La nouvelle république est arrivée…

Maintenant que les banderoles sont rangées et que les porte-voix se sont tus, on peut commencer à faire un bilan de la longue – trop longue – séquence électorale que nous venons de vivre. Et le résultat n’est guère encourageant. Il faut se rendre à l’évidence, nous sommes engagés dans un processus qui conduit à la paralysie de nos institutions, et il faut rendre grâce à la plasticité des institutions de la Vème République : sans elles la crise finale serait arrivée depuis longtemps.

 

Prenons d’abord la présidence de la République. On salue l’arrivée à ce fauteuil d’un « condottiere » de 39 ans ; d’un touche à tout, un jour philosophe, un autre banquier, un troisième ministre ; d’un homme sans autre programme que d’y arriver. Mais il faut voir ce que cette arrivée signifie. D’abord, elle signifie que l’establishment politique est si faible, qu’il a tellement perdu sa légitimité, qu’il n’est même plus capable de défendre efficacement son territoire. Hier, il était impensable d’être élu sans être au préalable investi par un parti politique, tout simplement parce que le parti politique, avec ses militants, ses cadres, ses institutions étaient des prescripteurs d’opinion. Les citoyens les écoutaient, avaient confiance en eux et suivaient leurs appels. Ce n’est plus du tout le cas, d’une part parce que les électeurs n’ont plus confiance, mais surtout parce que les partis sont incapables de fournir une « prescription » quelconque. Car il faut bien voir une chose : si l’on laisse de côté les candidatures de témoignage et à une exception près on n’a pas vu dans cette élection présidentielle un seul candidat qui soit porteur d’une véritable investiture de son parti. Les égo-politiciens Macron et Mélenchon se sont faits eux-mêmes leurs programmes, décidé eux-mêmes des thèmes de campagne. Les candidats LR et PS n’ont pas été désignés par les instances de leurs partis, mais par le vote d'un corps électoral non identifié dans des « primaires », où chaque candidat défendait son programme personnel, et où les perdants pouvaient s’affranchir allègrement de leur obligation de soutenir le gagnant. Seule parmi les candidats des grands partis, Marine Le Pen est allée au combat avec une véritable investiture de son parti – et encore, elle a cherché à déguiser le fait en invoquant le fantomatique « rassemblement bleu marine ». Ce scrutin constate l’effacement des partis politiques en tant qu’instances collectives de discussion, d’élaboration et de décision politique. Et cet effacement marque l’entrée dans une nouvelle ère, celle ou la raison s’efface derrière l’émotion, ou la forme prime sur le fond, où le projet n’est rien et l’empathie est tout. Où un débat télévisé est plus important que le travail programmatique, et l’hologramme permet de gagner des voix.

 

La mutation du champ politique avec l’effacement des institutions qui l’organisaient et la transformation de la politique en une affaire purement individuelle marque la victoire d’une idéologie, celle du « bloc dominant » composé de la bourgeoisie et surtout des « classes moyennes ». Et tout particulièrement le volet anti-institutionnel de cette idéologie. Car le « bloc dominant » se méfie depuis longtemps des institutions politiques, les seules sur lesquelles sa domination n’est pas acquise. Le « bloc dominant » peut s’assurer le contrôle des médias, des universités, des comités techniques, des entreprises, des institutions européennes. Mais les institutions politiques nationales dépendent du suffrage universel, et il suffit que les électeurs fassent leur crise pour que ces institutions leur échappent. Affaiblir les institutions qui concourent à la formation du pouvoir politique et l’Etat qui est leur instrument est donc une priorité pour le bloc dominant. Et cela, depuis très longtemps.

 

Les rédacteurs de la Constitution de 1958, qui avaient une piètre opinion de ces « classes moyennes » sans grandeur, sans sens du tragique, l’avaient bien compris. Ils ont donc construit un ordre institutionnel qui garantissait des institutions fortes. Depuis un demi-siècle, les « classes moyennes » n’ont eu de cesse que de chercher à les affaiblir. La victoire de 1981 permit de bien avancer sur cette voie, avec la décentralisation, la ratification du traité de Maastricht et la cohabitation. Depuis, le quinquennat et l’affaiblissement de l’exécutif par rapport au Parlement au cours des réformes successives sont venus compléter ce dispositif. Avec l’effondrement des partis politiques, nous avons aujourd’hui le régime le plus faible depuis 1958. Pourtant, me direz-vous, Macron est président de la République avec une légitimité que personne ne conteste, avec une majorité solide. Et bien, tout cela est trompeur. Macron est un président faible, et cela se voit un peu plus chaque jour. Prenons quelques exemples, si vous le voulez bien :

 

D’abord, la formation du gouvernement. Pendant des années, le président de la République nommait, sur recommandation du premier ministre, les différents ministres. Il couvrait donc de son autorité leur nomination. Un ministre pouvait perdre la confiance de l’opinion publique, être accusé de tout et n’importe quoi, mis en examen même, et il restait à sa place aussi longtemps qu’il avait la confiance du président et du premier ministre. Parce que c’était là l’essentiel. Aujourd’hui, non seulement on a érigé en principe le fait que « un ministre mis en examen doit démissionner », mais avec Macron on est allé plus loin : un ministre qui est simplement suspecté d’avoir quelque chose à voir avec une affaire en cours d’instruction doit faire ses bagages.

 

Je voudrais que mes lecteurs comprennent bien à quel point ce changement implique une abdication de la part du président. Hier, il était seul juge de la capacité d’un homme à servir le pays. Aujourd’hui, il doit déférer à l’opinion d’un juge – car au stade de la mise en examen, il ne s’agit que d’une opinion – et même à l’anticipation par l’opinion publique d’une telle opinion. Macron estimait en mai que Ferrand était digne de servir son pays à un poste de haut niveau. Et on peut se dire qu’il le pense toujours, puisqu’il lui propose de présider le groupe LREM à l’Assemblée. Si tel est le cas, alors il aurait du refuser sa démission. Depuis quand le président de la République se laisse dicter la composition du gouvernement par l’opinion d’un juge ou pire, par l’opinion publique ? Cette affaire – à laquelle s’additionnent les démissions de Bayrou, de De Sarnez, de Goulard – montre que le président est tellement peu sûr de son autorité qu’il n’ose même pas affronter l’opinion publique sur une question aussi capitale que le choix de ses collaborateurs, alors que les fautes qui sont reprochées à ceux-ci n’ont aucun rapport avec l’exercice de leurs fonctions ministérielles. Pensez-vous que De Gaulle, Pompidou ou Mitterrand auraient renvoyé un ministre pour des raisons aussi maigres ? Etions nous pour autant plus mal gouvernés ?

 

L’affaiblissement du président s’accompagne d’un affaiblissement de l’Assemblée nationale. Jamais dans notre histoire parlementaire nous n’avions eu un Parlement dont la composition soit aussi peu consistante. C’est là la manifestation de deux diktats idéologiques, celui du « jeunisme » et celui de la « représentation par les pairs », tous deux vieux serpents de mer des « classes moyennes ».

 

Commençons par le « jeunisme ». On nous explique que les « vieux » ont échoué. Qu’ils sont corrompus, fainéants, pourris jusqu’à l’os, ossifiés dans leurs traditions. Il faut un bon coup de balai, mettre de nouvelles têtes, et tout ira mieux. Or, cette idéologie – qui cache mal l’ambition des jeunes loups qui trouvent que les vieux mettent trop de temps à leur laisser les bonnes places – repose sur un raisonnement fallacieux. Si les « vieux » sont corrompus et pourris, il doit bien y avoir une raison. Et sauf à considérer qu’il y a une tare génétique affectant toute une génération, il faut se rendre à l’évidence : s’ils sont ainsi, les causes sont à chercher dans la manière dont les institutions fonctionnent, dans le réseau de contraintes dans lequel les élus font leur travail. Et les mêmes causes provoquant les mêmes effets, il n’y a pas de raison pour que les « jeunes » élus ne soient, après quelques mois de pratique, aussi corrompus, aussi fainéants, aussi improductifs que leurs aînés. Aragon avait raison : c’est avec les jeunes cons qu’on fait de vieux cons, plus tard…

 

Mais surtout, il faut comprendre que ce « jeunisme », qui se manifeste autant dans la sélection des élus que des hauts fonctionnaires ou des dirigeants des entreprises, a une fonction qui est intimement lié à la logique idéologique des « classes moyennes ». Si on invoque à tout propos le besoin de renouveau, c’est parce qu’on veut couper les liens avec le passé. Pour parachever la victoire des « classes moyennes », ce groupe social qui ne vit que dans le présent, il faut une société sans mémoire. Cela fait déjà des années qu’on affaiblit l’enseignement de l’histoire, en prenant soin de noircir le passé en présentant chaque page glorieuse de notre histoire nationale sous le prisme du crime contre l’humanité ou de l’indignité. Cette tentation d’effacer le passé se manifeste par exemple – vous me direz que c’est un point mineur, mais il me semble très révélateur – dans le changement permanent des noms des ministères, des entreprises et des institutions: ANPE (Agence nationale pour l’emploi), GDF-Suez (fusion de Gaz de France et de la société financière IndoSuez) ou SFR (« société française du radiotéléphone ») sont des noms parlants, qui nous rappellent une histoire. Pole-Emploi, Engie ou Altice ne nous disent absolument rien ni de leur création, ni de leur objectif.

 

En envoyant les « vieux » à la retraite on supprime la mémoire. En les remplaçant par des jeunes qu’on a au préalable persuadé que le passé n’a rien à nous apprendre, on fait un pas supplémentaire : on s’assure d’une coupure dans la transmission. Dans une assemblée de trentenaires, il n’y aura personne pour expliquer comment on faisait les choses avant, quelles ont été les réformes qu’on a essayé et qui n’ont pas marché, quel est le sens de certaines procédures, de certaines cérémonies, de certains interdits. Bien sur, dans la réalité, il reste quand même pas mal de vieux routiers à l’Assemblée, et parmi les jeunes beaucoup ne le sont pas tant que ça, venant de la filière bien éprouvée des assistants parlementaires et connaissant parfaitement les usages de la profession. Mais c’est l’intention qui compte.

 

Mais l’idée qui risque à terme d’affaiblir le plus le Parlement, c’est l’idée que n’importe qui peut être député. Que la fonction ne nécessite aucune préparation préalable, aucune expérience, aucun intérêt pour la chose publique. Qu’une personne qui – de son propre aveu – arrive à cinquante ans « sans jamais s’être intéressé à la politique » peut faire un député aussi bon – voire meilleur – que celui qui depuis l’âge de seize ans s’intéresse à la chose et la pratique assidûment. Le chef d’entreprise qui n’a jamais eu d’autre souci que de gagner de l’argent – car il faut arrêter de voir dans les chefs d’entreprise des philantropes – tout à coup, par la grâce du suffrage universel, deviendra un farouche militant de l’intérêt général.

 

Mais justement, ce qui est remis en cause, c’est l’idée même d’intérêt général. Car l’intérêt général, ce n’est pas l’intérêt partagé par tous, c’est un compromis délicat entre les intérêts des uns et des autres. La logique de l’égo-politique n’est pas celle de l’intérêt général, mais celle de l’intérêt commun : point besoin de compromis, puisqu’il existe une politique qui satisfait l’intérêt de tous – ou du moins, du « 99% ». Et du coup, chacun se sert en se racontant qu’il sert les autres. Les très nombreux entrepreneurs qui sont rentrés à l’Assemblée expliquent ainsi qu’en levant les obstacles qui pèsent sur les entreprises – c'est-à-dire, sur leurs propres intérêts – ils serviront les intérêts de tous puisque les entreprises créeront des emplois et payeront de meilleurs salaires – on sait bien que les entreprises qui utilisent ces dispositifs pour augmenter leurs marges ou délocaliser vers des cieux plus favorables n’existent pas et n’ont jamais existé…

 

La disparition de la notion d’intérêt général conduit à une autre logique destructrice, c’est celle de la « représentation par les pairs », ou pour le dire autrement, cette idée que nous ne saurions être véritablement représentés que par des gens qui nous ressemblent.

 

Si l’on fait de la politique avec les émotions, l’idée a un sens. Car si l’on peut comprendre rationnellement les motivations, les intérêts ou les revendications de ceux qui sont différents de nous, nous ne pouvons que très difficilement éprouver les mêmes émotions. Comment « ressentir » ce que sent un handicapé quand on est valide ? D’un noir lorsqu’on est blanc ? Mais si l’on admet que les choix politiques doivent être gouvernée par la raison, la « représentation par les pairs » est absurde. Le meilleur défenseur des sourds-muets de toute l’histoire, l’Abbé de l’Epée, n’était ni l’un, ni l’autre, et le psychiatre comprend mieux la psychose que le psychotique lui-même. D’ailleurs, lorsque vous choisissez un avocat pour vous représenter dans une procédure, quel est votre critère de choix ? Préférez-vous une personne intelligente, connaissant la loi et les usages judiciaires sur le bout des doigts ? Ou choisissez-vous quelqu’un qui a le même sexe, le même âge, la même couleur de peau que vous même ?

