J’avoue qu’en ce début janvier, j’ai du mal à m’y mettre. Difficile de commenter l’actualité politique quand tout paraît paralysé. Il faut remonter à la IVème République pour trouver un gouvernement qui se soit trouvé à ce niveau de paralysie au bout d’à peine huit mois au pouvoir. Il est vrai, d’autres gouvernements de la Vème République se sont usés plus ou moins rapidement. Mais ce fut en général la conséquence d’une “bronca” des citoyens, d’une colère qui a pris corps suite à une erreur politique. Mauroy est ainsi tombé sur la question de l’Ecole libre, après une manifestation massive, et Juppé comme conséquence d’une grève qui a paralysé le pays sans pour autant devenir impopulaire. Ici, rien de tel. L’opinion est tranquille: pas de grandes manifestations, pas de grève générale à l’horizon, pas même un bon arrêt de travail dans les transports. Et pourtant, le gouvernement semble affligé de la malédiction de Midas à l’envers: tout ce qu’il touche est tourné en plomb.
L’action du gouvernement est paralysée par deux facteurs de nature très différente. Le premier est la situation économique et les “engagements européens” qui ont été pris comme conséquence. La recherche permanente de dépenses à couper et de programmes à supprimer ne laisse pas beaucoup de moyens et de temps. Mais le deuxième facteur est, lui, interne au gouvernement: c’est sa propre incompétence et impréparation. On peut penser ce qu’on veut des positions politiques des ministres et de leurs cabinets. Mais la multiplication de bourdes techniques montre que ces gens-là ne sont pas à la hauteur de leur tâche. L’erreur sur laquelle la loi Duflot a naufragé est une erreur de procédure tellement évidente qu’on se dit qu’il a fallu au conseiller chargé de cette affaire une bonne dose de foi dans la toute-puissance des ministres – et à sa ministre une bonne dose de foi dans sa propre toute-puissance – pour laisser passer une telle bourde. Il serait trop long de faire la liste des textes avortés (comme l’imposition à 75% ou la loi Duflot, annulés par le Conseil constitutionnel) ou tout simplement embourbés sous le poids de leurs propres défauts (comme la loi instituant la tarification progressive de l’énergie, rejetée par le Sénat et maintenant coincée au niveau de la commission mixte paritaire). Dans beaucoup de cabinets, on a maintenant peur de faire le moindre mouvement, conscients que le comique de répétition a atteint ses limites. Certains se demandent si ce gouvernement est en mesure de faire passer la loi sur le “mariage pour tous”: la crainte n’est pas de ne pas avoir la majorité nécessaire, mais de ne pas avoir la capacité de rédiger et de négocier avec les associations et avec les alliés un texte de qualité suffisante pour “tenir” devant le Conseil constitutionnel.
Mais laissons de côté ces considérations, pour nous consacrer à quelque chose de plus léger. Je veux bien entendu parler de la sortie de notre Bouffi national, Gérard Dépardieu (ou faut il maintenant dire “Dipardiou”, comme le font les Russes ?). Tout commence par quelque chose de bien banal: monsieur Dépardieu, qui gagne aujourd’hui beaucoup, mais alors beaucoup d’argent, et qui a accumulé un patrimoine considérable, trouve qu’il paye trop d’impôts. Et il veut déménager vers des cieux plus cléments, ou les impôts pour les gens comme lui sont beaucoup plus faibles. Ce n’est pas glorieux, mais ce n’est pas non plus un crime. C’est même d’une désespérante banalité: depuis la plus haute antiquité, les travailleurs tendent à aller là où leur travail est mieux rémunéré, et les riches là où leur capital est le mieux protégé. Chacun cherche son profit, et c’est – non pas normal – logique. Bien entendu, le monde est fait de telle manière que les travailleurs ont beaucoup de difficultés à aller là où les salaires sont les meilleurs, mais ceux qui ont de l’argent n’ont aucune difficulté à aller là où leur intérêt les mène. Mais c’est là une autre histoire.
Ce qui est moins banal, c’est la suite: interrogé sur ce que pensait de ce genre d’agissement, Jean-Marc Ayrault – qui, pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, est notre premier ministre – a opiné, fort sagement pour une fois, qu’il s’agissait d’un procédé “minable”. Et là, le sang du Bouffi ne fit qu’un tour, et voilà que Dipardiou se drape dans la dignité de la vierge offensée – un rôle dans lequel il n’est pas véritablement crédible – pour défendre son honneur souillé. Ce texte vaut la peine d’être largement cité:
Minable, vous avez dit “minable”? Comme c’est minable.
Je suis né en 1948, j’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans comme imprimeur, comme manutentionnaire puis comme artiste dramatique. J’ai toujours payé mes taxes et impôts quel qu’en soit le taux sous tous les gouvernements en place.
À aucun moment, je n’ai failli à mes devoirs. Les films historiques auxquels j’ai participé témoignent de mon amour de la France et de son histoire.
Des personnages plus illustres que moi ont été expatriés ou ont quitté notre pays.
Je n’ai malheureusement plus rien à faire ici, mais je continuerai à aimer les Français et ce public avec lequel j’ai partagé tant d’émotions!Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés.
Je ne demande pas à être approuvé, je pourrais au moins être respecté.
Tous ceux qui ont quitté la France n’ont pas été injuriés comme je le suis.
Je n’ai pas à justifier les raisons de mon choix, qui sont nombreuses et intimes.
Je pars, après avoir payé, en 2012, 85% d’impôt sur mes revenus. Mais je conserve l’esprit de cette France qui était belle et qui, j’espère, le restera.
Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale, dont je ne me suis jamais servi. Nous n’avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde, comme mon père me l’a toujours inculqué.
Je trouve minable l’acharnement de la justice contre mon fils Guillaume jugé par des juges qui l’ont condamné tout gosse à trois ans de prison ferme pour 2 grammes d’héroïne, quand tant d’autres échappaient à la prison pour des faits autrement plus graves.
Je ne jette pas la pierre à tous ceux qui ont du cholestérol, de l’hypertension, du diabète ou trop d’alcool ou ceux qui s’endorment sur leur scooter : je suis un des leurs, comme vos chers médias aiment tant à le répéter.
Je n’ai jamais tué personne, je ne pense pas avoir démérité, j’ai payé 145 millions d’euros d’impôts en quarante-cinq ans, je fais travailler 80 personnes dans des entreprises qui ont été créées pour eux et qui sont gérées par eux.
Je ne suis ni à plaindre ni à vanter, mais je refuse le mot “minable”.
Qui êtes-vous pour me juger ainsi, je vous le demande monsieur Ayrault, Premier ministre de monsieur Hollande, je vous le demande, qui êtes-vous? Malgré mes excès, mon appétit et mon amour de la vie, je suis un être libre, Monsieur, et je vais rester poli.
Il faut dire les choses comme elles sont. Depardieu dans cette lettre prend ses lecteurs – et ses compatriotes – pour des imbéciles. Oui, “des personnages plus illustres que lui ont été expatriés ou ont quitté le pays” sans avoir pour autant été “injuriés”. Mais en général, ces gens ont quitté le pays et pris le dur chemin de l’exil parce que leur vie ou leur liberté et celle de leurs proches étaient menacées. Et on imagine mal Hugo ou De Gaulle choisissant le pays de leur exil en fonction de sa législation fiscale, puis écrivant de leur exil une lettre pour se plaindre d’avoir payé trop d’impôts. Car c’est là le problème. Depardieu a beau écrire qu’il “n’a pas a justifier les raisons de son choix [de s’expatrier] qui sont nombreuses et intimes” – ce en quoi il a parfaitement raison – cela n’implique pas qu’il soit interdit à ses concitoyens de se poser des questions et de tirer les conclusions qui s’imposent. Depardieu est un homme public, et ce statut a ses avantages mais aussi ses servitudes.
Depardieu a beau refuser le mot “minable”. Mais comment qualifier son attitude ? Non seulement celle de s’exiler sous des cieux fiscalement plus cléments, mais surtout celle qui consiste à ne pas assumer son choix et de vouloir l’occulter derrière “ses raisons nombreuses et intimes”. D’ailleurs, Depardieu a du mal a assumer ses propres actes. On le voit dans le paragraphe où il va jusqu’à déterrer le cadavre de son propre fils pour se poser à travers lui en victime. Si Guillaume Depardieu est allé en prison, ce n’est pas parce que “des juges l’ont condamné (…) quand d’autres échappaient à la prison pour des faits autrement plus graves”. C’est parce que son fils a eu une longue dérive vers la délinquance, avec de nombreuses comparutions devant les juges, pour aboutir à une condamnation à trois ans de prison ferme – dont la star oublie de dire qu’il n’a effectué que la moitié – non pas pour “deux grammes d’héroine” mais pour “usage, importation et trafic” d’héroïne. Que voulait-il que les juges fassent, qu’ils lui donnent une médaille ? Il faut ajouter qu’après cette peine Guillaume Depardieu fut condamné plusieurs fois pour des infractions routières et pour violences envers les agents publics. Et si son fils s’est comporté ainsi, peut-être qu’il y a une part de responsabilité dans l’éducation qu’il a reçu de son père, non ?
Mais le paragraphe qui est peut-être le plus révélateur est celui-ci : “Je vous rends mon passeport et ma Sécurité sociale, dont je ne me suis jamais servi. Nous n’avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde, comme mon père me l’a toujours inculqué”. Ce paragraphe, à lui seul, résume une philosophie de vie. Depardieu, comme beaucoup de gens dans sa situation de fortune, en arrivent à croire qu’ils sont “arrivés tous seuls”. Ils oublient, un peu rapidement, qu’ils sont le produit d’une société, qui a payé leur éducation, leurs soins – je doute que Madame Depardieu mère ait eu les moyens de s’offrir la clinique privée pour mettre au monde Gérard – et toute une série de services communs sans lesquels le génie n’arriverait jamais à s’exprimer. Le mythe du self-made-man qui s’élève comme le Baron de Munchausen en tirant les lacets de ses propres chaussures n’est que cela, un mythe. Dans la réalité, la voiture du self-made-man ne lui servirait à rien s’il n’y avait sous ses roues une route construite par l’effort de tous. Depardieu a eu son opportunité grâce à un système de financement du cinéma – comme l’a pointé Torreton dans sa réponse à l’exabrupte du Bouffi – purement étatique, qui a permis de continuer à faire des films “d’auteur” qui ont fait sa gloire mais aussi et surtout sa fortune. C’est une version raffinée du fameux principe “socialiser les pertes et privatiser les bénéfices”: si vous échouez, c’est la faute à l’Etat qui doit vous verser une compensation, si vous réussissez, c’est exclusivement par votre propre mérite, et il est scandaleux que l’Etat cherche à prélever quelque chose sur votre succès.
