Black lives matter… what about the others ?

Avouez que c’est étrange. L’ensemble de la planète est prise dans une pandémie, les mesures pour la combattre risquent de provoquer une crise économique de proportions historiques… et la gauche française se mobilise contre le racisme. Et même pas contre le racisme autochtone : elle se mobilise contre un racisme étranger, dont l’histoire n’a rien a voir avec notre histoire. Des millions de travailleurs risquent de perdre leur emploi, des secteurs entiers de notre industrie risquent de disparaître ou de passer sous contrôle étranger. Mais la priorité pour les défenseurs du prolétariat est de déboulonner des statues et de changer les noms des rues pour rendre justice à des faits qui ont cinq siècles.

Ce choix ne doit rien au hasard. Il nous dit beaucoup sur l’état d’impuissance intellectuelle et politique de l’ensemble de la gauche, de son incapacité de créer un récit qui lui soit propre : La gauche française, qui en d’autres temps a porté à la face du monde des idées novatrices d’égalité, d’universalité, de laïcité, en est réduite à copier ses slogans, ses mots d’ordre, ses symboles. Et il ne s’agit même pas d’une copie intelligente : on transpose chez nous une histoire sociale qui n’est pas la nôtre. Car n’en déplaise à certains, l’histoire de France n’est pas marquée par la ségrégation ethnique. Il y a bien entendu chez nous des racistes, mais il n’y a pas une inscription du racisme dans le droit, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Il n’y a jamais eu de bus ou d’écoles réservés aux noirs – ou à n’importe quelle autre ethnie, d’ailleurs, pas plus que des places réservées dans telle ou telle institution sur des critères ethniques. La « race » n’a pas chez nous de définition juridique, et le terme ne figure dans notre droit que lorsqu’il s’agit d’interdire toute distinction fondée sur elle.

Pour quiconque a un minimum de culture historique, il est évident qu’on ne peut pas traiter la « question raciale » de la même façon dans un pays qui a pratiqué en droit comme en fait la ségrégation raciale jusqu’aux années 1965 et qui continue aujourd’hui encore à considérer la distinction fondée sur la race légale, et dans un pays ou cette distinction est interdite depuis des siècles et ou dans ces mêmes années 1960 un noir occupait la deuxième magistrature de l’Etat. Mais la culture historique semble avoir déserté la gauche, qui copie servilement slogans et symboles sans même s’interroger sur leur signification.

Prenons par exemple ce slogan si révélateur : « Black lives matter » que l’on voit fleurir dans les manifestations. La traduction exacte en Français est « les vies noires comptent » (1). On notera que « noir » est utilisé ici comme attribut. La couleur de peau détermine donc la vie : il y a des « vies noires », donc logiquement des « vies blanches », des « vies jaunes » et des « vies rouges ». Dites-moi quelle est votre couleur de peau, et je vous dirai quelle est votre « vie ». Vie qui étant déterminée par la couleur de peau ne peut qu’être commune à tous les membres de la même ethnie. On est donc très loin de l’universalisme des lumières qui postule l’égal statut de TOUTE vie humaine, ou même de la tradition chrétienne qui postule l’identité ontologique de tous les hommes. L’homme noir, qu’il soit riche ou pauvre, puissant ou misérable, ne peut mener qu’une « vie noire ». On notera ici un point fondamental : la catégorisation en « races » permet d’effacer la question de classe. Le milliardaire noir et le prolétaire noir ont tous deux des « vies noires ».

Mais la formule en question va bien plus loin que ça. Un universaliste déclarerait que « TOUTE vie compte », parce que l’égal statut de toute vie humaine interdit catégoriquement de faire une distinction entre catégories de « vies » à l’heure d’estimer leur valeur. Mais on n’est plus dans l’universalisme : déclarer que « les vies noires comptent » suggère que d’autres vies pourraient ne pas compter, ou à minima compter un peu plus ou un peu moins que les autres.

C’est là le plus effrayant : ceux qui reprennent aujourd’hui ce slogan rejettent implicitement la doctrine universaliste qui est au cœur de la tradition politique française au moins depuis la Révolution française – et certains diront même bien avant (2), et qui rattache le statut juridique et social à l’individu, et non pas au groupe, à la « communauté ». Et comme parmi ceux qui épousent le mouvement sans trop se poser de questions se trouvent les dirigeants et les militants des principaux partis politiques et organisations dits « de gauche », on a du souci à se faire. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau : la « ligue de défense noire africaine » qu’on a vu à l’initiative des manifestations du 7 juin où l’on pouvait trouver pas mal de militants de la « gauche radicale » était déjà soutenue par l’UNEF lorsqu’elle a empêché la représentation de la pièce « Les suppliantes » d’Eschyle à la Sorbonne au prétexte que la mise en scène était « raciste ».  

Comment on en est arrivé là ? Comment la gauche, qui s’est construite en France autour de la tradition universaliste, en est arrivé à coucher avec les tenants du communautarisme – et ce qui est pire, du communautarisme ethnique ? Comment une gauche traditionnellement méfiante envers les dérives étatsuniennes en arrive à épouser les thèses d’un post-modernisme délirant venu d’outre-Atlantique ?

La réponse à cette question est pour moi évidente : la gauche dans ses différentes composantes est stérile. Elle n’a aucune volonté de remettre en cause les fondements du système – parce que ce système sert les intérêts des classes intermédiaires qui constituent l’essentiel de ses troupes – et donc aucun intérêt à penser de manière réaliste sa transformation. La gauche française, il faut en être conscient, sort de trente ans d’abandons et de défaites idéologiques. Trente ans pendant lesquels elle a eu de nombreuses opportunités d’exercer le pouvoir, et à chaque fois elle s’est coulée dans le moule libéral et abandonné les couches populaires en rase campagne. Les combats « sociétaux » faciles, lourds en symboles et légers en substance lui donnent l’opportunité de se refaire une virginité symbolique, d’évacuer sa culpabilité, de se convaincre qu’elle n’a pas tout à fait trahi sa vocation originale. Ces combats sont devenus le substitut des véritables combats qu’il faudrait mener pour changer non pas le décor, mais la substance du système. La substitution de la lutte des classes par la lutte des races ou la lutte des sexes a un énorme avantage pour le bloc dominant : elle permet de faire oublier le rapport structurant de nos sociétés, c’est-à-dire, le rapport d’exploitation. Pendant qu’on déboulonne les statues des négriers morts depuis longtemps, on laisse intactes celles des grands patrons qui sont vivants aujourd’hui.

En France, l’expérience de SOS-Racisme dans les années 1980 montre combien en France le racisme est un tigre en papier qu’une gauche sans idées – ou plutôt qui a trahi ses idées – utilise pour mobiliser ses troupes. Car il est absurde de parler de « racisme systémique » en France. Le racisme est systémique aux Etats-Unis parce que la société étatsunienne s’est construite au partir du XVIIème siècle sur une économie de plantation, dont l’esclavage était le véritable moteur économique, au point que l’affranchissement des esclaves a provoqué une guerre civile qui marque encore l’inconscient politique étatsunien. Il fallait donc une théorie politique qui légitime l’asservissement d’une partie de la population, et les théories racistes étaient une option attractive. En France, l’esclavage a joué un rôle économique marginal pour ne pas dire négligeable. Les secteurs dominants n’ont vu donc aucun intérêt à développer des théories politiques ou la race joue un rôle important. Et c’est d’ailleurs pourquoi il est difficile de trouver cette notion dans notre droit, alors qu’elle est omniprésente outre-Atlantique.

On voit bien d’ailleurs le problème de nos antiracistes autochtones : ils sont obligés d’aller chercher le « racisme systémique » ailleurs, chez les américains, ou l’inventer de toutes pièces comme on l’a vu dans l’épisode des « Suppliantes » d’Eschyle dont la représentation a été empêchée par des groupuscules « racialistes » avec l’appui des organisations de gauche. Car ce que cette gauche ne semble pas réaliser, c’est qu’en accréditant l’idée d’un « racisme systémique » elle entre dans le jeu de groupuscules comme « ligue de défense noire africaine », le « conseil représentatif des institutions noires » et autres « indigènes de la république » qui font leur beurre de la fragmentation de la société. Déjà à la fin 2019 quelques représentants de cette gauche dite « radicale » s’étaient trouvés signer un appel à manifester contre « l’islamophobie » dans lequel ils se trouvaient en compagnie de gens bien peu recommandables, ou à empêcher une représentation théâtrale au prétexte que les masques portés par les acteurs ne leur convenaient pas. Aujourd’hui, les mêmes mettent le genou à terre en compagnie du CRAN ou des « indigènes ». Misère…

Descartes

(1) Et non pas « les vies DES noirs comptent », comme on traduit parfois. En effet, pour donner le sens génitif il faudrait en anglais utiliser le cas possessif : « Blacks’s lives matters » ou dans la forme plus courante « Blacks lives matter ».

(2) Ainsi par exemple le « Code noir » promulgué par Louis XIV en 1685 ne fait, contrairement au nom qu’on lui a accolé bien des années après, aucune référence à une quelconque couleur de peau ni dans son titre (« Ordonnance royale de mars 1685 touchant la police des îles de l’Amérique française ») ni dans le texte, qui ne connaît que le terme « esclave » sans référence ethnique. On notera d’ailleurs que l’auteur du texte ne fait pas le lien entre la condition d’esclave et une quelconque considération raciale : « Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ; voulons que le mérite d’une liberté acquise produise en eux, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nos autres sujets ». L’esclave affranchi était donc un sujet du roi comme un autre, indépendamment de son origine. Rappelons que lorsque les Etats-Unis affranchissent les esclaves en 1865, ils ne leur accordent pas le même statut qu’aux citoyens d’autres races. La ségrégation raciale ne sera abolie qu’un siècle plus tard, en 1964.

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120 réponses à Black lives matter… what about the others ?

  1. CVT dit :

    @Descartes,
    «SOS Racisme. SOS Baleines. Ambiguïté : dans un cas, c’est pour dénoncer le racisme, dans l’autre, c’est pour sauver les baleines. Et si dans le premier cas, c’était un appel subliminal à sauver le racisme, et donc l’enjeu de la lutte anti-raciste comme dernier vestige des passions politiques, et donc une espèce virtuellement condamnée» (Jean Baudrillard)

    «J’adhérerai à SOS Racisme quand ils mettront un S à racisme. Il y a des racistes noirs, arabes, juifs, chinois et même des ocre-crème et des anthracite-argenté. Mais à SOS-Machin, ils ne fustigent que le Berrichon de base ou le Parisien-baguette. C’est sectaire.» (Pierre Desproges)

    «I am Black and I am proud» (James Brown)

    Cher camarade, je vais rédiger un commentaire d’ordre personnel en forme d’aveu: pour la première fois de ma vie, je crois que j’ai honte d’être Noir. Et ce, parce que l’Etat a trahi sa mission de justice en s’agenouillant devant la frange la plus raciste, la plus “bête et méchante” des associations dites “anti-racistes” (lire “anti-blanches”).
    Durant le confinement, certains ont parlé d’un “juin 1940” sanitaire; mais là, après les propos tenus par le ministre de l’Intérieur Castaner et les palinodies du Garde des Sots Belloubet, on peut aussi parler d’un “juin 1940” de l’Exécutif et de la Justice. Comment un tel effondrement moral est possible? Comme l’Etat peut-il quémander les bonnes grâces d’une bande de gangters, au seul motif que ceux-ci sont noirs de peau?

    En tant que descendant d’immigrés africains arrivés en France au début des années 70, j’éprouve un immense sentiment de colère devant un tel déni de justice, d’abord en tant que Français moyen et puis ensuite comme Noir respectueux et se sentant redevable envers la France.
    Pour dire, nos parents ont fait tous les efforts possibles pour que nous restions les clous, que soyons bons élèves à l’école, et vivions comme en France comme des Français, sachant que nous étions “chez les Blancs”; et aujourd’hui, mes frères et soeurs nous considérons comme des Français, tous ayant ou ayant eu des conjoints “français de souche”. En gros, la France compte aujourd’hui bien plus nous que le pays de nos ancêtres, alors que la vie n’a pas toujours été facile pour notre famille (ni pour beaucoup de mes compatriotes en général)…

    Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, tous ces efforts, ces sacrifices ne serviraient à rien car, désormais, grâce à l'”anti-racisme”, il suffit simplement d’être un caïd des cités, ou de brûler des bibliothèques et des écoles (mais bizarrement, pas la CAF ou les bureaux de poste: on ne touche au grisbi…), ou encore de harceler policiers et pompiers pour l’Etat cède à vos caprices et renonce même à sa mission première, le maintien de l’ordre!

    Pour moi, c’est la double peine. D’un côté, des gens comme moi sont maltraités par l’Etat précisément parce qu’ils respectent la loi, alors que ce dernier est complaisant, voire obséquieux envers la racaille de banlieue: j’ai très mal digéré le caractère vexatoire des amendes durant le confinement, alors que les “cités” continuaient leurs rassemblements comme si de rien n’était. Et d’autre côté, parce que je suis Noir, l’Etat et une bonne partie de la société bien-pensante m’infantilisent en me mettent dans le même panier de crabes que ces associations victimaires dites “anti-racistes” (CRAN, SOS-Racisme, Indignes de la République, Ligue de défense noire africaine); le problème, c’est que j’exècre ces gens-là et je les considère comme mes pires ennemis, bien plus que n’importe quel mouvement d’extrême-droite : ce sont des fauteurs de guerre!
    J’ai dit plus haut qu’ils étaient bêtes et méchants, et je crois que la raison en est assez évidente: ils sont bêtes car comment ces gens espèrent-ils arriver à la concorde et à la justice, en insultant et en accablant systématiquement les Blancs CHEZ EUX? Et ils sont méchants, car c’est bien eux et non les Blancs qui tiennent en 2020 des discours de haine qui, étrangement, ne seront pas sanctionnés par la loi Avia…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [« SOS Racisme. SOS Baleines. Ambiguïté : dans un cas, c’est pour dénoncer le racisme, dans l’autre, c’est pour sauver les baleines. Et si dans le premier cas, c’était un appel subliminal à sauver le racisme, et donc l’enjeu de la lutte anti-raciste comme dernier vestige des passions politiques, et donc une espèce virtuellement condamnée » (Jean Baudrillard)]

      Intéressante remarque. Le mot « racisme » est en fait utilisé dans un sens restrictif pour qualifier tout discours qui exprime le mépris sur un groupe ethnique particulier. Mais le mot a un sens beaucoup plus large : le racisme est contenu dans toute théorie qui fait de l’appartenance ethnique un élément important de la personnalité des hommes. Etablir une différence invite à établir une hiérarchie.

      [Cher camarade, je vais rédiger un commentaire d’ordre personnel en forme d’aveu: pour la première fois de ma vie, je crois que j’ai honte d’être Noir. Et ce, parce que l’Etat a trahi sa mission de justice en s’agenouillant devant la frange la plus raciste, la plus “bête et méchante” des associations dites “anti-racistes” (lire “anti-blanches”).]

      Très amicalement, je pense que vous avez tort. Vous n’avez à être ni honteux ni fier d’être noir, pas plus qu’on n’a pas à être fier d’être blond ou d’avoir les yeux bruns. Nous n’avons pas le choix de notre couleur de peau, et elle ne nous détermine pas. Il est donc autant ridicule d’en être honteux que d’en être fier.

      [Comment un tel effondrement moral est possible ? Comme l’Etat peut-il quémander les bonnes grâces d’une bande de gangsters, au seul motif que ceux-ci sont noirs de peau ?]

      Ce n’est pas qu’une question de couleur de peau. Le gouvernement a tout simplement été traumatisé par la révolte des « gilets jaunes », et a compris que la « question raciale » sert à la gauche radicale d’argument de mobilisation. Le gouvernement craint comme la peste que cette mobilisation polarise l’opinion et rende inaudible toutes les tentatives de reprendre le contrôle de la situation pour démarrer la « phase 2 » du quinquennat. Et dites-vous bien que la trouille doit être profonde pour que le gouvernement prenne le risque de se mettre la police à dos…

      [Pour moi, c’est la double peine. D’un côté, des gens comme moi sont maltraités par l’Etat précisément parce qu’ils respectent la loi, alors que ce dernier est complaisant, voire obséquieux envers la racaille de banlieue: j’ai très mal digéré le caractère vexatoire des amendes durant le confinement, alors que les “cités” continuaient leurs rassemblements comme si de rien n’était. Et d’autre côté, parce que je suis Noir, l’Etat et une bonne partie de la société bien-pensante m’infantilisent en me mettent dans le même panier de crabes que ces associations victimaires dites “anti-racistes” (CRAN, SOS-Racisme, Indignes de la République, Ligue de défense noire africaine); le problème, c’est que j’exècre ces gens-là et je les considère comme mes pires ennemis, bien plus que n’importe quel mouvement d’extrême-droite : ce sont des fauteurs de guerre!]

      Je suis d’accord avec vous. Les premières victimes lorsque l’Etat cède devant ces groupuscules, ce sont les gens qui jouent le jeu de l’assimilation. D’un côté, l’Etat accrédite l’idée qu’un noir ne peut être un français comme les autres, pendant que de l’autre côté les groupuscules affirment qu’un noir assimilé est un « vendu ». Si l’on veut laisser à l’assimilation une chance, il faut combattre tous les discours qui prétendent établir une différence fondée sur des critères ethniques.

      • CVT dit :

        @Descartes,
        [Ce n’est pas qu’une question de couleur de peau. Le gouvernement a tout simplement été traumatisé par la révolte des « gilets jaunes », et a compris que la « question raciale » sert à la gauche radicale d’argument de mobilisation. Le gouvernement craint comme la peste que cette mobilisation polarise l’opinion et rende inaudible toutes les tentatives de reprendre le contrôle de la situation pour démarrer la « phase 2 » du quinquennat. Et dites-vous bien que la trouille doit être profonde pour que le gouvernement prenne le risque de se mettre la police à dos…]

        Je suis modérément convaincu par votre réponse: j’ai vraiment du mal à saisir pourquoi le gouvernement cède aussi aisément à l'”anti-racisme”, alors qu’il a été impitoyable face aux Gilets Jaunes, qui pourtant étaient infiniment plus représentatifs des intérêts du pays; sauf à admettre qu’il est non seulement un ennemi des travailleurs, mais surtout des Français… L’écrivain Yann Moix, qui très loin d’être ma tasse de thé, a eu une formule extraordinaire pour synthétiser la situation: “Le gouvernement a résisté à la rue française, mais il a cédé à la rue américaine”.
        Sévir contre son propre peuple et tout en cédant à une frange archi-minoritaire mais médiatiquement bruyante des “anti-racistes”, est surtout la marque d’un Etat faible!!!

        Au passage, on pourrait tout aussi bien être cynique et noter que l’opération médiatique “Black Live Madder” a permis d’occulter les difficultés tant redoutées de l’après-confinement. Bien que la cause des activistes noir-américains ne soit pas particulièrement populaire dans notre pays, surtout dans la France des “premiers de corvée”, l’amalgame avec une affaire Traoré, qui relevait du délit droit commun, a fini par prendre et par enflammer la France dite des “banlieues”, faisant ainsi sauter le couvercle de la francophobie de ces “Français malgré eux”. Ces derniers, par leurs exigences les plus délirantes et toutes plus totalitaires les unes que les autres (repentance, changement de nom de rue, de programme scolaire, statues enlevées ou dégradées, etc…), veulent littéralement effacer notre passé commun pour le façonner à leur gré et leur humeur…

        Le confinement a été la crise révélatrice de la nécessité absolu de la souveraineté nationale. Dans cette nouvelle crise, que je qualifierais d’identitaire, il apparaît de manière éclatante que, désormais, deux France font face à une troisième. Celle des bobos alliée à celle dite “des banlieues” face à ceux qui entendent que le pays reste une nation souveraine.
        J’ai déjà dit à maintes reprises, dans ce blog, que le premier camp représente celui de l’anti-France, prêt à sacrifier la nation française pour ses idéaux (ou ses intérêts…). L’ennui, c’est qu’en face, à l’heure actuelle, le rapport de force est tel que c’est l’impuissance politique et financière qui règnent…

        • Descartes dit :

          @ CVT

          [Je suis modérément convaincu par votre réponse: j’ai vraiment du mal à saisir pourquoi le gouvernement cède aussi aisément à l’”anti-racisme”, alors qu’il a été impitoyable face aux Gilets Jaunes, qui pourtant étaient infiniment plus représentatifs des intérêts du pays; sauf à admettre qu’il est non seulement un ennemi des travailleurs, mais surtout des Français…]

          La raison est pourtant assez évidente : parce qu’il est convaincu que céder aux « anti-racistes » ne lui coute rien. Céder aux revendications des « gilets jaunes », aux cheminots, à la contestation sur les retraites aurait impliqué un changement dans les politiques de l’aménagement du territoire et un rejet des politiques de concurrence voulues par l’Union européenne. Pour le « bloc dominant », c’était un coût insupportable et le gouvernement a donc tenu bon – même s’il a pris peur et cédé à la panique après la dégradation de l’Arc de Triomphe. Céder au « comité Adama » et à quelques milliers de gauchistes qui s’amusent à mettre le genou à terre place de la République, cela ne coûte pas grande chose. Sauf qu’il y a un problème que le gouvernement n’avait pas vu : en cédant aux gauchistes, le gouvernement est entré en conflit avec la police, qui se sent abandonnée en rase campagne par son propre ministre….

          [Sévir contre son propre peuple et tout en cédant à une frange archi-minoritaire mais médiatiquement bruyante des “anti-racistes”, est surtout la marque d’un Etat faible!!!]

          C’est surtout la marque d’un Etat dirigé par des gens qui n’ont pas le sens de l’Etat, qui ne se rendent pas compte que l’Etat tire sa légitimité de sa neutralité. Quand un ministre déclare que certaines manifestations sont « interdites mais tolérées », il détruit la crédibilité de l’Etat et la sienne.

          [(…) a fini par prendre et par enflammer la France dite des “banlieues”, faisant ainsi sauter le couvercle de la francophobie de ces “Français malgré eux”. Ces derniers, par leurs exigences les plus délirantes et toutes plus totalitaires les unes que les autres (repentance, changement de nom de rue, de programme scolaire, statues enlevées ou dégradées, etc…), veulent littéralement effacer notre passé commun pour le façonner à leur gré et leur humeur…]

          « Enflammé la France dite des banlieues » ? Il ne faudrait tout de même pas trop exagérer. Ce ne sont pas les banlieues qui manifestent Place de la République, ce sont surtout les militants de la gauche parisienne.

          • Emmanuel Florac dit :

            Je ne sais pas si les banlieues sont enflammées, mais vous avez vu la gueule de Dijon ces jours-ci?

            Quelle est votre analyse de l’appel du comité Adama à rejoindre les Gilets Jaunes, à l’époque? (j’y étais, j’étais dans la manif GJ à Saint Lazare au moment de la jonction des cortèges : les populations en étaient fort différentes, mais côté “comité Adama” on remarquait beaucoup de jeunes anars).

            • Descartes dit :

              @ Emmanuel Florac

              [Je ne sais pas si les banlieues sont enflammées, mais vous avez vu la gueule de Dijon ces jours-ci ?]

              Les incidents de Dijon n’ont aucun rapport avec la question du racisme ou les violences policières. Il ne faudrait pas tout mélanger.

              [Quelle est votre analyse de l’appel du comité Adama à rejoindre les Gilets Jaunes, à l’époque ? (j’y étais, j’étais dans la manif GJ à Saint Lazare au moment de la jonction des cortèges : les populations en étaient fort différentes, mais côté “comité Adama” on remarquait beaucoup de jeunes anars).]

              Le « comité Adama » est largement noyauté par la « gauche radicale » qui rêve de refaire le coup de SOS-Racisme, mais aussi de récupérer le mouvement des Gilets Jaunes et surtout ses manifestations parisiennes (rien à voir avec les Gilets Jaunes qui occupaient les ronds-points, en général pacifiquement).

          • CVT dit :

            @Descartes,

            [« Enflammé la France dite des banlieues » ? Il ne faudrait tout de même pas trop exagérer. Ce ne sont pas les banlieues qui manifestent Place de la République, ce sont surtout les militants de la gauche parisienne.]

            Ah bon? Qui a parlé de guerre tribale? Il suffisait de demander 👿:
            https://www.lefigaro.fr/actualite-france/a-dijon-l-incroyable-expedition-punitive-de-tchetchenes-20200615

            Et voilà comment l'”anti-racisme” et le beau discours bisounours des “chances pour la France” se cassent la gueule devant un règlement de compte maghrébo-tchétchène 😤🤬…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [« « Enflammé la France dite des banlieues » ? Il ne faudrait tout de même pas trop exagérer. Ce ne sont pas les banlieues qui manifestent Place de la République, ce sont surtout les militants de la gauche parisienne. » Ah bon? Qui a parlé de guerre tribale ?]

              Personne. L’échange concernait les manifestations contre le racisme et les violences policières. Je persiste et signe : ces manifestations doivent plus à l’extrême gauche urbaine qu’à l’inflammation des banlieues… et cela n’a aucun rapport avec la « guerre tribale » façon Dijon.

              [Et voilà comment l’”anti-racisme” et le beau discours bisounours des “chances pour la France” se cassent la gueule devant un règlement de compte maghrébo-tchétchène…]

              J’avoue que j’attends de voir les résultats de l’enquête. Je me demande si les racines de cet affrontement sont ethniques, ou s’ils traduisent plutôt un conflit économique pour le contrôle de certains trafics. En tout cas, cet épisode illustre parfaitement les ravages de trente ans de politiques qui ont encouragé ou tout au moins admis le développement d’une logique communautaire où les individus ne peuvent trouver une protection et un gagne-pain qu’auprès de leur communauté d’origine. Et donne raison à ceux qui, souvent sous les quolibets – je pense à Paul Mercieca, maire PCF de Vitry sur Seine à l’époque de l’incident dit « du bulldozer de Vitry » – ont dénoncé les dangers de ce type de politique.

        • @ CVT,

          Puisque nous parlons de racisme, et que j’ai cru comprendre que vous étiez d’origine subsaharienne (bien que je l’emploie de plus en plus, je n’aime pas tellement le mot “noir”, qui résume une personne à sa couleur de peau, le terme “subsaharien” renvoyant à une origine géographique, ce que je trouve plus parlant et moins réducteur), je me permets de vous poser une question assez personnelle: en tant que Français noir, quel est votre ressenti par rapport au racisme que vous avez pu subir en tant que personne?

          Ma question porte en fait sur plusieurs points:
          – Avez-vous été personnellement et directement confronté à une attitude raciste?
          – Si oui, à quel type d’attitude avez-vous été confronté (moquerie, insulte, agression physique, discrimination)?
          – A quelle fréquence estimez-vous avoir été confronté au racisme?
          – Et enfin qui étaient les racistes auxquels vous avez éventuellement eu affaire (homme, femme, jeune, vieux, blancs européens, maghrébins…)?

          Je pense que votre point de vue peut utilement éclairer le débat, mais je comprendrais que vous ne vouliez pas répondre à des questions peut-être trop personnelles.

          • Descartes dit :

            @ nationaliste-ethniciste

            [Puisque nous parlons de racisme, et que j’ai cru comprendre que vous étiez d’origine subsaharienne (…), je me permets de vous poser une question assez personnelle: en tant que Français noir, quel est votre ressenti par rapport au racisme que vous avez pu subir en tant que personne?
            (…)
            Je pense que votre point de vue peut utilement éclairer le débat, mais je comprendrais que vous ne vouliez pas répondre à des questions peut-être trop personnelles.]

            J’avoue que cette question me gêne… non parce qu’elle serait personnelle (après tout CVT est libre de répondre ou de ne pas le faire) mais parce que je m’interroge sur le sens que vous lui donnez. Le ressenti de CVT m’intéresse à titre personnel, mais je me garderais bien de le considérer représentatif de quelque groupe que ce soit… et du coup, en quoi sa réponse à ces questions pourrait éclairer le débat ?

            • @ Descartes,

              “et du coup, en quoi sa réponse à ces questions pourrait éclairer le débat ?”
              Les bonnes âmes qui manifestent nous expliquent que les noirs (tiens, que les noirs, pas les jaunes, bizarre) seraient victimes d’un “racisme systémique”. Si c’est le cas, CVT a sûrement lui aussi souffert de ce racisme systémique. A-t-il été par exemple tabassé par la police?

              Si CVT nous dit que, même s’il a rencontré dans sa vie des racistes (et le contraire me paraîtrait étonnant), ceux-ci étaient minoritaires et qu’il ne s’estime pas par ailleurs victime d’un “racisme systémique”, eh bien c’est, non pas une preuve, mais un indice de la fragilité de cette théorie du racisme systémique.

              Cela étant, ma question relève essentiellement de la curiosité, que CVT ne trouvera pas malsaine j’espère: je suis un Français de souche, blanc; je croise des personnes noires, bien sûr, mais je ne peux pas dire que j’en fréquente ou que j’en connaisse vraiment. A titre personnel, et bien que je concède qu’on puisse me taxer de “racisme silencieux”, je me fais un devoir d’être courtois et respectueux avec tout le monde, sans distinction d’origine, de statut social ou de couleur de peau. Je me demande simplement comment une personne comme CVT se sent perçue par les autres, les blancs, et ce que signifie pour lui le fait d’être noir en France. C’est tout. Mais rien ne l’oblige à répondre.

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [Les bonnes âmes qui manifestent nous expliquent que les noirs (tiens, que les noirs, pas les jaunes, bizarre) seraient victimes d’un “racisme systémique”. Si c’est le cas, CVT a sûrement lui aussi souffert de ce racisme systémique. A-t-il été par exemple tabassé par la police ?]

              Ca peut avoir un intérêt à titre de curiosité personnelle, mais ne nous dit rien quant à l’existence d’un « racisme systémique » qu’il ne faut pas confondre avec un « racisme systématique ». Même si le racisme était – ce que je ne crois pas un instant, vous l’aurez bien compris – systémique, il y a forcément des individus que le hasard fait échapper à la chose.

              Il ne faut pas oublier que dans la question que vous posez la subjectivité joue un grand rôle. J’ai rencontré dans ma vie des antisémites, mais si vous me demandez si j’ai déjà été victime d’un acte antisémite, franchement, je vous répondrais que je n’en ai pas le souvenir. Pourtant, je connais des juifs qui fréquentent le même milieu, qui lisent et voient les mêmes choses que moi, et qui pourtant ont le sentiment d’être méprisés, discriminés et même persécutés. Le niveau de sensibilité n’est pas le même partout…

              [Cela étant, ma question relève essentiellement de la curiosité, que CVT ne trouvera pas malsaine j’espère : je suis un Français de souche, blanc; je croise des personnes noires, bien sûr, mais je ne peux pas dire que j’en fréquente ou que j’en connaisse vraiment.]

              Je ne trouve nullement votre question « malsaine ». Simplement, je pense qu’il ne faudrait pas donner à la réponse – si CVT souhaite répondre – un caractère représentatif ou probant qu’elle ne peut avoir. En dehors de ça, je dirais que votre curiosité est tout à fait légitime. Et sans vouloir vous offenser, je pense que si vous connaissiez mieux nos concitoyens « issus de la diversité » mais complètement assimilés à notre culture, vous seriez moins pessimiste quant à la continuité de la France dans les années qui viennent… 😉

            • @ Descartes,

              “Et sans vouloir vous offenser, je pense que si vous connaissiez mieux nos concitoyens « issus de la diversité » mais complètement assimilés à notre culture, vous seriez moins pessimiste quant à la continuité de la France dans les années qui viennent…”
              Qui vous dit que je ne me complais pas dans le pessimisme?

              Pour le reste, vous connaissez ma position: “il est très bien qu’il y ait des Français noirs, jaunes, marrons, rouges, verts ou que sais-je encore, ça montre que la France est ouverte sur le monde, mais à condition qu’ils restent une petite minorité, car nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de religion chrétienne et de culture gréco-latine”. Si demain les noirs et arabes même assimilés forment la majorité de la population, pour moi il n’y a plus de France.

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [“Et sans vouloir vous offenser, je pense que si vous connaissiez mieux nos concitoyens « issus de la diversité » mais complètement assimilés à notre culture, vous seriez moins pessimiste quant à la continuité de la France dans les années qui viennent…” Qui vous dit que je ne me complais pas dans le pessimisme ?]

              La lecture de vos précédents billets me dispense de vous répondre…

            • CVT dit :

              @N-E
              [Ca peut avoir un intérêt à titre de curiosité personnelle, mais ne nous dit rien quant à l’existence d’un « racisme systémique » qu’il ne faut pas confondre avec un « racisme systématique ». ]

              Je ne vais pas refaire une longue tirade 😊…
              Je ne crois pas dévoiler un secret d’état en disant que cette notion de “racisme systémique” est un pur produit d’importation américaine. C’est un peu la version “yéyé” de l’anti-racisme américain acclimaté aux cerveaux français…

              Contrairement aux Etats-Unis, où il demeure largement instituationalisé (“affirmative action”), le racisme en France est une affaire PRIVEE (un peu comme pour la religion, d’ailleurs😬…).
              Pour moi, cette affirmation est on ne peut plus vérifiée: aucun des tracas administratifs que j’ai vécu n’avait pour source mes origines, et je n’ai jamais connu de discrimination ouverte de service public, ou encore de contrôle de police au faciès (un tuyau: la meilleure façon de les éviter, c’est encore de s’habiller correctement, et non façon caïd de banlieue😬…).

              Pour ma part, j’aurais tendance à retourner l’imputation de “racisme systémique” contre leurs auteurs “anti-racistes”, qui eux souhaiteraient instaurer un “racisme systémique, voire systématique” contre les Blancs (cf “Privilège Blanc”)…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Je ne crois pas dévoiler un secret d’état en disant que cette notion de “racisme systémique” est un pur produit d’importation américaine. C’est un peu la version “yéyé” de l’anti-racisme américain acclimaté aux cerveaux français…]

              Le « racisme systémique » est une caractéristique du système américain. Alors que notre système politique, juridique, administratif est bâti sur l’indifférence à l’origine ethnique, et d’une manière générale aux origines qu’elles soient sociales, ethniques ou religieuses, le système américain est fondé sur l’idée que les origines vous déterminent. Le droit américain rattache l’individu à une communauté.

              Ce qu’il y a de plus ironique, c’est que ce sont précisément les « antiracistes » qui veulent mettre fin à la logique d’indifférence et faire de l’appartenance ethnique un marqueur, en proposant la légalisation de la statistique ethnique ou la discrimination positive. Ce qui d’ailleurs obligerait l’Etat a donner une définition des différentes « races », alors même qu’on nous explique que les « races » n’existent pas…

              [Contrairement aux Etats-Unis, où il demeure largement instituationalisé (“affirmative action”), le racisme en France est une affaire PRIVEE (un peu comme pour la religion, d’ailleurs😬…).]

              Exactement. Nous sommes héritiers de l’individualisme des Lumières, qui considère les individus comme les seules personnes juridiques détentrices de droits. Ce qui interdit par ricochet de les rattacher à une communauté. C’est cela le principe fondamental. Si on transige là-dessus, tout le reste tombe avec.

            • @ Descartes,

              “C’est cela le principe fondamental. Si on transige là-dessus, tout le reste tombe avec.”
              Mais êtes-vous sûrs qu’on n’a pas déjà commencé à transiger, au moins dans la pratique? C’est quoi une “charte de la diversité” dans une entreprise ou un ministère? Pourquoi Sarkozy en son temps se vantait-il de nommer un préfet arabe? Pourquoi aujourd’hui dans la plupart des publicités on veille soigneusement à ce que les “minorités visibles” soient convenablement représentées? Pourquoi les manuels d’enseignement moral et civique mettent-ils systématiquement en avant des Français “venus d’ailleurs” (ou des étrangers de couleur)? Le démon des origines est là, bel et bien là, et j’ai l’impression que vous ne voulez pas le voir. Un principe juridique finit par être inutile lorsqu’il est bafoué par la pratique.

              Quant à l’héritage universaliste des Lumières, je ne suis absolument pas d’accord avec vous. Les Etats-Unis sont aussi les héritiers des Lumières, leur pays est né à l’époque des Lumières, et a bénéficié d’un regard bienveillant de la part de beaucoup de partisans des Lumières en Europe. Pourtant, en 1776, les Etats-Unis étaient déjà un pays communautariste et encore un pays esclavagiste. Sans vouloir vous offenser, vous avez une vision très idéalisée et un peu réductrice des Lumières…

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [“C’est cela le principe fondamental. Si on transige là-dessus, tout le reste tombe avec.” Mais êtes-vous sûrs qu’on n’a pas déjà commencé à transiger, au moins dans la pratique?]

              Cela dépend qui est ce « on » auquel vous faites référence. Il est clair qu’une partie de nos élites médiatiques, politiques et universitaires ont non seulement « commencé », mais largement transigé. Je ne suis pas persuadé par contre qu’il se trouve une majorité de Français pour soutenir ce point de vue, et c’est d’ailleurs pourquoi notre système administratif et juridique tient la ligne, et que les tentatives d’introduire des principes communautaristes restent marginales.

