Le discours de la méthode (V): pour en finir avec la démocratie directe

L’une des difficultés pour penser et faire de la politique aujourd’hui tient à la vision que les individus ont d’eux mêmes et de leur place dans l’histoire. Après le volontarisme qui a dominé le XXème siècle, nous sommes tombés dans son opposé, qui est le victimisme. Les citoyens, qui se voyaient en 1950 comme les acteurs de la société, se perçoivent aujourd’hui comme des victimes. Le monde, la société qui nous entoure ne sont pas le résultat de nos actions (ou de notre inaction), mais de facteurs extérieurs hors de notre contrôle.

 

Ces facteurs prennent aujourd’hui deux formes. D’un côté, on “naturalise” un certain nombre de phénomènes économiques. La globalisation, la financiarisation sont présentées non pas comme le résultat de décisions politiques, mais comme des transformations “inéluctables” au même titre que les marées ou le cycle des saisons. D’un autre côté, on attribue nos malheurs à la conspiration, l’incompétence ou la faiblesse morale des élites et des gouvernants. Jusqu’à l’absurde, quelquefois: ainsi le maire dont la réélection serait compromise s’il refusait aux propriétaires de terrains inondables leur permis de construire se voit reprocher par ces mêmes propriétaires de leur avoir accordé le permis en question le jour où l’inondation arrive.

 

La méfiance permanente envers les élites et notamment celle constituée par les représentants élus (au sens large) conduit la gauche à chercher des arrangements institutionnels sans élites et sans représentation. Pour cela, la panacée est “la participation directe des citoyens aux décisions qui les concernent”, pour reprendre une formule répétée à l’envie. Pas de débat sur les institutions, pas de texte de congrès qui ne fasse appel à la démocratie directe contre ces deux abominations que sont le recours aux experts et la délégation aux représentants.

 

Tout l’argumentaire pour la démocratie directe repose sur un vision dualiste de la société: d’un côté se trouve le représentant (1), qui est presque par définition incompétent, corrompu, avide de pouvoir et d’honneurs et soucieux seulement de ses propres intérêts. De l’autre, le représenté – le citoyen – qui lui est aussi presque par définition  honnête, dévoué au bien commun, désintéressé, incorruptible. Mais l’élu, n’est-il pas lui aussi un citoyen ? Quelle est la magie qui transforme ce citoyen honnête et dévoué en élu, corrompu et égoïste ? Cette vision dualiste repose sur la formule bien connue selon laquelle “le pouvoir corrompt” (2). L’élu, parce qu’il exerce le pouvoir, se trouve chassé du paradis ou s’ébattent ces innocents citoyens pour se retrouver dans l’enfer des ambitions et des intérêts.

 

La question qu’on devrait se poser est évidente: si demain, par la magie de la démocratie directe, les citoyens exerçaient eux-mêmes le pouvoir directement, pourquoi ne seraient-ils pas corrompus à leur tour ? Quelle est la magie qui préserverait les “simples citoyens” des corruptions du pouvoir ? A cette question, les partisans de la démocratie directe ne fournissent aucune réponse.

 

Et pourtant, la simple réflexion ou mieux encore l’expérience immédiate montre que la question est pertinente. Ceux qui auront eu le privilège de participer à une réunion de co-propriété le savent bien: à l’heure de décider, chacun voit son intérêt immédiat. Pourquoi croyez vous que les parties communes – lieux “publics” – des immeubles soient bien plus dégradées souvent que les appartements – lieux “privés” ? Parce que chacun est prêt à consentir individuellement pour son bien des investissements qu’il n’est pas prêt à consentir pour les lieux d’usage collectif. Ce type de comportement n’est pas isolé: combien de gens qui mettent les pieds sur la banquette du métro feraient de même sur le canapé de leur salon ? Combien de gens qui jettent un mégot sur le quai du métro feraient de même sur le plancher de leur cuisine ? Combien de gens qui ramassent un papier par terre chez eux pour le mettre à la poubelle le feront dans un square ?