Je continue à penser que ce paragraphe de la lettre du Bouffi n’a pas été pris suffisamment au sérieux. Depardieu demande le “respect”. Fort bien: respectons sa volonté exprimée ici par écrit. Tant qu’il n’avait que la nationalité française, les traités internationaux ratifiés par la France empêchaient le gouvernement de faire droit à sa demande d’être débarrassé de la citoyenneté française. Mais maintenant qu’il a été naturalisé russe, rien ne s’oppose plus à ce que le gouvernement instruise la demande – demande formulée par écrit et publiquement – de Dépardieu d’être déchu de son passeport, et publie le décret correspondant. Mais peut-être qu’alors notre Bouffi national, ce “citoyen européen” qui méprise tant notre sécurité sociale, retirera sa demande ? Dommage qu’Ayrault et sa bande n’aient pas le courage d’aller jusqu’au bout du bluff de Depardieu…
Descartes
Disons que vous êtes déjà mort, et que Gégé vit encore.
J’avoue que votre commentaire m’a laissé songeur… seriez-vous spiritiste ? Et dans le cas contraire, pourquoi prenez-vous la peine de vous adresser à quelqu’un qui est “déjà mort” et qui ne
peut donc pas vous lire et encore moins vous répondre ? J’ai donc beaucoup de mal à trouver un sens à votre commentaire…
“beaucoup de gens dans sa situation de fortune, en arrivent à croire qu’ils sont “arrivés tous seuls”. Ils oublient, un peu rapidement, qu’ils sont le produit d’une société, qui a payé leur
éducation, leurs soins […]et toute une série de services communs sans lesquels le génie n’arriverait jamais à s’exprimer. Le mythe du self-made-man qui s’élève comme le Baron de Munchausen en
tirant les lacets de ses propres chaussures n’est que cela, un mythe.[…] . C’est une version raffinée du fameux principe “socialiser les pertes et privatiser les bénéfices”: si vous
échouez, c’est la faute à l’Etat qui doit vous verser une compensation, si vous réussissez, c’est exclusivement par votre propre mérite”
Merci Descartes d’avoir si bien posé les bases du probléme. Car en vérité, derrière tout ce qui peut ne paraître que du folklore Depardiouesque se cachent des enfumages
fondamentaux bien utiles à toute cette clique du show-bizz, du sport et de la bande à Parizot.
Maintenant il faut aller au bout du raisonnement. Par exemple:
Qu’est-ce qui justifie la propriété en général et en particulier celle achetée avec cet argent dont on parle ici ?
Si la propriété doit exister, peut-elle être illimitée et transmissible (héritage)
Un individu peut-il revendiquer la possession de plus de richesses que celles qu’il aura été capable de produire concrêtement par lui -même ? Sinon ne spolie-t-il pas la communauté ?
Oui mais me direz-vous d’une part, les paradis fiscaux sont les pays où l’on vit le mieux et où il y a le moins de chomage, s’il n’y avait pas de riches qui ferait travailler les pauvres , et
d’autre part la constitution, les règlements, et patati et patata, c’est pas possible etc …
Alors je répondrai que la première chose à faire est de profiter de cette publicité pour propager ces interrogations légitimes afin de lutter comme dans ce post contre ces croyances largement
admises comme des vérités inéluctables, de ne pas, d’une façon ou d’une autre, laisser accréditer ce pipeautage et que dans la vie il faut savoir ce que l’on veut et que si l’on ne demande
(fait/exige) rien, c’est sûr qu’on n’obtient rien ! (Quelles sont les paroles de notre hymne national déja ? “Tais-toi quand tu causes” ? Non ? Zut, à force d’entendre des hypnotiseurs et
des hypnotisés, je sais plus !)
Et une petite dernière que je viens de découvrir…
“Si vous pensez que vous êtes trop petit pour changer quoique ce soit, essayez donc de dormir avec un moustique dans votre chambre.”
Qu’est-ce qui justifie la propriété en général et en particulier celle achetée avec cet argent dont on parle ici ?
Vous posez une vaste question… Je vais te répondre en te racontant une anecdote. Lors d’un voyage en Israel, j’ai logé quelques jours dans le kibbutz ou habite la famille d’un de mes amis
français. J’ai pu discuter longuement avec les “vieux” du kibbutz (un kibbutz proche de la gauche communiste israélienne, faut il le préciser ?). Et ceux-ci m’ont expliqué comment fonctionnait le
kibbutz à ses débuts: pas de propriété privée, tout était “collectif”. Chacun se voyait attribuer un logement, chacun pouvait prendre dans le magasin du kibbutz son quota de biens d’usage et
mangeait à la cantine du kibbutz. Et les bénéfices de l’exploitation des terres étaient également repartis. Le paradis, n’est ce pas ? Mais les “vieux” m’ont aussi expliqué pourquoi cela ne
marchait plus: passée la génération des “pionniers”, qui étaient prêts – par conscience politique – à accepter que la collectivité fasse la police et contrôle ce que chacun faisait ou ne faisait
pas, le système s’est dégradé. Les jeunes n’ont plus accepté ce contrôle social de tous les instants, ont vite compris que celui qui ne foutait rien avait droit à la même chose que celui qui se
crevait le cul à bosser… alors il faut choisir: la propriété collective ne marche que si la collectivité exerce une police sociale permanente pour que tout le monde continue à bosser. On n’a
pas trouvé encore une manière de laisser aux individus leur liberté dans un système de propriété collective. Voilà ce qui légitime la propriété privée: le fait qu’on n’ait pas encore trouvé un
moyen de s’en passer !
Un individu peut-il revendiquer la possession de plus de richesses que celles qu’il aura été capable de produire concrêtement par lui -même ?
Le problème ici est de savoir quelle est la richesse qu’un homme peut “produire concrètement par lui même”. Celui qui invente un nouveau procédé et qui fonde une entreprise pour
l’exploiter, il a droit à quoi exactement ?
Tout à fait d’accord avec ce que vous dites de Depardieu.
La question que je me pose sur cette histoire c’est qu’est-ce que Poutine vient faire là dedans? pourquoi cette proposition et ce don de passeport?
Certes une réponse serait que Poutine est tout comme Gérard Depardieu un mégalomane, veule, profiteur, dans un pays en proie aux maffias et au capitalisme sauvage. Que le “coup Depardieu” serait
pour lui une sorte de bouffonnerie de Tsar absolu, jouant les Calligula voulant proclamer consul son Incitatus de cheval et octroyant dans sa magnanimité le merveilleux passeport à l’acteur,se
donnant par là une image de protecteur des arts. C’est plausible, c’est l’image que les médias européens cherchent à donner de la Russie mais je n’y crois qu’à moitié.
L’homme politique Poutine n’est pas tout seul, la Russie a de nombreux analystes politiques remarquables sur les questions internationnales, une pantalonnade de ce genre n’est pas qu’à usage
interne comme les biceps gonflés et brillants du Président qu’il montre à chaque fois qu’il en a l’occasion, vraiment je me pose la question, qu’y a -t-il derrière cet acte dans la tête de
Vladimir Vladimirovitch Poutine?
Qu’en est-il de la politique russe de la France (comme on parlait jadis d’une politique arabe de la France)? Quels sont les reproches que les russes au pouvoir font au gouvernement actuel de la
France et qu’ils ne faisaient pas à Sarkozy (voir le réchauffement des relations après l’affaire de l’Abkhazie).
Essayer de faire perdre la face à la France , 200 ans après la défaite de Russie ? La rendre ridicule pour lui rendre la monnaie de sa pièce sur le dossier Syrien ? des questions de contrats sur
le gaz?
Je ne vois pas clair. Je ne pense pas être obsédée par la recherche d’idées “de derrière”, de soupçons de style complotiste, mais je me dis qu’il y a quelque chose de curieux dans ce surgissement
inopiné de la scène russe en surimpression sur la scène belge, surtout que la lecture des sites russes (en russe et français) ne m’a en rien donné réponse à ma question: pourquoi l’octroi de ce
passeport ?
La question que je me pose sur cette histoire c’est qu’est-ce que Poutine vient faire là dedans? pourquoi cette proposition et ce don de passeport?
Parce que cela permet à Poutine une belle opération de politique intérieure, en présentant la situation de son pays comme tellement enviable que des hommes prestigieux ont envie d’y aller vivre.
Et accessoirement, cela permet à Poutine de cracher à la gueule d’Hollande, qui a dit de bien méchantes choses sur lui.
Quels sont les reproches que les russes au pouvoir font au gouvernement actuel de la France et qu’ils ne faisaient pas à Sarkozy (voir le réchauffement des relations après l’affaire de
l’Abkhazie).
Contrairement aux apparences, les socialistes sont bien plus enclins à suivre le “monde libre” dans le sillage des américains que la droite. Je pense que la gauche n’a pas compris vraiment qui
était Sarkozy parce qu’elle a pendant cinq ans plaqué sur lui ses propres fantasmes. Ainsi, on a qualifié Sarkozy de “ultra-libéral”, alors qu’il a été dans les faits bien plus interventionniste
que Jospin ou Mitterrand: il n’y a qu’à voir la manière dont il a piloté l’affaire Alstom ou les exportations nucléaires. De même, malgré ses déclarations d’amour à l’OTAN ou aux USA il a mené
une politique extérieure bien plus indépendante que celle des socialistes. Tu imagines Hollande défiant les américains s’il y avait une crise entre la Russie et la Georgie, comme ce fut le cas
pour Sarkozy ?
Bonsoir Descartes,
Le mois dernier, Eric Zemmour avait produit sur RTL l’un de ses meilleurs éditos depuis longtemps sur ce sujet: il avait rappelé à quel point Depardieu était finalement resté fidèle à son
personnage des “Valseuses”, film libéral-libertaire s’il en était …
D’après vos divers posts, je devine que vous n’êtes pas un grand fan de ce film, ni de cette période (qui était aussi celle de l’avènement de Dupont La Joie…) qui avait coïncidé avec la montée en puissance dans les médias et en politique des idéaux soixante-huitards. J’ai été bercé durant mon
enfance dans ce type d’ambiance, et je me demande dans quelle mesure celle-ci a pu préparer notre pays au règne de l’individu-roi que nous voyons aujourd’hui. D’autant que je suis vraiment
suffoqué du nombre de Français qui arrive à défendre, voire à justifier les agissements de Depardieu: avant 68, il aurait été cloué au pilori…
Vu le faible nombre de détracteurs, ce type est un symptôme du mal qui ronge notre bonne vieille république, qui est moralement malade, pour ne pas dire corrompue . Détrompez-moi, s’il vous plaît…
J’ai été bercé durant mon enfance dans ce type d’ambiance, et je me demande dans quelle mesure celle-ci a pu préparer notre pays au règne de l’individu-roi que nous voyons
aujourd’hui.