              [C’est quoi une “charte de la diversité” dans une entreprise ou un ministère? Pourquoi Sarkozy en son temps se vantait-il de nommer un préfet arabe? Pourquoi aujourd’hui dans la plupart des publicités on veille soigneusement à ce que les “minorités visibles” soient convenablement représentées? Pourquoi les manuels d’enseignement moral et civique mettent-ils systématiquement en avant des Français “venus d’ailleurs” (ou des étrangers de couleur)? Le démon des origines est là, bel et bien là, et j’ai l’impression que vous ne voulez pas le voir. Un principe juridique finit par être inutile lorsqu’il est bafoué par la pratique.]

              N’exagérons rien : il y a des meurtres tous les jours, et le principe juridique « tu ne tueras point » reste tout de même largement utile – et respecté. Si l’on examine la liste que vous proposez plus haut, vous remarquerez qu’il s’agit essentiellement de mesures symboliques. Sarkozy a pu se vanter d’avoir nommé un « préfet musulman » (en fait, ce n’était pas le premier ni le seul, mais les autres nominations étaient passées inaperçues justement parce que les impétrants n’ont jamais mis en avant leur religion ou leurs origines : Felix Eboué ne se considérait pas un « préfet noir »). Mais l’effet de cette nomination n’a guère changé le fonctionnement du corps préfectoral. Les publicités incluent des « minorités visibles » pour ne pas tomber sous la dent des dragons de vertu, mais l’effet de cette publicité ne me semble pas évident.

              [Quant à l’héritage universaliste des Lumières, je ne suis absolument pas d’accord avec vous. Les Etats-Unis sont aussi les héritiers des Lumières, leur pays est né à l’époque des Lumières, et a bénéficié d’un regard bienveillant de la part de beaucoup de partisans des Lumières en Europe.]

              C’est discutable : les « pères fondateurs » – autrement dit les élites intellectuelles – des Etats-Unis étaient certainement très fortement influencés par les Lumières, et on trouve beaucoup de traces de cette influence dans la Constitution des Etats-Unis par exemple. Mais il ne faudrait pas confondre les élites et la société. Et la société américaine doit beaucoup plus à l’influence du puritanisme intransigeant des premiers colons qu’aux Lumières. La question religieuse aux Etats-Unis illustre ce fait : alors que la Constitution américaine est fondamentalement laïque, Dieu est partout dans le discours politique.

          • CVT dit :

            @N-E,
            [Puisque nous parlons de racisme, et que j’ai cru comprendre que vous étiez d’origine subsaharienne (bien que je l’emploie de plus en plus, je n’aime pas tellement le mot « noir », qui résume une personne à sa couleur de peau, le terme « subsaharien » renvoyant à une origine géographique, ce que je trouve plus parlant et moins réducteur)]

            Pour commencer, un point d’histoire-géographie: mes parents, installés en France depuis près de 50 ans, sont originaires d’un pays d’Afrique Noire, plus précisément d’Afrique Equatoriale. Donc oui, je suis bien d’origine « subsaharienne ».
            Vous n’aimez pas l’expression d’« Afrique noire », désormais vieillie, mais elle reste bien plus pertinente que celle d’« Afrique subsaharienne », que je trouve impropre et trompeuse. Impropre car, en effet, les Maliens, les Sénégalais, les Burkinabés ou les Tchadiens sont « sahariens » et Noirs; et enfin trompeuse car l’adjectif « subsaharien » cache, selon moi, de grandes disparités de civilisations: par exemple, la tribu de mes parents a autant à voir avec celle du gang des Traoré, qui sont des Soninkés du Mali, qu’un Français a à avoir avec un Lithuanien!
            Et je parle de différences de civilisations qui sont telles qu’elles expliquent en bonne partie non seulement les fractures du continent africain, mais également le destin des immigrés africains s’établissant dans les pays occidentaux. Parce que contrairement à l’Europe, l’Afrique n’a jamais vraiment soldé le conflit entre civilisations nomades et sédentaires. A cette opposition vient se greffer la lutte historique entre l’islam et les croyances animistes, ces dernières ayant été évincées durant la colonisation par le christianisme. Mais à vrai dire, il y a un quasi-recouvrement dans cette superposition: l’islam est la religion des tribus nomades, alors que le christianisme des colons demeure encore très présents chez les sédentaires animistes.

            Pardonnez-moi cette bien longue introduction, car selon moi, elle permet d’expliquer bien des comportements de la part des descendants d’Africains qu’on observe sur notre sol: le mode d’organisation nomade, combiné à une résurgence de l’islam, sont un frein puissant à l’intégration des familles immigrées issus de ces tribus, sans même parler de l’assimilation de leurs enfants. La preuve en est, le nombre d’activistes anti-racistes issus de pays sahéliens ayant les récriminations les plus dures à l’égard de la France, ou également le nombre de délinquants : en bons nomades, ils sont toujours pas sortis de leur une logique de prédation! Quant aux descendants d’Africains chrétiens ou animistes, qui sont sédentaires et donc plus proche de notre mentalité occidentales, j’aurais tendance à dire qu’ils s’acclimatent mieux en France, probablement dû au fait que nous avons en commun les références religieuses et le sens de l’effort, j’imagine…
            Ainsi, pour en revenir à la question des différences de civilisation évoquées plus haut, depuis la fin des années 60, les Français ont favorisé systématiquement l’installation en grand nombre d’immigrés maghrébins et sahéliens dans les banlieues. C’est un choix largement imposé par le patronat français, qui misait précisément sur l’inaptitude de ces populations à se sociabiliser avec les Français du cru, et donc à être syndiquées. Une fois de plus, la bourgeoisie française s’est avérée a été irresponsable, pour ne pas dire criminelle, car cette option a démultiplié les effets délétères du multiculturalisme: une véritable association de malfaiteurs…
            Toutefois, mon jugement doit être quelque peu pondéré par le degré d’éducation des immigrés: selon que ceux-ci qui aient été instruits, voire éduqués, ou qu’ils viennent de la « brousse », leurs enfants n’auront pas les mêmes chance de réussite ni même d’intégration.

            [Ma question porte en fait sur plusieurs points:
            – Avez-vous été personnellement et directement confronté à une attitude raciste?
            – Si oui, à quel type d’attitude avez-vous été confronté (moquerie, insulte, agression physique, discrimination)?
            – A quelle fréquence estimez-vous avoir été confronté au racisme?
            – Et enfin qui étaient les racistes auxquels vous avez éventuellement eu affaire (homme, femme, jeune, vieux, blancs européens, maghrébins…)?]

            Je vais tenter de vous répondre, et ce sera probablement dans le désordre…

            D’abord un préambule : pour moi, la notion même de racisme a changé : jadis, soit avant SOS-Racisme, le « Français raciste » était celui qui déniait sa dignité à une personne d’origine étrangère vivant sur le sol français, alors que celle-ci se pliait à l’obligation de vivre en France comme les Français. Aujourd’hui, le « Français raciste » est celui voudrait imposer cette même obligation à tous les étrangers et leurs descendants qui vivent sur notre sol…

            Ce point de définition réglé, le racisme est, selon moi, une question largement subjective, car elle varie très largement en fonction des “sensibilités”. Je suis né en France au début des années 70, et je pense avoir le cuir tanné, surtout comparé à nos “âmes sensibles” d’aujourd’hui (les anglo-saxons les qualifient de « snowflakes », “flocons de neige”: belle métaphore…). Je me trompe peut-être dans mon décompte, mais à vue de nez, je dirais que je pourrais compter sur les doigts de mes deux mains le nombre de situations au cours de ma vie où j’ai été victime d’un traitement vraiment « vexatoire » pour cause de peau noire. Certaines situations remontent à mon enfance, d’autres dans ma vie d’adulte, et ces « réactions racistes » étaient le fait de Français « bon teint » de tous âges et de toutes conditions. Je vous avoue que je suis quand même obligé de fouiller dans ma mémoire pour me remémorer ces événements: aucune agression physique, ni même de discrimination à l’embauche ou d’entrée en boîte de nuit; parfois, des insultes publiques ou des réflexions franchement tendancieuses. Quant aux plaisanteries racistes bien grasses, cela fait bien depuis le milieu des années 90 qu’on les a interdites à table, en même temps qu’on a mis le paquet sur les blagues sur les blondes: j’en viens presqu’à regretter les blagues racistes, c’est dire😬…

            J’embellis peut-être le décor, mais j’aurais tendance à penser que jusqu’au milieu des années 80, le racisme n’était pas le problème le plus important dans notre vie familiale, étant donné que la France de l’époque, une société où la pauvreté était marginale (ah, les années Giscard…), donnait du travail à mes parents et nous avions à notre disposition tout ce dont une famille avait besoin pour vivre, et même plus: soins de santé, école, services publics. A vrai dire, comme nous étions largement minoritaires dans la ville de banlieue parisienne où nous vivions alors, l’attitude des Français à l’époque était plutôt bienveillante: elle mêlait curiosité et désir d’exotisme… Donc, je dirais que nous étions plutôt bien traités, sans compter que nous n’étions pas censés rester en France, mais « revenir bientôt au pays », comme on disait à l’époque.

            Bizarrement c’est après l’avènement du FN et de sa Némésis SOS-Racisme, symbole du renoncement à l’assimilation, que la « lutte contre le racisme » est devenue une « question de société centrale», et une source infinie de ressentiments d’une partie des enfants d’immigrés envers les « Français de souche ». Dans un premier temps, bien que largement en désaccord sur le « droit à la différence » vanté par le mouvement, la cause anti-raciste me semblait légitime, jusqu’à la fameuse affaire dite « du voile de Creil » en 1989, où j’ai vraiment compris que les « anti-racistes » cherchaient à m’enrôler dans une guerre que je ne voulais mener, celle de la mise à mort de nos principes laïcs. Rétrospectivement, je crois que c’est à cette occasion que j’ai pris conscience à quel point le paternalisme de la gauche envers les descendants d’immigrés valaient bien, voire pouvait être pire que le racisme « bas du front » de « Dupont la Joie »…

            Pour terminer cette longue introspection, l’âge aidant, je suis bien plus choqué aujourd’hui par le racisme que dans le temps, mais pas au sens où on pourrait le penser: la condescendance et le paternalisme me blessent, ce sont les formes les plus sournoises du racisme, celles largement pratiquées par la gauche, qui démontre par là même son incapacité à concevoir ses propres concitoyens comme des égaux, un comble pour un camp qui prétend lutter pour…l’égalité!!!!

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Vous n’aimez pas l’expression d’« Afrique noire », désormais vieillie, mais elle reste bien plus pertinente que celle d’« Afrique subsaharienne », que je trouve impropre et trompeuse. Impropre car, en effet, les Maliens, les Sénégalais, les Burkinabés ou les Tchadiens sont « sahariens » et Noirs; et enfin trompeuse car l’adjectif « subsaharien » cache, selon moi, de grandes disparités de civilisations: par exemple, la tribu de mes parents a autant à voir avec celle du gang des Traoré, qui sont des Soninkés du Mali, qu’un Français a à avoir avec un Lithuanien!]

              Si vous me permettez d’intervenir, vous soulignez là je pense un point très important. Beaucoup de « blancs » ont une certaine tendance à voir les « noirs » comme s’ils formaient un groupe homogène, ayant une culture et une expérience historique commune. Ce n’est pas le cas, et comme vous le dites, entre les différentes tribus il y a des différences aussi grandes et des conflits aussi sanglants qu’entre les Français et les Allemands, pour ne donner qu’un exemple.

              Il est d’ailleurs notable comment les militants de la « cause noire » eux-mêmes font tout pour occulter cette différence, en parlant d’une « histoire noire », de « vies noires », en persistant à parler d’un autre noir en termes de « frère » et « sœur »…

              [Pour terminer cette longue introspection,]

              Merci en tout cas pour cette réponse qui, je dois le dire, réjoint très largement mon expérience d’immigré en France – même si je suis beaucoup moins « visible » que vous. Comme vous, j’ai ressenti le changement après SOS-Racisme, et en particulier l’injonction à « être fier d’être différent » alors que j’étais en fait plutôt fier d’être devenu pareil, et à me sentir « discriminé » ou « persécuté » alors que ça n’a jamais été le cas. J’ajoute que ces injonctions ne sont pas seulement une affaire intérieure : dans beaucoup de pays qui ont l’habitude de tourner leurs regards vers la France, le discours genre SOS-Racisme a fait des ravages. Lors d’un de mes – très rares – retours dans mon pays d’origine, j’ai été assiégé par des questions du genre « n’est pas que les Français sont xénophobes ? », « n’est ce pas que les étrangers ont du mal à vivre en France ? ». J’étais à chaque fois obligé de les détromper…

            • @ CVT,

              Je vous remercie de cette réponse détaillée et très intéressante.

              “et enfin trompeuse car l’adjectif « subsaharien » cache, selon moi, de grandes disparités de civilisations: par exemple, la tribu de mes parents a autant à voir avec celle du gang des Traoré, qui sont des Soninkés du Mali, qu’un Français a à avoir avec un Lithuanien!”
              Je vais peut-être vous étonner, mais je m’intéresse à l’histoire de l’Afrique. Je suis extrêmement conscient de la diversité des cultures africaines que vous soulignez, et de la complexité de cette histoire. Mais à notre époque, la complexité est de plus en plus niée au profit d’une vision manichéenne, victimiste et émotive de l’histoire. Comment par exemple faire entendre de nos jours que beaucoup de royaumes africains du littoral ont prospéré en vendant des esclaves aux marchands européens? Combien de “militants de la cause noire” sont aujourd’hui prêts à entendre que les ancêtres des noirs antillais et américains ont été vendus aux blancs par d’autres noirs, qui non seulement y trouvaient leur compte, mais qui s’enrichissaient de la traite? Quel membre du CRAN ou de la BAN (Brigade Anti-Négrophobie) est disposé à admettre que c’est la colonisation européenne qui a mis fin aux traites négrières (y compris à destination du monde musulman)?

              Seulement voilà: dans les banlieues de France (et d’ailleurs), les populations noires, déracinées, reléguées dans les “cités sensibles” tendent à se construire une identité fondée sur la misère et le ressentiment qu’ils ont développés ici, en laissant de côté la réalité de l’Afrique, ou en la fantasmant. Des universitaires comme François Durpaire ou Pap Ndiaye, soit-disant spécialistes de “la question noire”, sont les premiers à plaquer une grille de lecture “américaine” sur la réalité française. Ils traitent de la population noire en général, sans daigner prendre en compte la diversité que vous relevez (et en oubliant en plus qu’un Antillais noir, ce n’est pas du tout la même chose qu’un Africain noir).

              Mon expérience d’enseignant est que les élèves noirs qui s’en sortent le mieux, comme par hasard, portent généralement des prénoms européens (ou chrétiens, si on préfère). Les Africains de l’Ouest et du Sahel, musulmans, qui sont les plus nombreux, continuent généralement à vivre dans des structures familiales “comme au pays” et l’école n’a pas grande importance: ce sont les réseaux communautaires et familiaux qui assurent une place dans l’économie légale… ou illégale. Ah si, j’oubliais: ils rêvent tous d’être footballeurs professionnels. Ils ne sont pas les seuls, mais dans cette population le sport est souvent vu comme la voie principale pour être riche et reconnu.

              @ Descartes,

              “Beaucoup de « blancs » ont une certaine tendance à voir les « noirs » comme s’ils formaient un groupe homogène, ayant une culture et une expérience historique commune.”
              Je suis d’accord avec vous, mais je vous ferai remarquer que beaucoup de “noirs” font pareil avec les “blancs”: on parle de la “domination blanche” qui s’est traduite par la traite négrière et la colonisation, mais à ma connaissance les Polonais, les Hongrois, les Roumains, les Suisses ou les Finlandais n’ont jamais possédé de colonies ni participé au commerce triangulaire… Pourtant, ils sont bien blancs.

            • CVT dit :

              @N-E
              [Je vais peut-être vous étonner, mais je m’intéresse à l’histoire de l’Afrique. Je suis extrêmement conscient de la diversité des cultures africaines que vous soulignez, et de la complexité de cette histoire.]

              Dans ce cas, je vous félicite: vous devez être bien plus calé que moi!! En effet, je suis beaucoup plus interessé par l’histoire de France, et puis ensuite par celle du continent européen que par celle du continent africain😬!! Je suis bien incapable de discuter de ce qui a pu se passer avant la colonisation occidentale.

              [Comment par exemple faire entendre de nos jours que beaucoup de royaumes africains du littoral ont prospéré en vendant des esclaves aux marchands européens? Combien de “militants de la cause noire” sont aujourd’hui prêts à entendre que les ancêtres des noirs antillais et américains ont été vendus aux blancs par d’autres noirs, qui non seulement y trouvaient leur compte, mais qui s’enrichissaient de la traite? Quel membre du CRAN ou de la BAN (Brigade Anti-Négrophobie) est disposé à admettre que c’est la colonisation européenne qui a mis fin aux traites négrières (y compris à destination du monde musulman)?]

              Et bien j’en connais bien assez à mon goût sur l’histoire de ce continent pour savoir qu’il y a une règle intangible: l’aptitude des Noirs à vendre ou trahir leurs “frères”, et à toujours saboter les efforts de ceux qui pourraient les tirer vers le haut!! Sans même revenir à l’esclavage intra-africain, regardez ce qui est arrivé à des leaders politiques intègres comme Lumumba ou Sankara, ou encore à certains chefs indépendantistes ont été renversés une fois les colons français et britanniques partis…
              D’ailleurs, le comportement des militants “décoloniaux” (“colons africains en France”, en fait…) est exactement celui des satrapes qui dirigent leurs pays d’origine depuis les indépendances: ils sont vénals et compradores!!! Cette attitude est très probablement liée au tribalisme et explique, selon moi, pourquoi les pays africains sont si arriérés.
              Vous me direz que le règne des médiocres aussi en France, mais l’histoire a démontré, qu’à un moment donné, les plus aptes finissaient par s’imposer et à défendre l’intérêt général…

              [Seulement voilà: dans les banlieues de France (et d’ailleurs), les populations noires, déracinées, reléguées dans les “cités sensibles” tendent à se construire une identité fondée sur la misère et le ressentiment qu’ils ont développés ici, en laissant de côté la réalité de l’Afrique, ou en la fantasmant.]

              En gros, c’est assez proche de ce que disait l’essayiste Hervé Juvin: le “bloc bourgeois” nous soumet à une guerre entre des aliénés et des déracinés 👿: je vous laisse deviner qui sont les uns et les autres…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Et bien j’en connais bien assez à mon goût sur l’histoire de ce continent pour savoir qu’il y a une règle intangible: l’aptitude des Noirs à vendre ou trahir leurs “frères”, et à toujours saboter les efforts de ceux qui pourraient les tirer vers le haut !!! Sans même revenir à l’esclavage intra-africain, regardez ce qui est arrivé à des leaders politiques intègres comme Lumumba ou Sankara, ou encore à certains chefs indépendantistes ont été renversés une fois les colons français et britanniques partis…]

              Je n’aime pas trop cette idée raciste de « aptitude des Noirs… » même si je suis convaincu qu’ici les mots ont dépassé votre pensée. La question n’est pas tant la couleur de peau, que l’immaturité des structures sociales et politiques de l’Afrique. L’idée d’universalité – et d’unité ontologique du genre humain – ne s’est pas développé en un jour. L’idée de « nation » a mis des siècles à se développer dans le contexte particulier qui était celui de l’Europe, et qu’on a calqué après les indépendances sur des cultures qui n’avaient pas fait ce chemin historique. Lumumba ou Sankara ont essayé de « tirer vers le haut » leurs pays alors qu’il n’y avait pas derrière eux une nation, une citoyenneté qui puisse les supporter. Leur projet a naufragé sur l’écueil des luttes tribales et claniques.

              Dépasser le clan ou la tribu, imaginer que celui qui ne nous ressemble pas a des droits, cela n’a rien de naturel. Ce sont des siècles de construction civile et politique qui s’expriment dans ces idées.

            • BolchoKek dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [Des universitaires comme François Durpaire ou Pap Ndiaye, soit-disant spécialistes de “la question noire”, sont les premiers à plaquer une grille de lecture “américaine” sur la réalité française.]

              Un signe qui à mon avis ne trompe pas concernant le fait que cette grille de lecture soit importée des USA est l’importance donnée au commerce triangulaire par rapport à la colonisation du XIXe siècle, lorsqu’il s’agit de dresser la liste des griefs. Je pense qu’on peut y voir avant tout le reflet d’un certain militantisme afro-américain, qui n’a essentiellement rien à foutre des atrocités commises à Madagascar ou au Congo par exemple. Mais que le militantisme “noir africain” fasse une telle fixation sur l’esclavage est absurde quand on y réfléchit, et assez révélateur…

            • Descartes dit :

              @ BolchoKek

              [Mais que le militantisme “noir africain” fasse une telle fixation sur l’esclavage est absurde quand on y réfléchit, et assez révélateur…]

              Il y a beaucoup de paradoxes dans le fait que le militantisme « noir » se concentre sur l’esclavage. Pour moi, le plus remarquable est le rapport qu’entretiennent les noirs français venus des Antilles (qui sont en grande majorité des descendants d’esclaves) et les noirs africains installés sur notre territoire qui, eux, n’ont aucun rapport avec l’esclavage. Le deuxième groupe accusant le premier d’être « privilégiés » économiquement et socialement. Ce qui aboutit à la conclusion paradoxale que ceux qui sont passés par l’esclavage sont aujourd’hui mieux lotis que ceux qui sont restés « libres »…

            • CVT dit :

              @Descartes,
              [Je n’aime pas trop cette idée raciste de « aptitude des Noirs… » même si je suis convaincu qu’ici les mots ont dépassé votre pensée. ]

              J’ai toujours détesté l’ethno-masochisme, et dans ma vie personnelle, j’ai pu ressentir combien la haine de soi peut être auto-destructrice et saper l’envie de vivre.
              Pourtant, j’assume et je maintiens en partie ces propos: j’aurais peut-être dû plus précis et parler de “tribus noires africaine” ou encore d’ethnie, et non en tant que race (dédicace à tous les grognons: l’usage de ce mot, qui est dans notre constitution, ne me dérange absolument pas… ). Seulement étant donné le contexte de mon propos, je pensais que c’était clair…

              [La question n’est pas tant la couleur de peau, que l’immaturité des structures sociales et politiques de l’Afrique.]
              Sans compter que votre réponse apporte de l’eau à mon moulin: malgré près de 100 ans de colonisation française (130 pour l’Algérie), pourquoi cette immaturité (que je qualifierai justement d’inaptitude…) demeure dans les anciennes colonies africaines, et pas dans les pays de l’ex-Indochine, eux aussi colonisés par les Français ? Pourquoi ces derniers s’en sortent bien mieux, alors qu’ils ont subi des événements autant, voire plus tragiques que bien des pays africains?
              J’avoue ne pas avoir de réponse tranchée, sauf via des cas individuels de Français d’origine vietnamienne, cambodgienne ou laotienne, qui s’en sortent particulièrement bien chez nous: j’imagine que le confucianisme a joué un grand rôle dans leur vie…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Pourtant, j’assume et je maintiens en partie ces propos: j’aurais peut-être dû plus précis et parler de “tribus noires africaine” ou encore d’ethnie, et non en tant que race (dédicace à tous les grognons: l’usage de ce mot, qui est dans notre constitution, ne me dérange absolument pas… ).]

              Ce que je voulais souligner, c’est que le problème n’est pas dans les caractères « raciaux » ou « ethniques », autrement dit, dans un héritage « génétique », mais dans les structures sociales, familiales et politiques, autrement dit, dans l’héritage culturel. C’est d’ailleurs pourquoi les pays dont les gouvernements une fois l’indépendance acquise ont fait le choix de rejeter tout ce qui venait du colonisateur honni et d’invoquer un retour à une « authenticité » pré-coloniale ont ramené en fait leurs pays en arrière.

              [Sans compter que votre réponse apporte de l’eau à mon moulin : malgré près de 100 ans de colonisation française (130 pour l’Algérie), pourquoi cette immaturité (que je qualifierai justement d’inaptitude…) demeure dans les anciennes colonies africaines, et pas dans les pays de l’ex-Indochine, eux aussi colonisés par les Français ? Pourquoi ces derniers s’en sortent bien mieux, alors qu’ils ont subi des événements autant, voire plus tragiques que bien des pays africains ?]

              Parce que lorsque le colonisateur arrive en Indochine, il ne se trouve pas devant une civilisation « tribale » (sauf dans certaines contrées reculées du centre de la péninsule) mais au contraire devant une civilisation raffinée, qui connaît depuis longtemps l’écriture, avec une organisation politique complexe avec des rois puissants et une administration « moderne » pour l’époque. Lorsque les colonisateurs – européens ou arabes – arrivent en Afrique noire, ils trouvent des peuples qui ne connaissent pas l’écriture et qui vivent dans des structures tribales. On ne voit en Afrique noire aucun monument comparable aux temples d’Angkor ou aux palais de Hue, et toutes les langues africaines s’écrivent avec des caractères latins…

              [J’avoue ne pas avoir de réponse tranchée, sauf via des cas individuels de Français d’origine vietnamienne, cambodgienne ou laotienne, qui s’en sortent particulièrement bien chez nous: j’imagine que le confucianisme a joué un grand rôle dans leur vie…]

              Tout à fait. Mais qui est le « Confucius » de l’Afrique noire ?

    • Vincent dit :

      @CVT

      [pour la première fois de ma vie, je crois que j’ai honte d’être Noir. Et ce, parce que l’Etat a trahi sa mission de justice en s’agenouillant devant la frange la plus raciste, la plus “bête et méchante” des associations dites “anti-racistes” (lire “anti-blanches”).]

      Je vous avoue avoir été très étonné en lisant cette phrase. Mon premier réflexe a été de me demander si les tenants de l’intersectionnalité et autres concepts de racisés n’avaient pas un peu raison.

      Je m’explique :

      Quelle est la situation ? Pour caricaturer, nous sommes en France, avec une majorité de personnes qui ne cherchent qu’à gagner honnêtement et le plus correctement possible leur vie, à rester en bonne entente avec leur voisinage, et à ne pas avoir d’histoires ; et aussi des minorités violentes qui mettent le bordel, et n’en on rien à faire de l’entente avec le voisinage ou du respect des règles communes.

      Et comme vous le décrivez, nous avons une classe dirigeante qui s’agenouille devant les personnes violentes, en espérant les calmer pour qu’elles ne soient pas encore plus violentes. On peut citer les caïds de banlieue, mais aussi les roms, les blacks blocks, et j’en oublie certainement (on sait très bien que les gouvernements hésitent beaucoup avant toute mesure qui heurtera les motards, par exemple).

      Il se trouve que, ici, il s’agenouille devant une famille de caïds d’origine africaine. Bon.

      Et là dessus, votre réaction est d’avoir honte d’être noir… Pourtant, à ce que vous décrivez, vous n’avez jamais été un caïd, ni agressé des forces de l’ordre ou pourri la vie de vos voisins…
      Personnellement, je n’ai jamais eu honte d’être un français d’origine européenne issu des classes moyennes parisiennes, quand j’ai vu des groupes de la même classe casser tout ce qu’ils pouvaient à Paris, histoire de se faire des poussées d’adrénaline en jouant les durs (je pense à la sociologie typique des black block). En effet, je considère que je n’ai rien à voir avec ces gens là, même si je suis de la même région, avec les mêmes origines.

      Du coup, j’en viens à me demander dans quelle mesure les tenants des théories sur les racisés n’ont pas un peu raison, quand ils disent qu’on ne peut pas parler à la place de quelqu’un qui n’a pas la même origine, puisqu’on a pas le même vécu.

      Mais en y réfléchissant une seconde fois, je pense mieux comprendre ce que vous ressentez :

      Pour avoir vécu à l’étranger, je peux parfaitement m’imaginer ce que j’aurais ressenti si des groupes de français se permettaient de pourrir la vie des locaux et essayant de se placer comme des victimes. J’aurais effectivement un peu eu honte d’être français.

      [Durant le confinement, certains ont parlé d’un “juin 1940” sanitaire; mais là, après les propos tenus par le ministre de l’Intérieur Castaner et les palinodies du Garde des Sots Belloubet, on peut aussi parler d’un “juin 1940”]

      Je ne sais pas si c’est ce que vous vouliez dire, mais la comparaison me semble très appropriée.
      Si en Mai et Juin 1940, l’armée a été écrasée par la machine de guerre allemande, cela a débouché, en Juin 1940, sur toute une série de choses qui auraient du demeurer impossible en République :
      – vote des pleins pouvoirs, et donc l’Assemblée Nationale qui décide de remettre le pouvoir qui lui avait été confié à quelqu’un d’autre,
      – arrestation des députés qui voulaient continuer la guerre (des députés arrêtés en raison de leur opinion, donc),
      – les magistrats et préfets qui doivent prêter serment à un individu,
      – etc.
      Bref, une déliquescence de l’Etat. C’est un peu ce qu’on constate ici, certes à un moindre degré ; mais aussi avec moins d’excuses.

      [Comme l’Etat peut-il quémander les bonnes grâces d’une bande de gangsters, au seul motif que ceux-ci sont noirs de peau?]

      Si cela peut vous rassurer, la couleur de peau ne joue pas tellement, à mon avis.
      Léonarda n’était pas noire.
      Les Roms qui ont coupé des autoroutes il y a quelques années n’étaient pas noirs.
      Les manifestants qui ont saccagé l’Arc de Triomphe en Décembre 2018 n’étaient pas noirs.
      Et on pourrait certainement en citer beaucoup d’autres.

      Ils quémandent les bonnes grâce d’une bande de gangsters, au motif que ceux ci ont le pouvoir de mettre vraiment le bordel.

      [désormais, grâce à l’”anti-racisme”, il suffit simplement d’être un caïd des cités, ou de brûler des bibliothèques et des écoles (mais bizarrement, pas la CAF ou les bureaux de poste: on ne touche au grisbi…), ou encore de harceler policiers et pompiers pour l’Etat cède à vos caprices et renonce même à sa mission première, le maintien de l’ordre!]

      Là encore, je pense que l’anti-racisme, s’il a certainement des torts n’est sans doute pas le responsable de ce que vous décrivez…

      Pour moi, c’est la double peine. D’un côté, des gens comme moi sont maltraités par l’Etat précisément parce qu’ils respectent la loi, alors que ce dernier est complaisant, voire obséquieux envers la racaille de banlieue: j’ai très mal digéré le caractère vexatoire des amendes durant le confinement, alors que les “cités” continuaient leurs rassemblements comme si de rien n’était.

      [Et d’autre côté, parce que je suis Noir, l’Etat et une bonne partie de la société bien-pensante m’infantilisent en me mettent dans le même panier de crabes que ces associations victimaires dites “anti-racistes” (CRAN, SOS-Racisme, Indignes de la République, Ligue de défense noire africaine);]

      C’est une réaction que je trouve extrèmement saine. Et, même si vous le le formulez pas ainsi, je me permets de noter que cela montre, en réalité, un réel racisme de la part de la “société bien-pensante”. Ils considèrent implicitement que les noirs, ce sont un peu comme des enfants, qu’il faut prendre par la main pour les aider à s’en sortir…

      Elle me rappelle une discussion que j’avais eue avec un jeune Ethiopien il y à 12 ans. Alors que j’avais un Dimanche à tuer à Adis-Abeba, il m’avait accompagné pendant quelques heures car ça lui faisait plaisir de discuter avec un européen.
      Il m’avait parlé longuement, et avec fierté, de l’histoire de l’Ethiopie. Et il m’avait expliqué que le drame de l’Ethiopie, c’était quand, au début des années 1990, à l’occasion d’une famine assez localisée dans une région du pays, l’Ethiopie avait fait la une de tous les JT mondiaux pendant 2 semaines.
      Et, selon lui, à cause de cela, l’Ethiopie avait dans tous les pays du Monde l’image d’un pauvre pays qui avait besoin de l’aide de la communauté internationale pour pouvoir s’en sortir, pour ne pas mourir de faim.
      Alors que, pour lui, au contraire, l’Ethiopie n’avait besoin de l’aide ni de la sollicitude de personne, et allait s’en sortir toute seule sans avoir besoin de quémander quoi que ce soit.

      [J’ai dit plus haut qu’ils étaient bêtes et méchants, et je crois que la raison en est assez évidente: ils sont bêtes car comment ces gens espèrent-ils arriver à la concorde et à la justice, en insultant et en accablant systématiquement les Blancs CHEZ EUX?]

      Je suis ici en désaccord clair avec vous. Pas sur le “méchant” (un qualificatif que je n’aime pas utiliser, car il est trop subjectif). Mais sur le “bête”.

      Les deux raisons de mon désaccord :
      1°) Rien ne dit que les objectifs de ces gens sont réellement d’arriver à la concorde et la justice… Je crois que c’est même exactement l’inverse.
      2°) Ils ont en revanche une très bonne raison d’agir ainsi : plus ils sont menaçants, plus l’Etat et les collectivités feront ce qu’ils ont toujours fait, c’est à dire allonger de l’argent pour les calmer (via des associations, postes de médiateurs, etc.)

      • Descartes dit :

        @ Vincent

        [Et comme vous le décrivez, nous avons une classe dirigeante qui s’agenouille devant les personnes violentes, en espérant les calmer pour qu’elles ne soient pas encore plus violentes. On peut citer les caïds de banlieue, mais aussi les roms, les blacks blocks, et j’en oublie certainement (on sait très bien que les gouvernements hésitent beaucoup avant toute mesure qui heurtera les motards, par exemple).]

        Vous posez ici un problème très intéressant. Je le formulerais ainsi : pourquoi les gouvernements successifs ont tellement peur d’utiliser la violence légitime dont l’Etat est en principe le seul détenteur ? A cette question très compliquée, je proposerais une réponse : cela tient à la nature du « bloc dominant ». La bourgeoisie classique assumait son rôle de classe dominante et n’hésitait pas à utiliser la violence dès lors que son ordre était menacé. Aujourd’hui, le « bloc dominant » est constitué majoritairement des classes intermédiaires, un groupe social qui tout en étant dominant se conçoit lui-même comme dominé. Ou pour le dire autrement, les classes intermédiaires soutiennent dans les faits un ordre politique, social et économique qu’elles condamnent dans les mots.

        On se situe donc dans une contradiction intéressante : les classes intermédiaires veulent que l’Etat défende leur ordre, mais jettent des cocktails molotov sur ceux-là même qui sont chargés de faire. Elle s’indigne lorsqu’on arrête un voleur de scooter, et s’indigne lorsque son scooter est volé. Le voleur et le volé sont tous deux des victimes de la société. Comment dans ces conditions envoyer la maréchaussée sur qui que ce soit ?

        [Du coup, j’en viens à me demander dans quelle mesure les tenants des théories sur les racisés n’ont pas un peu raison, quand ils disent qu’on ne peut pas parler à la place de quelqu’un qui n’a pas la même origine, puisqu’on n’a pas le même vécu.]

        La question évidente qui apparaît ici est : qu’est ce qui vous permet de dire que les gens qui ont « la même origine » ont « le même vécu » ? Le « vécu » d’un milliardaire noir est-il plus proche de celui du manœuvre noir que de celui du milliardaire blanc ou jaune ? C’est là pour moi le fond de l’affaire : notre « vécu » est-il d’abord déterminé par notre couleur de peau ? Je ne le crois pas un instant.

        [Je ne sais pas si c’est ce que vous vouliez dire, mais la comparaison me semble très appropriée.
        Si en Mai et Juin 1940, l’armée a été écrasée par la machine de guerre allemande, cela a débouché, en Juin 1940, sur toute une série de choses qui auraient dû demeurer impossible en République :
        – vote des pleins pouvoirs, et donc l’Assemblée Nationale qui décide de remettre le pouvoir qui lui avait été confié à quelqu’un d’autre,
        – arrestation des députés qui voulaient continuer la guerre (des députés arrêtés en raison de leur opinion, donc),
        – les magistrats et préfets qui doivent prêter serment à un individu,
        – etc.
        Bref, une déliquescence de l’Etat. C’est un peu ce qu’on constate ici, certes à un moindre degré ; mais aussi avec moins d’excuses.]

        Ne faudrait tout de même pas exagérer. Où avez-vous vu un « vote des pleins pouvoirs » ? Ou voyez-vous magistrats et préfets prêtant serment à un individu ? Où voyez-vous l’arrestation des députés en raison de leur opinion ? La comparaison avec juillet (et non juin) 1940 est une absurdité : tout au long de cette crise les pouvoirs publics ont fonctionné normalement et la presse a été libre. Le régime d’urgence sanitaire vise moins à limiter les libertés qu’à permettre aux autorités de réagir rapidement aux incertitudes de l’épidémie.

        • Vincent dit :

          [[Du coup, j’en viens à me demander dans quelle mesure les tenants des théories sur les racisés n’ont pas un peu raison, quand ils disent qu’on ne peut pas parler à la place de quelqu’un qui n’a pas la même origine, puisqu’on n’a pas le même vécu.]]

          [La question évidente qui apparaît ici est : qu’est ce qui vous permet de dire que les gens qui ont « la même origine » ont « le même vécu » ? ]

          Je n’ai jamais écrit ça. J’ai au contraire écrit qu’on pouvait se demander si des personnes ayant des origines différentes pouvaient avoir un vécu similaire.
          Je n’ai naturellement jamais évoqué la réciproque.

