Ou sont les stratèges ?

Ici bas, il y a des gens qui sont prêts à suivre n’importe quel dragon, à vénérer n’importe quel dieu, à ignorer n’importe quelle iniquité. Non pas la la vrai haute créativité dans le mal des grands tyrans, mais une sorte de noirceur de l’âme produite en masse. Le pêché, vous pourriez dire, sans la moindre trace d’originalité. Ils acceptent le mal non pas parce qu’ils disent “oui”, mais parce qu’ils ne disent pas “non”. Je suis désolé si cela vous offense, mais les gens comme vous ont vraiment besoin de nous. Oh, oui. Nous sommes les seuls qui savent comment faire marcher les choses. Voyez vous, la seule chose que les “bons” savent faire, c’est de renverser les méchants. Et vous le faites fort bien, je vous l’accorde. Mais l’ennui, c’est que c’est la seule chose à laquelle vous soyez bons. Un jour on sonne les cloches et on renverse le méchant tyran, et le jour suivant tout le monde se plaint que depuis que le tyran a été renversé, personne ne sort plus les poubelles. Parce que les méchants savent comment planifier. Cela fait partie de la spécification, si vous voulez. Les bons, semble-t-il, n’y arrivent pas.

 

Ces mots, magnifiques, sont ceux qu’adresse le tyran d’Ankh-Morpork, Lord Vetinari, au redresseur de torts dans le roman “A la Garde !” (“Guards, guards!” dans la langue originale) d’un auteur que je recommande à tous mes lecteurs, Terry Pratchett (1). S’ils me viennent à l’esprit aujourd’hui, c’est parce qu’ils me paraissent très bien résumer la pensée politique actuelle. Le méchant tyran a été renversé depuis six mois, et tout le monde commence à se plaindre…

 

Prenons par exemple l’histoire de la défiscalisation des heures supplémentaires. Que n’a-t-on ironisé à gauche sur le slogan Sarkozyen du “travailler plus pour gagner plus”. Mais dès qu’on tente de revenir au statu quo ante, tout à coup on découvre que cela implique une baisse de revenu importante pour les travailleurs les moins payés (car les cadres dans leur majorité sont au forfait et ne font donc pas d’heures supplémentaires). Même chose sur les 35 heures: après avoir fait un “casus belli” pendant dix ans, le premier ministre lui même déclare que ce n’est pas un tabou, et qu’on peut en discuter.

 

Oui, les “bons” sont revenus au pouvoir, mais comme le signalait Lord Vetinari, ils sont incapables de planifier. Non pas parce qu’ils manquent de capacités intellectuelles, mais parce que la planification implique un état d’esprit qui fait aujourd’hui défaut à nos décideurs politiques: celui de subordonner l’action à une vision générale, à un projet de société qui lui donne sa cohérence. Le fait que les programmes politique se réduisent aujourd’hui à un catalogue de mesures ciblant les diverses catégories et “communautés” dont on cherche à attirer le vote n’est qu’une manifestation, un symptôme d’un phénomène plus profond, celui de l’atomisation du corps politique qui rend impossible l’apparition de véritables projets.

 

Et ce n’est pas la faute – ou du moins toute la faute – des politiques. Au fond, ils sont devenus des commerçants, et comme tout bon commerçant, il ne stocke que les produits que les clients demandent. Et le problème, c’est que les clients cherchent la satisfaction de leurs désirs ici et maintenant, sans se préoccuper des effets que cela pourrait avoir sur d’autres. Les militants LGBT veulent le mariage et l’adoption homosexuelle, les sans-papiers veulent la régularisation de tous, les “pigeons” et autres patrons veulent la baisse des impôts et cotisations patronales, les militants du DAL veulent la réquisition sans indemnisation des logements, les militants des droits des immigrés exigent le vote pour ceux-ci, la gauche radicale se bat pour “l’interdiction des licenciements”, les antinucléaires pour la fermeture des réacteurs.

 

Mais est-ce que quelqu’un se demande quels sont les effets globaux de chacune de ces mesures ? Les militants LGBT prennent-ils en compte les effets que la satisfaction de leurs revindications pourraient avoir sur les institutions de base de la société comme la famille et la filiation ? Les partisans de la régularisation des sans-papiers se rendent-ils compte du coût et des effets sur l’emploi et les salaires d’une régularisation générale ? Les “pigeons” et autres patrons se rendent-ils comptent qu’une bonne partie de la compétitivité des entreprises françaises vient des infrastructures et de la formation des personnels, tout ça payé par l’impôt ? Les partisans du droit de vote des immigrés se rendent compte des effets sur les institutions de la République et sur l’idée même de Nation ? Non, bien sur que non. Chez les “bons”, l’argument qui tue est l’intérêt de chaque coterie: Les LGBT doivent pouvoir se marier parce qu’ils s’aiment; les licenciement doivent être interdits pour que les ouvriers gardent leur emploi; les sans-papiers doivent avoir les papiers pour ne plus être malheureux. La société, la collectivité peut crever la gueule ouverte.

 

Les groupes qui voyaient midi à leur porte et qui défendaient leurs petits intérêts, cela n’est pas nouveau. En fait, c’est le cas le plus fréquent. De ce point de vue, les “trente glorieuses” jouent un effet d’écran, qui nous occulte la manière dont les choses se faisaient avant. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si les idéologies “planistes” surgissent dans l’entre-deux guerres: elles sont la réaction à une contradiction fondamentale entre une économie et une société dont la modernité appelle de plus en plus à une gestion rationnelle et un système politique qui fait la part belle aux coalition d’intérêts disparates, ou pour résoudre un problème on en créé un autre. Comme le notent beaucoup d’auteurs, ce que nos voyons aujourd’hui n’est finalement que la fermeture définitive de la parenthèse 1945-1970 et du retour aux habitudes des années 1930.

 

Le récent congrès du PS a illustré cette atomisation jusqu’à la caricature. Depuis 1972, le parti socialiste était un parti organisé en courants. Même s’il ne faut pas idéaliser ce fonctionnement, il est vrai que ces courants étaient des véritables courants de réflexion, et que leurs conflits traduisaient de véritables différences en termes de vision d’avenir. La différence entre la “deuxième gauche” de Rocard et Delors et le CERES de Chèvenement et Motchane n’était pas simplement l’envie de chacun de devenir calife à la place du calife. Quarante ans plus tard, les courants ont totalement disparus. Les “motions” de congrès, que personne ne lit, n’ont qu’un intérêt: le nom des signataires. Le PS est divisé en petites chapelles qui n’élaborent rien en termes de pensée politique, et qui se confondent avec un “notable” dont elles portent les ambitions. Que tous les ministres aient signé la “motion” majoritaire n’implique nullement qu’ils soient d’accord sur un projet, tout au plus qu’ils sont d’accord pour gouverner ensemble.

 

C’est cette atomisation qui produit à l’arrivée la cacophonie et la contradiction dans les discours du gouvernement. S’il y avait un projet de gouvernement, une véritable conception globale de la société que l’on veut construire, celui-ci donnerait cohérence aux mesures et aux déclarations. Mais ce projet n’existe pas, et les mesures et déclaration des ministres traduisent leur opinion personnelle – quand ils en ont, ce qui est très souvent loin d’être le cas – et plus souvent la demande d’un groupe de pression que le ministre veut satisfaire. Croyez-vous qu’Arnaud Montebourg ait une vision globale de ce qu’il veut construire comme économie industrielle ? Bien sur que non, il se contente de jouer les pompiers en espérant de se faire bien voir par les syndicats. Croyez-vous que Delphine Batho a une vision globale de ce que devrait être le bouquet énergétique de demain, construite en fonction d’un projet de société ? Bien sur que non: elle navigue à vue entre les “collectifs contre les gaz de schiste”, les “collectifs contre le nucléaire”, les “collectifs contre les éoliennes” et les “collectifs contre tout” d’un côté et les lobbies de chacune des énergies de l’autre. Et dire que certains croient encore que de cette confrontation peut sortir quelque chose de rationnel…

 

Avec Hollande et son gouvernement, nous entrons dans une nouvelle époque, celle du politique sans idées. Il y a aujourd’hui au pouvoir une génération de politiques pour lesquels le moyen – la conquête du pouvoir – est devenu le but. Mais contrairement a ce qui se passe dans le sport, où la plus haute marche du podium marque la fin du processus, en politique une fois qu’on a conquis il faut ensuite gouverner. On ne peut pas se contenter d’écouter La Marseillaise et de saluer la foule. Or, il suffit d’observer notre gouvernement pour comprendre combien il y a de vérité dans le commentaire d’un politique désabusé: “pour nos politiques aujourd’hui, gouverner est un pénible devoir entre deux élections”. Je donnerais cher pour pouvoir lire dans les pensées de François Hollande, un homme qui est arrivé à faire une carrière de trente ans en politique sans jamais avoir exprimé une vision personnelle sur quelque sujet que ce soit. A quoi songe-t-il, maintenant qu’il a les moyens de faire, sans avoir la moindre idée de quoi ?

