Certains parmi mes lecteurs se souviendront surement du bruit et de la fureur qui avait accompagné le lancement de la première émission de télé-réalité française, « Loft Story ». Il s’agissait d’enfermer un groupe de jeunes – la parité étant strictement respectée – sous l’œil de caméras qui retransmettaient dans nos foyers 24/24 les faits et gestes des membres de cette petite communauté. Comme d’habitude chez nous, cela donna lieu à des empoignades entre doctes sociologues et pensifs penseurs, dont les conclusions allaient de « c’est le dernier clou dans le cercueil de notre culture » à « c’est le mode de communication de l’avenir ». Conclusions qui, à la réflexion, n’ont rien de contradictoire.
Je me souviens surtout qu’après l’émission elle-même, on a fait des émissions pour expliquer comment celle-ci fonctionnait. Le secret, nous disaient les organisateurs eux mêmes, n’est pas une scénarisation qui serait assez vite perceptible par les spectateurs. Non, le succès de ce type d’émission dépend totalement des choix de casting. Il faut constituer une collectivité – la parité étant rigoureusement respectée – donc les membres cochent un certain nombre de cases. Il faut le bellâtre et la bimbo, l’hystérique énervant mais attachant, le cas social qui fera pleurer dans les chaumières avec son enfance malheureuse, le manipulateur calculateur que tout le monde adore détester, le « monsieur/madame tout le monde » dans lequel le spectateur peut se reconnaître. Une fois le casting réussi, la dynamique humaine fait le reste… avec l’aide des gadgets inventés par la production pour relancer périodiquement les recompositions d’alliances.
L’exercice de désignation du premier gouvernement de la présidence Macron m’a rappelé furieusement cet épisode. Comme pour le « Loft », la scénarisation se réduit à un catalogue de bonnes ( ?) intentions, genre « libérer les énergies » ou « relancer l’Europe ». Mais ce qui est important, c’est le casting. Et comme pour le « loft » – la parité étant rigoureusement respectée – il faut cocher des cases. Il faut le centriste, le pilier de la gauche, l’espoir de la droite, l’écologiste médiatique, le jeune « issu de la diversité », le professeur compétent, le ministre débutant, l’entrepreneur et le cadre de grand groupe, le parisien et le provincial. Le but n’est pas, comme on pouvait le penser naguère, de constituer un groupe cohérent et solidaire pour porter les différents éléments d’une politique globale. Le but, c’est de fabriquer une collectivité dans laquelle chaque français retrouve un élément d’identification et dont il aura – ou du moins la production l’espère – l’envie de suivre les aventures. Premier vote d’élimination, dans trois semaines.
Depuis son élection, Emmanuel Macron a commencé à donner des indications des principes qui vont régir son quinquennat. Certains signes sont, il faut l’admettre, positifs : lorsqu’il parle d’une « présidence jupitérienne », lorsqu’il manifeste la volonté de rendre sa parole rare et de maîtriser strictement sa communication, il renoue implicitement avec la logique originale de la Vème République. On ne peut que se féliciter, après Sarkozy, qui peinait à prendre de la hauteur, et Hollande qui n’a même pas essayé, rêvant d’une impossible « normalité », d’avoir un président qui prend la mesure de sa fonction. Certains ont critiqué la « marche solitaire » de Macron le soir de son élection. Ce n’est pas mon cas : c’était peut-être grandiloquent, peut-être un peu archaïque. Mais ce choix de mise en scène mettait en relief la solitude tragique d’un véritable Chef d’Etat.
Le problème, c’est que si dans sa prise de fonction Macron semblait vouloir revenir aux principes de la Vème République, la formation de son gouvernement nous ramène plutôt aux logiques de la IVème. Edouard Philippe n’est pas celui qui « détermine et conduit la politique de la nation » – selon la formule constitutionnelle – et qui s’entoure d’un gouvernement pour la mettre en œuvre. Notre Premier ministre n’est « premier » que dans l’ordre protocolaire. Il est moins un chef qui conduit et arbitre qu’un coordonnateur qui négocie des équilibres avec des « féodaux » bien plus puissants et introduits auprès du président que lui. Comment peser face à un Bayrou, un Collomb ou un Le Drian, puissants « barons » qui discutent directement avec le Roi et qui – on l’a vu avec l’épisode Baryou sur les investitures – peuvent même s’offrir le luxe de lui imposer un rapport de forces ? Si on ajoute à ces contraintes celle imposée par la logique de communication du « Loft », notre premier ministre n’est pas sorti de l’auberge.
Un autre signe inquiétant apparaît dans l’intitulé et le découpage des différents ministères. Il y a bien entendu les coups de « com » style ce ministère « de l’Europe et des affaires étrangères », dans lequel une presse extatique voit « le signe que l’Europe n’est plus l’étranger ». On aurait envie de rappeler à ces plumitifs que ce ministère avait reçu sous des précédents gouvernements des appellations du type « ministère des affaires étrangères et européennes », qui avaient déjà la même signification. Rien ne fait autant de nouveautés qu’une mauvaise mémoire… Mais le plus sérieux n’est pas là. Le plus sérieux, c’est la disparition des activités productives du champ symbolique. Les mots « industrie », « production », « énergie » ne figurent plus dans l’intitulé d’aucun ministère. Même les euphémismes qui les avaient quelquefois remplacés dans le passé (comme « redressement productif ») ont disparu. C’est un signe qui ne trompe pas : celui d’une parfaite continuité avec les régimes précédents, qui ont progressivement fait disparaître le mot « industrie » du paysage administratif, par exemple, en renommant la vénérable « Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services » (DGCIS) en « Direction générale des entreprises ».(DGE), les « Directions régionales de l’industrie, la recherche et l’environnement » (DRIRE) en « Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement » (DREAL). Non seulement l’industrie disparaît de nos territoires, mais elle disparaît aussi de la scène politico-administrative, comme si le sujet était mineur qui ne mérite même pas qu’on le mentionne. Quant à la politique énergétique, mais aussi celle des transports et du logement, elles ont été amalgamée au ministère de l’environnement depuis 2007, et disparaissent dix ans plus tard de l’intitulé de leur ministère de tutelle, actant ainsi une situation où le conflit entre les exigences des lobbies soi-disant « écologistes » et le poids des réalités rend impossible la définition d’une politique cohérente et ambitieuse.
Un autre signe inquiétant est l’insistance particulière sur le fait que plusieurs ministres sont germanophones. En principe, cela ne devrait rien changer : une règle ancienne veut qu’un ministre ne parle jamais, dans une négociation internationale, une langue qui ne serait pas la sienne. En effet, discuter en allemand avec un Allemand, en anglais avec un Anglais, en russe avec un Russe c’est se mettre en position d’infériorité, puisque on échange dans une langue que votre interlocuteur domine infiniment mieux que vous. L’utilisation d’un interprète rétablit l’égalité, chacun des interlocuteurs devant passer par ce même canal pour communique avec l’autre. Par ailleurs, cette insistance sur l’importance de la germanophonie pour « relancer l’Europe » montre à quel point les gens qui nous gouvernent ont internalisé le fait que l’Allemagne dirige l’Europe, et donc que toute initiative européenne passe nécessairement par elle. Du temps de l’empire américain, nos ministres se flattaient de parler anglais. Sommes nous passés dans l’ère de l’empire allemand ?
Ce gouvernement a-t-il des chances d’obtenir une majorité parlementaire qui lui permettrait de se survivre ? Oui, probablement. La campagne présidentielle puis les ralliements œcuméniques suscités par le nouveau président ont fini par bien montrer que les concepts de « gauche » et « droite » n’avaient plus de sens dans le champ politique. Que la différence entre « gauche de gouvernement » et la « droite de gouvernement » est de même nature que celle qui existe entre deux supermarchés : chacun cherche à être leader sur le marché, mais au fond ils vendent le même produit. Si Darmanin peut conduire une politique avec Le Drian, Si Bayrou, Le Maire, Collomb et Hulot peuvent ensemble conduire la même politique, pourquoi voter pour les uns plutôt que pour les autres ? En quoi une politique conduite par une majorité LR ou PS serait très différente de celle proposée aujourd’hui par Macron ? Avec le FN limité par le « plafond de verre » et par ses querelles internes, la « gauche radicale » pourrait avoir un boulevard devant elle… si seulement elle était capable d’articuler un projet crédible et populaire au lieu de se ranger derrière un gourou dans une logique sectaire.