          Il n’y a que les plus crétins des communautaristes pour considérer que la voix d’un riche parisien représente le ressenti d’un provincial ou banlieusard sans moyens, pour peu qu’ils partagent la même religion ou la même couleur de peau….

          • Descartes dit :

            @ Vincent

            [« La question évidente qui apparaît ici est : qu’est ce qui vous permet de dire que les gens qui ont « la même origine » ont « le même vécu » ? » Je n’ai jamais écrit ça.]

            Implicitement, oui. Vous avez fait référence aux « théories des racisés ». Il est vrai que vous avez explicitement fait référence au volet de cette théorie qui refuse aux « blancs » la possibilité de parler des malheurs des « noirs ». Mais cette théorie a un autre volet : celui qui veut qu’il y a une communauté de « vécu » qui permet à chaque noir de parler au nom des « noirs ». Vous noterez d’ailleurs que souvent ces gens parlent de « nous les noirs » alors qu’ils n’ont à ma connaissance aucun mandat des autres noirs pour le faire.

            [Il n’y a que les plus crétins des communautaristes pour considérer que la voix d’un riche parisien représente le ressenti d’un provincial ou banlieusard sans moyens, pour peu qu’ils partagent la même religion ou la même couleur de peau….]

            Malheureusement, ce genre de crétin est fort représenté, y compris dans les couloirs du pouvoir…

        • yoann dit :

          [Le voleur et le volé sont tous deux des victimes de la société.]

          C’est pas une question de sur qui envoyé la maréchaussée, mais une question d’éliminer le vol de la société. Soit on considère que la maréchaussée par son action réduit la criminalité, soit on considère que ce sont des facteurs sociaux complexes qui poussent les gens dans la criminalité (je rajouterais la drogue à la liste des maux). On a des expériences dans d’autres pays qui montrent que la répression n’est pas forcément gage d’une diminution de la criminalité, voir l’opposé (sans prendre la peine de chercher jusqu’au USA, la lecture d’un rapport Français sur les prisons montre que la prison n’est pas aussi efficace que les peines alternatives pour réduire la délinquances).

          Quant aux flics (hormis ceux en haut de l’échelle syndicale) ils ont conscience pour beaucoup d’entre eux que le lien avec la population est important, et permet d’agir AVEC légitimité.

          Le rapport de Ruffin sur l’interdiction du plaque ventrale (texte de loi) est très sympa, car il parle un peu du Danemark et de sa police. Pour faire simple on met dans la tête de nos policier ‘force à la loi’, la ou au Danemark l’accent est mis sur la relation avec les citoyens… Pas question de jouer au cowboy !

          • Descartes dit :

            @ yoann

            [« Le voleur et le volé sont tous deux des victimes de la société. » Ce n’est pas une question de sur qui envoyé la maréchaussée, mais une question d’éliminer le vol de la société.]

            Vous devriez lire « orange mécanique » d’Anthony Burgess. Un individu qui n’a pas le choix de mal se conduire est-il encore libre ?

            [Soit on considère que la maréchaussée par son action réduit la criminalité, soit on considère que ce sont des facteurs sociaux complexes qui poussent les gens dans la criminalité (je rajouterais la drogue à la liste des maux).]

            Je trouve assez révélateur que vous ne preniez en compte que les « facteurs sociaux complexes » mais faites l’impasse sur les « facteurs individuels complexes ». Le vol n’est pas une invention sociale. C’est un réflexe si naturel que même les animaux l’ont : pourquoi se crever le cul à chasser une proie si vous pouvez piquer une partie de la proie chassée par quelqu’un d’autre ? Pourquoi se fatiguer à nager si on peut avancer en se collant à un poisson plus gros qui fait l’effort pour vous ? La loi de la nature est la loi du moindre effort, et le parasitisme est un comportement tout à fait commun.

            Ce n’est pas la société qui pousse les gens au vol. C’est tout le contraire : c’est le vol qui est naturel, et la société qui, en internalisant la notion de propriété et en exerçant la répression sur ceux qui n’ont pas internalisé le concept, qui empêche ou du moins limite la généralisation du vol.

            [On a des expériences dans d’autres pays qui montrent que la répression n’est pas forcément gage d’une diminution de la criminalité, voir l’opposé (sans prendre la peine de chercher jusqu’au USA, la lecture d’un rapport Français sur les prisons montre que la prison n’est pas aussi efficace que les peines alternatives pour réduire la délinquances).]

            Pardon, mais on n’a aucune « expérience » qui montre pareille chose. J’ai l’impression que vous réduisez le concept de « répression » à la police ou la prison. Mais les sociétés ont d’autres moyens pour punir le voleur qui sont tout aussi efficaces. Il y a des communautés ou le voleur n’est pas emprisonné, mais il est mis au ban de la communauté, privé de tout contact, de toute solidarité. Croyez-moi, cela peut être bien plus efficace que la prison… et c’est de la « répression » quand même.

            Franchement, s’il n’y avait aucun moyen de répression, en d’autres termes, si le fait de voler n’entraînait pour vous aucune conséquence négative, qu’est-ce qui vous empêcherait de voler ?

            [Quant aux flics (hormis ceux en haut de l’échelle syndicale) ils ont conscience pour beaucoup d’entre eux que le lien avec la population est important, et permet d’agir AVEC légitimité.]

            Vous voulez dire que les gens qui vivent du trafic de drogue jugeraient que l’intervention de la police est « légitime » dès lors que la police soignerait le lien avec la population ? Je pense que vous flottez en plein irénisme…

            [Le rapport de Ruffin sur l’interdiction du plaque ventrale (texte de loi) est très sympa, car il parle un peu du Danemark et de sa police. Pour faire simple on met dans la tête de nos policier ‘force à la loi’, la ou au Danemark l’accent est mis sur la relation avec les citoyens… Pas question de jouer au cowboy !]

            Sauf qu’au Danemark les gens vivent dans des petites communautés ou tout le monde connaît tout le monde, et que ces communautés exercent un contrôle de fer sur ce que font les autres. Ayez un comportement que la communauté juge inapproprié – même s’il est légal – et votre voisin vous dénoncera et vous serez mis au ban de la communauté. Vous ne pourrez plus vous inscrire à un club, à une association parce que pour cela vous avez besoin d’un « parrain », et personne ne voudra vous parrainer. Vous savez, j’ai vécu quelques années en Angleterre, et au début j’étais émerveillé par ces Bobbies qui pouvaient faire la police sans armes. Quand j’ai rencontré les commères de mon village, j’ai compris pourquoi : ils n’ont pas besoin de réprimer, c’est la communauté qui s’en occupe.

            Alors le Ruffin, il est très sympa. Mais il devrait se souvenir que les premières victimes du vol, du vandalisme, du trafic de drogue ne sont pas les bourgeois, mais ceux-là même qui vivent dans les quartiers populaires et qui se font pourrir la vie par les petits délinquants comme les frères Traoré. Je ne suis pas persuadé que l’interdiction du placage ventral améliore beaucoup leur situation.

            • yoann dit :

              [Ce n’est pas la société qui pousse les gens au vol. C’est tout le contraire : c’est le vol qui est naturel, et la société qui, en internalisant la notion de propriété et en exerçant la répression sur ceux qui n’ont pas internalisé le concept, qui empêche ou du moins limite la généralisation du vol.]

              J’avoue ne pas avoir vu la chose sous cet aspect. Mais on reste un animal sociale, donc je ne sais pas si le vol est si naturel que ça.

              [Pardon, mais on n’a aucune « expérience » qui montre pareille chose.]

              La Norvège contre les USA ?

              Mais oui en effet c’est peut être plus un discours contre la prison pour les délinquants qu’un discours sur la répression en général. Mais je pense que avant la mise en ban de la société il faut mettre en oeuvre les moyens d’une intégration dans celle-ci (qui ne s’arrête pas à la fin de l’école, et libre d’accès pour tous).

              [Vous voulez dire que les gens qui vivent du trafic de drogue jugeraient que l’intervention de la police est « légitime » dès lors que la police soignerait le lien avec la population ?]

              Plutôt que les populations qui ne baignent pas dans le milieu ne s’oppose pas en principe ou de fait à l’action de la police, ce qui est un peu le cas aujourd’hui. Car une partie d’eux aussi s’oppose à la police, et ça en dit long je trouve.

              [par les petits délinquants comme les frères Traoré]

              Un des frères est en prison pour des affaires très sérieuses. Les autres pour comportement émeutier suite au décès d’Adama. Donc soyons claire : si on utilise l’argument du “les méchants délinquants Traoré”, il faut dire la même chose pour les gilets jaunes condamné à de la prison (après tout quand ils brûlaient pas un kiosque à journaux ils pratiquaient à minima la manifestation illégale, le jet occasionnelle de pierre sur CRS, le refus de dispersion, les insultes à des agents de polices et j’en passe).

              [Je ne suis pas persuadé que l’interdiction du placage ventral améliore beaucoup leur situation.]

              Pour être honnête moi non plus. J’avoue que je préfèrerais me faire plaquer qu’être électrocuté, et un ami qui a vécu deux plaquage ventraux me dit la même chose.

              Le rapport de Ruffin est super sur ce sujet :

              – Il conclue que le plaque le pose aucun problème, mais il ne doit servir que le temps de mettre les menottes (ce qui est pas tout le temps le cas).

              – Il est trop peu enseigné (1 an de formation, 2 pour les commissaires… Au Danemark c’est 3 ans pour être policier, et il n’y a aucun concours externe pour les postes d’officiers donc ils viennent tous du terrain).

              – La moitié des policiers ne font pas la seule “formation” obligatoire par an : tirer 3 balles…

            • Descartes dit :

              @ yoann

              [« Ce n’est pas la société qui pousse les gens au vol. C’est tout le contraire : c’est le vol qui est naturel, et la société qui, en internalisant la notion de propriété et en exerçant la répression sur ceux qui n’ont pas internalisé le concept, qui empêche ou du moins limite la généralisation du vol. » J’avoue ne pas avoir vu la chose sous cet aspect. Mais on reste un animal social, donc je ne sais pas si le vol est si naturel que ça.]

              Bien entendu, mon commentaire était métaphorique : le vol ne peut être défini que par rapport au concept de propriété, qui est comme tout concept une création humaine. Quand un ours expulse un autre ours de sa tanière pour la simple raison qu’il est le plus fort, commet-il un « vol » ? Quand un vautour profite de l’inattention du lion pour emporter un morceau de la proie qu’il vient de chasser, commet-il un « vol » ? Une telle qualification suppose que nous considérions que le premier ours était « propriétaire » de sa tanière, que la proie est « propriété » du lion qui l’a chassée. Et si l’homme a cette notion de « propriété », c’est parce qu’il est sorti de la logique animale du fait accompli : chez nous, ce n’est pas la force physique ou la ruse qui vous donnent des droits.

              Mais nous avons toujours en nous des instincts animaux. La tentation d’abuser de sa force ou de s’approprier par la ruse est toujours présente. C’est en ce sens qu’on peut dire que le « vol » est inscrit dans notre nature, alors que sa répression est un acte social.

              [« Pardon, mais on n’a aucune « expérience » qui montre pareille chose. » La Norvège contre les USA ?]

              La Russie stalinienne contre l’Amérique de la prohibition semble un bon contre-exemple. Il ne vous aura pas échappé qu’entre les sociétés norvégienne et étatsunienne il y a des différences bien plus fondamentales que le choix de politique pénale. Comment savez-vous que la faible criminalité est liée à ces choix plutôt qu’aux autres éléments ?

              [Mais oui en effet c’est peut-être plus un discours contre la prison pour les délinquants qu’un discours sur la répression en général. Mais je pense qu’avant la mise en ban de la société il faut mettre en oeuvre les moyens d’une intégration dans celle-ci (qui ne s’arrête pas à la fin de l’école, et libre d’accès pour tous).]

              Quand vous avez le choix entre gagner honnêtement un salaire ou toucher dix fois plus en trafiquant du cannabis, vous aurez toujours des gens qui feront le deuxième choix. Et ce n’est pas en leur offrant une « intégration dans la société » que vous allez changer leur choix.

              [« Vous voulez dire que les gens qui vivent du trafic de drogue jugeraient que l’intervention de la police est « légitime » dès lors que la police soignerait le lien avec la population ? » Plutôt que les populations qui ne baignent pas dans le milieu ne s’oppose pas en principe ou de fait à l’action de la police, ce qui est un peu le cas aujourd’hui. Car une partie d’eux aussi s’oppose à la police, et ça en dit long je trouve.]

              En bon matérialiste, cela me conduirait plutôt à me demander pourquoi ces populations ont intérêt à gêner l’action de la police et à protéger les délinquants. Car c’est exactement ce qui se passe dans beaucoup de « cités » et autres « quartiers sensibles ». Et la raison est très simple : l’économie « grise » irrigue ces quartiers. Bien sûr, tout le monde ne participe pas au trafic de stupéfiants. Mais entre ceux qui achètent à des pris imbattables des marchandises « tombées du camion », ceux qui recèlent vendent du matériel volé, ceux qui fraudent le fisc, l’Assedic, la Sécurité sociale ou les Allocations, ceux qui utilisent des faux papiers, ça finit par faire un paquet. Sans compter que les trafiquants dépensent l’argent gagné et font donc vivre le commerce local…

              C’est l’économie « grise » qui alimente puissamment le rejet des services régaliens de l’Etat, et d’abord et surtout de la police. Tout le discours sur le racisme, les contrôles au faciès et autres ne sont que des prétextes. Le cœur du problème se situe, comme toujours, dans les rapports économiques.

              [Un des frères est en prison pour des affaires très sérieuses. Les autres pour comportement émeutier suite au décès d’Adama. Donc soyons claire : si on utilise l’argument du “les méchants délinquants Traoré”, il faut dire la même chose pour les gilets jaunes condamné à de la prison (après tout quand ils ne brûlaient pas un kiosque à journaux ils pratiquaient à minima la manifestation illégale, le jet occasionnel de pierre sur CRS, le refus de dispersion, les insultes à des agents de polices et j’en passe).]

              Personnellement, je n’ai guère de sympathie pour les Gilets Jaunes lorsqu’ils brûlent un kiosque à journaux, jettent des pierres sur les CRS, dégradent les monuments ou les équipements publics, et je trouve normal qu’ils soient arrêtés, traduits en justice et condamnés (la question de la « manifestation illégale » est plus complexe, parce que le choix de déclarer une manifestation illégale ou non est un acte subjectif du pouvoir exécutif, et à ce titre sa légitimité peut être contestée).

              Pour moi l’usage de la force par la police doit toujours être proportionné. Mais cette proportionnalité doit s’apprécier en se mettant à la place du policier et en tenant compte des informations dont il dispose et du temps qu’il a pour réagir, et non en tant qu’observateur extérieur et omniscient. On ne peut juger celui qui use de violence contre une personne qui fuit la police, qui résiste violemment l’interpellation, et qui a des antécédents criminels de la même manière que celui qui use de violence pour arrêter un petit vieux qui a volé une pomme à l’étalage.

              [Le rapport de Ruffin est super sur ce sujet :]

              Bof. Franchement, je trouve qu’il regarde le problème par le petit bout de la lorgnette : l’essentiel est consacré à la « violence policière » au cours des manifestations, oubliant que cet aspect n’est qu’un élément secondaire dans la vie d’un policier. En plus, il cherche les problèmes à l’intérieur de l’institution policière sans noter que dans les quartiers il n’y a pas que les policiers qui se font caillasser ou attaquer : les pompiers, les agents de l’Etat, les médecins subissent le même sort. Il y a donc un problème systémique qui dépasse de très loin l’institution policière.

              [– Il conclue que le plaque le pose aucun problème, mais il ne doit servir que le temps de mettre les menottes (ce qui n’est pas tout le temps le cas).]

              Il ne « conclue » rien de tel, et on voit mal d’ailleurs comment il pourrait le faire, n’ayant aucune expérience dans la matière. Il se contente de citer un expert.

              [– Il est trop peu enseigné (1 an de formation, 2 pour les commissaires… Au Danemark c’est 3 ans pour être policier, et il n’y a aucun concours externe pour les postes d’officiers donc ils viennent tous du terrain).]

              Oui, je sais, l’herbe est toujours plus verte de l’autre côté de la barrière. Juste par curiosité… quel est le taux de population d’origine immigrée, au Danemark ? Parce que, voyez-vous, j’ai l’impression qu’on ne demande pas au policier danois tout à fait les mêmes services qu’au policier français, et qu’il n’est pas soumis aux mêmes contraintes. Cela explique peut-être aussi les différences de perception que Ruffin souligne…

      • CVT dit :

        @Vincent,
        [Du coup, j’en viens à me demander dans quelle mesure les tenants des théories sur les racisés n’ont pas un peu raison, quand ils disent qu’on ne peut pas parler à la place de quelqu’un qui n’a pas la même origine, puisqu’on a pas le même vécu.

        Mais en y réfléchissant une seconde fois, je pense mieux comprendre ce que vous ressentez :

        Pour avoir vécu à l’étranger, je peux parfaitement m’imaginer ce que j’aurais ressenti si des groupes de français se permettaient de pourrir la vie des locaux et essayant de se placer comme des victimes. J’aurais effectivement un peu eu honte d’être français.]

        Et bien je vais faire un autre aveu: habituellement, je ne réfléchis JAMAIS en tant que Noir, mais en tant qu’INDIVIDU. En un mot comme en cent, dans les affaires de la cité, je me fiche d’être Noir! C’est une attitude mal comprise par bien de mes “frères” de peau…
        C’est justement parce que je récuse l’argument des “pairs” (i.e. argument du type “en tant que noir”, “en tant que femme”, en “tant que bi-sexuel arabe”, etc…) que je suis scandalisé par les discours “anti-racistes” : nous ne sommes pas dans une logique de classe d’équivalence, comme on disait en mathématiques; par conséquent, l’expérience d’une personne n’est donc jamais vraiment substituable à une autre…

        En fait, la vraie raison de ma “honte”, c’est que ces associations “racistes” (non aux notions de “racialisme” ou de “racisé”: encore une fois, un raciste peut être Noir…) donnent une très mauvaise image des Noirs. Elles sont pour moi l’incarnation des pires clichés que les gens se font d’eux: paresseux, infantiles et peu intelligents (la ruse n’étant pas forcément un signe d’intelligence…), en gros parasites. Et quand bien même je ne me conforme absolument à cette image, je ne pourrai jamais empêcher un nombre croissant de mes concitoyens de penser que ce n’est pas le cas, particulièrement dans un monde où l’image et l’émotion règnent. Tout le monde n’est pas raisonnable comme vous😢…

        Selon moi, il faudrait a minima arrêter de subventionner ces associations toxiques car leur discours délétère génère de la méfiance, poison sournois qui grippe toute notre société. Elles ne servent absolument pas l’intérêt général et pire, certaines d’entre elles appellent carrément à la sédition; dans ce dernier cas, il faudrait alors avoir recours à la dissolution. Sans remonter aux ligues des années 30, cela a été mis en pratique récemment en 2006 à l’encontre de la “Tribu K”, association fondée par le militant raciste noir Kémi Séba et dissoute pour sédition…

    • Vincent dit :

      @CVT
      [le problème, c’est que j’exècre ces gens-là et je les considère comme mes pires ennemis, bien plus que n’importe quel mouvement d’extrême-droite : ce sont des fauteurs de guerre!]

      Je voulais aussi rebondir sur cette phrase, pour dire que, ici, je vous comprends à 100%

      Ces gens poussent effectivement de toutes leurs forces à la guerre civile, en cherchant à monter les noirs contre les blancs. S’ils y arrivaient, ils vous mettraient, vous et tous ceux qui sont comme vous, dans une situation impossible. Votre peau serait d’un coté, et votre cœur de l’autre.

      Mais heureusement, je ne crois pas une seconde que la situation puisse dégénérer à ce point en France. Ne serait ce que parceque je suis convaincu qu’une majorité assez large des “minorités visibles” se rangeront, comme vous, du côté de la majorité silencieuse.

      • Descartes dit :

        @ Vincent

        [Ces gens poussent effectivement de toutes leurs forces à la guerre civile, en cherchant à monter les noirs contre les blancs. S’ils y arrivaient, ils vous mettraient, vous et tous ceux qui sont comme vous, dans une situation impossible. Votre peau serait d’un coté, et votre cœur de l’autre.]

        Tout à fait d’accord. On a d’ailleurs vu une illustration parfaite avec cette activiste criant « vendu, vendu » à un policier noir. Mais je ne pense pas que le but de ces gens soit vraiment la guerre civile. C’est plutôt une question de pouvoir. Leur but est de créer une « communauté noire » dont ils seront naturellement les dirigeants et les uniques représentants. Et pour souder une communauté et lui imposer un sauveur, on n’a pas trouvé de meilleure technique que d’exploiter le réflexe de « forteresse assiégée » en désignant un ennemi multiforme et omniprésent. C’est pourquoi ces gens ne peuvent se contenter de l’idée qu’il y ait dans notre société des individus racistes, mais il leur faut un « racisme systémique » pour imposer l’idée que les noirs auraient besoin d’une garde prétorienne (les mots « ligue de défense » ne vous disent rien ?).

        [Mais heureusement, je ne crois pas une seconde que la situation puisse dégénérer à ce point en France. Ne serait-ce que parce que je suis convaincu qu’une majorité assez large des “minorités visibles” se rangeront, comme vous, du côté de la majorité silencieuse.]

        C’est ma conviction aussi. L’expérience l’expérience de SOS-Racisme l’a bien montré que l’idéologie « anti-raciste » sert plus à mobiliser une certaine gauche qu’à défendre les intérêts des minorités concernées…

        • CVT dit :

          @Descartes,
          [Tout à fait d’accord. On a d’ailleurs vu une illustration parfaite avec cette activiste criant « vendu, vendu » à un policier noir. ]
          Alors que pensez-vous de l’attitude de Mme Omar Sy?
          https://twitter.com/FallaitPasSuppr/status/1270987740432261121?s=20

          Ce bon vieux paternalisme petit-bourgeois a la peau…dure: sous prétexte qu’elle a épousé un Noir, elle se sent en devoir d’expliquer à un fonctionnaire français qui est…Noir comment il doit se comporter face à d’autres noirs. Ecoeurant, particulièrement venant d’une “française” vivant à Los Angeles qui se dit “Citizen of the World”…

          [Mais je ne pense pas que le but de ces gens soit vraiment la guerre civile. ]
          Pour moi, parler de guerre civile serait un abus de langage: je dénie à ces gens-là la qualité de citoyen, vu que leurs allégeances sont toujours extérieures à la France, qu’ils refusent nos moeurs et qu’ils veulent même attenter à nos symboles nationaux!! Ces militants refusent d’être Français, ils veulent seulement occuper notre sol pour y importer leurs moeurs claniques et rétrogrades, tout en profitant des bienfaits d’une civilisation qu’ils veulent détruire. En biologie comme en économie, cela s’appelle du parasitisme.
          On pourrait, à l’extrême rigueur, parler de guerre tribale, comme en Afrique…

          [ C’est plutôt une question de pouvoir. Leur but est de créer une « communauté noire » dont ils seront naturellement les dirigeants et les uniques représentants.]
          D’ailleurs, en voyant ces gens-là, ma mère dit souvent qu’elle refuse de toutes ses forces ce qu’elle appelle “l’Afrique en France”. Elle pose la question suivante: “dans quel interêt j’ai quitté mon pays d’origine si c’est pour retrouver en France ce que j’ai laissé là-bas? J’aurais mieux fait de rester…”.
          Ces militants noirs ont exactement le même comportement que les potentats africains qui ont fait échouer la décolonisation, causant ainsi l’exode massif vers l’Occident des populations africaines.
          Dès lors, je peine à comprendre pourquoi ce qui a échoué en Afrique, à savoir bâtir une société prospère, réussirait en reconstituant des colonies sur le sol français: je suis scandalisé par un afflux massif d’immigré africains instrumentalisés par le “bloc bourgeois”, sous prétexte d’humanitarisme, contre les Français, et plus généralement contre les systèmes de protections sociaux européens…

          • Descartes dit :

            @ CVT

            [Alors que pensez-vous de l’attitude de Mme Omar Sy? (…)]

            Je reproduis le texte du « tweet » avant qu’il disparaisse : « ils ont fait de vs le porte-parole noir de la police qui va se faire ts les médias afin de les déculpabiliser. C’est dommage. Surtout si vs êtes un policier qui fait bien son travail et qui devrait s’unir avec le peuple qu’il défend. J’espère que vs êtes conscient de ce que vs faites ».

            Je ne sais pas si cette dame est la femme d’Omar Sy (j’avoue que je suis d’assez loin la vie familiale des pipol) mais je pense comme vous que c’est le témoignage d’un paternalisme infect. Et qui plus est, raciste du point de vue le plus stricte du terme. D’abord parce que l’auteur nie l’autonomie de la personne en affirmant que le policier noir n’exprime pas sa conviction, mais qu’il a été « fait porte-parole » par non ne sait quelle puissance supérieure. Et enfin, parce qu’elle affirme que la couleur de peau du policier devrait déterminer son comportement.

            [Ce bon vieux paternalisme petit-bourgeois a la peau…dure: sous prétexte qu’elle a épousé un Noir, elle se sent en devoir d’expliquer à un fonctionnaire français qui est…Noir comment il doit se comporter face à d’autres noirs. Ecœurant, particulièrement venant d’une “française” vivant à Los Angeles qui se dit “Citizen of the World”…]

            Mais… je suis sur que cette attitude lui permettra à Los Angeles de cocher la case « anti-raciste », chose fort utile dans l’establishment cinématographique américain.

            [Ces militants noirs ont exactement le même comportement que les potentats africains qui ont fait échouer la décolonisation, causant ainsi l’exode massif vers l’Occident des populations africaines.
            Dès lors, je peine à comprendre pourquoi ce qui a échoué en Afrique, à savoir bâtir une société prospère, réussirait en reconstituant des colonies sur le sol français:]

            Tout à fait d’accord. Le raisonnement « victimiste » ne peut conduire qu’à la construction d’une mentalité d’assistés. Mon grand père avait un peu le même raisonnement. Dans sa jeunesse, il avait vécu dans une ferme dans un pays latino-américain. Comme la ligne électrique n’arrivait pas jusqu’à lui, il avait fait le tour des fermes des environs, les avait convaincu de monter une coopérative, et avec l’argent réuni il avait payé la construction de la dérivation de la ligne haute tension vers le hameau pour alimenter toutes les fermes. Quand on lui expliquait que dans certaines cités les habitants se plaignaient que la cage d’escalier était dégueulasse, sa réaction était “mais pourquoi ils ne prennent pas un pot de peinture et des pinceaux ? Si chacun peint son étage, ca prend pas longtemps…”

    • Vincent dit :

      Je rebondis à nouveau sur votre message…

      Je pense que la question de l’assimilation et de “faire sienne la culture française” n’est en réalité pas si importante. Je vous fais part ici d’un témoignage personnel qui me fait dire ça.

      J’ai eu l’occasion, il y a quelques années, de recruter un stagiaire, originaire d’Afrique de l’Ouest, mais qui n’était pas du tout de nationalité française, puisqu’il n’avait jamais mis les pieds en France avant ses 18 ans.
      Il était un brillant lycéen, ce qui lui a permis d’avoir une bourse pour étudier en France, puis d’intégrer l’Ecole Polytechnique (rien que ça…)

      Il est plutôt du genre réservé, mais bon camarade, et apprécié par ses collèges (y compris pour les afters…). Je suppose qu’il est musulman (la religion est ultra majoritaire dans son pays d’origine) ; mais son attitude ne m’a jamais permis de le confirmer…

      Bref, typiquement l’immigré qui ne pose aucun problème, et que tout le monde est ravi de voir rester en France (alors même qu’il est vraiment très noir 😉 ).
      Pourtant, il n’a pas grandi en France, n’a pas acquis la culture Française qu’on est censés nous insuffler à l’Ecole…

      Mais il a manifestement été élevé dans une culture de l’effort, de la politesse, du respect d’autrui, etc. qui lui permettent d’être parfaitement bien accueilli sans avoir besoin de donner des gages de francité.

      Tout l’inverse de nos caïds de banlieue, qui, eux, peuvent souvent se targuer d’être nés en France, d’en avoir la nationalité, et d’avoir toujours vécu en France. Mais pour ce qui est du sens de l’effort, ou du respect d’autrui…

      Peut-être que notre problème est que nous subissons surtout non pas une immigration choisie, mais une immigration subie concentrant essentiellement ceux qui ont déjà du mal à se faire une place dans leur propre pays…

      • Descartes dit :

        @ Vincent

        [Je pense que la question de l’assimilation et de “faire sienne la culture française” n’est en réalité pas si importante. Je vous fais part ici d’un témoignage personnel qui me fait dire ça.]

        Mais l’exemple que vous donnez est justement un exemple d’assimilation réussie. Il n’a peut-être pas « grandi en France » (c’est aussi mon cas), il n’a peut-être pas mis les pieds en France avant les 18 ans (c’est aussi mon cas). Mais l’assimilation ne nécessite pas d’avoir passé son enfance dans ce pays. L’assimilation est le processus par lequel on devient « semblable » aux gens du pays, qu’on fait sienne l’histoire, les coutumes, la sociabilité du pays d’accueil.

        [Il est plutôt du genre réservé, mais bon camarade, et apprécié par ses collèges (y compris pour les afters…). Je suppose qu’il est musulman (la religion est ultra majoritaire dans son pays d’origine) ; mais son attitude ne m’a jamais permis de le confirmer…]

        En d’autres termes, il s’insère dans la sociabilité française et garde sa religion dans le domaine privé. Vous avez dit « assimilation » ?

        [Mais il a manifestement été élevé dans une culture de l’effort, de la politesse, du respect d’autrui, etc. qui lui permettent d’être parfaitement bien accueilli sans avoir besoin de donner des gages de francité.]

        Mais ce que vous appelez « une culture de l’effort, de la politesse, du respect d’autrui » ne suffit pas. On peut valoriser l’effort, la politesse, respecter autrui et refuser d’aller aux « after » parce qu’on y boit de l’alcool ou porter sa religion en bandoulière. Une telle attitude serait parfaitement acceptée aux Etats-Unis. En France, elle choquerait. Mettre sa religion dans le domaine privé, rentrer dans une sociabilité typiquement française, c’est cela aussi « donner des gages de francité ». Je serais par ailleurs très étonné qu’en ayant fait l’Ecole polytechnique votre collègue ne soit pas initié à l’histoire, à la littérature, aux « gloires de la France »…

        [Tout l’inverse de nos caïds de banlieue, qui, eux, peuvent souvent se targuer d’être nés en France, d’en avoir la nationalité, et d’avoir toujours vécu en France. Mais pour ce qui est du sens de l’effort, ou du respect d’autrui…]

        Vous remarquerez quand même qu’il y a pas mal de « Français de souche » qui sont singulièrement défaillants dans la section sens de l’effort et respect d’autrui. Ce n’est pas là que se situe le problème.

        [Peut-être que notre problème est que nous subissons surtout non pas une immigration choisie, mais une immigration subie concentrant essentiellement ceux qui ont déjà du mal à se faire une place dans leur propre pays…]

        L’avantage à mon sens de la logique de « l’immigration choisie » est surtout qu’elle fait prendre conscience que l’immigration n’est pas un droit, mais une libéralité que la société d’accueil accorde à celui qui souhaite s’y installer. Et le fait que ce soit une libéralité implique la possibilité de mettre des conditions. La logique de l’immigration subie – et transformée par les bonnes âmes en droit inaliénable de chacun de s’installer où il veut – est qu’elle aboutit à l’impossibilité pour la société d’accueil d’exiger en contrepartie l’assimilation.

  2. cording dit :

    Dans un anglais académique vous auriez raison pour la traduction de “Black lives matter ” mais dans un sabir etatsunien ou gallo-ricain qui sait ? Une traduction littérale ou selon l’esprit ?

    • Descartes dit :

      @ cording

      [Dans un anglais académique vous auriez raison pour la traduction de “Black lives matter ” mais dans un sabir etatsunien ou gallo-ricain qui sait ? Une traduction littérale ou selon l’esprit ?]

      Je pense que dans ce cas, la lettre et l’esprit sont en coïncidence…

  3. Vincent dit :

    Vos remarques sur le code noir sont pertinentes, mais il me semble qu’on pourrait en ajouter davantage : L’esclavage avait été aboli de fait en France (suppression du servage) au XIVème siècle. Mais, dans les colonies, l’habitude avait été prise, sans doute par imitation des espagnols et portuguais, de prendre des esclaves Africains. La France s’est donc trouvée avec des territoires sur lesquels il y avait des esclaves, qui n’avaient aucun droit, aucune garantie d’aucune sorte.
    Et il ne faut pas oublier qu’à cette époque, il n’existait pas de Justice identique pour tous : il y avait une justice pour les nobles, une pour le clergé, une pour les militaires, etc.
    Le code noir a consisté à rajouter un code juridique pour offrir un minimum de garanties aux esclaves qui étaient de toute manière présents ; et, comme vous le rappelez, indépendamment de leur couleur de peau.

    On peut trouver que c’est insuffisant, mais c’était de fait un geste qui allait dans le sens d’une plus grande humanité, en reconnaissant aux esclaves qu’ils étaient avant tout des humains (par exemple, il était interdit de les faire travailler le Dimanche, et on devait leur donner l’initiation au catéchisme et leur laisser la possibilité d’aller à la messe).

    Et que penser de ceux qui veulent déboulonner Colbert, en raison du code noir ? Outre ce que vous avez écrit et moi aussi, il faut également rappeler :

    1°) Colbert a, si j’ai bien compris, simplement transmis une demande du Roi visant à créer un code noir, qu’il n’a pas supervisé, d’autant que celui ci a été rédigé depuis les Antilles, et que Colbert est décédé 2 ans avant la fin de sa rédaction

    2°) Les actions de Colbert dans le domaine de la compagnies des Indes Occidentales, loin de conduire à augmenter la traite négrière, ont au contraire conduit à une agriculture moins gourmande en esclave, et à une forte baisse du nombre d’esclaves dans les Antilles…

    3°) On fait semblant d’oublier que, si Colbert a laissé son nom, ce n’est ni pour son action dans les colonies, ni pour le code noir…
    De même que quand on va à Jarnac voir Mitterrand, ce n’est pas l’illustre fonctionnaire décoré de la francisque que l’on va voir, ou que, quand on parle de Churchill, ce n’est pas en raison de son opposition à la décolonisation de l’inde…

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Vos remarques sur le code noir sont pertinentes, mais il me semble qu’on pourrait en ajouter davantage : L’esclavage avait été aboli de fait en France (suppression du servage) au XIVème siècle.]

      En effet, c’est par un édit du 3 juillet 1315 que Louis le Hutin proclame le fait que « selon le droit de nature, chacun doit naître franc » et abolit l’esclavage et le servage dans le domaine royal (c’est-à-dire, dans les territoires soumis à la seigneurie directe du roi de France). La jurisprudence dégage d’ailleurs un principe extensif : « le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche ». La sentence de Chevènement prend ici tout son sens : « toutes les civilisations ont pratiqué l’esclavage, mais il n’y a qu’une seule qui l’ait abolie de son propre chef ».

      [On peut trouver que c’est insuffisant, mais c’était de fait un geste qui allait dans le sens d’une plus grande humanité, en reconnaissant aux esclaves qu’ils étaient avant tout des humains (par exemple, il était interdit de les faire travailler le Dimanche, et on devait leur donner l’initiation au catéchisme et leur laisser la possibilité d’aller à la messe).]

      Tout à fait. Dans la condition des esclaves dans les Antilles, la promulgation du Code noir est une avancée, et non un recul. Qui allait d’ailleurs aussi loin que le rapport de forces le permettait : lorsqu’on voit les difficultés que l’édiction et l’application du Code noir ont soulevé, on se dit que les maîtres d’esclaves auraient probablement préféré se mettre sous la protection de la puissance anglaise ou hollandaise plutôt que d’accepter un édit qui aurait aboli l’esclavage…

      [3°) On fait semblant d’oublier que, si Colbert a laissé son nom, ce n’est ni pour son action dans les colonies, ni pour le code noir…
      De même que quand on va à Jarnac voir Mitterrand, ce n’est pas l’illustre fonctionnaire décoré de la francisque que l’on va voir, ou que, quand on parle de Churchill, ce n’est pas en raison de son opposition à la décolonisation de l’inde…]

      Je ne suis pas d’accord. On ne peut acheter les personnages historiques au détail. Leur part d’ombre fait partie d’eux. Mais il faut juger cette part d’ombre en les replaçant dans leur contexte, et non en fonction de critères de notre époque.

      • Vincent dit :

        [lorsqu’on voit les difficultés que l’édiction et l’application du Code noir ont soulevé, on se dit que les maîtres d’esclaves auraient probablement préféré se mettre sous la protection de la puissance anglaise ou hollandaise plutôt que d’accepter un édit qui aurait aboli l’esclavage…]

        C’est d’ailleurs exactement ce qu’ils ont menacé de faire un peu plus d’un siècle plus tard, quand la Révolution a aboli l’esclavage. Cette abolition n’a pas partout été appliquée, et certaines iles ont menacé de se placer sous souverraineté anglaise si on les forcait à l’appliquer.

