosn sont d’intelligence supérieure, la preuve ? ils gagnent quelques millions/mois.
– d’autres preuves des gens de + 70 ans bêtes : moi (74), Stéphane Hessel, Mitterrand, de Gaulle, Picasso, …… et pleins d’autres.
– C’est le raisonnement que F-Culture (pas que) tient concernant le Brexit.
@Annie!
J’adore vos propositions (humoristiques) dans le sens de l’histoire.
C’est à peu de choses près la distinction entre “citoyens actifs” et citoyens passifs” du 19ème siècle, sauf pour l’âge, mais pour le cens.
Comme quoi quand on se veut moderne, on est souvent bien suranné !
@Descartes,
Honnêtement, je crains que le Brexit prenne même le chemin que le référendum de 2005 en France: il va finir enlisé!
L’euphorie est en train de retomber: je viens d’apprendre que Nigel Farage a démissionné de la tête du UKIP, et ce moins d’une semaine après l’éviction de Boris Johnson à la candidature au poste de premier ministre: cela ressemble de plus en plus à une victoire mutilée.
D’ailleurs , le destin de l’ex-maire de Londres me rappelle furieusement celui Laurent Fabius après 2005, qui loin de profiter de la victoire de son camp pour s’emparer du PS, a préféré rallier une nième synthèse toxique concoctée par le toujours madré mais inconséquent François Hollande. Il faut croire qu’il n’y a pas qu’en France où le courage et la conséquence sont si peu répandus dans le monde politique…
Tout cela n’augure rien de bon, et cela suscite quelques questions: quelle impréparation, quelle inconséquence, de la part des leaders des “Brexiters”! J’ai bien l’impression que le plus dur n’est pas de sortir, mais de sortir et savoir que faire! C’est une leçon qu’il nous faudra méditer, et les perdants du référendum ne se privent pas de mettre en avant ces derniers développements…
Vous qui connaissez bien l’Angleterre, comment tout cela va finir, d’après vous?
@ CVT
[Honnêtement, je crains que le Brexit prenne même le chemin que le référendum de 2005 en France: il va finir enlisé!]
Ce n’est pas impossible, mais je ne pense pas que ce soit l’issue la plus probable. La logique
Britannique n’est pas tout à fait la notre, et la vision de la souveraineté est très différente. Dans un pays qui n’a pas de constitution écrite, le respect des conventions non-écrites est fondamental pour maintenir la confiance dans le système démocratique. Le référendum est une procédure si exceptionnelle en Grande Bretagne qu’on imagine mal les politiciens britanniques s’en affranchir.
[L’euphorie est en train de retomber: je viens d’apprendre que Nigel Farage a démissionné de la tête du UKIP, et ce moins d’une semaine après l’éviction de Boris Johnson à la candidature au poste de premier ministre: cela ressemble de plus en plus à une victoire mutilée.]
Pas tout à fait. Les britanniques n’ont pas voté pour Farage ou pour Johnson, deux personnages assez peu fiables. Ils ont voté pour le rapatriement des pouvoirs de Bruxelles à Londres. Johnson et Farage l’ont très bien compris : ce n’est pas à Moïse de conduire le peuple sur la terre promise…
[D’ailleurs , le destin de l’ex-maire de Londres me rappelle furieusement celui Laurent Fabius après 2005, qui loin de profiter de la victoire de son camp pour s’emparer du PS, a préféré rallier une nième synthèse toxique concoctée par le toujours madré mais inconséquent François Hollande.]
Pour avoir vécu l’épisode de très près, je peux vous dire que la situation est complètement différente. Johnson et Farage savent que leurs idées en matière économique ou sociale n’ont aucune chance d’obtenir une majorité, même pas parmi ceux qui ont vote le Brexit. Ils ne peuvent donc pas gouverner. Ce n’était pas le cas de Fabius, dont la grande faute est d’avoir manqué de courage et d’avoir cru que ses positions pouvaient s’imposer dans le PS en respectant les procédures internes.
[Tout cela n’augure rien de bon, et cela suscite quelques questions: quelle impréparation, quelle inconséquence, de la part des leaders des “Brexiters”! J’ai bien l’impression que le plus dur n’est pas de sortir, mais de sortir et savoir que faire!]