Poser la question… c’est y répondre ! Oui, “ce type d’ambiance” a préparé efficacement la révolution libérale, en présentant comme sympatiques des figures dont la caractéristique était
précisement de s’amuser tout le temps sans jamais rien faire qui puisse s’identifier au travail, à l ‘étude ou tout autre effort socialement utile…
Franchement, Descartes, cela valait-il la peine de faire un article sur ce minable ?
“je suis un vrai Européen, un citoyen du monde”
Oui, mais pas trop loin quand même. Rappelons qu’au moment où il écrivait ces mots, ce pathétique bouffon ne projetait que de s’installer en Belgique, à 1 km de la frontière française…
Franchement, Descartes, cela valait-il la peine de faire un article sur ce minable ?
Probablement pas… mais j’avoue qu’en ce moment je suis un peu a court de sujets !
Depardieu est un pauvre malade alcoolique qui, a tous les sens du terme, ne sait plus ou il habite ; ce qui me semble plus interessant dans cette histoire, c’est comment tous les thuriferaires de
l’ultralibéralisme utilisent son histoire pour promouvoir leur idée d’une france devenue insuportable pour ” les vrais créateurs de richesses” etc etc Quand il ecrit ” je suis
un vrai européen,citoyen du monde” pour se justifier d’abandonner son pays et se prostituer auprès de Poutine et autres pour proteger son fric, il illustre simplement ce que vient de déclarer E
Morin , qui parle de vychisme rampant , car c’est exactement de cela qu’il s’agit : la trahison de la france au profit d’une europe supranationale, pour des intérêts de classe
faute d’évènement majeur on peut toujours commenter le billet du timonier qui se fait mousser et qui fait du mariage pour tous un grand événement des luttes sociales !
Ne me tentez pas…
Bonsoir amis et camarades,
Rien ne vous surprend dans l’affaire du passeport ?
Les faits : Depardieu s’offusque, s’engueule avec la France, prend ses cliques et ses claques et file en Belgique. Polémique, cris, soutiens et critiques acerbes ! Colère avinée ?
Du coup, Poutine annonce qu’il est prêt à remettre un passeport Russe à Depardieu. Et, de fait, le lui remet le lendemain ! Sur un coup de tête ? Mais alors, où a-t-on trouvé en Russie les
éléments d’état-civil et la photographie très particulière nécessaires à l’établissement d’un passeport en 24 heures ?
En fait, tout cela était préparé politiquement de longue date, comme en atteste cet article du Monde du 18 décembre :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/12/18/depardieu-poutine-m-a-deja-envoye-un-passeport_1808048_823448.html
La vérité toute bête, c’est que Depardieu mène un combat politique. Contre le gouvernement de son pays ; mais y compris -avec l’aide d’une puissance étrangère- contre son pays lui-même.
C’est cela, un traitre ?
@ JMP
“ce qui me semble plus interessant dans cette histoire, c’est comment tous les thuriferaires de l’ultralibéralisme utilisent son histoire pour promouvoir leur idée d’une france devenue
insuportable pour ” les vrais créateurs de richesses” etc etc”
Tout-à-fait. Et ce qui est hallucinant, c’est que Depardieu n’est vraiment pas la bonne personne pour justifier un tel discours. Quelle “richesses”, en effet, a-t-il bien pu “créer par son
travail” ? Il est réputé, au contraire, pour son mépris du travail d’acteur. Quant à son “talent”, en quoi consiste-t-il ? A mon avis, uniquement en l’affranchissement de cet ex-voyou
vis-à-vis des conventions dites “bourgeoises”, qui a suscité la fascination chez nos cinéastes post-soixantehuitards.
Je suis assez d’accord. J’avoue que je n’ai jamais trop accroché à Depardieu comme acteur.
Plutôt d’accord avec ton billet, Descartes. Je m’étonne seulement que tu évoques l’éducation que Guillaume Depardieu aurait reçu de son père. Je pense que c’est pas nos oignons.
Et je trouve que Jean-Mi pose quand même des questions intéressantes… C’est pourquoi j’aime consacrer une part de mes loisirs à deux concepts qui me semblent porteurs :
-La distinction entre propriété privée et propriété personnelle (qui avait cours en URSS il me semble). Les périmètres respectifs de la propriété personnelle et de la propriété
privée seraient définis le plus précisément possible (j’ai bien conscience de la difficulté de la chose). L’idée serait de dire que tout ce qui peut raisonnablement constituer un outil de
production (ayant donc a priori une valeur sociale collective) relève de la propriété privée, tandis que le reste relève de la propriété personnelle. Et seule la propriété personnelle
serait inaliénable…
-L’impôt progressif sur le CAPITAL, qui serait une sorte de super-ISF (j’entends déjà les libertariens gémir, heureusement ils se font rares sur ce blog, tu dois leur faire peur
Descartes), avec une assiette bien plus large et une fourchette de taux plus étendue (le taux marginal pouvant aller jusqu’à 10 voire 100% pour les tranches supérieures). Il va de soi que l’Etat
devrait alors contrôler les changes et tous les mouvements de capitaux. Ça tombe bien, je suis partisan du monopole d’Etat sur les services bancaires et financiers. Resterait à définir un mode de
calcul de cet impôt (en définissant le capital imposable), et là encore j’ai bien conscience de la difficulté. Mais je crois pas que cette difficulté doive arrêter ceux qui pensent que la
propriété collective des grands moyens de production est une idée d’avenir. Cet impôt progressif sur le capital, ordinaire ou exceptionnel, serait l’outil ad hoc pour procéder gentiment
à des nationalisations de nature confiscatoire. Une réforme du droit de propriété, et donc une révision de la constitution, seraient un préalable nécessaire, d’où la
première idée ci-dessus.
J’ai cru comprendre que le droit de propriété avait été un obstacle considérable en 1981. Moyennant quoi, à ceux qui me disent que ces nationalisations n’ont “pas marché”, j’aime répondre que ce
sont plutôt les indemnisations qui ont trop bien marché. Quand on nationalise, i. e. quand on transforme une propriété collective en propriété privée, il faut bien procéder à un changement dans
la répartition du capital (sur le modèle de la réforme agraire, en fait, sauf qu’ici on collectivise le capital au lieu de le distribuer). Dès le moment où l’on veut indemniser à 100%, on ne
change pas réellement la répartition du capital, et ce n’est plus vraiment de la nationalisation. Cela ne peut qu’aboutir à endetter l’Etat, donc la collectivité, dans des proportions
formidables.
Mais avec tout ça, on est bien loin de Depardieu. Pour en revenir aux question de Jean-Mi, je ne pense pas, en l’espèce, qu’Obélix ait pu réellement mériter une maison à 50 M €, même en chassant
beaucoup de sangliers. Si quelqu’un peut mériter cela, ce sont, à la rigueur, les chercheurs et ingénieurs qui mettront au point une technologie de fusion nucléaire civile parfaitement viable,
et les professeurs qui les auront formés. Mais certainement pas des acteurs de cinéma.
A part ça, je revois toujours Les Valseuses avec plaisir… même si ce n’est pas du Kubrick (ce serait plutôt du lubrique).
Plutôt d’accord avec ton billet, Descartes. Je m’étonne seulement que tu évoques l’éducation que Guillaume Depardieu aurait reçu de son père. Je pense que c’est pas nos oignons.
A partir du moment où Gérard Depardieu déterre le cadavre de son fils pour nous reprocher collectivement la sévérité des juges qui ont trouvé qu’un trafiquant de drogue devait dormir en prison,
cela devient nos oignons. Chacun de nous a droit à la protection de son intimité. Mais si on étale soi même son intimité dans les pages des journaux, alors ca devient une affaire publique.
L’idée serait de dire que tout ce qui peut raisonnablement constituer un outil de production (ayant donc a priori une valeur sociale collective) relève de la propriété privée, tandis que
le reste relève de la propriété personnelle. Et seule la propriété personnelle serait inaliénable…
Je pense que c’est une idée intéressante. Il reste que la distinction entre les deux n’est pas toujours très facile. Ainsi, par exemple, dans une coopérative l’outil de production est détenu par
les travailleurs individuellement. Doit on considérer cela comme propriété “privée” ou “personnelle” ? Même chose avec une petite entreprise…
Au fonds, la question sous-jacente est: faut-il socialiser tous les moyens de production ? Ou seulement “les grands moyens de production et d’échange” pour reprendre la formule consacrée, ce qui
laisse subsister un secteur privé important ? Je pense que nationaliser les boulangeries n’a aucun sens: la gestion privée est probablement bien plus efficace à ce niveau de démultiplication.
-L’impôt progressif sur le CAPITAL,
La question de l’impôt sur le capital est une question très compliquée. D’abord, parce qu’il suppose d’avoir une connaissance parfaite du capital détenu par chaque citoyen, ce qui n’est pas
simple. Ensuite, parce que tous les “capitaux” ne se valent pas, et qu’on a intérêt à ce que le capital soit versé dans les processus productifs au lieu d’être thésaurisé. Personnellement, je
proposerais une solution différente: d’abord, maintenir une inflation au niveau de 3 à 5% par an, ce qui revient à taxer le capital thésaurisé. Pour le capital investi, il est plus simple de
taxer les fruits plutôt que le capital lui même: taxe sur les plusvalues, sur les revenus du capital…
Cet impôt progressif sur le capital, ordinaire ou exceptionnel, serait l’outil ad hoc pour procéder gentiment à des nationalisations de nature confiscatoire.
Paraphrasant Jacques de Larosière, la confiscation est une arme atomique, et il faut se souvenir que l’arme atomique, on ne s’en sert qu’une fois. Une fois qu’on admet la possibilité de la
confiscation, plus aucun citoyen n’est à l’abri. Car dis toi bien qu’on est toujours le “riche” de quelqu’un… La confiscation ne peut donc pas être inscrite dans la constitution. On peut la
faire “une fois” lorsqu’on est dans une situation “révolutionnaire” (comme ce fut le cas en 1945 pour les usines Renault). Mais cela ne peut rester qu’un acte exceptionnel par nature.
