Le Front de Gauche arrive à la fin d’un cycle. Il n’est pas inutile aujourd’hui de se rappeler les chapitres précédents: le Front de Gauche surgit de la coïncidence de plusieurs impulsions.
La première, c’est celle d’un PCF dont la priorité absolue est de protéger les intérêts de l’appareil, des élus et des notables, et qui depuis 2005 n’arrête pas de rechercher, avec des hauts et des bas, à constituer une force qui élargisse la base électorale du PCF tout en mais dont le Parti garderait le contrôle. Ce fut d’abord l’aventure – désastreuse – des “collectifs antilibéraux”. Le désastre a fait perdre à la direction du PCF toutes leurs illusions quand à un mouvement construit “à la base” sans structures stables ni mécanismes de décisions formalisés. Et la leçon a été bien apprise: pour l’essai suivant, on a fait un bon vieux accord “au sommet” entre organisations.
La seconde est l’impulsion personnelle de Jean-Luc Mélenchon. Constatant que sa carrière au PS plafonnait dans les rôles d’éternel “poil à gratter” de congrès sans véritable issue sur la place publique, il avait négocié un accord avec la direction du PCF en général et avec Marie-George Buffet en particulier pour préparer une candidature présidentielle que le PCF pourrait soutenir.
La troisième, c’est l’existence d’une nébuleuse gauchiste autour de toute une série de groupuscules (“alternatifs” divers et variés, ex-trostkystes et ex-maoïstes – souvent passés parle PS – en rupture de ban, anarcho-bobos en mal de révolution, “féministes de genre”, néo-cathos larmoyants, etc.) et dont les composantes recherchent elles aussi un débouché électoral “unitaire” pour leurs messages essentiellement sociétaux et “culturels”.
Mélenchon a joué une partie difficile de main de maître. Son plus grand mérite en tant que stratège est d’avoir perçu combien le traumatisme de la candidature Buffet avait laissé des traces profondes à la direction du PCF. Pour le dire schématiquement, la direction du PCF était terrorisée à l’idée de devoir présenter un candidat à l’élection présidentielle, ce qui dans l’état de déliquescence actuel du PCF équivalait à l’envoyer au massacre (1). Mélenchon offrait aux dirigeants du PCF la sortie idéale: il prenait en charge le risque de la campagne présidentielle, laissant à l’appareil du PCF la seule chose qui l’intéresse vraiment: les législatives.
Mais le projet de Mélenchon va bien au delà d’une alliance électorale. C’est de donner à la nébuleuse qu’est la “gauche de la gauche” une structure permanente, de constituer une véritable organisation politique dont, bien entendu, il prendrait la tête. Un projet que les militants du PCF ne sont pas prêts d’accepter. Pour leur imposer, il faut donc créer un rapport de forces. Mélenchon, qui vénère Mitterrand, sait que celui-ci a été confronté un peu au même problème. Il sait que l’OPA de Mitterrand sur la SFIO pour constituer le Parti Socialiste a été rendue possible par le score inespéré à l’élection présidentielle de 1965, ou le “vieux” était candidat unique de la gauche. A une plus petite échelle, Mélenchon comptait refaire le même coup au PCF. C’est pourquoi les 11% de Mélenchon n’ont fait pleurer personne place du Colonel Fabien: à 17%, Mélenchon serait devenu un allié encombrant, ayant les moyens de poser des conditions. A 11%, il redevient un allié gérable.
Le problème de Mélenchon, c’est qu’il risque assez rapidement de glisser à nouveau vers l’anonymat. Depuis juin 2011, il était devenu le porte-parole quasi-unique du Front de Gauche, avec une large marge de manœuvre pour redéfinir à sa convenance le discours, les priorités et le programme du Front. Ainsi, il a fait du discours “anti-Le Pen” l’axe de sa campagne sans demander l’avis de personne, pas plus qu’il a demandé l’avis de ses alliés avant d’appeler au désistement pour François Hollande (2). Qui allait le contredire ? Imaginez-vous Pierre Laurent ou Marie-George Buffet déclarant devant des journalistes “ce que M Mélenchon a dit ne nous engage nullement” ? Bien sur que non. Même si certaines prises de position du candidat ont défrisé au PCF, personne n’a moufté. Qui a envie d’être accusé de tirer contre son camp ?