 

Lord Vetinari a raison. Et si les “bons” n’apprennent rapidement à planifier, il y a un sérieux risque que les “méchants” reviennent très vite.

 

Descartes

 

 

(1) C’est un auteur délicieux, surtout si vous pouvez le lire dans sa langue originale. Dans ses romans, qui pastichent le genre “heroic fantasy” il aborde d’une façon légère des sujets fort sérieux. Je vous recommande en particulier “Les petits dieux” (sur la religion), “Guards, guards!” (sur le pouvoir), ainsi que “Trois sourcières” qui fait un pastiche fort amusant de Hamlet.

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44 réponses à Ou sont les stratèges ?

  1. Gugus69 dit :

    Bonsoir, ami et camarade,

    Et si il y avait des bons qui avaient un projet global de société, cohérent, planifié sur le long terme, axé sur l’intérêt général, collectiviste contre l’individualisme, qui supprimerait peu à
    peu la fortune et la pauvreté pour promouvoir, comme Babeuf, la vertu et la “médiocrité”, c’est-à-dire l’accès pour chacun (en échange de sa participation à l’effort commun) au niveau de vie
    moyen que la société peut proposer en fonction du niveau de production qu’elle atteint… ?

    On appellerait ça le socialisme.

    Bon, je vous l’accorde, cher Descartes, on ne serait pas tripette à signer.

    Par ailleurs, je ne comprends pas votre titre “Où sont les stratèges ?” Est-ce de stratèges que nous manquons ?

     

    • Descartes dit :

      On appellerait ça le socialisme. Bon, je vous l’accorde, cher Descartes, on ne serait pas tripette à signer.

      C’est bien le problème…

      Par ailleurs, je ne comprends pas votre titre “Où sont les stratèges ?” Est-ce de stratèges que nous manquons ?

      Oui. Ne confondons pas stratège et tacticien…

  2. stu dit :

    C’est décidé, je vais (enfin) lire Terry Pratchett !

    Sinon bon billet comme d’hab’. J’ai juste une petite question. Qui est l’auteur de la fameuse citation : “Gouverner est un pénible devoir entre deux élections” ?

    • Descartes dit :

      C’est décidé, je vais (enfin) lire Terry Pratchett !

      Je le recommande chaudement! Commence par “A la garde!” ou “petits dieux”… et si tu peux le lire en anglais, c’est encore mieux…

      Qui est l’auteur de la fameuse citation : “Gouverner est un pénible devoir entre deux élections” ?

      C’est un vieil ami à moi… et qui restera pour cette raison anonyme!

  3. JMP dit :

     

    Il me semble que si les politiques actuels( et pas seulement socialistes) n’ont plus de vision stratégique , ce n’est pas seulement a cause de l’atomisation( réelle ) de la société dont il se
    font le reflet : c’est aussi, et de façon bien plus fondamentale , parce qu’ils ont décidé depuis des décennies de ne plus en avoir : a partir du moment ou ils ont remis 90% de leurs
    compétences aux apparatchiks de Bruxelles, de quoi voulez vous qu’ils discutent, et surtout de quoi voulez vous qu’ils décident ?? quand on a décidé d’être un pantin, on fait le pantin

    • Descartes dit :

      c’est aussi, et de façon bien plus fondamentale , parce qu’ils ont décidé depuis des décennies de ne plus en avoir

      En d’autres termes, tu crois que tous les politiques, de gauche comme de droite, se sont réunis un soir en conclave secret et se sont dit “à partir de maintenant, nous décidons de ne plus avoir
      de vision stratégique” ? Il ne faut pas tomber dans une vision machiavélienne de la politique. Personne ne “décide” rien dans ces cas. Les choses se font bien plus naturellement, en suivant une
      économie des ressources. Lorsqu’il est plus “rentable” pour un politique d’investir ses efforts dans la com que dans la pensée stratégique, la plupart des politiques préféreront consacrer les
      heures dont ils disposent à des réunions avec leurs conseillers de com plutôt qu’avec leurs conseillers en stratégie. Il restera bien entendu des très rares exceptions pour ramer contre le
      courant… et pour faire des scores minables.

      La politique est elle aussi devenue un marché: ce n’est pas nécessairement le meilleur produit qui se vend le mieux.

      a partir du moment ou ils ont remis 90% de leurs compétences aux apparatchiks de Bruxelles, de quoi voulez vous qu’ils discutent, et surtout de quoi voulez vous qu’ils décident ??

      Mais… de la manière de rapatrier ces compétences, bien entendu !

  4. Marcailloux dit :

    Bonjour,

    Me remémorant les cours de management d’entreprise, il y a plus de trente ans certes, mais toujours d’actualité, une remarque me vient à l’esprit.

    Il est nessessaire de bien distinguer trois niveaux dans les objectifs importants que l’on se donne, que ce soit pour un individu, un groupe familial ou amical, une entreprise petite ou
    multinationale et enfin une nation.

    Le premier niveau est de dimension POLITIQUE. Pour un individu cela pourra se traduire par une ambition, un destin que l’on se forge ou simplement une morale ou une philosophie. Pour une
    entreprise comme pour une nation, ce sera comme vous l’évoquez, une vision. La portée de cette vision est forcément assez lointaine mais surtout profondément ancrée dans l’esprit et la volonté
    des dirigeants. Elle devra satisfaire des besoins (et non pas des envies) qui parraissent fondamentaux pour une vie harmonieuse de tous ses composants ou d’une partie seulement. Par exemple, la
    politique de la marque AUDI n’est probablement pas la même et de loin que celle de RENAULT, celle de l’Institut PASTEUR pas la même que celle de SANOFI. La FRANCE, avec une politique de
    redistribution relativement élevée n’est pas, à niveau de vie relativement similaire, comparable aux USA.

    Le second niveau, je ne m’y étendrai pas, est la stratégie, c’est à dire les moyens massifs mis en œuvre pour satisfaire l’objectif de la politique. Ce sera par exemple le choix du nucléaire, le
    degré d’intégration de l’Etat dans l’économie, la fiscalité, etc……

    Le troisième niveau est celui de la tactique. L’action en fonction des circonstances qui optimise les moyens stratégiques dont s’est dotée l’organisation ( d’une équipe, d’une entreprise, d’un
    pays) et qui doit en toute logique concourir, directement ou indirectement, à l’atteinte de l’objectif suprême.

    Or, que constatons nous ?

    – Que les seules politiques mises en œuvre sont des politiques individuelles, pour lesquelles les bons peuples de gauche comme de droite se passionnent comme ils se passionnent de la
    confrontation OM-PSG ou je ne sais quoi.

    – Que les citoyens sont en très grande majorité indifférents aux manigances de quelques milliers d’entre eux qui savent au demeurant bien s’entourer  de conseils, d’obligés, de complices, de
    prébendés qui globalement représentent probablement moins de 1% de la population.

    – Que chacun d’entre nous tous avons plus la peur de perdre 100 que l’ambition de gagner 500, et par conséquent, comme tout ceci favorise le conservatisme et le maintien des avantages et
    situations acquises, est habilement orchestré par les pouvoirs en place qui ont tout intérêt à entretenir un climat de renoncement et de repli sur soit. Chacun se contente de voir satisfaites
    quelques envies capricieuses d’enfant gaté sans se préoccuper de la réponse aux besoins fondamentaux de demain.

    – Que l’affichage en clair d’une politique, avec son cortège de décisions stratégiques qui seules peuvent crédibiliser la vision du futur est probablement insupportable, dans la situation encore
    confortable qui est la notre, à la très grande majorité de nos concitoyens.

    En résumé, je me demande si une catastrophe économique la plus rapide possible n’est pas nécessaire pour secouer la léthargie généralisée.

    Enfin, je voudrais souligner que ceux qui ont été assez naïfs pour penser qu’en permettant à quelques uns –de droite ou de gauche- d’atteindre leur politique personnelle de conquête du pouvoir,
    on aurai des chances de changer de politique – maintenant plutôt qu’à la saint glin glin-, peuvent éventuellement penser au bulletin blanc, seul moyen d’imposer une révolution sans effusion de
    quoique ce soit. Imaginez 30% de bulletins blancs, si ça n’est pas pré révolutionnaire, je me demande ce qui pourrait faire bouger les choses.

