A Paris, la vieillesse est un naufrage

La nouvelle est tombée hier: le maire de Paris proposera au conseil de Paris le 9 juillet prochain, de mettre fin à la gratuité de la “carte améthyste”. Tout ça, bien entendu, dans le cadre d’un “projet de modernisation des cartes de transport”. C’est fou combien dans la novlangue que parlent nos élus – de droite comme de gauche, c’est du pareil au même – le beau terme de “modernisation” est devenu synonyme de restrictions, de réduction du service, de contraintes supplémentaires.

La “carte améthyste”, crée en 1973 avec l’objectif de encourager les “vieux” à sortir de chez eux et mener une vie plus active, permet aux personnes âgées de plus de soixante-cinq ans (ou de soixante ans reconnues inaptes au travail) et dont l’impôt sur le revenu ne dépasse pas 2000 euros de voyager gratuitement sur les lignes parisiennes de la RATP. Depuis 1973, et malgré les crises successives, elle est toujours restée gratuite.

On peut longuement discuter sur la pertinence ou non de cet avantage. On pourrait conclure qu’un retraité qui paye 2000 € d’impôt par an dispose d’un revenu relativement confortable, et qu’après tout lui demander une petite participation (la proposition est de la fixer à 40 € par an, 20 € pour ceux qui bénéficient des minima sociaux) n’est pas déraisonnable. Mais pour le retraité qui se situe juste au dessus des minima sociaux (de l’ordre de 700 € par mois), 40 € représente 0,5% de son revenu annuel. Ce n’est pas beaucoup, mais ce n’est pas non plus négligeable. Il faut aussi noter que la carte “améthyste” coûte au contribuable parisien 55 M€ pour 130.000 utilisateurs, et la contribution demandée aux bénéficiaires de la carte devrait rapporter à la ville 5 M€, dont une partie sera certainement consommée par la mise en place du circuit administratif permettant de recueillir et contrôler les payements. La logique économique d’une telle mesure laisse songeur…

Mais derrière cette mesure, il y a tout de même un message. Au moment où la mairie de Paris dépense des sommes considérables pour des dispositifs tels que Vélib (1) ou Autolib (2) – des dispositifs plébiscités par un public de bobos jeunes et adultes – on met à l’amende les vieux. Et pas les vieux qui ont des fortunes, mais les petits vieux qui vivent avec une petite retraite. Mais que voulez-vous: les millions dépensés dans Vélib et Autolib donnent en retour aux élus socialistes et verts parisiens d’innombrables opportunités d’apparaître au fenestron ou sur le papier glacé des magazines – dont ceux financés par la “com” de la Ville de Paris et qu’on appelle pompeusement “magasins d’information municipale” – dans le costume de gens “modernes”, “jeunes”, “branchés”… alors que la “carte améthyste”, c’est ringard, c’est pour les petits vieux qui puent et qui – last but not least – votent à droite.

Notre société est en train de détricoter le pacte entre les générations, pacte implicite mais absolument indispensable pour le fonctionnement de nos systèmes de prévision. Si les jeunes et les adultes sains acceptent aujourd’hui de payer pour les vieux et les malades, c’est parce qu’ils ont confiance dans le fait que demain, lorsqu’ils seront eux mêmes devenus vieux et malades, les jeunes et adultes du futur paieront pour eux. Chaque fois qu’on réduit les prestations des vieux (recul de l’âge de la retraite, réduction des remboursements maladie, fin de la gratuité de la carte émeraude…) on porte un coup de canif à ce pacte. Cela ne veut pas dire, bien entendu, qu’on ne puisse rien changer et rien modifier. Mais cela veut dire que chaque reforme doit être soigneusement justifiée du point de vue de la solidarité intergénerationnelle. Autrement, les gens perdront confiance et les systèmes par répartition seront contestés. Et le moins qu’on puisse dire est que la reforme de la carte émeraude n’a pas de véritable justification autre que de faire des économies.

Lorsqu’ils étaient plus jeunes, les vieux parisiens d’aujourd’hui ont payé ponctuellement leurs impôts locaux pour que les vieux d’alors puissent bénéficier de leur carte améthyste gratuite. Ils ont de ce fait acquis un droit à ce que les jeunes d’aujourd’hui paient la leur. Les priver de ce droit est une injustice.

Descartes

(1) Le coût réel du programme Vélib est difficile à établir, la  Mairie de Paris ayant fait son possible pour rendre son évaluation aussi difficile que possible. A l’origine, l’entreprise concessionnaire, JC Decaux, s’engage à fournir les vélos et à verser à la Ville de Paris 3,5 M€ par an. La ville empoche en plus les redevances des usagers, estimées à environ 20 M€ par an. En échange, Decaux se voit offrir la concession des panneaux publicitaires de la Ville avec des recettes annuelles estimées à 57 M€ par an. Le contribuable parisien subventionne donc le dispositif à auteur de 34 M€ par an, le tout pour 200.000 abonnés. Il faut aussi noter que suite à un vandalisme constaté bien plus important que prévu, l’économie du projet a été rénegociée, et la Ville couvre maintenant aussi une partie du coût de renouvellement des vélos…

(2) Suvention prévue autour de 37 M€, dont 15 M€ payés dès 2011. Et ce n’est pas fini…

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18 réponses à A Paris, la vieillesse est un naufrage

  1. Antoin dit :

    Tout à fait d’accord avec vous concernant l’injustice faite aux personnes les plus agées. Une remarque toutefois : étiez-vous obligé de persifler sur le “public de bobos jeunes et
    adultes” ? Que je sache, il n’est nécessaire d’être ni “bourgeois” ni “bohème” pour apprécier le dispostif Vélib’ ; peu onéreux (le prix de l’abonnement annuel est de 29€), celui-ci est tout à
    fait adapté à un public de prolos qui travaillent durement.

    J’ajouterai qu’en assimilant sans distinction les parisiens non retraités à des “bobos”, vous les dénigrez. Ce n’est pas ainsi que vous favoriserez la bonne entente (et conséquemment la
    solidarité) inter-générationnelle.

    A fait, que penseriez-vous de la gratuité du métro et du bus pour tous ? Cela réglerait le problème d’une façon assez simple (au grand détriment des adorateurs de la complexification
    administrative).

     

    • Descartes dit :

      Une remarque toutefois : étiez-vous obligé de persifler sur le “public de bobos jeunes et adultes” ? Que je sache, il n’est nécessaire d’être ni “bourgeois” ni “bohème” pour apprécier le
      dispostif Vélib’ ;

      Je n’ai pas dit le contraire. J’ai dit que le dispositif était particulièrement apprécié par les bobos, je n’ai jamais dit qu’il n’était apprécié que par eux… il reste que lorsque lemaire de
      Paris a décidé d’investir beaucoup d’argent dans ce dispositif, il visait un électorat. A votre avis, lequel ?

      peu onéreux (le prix de l’abonnement annuel est de 29€), celui-ci est tout à fait adapté à un public de prolos qui travaillent durement.

      Pas vraiment: il ne vous aura pas échappé je pense que l’immense majorité des “prolétaires qui travaillent durement” en région parisienne vivent en banlieue. S’ils veulent rejoindre leur lieu de
      travail à vélo, ils ont intérêt à s’en acheter un… parce que le dispositif Vélib’ ne fonctionne pas hors du périphérique…

      J’ajouterai qu’en assimilant sans distinction les parisiens non retraités à des “bobos”, vous les dénigrez.

      Je ne “dénigre” personne, je constate un fait: avec les prix astronomiques de l’immobilier parisien, que ce soit à l’achat ou à la location, les seuls qui peuvent s’installer aujourd’hui dans
      paris intra muros sont les bobos et les grands bourgeois. Aujourd’hui, ce sont les bobos qui dominent à Paris, et il suffit de regarder les politiques de la mairie de Paris pour s’en convaincre.

      A fait, que penseriez-vous de la gratuité du métro et du bus pour tous ? Cela réglerait le problème d’une façon assez simple (au grand détriment des adorateurs de la complexification
      administrative).