Ce statut de porte-parole exclusif arrive à sa fin. Depuis le 22 avril la situation de Mélenchon rappelle celle de Segolène Royal après sa défaite: il était tout, il n’est plus rien. Si, “co-président” du PG avec Martine Billard. C’est une base étroite pour influencer la suite. C’est pourquoi Mélenchon essaye de perpétuer sa présence dans les médias avec la même technique qu’il avait utilisé au début de son ascension pour se faire entendre: l’agressivité décuplée. Il essaye aussi de “faire le buzz” en lançant des initiatives sans consulter personne: une “convention” après les législatives, par exemple… Mais on sent qu’on est déjà passé à autre chose. Il suffit de lire le rapport de Pierre Laurent au comité national du PCF et la discussion qui s’en est suivi (consultable ici) pour voir que si l’on remercie Mélenchon de sa performance, une nouvelle séquence s’ouvre et la direction du PCF ne compte pas se laisser confisquer son premier rôle. Et cela ne peut qu’empirer: une fois les législatives passées, l’intérêt des gens et des médias se déplacera inévitablement sur les politiques qui seront mises en œuvre par le nouveau gouvernement – dont Mélenchon, si l’on croit ses dires, ne sera pas – et la nouvelle majorité, dans laquelle il jouera un rôle secondaire.
Pour donner à Mélenchon plus de visibilité, certains ont conçu l’idée de le faire élire à l’Assemblée Nationale. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Les circonscriptions “gagnables” ne sont pas en effet légion, et le Front de Gauche n’a guère les moyens de parachuter son ancien candidat sur une circonscription sûre. C’est que les perspectives législatives du Front sont assez sombres: La première difficulté est d’arriver en tête de la gauche au premier tour. L’expérience montre que lorsqu’un président est élu, les candidats investis par lui ont une importante prime. Ce qui risque de donner aux candidats socialistes la possibilité de passer presque partout devant ceux du Front de Gauche, les éliminant ainsi au premier tour. Je me suis amusé à comparer les scores dans les communes – je n’ai pas les moyens de faire ce travail au niveau des circonscriptions – pour les députés sortants: sur les 19 sortants du Front de Gauche, dans trois cas seulement le Front de Gauche arrive devant les socialistes (Candelier, Lecocq, Chassaigne). Cela n’est qu’une indication, bien entendu, et la dynamique législative n’est pas la même que la présidentielle. Mais c’est une indication alarmante. L’alternative serait de négocier des candidats communs avec le PS dès le premier tour. Mais outre le fait que cela reviendrait pour Mélenchon à manger son chapeau, une telle négociation implique un accord sur une plateforme programmatique… ce serait le retour de la Gauche Plurielle.
Rien n’est aussi triste que de ne plus être et d’avoir été. Mélenchon risque de s’en apercevoir assez vite…
Descartes
(1) Car c’est bien là que se trouve le nœud de la question: le PCF est incapable de produire dans son sein un candidat charismatique, de construire un discours de campagne vaguement rationnel, et de le mettre en œuvre sur le terrain. Le PCF a aujourd’hui des forces militantes, mais il n’a que ça. Les muscles agissent, mais le cerveau, au niveau national, est mort.
(2) On a du mal à croire qu’il fut une époque où les partis de gauche réunissaient leurs instances de direction collective pour prendre ce genre de décisions. Ce n’est plus de tout le cas: le CN du PCF ne s’est guère réuni depuis le début de l’année pour examiner les différents aspects de la campagne. Mélenchon et son équipe proche – essentiellement composée de fidèles – ont eu les mains libres, et c’est lui même qui le dit sur son blog.
Participer à la nouvelle majorité n’offrirait au PCF que quelques années ou quelques mois de prébendes, avec la perspective d’une nouvelle rechute à 1% à l’arrivée. Prolonger l’expérience
Mélenchon permettrait de gérer un petit capital de 10%, voire plus en cas de dislocation du PS. Mais ceci au prix de la perte de positions dans les mois qui viennent. Crois-tu qu’ils soient
incapables de choisir la première option ? Après tout, le PC allemand l’a fait et a tout lieu de s’en féliciter, semble-t-il.