    Et pour sourire tout de même un peu, je préfère Tchékov avec le comitragique des Trois sœurs que le noir tragique  de Shakespeare.

    Bien à vous

    • Descartes dit :

      Je ne peux qu’être d’accord avec toi. Avec un bémol: ce n’est pas que les gens aient peur “de perdre 100 pour gagner 500”, mais plutôt que personne ne leur propose une vision crédible de comment
      gagner 500.

  5. JMP dit :

     

    Je ne crois pas une seconde que les politiques se soient réunis en conclave pour décider de ne plus avoir de stratégie ; je n’ai pas votre culture politique, mais je n’en suis pas a ce
    niveau d’infantilisme ;

    Ce que j’ai voulu dire, c’est qu’aussi bien les politiciens de droite , en abandonnant l’héritage du gaullisme , que les socialistes en reprenant la vision de Mitterand sur le virage libéral et
    l’europe , avec tout ce qu’elle suppose de trahison cynique des classes populaires , ont accepté ( et donc décidé d’accepter…) de se dessaisir de leurs compétences concernant la
    politique du pays ( je ne parle pas du centre, historiquement il a toujours été partisan de cet abandon , ni des verts qui sont dans le même cas) et a partir de ce moment la, la stratégie
    politique , je ne vois pas quel objet elle pourrait avoir

     

    bien évidement il serait souhaitable qu’ils discutent de la manière de rapatrier ces compétences : mais vous n’imaginez sans doute pas que les mêmes qui nous ont vendu l’europe de maastrich
    ( y compris en s’asseyant sur le référendum de 2005) vont se livrer a cet exercice ?

     

    Il restera bien entendu des très rares exceptions pour ramer contre le courant… et pour faire des scores minables.

    La politique est elle aussi devenue un marché: ce n’est pas nécessairement le meilleur produit qui se vend le mieux.

    Je vois bien a qui et a quoi vous faites allusion ; mais je m’autorise a une bouffée d’optimisme :

     

    d’une part, je constate qu’aux législatives , 47% des électeurs se sont abstenu, ont voté blanc ou nul ; si on enlève les 12_13% de non votants systématiques,les 2% de non votants
    accidentels ( deuils, maladies, etc) ,il reste un bon tiers d’inscrits dont on peut penser qu’ils n’ont pas voté parce qu’ils ne trouvaient aucune offre politique crédible a leurs yeux ;
    d’autre part,et comme par hasard, 3 mois plus tard, les sondages font apparaître que les 2 tiers des francais ne voteraient pas pour maastricht si c’était a refaire : comme quoi, ce n’est
    pas effectivement le meilleur produit qui se vend le mieux, mais quand le produit qui se vend est mauvais, les pires matraquages marketing n’ empêchent pas les gens de finir par s’en apercevoir.
    Je me dis donc qu’au moins la première condition pour changer _ vraiment_ de politique est en train de s’accomplir

     

     

    PS : j’ai oublié de citer Mélenchon et le front de gauche, ainsi que le FN dans la revue de « l’offre politique »

     

    Mélenchon est un bouffon gauchiste incohérent , quand au Front national son rôle dans la politique francaise est de servir de repoussoir au système : si vous dénoncez l’europe de Maastricht,
    vous êtes un fasciste . Je ne crois absolument pas aux professions de foi anti libérales et anti bruxelloises de la famille Le PEN

    • Descartes dit :

      Ce que j’ai voulu dire, c’est qu’aussi bien les politiciens de droite , en abandonnant l’héritage du gaullisme , que les socialistes en reprenant la vision de Mitterand sur le virage libéral
      et l’europe , avec tout ce qu’elle suppose de trahison cynique des classes populaires , ont accepté ( et donc décidé d’accepter…) de se dessaisir de leurs compétences concernant la politique du
      pays ( je ne parle pas du centre, historiquement il a toujours été partisan de cet abandon , ni des verts qui sont dans le même cas) et a partir de ce moment la, la stratégie politique , je ne
      vois pas quel objet elle pourrait avoir

      Je ne suis pas convaincu que ces ges aient été aussi “cyniques” que tu le penses. Comme je le dis souvent, l’envie de croire est une force extraordinairement puissante, et beaucoup de ces
      politiques avaient envie de croire qu’en cédant les compétences monétaires à la BCE et la politique économique à l’UE ils servaient l’intérêt général. La quesiton est: pourquoi ces gens là ont eu
      envie de croire une chose pareille ? La réponse, à mon avis, est toujours la même: ils avaient envie de croire parce que leurs élécteurs avaient envie de croire, et les électeurs avaient envie de
      croire parce que cette croyance servait leurs intérêts.

      bien évidement il serait souhaitable qu’ils discutent de la manière de rapatrier ces compétences : mais vous n’imaginez sans doute pas que les mêmes qui nous ont vendu l’europe de
      maastrich ( y compris en s’asseyant sur le référendum de 2005) vont se livrer a cet exercice ?

      Tout dépend des intérêts de leurs électeurs. Il semble que la grande unanimité des couches moyennes à l’égard de l’Europe maastrichienne est en train de se fissurer. D’ailleurs, il y a un signe
      qui ne trompe pas: le PCF est devenu maastrichien. Et le PCF a une sorte de “troisième sens” qui lui fait prendre toujours des positions qu’il croit “populaires” au moment ou les gens en
      reviennent, justement. Il est devenu soixante-huitard dans les années 2000…

      d’une part, je constate qu’aux législatives , 47% des électeurs se sont abstenu, ont voté blanc ou nul ; si on enlève les 12_13% de non votants systématiques,les 2% de non votants
      accidentels ( deuils, maladies, etc) ,il reste un bon tiers d’inscrits dont on peut penser qu’ils n’ont pas voté parce qu’ils ne trouvaient aucune offre politique crédible a leurs
      yeux ;

      On peut aussi se dire qu’ils n’ont pas voté parce qu’ils n’avaient pas de préférence entre les deux offres “crédibles” et parfaitement identiques qu’on leur proposait. Notez tout de même
      qu’autour de 80% ont voté à la présidentielle…

      d’autre part,et comme par hasard, 3 mois plus tard, les sondages font apparaître que les 2 tiers des francais ne voteraient pas pour maastricht si c’était a refaire :

      Ca, c’est déjà plus encourageant. Effectivement, je pense que le consensus maastrichien des classes moyennes est en train de voler en éclats, au fur et à mesure que ces couches comprennent que la
      politique qui consiste à sacrifier le producteur au consommateur menace la cohésion sociale et leurs propres intérêts. Contrairement à la bourgeoisie, les classes moyennes ne peuvent as prendre
      leur capital et l’investir en Chine ou en Pologne.

      Mélenchon est un bouffon gauchiste incohérent , quand au Front national son rôle dans la politique francaise est de servir de repoussoir au système : si vous dénoncez l’europe de
      Maastricht, vous êtes un fasciste . Je ne crois absolument pas aux professions de foi anti libérales et anti bruxelloises de la famille Le PEN

      A mon grand regret, je dois dire que je suis d’accord sur votre diagnostic concernant Mélenchon. Tous les éléments de son projet initial qui laissaient penser à une ouverture vers quelque chose
      de nouveau ont pratiquement disparu: le “parti creuset” est devenu une espèce de secte d’adorateurs du Petit Timonier ou le débat est inexistant, le travail d’analyse de la société et le travail
      programmatique sont inexistants, toujours remis à plus tard au nom du “primat de l’action”. Et dans sa boulimie de “rassemblement”, le Front de Gauche est devenu une sorte de “club de clubs”
      gauchistes, poursuivant chacun sa marotte (et des postes pour ses “notables”, of course).

      Par contre, je suis plus réservé sur votre analyse du Front National. Indépendament du rôle de “repoussoir” dans lequel il a été utilisé d’abord par Mitterrand puis par ses successeurs, le FN est
      en train d’évoluer avec l’évolution de sa base sociologique. Avec la disparition des derniers restes des partisans de Vichy, avec l’effacement relatif des intégristes catholiques, avec la
      banalisation de la question des “rapatriés”, le FN change. Si l’on pouvait douter de la sincérité des convictions antilibérales ou antibruxelloises du FN d’hier, on ne peut cque constater
      qu’elles sont aujourd’hui en accord avec la base populaire qui est devenue la sienne. A partir de là, la question de la “sincérité” des dirigeants n’a plus beaucoup d’intérêt: les dirigeants sont
      tenus par les exigeances de leurs électeurs.

       

  6. Trubli dit :

    Je me dis que faire de la politique implique de savoir quelle cible ( pour qui ?) on vise étant donné qu’il est impossible de faire une politique qui satisfera les intérêts de tous le monde
    à court terme.