 

Le dévouement au bien public et à l’intérêt général n’est pas naturel. Et il n’est pas plus fréquent chez les “simples citoyens” que chez les élus ou les élites. C’est pourquoi la démocratie directe (3) n’a aucune raison de produire des décisions moins marquées par les intérêts particuliers que la démocratie représentative. En fait, ce serait plutôt le contraire: cela tient au fait qu’un représentant n’est pas seulement élu; il est institué. C’est entendu, on est élu en obtenant 51% des voix. Mais une fois élu, on n’exerce pas la fonction libre de toute attache. Celui qui prend les fonctions de conseiller municipal, de maire, de député, de président de la République accède à une institution symbolique qui le lie à une histoire, avec ses contraintes et ses obligations. Etre député n’implique pas seulement de pouvoir aller au Parlement et voter des lois: les citoyens qui l’ont élu attendent de lui qu’il respecte un certain nombre de règles, qu’il “fasse honneur à sa fonction”. C’est cet appareil symbolique qui permet d’endosser un “surmoi” qui n’est pas celui de l’individu, mais celui de la société toute entière. Et c’est par cette opération que l’élu est poussé – avec des ratés quelquefois, mais le plus souvent avec succès – à regarder l’intérêt général plutôt que son intérêt particulier. Un président obsédé par sa place dans l’histoire vaut toujours mieux qu’un citoyen qui n’est, lui, obsédé que par sa maison, son emploi, son compte en banque. Et c’est pourquoi il est important que le président soit obsédé par l’histoire. Lorsqu’on propose de remplacer le président ou le Parlement – nos représentants – par une démocratie directe, on fait fi de cette institution symbolique. Le citoyen qui vote directement n’a pas de place dans l’histoire qui l’attend. Il n’a que ses intérêts particuliers pour le guider. Proposer la démocratie directe, c’est affirmer qu’un ensemble d’individualités vaut toujours mieux qu’une institution.

 

La vulgate veut que la démocratie directe permette de “rapprocher la décision des citoyens”. Mais la proximité n’a jamais été un gage de justice ni de défense de l’intérêt général. Prenons le cas d’un conflit de voisinage. Qui est le mieux à même de trancher ? Un troisième voisin, qui aura peut-être l’avantage de connaître la situation de l’intérieur mais qui est aussi engagé dans le conflit par les rapports qu’il entretien avec les parties ? Ou plutôt un juge indépendant, fonctionnaire extérieur n’ayant aucune attache avec l’affaire ? Lorsqu’il s’agit d’installer une décharge, qui est le mieux placé pour décider du lieu ? Une assemblée locale ou chaque participant voudra voir la nuisance chez les autres, ou un service extérieur compétent qui lui peut regarder les avantages et inconvénients de chaque localisation objectivement ?

 

Si l’on veut dégager les décisions de la dictature des intérêts individuels, il faut au contraire éloigner la décision des citoyens concernés. La délégation du pouvoir n’est pas seulement une question de simplification ou de division du travail, c’est aussi et surtout une question de médiation. Le peuple ne peut pas, directement, dégager l’intérêt général. Il lui faut pour cela instituer des médiateurs qui ont un rôle maïeutique indispensable. Ces médiateurs, ce sont en premier lieu les élus.

 

En fait, l’obsession de la démocratie directe et de la proximité est la face la plus visible d’une transformation idéologique profonde: celle du rejet de l’idée même d’institution comme élément fondamental de l’organisation politique. Un rejet qui prend des formes diverses selon que l’on soit à droite où à gauche. A droite, c’est le néo-libéralisme qui porte le fer sous prétexte de combattre les “rigidités”. A gauche, c’est la dimension libertaire et la lutte contre “les mécanismes répressifs de l’Etat” qui prime. Mais des deux côtés on aboutit à la même conclusion: les institutions sont des carcans qu’il faut détruire pour que l’individu (qui est la mesure de toute chose) puisse s’épanouir (4).

 

On voit là encore à quel l’idéologie anti-institutionnelle de mai 68 continue, quarante ans plus tard, à avoir des effets dévastateurs. Il est grands temps d’abandonner ce néo-rousseauisme: non, le citoyen n’est pas “naturellement bon” et ce n’est pas la société qui le corrompt. C’est au contraire la société et les institutions qui permettent aux mammifères que nous sommes de dépasser nos instincts territoriaux et notre égoïsme pour concevoir un intérêt général. Sans l’institué, qui permet d’édicter et de légitimer les règles de vie en société, chacun de nous retombe naturellement dans la raison du plus fort ou du plus malin pour défendre des petits intérêts. La démocratie directe qu’on nous vante tant n’est en fait qu’un retour rêvé à l’état de nature, en oubliant combien l’existence dans l’état de nature est “solitaire, pauvre, méchante, brutale et brève”.