      La gratuité n’existe pas. Si l’on supprime les rédevances perçues sur l’usager, il faudra financer le système d’une autre manière. Laquelle proposeriez vous ? Mais avant de répondre, n’oubliez
      pas que selon le mode de financement, vous reportez le coût sur telle ou telle catégorie.

      Imaginons par exemple que vous reportiez le coût sur la taxe d’habitation. Cela implique que les résidants de l’Ile de France payeront le transport des provinciaux et des touristes. Cela implique
      aussi que les résidents qui n’utilisent jamais les transports en commun – par exemple parce qu’ils habitent un endroit non desservi – payeront pour ceux qui les utilisent, que les célibataires
      payeront pour les familles nombreuses… et ainsi de suite. Si vous voulez établir un système juste, il faudra moduler la taxe d’habitation suivant toutes sortes de critères… comme quoi, votre
      reforme fera encore les beaux jours des “adorateurs de la complexification administrative”…

      Personnellement, je suis contre toute gratuité. La gratuité fait naître chez les gens l’illusion que le service n’a aucun coût. Je vois un grand intérêt à maintenir un paiement, ne serait-ce que
      symbolique, à titre pédagogique. Cela à mon sens s’applique aussi aux impôts: tout le monde devrait payer l’impôt sur le revenu, même s’il ne s’agit qu’une somme symbolique.

      Une réforme qui me paraîtrait utile d’ailleurs serait la création d’une “carte de contribuable”: une carte qui serait délivrée à tous ceux qui déclarent à l’impôt sur le revenu où à une des taxes
      locales en France, et qui donnerait droit à des réductions ou des avantages dans l’ensemble des services publics et chez toutes les entreprises qui reçoivent d’une manière ou d’une autre des
      subventions publiques. Cela permettrait de faire le lien pédagogique entre impôt et service public, et encouragerait les gens à se montrer exigeants (car on sait bien que lorsqu’on paye, on exige
      plus).

       

       

    • Descartes dit :

      “réussi à sauver les meubles” ? Si je comprends bien, à l’issue de cet accord, les retraités qui touchent 877 € par mois (ce n’est pas beaucoup, 877 € à Paris) payeront leur carte émeraude, qui
      était depuis 1973 gratuite pour ceux qui touchaient moins de 2100 €/mois. Quelle victoire, pour les défenseurs du prolétariat… et Ian Brossat, président du groupe Front de Gauche au Conseil de
      Paris a en plus le culot de se “féliciter”. Et après on s’étonne que l’électorat populaire se demande si gauche et droite c’est du pareil au même…

       

  2. demos dit :

    J’avoue que je ne comprend pas ton post cette fois ci.

    Paris est un univers partagé en 3 (oui, bon, je taille a la serpe):

    une partie est celle des classes populaires vivant en HLM. Essentiellement dans les arrondissements du Nord Est, mais pas seulement.

    Une autre partie est celle des cadres et des professions independantes – ce que tu appelles la “classe moyenne” je crois. Ils ont colonisé les arrondissements du centre, ceux où les verts font
    leurs meilleurs scores.

    Une 3e partie est celle de l’ancienne bourgeoisie – rentiere ou tout comme – des arrondissements de l’Ouest.

    Où est la personne concernée par la carte emeraude dans cette classification?

    Le retraité a Paris est soit trop riche pour qu’il soit juste que la collectivité lui paie sa carte 2 zones, soit déjà bien aidé par la collectivité via un logement HLM “à vie” dans la ville la
    plus chere d’Europe.

    Amendé comme décrit dans le commentaire n°2, la mesure me va pleinement… Et je ne suis pourtant vraiment pas delanoephile!

    • Descartes dit :

      Paris est un univers partagé en 3 (oui, bon, je taille a la serpe): une partie est celle des classes populaires vivant en HLM (…); Une autre partie est celle des cadres et des professions
      independantes – ce que tu appelles la “classe moyenne” je crois (…); Une 3e partie est celle de l’ancienne bourgeoisie – rentiere ou tout comme – des arrondissements de l’Ouest.

      Sauf que ces trois groupes ne sont pas d’égale importance: les couches populaires sont aujourd’hui ultra-minoritaires: il ne reste pratiquement plus d’ouvriers, et les employés tendent eux aussi
      à partir. Les HLM de la ville de Paris sont remplis de petits fonctionnaires (notamment d’enseignants, qui ont quelques facilités pour obtenir un logement social dès lors qu’ils sont affectés à
      Paris). Les couches populaires ne sont bien représentées que chez les retraités: c’est à dire, des gens qui ont pu acheter lorsqu’ils étaient jeunes, quand Paris était encore une ville populaire,
      ou qui occupent des HLM à une époque où l’accès à ceux-ci était plus aisé. Ce qui répond à ta question:

      Où est la personne concernée par la carte emeraude dans cette classification?

      Essentiellement chez les couches populaires: retraités vivant avec des petites retraites, situées entre les minimas sociaux et les 2100 € d’imposition qui constituent la limite maximale.

      Le retraité a Paris est soit trop riche pour qu’il soit juste que la collectivité lui paie sa carte 2 zones, soit déjà bien aidé par la collectivité via un logement HLM “à vie” dans la ville
      la plus chere d’Europe.

      S’il est “trop riche”, il n’a pas droit à la “carte émeraude”, qui a un plafond de ressources. Et il y a à Paris beaucoup de retraités modestes qui ont pu s’installer lorqu’ils étaient jeunes et
      les prix de l’immobilier étaient encore accessibles ou qui disposent de contrats de location protégés “loi de 1948”.

      Amendé comme décrit dans le commentaire n°2, la mesure me va pleinement… Et je ne suis pourtant vraiment pas delanoephile!

      Pas moi. Et pour une raison de fond. Je trouve injuste que mes parents, qui pendant leur jeunesse ont payé religieusement leurs impôts pour permettre aux retraités modestes de jouir de leur
      “carte éméraude” gratuite se trouvent, arrivés eux mêmes à l’âge de la retraite, privés de cet avantage. Je trouve que ce genre de décision prépare la rupture du lien de confiance entre les
      générations. Pourquoi accepterais-je de payer pour les vieux aujourd’hui si personne ne me garantit que demain, devenu vieux à mon tour, les jeunes paieront pour moi ? On ne peut pas en même
      temps soutenir les régimes de répartition et tolérer une telle injustice.

      Je trouve cette trahison de la confiance d’une génération d’autant plus détestable qu’elle sent le clientélisme. La gauche bobo au pouvoir à Paris dépense sans compter pour sa “clientèle” (rien
      n’est trop beau ou trop cher pour Vélib”…) mais n’a pas 1,5M€ pour maintenir la gratuité de la “carte émeraude” des vieux modestes et qui votent à droite.

  3. Antoine dit :

    Bonjour Descartes,

    Le terme “bobo” décrit moins une réalité sociale qu’elle ne met à jour l’imaginaire fantasmatique du locuteur. Aujourd’hui, celui qui a le malheur d’être un parisien (intra-muros) et qui affiche
    des idées progressistes (égalitaristes, soyons clairs) se fait taxer de “bobo”. Je trouve cela particulièrement pervers, car cela vise à discréditer les idées de gauche en employant une
    rhétorique “de classe” (dans bobo il y a bourgeois). C’est la sépcialité d’un Soral. Marine Le Pen a elle aussi réussit à délirer sur “Les bobos qui prennent le vélib’ pour aller bruncher” (ça
    mériterait de figuer dans le dictionnaire de Flaubert).

    Donc pitité, arrêtez avec la “gauche bobo” car elle n’a rien de bohème (lorsqu’elle est bourgeois) et elle n’a rien de bourgeois (lorsqu’elle est “bohème”, çad avec un métier non conventionnel).
    Parlez de gauche “classe moyenne”, c’est plus précis et moins haîneux. Merci.