        [[De même que quand on va à Jarnac voir Mitterrand, ce n’est pas l’illustre fonctionnaire décoré de la francisque que l’on va voir, ou que, quand on parle de Churchill, ce n’est pas en raison de son opposition à la décolonisation de l’inde…]]
        [Je ne suis pas d’accord. On ne peut acheter les personnages historiques au détail.]

        Ce n’est pas ce que je voulais dire.
        Quand certains aux USA célèbrent d’anciens chefs du Ku Kux Klan, quand des ukrainiens célèbrent Bandera, ils célèbrent quelqu’un dont la raison essentielle pour laquelle il a laissé sa trace dans l’histoire est, dans le premier cas, le combat raciste, dans le deuxième cas, le combat contre les juifs et les russes.

        Et je comprends parfaitement qu’on se scandalise de telles célébrations.

        Quand on célèbre Churchill, ses positions racistes sur certains sujet ne sont qu’un point de détail de son œuvre, et ce n’est pas pour cette raison qu’il est célébré.
        Et il n’y a donc, à mon sens pas lieu de se choquer qu’on honore ces personnes aujourd’hui, puisque ce qui est honoré à travers ces célébrations ou statues n’a rien de choquant.

        Pour dire les choses autrement, et prendre une comparaison : Si on célèbre de Gaulle, ce n’est pas parce qu’il a, pendant toute sa carrière, empêché sa femme de s’épanouir professionnellement. Et donc, célébrer de Gaulle n’est absolument pas cracher à la figure des féministes.
        Alors que célébrer un ancien chef du Ku Kux Klan, c’est bel et bien cracher à la figure des noirs.

        Voilà le sens de ce que je voulais dire, et je pense que vous n’en disconviendrez pas.

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [C’est d’ailleurs exactement ce qu’ils ont menacé de faire un peu plus d’un siècle plus tard, quand la Révolution a aboli l’esclavage. Cette abolition n’a pas partout été appliquée, et certaines iles ont menacé de se placer sous souverraineté anglaise si on les forcait à l’appliquer.]

          Bien entendu. Si l’Empire rétablit l’esclavage, ce n’est pas parce que ce jacobin qu’était Napoléon a viré sa cuti, mais parce qu’il a tiré pragmatiquement les conclusions d’un rapport de force : alors qu’il avait dans l’Angleterre son principal ennemi, il ne pouvait pas se permettre le luxe de voir les possessions françaises passer sous pavillon anglais. Et que comme d’habitude, les riches mettent leurs intérêts avant leur patriotisme.

          [Et il n’y a donc, à mon sens pas lieu de se choquer qu’on honore ces personnes aujourd’hui, puisque ce qui est honoré à travers ces célébrations ou statues n’a rien de choquant.]

          Merci de cette clarification, on est d’accord même si on le formule différemment. Pour moi, c’est surtout le contexte qui est important. Le racisme – et l’antisémitisme – de Churchill étaient ceux des hommes de sa classe à son époque. On peut difficilement exiger d’un homme d’échapper totalement à son époque, ou de le condamner parce qu’il ne l’a pas fait. Et il ne faut pas se faire d’ailleurs des illusions : des choses qui nous paraissent aujourd’hui parfaitement normales et que nous faisons quotidiennement seront peut-être des crimes impardonnables dans un siècle… faisons donc preuve de compréhension envers Churchill si nous voulons que nos successeurs le fassent avec nous…

          [Pour dire les choses autrement, et prendre une comparaison : Si on célèbre de Gaulle, ce n’est pas parce qu’il a, pendant toute sa carrière, empêché sa femme de s’épanouir professionnellement. Et donc, célébrer de Gaulle n’est absolument pas cracher à la figure des féministes.]

          Pardon. Là vous faites exactement ce que je dénonce, à savoir, ignorer le contexte. Je ne pense pas que Tante Yvonne se soit sentie le moins du monde « empêchée de s’épanouir » par son mari. Qu’est ce qui vous permet de reprocher à De Gaulle ce que la principale intéressée ne lui reprochait pas ?

          [Alors que célébrer un ancien chef du Ku Kux Klan, c’est bel et bien cracher à la figure des noirs.]

          Oui, mais là encore il faut regarder le contexte. Le Ku Klux Klan est une organisation militante et clandestine créée pour s’opposer à l’extension des droits constitutionnels aux noirs acquise par les amendements à la constitution des Etats-Unis après la guerre de sécession. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’un mouvement qui s’inscrit dans la « normalité » idéologique d’une société à une époque donnée, mais d’un mouvement réactionnaire qui vise à revenir à une situation antérieure. Alors que le racisme mondain d’un Churchill était en consonnance avec son époque, celui d’un chef du Ku Klux Klan est au contraire la négation de la sienne.

          [Voilà le sens de ce que je voulais dire, et je pense que vous n’en disconviendrez pas.]

          En partie oui. Il est clair qu’à l’heure d’écrire le « roman national » (dont les statues et autres formes d’hommage symbolique font partie) on a choisi des personnages comme l’incarnation d’une vertu particulière – quitte à occulter les autres éléments de sa vie. Mais cette démarche « symbolique » devient bancale lorsqu’on affronte la « logique de l’offense » pratiquée aujourd’hui par différentes communautés, et qui consiste à se fabriquer des repoussoirs en révélant justement la part d’ombre des « grands hommes ». Pour combattre cette tendance, il faut insister sur l’importance de la contextualisation.

          • Vincent dit :

            [Pardon. Là vous faites exactement ce que je dénonce, à savoir, ignorer le contexte. Je ne pense pas que Tante Yvonne se soit sentie le moins du monde « empêchée de s’épanouir » par son mari.]

            J’irais même plus loin. Dans son milieu d’origine (aristo), il n’était pas concevable qu’une femme travaille.
            Elle aurait dit à sa mère, en parlant de de Gaulle, que s’il ne la demandait pas en mariage, elle allait au couvent ; je suppose que ce type d’activité professionnelle est la seule qu’elle aurait pu accepter 😉

            Si on veut éviter les anachronismes, on peut au plus reprocher à Charles de l’avoir empêché de mener sa carrière de none en la demandant en mariage.

            Mon propos était justement de vouloir illustrer l’aberration des reproches qu’on fait aujourd’hui à Churchill ou à Colbert, en prenant une analogie que chacun comprendra aisément.
            Comme ceux qui font des reproches à Churchill ou à Colbert se permettent des anachronisme, je m’en permets également.

            Si on veut trouver un exemple de quelqu’un qui reste connu et reconnu alors que c’est son action principale est sujette à controverse, on pourrait parler de Jules César, coupable de crime de guerre et crime contre l’humanité, ainsi que leurs apologies (dans “la guerre des Gaules”, qu’il faudrait d’ailleurs interdire…).

  4. Marcailloux dit :

    @ Descartes

    Bonjour,

    [Avouez que c’est étrange]

    Ah bon ? je ne trouve pas, bien au contraire.
    D’accord, c’est un peu provocateur.
    Je vais émettre une hypothèse complémentaire sinon contradictoire.
    Les partis populistes, ceux qui n’ont pratiquement aucune chance d’accéder au pouvoir à court terme font preuve d’un admirable pragmatisme. Ils constatent que les idéologies ne font plus recette, sauf dans une très petite minorité de la population.
    Avec l’explosion de l’usage des écrans et des réseaux sociaux, accaparer les esprits ne s’accommode plus beaucoup, et maintenant moins qu’avant, de l’effort d’analyse que requiert la construction d’une opinion personnelle. La superficialité et l’émotion, l’instantanéité ont supplanté la lucidité, la distanciation et la réflexion chez la plupart des citoyens des pays nantis d’un niveau de vie élevé. S’emparer d’une image aussi percutante que celle de ce meurtre de G. Floyd est infiniment plus « rentable » dans la captation des neurones – je dirais plutôt des hormones – qu’une longue démonstration d’un mécanisme socioéconomique dans un monde complexe où tout s’entremêle, se conteste, se dément.
    Et puis, il y a cet individualisme croissant depuis des années, qui n’est pas décorrelé des modes de médiatisation évoqués plus haut. Même chez des esprits ouverts et cultivés, une forme d’un radical replis sur soi, ses proches, ses semblables se développe. L’autre, sous toutes ses formes constitue un danger ou une agression par ses comportements, ses coutumes, ses opinions, ses croyances. Le rejet violent et compulsif est devenu la règle.
    Si vous étiez à la tête d’un parti, entravé par une « structure » politique de l’opinion publique morcelée, désireux d’ extraire votre organisation d’une marginalité dérisoire, en un mot : exister, feriez-vous le choix de construire et exposer un projet de société cohérent et crédible ou vous appuieriez-vous sur la puissance émotionnelle d’une actualité tous les jours renouvelée, qui efface d’un jour sur l’autre les vérités éphémères qui ne risquent même plus d’être, après vérification, démenties, étant aussitôt balayées par leur suivantes dans les médias.
    La question est bien là : idéaliste ou pragmatique ?
    Maintenant, la question qui m’intéresse est de savoir comment sortir de ce cercle vicieux ? Est-il préférable d’instaurer une évolution lente mais continue des esprits en nombre suffisant ou est-il souhaitable qu’advienne des évènements graves et durables qui forcent les mentalités à plus de rationalité ?
    Dénoncer, stigmatiser, démonter des mécanismes politiques pernicieux au moyen d’écrits et d’échanges est-il vraiment efficient au regard du chemin à accomplir ?

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [« Avouez que c’est étrange » Ah bon ? je ne trouve pas, bien au contraire.]

      Peut-être pour vous, parce que vous êtes un vieux cynique. Mais vous savez que moi, j’ai un peu gardé mon âme d’enfant, et je m’attends encore à ce que les gens agissent sinon rationnellement, au moins avec un minimum de « common decency »…

      [Les partis populistes, ceux qui n’ont pratiquement aucune chance d’accéder au pouvoir à court terme font preuve d’un admirable pragmatisme. Ils constatent que les idéologies ne font plus recette, sauf dans une très petite minorité de la population.]

      Je pense que vous vous laissez emporter par les discours, sans regarder le fond des choses. Oui, en apparence tous les dirigeants vouent « les idéologies » aux gémonies. Mais ce n’est que façade. Derrière cette façade, la politique est devenue plus idéologique qu’elle ne l’a jamais été. Regardez par exemple LFI, un mouvement qui a réuni quand même un électeur sur cinq aux dernières présidentielles. Qu’est ce qui a motivé ce vote ? Le bilan de son action ? Il n’a absolument rien à montrer. Un projet pragmatique ? Au contraire, il expose un projet que son maximalisme même condamne à ne pas être mis en œuvre. LFI est un concentré d’idéologie, et rien d’autre. Et la même chose pouvait être dite de « En Marche ». Là encore, pas de bilan, pas de projet pragmatique, mais une « lecture » particulière de la société.

      Comme souvent le discours sur « la mort des idéologies » sert surtout à cacher une idéologisation à outrance de la politique, au point que les faits n’ont plus d’importance, seules les idées comptent. La vague « antiraciste » à laquelle nous assistons est un excellent exemple : seule une opération purement idéologique permet d’interpréter la réalité française à travers le prisme étatsunien d’un « racisme structurel ».

      [Avec l’explosion de l’usage des écrans et des réseaux sociaux, accaparer les esprits ne s’accommode plus beaucoup, et maintenant moins qu’avant, de l’effort d’analyse que requiert la construction d’une opinion personnelle. La superficialité et l’émotion, l’instantanéité ont supplanté la lucidité, la distanciation et la réflexion chez la plupart des citoyens des pays nantis d’un niveau de vie élevé.]

      Tout à fait. Mais contrairement à ce que vous pensez, cela pousse non pas à la des-idéologisation, mais à l’idéologisation. Sans l’effort d’analyse qui nous permet d’interpréter la réalité, nous sommes poussés à voir cette dernière à travers les lunettes que nous tend le système, c’est-à-dire, à travers une idéologie.

      [S’emparer d’une image aussi percutante que celle de ce meurtre de G. Floyd est infiniment plus « rentable » dans la captation des neurones – je dirais plutôt des hormones – qu’une longue démonstration d’un mécanisme socioéconomique dans un monde complexe où tout s’entremêle, se conteste, se dément.]

      Tout à fait. Mais ces images « percutantes » ne sont pas nouvelles. Le « racisme systémique » aux Etats-Unis n’est guère une nouveauté. La question à se poser alors est « pourquoi maintenant » ? Qu’est ce qui fait que ce qui était parfaitement supportable hier ne l’est plus aujourd’hui ? Et la question se pose ici aussi : la famille d’Adama Traoré n’a pas réussi à mettre vingt mille personnes dans la rue au moment de la mort de ce dernier. Pourquoi elle y arrive aujourd’hui ? Qu’est ce qui a changé ?

      [Si vous étiez à la tête d’un parti, entravé par une « structure » politique de l’opinion publique morcelée, désireux d’ extraire votre organisation d’une marginalité dérisoire, en un mot : exister, feriez-vous le choix de construire et exposer un projet de société cohérent et crédible ou vous appuieriez-vous sur la puissance émotionnelle d’une actualité tous les jours renouvelée, qui efface d’un jour sur l’autre les vérités éphémères qui ne risquent même plus d’être, après vérification, démenties, étant aussitôt balayées par leur suivantes dans les médias. La question est bien là : idéaliste ou pragmatique ?]

      Personnellement, mon choix serait de parier sur le long terme plutôt que le court terme. Ce qui n’exclut pas une utilisation intelligente du carrousel médiatique. Il faut s’appuyer sur l’émotion – et tous les leaders politiques l’ont fait depuis l’Antiquité – mais sans en devenir l’esclave. En d’autres termes, je ne choisis pas entre les deux termes de l’alternative, mais en bon dialecticien je fais la synthèse des deux.

      [Maintenant, la question qui m’intéresse est de savoir comment sortir de ce cercle vicieux ? Est-il préférable d’instaurer une évolution lente mais continue des esprits en nombre suffisant ou est-il souhaitable qu’advienne des évènements graves et durables qui forcent les mentalités à plus de rationalité ?]

      Là encore, les deux mon général. Il faut en même temps se battre pour défendre une rationalité en sachant les limites de la démarche, et préparer les instruments institutionnels et intellectuels pour tirer parti des « évènements graves et durables » lorsqu’ils arriveront.

      [Dénoncer, stigmatiser, démonter des mécanismes politiques pernicieux au moyen d’écrits et d’échanges est-il vraiment efficient au regard du chemin à accomplir ?]

      A terme, oui. Ce n’est pas toujours efficace sur le moment, mais si vous regardez bien ce sont ceux qui ont fait cet effort qui ont laissé une postérité.

      • Marcailloux dit :

        @ Descartes,

        [Peut-être pour vous, parce que vous êtes un vieux cynique. Mais vous savez que moi, j’ai un peu gardé mon âme d’enfant, et je m’attends encore à ce que les gens agissent sinon rationnellement, au moins avec un minimum de « common decency »…]

        Cynique, je l’ai été, et il me semble que, philosophiquement, il s’agit plus d’un attribut de la jeunesse, même relative, que de la vieillesse. Tant que la mienne, âme d’enfant, n’avait pas été complètement érodée par l’observation des turpitudes humaines, le cynisme de Diogène me convenait bien. Spinoza a fait disparaître mon illusion de ce que peut représenter la décence autre celle que l’on s’impose à soi même. Je vous souhaite néanmoins une bonne dégustation des sucreries imaginaires que notre différence d’âge vous réserve encore pour quelques temps.

        [A terme, oui. Ce n’est pas toujours efficace sur le moment, mais si vous regardez bien ce sont ceux qui ont fait cet effort qui ont laissé une postérité.]

        Pour persister dans le cynisme, et en prenant un notable risque d’être démenti dans les heures qui suivent, E. Macron devrait, en bon disciple de Mitterrand, dissoudre l’A.N.
        Il n’a rien à gagner de galérer 2 ans encore dans une situation impossible à démêler et a tout intérêt à refiler la patate chaude à ses adversaires dont la crainte principale est d’avoir à la saisir à pleines mains.

        • Descartes dit :

          @ Marcailloux

          [Pour persister dans le cynisme, et en prenant un notable risque d’être démenti dans les heures qui suivent, E. Macron devrait, en bon disciple de Mitterrand, dissoudre l’A.N.]

          Je crois que vous faites une confusion: Mitterrand n’a jamais dissout l’assemblée au cours de ses deux mandats, au contraire. En 1983, alors que les grandes manifestations pour l’école “libre” et la crise économique paralysaient le gouvernement Mauroy, il avait préféré faire un demi tour total plutôt que de prendre le risque d’une dissolution… En fait, le seul qui a préféré revenir devant le peuple plutôt que de risquer la paralysie fut Jacques Chirac. Et on ne peut pas dire que ce fut du pur opportunisme: il est revenu encore une fois devant le peuple en 2005 pour la ratification du TCE. Mitterrand, lui, ne consultait le peuple que quand il était obligé !

          [Il n’a rien à gagner de galérer 2 ans encore dans une situation impossible à démêler et a tout intérêt à refiler la patate chaude à ses adversaires dont la crainte principale est d’avoir à la saisir à pleines mains.]

          Sauf que… rien ne vous dit que “ses adversaires” seraient obligés de saisir la patate chaude. D’abord, il n’est nullement évident qu’une élection générale aujourd’hui donnerait une majorité claire à l’Assemblée Nationale. L’éclatement des partis politiques et la faible autorité du président pourraient aboutir à une chambre introuvable. Le deuxième problème est qu’a supposer qu’une majorité claire se dégage à l’Assemblée, rien n’oblige son leader à accepter une cohabitation… ou les députés à lui voter la confiance.
          Il n’a rien à gagner de galérer 2 ans encore dans une situation impossible à démêler et a tout intérêt à refiler la patate chaude à ses adversaires dont la crainte principale est d’avoir à la saisir à pleines mains.

          • Marcailloux dit :

            @ Descartes

            Bonjour,

            [ Je crois que vous faites une confusion: Mitterrand n’a jamais dissout l’assemblée au cours de ses deux mandats, au contraire.]

            Ce n’est pas sur ce point précis que j’évoquais F. Mitterrand, mais plutôt sur sa dimension manœuvrière, son ambiguïté.
            D’autre part, dans mon hypothèse que je maintiens à ceci près que son intérêt est de disqualifier une opposition dans l’incapacité d’apporter une solution de court terme à la situation économique difficile qui s’annonce.
            Cependant, si cette stratégie me semble tout à fait vraisemblable, tactiquement il n’aurait pas été très adroit de le faire hier soir car il serait passé pour un lâche devant l’obstacle. Mais d’ici le printemps prochain, alors que les ambitions se substitueront à l’angoisse, l’atonie actuelle de l’opposition pourrait bien faire place à la tentation de l’accès au pouvoir.
            E. Macron ne sera pas en mesure, d’ici 2 ans, de rétablir une sérénité suffisante à le faire réélire. La seule chance qu’il peut saisir, à mon sens, c’est de « mouiller » l’opposition par une cohabitation. Maintenant,, comme vous l’indiquez, faudra-t-il qu’elle tombe dans le piège et la difficulté pour E. Macron c’est d’organiser les conditions favorables à cette hypothèse.
            Y arriver sans que cela n’apparaisse comme une grosse ficelle relève en effet d’un exploit digne de Mitterrand.

            • Descartes dit :

              @ Marcailloux

              [Cependant, si cette stratégie me semble tout à fait vraisemblable, tactiquement il n’aurait pas été très adroit de le faire hier soir car il serait passé pour un lâche devant l’obstacle. Mais d’ici le printemps prochain, alors que les ambitions se substitueront à l’angoisse, l’atonie actuelle de l’opposition pourrait bien faire place à la tentation de l’accès au pouvoir.]

              Un an avant l’élection présidentielle ? Soyons sérieux… personne ne prendra le gouvernail alors qu’on entend les premiers coups de canon de la campagne présidentielle. Ou alors il faudra trouver une nullité quelconque qui acceptera de faire semblant d’être premier ministre pendant douze mois.

              [E. Macron ne sera pas en mesure, d’ici 2 ans, de rétablir une sérénité suffisante à le faire réélire. La seule chance qu’il peut saisir, à mon sens, c’est de « mouiller » l’opposition par une cohabitation.]

              Je suis moins optimiste que vous. E Macron ne peut gagner en 2022, mais ses adversaires peuvent perdre. Cela lui a bien réussi en 2017…

  5. BolchoKek dit :

    @ Descartes

    [Prenons par exemple ce slogan si révélateur : « Black lives matter » que l’on voit fleurir dans les manifestations. La traduction exacte en Français est « les vies noires comptent »]

    Si le slogan est choquant dans un contexte Français, est-il surprenant aux USA ? Le racialisme est tellement ancré dans les consciences états-uniennes, l’antiracisme lui-même n’est-il forcé d’être racialiste dans une certaine mesure ?

    [Rappelons que lorsque les Etats-Unis affranchissent les esclaves en 1865, ils ne leur accordent pas le même statut qu’aux citoyens d’autres races. La ségrégation raciale ne sera abolie qu’un siècle plus tard, en 1964.]

    Il y a eu la parenthèse de la “reconstruction” après la guerre, qui verra les états du sud envoyer plusieurs parlementaires républicains noirs à Washington. Après la fin brutale de cette période, les démocrates sudistes reprendront le contrôle total de la politique locale, et institueront la ségrégation. Pour comprendre la ségrégation aux USA, il faut bien comprendre que loin d’être un effort insuffisant des abolitionnistes, il s’agit d’une reprise de pouvoir quasi-totale des ex-esclavagistes après la guerre. Ceux-ci auront même l’occasion d’envoyer à la présidence un de leurs hommes liges, Woodrow Wilson, en 1913.

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [Si le slogan est choquant dans un contexte Français, est-il surprenant aux USA ? Le racialisme est tellement ancré dans les consciences états-uniennes, l’antiracisme lui-même n’est-il forcé d’être racialiste dans une certaine mesure ?]

      Vous avez parfaitement raison. Aux Etats-Unis, la question de la race est structurellement liée aux institutions américaines. Le recensement américain classifie les individus en cinq groupes « raciaux », et cette classification a des conséquences juridiques importantes en termes des droits de chaque individu en termes d’accès aux universités, de droit fiscal, etc. A partir de là, non seulement l’antiracisme mais l’ensemble de la politique se trouve « racialisé ». Pour le dire autrement, les institutions américaines reposent sur une idéologie « raciste », au sens qu’elle déclare que la race a une importance déterminante dans la vie des individus. A partir de là, l’idée qu’il y a des « vies noires », des « vies blanches » et des « vies jaunes » n’a rien d’absurde. C’est dans la logique de l’idéologie institutionnelle.

      Le problème, c’est qu’on prétend transposer cette vision dans un pays comme la France dont les institutions reposent sur le présupposé inverse : que tous les individus « naissent libres et égaux en droit », et que par conséquence votre origine ethnique peut – et doit – être ignoré. Cela ne veut pas dire que le racisme n’existe pas chez nous. Il y a comme partout des personnes racistes. Mais point de racisme institutionnel, systémique. C’est en cela que le mouvement actuel est fantasmatique : il s’attaque à des moulins à vent qui n’existent pas.

  6. dsk dit :

    @ Descartes

    [“Avouez que c’est étrange. L’ensemble de la planète est prise dans une pandémie, les mesures pour la combattre risquent de provoquer une crise économique de proportions historiques… et la gauche française se mobilise contre le racisme.”]

    Et surtout, contre les “violences policières”, soutenue en cela… par le ministre de l’intérieur lui-même, qui songe à suspendre ses agents en cas de “soupçon avéré” ! Franchement, à ce niveau de débilité, je pense que nous sommes mûrs pour Bigard 2022. Après un second tour contre Mélenchon…

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Et surtout, contre les “violences policières”, soutenue en cela… par le ministre de l’intérieur lui-même, qui songe à suspendre ses agents en cas de “soupçon avéré” !]

      D’abord, je dois dire que l’expression « soupçon avéré » m’a beaucoup fait rigoler. Est-ce le « soupçon » qui est censé être « avéré », ou les faits qui font l’objet du « soupçon » ? Dans le premier cas, l’expression est un pléonasme : un « soupçon » n’existe que dans la tête de celui qui « soupçonne », et par conséquent il est toujours « avéré ». Dans le deuxième cas, c’est un oxymore : si les faits soupçonnés sont « avérés », il ne s’agit plus d’un « soupçon ».

      Maintenant sur le fond : Vous noterez que sur cette question le ministre de l’intérieur n’a rien inventé. Cela fait longtemps que l’idée que la parole de la victime vaut preuve est devenue une sorte d’évidence. Souvenez-vous de la remarque du secrétaire national du PCF à « Libération » le 13 mars 2019 : « Aujourd’hui, en cas de dénonciation, on croit la victime d’abord. Il y a trop de complaisance dans la société et il y en a eu chez nous. IL FAUT QUE LES MECS SACHENT QUE DORENAVANT ? SUR SIMPLE TEMOIGNAGE D’UNE FEMME, CE SERA OUT, DEHORS, (…) » (c’est moi qui souligne). Et on trouve exactement le même fonctionnement à LFI (voir l’affaire Thomas Guénolé, très bien racontée dans le livre « la chute de la maison Mélenchon »). Dans certaines affaires, cette confiance illimitée dans la parole de la victime a eu des conséquences désastreuses : l’affaire Iacono est là pour nous le rappeler. Castaner ne fait qu’étendre à la police le discours dominant chez d’autres corps. A l’éducation nationale la suspension sur simple soupçon se multiplie. Pourquoi pas chez les autres ?

      Ce que les politiques ne réalisent pas, c’est qu’en cédant aux fantasmes « victimistes » ils scient la branche sur laquelle ils sont assis. Si aujourd’hui la règle est de suspendre un policier sur simple soupçon, qu’est ce qui empêchera d’appliquer la même règle demain à un ministre, un député, un président de la République ?

      [Franchement, à ce niveau de débilité, je pense que nous sommes mûrs pour Bigard 2022. Après un second tour contre Mélenchon…]

      Soyez rassuré : dans un deuxième tour Bigard-Mélenchon, c’est Mélenchon qui gagnerait. Et qu’une fois installé à l’Elysée il ferait une politique de bon père de famille, comme son idole Mitterrand. Ne me dites pas que vous croyez aux déblatérations anticapitalistes de Mélenchon… souvenez-vous que Mitterrand avait les mêmes dans les années 1970.

      • dsk dit :

        @ Descartes

        [“Ce que les politiques ne réalisent pas, c’est qu’en cédant aux fantasmes « victimistes » ils scient la branche sur laquelle ils sont assis.”]

        Vous savez, j’ai un peu l’impression qu’ils ne font pas grand-chose d’autre depuis un certain temps. Je dirais même qu’avec l’élection de Macron, la classe politique est déjà carrément tombée de l’arbre, laissant désormais la gestion du pays à une bande de quasi-amateurs, qui s’appliquent, de leur côté, à scier ce qui reste de la branche au ras du tronc, avant d’aller retrouver leurs jobs dans le privé.

        [” Si aujourd’hui la règle est de suspendre un policier sur simple soupçon, qu’est ce qui empêchera d’appliquer la même règle demain à un ministre, un député, un président de la République ?”]

        Rien. Mais cela les dérangerait-il tant que cela ? En fait, il me paraîtrait de moins en moins inconcevable que le Président de la République, un de ces jours, se “suspende” lui-même sur la foi d’un “soupçon avéré” qu’il nourrirait à son propre égard : celui de vouloir exercer réellement le pouvoir…

  7. I)
    Le communautarisme et l’histoire américaine sont différents de la tradition juridique et du passé français. Certes. Mais il y a bien des sources nationales d’un racisme endémique et global (à considérer de côté le critère de la bêtise humaine) : la France est une ancienne puissance coloniale. Et pas des moindres !
    Loin de moi l’idée de reprendre toutes les thèses des “Indigènes” et autres, dont je n’ai que foutre, mais Descartes, s’il va sur le terrain de l’analyse et des explications historico-juridiques, aura bien du mal à nous expliquer que la France, “universaliste et républicaine”, considérait (jusqu’en 1980, fin de l’Empire français !) que la “vie” de ces gens-là valaient autant que celle des Français de la métropole !
    Non : ces arabes et ces noirs étaient des concitoyens de seconde zone, voire des sous-hommes pour certains, et encore aujourd’hui, par les “racistes à papa” du genre de J-M Le Pen.

    II)
    La gauche suit les réactions du peuple, de manière disons “spontanée”. Mais elle est incapable de provoquer les mobilisations actuelles… Elle suit. Et elle condamne le racisme, ce que n’importe qui devrait faire ! S’il y a et quand il y a du racisme, il faut le condamner, c’est l’évidence même.
    Mais si l’on regarde un peu dans le fond les campagnes et revendications de la gauche, prenons le cas de celles émises lors de la crise sanitaire, du PCF et de La France insoumise (je laisse de côte le PS), les plans d’urgence présentés et les mesures concernaient bien les salaires, les services publics, la relocalisation des activités, les nationalisations, bref, les conditions de vie matérielles… Certes, comme je le dis, cela n’a pas provoqué de manifestations monstres pour ces revendications… Mais c’est bien sur ces sujets que ces groupes “de gauche” (laissons de côté le PS) ont planché et tenté de mettre sur la table !

    Decartes, qui est très averti, n’ignore rien de toutes ces propositions. Par ce rappel élémentaire des faits, je démontre, qu’à nouveau l’auteur de ce blog, qui n’est pas un mauvais bougre mais très orienté, est d’une grande mauvaise foi…
    https://lafranceinsoumise.fr/2020/03/20/coronavirus-11-mesures-durgence/
    http://66.pcf.fr/114823

    • Descartes dit :

      @ Gautier Weinmann

      [Le communautarisme et l’histoire américaine sont différents de la tradition juridique et du passé français. Certes. Mais il y a bien des sources nationales d’un racisme endémique et global (à considérer de côté le critère de la bêtise humaine) : la France est une ancienne puissance coloniale. Et pas des moindres !]

      Je ne saisis pas le rapport. Vous semblez affirmer ici que le colonialisme implique un « racisme endémique et global ». Mais cela est loin d’être évident. Le colonialisme français repose plus sur une hiérarchie entre les CIVILISATIONS que sur une hiérarchie entre les RACES. La « mission civilisatrice de la France » impliquait que les natifs des colonies étaient « civilisables », ce qui cadre mal avec l’idée d’une hiérarchie des races. Et la meilleure preuve en est que notre droit, même pendant la période coloniale, ne laisse aucune place aux considérations ethniques. Vous noterez par exemple que le décret Crémieux, pris le 24 octobre 1870 c’est-à-dire au zenith de la politique coloniale française, ouvre la pleine citoyenneté aux « indigènes musulmans » d’Algérie (vous noterez qu’aucune référence ethnique n’y figure). Si le racisme était si « endémique et global » à la période coloniale, pourquoi n’a-t-il trouvé aucune traduction dans le droit ? Pourquoi la distinction en fonction de la race n’a jamais figuré dans un texte législatif ?

      [Loin de moi l’idée de reprendre toutes les thèses des “Indigènes” et autres, dont je n’ai que foutre, mais Descartes, s’il va sur le terrain de l’analyse et des explications historico-juridiques, aura bien du mal à nous expliquer que la France, “universaliste et républicaine”, considérait (jusqu’en 1980, fin de l’Empire français !) que la “vie” de ces gens-là valaient autant que celle des Français de la métropole !]

      D’abord, un point de fait : l’empire français s’achève non pas en 1980, mais en 1946.

      Ensuite, je ne vois pas très bien le rapport avec le « racisme ». La législation coloniale ne faisait pas de différence entre les indigènes « noirs », « blancs » (car les arabes, ne vous en déplaise, sont « blancs ») ou « jaunes ». A supposer même que « la vie de ces gens là ne valût pas autant que celle des Français de métropole », la « valeur » en question n’était pas liée à une ethnicité particulière.

      Et finalement, il faudrait savoir ce que vous appelez « la France universaliste et républicaine ». Si on considère qu’elle s’exprime à travers le droit, je vous mets au défi de me signaler un texte législatif qui introduise une distinction fondée sur la « race ». Il y avait certainement des intellectuels racistes, des colons racistes… mais curieusement, ce racisme n’est pas entré dans le droit. Pourquoi, à votre avis ?

      [Non : ces arabes et ces noirs étaient des concitoyens de seconde zone, voire des sous-hommes pour certains, et encore aujourd’hui, par les “racistes à papa” du genre de J-M Le Pen.]

      Encore une fois, je vous mets au défi de me montrer le texte qui fait des « arabes et noirs » des citoyens de seconde zone. Soit ils étaient « indigènes », et alors ils n’étaient pas citoyens de quelque zone que ce soit, soit ils étaient citoyens français (la possibilité leur était ouverte par le décret Crémieux) et alors ils avaient les mêmes droits que les autres citoyens. Mais la « race » n’entrait pas là dedans.

      Je note par ailleurs que vous parlez ici « des noirs et des arabes » mais vous oubliez les juifs installés aux colonies. Qui eux aussi étaient considérés comme « indigènes » et n’accèdent à la citoyenneté que grâce au décret Crémieux. Un oubli, sans doute…

      [La gauche suit les réactions du peuple, de manière disons “spontanée”.]

      « Je suis leur leader, je dois les suivre » en quelque sorte…

      Cela étant, je vois mal à quel « peuple » faites-vous référence : au « peuple » des villes, au « peuple » des campagnes ? Au « peuple » des cités populaires ou au « peuple » du VIIème arrondissement de Paris ? Au « peuple » des usines, ou au « peuple » des universités ? Croyez-vous que tous ces « peuples » aient les mêmes réactions ?

      [Mais elle est incapable de provoquer les mobilisations actuelles… Elle suit. Et elle condamne le racisme, ce que n’importe qui devrait faire !]

      Là, je ne vous comprends plus. Si la condamnation du racisme n’est pas l’initiative de la gauche mais « la réaction du peuple », ou est le problème ? Si le « peuple » lui-même est anti-raciste, quel est le « racisme global et endémique » dont vous me parliez plus haut ? Vous me parlez d’un « racisme systémique et global ». Vous ne pouvez pas le beurre et l’argent du beurre : soit le racisme est chez nous un problème – ce qui suppose admettre qu’une part importante du « peuple » est raciste, soit le « peuple » est anti-raciste et alors il n’y a pas de problème.

      [S’il y a et quand il y a du racisme, il faut le condamner, c’est l’évidence même.]

      Je suis tout à fait d’accord. Le problème, c’est que le racisme n’est pas forcément là où on le pense. Quand un mouvement s’intitule « ligue de défense noire africaine » (ce qui suppose qu’il ne défend que ceux qui ont une couleur de peau particulière), doit-on le considérer comme « raciste » ? Quand une personne crie « vendu » à un policier noir – injure qui est de toute évidence liée à la couleur de sa peau – doit on considérer cela comme une injure raciste ? Quand un syndicat organise un atelier « interdit aux blancs », est-ce du « racisme » ? Pour moi, oui. Toute théorie, toute expression qui suggère que l’origine ethnique doit déterminer les droits, les comportements, l’appartenance des individus est une théorie, une expression « raciste ».

      Ce qui me gêne, c’est que l’expression « anti-raciste » de la gauche est à géométrie variable. Que cette gauche qui condamne le « racisme » de la police a du mal à gérer le racisme de ses propres troupes, lorsque celles-ci insultent un policier noir PARCE QU’IL EST NOIR, ou organisent des réunions « interdites aux blancs ». J’attends toujours les « condamnations » auxquelles vous appelez. Il faut croire que pour la gauche, « ce n’est pas l’évidence même ».

      [Mais si l’on regarde un peu dans le fond les campagnes et revendications de la gauche, prenons le cas de celles émises lors de la crise sanitaire, du PCF et de La France insoumise (je laisse de coté le PS), les plans d’urgence présentés et les mesures concernaient bien les salaires, les services publics, la relocalisation des activités, les nationalisations, bref, les conditions de vie matérielles…]

      Je ne sais pas à quelles « campagnes et revendications » vous faites référence. Lorsque je vais sur le site de LFI, je ne vois pas grande chose concernant comme « proposition » en première page : sur les « actualités », il n’y a que pour les « amphis 2020 », pour « l’assemblée représentative », et pour la « police raciste ». Pas beaucoup de place pour les « conditions de vie matérielles ». Sur le site du PCF, c’est nettement mieux : on parle du pouvoir d’achat, de la protection des salariés. Mais le fait n’en demeure pas moins que ces invocations tiennent du rituel. On écrit, mais on ne s’engage pas vraiment pour leur donner une chance d’être mises en application. Y croient-ils, d’ailleurs ?

      [Decartes, qui est très averti, n’ignore rien de toutes ces propositions.]

      Je les ignore parce qu’elles sont ignorables, et ce n’est pas le webmaster du site LFI qui me contredira. Le problème, voyez-vous, c’est que cela fait quarante ans et plus que j’entends les mêmes revendications, les mêmes « propositions » tenant de la lettre au père Noël (quand elles ne sont pas parfaitement irréalistes). Et au bout de ce temps, je finis par me demander si ceux qui formulent ces « propositions » y croient eux-mêmes, s’il ne s’agit pas d’un rituel dont la fonction est purement symbolique. Je regrette de le dire, mais à force de penser en termes de « revendications », ou a fini par oublier ce qu’est un projet.