 

 

Descartes

 

 

(1) On peut ici remplacer le représentant par l’expert. Tout le raisonnement qui suit lui est applicable. Car ce qui est en cause en fait c’est moins la nature du représentant que le mécanisme de délégation, c’est à dire, la logique qui veut que le citoyen choisisse pour exercer le pouvoir un son nom un individu jugé plus capable que lui même à le faire.

 

(2) C’est là qu’il faut chercher l’origine de la tentation toujours présente dans la gauche radicale de rendre les institutions impuissantes. La question n’est pas de permettre aux institutions de bien gouverner, mais de les empêcher de mal gouverner. Et comme la manière la plus simple de les empêcher de mal gouverner est de les empêcher de gouverner tout court, la boucle est bouclée. On dépense ainsi des pages à décrire des mécanismes plus ou moins compliquer pour contrôler et révoquer les représentants, pour donner à tel ou tel groupement des droits de rectification ou de veto. Il faut relire à ce propos “La nostalgie de l’impuissance” de Maurice Duverger.

 

(3) Par “démocratie directe” il faut entendre tout système dans lequel le pouvoir est exercé sans médiation. Cela inclut les systèmes où les décisions sont prises par une assemblée de “représentants” tirés au sort. En effet, le tirage au sort joue un rôle d’échantillonnage, et produit une assemblée censée avoir les mêmes caractéristiques que l’ensemble sur lequel le tirage est effectué.

 

(4) Cette “évidence” n’a pas toujours été telle. La gauche en particulier était traditionnellement institutionnaliste. Il n’y a qu’à voir le soin porté à l’organisation interne des différents partis politiques et la quasi-sacralisation des organisations et des textes fondateurs. C’était vrai à la SFIO, c’était encore plus vrai au PCF: le Comité Central, le Bureau Politique, le Secrétariat n’étaient pas seulement des organes politiques, c’était des institutions symboliques. On attendait d’un membre de ces organismes un certain comportement, un certain niveau de réflexion. Noblesse oblige.

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6 réponses à Le discours de la méthode (V): pour en finir avec la démocratie directe

  1. Marcailloux dit :

    Pour avoir évoqué l’intéret d’un débat sur une assemblée désignée par tirage au sort (en remplacement suggéré du sénat)dans un commentaire précédent, je me permets de réitérer sur ce sujet car il
    me parait capital.
    Constatant qu’un très grand nombre de citoyens ne se reconnait, à tord ou à raison, pas vraiment dans ses représentants,
    -constatant que l’effet d'”héritage” est une pratique ressentie à tord ou à raison et se traduit par une forme accentuée de “successions” pas forcément justifiée par le mérite ou la
    compétence,(l’épisode Jean Sarkozy en a été le point d’orgue)
    -constatant à tord ou à raison que l’univers politique présente un centre d’inertie très fortement ancré sur Paris,
    il est logique d’imaginer l’attente-et pour le souverain qu’est le peuple, un impératif- et donc satisfaire un sentiment de réelle représentativité.
    Et celà pour quoi ?
    Simplement pour, en bon souverain, pouvoir de temps en temps, frapper du point sur la table et dire :là, non ce n’est absolument pas ce qui était convenu.
    Vous vous en souvenez sans doute, c’est C.Pasqua qui disait régulièrement:”les promesses n’engagent que ceux qui les croient”. Etonnez vous ensuite du sentiment de très nombreux citoyens vis à vis
    des politiques. Ont-ils tort ?
    Ce qui etait suggéré: un assez faible pouvoir d’entraver un cynisme(au sens actuel)qui au nom du “réalisme” ou de l’abattement de tabous ou encore je ne sais quelle bonne raison,devient un
    comportement banal sans que le peuple outré ne puisse réagir en tant que tel.
    L’oligarchie si décriée est en partie constituée d’arrivistes, d’ambitieux pour eux mêmes et rien d’autre,de corrompus ou corruptibles à la moindre occasion et la “classe des gens qui comptent”
    comme dit JLM est bien souvent muette ou discrète sur des faits qui sont dévoilés des mois ou des années plus tard.
    La pression qui pourrait être mise sur tout ceux qui selon vos propos en réponse à un commentaire:”Noblesse oblige”, se sentiraient la liberté comme en convient implicitement C.Pasqua de bafouer
    dès le lendemain de leur élection le peuple qui les a fait noble,cette pression éviterait la suspiscion nuisible, à la force nécessaire de l’état.
    D’autre part,une bonne dose de modération dans les pratiques quotidiennes des”ors de la République”inciterait bien plus les citoyens à s’engager dans les efforts nécéssaires. Or qui profite de ces
    largesses ?, et ceci largement diffusé par les télés.
    C’est pourquoi je reste persuadé qu’un organe dont il faudrait déterminer les conditions d’existence, est une idée qui ne doit pas être balayée d’un revers de manche.
    J’y vois là un jacobinisme à la limite de l’exercice et le lit de l’oligarchie regnante.
    Pour terminer sur une note plus consensuelle, plus conciliante, votre billet sur l’absence de la CGT est une leçon de sagesse.
    Post scriptum
    Je ne crois pas un instant comme vous l’affirmez dans une de vos réponses que vous préfereriez passer vos journées à la plage. Ce n’est pas un reproche mais cela semble si éloigné de l’image que
    l’on peut se faire de vous !!!!
    Cordialement votre.