    Si on fait une politique pour les catégories populaires il faut donc répondre à plusieurs enjeux :

    1) Réduire le coût de la vie en s’attaquant aux dépenses contraintes :

                    Le loyer

                    Le coût des déplacements entre le domicile et le lieu de travail

                    La facture énergétique

     

    Les loyers :

    Pour obtenir une baisse il faudrait orienter le système des aides à la personne aux aides à la pierre pour donner aux bailleurs sociaux les ressources nécessaires pour des programmes de
    construction de logements réellement sociaux (et non pas de logements intermédiaires). J’en suis arrivé à cette conclusion car il y a une captation des aides à la personne (APL, ALS) par les
    propriétaires

    La facture énergétique :

    Utiliser EdF avec la CSPE et GDF (avec une taxe à créer) pour abonder un fond d’aide à l’isolation intérieure et/ou extérieure des logements. Au lieu d’utiliser la CSPE pour le renouvelable, je
    pense qu’il faut orienter intégralement les revenus tirés de cette taxe vers des programmes de sobriété énergétique qui répondent à 2 enjeux : baisser les factures d’énergies des catégories
    populaires et réduire la facture énergétique qui alimente le déficit commercial.

    Les transports :

    C’est un problème avant tout pour ceux qui doivent prendre leur voiture pour aller travailler.

    Pou résoudre ce problème il faut jouer sur plusieurs facteurs : augmenter l’offre de transports en commun, le télétravail, le covoiturage, les véhicules en libre-service, financer la
    recherche pour des véhicules consommant moins (moteurs plus économes, véhicules plus légers)

    La suite pour bientôt

    • Descartes dit :

      Si on fait une politique pour les catégories populaires il faut donc répondre à plusieurs enjeux :

      1) Réduire le coût de la vie en s’attaquant aux dépenses contraintes :

      Non, non et non! Vous raisonnez en termes déflationnistes. Pour protéger les intérêts des catégories populaires, vous voulez réduire les “coûts” plutôt que d’augmenter les ressources. IL n’y a
      qu’une manière de baisser les loyers: produire des logements. Pour baisser le prix de la facture énergétique, il n’y a qu’un moyen: investir dans la production et dans les économies d’énergie.

      Votre logique est de maintenir le revenu et de donner toutes sortes d’aides: aides à la construction de logements sociaux, par exemple. Ce système est profondément pervers, parce qu’il divise la
      population en deux sections: celle qui bénéficie d’un logement “social”, et celle qui n’en bénéficie pas. Et qui paye les subventions de la première. C’est une distorsion économique qui finit par
      emprisonner une catégorie de population dans certains quartiers, qui créé une mentalité d’assisté. L’idéal, c’est que tout le monde ait accès dans les mêmes conditions au parc locatif.. Et pour
      cela, je prefère consacrer la richesse qui irait à la subvention du loyer à augmenter les bas salaires pour que tout le monde puisse se loger.

      Utiliser EdF avec la CSPE et GDF (avec une taxe à créer) pour abonder un fond d’aide à l’isolation intérieure et/ou extérieure des logements. Au lieu d’utiliser la CSPE pour le renouvelable,
      je pense qu’il faut orienter intégralement les revenus tirés de cette taxe vers des programmes de sobriété énergétique qui répondent à 2 enjeux : baisser les factures d’énergies des
      catégories populaires et réduire la facture énergétique qui alimente le déficit commercial.

      Je suis d’accord. La subvention aux renouvelables coûte les yeux de la tête et, dans un pays où la production d’électricité est largement décarbonnée du fait des centrales nucléaires, ne sert pas
      à grande chose, si ce n’est à faire vivre les lobbies du photovoltaïque et de l’éolien. Mais il ne faut pas oublier que l’élément essentiel de réduction de notre facture énergétique reste le parc
      nucléaire. Il est indispensable de faire les investissements pour le maintenir et, lorsqu’il arrivera en fin de vie, le renouveler.

       

       

       

       

  7. Trubli dit :

    IL n’y a qu’une manière de baisser les loyers: produire des logements

    Nous sommes d’accord sur ce qu’il faut faire. Mais pas sur la manière d’y
    parvenir. Pour produire plus de logements je pense qu’ils faut donner plus de moyens aux bailleurs. Aprèsil faut surement un jour en finir avec cette histoire de conditionnalité de l’accès au
    logement.

    Votre logique est de maintenir le revenu et de donner toutes sortes d’aides: aides à la construction de logements sociaux, par exemple

    Ah vous me faite un procès d’intention. je reviendrai plus tard sur les moyens d’augmenter les salaires. 

    L’idéal, c’est que tout le monde ait accès dans les mêmes conditions au parc locatif. Et pour cela, je prefère consacrer la richesse qui irait à la subvention du loyer à augmenter les bas
    salaires pour que tout le monde puisse se loger

    Les APL, ALS et ALF sont financées par les cotisations sociales. Je propose
    d’utiliser ces sommes pour construire. Avant de supprimer toute conditionnalité je pense qu’il faut au préalable avoir construit suffisamment de logements. De plus je propose que ces cotisations
    sociales soient payées par le consommateur (contribution des importations à la protection sociale) et non plus par les entreprises. 

    • Descartes dit :

      Nous sommes d’accord sur ce qu’il faut faire. Mais pas sur la manière d’y parvenir. Pour produire plus de logements je pense qu’ils faut donner plus de moyens aux bailleurs. Après il faut
      surement un jour en finir avec cette histoire de conditionnalité de l’accès au logement.

      Mais pourquoi diable faudrait-il “donner des moyens aux bailleurs” ? Le logement a une valeur, si les loyers ne couvrent pas cette valeur, alors il faut expliquer d’où viendra la différence… il
      est normal que la collectivité nationale couvre, par sa solidarité, une situation temporaire. Mais créer une situation où une partie très importante de la population reçoit une allocation
      permanente, cela pose un problème.

      “Votre logique est de maintenir le revenu et de donner toutes sortes d’aides: aides à la construction de logements sociaux, par exemple”. Ah vous me faite un procès d’intention. je reviendrai
      plus tard sur les moyens d’augmenter les salaires.

      Je ne fais que lire ce que vous écrivez. Si vous décrivez seulement les allocations et laissez “les moyens d’augmenter les salaires” pour plus tard, c’est bien que pour vous il y a une hiérarchie
      entre les mesures…

      Les APL, ALS et ALF sont financées par les cotisations sociales. Je propose d’utiliser ces sommes pour construire. Avant de supprimer toute conditionnalité je pense qu’il faut au préalable
      avoir construit suffisamment de logements.

      Mais à ton avis, pourquoi l’on ne construit pas suffisament de logements ? S’il y a une demande, pourquoi l’offre ne suit pas, à ton avis ?

       

  8. CVT dit :

    Bonsoir Descartes,

    encore une fois dans le mille!

    S’il n’y a plus de stratège, c’est peut-être parce qu’il n’y a plus d’intérêt commun: la res publica (chose publique) est morte depuis au moins 68 avec l’individu roi. Régis Debré, dans un
    article fameux de 1989 intitulé “République contre démocratie”, avait déjà constaté la défaite de la première contre la deuxième.

    Selon lui, on étions déjà à l’heure du triomphe démocratique, ce qui dans sa bouche n’est pas un compliment, car il manque un élément essentiel à la démocratie: la vertu républicaine, celle de
    penser un minimum au tiers qui n’est pas soi, un proche ou des connaissances. Ce tiers inconnu semble désormais avoir disparu des discours.

    Selon moi, cette absence de tiers, c’est une des caractéristiques du tribalisme. D’où un ensemble de revendications communautaires et/ou corporatistes qui s’enchaînent depuis le début de la
    présidence Hollande.

    De par mon histoire personnelle, j’ai pu constater les méfaits de ce mode de pensée sur le continent africain: une impossibilité de créer des régimes stables et démocratiques, indispensables pour
    une prospérité économique saine.

    Quoi de plus étonnant, me direz-vous? Je redoutais le girondisme des socialistes, mais je n’aurais jamais pu penser qu’ils puissent devenir à ce point anti-républicains et de manière aussi
    radicale. Ca, des descendants de Jaurès? C’est une insulte à sa mémoire.

    • Descartes dit :

      S’il n’y a plus de stratège, c’est peut-être parce qu’il n’y a plus d’intérêt commun: la res publica (chose publique) est morte depuis au moins 68 avec l’individu roi. Régis Debré, dans un
      article fameux de 1989 intitulé “République contre démocratie”, avait déjà constaté la défaite de la première contre la deuxième.