Tout à fait. Si les élites politico-médiatiques aiment autant l’UE, c’est parce qu’elle les dispense de tout effort mental. Il suffit d’aller chercher ses instructions à Bruxelles. Rester dans l’UE, comme toute solution conservatrice, c’est la voie de la facilité. Mais une fois qu’on a décidé de sortir, on ne peut plus se contenter de faire comme on a toujours fait. On est obligé de réfléchir, de créer, de faire du nouveau. Les hommes politiques ne sont pas préparés à cet exercice.
[Vous qui connaissez bien l’Angleterre, comment tout cela va finir, d’après vous?]
Je pense que le processus ira jusqu’au bout, en prenant le temps. Mais je ne prétends pas être prophète…
A propos de Michel Rocard surnommé ‘le hamster érudit”;un texte qui devrait vous inspirer,non?
Il est d’Anicet LePors:
http://anicetlepors.blog.lemonde.fr/2016/07/04/michel-rocard-l-hamster-erudit/#xtor=RSS-32280322
@ luc
Très joli texte, en effet…
Le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni (du moins c’est son appellation officielle) s’apparente à une sorte de bing bang : démission de Cameron suivie d’une forte remise en cause de Corbyn sans compter la renonciation de Johnson et la démission de Farage.
De prime abord, il y a là de quoi perdre mon (peu) d’anglais.
Commençons par le plus facile : Cameron qui a initié le référendum l’a perdu et cela suffit à expliquer sa démission. Corbyn quant à lui me semble posséder ces traits communs de « nouvelle gauche » européenne alliant les aspects sociétaux a des affirmations sociales mais toujours très timorée devant un retrait de l’UE assimilée à du nationalisme (donc de droite) ; ce courant exprimant sa préférence d’une mythique « Europe sociale ». Ce « cul entre deux chaises », allié au fait qu’il tombe dans le camp des vaincus ne satisfait ni les pros ni les antis UE.
Johnson comme Farage sont de (euphémisme) fortes personnalités. Ils peuvent être des locomotives, des leaders écoutés pour trancher énergiquement le nœud gordien mais qui ne seront pas retenus pour gouverner du moins à ce stade.
Eléments intéressants : les vieux partis sont en crise et la classe ouvrière anglaise a fait acte d’autonomie. Je ne parle nullement de révolution mais d’avenir qui se présente mieux sans autre prétention…
@ morel
[Johnson comme Farage sont de (euphémisme) fortes personnalités. Ils peuvent être des locomotives, des leaders écoutés pour trancher énergiquement le nœud gordien mais qui ne seront pas retenus pour gouverner du moins à ce stade.]
Tout à fait. Il faut se rappeler que la politique anglaise se construit autour des partis qui sont de véritables institutions, contrairement aux nôtres qui ne sont en général que les écuries électorales au service d’un homme. Ainsi, Thatcher fut renversée par une rébellion interne au parti conservateur, et non par le vote populaire. Imagine-t-on Hollande ou Valls renversés par un vote du comité directeur du PS ?
Johnson et Farage ont vite compris que s’il y avait une majorité de citoyens pour les suivre dans leur proposition de sortie de l’UE, ils n’avaient pas une majorité pour gouverner. Le premier est un franc-tireur au parti conservateur – surtout après cette campagne, un peu comme Fabius au PS après la victoire du « non » en 2005. Le second est le dirigeant d’un parti d’opposition dont la logique est de faire pression sur les Tories. Qui plus est, après une campagne aussi violente ces deux figures étaient un symbole de division. Leur effacement ouvre à mon avis l’arrivée de figures toujours eurosceptiques mais plus consensuelles dans le parti conservateurs, capables de réunir derrière elles une majorité pour mettre en œuvre le Brexit. Une polarisation autour des figures de Johnson et Farage aurait présenté le risque de provoquer une résistance en retour au sein du parti conservateur contre le Brexit lui-même.
Bonjour Descartes.
[Le référendum britannique a mis en évidence un vote de classe. Ont voté pour le « in » les couches insérées dans l’économie globale, disposant du capital monétaire et intellectuel qui leur permet d’en tirer profit sans en subir les conséquences, autrement dit, les « classes moyennes ». Ont voté massivement pour le « out » les couches sociales qui payent les coûts de la globalisation sans jamais en voir les avantages, qui voient quotidiennement leur avenir se boucher, leur cadre de vie se dégrader, ceux que des « réformes » obligent à participer à une compétition qu’elles ne peuvent pas gagner.]