      [Par ce rappel élémentaire des faits, je démontre, qu’à nouveau l’auteur de ce blog, qui n’est pas un mauvais bougre mais très orienté, est d’une grande mauvaise foi…]

      Et oui, « l’auteur de ce blog » est très méchant… et en plus, il n’aime pas les bêtes…

      Je me suis amusé à décortiquer les « 11 propositions » de LFI que vous citez – et qui apparemment ne sont pas jugées suffisamment prioritaires pour figurer dans la première page du site de LFI. On y retrouve une longue liste au père Noël qui d’ailleurs montre un souci particulier de ne faire de la peine à personne. Témoin la proposition suivante : « Gratuité des quantités nécessaires au bien-être pour l’électricité, l’eau et le gaz pour toutes et tous ». Curieux, non ? Ainsi, ceux qui ont de la fortune ou des revenus confortables bénéficieront eux aussi de la « gratuité ». Une « gratuité » qui contribuera par ailleurs à appauvrir… les entreprises de service public !

      Mais il y a plus drole : on retrouve des idées bizarres du genre « Il faut intégrer le Covid-19 à la liste des maladies professionnelles » (et pourquoi pas la grippe saisonnière, alors ? En quoi est-elle moins « professionnelle » que le Covid, comme maladie ?) ou « Une prise en charge totale par l’État des frais d’obsèques des personnes décédées du fait du virus » (si vous mourrez de cancer, mauvaise pioche, vous n’avez qu’à raquer). Et vous pensez vraiment qu’il faut les prendre au sérieux ?

      Je vais confesser mes crimes – de toute façon, depuis le temps il y a prescrition: j’ai participé à la rédaction d’un nombre incalculable de “propositions” de ce type. Et à chaque fois, le processus est le même: “il faut mettre la gratuité des transports parce que telle association le demande”, “il faut mettre le smic à XXXX € parce qu’il faut demander mieux que le PS”, “si on demande pas l’interdiction des licenciements, on aura l’air de guignols par rapport au NPA”. Personne ne se demande jamais si ce qu’on demande est faisable, même pas si c’est juste. Dès lors que quelqu’un le demande, on le met dans la liste… mais je vous l’assure, PERSONNE n’y croit. Ni ceux qui l’écrivent, ni ceux qui le lisent. Et tous l’oublient dans les minutes qui suivent sa rédaction ou sa lecture.

      • yoann dit :

        [ Et à chaque fois, le processus est le même: “il faut mettre la gratuité des transports parce que telle association le demande”, “il faut mettre le smic à XXXX € parce qu’il faut demander mieux que le PS”, “si on demande pas l’interdiction des licenciements, on aura l’air de guignols par rapport au NPA”. Personne ne se demande jamais si ce qu’on demande est faisable, même pas si c’est juste. Dès lors que quelqu’un le demande, on le met dans la liste… mais je vous l’assure, PERSONNE n’y croit. Ni ceux qui l’écrivent, ni ceux qui le lisent. Et tous l’oublient dans les minutes qui suivent sa rédaction ou sa lecture.]

        On a quand même quelques personnes qui réfléchissent en dehors des associations au PCF (Progressiste, Economie-Politique, Cause Commune – dont je vous invite à lire le dernier numéro sur l’antiracisme, qui est pas mal du tout contre toute attente).

        Mais oui c’est un vrai problème ce collage de revendication. On est à la remorque des associations (et malgré l’excellent Cause Commune sur l’antiracisme, le PC est à la remorque du comité Adama en ce moment), et on perd de vue l’ensemble des citoyens qui ne sont pas dans le monde associatif. On milite dans un entre-soi militant et on perd de vue le reste de la société…

        On est a la remorque, et à l’agenda outre la remorque il y a des élections. Aucun temps n’est prévu pour discuter, réfléchir, rencontrer, construire… Je trouve ça terrible.

        • Descartes dit :

          @ yoann

          [On a quand même quelques personnes qui réfléchissent en dehors des associations au PCF (Progressiste, Economie-Politique, Cause Commune – dont je vous invite à lire le dernier numéro sur l’antiracisme, qui n’est pas mal du tout contre toute attente).]

          Oui, il y a quelques personnes qui réfléchissent au PCF, mais elles sont marginales et n’ont aucun poids dans les instances de décision. Vous mentionnez à juste titre « Progressistes », qui a réussi à réunir une équipe remarquable et à sortir une publication de qualité. Une publication que malheureusement personne ou presque ne lit, que les dirigeants du PCF ne citent jamais, et dont les réflexions sont orthogonales au discours public du Parti. Economie-Politique n’est plus que l’ombre de ce que c’était du temps de gloire de la commission économique du Comité central, et ne fait que répéter rituellement « emploi formation », « emploi formation », « emploi formation »… quant à « Cause commune », c’est un peu un potpourri de contributions, certaines brillantes, d’autres nulles, sans qu’on puisse dégager vraiment une ligne éditoriale. Cela étant dit, je serais curieux de savoir quelle est la diffusion de ces revues dans le corps militant du PCF…

          [Mais oui c’est un vrai problème ce collage de revendication. On est à la remorque des associations (et malgré l’excellent Cause Commune sur l’antiracisme, le PC est à la remorque du comité Adama en ce moment), et on perd de vue l’ensemble des citoyens qui ne sont pas dans le monde associatif. On milite dans un entre-soi militant et on perd de vue le reste de la société…]

          C’était une partie de mon propos. Mais il faut aller plus loin : pourquoi à l’heure de choisir le PCF suit plutôt le « comité Adama » que les excellentes réflexions du dossier de « Cause commune » ? Ce qui nous amène à nous demander en quoi CROIT profondément un militant communiste aujourd’hui. Ces programmes constitués par collage de revendications, les militants y croient vraiment ? Pensent-ils qu’il soit réalisable ? Que sa mise en œuvre aboutirait à une société meilleure ? Ou se contente-t-il de le mettre dans les boîtes aux lettres parce que c’est un exercice imposé ?

          [On est a la remorque, et à l’agenda outre la remorque il y a des élections. Aucun temps n’est prévu pour discuter, réfléchir, rencontrer, construire… Je trouve ça terrible.]

          Moi aussi. C’est pour cela que j’ai quitté le PCF.

      • Le webmaster de La FI prendra 100 coups de fouet. Les mesures d’urgence face à la crise Covid-19 ont été publiée il y a plusieurs mois, en mars. Une actualité en chassant l’autre, elles apparaissent désormais moins sur le site, moins mises en avant. Mais si l’on regarde les priorités de communication, l’espace de commandes des tracts, ce sont bien ces sujets que l’on peut imprimer et se faire livrer, pas l’antiracisme ou les violences policières.

        Et quel est un “projet” ? Quelles différences notables avec les propositions ?
        Parce qu’un projet, La France insoumise en a un, dessinant une vision de la société. Il s’appelle l’Avenir en commun, a été détaillé et chiffré lors de la campagne présidentielle et les législatives. Il sert encore de référence, lui et ses livrets thématiques, et a été actualisé.

        Sur le sujet principal de cette note de blog, n’oublions pas que la France a aussi été une puissance négrière des Noirs d’Afrique. Et si, juridiquement les “Français” colonisés n’avaient pas les mêmes droits que les vrais Français, ceux de la métropole. Expl : le droit de vote pendant la colonisation.

        • Descartes dit :

          @ Gautier Wienmann

          [Le webmaster de La FI prendra 100 coups de fouet. Les mesures d’urgence face à la crise Covid-19 ont été publiée il y a plusieurs mois, en mars. Une actualité en chassant l’autre, elles apparaissent désormais moins sur le site, moins mises en avant.]

          Mais pourquoi voulez-vous fouetter ce pauvre webmaster qui ne fait que ce qu’on lui dit de faire ? Qu’une actualité chasse l’autre sur BFMTV, on peut le comprendre. Mais quand un parti politique ajuste sa communication sur les mêmes logiques qu’une chaîne d’information en continue, cela me parait assez éclairant sur les priorités de l’organisation.

          [Mais si l’on regarde les priorités de communication, l’espace de commandes des tracts, ce sont bien ces sujets que l’on peut imprimer et se faire livrer, pas l’antiracisme ou les violences policières.]

          Pardon, mais lorsque je regarde sur la page « matériels » du site dans la rubrique où ils sont triés par thématiques, voici ce que je constate :

          Féministes insoumises : 7
          Climat : 5
          Santé : 3
          Jeunes insoumis : 1

          Pensez-vous que ces priorités résument bien les besoins en cette période de crise économique ?

          [Et quel est un “projet” ? Quelles différences notables avec les propositions ?]

          Un « projet » est une vision qui définit un but global et les moyens de l’atteindre, une proposition est dans les meilleurs des cas une action, dans le pire un simple vœu. Dire « voici comment je conçois l’avenir de l’industrie française et voici les leviers pour y arriver » c’est un projet. « Interdisons les licenciements » c’est une proposition. Dans le premier cas je décris le résultat à atteindre et les moyens d’y arriver. Dans le second, c’est une simple mesure.

          [Parce qu’un projet, La France insoumise en a un, dessinant une vision de la société. Il s’appelle l’Avenir en commun, a été détaillé et chiffré lors de la campagne présidentielle et les législatives. Il sert encore de référence, lui et ses livrets thématiques, et a été actualisé.]

          Je vous ai proposé déjà plusieurs fois cet exercice, et chaque fois vous le réfusez. On va donc essayer une fois de plus. Si comme vous le dites LFI a un « projet » qui dessine une vision de la société, vous n’aurez je pense aucune difficulté à m’indiquer dans quel paragraphe de « l’Avenir en commun » je peux trouver les réponses aux questions suivantes :

          1) Dans la VIème République telle que LFI la conçoit, quelle est l’organisation du pouvoir exécutif ?
          2) Dans la France que LFI veut construire, quels seront les secteurs de l’économie contrôlés par l’Etat, et lesquels seront laissés à l’initiative privée ? Quel sera le critère pour les choisir ?
          3) Une fois la règle verte constitutionnalisée il sera interdit de « de prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer ». Cela implique donc l’interdiction d’utiliser toute ressource minérale (car les gisements de métaux, de pierres, d’hydrocarbures, d’uranium, et en général de toute ressource minérale ne se « reconstituent » pas, tout au moins à l’échelle du temps humain). Comment faire fonctionner l’industrie dans une telle contrainte ?

          [Sur le sujet principal de cette note de blog, n’oublions pas que la France a aussi été une puissance négrière des Noirs d’Afrique.]

          Excusez-moi, mais c’est quoi exactement une « puissance négrière » ? A ma connaissance, la traite négrière était le fait d’acteurs privés, et non une politique d’Etat. Par ailleurs, ces acteurs privés achetaient généralement les esclaves noirs aux tribus et aux rois africains, qui vendaient les ennemis capturés et quelquefois même leurs propres sujets. Stricto sensu, ces tribus et ces royaumes étaient eux aussi des « puissances négrières », n’est-ce pas ? En quoi celui qui achète est plus coupable que celui qui vend ? Et pour finir, si l’on doit classer les « puissances négrières », il n’est pas inutile de rappeler que les principaux commerçants d’esclaves furent les royaumes arabes… qui d’ailleurs ne dédaignaient pas les esclaves « blancs ».

          [Et si, juridiquement les “Français” colonisés n’avaient pas les mêmes droits que les vrais Français, ceux de la métropole. Expl : le droit de vote pendant la colonisation.]

          Je vous rappelle qu’avant 1945, la moitié des « vrais français » n’avaient eux – ou plutôt elles – non plus le droit de vote. Ce qui tend à relativiser l’exemple que vous fournissez. Il est en fait difficile de parler des droits des différents habitants de l’empire français tant la situation était différente selon le caractère du territoire. N’oubliez pas que certains territoires étaient des protectorats (et à ce titre avaient leurs propres systèmes politiques, qui n’étaient pas particulièrement démocratiques), d’autres étaient des véritables colonies, d’autres encore avaient été « départementalisés ».

          Au-delà des différences locales, il y avait en général deux catégories de personnes dans les territoires colonisés : des citoyens français, soumis à la législation française tant pour les droits que les devoirs, et des « indigènes » soumis à un régime hérité du droit traditionnel de la contrée. Ainsi par exemple en Algérie avant les décrets Crémieux de 1870 les juifs étaient soumis non pas au Code civil français mais à leur droit traditionnel, l’Halacha, alors que les musulmans étaient soumis au droit coranique. On parlait alors de « français de statut personnel » juif ou musulman. Les décrets Crémieux ont privé d’autorité les juifs de leur statut personnel, et donné aux musulmans le droit de l’abandonner pour devenir citoyens français. Très peu parmi eux ont utilisé cette possibilité. Pourquoi à votre avis ?

          • Mettons de côté les banderoles, badges et autocollants. En réalité, les tracts actuellement commandables sont les suivants :

            tracts « Stop aux frais bancaires abusifs ! »
            tracts : « L’argent c’est maintenant ! » (qui semble lié à la santé)
            Tracts « Exigeons l’égalité femmes hommes », 4 pages
            Tracts « Leur retraite par points », 4 pages
            tracts « Municipales : le peuple aux commandes ! »
            Tracts « Santé »
            Tracts « Violences faites aux Femmes »
            500 tracts 4 pages « Climat social : 49.3 degrés »
            (l’écologie populaire, un million d’emplois dans la planification écologique, la retraite à 60 ans, des services publics accessibles et gratuits (eau, énergie), l’augmentation des bas salaires et pensions avec l’égalité femmes-hommes, l’arrêt des cadeaux aux plus riches, la règle verte et le protectionnisme solidaire).
            500 Tracts Jeunesse « retraites en danger, climat déréglé = avenir sacrifié »
            (tract généraliste)

            Pendant les 130 ans d’histoire coloniale, s’est enracinée une mentalité profondément raciste. Le pense que le racisme anti-arabe et anti-noir est aujourd’hui un héritage de cela.

            • Descartes dit :

              @ Gautier Wienmann

              [Mettons de côté les banderoles, badges et autocollants. En réalité, les tracts actuellement commandables sont les suivants : (…)]

              Mais pourquoi se concentrer sur les tracts ? En quoi les thématiques des tracts seraient plus révélatrices des motivations profondes de LFI que les banderoles, les badges et les autocollants ?

              [Pendant les 130 ans d’histoire coloniale, s’est enracinée une mentalité profondément raciste.]

              Pourriez-vous donner quelques exemples de cette « mentalité raciste profondément enracinée » ?

              [Le pense que le racisme anti-arabe et anti-noir est aujourd’hui un héritage de cela.]

              D’abord, je ne sais pas ce que c’est que le « racisme anti-arabe ». Du point de vue « racial », si tant est que le terme ait un sens, les arabes sont des « blancs ». Vous noterez à ce sujet que les militants antiracistes considèrent les juifs comme étant des « blancs ». Comment alors faire des arabes – qui sont eux aussi sémites – comme un groupe séparé ?

              Tout ça pour dire qu’il faudrait savoir de quoi on parle. Ou bien on s’en tient à la définition classique de « racisme » qui fait référence à des caractères ethniques héréditaires, ou bien on étend la définition pour couvrir n’importe quel groupe caractérisé par son origine, sa culture, sa religion ou que sais-je, et dans ce cas on peut parler de « racisme anti-musulman » ou de « racisme anti-gros ».

            • BolchoKek dit :

              @ Descartes

              [Ou bien on s’en tient à la définition classique de « racisme » qui fait référence à des caractères ethniques héréditaires, ou bien on étend la définition pour couvrir n’importe quel groupe caractérisé par son origine, sa culture, sa religion ou que sais-je, et dans ce cas on peut parler de « racisme anti-musulman » ou de « racisme anti-gros ».]

              Dans ce cas, je dois dire que j’ai été victime de racisme anti-breton… J’ai aussi été traité de sale juif, mais c’est une autre histoire.

            • Gugus69 dit :

              [Pendant les 130 ans d’histoire coloniale, s’est enracinée une mentalité profondément raciste.]

              L’histoire coloniale de la France a duré quatre siècles, en gros du XVIe au XXe siècle. Les 130 ans dont vous parlez sont certainement la colonisation de la seule Algérie. Une grande partie de l’empire français recouvrait des pays peuplés d’Amérindiens et d’Asiatiques. Pensez-vous que se soit enracinée chez nous une “mentalité profondément raciste” contre les Amérindiens et les Asiatiques ? Et si non, comment l’expliquez-vous ?

          • CVT dit :

            @Gautier Wienmann
            [Pendant les 130 ans d’histoire coloniale, s’est enracinée une mentalité profondément raciste. Le pense que le racisme anti-arabe et anti-noir est aujourd’hui un héritage de cela.]

            Je vous invite à lire le fil de ma discussion avec National-Ethniciste et l’hôte de ce site; peut-être que cela vous instruira et vous aidera à comprendre pourquoi je suis scandalisé par des propos comme les vôtres. Et je ne pense pas être un cas isolé…

            Les “camarades” de LFI (“La France Soumise”), ainsi que les islamo-gauchistes et autres “Indignes de la République” militent pour une cause “anti-raciste” qui a moins de pertinence que jamais dans la France des années 2020. Ils ne cessent de vouloir régler des comptes avec les “Français de souche”, montrant par là même leur rejet d’une communauté de destin: dès lors, comment osent-ils se dire Français?

            C’est bien l'”anti-racisme” qui est le creuset de la désaffiliation des descendants d’immigrés, et non une quelconque colonisation que ni vous ni moi n’avons vécu, et dont aucun Français d’aujourd’hui n’est INDIVIDUELLEMENT comptable…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Les “camarades” de LFI (“La France Soumise”), ainsi que les islamo-gauchistes et autres “Indignes de la République” militent pour une cause “anti-raciste” qui a moins de pertinence que jamais dans la France des années 2020. Ils ne cessent de vouloir régler des comptes avec les “Français de souche”, montrant par là même leur rejet d’une communauté de destin : dès lors, comment osent-ils se dire Français ?]

              Le point mérite à mon avis d’être souligné. Lorsque LFI et autres dans la « gauche radicale » dénoncent les crimes qui selon eux jalonnent le passé colonial de la France, parlent-ils de « nous » ou de « eux » ? En tant que Français, assument-ils comme propre la responsabilité de ces « crimes » dont en tant que Français ils héritent le butin, ou se mettent-ils dans une position confortable de témoin non engagé ? Sont-ils continuateurs de l’histoire de France, ou se placent-ils en position extérieure par rapport à elle ?

              C’est moins avec les « français de souche » que ces groupes veulent régler des comptes qu’avec l’histoire de France elle-même. Il est vrai que l’histoire de France est exigeante, et qu’elle ne laisse aux élites que deux choix : faire l’effort de se hisser à sa hauteur, ou bien chercher à l’abaisser à la leur. C’est ce deuxième choix qu’ont fait les élites issues des classes intermédiaires à la fin des années 1960. Tant que Colbert ou Richelieu sont là, leurs lointains successeurs paraissent des nains. La seule manière de résoudre ce problème, c’est de déboulonner leurs statues…

              [C’est bien l’”anti-racisme” qui est le creuset de la désaffiliation des descendants d’immigrés, et non une quelconque colonisation que ni vous ni moi n’avons vécu, et dont aucun Français d’aujourd’hui n’est INDIVIDUELLEMENT comptable…]

              Comme dit le proverbe africain, « il faut enterrer les morts avec toute cérémonie, mais une fois enterrés il faut les laisser au cimetière en paix ». Ressasser en permanence les griefs d’une colonisation qui maintenant fait partie de l’histoire et contre laquelle on n’y peut rien ne sert qu’à distraire les gens des vrais problèmes. La question aujourd’hui est de savoir comment on construit une cohésion sociale ou tous, noirs et blancs, jaunes et rouges, puissent jouir des mêmes droits et soient appelés aux mêmes devoirs, et non d’offrir des réparations symboliques qui ne servent à rien.

            • @ CVT,

              “C’est bien l’”anti-racisme” qui est le creuset de la désaffiliation des descendants d’immigrés, et non une quelconque colonisation que ni vous ni moi n’avons vécu, et dont aucun Français d’aujourd’hui n’est INDIVIDUELLEMENT comptable…”
              Vous soulevez là un problème qui renvoie pour moi à un des éléments les plus inacceptables du mouvement BLM: le fait d’exiger d’un certain nombre de blancs (généralement riches et influents, mais pas que) des excuses, des actes de contrition, une confession publique, non pas pour ce qu’ils ont fait, mais justement pour ce qu’ils n’ont PAS fait pour les noirs, la diversité, la lutte contre les discriminations… Il est simple (et encore) de condamner quelqu’un pour ce qu’il a fait effectivement, mais comment condamner des gens pour ce qu’ils n’ont pas fait, sachant qu’on ne parle pas là de violation de la loi? On pourra toujours reprocher à quelqu’un de ne pas en faire assez: vous avez embauché deux noirs? On vous reprochera de ne pas en avoir embauché trois. Avez-vous donné un million de dollars à une assoc qui aide les noirs du ghetto? Vous auriez pu donner deux millions. Avez-vous trois amis noirs? Vous devriez en avoir cinq… et ainsi de suite, c’est sans fin.

              Mais je dois dire qu’humilier des gens publiquement, les obliger à faire des excuses, à demander pardon parce qu’ils sont blancs et soit-disant privilégiés, non seulement c’est détestable sur le principe, mais en plus c’est profondément raciste, c’est à mon sens inutile (quelle valeur accorder à des excuses arrachées sous la pression?) et surtout contre-productif (comment ne pas voir qu’on risque de créer ainsi du ressentiment chez les blancs?). Les blancs ulcérés par ses pratiques (et j’en suis) ne seront pas tentés de rejoindre le mouvement BLM, mais bien au contraire de le combattre férocement.

              Même si apparemment aux Etats-Unis, un certain nombre de blancs prennent semble-t-il un certain plaisir à faire leur autocritique et à dénoncer le “privilège blanc” (quand on pense que les Américains raillaient jadis les Soviétiques avec leurs procès truqués et les autocritiques “spontanées”). Mais on a vu sur le campus d’Ever Green où a mené ce genre de délire. Parce qu’à force de répéter “désolé d’être là, je ne devrais pas occuper ce poste que je dois à mon privilège blanc, j’ai honte, je ne suis pas légitime”, eh bien tôt ou tard vous finissez par perdre tout respect, toute autorité, et finalement on ne vous écoute plus quand on ne vous évince pas sans ménagement.

              Comme vous le signalez, la colonisation, c’est du passé. On ne peut rien y changer, on ne peut pas refaire l’histoire. On peut éventuellement dire, c’est regrettable, on peut reconnaître des crimes et des exactions sans doute. Mais en tant que Français de souche né plus de vingt ans après la décolonisation, non seulement je refuse de m’excuser, mais en plus je n’accepterai jamais de condamner ce qu’ont fait mes ancêtres. Leurs crimes et leurs erreurs sont le prix de leur grandeur, qu’on le veuille ou non. L’empire colonial, à un moment, a été un élément de la puissance française, qui a permis à la France de rayonner et de retrouver une forme de grandeur après la perte de sa suprématie en Europe suite aux défaites de 1815 et de 1870. C’est comme ça.

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [Vous soulevez là un problème qui renvoie pour moi à un des éléments les plus inacceptables du mouvement BLM : le fait d’exiger d’un certain nombre de blancs (généralement riches et influents, mais pas que) des excuses, des actes de contrition, une confession publique, non pas pour ce qu’ils ont fait, mais justement pour ce qu’ils n’ont PAS fait pour les noirs, la diversité, la lutte contre les discriminations…]

              Ce n’est pas « un des éléments » du mouvement BLM, du moins tel qu’il a été importé en France. C’est le cœur du réacteur. C’est vous-même je crois qui aviez proposé dans ce blog la référence à la vidéo sur Evergreen State College (https://www.youtube.com/watch?v=u54cAvqLRpA). Cette vidéo montre très bien le mécanisme qu’on connaît depuis l’inquisition : on conquiert l’hégémonie idéologique en obtenant que l’autre s’abaisse lui-même, qu’il renie ce qu’il est. L’iconoclasme auquel nous assistons aujourd’hui fait partie de ce processus.

              [Il est simple (et encore) de condamner quelqu’un pour ce qu’il a fait effectivement, mais comment condamner des gens pour ce qu’ils n’ont pas fait, sachant qu’on ne parle pas là de violation de la loi? On pourra toujours reprocher à quelqu’un de ne pas en faire assez : vous avez embauché deux noirs ? On vous reprochera de ne pas en avoir embauché trois. Avez-vous donné un million de dollars à une assoc qui aide les noirs du ghetto ? Vous auriez pu donner deux millions. Avez-vous trois amis noirs ? Vous devriez en avoir cinq… et ainsi de suite, c’est sans fin.]

              Bien entendu, parce que le mécanisme consiste à exploiter le sentiment de culpabilité des classes intermédiaires. Le grand problème aujourd’hui est là. La bourgeoisie, comme classe dominante, assumait parfaitement sa position de domination, et elle fabriquait l’idéologie qui la justifiait en renversant les termes de la réalité : ce n’est pas le prolétaire qui par son travail enrichit le capitaliste, mais le capitaliste qui dans sa grande bonté apporte son capital pour offrir au travailleur un gagne-pain. La bourgeoisie n’a jamais renversé ses statues ou renié ses grands hommes.

              Les classes intermédiaires sont devenues part du bloc dominant, mais se vivent elles-mêmes comme dominées. Alors qu’elles jouissent d’une position privilégiée, elles se racontent qu’elles sont du côté des opprimés. Elles défendent la mixité sociale mais font des pieds et des mains pour que leurs enfants échappent aux rigueurs de la carte scolaire. Ils professent adorer le métissage, mais rêvent d’habiter dans les « bons » quartiers. Ce décalage entre la réalité et l’idéologie génère un sentiment de culpabilité que certains ont bien compris et savent admirablement exploiter. De ce point de vue, le « racisme systémique » est une invention admirable : grâce à lui, la culpabilité ne nécessite ni acte positif, ni abstention. Elle existe per se.

              [Mais je dois dire qu’humilier des gens publiquement, les obliger à faire des excuses, à demander pardon parce qu’ils sont blancs et soit-disant privilégiés, non seulement c’est détestable sur le principe, mais en plus c’est profondément raciste, c’est à mon sens inutile (quelle valeur accorder à des excuses arrachées sous la pression?) et surtout contre-productif (comment ne pas voir qu’on risque de créer ainsi du ressentiment chez les blancs?).]

              Ça dépend quels blancs. Pour les classes intermédiaires, qui sont les acteurs essentiels de ce cirque, la contrition et l’humiliation jouent le même rôle que les dons aux abbayes ou l’achat des indulgences au moyen-âge : le donateur échange une parcelle de pouvoir ou d’argent contre le pardon de ses péchés et la supériorité morale. Après s’être humilié et avoir demandé pardon, on peut espérer être accepté dans la communauté des saints. Au niveau des classes populaires, je doute qu’il y en ait beaucoup pour faire des excuses.

              [Les blancs ulcérés par ses pratiques (et j’en suis) ne seront pas tentés de rejoindre le mouvement BLM, mais bien au contraire de le combattre férocement.]

              Vous – ou moi – avons cette réaction parce que nous sommes insensibles à la culpabilité, ayant assumé notre histoire et notre position sociale. Mais pour celui qui se conçoit comme un « insoumis » mais prend chaque jour son SUV pour amener ses enfants au lycée privé, la possibilité d’obtenir une indulgence plénière est séduisante.

              [Comme vous le signalez, la colonisation, c’est du passé. On ne peut rien y changer, on ne peut pas refaire l’histoire. On peut éventuellement dire, c’est regrettable, on peut reconnaître des crimes et des exactions sans doute.]

              Je ne suis pas d’accord. On n’a pas à dire « c’est regrettable ». Diriez-vous que le sac de Troie ou la défaite d’Alésia sont « regrettables » ? Est-ce que cela a un sens ? Et de la même façon, nous n’avons pas à « reconnaître » les « crimes » du passé. Nous ne sommes pas juges de l’histoire, et l’idée même qu’on puisse juger ou qualifier moralement des évènements historiques revient à considérer que notre époque détiendrait une vérité morale supérieure à toute autre époque, ce qui est tout de même problématique.

              Comme disait Voltaire, « nous devons des égards aux vivants, aux morts nous ne devons que la vérité ». Oui, il faut raconter l’histoire de l’esclavage, sans rien omettre : le fait que l’esclavage fut pratiqué par les Européens pour alimenter l’économie de la plantation dans les colonies américaines, mais aussi qu’il fut pratiqué à bien plus grande échelle par les Arabes. Le fait que le commerce du « bois d’ébène » a enrichi non seulement les « blancs » qui en faisaient le commerce, mais aussi les chefs et rois « noirs » qui vendaient leurs captifs et même leurs sujets. Transformer l’histoire de l’esclavage – et l’histoire en général – en conte moral en occultant tout ce qui n’est pas conforme à son intention, ce n’est plus faire du travail d’historien mais de romancier.

              Maintenant, si l’on veut faire du roman… je n’ai rien contre. Je suis un grand partisan d’un « roman national » qui reprenne dans notre histoire ce que nous considérons comme exemplaire et oublie ce qui ne l’est pas. Mais s’il est justifié de violer l’histoire à condition de lui faire une belle fille (pour reprendre la formule de Dumas, qui étant lui-même métis échappera certainement à l’accusation de machisme que cette phrase appellera sans doute), il faut se demander alors quelle fille nous prépare le roman « anti-esclavagiste ». Et c’est là que le bât blesse. Le « roman national » de la IIIème République proposait un chapelet de figures positives, professant des vertus d’effort, de travail, de patriotisme. C’était un instrument d’édification, au sens le plus noble du terme. Le roman « anti-esclavagiste » se définit non pas par ce qu’il veut construire, mais par ce qu’il veut détruire. Il est profondément négatif.

            • @ Descartes,

              “On n’a pas à dire « c’est regrettable ». Diriez-vous que le sac de Troie ou la défaite d’Alésia sont « regrettables » ?”
              Eh bien, c’est une excellente question que vous posez là, et la réponse me paraît moins simple que votre remarque le laisse supposer. En tant que patriote, j’ai toujours un pincement au coeur en voyant un peuple courageux vaincu et soumis par ses ennemis. Les Troyens ont résisté dix ans aux Grecs, et ce n’est pas pour rien que non seulement les poètes grecs ont chanté cette guerre, mais ils ont salué l’héroïsme des Troyens. Quand Hector embrasse Andromaque avant de marcher à la mort en répondant au défi d’Achille, c’est le destin, mais on ne peut que regretter un destin si cruel qui fauche des hommes d’une telle valeur. La vaillance est louée dans l’Iliade, mais la tristesse n’est pas absente. Oui, il est regrettable que les Troyens, après leur belle résistance, aient vu leur ville détruite, leurs femmes violées, leurs enfants réduits en esclavage. Et le même raisonnement peut s’appliquer aux Gaulois de Vercingétorix. Après tout, Jules César a mené une opération militaire de pur impérialisme en vue de servir sa carrière, les peuples gaulois, divisés, ne représentant pas une menace bien grande pour la puissance romaine. Les morts et les destructions liées à la conquête romaine sont loin d’être négligeables.

              Dans un second temps, on peut évidemment voir ces épisodes comme un “mal nécessaire”: la conquête romaine a permis à la Gaule de bénéficier des avantages de la civilisation gréco-romaine, préparant ainsi la naissance de ce qui sera plus tard la France. Seulement, ce “mal nécessaire” n’est pas toujours aussi évident que vous semblez le penser: prenons la colonisation de l’Algérie. Il y a je trouve matière à regretter qu’Abdelkader n’ait pas été assez fort pour chasser les Français (ou pour limiter leur implantation). Pour les indigènes d’abord, car rappelons que la colonisation de l’Algérie s’est accompagnée de très importantes confiscations de terres, réduisant à la misère nombre de locaux (et ce n’est pas une invention des “décoloniaux”, Maupassant dénonçait cette situation à la fin du XIX°), provoquant même des famines dans les années 1890 si ma mémoire ne me trompe pas. Pour la France ensuite, car la conquête de l’Algérie a été très coûteuse, la défense des intérêts des colons a été très coûteuse, et à la fin il a fallu partir la queue entre les jambes, avant de subir une importante immigration d’Algériens. Je ne reproche rien aux hommes qui ont conquis et colonisé l’Algérie, dans le contexte de leur époque, ils accomplissaient quelque chose de normal. Mais rétrospectivement, c’était une erreur. Je ne juge pas les hommes, mais le résultat de leurs actions sur le long terme. Comme je l’ai dit, la colonisation se justifiait pour des raisons de politiques intérieures et extérieures à l’époque où elle a été mise en oeuvre. Mais elle ne faisait pas l’unanimité. Clemenceau a critiqué avec virulence le discours de Ferry sur la “mission civilisatrice” de la France. Or Clemenceau est un patriote. Il n’est ni décliniste, ni un représentant de la “petite France”. Pourquoi ne pas l’écouter?

              C’est la tragédie de l’histoire: les décisions qu’on pense appropriées au moment où on les prend conduisent parfois au désastre. Il faut être indulgent avec les hommes qui agissent en fonction des circonstances et des informations qu’ils ont à disposition. Mais il n’est nullement interdit d’avoir un avis sur les méthodes employées (la conquête de l’Algérie a été extrêmement brutale avec une politique de la terre brûlée) ni sur les résultats des actions menées dans le passé. Grâce à la colonisation, le français est parlé dans de larges secteurs du continent africain. A cause de cela, l’émigration vers la France s’en trouve facilitée pour des milliers d’Africains, et la population française “noircit” à vue d’œil, tandis que les inévitables exactions de la colonisation et les profondes inégalités des sociétés coloniales servent à justifier la présence d’immigrés africains toujours plus nombreux aujourd’hui sur notre sol en même temps que l’activisme des “militants de la cause noire” et autres antiracistes qui nous vendent leur “racisme systémique” ou leur “idéologie de la domination” afin de vider de sa substance l’idée même de nation française.

              Je le répète, la colonisation était le prix de la grandeur. Mais est-ce que la France aurait pu être grande sans (ou avec moins) de colonisation? La France a-t-elle colonisé au mieux de ses intérêts? La France a-t-elle correctement décolonisé? Je ne vois pas pourquoi on devrait faire l’économie de ces questions. Accepter l’histoire, ce n’est pas refuser de la questionner. Je rappelle que sur la colonisation de l’Algérie, il y a eu des débats en France au XIX°. Napoléon III, par exemple, songeait à créer un “royaume arabe” qui aurait été autonome, plus une sorte de protectorat, et n’encourageait pas vraiment l’immigration européenne. La politique finalement retenue par la III° République (colonisation de peuplement avec confiscation massive des terres, création d’une société dominée par les colons minoritaires et assimilation très partielle des indigènes) a mené au désastre, il faut le dire. Et certains avaient tiré la sonnette d’alarme, notamment (et peut-être étonnamment) Jules Ferry dans un rapport sénatorial de 1892.

              “Nous ne sommes pas juges de l’histoire, et l’idée même qu’on puisse juger ou qualifier moralement des évènements historiques revient à considérer que notre époque détiendrait une vérité morale supérieure à toute autre époque, ce qui est tout de même problématique.”
              Pardon de vous le dire, mais vous demandez trop. L’historien doit être humble, prudent, et toujours contextualiser avec grand soin, mais vous ne pouvez pas empêcher une époque de lire l’histoire à l’aune de ses valeurs, de ses préjugés et de ses préoccupations. Il en a toujours été ainsi. D’autre part, une question se pose: “notre époque” commence quand pour vous? Je vous rappelle que l’histoire contemporaine commence au XIX° d’un point de vue universitaire. Le début de la conquête de l’Algérie (1830), c’est assez ancien, mais la décolonisation, ce n’est pas si vieux. C’est quand même un peu “notre époque”…

              “Oui, il faut raconter l’histoire de l’esclavage, sans rien omettre”
              Vous savez bien que je suis d’accord avec vous. Mais vous noterez que les programmes scolaires sont très discrets sur la traite arabo-musulmane, dans la droite ligne de la loi Taubira sur la reconnaissance de la traite négrière comme crime contre l’humanité “à partir du XV° siècle” (“il ne faut pas mettre la culpabilité sur les épaules des jeunes Arabes” dixit Taubira à l’époque). Et un professeur doit appliquer les programmes…

              “Le roman « anti-esclavagiste » se définit non pas par ce qu’il veut construire, mais par ce qu’il veut détruire.”
              Là encore, tout à fait d’accord. Le problème est qu’aujourd’hui, comme pour le drapeau ou la patrie, le roman national n’est plus défendu que par des gens considérés comme des pestiférés d’extrême droite ou assimilés (genre Zemmour ou Finkielkraut).

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [Eh bien, c’est une excellente question que vous posez là, et la réponse me paraît moins simple que votre remarque le laisse supposer. En tant que patriote, j’ai toujours un pincement au coeur en voyant un peuple courageux vaincu et soumis par ses ennemis.]