Cela étant dit, obtenir une majorité à l’Assemblée nationale c’est une chose, la discipliner ensuite pour s’assurer que les députés votent dans le sens voulu par le gouvernement c’en est une autre, très différente. On retrouve dans la sélection des candidats aux législatives le même mélange d’opportunisme politique et de télé-réalité qu’on retrouve dans la composition du gouvernement. Il en résultera une Assemblée nationale profondément renouvelée, mais dans laquelle beaucoup de députés n’auront guère l’habitude d’une discipline de parti. On verra débouler une masse de jeunes ambitieux dont l’ambition n’est même pas tempérée par la fidélité à une organisation. Et cela pose un problème sérieux pour la qualité du travail législatif. Il faut noter qu’un député isolé, qui n’est pas encadré par un parti politique, est bien plus sensible aux sirènes des lobbies qu’ils soient locaux ou nationaux. L’indiscipline de la majorité socialiste sous le quinquennat Hollande s’est traduite par une production de textes déséquilibrés, excessivement longs et souvent contradictoires du fait de l’addition à la dernière minute de dispositions voulues par tel ou tel lobby. Ainsi, par exemple, la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte est entrée à l’Assemblée avec 66 articles, elle en avait plus de deux cents à sa sortie. La « loi Macron » était promise à une inflation similaire, qui n’a été bloquée que par l’usage du 49-3. A moins que le renouvellement ne soit qu’une illusion. En effet, si les macronistes montrent fièrement des listes bourrées de personnalités de la « société civile », il y a fort à parier que la distribution des circonscriptions « gagnables » est, elle, beaucoup plus classiquement arrangée…
Descartes
Je suis d’accord avec votre texte, mais cela va plus loin que ça l’analogie avec la télé « réalité ». Car comme dans le cas de ce type d’émission le terme réalité est un oxymore. Il n’y a pas de réalité dans la télé « réalité » pas plus qu’il n’y a de ministre ou de président chez Macron. Ils font semblant de gouverner, semblant de diriger, semblant d’avoir du pouvoir alors qu’ils y ont renoncé avec leur Europe. Ils veulent les avantages du pouvoir sans ses inconvénients que sont le sens des responsabilités et ses implications. Tout comme les lofteurs voulaient la célébrité sans le travail, le talent et l’effort nécessaire pour y parvenir. C’est à mon avis ici qu’est la plus forte corrélation entre les deux phénomènes.
Pour ce qui est de l’abandon de l’industrie, elle est la résultante d’une mauvaise compréhension de l’économie. Le mythe de la société post-industrielle a créé une illusion d’une société dans usine comme naguère Tchuruk voulait d’une Alcatel sans usine. On a vu ce que cela a donné en pratique pour l’entreprise. La France n’est pas une nation post-industrielle, c’est une nation en voie de sous-développement comme je crois le montrer dans ce texte.
http://lebondosage.over-blog.fr/2017/05/la-notion-de-pays-en-voie-de-sous-developpement.html
Il est donc normal de voir des idéologues de la société de service nier la notion même d’industrie. Cependant je crois que ce gouvernement va rapidement plonger. Les années qui viennent vont être très dures pour la Franc. Macron a cependant l’immense qualité de disqualifier définitivement les idées de l’autre Europe. Idées qui continuent à faire illusion surtout à gauche. Si j’osais une comparaison historique je dirais que Macron c’est un peu le Boris Yeltsin français en plus présentable. Il est là pour favoriser les oligarques, les intérêts étrangers et détruire la structure politique et économique française. Mais après Yeltsin il y a eu un retour national fort en Russie sous la figure de Poutine. On pourrait s’orienter vers une même évolution en France.
@ yann
[Pour ce qui est de l’abandon de l’industrie, elle est la résultante d’une mauvaise compréhension de l’économie. Le mythe de la société post-industrielle a créé une illusion d’une société dans usine comme naguère Tchuruk voulait d’une Alcatel sans usine. On a vu ce que cela a donné en pratique pour l’entreprise.]
Mais tout mythe a une fonction. Quand des gens très intelligents ont une « mauvaise compréhension de l’économie », c’est que cette « mauvaise compréhension » fait partie d’une idéologie, et cette idéologie a une fonction. Le mythe de la société post-industrielle est le mythe d’une classe, ou plutôt d’une alliance entre deux classes, la bourgeoisie et les « classes moyennes ». C’est un mythe attractif parce qu’il permet d’imaginer une société sans classe ouvrière organisée, ou l’économie repose sur le « bloc dominant » pour les emplois qualifiés, et sur un lumpen-prolétariat de « auto-entrepreneurs » ubérisés pour le reste.
La contradiction de ce modèle est assez évidente : s’il n’y a plus de classe ouvrière, qui produira la plusvalue qui nourrit la bourgeoisie et en partie les « classes moyennes » ? C’est pourquoi le modèle « post-industriel » ne fonctionne que parce qu’il reste des contrées « industrielles » ou le capital peut s’investir.
[La France n’est pas une nation post-industrielle, c’est une nation en voie de sous-développement comme je crois le montrer dans ce texte.]
Non, je n’irais pas jusque là. Je dirai plutôt que le « bloc dominant » a comme modèle les villes-Etats comme Singapour, c’est-à-dire des sociétés « duales » composées d’un côté d’une élite bien payée qui assume des tâches à haute valeur ajoutée, et de l’autre d’une masse de « serviteurs » chargés de fournir à cette élite tout ce qui ne peut être délocalisé. Quant à la production des biens, elle se fait « ailleurs ». Ce n’est pas un « sous développement », c’est un autre modèle de développement, porté non pas par la production de biens mais par la production de services à haute valeur ajoutée.
[Si j’osais une comparaison historique je dirais que Macron c’est un peu le Boris Yeltsin français en plus présentable. Il est là pour favoriser les oligarques, les intérêts étrangers et détruire la structure politique et économique française. Mais après Yeltsin il y a eu un retour national fort en Russie sous la figure de Poutine. On pourrait s’orienter vers une même évolution en France.]
La comparaison est intéressante…
@ Descartes,
Bonjour,
Ce billet, comme c’est coutume fait ressortir des remarques pertinentes.
Il m’a donné l’occasion de relire les programmes respectifs de Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Si l’on extrait la question du maintien de la France dans la zone euro – qui au demeurant fait maintenant question au sein du FN – on ne peut pas dire que ces deux programmes sont en opposition frontale, chacun souhaitant apporter et résoudre les problèmes ressentis par les Français. Chacun propose des voies qui peuvent de près ou de loin être comparées. Bien malin celui qui pourrait démontrer aujourd’hui qui a raison. Chacun garde ses convictions ou au moins, ses intuitions.
Si MLP avait été élue, qui pensez vous qu’elle aurait nommé à la tête des différents ministères ? Plus que probablement des personnes représentatives de son électorat, du poids des régions, etc . . . et les opposants à MLP auraient beau jeu de faire un billet symétrique au votre dans la dénonciation d’une star’ac à l’image du FN. Qu’y a-t-il de scandaleux là dedans ?
On peut en sourire à juste titre, mais il me semble plus raisonnable et équitable d’attendre les véritables actes et décisions déterminantes de ce gouvernement avant de lui faire des procès d’intention.
En ce qui concerne l’emploi des trois mots auxquels nous sommes, l’un comme l’autre très sensibles, à savoir : industrie, production, énergie, j’ai fais un petit pointage de l’utilisation de ces mots dans chacun des programmes de ces deux candidats. Eh bien, ce n’est pas brillant ni pour l’un ni pour l’autre.
Cependant, le comptage relève – si aucune erreur d’attention ne s’est glissée – aucun emploi du mot « industrie » pour MLP et 4 pour EM ; 3 emplois du mot « production » pour MLP et 2 pour EM ; 3 emplois du mot « énergie » pour chacun des deux candidats. Et encore faudrait-t’ il les replacer dans leur contexte, ce qui n’arrangerait pas la performance.