    Concernant la quasi-gratuité des transports communs communaux, je serais tenté de voter “pour”, mais le coup administratif et logistique serait tel qu’une telle mesure serait coûteuse. Donc, par
    pragmatisme je pense que la gratuité est la meilleure solution (pour répondre à votre question : le système serait financé 1. par les économies de fonctionnement réalisées 2. par l’impôt sur le
    revenu). En revanche, concernant les impôts sur le revenu, je pense que votre proposition est une bonne idée et qu’elle est applicable.

    • Descartes dit :

      Le terme “bobo” décrit moins une réalité sociale qu’elle ne met à jour l’imaginaire fantasmatique du locuteur.

      C’est ce que disent toujours les bobos… 😉

      Non, le terme “bobo” décrit bien une réalité, plus sociologique que strictement “sociale”. C’est l’apparition à côté de la traditionnelle bourgeoisie conservatrice d’une bourgeoisie dynamique,
      aussi ouverte aux changements sociétaux – parce qu’elle a compris que ceux-ci, loin de la menacer, renforcent ses positions – que fermée à tout ce qui peut mettre en cause ses intérêts
      fondamentaux.

      Aujourd’hui, celui qui a le malheur d’être un parisien (intra-muros) et qui affiche des idées progressistes (égalitaristes, soyons clairs) se fait taxer de “bobo”.

      Que certains puissent abuser du terme, c’est certain. Mais cela ne lui enlève en rien sa pertinence. Par ailleurs, personne ne songerait à traiter ma concierge de “bobo”, et pourtant elle est
      certainement parisienne et progressiste…

      Je trouve cela particulièrement pervers, car cela vise à discréditer les idées de gauche (…)

      C’est quoi, pour toi, ces “idées de gauche” qu’on vise à discréditer ?

      Marine Le Pen a elle aussi réussit à délirer sur “Les bobos qui prennent le vélib’ pour aller bruncher”

      Je ne vois pas où est le “délire”. Ce n’est pas parce que c’est Marine Le Pen qui le dit que c’est délirant. Et lorsqu’on voit comment la Mairie de Paris cherche à récupèrer de l’argent sur les
      cartes éméraude alors que rien n’est trop beau quand il faut financer le vélib, on ne peut que conclure que Marine Le Pen n’a pas tout à fait tort…

      Donc pitité, arrêtez avec la “gauche bobo” car elle n’a rien de bohème (lorsqu’elle est bourgeois) et elle n’a rien de bourgeois (lorsqu’elle est “bohème”, çad avec un métier non
      conventionnel).

      Le terme “boheme” dans “bobo” n’implique pas un “métier non conventionnel” mais un état d’esprit. Les bobos ne sont pas des bourgeois qui vivent la vie de boheme, mais qui se concoivent comme
      vivant la vie de bohème.

      Parlez de gauche “classe moyenne”, c’est plus précis et moins haîneux. Merci.

      Ce ne serait pas “précis”, au contraire. Particulièrement dans le sens ou j’utilise cette formule dans mes papiers. Quant à “haineux”… certains vous diront que sous ma plume “classe moyenne”
      n’est pas tout à fait un compliment.

      Donc, par pragmatisme je pense que la gratuité est la meilleure solution (pour répondre à votre question : le système serait financé 1. par les économies de fonctionnement réalisées 2. par
      l’impôt sur le revenu)

      En d’autres termes, vous préconiseriez de rompre tout lien entre l’usage du service et son financement. Cela pose une batterie de problèmes. Par exemple, l’intérêt du transporteur n’est plus de
      rendre ses véhicules attractifs, au contraire: moins ils sont fréquentés, moins cela lui pose des problèmes.

       

  4. Antoine dit :

    En somme, ce que vous appelez “bobo”, ce sont les bien-pensants qui font partie des classes moyennes-aisées. Rien de nouveau sous le soleil. Nul besoin de créer un nouveau mot pour désgner ces
    gens.

    Je maintiens que le terme “bobo” est réactionnaire, car son emploi dénote une haîne des citoyens (pauvres et riches) qui s’affirment de gauche (même sous Hollande ce n’est pas une étiquette
    facile à assumer) et qui relativisent la “valeur travail” en posant la question de son sens (ce qui n’est pas idiot : stakhanovisme et sarkozysme mènent à l’aliénation individuelle et à la
    destruction de notre civilisation. Poser la question du sens du travail ce n’est pas se considérer comme bohème, c’est penser la liberté de tous et l’avenir de notre nation).

    Si j’ai bien compris, vous rangez parmi les “bobos” la classe des profs, qui pourtant est un des rares métiers réellement utiles aujourd’hui avec ceux de la médecine, de la recherche et de la
    logistique quotidienne. Vous citez cette profession mais vous ne citez pas les pubards, marketeux, conseillers financiers et autres parasites, qui pourtant exercent des professions foncièrement
    inutiles à la bonne marche de notre nation. Pourquoi ?

    Quant à votre concierge, vous dîtes que personne ne songerait à la traiter de “bobo”. Parce qu’elle fait partie des “classes laborieuses” ? Dans ce cas, ça ne colle pas avec votre définition du
    “bobo”. “Les bobos ne sont pas des bourgeois qui vivent la vie de bohème, mais qui se concoivent comme vivant la vie de bohème” ; pourquoi pourrait-elle moins qu’un autre se considérer comme
    “vivant la bohème”, n’est-ce pas affaire de subjectivité ?

    Marine Le Pen : je sais bien que s’il est 12 heures et que sa montre indique midi je ne pourrai la contredire. Mais écoutez donc sa prestation ridiculement poujadiste lorsqu’elle parle des
    bobos-qui-brunchent-en-vélib ; c’est tout simplement risible. Libre à vous d’adhérer à cette blague !

    Concernant l’autre sujet : l’intérêt du transporteur sera assurément de rendre ses véhicules attractifs, s’il ne veut pas se prendre une pelletée de plaintes des utilisateurs et finir par se
    faire virer. Cf. votre article sur Orange et les vertus du râle conventionnel.

    • Descartes dit :

      En somme, ce que vous appelez “bobo”, ce sont les bien-pensants qui font partie des classes moyennes-aisées. Rien de nouveau sous le soleil. Nul besoin de créer un nouveau mot pour désgner
      ces gens.

      C’est un peu plus que ça: ce sont les membres des classes moyennes supérieures et de la bourgeoisie urbaines qui se reconnaissent dans un certain nombre d’habitus socio-culturels. Et je trouve au
      contraire qu’il est très utile d’inventer des mots pour désigner précisement les nouvelles catégories sociales au fur et à mesure qu’elles apparaissent.

      Je maintiens que le terme “bobo” est réactionnaire,

      Personnellement, je vois mal comment un terme peut être en lui même “réactionnaire”.

      car son emploi dénote une haîne des citoyens (pauvres et riches) qui s’affirment de gauche (même sous Hollande ce n’est pas une étiquette facile à assumer) et qui relativisent la “valeur
      travail” en posant la question de son sens (ce qui n’est pas idiot : stakhanovisme et sarkozysme mènent à l’aliénation individuelle et à la destruction de notre civilisation.
       

      J’ai du mal à comprendre votre raisonnement. D’abord, je vois mal en quoi l’emploi du terme “bobo” dénoterait une “haine des citoyens pauvres et riches” dans la mesure où le terme “bobo” ne
      désigne que les derniers. Ensuite, je ne vois pas très bien ce que vient faire la “valeur travail” là dedan: tous les “bobos” ne “posent pas laquestion de la valeur travail”, loin de là.

      Poser la question du sens du travail ce n’est pas se considérer comme bohème, c’est penser la liberté de tous et l’avenir de notre nation).

      Ne trouvez-vous pas curieux que ceux qui “posent la question du sens du travail” soient en général ceux à qui rien ne manque et qui ont accès à tous les plaisirs de la vie ? Pourquoi à votre avis
      les ouvriers de PSA ne “posent pas la question du sens du travail” alors que les “bobos”, qui font partie des couches les plus riches de la société, le font ? C’est une bonne question, n’est ce
      pas ?