              Je n’ai aucun pincement de cœur voyant les Allemands – peuple courageux s’il en est – vaincu par les troupes alliées en 1945. Si vous êtes triste pour Troie, c’est parce qu’il y a le génie d’Homère pour transformer le fait historique en tragédie humaine.

              [Les Troyens ont résisté dix ans aux Grecs, et ce n’est pas pour rien que non seulement les poètes grecs ont chanté cette guerre, mais ils ont salué l’héroïsme des Troyens. Quand Hector embrasse Andromaque avant de marcher à la mort en répondant au défi d’Achille, c’est le destin, mais on ne peut que regretter un destin si cruel qui fauche des hommes d’une telle valeur. La vaillance est louée dans l’Iliade, mais la tristesse n’est pas absente. Oui, il est regrettable que les Troyens, après leur belle résistance, aient vu leur ville détruite, leurs femmes violées, leurs enfants réduits en esclavage.]

              Sans doute, mais là vous ne parlez plus en historien. L’adieu d’Hector à Andromaque n’appartient pas à l’histoire, mais à la littérature. Et à la très grande littérature. Combien de villes furent détruites, les femmes violées, les enfants réduits en esclavage, à la même époque ? Troie ne fut probablement pas la seule, mais il n’y avait pas d’Homère dans les parages.

              [Et le même raisonnement peut s’appliquer aux Gaulois de Vercingétorix. Après tout, Jules César a mené une opération militaire de pur impérialisme en vue de servir sa carrière, les peuples gaulois, divisés, ne représentant pas une menace bien grande pour la puissance romaine. Les morts et les destructions liées à la conquête romaine sont loin d’être négligeables.]

              Les morts et destructions liées aux incursions gauloises – ou aux guerres entre tribus gauloises – étaient elles aussi « loin d’être négligeables ». Il n’est pas impossible que les vies sauvées par la « pax romana » soient bien plus nombreuses que celles perdues pendant les campagnes de César. Du point de vue de l’historien il n’y a aucune raison de souhaiter la victoire de Vercingétorix plutôt que celle de César. Après, du point de vue littéraire, notre civilisation a tendance à prendre le parti du faible contre le fort…

              [prenons la colonisation de l’Algérie. Il y a je trouve matière à regretter qu’Abdelkader n’ait pas été assez fort pour chasser les Français (ou pour limiter leur implantation). Pour les indigènes d’abord, car rappelons que la colonisation de l’Algérie s’est accompagnée de très importantes confiscations de terres, réduisant à la misère nombre de locaux (et ce n’est pas une invention des “décoloniaux”, Maupassant dénonçait cette situation à la fin du XIX°), provoquant même des famines dans les années 1890 si ma mémoire ne me trompe pas.]

              Rappelons qu’Abdelkader était lui-même un « colonisateur ». Lorsqu’on regarde la composition de la célèbre Smalah, on trouve… des esclaves ! Les conquérants arabes puis ottomans de l’Algérie ont eux aussi confisqué les terres des occupants antérieurs et les ont distribués à leurs propres alliés. Si Abdelkader avait gagné, il aurait maintenu les confiscations arabo-ottomanes. En quoi les confiscations des uns étaient plus légitimes, plus justes que les confiscations des autres ? En quoi perpétuer une vieille injustice est « meilleur » qu’instaurer une nouvelle ? Comme vous voyez, du point de vue de l’historien, il n’y a aucune raison de « regretter » les défaites des uns et des autres.

              Maintenant, si vous vous placez du point de vue littéraire, on peut faire d’Abdelkhader une figure dramatique et regretter qu’il meure à la fin. Mais c’est là une autre histoire.

              [Mais rétrospectivement, c’était une erreur. Je ne juge pas les hommes, mais le résultat de leurs actions sur le long terme. Comme je l’ai dit, la colonisation se justifiait pour des raisons de politiques intérieures et extérieures à l’époque où elle a été mise en oeuvre. Mais elle ne faisait pas l’unanimité. Clemenceau a critiqué avec virulence le discours de Ferry sur la “mission civilisatrice” de la France. Or Clemenceau est un patriote. Il n’est ni décliniste, ni un représentant de la “petite France”. Pourquoi ne pas l’écouter ?]

              On peut considérer la conquête de l’Algérie comme une erreur. Mais de là à la « regretter » il y a une certaine distance.

              [Je le répète, la colonisation était le prix de la grandeur. Mais est-ce que la France aurait pu être grande sans (ou avec moins) de colonisation ? La France a-t-elle colonisé au mieux de ses intérêts ? La France a-t-elle correctement décolonisé ? Je ne vois pas pourquoi on devrait faire l’économie de ces questions. Accepter l’histoire, ce n’est pas refuser de la questionner.]

              Nous sommes d’accord. Mais encore une fois, « questionner » c’est une chose, « regretter » ou « s’excuser », c’en est une autre.

              [Pardon de vous le dire, mais vous demandez trop. L’historien doit être humble, prudent, et toujours contextualiser avec grand soin, mais vous ne pouvez pas empêcher une époque de lire l’histoire à l’aune de ses valeurs, de ses préjugés et de ses préoccupations. Il en a toujours été ainsi.]

              Oui, et cette lecture transforme l’histoire en roman…

              [D’autre part, une question se pose : “notre époque” commence quand pour vous?]

              Hier !

              [“Oui, il faut raconter l’histoire de l’esclavage, sans rien omettre” Vous savez bien que je suis d’accord avec vous. Mais vous noterez que les programmes scolaires sont très discrets sur la traite arabo-musulmane, dans la droite ligne de la loi Taubira sur la reconnaissance de la traite négrière comme crime contre l’humanité “à partir du XV° siècle” (“il ne faut pas mettre la culpabilité sur les épaules des jeunes Arabes” dixit Taubira à l’époque). Et un professeur doit appliquer les programmes…]

              Exactement mon point : notre époque a « lu » l’histoire et en a fait un roman en choisissant arbitrairement de distribuer les « culpabilités » conformément à un modèle idéologique.

            • CVT dit :

              @Descartes et N-E
              Vous voulez un exemple d’aliénation et d’effacement de mémoire? Bah, voilà, il suffisait de demander:
              https://www.bvoltaire.fr/jean-rottner-lr-ne-voulait-pas-dun-lycee-beltrame-il-debaptise-le-lycee-colbert-pour-lappeler-rosa-parks/

              Le plus étonnant, c’est qu’il s’agit bien d’un conseil régional de droite, et non d’extrême-gauche. Tout l’échiquier politique français hors FN/RN, qui est bien malade, est en train de succomber à la démagogie “anti-raciste”.

              Cela confirme aussi une intuition que j’ai depuis le début du happening “Black Lives Madder”, et qui a été grandement aiguisée par le diagnostic de classe dont l’hôte de ce blog se fait le héraut: l'”anti-racisme” est bien une cause de classe. De celle dont le “bloc bourgeois” se sert pour soigner son amour-propre, pouvant ainsi recommencer à mépriser et à faire la leçon aux prolos français, Gilets Jaunes et “Premiers de corvées”, alors que ceux-ci avaient trop bien travaillé durant les huit semaines de confinement.
              Seulement voilà, dans le cas français, le mépris de classe va de pair avec la dilution de la nation française: parce que renommer un lycée “Colbert” pour l’appeler “Rosa Parks”, et ce après avoir refuser de le baptiser “Arnaud Beltrame” (oui, ce gendarme qui aura eu le “mauvais goût” de se sacrifier héroïquement pour sauver des vies lors d’une prise d’otage commise par des islamistes…) pour complaire à la “cause majeure” de l'”anti-racisme” est la parfaite métaphore d’une guerre livrée contre l’âme de la France et contre les Français. Parce que remplacer de manière aussi grossière un imaginaire purement lié à notre histoire par un autre qui nous est totalement étranger, tant d’un point de vue de historique et géographique, revient tout simplement à voler ou effacer nôtre âme…

              A maintes reprises on a évoqué l’apport de Colbert à la destinée de la France qui, pour moi, mérite bien les statues et les bâtiments publics dédiés à sa mémoire et à ses accomplissements. Pourtant, d’autres comme les militants noirs “anti-racistes”, des “Français malgré eux”, jugent différemment et pensent qu’une Rosa-Parks est bien plus digne d’intérêt et d’éloges que cette grande figure de l’histoire de France, alors que la mésaventure de cette Américaine noire est sans rapport avec l’histoire de notre pays, et que son acte de rebellion relèvait bien plus de l’anecdote que de l’héroïsme. Pour le patriote que je suis, c’est d’autant plus choquant qu’à l’époque où l’Amérique ségrégationniste interdisait à Mme Parks de s’asseoir dans un bus à côté des Blancs, au même moment, le Guyanais Gaston Monnerville était Président du Sénat, et l’un des adversaires les plus résolus de MonGénéral, donc pas vraiment anecdotique…

              Par leurs actions nihilistes, les “anti-racistes” accomplissent la formidable prouesse d’abolir le temps et l’espace: pour eux, la France de 2020, c’est l’Amérique sudiste raciste de la fin des années 50!!!

              Ces gens-là, je l’ai dit à longueur de posts, sont de bien mauvais Français car tout dans leurs actions montrent que leurs allégeances et leurs centres d’intérêts sont à l'”extérieur”: aux USA, en Afrique, n’importe où sauf en France. C’est la TSF: “tout sauf la France”!! Pourquoi pas, sauf qu’ils n’ont pas à agir de manière tyrannique et irresponsable envers les autres Français en exigeant que notre pays change pour eux, alors qu’ils n’ont strictement rien à lui apporter, quand ils n’essaient pas de le mettre par terre!

              Enfin, je m’en voudrais d’épargner ceux qui pris cette décision scandaleuse d’abonder dans le sens d’une requête qui ne l’est pas moins: ils sont anti-républicains et sont coupables de forfaiture, car leur devoir est de travailler dans l’intérêt général, et non de céder à des intérêts hyper-particuliers…

              p.s.: je ne sais plus qui a eu cette trouvaille géniale des “Français malgré eux”: j’adore mais je la trouve un brin restrictive. Je crois qu’il faudrait également l’étendre à certains “Gaulois”, comme par exemple des dirigeants comme P’tit Cron, ou encore le président de région dont il est question dans l’article…

            • Descartes dit :

              @ CVT

              [Le plus étonnant, c’est qu’il s’agit bien d’un conseil régional de droite, et non d’extrême-gauche. Tout l’échiquier politique français hors FN/RN, qui est bien malade, est en train de succomber à la démagogie “anti-raciste”.]

              Pas tout à fait. Lorsque vous examinez ce qui a été écrit sur cette affaire dans les journaux, vous découvrez que c’est un autre type de démagogie qui conduit à ce résultat. En fait, lors de la fusion du lycée Colbert de Thionville avec le lycée Sophie-Germain, il a fallu chercher un nom pour le nouvel ensemble. Et c’est là que commence la démagogie : au lieu de laisser les adultes – professeurs, conseillers régionaux, fonctionnaires – choisir le nom, on a « consulté les élèves ». Or, les élèves en question ont non seulement une culture limitée – merci les nouveaux programmes – mais surtout sont sous l’influence d’un discours dominant qui fait la part belle à des figures bienpensantes. Dans le cas présent, quels sont les noms choisis par les élèves : Rosa Parks, Simone Veil et Wangari Muta Maathai. Rien de surprenant…

              Il y a bien pire que la « démagogie anti-raciste ». C’est la démagogie qui prétend mettre l’élève et le professeur, l’ignorant et le savant au même niveau. La transmission n’est possible que lorsqu’on assume un rapport asymétrique entre le celui qui transmet, qui sait, et celui qui reçoit, et qui ne sait pas. Choisir le nom d’un lycée, d’une rue, d’une institution est un acte de transmission. Lui donner le nom de Colbert, c’est mettre les qualités de Colbert comme exemple. C’est pourquoi ce choix doit être fait par ceux qui ont quelque chose à transmettre, et non par ceux qui sont les bénéficiaires de la transmission. C’est parce qu’on laisse les élèves « au centre » qu’on se retrouve avec des lycées Coluche.

              [Seulement voilà, dans le cas français, le mépris de classe va de pair avec la dilution de la nation française: parce que renommer un lycée “Colbert” pour l’appeler “Rosa Parks”, et ce après avoir refusé de le baptiser “Arnaud Beltrame” (oui, ce gendarme qui aura eu le “mauvais goût” de se sacrifier héroïquement pour sauver des vies lors d’une prise d’otage commise par des islamistes…) pour complaire à la “cause majeure” de l’”anti-racisme” est la parfaite métaphore d’une guerre livrée contre l’âme de la France et contre les Français.]

              Je n’aurais pas été d’accord pour l’appeler un lycée « Arnaud Beltrame ». Donner en exemple un acte de bravoure, pourquoi pas. Mais je préfère donner en exemple la trajectoire d’un homme qui a rendu sa vie entière des services signalés à son pays, dans les arts, les sciences, le droit, la politique, la guerre. Mais notre histoire ne manque pas de gens à donner en exemple. Le fait qu’on ait été choisir une militante américaine est en lui-même assez révélateur…

              [A maintes reprises on a évoqué l’apport de Colbert à la destinée de la France qui, pour moi, mérite bien les statues et les bâtiments publics dédiés à sa mémoire et à ses accomplissements. Pourtant, d’autres comme les militants noirs “anti-racistes”, des “Français malgré eux”, jugent différemment et pensent qu’une Rosa-Parks est bien plus digne d’intérêt et d’éloges que cette grande figure de l’histoire de France,]

              Mais plus que de l’anti-racisme, c’est de l’ignorance. Je reste persuadé que les jeunes qui ont voté pour Rosa Parks connaissent à peine l’œuvre de Colbert. C’est là pour moi le plus triste : on a privé une génération de ce récit magnifique.

            • @ Descartes,

              “Je n’ai aucun pincement de cœur voyant les Allemands – peuple courageux s’il en est – vaincu par les troupes alliées en 1945.”
              Mille excuses, j’aurais dû préciser “peuple courageux et agressé”. J’ajoute qu’en 1945, les Allemands n’ont pas trop à se plaindre, ils n’ont pas été rayés de la carte. Eu égard à leur attitude dans les pays occupés, cela aurait pu se justifier.

              “Combien de villes furent détruites, les femmes violées, les enfants réduits en esclavage, à la même époque ? Troie ne fut probablement pas la seule, mais il n’y avait pas d’Homère dans les parages.”
              Vous avez raison. Mais justement: ce que raconte Homère, pour moi, a une portée universelle. Troie est un peu le modèle de la cité qui résiste à ses ennemis, courageusement, héroïquement, et qui à la fin est détruite. La tristesse pour la chute de Troie contient un peu la mélancolie pour toutes les cités, anonymes ou non, petites ou grandes, détruites par la guerre. Homère d’ailleurs n’a rien inventé: je crois me souvenir qu’il existe un vieux texte mésopotamien intitulé “lamentation sur la chute d’Akkad”. Mais on pourrait citer Ougarit, Carthage, Numance et bien sûr Jérusalem.

              “Les morts et destructions liées aux incursions gauloises – ou aux guerres entre tribus gauloises – étaient elles aussi « loin d’être négligeables ».”
              Là, l’expert est obligé de vous dire que les raids gaulois signalés par l’annalistique romaine ou grecque sont le fait de Celtes orientaux (Galates) ou de Gaulois cisalpins. Les Gaulois transalpins n’y étaient pour rien. Quant aux guerres entre tribus… César a ponctionné la Gaule en argent et en hommes pour ses campagnes contre Pompée. Le prix était-il moins lourd? On peut en discuter.

              “Il n’est pas impossible que les vies sauvées par la « pax romana » soient bien plus nombreuses que celles perdues pendant les campagnes de César.”
              Possible. Mais au prix de la liberté (et un souverainiste ne peut pas être complètement insensible à cette question) et de la mort d’une culture. La civilisation gauloise, moins brillante peut-être, moins connue surtout, n’en était pas pour autant méprisable. Et la Gaule était relativement prospère avant la conquête romaine. J’attire aussi votre attention sur le fait que les cités grecques, tant qu’elles étaient divisées et en lutte les unes contre les autres, étaient dynamiques culturellement et intellectuellement. Du jour où la Grèce est passée sous la domination macédonienne, cet élan s’est brisé. Une relative paix s’est installée, mais Athènes, Sparte, Corinthe se sont assoupies sur leur grandeur passée… C’est une chose qui m’a toujours frappé: la paix, parfois, souvent même, tend à réduire la vitalité culturelle d’une civilisation. Même à Rome, beaucoup de grandes œuvres datent des périodes troublées de la fin de la République ou de la période qui suit immédiatement (l’époque augustéenne) durant laquelle le souvenir des troubles est encore bien présent. Après, le génie littéraire romain semble s’affadir. Pourquoi?

              “Après, du point de vue littéraire, notre civilisation a tendance à prendre le parti du faible contre le fort…”
              J’y vois un héritage du romantisme: les plus belles causes sont les causes perdues.

              “Rappelons qu’Abdelkader était lui-même un « colonisateur ».”
              Pouvez-vous préciser ce point? La famille d’Abdelkader semble être présente au Maghreb depuis des siècles au moment où il naît. Je ne vois pas bien en quoi le qualificatif de “colonisateur” est pertinent pour cet homme.

              “Lorsqu’on regarde la composition de la célèbre Smalah, on trouve… des esclaves !”
              A un moment où l’esclavage est encore légal dans les colonies françaises, non? Que déduisez-vous de la présence d’esclaves dans la Smalah d’Abdelkader? Que cela disqualifie sa cause? Pas davantage que le rétablissement de l’esclavage en 1802 ne disqualifie le consul Bonaparte à mes yeux.

              “Si Abdelkader avait gagné, il aurait maintenu les confiscations arabo-ottomanes.”
              J’avoue que je ne suis pas fin connaisseur de l’Algérie pré-coloniale. Il est vrai que les Arabes hilaliens qui arrivent au Maghreb à partir du XI° siècle sont d’authentiques envahisseurs, qui achèvent d’islamiser et d’arabiser la région. Comme toute invasion, elle s’est faite dans la violence. Mais au XIX° siècle, 800 ans plus tard, et dans la mesure où les Arabes ont dans certains secteurs fusionné avec les Berbères, où l’islam a unifié culturellement la Maghreb, est-il pertinent de parler de “colonisation”? Y a-t-il juridiquement un tel fossé entre descendants d’Arabes et de Berbères? Quant aux Ottomans, si ma mémoire ne me trompe pas, ils ont surtout imposé leur suzeraineté, prélevé le tribut et installé des garnisons aux endroits stratégiques. Il n’y a pas eu à ma connaissance installation de colons ottomans au Maghreb avec confiscation de terres mais peut-être suis-je dans l’erreur?

              “on peut faire d’Abdelkhader une figure dramatique et regretter qu’il meure à la fin.”
              Vous êtes sévère. Non, en l’occurrence, l’histoire finit plutôt bien pour l’émir: Abdelkhader est interné en France quelques années puis libéré par Napoléon III à condition de ne pas retourner en Algérie et de ne rien tenter contre la France. Réfugié à Damas, il respecte scrupuleusement cet engagement et sauve des chrétiens lors des exactions commises par les Druzes contre ces derniers. Il meurt en 1883, chargé d’ans et respecté. Il y a pire, non?

              “notre époque a « lu » l’histoire et en a fait un roman en choisissant arbitrairement de distribuer les « culpabilités » conformément à un modèle idéologique.”
              Pardon, le choix est tout sauf arbitraire. La “culpabilité” est offerte exclusivement à l’homme blanc occidental, goy de préférence. L’objectif est clair, et ni Patrick Boucheron, ni Suzanne Citron ne l’ont jamais caché: il s’agit de “déconstruire” (terme élégant qui est synonyme de détruire) l’histoire nationale. Pas seulement le “roman national” c’est-à-dire une histoire de France un peu romancée, un peu édulcorée, présentée sous un jour plutôt avantageux, gommant ou minimisant les aspects les moins flatteurs, non, il s’agit bien de nier que la France ait une histoire particulière, spécifique, au prétexte qu’il n’y a qu’une histoire de l’Europe, du monde… ou du local.

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [“Je n’ai aucun pincement de cœur voyant les Allemands – peuple courageux s’il en est – vaincu par les troupes alliées en 1945.” Mille excuses, j’aurais dû préciser “peuple courageux et agressé”.]

              Dans le cas de la guerre de Troie, les troyens étaient les agresseurs : ils avaient enlevé Hélène…

              [Vous avez raison. Mais justement: ce que raconte Homère, pour moi, a une portée universelle. Troie est un peu le modèle de la cité qui résiste à ses ennemis, courageusement, héroïquement, et qui à la fin est détruite. La tristesse pour la chute de Troie contient un peu la mélancolie pour toutes les cités, anonymes ou non, petites ou grandes, détruites par la guerre.]

              Tout à fait, mais Homère ne fait pas œuvre d’historien, il fait œuvre de romancier. Cette mélancolie dont vous parlez, elle n’a rien à voir avec l’histoire qui, comme toute science, est insensible aux sentiments humains. C’était là mon point.

              [“Il n’est pas impossible que les vies sauvées par la « pax romana » soient bien plus nombreuses que celles perdues pendant les campagnes de César.” Possible. Mais au prix de la liberté (et un souverainiste ne peut pas être complètement insensible à cette question) et de la mort d’une culture. La civilisation gauloise, moins brillante peut-être, moins connue surtout, n’en était pas pour autant méprisable.]

              Et d’ailleurs elle n’a pas été « méprisée ». Je ne crois pas à cette idée de « la mort d’une culture » : la culture gauloise a été intégrée à la culture romaine, et on parle d’ailleurs de « culture gallo-romaine » pour caractériser l’art et les institutions de la Gaule romanisée. L’intégration de « petites souverainetés » dans des ensembles souverains plus vastes est un processus normal de l’histoire, et sans lui nous serions encore dans l’état de nature, chacun gardant sa « souveraineté » personnelle.

              [C’est une chose qui m’a toujours frappé: la paix, parfois, souvent même, tend à réduire la vitalité culturelle d’une civilisation. Même à Rome, beaucoup de grandes œuvres datent des périodes troublées de la fin de la République ou de la période qui suit immédiatement (l’époque augustéenne) durant laquelle le souvenir des troubles est encore bien présent. Après, le génie littéraire romain semble s’affadir. Pourquoi ?]

              Peut-être parce que les périodes troublées obligent les gens à trouver des solutions – ou du moins des explications – à des problèmes nouveaux, alors que les périodes calmes impliquent une stabilité qui n’offre aucun défi nouveau. Il est bon qu’il y ait des hérétiques, disait Marc Bloch… car un establishment assuré de sa permanence s’arrête de penser.

              [“Rappelons qu’Abdelkader était lui-même un « colonisateur ».” Pouvez-vous préciser ce point? La famille d’Abdelkader semble être présente au Maghreb depuis des siècles au moment où il naît. Je ne vois pas bien en quoi le qualificatif de “colonisateur” est pertinent pour cet homme.]

              Le Maghreb est conquis et colonisé par les Arabes entre 647 et 709. En 648 ils arrivent jusqu’en Libye, en 689 jusqu’au Maroc, en 709 la conquête est achevée. La famille d’Abdelkader revendique ses origines arabes et fait partie de l’aristocratie de l’empire ottoman. Selon les standards modernes, c’est un « colonisateur ».

              [“Lorsqu’on regarde la composition de la célèbre Smalah, on trouve… des esclaves !” A un moment où l’esclavage est encore légal dans les colonies françaises, non? Que déduisez-vous de la présence d’esclaves dans la Smalah d’Abdelkader? Que cela disqualifie sa cause? Pas davantage que le rétablissement de l’esclavage en 1802 ne disqualifie le consul Bonaparte à mes yeux.]

              Personnellement, je suis d’accord avec vous. Mais j’essaie de faire un raisonnement « décolonial ». Si l’affreux Colbert doit être voué aux gémonies pour avoir édité le « code noir », si Napoléon doit être défenestré pour avoir rétabli l’esclavage dans les Antilles, ne doit-on pas réserver le même sort à la figure d’Abdelkader, qui avait des esclaves dans sa propre maison ? Et si le fait que l’esclavage était légal à l’époque doit servir d’excuse à Abdelkader, pourquoi pas à Colbert ?

              [Mais au XIX° siècle, 800 ans plus tard, et dans la mesure où les Arabes ont dans certains secteurs fusionné avec les Berbères, où l’islam a unifié culturellement la Maghreb, est-il pertinent de parler de “colonisation”?]

              Je ne sais pas. Quelle est la durée de prescription dans la matière ? Certains affirment que la France « colonise » la Bretagne, alors que le traité d’union date de la fin du XVème siècle, que les populations ont largement fusionné et que l’unification culturelle est un fait… Personnellement, j’aurais tendance à penser que la « colonisation » substiste aussi longtemps que subsiste une distinction juridique et politique entre citoyens natifs et allogènes. Mais c’est un point de vue personnel.

              [“on peut faire d’Abdelkhader une figure dramatique et regretter qu’il meure à la fin.” Vous êtes sévère. Non, en l’occurrence, l’histoire finit plutôt bien pour l’émir: Abdelkhader est interné en France quelques années puis libéré par Napoléon III à condition de ne pas retourner en Algérie et de ne rien tenter contre la France. Réfugié à Damas, il respecte scrupuleusement cet engagement et sauve des chrétiens lors des exactions commises par les Druzes contre ces derniers. Il meurt en 1883, chargé d’ans et respecté. Il y a pire, non?]

              Certes, mais il meurt quand même… 😉
              Je pense que vous avez compris ce que j’ai voulu dire. On peut faire d’une figure historique une figure dramatique, mais on sort alors de la pratique de l’historien pour rentrer dans celle du romancier.

              [“notre époque a « lu » l’histoire et en a fait un roman en choisissant arbitrairement de distribuer les « culpabilités » conformément à un modèle idéologique.” Pardon, le choix est tout sauf arbitraire.]

              Le mot « arbitraire » n’est pas très bien choisi, en effet. Mon point n’était pas que ce choix était aléatoire, mais qu’il n’obéissait à aucun critère objectif, qu’il était le résultat du « libre arbitre » de la société. « Subjectif » aurait été plus exact.

              [La “culpabilité” est offerte exclusivement à l’homme blanc occidental, goy de préférence.]

              Là, vous exagérez. Le juif pied-noir est clairement classé du côté des colons. Et pour la plupart des « décoloniaux », le juif est peut-être pire que le « blanc » ordinaire, même s’ils se gardent bien de le dire trop fort pour des raisons évidentes.

              [L’objectif est clair, et ni Patrick Boucheron, ni Suzanne Citron ne l’ont jamais caché: (…) il s’agit bien de nier que la France ait une histoire particulière, spécifique, au prétexte qu’il n’y a qu’une histoire de l’Europe, du monde… ou du local.]

              Mais vous voyez bien qu’une telle position ne peut être qu’une position de romancier, pas de scientifique. Pour le scientifique, il n’y a pas justement d’histoire « particulière, spécifique » de tel ou tel pays. Il y a une histoire, qui est l’histoire de l’humanité. Et qu’on peut ensuite pour des raisons de commodité séparer en fonction des époques et des lieux. D’un point de vue scientifique, aucune de ces divisions n’est plus « importante » que les autres, même si certaines sont objectivement plus riches ou plus déterminantes que d’autres.

              Ce que des auteurs comme Boucheron ou Citron font, c’est réécrire un « roman » en choisissant dans l’histoire ce qui est à leur avis « important » et ce qui ne l’est pas. Ce faisant, ils font un peu la même chose qu’un Ferry ou un Lavisse – même si c’est avec des objectifs très différents.

  8. Gautier dit :

    Je voudrais développer 2 idées : pourquoi la question des races arrive alors qu’on n’a pas purgé les questions autour de la pandémie ?
    Pourquoi celle des violences policières “racistes” prend le dessus alors qu’on n’a pas purgé celle du 2 poids 2 mesures après le long épisode des gilets jaunes ?
    Le vrai sujet c’est qu’on est dans un brouhaha perpétuel ;
    je n’avais pas envie qu’on me vole le nécessaire débat sur le scandale absolu du comportement de nos gouvernants pendant la pandémie, comportement qui a fait qu’il y a eu 2 France face au virus, celle du doliprane à la maison et case directe vers l’hôpital (pour les plus fragiles) et celle du dépistage-isolement- traitement chloroquine/antibiotique, cette dernière France faisant l’objet d’un harcèlement perpétuel au lieu d’être montrée en exemple. Le refus de soigner, une nouveauté depuis Hippocrate !
    A titre personnel comme j’étais entouré de personnes fragiles je m’étais habitué à l’idée de prendre ma voiture pour descendre à Marseille dès les premiers symptômes inquiétants me concernant moi ou mes proches. J’avais y compris intégré l’idée de devoir dormir dans ma voiture…
    Personne n’a parlé des centaines de personnes faisant la queue tous les soirs devant l’IHU de Marseille au moment de la fermeture de l’établissement… J’ai honte pour mon pays.
    Et face à cela l’extrême gauche qui a été inexistante pendant la pandémie-elle aurait pu parler par exemple de (inter)nationaliser les laboratoires pharmaceutiques (un airbus du médicament- , aidée par la caste médiatique et le gouvernement a soutenu une campagne de diversion montée de toutes pièces à partir d’un fait divers américain.
    Oubliées la pandémie mais aussi (et c’est une habitude) les souffrances des habitants victimes des racailles en grande majorité issues de la diversité, passées sous silence les attaques dont sont l’objet les polices pompiers et autres médecins dans les territoires perdus !
    Inaudibles les interventions dénonçant le 2 poids 2 mesures du comportement de la police faible avec les forts, forts avec les faibles

    • Descartes dit :

      @ Gautier

      [Le vrai sujet c’est qu’on est dans un brouhaha perpétuel ; je n’avais pas envie qu’on me vole le nécessaire débat sur le scandale absolu du comportement de nos gouvernants pendant la pandémie, comportement qui a fait qu’il y a eu 2 France face au virus, celle du doliprane à la maison et case directe vers l’hôpital (pour les plus fragiles) et celle du dépistage-isolement- traitement chloroquine/antibiotique, cette dernière France faisant l’objet d’un harcèlement perpétuel au lieu d’être montrée en exemple.]

      Dans la mesure où le traitement chloroquine/antibiotique n’a pas montré son efficacité alors qu’il implique un risque thérapeutique, on peut se dire que finalement ceux qui ont eu le doliprane s’en sont tirés à meilleur compte…

      Personnellement, j’aurais bien aimé que le débat ait lieu. Mais je ne vois pas pourquoi vous voulez le restreindre au « comportement des gouvernants ». Je pense que le comportement de certains médecins qui se sont comportés comme des charlatans, ainsi que le soutien qu’ils ont reçu pour des biens mauvaises raisons de politiciens « régionaux » mériterait aussi d’être abordé…

      [Le refus de soigner, une nouveauté depuis Hippocrate !]

      Pas du tout : c’est même le serment hippocratique qui oblige les médecins de refuser un « soin » lorsqu’ils estiment que celui-ci est inefficace ou risque de causer un dommage au patient. Je vous rappelle le principe fondamental de la médecine : « primum non nocere » (« d’abord, ne pas nuire ») et non « primum publicitas », comme certains semblent croire…

      [A titre personnel comme j’étais entouré de personnes fragiles je m’étais habitué à l’idée de prendre ma voiture pour descendre à Marseille dès les premiers symptômes inquiétants me concernant moi ou mes proches. J’avais y compris intégré l’idée de devoir dormir dans ma voiture…
      Personne n’a parlé des centaines de personnes faisant la queue tous les soirs devant l’IHU de Marseille au moment de la fermeture de l’établissement… J’ai honte pour mon pays.]

      Je ne pense pas que quelques centaines de personnes crédules représentent « mon pays ». S’il y a des gens encore pour dormir dans leur voiture ou faire des longues queues pour se voir apposer les mains par un gourou – fut-il bardé de diplômes – qui affirme avoir trouver la cure miracle, c’est leur problème.

      • Marcailloux dit :

        @ Gautier

        Bonjour,

        [Personne n’a parlé des centaines de personnes faisant la queue tous les soirs devant l’IHU de Marseille au moment de la fermeture de l’établissement… J’ai honte pour mon pays.]
        Je partage votre honte.
        Mais je présume qu’elle n’a pas les même causes.
        Si j’ai honte, c’est devant un tel degré de bêtise et de couardise. Au début de la pandémie en France, je me souviens avoir posté un commentaire dans lequel j’évoquais la situation des mes deux grands pères, comme ceux, d’ailleurs, de millions d’autres concitoyens au cours de la guerre de 14/18 et j’y comparais les probabilités d’être atteints gravement, voire mortellement par le sort qui leur était promis. J’y évaluais pour nous citoyens français, au doigt mouillé et dans le pire des cas de diffusion du virus, un risque sur 100 au plus d’être touché. c’est à dire au moins 99 chances sur 100 d’en réchapper sans le moindre dommage.
        Pas grand chose de comparable avec les risques et les conditions dantesques vécues par nos grands pères.
        Alors, un peu de mesure serait la bienvenue et avec ce que je constate, la devise de la France devrait être réformée en CONTRARIETE – EGOISME – MEFIANCE.
        Marseille a procédé avec la Covid19 comme avec les sardines de son port. Non ? ? ?
        Finalement, rions-en plutôt que d’en “pleutrer”
        (pas mécontent de mon jeu de maux 🤣)

      • Gautier dit :

        Bonjour Descartes,

        c’est la première fois que je suis déçu par vous et (avec vous par Marcailloux qui est venu me répondre) : je pense que ni l’un ni l’autre, vous n’avez travaillé le sujet du scandale absolu du refus de soigner les patients et du harcèlement contre le professeur Raoult.
        Revenez vers moi quand vous l’aurez fait . C’est la gorge nouée que j’écris ces quelques lignes, croyez bien. C’est même plus que de la déception…

        • Descartes dit :

          @ Gautier

          [c’est la première fois que je suis déçu par vous et (avec vous par Marcailloux qui est venu me répondre) :]

          Je suis désolé si c’est le cas, mais je n’ai pas l’habitude de cacher mes opinions pour faire plaisir. J’ajoute, sans vouloir vous offenser, que le gambit « vous m’avez beaucoup déçu » est un peu trop usé pour être efficace.

          [je pense que ni l’un ni l’autre, vous n’avez travaillé le sujet du scandale absolu du refus de soigner les patients et du harcèlement contre le professeur Raoult.]

          Confidence pour confidence, je pense la même chose de vous. Et je vais ajouter qu’on commence à voir maintenant les dégâts provoqués par Raoult et compagnie. Pendant que les bombes médiatiques lancées par Raoult obligeaient les chercheurs français à tester un traitement dont on avait de bonnes raisons de mettre en doute l’efficacité, à l’étranger d’autres faisaient du vrai travail scientifique sur des préparations qui avaient des vrais chances de se montrer efficaces. Ainsi, une équipe britannique qui a préféré le laboratoire plutôt que la caméra déclare, dans le cadre de l’essai « Recovery », avoir trouvé un médicament qui semble réduire effectivement la mortalité due à la maladie.

          Ainsi, non seulement le remède du Pr Raoult ne marche pas, mais son show a empêché la France de mettre a profit ses ressources scientifiques pour travailler sur des remèdes qui marchent. Comme quoi le « scandale absolu » n’est pas là où vous le placez…

          [Revenez vers moi quand vous l’aurez fait.]

          Ça va, la tête, pas trop gonflée ? Sans vouloir vous offenser, vous n’êtes pas jusqu’à nouvel ordre le propriétaire de la Vérité. Vous n’avez donc pas à vous ériger en celui qui met les bonnes et mauvaises notes, qui décide qui et quand a le droit de « revenir » pour exprimer son opinion.

          [C’est la gorge nouée que j’écris ces quelques lignes, croyez bien. C’est même plus que de la déception…]

          J’en arrive à me demander si vous avez lu mes papiers. Parce qu’il suffit de lire ce que j’ai écrit ici concernant le travail scientifique depuis des années pour anticiper mon commentaire sur Raoult. Comment avez-vous pu croire un instant que je pouvais approuver ce type de charlatanisme ?

        • Marcailloux dit :

          @ Gautier
          Bonsoir,
          Votre déception provoque pour moi une certaine surprise.
          Avoir “honte de son pays” implique que celui-ci, dans son ensemble se soit comporté d’une manière infâme, le vouant sans appel aux gémonies.
          Il y a controverse sur l’usage de l’hydroxychloroquine. Soit.
          Même si j’ai un avis là dessus, mon incompétence m’interdit d’exprimer publiquement une opinion sur son efficacité ou non.
          Mais si ma réaction est un peu provocatrice, c’est sur le caractère ubuesque de la situation crée de toute pièce par le Pr. Raoult qui a pris, pour des raisons qui lui sont personnelles, des millions de pauvres gens désemparés en otage.
          Son numéro médiatique me rappelle un peu, sous certains aspects, le scandale de J. Crozemarie avec l’ARC il y a bientôt 30 ans.
          Voila maintenant qu’un autre Professeur de médecine, C. Perrone explique que de nombreuses sommités françaises du monde médical auraient été corrompues pour faire barrage à votre héros marseillais. Ces accusations sont très graves et risquent d’instaurer un doute dans l’esprit de nombreux Français.
          Le pays n’a pas besoin de cet emballement ridicule et néfaste et les citoyens lambda dans ce domaine seraient bien inspirés de prendre un peu de recul et faire travailler leur sens critique.
          Voila pourquoi j’ai adopté un ton un peu ironique qui, je l’espérais, allait vous faire sourire.
          Mais ma déception est, rassurez-vous, de courte durée, car devant les problèmes d’autres ordres auxquels nous allons être confrontés, cet épisodes sera rapidement classé dans la catégorie des confrontations footbalistiques ou analogues.