      Tout à fait. A cela s’ajoute le fait qu’on a assassiné l’Etat. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est ainsi. L’instabilité de notre système politique tout au long du XIXème siècle et une bonne
      partie du XXème était compensée par l’existence de ce qu’on appellait avec une certaine ironie “les grands commis de l’Etat”. Même si les ministres valsaient tous les mois, ces “grands commis”
      restaient en poste et en pratique c’était eux qui construisaient les reformes et les proposaient au politique. Au point que pendant les premiers mois du régime de Vichy ont été prises des “actes
      dits lois” très utiles et qui sont toujours en vigueur d’ailleurs. Ces textes ne doivent rien à Vichy: il s’agit de mesures préparés par les hauts-fonctionnaires de la IIIème République et qui
      n’avaient jamais trouvé d’appui politique pour être mises en vigueur. Ces fonctionnaires les ont sorti de leur tiroir lors de l’installation du nouveau gouvernement et profité du fait qu’on
      signait n’importe quoi à l’époque pour les faire passer…

      C’est cette capacité de notre haute fonction publique à mener des débats d’experts et fabriquer des propositions qui nous manque aujourd’hui. L’administration aujourd’hui obéit au politique, elle
      ne l’aide pas à réflechir. Et cela tient en grande partie à la manière dont les ressources de l’Etat son gérées: aujourd’hui, tous les services sont débordés par l’augmentation des régles à
      appliquer et les baisses d’effectifs. Par ailleurs, la structure de paye et la dévalorisation du service public – dont on enseigne dans nos écoles d’élite que c’est un truc ringard… et on
      entend ce discours même à l’ENA – fait que les plus brillants vont travailler dans le privé. Il n’y a qu’un service dont les effectifs augmentent régulièrement: celui de la communication…

      Selon lui, on étions déjà à l’heure du triomphe démocratique, ce qui dans sa bouche n’est pas un compliment, car il manque un élément essentiel à la démocratie: la vertu républicaine, celle
      de penser un minimum au tiers qui n’est pas soi, un proche ou des connaissances. Ce tiers inconnu semble désormais avoir disparu des discours.

      Là encore, Debray voit juste. Le débat sur l’extradition d’Aurore Martin est de ce point de vue symptomatique. Les mêmes qui au début des années 2000 ont fabrique cette monstruosité qu’est le
      mandat d’arrêt européen s’indignent aujourd’hui de le voir appliqué pour la seule et simple raison que la personne auquel on l’applique leur est connue et sympatique. Le mandat est il moins
      scandaleux lorsqu’il s’applique à un inconnu ?

      Selon moi, cette absence de tiers, c’est une des caractéristiques du tribalisme. D’où un ensemble de revendications communautaires et/ou corporatistes qui s’enchaînent depuis le début de la
      présidence Hollande.

      Tout à fait. C’est un énorme récul par rapport à la vision républicaine fondée sur un citoyen abstrait sujet de droits, et le retour à l’adaptation des droits à la tête du client.

      Quoi de plus étonnant, me direz-vous? Je redoutais le girondisme des socialistes, mais je n’aurais jamais pu penser qu’ils puissent devenir à ce point anti-républicains et de manière aussi
      radicale.

      On n’avait pas besoin de beaucoup d’imagination… un peu de mémoire suffit.

       

       

  9. Trubli dit :

    Mais à ton avis, pourquoi l’on ne construit pas suffisament
    de logements ? S’il y a une demande, pourquoi l’offre ne suit pas, à ton avis ?

    Peut-être parce que la demande n’est pas solvable, autrement dit les prix proposés pour de
    nouveaux logements sont peut-être trop élevés par rapport aux moyens financiers des demandeurs malgré des taux d’intérêt bas. 

    Pour être encore plus précis, là où se situe la demande de logement (près des lieux où il y a
    de l’emploi) les prix des offreurs sont trop élevés et la demande doit s’éloigner.

    Si on ne peut pas résoudre ce problème en laissant faire le marché, alors il faut que l’état
    intervienne. Et l’état peut intervenir en “fiscalisant” les cotisations sociales et en utilisant une partie de l’aide au logement pour la construction. 

    http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/evolution-prix-immobilier-friggit_cle0c611b.pdf

     

    • Descartes dit :

      Peut-être parce que la demande n’est pas solvable, autrement dit les prix proposés pour de nouveaux logements sont peut-être trop élevés par rapport aux moyens financiers des demandeurs
      malgré des taux d’intérêt bas.

       Si le problème est l’absence de demande solvable, la solution est évidente: il faut solvabiliser la demande. Et non subventionner l’offre ce qui implique un “ciblage” en termes de
      catégories sociales et donc la formation de ghettos.

      Pour être encore plus précis, là où se situe la demande de logement (près des lieux où il y a de l’emploi) les prix des offreurs sont trop élevés et la demande doit s’éloigner.

      Ca, c’est la vie. Il n’y a aucun moyen qui permettrait à tout le monde d’habiter la où il le désire, tout simplement parce que le logement sous contrainte de lieu n’est pas un bien qu’on puisse
      multiplier à l’infini. Il y aura toujours plus de gens qui voudront habiter dans le VII arrondissement de Paris que des logements disponibles à cet endroit. Ainsi posé, le problème n’a pas de
      solution.

       

      Si on ne peut pas résoudre ce problème en laissant faire le marché, alors il faut que l’état intervienne. Et l’état peut intervenir en “fiscalisant” les cotisations sociales et en utilisant une
      partie de l’aide au logement pour la construction.

  10. Trubli dit :

    Le logement a une valeur, si les loyers ne couvrent pas cette
    valeur, alors il faut expliquer d’où viendra la différence… il est normal que la collectivité nationale couvre, par sa solidarité, une situation temporaire.

    http://www.immobilier-danger.com/Les-aides-au-logement-de-la-Caisse-527.html

    La CAF a versé en 2011 15 milliards en allocations. Vous pensez qu’on peut supprimer les côtisations sociales qui alimentent ces allocations logement. Et ainsi allégées de ces allocations, les
    entreprises augmenteraient les salaires de 15 milliards. Moi je crois que les entreprises n’en feront rien. Qu’est-ce qui peut les y obliger ?

    Pour ma part je propose qu’on baisse progressivement les allocations logements versées. Ex :10 milliards d’allocations versées pour 5 milliards utilisées à la construction de logements.
    L’objectif est de détourner progressivement cette manne de l’aide vers la construction.

    • Descartes dit :

      La CAF a versé en 2011 15 milliards en allocations. Vous pensez qu’on peut supprimer les côtisations sociales qui alimentent ces allocations logement. Et ainsi allégées de ces allocations,
      les entreprises augmenteraient les salaires de 15 milliards. Moi je crois que les entreprises n’en feront rien. Qu’est-ce qui peut les y obliger ?

      La loi.

      Pour ma part je propose qu’on baisse progressivement les allocations logements versées. Ex :10 milliards d’allocations versées pour 5 milliards utilisées à la construction de logements.
      L’objectif est de détourner progressivement cette manne de l’aide vers la construction.

      Le problème est que l’aide à la construction, s’il n’y a pas de demande solvable, ne sert à rien. Qui va construire s’il n’y a personne pour louer ? De ce point de vue, je me demande si la
      meilleure politique ne serait pas la réduction du risque, sous forme de garantie des loyers par exemple, pour encourager la location dans le parc privé à des prix raisonnables.

  11. CVT dit :

    Petite digression, quoi que: vous avez parlé de l’affaire Aurore Martin dans votre réponse à mon post; je suis assez étonné que vous n’ayez pas fait un papier là-dessus, car cette affaire est
    typique de ce que je déteste le plus dans une grande partie de cette gauche pro-européenne, libérale, anti-état-nation et accessoirement anti-française: l’inconséquence et l’irresponsabilité.

    Je suis partagé dans cette affaire: comme vous, je suis contre le mandat européen, et j’affirme même que s’il ne s’était pas appliqué, je n’aurais pas livré cette activiste séparatiste,
    conformément au droit qui prévalait avant le mandat européen. Mais maintenant qu’il s’applique, il faut respecter les traités internationaux, comme vient de le faire le gouvernement en livrant
    Aurore Martin, une française militante d’ETA en ESPAGNE. Fallait y penser avant, les gauchards!! 

    Il faut rappeler qu’ETA est un mouvement séparatiste, pro-européen, jusqu’à il y a peu terroriste, qui veut la fin des prérogatives des états-nation, en particulier espagnol et français. La
    justice espagnole soupçonne A.Martin d’avoir participé à des activités terroristes, et souhaite donc légitimement qu’elle vienne s’expliquer devant un tribunal.