Est-ce que c’est une impression que vous avez, ou bien avez-vous une source mettant en évidence ce phénomène ?
@ Jean-François
[Est-ce que c’est une impression que vous avez, ou bien avez-vous une source mettant en évidence ce phénomène ?]
Je n’ai pas très bien compris le sens de votre question. Pourriez-vous préciser ?
Oui bien sûr. Ce que je voudrais savoir, c’est si vous avez utilisé des données en particulier pour affirmer qu’il s’agit d’un vote de classe, et si oui comment vous les avez confrontées à ce que vous appelez les classes moyennes et les couches populaires.
@ Jean-François
[Oui bien sûr. Ce que je voudrais savoir, c’est si vous avez utilisé des données en particulier pour affirmer qu’il s’agit d’un vote de classe, et si oui comment vous les avez confrontées à ce que vous appelez les classes moyennes et les couches populaires.]
En fait, je me fonde sur les cartes consultables sur le site de la BBC, et qui donnent la distribution géographique du vote. La ségrégation sociale en Grande Bretagne étant très forte géographiquement, on voit très nettement la corrélation. J’en ai discuté avec des amis anglais – j’en ai pas mal, ayant vécu dans ce pays plusieurs années – et ils partagent l’analyse.
@ Descartes et Jean-François
Me permettez-vous d’apporter ce lien en contribution à votre discussion :
http://geopolis.francetvinfo.fr/brexit-les-cartes-qui-expliquent-le-vote-des-britanniques-109889
Complété avec celui du « Gardian » (je ne lis pas l’anglais et malgré l’utilisation d’un traducteur en ligne avec ses grandes approximations, cela me semble assez net) :
http://www.theguardian.com/politics/ng-interactive/2016/jun/23/eu-referendum-live-results-and-analysis
@morel
Merci beaucoup de ces liens, qui racontent tous la même histoire…
Merci Descartes et morel pour ces références.
Ces cartes sont géniales. Elles ne montrent pas seulement la distribution géographique du vote comme le dit Descartes, elles montrent de fortes correlations entre le vote et le niveau de revenu, le niveau d’éducation, le niveau de qualification et l’appartenance à la classe sociale ABC1 (les classes moyennes). S’il n’y avait que le niveau de revenu ou que l’appartenance à la classe sociale ABC1, cela serait déjà intéressant. Mais avec le niveau de qualification et le niveau d’éducation en plus, cela colle vraiment de près au propos de Descartes et à sa définition des classes moyennes !
http://www.ladepeche.fr/article/2016/07/08/2381444-fete-front-national-gaillac-tolza-manifestation-part-communiste.html
Cher Descartes,en lisant sur le Net,l’article ci-dessus ,je n’ai pas pu m’empêcher d’attester de sa part de vérité.
Par là,j’augmenterai peut être votre désabusement mais puisque vous portez un nom qui érige le doute en principe de base,j’y vais…
En effet le parti de Phillipot traine derrière lui outre le parfum Nazillard,de ratonnades et d’anticommunisme,bien connu,un passif consistant en tricheries et manipulations diverses..
Pourtant ,Phillipot formé à l’excellante école chevénementiste,n’exprime pas du tout cette tendance répulsive du FN,incarnée plutôt par Marion…
Or sur ce blog,les appels à un vote FN instrumentalisé pour la ‘bonne cause’ souverainiste,peuvent apparaitre comme un débouché logique de certains raisonnements,un petit peu comme les anglais ont fait en utilisant l’UKIP,pour leur Brexit.
Un tel dispositif d’éventuels comportements pro-phillipistes vous parait il crédible chez d’anciens ou actuels électeurs du PCF,pour 2017,en faveur de Marine,au vu de l’intense répulsion provoqué par le FN au PCF comme l’atteste le lien ci dessus?
sera t il massif? à quelles conditions?pour quelles conséquences à moyen termes?ce jeu n’est il pas dangeurueux?ce jeu en vaut il la chandelle?