Bonjour,
après avoir lu en diagonale le rapport de P Laurent au dernier comité national du PCF (c’est toujours soporifique ce genre de prose, la langue de bois au cube), j’ai cru comprendre, en lisant
plus attentivement la fin du discours, qu’en ce qui concerne la participation possible au gouvernement socialiste (si les élections donnent une majorité à la gauche), la position est: “on verra,
en fonction des circonstances, et des négociations avec le PS”. Autrement dit, pas de “non” à priori.
Est-ce bien cela ?
nb: quel homme que ce Mélenchon ! quel exploit ! passer d’un placard du PS, à candidats du PCF, avec tractations “clandestines”, mais sans assurance tous risques (1) ! chapeau !
à suivre, mais je crois qu’il peut noous réserver encore de belles surprises avec son sens tactique. (2)
(1) si il n’avait pas percé médiatiquement avec ses attaques contre les journalistes, et sa faconde, le PCF ne l’aurait sans doute pas adoubé
(2) Max Gallo qui aime les personnages, va peut-être se rallier à lui, si il réussit.
la position est: “on verra, en fonction des circonstances, et des négociations avec le PS”. Autrement dit, pas de “non” à priori. Est-ce bien cela ?
En tout cas, c’est aussi la lecture que j’en ai faite. C’est la stratégie suivie depuis plus de trente ans par le PCF, et qu’on pourrait résumer dans une formule: “puisqu’il faut se vendre,
vendons nous le plus cher possible”. La difficulté, c’est que le PCF n’a pas le choix. Mélenchon l’avait d’ailleurs très bien expliqué dans sa conférence célebrant le trentième anniversaire du 10
mai 1981: l’électorat de gauche sanctionne ceux en qui il voit des “diviseurs”. La pression unitaire est donc irrésistible.
Pour sortir de cette impasse, il faudrait travailler sur la durée. Expliquer à l’électorat de gauche pourquoi ce réflexe unitaire est désastreux, pourquoi un gouvernement de droite avec une
gauche forte dans la rue et dans les usines est infiniment préférable à un gouvernement “de gauche” avec une rue et un mouvement syndical anesthésié. Mais cela nécessite un message clair et un
travail de long terme. Il faut éduquer l’électorat. Le PCF en est incapable, en partie parce que le réflexe unitaire est nécessaire pour préserver son capital d’élus, et en partie parce que cela
demanderait un effort théorique que les têtes vides qui siègent dans les instances sont incapables de fournir.
quel homme que ce Mélenchon ! quel exploit ! passer d’un placard du PS, à candidats du PCF,
Mais la roche tarpéienne est proche du Capitole. Mélenchon court un sérieux risque de refaire rapidement le chemin inverse: de candidat PCF à un placard au PG…
Vous allez dire que j’ai mes dadas, mais Mélenchon risque de payer maintenant son manque d’intérêt pour l’institutionnalisation de son parti et pour le travail sur le long terme. Il a joué
génialement son coup, mais voilà, ce n’était qu’un coup. Il aurait pu réussir: à 18% il aurait été incontournable et aurait pu déborder la direction du PCF. Mais pour cela, il eut fallu
reconquérir une partie de l’électorat populaire capitalisé par le FN. Je pense que Mélenchon s’en est rendu compte, et que son positionnement hargneux contre le FN vient de cette prise de
conscience. Mais Mélenchon était trop emprisonné dans le langage “sociétal” de la nébuleuse gauchiste qui l’a fait pour pouvoir tout à coup dire ce qui aurait pu séduire le populo.
L’échec de Mélenchon est celui-là: n’ayant pas réussi à séduire l’électorat populaire, il n’a pas d’électorat propre, de masse de manoeuvre pour faire pièce à la direction du PCF. Il a réussi à
regrouper derrière lui tous les courants du gauchisme français – ce qui n’est pas un mince exploit – mais cet électorat est instable, et rien ne garantit sa fidélité. Il volera en éclats dès
qu’il faudra prendre une position claire sur un sujet clivant, comme le nucléaire ou la participation à un gouvernement socialiste.
si il n’avait pas percé médiatiquement avec ses attaques contre les journalistes, et sa faconde, le PCF ne l’aurait sans doute pas adoubé
Bien sur que si. La direction du PCF était littéralement terrorisée à l’idée de devoir choisir en son sein un candidat à l’élection présidentielle. Comme je te l’ai expliqué, le score de
Marie-George Buffet en 2007 – et la contestation interne qui s’en est suivie – a totalement traumatisé les directions. La candidature Mélenchon avait été pratiquement négociée au moment ou ce
dernier a quitté le PS.