J’ai cru comprendre que le droit de propriété avait été un obstacle considérable en 1981
C’est faux. En 1981, le Conseil constitutionnel a imposé que les nationalisations soient précédées d’une “juste et préalable indemnisation”, ce qui fut fait. Cela n’a empêché aucune
nationalisation. Si les nationalisations ont été somme toute un échec, c’est parce que la gauche en 1981 – et de ce point de vue les communistes partagent une bonne partie du blâme – avait
consacré plus de temps à s’écharper sur le nombre des nationalisations qu’à reflechir sur la politique industrielle qu’on ferait une fois ces entreprises dans le giron de l’Etat. Contrairement à
1945, où les nationalisations ont été mises au service d’une politique économique et industrielle de reconstruction et de modernisation du pays, en 1981 la gauche s’est trouvé devant les
entreprises nationalisées comme une poule devant un couteau. Mais le montant des indemnisations n’a rien à voir avec cet échec.
“La question sous-jacente est : faut-il socialiser tous
les moyens de production ? Ou seulement “les grands moyens de production et d’échange” pour reprendre la formule consacrée, ce qui laisse subsister un secteur privé important ? Je pense que
nationaliser les boulangeries n’a aucun sens : la gestion privée est probablement bien plus efficace à ce niveau de démultiplication.”
Ben, c’est exactement cette question qui m’a donné l’idée de
créer un blog ; voir cette page :
http://www.blogger.com/profile/12059042384575730911
Et le reste…
http://communisme-liberal.blogspot.fr/2012/10/le-programme-du-parti-communiste_28.html
Je suis tout à fait d’accord sur les
boulangeries ; c’est pour ça que je précise toujours : “les grands moyens de production” (et je veux bien ajouter “et d’échange”). A ce stade, évidemment, cela
reste flou. Mais, pour résumer, je pense que tout ce qui relève de l’artisanat au sens large peut fonctionner selon les règles du marché libre, et que c’est même mieux comme ça. Par contre, pour
la banque et la finance…
“Une fois qu’on admet la possibilité de la confiscation,
plus aucun citoyen n’est à l’abri.”
Pour moi, c’est l’intérêt de la distinction propriété
personnelle/propriété privée : la propriété personnelle demeure inaliénable, donc il y a une garantie. Et c’est aussi l’intérêt de l’impôt progressif sur le capital : à la limite, même avec un
impôt ordinaire de ce type, je me dis que l’on pourrait changer (sur le moyen terme) la répartition du capital. Et s’il est vrai que personne n’est à l’abri, au moins les règles sont
fixées, donc chacun est à l’abri de la surprise et de l’arbitraire. Pour ce qui est de l’impôt exceptionnel, j’admets que c’est plus compliqué. Mais incontournable, il me semble, si l’on veut
procéder à des nationalisations massives et rapides – en bref, si l’on veut instaurer assez vite un système économique socialiste (après, on peut évidemment discuter de savoir si c’est une bonne
idée : je pense que oui…).
J’admets aussi qu’une inflation à 3 ou 5% peut être un bon
impôt sur le capital… mais c’est un impôt proportionnel et non progressif.
Merci pour cette réponse assez éclairante à propos des
nationalisations de 1981. Un sujet qui me fascine…
Pour moi, c’est l’intérêt de la distinction propriété personnelle/propriété privée : la propriété personnelle demeure inaliénable, donc il y a une garantie.
La difficulté est que la distinction entre “propriété personnelle” et “propriété privée” n’est pas aussi facile à faire que tu le crois. Ainsi, par exemple, un Livret A fait-il partie de la
“propriété personnelle” ou de la “propriété privée” ? Un CODEVI ? Une part de SICAV ? L’action d’une entreprise ? Une obligation d’Etat ? Un marteau ? Un tour ?
Merci pour cette réponse assez éclairante à propos des nationalisations de 1981. Un sujet qui me fascine…
De rien. Il est vrai que c’est une période fascinante, dont l’histoire économique reste à écrire, malheureusement…
“Les jeunes n’ont plus accepté ce contrôle social de tous les instants, ont vite compris que celui qui ne foutait rien avait droit à la même chose que celui qui se crevait le cul à
bosser…”
C’est vrai que présenté comme cela… Mais excepté les handicapés, les retraités, les enfants etc, je ne vois pas pourquoi celui qui ne foutrait rien aurait droit à la même chose que celui qui se
crève le cul. Je ne vois là qu’un simple problème d’organisation, peu importe le régime de la propriété, ou bien on accepte les règles de fonctionnement ou on doit être exclu de certains droits
ce qui nous amène à :
” la propriété collective ne marche que si la collectivité exerce une police sociale permanente” . Et où est le problème ? Ce n’est pas parce que l’on change un paramètre du
système que l’on doit en abandonner tout contrôle. Laissera-t-on aussi les assassins tuer impunément, les pédophiles pédophiler etc ? Non. Bon alors !
“On n’a pas trouvé encore une manière de laisser aux individus leur liberté dans un système de propriété collective.”
Je ne vois pas le lien inévitable que tu fais entre liberté et propriété collective ! Et puis d’abord, “leur liberté ” de quoi ?
D’avoir le droit de tout faire ? Certainement pas ! La marge de liberté des uns doit tenir compte de l’existence des autres ! (autrement dit classiquement, “leur” liberté s’arrête où
commence celle des autres).
“Voilà ce qui légitime la propriété privée: le fait qu’on n’ait pas encore trouvé un moyen de s’en passer !” La non plus, je ne comprends pas le raisonnement ! Et puis il conviendrait de
préciser les limites de droit à la propriété. En exagérant beaucoup, il n’est pas obligé que le mobilier de cuisine, la vaisselle ou le string ficelle de mademoiselle soit nationalisé. Par contre
on se passe déja couramment volontairement ou non de la propriété individuelle par exemple lorsque l’on est locataire de son domicile ou que l’on utilise un véhicule en leasing. A Chateauroux les
bus sont gratuits et les utilisateurs ne les piquent pas pour partir en week-end, les piscines municipales ça existe, les forêts domainiales aussi.
Anecdote pour anecdote, en voici deux:
En un temps je me suis souvent balladé dans la nature en Sologne où l’on trouve des propriétés (je crois pas dire de bêtises de l’ordre de 900 hectares).
En pleine landes perdues , à l’est de la commune sur 1 de 2 chemins parrallèles non identifiables à 3 m de distance, dont l’un communal . Croisement de 2 dames:
” Je suis Mme L******T, vous êtes ici chez moi, c’est inadmissible, partez immédiatement etc…”
Idem sur un chemin communal (d’ailleurs abusivement barré par le propriétaire voisin) en pleines forêts perdues cette fois-ci à l’ouest, j’aperçois le
garde-chasse à quelques mètres sur le côté et je me dirige vers lui pour le saluer. Je me fais incendier de la même façon.
Voila ce qui m’a conforté dans mon aversion pour la propriété privée et ses très riches détenteurs.
” Celui qui invente un nouveau procédé […], il a droit à quoi exactement ?”
Dans mon hypothèse à moi, ça ce passe comme cela:
Celui qui invente un nouveau procédé utile à la collectivité mis à part cette première satisfaction personnelle, aurait droit à la reconnaissance de la nation (plutôt que de donner la légion
d’honneur à des saltimbanques ou pire) ou plus, éventuellement à laisser son nom dans l’histoire, et pourquoi pas un boni raisonnable à déteminer. Il faut ne pas oublier qu’actuellement tous les
jours, des salariés inventent des concepts débouchant sur des brevets et que les fruits en sont généralement et contractuellement la propriété des entreprises qui les emploient.
” Celui qui […] fonde une entreprise pour l’exploiter, il a droit à quoi exactement ?”
S’il travaille comme tout le monde, il a droit à une rémunération comme tout le monde, on peut penser qu’il aura le meilleur salaire de sa boîte dans un rapport max à déterminer.(Si
c’est moi qui choisit, le rapport sera très petit). S’il a investi des fonds pour la création, et que son entreprise a de l’avenir, il en tirera un profit le jour où il la vendra, profit
du capital à imposer au même titre que les revenus du travail .
(Attention, je ne dis pas que des restrictions ou suppressions au droit de propriété individuelle et à l’héritage devraient se faire sans un minimum de garanties. Par exemple si l’on supprimait
l’héritage, les enfants devraient être pris en charge par la nation.)
Y’a pas que l’argent qui compte dans la vie ! D’ailleurs voyez comme les riches ont des misères…Il faut les soulager de ce fardeau, l’humain d’abord !
Mais excepté les handicapés, les retraités, les enfants etc, je ne vois pas pourquoi celui qui ne foutrait rien aurait droit à la même chose que celui qui se crève le cul.
Le problème, c’est que si tu veux que celui qui ne fout rien n’aie pas le droit à la même chose que celui qui se crève le cul il te faut un mécanisme de répartition “inégalitaire”. Les systèmes
de répartition “égalitaires” du genre coopérative donnent à chacun des “coopérateurs” une part égale du bénéfice, qu’ils foutent rien ou pas… Maintenant, un système inégalitaire implique
nécessairement une autorité qui évalue la contribution de chacun. Comment organiserais-tu cette autorité ?
“la propriété collective ne marche que si la collectivité exerce une police sociale permanente” . Et où est le problème ?
Le problème, c’est que les gens ne sont pas prêts a accepter durablement ce genre de contrôle social. On peut l’instaurer dans un cadre révolutionnaire. Mais dès lors que la révolution s’éloigne
dans le temps, les gens supportent de moins en moins le fonctionnement militarisé de la société.On ne parle pas ici d’un contrôle policier qui vérifie que les gens ne violent pas la loi. On parle
d’un contrôle social qui vérifie en permanence ce que chacun fait et avec qui, que ce soit dans l’espace privé ou dans l’espace public…
“On n’a pas trouvé encore une manière de laisser aux individus leur liberté dans un système de propriété collective.” Je ne vois pas le lien inévitable que tu fais entre liberté et propriété
collective !
Je l’ai expliqué plus haut. Pour éviter le comportement de “passager clandestin” dans un système de propriété collectif on est obligé d’instaurer un contrôle social permanent qui en fait abolit
l’espace privé, et donc la liberté.
Et puis d’abord, “leur liberté ” de quoi ? D’avoir le droit de tout faire ?
Non. La liberté de faire “tout ce que la loi n’interdit pas”… Reprend mon exemple du kibbutz: pour que les gens travaillent correctement, tu est obligé d’exiger d’eux bien plus que ce que la
loi ordonne…
“Voilà ce qui légitime la propriété privée: le fait qu’on n’ait pas encore trouvé un moyen de s’en passer !” La non plus, je ne comprends pas le raisonnement !
C’est un raisonnement inductif: le fait est qu’il n’y a aucune civilisation social, technique et économiquement avancée qui ne connaisse pas la propriété privée. Ce qui semble indiquer que
celle-ci joue un rôle fondamental dans le progrès economique, social et technique.
