Branle-bas de combat au gouvernement ! La cause ? Les prix de l’énergie qui n’arrêtent pas de monter. On dit que chat échaudé craint l’eau froide. Avec les « gilets jaunes », les Macron Boys ont fait l’amère expérience de ce qu’une hausse des carburants mal acceptée peut faire. L’énergie joue dans notre société un rôle qui est un peu celui du blé sous l’Ancien Régime. Bien essentiel quelque soit la classe sociale, c’est le sujet qui peut par excellence coaliser les mécontentements. Hors de question donc pour le gouvernement d’ignorer le problème – ou du moins de paraître l’ignorer. C’est donc la course à l’échalote pour voir qui aura l’idée de la subvention la plus saugrenue censée compenser les hausses pour telle ou telle catégorie de la population.
Il y a une certaine justice poétique de voir un gouvernement élu au rythme des petits drapeaux européens agités se confronter à une crise qui tient pour une large part à l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence sous la pression des néolibéraux de Bruxelles et d’ailleurs. Remarquez, on ne peut accuser ces gens de sacrifier aux principes. « Voilà mes principes, mais s’ils ne marchent pas, j’en ai d’autres » a été depuis toujours la devise des libéraux français, toujours prêts à louer le marché quand les prix baissent, à exiger l’intervention de l’Etat quand les prix montent. Ils étaient nombreux à nous expliquer que l’ouverture du marché de l’électricité et du gaz allaient faire le bonheur du consommateur, ils sont rares aujourd’hui à nous expliquer qu’il est normal qu’on paye plus cher lorsque le marché est orienté à la hausse.
J’entends déjà les eurolâtres : « la hausse n’a rien à voir avec l’ouverture à la concurrence ou la construction européenne, c’est le redémarrage de la Chine qui pousse la demande à la hausse et donc le prix de la matière première ». Admettons. Mais pourquoi la hausse de la demande pétrolière en Chine provoquerait-elle une augmentation du prix de l’électricité, alors que celle-ci est dans notre pays produite à 95% par du nucléaire, de l’hydraulique ou des renouvelables insensibles au prix des hydrocarbures ? Pour le comprendre, il faut se plonger dans le fonctionnement des marchés de l’électricité.
Sur une installation de production – c’est vrai pour l’électricité mais aussi pour n’importe quel autre bien – on distingue deux calculs de coût. Imaginons par exemple un boulanger : pour produire des baguettes il supporte un certain nombre de frais – dits « fixes » – qui ne dépendent pas du nombre de baguettes fabriquées : l’amortissement de son four et de ses machines, l’entretien et le gardiennage de ses locaux… A cela s’ajoutent des frais – dits « variables » – qui, eux, dépendent du nombre de baguettes fabriquées : temps de travail, farine, eau, levure, énergie pour cuire, etc.
On peut donc distinguer dans le coût de la baguette deux notions : l’une est le « cout complet », que l’on obtient en additionnant tous les coûts et en divisant par le nombre de baguettes produites. Mais on peut aussi définir ce qu’on appelle le « coût marginal », qui s’obtient en divisant les coûts variables par le nombre de baguettes. Pour simplifier, on dit que le coût marginal est ce que coûterait de produire une baguette supplémentaire. La distinction est importante parce qu’elle permet de comprendre des choix économiques. Ainsi, pour que j’aie intérêt à investir dans une nouvelle boulangerie, il faut que le prix du pain soit supérieur au « cout complet » de sa fabrication. Par contre, une boulangerie existante a intérêt à ouvrir dès que le prix du pain est supérieur au « coût marginal », même s’il est inférieur au coût complet, puisqu’il vaut mieux récupérer une partie de son investissement que rien du tout.
Imaginons que votre boulanger soit en concurrence avec d’autres boulangeries, et que le marché en question soit « pur et parfait ». Comme chaque boulanger aura fait des choix d’investissement et de personnel différents, il n’y a pas de raison que leurs coûts marginaux soient identiques. Un boulanger A aura un coût marginal de 0,5 €, B aura 0,7 €, C sera à 0,9€ et D à 1,1 €. Maintenant imaginons que le prix du pain ce jour là soit de 0,8 €. Il est clair que C et D n’ont aucun intérêt à se lever de bon matin pour faire le pain. Pour chaque baguette qu’ils fabriqueront, ils perdront de l’argent, et plus ils fabriqueront, plus ils perdront. On voit ici se dessiner une loi économique bien connue : dans un marché « pur et parfait », le prix d’équilibre d’un bien non stockable (1) est égal au coût marginal de l’installation la plus chère mise en fonctionnement, car s’il était plus bas cette installation s’arrêterait, et s’il était plus haut l’installation suivante dans l’ordre des coûts se mettrait en marche.
Maintenant, appliquons ce raisonnement à l’électricité, un bien non stockable en quantité significative dans l’état actuel des technologies. Les installations de production sont appelées par le gestionnaire de réseau dans l’ordre des coûts marginaux croissants (ce qu’on appelle « l’ordre de mérite économique »). Le prix du marché de gros est donc celui de la dernière installation appelée (2). C’est pourquoi si 90% de votre électricité vient du nucléaire au coût marginal de 40 €/MWh, 5% est produit par du charbon à 50€/MWh et 5% au gaz à 100 €/MWh, le prix de marché sera de… 100 €/MWh. Car si vous fixiez un prix inférieur, le propriétaire de la centrale au gaz l’arrêterait et vous seriez obligé de couper l’électricité à quelqu’un. Dans le vocabulaire des électriciens on dira que le marché est « marginal gaz ». On parle ainsi de marché « marginal nucléaire », « marginal charbon », « marginal gaz » pour indiquer la nature de la dernière centrale démarrée, qui est celle qui fixe le prix de marché. Ce petit exemple vous montre que la fermeture d’un site de production comme Fessenheim n’est pas neutre : pour compenser la production perdue, il faudra démarrer une centrale électrique au gaz dont le coût marginal est largement supérieur… et qui tirera l’ensemble du prix de marché (3).
Cet exemple vous montre aussi l’apparition d’une « rente de sous-investissement ». En effet, si par l’effet du coût marginal de la dernière installation le prix s’établit à 100 €/MWh, le producteur nucléaire – qui lui a un coût marginal de seulement 40 €/MWh touchera une « rente » de 60 €/MWh produits. Par contre, s’il venait à investir dans une capacité nucléaire supplémentaire couvrant 5% des besoins, la centrale au gaz serait déplacée et le prix de marché tomberait à celui donné par l’installation la plus chère en activité, c’est-à-dire le charbon à 50 €/MWh. Moralité : les opérateurs ont tout intérêt à organiser la pénurie par de faibles investissements, puisque plus on est obligé d’appeler des moyens de production chers, et plus les rentes sont importantes.
Mais ce fonctionnement de marché conduit à un autre résultat paradoxal. Prenons la dernière installation démarrée, dans notre exemple, les centrales à gaz. Si le prix de marché correspond à leur coût marginal, alors il est clair que ce prix ne couvre pas les coûts complets. Autrement dit, l’opérateur qui construit la dernière centrale démarrée aura forcément perdu de l’argent sur cet investissement. Sous des conditions de marché « pur et parfait », cet investissement n’aura en principe pas lieu. On est dans le raisonnement paradoxal qui dit que puisque le dernier wagon du train n’est pas rentable, il faut le supprimer. Et ce raisonnement, évident dans le cas de la « dernière installation », couvre un problème bien plus général : dans un marché où les prix sont fixés en fonction des coûts marginaux, il n’y a aucune garantie que ceux-ci couvrent les coûts complets.
Vous me direz que le même raisonnement peut être fait dans d’autres marchés de biens non stockables. Par exemple, les chambres d’hôtel. C’est un bien non stockable – car vous ne pouvez pas garder la chambre que vous n’avez pas loué aujourd’hui pour en louer deux demain. Et pourtant, le marché régule fort convenablement l’offre et la demande. Il y a avec le marché de l’électricité une différence fondamentale : une chambre d’hôtel n’est pas un bien essentiel, l’électricité si. On est prêt à annuler un voyage parce qu’on ne trouve pas une chambre d’hôtel, on n’admettrait pas de passer une soirée dans le noir, sans télé et sans ordinateur, parce qu’il n’y a plus d’électricité. Le marché de l’électricité est donc pratiquement toujours en surcapacité, parce que les pouvoirs publics savent que les citoyens n’admettront pas de rupture du service et veillent donc à entretenir une surcapacité relative. Or, cette surcapacité fait que les prix ne peuvent jamais dépasser les coûts marginaux de la dernière installation – puisqu’il y a toujours une installation au coût légèrement plus élevé prête à prendre le relais…
On comprend maintenant pourquoi les prix de l’électricité sont indexés à celui du gaz alors même que notre électricité est essentiellement nucléaire ou hydraulique. Puisque la « dernière centrale démarrée » est alimentée au gaz, c’est le gaz qui « fait » le marché de l’électricité. Tout ce que j’écris ici n’est en rien une découverte. Marcel Boiteux avait développé ce raisonnement dans les années 1960. C’est en cela que la logique du marché est fondamentalement différente de la logique du monopole. Aussi longtemps qu’EDF a détenu le monopole la doctrine de tarification « au prix coûtant » (calculé sur le coût complet, et non sur le coût marginal) avait assuré des prix bas, puisqu’il y avait péréquation entre les moyens de production les moins chers et les plus chers. Autrement dit, on fixait un « prix moyen » permettant de couvrir les coûts complets du parc de production. Et dans ce prix moyen, les 80% de nucléaire et 11% d’hydraulique tiraient le prix vers le bas, même si l’on devait démarrer quelques installations au gaz ou au fioul pour compléter. Avec la libéralisation, c’est l’installation la plus chère qui « fait » le marché.
Si la libéralisation n’a pas entraîné une hausse immédiate et massive des prix, c’est parce que le parc électrique européen hérité des trente glorieuses bénéficiait de surcapacités nucléaires ou charbon – dont le coût marginal était à peine supérieur au nucléaire – qui permettaient d’assurer l’équilibre du réseau sans investissements supplémentaires et avec des installations largement amorties. Mais ces surcapacités « bon marché » sont absorbées par la hausse de la demande, l’obsolescence des installations (3) accélérée par les restrictions des émissions de CO2 pour le charbon et la volonté de « sortie du nucléaire » de certains états. Le système électrique devient donc de plus en plus souvent « marginal gaz ». Et comme la construction de centrales nucléaires n’est pas près de redémarrer et que le charbon a mauvaise presse, on devrait voir l’indexation du prix de l’électricité à celui des hydrocarbures se renforcer structurellement.
Et quid des renouvelables ? On se trouve là devant une intéressante contradiction. Les renouvelables se distinguent par une particularité : leur coût marginal est quasi-nul. En bonne logique, un système 100% renouvelable régulé par le marché serait donc un système à prix quasi-nul… et donc la garantie qu’aucun investisseur ne récupérerait les coûts complets de son installation. Autrement dit, les renouvelables ne peuvent se développer dans un contexte de marché. Ils ne peuvent s’épanouir que dans un système de prix régulés – ou de subventions, ce qui revient au même…
Jusqu’ici, je n’ai parlé que des marchés de gros de l’électricité. Mais il y a aussi des curiosités dans le marché de détail. Voulant à tout prix arriver à une logique de marché, la Commission a imposé la concurrence entre les fournisseurs. Mais comme la création d’une véritable concurrence entre producteurs supposerait de casser le parc de production intégré avec une perte massive d’efficacité, et que transport et distribution sont des monopoles naturels, ces fournisseurs ne peuvent être que des intermédiaires, achetant de l’électricité sur les marchés de gros pour la revendre au détail. Et pour que ces gens puissent gagner leur vie, il fallait qu’il y ait une différence suffisante entre les cotisations sur ces deux marchés. Nos libéraux ont donc décidé de réglementer : d’un côté, on obligera EDF à vendre en gros à un prix inférieur à celui du marché par le biais de l’ARENH (« accès régulé au nucléaire historique »), de l’autre on fixera le tarif EDF de détail artificiellement haut, de manière à permettre aux marchands privés de faire des offres alléchantes. Tout ça a bien marché – surtout pour les intermédiaires – tant que les prix de gros étaient bas. Mais lorsque les prix s’envolent, l’ARENH – dont la quantité est limitée – ne suffit plus pour permettre de tenir les promesses faites aux clients pour qu’ils quittent l’opérateur historique. Ainsi donc les abonnés de Leclerc Energie, par exemple, ont été priés d’aller voir ailleurs, leurs offres alléchantes (« -10% par rapport au tarif EDF à vie ») étant résiliées avec trois mois de préavis. Ce qui ne surprendra pas ceux qui se souviennent que, contrairement aux opérateurs publics, les opérateurs privés veillent à leurs intérêts, et pas à celui de leurs clients. Ces derniers se retrouvent donc sans fournisseur, obligés donc à revenir au « tarif régulé » qu’ils méprisaient tant la veille, pour se protéger des hausses sauvages…
Voilà pour l’électricité. Mais, me direz-vous, la question ne s’arrête pas là : l’augmentation du gaz ou celle des carburants est encore plus flagrante. Et là, ce n’est pas la construction européenne qui est en cause, mais la simple augmentation du prix de la matière première, gaz ou pétrole. C’est vrai… jusqu’à un certain point. Une des raisons est qu’il y a une certaine substituabilité des énergies. Avoir une électricité bon marché à long terme incite à des transferts entre les différentes sources d’énergie vers l’électricité. Le chauffage ou la cuisson électrique, tant décriés par les écologistes, en est un bon exemple. Et si les écologistes étaient moins bornés, on pourrait aussi utiliser le nucléaire pour produire de l’eau chaude pour le chauffage urbain. Moins de demande, c’est moins de dépendance et donc des prix plus bas. Une autre raison est que la libéralisation européenne s’est accompagnée d’une augmentation massive des besoins de transport routier, qui est un là aussi un élément de dépendance aux énergies fossiles.
Mais la raison la plus importante à mon sens est qu’on ne peut pas sans être hypocrite pleurer sur les effets dont on chérit les causes. Cela fait des années qu’on voit se développer des campagnes contre l’industrie pétrolière et gazière. Des militants font pression sur les banques pour qu’elles n’investissent plus dans la recherche, l’extraction, le raffinage d’hydrocarbures. En France, on a voté des lois visant à empêcher à terme la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures sur notre territoire. Les demandes de permis de recherche accordés au large de la Guyane ont été refusés, et ceux qui avaient été accordés ont été annulés de jure ou de facto. Je ne dis pas que ce soit bien ou que ce soit mal, mais il faut être cohérent : moins d’exploration, moins d’extraction, moins de raffinage, cela veut dire moins d’offre, et donc des prix qui montent. Un effet qui devrait être applaudi publiquement par les tous ceux qui nous parlent à longueur de journée du besoin de réduire la consommation d’hydrocarbures… qui curieusement sont bien discrets ces jours-ci.
Cette crise énergétique pourrait avoir du bon. Elle pourrait ouvrir les yeux même aux esprits les plus obtus l’inanité du système mis en place à Bruxelles. Ce qui, pour un gouvernement qui a autant investi symboliquement sur l’Europe serait désastreux. C’est pourquoi le gouvernement se mobilise. Le problème, c’est qu’il n’a pas vraiment beaucoup d’instruments pour agir sur le fond sans casser le système. Il y a quelque chose de délicieusement ironique à voir un gouvernement qui par ailleurs se proclame « libéral et européen » et qui prépare la disparition des tarifs réglementés annoncer un « blocage des prix du gaz » pendant un an et demi – « toute l’année 2022 » Castex dixit.
Autant essayer de vider un lac avec une fourchette. Le problème des prix de l’énergie est structurel, et non conjoncturel. Sur un marché, les acteurs économiques choisiront naturellement la ressource la moins chère. Si l’on veut réduire notre dépendance aux hydrocarbures et au charbon et nos émissions de CO2, alors il nous faut une politique d’électricité décarbonée bon marché et de charbon et d’hydrocarbures chers. Ce qui suppose de mettre le paquet sur le nucléaire et les renouvelables dans le cadre d’un monopole de l’électricité – pour échapper à la tarification au prix marginal – d’un côté, et d’avoir le courage d’assumer la hausse du prix des ressources carbonées de l’autre. Augmenter le prix du CO2 ne sert à rien si ensuite on fait un chèque aux gens pour qu’ils puissent payer la différence…
Descartes
(1) Vous noterez que ce raisonnement repose sur le fait que la baguette est un bien non stockable. En effet, les stocks jouent un rôle de stabilisateur. Le producteur peut continuer à produire alors que les prix ne sont pas rémunérateurs, pour vendre plus tard lorsque les prix auront augmenté. Mais lorsque vous parlez de baguettes, de chambres d’hôtel ou d’électricité… ce mécanisme ne fonctionne pas. Vous ne produisez qu’en fonction du prix du jour, et non d’une vision de la variation des prix à long terme.
(2) Bien entendu, dans la réalité les choses sont beaucoup plus compliquées, puisqu’il y a plusieurs « marchés » : on peut acheter sur des contrats à long terme, ou bien sur la bourse « spot » la veille pour le lendemain. Mais si ce raisonnement est un peu simplificateur, il donne quand même une bonne idée du fonctionnement des choses.
(3) Ce raisonnement suppose, vous l’aurez noté, que le parc de production est en surcapacité, autrement dit, qu’il y a toujours une installation supplémentaire à appeler. Mais qu’est ce qui se passe dans le cas contraire, autrement dit, lorsque la demande dépasse les capacités de production ? Il est clair que le choix des clients qui se feront couper le courant est autant un problème économique que politique…
(4) Si l’on compte l’arrêt de Fessenheim, des centrales thermiques au charbon (Le Havre, Blénod, Hornaing, Lucy, Vitry…) et au fuel (Cordemais, Aramon, Martigues, Porcheville) on a retiré du service une dizaine de gigawatts de capacité en quinze ans…
Votre article est quasi complet,de nouveau ,Merci pour votre blog!Il enjolive notre vie.
Cependant une question demeure chez moi:
-Pour les énergies solaires et éoliennes , pour quelle raison les journalistes n’incluent pas les frais d’investissement,de démantellement,de recyclage , le bilan carbone de tous les travaux afférents autour de ces énergies solaires et éoliennes ,comme ils le font pour le nucléaire civil :inconscience ou parti pris ?