Il [JLM] essaye aussi de “faire le buzz” en lançant des initiatives sans consulter personne: une “convention” début juin, par exemple… Mais on sent qu’on est déjà passé à autre chose. Il
suffit de lire le rapport de Pierre Laurent au comité national du PCF et la discussion qui s’en est suivi (consultable ici) pour voir que si l’on remercie Mélenchon de sa performance, une nouvelle séquence s’ouvre et la direction du PCF ne compte pas se laisser confisquer son premier rôle
en lisant le rapport de P Laurent au Conseil National, je n’ai trouvé aucune allusion à la décision de JLM de convoquer une convention du Front de gauche en juin, avant les législatives. Ai-je
mal lu ?
Dans la novlangue des dirigeants communistes, que cela signifie-t-il ?
Cela veut-il dire qu’on ne juge pas opportun de le décider, et d’en discuter avant le deuxième tour ? Qu’on ne veut pas laisser cette initiave à JLM ? qu’il y a un malaise entre les deux
partenaires sur le sujet ?
Pourtant, il faudra bien faire une convention du Front de gauche, un jour ou l’autre. Souhaitent-ils la retarder au plus tard possible ? (cela peut prendre un an …)
en lisant le rapport de P Laurent au Conseil National, je n’ai trouvé aucune allusion à la décision de JLM de convoquer une convention du Front de gauche en juin, avant les législatives.
Ai-je mal lu ?
Non, tu as très bien lu. C’est ce qui me fait dire que cette idée de “convention” – qui entre parenthèses a été promise pour après les législatives, et non pas avant comme je l’ai écrit
par erreur, j’ai corrigé sur mon article – n’a pas été discutée avec le PCF, et que celui-ci prefère faire comme s’il n’avait rien entendu, ce qui montre à quel point les sorties de Mélenchon ne
lui font plus ni chaud ni froid.
En ce qui concerne l’absence de candidat charismatiques au PCF capable de porter une candidature communiste, je trouve personnellement que Chassaigne est loin d’être mauvais. Il serait un
candidat bien plus solide que Laurent ou Buffet, et a fortiori l’ignoble Robert Hue, et il a un potentiel pour attirer l’électorat populaire bien plus élevé que les bobos parisiens ou
seine-saint-denisiens que les 2 porte-paroles actuels du PCF.
Lors de cette campagne, on a d’ailleurs très peu vu Chassaigne mis en avant comme porte-parole, sans doute parce que comme tu l’as relevé, le rôle de porte-parole, ses dires, ses choix de
placement, la direction de la campagne, etc, ont été supervisés par le staff perso de Mélenchon, et que c’était sans doute prévu comme cela avec la direction du PCF. C’est pourquoi on a plus
vu Autain (dont les mags féminins ont beaucoup parlé) comme porte-parole, que des personnalités communistes solides comme Chassaigne.
Si la direction du PCF voulait bien mousser Chassaigne, et faisait le travail intellectuel pour bâtir un projet dont tu parles (en reprenant ses notes de 1992 au hasard), il pourrait porter une
candidature en 2017. Après, je ne connais pas le PCF de l’intérieur donc je ne sais pas s’il y a des rivalités internes. Aujourd’hui le PCF a dépassé la pression unitaire que les groupuscules
faisait peser sur elle, et se fera rembourser ses frais de campagne présidentielle. Les communistes ont une donc une certaine liberté, à eux de se montrer opiniâtres pour reconquérir
l’électorat populaire…
Je te rejoins sur le caractère hargneux de JLM à l’égard du FN dont je sens qu’il est surtout un témoignage du sentiment d’échec du candidat dans sa stratégie. Mais les derniers écrits du PG ou
sur son blog post-22 avril ne me font pas être optimiste, car ils ne sont pas francs dans la lucidité à avoir sur l’échec de cette stratégie perso contre le FN. La faute aux autres (médias,
attentisme du PS, Sarko) pas à soi. Si ce n’était que de la com’ pour le fan club perso de JLM, mais que dans son cercle, on est lucide ce ne serait pas grave. Or même si une voix dans sa tête
lui dira que c’est avant tout sa stratégie qui fut mal pensée du fait d’une mauvaise appréciation du vote FN, son entourage est là pour baillonner tout remise en cause.