Et puis il conviendrait de préciser les limites de droit à la propriété. En exagérant beaucoup, il n’est pas obligé que le mobilier de cuisine, la vaisselle ou le string ficelle de
mademoiselle soit nationalisé. Par contre on se passe déja couramment volontairement ou non de la propriété individuelle par exemple lorsque l’on est locataire de son domicile ou que l’on utilise
un véhicule en leasing.
Pas du tout: si nous pouvons louer un appartement ou une voiture, c’est bien parce que quelqu’un a accumulé suffisamment pour acheter l’appart ou la voiture. S’il n’y avait pas
ce propriétaire qui accepte de nous céder un élément de sa propriété (l’usus, pour utiliser la formule de droit romain) nous ne pourrions pas être locataires…
Mais tu as raison: le droit de propriété n’a jamais été un “droit absolu”. Il y a dans toute société des limites à ce droit. Et si l’on veut changer la société, il faut réflechir à déplacer ces
limites.
Celui qui invente un nouveau procédé utile à la collectivité mis à part cette première satisfaction personnelle, aurait droit à la reconnaissance de la nation (plutôt que de donner la légion
d’honneur à des saltimbanques ou pire) ou plus, éventuellement à laisser son nom dans l’histoire, et pourquoi pas un boni raisonnable à déteminer.
Et quel serait le critère pour calculer ce “boni” ? Jusqu’où serait-il “raisonnable” ?
Il faut ne pas oublier qu’actuellement tous les jours, des salariés inventent des concepts débouchant sur des brevets et que les fruits en sont généralement et contractuellement la
propriété des entreprises qui les emploient.
Seulement s’ils développent ces brevets pendant leur temps de travail et avec le matériel mis à leur disposition pour leur employeur. C’est la déclination logique du principe qui veut que celui
qui achète la force de travail est propriétaire des fruits du travail en question.
“Celui qui […] fonde une entreprise pour l’exploiter, il a droit à quoi exactement ?” S’il travaille comme tout le monde, il a droit à une rémunération comme tout le monde,
En d’autres termes, si je vends ma maison et j’accepte de vivre sous une tente pour réunir l’argent nécessaire pour acheter le bâtiment et les machines pour que l’idée en question puisse être
exploitée… j’aurais le même salaire que celui qui n’a rien apporté d’autre que sa force de travail. Cela n’encouragera pas beaucoup de gens à accumuler du capital, non ? Pourquoi consacrer
l’argent qu’on accumule à acheter des machines puisque cela ne te rapporte pas ? Autant le dépenser dans un voyage aux Seychelles…
Si le capital n’est pas rémunéré, il n’y a pas d’accumulation de capital. Et sans accumulation, il n’y a pas de progrès possible. C’est là un problème fondamental, sur lequel ont buté à terme
toutes les expériences socialistes: l’inssuffisance de l’accumulation de capital a créé un retard tel par rapport au monde capitaliste qu’elles ont fini par s’effondrer. Si l’on veut demain
construire une société socialiste, il faut s’atteler à résoudre ce problème: comment stimuler l’accumulation de capital dans un système où le capital n’est pas rémunéré ?
Y’a pas que l’argent qui compte dans la vie !
Et ce sont généralement les riches qui le disent… on se demande pourquoi !
entièrement d’accord….et on peut ajouter l’éloge de la démocratie Russe, version Poutine, qui est du plus bel effet…et dont le cadeau (maison) qui lui est offert – justement dans la région
des camps où sont enfernmées les filles du groupe Pussy Riot – en est la triste illustration…
Le patriotisme soluble dans le démocratie ?
Un élément qui se raccroche à cette affaire et qui m’a vraiment beaucoup agacé, c’est l’attitude des leaders de l’opposition qui se sont portés en masse au secours du ventripotent (il est vrai
que pour le soutenir, il vaut mieux être nombreux !).
Je me souviens encore avec émotion de ces myriades de drapeaux tricolores agités en tous sens pendant les meetings de Nicolas Sakozy. Je me souviens des prestations électorales du susnommé,
exaltant le patriotisme de ses troupes à la moindre occasion, de ses discours croulant sous les références à la “nation” lorsqu’il appelait à grand coups d’accents messianiques le “Peuple de
France” à le soutenir dans sa croisade contre la canaille socialiste et ses armées mondialisées.
A cettte époque là, l’UMP, c’était “Plus patriote que moi tu meurs”.
Or les voilà maintenant qui applaudissent à tout rompre un évadé fiscal. Ne cessent de lui trouver des justifications.
Pourtant, ce projet de taxation à 75% figurait bien il me semble dans le projet de François Hollande. Projet qui a été validé à travers son élection par ce “Peuple de France” que révéraient il
n’y pas si longtemps les troupes Sakozystes.
Ce ne serait pas un petit peu un refus des règles démocratiques, ça ?
Le peuple de france ne serait-il repectable qu’à partir du moment ou il ferait le bons choix ? Le patriotime ne serait-il valable qu’a partir du moment ou les électeurs ont choisis votre candidat
?
Un élément qui se raccroche à cette affaire et qui m’a vraiment beaucoup agacé, c’est l’attitude des leaders de l’opposition qui se sont portés en masse au secours du ventripotent
Faut nuancer. La majorité des “leaders de l’opposition” ont préféré garder un silence de bon aloi.
Pourtant, ce projet de taxation à 75% figurait bien il me semble dans le projet de François Hollande. Projet qui a été validé à travers son élection par ce “Peuple de France” que révéraient
il n’y pas si longtemps les troupes Sakozystes.
Faut pas exagérer: l’élection d’un président ne vaut pas “validation” de son programme. Autrement il faudrait admettre que le “bouclier fiscal” ou la RGPP ont été “validés par le Peuple de
France” puisqu’ils figuraient dans le programme du candidat Sarkozy. Les “règles démocratiques” ne confondent pas l’élection d’un homme avec un référendum sur un programme.
faute d’évènement majeur on peut toujours commenter le billet du timonier qui se fait mousser et qui fait du mariage pour tous un grand événement des luttes sociales !
Commentaire posté par bernard
Ne me tentez pas…
Réponse de Descartes
Ben tiens pourquoi pas, après tout camarades… Faut dire qu’il est étonnant de voir l’europe se péter la gueule en silence et les “communautés” faire du bruit. Notre classe politique a une
très faible vision historique.
Je ne vais pas faire un long commentaire, j’ai assez peu la tête à ça en hiver. Je vais juste raconter des cocasseries habituelles.
Peut-être avez-vous remarqué la ferveur que certains mettent dans ce débat sur le mariage ? Ça me fait presque peur, de voir ces classes populaires dans leurs HLM, plus patriotes et dévouées
que toutes autres, futures victimes potentielles, non représentées en politique, et ces couches moyenne-supérieures de zones urbaines s’écharper sur la dernière lubie qui fait vendre du papier,
que l’on nous présente comme “la nouvelle abolition de l’esclavage”(ne riez pas on me l’a soutenu en circonstances mondaines)… Cela me rappelle ce qu’écrivait Mme Edgar Quinet dans son
journal, juste avant la commune :
“Si Paris s’aperçoit un jour qu’on l’a joué, le revirement sera terrible.”
Je ne veux pas paraître comme celui qui fait des liens hasardeux, mais la déconnexion de la politique vis-à-vis des classes populaires ne peut à terme avoir que des conséquences dramatiques.
Vraiment dramatiques.
A propos de notre 1er Ministre sans personnalité : il est gentil de s’offusquer du comportement gros acteur qui voulait aller chez le voisin belge pour payer moins d’impôts, mais il applique le
règles de l’Euroland (avec donc ouverture totale des frontières, libre circulation des hommes et des capitaux) que les socialos nous présentent comme l’évidence et le le projet politique
indépassable. Donc il faudrait qu’il soit logique avec lui-même…
A propos du bouffon : sa lettre est pathétique de bassesse et de nullité intellectuelle. Il y a tellement à redire. Quant à sa contribution à la culture française, à chaque fois que cet histrion
a interprété un de ses personnages (de Danton à Obelix), ce fut à marquer dans les annales du pire cabotinage de l’année.
Je rejoins totalement sur la prétention de ce cabotin à s’être faire tout seul, dans le cinéma français, qui est hyper subventionné, c’est un mensonge. Si la France (contrairement à
l’Allemagne ou l’Italie) a pu conserver une industrie cinématographique variée et enviée, c’est bien parce que l’Etat la subventionne. Sans compter les théatres locaux, les conservatoires,
les écoles de techniciens, etc, qui permettent à des talents d’éclore.
Tu as du entendre parler de la lettre d’un producteur surfant sur l’affaire D. à propos des acteurs français trop payés : son propos n’était pas vraiment nuancé mais il a bien rappelé le
côté subventionné de l’industrie cinématographique française, et surtout l’ahurissante inflation des budgets, avec beaucoup de films qui perdent de l’argent. Moi même quand j’apprend qu’en
France, on peut avoir annuellement une dizaine de films qui font 10 à 40 millions d’euros d’euros du fait qu’il faille des “noms” et de nombreux intermédiaires, et que beaucoup se plantent
royalement au box office (sans compter pas mal de nanards honteux), les bras m’en tombent.
Le “je suis un citoyen européen/du monde” : la phrase-type de la pseudo profondeur des people. Au moins Arletty eut plus de chien par son “Mon coeur est français, mon cul international”
lors du scandale avec son amant allemand.
il est gentil de s’offusquer du comportement gros acteur qui voulait aller chez le voisin belge pour payer moins d’impôts, mais il applique le règles de l’Euroland
N’exagérons rien. Une société libre repose justement sur la distinction entre ce qui est légal et ce qui est éthique. Il est parfaitement légal de s’exiler pour payer moins d’impôts, et il est
aussi parfaitement légitime qu’on puisse juger cette conduite “minable”.
Quant à sa contribution à la culture française, à chaque fois que cet histrion a interprété un de ses personnages (de Danton à Obelix), ce fut à marquer dans les annales du pire cabotinage de
l’année.
Je ferais une exception pour Danton, qu’il a très bien joué. Il a composé la figure d’un Danton individualiste et jouisseur devant un Robespierre plus authentiquement politique qui avait son
charme. Pour ses autres apparitions… je suis assez d’accord avec vous.