Dans le second cas ne serait il pas un minimum qu’une charte d’éthique soit instaurée pour la profession de journaliste ?
@ luc
[-Pour les énergies solaires et éoliennes, pour quelle raison les journalistes n’incluent pas les frais d’investissement, de démantèlement, de recyclage, le bilan carbone de tous les travaux afférents autour de ces énergies solaires et éoliennes, comme ils le font pour le nucléaire civil: inconscience ou parti pris ?]
Pour ce qui concerne les investissements, ils sont bien pris en compte lorsqu’on calcule le “coût complet” du solaire ou de l’éolien. Ce qu’on ne prend pas en compte par contre est le “coût caché” qu’implique le fait de devoir avoir une installation “pilotable” (gaz, charbon, nucléaire) derrière pour prendre le relais au cas ou le ciel serait nuageux ou le vent tomberait.
Pour ce qui concerne le démantèlement et le recyclage, il y a bien sur une question d’idéologie, mais il y a aussi cette croyance naïve qu’une fois qu’une installation est là, elle peut fonctionner éternellement. En fait, les bâtiments, les machines, les équipements ont une durée de vie limitée, et qui dans le cas des renouvelables est relativement courte: une vingtaine d’années.
Pour ce qui concerne les émissions de CO2 contenues dans les objets et les installations, c’est un domaine que les journalistes – et les politiques – ignorent souvent. Ainsi, par exemple, on s’imagine que remplacer les voitures anciennes – et donc plus polluantes – avant leur fin de vie par des voitures neuves moins polluantes est une bonne affaire pour le climat. C’est loin d’être évident. Une voiture neuve émet moins de CO2 pendant sont utilisation, mais sa fabrication implique des émissions importantes. La voiture ancienne, elle, est “amortie” en termes de fabrication, puisque ce CO2 est d’ores et déjà émis.
Une charte éthique pour la profession de journaliste ? Vous voulez tuer le métier ?
c’est d’autant plus troublant que toutes les données sur le coût carbone complet des différentes sources d’électricité sont publiques dans ce qu’on appelle la “base ADEME”, agence de l’état, qui bien que devenu une agence militante de l’écologie politique, doit fournir des données sourcées et croisées…
voir https://www.bilans-ges.ademe.fr/fr/basecarbone/donnees-consulter
ou on apprend que le contenu carbone du nucléaire est de 6g/Kwh, quand celui de l’éolien est de 15g et celui du photovoltaïque de 55g, récemment réévalué à 44g et qui pourrait n’être que de 25g s’il était fabriqué en France…
Bref, en cycle de vie, le nucléaire est ce qui consomme le moins de ressources naturelles, c’est donc le plus renouvelable…
Tout cela est connu, mais quand on le dit dans une enceinte publique (je l’ai fait par exemple au conseil de métropole du Grand Lyon), cela n’a aucun effet… tout le monde continue à considérer comme urgent d’investir dans du photovoltaique, comme la métropole le fait dans la vallée de la chimie (décision prise par la majorité collomb gauche-droite avant la bascule écolo de 2020…)
@ pamillet
[Bref, en cycle de vie, le nucléaire est ce qui consomme le moins de ressources naturelles, c’est donc le plus renouvelable…]
Désolé de pinailler: le nucléaire est sans doute le mode de production d’électricité qui émet le moins de CO2 sur son cycle de vie, et probablement celui qui consomme le moins de ressources naturelles au kWh (car l’espace, et donc l’artificialisation, c’est aussi une ressource). Mais cela ne la rend pas “renouvelable” pour autant. Le nucléaire repose sur la consommation d’une ressource naturelle, certes abondante – avec le développement des réacteurs à neutrons rapides, il y en a pour des millénaires – mais tout de même limitée.
Cela étant dit, vous avez raison de souligner cet engouement irrationnel pour l’éolien et surtout pour le photovoltaïque. Ce qui montre que la principale préoccupation des décideurs n’est pas l’environnement…
Merci pour ce billet que j’attendais !
Il est très pédagogique, et devrait permettre à quelqu’un qui ne connaît pas du tout le marché de l’électricité de comprendre un peu mieux où est le problème.
Mais il me semble que vous négligez le marché des capacités, qui est justement fait pour pallier à une partie des défauts que vous décrivez.
On peut regretter que, pendant plus de 10 ans, le marché a fonctionné exactement comme vous le décrivez. Mais, maintenant que nous disposons qu’un marché des capacités, ne peut on pas penser que tout devrait rentrer dans l’ordre ?
@ Vincent
[Mais il me semble que vous négligez le marché des capacités, qui est justement fait pour pallier à une partie des défauts que vous décrivez.]
Je n’ai pas abordé le « marché de capacité » pour ne pas compliquer une explication déjà touffue. Mais puisqu’on y est, autant en dire de mots pour les lecteurs moins versés dans les arcanes de la concurrence sur les marchés de l’électricité.
Le projet bruxellois d’ouverture des marchés de l’électricité a été le fait d’une équipe qui avait auparavant travaillé sur l’ouverture du marché des télécoms, et qui ne connaissait guère les spécificités du marché de l’électricité. Ils ont abouti à l’idée d’un marché unique dans lequel on négocie des quantités d’énergie. Autrement dit, on paye que si l’électricité est produite et livrée, de la même manière que vous ne payez le coup de téléphone que s’il est effectivement conclu. Le problème est que dans le domaine de l’électricité, il faut en permanence des capacités qui ne seront rémunérées qu’à leur coût marginal, et encore seulement lorsqu’elles sont appelées. L’ouverture à la concurrence a vu donc une dangereuse tendance à fermer des installations de production qui n’étaient utilisées que quelques heures par jour – lors des périodes de pointe – et cela seulement à certaines saisons et qui n’arrivaient donc pas à couvrir leurs coûts.
Pour résoudre ce problème, il a été décidé en France un second marché, ou l’on ne négocie pas de l’énergie effectivement produite, mais des capacités à produire. Autrement dit, on demande à chaque fournisseur d’électricité non seulement d’injecter (ou de faire injecter par les producteurs dont il achète la production) sur le réseau l’équivalent de la consommation de ses clients (marché de l’énergie) mais aussi de montrer trois ans avant qu’il a contractualisé la capacité nécessaire à cette fourniture avec une certaine marge en montrant des « certificats de capacité » qu’il doit acheter auprès des exploitants des installations de production, certificats qui tiennent compte de la « pilotabilité » des installations. Les installations très flexibles et peu sollicitées peuvent donc obtenir un complément de rémunération à travers ces certificats, et donc continuer leur activité et financer des investissements complémentaires venir.
Ce dispositif est très résisté par Bruxelles, parce qu’il tend à fausser le marché de l’énergie en introduisant une régulation administrative. C’est en effet l’autorité de régulation du réseau qui décide quelle est la capacité « en réserve » dont le réseau aura besoin, et par le biais du marché de capacité fait supporter ce coût aux opérateurs… on revient donc à une forme de régulation administrative ou l’Etat fixe la taille du parc de production. Dans d’autres pays européens on a même renoncé à l’hypocrisie de créer un second marché : le gestionnaire du réseau décide d’une capacité de réserve, et passe directement des appels d’offre pour faire construire les installations nécessaires (un peu comme la France l’a fait pour la centrale au gaz de Landivisiau, indispensable pour assurer l’équilibre du réseau électrique breton).
L’expérience montre que si le dispositif est efficace pour maintenir en vie des installations anciennes qui fermeraient autrement, son horizon temporel n’est pas assez long pour rendre attractifs les investissements nouveaux. Le marché de capacité ne résout pas tous les problèmes posés par le marché de l’énergie… Et qui plus est, il est extrêmement compliqué à piloter, puisque la cotation des installations en termes de « certificats » est un cauchemar.
[On peut regretter que, pendant plus de 10 ans, le marché a fonctionné exactement comme vous le décrivez. Mais, maintenant que nous disposons qu’un marché des capacités, ne peut on pas penser que tout devrait rentrer dans l’ordre ?]
Pas vraiment. La question de l’horizon de long terme demeure.
Bonjour et merci pour ce billet.Je voudrais faire quelques remarques pour alimenter la discussion :1. Dans un système de marché, le prix de marché s’établit à l’intersection de l’offre et de la demande. Autrement dit, ne seront pas appelés les unités de production plus cher que ce prix (dit marginal), et ne seront pas servis les consommateurs dont la volonté de payer est inférieure à ce prix. Pour le producteurs plus chers, pas de problème. Mais qu’en est-il des consommateurs qui n’ont pas les moyens de se chauffer quand il fait froid, ou d’allumer les ampoules quand il n’y a pas de soleil ? Il est clair que ça pose un problème de nature politique, mais oublions cela pour l’instant. En théorie du moins, il est plus efficace (d’un point de vue économique de l’utilisation des ressources) de ne pas fournir de l’électricité à ces gens quand ils ne sont pas en mesure de payer. Mais est-ce vraiment le cas ? L’activité économique dépendant largement de la consommation d’énergie, le fait de “subventionner” (ce n’est peut-être pas le bon mot…) ces gens n’a-t-il pas un effet d’entraînement économique qui n’est pas pris en compte dans le modèle décrit ci-dessus ? 2. Concernant le dimensionnement du système électrique, vous avez raison de souligner le lien entre le bien public qu’est l’électricité (ou l’énergie de manière générale) et la nécessité d’être toujours en surcapacité. Or, la rémuneration au coût marginal ne permet de récupérer les coûts totaux qu’en cas de souscapacité. Par contre, les tempêtes de neige de l’hiver passé au Texas ont montré que quand le réseau n’est pas capable de leur fournir l’énergie dont ils ont besoin, les gens s’improvisent. C’est ce qui explique l’explosion dans la vente de groupes électrogènes diesel dans cet état (et en Californie il me semble). On se demande si ce ne serait pas plus efficace d’avoir simplement centralisé cette capacité au lieu que chacun ait ses propres moyens. 3. Que la France vende en Allemagne, Italie, ou ailleurs de l’électricité à un prix flottant, pourquoi pas ? Mais pourquoi les consommateurs français devraient-ils payer le prix que payent les allemands ou les italiens quand les prix de marché dans ces pays-là sont supérieurs au coûts de production (au sens de coût complet) français ? Comme l’a dit un cadre supérieur de Gasunie, “Pourquoi on n’aurait pas le droit de laisser nos producteurs de tomates avoir du gaz moins cher que dans les autres pays de la CEE ? Dieu donna à l’Italie le soleil, aux Pays-Bas Il donna le gaz !”
@ KerSer
[1. Dans un système de marché, le prix de marché s’établit à l’intersection de l’offre et de la demande. Autrement dit, ne seront pas appelés les unités de production plus chère que ce prix (dit marginal), et ne seront pas servis les consommateurs dont la volonté de payer est inférieure à ce prix. Pour le producteur plus cher, pas de problème. Mais qu’en est-il des consommateurs qui n’ont pas les moyens de se chauffer quand il fait froid, ou d’allumer les ampoules quand il n’y a pas de soleil ?]
D’abord un point important : dans mon papier, je ne parlais que du marché de gros de l’électricité. Sur ce marché, il n’y a pas de « consommateurs qui n’ont pas les moyens de se chauffer ». Les vendeurs sont les grands producteurs d’électricité, les acheteurs sont les fournisseurs d’électricité et les grands industriels.
Pour les raisons que vous indiquez, le raisonnement de marché est difficile à appliquer au marché de détail de l’électricité. En effet, l’électricité étant un bien essentiel dans notre société, il apparaît intolérable de supprimer la fourniture à un individu au motif qu’il ne peut pas payer le prix fixé par le marché. C’est pourquoi ce marché ne peut être « pur et parfait », puisque la contrainte politique fait que l’Etat intervient en permanence pour fixer un « plancher » de consommation avec différents instruments : tarifs sociaux, interdiction de coupure, chèque énergie, etc. Et à l’autre bout, l’Etat ne peut tolérer que le parc de production soit insuffisant pour satisfaire la demande, ce qui le conduit à intervenir là aussi pour s’assurer que le système est en surcapacité… ce qui bien évidement tend à pousser les prix à la baisse.
Autrement dit, la « régulation par le marché » de la production et la consommation d’électricité est une véritable farce. L’Etat agit en permanence sur l’offre, en subventionnant les énergies renouvelables ou bien en lançant des appels d’offre pour faire construire des installations lorsque le parc de production risque de devenir insuffisant par exemple ; mais aussi sur la demande en subventionnant la consommation de certaines catégories… ou bien en jouant sur le rapport entre le coût de l’énergie et le coût de l’abonnement. Et de l’autre côté, les acteurs privés savent très bien que l’Etat agit en « fournisseur en dernier ressort » et donc peuvent se permettre de prendre des risques sachant que devant l’opinion ils n’encourent aucune responsabilité. Dans ce contexte, est-ce que le marché a une quelconque utilité ? Probablement pas, mais il a un coût, et celui-ci est important.
[Il est clair que ça pose un problème de nature politique, mais oublions cela pour l’instant. En théorie du moins, il est plus efficace (d’un point de vue économique de l’utilisation des ressources) de ne pas fournir de l’électricité à ces gens quand ils ne sont pas en mesure de payer. Mais est-ce vraiment le cas ? L’activité économique dépendant largement de la consommation d’énergie, le fait de “subventionner” (ce n’est peut-être pas le bon mot…) ces gens n’a-t-il pas un effet d’entraînement économique qui n’est pas pris en compte dans le modèle décrit ci-dessus ?]
La question ne se pose pas vraiment, puisque l’Etat intervient bien avant que la situation se présente. Cela étant dit, sur le fond je suis d’accord avec vous. L’électricité fait partie de ces services qui, comme la santé ou l’éducation, permettent à la société de mieux fonctionner et augmentent donc la productivité globale des facteurs. Il y a un intérêt public à la continuité et l’accessibilité de la fourniture d’électricité – et de l’énergie en général. C’est pourquoi la vision libérale d’une régulation par le marché est absurde.
[2. Concernant le dimensionnement du système électrique, vous avez raison de souligner le lien entre le bien public qu’est l’électricité (ou l’énergie de manière générale) et la nécessité d’être toujours en surcapacité. Or, la rémunération au coût marginal ne permet de récupérer les coûts totaux qu’en cas de sous-capacité. Par contre, les tempêtes de neige de l’hiver passé au Texas ont montré que quand le réseau n’est pas capable de leur fournir l’énergie dont ils ont besoin, les gens s’improvisent. C’est ce qui explique l’explosion dans la vente de groupes électrogènes diesel dans cet état (et en Californie il me semble). On se demande si ce ne serait pas plus efficace d’avoir simplement centralisé cette capacité au lieu que chacun ait ses propres moyens.]
La réponse est évidente. La production, le transport et la distribution d’électricité est l’un de ces domaines ou « big is beautiful ». Dans ces domaines, l’effet de taille a toujours un effet positif sur les coûts et sur la sécurité d’approvisionnement. Ceux qui s’imaginent qu’il serait plus économique d’avoir chacun son éolienne dans son jardin, son panneau solaire sur le toit et son groupe électrogène dans la cave se trompent. Les panneaux solaires individuels ne sont rentables que parce qu’ils sont lourdement subventionnés.
[3. Que la France vende en Allemagne, Italie, ou ailleurs de l’électricité à un prix flottant, pourquoi pas ? Mais pourquoi les consommateurs français devraient-ils payer le prix que payent les allemands ou les italiens quand les prix de marché dans ces pays-là sont supérieurs aux coûts de production (au sens de coût complet) français ?]
Mais… vous n’avez pas entendu parler du « marché unique européen » ? Les Bretons ou les Corses paient l’électricité au même prix que les Normands ou les Nordistes, alors que les « coûts de production » y sont bien plus élevés. Le projet européen, c’est de faire la même chose au niveau de l’Europe. Pourquoi EDF devrait vendre bon marché aux Français alors qu’il peut vendre beaucoup plus cher aux Allemands – et donc faire faire une bonne affaire à ses actionnaires ?
On ne peut pas vouloir la logique de marché et en même temps la logique de service public. Quand EDF appartenait aux citoyens, cela avait un sens de lui exiger une « préférence nationale ». Maintenant qu’elle appartient à ses actionnaires, ce sont leurs intérêts qui priment.
[Comme l’a dit un cadre supérieur de Gasunie, “Pourquoi on n’aurait pas le droit de laisser nos producteurs de tomates avoir du gaz moins cher que dans les autres pays de la CEE ? Dieu donna à l’Italie le soleil, aux Pays-Bas Il donna le gaz !”]
Certes. Mais votre cadre de Gasunie veut ensuite que les producteurs de tomates Hollandais puissent vendre leurs tomates librement sur un marché unique, et concurrencer donc les tomates italiennes… autrement dit, je veux le marché unique quand cela m’arrange, mais pas quand cela ne m’arrange pas ! Si les Hollandais mettent des barrières à l’exportation pour permettre aux producteurs hollandais d’avoir du gaz moins cher, pourquoi interdire aux Italiens de mettre des barrières à l’importation pour permettre aux producteurs italiens de vendre leurs tomates plus chères ? Vous ne pouvez pas remettre en cause UN marché sans que le reste y vienne…
Oui, vous avez raison de souligner la différence entre le marché de gros et le marché de détail, ainsi que le fait qu’en Europe en tout cas les consommateurs ne sont pas totalement exposés à la volatilité du marché de gros. Mais il existe certains marchés où la logique de libéralisation a été poussée jusqu’au bout, comme dans le cas du Texas (pas de marché de capacité, prix plafond très élevé, mais avec des subventions fédérales aux ENR non-pilotables qui faussent le jeu d’investissements, c’est le cas de le dire), et on en voit les conséquences pour les consommateurs et l’état du réseau.
Par contre, dans certains pays comme la Suède où l’Espagne, et même je crois en France à partir de cette année, on peut souscrire à des contrats à tarification dynamique. A mon avis le problème majeur avec ce genre de contrats c’est que les gens n’ont pas forcément envie de penser toute la journée aux prix d’électricité afin d’organiser leur consommation, outre le fait qu’à des moments de prix élevés on n’a pas véritablement le choix de consommer ou pas. La stabilité qu’offre aux consommateurs et à la société entière une tarification plus simple est bien plus intéressante que la possibilité de faire quelques sous en gardant les yeux rivés sur leur compteurs.