Aux législatives, je vois mal le PG avoir des élus, plutôt en perdre, comme pour les sénatoriales. Le plus ironique, c’est que la FASE risque d’être représentée à l’assemblée et pas le parti de
JLM…
En ce qui concerne l’absence de candidat charismatiques au PCF capable de porter une candidature communiste, je trouve personnellement que Chassaigne est loin d’être mauvais.
C’est un honnête élu de terrain. Mais il ne faut pas compter sur lui pour avoir un discours inspiré. Le problème n’est pas seulement celui du candidat: un bon candidat devient exceptionnel
lorsqu’il est bien entouré. Mais le PCF n’est aujourd’hui capable de produire un Guaino.
Si la direction du PCF voulait bien mousser Chassaigne, et faisait le travail intellectuel pour bâtir un projet dont tu parles (en reprenant ses notes de 1992 au hasard), il pourrait porter
une candidature en 2017.
Je ne crois pas que la direction actuelle ait ni les moyens, ni l’envie de s’embarquer dans un tel projet. Tout ce qui les intéresse, c’est la protection de leurs positions locales.
Je suis d’accord avec beaucoup de choses de cet article même si je n’apprécie la dénomination méprisante des autres composantes
du Front de Gauche.
Mélenchon est un homme très politique et très intelligent qui observe réfléchit
beaucoup. Par exemple il a beaucoup observé les « collectifs unitaires » de 2006-2007. Il a vu leurs cafouillages interminables à se poser la question « comment devenir une force
politique en faisant surtout autre chose qu’un parti ». Il a eu l’intelligence de comprendre que cela lasserait tout le monde et qu’il fallait faire le contraire pour être compris des
électeurs. Il a fait simple, très simple. En matière de simplisme il a plutôt imité Lutte ouvrière. Il a annoncé son parti avec un nom simple (surtout pas comme le FASE) annoncé un front avec le
PCF et en 6 mois il a occupé tout l’espace politique que les Collectifs Unitaires et la FASE rêvaient d’occuper. Et ces derniers (pourtant démagogues antipartis) sont obligés de lui courir
derrière pour se refaire une petite place à l’ombre d’un Chef de parti ( !!!).
Par contre le signataire que je ne connais pas, ignore manifestement que depuis le début le P.S. a décidé de ne pas concurrencer
les sortants du Front de Gauche dans les circonscriptions où ils sont élus.
Je ne crois pas que JLM réussira et je ne crois pas à une vraie construction du Front de Gauche.
Je crois que dans un premier temps le bénéficiaire du Front de gauche sera le PCF qui augmentera son nombre de députés et son
pourcentage en voix.
Je suis d’accord avec beaucoup de choses de cet article même si je n’apprécie la dénomination méprisante des autres composantes du Front de Gauche.
Je n’ai pas très bien compris à quelle “dénomination méprisante” vous faites allusion. J’ai fait au contraire de considérables efforts pour rester factuel. Dire de quelqu’un qu’il est
ex-trotskyste passé par le PS serait-il “méprisant” ?
Mélenchon est un homme très politique et très intelligent qui observe réfléchit beaucoup.
Je n’en doute point. Mais il serait très naïf de croire qu’il met ces qualités au service de l’espèce humaine en général sans jamais penser à lui même…
Il a eu l’intelligence de comprendre que cela lasserait tout le monde et qu’il fallait faire le contraire pour être compris des électeurs. Il a fait simple, très simple. En matière de
simplisme il a plutôt imité Lutte ouvrière. Il a annoncé son parti avec un nom simple (surtout pas comme le FASE) annoncé un front avec le PCF et en 6 mois il a occupé tout l’espace politique que
les Collectifs Unitaires et la FASE rêvaient d’occuper.