Tu as du entendre parler de la lettre d’un producteur surfant sur l’affaire D. à propos des acteurs français trop payés : son propos n’était pas vraiment nuancé mais il a bien rappelé le
côté subventionné de l’industrie cinématographique française,
Oui. J’ai trouvé l’intervention rafraîchissante et à juger par l’étendue et la nature des réactions à sa tribune, on peut se dire qu’il a tapé dans le mille. Et il pose une bonne question: est il
normal de soutenir à bout de bras une industrie avec de l’argent public pour que certains se fassent des couilles en or ? La réponse était habituellement négative, et c’est pourquoi les hauts
cadres des entreprises et des établissements publics touchaient – cela a un peu changé ces dernières années, mais finalement pas tant que ça – des salaires bien au dessous de leurs équivalents
privés. Pourquoi ne pas faire la même règle pour les films ? On pourrait décider que dès lors qu’un film est subventionné par l’argent public, les salaires de ceux qui y participent sont limités.
Si l’argument est qu’il faut sauver la culture et le film français, alors on ne voit pas pourquoi le cochon de contribuable serait le seul à faire des sacrifices.
Au moins Arletty eut plus de chien par son “Mon coeur est français, mon cul international” lors du scandale avec son amant allemand.
Je l’avais oublié, celle là 😉
“Maintenant, un système inégalitaire implique nécessairement une autorité qui évalue la contribution de chacun. Comment organiserais-tu cette autorité ?”
Mais mon cher, tu te mets des bâtons dans les roues toi-même, on sait parfaitement le faire aujourd’hui, je ne vois pas pourquoi on ne saurait pas le faire demain, je m’explique:
si tu ne joues pas au loto, tu ne touches pas une partie des gains, si tu ne prends pas une assurance, ton risque n’est pas couvert, et enfin si tu décides de ne plus aller bosser et que tu
n’as pas droit à ta retraite, tu ne seras pas payé. J’ai travaillé des années sous contrôle d’une carte de pointage et la machine en centièmes d’heures, elle ne faisait pas de cadeaux !
A priori cela ne choque personne et personne n’est encore allé défiler dans la rue pour demander un référendum contre !
Mais je reconnais que je pose bien des questions inutiles et me fais bien des noeuds au cerveau pour rien. Comme le font remarquer des camarades, tant que le plus important sera de caresser (va-y
Franckie, c’est bon …) dans le sens du poil les bobo “LGBT” (et tant pis si je me trompe dans ce sigle barbare) en plus avec cette désignation minable d’hypocrisie de “mariage pour tous”, ça me
fait penser à un type qui voulait se marier avec sa chienne, va-t-il pouvoir l’épouser (le temps ayant passé, à titre posthume avec effet rétroactif , c’est authentique et elle s’appelait
“Etoile” comme une des propriété à Giscard) ! J’ai aussi relevé sur le site du “petit timonier” – ( j’ai visionné son débat avec Cahuzac, quel dommage de gâcher un tel talent et se faire
traiter de clown) – des commentaires, où un camarade s’est senti obligé de quasiment s’excuser d’avoir fait des remarques sur le dit mariage mais moi j’ai été choqué par la réponse de la
lesbienne qui m’a plus donné le sentiment de préoccupations bassement matérielles que d’affection ou d’amour.Pour les aspects financiers, je suis persuadé que quoiqu’on en dise, d’autres moyens
sont disponibles à condition de ne pas réclamer une fausse égalité genre discrimination positive.
Mais ça c’est la faute à ma mythomanie en plus de ma paranoîa.
La catastrophe prévue en décembre 2012 s’est en réalité bien produite, celle-ci étant qu’il ne s’est rien passé du tout ! Quel dommage que les petits hommes verts cachés sous le pech de Bugarach
ne soient pas venus botter quelques c.. !
Cest grave docteur ? (mieux vaut en rire même si l’on a les lèvres gercées !)
“Maintenant, un système inégalitaire implique nécessairement une autorité qui évalue la contribution de chacun. Comment organiserais-tu cette autorité ?” Mais mon cher, tu te mets des bâtons
dans les roues toi-même, on sait parfaitement le faire aujourd’hui, je ne vois pas pourquoi on ne saurait pas le faire demain,
Justement, on ne sait pas le faire aujourd’hui. Et c’est parce qu’on ne sait pas le faire qu’on se remet au marché pour fixer les salaires. Pourquoi une assistante sociale arrive péniblement à se
faire deux mille euros par mois alors qu’un soudeur qualifié se fait entre trois et quatre fois cette somme ? Parce que la “contribution” du soudeur est jugée plus importante que celle de
l’assistante sociale ? Non, bien sur: parce que les soudeurs au chômage sont rares, alors que les assistantes sociales sont légion.
Comme le font remarquer des camarades, tant que le plus important sera de caresser (va-y Franckie, c’est bon …) dans le sens du poil les bobo “LGBT”
De nos jours, il devient dangereux de “caresser les LGBT”… Non, sérieusement: je partage tout à fait ton sentiment que cette affaire des mesures “sociétales” dépasse les bornes. Le pays va a
vau l’eau, notre industrie est en train de crever, nos jeunes commencent à se demander s’il y a un avenir pour eux ici, et le paysage médiatique est occupé par des débats interminables pour
savoir si deux personnes de même sexe ont le droit de passer devant Monsieur le Maire.
J’ai aussi relevé sur le site du “petit timonier” – ( j’ai visionné son débat avec Cahuzac, quel dommage de gâcher un tel talent et se faire traiter de clown)
Je ne vais plus trop sur le site du Petit Timonnier, mais j’ai pris la peine de visionner le débat en question. J’en suis sorti avec une impression étrange de deux chauves se battant pour un
peigne. Je les ai trouvé tous les deux très mauvais. Non pas sur le point de vue de la technique oratoire: ce sont deux superbes débatteurs, même si Mélenchon tend à piquer la mouche pour rien en
permanence et devient assez vite fatiguant. Mais sur le fond des arguments, c’était le vide sidéral: aucun n’est arrivé à faire passer un message sauf aux groupies qui de toute manière sont dejà
convaincus. Cahuzac n’a pas donné un sentiment de savoir où l’on va, son affirmation que la grande réforme fiscale “a dejà eu lieu” avait de quoi laisser songeur, et son positionnement européen
(“je suis fier d’avoir voté non à Maastricht et oui au TCE”, en résumé) était toutalement incohérent. Mélenchon, de son côté, n’a nullement réussi à faire passer un projet, un programme, ni même
la conviction qu’il serait capable de gouverner. Quant au débat sempiternel sur qui est “de gauche” et qui ne l’est pas… est-ce que cela intéresse vraiment quelqu’un aujourd’hui ?
Ce débat m’amène à la même conclusion que celui Mélenchon-Le Pen. Jean-Luc cherche à “gagner” un match de boxe, et sacrifie l’opportunité de faire passer un message à ceux qui regardent.
Or, ce sont eux qu’il faut convaincre. Et on peut être beaucoup plus convainquant en gardant un langage civilisé qu’en faisant le pitbull, comme Henri Guaino l’avait montré lors de son débat avec
Marine Le Pen, qu’il avait gagné par KO alors que son interlocutrice l’avait même remercié chalereusement de l’échange après le débat. Avec son style, Jean-Luc gagne à chaque fois les
applaudissements de ses groupies – une petite excursion sur son blog est révélatrice, mais il ne faut pas oublier que ce blog est lourdement “modéré” et que seuls les commentaires acritiques
passent – mais il n’a aucun effet sur l’électorat qui ne lui est pas acquis et qui devrait être sa terre de mission. Mais peut-être qu’il ne peut chercher à conquérir celui-ci sans perdre ceux-là
?
des commentaires, où un camarade s’est senti obligé de quasiment s’excuser d’avoir fait des remarques sur le dit mariage mais moi j’ai été choqué par la réponse de la lesbienne qui m’a plus
donné le sentiment de préoccupations bassement matérielles que d’affection
Le fâmeux “je suis pas homophobe mais personnellement à mon avis personnel”, suivi du lynchache en règle des thuriféraires de la révolution par les NAG et à grand renfort de slogans, on se
croirait sous l’inquisition… Je connais ça, c’est malheureusement la teneur moyenne du débat sur le sujet, à fortiori dans les milieux dits d’extrême gauche.
Je tiens à m’excuser au passage pour la forme passablement illisible de mon précédent commentaire : sans prévisualisation, il semble que le résultat fut affreux.
Pour une vue plus générale de ce qu’implique le feuilleton Depardieu et le cheveu sur la soupe Brigitte Bardot, j’ai été fort intéressée par l’analyse de Jacques Sapir : Un “marché” des nationalités ou
de quoi Arnault, Bardot et Depardieu sont-ils le nom, et j’ai découvert ce manuscrit de Jean Bodin cont j’ignorais l’existence.
Merci pour votre blog qui me recharge en oxygène après les séjours en apnée dans les commentaires au blog de JLM…
D’habitude je n’aime pas trop les écrits de Sapir, mais là je dois lui tirer mon chapeau. Et je suis d’autant plus intéressé que beaucoup de ce qu’il dit a été aussi écrit sur ce blog…
Bonjour Descartes,
c’est très bien que vous parlez de J.Sapir car ça fait longtemps que je voulais savoir pourquoi vous n’appréciez pas ses écrits. Vous semblez reprocher à beaucoup de penseurs leur manque de
chiffrages (cf Lordon), mais c’est un reproche qu’on peut difficilement faire à Sapir car sur ce point, il est d’un grand formalisme (remarquez, c’est son métier …): ses propositions sur une estimation de l’impact de l’euro sur l’économie française, ainsi que ses simulations d’une sortie de la zone
euro me paraissent vraiment intéressantes, et sont de vrais arguments pour un retour au franc.
En plus, idéologiquement, son discours est très proche du vôtre en ce sens qu’il plaide pour une France la plus souveraine possible, seule solution pour atteindre une politique de plein emploi.
Bien qu’ancien trotskiste (à mon grand étonnement d’ailleurs…) c’est un féroce républicain et adepte d’une démocratie exigente. Bref, il fait un excellent Chevenèmentiste . Enfin, je crois aussi qu’il échappe aux accusations de moralisme assez courant chez certains auteurs classés à gauche (cf Lordon
encore).
Sans doute avez-vous connu J.Sapir par le passé et que vous savez sur lui des choses désagréables sur ses positions politiques passées qui auraient pu vous troubler, mais depuis près de 25 ans,
il me semble que son discours n’a pas trop changé…
c’est très bien que vous parlez de J.Sapir car ça fait longtemps que je voulais savoir pourquoi vous n’appréciez pas ses écrits.
C’est que voyez vous, j’ai un grave défaut: je suis très rancunier. Et je me souviens encore de ce que le maoïste Sapir écrivait du temps où il participait à la curée antisoviétique et
anticommuniste des années 1980… Pour moi, les gens qui ont participé à cette ignoble opération mitterrandienne ont commis un crime intellectuel qui me les rend à jamais suspects, quelque soient
par ailleurs leurs qualités.