  9. olivier maleysson dit :

    Cher Descartes, ce que vous dites est bel et bon, mais hélas un peu court. Vous condamnez à juste titre l’attitude, que je qualifierai d’anti-française, d’une bonne partie de la gauche, mais bien franchement, qui se soucie encore des vaticinations d’un Besancenot, d’un Ayrault, ou même d’un Mélenchon, qui ne semble toujours pas avoir compris que l’Histoire ne lui repasserait pas le plat ? Pas moi, je vous l’avoue. Quant à l’UNEF, sa principale fonction était naguère de fournir de futurs apparatchiks au PS, liste sur demande. Les choses étant ce qu’elles sont, cette officine tente maintenant de se trouver d’autres raisons d’exister ; elle ne s’y prend pas de la meilleure des façons.
    En revanche, les absurdités énoncées par les détenteurs de deux ministères régaliens me paraissent beaucoup plus lourdes de conséquences.
    Ainsi, entendre la censément Garde des Sceaux affirmer que la règle juridique doit s’effacer devant « l’émotion » me paraît une énormité. La prochaine fois que je commettrai un crime ou un délit, ce qui ne saurait tarder, je plaiderai l’émotion, espérant que les juges en seront également saisis.
    Entendre un ministre de l’Intérieur proposer rien de moins que l’inversion de la charge de preuve pour les policiers soupçonnés de racisme, me semble une véritable forfaiture. Sans préjudice de l’absurdité de l’expression « soupçon avéré », mais pouvait-on s’attendre à mieux de la part d’un tel guignol ?
    Quant aux « pipoles » venus faire leurs intéressants, il est plaisant de voir ces privilégiés s’attaquer à des travailleurs qui risquent quotidiennement leur santé, voire leur vie, pour 1800 euros par mois. Salauds de pauvres !

    • Descartes dit :

      @ Olivier Maleysson

      [Cher Descartes, ce que vous dites est bel et bon, mais hélas un peu court. Vous condamnez à juste titre l’attitude, que je qualifierai d’anti-française, d’une bonne partie de la gauche,]

      Je profite pour faire une mise au point. Je n’aime pas ce qualificatif de « anti-français », qui suppose pour moi une véritable volonté consciente de s’opposer aux intérêts de la France. Jusqu’à preuve contraire, je ne vois chez ceux que vous qualifiez « d’anti-français » une quelconque volonté consciente. Irresponsables, inconscients oui. Mais « anti-français » ?

      [(…) mais bien franchement, qui se soucie encore des vaticinations d’un Besancenot, d’un Ayrault, ou même d’un Mélenchon, qui ne semble toujours pas avoir compris que l’Histoire ne lui repasserait pas le plat ? Pas moi, je vous l’avoue.]

      Vous avez tort. Au-delà des positions de pouvoir qu’ils occupent ou pourraient occuper à l’avenir, la gauche – et la gauche radicale – a encore une influence considérable, à travers de l’éducation, les médias, les arts. La meilleure preuve en est la diffusion des idéologies portées par cette gauche sur les politiques publiques, y compris lorsque la droite est au pouvoir. En matière de droit civil, de politique familiale, de « diversité » quel gouvernement oserait aujourd’hui défier les dragons de vertu de la gauche bienpensante façon Schiappa ?

      [Quant à l’UNEF, sa principale fonction était naguère de fournir de futurs apparatchiks au PS, liste sur demande. Les choses étant ce qu’elles sont, cette officine tente maintenant de se trouver d’autres raisons d’exister ; elle ne s’y prend pas de la meilleure des façons.]

      Peut-être. Il n’empêche que lorsque l’UNEF et la LDNA empêchent la représentation d’une tragédie classique dans l’enceinte universitaire, le rectorat hésite à faire intervenir les forces de l’ordre pour faire respecter la loi. Et si le rectorat hésite, c’est parce qu’il sait qu’il aura une bonne partie du corps enseignant contre lui s’il le faisait.

      [En revanche, les absurdités énoncées par les détenteurs de deux ministères régaliens me paraissent beaucoup plus lourdes de conséquences. Ainsi, entendre la censément Garde des Sceaux affirmer que la règle juridique doit s’effacer devant « l’émotion » me paraît une énormité. La prochaine fois que je commettrai un crime ou un délit, ce qui ne saurait tarder, je plaiderai l’émotion, espérant que les juges en seront également saisis. Entendre un ministre de l’Intérieur proposer rien de moins que l’inversion de la charge de preuve pour les policiers soupçonnés de racisme, me semble une véritable forfaiture. Sans préjudice de l’absurdité de l’expression « soupçon avéré », mais pouvait-on s’attendre à mieux de la part d’un tel guignol ?]

      Tout à fait d’accord. Seulement, vous avez tort de ne pas faire le lien entre les idées distillées par une « gauche » militante et les expressions de nos ministres. Comme je vous l’ai montré, l’inversion de la charge de la preuve est une vieille revendication de la « gauche du genre » (Fabien Roussel en a fait la règle au PCF…), et la prise en compte de « l’émotion » plutôt que la règle de droit aussi (voir pour l’exemple la déclaration de Marie-George Buffet regrettant que le non-lieu prononcé par le procureur de New York à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn nous prive d’un procès). Nos ministres régaliens ne font que danser au rythme d’une musique qui vient – et croyez que je le dis avec un immense regret – d’une gauche qui a complètement oublié les couches populaires.

  10. Joblion dit :

    https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/premieres-personnes

    et ce commentaire suite à sa chronique que j’approuve à 100% (cliquez sur le bouton commentaires sur le site d’ASI) et qui va bien dans votre sens mon cher Descartes :

    Désolé Daniel, mais le texte de Despente est une abomination. Non pas parce qu’elle n’a pas potassé son histoire de France et n’a pas vu les (quelques) ministres noirs que les gouvernements de la France a connu.

    Mais parce qu’elle racialise le social et se donne le beau rôle de la gentille blanche qui comprend le malheur des non blancs. Quelle lucidité! Quelle empathie! Et en plus Virginie a des copains noirs et arabes, qui lui permettent de connaître les joies des contrôles d’identités.

    Bon, j’ai tous les défauts du monde. JE suis un homme, première tare, je suis blanc, deuxième tare, je suis diplômé, horreur. Donc mon discours ne peut être que disqualifié. Tant pis, je m’y tente quand même.

    D’abord, les quelques fois où mon identité a été contrôlée, je n’étais ni avec des noirs, ni avec des arabes, comme quoi, hein. Mais en banlieue quand même.

    Ensuite, je sais pas, mais moi j’ai toujours ma carte d’identité sur moi, pas ma carte bleue. Et si je remonte chez moi quand je sors, c’est pour avoir oublié ma carte d’identité, pas ma carte bleue, que je ne peux oublier, puisque je ne la prend que lorsque je sors pour faire des achats, mais je ne l’ai pas toujours sur moi pour m’adonner à la consommation impulsive, rêve de notre système de production. Va savoir si ce n’est pas lié à mes origines sociales plutôt qu’à mon taux de mélanine. Et si l’oubli de la carte bleue de la part de Despentes n’est pas davantage un marqueur social qu’un marqueur de couleur de peau.

    La crise des gilets jaunes m’avait semblé montrer que la police tirait dans le tas sur des classes populaires, quelque soit leur couleur de peau, mais là encore j’ai du me tromper.

    Au XIXème siècle, les prisons étaient remplies par les Jean Valjean du temps, pour des vols de pain et non pour des crises de panama. Pourtant Valjean était blanc. Il appartenait à des classes populaires, toujours réprimées par le pouvoir qui se méfie d’elles et souhaitent les tenir sous contrôle. Et les choses n’ont pas changé. Le raisonnement de Despentes est en fait le même que le raisonnement de Zemmour, en inversé. Lui vous dit qu’il y a beaucoup plus de noirs et d’arabes en prisons parce que les noirs et les arabes sont par nature plus criminogènes. Elle, elle raconte qu’il y a plus de noirs et d’arabes dans les prisons parce que l’Etat est raciste. Il n’arrive à aucun des deux de se dire que c’est au sein des classes populaires auxquelles les populations noires et arabes appartiennent pour des raisons historiques et économiquement les plus fragiles que se trouve le plus grand nombre de gens devant par nécessité être en marge de l’économie légale et du coup être le plus susceptible d’être emprisonnés. Cet aveuglement sur le social montre que Despente et Zemmour appartiennent au même monde, à celui des classes privilégiées qui le sont tellement qu’elles en ont évacué le social, dont l’ordonnancement leur semble naturel au sens d Barthes et qui est pour le coup invisibilisé.

    Despente n’a été interview qu’une fois par une arabe et photographié qu’une fois par une noire, preuve selon elle du racisme ontologique de notre société. Mais s’est-elle jamais demandé combien de fois elle a été photographiée ou interviewée par des fils ou filles de prolo, quelque soit leur couleur de peau.

    Elle ose écrire: “En France on n’est pas raciste mais pendant le confinement les mères de famille qu’on a vues se faire taser au motif qu’elles n’avaient pas le petit papier par lequel on s’auto-autorisait à sortir étaient des femmes racisées, dans des quartiers populaires. Les blanches, pendant ce temps, on nous a vues faire du jogging et le marché dans le septième arrondissement. ” Comme à dire que les quartiers populaires ne sont remplis que par des non-blancs et comme à dire que toutes les blanches (auxquelles elle appartient, cf. le “nous” de sa phrase) font du jogging. Bah non. Par exemple les femmes de ménage de mon collège qui sont toutes blanches vivent elles aussi avec leurs 1400€ par mois après 30 ans de carrière dans des quartiers populaires et ne font pas de jogging. Elles sont plus proches de leur collègue Marie-Louise, noire et qui a pris sa retraite en septembre dernier, que de Despentes, bonne bobo qui refuse le social au nom d’une lecture passant par le seul prisme racial.

    Elle continue en disant “En France on n’est pas raciste mais quand on a annoncé que le taux de mortalité en Seine Saint Denis était de 60 fois supérieur à la moyenne nationale, non seulement on n’en a eu un peu rien à foutre mais on s’est permis de dire entre nous « c’est parce qu’ils se confinent mal ». ” Alors le “entre nous” qu’elle pose comme une évidence et dans lequel en tant que blanc elle voudrait m’amalgamer me fait horreur. JE ne me suis pas dit une seconde “bien fait pour eux” et depuis le premier jour du confinement, moi, le mâle blanc et diplômé, je n’ai cessé de plaindre mes élèves, majoritairement noirs et arabes, mais aussi portugais et roumains, et en fait tous Français issus des classes populaires, entassés dans des appartements trop petits. Et lorsque je les ai appelés pour savoir comment ça allait et qu’ils me racontaient qu’ils sortaient, je ne me suis pas dit une seule seconde “quelle bande de cons, mais bon, ce sont des noirs et des arabes” mais “ils n’ont pas le choix, être confinés à 5,6, 7 ou 8 dans de petits appartements, c’est intenable” (et pour n’importe quel être humain, quelque soit sa couleur de peau)

    Alors bien sûr, on me dira qu’appartenant aux catégories dominantes, blanches, mâles et diplômées, je ne sais pas voir la réalité que cette artiste courageuse sait voir. Mais en fait je me désole de cette pente que la gauche bourgeoise pour parler comme Usul a prise, et qui en divisant le monde entre “noirs et arabes” d’un côté et “blancs” de l’autre masque et occulte le social, et participe au maintien des inégalités sociales, mais avec la conscience tranquille d’être dans le camp du bien.

    • Descartes dit :

      @ Joblion

      [et ce commentaire suite à sa chronique que j’approuve à 100% (cliquez sur le bouton commentaires sur le site d’ASI) et qui va bien dans votre sens mon cher Descartes : (…)]

      La chronique est franchement bête (remarquez, c’est du Schneidernman, alors…) mais le commentaire est absolument maginifique, que ce soit sur le fond ou sur la forme. Remarquez que dans le flux des commentaires de cet article il y en a un bien plus drôle:

      “Le déni au quotidien ?
      Si il y a une phrase entendue et réentendue représentant le déni et me mettant en rage, c’est celle-ci: “Oh, tu es noir. Je n’avais jamais fait attention.”
      Dans un tram à Bruxelles, j’ai engueulé, plus que fortement, une personne qui s’adressait ainsi à un copain ou ami.
      Le déni simple, quotidien et inconscient, insupportable !”

      En d’autres termes, ce qui est “insupportable” est qu’on soit indifférent à la couleur de peau, qu’on traite l’autre comme si cela n’avait aucune importance. Être indifférent à la “race”, c’est être “raciste”. Etre “anti-raciste”, c’est au contraire, remarquer ce genre de détail…

      • Vincent dit :

        En d’autres termes, ce qui est “insupportable” est qu’on soit indifférent à la couleur de peau, qu’on traite l’autre comme si cela n’avait aucune importance. Être indifférent à la “race”, c’est être “raciste”. Etre “anti-raciste”, c’est au contraire, remarquer ce genre de détail…

        La série “South Park”, dont j’étais un adepte il y a bien longtemps, a assez bien traité ce thème dans un épisode ancien : Chef Goes Nanners (Chef pète les plombs) ; Saison 4, Épisode 7

        Si vous y avez accès et que vous avez 20 minutes à perdre, c’est rigolo à voir…
        Et étonnamment, dans cet épisode, comme bien souvent dans la série, les auteurs défendent une conception bien plus française qu’américaine…

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [Et étonnamment, dans cet épisode, comme bien souvent dans la série, les auteurs défendent une conception bien plus française qu’américaine…]

          Je n’ai pas “accroché” avec cette série, peut-être devrais-je la ré-regarder ? En tout cas, il ne faut pas croire que la “conception française” soit quelque chose de marginal ou de ringard. Beaucoup parmi nos compatriotes – et notamment chez nos “élites” – sont tellement occupés à manifester leur “haine de soi” qu’ils ne remarquent pas à quel point la “vision française” de certains problèmes est non seulement singulière, mais suscite intérêt et adhésion de par le monde. Je me souviens encore d’une conversation avec un ministre de l’énergie britannique au cours de laquelle – derrière des portes fermées, of course – il déclare tout de go “vous, Français, vous avez de la chance d’avoir EDF”. Comme je lui faisais remarquer que cela ne tenait qu’à lui de créer l’équivalent en Grande Bretagne, il me répondit que “dans ce pays, c’est impossible, l’esprit n’y est pas”. Et je pourrais raconter des dizaines d’anecdotes du même type.

  11. lessart dit :

    A propos du code noir http://1libertaire.free.fr/CodeNoir02.html
    Evidemment, à cette époque, l’esclavage était tellement dans les mœurs que le code noir ne condamne pas l’esclavage, mais pour moi, en fixant des limites à l’exploitation des esclaves (articles 21 à 27 par exemple), il devait plutôt améliorer la situation des esclaves par rapport à la situation antérieure (interdiction de séparer les familles, possibilité pour le maitre d’épouser une esclave qui devenait alors affranchie, Mêmes droits pour les affranchis que pour les “nés libres”…).
    Aucune raison de débaptiser les salles Colbert !

    • Descartes dit :

      @ lessart

      [A propos du code noir: (…)]

      La lecture des textes originaux est toujours éclairante. Par contre, le commentaire du site me laisse songeur lorsqu’il dénonce “A travers ses soixante articles transpire l’hypocrisie du législateur qui, tout en faisant semblant de considérer l’humanité de l’esclave noir, le présente, sur le plan purement juridique, comme une marchandise soumise aux lois du marché et un bien faisant partie intégrante d’un domaine”.

      L’auteur a du mal lire: le code établit au contraire que si l’esclave est un “meuble” (et à ce titre il peut être acheté et vendu) il n’est pas une “chose”. Le propriétaire d’une “chose” a sur elle tous les droits, y compris de la détruire, et aucun devoir. Le Code noir établit au contraire que le maître a des droits limités (il ne peut tuer ou torturer l’esclave selon son bon plaisir) et des devoirs: il doit l’instruire, l’entretenir, pourvoir à ses vieux jours. L’esclave, dans la mentalité des rédacteurs du Code, est un mineur, mais un mineur humain. Le fait que l’affranchissement rend l’affranchi un sujet du roi comme n’importe quel autre résume cette conception.

      [Mêmes droits pour les affranchis que pour les “nés libres”…).]

      Mais dire cela implique nécessairement reconnaître l’humanité de l’esclave, sauf à considérer qu’un acte juridique peut transformer une “chose” en un être humain…

      • lessart dit :

        @ Descartes

        [Par contre, le commentaire du site me laisse songeur]
        D’accord avec vous : j’ai parlé du code noir, non dou commentaire.
        Dans le code noir, l’esclave est un humain, pas une chose. C’est aussi un mineur auquel on impose l’adhésion à la foi catholique, comme pour les bébés lors du baptême.

  12. cdg dit :

    L auteur pose bien le probleme de la gauche francaise. Depuis 1982 (tournant de la rigueur de Mitterrand), elle a evacuée la question sociale. Et pour la remplacer elle a trouvé (comme le parti democrate US) l anti racisme et le feminisme.
    Ce qui a en plus l avantage de pouvoir coller en partie a ce qui reste de son electorat (les classes populaires etant parti au FN, il lui reste plus que les bobos). Vous vous etes jamais demandé pourquoi cette insistance sur la parité ? On parle jamais d un quota de femme eboueur ou docker mais dans les instances dirigeantes, postes qui sont hors d atteinte de n importe quel personne d origine modeste (a de tres rare exception).

    PS:
    – c est impressionant de voir le vide sideral de la pensee francaise. Personne n est capable d expliquer que ce qui se passe sur un autre continent avec une histoire differente de la notre n a rien a voir avec la France. Et si certains le pensent, personne n ose le dire de peur de se faire executer pour malpensance
    – comment ce fait il que personne n est capable de dire que le cas du fameux Adama Traore n a rien a voir avec du racisme mais tout avec de la delinquance. A la fin, les personnes (noires ou blanches) qui veulent simplement vivre en paix et etre debarassée de la racaille vont finir par toute voter FN…

    • Claustaire dit :

      [ A la fin, les personnes (noires ou blanches) qui veulent simplement vivre en paix et être débarrassées de la racaille vont finir par toutes voter FN… ]

      Tout nous porte en effet à craindre que les prétendues bonnes intentions des uns nous pavent la voie du futur enfer : hystérisation des clivages communautaires sociaux, culturels ou religieux, méfiance systématique et mutuelle, amalgames et procès d’intention systématiques, agressivité aggravée, mépris pour l’aveuglement de toute cette prétendue gauche qui croit lutter contre le racisme en renforçant et justifiant les clivages identitaires, etc. Et face à l’aveuglement des uns, pas étonnant qu’on puisse finir par trouver plus lucide la fille d’un borgne… Désespérant.

      • Descartes dit :

        @ Claustaire

        [Et face à l’aveuglement des uns, pas étonnant qu’on puisse finir par trouver plus lucide la fille d’un borgne… Désespérant.]

        Désespérant en effet… croyez-moi, je n’éprouve aucun plaisir à voir la gauche – ma famille politique – se fourvoyer ainsi. Quand on voit que le PCF présente à Montpellier une candidate voilée…

  13. GEO dit :

    ( On peut difficilement exiger d’un homme d’échapper totalement à son époque, ou de le condamner parce qu’il ne l’a pas fait. )

    Exemple parfait dans le domaine du roman : « l’île mystérieuse ».
    Verne était un admirateur des nordistes, de Lincoln, et de l’abolition américaine.
    Son roman sue néanmoins le racisme au point que les qualités de Nab, le personnage noir sont explicitement comparées à celles d’un chien.

    • Descartes dit :

      @ GEO

      [Exemple parfait dans le domaine du roman : « l’île mystérieuse ».]

      Ca fait très longtemps que je n’ai pas relu le roman, et j’avoue que cet aspect ne m’avait pas frappé. Mais il faut faire attention: il y a d’autres romans de Jules Verne avec des personnages anglais ou américains racistes, mais on ne retrouve pas cet aspect avec des personnages français.

      • Gugus69 dit :

        C’est un peu plus compliqué que ça…
        Nab est présenté tout au long du roman comme intelligent et courageux.
        La comparaison avec un chien porte essentiellement sur sa fidélité à son “maître”, dont Nab n’est pas l’esclave, mais le serviteur. Mais la littérature regorge de personnages de serviteurs “fidèle comme un chien” sans qu’il soit besoin qu’ils soient Noirs.
        Évidemment, Verne était pénétré de l’idée que la civilisation européenne était supérieure aux autres, et que la mission des Occidentaux était d’en répandre les bienfaits sur le monde. En cela, il présente souvent les peuples des contrées lointaines que traversent ses héros comme des sauvages mal dégrossis. Mais c’était une vision courante en son temps. C’était plus missionnaire et paternaliste que franchement raciste.

  14. marc.malesherbes dit :

    une question en relation indirecte avec votre sujet.

    En France on est officiellement pour l’universalisme des droits et devoirs (autrement dit non liés aux origines ethniques ou autres). Mais cette manière de faire a été conçue et mise en œuvre à partir de la Révolution de 1789 dans un contexte ou la population métropolitaine était massivement “blanche” et ou ne se posait pas le problème des minorités “visibles”.
    Depuis les choses ont bien changé, en raison en particulier des immigrations massives venant y compris de nos colonies d’outre mer (Guadeloupe, Martinique …) et de nos ex-colonies (Afrique du Nord, Afrique subsaharienne).
    Nous nous retrouvons donc dans une situation qui se rapproche de plus en plus de la GB, des USA . Eux ont, bien avant nous, compris que dans un tel contexte, la politique des “minorités” était la seule possible.
    Autrement dit il me semble que devant l’accroissement continu des “minorités” visibles due à l’immigration continuelle, nous allons, quoiqu’on puisse souhaiter, vers un politique des minorités visibles.

    De plus le soucis d’égalité des démocraties (voir Tocqueville) conduisent les groupes défavorisées à se regrouper pour défendre leurs droits (les femmes, les homos …), indépendamment de leur situation sociale.

    La politique étant l’art du possible, ne faudrait-il pas en prendre acte, y compris par l’auteur de ce blog ? C’est ce qu’ont fait le PS, le PCF, LFI …

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [En France on est officiellement pour l’universalisme des droits et devoirs (autrement dit non liés aux origines ethniques ou autres). Mais cette manière de faire a été conçue et mise en œuvre à partir de la Révolution de 1789 dans un contexte où la population métropolitaine était massivement “blanche” et ou ne se posait pas le problème des minorités “visibles”.]

      Voire. La France de 1789 est un pays hétérogène. Plus de la moitié de la population ne parle pas français couramment. Les « pays » gardent une forte personnalité : Bretons, Auvergnats et autres provinciaux montés à Paris ont une vie communautaire et sont parfaitement « visibles ». Les Juifs sont eux aussi séparés du reste de la population et dans certaines villes comme Carpentras vivent encore dans un ghetto et sont tenus de porter des signes distinctifs. L’universalisme des Lumières n’est pas né dans un pays homogène, mais au contraire a été la réponse philosophique permettant de « faire nation » dans un pays fondamentalement hétérogène. C’est pour cela qu’on peut dire aujourd’hui que l’universalisme est la seule véritable réponse au « problème des minorités visibles ».

      [Nous nous retrouvons donc dans une situation qui se rapproche de plus en plus de la GB, des USA . Eux ont, bien avant nous, compris que dans un tel contexte, la politique des “minorités” était la seule possible.]

      Cette théorie ne cadre pas avec l’histoire. La politique des minorités en Grande Bretagne était déjà une réalité bien avant que l’immigration des « non-blancs » soit significative. Minorités « ethniques » (Irlandais, Ecossais, Gallois), minorités religieuses (catholiques, presbytériens, épiscopaliens, anabaptistes, quakers)… Ce n’est donc pas une « prise de conscience » du contexte migratoire actuel, mais une réponse à la diversité déjà au XVIIème siècle. La France a fait un choix différent, c’est tout. Et on ne peut pas dire que l’un soit dans l’absolu meilleure que l’autre. Chacun est adapté à l’histoire et le génie d’un peuple.

      [Autrement dit il me semble que devant l’accroissement continu des “minorités” visibles due à l’immigration continuelle, nous allons, quoiqu’on puisse souhaiter, vers un politique des minorités visibles.]

      Possible. Mais pas parce que ce soit la meilleure solution. On y va parce que c’est le modèle anglosaxon qui est économiquement dominant, et donc culturellement dominant.

      [De plus le souci d’égalité des démocraties (voir Tocqueville) conduit les groupes défavorisés à se regrouper pour défendre leurs droits (les femmes, les homos …), indépendamment de leur situation sociale.]

      J’ignorais que Mme Bettencourt fut « défavorisée »… et qu’elle eut besoin de se « regrouper pour défendre ses droits ».

      [La politique étant l’art du possible, ne faudrait-il pas en prendre acte, y compris par l’auteur de ce blog ? C’est ce qu’ont fait le PS, le PCF, LFI …]

      La politique est l’art du possible, pas l’art du facile. Si le PS, le PCF et LFI ont choisi de céder à la facilité et surtout aux intérêts des classes intermédiaires, c’est leur problème. « et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là ».

      • Marcailloux dit :

        @ Descartes,
        Bonjour,
        [Possible. Mais pas parce que ce soit la meilleure solution. On y va parce que c’est le modèle anglosaxon qui est économiquement dominant, et donc culturellement dominant.]
        Les arguments de vos réponses me paraissent riches et convaincants. Cependant, ne pensez-vous pas que l’adoption généralisée de la langue anglaise, donc la culture, ne soit pas plus à l’origine de ce que vous décrivez, que l’économie, qui me parait simplement une conséquence de la langue ?
        Question subsidiaire: la faiblesse des politiques de développement de la langue française, à l’intérieur du pays ( respect de la langue) et à l’étranger, ne vous alarme -t-elle pas pour le devenir et l’influence de notre pays ?

        • Descartes dit :

          @ Marcailloux

          [« Possible. Mais pas parce que ce soit la meilleure solution. On y va parce que c’est le modèle anglosaxon qui est économiquement dominant, et donc culturellement dominant. » Les arguments de vos réponses me paraissent riches et convaincants. Cependant, ne pensez-vous pas que l’adoption généralisée de la langue anglaise, donc la culture, ne soit pas plus à l’origine de ce que vous décrivez, que l’économie, qui me parait simplement une conséquence de la langue ?]

          Non, je ne le pense pas. C’est la puissance économique et politique qui impose la langue, et non l’inverse. Si on parle anglais dans les institutions européennes ce n’est pas parce que le modèle anglosaxon soit plus adapté au siècle qu’un autre, mais parce que les Américains dominent l’Europe occidentale après le naufrage dans la guerre de la puissance française, allemande et britannique. On parle anglais dans la recherche non parce que ce soit la langue la plus adaptée, mais parce que les grands laboratoires, les grandes revues scientifiques sont américaines.

          [Question subsidiaire : la faiblesse des politiques de développement de la langue française, à l’intérieur du pays (respect de la langue) et à l’étranger, ne vous alarme -t-elle pas pour le devenir et l’influence de notre pays ?]

          Elle m’alarme, bien entendu. Mais j’y vois un symptôme, et non une cause. On parle de moins en moins notre langue à l’étranger parce que nous avons de moins en moins de choses à dire au monde. Nous parlons de moins en moins bien notre langue dans notre propre pays parce que nos classes dominantes ont accepté et internalisé la relégation de la France au deuxième rang quand ce n’est pas au troisième. En fait, nous avons intégré une mentalité de colonisés, qui rebaptisent leurs universités à l’anglaise pour ressembler à la métropole : ça veut dire quoi « Sorbonne université » ? C’est la « chaude eau » d’Astérix… tenez, si vous voulez rire – ou pleurer, c’est selon – regardez la récente campagne publicitaire pour les 50 ans de l’organisation mondiale de la francophonie. Sur une affiche, on voit le portrait d’une femme avec en titre “Construisons ensemble la francophonie de l’avenir” et en sous-titre “Astria Fataki, République démocratique du Congo, 29 ans, Entrepreneure sociale, Fondatrice d’Energy Generation et de la Business & Energy School”. Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer comment on construit “la francophonie du futur” en mettant en avant une personne qui fonde des institutions aux noms anglais ?

          Je suis pour la politique de développement de la francophonie. Mais la francophonie est à la fois un outil et un symbole. Et outils et symboles n’ont de sens que s’il y a derrière quelque chose.

          • Marcailloux dit :

            @ Descartes

            [Non, je ne le pense pas. C’est la puissance économique et politique qui impose la langue, et non l’inverse.]

            Je me suis mal fait comprendre. Je voulais dire que si le français avait été adopté par les américains au 18ème siècle, les conséquences sur l’économie française, par exemple mais on peu en évoquer d’autres, seraient probablement considérables.

            • Descartes dit :

              @ Marcailloux

              [Je me suis mal fait comprendre. Je voulais dire que si le français avait été adopté par les américains au 18ème siècle, les conséquences sur l’économie française, par exemple mais on peu en évoquer d’autres, seraient probablement considérables.]

              Pourquoi pensez-vous que les conséquences auraient été “considérables” pour l’économie française ? A part les industries culturelles – il est plus facile d’amortir une série télé si le marché est plus vaste – je vois mal en quoi cela aurait changé quelque chose.

      • @ Descartes,

        Excusez-moi de m’immiscer.

        “La France de 1789 est un pays hétérogène.”
        Nous avons déjà débattu de cette question à plusieurs reprises, et ma position est qu’on s’exagère l’hétérogénéité de la France de 1789.

        Mais en fait, je crois comprendre la raison de notre désaccord: vous pensez l’homogénéité d’un pays en fonction de critères “contemporains”, à savoir dans le cadre d’un Etat qui a rendu l’instruction obligatoire, laquelle enseigne une langue commune et transmet une culture commune. Alors que pour moi, il faut comparer avec la situation des autres sociétés en Europe à la même époque.

        Or, sous l’Ancien Régime, dans une société encore peu alphabétisée gouvernée par une monarchie de droit divin, je pense que les critères d’homogénéité sont moins d’ordre linguistique ou culturel que d’ordre juridique et religieux. Lorsque Louis XIV révoque l’Edit de Nantes, il pense renforcer l’unité de son royaume (après, qu’il ait raison ou tort est un autre débat). Toute proportion gardée, son but est le même que les lois scolaires de Jules Ferry, à savoir rendre la société plus homogène, parce que la religion est un élément important d’unité (ou de division). De même, les rois ont depuis longtemps commencé à unifier le droit, même si des particularismes subsistent et que la tâche n’est pas achevée lorsque commence la Révolution.

        Tout ça pour dire, qu’en 1789, dans le contexte de l’époque, la France est un pays parmi les plus homogènes d’Europe, surtout si l’on tient compte de sa taille et de sa population (28 millions d’habitants, pays le plus peuplé du continent): d’un point de vue juridique, le pays est bien plus homogène que l’Espagne par exemple, et d’un point de vue religieux plus homogène que le Saint-Empire. Il n’y a guère que l’Angleterre peut-être (l’Angleterre et non le Royaume-Uni) et le Portugal qui puissent afficher une homogénéité comparable, avec des populations nettement moins nombreuses.

        • Descartes dit :

          @ nationaliste-ethniciste

          [“La France de 1789 est un pays hétérogène.” Nous avons déjà débattu de cette question à plusieurs reprises, et ma position est qu’on s’exagère l’hétérogénéité de la France de 1789. Mais en fait, je crois comprendre la raison de notre désaccord: vous pensez l’homogénéité d’un pays en fonction de critères “contemporains”, à savoir dans le cadre d’un Etat qui a rendu l’instruction obligatoire, laquelle enseigne une langue commune et transmet une culture commune. Alors que pour moi, il faut comparer avec la situation des autres sociétés en Europe à la même époque.]

          Je pense l’homogénéité dans le cadre de notre discussion. Ce dont il s’agissait dans cet échange, c’était la possibilité d’unifier une société ou les « minorités visibles » sont présentes en nombre. Ce sont donc les questions d’hétérogénéité dans l’apparence, dans les habitudes, dans la langue qui comptent dans ce contexte.

          [Or, sous l’Ancien Régime, dans une société encore peu alphabétisée gouvernée par une monarchie de droit divin, je pense que les critères d’homogénéité sont moins d’ordre linguistique ou culturel que d’ordre juridique et religieux. Lorsque Louis XIV révoque l’Edit de Nantes, il pense renforcer l’unité de son royaume (après, qu’il ait raison ou tort est un autre débat). Toute proportion gardée, son but est le même que les lois scolaires de Jules Ferry, à savoir rendre la société plus homogène, parce que la religion est un élément important d’unité (ou de division). De même, les rois ont depuis longtemps commencé à unifier le droit, même si des particularismes subsistent et que la tâche n’est pas achevée lorsque commence la Révolution.]

          C’est discutable. Je ne pense pas que le problème fut tant l’homogénéité religieuse du royaume qu’une question de contrôle social. N’oubliez pas que l’église catholique était d’abord une structure centralisée et un relais du pouvoir. Vous savez bien par ailleurs que du point de vue de la pratique le catholicisme était très loin d’être homogène : au niveau du petit peuple, la doctrine catholique se mélange avec des croyances locales. Au niveau des « grands », les hérésies et autres sectes sont légion – pensez aux jansénistes.

          Pour la monarchie, la question de l’homogénéité au niveau populaire ne se posait pas. L’objectif était, du moins à partir de Louis XIII, d’homogénéiser les élites. Ce n’est que bien plus tard, déjà sous la République, qu’on envisage l’assimilation intérieure de l’ensemble de la population. Et c’est pourquoi le pays reste finalement très hétérogène jusqu’au XIXème siècle, même si les élites sont relativement homogènes.

      • marc.malesherbes dit :

        @ Descartes
        merci de votre réponse argumentée à ma question.
        Sur un sujet voisin je m’interroge.
        Sur France Culture, on parle maintenant couramment de race, sans guillemet, au détour d’interviews de personnes de gauche, comme un fait évident.
        Je me rappelle d’une époque ou quiconque parlait de race était systématiquement taxé de racisme, fascisme, extrême droite, beauf … et ou l’assemblée nationales avait unanimement fait supprimer le mot race de la Constitution, car les races cela n’existaient pas (!).
        Plus récemment, j’ai écouté une émission de 40mn, sur France Culture ou trois intervenants, enseignants d’université parlaient sans problèmes de races, racisés, racialisés …
        https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/le-temps-du-debat-emission-du-mercredi-17-juin-2020
        On peut voir cela comme l’abandon d’un déni de réalité (il est évident que les phénotypes et les caractéristiques biologiques associées, visibles ou non, existent).
        On peut donc s’en féliciter comme un progrès de l’égalité, quelque soit la “race” de chacun. Je met des guillemets car je n’aime toujours pas voir les gens à partir de leur phénotype ou leur origine socio-culturelle, mais puisque c’est la modernité, il faut que je m’y fasse. Ainsi quand je croise un noir, un arabe dans la rue, je dois maintenant penser: le pauvre racialisé, racisé … Et non plus m’intéresser à son comportement effectif, agréable ou désagréable.
        Comme autrefois on voyait les gens à travers leur origine de classe (les très méchants capitalistes et bourgeois, les bons ouvriers producteurs de plus value que leur volait les autres classes sociales, le dangereux lumpen prolétariat masse de manoeuvre des capitalistes, les classes parasitaires consommateurs de plus value sans en produire, transporteurs, fonctionnaires, enseignants, soignants, techniciens et autres …)

        C’est sans doute un progrès. Quel est votre avis ?

        • Descartes dit :

          @ marc.malesherbes

          [Sur France Culture, on parle maintenant couramment de race, sans guillemet, au détour d’interviews de personnes de gauche, comme un fait évident. Je me rappelle d’une époque ou quiconque parlait de race était systématiquement taxé de racisme, fascisme, extrême droite, beauf … et ou l’assemblée nationales avait unanimement fait supprimer le mot race de la Constitution, car les races cela n’existaient pas (!).]

          Sur le dernier point, je pense que vous avez tort. Le « sans distinction de race » est toujours inscrit à l’article premier de la constitution de la Vème République. La même formule figurait dans le préambule de la constitution de la IVème. Mais sur le fond, vous avez raison. Pendant trente ans la gauche a argumenté que « les races n’existent pas ». Et tout à coup, elle ne parle que de « race », « racisé », etc.

          [On peut voir cela comme l’abandon d’un déni de réalité (il est évident que les phénotypes et les caractéristiques biologiques associées, visibles ou non, existent).]

          Oui et non. Il est évident que les phénotypes et les caractéristiques ethniques existent. Mais l’idée de « race » telle qu’on la concevait au XIXème siècle va plus loin : elle implique une discontinuité entre les races, autrement dit, l’idée que l’homme « blanc » et l’homme « noir » sont deux espèces différentes. Nous savons aujourd’hui que ce n’est pas le cas, que l’espèce humaine est une et une seule.