Tout à fait. Nous sommes d’accord jusque là. Le problème est que “l’espace politique” en question est relativement réduit. Pour en sortir, il faut un saut qualitatif, c’est à dire un projet et un
langage qui s’adresse à d’autres électorats. Et là, il faut faire des choix: veut-on s’adresser à l’électorat de la gauche “libérale-libertaire” et chasser sur les terres du PS ? Ou bien aller
chercher l’électorat populaire et le disputer à Le Pen ? Le deuxième choix est très difficile, parce que pour articuler un projet et un langage qui s’adresse à cet électorat, on est obligé de
mécontenter l’électorat actuel du FdG.
Et ces derniers (pourtant démagogues antipartis) sont obligés de lui courir derrière pour se refaire une petite place à l’ombre d’un Chef de parti ( !!!).
Avec de tels alliés, qui a besoin d’ennemis ?
Par contre le signataire que je ne connais pas, ignore manifestement que depuis le début le P.S. a décidé de ne pas concurrencer les sortants du Front de Gauche dans les
circonscriptions où ils sont élus.
Pourriez-vous m’indiquer sur quoi vous appuyez-vous pour penser que “depuis le début (c’est quand, le début ?) le PS aurait décidé de ne pas présenter des candidats dans les circonscriptions où
le FdG est sortant ? Et pour quelle raison, à votre avis ? Quel est l’intérêt du PS dans cette matière ? Insinueriez-vous qu’il existe un accord entre le Front de Gauche et le PS sur cette
question ? Ou alors que le PS céderait au Front de Gauche une vingtaine de circonscriptions par pure gentillesse ?
Je crois que dans un premier temps le bénéficiaire du Front de gauche sera le PCF qui augmentera son nombre de députés et son pourcentage en voix.
Dans quatre semaines on saura lequel de nous a raison…
Mélenchon sait qu’il devra agir vite pour profiter de son aura et son image télévisée actuelle. Il sait que Hollande ne le favorisera pas à la T.V. comme l’a fait outrageusement Sarkozy pendant 3
ans (ses partisans de Front de gauche hurlent si on dit cette vérité mais JLM sait que c’est vrai). Il sait que dorénavent le temps jouera contre lui et son projet.
Je ne peux prévoir comment il gèrera ses contradictions mais il n’est surout pas naif. Ne le sous-estimez pas. Cela m’étonnerait qu’il retarde tout parce qu’il sait que le temps joue contre lui
et qu’ une fois Hollande président il ne sera plusaussi souvent à la T.V., son image se dissipera et son rapport de force aussi.
Il sait que Hollande ne le favorisera pas à la T.V. comme l’a fait outrageusement Sarkozy pendant 3 ans (ses partisans de Front de gauche hurlent si on dit cette vérité mais JLM sait que
c’est vrai).
Vous avez l’air d’en savoir, des choses. Dans un message précédent vous affirmez comme une évidence que le PS a décidé “depuis le début” de ne pas présenter des candidats là ou un député FdG est
sortant, et ici vous avez l’air de savoir – de bonne source, je n’en doute pas – non seulement que Sarkozy aurait “favorisé outrageusement” Mélenchon, mais en plus que Mélenchon le sait. Dommage
que vous ne proposiez jamais une source, un exemple ou un raisonnement à l’appui de vos dires…
Quant à moi, je ne pense pas un instant que Sarkozy ait “favorisé outrageusement” qui que ce soit à la télé, pour la simple et bonne raison que l’influence de Sarkozy sur qui passe et qui ne
passe pas est, n’en déplaise aux partisans de la Grande Conspiration Sarkozyste, assez limitée. Par ailleurs, on ne voit pas trop l’intérêt qu’il aurait eu à le faire, sachant que dès le départ
JLM n’a laissé la moindre ambiguité sur son désistément en faveur du PS.
Cela m’étonnerait qu’il retarde tout (…)
Qu’il retarde quoi, exactement ?
voici un point de vue interressant:
http://2ccr.unblog.fr/2012/04/30/apres-les-urnes-la-lutte/
Faudra m’expliquer quel est l’intérêt de ce point de vue. Ce genre d’appels à prendre le palais d’hiver tout de suite comme si la réalité n’existait pas c’est attendrissant de ridicule.