Donc, si vous le voulez bien, Descartes, on peu renvoyer l’un comme l’autre à leur programme en ce qui concerne leur vision industrielle et stratégique
@ Marcailloux
[Il m’a donné l’occasion de relire les programmes respectifs de Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Si l’on extrait la question du maintien de la France dans la zone euro – qui au demeurant fait maintenant question au sein du FN – on ne peut pas dire que ces deux programmes sont en opposition frontale, chacun souhaitant apporter et résoudre les problèmes ressentis par les Français.]
Je ne vous suis pas. L’opposition « frontale » ne concerne pas que l’Euro. Elle concerne l’ensemble de la politique européenne (chez MLP on promet la récupération de l’ensemble des instruments de souveraineté, alors que chez Macron on propose au contraire le renforcement de la supranationalité) ; la question du protectionnisme (affirme chez MLP, refusé chez Macron)… Non, les deux programmes sont en opposition frontale. Bien sur, tous les programmes électoraux – quelque soit le parti – se proposent de « résoudre les problèmes ressentis par les français », puisqu’il s’agit de séduire l’électeur. Mais cela ne suffit pas pour dire qu’ils ne sont pas en « opposition frontale » les uns par rapport aux autres : même si on est d’accord sur le problème, on peut s’opposer frontalement sur la nature des solutions à apporter.
[Chacun propose des voies qui peuvent de près ou de loin être comparées. Bien malin celui qui pourrait démontrer aujourd’hui qui a raison. Chacun garde ses convictions ou au moins, ses intuitions.]
Il ne faut tout de même pas exagérer. Au delà des « intuitions », il y a l’analyse rationnelle des faits et le raisonnement logique qu’on peut bâtir dessus. Dire que l’Euro nous conduit au désastre n’est pas une « intuition » ou un « conviction », c’est le résultat d’une analyse théorique de l’Euro, qu’on peut confronter à l’expérience. Après, on peut discuter les prémisses du raisonnement et sa logique. Mais il faut établir une hiérarchie des opinions : une « intuition » n’a pas la même valeur qu’une analyse.
[Si MLP avait été élue, qui pensez vous qu’elle aurait nommé à la tête des différents ministères ?]
Je ne vois pas l’intérêt de la question. C’est un peu comme se demander ce que MLP aurait fait si les martiens avaient déclaré la guerre à la France. MLP n’avait aucune chance d’être élue. Pour qu’elle en ait une, il faudrait que les équilibres politiques en France soient très différents de ce qu’ils sont. Et dans ce cas, qui sait ce que ces équilibres auraient donné comme gouvernement ?
[Plus que probablement des personnes représentatives de son électorat, du poids des régions, etc . . . et les opposants à MLP auraient beau jeu de faire un billet symétrique au votre dans la dénonciation d’une star’ac à l’image du FN. Qu’y a-t-il de scandaleux là dedans ?]
Je ne me souviens pas dans le passé une équipe gouvernementale où le choix des ministres ait été autant dicté par le fait qu’ils « cochaient des cases ». Bien sur, depuis les années 1980 on a progressivement vu apparaître des ministricules qui servaient à ça (le « ministre des handicapés de la vie », occupé bien entendu par un handicapé, ca vous dit quelque chose ?). Mais le véritable travail gouvernemental était protégé de ce genre de bêtise, et les ministres qui avaient à conduire des véritables politiques étaient sélectionnés en fonction de leur compétence et de leur poids politique. On imagine mal De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac ou même Sarkozy mettant Hulot aux commandes de la politique de l’énergie.
[On peut en sourire à juste titre, mais il me semble plus raisonnable et équitable d’attendre les véritables actes et décisions déterminantes de ce gouvernement avant de lui faire des procès d’intention.]
Je ne fais aucun « procès d’intention ». Je me contente d’examiner les faits. Est-ce que vous avez une explication à la nomination de Nicolas Hulot qui ne relève pas de pures considérations médiatiques ?
[En ce qui concerne l’emploi des trois mots auxquels nous sommes, l’un comme l’autre très sensibles, à savoir : industrie, production, énergie, j’ai fais un petit pointage de l’utilisation de ces mots dans chacun des programmes de ces deux candidats. Eh bien, ce n’est pas brillant ni pour l’un ni pour l’autre. Cependant, le comptage relève – si aucune erreur d’attention ne s’est glissée – aucun emploi du mot « industrie » pour MLP et 4 pour EM ;]
Et bien, une sérieuse erreur s’est glissée dans votre comptage. Voici la proposition 34 des 144 propositions de MLP : « Mettre en place un plan de ré-industrialisation dans le cadre d’une coopération associant l’industrie et l’État-stratège pour privilégier l’économie réelle face à la finance spéculative ». On retrouve le mot dans la proposition 120 : « Reconstituer dans tous les domaines de la Défense une offre industrielle française pour répondre aux besoins de nos armées et garantir notre indépendance stratégique ».
Pour ce qui concerne Macron, le mot « industrie » figure d’une façon curieuse : une fois dans l’introduction pour manifester l’intention de favoriser « l’émergence d’un nouveau modèle de croissance réconciliant transition écologique, industrie du futur et agriculture de demain » ;
une fois pour promettre la création « d’un fond pour l’industrie et l’innovation » qui « Doté de 10 milliards d’euros issus des actions d’entreprises possédées de manière minoritaire par l’État, il servira à financer l’industrie du futur » ; et une fois pour indiquer que le ministère de l’industrie (qui n’existe pas dans son gouvernement) participera à « l’état-major permanent des opérations de sécurité intérieure, de renseignement et de lutte contre le terrorisme ».
Le mot « industrie » (ou ses dérivés) figure donc trois fois dans les deux programmes. Mais l’important, ce n’est pas combien de fois le mot figure, mais aussi dans quel contexte. Dans le programme de MLP, on annonce une relance de l’industrie, un plan de « ré-industrialisation », et un accent particulier sur l’industrie de défense dans l’objectif de garantir l’indépendance stratégique. Dans celui de EM, on se contente d’annoncer un fond qui « financera l’industrie du futur », sans qu’on sache très bien en quoi elle consiste.
[Donc, si vous le voulez bien, Descartes, on peu renvoyer l’un comme l’autre à leur programme en ce qui concerne leur vision industrielle et stratégique.]
On peut. Mais la comparaison n’est certainement pas à l’avantage de EM. Notez aussi qu’aujourd’hui il ne s’agit plus de « programmes », documents faits dans une logique de séduction, mais de gouverner. Et le fait est que l’industrie disparaît non pas du programme, mais des intitulés des ministères. Quel sens donnez-vous à cela ?
@ Descartes,
Bonsoir,
“”Et bien, une sérieuse erreur s’est glissée dans votre comptage. Voici la proposition 34 des 144 propositions de MLP : “”
Je suis confus et présente mes excuses pour cette erreur.
Une manipulation ” malencontreuse” de mon TT m’a fait occulter la page de la proposition 34. Et j’ai fait une lecture très rapide, ce qui n’est pas une excuse, simplement une explication.
Cependant, je tenais à souligner la pauvreté de l’un et de l’autre des programmes en matière de reconquête de la puissance industrielle de la France et les mots comptabilisés avec dérision ne sont souvent même pas utilisés dans leur sens le plus volontariste.
@ Marcailloux
[Je suis confus et présente mes excuses pour cette erreur.]
Si j’étais méchant, je dirais qu’il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir… mais comme je suis gentil, je ne le dirai pas.
[Cependant, je tenais à souligner la pauvreté de l’un et de l’autre des programmes en matière de reconquête de la puissance industrielle de la France]
Pardon, mais dans le cas du FN la proposition n’a rien de « pauvre ». Je rappelle la proposition : « Mettre en place un plan de ré-industrialisation dans le cadre d’une coopération associant l’industrie et l’État-stratège pour privilégier l’économie réelle face à la finance spéculative ». Que voulez-vous de plus ? Il s’agit d’un programme électoral, pas d’une thèse de doctorat.