@ luc
[Cher Descartes,en lisant sur le Net,l’article ci-dessus ,je n’ai pas pu m’empêcher d’attester de sa part de vérité.]
Je n’ai pas pu lire l’article, le site demande une inscription et je n’ai pas envie de voir ma boite à lettres noyée de publicité…
[Or sur ce blog, les appels à un vote FN instrumentalisé pour la ‘bonne cause’ souverainiste, peuvent apparaitre comme un débouché logique de certains raisonnements,un petit peu comme les anglais ont fait en utilisant l’UKIP, pour leur Brexit.]
Je ne vois pas de quels « appels » vous voulez parler. Personne à ma connaissance n’a « appelé à un vote FN » ici. Personnellement, je pense qu’il faut une réflexion approfondie sur ce que le FN est en train de devenir, et sur les convergences possibles avec lui lorsqu’il s’agit de récupérer notre souveraineté, condition sine qua non pour pourvoir faire une politique progressiste. Mais rien de plus, du moins pour le moment.
[Un tel dispositif d’éventuels comportements pro-phillipistes vous parait il crédible chez d’anciens ou actuels électeurs du PCF, pour 2017, en faveur de Marine, au vu de l’intense répulsion provoqué par le FN au PCF comme l’atteste le lien ci dessus?]
Je ne crois pas qu’il puisse avoir un tel glissement chez les dirigeants du PCF, pas plus que chez beaucoup de militants. La tradition « pragmatique » au PCF n’a jamais été très forte, au point que les décisions pragmatiques sont déguisées sous un masque « idéologique ». L’exemple le plus flagrant est celui des rapports avec le PS : la décision pragmatique de ne pas rompre avec lui pour sauver dans la mesure du possible les sièges d’élus est toujours présentée comme conforme aux grands principes : « battre la droite et l’extrême droite ». Et pour cette raison, toute convergence avec le FN sera occultée, comme ce fut le cas en 2005 avec le « non de gauche » qui prétendait occulter le fait que le « non » a gagné grâce à une convergence objective entre une partie de la gauche, une partie de la droite et l’extrême droite.
Par contre, il est clair qu’une partie de l’ancien électorat du PCF et même quelques dirigeants intermédiaires sont séduits par le discours « philippiste » et pourraient même voter pour des candidats FN.
[ce jeu n’est il pas dangereux?]
En politique, tout ce qui peut changer les choses est « dangereux ». Si on ne veut pas courir de risque, on ne fait pas de politique…
[ce jeu en vaut il la chandelle?]
Ca dépend des résultats qu’on pense pouvoir obtenir. Si une convergence avec le FN permettait d’obtenir un « Frexit »…
@ Descartes,
Je me suis rendu cette semaine à une conférence organisée par la maison de l’Europe et des jeunes européens fédéralistes avec pour thème le Brexit. Les intervenants étaient bien entendu tous contre le Brexit. Il aurait été souhaitable qu’il y ait débat contradictoire, qui plus est quand l’évènement est organisé par des institutions financées avec l’argent du contribuable.
Cette conférence a eu le mérite de me montrer le niveau d’endogamie de ces européistes. Appartenant tous à la même couche sociale, il leur est impossible de penser que l’on puisse avoir une autre vision de la construction européenne qui soit rationnelle. La vacuité de leur argument était amusante : depuis qu’un semblant de retour au frontière a été installé, la fréquentation des restaurant en Alsace aurait chuté de 30%.
Si l’on ne peut pas forcément leur reprocher d’être des européens convaincus, il faut leur reprocher leur mauvaise foi. La politique est une compétition et dans toute compétition, le perdant doit reconnaître sa défaite et les causes de cette dernière au lieu de dire que le gagnant a mal joué. À ma connaissance, le camp du NON à Maastricht a bien mieux accepté sa défaite à l’époque. Toutefois, au fond, on ne peut que leur souhaiter de rester dans leur aveuglement, car en ne voulant pas se remettre en question, ils foncent droit dans le mur.