      Je ne suis pas persuadé comme vous que les “bobos” se posent la question du sens du travail – tout au plus du sens de leur travail – et encore moins qu’ils le fassent dans en pensant à “l’avenir
      de notre nation”.

      Si j’ai bien compris, vous rangez parmi les “bobos” la classe des profs, qui pourtant est un des rares métiers réellement utiles aujourd’hui avec ceux de la médecine, de la recherche et de la
      logistique quotidienne.

      Vraiment ? Et les metiers qui produisent les voitures, les ordinateurs, les frigos, les livres et tous ces biens que nous utilisonts et qui nous rendent la vie plus facile, plus
      agréable, plus longue, tous ces métiers ne seraient pas “réellement utiles” ? Vous avez une drôle d’idée de ce qui est “utile”. En quoi le métier du professeur est il plus “réellement utile” que
      celui de l’imprimeur ou du manoeuvre ?

       

      Votre choix des métiers qui sont “réellement utiles” est très révélateur de votre vision du travail. Finalement, pour vous ne sont “réellement utiles” que les métiers de service qui sont en
      contact direct avec vous. Tout ce qui est production de biens se trouve dans le champ de l’inutile. Le médécin est “réellement utile”, mais l’ouvrier qui assemble le scanner, lui, il fait un
      métier “essentiellement utile” ou pas ?

      Vous citez cette profession mais vous ne citez pas les pubards, marketeux, conseillers financiers et autres parasites, qui pourtant exercent des professions foncièrement inutiles à la bonne
      marche de notre nation.

      Parce que contrairement à vous, je n’ai pas une vision “aristocratique” des métiers. Je ne vois pas quels sont les critères qui vous permettent d’affirmer aussi simplement qu’un “conseiller
      financier” serait un “parasite” alors qu’un professeur ou une caissière de supermarché (j’imagine que c’est à ce genre de métier que vous faites référence lorsque vous parlez de “logistique
      quotidienne”). Pourriez-vous les expliciter ?

      Quant à votre concierge, vous dîtes que personne ne songerait à la traiter de “bobo”. Parce qu’elle fait partie des “classes laborieuses” ? Dans ce cas, ça ne colle pas avec votre définition
      du “bobo”.

      Ca colle parfaitement, au contraire: pour moi, deux critères pour déterminer si une personne est “bobo”: sa fortune et ses habitus culturels. Ma concierge ne remplit aucun des deux critères. Par
      contre, selon votre définition, elle serait “bobo” puisqu’elle habite à Paris et qu’elle est de gauche.

      “Les bobos ne sont pas des bourgeois qui vivent la vie de bohème, mais qui se concoivent comme vivant la vie de bohème” ; pourquoi pourrait-elle moins qu’un autre se considérer comme “vivant
      la bohème”, n’est-ce pas affaire de subjectivité ?

      Vous n’avez lu que la deuxième moitié de la phrase: pour être bobo, il faut d’abord être bourgeois. Ce qui bien évidement est hors de portée de ma concierge, même si elle se concevait vivant la
      “vie de bohème”…

      Mais écoutez donc sa prestation ridiculement poujadiste lorsqu’elle parle des bobos-qui-brunchent-en-vélib ; c’est tout simplement risible. Libre à vous d’adhérer à cette blague !

      Au delà de l’anthipatie qu’on peut éprouver pour Marine Le Pen, lorsqu’on connaît certains milieux parisiens on ne peut que reconnaîre que son commentaire n’est pas mal observé.

      Concernant l’autre sujet : l’intérêt du transporteur sera assurément de rendre ses véhicules attractifs, s’il ne veut pas se prendre une pelletée de plaintes des utilisateurs et finir par se
      faire virer. Cf. votre article sur Orange et les vertus du râle conventionnel.

       

      Cela fait des années – on a envie de dire des siècles – que tout le monde se plaint de l’accueil dans les services judiciaires, et on n’a pas l’impression qu’on ait viré beaucoup de monde ou
      qu’on ait fait des grands efforts pour changer cet état de choses. Si Orange fait profil bas et offre des réparation, c’est surtout parce qu’il a peur que ses clients aillent voir ailleurs. Si
      Orange recevait une dotation fixe pour rendre un service gratuit, ils n’auraient rien à foutre.

       

       

       

       

       

       

       

       

  5. Antoine dit :

    Vous dîtes plus haut que “ce sont les bobos qui dominent à Paris”. Pourtant, ça ne colle pas avec votre définition, car si on posait la question suivante à ceux que vous appelez “bobos” :
    “considérez-vous que vous menez une vie bohème ?”, la majorité répondrait non.

    Bref, la domination des bobos (tels que vous les définissez) n’est pas une réalité.

    “Personnellement, je vois mal comment un terme peut être en lui même “réactionnaire”
    Je vous donne quelques indices : dire “nègre” = racisme ; dire “pédale” = homophobie.

    D’abord, je vois mal en quoi l’emploi du terme “bobo” dénoterait une “haine des citoyens pauvres et riches” dans la mesure où le terme “bobo” ne désigne que les derniers.

    Parce que c’est votre définition. Le terme “bobo” étant un réservoir à fantasmes, chacun y met ce qu’il veut. Pour certains, tout prolo de gauche qui semble un peu hippie est un “bobo”.
    Ils ne s’embarassent pas de considérations concernant le niveau de revenu de la personne visée.

    Pourquoi à votre avis les ouvriers de PSA ne “posent pas la question du sens du travail”

    Qu’en savez-vous ? Êtes vous dans leur tête ?
    Pensez-vous qu’un ouvrier est incapable d’évaluer l’utilité de son travail (et de celui des autres) ? Qu’il est incapable de se poser les questions politiques qui en découlent ?

    Vous donnez l’exemple de l’ouvrier qui assemble le scanner médical : bien sûr que son métier est très utile, puisqu’il fait partie des métiers (du secteur) de la médecine. En revanche, l’ouvrier
    comme le cadre des métiers du marketing participent à une économie nuisible. Bien sûr, je ne blâme pas l’ouvrier qui veut seulement bouffer : lui n’a pas le choix…

    Je ne vois pas quels sont les critères qui vous permettent d’affirmer aussi simplement qu’un “conseiller financier” serait un “parasite” ?

    Cf. crise des subprimes : les “conseillers” financiers ont escroqué bon nombre de français en leur revendant des assurances vie ou des crédits pourris. En toute conscience.

    Cela fait des années – on a envie de dire des siècles – que tout le monde se plaint de l’accueil dans les services judiciaires, et on n’a pas l’impression qu’on ait viré beaucoup de monde ou
    qu’on ait fait des grands efforts pour changer cet état de choses.

    Que proposez-vous alors ? Privatiser ?

    • Descartes dit :

      Vous dîtes plus haut que “ce sont les bobos qui dominent à Paris”. Pourtant, ça ne colle pas avec votre définition, car si on posait la question suivante à ceux que vous appelez “bobos” :
      “considérez-vous que vous menez une vie bohème ?”, la majorité répondrait non.

      Comment le savez vous ? Cela dépend comment vous posez la question. Si vous posez la question “pensez vous avoir une vie conformiste, routinière, intégrée au système ?” (c’est à dire, l’option
      inverse) la plupart je pense répondraient “non”. Le propre des “bobos” est d’être en même temps bourgeois et convaincus d’être des “marginaux” du système.

      Je vous donne quelques indices : dire “nègre” = racisme ; dire “pédale” = homophobie.

      Je continue à ne pas voir. Les antisémites utilisent le mot “juif”, et pourtant celui-ci n’est pas devenu un mot “raciste”. Pourquoi alors le terme “nègre” devrait être considéré “raciste” au
      simple prétexte qu’il a été utilisé par les racistes ? Lorsque je commande un “nègre en chemise” à la boulangerie, suis-je “raciste” ? Quant à “pédale”, on peut le considérer un mot méprisant,
      homophobe même… mais en quoi serait-il “réactionnaire” ? On peut être “raciste” ou “homophobe” sans être “réactionnaire”. Et vice-versa.