Pour ce qui concerne Macron, je vous accorde par contre qu’il n’y a rien ou presque sur l’industrie dans son programme, en dehors d’un « fond » pour financer « l’industrie de demain ». Et cette différence entre les deux programmes dit quelque chose de l’électorat auquel on entend s’adresser, mais aussi des gens qui les ont rédigés.
Bonjour
Je pense que c’est durant ces législatives que France insoumise va définitivement tuer le PCF. Beaucoup de barons locaux PCF ne sont pas sûrs de regagner leurs postes de députés.
@ Trublion
[Je pense que c’est durant ces législatives que France insoumise va définitivement tuer le PCF.]
“Définitivement” c’est un bien grand mot… et la “mort définitive” du PCF a été annoncée tellement de fois que la plus grande prudence s’impose. Mais il est très probable que le PCF n’ait plus, pour la première fois depuis 1945, de groupe parlementaire. Quant aux scores de la FI, il faut attendre et voir.
Vous allez me faire pleurer ! La FI ne se présente pas contre une majorité d’élus communistes sortant (excepté Chassaigne qui l’a bien cherché…) et elle laisse la porte ouverte à certains autres, comme par exemple Jumel à Dieppe ou Wulfranc en banlieue rouennaise. Ce n’est pas de la faute de la FI si le PCF se meurt, par contre un peu plus de soutient en moins de coup bas de la part du PCF aurait peut être permis à Melenchon de gagner le présidentielle et de changer le monde. De même plus de respect et moins d’alliance contre nature avec le PS aurait permis l’unité de la vraie gauche et beaucoup de belles victoires. Arrêtez de vous cacher derrières des pseudo problèmes, vous avez très bien ou est la difficulté… (exemple : http://imgur.com/aMWqbKW) Pour être la gauche on ne peu s’allier avec des partis de centre droit comme le PS! Clarification!
@ red2
[Vous allez me faire pleurer !]
Vous, je sens que vous allez me faire rire, par contre…
[La FI ne se présente pas contre une majorité d’élus communistes sortant (excepté Chassaigne qui l’a bien cherché…)]
Ah… et bien, allons voir les faits. Dans la législature sortante, le PCF avait sept deputés sortants. Trois ne se représentent pas. Voici l’état des candidatures FI dans les circonscriptions restantes :
Marie-George Buffet (4ème Seine Saint Denis) : pas de candidat FI
André Chassaigne (5ème Puy de Dôme) : la FI a investi Sara Perret
Nicolas Sansu (2ème Cher) : pas de candidat FI
Patrice Carvalho (6ème Oise) : la FI a investi Geraldine Minet
Il est donc inexacte de dire que « la FI ne se présente pas contre une majorité d’élus communistes sortants ».
[et elle laisse la porte ouverte à certains autres, comme par exemple Jumel à Dieppe ou Wulfranc en banlieue rouennaise.]
Mais… personne ne le nie. La FI laisse tout à fait la porte ouverte aux élus communistes qui feraient acte d’allégeance au gourou en signant la « charte », c’est-à-dire, en s’engageant à obéir au doigt et à l’œil et à céder leur part de financement des partis politiques.
[Ce n’est pas de la faute de la FI si le PCF se meurt,]
De la même manière que ce n’est pas la faute de Ravaillac si Henri IV est mort. Si Ravaillac ne n’avait pas poignardé le roi, celui-ci serait quand même mort à l’heure qu’il est. Il n’empêche que le coup de surin en question a pas mal accéléré les choses.
[par contre un peu plus de soutient en moins de coup bas de la part du PCF aurait peut être permis à Melenchon de gagner le présidentielle et de changer le monde.]
Mais le changer en quoi, exactement ? Pourquoi voulez-vous que le PCF – et d’autres – contribuent à l’avènement d’un « monde » qui ne correspond pas, mais alors pas du tout, à leurs envies ?
Vous argumentez comme si le « changement de monde » que propose Mélenchon devait satisfaire tout le monde. Je me vois obligé de vous détromper. Je n’ai pas envie de vivre dans le monde que nous dépeint Mélenchon. Je n’ai pas envie d’une Europe supranationale, fut-elle sociale. Je n’ai pas envie d’une France ou les peurs millénaristes imposent leur loi à la science et la technique, ou tout grand projet d’infrastructure est déclaré « inutile » dès lors qu’il dérange une petite minorité qui est contre tout. Et je pourrais continuer longtemps à lister des points de désaccord. Alors, si Mélenchon veut l’appui des communistes ou des gens comme moi pour qu’on l’aide à « changer le monde », il lui faudra modifier son projet pour nous en donner l’envie.
[De même plus de respect et moins d’alliance contre nature avec le PS aurait permis l’unité de la vraie gauche et beaucoup de belles victoires.]
« L’unité » n’est possible que si chacun en retire quelque chose. Exiger des autres un ralliement inconditionnel à un homme et à ses décisions, c’est condamner par avance toute « unité ». Je ne vois pas l’intérêt de « m’unir » pour porter au pouvoir un candidat que je n’ai pas choisi et qui appliquera un programme sur lequel je n’ai pas eu mon mot à dire.
Il n’y a pas eu « d’unité » pour une simple raison : Mélenchon n’en voulait pas, et n’en veut toujours pas d’ailleurs. Et il ne la veut pas pour une raison politique très simple : faire des vraies alliances implique de partager le pouvoir. Quand on fait « l’unité », on ne peut pas faire ou dire ce qu’on veut, il faut se mettre d’accord avec les autres, écouter leurs points de vue, faire des compromis. Or, Mélenchon n’a aucune intention de partager le pouvoir : il veut non seulement diriger le mouvement, mais le diriger seul – entouré de sa « cour » dont les membres sont choisis par lui. Pourquoi croyez-vous que la FI n’a pas de statuts, pas d’instances, pas de dirigeants élus ? Parce que dans une organisation qui aurait des institutions, Mélenchon ne pourrait pas choisir sa circonscription et virer le candidat régulièrement investi par ses camarades. Parce que dans une telle organisation, il ne pourrait pas choisir « a divinis » ses thèmes de campagne ou son programme.
Quant au « respect », je doute que Mélenchon et ses amis soient très bien placé pour donner des leçons dans ce domaine.
[Pour être la gauche on ne peu s’allier avec des partis de centre droit comme le PS! Clarification!]
Clarifions, en effet : Rappelons que votre gourou bien-aimé a officié pendant trente longues années dans ce parti de « centre-droit » ? Rappelons aussi qu’à l’époque il était l’un des plus fidèles soutiens de Mitterrand, qui s’engageait dans le « tournant de la rigueur », qui faisait de l’affairiste Tapie un ministre de la République, qui faisait ratifier le traité de Maastricht qui met en place l’Europe supranationale et néolibérale que nous avons aujourd’hui. Rappelons aussi que plus tard Mélenchon fut ministre du gouvernement Jospin, et qu’on ne l’entendit pas vraiment protester lorsque celui-ci engagea ce qui reste la plus grosse campagne de privatisations de notre histoire.
Alors, excusez-moi mais quand vous me dites que « pour être de gauche on ne peut s’allier avec le PS », je ne peux éviter d’éclater de rire. Dois-je conclure que Mélenchon n’a pas été « de gauche » pendant l’essentiel de sa carrière politique ? Qu’il est subitement devenu « de gauche » un beau jour de 2008 ? Non, bien sur que non. Mélenchon est parfaitement cohérent avec lui-même. Trotsko-mitterrandien il était, trotsko-mitterandien il reste. Comme son idole et modèle, il a un discours « radical » quand le temps est à la radicalité – souvenez vous du Mitterrand qui déclarait « celui qui n’est pas pour la rupture contre le capitalisme n’a pas sa place au PS » – mais sait se couler parfaitement dans les habits du pouvoir et laisser tomber l’idéologie quand ça l’arrange.
@ Descartes :
Pouvez-vous développer la notion actuelle du trotskisme ? Je vous ai souvent vu dire que Mélenchon était trotskiste, et je n’ai pas l’impression que c’est flatteur. Je ne connais le trotskisme qu’au travers de la lutte contre la Nomenklatura et Staline, mais la notion de trotskisme au XXIe siècle m’échappe, et en particulier en quoi ce serait un courant gauchiste plutot que communiste.