          [C’est sans doute un progrès. Quel est votre avis ?]

          Non, je pense que c’est un énorme recul. Alors que l’universalisme des Lumières nous a permis de nous affranchir de la détermination de la naissance, le nouveau « racialisme » nous y ramène. La modernité est fondée sur l’idée que chaque homme doit être traité en fonction de ce qu’il choisit être, et non en fonction de sa naissance. C’est cette idée même que l’idée de « race » met en cause.

  15. Bonjour Descartes,

    Quelques remarques, si vous le voulez bien. Je suis plutôt d’accord sur le constat, mais je n’en tire pas les mêmes conclusions que vous.

    D’abord, laissez-moi vous dire que vous êtes dur avec la gauche: elle n’est pas la seule à ethniciser le débat. Il y a aussi une droite et une extrême droite “racialistes”. Bien sûr, ceux-là ne manifestent pas en faveur d’Adama Traoré, mais leur grille de lecture n’est pas si éloignée. Et puis il y a le pragmatisme clientéliste: à l’heure d’acheter des voix lors d’élections locales, des élus centristes voire LR bon teint n’hésitent pas à donner des gages au tribalisme ambiant. Je pense à ce qui se passe à Drancy avec Jean-Christophe Lagarde mais il y a certainement d’autres exemples. Il y a certes l’égarement d’une certaine gauche, mais je crains que cet égarement qui vous chagrine (et je le comprends) ne soit l’arbre qui vous cache la forêt: la question (certains diront le démon) de la race est de retour en ce début de XXI° siècle. Certains à gauche soutiennent le mouvement en escomptant un illusoire bénéfice électoral (voir les diatribes contre la police des membres de LFI), d’autres à droite et au centre s’adaptent par pragmatisme, tandis que les racistes d’extrême-droite y voient la preuve que leur grille de lecture est pertinente.

    Ensuite cette lutte des races a tout à voir selon moi avec la lutte des classes, et il ne s’agit pas seulement d’effacer la seconde au profit de la première. Ces populations colorées, souvent immigrées, généralement en bas de l’échelle sociale, ne forment-elles pas le lumpenproletariat rêvé? Car ce lumpenproletariat, non seulement Marx ne le croyait pas utile pour la révolution, mais, si j’ai bien compris, il voyait même en lui un allié possible des forces réactionnaires. Il donne un exemple je crois à Naples où les populations des bas-fonds auraient soutenu la répression d’un mouvement révolutionnaire. Et si on y réfléchit, tout cela est logique: à Tours comme à Blois, les cyclistes “Uber eats” sont tous des noirs ou presque. Les bonnes âmes nous expliquent que ces gens-là sont victimes de racisme mais ne s’interroge guère sur le type d’emploi que nos sociétés leur réservent. La police est raciste mais laisser ces populations en proie à l’ “uberisation” de l’économie n’est pas un problème. Mieux, on donne un travail à un pauvre opprimé, n’est-ce pas charitable? Ajoutons que pendant qu’on pleure sur le racisme dont est victime le délinquant ou le travailleur précaire à la peau foncée, on disqualifie le discours du travailleur, généralement blanc, qui dispose d’un statut protecteur ou qui est fonctionnaire. De quoi se plaignent ces privilégiés? N’est-ce pas insupportable de crier à la dégradation des conditions de travail quand les noirs meurent sous les coups des policiers? Et dans trois mois, les mêmes crieront qu’il est scandaleux de porter des revendications salariales quand la Terre se meurt du réchauffement climatique…

    Vous insistez à plusieurs reprises sur le fait que, contrairement au droit américain, le droit français n’est pas racialiste. Sur le principe, vous avez raison. Mais vous avez évoqué ailleurs dans nos échanges l’existence de “chartes de la diversité” dans certains ministères. Nombre de grandes entreprises adoptent ce type de textes. La législation n’est pas racialiste, mais la pratique l’est devenue, ou est en train de le devenir, y compris dans certains services de l’Etat. Alors arrêtons l’hypocrisie, et soyons honnêtes et cohérents: faisons enfin des statistiques ethniques, classons et comptons les gens par race et par religion, puis imposons la fameuse “représentativité”: il y aura peut-être plus de préfets noirs ou arabes mais il faudra aussi trouver des footballeurs blancs pour l’équipe nationale. Créons des structures communautaires pour chaque groupe ethnique: si en tant que blanc je n’ai pas le droit de parler pour les noirs, alors je refuse que des noirs parlent pour moi. De quel droit des sportifs noirs prétendent-ils me représenter? Je veux avoir affaire à des fonctionnaires blancs, à des commerçants blancs. Car, dans la logique que défendent les antiracistes, chacun sert son groupe ethnique, sa communauté.

    Cette société ne fait pas rêver, n’est-ce pas? Eh bien, il faudra s’y faire, car elle est déjà là. Que s’est-il passé à Dijon? Un membre de la “communauté tchétchène” (considérée comme un groupe ethnique spécifique par la quasi-totalité des commentateurs sans aucune gêne apparente) a été agressé. La police ne s’étant pas montrée assez efficace, la “communauté tchétchène” a rendu justice elle-même en brûlant et en cassant. Et on n’est pas là en région parisienne, dans une grande métropole, non: Dijon, une ville moyenne de Bourgogne, une région plutôt rurale, la bonne France provinciale. Et le bon Rebsamen de nous expliquer que “ça ne se fait pas”. Et où était-il le bon Rebsamen quand les Tchétchènes, une communauté issue d’une région ravagée par l’islam intégriste et la violence, sont venus par milliers coloniser des quartiers de France? Il nous expliquait que l’immigration était une chance pour la France, que la diversité est notre avenir.

    Avec une joie mauvaise, je me réjouis de ce qui arrive, je le confesse. Les bienpensants vont récolter ce qu’ils ont semé. Le tribalisme délinquant s’est enkysté dans les quartiers de nos villes. Eh bien maintenant, il faut assumer. Il faut choisir aussi. Certains crient contre la police, le racisme systémique, l’ “ordre blanc”. Eh bien moi, cet “ordre blanc” me convient parfaitement, et je suis disposé à le défendre, à l’accentuer même, sans état d’âme. On peut aujourd’hui me traiter de “suprémaciste blanc”, de toute façon l’étiquette vous est collée dès lors que vous refusez de condamner le racisme de la police. Mais j’attire l’attention sur le fait que certains policiers deviennent racistes, ils ne l’étaient pas en entrant dans la police. Pourquoi à votre avis?

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [D’abord, laissez-moi vous dire que vous êtes dur avec la gauche : elle n’est pas la seule à ethniciser le débat.]

      Peut-être. Mais la gauche est ma famille. C’est là que j’ai été formé politiquement. C’est pourquoi j’ai aussi mal de la voir se fourvoyer. Que la droite où l’extrême droite rejettent les valeurs des Lumières et de la Révolution française, qu’ils soient du côté de la réaction et l’obscurantisme, c’est dans l’ordre des choses et ne m’émeut outre mesure. Que la gauche le fasse, cela me blesse. Ce n’est pas par hasard si l’on peut respecter ses ennemis, mais pas les traitres.

      [Il y a aussi une droite et une extrême droite “racialistes”. Bien sûr, ceux-là ne manifestent pas en faveur d’Adama Traoré, mais leur grille de lecture n’est pas si éloignée.]

      Elle existe probablement, mais elle ne bénéficie certainement pas du même soutien institutionnel. Je n’imagine pas aujourd’hui une organisation de droite organisant un atelier et indiquer dans le programme « réservé aux non-blancs ». Et si elle le faisait, les autorités interviendraient immédiatement. Par ailleurs, la droite est aujourd’hui est bien plus « culturaliste » que « raciste ».

      [Et puis il y a le pragmatisme clientéliste: à l’heure d’acheter des voix lors d’élections locales, des élus centristes voire LR bon teint n’hésitent pas à donner des gages au tribalisme ambiant.]

      D’accord. Mais je ne mets pas sur le même plan celui qui cède au tribalisme par intérêt, et celui qui en fait une valeur idéologique. Certains élus peuvent donner des subventions à des « grands frères » en échange des voix, mais au moins ils ne cherchent à convaincre personne que c’est une attitude morale.

      [Il y a certes l’égarement d’une certaine gauche, mais je crains que cet égarement qui vous chagrine (et je le comprends) ne soit l’arbre qui vous cache la forêt : la question (certains diront le démon) de la race est de retour en ce début de XXI° siècle. Certains à gauche soutiennent le mouvement en escomptant un illusoire bénéfice électoral (voir les diatribes contre la police des membres de LFI), d’autres à droite et au centre s’adaptent par pragmatisme, tandis que les racistes d’extrême-droite y voient la preuve que leur grille de lecture est pertinente.]

      Si la gauche cédait à la mode par calcul, ce ne serait pas le pire. Le pire est qu’elle fait de la question raciale une idéologie. Et ce faisant, elle s’interdit de penser le monde réel, et donc de peser sur lui. Je préfère infiniment l’assassin qui sait que tuer c’est mal et tue quand même à celui qui prétend m’expliquer qu’il fait le bien en prenant une vie humaine.

      [Ensuite cette lutte des races a tout à voir selon moi avec la lutte des classes, et il ne s’agit pas seulement d’effacer la seconde au profit de la première. Ces populations colorées, souvent immigrées, généralement en bas de l’échelle sociale, ne forment-elles pas le lumpenproletariat rêvé ?]

      Rêvé par qui ? Je vous rappelle que la « lutte des classes » dans le capitalisme oppose la bourgeoisie au prolétariat. Le « lumpenproletariat » n’a aucun rôle dans l’affaire.

      [Car ce lumpenproletariat, non seulement Marx ne le croyait pas utile pour la révolution, mais, si j’ai bien compris, il voyait même en lui un allié possible des forces réactionnaires.]

      Exact.

      [Et si on y réfléchit, tout cela est logique: à Tours comme à Blois, les cyclistes “Uber eats” sont tous des noirs ou presque. Les bonnes âmes nous expliquent que ces gens-là sont victimes de racisme mais ne s’interroge guère sur le type d’emploi que nos sociétés leur réservent. La police est raciste mais laisser ces populations en proie à « l’uberisation » de l’économie n’est pas un problème. Mieux, on donne un travail à un pauvre opprimé, n’est-ce pas charitable ? Ajoutons que pendant qu’on pleure sur le racisme dont est victime le délinquant ou le travailleur précaire à la peau foncée, on disqualifie le discours du travailleur, généralement blanc, qui dispose d’un statut protecteur ou qui est fonctionnaire. De quoi se plaignent ces privilégiés ? N’est-ce pas insupportable de crier à la dégradation des conditions de travail quand les noirs meurent sous les coups des policiers ?]

      C’était bien mon point. Avec le sans-papiers, le taulard, le « racisé » les classes intermédiaires se sont trouvés un « prolétariat de substitution » qui ne représente pour eux aucun danger, et qu’on peut utiliser pour se donner bonne conscience et pour culpabiliser les couches populaires « prolétaires ». Ce n’est pas par hasard si l’idéalisation du marginal commence avec mai 1968, quand les classes intermédiaires comprennent qu’elles n’arriveront pas à manipuler la classe ouvrière, la vraie, et la soustraire à l’influence du PCF et de la CGT.

      [Alors arrêtons l’hypocrisie, et soyons honnêtes et cohérents : faisons enfin des statistiques ethniques, classons et comptons les gens par race et par religion, puis imposons la fameuse “représentativité” : il y aura peut-être plus de préfets noirs ou arabes mais il faudra aussi trouver des footballeurs blancs pour l’équipe nationale. Créons des structures communautaires pour chaque groupe ethnique : si en tant que blanc je n’ai pas le droit de parler pour les noirs, alors je refuse que des noirs parlent pour moi. De quel droit des sportifs noirs prétendent-ils me représenter ? Je veux avoir affaire à des fonctionnaires blancs, à des commerçants blancs. Car, dans la logique que défendent les antiracistes, chacun sert son groupe ethnique, sa communauté.]

      Je reconnais là votre pessimisme… personnellement, je ne reconnais pas la défaite et je continuerai à me battre contre toutes logique « racialiste ». Et si la bataille est perdue, au moins on aura fait notre possible.

      [Avec une joie mauvaise, je me réjouis de ce qui arrive, je le confesse. Les bienpensants vont récolter ce qu’ils ont semé.]

      Je partagerais votre schadenfreude si je ne savais que les bienpensants ne seront pas les seuls à récolter les fruits empoisonnés de trente ans d’abandons.

  16. Mémoire de l’esclavage: “le moment est venu de franchir une nouvelle étape” pour Ayrault

    Paris, 25 juin 2020 (AFP) – 6h50 heure de Paris – L’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui a relancé le débat sur la mémoire de l’esclavage en demandant de rebaptiser une salle Colbert à l’Assemblée nationale, a estimé jeudi que “le moment est venu de franchir une nouvelle étape”.

    “Ce qu’il faut, plutôt que des graffitis ou des dégradations de monuments, il faut des explications, il faut des plaques explicatives au minimum”, a réagi sur Franceinfo le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage après qu’un graffiti “Négrophobie d’Etat” a été tagué mardi soir sur la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale.

    Plusieurs responsables politiques, notamment de droite, ont dénoncé mercredi une tentative de “censurer” l’Histoire ou de “culpabilisation”.

    “Le meurtre de George Floyd aux États-Unis a provoqué une vague d’indignation, des manifestations et des revendications qui tournent toutes autour de la même chose, c’est-à-dire comment reconnaître cette histoire de l’esclavage, de la colonisation, ses souffrances et ses séquelles, et puis en même temps comment lutter contre le racisme autour de valeurs qui nous rassemblent”, a expliqué l’ancien maire de Nantes.

    Selon lui, “le moment est venu de franchir une nouvelle étape” en France dans la mémoire de l’esclavage et de la colonisation.

    “Il ne s’agit pas de porter un jugement, il s’agit de comprendre et de connaître l’histoire”, a-t-il insisté, en demandant “Qui connaît le Code noir?”.

    “Il y a des actes de mémoire, des actes qui sont des actes politiques: nommer une rue, nommer une place, nommer une salle, c’est pas un travail d’histoire, c’est un travail de mémoire”, a-t-il aussi fait valoir pour justifier sa demande de rebaptiser la salle Colbert.

    “La question, c’est de savoir si nous voulons occulter cette page de notre histoire et si on le fait, on ne va pas comprendre ce qui se passe aujourd’hui, notamment dans la difficulté à vaincre les préjugés raciaux, faire reculer les discriminations et le racisme et créer de la concorde et de la cohésion”, a mis en garde l’ancien Premier ministre.

    Ministre de Louis XIV, Colbert est aussi considéré comme à l’initiative du Code noir, rédigé en 1685 et qui a légiféré sur l’esclavage dans les colonies françaises.

    • Descartes dit :

      @ Gautier Weinmann

      [Mémoire de l’esclavage: “le moment est venu de franchir une nouvelle étape” pour Ayrault]

      Je ne comprends pas très bien ce que tu veux démontrer en copiant cette dépêche AFP (un lien aurait suffi, d’ailleurs). A part que notre ancien premier ministre nage en pleine confusion…

  17. luc dit :

    Pauvre PCF : quasi chantre de la discrimination positive , il vient de subir l’affront d’une manifestation devant son son siège place du colonel Fabien,mené par,un ancien collaborateur Majid Messaoudene.Celui ci,Daechiste revendiqué,adepte de l’islamisation de la France,a été refusé par Russel,sur sa liste.
    En effet,Majid Messaoudene,est tellement impliqué dans l’islamisation de la France,qu’il a continuellement avancé ses billes hidjadistes durant ces 2 mandatures à Saint Denis.Personne ne l’avait freiné.
    Ce dimanche c’est Mr Hanotin(PS),qui après avoir critiqué’ pour son racisme’ ,le maire sortant PCF,devrait emporter Saint Denis grâce aux voix envoyés par Majid Messaoudène et son réseau indigéniste et islamiste,
    pour punir le PCF de ne pas l’avoir repris.
    Qui est ce Majid Messaoudene ,fossoyeur de 75 ans de communisme municipal PCF à Saint Denis ?
    On a surtout retenu son rôle d’organisateur de la marche contre « l’islamophobie » avec la scandaleuse étoile jaune dont on a affublé plusieurs fillettes et les cris de «Allahu akbar» scandés par le militant radical Marwan Muhammad. Co-organisateur ,Madjid Messaoudene, coqueluche des médias était adjoint de Russel,qui n’avait eu de cesse de lui demander d’arréter de sortir outranciellement de ces attributions de conseiller municipal.Auparavent,au lendemain des tueries de Mohammed Merah, l’élu de Saint-Denis écrivait sur Twitter, sans un mot pour les victimes.Il était d’excellente humeur ce jour-là. Et il a tenu à la partager avec le plus grand nombre.Il ne partageait pas la condamnation de Merah pas plus qu’il n’avait exprimé de solidarité avec Charlie Hebdo,après l’assassinat de la dizaine de journalistes,par les islamistes.
    Madjid Messaoudene était un élu dit ‘de gauche’ au conseil municipal de Saint-Denis. Sa principale activité: promouvoir les délires indigénistes du PIR. Il s’occupait de façon sectaires de ses administrés.
    De certains plus que d’autres. Car Madjid Messaoudene est un militant identitaire musulman, et il aime tous les musulmans sans exception. Et Mohammed Merah était musulman…
    Sa mort peina beaucoup Madjid Messaoudene. Il en fut attristé. Mais l’assassinat de quatre enfants juifs le mit d’une humeur taquine. Un premier tweet plein d’humour en témoigne: « Il (Mohammed Merah) n’a pas mis longtemps à se casher ». Hi hi hi… Dans la même veine: « Tu fais quoi ce soir ? Suis en mode hommage. J’arrête tout, on va me dire que je ne suis pas touché, pas ému. Du coup, je vais m’entraîner à pleurer. »
    Après 12 ans sur la liste PCF,Majid Messaoudène,reste un militant indigéniste,manipulateur qui n’a évidemment aucune gratitude pour le PCF.Ce 18 juin il a organisé une manif devant le CC pour dénoncer le ‘racisme’ du PCF.Ces 20 ou 30 anti-PCF,de ce 18 juin 2020 ,étaient les premiers manifestants anti-PCF,depuis l’intervention soviétique en Hongrie en novembre 1956.
    A l’époque les militants PCF avaient donné en vain leur sang pour contenir les milliers d’étudiants anti-PCF qui mirent à sac le siège du PCF.Heureusement que le PCF n’a pas appelé à une contre manifestation,ne tombant pas ainsi dans le piège tendu par ces illuminés,rusés politiciens.
    https://www.cvce.eu/obj/manifestations_contre_l_intervention_sovietique_en_hongrie_paris_et_bruxelles_7_novembre_1956-fr-409142ff-373b-44cf-8b25-3c7b54842c79.html
    L’initiative part de Madjid Messaoudène et il n’y a eu qu’une trentaine de personnes, mais ce n’est pas n’importe qui et le lieu choisi – le siège parisien du PCF à Paris place du Colonel Fabien – est exemplaire.
    Madjid Messaoudène est en effet un des acteurs majeurs de la fameuse marche contre « l’islamophobie », qui a été une véritable initiative anti-Gauche. À ses côtés devant le siège du PCF, on trouvait Youcef Brakni du collectif « Justice pour Adama » et Omar Slaouti, un intellectuel majeur de la mouvance des « Indigènes de la République ».Ces gens ont été biberonnés par la Gauche puis sont passé dans le camp postmoderne, Madjid Messaoudène en étant un cas emblématique. Élu conseiller municipal de Saint-Denis sur la liste Front de Gauche, il est également « délégué à l’Égalité femme/homme, la lutte contre les discriminations, l’égalité des droits, et les services publics » de cette ville.Cependant, le maire qui l’a nommé, Laurent Russier, du PCF, ne veut cette fois pas de lui. Il était sur la liste électorale de La France Insoumise et le maire PCF veut bien d’une fusion des listes, mais sans lui.
    Une indignation bien tardive, alors que Madjid Messaoudène a été un sacré pyromane « indigéniste », notamment marqué par ses messages méprisants et ignobles au moment des meurtres commis à Toulouse, contre des enfants juifs.Et une réaction tardive qui se paie cher, puisque jouant inlassablement la victime, Madjid Messaoudène a accusé le maire PCF d’être somme toute à la solde du « racisme ». Et il a, dans son initiative ridicule et clairement anti-Gauche avec une tribune à Médiapart, eu l’appui de l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo (qui a été candidat de La France Insoumise à Paris aux municipales), évidemment de l’activiste Taha Bouhafs, de la tête de liste La France Insoumise de Saint-Denis Bally Bagayoko, de l’historienne agrégée Mathilde Larrère, etc.
    On lit notamment dans la tribune :
    « Nous dénonçons ouvertement le racisme qu’a subi Madjid Messaoudene de la part du maire de Saint-Denis et de son équipe. Finalement, il est reproché à cet élu d’avoir initié ou aidé dans des cadres collectifs la lutte contre le racisme et pour l’égalité, c’est en soi du racisme. »
    C’est là ridicule, mais c’est surtout un chantage. Les milieux indigénistes ont largement été soutenu par la Gauche électoraliste, avec un deal : vous nous ramenez des voix, on vous donne des places bien au chaud et vous serez rémunéré tout en continuant vos activités. La Gauche électoraliste pensait qu’elle aurait toujours le dessus, car au-dessus des municipalités elle a une dimension gouvernementale. Elle considérait que jamais les milieux postmodernes ne réussirait à les déborder.
    Le pari a non seulement été une trahison des valeurs de la Gauche historique, mais aussi une puissante sous-estimation du néo-féodalisme propagé par les religions, ainsi que la dimension dévastatrice du relativisme des milieux postmodernes. C’est cela qui a amené des gens comme Madjid Messaoudène (ou Taha Bouhafs, ou le collectif « La vérité pour Adama ») à disposer d’un écho très important alors qu’ils ne représentent rien.
    Si le PCF avait pourtant de la dignité, il aurait dû faire une chose simple : amener deux cent personnes place du Colonel Fabien et violemment éjecter des activistes cherchant à démanteler la Gauche en la dénonçant comme « raciste », en cherchant à la pourrir de l’intérieur. Cependant le PCF n’est plus en mesure d’agir ainsi, car lui-même est passé dans le camps postmoderne culturellement. Là est le drame. C’est, objectivement, une humiliation, mais pas que du PCF, mais bien de toute la Gauche, malmenée par les activistes postmodernes, « décoloniaux », pro-Islam, relativistes, n’ayant aucun rapport ni de près ni de loin avec le mouvement ouvrier.« Je me sens profondément insulté, sali par les accusations de racisme dont je fais l’objet. Elles me blessent dans mes convictions, dans mes engagements, dans ma dignité. » C’est en ces termes que le maire PCF de Saint-Denis, Laurent Russier, a réagi ce vendredi, sur Facebook, après la parution la veille d’un appel de soutien à Madjid Messaoudène.Son nom a été l’un des points de blocage lors des négociations de fusion entre la liste de Laurent Russier et celle du candidat soutenu par La France Insoumise, Bally Bagayoko (ex-maire adjoint). Le maire PCF s’était opposé à sa présence, en position éligible, sur une liste commune.« Tous les coups ne sont pas permis »
    L’appelindigéniste paru sur le site de Mediapart va jusqu’à accuser l’édile sortant de « racisme » à l’égard de son ancien conseiller municipal. « Je récuse fermement le procès qui m’est fait aujourd’hui. Non, tous les coups ne sont pas permis », rétorque Laurent Russier, qui a reçu de nombreux messages de soutien en ligne. Y compris d’opposants politiques, comme le candidat centriste Houari Guermat qui juge l’accusation « ridicule ».Il égrène les « actes concrets » qui ont marqué le mandat écoulé : « Notre combat pour le droit de vote des étrangers, notre engagement auprès des 55 familles roms du terrain Voltaire, notre soutien […] auprès des associations organisatrices de la Quinzaine antiraciste ou de la Coordination des sans-papiers, notre travail pour la mémoire des victimes de l’esclavage, notre accompagnement du Village et de la Marche des fiertés ».
    C’est le match dans le match. Et c’est même, peut-être, l’élection la plus importante qui se jouera dimanche. Tard dans la soirée, lorsque les électeurs de Saint-Denis, d’Aubervilliers, de Saint-Ouen, de Pierrefitte et de l’Île-Saint-Denis connaîtront le nom de leur nouveau maire, d’autres auront déjà le nez sur leurs calculettes.
    Car les résultats décideront également de la couleur du futur conseil de territoire de Plaine Commune, composé de 80 membres répartis selon la population de chaque ville*.
    Dans cette zone stratégique de Seine-Saint-Denis – la plus populaire, mais aussi la plus dynamique – l’enjeu est grand. Car le territoire fondé en 2001, et dont le budget avoisine les 350 M€, pourrait pour la première fois échapper au PCF.La défaite de la maire communiste de Villetaneuse, Carinne Juste, face à Dieunor Excellent (DVG), a même porté un premier coup dur dès le 1 er tour, même s’il reste anecdotique en termes de voix.Seule certitude, le conseil changera de président avec la retraite annoncée de Patrick Braouezec, qui avait succédé en 2005 à Jacques Poulet, ancien maire PCF de Villetaneuse.
    Le PS pourra difficilement décrocher la majorité absolue
    Virera-t-il au rose ? L’élection à Saint-Denis, où Mathieu Hanotin (PS) part favori dans son duel face à Laurent Russier (PCF), pourrait peser lourd, voire déclencher un séisme. « Si nous gagnons, les socialistes formeront le groupe le plus important au territoire, anticipe l’ex-député, Hanotin(PS),en tête dans les sondages. Mais la question, c’est de savoir si nous aurons la majorité absolue (NDLR : plus de 40 sièges). Cela permettrait d’agir plus facilement et de redresser la machine administrative de Plaine Commune. »
    Un militant proche du PCF n’y croit pas. « Dans le meilleur des scénarios, avec une victoire à Saint-Denis et à Saint-Ouen, le PS ne compterait que 35 ou 36 conseillers », calcule-t-il. Mais la répartition des voix dépend aussi de l’écart des scores au second tour, ville par ville.

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Pauvre PCF : quasi chantre de la discrimination positive, il vient de subir l’affront d’une manifestation devant son son siège place du colonel Fabien, mené par un ancien collaborateur Majid Messaoudene. Celui-ci, Daechiste revendiqué, adepte de l’islamisation de la France, a été refusé par Russel sur sa liste.]

      Comme on dit en espagnol, « cria cuervos y te sacaran los ojos » (« élève des corbeau, et ils te crèveront les yeux »). Mais bon, il faut savoir que Saint-Denis est une municipalité PCF seulement en apparence. Depuis des années, c’est le « fief » – et le mot est strictement adapté – du baron Braouezec et sa clique. Je me souviens encore comment Braouezec, qui était alors maire de Saint-Denis, avait en son temps présenté et faire élire son candidat Didier Paillard aux cantonales contre le candidat désigné par la fédération du PCF. Le même Paillard qu’il désigné pour hériter son fauteuil de Maire lorsque Braouezec préféra garder le mandat de député et la présidence de la communauté d’agglomération Plaine-Commune.

      C’est le couple Paillard-Braouezec qui ont joué pendant des années la carte des « grands frères » et autres « référents » ethniques ou religieux, parmi eux Messaoudène. Ce sont eux qui ont admis que l’intéressé mène une campagne contre M. Chalgoulmi, l’Imam de Drancy bien connu pour avoir prêché systématiquement un Islam ajourné et assimilant les principes républicains, qu’il fasse des déclarations plus ou moins équivoques après les attentats islamistes, etc. Maintenant, après des années d’activisme, le successeur de Paillard – on a envie d’écrire « l’héritier » – a finalement décidé de ne pas mettre l’énergumène sur sa liste. Conséquence : Messaudène s’est fait accueillir sur la liste LFI, puis fait pression sur sa tête de de sa liste pour exiger une position éligible comme condition à une éventuelle fusion de listes. Du coup, la fusion échoue et la ville risque d’être prise par le candidat socialiste.

      Personnellement, j’avoue que je n’en ai rien à foutre. Entre le clientélisme de la mafia Braouezec-Paillard et celui de la maffia PS, je doute que les dyonisiens voient la différence. Et la chute de la maison Braouezec n’est pas pour me déplaire, compte tenu du rôle que celui-ci a joué ces dernières années.

      [Qui est ce Majid Messaoudene, fossoyeur de 75 ans de communisme municipal PCF à Saint Denis ?]

      Ce n’est pas Messaoudène le « fossoyeur de 75 ans de communisme municipal à Saint Denis », c’est le duo Braouezec-Paillard, qui ont joué le jeu communautaire et lui ont permis – et il n’est pas le seul – de se faire une clientèle.

      [Après 12 ans sur la liste PCF, Majid Messaoudène, reste un militant indigéniste, manipulateur qui n’a évidemment aucune gratitude pour le PCF. Ce 18 juin il a organisé une manif devant le CC pour dénoncer le ‘racisme’ du PCF.]

      Quand on couche avec le chien on se réveille avec les puces. Qu’est ce qu’ils croit, le PCF ? Qu’ils vont « domestiquer » les militants communautaristes ? Que parce qu’on leur donnera la main ils ne vont pas essayer de prendre le bras ? Qu’ils se contenteront des miettes alors qu’ils peuvent avoir le gâteau ? Le pari communautariste des élus locaux est un pari à court terme : en donnant un espace aux « grands frères », on alimente le crocodile qui finira par vous bouffer.

      [Madjid Messaoudène est en effet un des acteurs majeurs de la fameuse marche contre « l’islamophobie », qui a été une véritable initiative anti-Gauche.]

      Pardon, pardon : l’appel à cette manifestation a été signé par un grand nombre d’élus et personnalités « de gauche » : Manon Aubry, Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble du groupe parlementaire LFI ; les écologistes Jadot et Cormand ; des députés PCF comme André Chaissaigne, Elsa Faucillon et Stéphane Peu ; le dirigeant du NPA Olivier Besancenot ; Benoit Hamon de « GénérationS »… alors de deux choses l’une : ou bien la gauche au grand complet ou presque a appelé à une « initiative anti-Gauche », ce qui est pour le moins contradictoire, ou bien la « gauche » n’est pas ce que vous croyez.

      [À ses côtés devant le siège du PCF, on trouvait Youcef Brakni du collectif « Justice pour Adama » et Omar Slaouti, un intellectuel majeur de la mouvance des « Indigènes de la République ».Ces gens ont été biberonnés par la Gauche puis sont passé dans le camp postmoderne, Madjid Messaoudène en étant un cas emblématique.]

      Non. Comme le montre l’affaire de la manifestation contre l’islamophobie en novembre dernier, c’est la gauche – et tout particulièrement la « gauche radicale » qui est passée dans le camp postmoderne. Je pense que vous vous faites beaucoup d’illusions quant au véritable positionnement de ce qu’on appelle « la gauche » aujourd’hui. Les Brakni, les Slaouti et les Messaudène – mais aussi els De Haas et autres du même acabit – ne sont plus des marginaux dans « la gauche ». Ils en deviennent au contraire les idéologues. Ce sont les républicains jacobins qui sont aujourd’hui marginalisés.

      [Élu conseiller municipal de Saint-Denis sur la liste Front de Gauche, il est également « délégué à l’Égalité femme/homme, la lutte contre les discriminations, l’égalité des droits, et les services publics » de cette ville. Cependant, le maire qui l’a nommé, Laurent Russier, du PCF, ne veut cette fois pas de lui. Il était sur la liste électorale de La France Insoumise et le maire PCF veut bien d’une fusion des listes, mais sans lui.]

      Après l’avoir nourri pendant vingt ans, les « barons » découvrent tout à coup que le personnage devient dangereux.

      [Une indignation bien tardive, alors que Madjid Messaoudène a été un sacré pyromane « indigéniste », notamment marqué par ses messages méprisants et ignobles au moment des meurtres commis à Toulouse, contre des enfants juifs.]

      Peut-être, mais il ramène des voix. Et c’est là l’essentiel, du moins du point de vue des Braouezec-Paillard et compagnie.

      [Et une réaction tardive qui se paie cher, puisque jouant inlassablement la victime, Madjid Messaoudène a accusé le maire PCF d’être somme toute à la solde du « racisme ». Et il a, dans son initiative ridicule et clairement anti-Gauche avec une tribune à Médiapart, eu l’appui de l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo (qui a été candidat de La France Insoumise à Paris aux municipales), évidemment de l’activiste Taha Bouhafs, de la tête de liste La France Insoumise de Saint-Denis Bally Bagayoko, de l’historienne agrégée Mathilde Larrère, etc.]

      Ravi de voir que ceux qui ont nourri cette engeance en sont les victimes. Je vous avoue que je trouve dans cette situation une certaine justice.

      [Si le PCF avait pourtant de la dignité, il aurait dû faire une chose simple : amener deux cent personnes place du Colonel Fabien et violemment éjecter des activistes cherchant à démanteler la Gauche en la dénonçant comme « raciste », en cherchant à la pourrir de l’intérieur. Cependant le PCF n’est plus en mesure d’agir ainsi, car lui-même est passé dans le camps postmoderne culturellement. Là est le drame.]

      Exactement. Et puis, la dernière fois que le PCF a essayé cette politique, c’était à Vitry en 1980 et cela ne lui avait pas vraiment réussi. La « gauche » a rendu ces communautaristes intouchables, puisque toute action contre eux devient du « racisme »…

      [C’est en ces termes que le maire PCF de Saint-Denis, Laurent Russier, a réagi ce vendredi, sur Facebook, après la parution la veille d’un appel de soutien à Madjid Messaoudène.Son nom a été l’un des points de blocage lors des négociations de fusion entre la liste de Laurent Russier et celle du candidat soutenu par La France Insoumise, Bally Bagayoko (ex-maire adjoint). Le maire PCF s’était opposé à sa présence, en position éligible, sur une liste commune.« Tous les coups ne sont pas permis »]

      Tiens, tiens… le maire PCF s’est « opposé à sa présence en position éligible ». Doit on comprendre qu’il l’aurait accepté en position non éligible ? Rien que pour cela, il mérite de perdre.

  18. DanielB dit :

    Bonsoir ,
    Un peu d’histoire !
    1- Messali Hadj a toujours remercié les habitants de la métropole pour leur accueil : ” A chaque fois que nous échangions avec ces gens , ils nous disaient ” vous ” ”
    2- En 1923 , c’est l’affaire du ” Bal-Tabarin ” et la mise en garde de Poincaré aux étrangers ( Touristes Nord-Américains essentiellement ) : ” Il convient de rappeler aux étrangers se trouvant en France qu’ils sont tenus d’y oublier leurs préjugés et de respecter le principe de l’égalité des races garanti par les lois Françaises ”
    On renverse et on brule à Paris et à Nice un bus de touristes Nord-Américains accusés de racisme .
    3- 1929 : Le journal de droite ” L’ami du Peuple ” s’attaque aux touristes Nord-Américains : ” Dans cette Babylone moderne [ Paris ] tous les fêtards trans-Atlantiques pensent qu’ils peuvent nous imposer leurs mœurs [ racistes ] . Il n’est pas possible de le tolérer ”
    4- Lorsque des militaires Français commencent à analyser les archives de l’Abwehr qu’ils trouvent en Allemagne en 1945 , ils lisent des rapports dans lesquels les agents Allemands en poste en France dans les années 20-30 se plaignent qu’il est impossible d’instiller la haine raciale au sein des associations d’anciens combattants et en particulier de … ” Les croix-de-feu ” ! Ils racontent comment certains d’entre-eux furent même battus lorsqu’ils tentèrent de dresser les ” Français de souche ” ™© contre des Africains ou des combattants de confession Juive .
    5- 1932 : Alfred Nemours , diplomate Haïtien parle de “La France protectrice des races colorées ”
    ……….
    Tout ne fut pas rose , en particulier en dehors de la métropole , mais nous étions bien alors en train de le mettre en œuvre ce ” vivre-ensemble “™© dont on nous a tant rebattu les oreilles .
    Pas de façon linéaire bien sûr , avec des tâtonnements et avec un brin de condescendance coloniale .

    DanielB

    • Descartes dit :

      @ DanielB

      [Tout ne fut pas rose, en particulier en dehors de la métropole, mais nous étions bien alors en train de le mettre en œuvre ce ” vivre-ensemble “™© dont on nous a tant rebattu les oreilles.
      Pas de façon linéaire bien sûr, avec des tâtonnements et avec un brin de condescendance coloniale.]

      Merci beaucoup de ce rappel. On oublie un peu vite combien la tradition française a été insensible aux questions « raciales », une insensibilité qui étonnait autant nos voisins que nos cousins d’outre Atlantique habitués chez eux à un discours raciste sans complexes. On oublie aussi que Paris est devenu à une époque le paradis pour les intellectuels noirs américains, qui trouvaient dans notre pays une liberté de ton et une indifférence à leur « race » impossible dans leur pays d’origine.

      En fait, lorsqu’on décortique le discours des « décoloniaux » français, on trouve que paradoxalement c’est cette indifférence qu’on nous reproche. En refusant de faire de la « race » un critère dans sa législation, dans sa statistique, dans la société, la France ne serait pas assez « raciste »…

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