    Ce que je trouve particulièrement farce, c’est de voir les protestaires fédéralistes européens se rappeler soudain que cette activiste séparatiste est FRANCAISE, et qu’il faudrait que le
    droit français sur la non-extradition des nationaux prévaille, tout en faisant mine d’ignorer que le mandat européen s’impose aux états-membre. Ca, c’est pour l’inconséquence des européïstes
    de tout poil, et comme je me raccroche aux branches, à leur ABSENCE DE STRATEGIE lors de la ratification des traités antérieurs.

    Côte irresponsabilité, vu le passé d’ETA, est-il normal que cette activiste ne vienne pas s’expliquer pas devant la cour de justice espagnole? A mon avis, ce serait un déni de justice, déni dont
    les gauches bobo et/ou trotskiste sont coutumières (cf affaire C.Battisti); d’autant qu’à titre personnel, elle a commis une faute grave: s’ingérer dans les affaires d’une nation étrangère
    souveraine.

    Mon dilemme vient du fait que sans mandat européen, je n’aurais pas remis A.Martin à la justice espagnole: ca semble contradictoire avec tout ce que je viens d’écrire sur le déni de justice, mais
    justice et souveraineté ne font pas toujours bon ménage. De plus, je suis légaliste, et j’aurais appiiqué la loi dans tous les cas, aussi imparfaite soit-elle.

    • Descartes dit :

      Petite digression, quoi que: vous avez parlé de l’affaire Aurore Martin dans votre réponse à mon post; je suis assez étonné que vous n’ayez pas fait un papier là-dessus,

      Je compte en faire un, mais donnez moi un peu de temps ! 😉

      Au reste, je partage votre commentaire. Il y a une certaine gauche qui tend à passer un peu vite le sang et les morts par pertes et profits. On a eu l’illustration quand la “gauche radicale”
      unanime fait des anciens d’Action Directe des “victimes du système”, en oubliant un peu vite que leurs délires “révolutionnaires” ont coûté des vies. Même chose avec le FLNC ou l’ETA: on condamne
      avec des grandes phrases la violence, et quand les auteurs de ces violences se font prendre, tout à coup ce sont eux les victimes…

      Quant à la question de la loi, la gauche a une perception très “soixante-huitarde” de l’affaire: on s’indigne lorsque “les autres” ne respectent pas la loi, mais on exige qu’elle ne s’applique
      pas “aux notres” quand cela vous arrange. Ma position est la votre: “entre le faible et le fort, c’est la liberté qui asservit et la loi qui libère”. Chaque “exception” porte un coup de canif à
      ce principe, parce qu’elle donne un argument aux puissants pour s’affranchir de la loi. Si l’on fait une exception pour Aurore Martin, pourquoi la refuser à Maurice Papon ?

  12. Trubli dit :

    Moi je crois que les entreprises n’en feront rien. Qu’est-ce qui peut les y obliger ?

    La loi.

    Vous voulez dire augmenter le SMIC ?

    15 milliards divisés par 6 millions de ménages soit 2500 euros de plus en salaire par ménage ou 15 Mrd/ 3,6 millions de smicard soit 4166 euros de plus en salaire par smicard => SMIC brut à
    1745 € (1398 + 4166/12) et un SMIC Net à 1366 €. Entreprise par entreprise les conséquences seraient différentes en fonction de la proportion d’employés au SMIC. 

     

    • Descartes dit :

      Vous voulez dire augmenter le SMIC ?

      Non. Rien n’empêche de faire une loi qui réduirait les cotisations sociales et qui obligerait à reporter le montant ainsi libéré sur les fiches de paye. L’augmentation du SMIC a toutes sortes
      d’effets pervers.

       

       

  13. Trubli dit :

    On pourrait impulser quatre chocs :

    la fin des conditionnalités du logement social, qui permettrait d’unifier les deux marchés du logement. D’où pression à la baisse des loyers exigés par les propriétaires privés.

    La garantie des risques locatifs. On a bien une assurance maladie, on pourrait avoir un dispositif national qui joue le rôle de garant auprès des propriétaires. il serait alimenté par des
    côtisations des travailleurs (TVA sociale) à hauteur de 5% du montant des loyers (charges comprises) versés en France. 

    Une hausse des bas salaires débattue plus haut (compensée par moins de côtisations et moins de niches fiscales de type Scellier, Robien, etc.)

    La confiscation pure et simple des plus-value de cession quand le bien immobilier est revendu moins de 15 ans après son achat pour stopper la spéculation immobilière.

    • Descartes dit :

      la fin des conditionnalités du logement social, qui permettrait d’unifier les deux marchés du logement. D’où pression à la baisse des loyers exigés par les propriétaires privés.

      Qu’est ce que tu appelles “la fin des conditionnalités du logement social” ? Les logements sociaux sont en nombre limité, ce qui implique nécessairement qu’il faut des critères pour les accorder
      ou les refuser. C’est de là que vient la “conditionnalité”. En fait, ce que tu proposes, c’est une manipulation du marché: mettre sur le marché un grand nombre de logements sociaux de manière à
      pousser les loyers privés à la baisse. Seulement, cette politique a un coût: si tu offres des logements à des prix inférieurs au prix d’équilibre, quelqu’un est en train de payer la différence.
      Et on revient à un mécanisme où certains payent pour d’autres…

      La garantie des risques locatifs. On a bien une assurance maladie, on pourrait avoir un dispositif national qui joue le rôle de garant auprès des propriétaires. il serait alimenté par des
      côtisations des travailleurs (TVA sociale) à hauteur de 5% du montant des loyers (charges comprises) versés en France. 

      Non. Le “garant” doit d’abord être alimenté par les loyers qu’il récupère auprès des locataires négligents. Il ne faut pas confondre un système de garantie avec un outil de péréquation en
      transformant la garantie en subvention cachée. Si des gens n’ont pas suffisament de revenu pour se loger, alors on peut accorder des allocations ou bien chercher à augmenter leur revenu. Mais
      cela n’a rien à voir avec une “garantie”. La garantie est là pour réduire le coût pour le propriétaire lorsqu’il s’agit de forcer le locataire à respecter ses obligations.

      La confiscation pure et simple des plus-value de cession quand le bien immobilier est revendu moins de 15 ans après son achat pour stopper la spéculation immobilière.

      Ca, c’est de la pure démagogie. Une telle mesure aurait des effets pervers absolument monstrueux. Imagine-toi le cas d’un acheteur qui se marie, et qui veut revendre son bien pour acheter un peu
      plus grand et vivre avec sa promise. Et quid de l’acheteur qui perd son emploi et retrouve un autre dans une autre région ? Du propriétaire dont le conjoint décède et qui souhaite changer de
      logement pour mieux faire son deuil ?

      Si l’on veut arrêter la spéculation, il n’y a qu’un moyen: rendre le crédit cher.

  14. JLM dit :

    Bonjour,

    Sortir de ce bourbier, de l’Europe :

    http://www.courleuxsansfrontieres.com/Jean-Luc-Mordoh-citoyen-europeen-auteur-Comment-sortir-de-l-Europe-sans-sortir-de-table-Le-Traite-de-Fonctionnement-de_a517.html

    Un livre qui nous rappelle qu’être Français, c’est être libre d’aimer le camembert.

    Jean-Luc Mordoh

  15. Trubli dit :

     

    Non. Le “garant” doit d’abord être alimenté par les loyers qu’il récupère auprès des locataires
    négligents. 

    Oui ce sera le cas.

    Un locataire a du retard pour payer son loyer au propriétaire. Le propriétaire se retourne vers le garant qui règle le loyer et exige du locataire le remboursement de la somme qu’il a versé au
    bailleur.

    Pour que ce garant puisse régler le loyer au propriétaire il faut au préalable qu’il ait des fonds. Je pense que ces fonds doivent être fournis par les consommateurs.

    Imagine-toi le cas d’un acheteur qui se marie, et qui veut revendre son bien pour acheter un peu plus grand et
    vivre avec sa promise. Et quid de l’acheteur qui perd son emploi et retrouve un autre dans une autre région ? Du propriétaire dont le conjoint décède et qui souhaite changer de logement pour
    mieux faire son deuil ?

    Un individu qui a acheté son logement 150 000 euros et qui le revend 5 ans après 200 000 euros, fait une plus-value de 50 000 €. Et bien le fisc récupère ces  50 000 euros. Je ne vois pas où est le problème dès lors que le vendeur retrouve sa mise.

    si tu offres des logements à des prix inférieurs au prix d’équilibre

    Non, si j’ouvre ces logements à tout le monde sans condition de ressources mais que les bailleurs sont libres d’appliquer les prix qu’ils veulent pour  les nouveaux locataires je ne vois pas pourquoi on serait en dessous du prix d’équilibre. La France manque de logements, donc même en ouvrant à tous l’accès aux
    logements sociaux, cela m’étonnerait beaucoup que les propriétaires soient obligés de vendre en dessous du coût du logement.