Je ne connais pas bien les mouvances de la gauche radicales alors je quémande votre éclairage
@ Un Belge
[Pouvez-vous développer la notion actuelle du trotskisme ? Je vous ai souvent vu dire que Mélenchon était trotskiste, et je n’ai pas l’impression que c’est flatteur.]
Votre impression est tout à fait exacte : sous ma plume, c’est très loin d’être un terme flatteur.
A la base, le conflit entre le trotskysme et le léninisme se matérialise au moment du traité de Brest-Litovsk qui met fin aux hostilités entre l’Allemagne et la Russie. Pour Trotsky, la révolution russe n’avait de sens que si elle aboutissait à une révolution internationale puis mondiale. Il voulait donc la poursuite de la guerre, qui était à son avis la manière la plus sûre d’étendre la révolution au prolétariat allemand. Lénine est au contraire pragmatique. Il juge que les conditions de la révolution mondiale ne sont pas réunies, et qu’il est essentiel dans ces conditions de protéger l’expérience socialiste en Russie, quitte à céder aux exigences de la bourgeoisie allemande. En d’autres termes, alors que les léninistes – et plus tard les staliniens qui en sont les continuateurs – voient la politique sous un prisme essentiellement national et veulent institutionnaliser l’Etat socialiste, les trotskystes voient la politique sous un prisme essentiellement international, et voient les nations comme une invention bourgeoise.
Mais lorsque je qualifie Mélenchon de « trotskyste », ce n’est pas tant aux idées que je fais référence qu’aux méthodes. Les léninistes – et les staliniens, qui en sont les continuateurs – ont théorisé le parti de masse, là où les trotskystes conçoivent le parti comme une organisation aristocratique, qui serait « l’avant-garde éclairée » du prolétariat. C’est pourquoi les partis d’extraction léniniste/stalinienne – comme le PCF, le PCI ou le PCE – ont été des partis de masse, fortement institutionnalisés, alors que les partis trotskystes ont un fonctionnement groupusculaire voire sectaire, avec des procédures de décision et de désignations des dirigeants opaques et des tactiques conspiratives comme l’entrisme (c’est-à-dire, le fait d’adhérer à des organisations en cachant son appartenance trotskyste pour pouvoir les manipuler ensuite).
Un homme peut changer ses idées au cours de sa vie, et Mélenchon ne garde pas beaucoup de choses de sa jeunesse à l’OCI. Mais j’ai remarqué que lorsqu’on a été formé dans certaines méthodes, on tend à les utiliser toute sa vie. Dans une réunion, je peux reconnaître un communiste, un socialiste, un trotskyste rien qu’à ses méthodes, à sa manière de conduire la réunion… d’où l’adage “trotskyste un jour, trotskyste toujours”, mais qui est tout aussi vraie pour les anciens militants du PCF!
@trublion
Pourquoi voulez vous absolument et régulièrement attribuer à d’autres la mort lente et aussi certaine que passagère,du PCF.
Ne trouvez vous pas qu’ils s’en sont très bien chargés eux mêmes un peu partout en Europe comme en France à commencer par l’Europe de l’est ….? D’accord,on peut avouer qu’on les a bien aidés par les forces médiatico-financière…!
@ Obélix
[Pourquoi voulez-vous absolument et régulièrement attribuer à d’autres la mort lente et aussi certaine que passagère, du PCF. Ne trouvez-vous pas qu’ils s’en sont très bien chargés eux-mêmes (…)]
Il y a deux niveaux d’analyse. Il est clair que le recul du mouvement communiste n’est pas attribuable aux erreurs tactiques ou stratégiques des uns et des autres, mais à une mutation profonde du capitalisme au niveau international. La meilleure preuve en est que ce recul s’observe dans chez tous les partis communistes occidentaux, quelque aient été leurs choix. On peut noter que le PCF, qui est resté proche de l’URSS du moins jusqu’au milieu des années 1990, est en très mauvaise posture. Mais le PC Italien, le plus fort d’occident et celui qui a rompu le plus tôt ses liens avec Moscou et fait son « aggiornamento », a complètement disparu du paysage. Et si la crise est grave chez les communistes « orthodoxes », on ne peut pas dire que les partis communistes de tradition trotskyste ou maoïste soient en bien meilleur état…
C’est pourquoi il faut être prudent avant de critiquer les choix tactiques de tel ou tel dirigeant. Dès lors que le rapport de forces était défavorable, la défaite était acquise. Dans une telle position, il ne reste que « à assurer la retraite en bon ordre pour garder des forces pour les combats futurs », selon la formule de Lénine. Le PCF aurait pu préserver une cohérence idéologique, devenir un lieu de pensée et d’élaboration pour forger les instruments et former les militants qui demain pourront reprendre l’offensive. Ce n’est pas ce choix qui a été fait, et c’est très regrettable.
Cela étant dit, si on peut caractériser un rapport de forces global, sur le terrain ce rapport de force se manifeste entre des groupes politiques. Que le PCF n’ait pas choisi la meilleure stratégie pour résister aux coups qui lui étaient portés ne change pas le fait que ces coups ont bien été portés par des organisations qui, depuis 1945, n’ont pour priorité sa destruction. Dans le cas d’espèce, le principal tort du PCF est de ne pas avoir compris, lorsque Mélenchon a cherché son appui pour quitter le PS, qu’il s’agissait de préparer une tentative d’OPA sur lui. Le PCF a pêche par ingénuité en imaginant qu’il se donnait en Mélenchon un allié fidèle…
@Descartes
[ La meilleure preuve en est que ce recul s’observe dans chez tous les partis communistes occidentaux, quelque aient été leurs choix.]
Il y’a toute de même une exception parmi les pays développés (mais pas occidentale) : le parti communiste japonais qui a fait 11,4% lors des élections générales de 2014.
@ Descartes
Entièrement d’accord avec votre excellente analyse sur l’historique agonisant et ses causes du PC….
N’écartons pas en quelques échanges et quelques commentaires, certe judicieux, une page capitale de la vie sur terre
pour des millions de personnes………
Quelle est la part dans la disparition du communisme, sur une échelle de destruction annoncée,de mite-rand ( prononcé
suivant Georges!) et de bientôt “l ‘oublié” Petit Timonier…
“”Le PCF aurait pu préserver une cohérence idéologique, devenir un lieu de pensée et d’élaboration pour forger les instruments et former les militants qui demain pourront reprendre l’offensive.””
C’est précisément ce qui met “la rage” comme disent les jeunes!!!!! surtout si on leur donnent en excuses 1983….pour ce qui concerne les communistes…
L’effondrement du communisme ,à mon avis ,mériterait plus que des commentaires mais un débat sérieux dénonçant autre “chose” que les socialos fussent -ils Mite-rand,Walls-Stauss-Khan,Delors,Mélenchon ,arrêtons là!!!!
@ Obelix
[Quelle est la part dans la disparition du communisme, sur une échelle de destruction annoncée, de mite-rand (prononcé suivant Georges!) et de bientôt “l ‘oublié” Petit Timonier…]
La question que vous posez nécessite une clarification. Quelle est la part de Ravaillac dans la mort d’Henri IV ? D’un côté, vous pouvez dire qu’il a eu une part considérable, puisque ce sont les coups de poignard qu’il a portés qui ont causé la mort du roi. D’un autre côté, vous pouvez dire que son rôle a été négligéable : si Ravaillac n’avait pas porté ses coups, Henri IV serait tout aussi mort aujourd’hui…
Avec le PCF, c’est un peu pareil. Le sort des partis communistes était scellé dès lors qu’une mutation globale du capitalisme créait un nouveau rapport de forces entre classes qui lui était défavorable. Le PCF serait donc mort un jour avec ou sans Mitterrand. Mais à un moment précis de l’Histoire, Mitterrand et ses amis ont joué un rôle essentiel dans l’assassinat du PCF.