    • Descartes dit :

      Constatant qu’un très grand nombre de citoyens ne se reconnait, à tord ou à raison, pas vraiment dans ses représentants,

      Mais pourquoi diable voudrais tu que les citoyens “se reconnaissent” dans leurs représentants ? La fonction d’un représentant est de représenter ses mandants,  pas de leur ressembler. L’idée
      que seul quelqu’un qui te ressemble peut te représenter n’a rien d’évident. De ce point de vue, le peuple français est très sage: il n’a jamais voté pour des gens qui lui ressemblent. Je me
      souviens d’un dessin magnifique de Cabu dans lequel une grosse dame avec son cabas, en voyant le slogan du FN “Mes idées ? Ce sont les votres !” s’exclame “tiens, je le croyais plus intelligent
      que ça”…

      -constatant à tord ou à raison que l’univers politique présente un centre d’inertie très fortement ancré sur Paris,

      Encore heureux! Si l’on veut une élite politique qui s’occupe d’autre chose que les pissotières municipales, il faut une élite qui prenne distance par rapport au terrain. Et pour cela,
      il faut qu’il y ait un lieu d’accumulation capable d’atteindre la “masse critique” nécessaire pour produire des idées nouvelles. Ce n’est pas par hasard si les révolutions se font dans les
      capitales…

      Simplement pour, en bon souverain, pouvoir de temps en temps, frapper du point sur la table et dire :là, non ce n’est absolument pas ce qui était convenu.

      Curieusement, tu conçois l’action du souverain seulement sur le mode négatif. Au lieu de chercher des moyens qui permettent au souverain d’être bien gouverné, tu te concentres sur les moyens pour
      le souverain de “taper du poing sur la table” pour protester. Si l’on reduit le rôle du souverain au fait de “taper du poing sur la table”, on le condamne à un rôle purement réactif.

      Vous vous en souvenez sans doute, c’est C.Pasqua qui disait régulièrement:”les promesses n’engagent que ceux qui les croient”. Etonnez vous ensuite du sentiment de très nombreux citoyens vis
      à vis des politiques. Ont-ils tort ?

      Non. Là où ils ont tort, c’est lorsqu’ils croyent que le raisonnement de Pasqua ne s’applique qu’aux politiques. Qu’est ce qui te fait croire que les “citoyens tirés au hasard” seraient plus
      honnêtes, plus dévoués au bien public que les politiciens professionnels ?

      Cordialement,

  2. bubu dit :

    Je ne vois pas en quoi cet article fait avancer la réflexion, vous enfoncez une porte ouverte. Personne ne dit que la collectivité serait mieux dirigée sans la médiation que représentent les élus;
    le débat porte sur le DOSAGE, sur l’équilibre souhaitable entre le contrôle(direct) de ces élus par le moyen du vote, et la marge de manoeuvre que le collectif souhaite laisser à ses représentants,
    y compris en votant des réformes impopulaires.La meilleure base de réflexion sur ce sujet à mon sens est la Suisse, dont le systéme de “votations” limite beaucoup plus que partout ailleurs en
    Europe cette marge de manoeuvre; sans que ce pays, que je sache, ait sombré dans un quelconque populisme incontrôlé: La médiation est reconnue comme une évidente nécessité, mais le contrôle est
    beaucoup plus présent. Je pense qu’il s’agit du meilleur compromis possible -au prix d’une baisse conséquente du pouvoir de nos élites: Ce n’est pas d’eux que viendra une évolution dans ce sens,
    mais de la pression de la base, que je souhaite aussi forte et précoce que possible.

    • Descartes dit :

      Personne ne dit que la collectivité serait mieux dirigée sans la médiation que représentent les élus.