Bien entendu, j’ai eu droit à l’argument selon lequel il ne faut pas faire de référendum car c’est un instrument dangereux, sauf sur de grands sujets de “société”. À la fin je leur ait demandé pourquoi excepté l’Irlande du Nord et l’Écosse, les campagnes britanniques ont voté pour le Brexit à la différences des villes. On m’a répondu que c’est parce que les villes réussissent mieux que les campagnes. À la fin de la conférence, j’ai dit à un intervenant que je n’avais pas très bien compris sa réponse (ce qui l’a outré !), je lui ait demandé pourquoi les campagnes réussissent moins bien que les villes. La réponse était révélatrice : ça ne l’intéresse pas et si je veux avoir plus d’informations, je n’ai qu’à lire la documentation de Sciences Po…
La public était aussi révélateur : il était en très grande majorité constitué de seniors et les questions à tendance eurosceptique venaient plutôt de personnes jeunes.
Bref les européistes ont donné une belle caricature d’eux même lors de cette conférence.
Autrement, la dernière déclaration de Cohn Bendit est très révélatrice quand il a dit que le peuple n’a pas toujours raison. Dans l’absolu il n’a pas tort. Mais d’une part les couches populaires font beaucoup plus confiance aux experts que les couches moyennes; pour s’en convaincre, il suffit de voir quelles sont les personnes les plus hostiles à la vaccination. Le but de cette déclaration étant surtout de délégitimer le peuple dans la prise de décisions souveraines. La boucle soixante-huitarde est bouclée. Ceux qui hier voulaient abattre une autorité au prétexte qu’aucune autorité n’est légitime se retrouvent maintenant à défendre une autorité non démocratique.
@ François
[Je me suis rendu cette semaine à une conférence organisée par la maison de l’Europe et des jeunes européens fédéralistes avec pour thème le Brexit (…).]
Vous êtes masochiste, dites donc…
La réunion que vous décrivez fort bien n’a rien d’une exception. Je ne compte plus le nombre de réunions du même genre dont j’ai été témoin…
[Si l’on ne peut pas forcément leur reprocher d’être des européens convaincus, il faut leur reprocher leur mauvaise foi.]
Plus que de la mauvaise foi, c’est de l’inconscience. Ces gens-là ne sont presque jamais des cyniques. Ce sont des chevaliers de la Foi. Ils disent des énormités, mais à leur décharge – si l’on peut dire – ils croient vraiment les énormités qu’ils disent. C’est d’ailleurs ça qui les rend si dangereux…
[Autrement, la dernière déclaration de Cohn Bendit est très révélatrice quand il a dit que le peuple n’a pas toujours raison. Dans l’absolu il n’a pas tort.]
Cela dépend de ce qu’on appelle « avoir raison ». Si vous entendez que le peuple n’est pas toujours dans le vrai, c’est exact. Mais la légitimité du peuple à exercer la souveraineté ne vient pas du fait qu’il est dans le vrai, mais du fait qu’il a à supporter les conséquences des choix de son gouvernement.
Le peuple « n’a pas toujours raison », certes. Mais est-ce qu’il y a un groupe qui, lui, aurait toujours raison ? Cohn-Bendit et ses amis, par exemple ? Derrière le discours de Cohn-Bendit, il y a une vision aristocratique de la politique. Celle d’un petit groupe qui pense pouvoir décider quand le peuple a raison et quand il a tort.
[La boucle soixante-huitarde est bouclée. Ceux qui hier voulaient abattre une autorité au prétexte qu’aucune autorité n’est légitime se retrouvent maintenant à défendre une autorité non démocratique.]
Oui, mais parce que cette autorité, c’est celle qui défend leurs intérêts…
Cher Descartes merci pour votre réponse toujours courtoise ,claire et consistante.
Savez vous que vous lire est une joie heureusement pratiquée depuis 5 ans,alors ?,Oui,encore,MERCI !
Voici un lien vers un excellent texte de Samir Amin,dont j’extrais juste une phrase révélatrice de mon questionnement:
‘Les fascistes européens proclament leur hostilité à l’Europe et à l’euro. Mais on doit savoir que leur concept de souveraineté est celui de la bourgeoisie capitaliste ; leur projet est celui de la recherche de la compétitivité nationale dans le système de l’ordolibéralisme, associé à des campagnes nauséabondes contre les immigrés.’