Dans l’histoire, il n’y a pas que la destination finale qui compte. Il y a aussi le chemin suivi…
@ Paul
[Il y’a toute de même une exception parmi les pays développés (mais pas occidentale) : le parti communiste japonais qui a fait 11,4% lors des élections générales de 2014.]
Je ne connais pas assez la politique japonaise pour pouvoir commenter ce résultat. Le PCJ est-il toujours “communiste” ou est-il devenu un parti social-démocrate des classes moyennes ? Je ne saurais le dire. Mais en Europe occidentale, le sort des différents partis communistes a été globalement le même, quelque aient été leurs choix tactiques.
De ce que j’en sais sur le japon le parti communiste japonais profite aussi de la nullité des autres opposants à Abe qui fait qu’il est vu comme le seul parti vraiment d’opposition à un parti libéral conservateur hégémonique. J’ai un ami qui connaît bien la politique japonaise je vais lui demander des précisions.
Non ,ce n’est pas la star ac,c’est une DOXA,intolérante et répressive.
Ainsi l’émission politique l’esprit public est purement supprimée des grilles de France culture pour septembre 2017.
La libre pensée et les contreverses qui y étaient pratiquées ont été jugées insuffisemment Macroniste pour être conservée.
http://www.lepoint.fr/medias/radio-france-congedie-philippe-meyer-28-05-2017-2130996_260.php
Aprés le vol de l’élection présidentielle,qui a vu Macron récoltait 63% des exprimés non par adhésion,mais par un vote de rejet de Lepen,c’est maintenant la liberté d’expression qui est remise en cause.
Sommes nous encore en démocratie selon un % acceptable?
Bonjour Descartes,
En ce qui concerne la sélection des ministres, je te trouve un peu dur. On aurait pu dire la même chose sur le côté Star ac’ chez Hollande ou Sarkozy : ministres d’ouverture (ah les romans Kouchner ou Besson…), personnalités issues de la société civile (Fadela Amara, Martin Hirsh, David Douillet…). C’est triste mais comme nos dirigeants sont toujours dans une optique de faire de la peine au moins de personne quitte à ne rien faire, voilà ce que ça donne.
Mais les choix des ministères (en attendant les législatives ?) en effet révèle beaucoup. Pas de ministère de l’industrie, du tourisme, de la fonction publique… et voir Sylvie Goulard au ministère « des Armées » me fait déprimer. L’été s’annonce compliqué, et si Macron veut gouverner par ordonnance, j’espère que la mobilisation suivra.
Pour finir, un avis sur la situation actuelle du Brexit et la dévaluation de la livre ? Ici un lien expliquant que la croissance est en recul en ce début 2017. De mon côté j’interprète cela comme une démonstration qu’une dévaluation quand on a perdu ses capacités productives ne suffit pas pour magiquement « relancer » l’industrie : il faut aussi accompagner ce changement, et qui ne se fait pas en claquant des doigts mais sur le temps long…
Bonne fin de journée,
Marencau
@ Marencau
[En ce qui concerne la sélection des ministres, je te trouve un peu dur. On aurait pu dire la même chose sur le côté Star ac’ chez Hollande ou Sarkozy : ministres d’ouverture (ah les romans Kouchner ou Besson…), personnalités issues de la société civile (Fadela Amara, Martin Hirsh, David Douillet…).]
Pas tout à fait. D’abord, Sarkozy ne s’était pas senti obligé de constituer un gouvernement paritaire, pas plus qu’il n’avait inclus des « barons » locaux. Finalement, il n’avait pas cherché à cocher tant de « cases » que ça. Quant au cas Bayrou, je ne me souviens pas que Sarkozy ait acheté un ralliement avec un maroquin…
[Pour finir, un avis sur la situation actuelle du Brexit et la dévaluation de la livre ? Ici un lien expliquant que la croissance est en recul en ce début 2017.]
J’ai pas trouvé le « lien » dont vous parlez. La croissance est peut-être en « recul », mais elle reste supérieure à celle de la zone Euro et même – légèrement – à celle de l’Allemagne. Il est difficile de tirer une leçon d’une baisse aussi conjoncturelle. Par ailleurs, on peut parler de « dépréciation » de la Livre, mais pas de « dévaluation » dans la mesure où il n’y a pas de parité fixe. Et la parité flottante de la Livre a été adopté après la sortie du SME dans les années 1990, et ne doit rien au Brexit.
[D’abord, Sarkozy ne s’était pas senti obligé de constituer un gouvernement paritaire, pas plus qu’il n’avait inclus des « barons » locaux.]
Je me souviens qu’il y avait quand même eu pas mal de publicité sur le sujet. 7 ministres/15 étaient des femmes dans le gouvernement Fillon I.
Et même si Juppé a été viré après les législatives, c’est un bon exemple de baron local…
[Finalement, il n’avait pas cherché à cocher tant de « cases » que ça. ]
Pourtant, une Rachida Dati qui avait été avancée comme icone de la diversité (une femme ET d’origine arabe) marque des points dans la catégorie « il faut cocher des cases ».
[Quant au cas Bayrou, je ne me souviens pas que Sarkozy ait acheté un ralliement avec un maroquin…]
Ce n’est pas gentil pour Hervé Morin et ce pauvre Kouchner… non vraiment, je trouve que sur ce point de « star ac » ministérielle, rien de nouveau.
[J’ai pas trouvé le « lien » dont vous parlez.]
Oups ! Je voulais parler de cet article : http://www.lepoint.fr/economie/gb-la-croissance-revisee-en-baisse-a-0-2-au-1er-trimestre-25-05-2017-2130225_28.php
[La croissance est peut-être en « recul », mais elle reste supérieure à celle de la zone Euro et même – légèrement – à celle de l’Allemagne.]
Sur 2016 en effet, 2% pour le UK, 1,9% pour l’Allemagne, 1,1% pour la France. 1er trimestre 2017, 0,6% pour l’Allemagne, 0,3% pour la France et… 0,2% pour l’Angleterre.
[Par ailleurs, on peut parler de « dépréciation » de la Livre, mais pas de « dévaluation » dans la mesure où il n’y a pas de parité fixe. Et la parité flottante de la Livre a été adopté après la sortie du SME dans les années 1990, et ne doit rien au Brexit.]
Bien d’accord. Je ne sais pas si la croissance au UK est en train de caler un peu ou pas. Mais ce que je veux dire c’est que la croissance de rattrapage d’une dévaluation (ou d’une dépréciation si tu préfères) n’est que temporaire, tant que l’offre qui en avait sous le pied peut absorber la demande. Mais ensuite, il faut bien développer l’offre via une politique industrielle.
D’ailleurs je suis en train de me demander (question stupide) : lorsque la monnaie se déprécie c’est en raison d’un déficit commercial. Donc la quantité de monnaie disponible dans le pays se réduit. Donc pourquoi (à part création monétaire importante par la banque centrale) n’assiste-t-on pas à une déflation des prix ?
@ Marencau
[Je me souviens qu’il y avait quand même eu pas mal de publicité sur le sujet. 7 ministres/15 étaient des femmes dans le gouvernement Fillon I.]
Le gouvernement Fillon I comportait 16 ministres, quatre secrétaires d’Etat et un haut commissaire. Il comptait 7 femmes (toutes ministres) sur 21 membres. Mais surtout, Sarkozy ne s’est jamais engagé pendant sa campagne à respecter une quelconque parité. On ne pouvait donc pas l’accuser d’avoir nommé des femmes pour « cocher des cases ».
[Et même si Juppé a été viré après les législatives, c’est un bon exemple de baron local…]
Pas vraiment. Lorsqu’il est élu à son premier mandat local (à Bordeaux), il a derrière lui deux mandats de député de Paris, et a été plusieurs fois ministre et même premier ministre. Juppé n’a pas vraiment le profil du « baron » local.
[Pourtant, une Rachida Dati qui avait été avancée comme icone de la diversité (une femme ET d’origine arabe) marque des points dans la catégorie « il faut cocher des cases ».]
Personne pourtant à ma connaissance n’a accusé Sarkozy de l’avoir nommée pour cette raison. Si ma mémoire ne me trompe pas, sa nomination avait été attribuée à des causes bien moins charitables.