[Dans ce contexte, est-ce que le marché a une quelconque utilité ? Probablement pas, mais il a un coût, et celui-ci est important.]
Je suis entièrement d’accord.
[autrement dit, je veux le marché unique quand cela m’arrange, mais pas quand cela ne m’arrange pas … Vous ne pouvez pas remettre en cause UN marché sans que le reste y vienne…]
En effet…
@ KerSer
[Oui, vous avez raison de souligner la différence entre le marché de gros et le marché de détail, ainsi que le fait qu’en Europe en tout cas les consommateurs ne sont pas totalement exposés à la volatilité du marché de gros.]
Là encore, c’est du fait de la résistance des Etats, parce que les idéologues de la Commission voulaient un marché de l’électricité ou vous auriez accès en temps réel à vos consommations et aux prix de marché, et vous pourriez jongler entre les fournisseurs pour avoir la meilleure offre. Vous trouverez encore dans un certain nombre de textes législatifs et réglementaires des scories de ces tentatives, par exemple l’obligation pour les distributeurs de vous fournir une information « en temps réel » sur votre consommation…
En pratique, cela ne sert à rien. Le 99% des gens jettent à peine un regard distrait sur le contenu de leur facture, et seraient incapables de vous dire quel est le prix du kWh qui leur est facturé (et qui y figure noir sur blanc). Alors, vous imaginez 60 millions de Français regardant heure par heure sur leur téléphone portable les prix pour tirer la meilleure offre ?
[Mais il existe certains marchés où la logique de libéralisation a été poussée jusqu’au bout, comme dans le cas du Texas (pas de marché de capacité, prix plafond très élevé, mais avec des subventions fédérales aux ENR non-pilotables qui faussent le jeu d’investissements, c’est le cas de le dire), et on en voit les conséquences pour les consommateurs et l’état du réseau.]
La crise la plus intéressante et la mieux analysé est celle de la Californie au début des années 2000. On y trouve un peu les mêmes ingrédients.
[Par contre, dans certains pays comme la Suède où l’Espagne, et même je crois en France à partir de cette année, on peut souscrire à des contrats à tarification dynamique. A mon avis le problème majeur avec ce genre de contrats c’est que les gens n’ont pas forcément envie de penser toute la journée aux prix d’électricité afin d’organiser leur consommation, outre le fait qu’à des moments de prix élevés on n’a pas véritablement le choix de consommer ou pas. La stabilité qu’offre aux consommateurs et à la société entière une tarification plus simple est bien plus intéressante que la possibilité de faire quelques sous en gardant les yeux rivés sur leurs compteurs.]
Tout à fait. Pour l’exprimer en termes économiques, sur le long terme les coûts de transaction introduits par le marché sont bien plus importants que les gains que le consommateur peut espérer. Car le marché de l’électricité est structurellement tellement dysfonctionnel, que pour avoir une véritable régulation de marché il faut un niveau de réglementation et de contrôle cauchemardesque.
Les consommateurs l’ont d’ailleurs bien compris. Malgré un matraquage publicitaire constant, et alors que tout à été fait pour que les offres « de marché » soient autour de 10% inférieures aux tarifs régulés, les gens continuent à y adhérer – et les gouvernements craignent de devoir les supprimer. Pourquoi ? Parce que les gens ont bien compris que le gain qu’ils peuvent en tirer est minime, et ne justifient pas de s’embêter à changer de fournisseur.
Une question alors me vient : le Linky servirait donc à monétiser de la data,
faire payer plus d’énergie (non resistive),
réguler la demande de consommation par la limitation,
mais surtout à rendre possible la facturation au prix du marché, avec un pas de temps de marché …
Me trompe-je ?
@ jean
[Une question alors me vient : le Linky servirait donc à monétiser de la data, faire payer plus d’énergie (non résistive), réguler la demande de consommation par la limitation, mais surtout à rendre possible la facturation au prix du marché, avec un pas de temps de marché …
Me trompe-je ?]
Cela dépend du sens que vous donnez au « servirait donc ». Linky n’est qu’un petit ordinateur qui enregistre votre consommation en temps réel, et qui peut transmettre cette information à un ordinateur central, et qui permet aussi de transmettre des informations vers des équipements connectés. Rien d’autre. L’utilisation qu’on fait de cette information n’est pas déterminé par Linky, mais par les règles de l’exploitation du réseau.
Après, je ne sais pas ce que vous appelez « faire payer plus d’énergie non résistive ». Pour ce qui concerne la « facturation au prix du marché », cela semble impossible tout simplement parce qu’il n’existe pas de marché de détail de l’électricité. Un tel marché supposerait que vous puissiez changer de fournisseur de manière instantanée, ce qui semble techniquement difficile. Pour ce qui concerne la limitation de la consommation, Linky pourrait en théorie être utilisé comme moyen technique pour exploiter les capacités d’effacement, mais cela nécessite le consentement du client dans un cadre contractuel.
On fantasme beaucoup sur Linky, mais en pratique il y a de grandes chances qu’il ne serve qu’à deux choses : au relèvement automatique, et à une meilleure connaissance – et donc prévision – des courbes de consommation. Deux choses largement positives…
@ Descartes,
Un grand BRAVO pour cette explication simple de choses très complexes !
Comme la flambée des prix de l’énergie concerne toute l’Europe, j’ai envie de croire que :
– [… Cette crise énergétique pourrait avoir du bon. Elle pourrait ouvrir les yeux même aux esprits les plus obtus l’inanité du système mis en place à Bruxelles…],
– puis, dans un second temps, les pays auront quelques “latitudes” supplémentaires pour proposer d’autres modèles pour l’énergie (que celui du marché).
Mais peut-être suis-je trop optimiste ?
@ Trouve un chemin
[Mais peut-être suis-je trop optimiste ?]
Je le pense, en effet. La Commission a fait preuve d’une remarquable capacité à ignorer les réalités, à prétendre que tout va bien quand tout va mal. Chaque fois que ces problèmes sont évoqués à Bruxelles, la réponse est toujours la même: “si ça marche pas, c’est parce qu’on ne laisse pas faire le marché”. Ce qui ne les empêche pas par ailleurs d’exiger qu’on subventionne les renouvelables…
@ Descartes,
Oui, le regard de Bruxelles semble souvent orienté vers le modèle économique que nous connaissons, celui du libre échange, quelque que soit le secteur d’activité …
Mais on pourrait aussi imaginer que la prise de conscience vienne de l’Europe de Strasbourg, celle des droits de l’homme, qui a été mise en place avec pour but d’éviter des conflits entre pays (comme les 2 guerres mondiales du XXème siècle) ? Qu’en pensez-vous ?
Par exemple, en cas de pénurie d’énergie (qu’on ne souhaite pas, bien sûr, mais si les marges se réduisent un peu partout …), cela pourrait créer des tensions entre pays (par exemple entre ceux qui en ont encore, et ceux qui n’en auront plus avant longtemps…), et ensuite nécessiter une action commune pour préserver la paix en Europe … .
Tout ceci n’est bien sûr que pure imagination pour alimenter nos débats …
@ Trouve un chemin
[Oui, le regard de Bruxelles semble souvent orienté vers le modèle économique que nous connaissons, celui du libre-échange, quelque que soit le secteur d’activité …]
Plus qu’un regard, c’est un dogme. Dans la vision bruxelloise, tous les domaines, dans tous les rapports, le marché est le meilleur régulateur. Et si cela ne marche pas dans la pratique, c’est parce qu’on n’a pas suivi les directives, parce qu’on n’a pas poussé la logique de marché assez loin. C’est un peu le raisonnement fermé d’une religion : dieu est infiniment parfait, et si le monde est injuste, ce n’est pas sa faute, mais celle des hommes qui n’ont pas suivi ses commandements.
[Mais on pourrait aussi imaginer que la prise de conscience vienne de l’Europe de Strasbourg, celle des droits de l’homme, qui a été mise en place avec pour but d’éviter des conflits entre pays (comme les 2 guerres mondiales du XXème siècle) ? Qu’en pensez-vous ?]
D’où tirez-vous que « l’Europe des droits de l’homme a été mise en place pour éviter les conflits entre pays » ? « L’Europe des droits de l’homme » comme vous dites a été mise en place essentiellement comme instrument de guerre froide, le « monde libre » ayant décidé d’utiliser la rhétorique des « droits de l’homme » pour mettre en difficulté l’autre camp. Vous noterez par ailleurs le choix fort restrictif des « droits de l’homme » à protéger. Ainsi par exemple, le chômage ou la pauvreté ne sont nullement considérés des violations des droits de l’homme. Etonnant, non ?
Il faut arrêter ce discours qui fait de la construction européenne, à Bruxelles ou à Strasbourg, l’antidote contre les « conflits entre pays ». S’il n’y a pas eu de guerre européenne après 1945, c’est d’abord à cause de la grande peur du communisme, et ensuite parce qu’avec la massification la guerre est devenue trop chère pour les classes dominantes. Mais il est illusoire de croire que la construction européenne aurait fait disparaître « les conflits entre pays ». Ces conflits sont toujours là, simplement ils s’expriment différemment. Ainsi, l’Allemagne pille notre économie sans avoir besoin d’envoyer des chars ou des avions… l’Euro et les directives européennes sont largement suffisantes.
[Par exemple, en cas de pénurie d’énergie (qu’on ne souhaite pas, bien sûr, mais si les marges se réduisent un peu partout …), cela pourrait créer des tensions entre pays (par exemple entre ceux qui en ont encore, et ceux qui n’en auront plus avant longtemps…), et ensuite nécessiter une action commune pour préserver la paix en Europe …]
Franchement, le raisonnement me paraît tiré par les cheveux. Si demain on devait imposer des coupures tournantes en France par manque d’électricité, voyez-vous les Français prendre les armes et traverser le Rhin pour aller prendre l’électricité aux Allemands ?
Et même d’approuver l’ARENH, qui est une vente forcée à un prix fixé administrativement.
Tout l’inverse d’un mécanisme de Marché.
En fait ils sont dans un corner : la meilleure solution pour produire de l’électricité, c’est le nucléaire lourd (pas smr). Mais celui-ci nécessite de très grosses entreprises, incompatibles avec un marché efficient.
Pour sortir de là, il faut soit des smr, soit sortir du nucléaire, soit sortir des mécanismes de Marché.
Et ils font tout leur possible pour que ça ne soit pas la dernière solution qui soit retenue…
@ Vincent
[Pour sortir de là, il faut soit des smr, soit sortir du nucléaire, soit sortir des mécanismes de Marché. Et ils font tout leur possible pour que ça ne soit pas la dernière solution qui soit retenue…]
Pour le moment, personne n’a l’air d’avoir pris conscience de cette contradiction. Mais curieusement, certains commencent à l’écrire fort officiellement. Ainsi, dans le rapport récemment publié par RTE sous le titre “Futurs énergétiques 2050” et dont tout le monde fait l’éloge, on trouve le paragraphe suivant :
« Jusqu’à maintenant, le développement des énergies renouvelables en Europe a été réalisé grâce à des soutiens publics qui ont garanti des prix fixes, sur la durée d’exploitation des installations et ont permis aux porteurs de projet de se financer dans de bonnes conditions, ce qui a occasionné une baisse des coûts. Les projections économiques des « Futurs énergétiques 2050 » montrent qu’il est peu probable que les énergies renouvelables se financent directement par les revenus sur les marchés sans aucune forme de soutien public ou de contrat long terme de type Power Purchase Agreement (PPA). Ainsi, même si la production d’énergie solaire est très compétitive, sa rémunération attendue sur les marchés pourrait être plus faible qu’attendue en raison du phénomène de « cannibalisation » de la valeur (les prix de marché s’effondrent quand la production solaire est maximale).
Il en va de même du nucléaire. Les nouveaux réacteurs sont des investissements extrêmement capitalistiques, et l’expérience de ces dernières années montre qu’ils ne pourront se développer sans soutien public fort, qu’il prenne la forme de contrats pour différence ou d’un investissement public direct. Leur pertinence économique est assurée sous réserve de bénéficier de conditions de financements cohérentes par rapport à celles des autres technologies bas-carbone. » (les soulignés sont des auteurs).
On voit vraiment très mal comment après une telle analyse on peut encore continuer à croire à une régulation par le marché du système électrique, puisqu’on nous dit que les objectifs ne peuvent être atteints que par une intervention permanente de la puissance publique à travers des prix garantis dans un mécanisme du type PPA ou contract for différence, voir par « l’investissement public direct ». Franchement, dès lors que ces interventions sont considérées nécessaires, quel est l’intérêt de laisser subsister un mécanisme de marché qui ne régule rien mais qui introduit des coûts de transaction considérables et une complexité monstrueuse ? A part bien entendu de sauver la face des bonzes de Bruxelles…
**** A part bien entendu de sauver la face des bonzes de Bruxelles… ****
Il s’agit de sauver la face de NOS européistes fous aux manettes qui répètent sans cesse l’Europe (l’UE) et se font élire pour un renforcement de l’UE. Macron et TOUTE la classe dominante qui a participé à élire cette marionnette. Le paysage politique français dans sa quasi totalité soutient l’UE et ses absurdités. On est mal parti (dans la plupart sinon tous les domaines).
C’est donc l’entièreté du pouvoir financiaro-économique qui devrait avaler un boa. Ce qui n’arriverait que sous forte contrainte que je ne vois pas venir, sinon sous la forme d’une ‘bonne’ catastrophe économico-monéto-financière et ou guerre …
“...Si l’on veut réduire notre dépendance aux hydrocarbures et au charbon et nos émissions de CO2, alors il nous faut une politique d’électricité décarbonée bon marché et de charbon et d’hydrocarbures chers. Ce qui suppose de mettre le paquet sur le nucléaire et les renouvelables dans le cadre d’un monopole de l’électricité…”
Mais n’est-ce pas contradictoire avec le fait que les EnR sont inévitablement associées du fait de leur intermittence à un backup d’origine énergies fossiles soit de gaz ou de charbon, dont vous préconisez, à juste titre, un prix le plus cher possible, qui sont très émissives de CO2 et pas que? Ce qui n’est pas le cas du nucléaire et de l’ hydraulique, qui n’ont pas besoin de backup.
+ d’ ENR = + de backup énergies fossiles nécessaire = + d’émissions de CO2, non?
Comment dans ces conditions réduire suffisamment nos émissions de CO2, jusqu’à obtenir la neutralité carbone, équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone, en 2050? D’autant plus, que certains experts pensent qu’il faudra encore aller + loin que la simple neutralité et ambitionner plutôt la négativité en terme de résultat.
Bravo pour votre article remarquablement explicite pour les béotiens que nous sommes.
PHP
@ PHP
[Mais n’est-ce pas contradictoire avec le fait que les EnR sont inévitablement associées du fait de leur intermittence à un backup d’origine énergies fossiles soit de gaz ou de charbon, dont vous préconisez, à juste titre, un prix le plus cher possible, qui sont très émissives de CO2 et pas que ?]
Pas nécessairement. Avec des ENR non-pilotables qui ne dépasseraient pas 15% du total (avec 10% d’hydraulique et le reste du nucléaire) on arrive parfaitement à piloter le réseau. Le nucléaire n’est pas très flexible, mais sa marge de réglage est suffisante pour faire face, avec l’aide de l’hydraulique, aux variations de charge. Dans ce contexte, on peut se contenter de quelques centaines de mégawatts au gaz qu’on n’appellerait qu’exceptionnellement. Par contre, si l’on veut couvrir 40% des besoins avec du solaire ou de l’éolien, il faut des capacités de backup thermiques très importantes.
Je ne suis pas expert du domaine loin s’en faut, mais ce passage éveille un sentiment d’alarme à l’heure où la voiture électrique est massivement encouragée par l’état.
J’aimerais savoir s’il y a des risques reels de pénurie dans la prochaine décennie en France, à votre avis, et à quelle échelle si la réponse est positive?
@ Badaud
[Je ne suis pas expert du domaine loin s’en faut, mais ce passage éveille un sentiment d’alarme à l’heure où la voiture électrique est massivement encouragée par l’état. J’aimerais savoir s’il y a des risques reels de pénurie dans la prochaine décennie en France, à votre avis, et à quelle échelle si la réponse est positive?]
Pour répondre à votre question, il faut comprendre la différence entre l’équilibre en PUISSANCE et l’équilibre en ENERGIE. Comme l’électricité ne se stocke pas – du moins en quantité significative – il faut à chaque instant que la PUISSANCE consommée soit égale à la PUISSANCE produite. Mais la puissance consommée varie au cours de la journée: à certains moments, le parc de production peut être insuffisant, à d’autres être sur-capacitaire. La somme des puissances produites au cours de la journée – c’est à dire de l’énergie – peut être donc suffisante, alors que la puissance instantanée est insuffisante à un moment donné.
Au cas ou cette explication vous paraîtrait obscure, pensez à une vieille voiture: quand elle monte péniblement une côte, le moteur travaille au maximum de sa puissance, et avec ça elle arrive à peine à faire du 60 km/h. Par contre, quand elle descend la côte, elle fait du 110 km/h et sans solliciter le moteur. Maintenant, si vous pouviez stocker la puissance du moteur quand il descend la côte et la récupérer quand il la monte, vous pourriez faire du 110 km/h tout le temps. Autrement dit, votre moteur fournit une énergie suffisante pour faire votre voyage à 110 km/h, mais sa puissance instantanée ne lui permet pas de faire du 110 tout le temps…
Maintenant, la voiture électrique fonctionne sur une logique de stockage. On peut donc la charger aux moments ou le parc est sur-capacitaire, et du coup elle est transparente vis à vis de l’équilibre en puissance, qui est le plus critique. Par contre, ce sont d’autres reports sur l’électricité (dans l’industrie, dans le chauffage) ainsi que le retrait des unités de production les plus anciennes qui menacent le plus l’équilibre offre-demande. RTE alerte depuis des années sur la réduction année après année des marges opérationnelles du réseau. Selon son dernier rapport, l’équilibre deviendrait critique à partir de 2023.