 

Tout au long de cette campagne, les candidats nous ont resservi le discours « nous sommes des gens comme vous ». Mais moi, je ne veux pas un représentant qui soit comme moi. Je veux quelqu’un qui soit meilleur que moi, plus cultivé, plus intelligent, plus savant, plus efficace, et qu’il mette ces capacités à mon service. Le fait que les députés « nous ressemblent » ne fait rien pour leur légitimité, au contraire. A terme, une élite ne peut se légitimer qu’en montrant qu’elle mérite sa place, en d’autres termes, qu’elle est meilleure que le reste de la société. Et l’idée qu’à l’Assemblée les noirs sont là pour défendre les noirs, les paysans pour défendre les paysans et les énarques pour défendre les énarques finit par détruire la légitimité même du corps politique.

 

Au demeurant, il y a dans cette idée de « représentation par les pairs » une grande ambiguïté. Car si l’élection législative a abouti à former une assemblée de « gens comme nous », il faudrait encore s’entendre sur ce que ce « nous » veut dire. L’Assemblée a beau avoir été « rajeunie et féminisée », du point de vue social elle est monocolore. Très rares sont les députés qui ne sont pas issus des « classes moyennes ». Quant aux ouvriers… je n’en dis pas plus !

 

L’arrivée de Macron et de sa majorité marque la banalisation de la fonction politique. Hier, la présidence ou la députation étaient réservées à ceux qui les désiraient vraiment, qui s’étaient battus pendant des décennies pour les avoir. Elles étaient la culmination d’une carrière politique, dont on ne sortait au sens figuré – et quelquefois au sens propre – que les pieds devant. Aujourd’hui, ces fonctions sont accessibles à un débutant, pourvu qu’il ait une gueule plaisante et pas de casseroles. Et qui aura le droit de les concilier avec sa vie professionnelle mais aussi sa sacro-sainte « vie personnelle ». Lorsqu’il aura à choisir entre siéger le mercredi ou passer du temps avec ses enfants, que choisira-t-il, ce « nouveau politicien » ?

 

Descartes

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67 réponses à La nouvelle république est arrivée…

  1. Françoise dit :

    @pseudo D
    “Les égo-politiciens Macron et Mélenchon se sont faits eux-mêmes leurs programmes”
    Je n’en sais rien pour Mélenchon et je m’en contrefiche, mais c’est absolument faux pour Macron:
    nous avons bossé en comité sur des thèmes depuis octobre, nous avons été sondés par internet sur chaque sujet, documents qui sont remontés ensuite pour être épluchés et rassemblés dans un programme cohérent (mais tardif, je vous l’accorde)
    Ne parlez pas de choses que vous ne connaissez pas, c’est encore un mensonge.

    “Cela fait déjà des années qu’on affaiblit l’enseignement de l’histoire, en prenant soin de noircir le passé en présentant chaque page glorieuse de notre histoire nationale sous le prisme du crime contre l’humanité ou de l’indignité”
    vous pouvez difficilement attribuer cet avis personnel à Macron…
    critiquez plutôt Fillon, celui pour qui vous avez voté, qui avait enlevé l’enseignement de l’Histoire aux élèves de Première, heureusement que Peillon a rattrapé la boulette.

    “Mais c’est l’intention qui compte.”
    prouvez moi que vous connaissez l’intention de Macron de “couper la transmission”.

    Le reste n’est qu’aigreur insignifiante…

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [« Les égo-politiciens Macron et Mélenchon se sont faits eux-mêmes leurs programmes »
      Je n’en sais rien pour Mélenchon et je m’en contrefiche, mais c’est absolument faux pour Macron: nous avons bossé en comité sur des thèmes depuis octobre, nous avons été sondés par internet sur chaque sujet, documents qui sont remontés ensuite pour être épluchés et rassemblés dans un programme cohérent (mais tardif, je vous l’accorde)]

      Oui, mais… qui a pris les décisions ? Qui a décidé ce qu’on gardait et ce qu’on jetait ? Parce que celui qui « fait » le programme, ce n’est pas celui qui écrit une contribution ou celui qui donne son avis sur un sondage, c’est celui qui prend la décision. Avez-vous été une seule fois sollicitée pour prendre une décision collectivement ? Non ? Alors, mon commentaire est tout à fait exact.

      [Ne parlez pas de choses que vous ne connaissez pas, c’est encore un mensonge.]

      Ah, si seulement vous suiviez les conseils que vous donnez, vous vous éviteriez le ridicule. Contrairement à vous, qui ne prenez même pas la peine d’essayer de comprendre ce que l’autre dit avant de répondre, je sais très bien de quoi je parle. Les deux égo-politiciens ont demandé des contributions et fait des sondages. Normal, puisqu’il s’agit pour eux de construire un programme qui attire le plus possible d’électeurs. Mais contrairement à ce qui se passe dans un parti, lorsqu’il y a eu une décision à prendre, un arbitrage à rendre, c’est l’égo politicien et lui seul qui l’a fait.

      [« Cela fait déjà des années qu’on affaiblit l’enseignement de l’histoire, en prenant soin de noircir le passé en présentant chaque page glorieuse de notre histoire nationale sous le prisme du crime contre l’humanité ou de l’indignité ». Vous pouvez difficilement attribuer cet avis personnel à Macron…]

      Si vous lisez avec attention mon article, vous verrez que je n’ai jamais prétendu « attribuer » cet avis à Macron. Cela étant dit, je suis curieux de voir comment Macron va gérer les éphémérides à venir.

      [“Mais c’est l’intention qui compte.” Prouvez moi que vous connaissez l’intention de Macron de “couper la transmission”.]

      Je ne me souviens pas d’avoir attribué une telle « intention » à Macron. Si vous lisez avec attention, vous verrez que je ne me prononce que très rarement sur les « intentions » des personnes. Je me contente de regarder leurs actes. Il me semble incontestable que Macron a enfourché le discours du « renouvellement » et de la rupture avec le passé.

      [Le reste n’est qu’aigreur insignifiante…]

      Vous faites alors bien d’arrêter là. Vos aigreurs, que vous reconnaissez vous-même insignifiantes, ne sont pas très intéressantes…

    • morel dit :

      @ Françoise

      On verra ce que le gouvernement préconisera en matière d’histoire.
      Quant à Macron lui-même son opinion est d’ores et déjà connue sur un point précis qui laisse envisager la pire « repentance » :

      « En voyage en Algérie en début de semaine, Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de « crime », de « crime contre l’humanité » et de « vraie barbarie », dans une interview à la chaîne algérienne Echorouk News, diffusée mardi 14 février.
      « La colonisation fait partie de l’histoire française (…). Ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », a-t-il dit au cours de cet entretien. »

      In : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/02/15/macron-qualifie-la-colonisation-de-crime-contre-l-humanite-tolle-a-droite-et-au-front-national_5080331_4854003.html

    • Françoise dit :

      @ Morel
      Ce débat historiographique n’est pas entré dans l’enseignement de l’histoire à l’école car il oppose encore et depuis longtemps les universitaires.
      Le but de l’enseignement de l’Histoire n’est pas de porter un jugement moral ou légal sur tel fait historique mais d’en poser les vérités avec les tenants et les aboutissants.
      Quand Macron présentera les excuses de la France aux pays colonisés, cela sera enseigné à l’école car cela deviendra un fait historique; je peux vous dire ici que j’espère ce moment mais je ne l’enseigne pas à mes élèves et je refuse que le pseudo D tienne déjà cette hypothèse pour acquise (ce doit être une copine d’un copain qui le lui a susurré mais chut, on est un c…)

    • Descartes dit :

      @ Pseudo F

      [Ce débat historiographique n’est pas entré dans l’enseignement de l’histoire à l’école car il oppose encore et depuis longtemps les universitaires.]

      Il n’y a là aucun « débat historiographique ». La question de savoir si la France a ou non commis de « crimes contre l’humanité » en Algérie est un débat juridique, et non historique. La question de savoir si elle a pratiqué la « vraie barbarie » fait partie d’un débat moral, mais n’a rien à voir avec l’Histoire. L’Histoire est là pour établir les faits, leur enchaînement, et pour dégager les processus qui y ont conduit. Elle n’a pas à les qualifier. Les termes « barbare », « crime », « inacceptable » appartiennent au registre du droit ou de la morale, pas à celui de l’histoire.

      [Le but de l’enseignement de l’Histoire n’est pas de porter un jugement moral ou légal sur tel fait historique mais d’en poser les vérités avec les tenants et les aboutissants.]

      N’allons pas trop loin. Il n’y a pas de « vérités » dans ce monde, et un enseignement de l’Histoire qui consisterait à « poser des vérités » serait à mon avis très dangereux… car si l’Histoire nous apprend quelque chose, c’est que les « vérités » d’aujourd’hui sont souvent les mensonges de demain, et vice-versa…

      [Quand Macron présentera les excuses de la France aux pays colonisés, cela sera enseigné à l’école car cela deviendra un fait historique; je peux vous dire ici que j’espère ce moment mais je ne l’enseigne pas à mes élèves et je refuse que le pseudo D tienne déjà cette hypothèse pour acquise]

      J’ose espérer pourtant que vous enseignez à vos élèves que notre flambant président a déclaré que « nous devions présenter nos excuses ». Car cela, c’est un « fait historique acquis », non ? Et si finalement Macron ne présentait pas ses excuses, vous devriez enseigner à vos élèves non seulement que le président avait promis de le faire, mais qu’il a manqué à sa parole. Car ce serait là aussi un « fait historique acquis ». Ca en fait, des choses à enseigner…

    • Françoise dit :

      @ pseudo D
      ” L’Histoire est là pour établir les faits, leur enchaînement, et pour dégager les processus qui y ont conduit. Elle n’a pas à les qualifier.”
      oui je suis bien d’accord
      mais faudrait m’expliquer la différence avec ce que j’ai écrit et pourquoi je vais “trop loin” car quand je parle de vérité, j’entends la réalité historique de ces faits [Le but de l’enseignement de l’Histoire n’est pas de porter un jugement moral ou légal sur tel fait historique mais d’en poser les vérités avec les tenants et les aboutissants.]

      pour le reste, désolée, on n’a pas le temps de ratiociner sur des “on dit que”

    • Descartes dit :

      @ pseudo F

      [mais faudrait m’expliquer la différence avec ce que j’ai écrit et pourquoi je vais “trop loin” car quand je parle de vérité, j’entends la réalité historique de ces faits]

      Mais c’est quoi « la réalité historique d’un fait » ? Les faits sont les faits. Ils n’ont pas de « réalité historique ». Napoléon est mort à Sainte Hélène, voilà un « fait ». Mais lui donner un caractère historique, c’est établir ses rapports historiques avec d’autres faits. Par exemple, que sa mort a renforcé ou affabli tel parti en Angleterre, qu’il a été perçu comme ci ou comme ça en France. Et dans ce domaine, il ne peut y avoir de « vérité ».

      [pour le reste, désolée, on n’a pas le temps de ratiociner sur des “on dit que”]

      Pardon, mais c’est qui ce “on” qui n’a pas le temps de “ratiociner” ? Vous êtes plusieurs ? Ou s’agit-il du pluriel de majesté ?

    • @ Françoise,

      “je peux vous dire ici que j’espère ce moment”
      Eh bien je trouve fort inquiétant que vous espériez ce moment, si vous êtes historienne de formation. Parce que ce type d’excuse a un effet pernicieux: après tout, les Européens sont en droit de demander des excuses aux Barbaresques du Maghreb qui ont réduit en esclavage quelques centaines de milliers des nôtres entre le XVI° et le XIX° siècle; les Arabes vont devoir demander pardon pour la conquête de la Syrie, de l’Egypte, de l’Afrique du nord, de l’Espagne, terres chrétiennes à l’origine (c’est un fait historique…) où la “tolérance” légendaire des musulmans a été toute relative comme les historiens s’en sont aperçus (al-Andalous n’était pas vraiment le “paradis multiculturel” qu’on nous a longtemps présenté), sans oublier les excuses des Turcs aux Grecs qui peuplaient les régions pontiques et égéennes de l’Anatolie depuis deux mille cinq cents ans et qui ont été chassés de chez eux au début des années 20, aux Arméniens, aux Serbes, aux Bulgares (qui, je puis en témoigner, n’ont toujours pas digéré les cinq siècles de “colonisation” ottomane), sans parler des Bosniaques musulmans qui doivent des excuses pour les exactions de leur division SS Handshar, et ainsi de suite, la liste est longue, rien que dans le Bassin méditerranéen.

      La culture de la repentance que vous préconisez ne peut que conduire à un macabre décompte des crimes de tout le monde. Or tous les peuples ont du sang sur les mains… Ajoutons que l’idée que la France d’aujourd’hui doive des excuses pour des faits passés me semble assez injuste. Mais s’il n’y a pas de prescription pour les crimes de la France, pourquoi y en aurait-il pour les autres? Pourquoi la loi Taubira, par exemple, qualifie-t-elle de crime contre l’humanité la traite des populations africaines et de l’Océan indien “à partir du XV° siècle” seulement? Avant le XV° siècle, la traite négrière (pratiquée par les musulmans depuis le VIII° siècle) n’est donc pas un crime? Cherchez l’erreur…

      Et je vous mets en lien la loi en question:
      https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000405369

      Et je cite l’article 1er en totalité:
      “La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité”

      Voilà les faits…

    • morel dit :

      @ Françoise

      Permettez que je trouve une curiosité dans votre raisonnement :
      – d’un côté vous écrivez que ce débat divise toujours les universitaires et que l’enseignement de l’histoire exclut tout jugement moral
      – de l’autre, il suffirait d’une parole de Macron pour lever les obstacles précités.