      Je sais bien qu’il y a un courant “postmoderne” venu des Etats-Unis et qui prétend exercer une police des idées en organisant une police de la langue, sous prétexte que certains termes seraient
      “racistes”, “sexistes” ou comme vous le dites ici, “réactionnaires”. Je ne partage nullement cette religion – car il s’agit bien d’une religion. Les mots ne sont ni “progressistes” ni
      “réactionnaires”. “Juif” dans la bouche de Hitler n’a pas la même signification que “juif” dans la bouche de Ben Gourion. Un discours peut être raciste ou réactionnaire, mais les “mots” ne le
      sont pas.

      Parce que c’est votre définition.

      Bien entendu. Quand j’utilise un mot, c’est suivant ma définition. Ou bien, si je ne la précise pas, selon la définition courante. Si je m’interdisais d’utiliser un mot parce que quelqu’un,
      quelque part, a utilisé le mot dans un sens qui me répugne, je ne m’en sortirais pas. A-t-on le droit d’utiliser le mot “juif” après Hitler ? Bien sur que oui.

      Pour certains, tout prolo de gauche qui semble un peu hippie est un “bobo”.

      J’aimerais que tu me donnes un ou deux exemples où l’on ait qualifié de “bobo” un prolétaire. Il ne faut tout de même pas exagérer. On met peut-être beaucoup de choses dans le terme “bobo”, mais
      pratiquement tout le monde s’accorde sur le fait qu’il s’agit d’une couche privilégiée en termes de revenu.

      Qu’en savez-vous ? Êtes vous dans leur tête ?

      Pas besoin. La question ici n’était pas de savoir s’ils se posent la question, mais s’ils la posent. Et lorsqu’on pose une question, on la pose a
      quelqu’un d’autre. Pas besoin donc de lire dans les pensées, il suffit de les écouter. Et j’ai eu le privilège au cours de ma vie de travailler dans plusieurs grandes usines, et la curiosité
      d’écouter les gens qui y travaillent. Je peux vous assurer que les discussions à la sortie de l’usine ou pendant la pause déjeuner tournent rarement autour du “sens du travail” et de son
      inutilité sociale. Elles tournent plutôt autour de la difficulté d’en trouver, et du déclassement social qui touche celui qui en est privé.

      Pensez-vous qu’un ouvrier est incapable d’évaluer l’utilité de son travail (et de celui des autres) ? Qu’il est incapable de se poser les questions politiques qui en découlent ?

      Au contraire. Je suis parfaitement conscient que les ouvriers sont capables d’évaluer l’utilité sociale de leur travail, de celui des autres, et du travail comme catégorie en général. Et c’est
      précisement pour cela qu’ils ne se posent pas la question du “sens du travail”. Parce que leur pratique quotidienne et sociale leur donne la réponse: le travail sert à transformer la nature, a
      convertir une matière première inutile en un bien et/ou un service utiles. Ces biens et services utiles qui leur manquent et dont ils aimeraient tant pouvoir profiter. Dans ces conditions, la
      question du “sens” n’a pas besoin d’être posée parce qu’elle est largement résolue.

      Ce sont les couches sociales qui vivent dans l’abondance qui tendent à se poser la question du “sens du travail”. En effet, c’est lorsque les nécessités sont satisfaites et qu’on a accès au
      superflu que se pose la question de renoncer à certains biens ou services considérés comme “superfllus” en échange de temps libre, d’un moindre stress, ou d’autres éléments immatériels de qualité
      de vie. Les questions ne se posent pas de la même manière lorsqu’on habite dans le royaume de la liberté que lorsqu’on est confiné au royaume de la nécessité.

      Vous donnez l’exemple de l’ouvrier qui assemble le scanner médical : bien sûr que son métier est très utile, puisqu’il fait partie des métiers (du secteur) de la médecine.

      Vous avez une conception très extensive des métiers de la médecine. L’ouvrier qui fabrique la voiture qui permet au médécin d’arriver au travail est-il lui aussi “utile” ? Et celui qui fabrique
      la lasagne congelée que l’ouvrier qui assemble le scanner mange à midi, lui aussi est “utile” ? Et la femme de ménage qui nettoie chaque jour le scanner en question ? Si vous déclarez “utiles”
      certaines activités et qu’ensuite vous étendez cette utilité à tous ceux dont le travail rend ces activités possibles, vous allez très vite vous retrouver dans des contradictions. Et votre
      remarque suivante en est un exemple:

      En revanche, l’ouvrier comme le cadre des métiers du marketing participent à une économie nuisible.

      Admettons. Nous devons donc conclure que l’ouvrier qui assemble l’ordinateur sur lequel le “cadre des métiers du marketing” travaille doit être déclaré “inutile”, tout comme vous déclarez “utile”
      le travail de l’ouvrier qui assemble le scanner. Seulement, l’ouvrier qui assemble un ordinateur ne sait pas à priori qui travaillera dessus. Serait-ce un professeur ou un médecin – métiers que
      vous qualifiez d’utiles – ou bien un cadre du marketing “nuisible” ? Comment savoir dans ces conditions si le travail de l’ouvrier fait partie des activités “utiles” ou au contraire “nuisibles”
      ?

      Dans la même logique, vous m’aviez reprocher de juger sevèrement la catégorie des professeurs, alors que c’est selon vous “l’un des rares métiers utiles aujourd’hui”. Mais vous semblez inclure
      dans ces “professeurs utiles” les professeurs de marketing, dont la fonction est pourtant de former ces “cadres du marketing” que vous considérez si “nuisibles”. Un professeur qui forme des
      nuisibles peut-il lui même être considéré comme “utile” ? N’est ce pas excessif de qualifier le métier de professeur comme “utile” indépendement de ce que ce professeur enseigne ?

      Je continue à me demander quel est le critère – en dehors de vos détestations naturelles – qui vous permet de juger l’utilité ou la “nuisibilité” d’un métier…

      “Je ne vois pas quels sont les critères qui vous permettent d’affirmer aussi simplement qu’un “conseiller financier” serait un “parasite” ?” Cf. crise des subprimes : les “conseillers”
      financiers ont escroqué bon nombre de français en leur revendant des assurances vie ou des crédits pourris. En toute conscience.

      Et alors ? Certains bouchers ont escroqué leurs clients en leur vendant de la viande avariée, et cela ne permet pas pour autant de dire que tous les bouchers sont des “parasites”. Certains
      conseillers financiers ont escroqué leurs clients en donnant des mauvais conseils, d’autres, beaucoup plus nombreux, ont aidé leurs clients en leur donnant des bons conseils.

      Je trouve votre vision de l’économie très étrange. Vous ne semblez pas, lorsque vous raisonnez, vous interroger sur l’intérêt des acteurs. Les clients ont le libre choix de leur conseiller. Il
      est évident qu’ils peuvent constater, au cours du temps, si leur conseiller financier leur donne des bons ou des mauvais conseils. Et il est clair que si mon conseiller me recommande des produits
      financiers qui se revèlent désastreux, je n’irai plus chez lui et je conseillerai à d’autres de l’éviter. Au contraire, s’il me fait gagner de l’argent, j’aurai tendance à lui confier plus
      d’argent et à le recommander à d’autres clients. En d’autres termes, l’intérêt du conseiller – et de la banque qui l’emploie – est que le client soit content. Cela ne garantit certainement pas
      que les conseils soient bons, mais cela pousse tout de même à la banque et au conseiller à faire leurs meilleurs efforts pour qu’ils le soient. En d’autres termes, on peut parler d’erreurs, mais
      difficilement d’intention. Penser que les conseillers financiers donnent des mauvais conseils “en toute conscience” revient à supposer que les conseillers financiers sabordent leur propre métier.
      Pensez-vous que ce soit une hypothèse raisonnable ?