     

    • Descartes dit :

      Un locataire a du retard pour payer son loyer au propriétaire. Le propriétaire se retourne vers le garant qui règle le loyer et exige du locataire le remboursement de la somme qu’il a versé
      au bailleur. Pour que ce garant puisse régler le loyer au propriétaire il faut au préalable qu’il ait des fonds.

      Non. Il suffit qu’il les emprunte le temps de récupérer les versements du locataire…

      Un individu qui a acheté son logement 150 000 euros et qui le revend 5 ans après 200 000 euros, fait une plus-value de 50 000 €. Et bien le fisc récupère ces  50 000
      euros. Je ne vois pas où est le problème dès lors que le vendeur retrouve sa mise.

      Le problème est que l’individu qui a achété son logement à 150.000 et le revend à 200.000 le fait, dans les exemples que j’ai donné, pour racheter un autre logement. Qui lui aussi a changé de
      valeur. Prend le cas de celui qui revend pour mobilité géographique. Imaginons qu’il démenage à une ville ou l’immobilier a le même prix que dans sa ville d’origine, et qu’il achète le même type
      d’appartement. Lorsqu’il vend l’appartement qui’l a acheté 150.000 pour 200.000, c’est pour acheter un appartement qui lui coutera lui aussi 200.000. Si tu lui piques 50.000, comment fera-t-il ?

      Le problème de la taxation des plusvalues est qu’elle est un frein considérable à la mobilité.

      Non, si j’ouvre ces logements à tout le monde sans condition de ressources mais que les bailleurs sont libres d’appliquer les prix qu’ils veulent pour  les nouveaux locataires je ne vois
      pas pourquoi on serait en dessous du prix d’équilibre.

      En d’autres termes, tu proposes des logements sociaux à tout le monde sans conditions mais au prix du marché ?

      La France manque de logements, donc même en ouvrant à tous l’accès aux logements sociaux, cela m’étonnerait beaucoup que les propriétaires soient obligés de vendre en dessous du coût du
      logement.

      Si tout le monde a accès à un logement social au prix bonifié, qui ira louer au prix du marché ?

      P

  16. Trubli dit :

    En d’autres termes, tu proposes des logements sociaux à tout
    le monde sans conditions mais au prix du marché ?

    Oui. D’un côté augmenter le pouvoir d’achat des travailleurs de 15 milliards – ils récupèrent
    en salaire ce que leurs employeurs et eux donnaient en côtisation à la CAF- et de l’autre des logements ouverts à tout le monde mais au prix du marché.

  17. Trubli dit :

     

    Pour que ce garant puisse régler le loyer au propriétaire il faut au préalable qu’il ait des fonds.

    Non. Il suffit qu’il les emprunte le temps de récupérer les versements du locataire…

    Non emprunter signifie payer des intérêts et donc faire payer ces intérêts  à quelqu’un : soit le locataire, soit la communauté nationale. 

     

    • Descartes dit :

      Non emprunter signifie payer des intérêts et donc faire payer ces intérêts  à quelqu’un : soit le locataire, soit la communauté nationale. 

      La justice voudrait que ce soit le locataire…

  18. jjp dit :

    Je te félicite pour tes mots, ils sont clairs et étayés, c’est un plaisir.

    Il est clair qu’un des pbs principaux des ménages aujourd’hui est le cout du logement. (les couts en général d’ailleurs, mais le logement est symptomatique).

    Même si ça semble farfelu,  on peut forcer à baisser les loyers et les prix de ventes des biens immobiliers, il faut juste attendre qu’ils ne soient plus soumis à un remboursement d’emprunt.

    Pour éviter une spéculation par des capitaux étrangers (car c’est souvent cela qui fait exploser les prix), il suffirait que les étrangers soient soumis à un bail sur l’achat, par exemple, ils ne
    pourraient acheter que pour 50 ou 25 ans en confisquant un bénéfice sur la revente éventuelle avant cette échéance.

    On aboutirait ainsi à terme baisser tous les couts du logement.

    Les gens comprendraient bien que ça ne sert à personne de manger des patates toute sa vie pour pouvoir se loger.

    • Descartes dit :

      Je te félicite pour tes mots, ils sont clairs et étayés, c’est un plaisir.

      Je te remercie, c’est toujours agréable de se sentir encouragé… 😉

      Même si ça semble farfelu,  on peut forcer à baisser les loyers et les prix de ventes des biens immobiliers, il faut juste attendre qu’ils ne soient plus soumis à un remboursement
      d’emprunt.

      J’avoue que je ne comprends pas très bien ton commentaire. En quoi le fait d’être soumis à un “remboursement d’emprunt” modifie le prix de l’immobilier ? Lorsqu’on achète un bien -quel qu’il
      soit, d’ailleurs – à crédit on achète avec de l’argent qu’on n’a pas. Pour avoir cet argent, il faut bien que quelqu’un accepte de nous le prêter, et donc de ne pas l’utiliser lui même. Le
      “remboursement de l’emprunt” est le prix de ce renoncement. Maintenant, imagine qu’on  pouvait emprunter sans limite et à taux zéro. Est-ce que cela ferait baisser les prix des appartements
      ? Bien sur que non: le prix de l’immobilier est fixé par un marché. Si chacun de nous pouvait emprunter sans limite, cela ferait croitre massivement la demande d’un bien dont la quantité
      disponible est constante. Les prix s’envoleraient donc…

      Pour éviter une spéculation par des capitaux étrangers (car c’est souvent cela qui fait exploser les prix),

      N’exagérons rien. C’est certainement vrai à Paris, mais je ne pense pas que les capitaux étrangers se précipitent à acheter des appartements aux Tarterêts…

      il suffirait que les étrangers soient soumis à un bail sur l’achat, par exemple, ils ne pourraient acheter que pour 50 ou 25 ans en confisquant un bénéfice sur la revente éventuelle avant
      cette échéance.

      Difficile à mettre en oeuvre: il suffirait de prendre un prête-nom français pour échapper au dispositif. On pourrait, et ce serait plus simple, interdire aux étrangers l’achat d’immobilier autre
      que pour leur propre usage. Cela ferait baisser les prix à Paris et à Nice, par exemple, essentiellement sur l’immobilier haut de gamme. Mais je ne pense pas que cela aurait un effet quelconque
      sur l’habitat populaire.

      Une mesure plus intéressante serait à mon avis la suppression des droits de mutation. Cela réduirait les coûts de transaction sur l’achat et la vente d’un bien immobilier et donc le marché plus
      fluide.

  19. Trubli dit :

    “les droits de mutation à titre onéreux, qu’on peut encore appeler
    les droits d’enregistrement à titre onéreux, sont les droits que paye l’acheteur d’un bien aux impôts. Exemple : les fameux “frais de notaire” payés lors de l’achat d’un logement. Le notaire
    perçoit l’ensemble des taxes et impôts et les reverse au Trésor Public, ses honoraires ne constituant qu’une faible part de ces frais.” Ce sont ces droits de mutation que vous voulez réduire
    voire supprimer je suppose. 
    *” les droits de mutation à titre gratuit, qu’on peut encore appeler
    les droits d’enregistrement à titre gratuits, sont les droits que doit payer le bénéficiaire d’une donation ou d’une succession.” Ceux là il faut les conserver je pense.

    • Descartes dit :

      “les droits de mutation à titre onéreux, qu’on peut encore appeler les droits d’enregistrement à titre onéreux, sont les droits que paye l’acheteur d’un bien aux impôts. Exemple : les fameux
      “frais de notaire” payés lors de l’achat d’un logement. Le notaire perçoit l’ensemble des taxes et impôts et les reverse au Trésor Public, ses honoraires ne constituant qu’une faible part de ces
      frais.” Ce sont ces droits de mutation que vous voulez réduire voire supprimer je suppose.

      Exact. L’idée est de faire que l’achat et la vente d’un appartement se fasse aussi facilement que pour un bien meuble, sans perte de capital. Cela inciterait beaucoup plus les propriétaires à
      mettre sur le marché les biens dont ils n’ont pas l’usage, sachant qu’ils pourront les racheter sans perte d’argent le jour où ils en auraient besoin.