“Il y a quelque chose de délicieusement ironique à voir un gouvernement qui par ailleurs se proclame « libéral et européen » et qui prépare la disparition des tarifs réglementés annoncer un « blocage des prix du gaz » pendant un an et demi – « toute l’année 2022 Castex dixit.”
Année électorale oblige, probablement, tout autant que l’expérience “Gilets Jaunes”.
Les services publics vont sans doute recevoir beaucoup de stagiaires et de contrat courts, pour donner aux chômeurs le sentiment d’un accès à l’emploi.
@ Geo
[Année électorale oblige, probablement, tout autant que l’expérience “Gilets Jaunes”.]
Certainement. Macron a sorti le carnet de chèques – NOTRE carnet de chèques – et à chaque sortie il en signe un à une catégorie particulière. Remarquez, l’opposition ne fait pas mieux: Hidalgo commence à peine sa campagne, et elle a déjà dépensé des milliards en augmentations de salaires pour les enseignants. Mais l’énergie est un domaine qui se prête mal à ce genre de démagogie pour une raison simple, qui tient aux ordres de grandeur. Pour faire baisser les factures de gaz, d’électricité ou de carburants d’un montant suffisamment significatif pour être perceptible par l’électeur, il faut mettre des sommes énormes. Chaque centime de moins pour l’essence, c’est 500 M€…
Un grand merci pour ce texte très clair.
Vous traitez brièvement de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) sous l’angle de son rôle dans les marchés de l’électricité. Cependant ce mécanisme qui a été mis en place, à l’instigation de l’Union européenne mérite d’autres commentaires. Il a été créé pour instaurer dans le domaine de l’électricité la soi-disant « concurrence libre et non faussée » (sic) et contribuer au démantèlement d’EDF, ce service public créé à la libération et honni des libéraux de tout poil. Il oblige EDF-producteur à alimenter les « fournisseurs alternatifs » en énergie nucléaire au prix régulé de 42 €/MWh (pour une quantité fixée à 100 TWh, soit au moins un quart de la production nucléaire totale) et cela alors que le Mw/h nucléaire est généralement estimé à au moins 48 €. Ainsi, l’ARENH est toujours défavorable à EDF: si les prix de marché sont inférieurs à l’ARENH, les concurrents se fournissent sur le marché et sont favorisés ; si les prix sont supérieurs, c’est un manque à gagner pour EDF qui est donc toujours le perdant.
Mais en lui même l’ARENH est un scandale. Il s’agit en fait d’une forme particulière de privatisation d’un bien public qui ne dit pas son nom et qui peut être qualifiée de privatisation rampante puisque le « droit de tirage » pourrait croître dans l’avenir car d’aucuns, en particulier les « distributeurs alternatifs » qui en profitent pour faire leurs « affaires du siècle » demandent de l’augmenter. Or les centrales nucléaires représentent un patrimoine national qui a été essentiellement financé, au cours des ans, par les Français en tant qu’usagers de l’électricité, ou contribuable. Attribuer une part de la production, dans les conditions relatées ci-dessus, à des distributeurs privés qui en profitent pour faire de juteux bénéfices est une forme de privatisation encore plus scandaleuse que celle qui fut appliquée, par exemple, pour les autoroutes. En effet ces dernières ont été acquises, à un prix certes très contestable par les concessionnaires, mais ces sociétés aujourd’hui ont la responsabilité de ces équipements et en assurent, l’entretien et le fonctionnement ; tandis que les « distributeurs alternatifs » n’ont investi aucun capital, n’assument aucune charge et ne partagent aucune responsabilité, ils n’ont tout simplement qu’à s’approprier une part de la rente nucléaire. C’est le pillage institutionnalisé d’un bien public.
@ Jean François
[Vous traitez brièvement de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) sous l’angle de son rôle dans les marchés de l’électricité. Cependant ce mécanisme qui a été mis en place, à l’instigation de l’Union européenne mérite d’autres commentaires. Il a été créé pour instaurer dans le domaine de l’électricité la soi-disant « concurrence libre et non faussée » (sic) et contribuer au démantèlement d’EDF, ce service public créé à la libération et honni des libéraux de tout poil.]
C’est plus pervers que cela. Le projet de la Commission incluait le démantèlement du parc de production intégré et sa vente « par appartements » comme cela s’est fait dans d’autres pays. La difficulté principale était le caractère intégré du parc nucléaire. Le découper en plusieurs morceaux aurait supposé soit une multiplication des services support (ingénierie, pièces détachées, etc.) avec une perte d’efficacité évidente, soit une mutualisation de ces services qui aurait enlevé à la manœuvre une bonne partie de son intérêt. L’ARENH était le compromis proposé par les autorités françaises en échange du maintien du parc intégré. Mais une fois accepté le principe, il a fallu fixer son montant, ce qui a donné lieu à des discussions fort acrimonieuses entre une Commission qui voulait un prix bas pour permettre aux fournisseurs privés de faire des bonnes affaires, et des autorités françaises qui le voulaient plus élevé pour permettre à EDF de rentrer dans ses frais. 42 €/MWh fut un compromis salomonique.
[Il oblige EDF-producteur à alimenter les « fournisseurs alternatifs » en énergie nucléaire au prix régulé de 42 €/MWh (pour une quantité fixée à 100 TWh, soit au moins un quart de la production nucléaire totale) et cela alors que le Mw/h nucléaire est généralement estimé à au moins 48 €.]
Ce n’est pas aussi simple. L’estimation du prix du MWh est une question très complexe, parce qu’elle implique fixer une durée d’amortissement des investissements. Si vous retenez une durée d’amortissement de l’ordre de 30 ans (ce qui est habituel pour des bâtiments et équipements lourds) nos centrales ont une valeur comptable égale à zéro. Le capital aura déjà été remboursé par les tarifs antérieurs, et chaque kWh supplémentaire ne coûte que les frais de maintenance, le combustible et l’exploitation, ce qui donne quelque 37€/MWh. Par contre, si vous prenez une durée d’amortissement équivalente à la durée de vie totale de la centrale, vous obtiendrez une valeur plus importante, qui selon la courbe d’amortissement peut aller à 48 €/MWh. 42 €/MWh est grosso modo la moyenne entre ces deux hypothèses extrêmes…
[Ainsi, l’ARENH est toujours défavorable à EDF: si les prix de marché sont inférieurs à l’ARENH, les concurrents se fournissent sur le marché et sont favorisés ; si les prix sont supérieurs, c’est un manque à gagner pour EDF qui est donc toujours le perdant.]
Pour avoir été mêlé à cette affaire, je peux vous dire qu’à l’époque personne n’avait réalisé que le mécanisme était asymétrique. La vision de la Commission était en effet que le prix de l’électricité sur le marché ne pouvait qu’augmenter (il était à l’époque autour de 60 €/MWh) étant donnée la raréfaction des ressources, l’augmentation du prix du CO2 et la résorption progressive des surcapacités. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que les subventions massives aux renouvelables allait inonder le réseau européen d’électricité à coût marginal nul, poussant les marchés à la baisse – jusqu’à avoir des tarifs négatifs.
[Mais en lui-même l’ARENH est un scandale. Il s’agit en fait d’une forme particulière de privatisation d’un bien public qui ne dit pas son nom et qui peut être qualifiée de privatisation rampante puisque le « droit de tirage » pourrait croître dans l’avenir car d’aucuns, en particulier les « distributeurs alternatifs » qui en profitent pour faire leurs « affaires du siècle » demandent de l’augmenter. Or les centrales nucléaires représentent un patrimoine national qui a été essentiellement financé, au cours des ans, par les Français en tant qu’usagers de l’électricité, ou contribuable.]
La Commission fait le raisonnement inverse : alors que les Français ont financé le parc nucléaire, ils ne profitaient pas pleinement des faibles coûts de celui-ci du fait du monopole, qui permettait à EDF de fixer ses tarifs à sa convenance – et à financer ainsi sa faible productivité. En introduisant de la concurrence, les fournisseurs seront obligés à tarifer « au plus juste » et donc de faire des gains de productivité et de les transférer à leurs clients. Car n’oubliez pas que sur un marché « pur et parfait », le prix tend vers le coût de production.
Le problème est que, pour les raisons que j’ai expliquées, le marché de l’électricité est très loin d’être « pur et parfait ». Et du coup, loin de provoquer une baisse de prix, l’ouverture à la concurrence tend au contraire à les pousser vers le haut tout en mettant en danger la sécurité d’approvisionnement. Les imperfections du marché créent des « rentes » à tous les étages, « rentes » qui sont effectivement prélevées sur le consommateur. Mais il faut bien comprendre que l’argument contre l’ouverture du marché n’est pas un argument théorique.
[Attribuer une part de la production, dans les conditions relatées ci-dessus, à des distributeurs privés qui en profitent pour faire de juteux bénéfices est une forme de privatisation encore plus scandaleuse que celle qui fut appliquée, par exemple, pour les autoroutes. En effet ces dernières ont été acquises, à un prix certes très contestable par les concessionnaires, mais ces sociétés aujourd’hui ont la responsabilité de ces équipements et en assurent, l’entretien et le fonctionnement ; tandis que les « distributeurs alternatifs » n’ont investi aucun capital, n’assument aucune charge et ne partagent aucune responsabilité, ils n’ont tout simplement qu’à s’approprier une part de la rente nucléaire. C’est le pillage institutionnalisé d’un bien public.]
Oui. Mais il y a pire: le but de la manœuvre est d’appauvrir EDF, de la mettre en difficulté financière. La Commission a bien compris qu’EDF est une entreprise efficace – “la seule entreprise soviétique qui ait réussi” dans les mots d’un spécialiste – et qu’aussi longtemps qu’EDF serait puissante et aurait les moyens d’investir, il n’y aurait pas de véritable concurrence en France. Pour que la concurrence soit réelle, il faut qu’EDF devienne moins efficace, c’est à dire, réduire ses capacités d’investissement.
“Les renouvelables se distinguent par une particularité : leur coût marginal est quasi-nul. En bonne logique, un système 100% renouvelable régulé par le marché serait donc un système à prix quasi-nul… et donc la garantie qu’aucun investisseur ne récupérerait les coûts complets de son installation”
Autant je comprend que le cout du renouvelable est quasi nul (le soleil ou le vent c est gratuit, reste juste l entretien), autant je ne comprends pas pourquoi vous dites qu aucun investisseur ne recuperera les couts de son installation. Rien ne l empeche de le force a vendre a 0.
Apres tout c est comme si vous disiez que les agriculteurs doivent vendre leurs salades a 0 € car elle pousse naturellement sans que ca coute rien
Si vous objectez qu on peut conserver la salade plus facilement que l electricite, prenez des production que ne se vendent que certains jours (genre le muget le 1 mai)
@ cdg
[Autant je comprends que le cout du renouvelable est quasi nul (le soleil ou le vent c’est gratuit, reste juste l’entretien), autant je ne comprends pas pourquoi vous dites qu’aucun investisseur ne récupèrera les couts de son installation. Rien ne l’empêche de le force à vendre a 0.]
La phrase n’est pas très claire, j’imagine qu’il y a une coquille et que la fin doit se lire « rien ne le force de vendre à 0 ». Le problème, c’est que le marché le force de vendre à zéro. Imaginons que vous avez un parc éolien de 50 kW et que j’ai un parc éolien de 50 kW. Et qu’un client se présente et demande à acheter 50 kW et organise des enchères descendantes pour fixer le prix.
Imaginons que le coût marginal pour produire 50 kW soit égal à E, très proche de zéro. Dans ce cas, quel que soit votre offre, j’ai intérêt à sous-enchérir, et cela aussi longtemps que le prix est supérieur à E : même si le prix ainsi proposé ne couvre pas mes coûts complets, c’est mieux que rien. Et vous ferez le raisonnement symétrique. Les enchères continueront donc jusqu’à ce que le prix atteigne cette limite. Si vous vous placez dans l’hypothèse ou E est nul (ou très proche de zéro) les enchères conduiront donc à un prix nul ou très faible.
Vous me direz que cela ne marche que parce qu’on est en surcapacité. C’est vrai. Mais dès lors que l’électricité est un bien indispensable, le système électrique sera TOUOURS en surcapacité, sans quoi vous seriez obligé de couper le courant. C’est pourquoi vous aboutissez, contrairement à ce qui se passe sur d’autres marchés, à un prix égal au coût marginal de la dernière installation démarrée. Et si vous avez 100% de renouvelables, votre coût marginal sera très faible !
[Apres tout c est comme si vous disiez que les agriculteurs doivent vendre leurs salades a 0 € car elle pousse naturellement sans que ca coute rien.]
Certainement pas. Dans la culture de la salade, le « coût marginal » est très proche du « coût total », parce que l’essentiel des coûts (fertilisant, combustible pour le tracteur, travail humain, surface de terre) est proportionnel à la quantité de salades plantées. Et comme le montrait Ricardo, vous retrouvez la même règle : le prix de la salade est donné par le coût marginal de la terre la moins fertile mise en exploitation.
Mais il faut prendre en considération un deuxième facteur : la salade n’étant pas un bien essentiel, personne ne garantit qu’il y ait des terrains disponibles prêts à produire pour satisfaire tous les besoins. Il est parfaitement possible d’avoir une sous-capacité, et dans ce cas la loi qui fait coïncider le prix avec le coût marginal de la dernière surface cultivée ne s’applique plus. Prenez le marché de la truffe, par exemple…
“Imaginons que le coût marginal pour produire 50 kW soit égal à E, très proche de zéro. Dans ce cas, quel que soit votre offre, j’ai intérêt à sous-enchérir, et cela aussi longtemps que le prix est supérieur à E : même si le prix ainsi proposé ne couvre pas mes coûts complets, c’est mieux que rien. Et vous ferez le raisonnement symétrique. Les enchères continueront donc jusqu’à ce que le prix atteigne cette limite.”
On peut faire le meme raisonnement pour le nucleaire. presque 0 c est mieux que rien et j ai donc interet a vendre mon electricite nucleaire meme a perte (ou le gros du cout c est aussi la construction). Surtout si on considere qu arreter/redemarrer un reacteur c est tres compliqué
Apres si vous ne couvrez pas vos couts, vous allez a un moment vous retrouver en faillite (enfin dans un systeme liberal, sinon le contribuable va passer a la caisse)
PS: pour l electricite, il me semble que les gors consommateurs ont des contrats speciaux ou ils acceptent d etre coupé en cas de pic en echange d un rabais
@ cdg
[“Imaginons que le coût marginal pour produire 50 kW soit égal à E, très proche de zéro. Dans ce cas, quel que soit votre offre, j’ai intérêt à sous-enchérir, et cela aussi longtemps que le prix est supérieur à E : même si le prix ainsi proposé ne couvre pas mes coûts complets, c’est mieux que rien. Et vous ferez le raisonnement symétrique. Les enchères continueront donc jusqu’à ce que le prix atteigne cette limite.” On peut faire le même raisonnement pour le nucléaire. Presque 0 c est mieux que rien et j’ai donc intérêt à vendre mon électricité nucléaire même a perte (ou le gros du cout c’est aussi la construction).]
Quand vous parlez de « vendre à perte », c’est par rapport au coût complet ou au coût marginal ? Vous avez clairement intérêt à vendre au-dessous du coût complet, mais pas au-dessous du coût marginal. C’est pourquoi, lorsqu’il y a surcapacité, les prix s’équilibrent autour des coûts marginaux de la dernière – donc de la plus chère – installation démarrée.
Il est clair que dans cette situation l’exploitant ce cette « dernière installation » ne rentrera pas dans son coût complet, puisque celui-ci est toujours supérieur au coût marginal. Mais si son coût marginal est suffisamment élevé, alors les AUTRES installations, elles, pourront couvrir leurs coûts complets aux tarifs de marché. Le problème des renouvelables, c’est que leur coût marginal est quasi-nul. Autrement dit, un système « 100% renouvelable » sera un système ou aucune installation ne réussira à se rémunérer…
[Apres si vous ne couvrez pas vos couts, vous allez à un moment vous retrouver en faillite (enfin dans un système libéral, sinon le contribuable va passer à la caisse)]
Là encore, de quels « coûts » parlez-vous ? Si vous parlez du coût marginal, vous avez raison : si je ne peux pas payer le combustible, les salaires, les travaux de maintenance, la production s’arrête. Mais qu’est ce qui se passe si je ne peux payer les coûts complets, par exemple, les emprunts qui ont permis de financer la construction ? Eh bien, « dans un système libéral » je convoque mes créanciers autour d’une table, et je leur présente le choix : soit on arrête la production, et ils perdent leur investissement, soit on continue et ils en récupèrent au moins une partie. A votre avis, que choisiront-ils ?
Votre question illustre la raison pour laquelle le marché ne peut pas réguler le secteur électrique. Personne n’investira pour construire des centrales électriques sachant que 1) pour des raisons d’ordre public les Etats feront en sorte que le parc de production soit en surcapacité et 2) l’installation dans laquelle vous investissez a une grande probabilité de ne pas couvrir ses coûts complets. Dans ces conditions, on ne construira des installations que s’il y a un mécanisme de prix garantis… ce qui détruit l’idée même de marché !
[PS: pour l’électricité, il me semble que les gros consommateurs ont des contrats spéciaux ou ils acceptent d’être coupé en cas de pic en échange d’un rabais.]
CERTAINS gros consommateurs, dont le processus industriel le permet, ont effectivement des contrats permettant soit « l’effacement » (arrêt de la consommation avec un préavis de quelques jours ou quelques heures), soit « l’interruption » (arrêt de la consommation sans préavis). Le premier dispositif sert à faire face à un déséquilibre prévisible, le second à un déséquilibre instantané qui menace la sécurité du réseau. Laissons de côté l’interruptible, qui est un dispositif de gestion technique du réseau. L’effacement s’interprète en fait comme une installation de production « virtuelle » – autrement dit, tout se passe comme si l’industriel qui consent à l’effacement avait une « centrale électrique virtuelle » qui couvrait sa consommation, et qu’il vendait au réseau la production de cette « centrale virtuelle ».