      “Cela fait des années – on a envie de dire des siècles – que tout le monde se plaint de l’accueil dans les services judiciaires, et on n’a pas l’impression qu’on ait viré beaucoup de monde ou
      qu’on ait fait des grands efforts pour changer cet état de chosesé. Que proposez-vous alors ? Privatiser ?

      Je ne propose rien du tout. Je vous donne un exemple pour vous montrer combien la peur des plaintes des usagers est insuffisante pour garantir l’amélioration du service. Vous semblez avoir oublié
      quel était le sujet discuté…

      Puisque vous évoquez la question, il est clair que, dans certains contextes, la concurrence est un incentif important pour améliorer la qualité des services. Pour certains services, la
      concurrence genère d’autres problèmes et il est plus intéressant de les gérer en monopole. Dans ces cas, le fait de lier le service à un paiement aide à faire une pédagogie de la qualité du
      service, autant auprès des usagers que des agents du service. Lorsqu’un service est totalement gratuit pour les usagers ceux-ci perçoivent moins clairement leurs droits et les agents leurs
      obligations. L’idée qu’un service gratuit “ne coute rien” est encore très forte…

  6. dsk dit :

    “Les bobos ne sont pas des bourgeois qui vivent la vie de boheme, mais qui se concoivent comme vivant la vie de bohème.”

     

    Ne seraient-ce pas, en quelque sorte, des bourgeois qui affecteraient de ne pas en être ? Ceci expliquerait pourquoi ils s’efforcent de se présenter comme bohèmes, au sens d’abstraits du
    processus de production, et dès lors le caractère un peu fantasmatique de cette catégorie du “bobo”, dont l’aisance matérielle s’obtiendrait ainsi miraculeusement, sans recours à l’exploitation.

    En ce sens, il y aurait bien un fantasme du bobo, mais qui serait d’abord celui du bobo lui-même, avant d’être celui de ses contempteurs réactionnaires.

     

    • Descartes dit :

      Ne seraient-ce pas, en quelque sorte, des bourgeois qui affecteraient de ne pas en être ?

      Précisement. En forçant un peu le trait, ce sont des bourgeois qui se pensent des prolétaires, ou tout au moins des “marginaux” du système.

      Ceci expliquerait pourquoi ils s’efforcent de se présenter comme bohèmes, au sens d’abstraits du processus de production, et dès lors le caractère un peu fantasmatique de cette catégorie du
      “bobo”, dont l’aisance matérielle s’obtiendrait ainsi miraculeusement, sans recours à l’exploitation.

      Tout à fait. C’est ce qu’un auteur avait qualifié de “immaculée conception de la richesse”…

       

  7. Antoine dit :

    “pensez vous avoir une vie conformiste, routinière, intégrée au système ?”

    En posant mal votre question de façon à orienter la réponse du sondé, vous obtiendrez ce que vous voulez…

    Les antisémites utilisent le mot “juif”, et pourtant celui-ci n’est pas devenu un mot “raciste”.

    La différence c’est qu’il ne s’agit pas d’un terme péjoratif, contrairement à “pédé”, “bougnoule” ou “bobo”.

    Je sais bien qu’il y a un courant “postmoderne” venu des Etats-Unis et qui prétend exercer une police des idées en organisant une police de la langue, sous prétexte que certains termes
    seraient “racistes”, “sexistes” ou comme vous le dites ici, “réactionnaires”.

    La différence est que les “postmodernistes” auxquels vous faites référence racontent n’importe quoi (par exemple, comme le rapporte Sokal, que les équations mathématiques sont sexistes).
    Nierez-vous que “bougnoule”, “négro”, “face de citron”, etc. sont des termes racistes ? Non. Et bien c’est la même chose avec “bobo”.

    Je ne partage nullement cette religion – car il s’agit bien d’une religion. Les mots ne sont ni “progressistes” ni “réactionnaires”. “Juif” dans la bouche de Hitler n’a pas la même
    signification que “juif” dans la bouche de Ben Gourion.

    Votre démonstration n’est pas valable, car le mot que vous choisissez dans votre exemple n’est pas intrinsèquement péjoratifs contrairement à “nègre” ou “bobo”. (préicision : vous savez bien
    que “nègre en chemise” ou “tête de nègre” (une autre patisserie) n’ont pas la même connotation que “nègre” tout court).

    Si je m’interdisais d’utiliser un mot parce que quelqu’un, quelque part, a utilisé le mot dans un sens qui me répugne, je ne m’en sortirais pas. A-t-on le droit d’utiliser le mot “juif”
    après Hitler ? Bien sur que oui.

    Cf. remarque précédente : vous prenez garde à ne pas choisir un mot péjoratif, ce qui fausse votre démonstration.

    Il ne faut tout de même pas exagérer. On met peut-être beaucoup de choses dans le terme “bobo”, mais pratiquement tout le monde s’accorde sur le fait qu’il s’agit d’une couche privilégiée
    en termes de revenu.

    Oui, mais certains sont assez cons pour considérer qu’une personne gagnant le smic est un favorisé parce qu’il bénéficie d’un HLM par exemple.
    J’ai déjà vu quelqu’un se faire traiter de “bobo” parce qu’il vivait à Paris, qu’il n’avait pas de voiture (trop cher) mais un abonnement vélib’. Et cette personne était très pauvre.
    J’ai d’autres exemples, mais bon, c’est anecdotique. Le fait est que la figure du “bobo” est en grande partie un fantasme des réactionnaires (un peu comme
    l’immigré-qui-vole-notre-travail-et-qui-est-un-sale-chômeur-qui-touche-plein-d’-allocs).

    Je peux vous assurer que les discussions à la sortie de l’usine ou pendant la pause déjeuner tournent rarement autour du “sens du travail” et de son inutilité sociale. Elles tournent plutôt
    autour de la difficulté d’en trouver, et du déclassement social qui touche celui qui en est privé.

    Oui, on choisit des sujets du discussion consensuels au boulot. Ca fait partie de l’autocensure habituelle. Sauf qu’après le boulot si on va au bar avec quelques potes on peut aller un peu plus
    loin dans la discussion. (Bien sûr, il ne s’agit pas de la majorité de la population).

    Ce sont les couches sociales qui vivent dans l’abondance qui tendent à se poser la question du “sens du travail”.

    Admettons que ce soit une tendance réelle (ce dont je ne suis pas certain). Leur jugement serait-il nécessairement erronné parce qu’il s’agit de personnes favorisées par le système ?

    Si vous déclarez “utiles” certaines activités et qu’ensuite vous étendez cette utilité à tous ceux dont le travail rend ces activités possibles, vous allez très vite vous retrouver dans des
    contradictions.

    Non, il n’y a pas de contradiction. Il s’agit simplement d’une vision globale, “systémique”. Pour répondre à votre objection : lorsque l’assembleur d’ordinateur travaille pour de la clientèle
    médicale, c’est utile ; lorsqu’il travaille pour des marketeux ça l’est beaucoup moins. Il suffit de voir dans quelles proportions on est.

    Dans la même logique, vous m’aviez reprocher de juger sevèrement la catégorie des professeurs, alors que c’est selon vous “l’un des rares métiers utiles aujourd’hui”. Mais vous semblez
    inclure dans ces “professeurs utiles” les professeurs de marketing

    Non, je l’exclue de cette catégorie.

    N’est ce pas excessif de qualifier le métier de professeur comme “utile” indépendement de ce que ce professeur enseigne

    Évidemment. Mais je comptais sur votre bonne foi pour ne pas avoir besoin de m’appesantir dans les circonvolutions.

    Je continue à me demander quel est le critère – en dehors de vos détestations naturelles – qui vous permet de juger l’utilité ou la “nuisibilité” d’un métier…

    C’est simple : c’est le critère de l’utilité sociale. Nourir, soigner, fabriquer des choses utiles, c’est bien. Monter des plans d’exil fiscal, arnaquer les naïfs en leur vendant les
    assurances-vie actions, organiser des licenciements économiques pour délocaliser, c’est mal.