Dans le cadre de ce qui a été débattu ci-dessus au sujet de la propriété, j’ai trouvé entre autres ce qui suit sur le site (sauf erreur) de “Denis Peter” – http://humanismepur.free.fr
– Je vous invite à vous y rendre car il traite de pas mal de choses et que l’on soit d’accord ou pas avec lui, selon moi il a fait un sérieux travail de synthèse !
” Pourquoi il faut abolir la propriété privée
Quand nous parlons ici d’abolition de la propriété privée*, nous ne prônons pas sa suppression immédiate dans n’importe quelle circonstance. Nous ne prônons pas l’expulsion des propriétaires,
la confiscation des biens !
Nous n’émettons pas de jugement moral : la propriété n’est pas ” mal “… Nous disons juste qu’elle est inconcevable dans une économie qui se voudrait durablement juste, solidaire et
écologique, et nous le démontrons.
Il est souhaitable de concevoir une telle économie puis de la mettre en œuvre en partant de la situation actuelle. Cela nécessite de s’extirper de certains conditionnements (voir les idées
reçues énumérées cidessous), et , pour ce faire, de penser rationnellement…
Quelques idées reçues
Avant d’expliquer en quoi la propriété privée doit être éradiquée d’une économie qui se voudrait soit juste, soit démocratique, soit fraternelle, soit écologique (et à fortiori, les quatre à
la fois !) examinons un peu les arguments habituellement avancés pour la justifier.
1 Sans propriété privé, c’est le communisme, et ça n’a pas marché…
2 La propriété privée est nécessaire à la liberté et à l’autonomie individuelle.
3 Le besoin de propriété privée est dans la nature humaine
4 Sans propriété privée, il n’y a pas de motivation pour travailler
5 Sans propriété privée les gens ne prennent pas soin des biens, ne sont pas responsables
1 Sans propriété privé, c’est le communisme, et ça n’a pas marché…
Cet argument est un sophisme grotesque.
Le terme communisme a deux sens, ce qui ne manque pas d’induire en erreur par amalgame. Il désigne une économie sans propriété privée (par exemple, le mode de vie tribal), mais aussi certains
socialismes d’Etat inspirés des théories marxistes. Or, l’argument 1 part du premier sens, et conclut en utilisant le second…
Même en supposant que seul le premier sens est utilisé, il est évident que l’on ne peut pas dire que le communisme n’a pas marché. Le communisme tribal a fonctionné des millions d’années.
Plus récemment, des microsociétés communistes plus volontaristes ont duré, et durent depuis des siècles. Aucun système capitaliste ne peut se targuer d’une telle longévité…
Il faut bien se rendre compte qu’il existe des milliers d’organisations économiques différentes, y compris en se restreignant à celles sans propriété privée. Certaines sont viables, d’autres
pas. Certaines sont démocratiques, d’autres totalitaires. Etc. Quand bien même aucun communisme viable n’auraient été expérimenté, on ne pourrait pas en déduire qu’aucun n’est viable, puisque
seule une infime proportion de ces possibles a été testée. L’échec d’un communisme n’est pas généralisable à l’ensemble. Ce n’est pas parce que les Wallons parlent français que tous les Européens
parlent français. C’est pourtant ce type de déduction qui est fait ici !
Bien que parfaitement inepte, ce raisonnement est tellement ressassé, qu’il devient un réflexe trompant un grand nombre de gens.
2 La propriété privée est nécessaire à la liberté et l’autonomie individuelle Il est évident que le propriétaire d’un bien est libre d’en faire plus de choses, que celui
qui n’en est pas propriétaire. La propriété introduit donc une inégalité dans les libertés. Les plus riches sont plus libres que les plus pauvres. L’augmentation de liberté conférée à celui
auquel on attribue la propriété d’un bien se traduit par une diminution de liberté des autres. En effet, si la propriété était collective, tout le monde aurait une liberté moyenne par rapport à
l’utilisation du bien. La privatiser revient à la réduire à zéro pour tous les citoyens sauf un…
L’illusion de cet argument vient de ce que l’on se place d’office dans la peau du propriétaire du bien, en oubliant la privation de liberté induite pour les non-propriétaires…Vu de cet autre
angle, la propriété est une privation de liberté et d’autonomie individuelle. On oublie souvent d’envisager le nombre considérable de biens dont on pourrait enfin jouir, si la propriété privée
était abolie… Il est clair que globalement, ce serait une sacrée augmentation de liberté individuelle !
L’abolition de la propriété privée est souvent fantasmée comme la perte de toute intimité et autonomie, n’importe qui pouvant venir prendre les affaires que j’utilise, ou pénétrer dans mon
habitation. Or, l’abolition de la propriété privée n’empêche pas la possibilité de jouir de façon exclusive d’un bien : il suffit de le louer à la collectivité… ou qu’il soit ainsi attribué
par décision collective… de façon à assurer ladite “intimité” ou “autonomie”. Il ne faut évidemment pas confondre communisme avec promiscuité ou absence de règles.
3 le besoin de propriété privée est dans la nature humaine Le concept de nature humaine est évidemment discutable. Le comportement d’un être humain dépend pour une bonne
part de conditionnements hérités de sa culture et de son mode de vie. Or, aujourd’hui, la culture et le mode de vie sont ceux de la propriété privée…
On peut cependant considérer qu’il existe certaines tendance innées chez l’homme, qui pourraient donc constituer une sorte de ” nature humaine “. Ces dernières sont nécessairement héritées du
mode de vie de nos ancêtres sur des périodes de temps supérieures au million d’années. Le mode de vie de ces derniers était un communisme (pas de propriété privée de la terre et des moyens de
production au sein de la tribu)… C’est donc plutôt les tendances sociales favorisant le communisme qui sont vraisemblablement inscrites dans la ” nature humaine “… Elles expliquent d’ailleurs
fort bien le sens de la justice, de la solidarité etc. et aucunement un besoin de propriété privée…
Mais les idées reçues ont la vie dure…
4 Sans propriété privée, il n’y a pas de motivation pour travailler On peut fort bien imaginer un communisme où pour pouvoir consommer, il faille travailler (cela semble
d’ailleurs être une option ” réaliste “)… Donc, même en se limitant à des motivations strictement égoïstes, on voit bien qu’il peut y avoir une forte motivation à travailler, même en l’absence
de propriété privée !
5 Sans propriété privée les gens ne prennent pas soin des biens, ne sont pas responsables Même d’un point de vue strictement égoïste, on peut imaginer un système
socialiste où les biens seraient loués avec obligation de payer pour les dégradations ou pertes.
On peut aussi imaginer une motivation non égoïste, un respect véritable de son environnement matériel et du travail d’autrui, et non pas uniquement de soi-même… Une telle motivation n’est
évidemment pas dominante dans un système basé sur la propriété privée et la compétition, lequel entretient plutôt l’égoïsme… Il y a là un cercle vicieux…
Des arguments rationnels
Bref, aucun des arguments habituellement avancés pour justifier la propriété privée ne tient la route. Il s’agit seulement d’idées
Votre texte est arrivé incomplet. Mais les “objections” auxquelles votre texte répond ne sont pas les bonnes… la principale objection n’est pas parmi elles: c’est le fait que sans propriété
privée, il n’y a aucun mécanisme qui pousserait l’individu à l’accumulation. En d’autres termes, à différer une consommation aujourd’hui pour en avoir une plus importante demain. Or, c’est ce
processus d’accumulation qui est fondamental pour le progrès économique…
Donc à propos de J.Sapir, vous ne croyez pas au rachat des fautes ? Vous n’êtes pas charitable, on dirait…
A vrai dire, j’aurais eu du mal à deviner de quelle tendance gauchiste il a pu être dans sa jeunesse. D’autant qu’il est un très bon connaisseur de la Russie, donc je l’aurais classé plûtot parmi
les ex-staliens! Difficile à croire qu’il aurait pu être un jour anti-communiste . Je pense que son expérience
professionnelle lors de l’effondrement de l’URSS a du lui changer les idées…
Bref, tout le monde peut commettre des erreurs de jeunesse : il aurait pu finir comme S.July ou Denis
Kessler …
Donc à propos de J.Sapir, vous ne croyez pas au rachat des fautes ? Vous n’êtes pas charitable, on dirait…
Au contraire… je crois au rachat intégral des fautes. Mais pour être rachetée, une faute doit d’abord être reconnue… et je ne me souviens pas de Sapir faisant le moindre retour critique sur
son attitude à cette époque là…
D’autant qu’il est un très bon connaisseur de la Russie, donc je l’aurais classé plûtot parmi les ex-staliniens!
Les staliniens connaissaient très mal la Russie, qu’ils avaient une forte tendance à idéaliser. Ce sont au contraire les trotskystes qui ont consacré du temps à étudier la Russie avec le but de
démontrer que le socialisme soviétique n’était pas du “vrai” socialisme mais une forme particulièrement vicieuse de capitalisme. Le maître à penser de Sapir, Charles Bettelheim, consacra une
bonne partie de sa vie à cette démonstration…
Je connais moins bien par contre le parcours de Sapir chez les maoïstes, en dehors du fait qu’il fut un admirateur de la “grande révolution culturelle”… si quelqu’un peut complèter ce
chapitre…
Un grand merci à Alexandria pour ce lien du texte remarquable de Sapir développant un billet de Michel Wieviorka lui même très pertinent concernant cette idée de “marché” de nationalités pour des
intérêts bassement égoïstes.
Moi même je n’ai jamais entendu parler de Jean Bodin, et ce rappel historique de la conception de la Nation et de la laïcité à travers les réflexions de Bodin est oh combien pédagogique. Voilà ce
qu’on devrait enseigner en cours d’instruction civique (quand on en avait encore) !
Le débat sur l’Identité National qu’avait voulu initier Sarkozy n’était pas illégitime en soi, ni “odieux” au contraire de ce qu’en ont dit les bien-pensants. Il surtout fort dommage que Sarko
ait laissé des Copé et Hortefeux s’en saisir, plutôt que des républicains et des historiens sérieux. ç’aurait du être l’occasion de réévoquer Renan et toute cette philosophie, et si Sarko l’avait
orienté vers cette vaine là, il aurait été écouté. C’est plus le dégoût et l’exaspération de sa personne qui ont coûté la réélection de Sarko, bien plus qu’une condamnation de son bilan
politique.