Voici le lien,en vous souhaitant une bonne finale ou plutôt fin de journée,car la déferlante médiatique pro-Foot me gave,autant que l’habituelle déferlante pro-UE!
alors si le bourrage de crâne vous insupporte,lisez ça:
http://www.pambazuka.org/fr/democracy-governance/le-brexit-et-l%E2%80%99implosion-de-l%E2%80%99union-europ%C3%A9enne
@ luc
[Savez vous que vous lire est une joie heureusement pratiquée depuis 5 ans, alors ?, Oui,encore,MERCI !]
Merci de vos encouragements… surtout en ces périodes de panne d’inspiration !
[Voici un lien vers un excellent texte de Samir Amin, dont j’extrais juste une phrase révélatrice de mon questionnement: « Les fascistes européens proclament leur hostilité à l’Europe et à l’euro. Mais on doit savoir que leur concept de souveraineté est celui de la bourgeoisie capitaliste ; leur projet est celui de la recherche de la compétitivité nationale dans le système de l’ordolibéralisme, associé à des campagnes nauséabondes contre les immigrés. »
L’article est certainement très intéressant. Ce qui me gêne, c’est cette confusion qu’on fait entre le « concept de souveraineté » et un « projet ». Il n’y a pas un « concept de souveraineté de droite » et un « concept de souveraineté de gauche ». La souveraineté est un concept unique. La souveraineté est un outil, qui peut être mis au service de projets très différents. Mais en lui-même, il est neutre. C’est d’ailleurs pourquoi on peut avoir des « souverainistes » à droite comme à gauche, et qu’une convergence est possible sur cette question.
Des victoires comme le « Brexit » ou le rejet du TCE ne sont possibles aujourd’hui qu’à travers cette convergence. Le discours d’Amin, en faisant croire que ceux qui à gauche revendiquent la souveraineté ne revendiquent pas la même chose que ceux qui le font à droite est de nature à gêner cette convergence.
Bonjour,
Un petit hors sujet. Je viens de tomber là-dessus : http://www.jlm2017.fr/synthese1
Aviez-vous déjà connaissance de cette synthèse ?
Je n’ai pas tout lu en détail mais malgré le vide de cette synthèse (pour être plus juste, il s’agit aussi d’une synthèse du vide), la partie “IV. Sortir des traités européens” me paraît intéressante. Le “plan B” est intitulé “la sortie”, son premier point est “Sortir de l’Union Européenne et de la zone euro et nationalisation des banques” et son troisième point “Instauration d’un protectionnisme solidaire aux frontières nationales”.
Pour le sommet du plan B, vous m’aviez dit que Généreux avait pris soin d’indiquer qu’il exprimait son opinion personnelle et non celle du PG. Cette fois, il s’agit de ce que les auteurs de cette synthèse officielle, censée servir de base pour le programme, ont bien voulu inclure. La déclaration de Généreux au sommet du plan B avait suffit pour me mettre de bonne humeur, alors je vous laisse imaginer mon humeur actuelle 🙂
@ Jean-François
[Un petit hors sujet. Je viens de tomber là-dessus : http://www.jlm2017.fr/synthese1.Aviez-vous déjà connaissance de cette synthèse ?]
Oui, bien entendu. Je suis avec beaucoup d’attention les débats programmatiques autour de Mélenchon.
[Je n’ai pas tout lu en détail mais malgré le vide de cette synthèse (pour être plus juste, il s’agit aussi d’une synthèse du vide),]
Quelque soit la rigueur et la bonne volonté des auteurs d’une synthèse, la qualité de leur résultat est limitée par celle de la matière première. Et ici la matière première était d’une remarquable pauvreté. Et ce n’est pas seulement la faute aux contributeurs : la procédure par laquelle toute discussion, tout débat sur les propositions a été rendue impossible et la longueur des contributions limitée ne pouvait produire que ça : une suite de « faut que y’a qua ».
Il est impossible de penser tout seul. C’est dans l’échange qu’on voit les failles et les difficultés de ses idées, et qu’on peut les perfectionner ou les abandonner, selon le cas. Or, la méthode choisie par Mélenchon consiste à demander aux gens de penser tous seuls, puis faire une « synthèse » de ces opinions, dans lesquelles on trouve bien entendu tout et son contraire.
