Contrôle au faciès: la bienpensance a encore frappé

Les voix de la bienpensance ont depuis quelques jours un nouveau cheval de scandale. Il paraît que la police mène des contrôles au faciès. Si, si. Selon une étude fort scientifique financée et contrôlée par la fondation Soros (dont l’engagement en faveur d’une vision “communautariste” des rapports sociaux est bien connu), on retrouve la vielle idée que les forces de police organisent les contrôles au faciès, c’est à dire, pour reprendre les termes de l’étude, non pas en fonction de ce que les gens font ou ont fait, mais en fonction de ce que les gens sont ou apparaissent être.

Et l’étude nous propose des chiffres: “Les résultats montrent que les personnes perçues comme « Noires » (d’origine subsaharienne ou antillaise) et les personnes perçues comme « Arabes » (originaires du Maghreb ou du Machrek) ont été contrôlées de manière disproportionnée par rapport aux personnes perçues comme « Blanches ». Selon les sites
d’observation, les Noirs couraient entre 3,3 et 11,5 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés au regard de la part de ces deux groupes dans la population disponible à être contrôlée par la police (ou la douane). Les Arabes ont été généralement plus de sept fois plus susceptibles que les Blancs d’être contrôlés ; globalement, ils couraient quant à eux entre 1,8 et 14,8 fois plus de risques que les Blancs d’être contrôlés par la police (ou la douane) sur les sites retenus, également au regard de la composition de la population disponible
“(1).

Mais ce qui devrait nous mettre la puce à l’oreille, c’est la forte variabilité des résultats. Si, “selon les sites”, les arabes “courent un risque”(2) d’être contrôlés qui varie entre 1,8 et 14,8 fois, il y a pour un statisticien de bonnes raisons de douter que le caractère ethnique soit le critère dominant dans l’organisation des contrôles. Et le rapport lui même confirme cette perception:

“Un autre facteur déterminant a été le style de vêtements portés par les personnes contrôlées. Bien que les personnes portant des vêtements aujourd’hui associés à différentes « cultures jeunes » françaises (« hip-hop, » « tecktonic, » « punk » ou « gothique», etc.) ne forment que 10% de la population disponible, elles constituent jusque 47% de ceux qui ont été effectivement contrôlés. Il ressort de notre étude que l’apparence vestimentaire des jeunes est aussi prédictive du contrôle d’identité que l’apparence raciale”.

En d’autres termes, le contrôle se base sur l’apparence, mais l’élément ethnique ne semble pas dominante, l’apparence générale et le port de certains signes étant aussi “prédictif” (et donc aussi déterminant) que l’apparence à tel ou tel groupe. Mais cela n’empêche pas les auteurs du rapport d’arriver à la conclusion qui était poursuivie dès le départ:

“En l’absence de stratégies policières légitimes qui expliqueraient ces contrôles d’identité autrement que par l’apparence des intéressés, les différentes forces de police pratiquent ce que l’on appelle couramment en France le contrôle au faciès (ou, au plan européen, « profilage racial »). Ceci est en contradiction avec la législation nationale française anti-discrimination et le Code de déontologie de la police”.

Sauf que, malheureusement, il existe une “stratégie policière légitime” qui explique amplement ces résultats. La logique générale de l’action policière s’appuie sur une démarche probabiliste. Si j’investigue un cambriolage commis dans un vingtième étage par escalade, je peux me dispenser de contrôler les personnes de plus de 60 ans ou les obèses. Tout simplement parce que les personnes qui ont ces caractéristiques ont peu de probabilités d’avoir escaladé vingt étages. Si je poursuis une personne se faisant passer pour Johnny Hollyday, je peux en principe me dispenser de contrôler les individus “perçus comme noirs”. Et cela ne montre aucun racisme anti-blanc, ce n’est qu’une simple considération statistique.