[« Quant au cas Bayrou, je ne me souviens pas que Sarkozy ait acheté un ralliement avec un maroquin… » Ce n’est pas gentil pour Hervé Morin et ce pauvre Kouchner…]
Si ma mémoire ne me trompe pas, Kouchner n’a jamais appelé à voter Sarkozy. On ne peut donc pas vraiment accuser Sarkozy d’avoir « acheté » les voix que pouvait lui apporter Kouchner – d’ailleurs fort maigres. Quant à Morin, il faisait partie d’un parti politique allié depuis presque trente ans à celui du président. On peut donc difficilement l’accuser de s’être « rallié » à lui en échange d’un ministère.
[« La croissance est peut-être en « recul », mais elle reste supérieure à celle de la zone Euro et même – légèrement – à celle de l’Allemagne. » Sur 2016 en effet, 2% pour le UK, 1,9% pour l’Allemagne, 1,1% pour la France. 1er trimestre 2017, 0,6% pour l’Allemagne, 0,3% pour la France et… 0,2% pour l’Angleterre.]
Un trimestre c’est un peu court pour juger, d’autant plus que l’année fiscale n’est pas la même dans les trois pays…
[Mais ce que je veux dire c’est que la croissance de rattrapage d’une dévaluation (ou d’une dépréciation si tu préfères) n’est que temporaire, tant que l’offre qui en avait sous le pied peut absorber la demande. Mais ensuite, il faut bien développer l’offre via une politique industrielle.]
Bien entendu : lorsque l’outil productif atteint la pleine capacité, la croissance ne peut se poursuivre que par la modernisation de l’outil de production. Mais selon la tradition du pays, cette modernisation peut être assurée par le capital privé, par une politique industrielle conduite par l’Etat, ou bien par une combinaison des deux. Bien entendu, il y a un temps de réponse entre la demande créée par la dévaluation et la construction des unités de production capables de la satisfaire.
[D’ailleurs je suis en train de me demander (question stupide) : lorsque la monnaie se déprécie c’est en raison d’un déficit commercial. Donc la quantité de monnaie disponible dans le pays se réduit.]
Pas tout à fait. Pour pouvoir acheter à l’étranger, il faut acheter des dollars. La monnaie quitte donc le pays pour aller dans les mains des étrangers qui ont les dollars. Mais ces étrangers ne vont pas garder les livres ainsi achetées pour en faire des conserves. Ils vont retourner en Grande Bretagne pour acheter des produits avec elles. Les livres retournent donc au pays…
[Donc pourquoi (à part création monétaire importante par la banque centrale) n’assiste-t-on pas à une déflation des prix ?]
Parce que la dévaluation créé une demande extérieure, qui pousse les prix vers le haut. C’est pourquoi la dévaluation tend à créer de l’inflation, et non à pousser vers la déflation.
Le cas Ferrand,élu sur une ligne politique de rejet des prévarications politiciennes,alors qu’il les pratique lui même,n’illustre t il pas ,ce dont Macron est le nom ?
C’est à dire,le recyclage en plus grave du système inégalitaire pernicieux et dominateur de cette alliance entre libéraux politiciens et libéraux politiques?
Copains et coquins ne sont ils pas au centre du système Macron ?
Le cas Fillon,bien sûr absolument pas isolé,peut il être jeté aux oubliettes de façon aussi insouciante ,sans que la république ne soit discrédité?
@ luc
[Le cas Ferrand, élu sur une ligne politique de rejet des prévarications politiciennes, alors qu’il les pratique lui-même, n’illustre t-il pas, ce dont Macron est le nom ? C’est à dire, le recyclage en plus grave du système inégalitaire pernicieux et dominateur de cette alliance entre libéraux politiciens et libéraux politiques?]
Faut pas galvauder les mots. Ferrand n’a rien d’un « libéral ». Il est au contraire un digne représentant de ce type de « notable » local qui gère les institutions comme s’il en était le propriétaire, confondant leur patrimoine avec le sien, embauchant ses parents ou ceux de ses copains comme s’il dépensait son propre argent. Et qui le fait avec une telle bonne conscience qu’il ne comprend pas où est le problème…
[Copains et coquins ne sont-ils pas au centre du système Macron ?]
Je ne crois pas. Mais la logique attrape-tout de l’égo-politique attire à lui toutes sortes de personnages, et parmi eux des gens bien peu recommandables.
L’algarade politicienne de Mélenchon au sujet de la mort de rémy fraisse à Sievens,est aussi injuste qu’anti-républicaine.
En effet,lorsque ce jeune botaniste écologiste est allé à Sievens,il y a rencontré des blacks blocks,qui a 1 heure du matin l’ont entrainé ,dans le bois pour aller au contact des policiers.Rémy Fraisse les a suivi et de loin a observé les combats que ces blacks blocks menaient contre les CRS.Un de ceux ci,en respectant la procédure aprés somation,a effectué un tir en cloche vers les blacks blocks qui harcelaient et blessaient les CRS.La grenade à l’aveugle,est tombée par malheur,au hasrd,dans la capuche de Rémy Fraisse où elle a explosé,entrainant la mort infiniment regrettable du jeune botaniste idéaliste.Les vrais responsables sont les blacks blocks.
Mélenchon,aurait du respecter la vérité historique.
Au lieu de ça,il a préféré plaire aux bobos,et à déshonoré la république.
JLM a dit n’importe quoi,sans vergogne,dans quel but?pensait il que son mensonge ne serait pas détectable?
Si Oui,cette technique caractéristique de l’extrême droite,pour qui,pas vu pas pris,constitue l’alpha,et l’oméga,de la politique,ne devient elle pas hégémonique en France,pays corrompu,s’il en est?
Pourquoi les politiciens,de Mélenchon à Fillon,de Cahuzac à Ferrand,ont ils du mal avec la morale et l’honnêteté intellectuelle?
Gramsci,pour qui la vérité est révolutionnaire,ou Jaurès,qui pensait que le plus grand courage était de dire la vérité,étaient ils des exceptions?
@luc
Je n’ai pas grand’chose à ajouter à votre commentaire à part dire que, moi aussi, j’ai été choqué par la sortie de Mélenchon. Il a un rapport défaillant à la réalité et, lorsqu’il s’agit de la mort d’un homme, cela devient odieux…
Je pense aussi que Mélenchon ne comprend pas la réaction de fort rejet que ces propos suscitent (à mon avis), y compris peut-être parmi ses électeurs, car je ne pense pas que les 19% qui se sont portés sur lui soient tous des excités anti-flics.
J’espère que Cazeneuve et le gendarme incriminé gagneront le procès en diffamation.
@Descartes
“A la base, le conflit entre le trotskysme et le léninisme se matérialise au moment du traité de Brest-Litovsk qui met fin aux hostilités entre l’Allemagne et la Russie.”
Il faut croire que je n’ai pas assez étudié les Révolutions russes, ce point m’avait échappé. Il explique peut-être en partie l’étrange “européisme” avant la lettre de Trotsky…
“In connection with the slogan of “A Workers’, and Peasants’ Government”, the time is appropriate, in my opinion, for issuing the slogan of “The United States of Europe”. Only by coupling these two slogans shall we get a definite systematic and progressive response to the most burning problems of European development.” -Léon Trotsky, Is The Time Ripe For The Slogan: ‘The United States Of Europe’ ?, Pravda, 30 juin 1923.
« Comment garantir l’unité économique de l’Europe, tout en préservant la totale liberté du développement des peuples qui y vivent ? La solution à cette question peut être obtenue en libérant les forces productives des fers que leur imposent les États nationaux. » -Léon Trotsky, 1934.
Quant à Lénine, s’il n’était pas “européiste” (“Les Etats-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires.” -Lénine, “Du mot d’ordre des Etats-Unis d’Europe”, Social-Démocrate, n°44, 23 août 1915, Œuvres (août 1914-décembre 1915), t. XXI), s’il fût à l’évidence un pragmatique (Nouvelle politique économique, etc.) ses objectifs politiques ultimes étaient à l’évidence post-nationaux:
« A la place de tout nationalisme, le marxisme met l’internationalisme, la fusion de toutes les nations dans une unité suprême qui se développe sous nos yeux avec chaque nouvelle verste de chemin de fer, chaque nouveau trust international, chaque association ouvrière (internationale par son activité économique et aussi par ses idées, ses aspirations).