Je crois qu’il y a une certaine naïveté dans votre analyse de l’influence du PCF sur l’orientation du FDG. Je pense, par ex, qu’au contraire l’orientation anti-fn vient en parti du désir de
celui-ci de voir épargner le PS (il y a aussi d’autres raisons). De même l’appel à voter FH ne prends pas vraiment le PCF de cours. Par contre le faire sans condition peut être.
Je pense, par ex, qu’au contraire l’orientation anti-fn vient en parti du désir de celui-ci de voir épargner le PS (il y a aussi d’autres raisons).
Franchement, je ne saisis pas le rapport. On peut parfaitement “épargner le PS” sans pour autant traiter Marine Le Pen de “sémi-démente” et autres noms d’oiseau. On n’est même pas obligé de faire
une campagne négative: on aurait pu par exemple utiliser le temps consacré à taper sur le FN à mieux expliquer son propre projet, par exemple…
Ni la direction du PCF ni Mélenchon d’ailleurs ne voulaient “taper sur le PS”. Les uns et les autres savent très bien qu’ils auront besoin d’accords avec le PS pour les législatives (et certains
s’imaginent dejà au gouvernement…), et ils sont suffisamment intelligents pour ne pas insulter l’avenir, quelque soit la pression de leurs bases respectives. Mais rien ne les obligeait pour
autant à faire de Marine Le Pen le punching-ball de la campagne. Pourquoi l’avoir choisie alors ? Et bien, si l’on croit ce que les uns et les autres ont dit, pour trois raisons: la première,
évidente, c’est que l’attaque contre le FN est pour la “gauche radicale” un facteur d’unité, l’un des éléments sur lesquels tout le monde est d’accord. La seconde, c’est que Mélenchon a cru que
par ce biais il pouvait regagner une partie de l’électorat populaire. C’était une erreur, cela a eu l’effet inverse. La troisième, enfin, c’est qu’on peut attaquer le FN en utilisant un langage
violent qui fait les délices des gazettes et qui permet à Mélenchon de garder une certaine exposition médiatique qu’il risque de perdre rapidement s’il “banalise” son discours…
De même l’appel à voter FH ne prends pas vraiment le PCF de cours. Par contre le faire sans condition peut être.
Bien sur que non: la direction du PCF a pris cette décision depuis bien longtemps. Mais il y a les formes, et elles ne sont pas innocentes. Il fut un temps où la direction se serait sentie
obligée de légitimer sa proposition en la soumettant à un organe de direction collectif. Aujourd’hui, même la fiction d’une direction collective n’intéresse plus personne.
Il est vrai que les communistes en portant à leur tête Pierre LAURENT s’interdisaient de concourir à la Présidentielle. Il fallait quand-même le faire de trouver une personne avec aussi peu de
charisme.
Je pense également que Méluch’ est sur le coup d’aprés et veut organiser le FDG. Un coordinateur régional du PG m’indiquait qu’il incitait les gens à adhérer directement au FDG (quesako ?).
Au contraire, il semble qu’une certaine lucidité revienne chez les communsites, déjà pendant avant le 1er tour. Alain Bocquet notamment se montrait très inquiet quand les sondages donnaient JLM à
plus de 15%.
Je ne sais si la direction du PCF s’interroge, mais il semblerait que le congrès du PCF n’aura lieu que début 2013. Qu’en déduire ?
Il est vrai que les communistes en portant à leur tête Pierre LAURENT s’interdisaient de concourir à la Présidentielle. Il fallait quand-même le faire de trouver une personne avec aussi peu
de charisme.
C’est précisement pour cela qu’il a été choisi. Dans la lutte entre factions au sein du PCF, il ne fallait surtout pas quelqu’un qui puisse par sa stature personnelle menacer les situations
acquises des élus et “notables” locaux. Pierre Laurent avait pour cela le profil idéal: apparatchik fidèle, n’ayant jamais pris parti pour ou contre quiconque, n’ayant été jamais élu et ne
bénéficiant donc d’aucune base locale qui lui fut propre, il ne menaçait personne.
Je pense également que Méluch’ est sur le coup d’aprés et veut organiser le FDG.
Le problème est que “le coup d’après” est loin. Et que ce sont des municipales, élections capitales pour les “notables” communistes et sur lesquelles le PCF veille comme sur du lait sur le feu.