Mais cette « centrale virtuelle » a elle aussi un coût marginal (production perdue, couts de maintenance accrus) et un coût complet (investissements supplémentaires pour faire face à la coupure). Et vous pouvez appliquer le même raisonnement que pour une unité de production : si le prix de marché est supérieur à son coût marginal, l’industriel a intérêt à le proposer – et le gestionnaire de réseau à l’appeler – plutôt que de démarrer une installation de production qui serait encore plus chère… Cela étant dit, le coût marginal de l’effacement est en général très élevé, et c’est pourquoi l’effacement n’est appelé qu’en dernier recours.
Vous avez par contre une autre forme « d’acceptation de coupure » qui est le report de consommation. Ainsi, par exemple, les tarifs « heures creuses/heures pleines » permettent de chauffer son ballon d’eau chaude ou de charger son chauffage à accumulation pendant les périodes de faible charge du parc de production. Le coût marginal de cette solution est très minime, et c’est pourquoi elle est pratiquée systématiquement depuis très longtemps.
Il y a un aspect que l auteur de ce blog n aborde jamais: l ecologie (la vrai pas les delires d EELV qui sont plus interessés par les LBGTQ+ que par l ecologie)
car si on veut limiter le rechauffement climatique, il va bien falloir limiter les gaz a effet de serre (qui ne sont pas que le CO2 d ailleurs). A partir de la il y a plusieurs solutions:
– avoir une energie chere afin que les gens l economisent (pas populaire en periode electorale comme on le voit)
– faire un rationnement (pour ca le QR code du pass sanitaire serait assez bien adapté et ca fait plus moderne que les tickets de 1940-1947)
– esperer une percee techno (mais laquelle et quid des investissements)
L autre solution est evidement de ne rien faire et de se preparer a un monde nettement plus chaud : digues, plan d abandon de ecraines zones qui seront submergees, adaptation des villes a des temperatures caniculaires et a l apparition des maladies tropicales et evidement effort militaire consequent car ca va pas se passer sans douleur et sans migration
PS: le nucleaire n est evidement qu une solution partielle. Outre les performances inferieures (pensez voiture electrique/essence ou simplement la perte de rendement pour juste chauffer de l eau) c est pas tres flexible (en cas de pic de demande), ca pose des problemes de dechets (faire un trou pour les enterrer = cacher la merde sous le tapis) pu de competences/sureté (imaginez une centrale nucleaire au mali ou en afghanistan) et certains usage sont impossibles (aviation, production de plastique)
@ cdg
[Il y a un aspect que l’auteur de ce blog n aborde jamais: l’écologie (la vrai pas les délires d EELV qui sont plus intéressés par les LBGTQ+ que par l’écologie)]
Oh, le méchant !
[car si on veut limiter le réchauffement climatique, il va bien falloir limiter les gaz à effet de serre (qui ne sont pas que le CO2 d’ailleurs). A partir de là il y a plusieurs solutions:
– avoir une énergie chère afin que les gens l’économisent (pas populaire en période électorale comme on le voit)]
La logique de « l’énergie chère » fait toujours saliver les libéraux, parce qu’elle permettrait de réduire les émissions en jouant sur les mécanismes de marché. Mais elle présente à mon sens un défaut rédhibitoire : elle fait reposer le plus gros du poids des réductions sur ceux qui ont les revenus les plus modestes. L’augmentation du prix de l’essence n’a pas tout à fait le même sens pour le smicard qui roule en Dacia et doit prendre sa voiture pour aller au travail depuis une lointaine banlieue, et pour le PDG qui habite dans le XVIème arrondissement, qui va au travail en voiture de fonction, et qui prend sa Porsche pour partir en week-end. Même chose pour l’électricité : ce sont souvent les pauvres qui habitent dans les « passoires thermiques » chauffées au radiateur électrique, et ce sont les riches qui habitent des maisons bien isolées et chauffées à la pompe à chaleur.
Une solution serait d’ajuster les factures d’énergie en fonction du revenu… c’est un peu la logique du « chèque énergie » : on rend l’énergie chère, puis on verse une prime aux pauvres pour les aider à la payer. Mais ce genre de mécanisme a d’autres effets pervers.
[– faire un rationnement (pour ça le QR code du passe sanitaire serait assez bien adapté et ca fait plus moderne que les tickets de 1940-1947)]
Ça ne marche pas, parce que les besoins énergétiques ne sont pas les mêmes pour tous. Les pauvres de la France périphérique ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail, les riches du VII arrondissement peuvent y aller à pied ou en métro. Comment tenir compte de ces différences ?
[– espérer une percée techno (mais laquelle et quid des investissements)]
Les percées sont tout autour de nous. Si vous regardez l’intensité énergétique, vous verrez qu’elle est en baisse continue depuis déjà plusieurs années. On a beaucoup gagné dans l’isolation des bâtiments, dans le rendement des équipements. Pensez par exemple aux gains liés à la substitution des lampes classiques par des LED… J’ai eu 4 modèles de voitures dans ma vie, et chacune consommait moins que la précédente.
[L’autre solution est évidement de ne rien faire et de se préparer a un monde nettement plus chaud : digues, plan d abandon de certaines zones qui seront submergées, adaptation des villes a des températures caniculaires et a l’apparition des maladies tropicales et évidement effort militaire conséquent car ça va pas se passer sans douleur et sans migration]
De toute façon, on ferait bien de se préparer. Parce que même si on arrivait à décarbonner complètement l’économie française, celle-ci ne représente que 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Au fond, le réchauffement de notre climat ne dépend pas vraiment beaucoup des choix que nous ferons. C’est l’Inde, la Chine, les Etats-Unis, l’Afrique qui ont des marges de progrès importantes. Nous, on peut certainement gagner un peu, mais ce serai pas décisif.
[PS: le nucléaire n’est évidemment qu’une solution partielle. Outre les performances inferieures (pensez voiture électrique/essence ou simplement la perte de rendement pour juste chauffer de l’eau) ce n’est pas très flexible (en cas de pic de demande), ça pose des problèmes de déchets (faire un trou pour les enterrer = cacher la merde sous le tapis) pu de compétences/sureté (imaginez une centrale nucléaire au mali ou en Afghanistan) et certains usages sont impossibles (aviation, production de plastique)]
Le nucléaire n’est certainement pas la solution à tous les problèmes. Mais il en résout pas mal, et avec un peu de recherche il pourrait en résoudre encore plus. Mais il ne faut pas non plus se laisser porter par un certain nombre d’affirmations qui sont fausses. Le nucléaire n’est pas « flexible » pour une reprise en puissance immédiate (par exemple, si un nuage réduit la puissance photovoltaïque ou une panne provoque l’arrêt d’une installation de production). Mais leur réactivité est suffisante pour suivre les « pics de demande » qui sont largement prévisibles et dont la dynamique n’est pas très rapide. Si on ne fait pas de la « pointe » avec le nucléaire, c’est parce qu’il est beaucoup plus économique de faire tourner les installations nucléaires en base, étant donné que ce sont celles qui ont le coût marginal le plus faible.
Pour ce qui concerne les déchets, et sans vouloir vous offenser l’argument que vous exposez est idiot. Toutes les industries ont le même problème avec les déchets. Que croyez-vous qu’on fait avec les déchets des industries chimiques, métallurgiques, du BTP ? Exactement la même chose qu’avec les combustibles nucléaires usés : on récupère ce qui peut être réutilisé, et on enterre le reste. Et cela depuis que l’humanité existe. Et les déchets nucléaires « ultimes » ne sont pas plus dangereux que les déchets mercureux ou arsénieux qu’on enterre dans d’anciennes mines de sel, par exemple.
La question des compétences est une vraie question. La filière nucléaire nécessite un Etat constitué et stable, un exploitant compétent et fiable pour maintenir la sûreté, une administration compétente et incorruptible pour la contrôler. On voit mal une centrale nucléaire en Afghanistan, mais cela marche pas mal en Iran ou en Afrique du Sud, par exemple.
Je reste un peu sur ma faim: pas d energie chere, pas de ticket de rationnement… alors quoi ?
Je sais que toute solution est imparfaite mais je pense que le prix est probablement ce qui a le moins d effet negatifs. Le rationnement engendre un marché noir et est de toute facon injuste (comme vous le dites, la personne qui prend sa voiture pour aller au travail a plus besoin d essence que celle qui la prend pour aller faire un golf)
Et une energie chere va inciter les gens a isoler leur logement (ou a ne plus louer des logements mal isolé).
J aime bien votre comparaison avec les dechets qu on enterre dans d ancienne mine de sel. On a exactement le probleme en alsace ou des dechets chimique ont ete enterre dans les annees 70. maintenant on se rend compte que ca risaue depolluer la nappe phreatique mais c est trop cher de les sortir
Apres le nucleaire pose 2 problemes specifique: la duree de vie (je suis pas chimiste mais la plupart des produits se decomposent avant des centaines de milliers d annees) et le fait qu on en peut pas facilement detecter un produit contaminé (pas d odeur, de couleur ….)
@ cdg
[Je reste un peu sur ma faim: pas d’énergie chère, pas de ticket de rationnement… alors quoi ?]
Alors, une combinaison de tout ça. La question n’est pas tant de savoir si l’énergie doit être « chère », mais pour qui. Ce n’est pas la même chose d’augmenter les factures des riches, pour qui l’énergie représente une part négligeable des dépenses, et d’augmenter les factures des pauvres pour qui c’est une charge significative.
Je pense qu’il faut tirer les conclusions du fait que l’électricité est aujourd’hui un bien indispensable, et qu’à ce titre il faut un système de tarification qui n’exclue personne, sans pour autant conduire à des comportements peu vertueux. Il faut traiter l’électricité comme on traite les médicaments, avec une sorte de « sécurité sociale » permettant une péréquation entre les usages et assurant à chacun l’accès à l’essentiel.
Pendant de longues années, EDF a été cette « sécurité sociale », avec des tarifs régulés différents en fonction des catégories de consommateurs, avec les clients « rentables » des zones denses payant pour l’électrification de l’ensemble du territoire, etc. La logique de marché est néfaste parce qu’elle s’oppose à la péréquation, justement. Et du coup, celle-ci ne peut être que fiscale.
[Je sais que toute solution est imparfaite mais je pense que le prix est probablement ce qui a le moins d’effets négatifs.]
Sauf que, dans une logique de marché, vous n’avez pas le contrôle des prix… dois-je comprendre que vous militez pour la fin du marché et les prix régulés ? Personnellement, je pense que la question est mal posée. La question n’est pas de savoir si l’énergie doit être chère ou bon marché EN GENERAL, mais pour qui. Renchérir l’électricité pour l’industrie, par exemple, est un non-sens de quelque point de vue que vous le regardiez : si vous êtes libéral, c’est un des facteurs de compétitivité de notre économie ; si vous êtes dirigiste, c’est un coût supplémentaire qui se reporte sur le consommateur. Par contre, rendre l’électricité chère pour le chauffage des piscines privées, je suis pour !
[Et une énergie chère va inciter les gens à isoler leur logement (ou à ne plus louer des logements mal isolé).]
Les locataires n’ont souvent pas le choix, et ce sont les propriétaires qui font l’investissement sans en toucher les bénéficies. C’est l’un des gros problèmes de la rénovation énergétique : celui qui paye n’en profite pas, celui qui en profite ne paye pas. Et toutes les tentatives de trouver un mécanisme pour permettre au propriétaire d’empocher les gains sur les factures de gaz ou d’électricité de son locataire conduisent à des usines à gaz ingérables.
[J’aime bien votre comparaison avec les déchets qu’on enterre dans d ancienne mine de sel. On a exactement le problème en Alsace ou des déchets chimiques ont été enterre dans les années 70. Maintenant on se rend compte que ça risque de polluer la nappe phréatique mais c’est trop cher de les sortir]
Votre explication est tendancieuse : vous donnez pour acquis qu’il existe un risque réel de pollution, alors que les experts concluent au contraire. Que des associations fassent de l’agitation sur le thème « on va polluer la nappe phréatique si on n’enlève pas les déchets » n’en fait pas une vérité. Notez d’ailleurs que Stocamine (puisque c’est de ça qu’on parle, non ?) était cité comme un projet phare par l’ensemble des collectivités locales, et que c’est à la suite d’un incendie que tout à coup tout le monde a découvert le problème. Il y a partout en France des sites de stockage de cette nature et tout le monde s’en fout.
[Apres le nucléaire pose 2 problèmes spécifique: la durée de vie (je suis pas chimiste mais la plupart des produits se décomposent avant des centaines de milliers d’années) et le fait qu’on en peut pas facilement détecter un produit contaminé (pas d’odeur, de couleur ….)]
Franchement, et sans vouloir vous offenser, je suis triste de voir une personne intelligente comme vous colporter ce genre d’idées fausses. Prenons d’abord la question de la durée de vie : non, beaucoup de produits toxiques ne « se décompose pas avant des centaines de milliers d’années ». Le mercure, le cadmium, l’arsenic, le béryllium sont des éléments stables. Autrement dit, leur durée de vie est illimitée. Les déchets mercureux ou arsénieux sont donc toxiques ad aeternam. Quant aux composés, certains sont aussi très stables, et lorsqu’ils se décomposent ils génèrent des produits encore plus toxiques, comme c’est le cas des cyanures.
Prenons maintenant la question de la détection. Vous semblez penser que les substances chimiques toxiques sont plus faciles à détecter que les substances radioactives. Or, c’est exactement l’inverse : la radioactivité est facile à détecter au moyen d’appareils qui coûtent quelques dizaines d’euros et qui sont faciles d’utilisation. Alors que le mercure ou l’arsenic sont inodores, incolores, et ne peuvent être détectés que par analyse chimique – et encore, il faut avoir une idée au départ de ce qu’on cherche. Les consommateurs ont été soumis pendant des années à des phénols ou des phtalates, produits cancérigènes, sans même s’en apercevoir…
Non, le nucléaire ne pose qu’un « problème spécifique » : c’est la fantasmagorie qui l’entoure. Et qui fait que le renversement d’une bouteille d’eau oxygénée – fait qui serait banal dans n’importe quelle autre installation industrielle – devient une information à portée nationale avec déclarations des ONG et réponses ministérielles. Et c’est en vertu de cette fantasmagorie qu’on prend des mesures exceptionnelles – fort coûteuses et souvent inutiles – pour assurer la sûreté alors qu’à côté, dans des installations non-nucléaires, on laisse faire des choses infiniment plus dangereuses. Tout le monde sait où est Tchernobyl, personne ne saurait mettre Bhopal sur une carte.
Allons allons vous vous emportez !
L’industrie chimique et l’industrie nucléaire (et toutes les autres) font pareil, des pollutions quasi infinies dans le temps. Et nos dirigeants font toujours pareil, ils ignorent les alertes (cas des écoles et logements construits sur des friches ou mieux des décharges – ce qui est peu differentiables en matière de nuisances – ).
Ce qui compte pour réagir est la capacité de nuire de l’alerteur versus le dirigeant – et strictement rien d’autre. Le dirigeant lui toujours faire ainsi.
Le pb n’est pas la pollution mais QUI est impacté. Le misereux crèvera sans rien dire et c’est parfait, d’autant que les morts ne se plaignent jamais.
*** Le nucléaire se mesure facilement ***
Sauf les purs alpha qui dévastent le vivant. Comme, au hasard, le Pu239 produit en masse dans nos chers réacteurs.
Et le béta ? Comme le tritium qui en devenant He, transforme la molécule hôte en …
… autre-chose. Et cela n’a aucune importance, naturellement.
Une protéine qui se transforme en une autre ne pose AUCUN pb, c’est bien connu. Les études n’existent pas .. car la recherche est payée par les industries…. logique rentière parfaite.
D’autant que la production de tritium est si faible .. en France.
Donc le pb n’existe pas.
CQFD.
@ jean
[Allons allons vous vous emportez ! L’industrie chimique et l’industrie nucléaire (et toutes les autres) font pareil, des pollutions quasi infinies dans le temps.]
Pourquoi vous limitez-vous aux « industries » ? Vous aussi, par votre activité individuelle, générez des « pollutions quasi infinies dans le temps ». Il faut arrêter de chercher des coupables : le deuxième principe de la thermodynamique est sans pitié, et il nous dit qu’il est impossible de laisser le monde comme nous l’avons trouvé. TOUTE activité humaine génère des changements IRREVERSIBLES.
[Et nos dirigeants font toujours pareil, ils ignorent les alertes (cas des écoles et logements construits sur des friches ou mieux des décharges – ce qui est peu différentiables en matière de nuisances – ).]
Dites-vous bien que ces méchants « dirigeants » ne sont là que parce que nous les y avons mis. S’il se trouvait une majorité de Français prête à sacrifier son niveau de vie pour réduire le volume des déchets, alors nos « dirigeants » prendraient ce chemin. Il faut arrêter de faire des « dirigeants » la source de tous nos maux.
[Le pb n’est pas la pollution mais QUI est impacté. Le miséreux crèvera sans rien dire et c’est parfait, d’autant que les morts ne se plaignent jamais.]
Je ne vois pas très bien en quoi le nucléaire impacterait plus gravement les riches que les déchets chimiques… et pourtant, le bloc dominant fait tout un foin sur le nucléaire, et rien sur la chimie. Votre explication me paraît donc peu opérationnelle.
[« Le nucléaire se mesure facilement » Sauf les purs alphas qui dévastent le vivant. Comme, au hasard, le Pu239 produit en masse dans nos chers réacteurs.]
Même les « purs alpha » sont détectables. D’une part, parce que si les particules alpha sont facilement arrêtées, leur arrêt produit du « rayonnement de freinage ». Et d’autre part, parce que même les « purs alpha » produisent, lors de leur désintégration, des produits de fission que, eux, sont émetteurs gamma et donc facilement détectables.
[Et le béta ? Comme le tritium qui en devenant He, transforme la molécule hôte en …
… autre-chose. Et cela n’a aucune importance, naturellement.]
Aucune. Les quantités de tritium produites restent très faibles, et la période biologique du tritium est courte (de l’ordre du mois). Je n’ai connaissance d’aucun accident avec des conséquences sur la santé humaine liés au tritium.
[Une protéine qui se transforme en une autre ne pose AUCUN pb, c’est bien connu.]