Le fait est et demeure que les individus qui ont certaines “apparences” ont une probabilité bien plus grande de commettre certaines infractions. C’est incontestable pour ce qui concerne les infractions à la législation sur l’entrée et le séjour des étrangers. Mais c’est aussi vrai pour d’autres infractions: il pourrait exister des pepés qui dealent et des mémés pratiquant le vol à la tire. Mais les rhumatismes aidant, cela reste tout de même des cas rares. Il semble évident que la probabilité de trouver une infraction est bien plus grande en concentrant les contrôles sur certaines “apparences”. Le rapport affirme que “En visant certaines personnes à cause de ce qu’elles sont (ou ont l’air d’être) et non à cause de ce qu’elles ont fait ou font, les policiers perpétuent des stéréotypes sociaux et raciaux”. Mais s’agit-il vraiment de “stéréotypes” ? Je vous recommande une expérience sociologique: postez vous au tourniquets d’entrée de la station Châtelet-Les Halles et notez “l’apparence” de ceux qui sautent par dessus les barrières de contrôle. Ensuite, posez vous la question: “si je voulais contrôler les billets avec la plus grande probabilité de constater une infraction, qui serait le candidat idéal ?”. Dans la réponse à cette question, se trouve la solution du problème. Et d’ailleurs, le rapport le confirme à demi mot, lorsqu’il fait les comptes des contrôles qui conduisent à une interpellation: 20% des noirs et 13,5% des arabes, contre seulement 7% des blancs sont interpellés suite au contrôle de leur identité.

Il y a des domaines ou il est ridicule de demander l’égalité. Le contrôle est l’un d’eux. Quelque soit d’ailleurs le type de contrôle: lorsqu’on recherche le paludisme, on examine les personnes ayant voyagé dans des pays tropicaux, plutôt que de faire le test à l’ensemble de la population à grands frais pour un résultat nul. Les moyens de contrôle étant limités, il est logique de les concentrer sur les populations qui maximisent le risque. C’est pourquoi il y a plus de contrôles de police à La Courneuve qu’à Trifouillis-le-Canard, qu’on contrôle plus les jeunes que les vieux. Et qu’on contrôle, c’est triste à dire mais c’est comme ça, certaines “minorités visibles”. Il faut arrêter l’angélisme: pour des raisons qui tiennent à leur histoire, à leurs conditions de logement, à leur situation économique et à toute sorte de paramètres, on trouve plus de “dealers” dans certaines “minorités” que dans d’autres. Est-on prêt à payer plus de policiers pour s’assurer que les petits vieux qui vont faire leurs courses sont contrôlés aussi souvent que les loulous de la Gare du Nord ? Faut-il envoyer la brigade des “stups” à la kermesse de la maison du troisième âge pour pouvoir l’envoyer ensuite dans un festival Tekno sans qu’il y ait “discrimination” ? Franchement, je pense qu’il y a des choses plus intéressantes à faire avec l’argent public.

D’ailleurs, on pourrait se demander pourquoi, s’il s’agissait tout bêtement de “stéreotypes”, les officiers de police (qui, ne l’oublions, pas, sont sous la pression d’une politique du chiffre dans le domaine des infractions constatées) iraient contrôler les populations les plus difficiles à contrôler, alors qu’ils pourraient se la couler douce en contrôlant les retraités blancs qui sont si gentils…

Descartes

Toutes les citations sont du rapport “Police et minorités visibles: les contrôles d’identité à Paris”, consultable à l’adresse http://www.soros.org/initiatives/osji/articles_publications/publications/search_20090630/french_20090630.pdf

(1) On remarquera la curieuse syntaxe de ce paragraphe. Alors que la premiere partie nous parle des “personnes perçues” comme blanches, noires ou arabes (sans que l’on sache s’il s’agit de la “perception” des rédacteurs du rapport ou de celle de la police), la deuxième parle de “blancs”, “noirs” et “arabes”. Ce glissement sémantique permet d’évacuer la problématique fondamentale de la statistique éthnique: ne disposant pas d’une définition scientifique de ce que c’est un “noir” ou un “arabe”, on en est réduit à la subjectivité la plus totale. Un juif séfarade, par exemple, a toutes les chances d’être “perçu” comme “arabe”.

(2) La terminologie n’est pas neutre. Dans ce contexte, le langage courant dirait plutôt “un noir a plus de chances de se faire contrôler qu’un blanc”. Ici, on a choisi de transformer les “chances” (c’est à dire, les probabilités) en “risque”. Une formulation neutre aurait été “une plus grande probabilité”.

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2 réponses à Contrôle au faciès: la bienpensance a encore frappé

  1. nicolas dit :

    bonjour, savez vous ou trouver les donnees pour reproduire ces resultats ? merci

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