  20. Trubli dit :

    Il faudrait faire un test dans une région des mesures suivantes avant de songer à les étendre à l’échelle nationale :

    Transfert vers les salaires des cotisations destinés à financer les aides au logement

    Ouverture à tous, sans conditions de ressources, du parc des bailleurs “sociaux”

    liberté de fixation des loyers pour les bailleurs

    Suppression des droits de mutation à titre onéreux dans l’ancien

    Quid du livret A et du PEL ?

    • Descartes dit :

      Il faudrait faire un test dans une région des mesures suivantes avant de songer à les étendre à l’échelle nationale :

      Il est difficile de “faire un test” régional de mesures lorsque celles-ci créent des effets d’aubaine. En effet, tu risques de provoquer un exode des mal-logés vers la région qui propose
      “expérimentalement” le dispositif le plus favorable…

  21. Trubli dit :

    Zut j’aioublié dans mon train de mesures à tester, le fond de garantie des loyers.

  22. Trubli dit :

    Il y a un autre problème qui intéresse toute la population : la santé.

    Là-dessus j’ai quelques idées :

    1) la Sécu doit être financée par la consommation (TVA) et non par les entreprises

    2) la Sécu ne doit pas rembourser un médicament au-delà du coût du générique équivalent. Libre à l’assuré de ne pas prendre le générique mais il en paiera la différence. 

    3) Sur les dépassements d’honoraires ou les déserts médicaux je suis circonspect, soit on évolue dans un système libéral soit on évolue dans un système de plus en plus administré. Compte tenu de
    la mentalité actuelle des médecins généralistes, si on procède de manière libérale, ils continueront de se concentrer à Paris et en PACA. Je propose que sur la promo d’une année N, les X premiers
    soient libres de choisir où ils veulent s’installer et que le reste de la promo soit soumise à affectation. 

  23. Trubli dit :

    Bonjour,

    je m’interroge sur cette citation de Marcel Boiteux.

    “Mais, après qu’à travers les siècles le pouvoir des plus riches l’ait peu à peu emporté sur celui des plus
    forts, ne peut-on penser qu’un jour viendra où le pouvoir de l’argent sera lui-même sublimé par une forme de pouvoir dont les motivations seront plus élaborées ? Une économie de marché
    convenablement encadrée assurera alors la prospérité d’un secteur concurrentiel enfin libéré des entraves à courte vue qui lui
    sont prodiguées aujourd’hui,tandis que, là où monopoles naturels et coûts de transaction prévalent, réapparaîtront des entreprises publiques chargées
    efficacement des missions que le système du marché permet mal de remplir. 

    Alors l’EDF d’avant aura été seulement en avance d’un temps …” 

    en effet je vois des monopoles naturels dans :

    l’électricité, le gaz

    le réseau d’eau (=> fusionner VEOLIA+ SUEZ Environnement et les régies locales pour créer un eDF de l’eau)

    le réseau de télécommunication (cuivre, fibre optique)

    les routes, les canaux, le chemin de fer

    les ondes (hertziennes, téléphonie 4G, TNT, etc)

    la collecte des déchets (développer un réseau national de collecte pneumatique ?) 

    l’assurance maladie (fait baisser les coûts marketing et disparaitre les marges)

    je vois des industries stratégiques dans :

    l’armement (un monopole s’impose)

    les banques de dépot (=> encadrer le système, mais laisser jouer la concurrence, une entreprise nationale de type eDF est
    inutile)

    les raffineries de pétrole (nationaliser ou pas ?)

    la sidérurgie/métallurgie (recréer USINOR – SACILOR ?)

    les aéroports et les ports (ingénierie sociale) 

    le métier d’avioneur dans l’aéronautique (marché oligopolistique)

    l’agriculture (trop dangereux d’être 100% dépendants d’importations de céréales et de viandes, mais jusqu’où aller dans le
    protectionnisme ?)

    je dois surement oublier des choses et je n’arrive pas à voir de quoi parle Boiteux quand il évoque les coûts de
    transaction.

    Bien à vous.

    • Descartes dit :

      je dois surement oublier des choses et je n’arrive pas à voir de quoi parle Boiteux quand il évoque les coûts de transaction.

      Je pense qu’il se refère à des activités économiques où le coût de transaction est capital. Par exemple, les moyens de paiement: le groupement Carte Bleu est un exemple d’organisation où le
      monopole est nécessaire pour réduire les coûts de transaction. Si chaque banque avait sa propre carte et définissait son propre standard, les coûts de transaction exploseraient…

  24. Trubli dit :

    Bonjour Descartes.

    Peut-être préparez-vous un article sur le feuilleton de Florange.

    Cette affaire est encore une enième preuve de la nullité de la gauche de gouvernement.

    Les libéraux ont réussi à faire en sorte que le mot nationalisation soit tabou, devienne un impensé.

    Pour ma part, s’il doit y avoir nationalisation, elle ne doit pas être provisoire et elle ne doit pas se limiter au seul site de Florange, elle doit viser à recréer USINOR – SACILOR, un groupe
    rentable dans une activité stratégique. Et cette nationalisation ne doit pas éviter de poser les questions qui fachent. Comme la question du lieu d’implantation des hauts fourneaux.

    Le conseil général de l’économie a rédigé un rapport très intéressant sur Florange : http://www.fo-metaux.com/content/cms_medias/pdf/Rapport%20dfinitif%20-%20vendredi%2027%20juillet.pdf

     

    • Descartes dit :

      Peut-être préparez-vous un article sur le feuilleton de Florange.

      Vous n’imaginez tout de même pas que je vais laisser passer une telle opportunité…

      Cette affaire est encore une enième preuve de la nullité de la gauche de gouvernement.

      Je vais tout de même essayer d’aller un peu plus loin dans l’analyse. Non, le problème n’est pas “la nullité de la gauche de gouvernement”. Mais la “nullité” de la gauche tout court (et aussi
      d’une partie de la droite…). Le problème, c’est le désintérêt général pour les questions de politique industrielle, et cela depuis bientôt trente ans. Dans l’article ci-dessus, j’avais dénoncé
      le manque général de stratégie. Dans d’autres domaines, c’est un problème mais en politique industrielle, où l’on raisonne en temps long, c’est un désastre.

      Il faut arrêter de croire qu’on peut résoudre les problèmes d’un coup de baguette magique. Florange – comme Pétroplus, et comme l’ensemble de notre industrie – est en train de mourir victime de
      politiques décidées et mises en oeuvre depuis trente ans. Croire qu’un chevalier blanc brandissant l’épée “nationalisation” peut la sauver, c’est se tromper et tromper les gens. Nous sommes
      typiquement dans le paradoxe du visible et de l’invisible: si le ministre du redressement productif faisait une stratégie à long terme, personne ne s’en apercevrait et il n’aurait aucun crédit
      politique auprès de l’opinion, ressource indispensable pour s’imposer dans les arbitrages. Il ne peut construire une visibilité médiatique qu’en faisant des “coups”. Mais les “coups”, en matière
      de politique industrielle, ne marchent jamais, et il paye donc sa visibilité d’une frustration permanente. Entre la décision Pompidou-Messmer de 1974 de lancer le plan électronucléaire, ou celle
      de Giscard de 1975 de lancer le TGV, et les premiers résultats tangibles et “inaugurables” il s’est passé une dizaine d’années. On se souvient que Fiterman, alors ministre des transports, avait
      eu le bon goût d’inviter Giscard et Boulin à l’inauguration du TGV: c’était justice, puisque c’est sous Giscard que l’objet a été pour l’essentiel construit. Mais qui aurait aujourd’hui cette
      élégance ?

      La politique industrielle nécessite une grande continuité dans l’action, si l’on ne veut pas qu’elle suive la logique du chien crevé au fil de l’eau. Dans le temps, on résolvait cette difficulté
      en confiant la gestion de la politique industrielle aux “grands commis de l’Etat” comme Guillaumat, Boiteux ou Besse, qui se débrouillaient pour fournir le politique en beaux objets présentables
      à l’opinion (Concorde, le France…) pour permettre au politique de continuer à les soutenir. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui: après trente années de construction européenne, l’Etat n’a
      plus les ressources humaines pour conduire une telle politique, à supposer même que le politique le souhaite.

      Pour ma part, s’il doit y avoir nationalisation, elle ne doit pas être provisoire et elle ne doit pas se limiter au seul site de Florange, elle doit viser à recréer USINOR – SACILOR, un
      groupe rentable dans une activité stratégique.

      Soit. Mais cela arriverait trop tard pour Florange. Cela suppose une décision politique claire sur un projet précis, puis une continuité dans l’exécution de celui-ci par des gens qu’on ne change
      pas tous les deux ans au grè du caprice du ministre pendant dix ou quinze ans. On n’installe pas un groupe dans le paysage industriel en trois ans.

       

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