      Par ailleurs, vous dites « espérer ce moment », ce qui semble une prise de position claire mais outre que les faits ne sauraient se réduire au combat du Bien contre le Mal (contrairement à l’enseignement prodigué sur cette période par le gouvernement Algérien, renseignez-vous) une telle « reconnaissance » ouvrirait le « droit à l’indemnisation » comme pour l’affaire Lipietz/SNCF au motif que ses wagons ont convoyé des juifs vers les camps de la mort.

    • Françoise dit :

      oops, pardon pour le retard:
      @ NE
      cherchez encore d’autres exemples, il y en a plein ailleurs; là je vous parle de la France qui n’exige rien des autres mais reconnait elle-même ses erreurs.
      @Morel
      je ne vois pas où est la contradiction dans mes propos.
      je ne savais pas que Lipietz avait obtenu son indemnisation, une source?

    • @ françoise,

      “là je vous parle de la France qui n’exige rien des autres mais reconnait elle-même ses erreurs.”
      C’est bien ce que je disais: c’est placer la France, et la France seule, en position de coupable et donc de faiblesse. Bref la repentance comme on l’aime… Faut pas s’étonner que notre identité nationale soit si peu attractive.

      Quant aux “erreurs” de la France, les choses ne sont pas si simples: la traite négrière et la colonisation n’étaient pas en leur temps des “erreurs” mais des actes dictés par des intérêts économiques et/ou politiques d’ailleurs assumés. C’est vous qui, du haut de votre prétendue supériorité morale, parlait d’ “erreur”. Et encore une fois, ces “erreurs” étant partagées par tous les pays de ce temps, du Portugal à Zanzibar, je ne saisis pas pourquoi la France serait seule à battre sa coulpe…

      PS: pas de remarque sur la loi Taubira? Étrange conception de l’histoire que la vôtre…

    • morel dit :

      @ Françoise

      Je m’étonne que vous ne voyez pas la contradiction à faire primer une prise de position politique contre l’attitude scientifique et sa place à l’école : avis des historiens et proscription de l’enseignement moral en histoire,

      Affaire Lipietz : 1er jugement (extrait)

      Le tribunal Administratif de Toulouse 2ème chambre Audience du16 mai 2006 Lecture du 6juin 2006 N°0104248 M. A et consorts LIPIETZ C/Préfet de la Haute-Garonne et Société nationale des chemins de fer français

      DÉCIDE
      Article 1er : L’Etat versera à M. A et aux ayants-droit de M. Georges LIPIETZ les sommes respectives de 25 000 € (vingt-cinq mille euros) et 15 000 € (quinze mille euros), assorties des intérêts légaux à compter de la date à laquelle la demande préalable d’indemnité du 6 septembre 2001 a été
      reçue à la préfecture de la Haute-Garonne. Les intérêts échus à la date du 14 septembre 2002, puis à chaque échéance annuelle à compter de cette date, seront capitalisés à chacune de ces dates pour produire euxmêmesintérêts.
      Article 2 : La SNCF versera à M. A et aux ayants-droit de M. Georges LIPIETZ les sommes respectives de 12 500 € (douze mille cinq cents euros) et 7 500 € (sept mille cinq cents euros), assorties des intérêts légaux à compter de la date à laquelle la demande préalable d’indemnité du 6 septembre 2001 aété reçue par la SNCF. Les intérêts échus à la date du 14 septembre 2002, puis à chaque échéance annuelle à compter de cette date, seront capitalisés à chacune de ces dates pour produire eux-même intérêts.
      Article3:Les décisions duministre de la défense en date du2 4avril 2006 sont annulées
      Article 4 :L’Etat et la SNCF verseront l’un et l’autre une somme de1 000 €(milleeuros)àM. Aet,globalement,aux ayants-droit de M. Georges LIPIETZ.
      Article5:Le surplus des conclusions de lar equête est rejeté.

      In : https://martinwinckler.com/IMG/pdf/jugement_proces_Toulouse.pdf

      Il faut savoir que les plus ardents protagonistes de cette affaire sont les enfants Lipietz dont Alain, ancien eurodéputé Les Verts (à qui la presse faisait une flatteuse réputation de « rouge/vert » lorsqu’il s’est présenté à la présidence de la République) et Hélène ex-sénatrice de même obédience (un petit tour sur la toile suffit à s’en rendre compte),

      Hélène vend la mèche sur son blog :
      http://helene.lipietz.net/spip.php?article50
      Citation : « Personnes ayant échappé à la déportation
       contre la SNCF : 5000 euros et plus si les conditions de transfert ont encore été pires ;
       contre l’État : 3500 € par mois d’internement et davantage en fonction des conditions d’internement ;
      Toutefois, je préconise de demander une condamnation solidaire de la SNCF et de l’État à hauteur de 5000 € + (3500 € * x) où x est le nombre de mois d’internement avec des majorations en fonction des séquelles et autres préjudices. »

      Hallucinant ! Comme aux USA, la shoah vue comme un jackpot !
      D’ailleurs, soutenus par cette famille, les amis américains des Lipietz tenteront le procès puis feront argument de la condamnation pour écarter la SNCF d’un appel d’offres de train à grande vitesse (en Californie si mes souvenirs sont exacts). Il ont l’amour de leur pays chevillé au corps les Verts Lipietz !

      L’Etat ayant refusé de faire appel du jugement est définitivement condamné.

      Il s’est trouvé des courageux responsables de la SNCF pour faire appel du 1er jugement (Gallois et Pepy).
      http://www.ladepeche.fr/article/2007/03/27/385433-deportation-la-condamnation-de-la-sncf-annulee-en-appel.html
      puis conseil d’Etat :
      http://www.revuegeneraledudroit.eu/blog/decisions/conseil-detat-ssr-21-decembre-2007-lipietz-requete-numero-305966/

      Dépité et furieux Alain Lipietz menace des foudres de la CEDH. S’est-il déballonné ? Rien dans les archives de ce côté,,,

    • Françoise dit :

      Lipietz n’a pas encore eu d’indemnisation de l’Etat car le jugement a été infirmé par la cour d’appel administrative de Bordeaux puis du Conseil d’Etat; ses essais devant un tribunal pénal n’ont rien donné, je ne sais pas s’il a demandé au civil, et il a fait un recours devant la CEDH.
      Qui peut affirmer ici que Lipietz a un droit à l’indemnisation?

      “Je m’étonne que vous ne voyez pas la contradiction à faire primer une prise de position politique contre l’attitude scientifique et sa place à l’école : avis des historiens et proscription de l’enseignement moral en histoire,”
      désolée d’être si bornée mais votre phrase ne m’éclaire pas plus.

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [Lipietz n’a pas encore eu d’indemnisation de l’Etat car le jugement a été infirmé par la cour d’appel administrative de Bordeaux puis du Conseil d’Etat;]

      Encore une fois, vous devriez lire avec attention avant de répondre – surtout si la réponse révèle que vous ne connaissez rien à l’affaire. On vous a bien expliqué Lipietz avait porté plainte contre l’Etat et contre la SNCF. Le tribunal administratif de Toulouse a condamné l’Etat et la SNCF. La SNCF ayant fait appel, sa condamnation a été annulée par la Cour d’Appel de Bordeaux, annulation confirmée par le Conseil d’Etat. Mais l’Etat, lui, n’a pas fait appel. Sa condamnation est donc définitive, et Lipietz a donc bien eu une “indemnisation de l’Etat”.

    • Françoise dit :

      @ D
      je vous rappelle que Morel a dit “…une telle « reconnaissance » ouvrirait le « droit à l’indemnisation » comme pour l’affaire Lipietz/SNCF au motif que ses wagons ont convoyé des juifs vers les camps de la mort.”
      or il n’y a eu aucune indemnisation sur ce fondement;
      la responsabilité de l’Etat était due aux décisions des autorités de l’époque (préfecture), pas sur les moyens donnés par la SNCF

    • morel dit :

      Lisez posément et sans exaltation et tout ira bien.

    • Descartes dit :

      @ F

      Je vous rappelle que vous aviez écrit “je ne savais pas que Lipietz avait obtenu son indemnisation, une source?”

      La réponse est que Lipietz a bien reçu une indemnisation de l’Etat, suite à la décision du tribunal administratif de Toulouse, à laquelle il n’a pas fait appel, et qui est donc devenue aujourd’hui définitive.

    • morel dit :

      @ Françoise

      Reprenons calmement,
      Vous écrivez : « Quand Macron présentera les excuses de la France aux pays colonisés, cela sera enseigné à l’école car cela deviendra un fait historique; je peux vous dire ici que j’espère ce moment ».
      Je vous objecte qu’ « une telle « reconnaissance » ouvrirait le « droit à l’indemnisation » comme pour l’affaire Lipietz/SNCF au motif que ses wagons ont convoyé des juifs vers les camps de la mort » suivi de l’exemple étouffé à votre demande alors que, comme moi, il vous est possible de chercher cette affaire sur le net.
      Mise devant l’évidence, vous vous raccrochez à des détails.
      Une question : si j’avais écrit affaire Lipietz/Etat qu’auriez-vous trouvé ? Rien car celui-ci a, hélas, brillé par son absence de réaction et, par là même a reconnu une dette imprescriptible des citoyens d’aujourd’hui.
      Autre problème : vous semblez « espérer » les excuses de Macron aux pays ancienement colonisé, sa
      parole seule devenant la nouvelle vérité, c’est pourquoi je vous objecte la nécessaire non-moralisation de l’histoire et l’avis des historiens bien plus nuancés (quid des attentats à l’aveugle du FLN contre les quartiers européens ? Quid de la torture aussi pratiquée par ceux-là ? Quid des massacres du FLN contre le MNA pour avoir l’hégémonie dans le mouvement ? Quid du traitement final des harkis restés en Algérie? etc..)
      Pour le gouvernement algérien ces derniers faits n’existent pas, Le « roman national » ne connait que les « martyrs » et la saga du FLN (épurée des assassinats des « divergents »).
      Moi, je veux L’HISTOIRE dans sa totalité dérangeante, ce qui ne m’empêche nullement d’approuver Jaurès contre la colonisation.

      Revenons au fond : comprenez-vous ce qu’impliquerait la repentance que vous semblez souhaiter – déséquilibre de l’enseignement – « ‘indemnisation » ouverte  etc.?
      Là est la question de fond. Merci de votre réponse.

    • Françoise dit :

      “Moi, je veux L’HISTOIRE dans sa totalité dérangeante, ce qui ne m’empêche nullement d’approuver Jaurès contre la colonisation.”
      moi aussi je veux l’Histoire dans sa totalité dérangeante, sans roman national; et si l’Etat doit se repentir de quelque chose, tant mieux mais dans votre exemple de condamnation, le motif des wagons n’était pas le bon, le vrai motif est pour la préfecture d’avoir emprisonné des juifs. Si cela vous choque, c’est plutôt inquiétant, à moins que vous ne pensiez comme le pseudo D qu’on puisse réviser l’Histoire et que donc Drancy n’était peut-être qu’un club med avant l’heure?
      Pour votre admiration de Jaurès, c’est avant qu’il devienne socialiste, c’est à dire quand il était un fervent aficionado de Jules Ferry, ou après? parce que voyez-vous, ça change TOUT 😉

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [moi aussi je veux l’Histoire dans sa totalité dérangeante,]

      Juste par curiosité, pourriez-vous m’indiquer un élément de l’histoire qui vous « dérange » personnellement, et qui pourtant vous voudriez voire enseignée ?

      [et si l’Etat doit se repentir de quelque chose,]

      L’Etat ne peut se « repentir » de quoi que ce soit. Les institutions n’ont pas de sentiments. Une personne physique peut avoir des regrets, une institution ne le peut pas. C’est pourquoi parler de « repentir » au sujet de l’Etat n’a pas de sens.

      [à moins que vous ne pensiez comme le pseudo D qu’on puisse réviser l’Histoire et que donc Drancy n’était peut-être qu’un club med avant l’heure?]

      Je ne vois pas très bien ou j’aurais écrit qu’on puisse « réviser l’Histoire ». Pourriez-vous être plus explicite ?

    • morel dit :

      « le motif des wagons n’était pas le bon »

      C’est un jeu, pour vous, touché/pas touché ?Et s’il ne s’était pas trouvé des responsables SNCF pour faire appel , vous nous diriez quoi, aujourd’hui ?

      « le vrai motif est pour la préfecture d’avoir emprisonné des juifs. Si cela vous choque, c’est plutôt inquiétant »
      « Drancy n’était peut-être qu’un club med avant l’heure? »

      Vous n’avez aucune morale, aucun scrupule, Vous vous comportez comme une gamine qui veut toujours avoir le dernier mot quel qu’en soit le prix quite à insinuer que ceux à qui vous êtes opposés dans la discussion ne seraient que des antisémites.

      « Pour votre admiration de Jaurès, c’est avant qu’il devienne socialiste, c’est à dire quand il était un fervent aficionado de Jules Ferry, ou après? parce que voyez-vous, ça change TOUT ».

      Dans le monde appauvri à travers vos yeux, il n’y a de place que le blanc ou le noir/le Bien ou le Mal immuables. Pauvre petite créature qui ne sait pas toutes les nuances de l’arc-en-ciel.
      Laissez moi admirer le grand Ferry central dans l’avènement de l’école publique, gratuite et obligatoire dont il me semble que vous en vivez,
      Laissez moi admirer Jaurès, non pas l’icône, sorte de Saint Antoine de Padoue du pacifisme (qu’il ne fut pas) mais ce Jaurès vivant, militant aux idées fulgurantes mais aussi son humanité par ses erreurs et sa belle capacité à les dépasser.