En tout cas, c’est la conclusion des chercheurs. Et ce n’est pas illogique : notre corps s’est adapté depuis des millions d’années pour fonctionner dans un environnement radioactif. La radioactivité naturelle, issue de l’activité solaire – car le soleil est, n’en déplaise aux écologistes, un réacteur nucléaire – et des substances radioactives contenues dans la croûte terrestre. Substances que nous incorporons d’ailleurs dans notre organisme. La source la plus importante d’irradiation de votre corps est interne : c’est le Potassium 40 que vous incorporez dans votre corps squelette. Et lui aussi « se transforme en quelque chose d’autre »…
[Les études n’existent pas .. car la recherche est payée par les industries…. logique rentière parfaite.]
Ah…que ferions-nous sans le Grand Komplot…
Les études existent et en grand nombre. Les Canadiens, dont les réacteurs CANDU produisent des quantités plus importantes de tritium que nos réacteurs à eau légère ont beaucoup travaillé là-dessus. En France, la Direction des sciences du vivant aussi.
[Donc le pb n’existe pas.]
Non, il n’existe pas. Et je trouve toujours fascinant que dans un monde où il y a tant de problèmes gravissimes à résoudre, on s’en invente des nouveaux qui n’existent pas…
Merci, mille fois merci :
c’est bien la première fois que je comprends quelque chose à cette économie de l’énergie. Je suis une tanche en matière économique et du coup j’ai failli me trouver intelligent : j’ai tout compris, enfin je crois.
Totalement hors-sujet , mais puisque vous semblez doué pour la vulgarisation intelligente en matière économique j’ose poser une question qui me taraude depuis longtemps.
On nous parle constamment de dettes publiques et privées qui atteignent des montants inimaginables (l’unité semble être les milliers de milliards d’euros ou de dollars). Une idée du maelstrom sans fond :
https://www.compteur.net/liste-compteurs/dettes-des-pays.q
Or pour moi, oui je suis nul et naïf, qui dit débiteur dit créancier. Cette dette monstrueuse doit donc correspondre à une créance tout aussi himalayesque. Mais ça on ne nous en parle jamais.
J’imagine mais sûrement à tort que, si des américains souscrivent à des emprunts d’état français tandis que des français achètent des bons américains, tout ceci devrait s’équilibrer.
Et si vous vous sentez de faire un jour, un sujet la-dessus, je me sentirais de nouveau intelligent… Merci d’avance
@ Patrick
[Or pour moi, oui je suis nul et naïf, qui dit débiteur dit créancier. Cette dette monstrueuse doit donc correspondre à une créance tout aussi himalayesque. Mais ça on ne nous en parle jamais. J’imagine mais sûrement à tort que, si des américains souscrivent à des emprunts d’état français tandis que des français achètent des bons américains, tout ceci devrait s’équilibrer.]
Et cela s’équilibre. Mais vous noterez que le débiteur et le créancier ne sont pas les mêmes. Si l’Etat français avait des titres du trésor américain, et que l’Etat américain à son tour avait des titres du trésor français, on pourrait se les échanger et tout le monde serait quitte. Mais ce n’est pas la situation : l’Etat américain doit de l’argent à des citoyens français, de l’autre l’Etat français doit de l’argent aux citoyens américains. Si les deux états décident de ne pas payer, ce sont leurs citoyens qui perdent leurs économies !
Bien sûr, s’il y a des dettes « himalayesques », c’est qu’il y a en contrepartie des créances qui le sont tout autant. Et lorsqu’on parle d’un côté « d’annuler la dette », cela implique réciproquement d’annuler les créances… et c’est là que le bât blesse. Parce que ces créances sont de natures très différentes. Il y a bien sûr celles détenues par des riches banquiers à cigare et haut de forme, que tout le monde – sauf les banquiers en question – aimerait bien annuler. Mais il y a aussi celles détenues par des simples gens comme vous et moi. Votre livret d’épargne ? C’est une créance que vous pouvez exiger à tout moment. Vos droits à retraite ? C’est une créance qui deviendra exigible le jour de vos 62 ans…
*** C’est une créance qui deviendra exigible le jour de vos 62 ans… ***
Sauf en mode répartition ce qui est le cas en France pour bcp.
La “créance” est prise directement sur la production des actifs.
Les 62 ans sont du coté du Spectacle, la réalité pour les précaires en augmentation exponentielle c’est 67 ans (pour éviter certaines décotes ) … pour le moment mais nos chers dirigeants pensent que c’est encore trop tôt.
Entre 50 et 67 ans les employeurs vous recherchent avidement, c’est connu.
C’est donc la misère …
Salauds de pauvres.
@ jean
[« C’est une créance qui deviendra exigible le jour de vos 62 ans… » Sauf en mode répartition ce qui est le cas en France pour bcp. La “créance” est prise directement sur la production des actifs.]
Le mode de financement de la dette n’a aucun rapport avec l’exigence de la créance. Et ce que vous dites est vrai pour toute dette. Le travail étant la seule source de valeur, toute dette est réglée par prélèvement sur un actif.
[Les 62 ans sont du coté du Spectacle, la réalité pour les précaires en augmentation exponentielle c’est 67 ans (pour éviter certaines décotes ) … pour le moment mais nos chers dirigeants pensent que c’est encore trop tôt.]
Encore des « dirigeants » ? Dites donc, vous en faites une fixation sur eux…
[Entre 50 et 67 ans les employeurs vous recherchent avidement, c’est connu. C’est donc la misère …
Salauds de pauvres.]
Je ne comprends très bien le sens de cette conclusion. Quel rapport avec la question de la dette ?
La France a ètè démantelèe bien avant que son énergie le soit.Par exemple sur la ‘débacle’ de 1940,voici quelques élèments d’informations qui donnent la mesure de l’incommensurable détermination des ennemis intérieurs du collectivisme à la française (ah!l’esprit de Coblence,hier comme aujourd’hui pour Edf !) :Donner sa chance à la vérité sur la défaite de 1940 ,adresse aux candidats pour 2022. « Nous ne nous trompons pas parce que la vérité est difficile à voir. Elle est visible au premier coup d’œil. Nous nous trompons parce que le mensonge est plus confortable. »Alexandre Soljenitsyne
L’ouverture des archives militaires avec les décrets de 1997 à 2002 a été progressive jusqu’à celui de 2015 levant les dernières restrictions. Les documents des Archives nationales relatifs à la Seconde Guerre mondiale encore couverts par le secret de la défense nationale ont également fait l’objet d’une vaste opération de déclassification.
Depuis, certains historiens, après avoir croisé ces documents avec les archives allemandes, britanniques et belges, affirment que la théorie officielle d’après-guerre bâtie autour du « Blitzkrieg » (guerre éclair) et de l’effondrement de l’armée française due à l’incompétence de son état-major n’était qu’un savant montage s’appuyant uniquement sur les archives disponibles avant l’an 2000 et les récits mensongers des principaux artisans de la trahison.
La version « Blitzkrieg » de l’histoire a été bien résumée dans « Le mythe de la guerre éclair : la campagne de l’ouest de 1940 » par l’ historien militaire allemand, le colonel Karl Heintz Frieser :
« La victoire allemande serait en réalité due à trois facteurs principaux – Des hasards incompréhensibles.
– Des erreurs incompréhensibles des Alliés.
– Un non moins incompréhensible individualisme de quelques généraux « fonceurs » à la tête des divisions blindées et qui mirent non seulement les Alliés, mais également la direction allemande devant le fait accompli. »
Fin de citation (K.H. Frieser 1940 Défaite française, victoire allemande sous l’œil d’historiens étrangers page 86)
Ce qui revient à dire que rien ne serait logique dans cette affaire et qu’il suffirait, suivant en cela Hitler et ses généraux, de l’expliquer par une suite ininterrompue de « miracles ».
Or, cette théorie réclamant à hauts cris le droit à l’illogisme, ne peut évidemment plus être admise si on tient compte de ses remises en cause dues au travail des historiens à partir des années soixante et du travail le plus récent des chercheurs travaillant sur archives.
Parmi les points révélés contraires au dogme imposé depuis l945, figurent les points suivants à classer en deux catégories :
1° Les nouvelles données reconnues depuis les années 1960 :
1° Au 10 mai, les Alliés disposaient de plus de divisions et de matériels que les Allemands : 135 divisions allemandes, contre 151 divisions alliées.
7 378 canons allemands contre 14 000 pour les alliés.
2 439 chars allemands contre 4 204 chars alliés.
2 589 avions allemands contre 6 398 avions alliés
Il ne s’agit pas ici d’entrer dans les détails. Mais de révéler un fait : Les Alliés avaient plus d’avions que les Allemands
(seulement 580 sur le front nord est).
2° Les matériels alliés, canons, chars et avions français n’étaient pas technologiquement inférieurs aux allemands, mais ne furent pas tous mis à la disposition des combattants sur le front du Nord.
3° Tous les états-majors alliés avaient été avertis depuis 1e début des années 1930 par les généraux démocrates allemands des plans les plus secrets d’Hitler pratiquement en temps réel. Tous furent informés de tous les détails du « plan Manstein » dès février 1940, et du jour de l’attaque dès le 30 avril.
4° Au moment de lancer son attaque « à l’Ouest », Hitler ne disposait que de très peu de stocks de munitions et de 110 000 tonnes d’essence. Ce qui ne lui permettait qu’un mois de combat intensifs.
Il lui fallait donc vaincre en ce délai ou trouver sur son chemin des stocks d’essence et de vivres abandonnés par les Français. Ce qui fut systématiquement le cas, alors que les troupes françaises manquèrent de tout.
2° Les nouvelles données non reconnues par les théoriciens du Blitzkrieg depuis l’ouverture des nouvelles archives en l’an 2000 :
Contrairement à la légende imposée du Blitzkrieg : Le général Gamelin, commandant en chef des armées alliées n’avait rien d’un « aboulique », mais au contraire avait successivement conçu et mis en œuvre plusieurs plans excellents au cour de la bataille.
Ces plans, conçus à partir des renseignements obtenus des généraux démocrates allemands, furent au nombre de quatre :
– D’abord le plan original « Dyle Breda » qui prévoyait de laisser le groupe d’armées A du général von Kleist s’empêtrer dans un immense embouteillage au cœur des Ardennes avant de le bloquer sur la Meuse. Ce qui aurait ensuite permis aux Alliés de fermer la nasse au Nord en contre-attaquant à la fois par la trouée de Gembloux et par la Lorraine. Plan saboté lorsque le général Huntziger, commandant la IIe armée française, ouvrit le fond de la Nasse sur la Meuse de Sedan, tandis que le général Martin commandant le 11e corps
d’armée l’ouvrait sur la Meuse de Givet.
– Le plan que nous appellerons N°2, par lequel Gamelin avait prévu de « pincer » les colonnes de von Kleist à leur sortie des Ardennes françaises.
Plan saboté dans la nuit du 14 au 15 mai par l’ordre de retrait général de toutes les troupes alliées de la très forte ligne Dyle en Belgique. Ce qui immobilisa pour longtemps en Belgique les plus belles divisions alliées qui auraient dû attaquer von Kleist par le Nord.
– Le plan N°3, mis en œuvre dès le 15 mai, par lequel le généralissime tenta de constituer une nouvelle ligne de front puissante courant du Nord au Sud, face à l’Est, entre Valenciennes et Amiens.
Plan saboté par certains généraux sur le terrain, tels Duchemin et Beauchesne, qui s’écartèrent devant les colonnes allemandes. Ceci sur ordre du général Georges, commandant en chef sur le front du Nord-est..
Le Plan N°4 qui prévoyait de refermer la ligne de front après le passage des 10 divisions du général von Kleist afin de les couper de leurs arrières et de leurs approvisionnement. Plan saboté le 19 mai par le général Georges et les autres généraux cagoulards qui refusèrent d’exécuter les ordres.
Puis le 19 mai à minuit, le général Gamelin et les différents généraux républicains ayant été limogés, le général antirépublicain Weygand prenait le commandement suprême des armées alliées
Suite à quoi, en retardant pendant trois jours la contre-attaque, il allait permettre à von Kleist de terminer son « incompréhensible Blitzkrieg », tandis que son complice le maréchal Pétain s’emparait peu à peu de toutes les rênes du pouvoir.
Au cours de cette période, les trahisons sur le terrain furent menées par les généraux frondeurs et les hommes des « sections spéciales » cagoulardes.
L’une de leurs actions les plus marquantes eut lieu sur la Meuse de Sedan dès le 13 mai lorsque les fantassins de ces « sections spéciales » attaquèrent dès 4 heures du matin les positions de résistances de la presqu’île d’Iges, (Iges, Glaire-Villette, Tour de Glaire, Torcy ) 1ère ligne de défense sur la rive gauche de la Meuse devant Sedan. Les combats durèrent jusqu’à 13 heures.
Puis ils s’en prirent aux dizaines de blockhaus d’artillerie de la ligne de défense principale située sur les hauteurs entre Wadelincourt et Bellevue.
Soutenus par une dizaine de chars, ils attaquèrent de revers ces fortifications et les détruisirent.
Ce n’est donc qu’à 15 heures, une fois toutes ces défenses anéanties, que le premier Allemand put mettre le pied sur la rive française. Puis cinquante d’entre eux partirent « à l’assaut » des dernières poches de résistance ne trouvant généralement devant eux que cadavres et fortifications détruites.
Dans le même temps, le général Cagoulard Huntziger, futur ministre de la guerre du régime
de Vichy, ordonnait le repli des trois divisions et des tous les renforts qui accouraient, puis faisait annuler le 14 mai le bombardement du pont de bateaux à Gaulier près de Sedan sur lequel sont passés les 1000 panzers de Guderian en prétextant une contre-offensive terrestre jamais organisée.
Prix à payer pour ce franchissement « miraculeux » :
Côté allemand : 106 tués, dont 7 pour causes de noyades et méprises diverses ! Côté cagoulards : plus de 500 victimes enterrées anonymement dans le cimetière de Floing.
Soit un des innombrables « miracles incompréhensibles » qui permirent à la 1ère Panzer division du général Guderian, sans cesse à la pointe des combats depuis le 10 mai, de ne compter en arrivant à Dunkerque le 27 que 267 tués. Soit 2,2% de ses effectifs.
Si l’on ajoute à ces nouvelles données la disparition « incompréhensible » de tonnes d’archives ainsi que celle du « Journal de marche du cabinet Gamelin », en réalité volé à son domicile le jour de sa mort, le 18 avril 1958, par un envoyé du ministère de la Défense de l’époque, il nous semble que même si la plupart des historiens et hommes politiques persistent à refuser d’envisager la possibilité qu’il y ait eu trahison, il y a là suffisamment de preuves et d’interrogations pour que tout ceci soit porté devant les plus hautes instances de la République.
En conclusion
Les combattants français de la bataille de France ont été les premiers résistants à l’invasion nazie et n’ont pas été honorés par l’État français. Le devoir de mémoire veut qu’un hommage national leur soit rendu.
Dans le même esprit, pour le cas où la « thèse de la trahison » prévaudrait sur celle du « Blitzkrieg incompréhensible », il sera temps de rendre les honneurs de la Nation au général Gamelin qui, pour servir la France, accepta d’endosser faussement et en parfaite connaissance de cause les responsabilités de cette « étrange défaite » devant l’Histoire.
Une réhabilitation générale des combattants républicains exigeant de faire une large place aux travaux des enquêteurs citoyens ayant exhumé ces vérités historiques des archives, et de relancer les recherches des historiens pour que la mémoire de ces événements dramatiques ne soit pas oblitérée.
Le complot contre la République, la trahison de 1940 et l’instauration du régime de Vichy totalitaire, liberticide, raciste et responsable de crimes contre l’humanité doivent être révélés au plus large public afin d’éviter que des falsificateurs de l’histoire fassent croire qu’une idéologie héritée de Vichy ne provoquerait pas de nouveaux drames pour la République française.
@ Luc
[Depuis, certains historiens, après avoir croisé ces documents avec les archives allemandes, britanniques et belges, affirment que la théorie officielle d’après-guerre bâtie autour du « Blitzkrieg » (guerre éclair) et de l’effondrement de l’armée française due à l’incompétence de son état-major n’était qu’un savant montage s’appuyant uniquement sur les archives disponibles avant l’an 2000 et les récits mensongers des principaux artisans de la trahison.
La version « Blitzkrieg » de l’histoire a été bien résumée dans « Le mythe de la guerre éclair : la campagne de l’ouest de 1940 » par l’historien militaire allemand, le colonel Karl Heintz Frieser :
« La victoire allemande serait en réalité due à trois facteurs principaux – Des hasards incompréhensibles.]
Vous avez très mal choisi votre exemple. Frieser fait partie de ces historiens à qui vous reprochez de s’être « appuyés uniquement sur les archives disponibles avant l’an 2000 », puisque l’ouvrage que vous citez, « Le mythe de la guerre éclair », a été publié en 1995.
Par ailleurs, Frieser ne justifie en rien votre théorie liant la défaite de 1940 à « l’incommensurable détermination des ennemis intérieurs du collectivisme à la française ». L’apport de Frieser est de montrer que loin d’être une stratégie élaborée est assumée par le commandement allemand, il s’agissait surtout de la vision individuelle de quelques généraux, parmi eux Guderian et Von Manstein, vision que le haut commandement allemand et Hitler lui-même ne partageaient pas.
[Or, cette théorie réclamant à hauts cris le droit à l’illogisme, ne peut évidemment plus être admise si on tient compte de ses remises en cause dues au travail des historiens à partir des années soixante et du travail le plus récent des chercheurs travaillant sur archives.]
Je ne vois pas très bien quels sont les chercheurs à qui vous faites allusion. Pourriez-vous indiquer vos sources ?
Parmi les points révélés contraires au dogme imposé depuis l945, figurent les points suivants à classer en deux catégories : (…)]
Les « points » en question, qui concernent la supériorité des armées alliées en hommes et en matériel ne contredit en rien un soi-disant « dogme imposé depuis 1945 ». Sur ces données, tout le monde est à peu près d’accord. Encore faut-il nuancer cette « supériorité » : si las alliés ont moitié moins de canons que les alliés, il s’agit de canons plus modernes alors que les alliés traînent des stocks datant de 1914-18. Mais cela étant dit, tous les auteurs sérieux admettent la supériorité en matériel et en hommes des alliés.