De plus, le FdG va devoir fonctionner par rapport à un gouvernement de gauche, positionnement difficile s’il en est. Je ne suis pas d’ailleurs persuadé que Mélenchon ait des idées très claires
sur la question “d’organiser le FdG”. Il veut certainement faire du FdG une organisation politique propre, mais on voit mal comment cette organisation pourrait fonctionner, comment les décisions
seraient prises en son sein et par qui. Si c’est une simple fusion entre les différentes organisations constitutives du FdG, il est clair que les communistes seront dominants, ce qui sera
difficilement acceptable pour les autres…
Un coordinateur régional du PG m’indiquait qu’il incitait les gens à adhérer directement au FDG (quesako ?).
Oui, d’autres amis m’ont raconté des histoires semblables. Mais j’ai l’impression que ce sont des initiatives d’individus isolés, dans une organisation où finalement chacun fait un peu ce qu’il
veut. Je n’ai pas l’impression que la direction du PG ait une idée très réflechie de la suite.
Au contraire, il semble qu’une certaine lucidité revienne chez les communsites, déjà pendant avant le 1er tour. Alain Bocquet notamment se montrait très inquiet quand les sondages donnaient
JLM à plus de 15%.
Que le groupe réuni autour d’Alain Bocquet soit très lucide sur ces questions, ce n’est pas une nouveauté. Je suis plus sceptique sur le fait de savoir si une telle lucidité s’étend aujourd’hui à
l’ensemble du PCF ou de sa direction…
Je ne sais si la direction du PCF s’interroge, mais il semblerait que le congrès du PCF n’aura lieu que début 2013. Qu’en déduire ?
Rien de particulier, à mon avis. La préparation d’un congrès au PCF est une longue procédure, et il est difficile de faire plus vite que début 2013. La question n’est pas tellement la date, mais
quelles sera la politique que la direction fera voter par ce congrès.
je poursuis sur un orientation polmitique qui va être importante
alors qu’au dernier Cté Nl du PCF, le rapport de P laurent sur la participation au gouvernement disait “ni oui, ni non, on verra”, JL Mélenchon a pris position “Nous n’entrons pas au
gouvernement” (voir son blog, billet du 8 mai)
Qui est ce nous ? tout le texte précédent ne parle que du Front de Gauche (jamais du PG)
Si on imagine que JLM n’écrit pas n’importe quoi, cela montre qu’il y a en fait un accord du PCF (et de la FASE …) pour ne pas participer.
Si on imagine que JLM n’écrit pas n’importe quoi,
Cela demande un effort d’imagination qui depasse mes possibilités. Mélenchon a de plus en plus tendance à écrire n’importe quoi dans ses billets, quite à tordre le cou aux faits. Ainsi, dans ce
même billet il explique que “en 1981 la gauche avait un programme commun”, alors que le programme commun avait été rompu en 1978 et que Mitterrand a justement convaincu les classes
moyennes de voter pour lui en montrant qu’il avait les mains libres par rapport aux communistes, ayant appris de la défaite de 1974. Plus loin, dans le même billet, il affirme que “Nicolas
Sarkozy a été battu par le Front de Gauche. Car si l’on retire nos quatre millions de bulletins de vote, François Hollande ne recueille que 40, 2% des voix”. Mais avec le même
raisonnement, on peut écrire que Sarkozy a été battu par EELV: après tout, si l’on enlève à Hollande les 2,5% d’Eva Joly, il retombe à 49%, ce qui est insuffisant pour être élu…
Mélenchon écrit n’importe quoi, et il le sait. Il sait qu’autour de lui tout le monde est en train de négocier des compromis plus ou moins avouables. Et il sait qu’il n’a que peu de chances d’en
être le bénéficiaire: et il sait aussi qu’il n’a lui même aucune chance d’entrer dans le gouvernement, et que les circonscriptions “gagnables” sont trop peu nombreuses pour qu’il puisse en
hériter. Il a donc tout intérêt a se positionner en chêne indomptable qui n’accepte aucune concession. Cela ne lui coûte pas grande chose, puisque personne ne lui offre quoi que ce soit. Ce
comportement est sa seule manière d’exister alors que s’engage une campagne législative qui redonnera la main à la direction du PCF et surtout aux “notables” locaux, qui s’apprêtent à faire
campagne dans une logique “donnons une majorité à la gauche”.