    • morel dit :

      Ferry : école publique, gratuite, obligatoire et LAÏQUE. Mes excuses.

    • nationaliste-ethniciste dit :

      C’est un peu le problème de notre amie Françoise: elle n’arrive pas à avoir le moindre égard pour l’humanité des “grands hommes”: il faut que toute figure historique soit parfaite pour mériter un culte, mais c’est illusoire. Richelieu a fait exécuter Cinq-Mars, Louis XIV a persécuté les protestants, Robespierre a participé à la Terreur, Napoléon a rétabli l’esclavage, etc. C’est pourquoi, dans la vision de Françoise (qui je pense a lu et assimilé Suzanne Citron, dont je ne serais guère étonné qu’il s’agisse de son livre de chevet), comme il n’y a pas de saints, il ne peut y avoir que des diables…

      Je pense que c’est oublier que l’histoire a deux dimensions: une dimension scientifique dans l’établissement des faits et de la connaissance du passé; une dimension politique, dans le sens noble du terme, qui se traduit par les choix opérés dans l’histoire scolaire, laquelle introduit de facto un biais, mais c’est inévitable. Ceux qui d’ailleurs prétendent occire le “roman national” ne voient pas qu’ils proposent en réalité un contre-roman, européiste, diversitaire, immigrationniste, etc., tout aussi contestable que celui qu’ils combattent.

      Je ne sais pas où Françoise enseigne, mais en ce qui me concerne, j’ai dans mes classes de nombreux petits “Français” qui passent leur temps à dessiner des drapeaux turcs, marocains, algériens, portugais… et à rêver d’un ailleurs alors que, nous le savons bien, ils vivront ici, pour la même raison qui fait que leurs parents sont venus s’installer chez nous au lieu de demeurer dans le “paradis de leurs racines”. Ne pas faire aimer la France (et donc son histoire, car on ne peut aimer un pays sans s’attacher à son passé) à ces jeunes, c’est peut-être conforme à une vision “scientifique” et “objective” de l’histoire (encore que…), mais c’est contre-productif d’un point de vue social. Comme Robespierre, je suis convaincu qu’une nation a besoin d’une religion civique, et celle-ci doit s’appuyer sur un patriotisme raisonnable nourri par l’histoire.

      Cela ne veut pas dire qu’on doit ignorer les “pages noires” ni oublier les côtés sombres des grands hommes, mais cela signifie, qu’à mon sens, il faut admettre que le bilan positif l’emporte sur le négatif: Richelieu était peut-être inflexible, mais il a renforcé l’État, Louis XIV a peut-être persécuté les Camisards, mais il nous a légué une France plus grande, un État renforcé, des frontières protégées, Versailles, les académies (des sciences, de peinture…), Robespierre (avec ses amis) a légué de grands principes et sans doute sauvé la Révolution et la France à un moment critique, Napoléon a légué l’État moderne, le Code civil, le système éducatif, les grandes écoles, etc.

      Après, il y a toujours un “envers du décor”, un “côté pile”. C’est inévitable, parce que nous parlons là d’êtres humains. Il faut admirer les grands hommes pour ce qu’ils ont fait, sans oublier ce qu’ils étaient: des mortels faillibles et soumis à la tentation… Et pourtant je pense qu’un Richelieu, un Robespierre, un Napoléon, un Louis XIV même, étaient loin de manquer de sens moral, de hauteur d’esprit, de sens du devoir, d’abnégation, de courage personnel parfois, autant de qualités qui font pardonner bien des défauts. On ne peut pas en dire autant des Hollande et des Macron… Ceux-là n’ont sans doute pas de grands vices, mais ils sont tout aussi dépourvus de grandes vertus.

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [C’est un peu le problème de notre amie Françoise: elle n’arrive pas à avoir le moindre égard pour l’humanité des “grands hommes”: il faut que toute figure historique soit parfaite pour mériter un culte, mais c’est illusoire.]

      Cela tient à mon avis à sa vision manichéenne à force de simplification. Pour le dire rapidement, il y a pour elle d’un côté le Bien, de l’autre le Mal. Et pour être du côté du Bien, il faut la perfection. La moindre petite entorse vous met irréparablement du côté du Mal. C’est d’ailleurs pourquoi les seuls qui se trouvent à coup sur du côté du Bien sont les « victimes », ceux qui n’ayant pas la possibilité de faire, n’ont pas pu faire le mal. Il est très difficile pour un homme de pouvoir de ne pas faire une seule erreur, un seul écart. Seule l’impuissance garantit la sainteté.

      On en revient toujours au même problème. L’histoire est par essence tragique. Le « grand homme » est souvent obligé à choisir entre le mal et le pis. Et il devient souvent « grand » parce qu’il ne se défile pas au moment du choix. Françoise, elle, refuse qu’on puisse tenir pour « grand » celui qui accepte de faire le choix qui le place, quelque soit le choix fait, du mauvais côté.

      Le fait que Françoise vive en Allemagne n’est pas à mon avis sans rapport avec ce choix idéologique. La tradition philosophique allemande et plus encore l’idéologie de la République Fédérale après 1945 conduit à une vision moralisante du choix politique, avec la prééminence du droit sur la réalité.

      [Ne pas faire aimer la France (et donc son histoire, car on ne peut aimer un pays sans s’attacher à son passé) à ces jeunes, c’est peut-être conforme à une vision “scientifique” et “objective” de l’histoire (encore que…), mais c’est contre-productif d’un point de vue social. Comme Robespierre, je suis convaincu qu’une nation a besoin d’une religion civique, et celle-ci doit s’appuyer sur un patriotisme raisonnable nourri par l’histoire.]

      Mais cette position est incompréhensible pour Françoise : pour elle, la Vérité est plus importante que n’importe quel impératif d’ordre public. Une guerre civile vaut mieux qu’un mensonge.

      [Et pourtant je pense qu’un Richelieu, un Robespierre, un Napoléon, un Louis XIV même, étaient loin de manquer de sens moral, de hauteur d’esprit, de sens du devoir, d’abnégation, de courage personnel parfois, autant de qualités qui font pardonner bien des défauts.]

      Et si ce n’est pas le cas, il y a tout de même à les présenter ainsi. Parce que Richelieu ne peut plus tuer personne, Robespierre ne peut persécuter personne, Napoléon ne peut aujourd’hui rétablir l’esclavage. Ces figures n’ont d’influence que par leur exemple. Autant donc que cet exemple soit le bon.

      [On ne peut pas en dire autant des Hollande et des Macron… Ceux-là n’ont sans doute pas de grands vices, mais ils sont tout aussi dépourvus de grandes vertus.]

      Mais dans la logique de Françoise, c’est cela qui les rend supérieurs à Richelieu ou Napoléon. Mieux vaut ne rien faire que de faire le Mal…

    • morel dit :

      Outre qu’il est très facile aujourd’hui de se positionner contre la colonisation ; incomparablement moins comme pour les socialistes à l’époque, par une étrange ironie de l’histoire, c’est la colonisation qui a fini par créer une nation algérienne.
      Avant, pas d’unité, une terre où régnait la division tribale. Simple constat, pas une prise de position « colonialiste ».
      C’est, peut-être à cause de cette base fragile, alliée à des gouvernements claniques et prévaricateurs
      qu’il leur faut relancer sans cesse la dénonciation de la France,

    • Descartes dit :

      @ morel

      [incomparablement moins comme pour les socialistes à l’époque, par une étrange ironie de l’histoire, c’est la colonisation qui a fini par créer une nation algérienne.]

      C’est Fehrat Abbas, député algérien et l’un des père du mouvement indépendentiste qui a écrit : « la France n’a pas colonisé l’Algérie, elle l’a constituée ».

      [Avant, pas d’unité, une terre où régnait la division tribale. Simple constat, pas une prise de position « colonialiste ».]

      Non seulement ça. Cette terre n’était nullement indépendante. C’était une province de l’Empire ottoman – même si les autorités ottomanes avaient beaucoup de mal à affirmer leur autorité sur la mosaïque de sultanats locaux. La conquête française n’a pas asservi une nation indépendante, elle a transformé une colonie ottomane en colonie française.

      [C’est, peut-être à cause de cette base fragile, alliée à des gouvernements claniques et prévaricateurs qu’il leur faut relancer sans cesse la dénonciation de la France,]

      C’est un peu le problème de l’échec de la décolonisation. La vision tiermondiste présentait des pays appauvris par le « pillage colonial », et qui pourraient s’épanouir en des sociétés égalitaires et prospères une fois le colonisateur parti. La pratique, un demi-siècle plus tard, montre que les choses sont un peu plus compliquées que cela. Ces pays ont beau avoir des richesses naturelles considérables, il leur manque le capital humain, sous la forme d’une main d’œuvre formée, d’une discipline sociale, d’institutions efficaces. Le départ du colonisateur non seulement n’a pas amélioré les choses, il les a rendu pires, surtout dans les pays ou la décolonisation s’est accompagnée d’un nationalisme imbécile qui a cru bien faire en imposant, pour marquer le rejet de la colonisation, un retour en arrière et un rejet des valeurs de modernité dites « occidentales »…

  2. Vincent dit :

    Merci une fois encore pour cet article, qui se lit bien, et convaincant, à défaut d’être très structuré.

    Je rebondis sur 3 points :

    >> “cet effacement marque l’entrée dans une nouvelle ère, celle ou la raison s’efface derrière l’émotion, ou la forme prime sur
    >> le fond […] Où un débat télévisé est plus important que le travail programmatique”

    Vous soulignez vous même régulièrement, à propos de personnes comme Chevènement ou Guaino, que l’intelligence et la qualité du programme ne font pas tout, car il est primordial, pour être un homme d’Etat, de réussir à incarner une fonction, qui dépasse l’individu qui la remplit.
    En l’occurrence, pendant le débat, le moins que l’on puisse dire est que MLP ne est restée une femme politique, et n’a pas su se hisser au niveau d’un “homme d’Etat”.
    Votre phrase sous-entend que l’on a reproché à MLP de ne pas être à la hauteur en matière de qualité de communicante, alors qu’on lui a surtout reproché de ne pas s’être hissée à la hauteur de la fonction.

    >> “Depuis, le quinquennat et l’affaiblissement de l’exécutif par rapport au Parlement au cours des réformes successives
    >> sont venus compléter ce dispositif […] L’affaiblissement du président s’accompagne d’un affaiblissement de l’Assemblée
    >> nationale. Jamais dans notre histoire parlementaire nous n’avions eu un Parlement dont la composition soit aussi peu
    >> consistante. “

    Ces 2 phrases me semblent contradictoires. Si je suis totalement d’accord avec la 2nde, la 1ère m’a fait un peu sursauter : si les politiciens cherchent à voter des lois pour donner plus de pouvoir au Parlement, celui ci est de plus en plus composé de personnes qui n’ont plus leur libre arbitre, qui suivent leur groupe, et quand celui ci est majoritaire, le groupe suit aveuglément le PdR.
    Ce qui fait que le parlement devient une simple chambre d’enregistrement, qui n’a plus de pouvoir réel, en caricaturant un peu.

    “Hier, la présidence ou la députation était réservée à ceux qui la désiraient vraiment, qui s’étaient battus pendant des décennies pour l’avoir. “

    Oui, avec les conséquences que cela peut avoir, à savoir qu’ils se disent : j’ai fait suffisamment de sacrifices pour arriver là, maintenant, à moi la belle vie et les privilèges.
    Le fait qu’ils se soient battus longtemps, aient sacrifié leur carrière, leurs loisirs, leur famille, fait qu’ils risquent de de sentir le droit d’en profiter, et rien ne dit qu’ils travailleront mieux ou plus que quelqu’un qui n’a pas eu le même parcours.

    Je dirais même plus : quelqu’un qui a “travaillé” en politique pendant longtemps court, bien plus qu’un autre, le risque d’avoir perdu la notion de ce qu’est réellement du travail, en confondant le travail réel, avec des tweets, des meetings, des passages à la radio, etc. J’ai l’impression que bcp de politiques confondent travail et communication. Peut être des gens qui ne sont pas du sérail, finalement, feront plus de choses intelligentes et efficaces que des personnes qui ont été déformées par trop de politique.

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [En l’occurrence, pendant le débat, le moins que l’on puisse dire est que MLP ne est restée une femme politique, et n’a pas su se hisser au niveau d’un “homme d’Etat”. Votre phrase sous-entend que l’on a reproché à MLP de ne pas être à la hauteur en matière de qualité de communicante, alors qu’on lui a surtout reproché de ne pas s’être hissée à la hauteur de la fonction.]

      Je partage tout à fait votre remarque sur MLP. Elle n’est pas, je pense, un « homme d’Etat ». Elle n’a ni la mégalomanie inhérente à ce rôle, ni la capacité de sortir d’elle-même et d’incarner une idée. Mais si elle n’a pas été à la hauteur de la fonction lors du débat, la même chose peut être dite de Macron. Normalement, le débat n’aurait du profiter ni à l’un, ni à l’autre.

      [Ces 2 phrases me semblent contradictoires. Si je suis totalement d’accord avec la 2nde, la 1ère m’a fait un peu sursauter : si les politiciens cherchent à voter des lois pour donner plus de pouvoir au Parlement, celui ci est de plus en plus composé de personnes qui n’ont plus leur libre arbitre, qui suivent leur groupe, et quand celui ci est majoritaire, le groupe suit aveuglément le PdR.]