Le principe de la nationalité est historiquement inéluctable dans la société bourgeoise, et, compte tenu de cette société, le marxiste reconnaît pleinement la légitimité historique des mouvements nationaux. Mais, pour que cette reconnaissance ne tourne pas à l’apologie du nationalisme, elle doit se borner très strictement à ce qu’il y a progressif dans ces mouvements, afin que cette reconnaissance ne conduise pas à obscurcir la conscience prolétarienne par l’idéologie bourgeoise. […]
Le principe du nationalisme bourgeois, c’est le développement de la nationalité en général, d’où le caractère exclusif du nationalisme bourgeois, les querelles nationales sans issue. Quant au prolétariat, loin de vouloir défendre le développement national de toute nation, il met au contraire les masses en garde contre de telles illusions, préconise la liberté la plus complète des échanges capitalistes et salue toute assimilation des nations, excepté l’assimilation par la contrainte ou celle qui s’appuie sur des privilèges.
Consacrer le nationalisme en le contenant dans de « justes limites », « constituer » le nationalisme, dresser des barrières solides et durables entre toutes les nations au moyen d’un organisme d’Etat particulier : telle est la base idéologique et le contenu de l’autonomie nationale culturelle. Cette idée est bourgeoise de bout en bout et fausse de bout en bout.
Le prolétariat ne peut donner son soutien à aucune consécration du nationalisme; au contraire, il soutient tout ce qui aide à effacer les distinctions nationales et à faire tomber les barrières nationales, tout ce qui rend la liaison entre nationalités de plus en plus étroite, tout ce qui mène à la fusion des nations. Agir autrement, c’est se ranger aux côtés de la petite bourgeoisie nationaliste réactionnaire. » -Lénine, Notes critiques sur la question nationale, 1913.
@ Johnathan R. Razorback
[Il faut croire que je n’ai pas assez étudié les Révolutions russes, ce point m’avait échappé. Il explique peut-être en partie l’étrange “européisme” avant la lettre de Trotsky…]
En effet, c’est un point qu’on ne signale pas souvent. L’histoire a occulté ce qui a été le débat fondamental dans le parti bolchévique dans la période qui va de la révolution aux années 1930, qui est celui de la question nationale, et de la manière de concilier une idéologie qui était fondamentalement « internationaliste » avec la pratique du pouvoir dans un contexte où la question nationale était devenue fondamentale non seulement à l’intérieur de l’Empire Russe, mais aussi dans l’ensemble de l’Europe et aussi en germe dans une partie des empires coloniaux. La déroute idéologique de la social-démocratie lors de la guerre 1914-18 avait bien montré que la pensée marxiste classique n’avait pas pris toute la dimension du phénomène national. Les révolutionnaires de 1917 ont donc été obligés d’inventer, avec les risques que cela comporte…
Si la tendance « nationaliste » a pu l’emporter sur la tendance « internationaliste » c’est en grande partie parce que sa vision du monde était plus conforme à la réalité. Ce fut le cas lorsque Lénine arbitre contre Trotsky dans l’affaire du traité de Brest-Litovsk. Ce sera aussi le cas lorsque Staline et son « socialisme dans un seul pays » l’emporte sur l’alliance Kamenev-Zinoviev-Boukharine-Trotsky.
[Quant à Lénine, s’il n’était pas “européiste” ses objectifs politiques ultimes étaient à l’évidence post-nationaux:]
Tout à fait. Lénine reste en cela fidèle à la vision traditionnelle du marxisme, qui reste une idéologie fondamentalement a-nationale. En cela, je pense que Lénine a tort, et que le marxisme classique n’a pas pris la mesure du phénomène national, relégué dans la catégorie des simples « créations bourgeoises ». L’idée que la révolution prolétarienne allait faire miraculeusement disparaître l’attachement de chaque peuple à sa langue, à sa tradition, à sa culture, à ses modes de sociabilité s’est révélée être une absurdité. Je pense d’ailleurs que Lénine s’en est rendu lui-même compte, puisque l’organisation de l’Etat qu’il a mise en oeuvre ne vise nullement à obtenir la “fusion” des nations qui composent l’URSS.
@ Descartes
>Si la tendance « nationaliste » a pu l’emporter sur la tendance « internationaliste » c’est en grande partie parce que sa vision du monde était plus conforme à la réalité.< Tu abandonnes l’internationalisme un peu vite, camarade ! Car ce que Trotski défend, c’est en fait une vision en effet a-nationale et même antinationale de l’internationalisme, mais née dans un Empire Russe constitué de Nations très différentes. La conception qu’avaient les “vieux bolcheviks” et en fait même les “blancs” de la Nation n’était pas du tout la même que l’on a aujourd’hui dans notre occident bienveillant.
C’est d’ailleurs Staline à l’époque où il était encore commissaire du peuple aux nationalités qui a ma connaissance a produit les premiers textes théoriques ainsi que les premières mesures pragmatiques allant dans le sens de l’iinvention d’une “nationalité soviétique” qui auraient pour base la culture Russe. Je me souviens aussi d’un discours de Kalinine, il me semble que c’est dans son “Discours de la Victoire” dans lequel il invoque dans la même veine que les cultures nationales n’ont pas à être violées, mais considérées comme des obstacles objectifs, qui pour lui disparaîtraient par le simple procès révolutionnaire.
Bien sûr, on peut dire qu’il étaient tous très irréalistes sur bien des points, mais je dirais que la soupe inégalitaire du mondialisme bisou que nous sert le capitalisme est bien moins ragoutante que l’idée d’une fraternité internationale des travailleurs que nous proposait le communisme. En tout cas de mon point de vue, il y en a peut-être qui ont du pognon…
@ BolchoKek
[Tu abandonnes l’internationalisme un peu vite, camarade ! Car ce que Trotski défend, c’est en fait une vision en effet a-nationale et même antinationale de l’internationalisme, mais née dans un Empire Russe constitué de Nations très différentes.]
Il faut faire attention avec les termes qu’on utilise. Lorsque on parle des « nationalités » à l’intérieur de l’Empire Russe on parle de groupes de population qui se reconnaissaient essentiellement par des éléments culturels (langue, habitudes de vie, pratique religieuse), juridiques (tradition du droit musulman pour certains), historiques, ethniques. Mais peut on dire que ces unités constituaient des « nations » au sens moderne ? Peut-on parler d’une « solidarité impersonnelle et inconditionnelle » entre leurs membres ?
La réponse est « oui » pour certaines, « non » pour d’autres, incertaine pour le reste. C’est pourquoi il est difficile de tirer de la « politique des nationalités » une vision de ce que peut être l’idée de « nation » pour Trotski, pour Lénine ou pour Staline. Je préfère donc regarder ce que les uns et les autres ont écrit en matière de rapports entre les Etats-nations constitués.
[Je me souviens aussi d’un discours de Kalinine, il me semble que c’est dans son “Discours de la Victoire” dans lequel il invoque dans la même veine que les cultures nationales n’ont pas à être violées, mais considérées comme des obstacles objectifs, qui pour lui disparaîtraient par le simple procès révolutionnaire.]
Oui. Mais parle-t-il de « nations » au sens moderne du terme, ou désigne-t-il par ce terme des « régionalismes » comme en a pu connaître et combattre la Révolution française ?
[que l’idée d’une fraternité internationale des travailleurs que nous proposait le communisme.]
Mais comme le signalait Jaurès, la nation ne s’oppose pas à une « fraternité internationale des travailleurs ». Pour être « fraternel », on n’a pas besoin de parler la même langue, de manger les mêmes choses, d’avoir le même droit. Ce qui me gêne dans la vision “naïve” de l’internationalisme qu’on trouve chez beaucoup de communistes c’est cette passion pour l’uniformité. Comme si la fraternité ne pouvait se faire entre des gens différents.