      Je vois que vous n’avez pas assisté au “forum pour un programme partagé” joliment mais curieusement intitulé “6 heures pour une 6ème république”. Parce que là on n’a dit que ça. Qu’il fallait “en
      finir avec la délégation de pouvoir”, qu’il fallait chaque fois que cela était possible “permettre au peuple d’exprimer directement sa volonté” par la voie du référendum d’initiative populaire…
      et vous trouverez d’innombrables appels à la démocratie directe et “non délégataire” dans les documents des quatre ou cinq derniers congrès du PCF. Croyez-moi, la démocratie directe se porte très
      bien cette saison.

      La meilleure base de réflexion sur ce sujet à mon sens est la Suisse, dont le systéme de “votations” limite beaucoup plus que partout ailleurs en Europe cette marge de manoeuvre; sans que ce
      pays, que je sache, ait sombré dans un quelconque populisme incontrôlé

      Il est vrai que grâce aux “votations”, certains cantons n’ont toujours pas accordé le vote aux femmes, ont interdit la construction de minarets, imposé la réligion dans les écoles… franchement,
      l’expérience suisse est loin de militer pour la votation citoyenne.

      La médiation est reconnue comme une évidente nécessité,

      Pourriez vous m’indiquer un seul texte émanant d’une organisation de la “gauche radicale” qui reconnaisse la médiation des élus comme une “évidente nécessité” ? C’est tout le
      contraire: pas une seule de ces organisations qui n’ait pas, dans ses textes, manifesté sa volonté d’en finir avec la “délégation”.

       

  3. bubu dit :

    Je pense que , sur l’essentiel, nous sommes d’accord sur le sujet; néanmoins, reconnaissez que vous passez, de la Gauche dans le corps de votre article, à la Gauche Radicale dans votre réponse: ce
    n’est pas la même chose en terme d’incidence sur l’évolution du corps social ( tant mieux!), et réduit la gravité du probléme d’autant. Pour la Suisse, que je connais bien, ce que vous en dites
    n’est pas du tout convainquant. Une chose est de se méfier de la gouvernance directe, une autre de porter à son débit les décisions qui vous déplaisent. Le vivre-ensemble et la relation avec leurs
    politiciens, en Suisse, devraient vous interdire, étant donné le désastre de cette relation en France, de critiquer les quelques votations contestables que vous évoquez: Le bilan global de la vie
    politique Suisse n’a rien à voir avec la misére Française, et mon beau-frére Suisse a bien rigolé en lisant votre réponse, sur fond de paille et de poutre…Je ne peux lui donner tort.

    • Descartes dit :

      néanmoins, reconnaissez que vous passez, de la Gauche dans le corps de votre article

      Pas du tout. Je repondais simplement à votre affirmation “La médiation est reconnue comme une évidente nécessité” en vous donnant un contre-exemple: celui de la gauche radicale, qui
      rejette unanimement cette idée. Mais c’est aussi vrai de certains courants du PS: rappellons la “démocratie participative” de Ségolène…

      Une chose est de se méfier de la gouvernance directe, une autre de porter à son débit les décisions qui vous déplaisent.

      Je ne vois pas très bien comment on peut juger une méthode de prise de décision autrement qu’à partir des décisions qui sont prises.

      Le vivre-ensemble et la relation avec leurs politiciens, en Suisse, devraient vous interdire, étant donné le désastre de cette relation en France,

      Je ne vois pas où est le “désastre”. Que je sache, les décisions prises au nom du peuple français par les élus jouissent en France d’une enviable légitimité. La meilleure preuve est que toutes
      les protestations s’effacent une fois que la loi est votée (l’exemple de la loi sur les signes religieux à l’école ou plus récemment la réforme des retraites le montrent). Il n’y a pas de crise
      de légitimité en France. Et c’est à cela que se mesure la santé d’un système politique. Pas au fait que les gens grognent ou qu’ils se plaignent par voie de sondage.

      Le bilan global de la vie politique Suisse n’a rien à voir avec la misére Française,

      Ah bon ? Et en quoi “le bilan global” de la vie politique Suisse serait-il supérieur à al “misère Française” ? Il ne faudrait pas oublier que le système politique français, avec ses immenses
      défauts, a permis au pays de se réconstruire après une guerre, de rester une puissance malgré une évolution du monde qui lui est nettement défavorable, de garder une prétension à l’universel…
      et c’est à cela que sert un système politique. J’ai l’impression que pour vous le but du système politique est que les gens ne se fâchent pas. C’est avoir bien peu d’ambition…

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