      Désolé, je n’ai pas été clair. Les modifications constitutionnelles mais aussi les pratiques politiques ont augmenté le pouvoir du Parlement vis-à-vis de l’exécutif. Ainsi, par exemple, depuis 2008 l’article 49.3 ne peut être utilisé que sur un seul texte par session – en dehors des lois de finances. Quant à l’article 41, qui permettait au gouvernement d’empêcher le Parlement d’empiéter sur le pouvoir réglementaire, il n’est pratiquement plus utilisé depuis des années.

      Mais si l’équilibre entre les deux institutions a été déplacé au bénéfice du Parlement, cela n’a pas empêché les deux institutions de s’affaiblir de façon concomitante. D’une certaine façon, le Parlement est victime de sa propre boulimie. Voulant se mêler de tout, le processus aboutit à des textes foisonnants qui rendent les discussions sur les grands principes de l’action publique impossibles.

      [Ce qui fait que le parlement devient une simple chambre d’enregistrement, qui n’a plus de pouvoir réel, en caricaturant un peu.]

      Mais malgré une croyance très répandue, dans la pratique cela ne fonctionne pas comme ça. Les députés ne sont pas – ne sont plus – des godillots. Non seulement leur vote dans le sens préconisé par le gouvernement n’est pas garanti, mais on voit souvent les députés défigurer des textes proposés par le gouvernement pour faire lieu à des querelles locales.

      [« Hier, la présidence ou la députation était réservée à ceux qui la désiraient vraiment, qui s’étaient battus pendant des décennies pour l’avoir. » Oui, avec les conséquences que cela peut avoir, à savoir qu’ils se disent : j’ai fait suffisamment de sacrifices pour arriver là, maintenant, à moi la belle vie et les privilèges.]

      Franchement, le risque est assez limité. Ceux pour qui l’important est la voiture de fonction et le salaire ne vont pas faire pendant trente ans les sacrifices que cela demande pour devenir président de la République. Avec un effort bien plus limité – et moins aléatoire – on arrive à avoir bien mieux dans le privé.

      [Je dirais même plus : quelqu’un qui a “travaillé” en politique pendant longtemps court, bien plus qu’un autre, le risque d’avoir perdu la notion de ce qu’est réellement du travail, en confondant le travail réel, avec des tweets, des meetings, des passages à la radio, etc.]

      Mais ca veut dire quoi « ce qui est réellement du travail » ? Pensez-vous qu’un PDG d’une grande entreprise ait une idée plus claire de ce qu’est « du travail » qu’un ministre ? Au-delà d’un certain niveau de responsabilité, votre travail c’est essentiellement des réunions, des passages à la radio… et cela dans le privé comme dans le public.

  3. luc dit :

    La preuve de cette faiblesse,du Président ,c’est l’abstention inoïe,des élections où ils ont été élus.Une autre preuve de la faiblesse de Mactron,c’est son programme qui est un copié/collé du programme du Medef et de L’UE.Personne ne peut plus dire : « On ne sait pas, faut attendre… … » Par leur projet de loi d’habilitation à gouverner par ordonnances, Macron et Philippe déclarent qu’ils sont en guerre contre les lois sociales françaises.La preuve ? Le texte du projet de loi d’habilitation qui sera présenté au conseil des ministres le 28 juin est public. Parvenu au journal Le Monde, il nous est connu. Voici ce qu’il contient :• Ordonnances:Le gouvernement veut être « habilité » par les députés à gouverner par ordonnances.Les ordonnances sont applicables dès leur publication. Plusieurs mois après leur entrée en vigueur, le parlement doit être consulté pour les approuver. Le contenu des ordonnances est précisé dans le projet de loi. Le voici :-L’accord d’entreprise.Art 1 – L’accord d’entreprise devient le centre du droit social, qui n’est plus un droit national, car il est dispersé entreprise par entreprise. L’accord local est a priori présumé en conformité avec la loi. Les accords de branche et les conventions collectives qui seraient plus avantageux que l’accord local ne bénéficient plus aux salariés. Les branches professionnelles seront restructurées, c’est-à-dire fusionnées et concentrées. Le salarié refusant l’accord sera licencié. Si ça coince avec les syndicats, un référendum organisé par l’employeur est prévu. Et tout ceci sans attendre la réécriture du code du travail prévu par la loi du 8 août 2016.-Les syndicats:Art 2 – Les élus du personnel voient leur nombre réduit par fusion des délégués du personnel, des élus au comité d’entreprise, du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. L’employeur pourra financer tout ou une partie de la cotisation syndicale. Les commissions paritaires régionales, qui permettent d’exclure le fait syndical des entreprises de moins de 11 salariés, seront renforcées.
    -Les licenciements:Art 3 – Légaliser les licenciements abusifs (sans cause réelle et sérieuse) par l’établissement d’un barème forfaitaire des indemnités de licenciement. Exonérer l’employeur d’énoncer la cause du licenciement. Réduire le délai de recours contre une rupture abusive du contrat de travail. Etendre le motif économique du licenciement. Renforcer le plan de départ volontaire et la mobilité. Assouplir le recours au CDD et au travail temporaire.L’article 5 exonère les employeurs des clauses de pénibilité. L’article 9 établit le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.Oui,si Macron est faible,c’est parce qu’il a choisi d’être au service du patronat. Qu’il ne soit pas étonné,si des événements graves pour contrer ces agressions ,aient lieu.Toucher aux droits des travailleurs,diminué les salaires ,c’est du jamais vu depuis 70 ans.Ce pouvoir faible,devant les outrances patronales,est effectivement un danger extrême pour la qualité de vie.
    Macron va t il livrer l’état social à la française aux destructeurs capitalistes,à cause de cette faiblesse?

  4. C. dit :

    Bonjour Descartes,
    Merci pour cet article! Je vous signale quelques coquilles :

    “Les candidats LR et PS n’ont pas été désignés par les instances de leurs partis, des « primaires », ou chaque candidat défendait son programme personnel, et ou les perdants pouvaient s’affranchir allègrement de leur obligation de soutenir le gagnant.”
    Cette phrase semble incomplète. De plus, il manque les accents sur les où.

    “Et les mêmes causes provoquant les mêmes effets, il n’y a pas de raison pour que les « jeunes » élus soient, après quelques mois de pratique, aussi corrompus, aussi fainéants, aussi improductifs que leurs aînés.”
    Je pense que vous vouliez dire “ne soient pas”.

    “Quant aux ouvriers… je n’en dit pas plus !” –> dis

    “Hier, la présidence ou la députation était réservée à ceux qui la désiraient vraiment, qui s’étaient battus pendant des décennies pour l’avoir.”
    Tout doit passer au pluriel : étaient réservées, les désiraient, les avoir.

    • Descartes dit :

      @ C.

      [Merci pour cet article! Je vous signale quelques coquilles :]

      En général je ne publie pas les messages qui attirent mon attention sur des coquilles, et je me contente de les corriger. Mais je voudrais profiter vous remercier, et à travers vous ceux qui m’aident à rendre mes articles plus compréhensibles. Merci donc

  5. Ribus dit :

    Descartes,

    Quelques observations :
    1- La longueur du processus électoral : On parle de la lassitude des Français par rapport à la durée des élections. Cela résulte quand même, il faut le rappeler, du quinquennat qui a synchronisé l’élection présidentielle et les législatives. Normalement, il devait y avoir 2 années entre les deux élections.

    A cela s’ajoute les primaires, copie puérile du système US et inadaptée à notre système politique. De plus, les militants à jour de leur cotisation se retrouvent spoliés car mis au même rang de n’importe quel sympathisant ( voire même opposant).

    2- La « République des juges » : Nous y sommes depuis plusieurs années. Les démissions forcées de ministres et l’affaire Fillon n’en sont que les illustrations les plus frappantes. La Justice est entrée dans la sphère politique et certains juges utilisent leur pouvoir à des fins politiques ; d’autres se laissent utiliser pour des questions de carrière.

    En fait, la République souffre d’une tumeur composée d’un alliage politique- média-justice. Cela met à mal la séparation des pouvoirs prévue dans la Constitution et cela déstabilise les institutions.

    3- La rupture avec le passé et l’Histoire : Vieux projet mondialiste, européiste et humaniste. Pour eux, il faut arracher l’Homme de son Histoire pour le rendre libre. Cela va continuer avec Macron. Le but est de fabriquer des individus hors sol et seuls.

    Cela passe par la démolition de la Nation, de la famille, de l’instruction, de la beauté, du spirituel. A la place, on propose à ces individus, des biens matériels, une soi-disant liberté, des médicaments.

    4 – Les parlementaires « low cost » : Vous avez raison sur la création des députés mais aussi des ministres jetables. Sous l’ère Macron, tout va se décider à l’Elysée. C’est pour cela que Macron a limité le format des Cabinets ministériels et qu’il a nommé 50 conseillers pour le sien : le Conseil du roi, en sorte.

    Les députés ne serviront à rien et on leur dira à quel moment ils doivent la ramener. Le fait de choisir des gens dépourvus d’expérience et de compétence facilite la manœuvre. Mais Macron et Philippe vont vite se heurter à un problème de génération. Les jeunes députés n’avaleront pas les couleuvres comme les anciens et à mon avis, beaucoup partiront en cours législature même si la soupe est bonne.

    • Descartes dit :

      @ Ribus

      [1- La longueur du processus électoral : On parle de la lassitude des Français par rapport à la durée des élections. Cela résulte quand même, il faut le rappeler, du quinquennat qui a synchronisé l’élection présidentielle et les législatives. Normalement, il devait y avoir 2 années entre les deux élections.]

      Ce sont surtout les primaires qui rallongent la période électorale et polluent la préparation de l’élection. Et au vu des brillants résultats, je pense que ce « gadget » disparaîtra assez vite de notre paysage politique. Par ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’un président élu dissout l’Assemblée, ce qui de facto synchronisait les deux éléctions.

      [Les députés ne serviront à rien et on leur dira à quel moment ils doivent la ramener. Le fait de choisir des gens dépourvus d’expérience et de compétence facilite la manœuvre. Mais Macron et Philippe vont vite se heurter à un problème de génération. Les jeunes députés n’avaleront pas les couleuvres comme les anciens et à mon avis, beaucoup partiront en cours législature même si la soupe est bonne.]

      Je ne sais pas s’ils partiront, mais je pense qu’il seront beaucoup moins faciles à gérer que les députes qui sont passés par les partis politiques, et qui savent qu’il n’y a pas de politique sans compromis… Je connais quelques députés macronistes qui sont persuadés qu’ils sont là pour mettre en oeuvre les promesses de campagne! Les pauvres…

  6. Max dit :

    Bonjour Descartes,

    Si je suis d’accord avec vous sur le fait que l’émotion et la communication ont pris une place importante lors de la période électorale qui vient de se clore, je ne pense pas que cela en soit le fait marquant, par exemple je pense que le quinquennat de Hollande est, et restera pour longtemps, indétrônable dans ce domaine (en particulier dans l’émotion).

    Finalement il me semble que le fait nouveau est, au contraire, un retour du discours « technique ». Quand on regarde le gouvernement on trouve des spécialistes (à la Santé, à la Culture, à la Justice), des techniciens sortis de l’ENA (aux Armées, à l’Économie), et des qui passent pour spécialiste auprès du grand public (à la Transition écologique).

    En cela, le procès en incompétence fait à Marine Le Pen à l’issue du débat de second tour me semble révélateur. Au final ce retour de la gestion raisonnable faite par des gens compétents n’est que naturelle car 1) c’est finalement le meilleur type de gouvernement que l’on peut se donner lorsqu’on s’impose un cadre rigide et limitant drastiquement nos moyens d’actions (l’UE et l’euro) et 2) cela permet de faire passer les « souverainistes » pour des gens incompétents, puisque n’importe quel partisan de la sortie de l’UE ou de l’euro honnête ne pourrait se risquer à faire des projections précises sur l’après, et passe alors pour au minimum peu rassurant (un débat de second tour Asselineau/Macron aurait illustré le gouffre, et probablement pas au profit d’ Asselineau).

    Ainsi je pense qu’il est urgent de laisser ces gens raisonnables se planter raisonnablement, et chercher plutôt à conquérir l’imaginaire des gens pour préparer l’alternative.

    • Descartes dit :

      @ Max

      [Si je suis d’accord avec vous sur le fait que l’émotion et la communication ont pris une place importante lors de la période électorale qui vient de se clore, je ne pense pas que cela en soit le fait marquant, par exemple je pense que le quinquennat de Hollande est, et restera pour longtemps, indétrônable dans ce domaine (en particulier dans l’émotion).]

      Le quinquennat Hollande sera resté celui de la communication creuse. Mais pas vraiment celui de l’émotion. Hollande a beaucoup de défauts, mais on imagine difficilement une personne qui repose moins sur les sentiments dans son comportement politique, et qui en retour soit moins capable de susciter des émotions dans son public…

      [Finalement il me semble que le fait nouveau est, au contraire, un retour du discours « technique ». Quand on regarde le gouvernement on trouve des spécialistes (à la Santé, à la Culture, à la Justice), des techniciens sortis de l’ENA (aux Armées, à l’Économie), et des qui passent pour spécialiste auprès du grand public (à la Transition écologique).]

      Il est vrai que le gouvernement Philippe II comporte un nombre important de techniciens, soit du domaine qu’ils couvrent, soit de l’administration de l’Etat. Ce n’est pas nécessairement une bonne chose. Un bon technicien ne fait pas nécessairement un bon ministre. Le rôle du mnistre, c’est de faire l’interface entre le technique et le politique. Il doit pouvoir dialoguer avec les techniciens, les faire travailler dans de bonnes conditions, mais aussi leur imposer des politiques qui s’écartent de la rationalité technique pour servir des buts politiques.