Peut-on pour autant attribuer la défaite à une quelconque « conspiration » ? Non : le même consensus des historiens se retrouve pour attribuer la défaite à la faiblesse dans la doctrine militaire des alliés, qui était purement défensive et qui en était restée à la guerre de positions et à une utilisation des blindés comme simple support de l’infanterie ; à une très mauvaise organisation et coordination des armées, dirigées par des vieillards chargés de gloire mais incapables de penser dans un monde nouveau ; à une désorganisation de l’appareil industriel. Et pour certains, à une faible volonté de se battre dans un pays ou le pacifisme alimenté par les carnages de la première guerre mondiale avait pignon sur rue.
[Contrairement à la légende imposée du Blitzkrieg : Le général Gamelin, commandant en chef des armées alliées n’avait rien d’un « aboulique », mais au contraire avait successivement conçu et mis en œuvre plusieurs plans excellents au cour de la bataille.]
Dans la mesure ou vous expliquez qu’aucun de ces plans n’a été vraiment mis en œuvre, ces plans ne sont « excellents » que sur le papier. J’aimerais bien savoir d’où vous tirez que ces plans étaient « excellents ». J’ajoute que ce qui est reproché à Gamelin n’est pas tant d’avoir été « aboulique », mais de ne pas avoir su commander et se faire obéir par ses subordonnés.
[Ces plans, conçus à partir des renseignements obtenus des généraux démocrates allemands, furent au nombre de quatre :]
Là encore, je vous trouve bien vague : de quels « généraux démocrates allemands » s’agit-il exactement ? On a beaucoup de mal à imaginer des « généraux » allemands trahissant leur pays en 1940 pour aider ce que l’establishment militaire allemand voyait comme « l’ennemi héréditaire ».
J’attends toujours que vous m’indiquiez vos sources.
[Les combattants français de la bataille de France ont été les premiers résistants à l’invasion nazie et n’ont pas été honorés par l’État français. Le devoir de mémoire veut qu’un hommage national leur soit rendu.]
D’abord, je ne sais pas de quelle « invasion nazi » vous parlez. L’invasion en 1940 était une invasion ALLEMANDE. La plupart des soldats tout comme leurs généraux n’étaient pas membres du parti nazi, et n’avaient pas voté pour les nazis. Ensuite, je ne vois pas ce qui vous permet de dire qu’ils ne font pas l’objet d’un hommage national. Les noms des morts de la campagne de 1940 sont gravés dans les monuments aux morts aux côtés de ceux de 1914-18.
[Dans le même esprit, pour le cas où la « thèse de la trahison » prévaudrait sur celle du « Blitzkrieg incompréhensible », il sera temps de rendre les honneurs de la Nation au général Gamelin qui, pour servir la France, accepta d’endosser faussement et en parfaite connaissance de cause les responsabilités de cette « étrange défaite » devant l’Histoire.]
Certainement pas. Gamelin n’a rien « accepté d’endosser ». Il écrivit au contraire après la guerre des mémoires qui ne sont qu’un long plaidoyer pro domo. On peut s’émouvoir de la tragédie d’un homme qui fut un brillant officier dans sa jeunesse, mais qui ne sut pas ensuite évoluer avec son temps, et se retrouva à faire appliquer ses conceptions surannées à une pais largement démobilisé et pacifiste et à des subordonnés qu’il ne savait pas galvaniser. Tragique, certainement, mais difficilement méritant d’un hommage.
[Une réhabilitation générale des combattants républicains exigeant de faire une large place aux travaux des enquêteurs citoyens ayant exhumé ces vérités historiques des archives, et de relancer les recherches des historiens pour que la mémoire de ces événements dramatiques ne soit pas oblitérée.]
C’est quoi un « enquêteur citoyen » ? Y aurait-il des « enquêteurs non citoyens » ?
Dans les archives, on exhume des DOCUMENTS, mais jamais des « vérités ». La vérité historique se construit par la confrontation des documents et des témoignages et leur analyse critique. Et à ma connaissance, aucun historien n’en tire la conclusion d’un vaste complot destiné à organiser la défaite. Même Annie Lacroix-Riz, qui verse quelquefois dans une forme de complotisme à ce sujet, se garde bien d’aller aussi loin.
Ce n’est pas pour le plaisir de jouer au « vrai Écossais », mais vos « libéraux » cultivent une frénésie interventionniste, planiste et bureaucratique guère compatible avec les idéaux de Bastiat, Hayek ou Mises… Je doute que Contrepoints, journal (vraiment) libéral s’il en est, fasse régulièrement l’éloge de l’usine à gaz (😁) de l’ARENH.
Par ailleurs, êtes-vous sûr qu’un membre du gouvernement a proclamé ce dernier « libéral et européen » ? Cela ne serait pas surprenant pour le second terme, mais le premier étant, dans le domaine économique, l’équivalent rhétorique de « facho » dans le domaine social, cela m’étonne.
@ Jean-Gilles Mongendre
[Ce n’est pas pour le plaisir de jouer au « vrai Écossais », mais vos « libéraux » cultivent une frénésie interventionniste, planiste et bureaucratique guère compatible avec les idéaux de Bastiat, Hayek ou Mises… Je doute que Contrepoints, journal (vraiment) libéral s’il en est, fasse régulièrement l’éloge de l’usine à gaz (😁) de l’ARENH.]
En tout cas, je dois faire rendre hommage à “Contrepoints” de m’avoir fait connaître “la seule offre d’électricité garantie 100% nucléaire”. Je ne sais s’il s’agit d’un canular ou si c’est une vraie entreprise, mais le site vaut la visite: https://www.isotope.energy/
Je dois dire d’ailleurs que je trouve le libéralisme de “Contrepoints” est un “libéralisme intelligent” (si, si, ça existe) qui n’a rien de dogmatique. Dans le domaine de l’électricité en particulier, ils reconnaissent qu’une régulation par le marché est à peu près illusoire, et que la libéralisation à la sauce communautaire n’a d’autre effet que de désorganiser le système et de créer des “rentes” absurdes (voir par exemple https://www.contrepoints.org/2021/02/08/390488-electricite-des-travaux-dhercule-surrealistes).
[Par ailleurs, êtes-vous sûr qu’un membre du gouvernement a proclamé ce dernier « libéral et européen » ? Cela ne serait pas surprenant pour le second terme, mais le premier étant, dans le domaine économique, l’équivalent rhétorique de « facho » dans le domaine social, cela m’étonne.]
Non seulement “un membre du gouvernement”, mais le plus haut d’entre tous: un certain Emmanuel Macron. En honneur de la vérité, il ne s’est pas proclamé “libéral et européen” en même temps. Il s’est proclamé “européen” dans des nombreux meetings, et “libéral” lors d’entretiens avec des journalistes de la presse économique. Mais comme il s’agit de la même personne et qu’on peut supposer qu’il n’a pas changé d’avis profondément entre le meeting et l’entretien, on peut raisonnablement dire qu’il s’est proclamé “libéral et européen”.
Se dire “libéral” revient-il à se proclamer “facho” ? Dans certains milieux, peut-être. Mais n’oubliez pas qu’un célèbre soixante-huitard et écologiste s’est lui-même proclamé “libéral-libertaire”…
@Descartes
Vu que Myrto Tripathi fait partie des fondateurs (info confirmée sur son profil LinkedIn), cela semble être une entreprise tout à fait sérieuse, dans le sens où ce n’est pas un canular.
Je suis par contre intrigué par les affirmations de cet article :
https://www.isotope.energy/blog/quest-ce-quune-garantie-offre-100-nucleaire/
Peut-on vraiment dire qu’en achetant des garanties d’origine, « vous soutenez financièrement la filière nucléaire et envoyez un signal au marché sur le fait que vous souhaitez voir plus d’investissements dans le nucléaire » ? Déjà, ce n’est pas vraiment le marché qui finance le nucléaire (en tout cas, pas celui de l’électricité : à la rigueur le marché obligataire ?)… ensuite, je ne comprend pas ce qui permet de garantir que le prix payé à Isotope ira financer les installations nucléaires d’EDF, plutôt que d’autres installations non-nucléaires appartenant aussi à EDF.
@ Ian Brossage
[Peut-on vraiment dire qu’en achetant des garanties d’origine, « vous soutenez financièrement la filière nucléaire et envoyez un signal au marché sur le fait que vous souhaitez voir plus d’investissements dans le nucléaire » ?]
C’est ce genre de commentaire qui me fait penser qu’il s’agit d’un canular. A ma connaissance, il n’y a pas de « garantie d’origine » pour l’électricité nucléaire à ma connaissance. Le système des certificats de garantie d’origine n’existe que pour les énergies dites « renouvelables » dans la taxonomie européenne.
Cela étant dit, pour répondre à votre question, oui, le système des « certificats d’origine » soutient financièrement les filières qui en bénéficient. Mais cela ne marche que s’il y a des gens qui sont prêts à payer un surcoût par rapport au prix du marché pour avoir de l’électricité produite par la filière X plutôt qu’une autre (ou, pour être plus rigoureux, pour s’assurer que la filière X injecte sur le réseau la même quantité d’énergie qu’il consomme, parce qu’il est impossible de séparer les petits électrons produits par la filière X des autres, et donc de s’assurer que les électrons qui arrivent chez vous viennent de telle ou telle filière). Mais si vous avez des gens qui sont prêts à payer, encore faut-il trouver un mécanisme pour transférer ce surcoût du producteur au consommateur. Cela se fait par le biais des certificats. Ils permettent au consommateur de s’assurer que l’énergie provenant de la filière X est bien injectée à proportion de votre consommation. En échange de cette assurance, vous devez acheter le certificat, qui se cotise sur un marché. Plus la production de la filière X est rare et plus les clients solvables sont nombreux à les vouloir, plus le prix – et donc le complément de rémunération du producteur – est important.
Il est clair que si des clients très nombreux se déclaraient prêts à payer plus cher pour avoir de l’électricité nucléaire et rien d’autre, cela manifesterait un soutien pour la filière et, si la demande était forte, pousserait les investisseurs vers le nucléaire puisque la rémunération serait meilleure. Mais dans la mesure où le nucléaire est déjà très largement rentable – et le moyen le moins cher de produire – on ne voit pas très bien le sens de tout ça. Les « certificats d’origine » avaient été conçus comme un mécanisme pour exploiter la motivation militante des écolo-bobos pour permettre le développement d’une filière qui n’avait clairement pas sa place dans une logique de marché.
[Déjà, ce n’est pas vraiment le marché qui finance le nucléaire (en tout cas, pas celui de l’électricité : à la rigueur le marché obligataire ?)…]
Non. On emprunte sur le marché des capitaux pour construire, mais c’est bien le marché de l’électricité qui permet de rembourser les emprunts. Si les installations nucléaires, en plus de produire de l’électricité, produisaient des « certificats d’origine » qu’on pourrait vendre sur un marché, cela ferait une rémunération supplémentaire.
[ensuite, je ne comprends pas ce qui permet de garantir que le prix payé à Isotope ira financer les installations nucléaires d’EDF, plutôt que d’autres installations non-nucléaires appartenant aussi à EDF.]
J’ai l’impression que vous ne connaissez pas le fonctionnement du marché des garanties d’origine. Quand je construis une éolienne de 1 MW, l’Etat me délivre un certificat qui garantit que la production de mon éolienne (soit 200 MWh par heure en moyenne) est renouvelable. Ce certificat est négociable sur un marché des certificats. Maintenant, imaginons que vous soyez un client écolo-bobo, et qu’un fournisseur d’électricité vienne chez vous vous proposer une offre 100% renouvelable. Comme vous n’êtes pas idiot, vous exigerez de lui qu’il vous démontre que l’énergie qu’il vous vend vient de sources renouvelables. Pour vous le démontrer, votre fournisseur devra vous présenter ces « garanties d’origine », qu’il ira acheter sur le marché. Autrement dit, vous paierez à votre fournisseur un supplément de prix pour votre offre « 100% renouvelable », et ce supplément ira au propriétaire de l’éolienne qui génère le certificat.
Après, le propriétaire de l’éolienne peut utiliser cet argent pour financer une autre éolienne, ou au contraire à construire une centrale à charbon. Mais dans la mesure où investir cet argent dans une éolienne produira un autre certificat en sus de l’électricité, le système incite à ce type d’investissement.
Ils permettent au consommateur de s’assurer que l’énergie provenant de la filière X est bien injectée à proportion de votre consommation.
Et on ferait comment si, par extraordinaire, TOUS les consommateurs, mus par une saine prise de conscience écologiste et une passion dévorante pour Mme Rousseau et ses sorcières, exigeaient une électricité garantie d’origine photovoltaïque ?
@ Gugus69
[Et on ferait comment si, par extraordinaire, TOUS les consommateurs, mus par une saine prise de conscience écologiste et une passion dévorante pour Mme Rousseau et ses sorcières, exigeaient une électricité garantie d’origine photovoltaïque ?]
Et bien, on ferait la même chose que si TOUS les consommateurs, pris d’une subite richesse, allaient acheter des foulards Hermes et des sacs Vuitton: on vendrait au plus offrant jusqu’à épuisement des stocks. Et il n’y aurait certainement pas pour tout le monde. L’électricité renouvelable est un produit de luxe…
Je n’arrive pas à comprendre comment on peut accuser les écologistes de qqchose.Il n’y a pas d’écologiste aux affaires, pardon au gouvernement.Qqs opportunistes fantoches parfois, doublés de pro UE mystiques.*** Et si les écologistes étaient moins bornés, on pourrait aussi utiliser le nucléaire pour produire de l’eau chaude pour le chauffage urbain. ***C’est EdF qui refuse. Car c’est une grosse contrainte de plus : échangeur et régulation.Merci pour ce document didactique.Il montre une fois de plus la félonie du capitalisme qui veut faire profit de tout sur le dos de la société.Il montre combien tous les gouvernements sont incapables de résister au pouvoir capitaliste.Et que faire une politique sociale raisonnable est manifestement impossible.Mettre la société dans l’impasse est un crime. Aucune solution monétaire, énergétique, écologique ..malgré des alertes répétées depuis des décennies.La situation insoluble sans de gros degats.
@ jean
[Je n’arrive pas à comprendre comment on peut accuser les écologistes de qqchose.Il n’y a pas d’écologiste aux affaires, pardon au gouvernement.]
Ah bon ? Nicolas Hulot, François de Rugy, Barbara Pompili ne seraient donc pas « des écologistes » ? Depuis 2017, le ministère de la transition écologique (un super-ministère qui, rappelons-le, s’occupe de tout ce qui concerne l’énergie, l’eau, les transports, l’environnement, etc.) a été TOUJOURS occupé par une personnalité ayant longuement milité dans les organisations écologistes. Mais peut-être qu’ils cessent d’être écologistes du jour où ils entrent au gouvernement ?
[Qqs opportunistes fantoches parfois, doublés de pro UE mystiques.*** Et si les écologistes étaient moins bornés, on pourrait aussi utiliser le nucléaire pour produire de l’eau chaude pour le chauffage urbain. ***C’est EdF qui refuse. Car c’est une grosse contrainte de plus : échangeur et régulation.]
Pas du tout. Certaines centrales fournissent déjà de la chaleur. C’est le cas de la centrale de Gravelines, dont l’eau chaude est utilisée pour l’aquaculture. Et je ne vois pas où est la « grosse contrainte ». Il s’agit d’utiliser la chaleur que le réacteur rejette naturellement, et non de faire fonctionner le réacteur en fonction de cette application. Dès lors, la question est simple : quand le réacteur fonctionne, la chaleur est disponible. Et quand le réacteur ne fonctionne pas, une chaudière normale prend le relais.
Mais on pourrait aussi utiliser la chaleur résiduelle des assemblages combustibles usés (c’est-à-dire, sans réaction en chaine). Vous avez certainement entendu parler des grandes piscines ou le combustible retiré des réacteurs est laissé pour « refroidir » plusieurs années. On pourrait parfaitement récupérer cette chaleur pour faire du chauffage…
(hors sujet, je ne sais sur quel billet je dois mettre cette question)
une question sur la responsabilité collective
dans mon jeune temps, à gauche, on considérait qu’il n’y avait pas de responsabilité collective, mais une responsabilité individuelle. Ainsi vous n’étiez pas responsable des crimes éventuels de vos parents, de votre famille.
Mais aujourd’hui à gauche on dit que vous devez “réparer” les effets de ces mauvais agissements. Les “blancs” doivent réparer les effets négatifs de l’esclavage qu’ils ont pratiqué vis-à-vis des populations concernées et de leurs descendants et des biens qu’ils ont mal acquis de la sorte.
Cela se complique bien sûr avec les effets croisés (vos ancêtres ont été prédateurs et victimes au cours des siècles)
Mais il reste qu’il me paraît difficile d’éviter la responsabilité individuelle et collective historique. D’ailleurs, c’est une pratique déjà bien établie depuis 1945 (ex: indemnité de l’Allemagne à Israël, en Namibie, restitution des œuvres d’art, Mme Taubira demandant aux familles nantaises bien établies de contribuer * …)
Votre avis ? Un document de référence ?
* cela pose d’ailleurs le problème des descendants appauvris de ces familles : doivent-ils aussi contribuer ?
@ marc.malesherbes
[Une question sur la responsabilité collective. Dans mon jeune temps, à gauche, on considérait qu’il n’y avait pas de responsabilité collective, mais une responsabilité individuelle. Ainsi vous n’étiez pas responsable des crimes éventuels de vos parents, de votre famille.]
Ca se discute. Le gauchisme soixante-huitard avait largement restauré une vision de responsabilité collective. Souvenez-vous de l’affaire de Bruay-en-Artois. Pierre Leroy, le notaire accusé du meurtre, est déclaré par la Gauche Prolétarienne « coupable car bourgeois », c’est-à-dire, du seul fait de son appartenance à un groupe. Si ce n’est là une forme de responsabilité collective…
[Mais il reste qu’il me paraît difficile d’éviter la responsabilité individuelle et collective historique.]