    Certains bouchers ont escroqué leurs clients en leur vendant de la viande avariée, et cela ne permet pas pour autant de dire que tous les bouchers sont des “parasites”. Certains conseillers
    financiers ont escroqué leurs clients en donnant des mauvais conseils, d’autres, beaucoup plus nombreux, ont aidé leurs clients en leur donnant des bons conseils.

    Allons, ne soyez pas naïf. Les conseillers financiers tentent bien plus souvent d’escroquer leurs clients que les bouchers.

    En d’autres termes, l’intérêt du conseiller – et de la banque qui l’emploie – est que le client soit content.

    Non, son intérêt est de gagner le plus possible, et ça ne va pas toujours – loin de là – avec l’intérêt du client. Votre raisonnement marcherait si on était dans un monde idéal. Mais la réalité
    est que tous les clients escroqués savent qu’ils se seraient fait escroqué de la même façon chez le voisin. Donc il n’y a pas de concurrence sur ce plan.


    Concernant les transports communs, oui, je reviens au fond. La gratuité est un choix de politique sociale. Comme pour la santé ou l’éducation.
    Le mieux serait donc de faire figurer tout cela sur la feuille d’impôt du citoyen (même smicard), pour qu’il se rende compte que la gratuité a un coût.

    • Descartes dit :

      “pensez vous avoir une vie conformiste, routinière, intégrée au système ?” En posant mal votre question de façon à orienter la réponse du sondé, vous obtiendrez ce que vous voulez…

      Vous proposiez de poser comme question “considérez vous que vous menez une vie de bohème”. Je ne vois pas en quoi ma question serait plus “mal posée” ou orienterait plus la réponse que la
      votre… Mais admettons. Quelle serait la question que vous poseriez pour tester, d’une manière parfaitement neutre, la vision de la “bohème” qu’ont les bourgeois parisiens ?

      “Les antisémites utilisent le mot “juif”, et pourtant celui-ci n’est pas devenu un mot “raciste””. La différence c’est qu’il ne s’agit pas d’un terme péjoratif

      Ah bon ? “Juif” n’est pas un terme “péjoratif” ? On ne compte pas dans la littérature les références ou l’on utilise le mot “juif” comme synonyme d’avare ou d’usurier (par exemple, Molière,
      “L’avare”, II, 1). On ne compte pas non plus les expressions populaires ou le mot “juif” est utilisé péjorativement (“partir en juif” = partir sans payer).

      Nierez-vous que “bougnoule”, “négro”, “face de citron”, etc. sont des termes racistes ? Non.

      Oui. Je ne nierai pas que c’est des termes péjoratifs (sauf “négro”, dont qui est utilisé péjorativement par certains mais pas par d’autres: lorsque Picasso parle “d’art nègre”, ce n’est
      certainement pas péjoratif pour loi). Mais un terme ne peut en lui même être “raciste” et encore moins “réactionnaire”. Vous remarquerez d’ailleurs que dans les dictionnaires vous trouvez indiqué
      le caractère “péjoratif” d’un mot, mais vous aurez du mal à trouver un dictionnaire ou les mots soient qualifiés de “raciste”, “antisémite” ou “réactionnaire”…

      (préicision : vous savez bien que “nègre en chemise” ou “tête de nègre” (une autre patisserie) n’ont pas la même connotation que “nègre” tout court).

      En d’autres termes, vous admettez que ce n’est pas le mot qui est “raciste”, mais le contexte de son usage. C’est dejà un progrès 😉

      J’ai déjà vu quelqu’un se faire traiter de “bobo” parce qu’il vivait à Paris, qu’il n’avait pas de voiture (trop cher) mais un abonnement vélib’. Et cette personne était très pauvre. J’ai
      d’autres exemples, mais bon, c’est anecdotique.

      Soyons sérieux. Ce n’est pas parce que des gens sont qualifiés à tort de “fonctionnaires” – les agents EDF par exemple – que la catégorie “fonctionnaire” pert de sa pertinence.

      Le fait est que la figure du “bobo” est en grande partie un fantasme des réactionnaires (un peu comme
      l’immigré-qui-vole-notre-travail-et-qui-est-un-sale-chômeur-qui-touche-plein-d’-allocs).

      Il ne vous aura pas échappé qu’alors que “l’immigré qui vole notre travail” est pauvre, ce qui caractérise au contraire le “bobo” est d’être riche. N’est-ce curieux que les “réactionnaires”
      aillent s’attaquer à la bourgeoisie ?

      Non, le “bobo”n’a rien d’un fantasme. Mais les bobos sont – comme c’est le cas souvent avec les couches moyennes – passés maîtres dans l’art de détourner toute critique par le procédé de
      l’amalgame: critiquer les bobos, ce serait faire le jeu des “réactionnaires”… ce qui a l’immense avantage de ranger “évidement” les bobos dans le camp progressiste…

      “Je peux vous assurer que les discussions à la sortie de l’usine ou pendant la pause déjeuner tournent rarement autour du “sens du travail” et de son inutilité sociale. Elles tournent plutôt
      autour de la difficulté d’en trouver, et du déclassement social qui touche celui qui en est privé”. Oui, on choisit des sujets du discussion consensuels au boulot.

      Je vois mal en quoi la discussion sur le “déclassement social” des chômeurs serait plus “consensuelle” que celle sur le “sens du travail”…

      “Ce sont les couches sociales qui vivent dans l’abondance qui tendent à se poser la question du “sens du travail””. Admettons que ce soit une tendance réelle (ce dont je ne suis pas certain).
      Leur jugement serait-il nécessairement erronné parce qu’il s’agit de personnes favorisées par le système ?

      Je n’ai jamais dit que leur jugement fut “erronné”. Simplement, il correspond à leurs intérêts. Les couches les plus riches fabriquent un discours sur le “sens du travail” qui se traduit par une
      préférence pour le loisir, parce que lorsqu’on a le superflu, l’arbitrage entre les biens et le temps pour en profiter a un sens. Les couches populaires, au contraire, ont une vision du “sens du
      travail” qui privilégie le revenu, parce que lorsqu’on a du mal a se procurer le nécessaire, le loisir n’apporte pas grande chose. On l’a bien vu lors du débat sur les 35 heures, et encore lors
      du débat sur la question du “travailler plus pour gagner plus”. Dans les deux cas, on a vu une réaction opposée dans les couches moyennes et supérieures et dans les classes populaires.

      Non, il n’y a pas de contradiction. Il s’agit simplement d’une vision globale, “systémique”. Pour répondre à votre objection : lorsque l’assembleur d’ordinateur travaille pour de la clientèle
      médicale, c’est utile ; lorsqu’il travaille pour des marketeux ça l’est beaucoup moins. Il suffit de voir dans quelles proportions on est.

      Seulement, l’ouvrier en question n’a aucun moyen de savoir qui utilise l’ordinateur qu’il a fabriqué. Est-il en droit d’estimer que son travail est “utile” ou “inutile” ?

      “Dans la même logique, vous m’aviez reprocher de juger sevèrement la catégorie des professeurs, alors que c’est selon vous “l’un des rares métiers utiles aujourd’hui”. Mais vous semblez
      inclure dans ces “professeurs utiles” les professeurs de marketing”. Non, je l’exclue de cette catégorie.

      Très bien. Et le professeur de mathématiques qui enseigne sa discipline aux futurs “marketineurs”, est-il utile ? Si je suis votre raisonnement, la réponse ne peut-être que négative. Seulement,
      on retombe sur le même problème que l’ouvrier: au moment où il enseigne, le professeur ne sait pas lesquels de ses élèves finiront dans le marketing, et lesquels finiront médecins. Comment
      peut-il savoir quelle est l’utilité de son travail, dans ces conditions ?

      “Je continue à me demander quel est le critère – en dehors de vos détestations naturelles – qui vous permet de juger l’utilité ou la “nuisibilité” d’un métier…” C’est simple :
      c’est le critère de l’utilité sociale.

      Suis-je bête… je repose donc ma question: “quel est le critère – en dehors de vos détestations naturelles – qui vous permet de juger de l’utilité sociale d’un métier ?”