      [Ainsi je pense qu’il est urgent de laisser ces gens raisonnables se planter raisonnablement, et chercher plutôt à conquérir l’imaginaire des gens pour préparer l’alternative.]

      C’est tentant… mais la dernière fois qu’on a laissé les gens raisonnables se planter, cela a donné le désastre de 1940. Quelquefois, le prix du « plantage » est trop élevé pour pouvoir se le permettre !

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Le quinquennat Hollande sera resté celui de la communication creuse. Mais pas vraiment celui de l’émotion. Hollande a beaucoup de défauts, mais on imagine difficilement une personne qui repose moins sur les sentiments dans son comportement politique, et qui en retour soit moins capable de susciter des émotions dans son public…]

      Hollande ne pas agir sous le coup de l’émotion pendant son mandat? Un peu quand même… Et que faites-vous de l’affaire Léonarda Dibrani? Et de la double grâce de Jacqueline Sauvage? Et histoire d’alléger l’atmosphère, de la répudiation publique de Mme Trierwiller?
      Pour ma part, je suis d’avis que le président Macron est déjà très bien parti pour suivre les traces de son prédécesseur en terme de réactions intempestives: la démission des centristes du gouvernement prouve que nous vivons désormais sous le régime des juges et de sycophantes déguisés en journalistes…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [Hollande ne pas agir sous le coup de l’émotion pendant son mandat? Un peu quand même… Et que faites-vous de l’affaire Léonarda Dibrani? Et de la double grâce de Jacqueline Sauvage?]

      Je ne crois pas qu’il ait agi sous le coup de l’émotion dans aucune de ces deux affaires. S’il avait agi sous le coup de l’émotion, il n’aurait pas offert à Léonarda de revenir mais sans sa famille, il aurait donné à Jacqueline Sauvage une grâce totale et non une grâce partielle. Je pense au contraire que dans les deux cas il a fait un calcul politique, ce qui d’ailleurs l’a considérablement desservi, puisqu’il a cherché à contenter tout le monde et que finalement il a réussi l’effet contraire.

      [Et histoire d’alléger l’atmosphère, de la répudiation publique de Mme Trierwiller?]

      Mais là encore, il ne l’a pas répudiée… c’est Trierweiller qui a cassé la vaisselle.

      [Pour ma part, je suis d’avis que le président Macron est déjà très bien parti pour suivre les traces de son prédécesseur en terme de réactions intempestives: la démission des centristes du gouvernement prouve que nous vivons désormais sous le régime des juges et de sycophantes déguisés en journalistes…]

      Je crains, en effet, que Macron soit encore plus sensible à l’opinion publique – c’est-à-dire celle des médias – que ne l’était Hollande ou n’importe lequel de ses prédécesseurs…

    • Antoine dit :

      @Descartes

      > Je crains, en effet, que Macron soit encore plus sensible à l’opinion publique – c’est-à-dire celle des médias – que ne l’était Hollande ou n’importe lequel de ses prédécesseurs…

      Macron doit tout son succès à la bienveillance médiatique. Si jamais il est lâché par les médias, il n’a pas un appareil solide, fidèle et durable derrière lui pour le soutenir et le maintenir hors de l’eau.

      La prétention “jupitérienne” sera sûrement une illusion, comme l’était la “présidence normale” de Hollande. Un Jupiter dépendant de l’assentiment médiatique, voilà une drôle de figure.

    • BolchoKek dit :

      @Descartes

      >Je crains, en effet, que Macron soit encore plus sensible à l’opinion publique – c’est-à-dire celle des médias – que ne l’était Hollande ou n’importe lequel de ses prédécesseurs…< Personnellement, je trouve toutes choses égales par ailleurs que Macron tient beaucoup de Trump : tous les deux sont obsédés par leur image, tiennent à se poser en “self made man” aux pouvoirs quasi-ésotériques, tous deux sont arrivés au pouvoir en sentant une vague convergente de catégories de l’opinion jusque là séparées (les “cols bleus” américains et les conservateurs pour Trump, les différentes saveurs de classe moyenne pour Macron), si on rajoute la mégalomanie et le creux des discours, la capacité à se contredire sans que cela ne gêne, l’irrespect pour les traditions et les institutions, une certaine dose de bouffonnerie et de cynisme… Une grosse différence, c’est l’opinion des médias, mais justement, ce qui gêne les journalistes avec Trump, c’est ce qui les enchante avec Macron : Trump avait organisé une réunion sans aucun lien dans un lieu traditionnellement solennel et dédié aux agents de la CIA morts en service, il s’en était pris plein la tronche. Macron qui récupère Oradour pour nazifier MLP, c’est du “devoir de mémoire”…. Désolé de ce paragraphe un peu psychologisant, mais j’avoue que je ris jaune à chaque fois que j’y réfléchis, et à ma connaissance personne ici n’a fait le rapprochement…

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Macron doit tout son succès à la bienveillance médiatique. Si jamais il est lâché par les médias, il n’a pas un appareil solide, fidèle et durable derrière lui pour le soutenir et le maintenir hors de l’eau.]

      Je pense que votre explication est la bonne. Quand on a derrière soi un appareil constitué d’hommes fidèles et une cadre idéologique solide, on peut se permettre de soutenir une position qui ne va pas dans le sens de l’opinion publique. Mais lorsqu’on n’a derrière soi que des hommes qui sont venus parce que la soupe est bonne – et qui risquent d’aller ailleurs si la soupe est meilleure – et un projet vague, on peut difficilement se le permettre. Il ne faut jamais oublier que ceux qui vous ont fait ont le pouvoir de vous défaire…

      [Un Jupiter dépendant de l’assentiment médiatique, voilà une drôle de figure.]

      Je retiens la formule. Je crois qu’elle résume bien notre époque.

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [Personnellement, je trouve toutes choses égales par ailleurs que Macron tient beaucoup de Trump : tous les deux sont obsédés par leur image, tiennent à se poser en “self made man” aux pouvoirs quasi-ésotériques, tous deux sont arrivés au pouvoir en sentant une vague convergente de catégories de l’opinion jusque là séparées (les “cols bleus” américains et les conservateurs pour Trump, les différentes saveurs de classe moyenne pour Macron), si on rajoute la mégalomanie et le creux des discours, la capacité à se contredire sans que cela ne gêne, l’irrespect pour les traditions et les institutions, une certaine dose de bouffonnerie et de cynisme…]

      Si on trouve ces ressemblances, c’est parce que ni Macron ni Turmp ne sont des accidents. L’égo-politicien est le produit d’une époque. Et on pouvait le voir venir. Prenons le rapport pour le moins étrange qu’ont ces égo-politiciens avec la vérité – et leur tendance à inventer des « réalités parallèles » ou leur discours peut prendre son envol. On a vu il y a vingt ans surgir dans les universités la vague « post-moderne », qui proclamait entre autres choses que la réalité n’existe pas, que le fait scientifique n’est qu’un discours au service d’une idéologie. Que, comme l’avait souligné Alain Sokal dans l’un de ses articles, la cosmologie des indiens Zunis avait le même statut que la cosmologie scientifique. S’il n’y a pas de « vérité scientifique », et que toute description des faits n’est qu’idéologie, alors chacun peut s’inventer sa « réalité ». Vingt ans plus tard, c’est exactement ce que font les égo-politiciens.

      Les égo-politiques vont chercher leurs voix dans les catégories qui ont peur pour leur statut. Aux Etats-Unis, ce sont les « mâles, blancs, hétérosexuels » qui portent le col-bleu, les catégories délaissées par l’establishment. En France, ce sont les classes moyennes qui doutent de la capacité des partis politiques historiques de défendre leurs intérêts. Et comme il pousse sur la peur, l’égo-politique repose sur la rupture avec le passé, qui a échoué et dont il faut se défaire pour aller vers l’avenir radieux. Car l’égo-politique apparaît vite vide aux gens qui, ayant des repères historiques, ont la possibilité de comparer les discours du présent aux discours du passé.

      [Une grosse différence, c’est l’opinion des médias,]

      Parce que leur base de classe est différente. Trump s’est appuyé sur la peur des « cols bleus », dont le poids médiatique est nul, alors que Macron s’appuie sur la peur des classes moyennes, qui ont le contrôle des médias.

  7. Frederic _N dit :

    Cher ami

    La moindre des choses quand on veut “théoriser” c’est de respecter les faits. Vous me faites penser à M Tandonnet autre blogueur qui a décidé que tout devait découler d’un ‘esprit de la 5ème perverti par une hyper présidence (qu’il connaît d’ailleurs bien pour y avoir participé). Alors voilà nous annonce t-il que Macron est forcément dans sa bulle et soumis aux médias forcément impuissant..
    Vous dites en fait des choses très proches de ce grand ami de M Sarkozy . Ce qui en soi est plutôt un compliment

    Mais voilà : ce que vous dites est contredit par les faits – lesquels disait Lenine ont la tête dure

    Je fais quelques copier-collés :

    “Cela fait déjà des années qu’on affaiblit l’enseignement de l’histoire, en prenant soin de noircir le passé en présentant chaque page glorieuse de notre histoire nationale sous le prisme du crime contre l’humanité ou de l’indignité”.

    Que je sache notre ministre a déjà pris des mesures pour rétablir l’enseignement diachronique de l’histoire. De même pour les classes de latin, et pour l’allemand. Cela veut il dire qu’il continue dans la voie des pédagogistes ?. ( à propos des classes en allemand, je vous interdis de prononcer le nom de cet ennemi de l’humanité qu’est P Bourdieu)

    Les très nombreux entrepreneurs qui sont rentrés à l’Assemblée expliquent qu’en levant les obstacles qui pèsent sur les entreprises – c’est-à-dire, sur leurs propres intérêts – ils serviront les intérêts de tous puisque les entreprises créeront des emplois

    Oui, en effet, cela fait 330 ans ( depuis la glorious revolution en fait) que les entrepreneurs, quand ils pèsent sur la vie politique tiennent le même discours. Et n’ont ils pas montré qu’ils avaient raison ? Cela fait quand même 330 ans que cela dure et que régulièrement, les pays qui entendent leurs entrepreneurs – exemple : la France de Napoléon III – ont plus d’emplois, et de meilleurs salaires que les autres. Doit-on parler de Chavez ? et bien sûr de l’ex(?) France socialiste ? De l’ex URSS ? . A ma connaissance les divers Instituts de prévision ont déjà signalé une appetance plus grande des entreprises à l’embauche .. depuis Macron

    La disparition de la notion d’intérêt général conduit à une autre logique destructrice,..

    Récemment interrogé par le Figaro sur la Syrie, véritable totem de ce que vous appelez les “classes moyennes”, notre Président a déclaré : Assad n’est pas contre les intérêts de la France, mais contre son propre peuple ( sous entendu , je ne fais plus de son départ la condition de l’action de la France )
    N’est pas le plus beau rétablissement de la notion d’intérêt général ? En l’occurrence du nôtre ?

    La mutation du champ politique avec l’effacement des institutions qui l’organisaient et la transformation de la politique en une affaire purement individuelle marque la victoire d’une idéologie,

    euh, c’est sans doute pour cela que la principale affaire du gouvernement français est la relance du couple franco -allemand, entreprise individualiste s’il en est ( vous devriez mesurer ce que représente en investissement en “temps de ministre” le fait d’arriver à un conseil franco-allemand moins de deux mois après l’arrivée de Macron . Vous comprendriez ce qu’est un objectif politique d’intérêt général) . Alors certes vous n’aimez pas Merkel, M Descartes. Mais vous faites partie des perdants de la présidentielle. La majorité a voté pour en connaissance de cause ( et par ailleurs si il y a un dirigeant pour qui la notion d’interêt général a un sens c’est bien Merkel). Macron applique la ligne : c’est cela la démocratie , non ?

    Quand à Macron chouchou des médias , moi aussi j’ai dit cela. Il reste qu’il a déjà deux pétitions de rédaction contre lui. Cela fait beaucoup pour un chouchou , non ?

    Tout ceci pour vous dire que vous êtes face à un dilemme. Vous avez construit une grille d’analyse , et mis du temps à le faire. Et la chose à laquelle tient le plus un intellectuel est à cette grille d’analyse à laquelle il a consacré tant d’effort. Il tuerait père et mère pour la conserver . Ainsi je connais des marxistes qui n’ont pas encore accepté le fait qu’il y a un lien génétique entre démocratie et libéralisme

    Mais si vous respectiez les faits ? Aujourd’hui , ce que FAIT Macron contredit toutes les grilles d’analyses de ceux qui ont un minimum pignon sur web .. à ma connaissance bien sûr . Combien vont reconnaître .: eh bien je me suis trompé, sur ceci et sur cela . C’est cela la grandeur pour un intellectuel
    amicalement

    • Descartes dit :

      @ Frederic_N

      [Cher ami, la moindre des choses quand on veut “théoriser” c’est de respecter les faits.]

      Oh là là, ça commence mal, malgré le « cher ami ». De plus, l’expérience m’a démontré que lorsqu’on commence un commentaire par un appel à « respecter les faits », c’est qu’on se dispose à les piétiner allègrement. Voyons voir :

      [Mais voilà : ce que vous dites est contredit par les faits – lesquels disait Lenine ont la tête dure (…) : Que je sache notre ministre a déjà pris des mesures pour rétablir l’enseignement diachronique de l’histoire.]