L’idée d’une « responsabilité historique » collective me semble aussi absurde que le dogme de la trinité. On ne peut y croire que si on a la foi.
[D’ailleurs, c’est une pratique déjà bien établie depuis 1945 (ex: indemnité de l’Allemagne à Israël, en Namibie, restitution des œuvres d’art, Mme Taubira demandant aux familles nantaises bien établies de contribuer * …) Votre avis ? Un document de référence ?]
Mon avis n’a pas varié. Cette logique de la repentance et de la réparation tient au développement du capitalisme. Pour instaurer la libre concurrence de tous contre tous, il faut une société d’individus identiques. Et cela suppose d’effacer les liens qui nous constituent comme êtres singuliers, et tout d’abord ceux qui sont posés par l’histoire dont nous sommes issus. Se frapper la poitrine, payer des « réparations » c’est une façon commode de d’effacer son histoire en la reniant. Dénoncer les crimes de nos ancêtres, c’est une façon de dire que nous ne sommes pas leurs continuateurs… Et ce développement est intelligemment exploité par des gens comme Taubira.
@Descartes,
Pourtant, je vois une légère contradiction avec le fait de délier les individus: cette dette que revendique le discours victime est IRRECOUVRABLE, et donc elle créera forcément un lien de subordination INEXTINGUIBLE entre les “victimes” et les “bourreaux” symboliques.
Si les “belles âmes” que sont les bobos espèrent ainsi se libérer de leur mauvaise conscience, ce sont vraiment des méthodes de Gribouille…
@ CVT
[Pourtant, je vois une légère contradiction avec le fait de délier les individus: cette dette que revendique le discours victime est IRRECOUVRABLE, et donc elle créera forcément un lien de subordination INEXTINGUIBLE entre les “victimes” et les “bourreaux” symboliques.]
Justement, toutes ces contorsions – versement de compensations, déboulonnage des statues, retour d’objets culturels – servent à éteindre la dette en question. Une fois qu’on reconnaît une “dette”, c’est la seule façon de faire pour éviter ce “lien de subordination inextinguible”. La question intéressante est pourquoi notre civilisation reconnaît une telle “dette” – ce que, accessoirement, aucune autre civilisation ne fait: que je sache, les pays arabes ne reconnaissent aucune “dette” vis à vis de la colonisation arabe de l’Afrique du nord ou de l’Espagne, pas plus que pour l’islamisation à la pointe de l’épée de ces territoires.
Si les “belles âmes” que sont les bobos espèrent ainsi se libérer de leur mauvaise conscience, ce sont vraiment des méthodes de Gribouille…
Bonsoir Descartes,
Une question très courte pour un sujet très riche : que pensez-vous du rapport que vient de publier RTE sur l’avenir de la production électrique en France ?
@ Ian Brossage
[Une question très courte pour un sujet très riche : que pensez-vous du rapport que vient de publier RTE sur l’avenir de la production électrique en France ?]
Je viens justement de publier un article pour vous répondre. Les grands esprits se rencontrent…
Question un peu hors sujet:
Il me semblait avoir entendu que les fonds provisionnés par EDF pour le démantèlement des centrales en fin de vies avait été phagocyté pour éponger le déficit des retraites sous l’ère Jospin.
Est-ce une légende urbaine où quelque chose d’avéré ? Impossible de trouver trace de ces allégations après recherche Google.. vois qui êtes « dedans » devez savoir ce qu’il en est. Le cas échéant si vous avez un document sourcé à ce sujet je suis preneur.
Par ailleurs concernant le nucléaire on entends souvent des attaques sur le stock d’uranium disponible dont l’approvisionnement ne couvrirait que 50 ans de consommation à consommation constante. Hors hypothèse sur les centrales de 4e génération, que peut-on dire sur ce sujet ? L’exploration des gisements a t’elle été poussée à son maximum ?
merci pour votre expertise et votre talent de vulgarisation sur ces sujets !
@ P2R
[Il me semblait avoir entendu que les fonds provisionnés par EDF pour le démantèlement des centrales en fin de vies avait été phagocyté pour éponger le déficit des retraites sous l’ère Jospin. Est-ce une légende urbaine où quelque chose d’avéré ?]
Je pense que ce n’est pas une légende urbaine, mais une confusion. Jospin avait créé un fond censé prendre en charge les déficits des retraites, qui a été “cannibalisé” par les gouvernements suivant pour diverses applications. Mais cela n’a aucun rapport avec le démantèlement des installations nucléaires. En fait, les provisions pour démantèlement sont prévues par la loi. EDF et les autres opérateurs nucléaires doivent verser annuellement des fonds, qui sont ensuite investis dans des titres “sûrs” et dont le rendement est par contre relativement faible. Une commission indépendante présidée par un magistrat de la Cour des comptes vérifie annuellement que la loi est respectée. Le fond dépasse maintenant les 14 milliards, et devrait attendre au moins 18 milliards lorsque le parc arrivera en fin de vie.
[Par ailleurs concernant le nucléaire on entends souvent des attaques sur le stock d’uranium disponible dont l’approvisionnement ne couvrirait que 50 ans de consommation à consommation constante. Hors hypothèse sur les centrales de 4e génération, que peut-on dire sur ce sujet ? L’exploration des gisements a t’elle été poussée à son maximum ?]
Non, justement. On n’a pas poussé l’exploration tout simplement parce que le prix de l’uranium est bas, et qu’à ce prix là il n’est pas justifié non seulement de chercher de nouveaux gisements, mais d’exploiter certains gisements moins riches déjà découverts. C’est la même chose avec le pétrole: si on avait du se contenter du pétrole contenu dans les gisements découverts il y a un siècle, il y a longtemps qu’il n’y en aurait plus!
On considère qu’avec des réacteurs conventionnels, les réserves d’uranium exploitables sont suffisantes pour quelques siècles de fonctionnement. Avec des réacteurs à neutrons rapides, on passe à quelques millénaires. D’ailleurs, quand vous discutez avec l’un de ces écologistes qui vous disent qu’il ne reste de l’uranium que pour quelques décennies, répondez-lui que dans ce cas le combat antinucléaire n’a pas grand sens, puisque la filière s’arrêtera d’elle même faute de combustible. Vous verrez ce qu’il vous répond…
Bonsoir Descartes,
[Ce qui suppose de mettre le paquet sur le nucléaire et les renouvelables dans le cadre d’un monopole de l’électricité]
Vous n’êtes pas le premier pro-nucléaire (à commencer par la SFEN) à estimer qu’une décarbonation de l’énergie doit se faire en développant également les ENRi. Qu’est-ce qui vous amène à cette position, à savoir en quoi ENRi et nucléaire sont « complémentaires », ce qu’elles apportent que le nucléaire ne permet pas ?
À la limite, la seule que je vois, c’est le solaire qui permet de soulager le réseau électrique en période estivale pendant que les tranches sont en maintenance, mais pour le reste, je suis particulièrement perplexe quant au solaire, dont la production est pour le moins aléatoire.
@ François
[Vous n’êtes pas le premier pro-nucléaire (à commencer par la SFEN) à estimer qu’une décarbonation de l’énergie doit se faire en développant également les ENRi. Qu’est-ce qui vous amène à cette position, à savoir en quoi ENRi et nucléaire sont « complémentaires », ce qu’elles apportent que le nucléaire ne permet pas ?]
Le nucléaire est surtout “rentable” quand il fonctionne en base, c’est à dire, en permanence. La raison est simple: dans le coût de l’électricité nucléaire, les frais fixes représentent plus de 80% du total. Un réacteur arrêté, ce sont donc des frais fixes qui continuent à courir sans production pour les payer.
Pour faire face aux variations de consommation et notamment aux “pointes”, la marge de réglage des réacteurs nucléaires – de l’ordre de 30% de la puissance totale – ne suffit pas. Il faut donc prévoir soit des réacteurs supplémentaires qui ne tourneraient que quelques heures par jour, ce qui serait un gâchis d’investissement, soit d’autres moyens. Le moyen préféré est celui de l’hydraulique, qui permet de disposer de puissance rapidement pour suivre les variations du réseau. Mais l’hydraulique présente un inconvénient: on gère un “capital” d’eau qui n’est pas illimité. Les barrages se remplissent à certaines saisons – généralement au printemps – et se vident le reste de l’année en fonction des besoins du réseau. Et c’est là que les ENRi pourraient intervenir. Si à l’heure de pointe le vent souffle à la bonne vitesse, vos éoliennes vous permettront de moins turbiner, et donc de moins consommer votre capital d’eau. Si par malchance à l’heure de pointe le vent ne souffle pas, et bien tant pis, vous consommerez de l’eau normalement. Autrement dit, même si elle est imprévisible, la production des éoliennes augmente la capacité virtuelle de votre système hydraulique à tenir sur le long terme.
Pour le solaire, l’équation est moins intéressante parce qu’en France la plupart du temps les pointes de consommation sont situées pendant les heures d’obscurité…
@Descartes,
[Le nucléaire est surtout “rentable” quand il fonctionne en base, c’est à dire, en permanence. La raison est simple: dans le coût de l’électricité nucléaire, les frais fixes représentent plus de 80% du total.]
Il ne faut pas oublier que l’on fait déjà du suivi de charge avec le nucléaire en France (ce qui explique en partie son facteur de charge moindre par rapport aux autres pays), et l’une des finalités des « petits réacteurs modulaires » est également d’en faire.
[(…) Si par malchance à l’heure de pointe le vent ne souffle pas, et bien tant pis, vous consommerez de l’eau normalement. Autrement dit, même si elle est imprévisible, la production des éoliennes augmente la capacité virtuelle de votre système hydraulique à tenir sur le long terme.]
En somme, ça serait l’hydroélectrique qui serait complémentaire avec l’éolien (production limitée d’un côté et production fatale de l’autre) et ce tandem complémentaire au nucléaire pour qu’il reste en production de base. Seulement, il faudrait qu’à tout moment la production éolien + hydraulique pilotable (n’oublions pas qu’environ la moitié de la production hydraulique est « au fil de l’eau », donc fatale) soit supérieure au besoin de suivi de charge, faute de quoi, soit on insère les barres de contrôle dans les cœurs des réacteurs, soit on met les pâles des aérogénérateurs en drapeau, pour éviter de se retrouver avec une production supérieure à la consommation ce qui dans les deux cas remet en cause la rentabilité de deux moyens de production aux coûts marginaux faibles, mais au coûts fixes importants. Et n’oublions pas que par vents forts, compte tenu de la priorité d’accès au réseau de l’éolien, on a déjà du baisser la puissance des réacteurs nucléaires.
@ François
[ce qui dans les deux cas remet en cause la rentabilité de deux moyens de production aux coûts marginaux faibles, mais au coûts fixes importants]
Il n’y a pas de magie: pour que le système électrique puisse faire face aux pointes, il faut bien qu’il y ait de la surcapacité aux heures creuses. Et qui dit “surcapacité” dit des installations qui ne tourneront qu’une partie de la journée – ou de l’année – et qui par conséquent auront une rentabilité moindre que si elles tournaient en permanence – ou dans le cas des intermittentes, chaque fois que c’est possible. La “priorité d’accès au réseau” des renouvelables n’est qu’une subvention déguisée, dont le coût est payé par les installations qui, si l’on appliquait la règle habituelle de l’ordre de mérite, seraient appelées avant les renouvelables.
Lorsque le parc est géré par un monopole, les priorités sont claires: il faut que le parc soit capable de faire face à tout moment à la demande, et on choisit ensuite les moyens de production à construire en fonction de leurs coût – en tenant compte pour ceux qui sont intermittents du coût du backup. Mais lorsqu’on est dans un système concurrentiel, ou chaque acteur choisit son intérêt, il n’y a aucune garantie que le système aboutisse à un équilibre global optimal.
@Descartes,
Sinon, je me suis coltiné le rapport RTE sur les « Futurs énergétiques 2050 ». La justification pour développer des ENRi serait que nous n’avons pas les capacités industrielles pour développer du nouveau nucléaire. J’entends que nous n’avons plus les moyens pour développer massivement du nucléaire comme dans les années 70 (même si mon optimisme me dit que pour peu que l’on se donne les moyens de ses ambitions, on peut les reconstituer en quelques années), mais dans ce cas on n’a également pas les moyens pour développer massivement des ENRi, surtout si on les associe à des usines à gaz (H2) pour stocker de l’énergie. Or le rapport de RTE ne s’attarde pas trop dessus concernant les ENRi.
J’ajoute par ailleurs que le rapport se base sur une baisse de la puissance installée nucléaire dans tous les scénarios, ce qui implique une fermeture de tranche électronucléaire avant leurs soixante ans. Or les américains sont en train de licencer leurs réacteurs pour 80 ans : https://www.nrc.gov/…/subsequent-license-renewal.html. Tout comme les Russes font des cures de jouvences aux cuves de leurs réacteurs : https://www.world-nuclear-news.org/Articles/Rosatom-launches-annealing-technology-for-VVER-100
Bref, ça pue le sophisme du juste milieu tout cela…
@ François
[Sinon, je me suis coltiné le rapport RTE sur les « Futurs énergétiques 2050 ». La justification pour développer des ENRi serait que nous n’avons pas les capacités industrielles pour développer du nouveau nucléaire.]
De toute façon, le rapport RTE avait été cadré à l’avance. Les hypothèses de départ ont été choisies de manière à aboutir à la conclusion souhaitée, à savoir, que dans tous les cas il faut développer les renouvelables – coup d’œil aux écologistes – mais qu’il serait rationnel de continuer à faire un peu de nucléaire – coup d’œil aux pronucléaires. C’est encore et toujours le « en même temps » macronien qui permet de reporter les décisions ad indefinitum. Et donc de faire des choix par défaut.
[J’entends que nous n’avons plus les moyens pour développer massivement du nucléaire comme dans les années 70 (même si mon optimisme me dit que pour peu que l’on se donne les moyens de ses ambitions, on peut les reconstituer en quelques années),]
Bien entendu. D’abord, parce qu’une partie des délais résulte de contraintes réglementaires qu’on s’est soi-même imposés. Enquêtes publiques et autres « débats citoyens » qui ne servent à rien, par exemple…
[mais dans ce cas on n’a également pas les moyens pour développer massivement des ENRi, surtout si on les associe à des usines à gaz (H2) pour stocker de l’énergie. Or le rapport de RTE ne s’attarde pas trop dessus concernant les ENRi.]
Parce que les ENRi, on les achète à l’étranger. Et les petits chinois peuvent fournir des panneaux solaires à une cadence très rapide…
[J’ajoute par ailleurs que le rapport se base sur une baisse de la puissance installée nucléaire dans tous les scénarios, ce qui implique une fermeture de tranche électronucléaire avant leurs soixante ans. Or les américains sont en train de licencer leurs réacteurs pour 80 ans :]
Comme je vous l’ai dit, les hypothèses ont été ajustées dès le départ pour arriver à ce résultat. Dans ces rapports, la conclusion est généralement contenue dans les hypothèses, en application du fameux principe de la politique: “ne jamais poser une question dont on ne connait pas la réponse”.
@Descartes
[ Marcel Boiteux avait développé ce raisonnement dans les années 1960. C’est en cela que la logique du marché est fondamentalement différente de la logique du monopole. Aussi longtemps qu’EDF a détenu le monopole la doctrine de tarification « au prix coûtant » (calculé sur le coût complet, et non sur le coût marginal) avait assuré des prix bas, puisqu’il y avait péréquation entre les moyens de production les moins chers et les plus chers. Autrement dit, on fixait un « prix moyen » permettant de couvrir les coûts complets du parc de production. ]
Ce qui n’est pas très clair pour moi c’est que Marcel Boiteux est connu notamment pour ses travaux sur l’application des théories marginalistes au secteur de l’électricité.
Notamment cet article :
https://www.larevuedelenergie.com/wp-content/uploads/2020/04/Boiteux-1956-La-vente-au-cout-marginal-revue-energie.pdf
Si je comprends bien le système de tarification d’EDF essayait de mimer le signal-prix d’un marché basé sur le coût marginal ? (notamment les mécanismes heures creuses/heures pleines, Effacement Jour de Pointe,..) Mais du coup peut-on vraiment faire une distinction nette entre la tarification au coût complet, et la tarification au coût marginal ?
@ Timo
[« Marcel Boiteux avait développé ce raisonnement dans les années 1960. C’est en cela que la logique du marché est fondamentalement différente de la logique du monopole. Aussi longtemps qu’EDF a détenu le monopole la doctrine de tarification « au prix coûtant » (calculé sur le coût complet, et non sur le coût marginal) avait assuré des prix bas, puisqu’il y avait péréquation entre les moyens de production les moins chers et les plus chers. Autrement dit, on fixait un « prix moyen » permettant de couvrir les coûts complets du parc de production. » Ce qui n’est pas très clair pour moi c’est que Marcel Boiteux est connu notamment pour ses travaux sur l’application des théories marginalistes au secteur de l’électricité.]
Tout à fait. Le raisonnement « marginaliste » de Boiteux est impeccable en termes économiques. La tarification au coût marginal du dernier moyen de production appelé permet aux différents acteurs de faire des choix économiques rationnels – par exemple, de substituer à l’électricité une autre énergie moins chère, économisant ainsi à la collectivité le besoin de faire tourner une installation plus chère. Mais les objectifs d’EDF n’étaient pas qu’économiques, ils étaient aussi politiques. Les prix bas de l’électricité sont une subvention déguisée à l’industrie…
[Notamment cet article : (…)]
Magnifique article, qui montre les capacités pédagogiques de Boiteux, et surtout son souci de faire rentrer ses raisonnements économiques dans la tête d’ingénieurs qui tendaient à mépriser la discipline. Un non-économiste avec une culture d’ingénieur peut suivre le raisonnement sans difficulté…
[Si je comprends bien le système de tarification d’EDF essayait de mimer le signal-prix d’un marché basé sur le coût marginal ? (notamment les mécanismes heures creuses/heures pleines, Effacement Jour de Pointe,..) Mais du coup peut-on vraiment faire une distinction nette entre la tarification au coût complet, et la tarification au coût marginal ?]
Oui, parce que le signal « mimé » n’était qu’une réduction du « vrai » signal.