Et je ne pense pas que ce soit involontaire. Mélenchon utilise la technique développée par Ségolène Royal pour donner l’illusion de « démocratie participative » tout en gardant le contrôle sur le résultat final. J’avais un chef de service qui utilisait la même technique : avant de prendre une décision, il convoquait une réunion de service, où il encourageait tout le monde à s’exprimer très librement. Et bien entendu, cela donnait toutes les propositions possibles et imaginables, chacun se battant avec les autres pour imposer sa solution. Et après trois heures de bataille, le chef prenait la parole pour dire « bien, nous avons beaucoup discuté et je pense que la solution qui se dégage est la suivante ». Et puis il nous donnait sa décision, qu’il avait en général prise bien avant la réunion. Et tout le monde gardait l’impression qu’il avait participé à un véritable processus d’élaboration…
[la partie “IV. Sortir des traités européens” me paraît intéressante. Le “plan B” est intitulé “la sortie”, son premier point est “Sortir de l’Union Européenne et de la zone euro et nationalisation des banques” et son troisième point “Instauration d’un protectionnisme solidaire aux frontières nationales”.]
Oui mais… d’abord, il reste le plan A. Ensuite, on découvre la proposition d’une « constituante européenne » qui « pourrait être insérée dans le plan B ». On revient sur la difficulté majeure de l’exercice : il s’agit d’une agrégation de propositions qui proviennent de logiques différentes. Il ne suffit pas de s’entendre sur le fait de sortir de l’UE, il faut s’entendre aussi sur les raisons qui nous poussent à cette sortie. On peut sortir parce que l’UE ne fait pas les politiques solidaires que nous voulons – auquel cas on pourrait rentrer si elle changeait de politique. Mais on peut sortir parce qu’on pense que l’UE n’étant pas une nation ne pourra jamais faire une politique solidaire. Et dans ce cas, parler de « plan A » ou de « constituante » est un leurre.
Il est assez clair pour moi que le processus mis en place par Mélenchon est de la poudre aux yeux. Une manière de tenir tranquilles ceux qui pensent encore – les naïfs – qu’un candidat doit proposer un « projet » au peuple, et ne peut pas se contenter de mettre en scène sa personne.
En cette cpmmémoration nationale du 14/07/2015,je pense à une discussion édifiante tenue hier soir.
L’autre protagoniste tunisien devenu français fonctionnaire et professeur faisait l’éloge de Macron,du libéralisme et du démantellement de l’état social français.Un Macroniste ‘en marche’ pour le démantellement de la France..
Un socialiste contemporain en sorte,’tout pour moi,rien pour le voisin’.
Comment essayer d’argumenter devant un protagoniste en phase avec l’époque sans passer pour un chauvin passéiste?
N’est il pas trop difficile d’essayer de convaincre alors que son interlocuteur n’a aucune envie de comprendre tant il est ennivré d’être dans le sens de l’idéologie dominante?Que faire pour lutter contre l’endoctrinement actuel Européiste et dévalorisant la république sociale française?
@ alrx
[Comment essayer d’argumenter devant un protagoniste en phase avec l’époque sans passer pour un chauvin passéiste?]
D’abord, il ne faut pas craindre de passer pour un chauvin passéiste… mais la meilleure argumentation, c’est appuyer sur les contradictions du discours de l’autre. Et avec Macron, on n’a que l’embarras du choix.
[N’est il pas trop difficile d’essayer de convaincre alors que son interlocuteur n’a aucune envie de comprendre]
Difficile non, impossible. Il faut comprendre que quand les gens croient quelque chose, c’est souvent parce qu’ils ont intérêt. Souvent, notre idéologie nous permet de justifier nos actes ou de nous exonérer de nos responsabilités. Et je dis « notre » idéologie parce que personne n’est exempte de cette tendance, même pas moi. Il faut un travail critique permanent sur ses propres convictions, de remise en question systématique des « principes » pour échapper à ce risque…
[Que faire pour lutter contre l’endoctrinement actuel Européiste et dévalorisant la république sociale française?]
Il faut lutter par une action de réflexion et de débat constante. En étant conscient que ce combat ne peut être véritablement gagné que si les conditions le permettent. Pendant trente ans, ceux qui ont prêché le discours rationnel ont prêché dans le désert. Aujourd’hui que l’UE montre chaque jour sa nocivité, le balancier commence à revenir…