      Nourir, soigner, fabriquer des choses utiles, c’est bien.

      Vous tournez autour du pot. Fabriquer des choses utiles c’est bien, mais vous n’avez toujours pas explicité ce qui vous permet de séparer ce qui est “utile” et ce qui ne l’est pas.

      Monter des plans d’exil fiscal, arnaquer les naïfs en leur vendant les assurances-vie actions, organiser des licenciements économiques pour délocaliser, c’est mal.

      Mais nourrir et soigner ceux qui le font, c’est “bien” ? J’avoue que j’ai du mal à vous suivre. En fait, je pense que c’est l’usage des termes “bien” et “mal” qui sont le plus révélateurs de
      votre point de vue. Votre réflexion n’est pas économique ou politique, mais morale. C’est vous qui décidez ce qui est “utile” et ce qui ne l’est pas, sans autre critère que votre inclination…

      Allons, ne soyez pas naïf. Les conseillers financiers tentent bien plus souvent d’escroquer leurs clients que les bouchers.

      Je vois mal pourquoi il serait ainsi. Après tout, un conseiller financier a autant intérêt à garder ses clients qu’un boucher. Et un client escroqué, c’est un client qui part ailleurs. A moins
      que pour vous les conseillers financiers n’escroquent pas leurs clients par intérêt, mais en obéissant à une méchanceté intrinsèque qui serait absente chez les bouchers…

      “En d’autres termes, l’intérêt du conseiller – et de la banque qui l’emploie – est que le client soit content”. Non, son intérêt est de gagner le plus possible, et ça ne va pas toujours –
      loin de là – avec l’intérêt du client.

      On voit mal comment un commerçant dont le gagne-pain est fondé sur une relation de long terme peut “gagner le plus possible” en perdant ses clients.

      Votre raisonnement marcherait si on était dans un monde idéal. Mais la réalité est que tous les clients escroqués savent qu’ils se seraient fait escroqué de la même façon chez le voisin

      Réflechissez une seconde: si toutes les banques escroquaient leurs clients, il y aurait eu dejà une pour réaliser qu’il suffirait de ne pas les escroquer pour avoir un argument de vente absolu…
      et qui l’aurait utilisé. Je pense que vous pensez en moraliste, et non en économiste. L’intérêt d’un commerçant dans un système concurrenciel, c’est que le client soit content: un client content
      revient acheter, un client mécontent va chez les concurrents, ne serait-ce que pour vous emmerder.

      Vous avez une vision des “marketeurs” et autres “conseillers financiers” qui est quasi-diabolique. Ces gens-là feraient le mal non pas parce qu’ils y ont intérêt, mais contre leur intérêt.

      Concernant les transports communs, oui, je reviens au fond. La gratuité est un choix de politique sociale. Comme pour la santé ou l’éducation.

      Je fais le même raisonnement pour la santé: je trouve que la gratuité totale conduit au gâchis. Quant à l’éducation, il faut faire une différence entre l’éducation obligatoire (qui ne peut de ce
      fait être que gratuite) et l’éducation facultative, pour laquelle un paiement symbolique ne me choque nullement.

      Le mieux serait donc de faire figurer tout cela sur la feuille d’impôt du citoyen (même smicard), pour qu’il se rende compte que la gratuité a un coût.

      Cela ne marcherait que si tout le monde payait l’impôt sur le revenu, ce qui est loin d’être le cas (mais qui a mon sens serait aussi une bonne idée).

  8. Antoine dit :

    Cher Descartes,

    J’ai l’impression que vous cherchez absolument à me prouver que je raisonne faussement, alors qu’un peu de bonne foi vous éviterait de me comprendre de travers. Quelques illustrations :
    — Vous faites semblant de ne pas voir qu’entre “juif” et “bougnoule”, le premier peut être péjoratif, tandis que le second est intrinsèquement péjoratif.
    — Du fait que “tête de nègre” ne soit pas une insulte, vous déduisez que “ce n’est pas le mot qui est “raciste”, mais le contexte de son usage”. La belle affaire ! Aujourd’hui,
    tous ceux qui disent “nègre” (sauf s’ils font dans le second degré provocateur, comme Césaire ou Picasso) font preuve de racisme.
    — L’argument ad hominem. Vous m’accusez de moraline : “Votre réflexion n’est pas économique ou politique, mais morale”.
    Soit. Pensez-vous que l’on puisse développer une vision politique sans s’appuyer sur une philosophie morale et éthique ? Ce n’est pas l’avis de Denis Collin, dont je me permets de vous
    recommander la lecture, ni le mien.

    Nous tournons en rond, vous m’avez épuisé, et je préfère m’arrêter ici car je n’ai pas la liberté de m’attarder plus longtemps dans les commentaires (je ne suis pas un bobo, je travaille, moi
    !).

    Cordialement,

     

    • Descartes dit :

      J’ai l’impression que vous cherchez absolument à me prouver que je raisonne faussement, alors qu’un peu de bonne foi vous éviterait de me comprendre de travers.

      En d’autres termes, vous êtes dans le vrai et moi, par mauvaise foi, je me refuse de le voir. J’ai bien compris ? Mais peut-être existe-t-il une infime possibilité que vous soyez effectivement en
      train de raisonner faussement ?

      Vous faites semblant de ne pas voir qu’entre “juif” et “bougnoule”, le premier peut être péjoratif, tandis que le second est intrinsèquement péjoratif.

      Là encore, vous vous trompez. Le mot “bougnoule” est utilisé à partir de 1890 dans les régiments étrangers pour désigner les soldats noirs. Le terme vient du wolof “wu ñuul” qui signifie “qui est
      noir”. Il n’acquiert un sens péjoratif que bien plus tard, au début du vingtième siècle. Mais ceci est accessoire: le fait est qu’un mot peut avoir un sens “péjoratif”, mais il ne peut être en
      lui même “raciste” ou “réactionnaire”. Et c’était là mon point.

      — Du fait que “tête de nègre” ne soit pas une insulte, vous déduisez que “ce n’est pas le mot qui est “raciste”, mais le contexte de son usage”. La belle affaire !
      Aujourd’hui, tous ceux qui disent “nègre” (sauf s’ils font dans le second degré provocateur, comme Césaire ou Picasso) font preuve de racisme.

      C’était exactement ce que je voulais vous démontrer. Et je suis fort aise que vous l’admettiez, vous qui au début de cette discussion affirmiez qu’il y a des mots “racistes” ou “réactionnaires”
      per se, indépendamment de la manière dont ils sont utilisés. Les mots, en eux mêmes, ne sont ni “racistes” ni “réactionnaires”.

      — L’argument ad hominem. Vous m’accusez de moraline : “Votre réflexion n’est pas économique ou politique, mais morale”.

      Ce n’est pas un argument “ad hominem”. Je constate simplement que vous ramenez finalement votre raisonnement aux catégories du “bien” et du “mal”. Vous êtes donc en train de tenir un discours
      moral, et non un discours économique ou politique.

      Soit. Pensez-vous que l’on puisse développer une vision politique sans s’appuyer sur une philosophie morale et éthique ?

      Sans une philosophie éthique, non. Sans une philosophie morale, oui. Je pense même que c’est essentiel. La morale est la norme des actions individuelles, elle n’est pas universelle. Ce qui est
      “bien” pour vous peut être “mal” pour moi, et vice-versa. Au nom de quoi pouvez vous prétendre à transformer votre morale en règle universelle et l’imposer aux autres ?

      C’est pourquoi je vous ai posé la question des critères “universels” qui vous permettent de qualifier untel d’utile ou de “nuisible”. Pour le moment, je n’ai pas eu de réponse de votre part. A
      chaque fois, vous reportez le problème et réaffirmez que tel métier est “utile” et tel autre “nuisible” comme si c’était une évidence. Mais cela n’a rien d’évident. Sauf à énoncer une règle
      universelle, cela relève de votre préjugé personnel…

       

       

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