Pour en revenir à l’idée de “marché” de nationalités et l’élite apatride, la gauche a également tendance à avoir une conception utilitaire de la nationalité, notamment pour les naturalisations
des personnes venant de pays répressifs et/ou qui se distinguent par une grande misère. Beaucoup défendent la naturalisation (et la régularisation) de sans papiers sur des critères purement
“objectifs” tels que temps de présence sur le sol ou justificatifs de travail, et condamnent d’emblée toute demande “d’allégence” à la République (sous quelque forme que ce soit) qui serait
forcément suspecte. Ce complément dans les dossiers de naturalisation en plus des critères objectifs serait forcément liberticide et une atteinte à la culture d’origine.
Je m’explique mal, mais pour moi la gauche rejoint aussi les apatrides hyper-riches qui choisissent une nationalité pour des raisons d’optimisation de leurs capitaux quand elle défend
l’acquisition de la nationalité comme simple formalité administrative, sans assimilation. Elle le fait souvent dans un élan compassionnel partant du préjugé que tous les clandestins et
immigrés de continents pauvres fuient forcément des situations absolument dramatiques, et pour “compléter” les droits qu’ils n’ont pas dans leur pays d’origine. En défendant cette position et en
refusant toute politique assimilationniste qui serait forcément “raciste”, elle rend d’ailleurs certains étrangers utilitaristes dans leur rapport avec les services publics et le reste de la
communauté nationale. Une fois je suis tombée à la renverse en apprenant qu’une vieille dame vivant en France depuis des années ne parlant quasimment pas le français faisait un dossier de
naturalisation pour… son dossier de Pélérinage à la Mecque car l’Arabie Saoudite a des quotas annuels selon les pays, et la France ayant bien moins de musulmans que le Pakistan, elle est
assurée d’avoir son visa. Ce qui est estomaquant, c’est l’exigence histérique envers la République pour qu’elle accède à son projet religieux personnel, exigence qu’elle n’a pas
envers le Royaume Saoudien qui devrait être en 1ère ligne pour donner satisfaction à tous ses coreligionnaires pour leur pélérinage.
Bien évidemment, ce n’est qu’un exemple isolé, mais je trouve que cette idée de marché de nationalité pour servir ses intérêts ne s’applique pas qu’aux super-riches, et la gauche a tort de monter
sur ses grands chevaux à chaque fois qu’on aborde la question de la nationalité pour d’autres cas.
C’est plus le dégoût et l’exaspération de sa personne qui ont coûté la réélection de Sarko, bien plus qu’une condamnation de son bilan politique.
Tout à fait. Entre autres choses, parce que personne ne pense que le “bilan politique” de son successeur sera meilleur que le sien… et qu’à juger par ce qu’on a vu jusqu’ici, ils n’ont pas tout
à fait tort.
Paradoxalement, le régime Sarkozy était un régime de “métèques”. Sarkozy lui même, fils d’un émigré hongrois et petit fils d’un immigrant juif. Et qui choisit comme conseiller et “plume” un fils
de femme de ménage portugaise… Je pense que cette origine n’est pas étrangère – sans jeu de mots – à l’intérêt que Sarkozy portait à la question de l’identité nationale et du “roman national”.
Après, comme souvent avec Sarkozy, des intuitions qui étaient bonnes ont connu une mise en oeuvre désastreuse…
Beaucoup défendent la naturalisation (et la régularisation) de sans papiers sur des critères purement “objectifs” tels que temps de présence sur le sol ou justificatifs de travail, et
condamnent d’emblée toute demande “d’allégence” à la République (sous quelque forme que ce soit) qui serait forcément suspecte.
Tout à fait. Je me souviens quand la droite avait, dans les années 1980, proposé de créer une cérémonie de “prestation de serment” pour les nouveaux naturalisés. La gauche bienpensante avait
poussé des cris d’orfraie sur le thème “on stygmatise les naturalisés”, alors que tous mes amis naturalisés étaient, eux, tout à fait favorables à une cérémonie qu’ils voyaient au contraire comme
un signe d’acceptation.
En défendant cette position et en refusant toute politique assimilationniste qui serait forcément “raciste”, elle rend d’ailleurs certains étrangers utilitaristes dans leur rapport avec les
services publics et le reste de la communauté nationale.
Tout à fait. La gauche a du mal à se faire à l’idée que la nationalité implique non seulement des droits, mais aussi des devoirs.
Je me souviens quand la droite avait, dans les années 1980, proposé de créer une cérémonie de “prestation de serment” pour les nouveaux naturalisés. La gauche bienpensante avait poussé des
cris d’orfraie sur le thème “on stygmatise les naturalisés”,
Je me souviens, moi, de ce que la France a exigé de mon grand père, jeune syndicaliste Hongrois pourchassé par la police autrichienne de Francois Joseph, pour lui accorder la nationalité
française : 8 années d’engagement dans la légion étrangère . A l’époque, ça c’est traduit par d’abord 4 ans de tranchées en 14-18, et ensuite 4 ans d’une guerre du Rif qui le révulsait
tellement qu’un sergent de la coloniale s’en était aperçu, et avait tenté de le tuer en l’obligeant a tirer un tronc de palmier au bout d’une corde pendant des heures dans le désert, espérant
qu’il broncherait et qu’il pourrait l’abattre pour rébellion au feu… Sa nationalité française, il l’avait chèrement acquise , et pas simplement par une déclaration solennelle ! Et par la
suite, il a élevé ses enfants dans le respect des valeurs de la république qui l’avait accueilli , et en particulier l’idée que tout droit se mérite par des devoirs …
La gauche bien pensante me révulse de plus en plus ; mais au delà du dégoût, j’essaie de comprendre la logique de ses prises de positions ( de ce point de vue, la lecture de votre blog m’a
fait faire de sacrées avancées…) et pour ce qui concerne le problème auquel vous faites allusion , je pense que la relecture du rapport de stratégie présidentielle pour 2012 pondu par Terra
Nova est instructif ;on peut y lire par exemple :
Au coeur de ces quartiers populaires, il y a les Français de la
diversité. L’auto-positionnement des individus, sondés dans une enquête dont les résultats sont présentés ci-dessous21, révèle un alignement très fort des Français immigrés et de leurs enfants sur la gauche. Le rapport de
forces gauche-droite y est extrême, de l’ordre de 80-20 voire 90-10. Il se vérifie quelle que soit l’origine nationale. Il est le plus massif pour les Français d’origine africaine (tant
sub-saharienne que maghrébine) et se renforce nettement pour la seconde génération par rapport à la première (de l’ordre de 10 points). La seule exception est la première génération d’origine
asiatique, qui reste polarisée à droite par anticommunisme…Ce positionnement à gauche, relativement homogène, constitue sans doute une conséquence à la fois des phénomènes de discrimination
vécus par ces populations et d’une volonté de défendre leur identité face à certains discours du champ politique perçus comme stigmatisants. ( page 35)
Ces nouveaux électeurs, Français d’origine immigrée et enfants d’immigrés, sont différents de ceux qui,
désormais âgés, commencent à sortir du corps électoral pour cause de décès : ils ne sont plus issus majoritairement de pays européens et catholiques (Italie, Espagne, Pologne, …), mais de pays du
Maghreb et d’Afrique, souvent musulmans. Ils sont de ce fait plus sensibles aux enjeux identitaires et aux discriminations
On voit très bien quand on lit l’ensemble du rapport qu’il est
envisagé comme une pure étude marketing .
Et que la conclusion qui est tirée face au constat que les
populations immigrées des dernières périodes sont plus éloignées de la culture républicaine francaise que les précédentes , est tout simplement qu’il faut les caresser dans le sens du poil plutôt
que d’admettre qu’il faudrait un effort pédagogique et une stricte exigence intellectuelle pour les assimiler au modèle républicain ; en clair, qu’importe la république, pourvu qu’ils votent
pour nous… je suppose que c’est ce genre de raisonnement qu’a appliqué Jospin quant , ministre de l’éducation nationale, il a refusé de prendre position au moment de l’affaire du voile dans les
collèges : a l’époque , lui, le socialiste soit disant défenseur de la laicité , il a laissé les profs et les chefs d’établissement se dem.. , en se réfugiant derrière l’avis du conseil
d’état pour ne pas se mouiller…alors qu’a l’époque, je voyais les représentants des associations musulmanes républicaines hurler a la télé pour demander de faire
barrage !;
On voit très bien quand on lit l’ensemble du rapport qu’il est envisagé comme une pure étude marketing.
Tout à fait. La vision de la politique de cette génération de “politiciens de carrière” (qu’elle soit à droite ou à gauche d’ailleurs) est celle-là. On ne propose plus un programme politique aux
électeurs: on se propose soi même, et le programme n’est qu’un prétexte pour atteindre les différents “publics-cible” et les faire voter pour soi. D’une certaine façon, on peut dire que les
politiciens traditionnels représentaient des intérêts, ceux de leur électorat, tandis que les politiciens “post-modernes” ne représentent que leurs propres intérêts.
Et que la conclusion qui est tirée face au constat que les populations immigrées des dernières périodes sont plus éloignées de la culture républicaine francaise que les précédentes , est tout
simplement qu’il faut les caresser dans le sens du poil plutôt que d’admettre qu’il faudrait un effort pédagogique et une stricte exigence intellectuelle pour les assimiler au modèle républicain
;
Et cela fait partie d’une mutation de la politique elle même: l’objectif n’est plus de changer les gens, de les éduquer, de les améliorer, mais de capter leur vote. S’ils croient que la terre est
plate, le politique n’a plus pour objectif leur expliquer qu’elle est ronde, mais au contraire de les convaincre que nul mieux que nous peut défendre la platitude de la terre. La démagogie,
autrefois une déformation de la politique, en est dévenu le coeur.
Je viens de tomber là-dessus.
Ca rejoint parfaitement les contradictions que vous décrivez en ce qui concerne le milieu du cinéma.
D’un côté on critique la promotion au mérite, de l’autre on critique une opinion sur la base que celui qui l’émet n’a pas de mérite (entendre : moins d’argent). Au passage, on fait l’apologie du
sans-frontiérisme, c’est rigolo.
C’est pas beau les “artistes” qui vivent de la subvention publique et qui crachent ensuite dans la soupe. Si seulement le public pouvait avoir un peu de mémoire…
Je pense qu’un grand nombre de Français aurait réagis de même s’ils avaient eu, comme lui, l’esprit rebelle, les moyens financiers et les….de passer à l’acte ! Les déçus de la justice et du
gouvernement vous salut.
Je pense qu’un grand nombre de Français aurait réagis de même s’ils avaient eu, comme lui, l’esprit rebelle, les moyens financiers et les….de passer à l’acte !
C’est sur… avec “l’esprit rebelle” et un patrimoine de quelques centaines de millions d’euros, beaucoup passent à l’acte. C’est fou ce que quelques millions peuvent aiguiser l’esprit de
“rébellion”…