      Voyons ces « faits » – pour lesquels vous avez, of course, un énorme respect – qui contrediraient mon commentaire sur la dégradation de l’enseignement de l’histoire. Vous n’aurez je pense pas de difficulté à me donner quelques exemples de « mesures » que notre ministre a « déjà prises » pour rétablir l’enseignement diachronique de l’histoire. Lecteur assidu du JO et du BOEN, je n’y ai trouvé aucune « mesure »… mais peut-être confondez-vous avec un entretien avec le journal « Le Monde » dans lequel « notre ministre » déclare vouloir « renforcer al dimension chronologique ». Et encore, dans le paragraphe suivant du même entretien il déclare ne pas « vouloir remettre en cause les programmes » qui, faut-il le rappeler, rendent tout enseignement diachronique impossible.

      Comme vous dites, il faut respecter les faits, qui sont têtus. Et pour commencer, il ne faut pas confondre la volonté déclaré d’un ministre avec une « mesure déjà prise ». Entre les deux, la distance peut être très grande, voire infinie. « Combien de marins, combien de capitaines… ».

      [Les très nombreux entrepreneurs qui sont rentrés à l’Assemblée expliquent qu’en levant les obstacles qui pèsent sur les entreprises – c’est-à-dire, sur leurs propres intérêts – ils serviront les intérêts de tous puisque les entreprises créeront des emplois. Oui, en effet, cela fait 330 ans (depuis la glorious revolution en fait) que les entrepreneurs, quand ils pèsent sur la vie politique tiennent le même discours. Et n’ont ils pas montré qu’ils avaient raison ?]

      Non. Les faits ont montré, au contraire, qu’ils avaient tort. Depuis 330 ans, il y a une constante qui ne s’est jamais démentie : les pays qui peuvent se targuer d’avoir les plus hauts niveaux de productivité, les plus hauts niveaux de vie, les économies les plus innovantes sont aussi ceux où les contraintes sur les entreprises ont été les plus fortes. Depuis 330 ans, chaque fois qu’une de ces contraintes a été imposée, les entrepreneurs ont poussé des cris d’orfraie et prédit l’effondrement de l’économie. Et à chaque fois, ils ont eu tort : prenez par exemple, le repos dominical – dont la naissance dans l’Angleterre de la fin du XVIIème siècle a été magistralement analysée par Christopher Hill. Les « entrepreneurs » ont affirmé qu’une telle contrainte allait couler leur compétitivité et dégrader la force de travail en l’habituant à l’oisivété. Dans la pratique, la mesure a amélioré considérablement la qualité de la force de travail, généré une demande supplémentaire, et bénéficié à l’ensemble de la société. Et on pourrait dire la même chose de l’interdiction du travail des enfants, de la semaine de 40 heures ou des congés payés…

      [Cela fait quand même 330 ans que cela dure et que régulièrement, les pays qui entendent leurs entrepreneurs – exemple : la France de Napoléon III – ont plus d’emplois, et de meilleurs salaires que les autres.]

      Pas vraiment. De la Suède et du Bangladehs, quel est le pays qui impose le moins de contraintes à ses entrepreneurs, à votre avis ? La corrélation entre le pouvoir dont jouissent les entrepreneurs sur les politiques publiques et les niveaux de salaire et de protection sociale vont totalement à l’encontre de votre argumentation. Encore une fois, vous me reprochez de ne pas respecter les faits, mais vous, vous les piétinez allègrement…

      [Doit-on parler de Chavez ?]

      Vous pouvez-si vous le voulez. Mais je ne vois pas où cela vous amènerait. Cela m’obligerait à vous parler de Pinochet ou de Somoza, deux personnages pourtant très à l’écoute des « entrepreneurs »…

      [Récemment interrogé par le Figaro sur la Syrie, véritable totem de ce que vous appelez les “classes moyennes”, notre Président a déclaré : Assad n’est pas contre les intérêts de la France, mais contre son propre peuple (sous entendu , je ne fais plus de son départ la condition de l’action de la France) N’est pas le plus beau rétablissement de la notion d’intérêt général ? En l’occurrence du nôtre ?]

      Je ne vois pas très bien le rapport entre la déclaration du président et « l’intérêt général ». J’ai l’impression que vous donnez à cette dernière expression un sens qui n’est pas celui qu’on entend habituellement.

      [euh, c’est sans doute pour cela que la principale affaire du gouvernement français est la relance du couple franco -allemand, entreprise individualiste s’il en est (vous devriez mesurer ce que représente en investissement en “temps de ministre” le fait d’arriver à un conseil franco-allemand moins de deux mois après l’arrivée de Macron.]

      Bien sur que c’est une « entreprise individualiste ». Lorsque Macron relance le couple franco-allemand, pensez vous qu’il le fasse a) parce qu’il est convaincu que c’est le mieux pour l’avenir de la France ou b) parce qu’il est convaincu que c’est le mieux pour sa carrière ?

      [Vous comprendriez ce qu’est un objectif politique d’intérêt général).]

      Je ne vois pas très bien le rapport avec « l’intérêt général ». Encore une fois, j’aimerais bien que vous expliquiez ce que vous entendez par là.

      [Alors certes vous n’aimez pas Merkel, M Descartes.]

      De quel droit vous permettez vous de décider de mes amours ? Pour quelqu’un qui prétend « respecter les faits », je trouve votre conduite assez cavalière. Je n’ai aucune animosité pour Mme Merkel, et je l’ai dit plusieurs fois sur ce blog. Je pense qu’elle défend avec grande constance les intérêts allemands, ce qui pour un dirigeant élu par le peuple allemand, c’est la moindre des choses. Et je regrette infiniment que nos dirigeants ne prennent pas exemple sur elle de ce point de vue…

      [Mais vous faites partie des perdants de la présidentielle.]

      Certainement pas. Pour être « perdant », encore faut-il être candidat ce qui, je vous l’assure, n’était pas mon cas. Un peu de respect pour les « faits », je vous prie…

      [La majorité a voté pour en connaissance de cause (…)]

      Et comment le savez vous ? Là encore, je dois vous rappeler au respect des « faits ». La majorité a voté, c’est un fait. Mais vous n’avez aucun moyen de savoir ce qu’il y avait dans la tête de « la majorité ». Par ailleurs, vous noterez qu’aux législatives, « la majorité » s’est abstenue.

      [et par ailleurs si il y a un dirigeant pour qui la notion d’interêt général a un sens c’est bien Merkel.]

      Encore un « fait » ? Qu’est ce qui vous permet « factuellement » d’affirmer que Mme Merkel aurait un sens particulier de « l’intérêt général » ?

      [Macron applique la ligne : c’est cela la démocratie, non ?]

      Je ne comprends pas la question. Personne ici n’a contesté la légitimité de Macron pour « appliquer la ligne ».

      [Quand à Macron chouchou des médias, moi aussi j’ai dit cela. Il reste qu’il a déjà deux pétitions de rédaction contre lui. Cela fait beaucoup pour un chouchou, non ?]

      Pourriez-vous être plus précis ? De quelles « pétitions » parlez-vous ?

      [Tout ceci pour vous dire que vous êtes face à un dilemme. Vous avez construit une grille d’analyse , et mis du temps à le faire. Et la chose à laquelle tient le plus un intellectuel est à cette grille d’analyse à laquelle il a consacré tant d’effort. Il tuerait père et mère pour la conserver.]

      C’est drôle… parce que si cet argument s’applique à moi, il s’applique tout aussi bien à vous. Seriez-vous prêt à admettre que votre position libérale n’est que le résultat de votre incapacité à abandonner la grille d’analyse que vous vous êtes construite, et dont vous seriez prêt à tuer père et mère pour la garder ? Non ? Ah… pourquoi la paille dans l’œil du voisin est souvent plus visible que la poutre dans le sien ?

      [Ainsi je connais des marxistes qui n’ont pas encore accepté le fait qu’il y a un lien génétique entre démocratie et libéralisme.]

      Pourriez-vous m’en citer un seul ?

      [Mais si vous respectiez les faits ?]

      Un peu comme vous, vous voulez dire ?

      [Aujourd’hui, ce que FAIT Macron contredit toutes les grilles d’analyses de ceux qui ont un minimum pignon sur web…]

      Alors, adressez-vous à eux. Pour ce qui me concerne, j’attends toujours que vous m’exposiez les « faits » qui contredisent mon analyse… pour le moment, je n’ai vu que des jugements de valeur, des arguments ad hoc, et des amalgames. Mais de faits, point.

      [Combien vont reconnaître : eh bien je me suis trompé, sur ceci et sur cela. C’est cela la grandeur pour un intellectuel.]

      Pourriez-vous donner quelques exemples de questions sur lesquelles vous vous soyez trompé ? Cela nous aiderait à apprécier votre « grandeur »…

  8. Trublion dit :

    Bonjour.
    Merci pour ce texte.
    En fait de république nouvelle on a du vieux et le perpétuation de pratiques genantes.

    Macron et Philippe font partie des young leaders de la french american fondation.

    Dans quelle mesure peut-on tolérer l’intrusion de puissances étrangères dans la vie politique française ? Quel est le degré d’inféodation de ces deux là aux intérêts US?

    Par ailleurs on apprend que Goulard a été rémunérée 10000€/ mois par une fondation américaine pour promouvoir l’Europe.
    Je le dis pour les naïfs comme Marcailloux qui rêvent d’Europe puissance alors que l’UE n’est que la version occidentale du Comecon soviétique.

    • Descartes dit :

      @ Trublion

      [Macron et Philippe font partie des young leaders de la french american fondation. Dans quelle mesure peut-on tolérer l’intrusion de puissances étrangères dans la vie politique française ? Quel est le degré d’inféodation de ces deux là aux intérêts US?]

      Faut pas exagérer, tout de même. Le gouvernement US – comme beaucoup de gouvernements de par le monde, le notre inclus – offrent des programmes à des jeunes brillants dans d’autres pays en espérant qu’un jour, si ces jeunes accèdent aux plus hautes responsabilités, ils seront sensibles aux messages qui leur auront été passés pendant leur séjour. Mais le fait de participer à l’un de ces programmes n’implique nullement une « inféodation » quelconque. A l’issue du programme, on ne vous demande pas de signer un engagement dans la CIA.

      [Par ailleurs on apprend que Goulard a été rémunérée 10000€/ mois par une fondation américaine pour promouvoir l’Europe.]

      Que voulez-vous, les militants bénévoles, ça devient de plus en plus rare… Et puis la construction européenne n’est peut-être pas un idéal suffisamment fort pour motiver des bénévoles ?

    • Gugus69 dit :

      @ Descartes
      “Mais le fait de participer à l’un de ces programmes n’implique nullement une « inféodation » quelconque. A l’issue du programme, on ne vous demande pas de signer un engagement dans la CIA.”
      Pour le coup, ami et camarade, je vous trouve un poil angélique.
      J’ai connu jadis quelques camarades qui revenaient de “l’école de Moscou”. On ne leur demandait pas de signer un engagement au KGB (Euh… à ma connaissance). Il n’empêche qu’ils étaient plutôt admiratifs de la patrie du socialisme réel.
      La formation idéologique, c’est la formation idéologique… Pour les Young Leaders aussi.
      J’ai connu un jeune socialiste de retour des USA à l’occasion d’un de ces programmes : son enthousiasme pour le communautarisme à l’anglo-saxonne était sidérant. Et il se lançait dans des plaidoyers agressifs contre la laïcité à la française et l’interdiction du voile intégral. À ma connaissance, il n’est pas membre de la CIA (euh… bon).

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [J’ai connu jadis quelques camarades qui revenaient de “l’école de Moscou”. On ne leur demandait pas de signer un engagement au KGB (Euh… à ma connaissance). Il n’empêche qu’ils étaient plutôt admiratifs de la patrie du socialisme réel.]

      Oui, mais ils l’étaient avant de partir. Parce que à “l’école de Moscou” on n’envoyait pas des gens pour découvrir l’URSS avec l’espoir qu’ils pourraient être intéressés, comme c’est le cas avec les programmes du type “young leaders”. On envoyait des cadres chevronnés du Parti, qu’on avait repéré comme pouvant être des futurs dirigeants. Comparer “l’école de Moscou” avec le programme “young leaders” est absurde.

    • Gugus69 dit :

      @Descartes
      “Comparer “l’école de Moscou” avec le programme “young leaders” est absurde.”
      Moi, cher ami et camarade, je ne trouve pas cela si absurde : dans les deux cas, on tend à assurer la formation idéologique et politique de personnes, dont on espère qu’elles deviendront des cadres dirigeants de leur camp.
      Cela fait au moins un point commun évident.
      Cela dit, vous avez raison de souligner que les militants qui partaient à Moscou étaient déjà tout-à-fait aguerris.
      Une autre différence majeure, sans doute, est que les communistes assumaient sans problème cet aspect “formation”.
      Autre chose : pourquoi, à votre avis, le président invite-t-il Donald Trump au défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées ?

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Moi, cher ami et camarade, je ne trouve pas cela si absurde : dans les deux cas, on tend à assurer la formation idéologique et politique de personnes,]

      Absolument pas. Le programme “young leaders” est plus une opération de séduction qu’une “formation idéologique et politique”. Il s’agit de payer à des gens qu’on a repérés comme de futurs dirigeants des voyages, de leur faire rencontrer des personnalités, de créer un réseau. Il n’y a là aucune intention pédagogique. “L’école de Moscou” était un institut de formation, une sorte de sciences po communiste qui permettait à des militants sélectionnés de bénéficier d’une éducation de haut niveau à laquelle ils n’avaient pas accès dans leur pays.

    • Gugus69 dit :

      @Descartes
      Bien, mais vous ne m’avez pas dit : pourquoi, à votre avis, le président invite-t-il Donald Trump au défilé du 14 juillet sur les Champs Élysées ? Cette invitation a forcément une signification politique particulière…

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Bien, mais vous ne m’avez pas dit : pourquoi, à votre avis, le président invite-t-il Donald Trump au défilé du 14 juillet sur les Champs Élysées ?]

      Franchement, je n’ai pas d’avis sur la question.

  9. Trublion dit :

    Bonjour,
    une polémique sur la première séance à l’Assemblée, des députés qui n’applaudissent pas François de Rugy, ce qui serait un manquement à la bienséance.
    Honnêtement cela ne me gêne pas, je trouve hypocrite d’applaudir un adversaire politique, que vous allez combattre.

    • Descartes dit :

      @ Trublion

      [Honnêtement cela ne me gêne pas, je trouve hypocrite d’applaudir un adversaire politique]

      Moi non plus, cela ne me gêne pas, mais pour une raison différente. Applaudir un adversaire politique qui à titre individuel est respectable me parait normal. Mais de Rugy est bien plus qu’un “adversaire politique”, c’est un homme sans honneur. Le genre qui signe un engagement de soutenir le candidat issu de la primaire à laquelle il participe, et lorsqu’il découvre que la soupe est meilleure ailleurs renie sa signature. J’y reviendrai.

  10. Trublion dit :

    Tiens tiens
    Dans cette nouvelle république bananière, l’opposition est privée de questure.
    Parce que THIERRY Solere et les constructifs ne sont que des supplétifs.

    • Descartes dit :

      @ Trublion

      [Dans cette nouvelle république bananière, l’opposition est privée de questure.]

      Entre la course aux postes et les gauchistes qui pensent encore qu’ils font la révolution parce qu’ils ne portent pas la cravate, on est vraiment mal barrés.

    • Antoine dit :

      L’ironie étant que Mélenchon, de toute sa carrière politique, a toujours porté la cravate… Qui croit à ce genre de tartufferies, à part ses militants ?

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [L’ironie étant que Mélenchon, de toute sa carrière politique, a toujours porté la cravate…]

      Oui, c’est très drôle. Après avoir passé trente ans de vie politique strictement cravaté dans le plus pur style jeune mitterrandien, à 65 ans il découvre tout à coup que c’est un symbole d’aliénation capitaliste. Avouez qu’il y a de quoi rigoler.

  11. Trublion dit :

    La France est calme en cette matinée alors que vient d’avoir eu lieu un coup d’état.
    Le groupe dominant de l’opposition privée de questure, donc sans moyen de contrôler l’usage que fait la majorité du budget de l’assemblée.
    Le président qui convoque le Congrès la veille du discours de politique générale de son 1er ministre ainsi réduit au rang de pantin.

    La 5e République est bien morte hier soir.

    • Descartes dit :

      @ Trublion

      [Le groupe dominant de l’opposition privée de questure, donc sans moyen de contrôler l’usage que fait la majorité du budget de l’assemblée.]

      En fait, on assiste peut-être à la plus grotesque course à la soupe depuis 1958. Je ne crois pas un instant que Thierry Solère ait voulu priver l’opposition du “contrôle de ce que fait la majorité du budget de l’Assemblée”. Les postes de questeur sont des postes juteux, avec pas mal d’avantages. Et si Solère a vendu son âme, ce n’est pas gratuitement vous pouvez me croire. Par la grâce de la “rénovation” macronienne, beaucoup de beaux postes sont tout à coup accessibles a des gens de peu de mérite. Il ne s’agit pas de rater l’opportunité!

      [Le président qui convoque le Congrès la veille du discours de politique générale de son 1er ministre ainsi réduit au rang de pantin.]

      Paradoxalement, cette façon de s’essuyer les pieds sur son Premier ministre, plus qu’une démonstration de force, est un aveu de faiblesse. Macron est je pense parfaitement conscient qu’il ne peut compter sur la fidélité de personne. Les gens qui l’entourent sont venus à la soupe, trahissant pour cela des engagements politiques de toute une vie. Qu’est ce qui les empêcherait de partir demain si la soupe est meilleure ailleurs ? Et c’est pourquoi Macron est obligé d’occuper le terrain, TOUT le terrain, et d’empêcher que surgisse dans sa mouvance un autre pôle d’autorité que lui même. Il lui faut marquer chaque jour qu’il est le Boss, et couper toute tête qui dépasse. Si Edouard Philippe devient populaire, s’il acquiert une autorité par lui même, il deviendra alors un adversaire dangereux. C’est pourquoi il faut bien montrer qu’il n’est qu’un rouage sans volonté propre, que les décisions se prennent ailleurs.

    • Guilhem dit :

      @ Descartes

      Jusqu’à ce que vous parliez de la faiblesse de Macron, je ne l’avais pas ressenti. En effet, comment un président fraichement élu au suffrage universel et qui a obtenu une majorité confortable à l’AN avec un parti qu’il a créé de toute pièce peut-il être faible? Et pourtant… maintenant je vois cette faiblesse partout. La dernière en date étant le passage de son discours du 13 juillet où il évoque sans la citer la critique du Chef d’Etat Major des Armées et où il affirme: “c’est moi le chef” (sic). Si énoncer une évidence n’est pas un aveu de faiblesse, je ne sais pas ce que c’est… Et il va “couper la tête” d’un technicien expérimenté et de qualité car celui-ci a osé exprimé son désaccord… Bien dommage.

    • Descartes dit :

      @ Guilhem

      [Jusqu’à ce que vous parliez de la faiblesse de Macron, je ne l’avais pas ressenti. En effet, comment un président fraichement élu au suffrage universel et qui a obtenu une majorité confortable à l’AN avec un parti qu’il a créé de toute pièce peut-il être faible? Et pourtant… maintenant je vois cette faiblesse partout.]

      Je pense qu’elle est chaque jour plus évidente. D’ailleurs, il suffit d’observer : en trois mois, il n’y a pas UN SEUL SUJET sur lequel Macron ait osé aller contre l’opinion publique, contre l’UE, contre personne. Lorsque l’opinion a demandé la tête d’un ministre, il leur a donné. Son ministre déclare que puisque l’UE demande la privatisation des barrages, il faudra le faire. Sur les questions fiscales, chaque fois qu’un lobby a gueulé le gouvernement à cédé (d’où les va-et-vient des dernières semaines). On a quand même la nette impression qu’avec Macron le dernier qui a parlé – ou celui qui parle plus fort – emporte le morceau.

      La faiblesse de Macron n’est pas institutionnelle. Au contraire, les institutions le protègent. C’est une faiblesse intrinsèque : Macron a été élu sur un malentendu, par un électorat aux intérêts divergents dont chaque secteur s’est persuadé qu’avec lui il aurait gain de cause. Mais maintenant, il faut gouverner. Et gouverner implique faire des choix. Or, Macron et les gens qui l’entourent comprennent très bien que faire des choix implique casser cette unité de façade qui a permis à Macron d’arriver au pouvoir. Le « en même temps » ne peut durer éternellement.

      [La dernière en date étant le passage de son discours du 13 juillet où il évoque sans la citer la critique du Chef d’Etat Major des Armées et où il affirme: “c’est moi le chef” (sic). Si énoncer une évidence n’est pas un aveu de faiblesse, je ne sais pas ce que c’est… Et il va “couper la tête” d’un technicien expérimenté et de qualité car celui-ci a osé exprimé son désaccord…]

      Le pire, c’est que le militaire en question n’a pas exprimé son désaccord en public, mais devant une commission parlementaire qui lui demandait son avis, en tant que technicien, sur les questions dont il est expert. Ce n’est que par une indiscrétion parlementaire que l’affaire a pris une tournure publique. On ne peut même pas lui reprocher un acte d’indiscipline, ni même d’avoir cherché à jouer l’opinion publique contre ses supérieurs. Que Macron se sente obligé de répéter « je suis votre chef », c’est parce que contrairement à ce que vous dites cela ne semble pas “évident”. Imagine-t-on De Gaulle ou Mitterrand disant pareille chose ?

    • Guilhem dit :

      @ Descartes

      [e pense qu’elle est chaque jour plus évidente. D’ailleurs, il suffit d’observer : en trois mois, il n’y a pas UN SEUL SUJET sur lequel Macron ait osé aller contre l’opinion publique, contre l’UE, contre personne. Lorsque l’opinion a demandé la tête d’un ministre, il leur a donné. Son ministre déclare que puisque l’UE demande la privatisation des barrages, il faudra le faire. Sur les questions fiscales, chaque fois qu’un lobby a gueulé le gouvernement à cédé (d’où les va-et-vient des dernières semaines). On a quand même la nette impression qu’avec Macron le dernier qui a parlé – ou celui qui parle plus fort – emporte le morceau.]

      Emmanuel Macron est donc selon vous un président sous influence?

      [Que Macron se sente obligé de répéter « je suis votre chef », c’est parce que contrairement à ce que vous dites cela ne semble pas “évident”. ]

      Disons, cela ne LUI semble pas évident car, comme vous l’écrivez, pour les autres les institutions sont là.

    • Descartes dit :

      @ Guilhem

      [Emmanuel Macron est donc selon vous un président sous influence?]

      Je ne dirais pas “sous influence”, puisque cette expression sous-entend que “l’influence” en question est unique. Je dirais plutôt que c’est un président faible. Sans une véritable armature idéologique, sans un véritable parti capable de lui fournir des cadres avec lesquels il aurait une véritable affinité idéologique, sans une équipe capable de lui dire stop quand il fait fausse route, il est ouvert à tous les effets de mode, de cour, d’influences…

      [Disons, cela ne LUI semble pas évident car, comme vous l’écrivez, pour les autres les institutions sont là.]

      Et je crois que ce miracle montre à quel point ceux qui parlent de “crise des institutions” se trompent. Les institutions de la Vème ont montré une capacité à légitimer même des hommes trop petits pour pouvoir chausser les bottes de mongénéral.

  12. Trublion dit :

    Bonjour,

    Je rebondis sur les déclarations de la ministre du travail, Murielle Pénicaud,
    Ainsi le code du travail serait fait pour embêter 65% des employeurs. Drôle de la part d’une personne qui s’autorise à ne pas respecter le code des marchés publics.

    Je comprends cette ligne tactique qui explique les problèmes de la France par un bouc-émissaire commode.

    Hélas, une enquête menée par l’INSEE, en avril, et donc les résultats ne sortent que maintenant démontre le contraire.
    Cette enquête liste les barrières à l’embauche.
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/2871900?sommaire=2872027

    liste des barrières à l’embauche et poids relatif
    incertitude situation économique 28%
    main d’oeuvre compétente indisponible 27%
    coûts de recrutement 6%
    côtisations sociales trop élevées 18%
    Niveau des salaires trop élevé 7%
    Coûts de licenciement 10%
    Risques juridiques associés au licenciement 14%
    Pérennité législation du travail 11%
    Autre 4%

    Donc selon les entrepreneurs des secteurs industrie, services, BTP, en moyenne la problématique du licenciement ne représente que 24% des barrières à l’embauche. Et le plafonnement des indemnités de licenciement en cas de licenciement abusif n’impacterait que 10% des barrières à l’embauche.

    En revanche la conjoncture et la formation de la main d’oeuvre pèse plus de 55% des barrières à l’embauche.

    Il est dommage mais pas étonnant que cette étude ne sorte que maintenant. Elle aurait donné des munitions aux adversaires de Macron et Fillon. Et ça l’INSEE ne pouvait pas se le permettre. On n’insulte pas l’avenir comme disait quelqu’un.

    • Descartes dit :

      @ Trublion

      [Je rebondis sur les déclarations de la ministre du travail, Murielle Pénicaud, ainsi le code du travail serait fait pour embêter 65% des employeurs. Drôle de la part d’une personne qui s’autorise à ne pas respecter le code des marchés publics.]

      Pénicaud ne fait qu’exprimer presque dans sa version la plus pure le crédo libéral : les règles ne sont faites que pour embêter les gens et pour créer des rentes. Supprimons les règles, et la « main invisible » transformera les vices privés en vertus publiques, selon la formule consacrée. Ces gens-là n’ont pas lu Hobbes… et du coup ne comprennent pas que les règles ont été faites pour nous sortir de la guerre de tous contre tous.

      [Hélas, une enquête menée par l’INSEE, en avril, et donc les résultats ne sortent que maintenant démontre le contraire.]

      Vous allez un peu trop loin. Il s’agit d’une enquête de perception. En d’autres termes, une telle enquête ne « démontre » rien en termes objectifs. On peut en conclure que les chefs d’entreprise ne perçoivent pas les règles du droit du travail comme un obstacle significatif. Mais rien ne nous dit que leur perception correspond à la réalité…

      Cela étant dit, l’enquête montre que si Macron ou Penicaud imaginent que l’assouplissement du droit du travail se traduira par des embauches massives, ils se fourrent le doigt dans l’œil. Et que si le patronat veut cet assouplissement, ce n’est pas pour pouvoir embaucher, mais pour des raisons très différentes : pression à la baisse sur les salaires, par exemple…

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