Putain, cinq ans de plus…

Chers lecteurs, celui qui vous écrit est bien plus gros qu’il ne l’était il y a une semaine. En quelques jours, ma figure habituellement svelte a pris de la graisse, et il me faudra pas mal de soirées consacrées au sport – celui qu’on fait, pas celui qu’on regarde – pour revenir au statu quo ante. Et la faute à qui ? A une campagne de deuxième tour qui m’a obligé à consommer des quantités illimitées de chocolat pour ne pas sombrer dans la plus profonde des dépressions.

Prenons par exemple le « grand débat » de l’entre-deux tours, ce rituel absolument ridicule qui participe de la transformation du débat politique en « infotainement ». Car dans cet exercice les candidats montrent toutes les habilités… qui n’ont aucun rapport avec leur capacité à gouverner.  Est-ce qu’on est un homme d’Etat parce qu’on sait sortir une formule percutante au bon moment ? Est-ce que savoir dire « vous n’avez pas le monopole du cœur » avec un air de sincérité vous qualifie particulièrement pour diriger l’Etat ? On se souvient le scandale qu’avait provoqué Paul Amar lorsqu’il avait proposé aux participants à un « débat » télévisé des gants de boxe. Si scandale il y a eu, ce n’est pas parce que ce geste « rabaissait le débat politique » comme on l’a dit à l’époque, mais parce qu’il révélait cruellement que le débat avait déjà été rabaissé. Quand aura-t-on enfin un candidat qui aura le courage d’imiter mongénéral et de se refuser à cette mascarade ?

Il y eut aussi les bêtises de l’après premier tour, avec les accusations des porte-fligue du Gourou de LFI – Mélenchon est trop intelligent pour cracher lui-même sur les gens avec qui il faudra négocier les candidatures législatives dans peu de temps – envers le reste de la gauche, et tout particulièrement le Parti communiste. Quel crime ont commis tous ces reprouvés ? Et bien, ils ont eu l’outrecuidance de présenter des candidats au suffrage des électeurs, au lieu d’appeler à voter – sans conditions, bien entendu – pour le Gourou, empêchant « la gauche » – cette entité floue qui peut autant désigner un social-libéral à la manière Valls que les « révolutionnaires citoyens » façon LFI –  d’être présent au deuxième tour, et par là même à LFI de sauver la France…

Ce discours suppose que les électeurs de gauche sont bêtes et disciplinés, au point d’obéir aveuglement aux injonctions de Jadot, Roussel, Hidalgo et les autres sans se poser des questions, sans écouter les discours, sans regarder les propositions et les projets. Je ne peux parler pour les autres, mais si le projet de Mélenchon m’avait plu, si le discours du candidat m’avait séduit, j’aurais voté pour lui. Et parce que ni le projet, ni le discours ne m’ont agréé, je lui ai refusé ma voix. Et j’aurais agi exactement pareil quand même bien Roussel, Jadot ou Hidalgo auraient frappé à ma porte à genoux pour me demander de voter pour lui. Mélenchon agit comme s’il avait oublié que les électeurs n’ont aucun devoir envers lui, que c’est au candidat de les séduire et de les convaincre. Et qu’on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Si le Gourou voulait ma voix, alors il fallait mettre dans son programme des propositions susceptibles de m’attirer, et enlever celles qui pouvaient m’irriter. Il fallait adopter un discours qui m’attire, et non participer à des provocations qui me repoussent. Il n’a pas souhaité le faire ? C’est son choix et son droit. Mais il ne faut pas alors pleurnicher ou rejeter la faute sur les autres lorsque l’électeur que je suis va voir ailleurs (1).

Mais bon, tout cela s’arrange avec une consommation modérée de chocolat – et un petit peu de confiture artisanale, merci maman. Mais ce qui est pire pour la ligne, c’est le chœur des appels inconditionnels de l’ensemble de la bienpensance et de toute la gauche radicale – avec l’honorable exception de LO – à mettre dans l’urne un bulletin Macron. Oui, je sais, cela se déguise sous des formules comme « faire barrage à l’extrême droite » ou, plus amusant « pas une voix pour Le Pen et pas d’abstention ». Mais le résultat est le même.

Le plus désespérant, c’est que la gauche radicale répète depuis quarante ans le même schéma. A chaque élection, c’est pareil : après une campagne « radicale » de premier tour où l’on promet à l’électeur de changer le monde, on appelle sagement à voter au deuxième tour pour le candidat « social-libéral », qui est se moins en moins social et de plus en plus libéral avec le passage des années. Quarante ans ! Vous vous rendez compte ? Depuis quarante ans les meilleurs esprits, les tacticiens et stratèges de la gauche radicale, ceux-là même qui prétendent pouvoir concevoir et construire un monde différent et en finir avec le capitalisme, le sexisme et le réchauffement climatique – dans l’ordre que vous voulez – ont devant eux un problème concret : comment faire pour ne pas apporter, au deuxième tour, leurs voix à ceux qui tirent du côté opposé. Quarante ans que la question est posée… et aucune solution n’est en vue. Quarante ans que le même schéma se reproduit avec la régularité d’un métronome : pour battre la droite, on vote néolibéral de gauche. Pour battre l’extrême droite, on vote à droite. Et à la fin, on finit par installer au pouvoir la politique qu’on fait mine de combattre.

Oui, « qu’on fait mine de combattre ». Parce que j’ai du mal à croire qu’au bout de quarante ans tous ces génies de la politique, ces tacticiens brillants, ces pensifs penseurs ne soient pas arrivés à trouver une solution. Alors, j’en conclus que si l’on répète régulièrement le même schéma, si l’on n’essaie jamais autre chose, c’est parce que ce schéma arrange finalement tout le monde. Parce que le vote de la gauche radicale depuis quarante ans repose sur un corps social qui y voit essentiellement un vote de témoignage : on vote écologiste, communiste ou gauchiste pour montrer – aux autres mais surtout à soi-même – sa compassion et sa fibre sociale, mais on est soulagé à la fin du processus de voir l’Etat géré par ceux qui savent le faire, et qui en plus le feront en fonction de ses intérêts. On professe haïr Macron et ce qu’il représente, mais on est bien soulagé qu’il reste en poste.

La preuve : lorsqu’une alternative apparaît, et qu’elle capte le vote des couches populaires, elle est diabolisée jusqu’à l’irrationnel. Ce fut le cas hier, lorsqu’on s’imaginait que « si les cocos passent » les chars soviétiques défileraient sur les Champs Elysées et qu’il faudrait prendre le maquis (2). C’est le cas aujourd’hui, lorsqu’on prétend que si Marine Le Pen était élue, les drapeaux à croix gammée fleuriraient à Paris, la Constitution et avec elle nos libertés seraient en danger et le « fascisme » s’imposerait en France. Soyons sérieux : de doctes universitaires, des politiques de droite, de gauche et du centre nous expliquent depuis des lustres combien ce pays il est difficile de gouverner, combien le dirigeant politique est bloqué par l’Etat profond, par les juges, par la Commission européenne, par les lobbies, par les Français eux-mêmes, ces gaulois qui refusent tout. Tous nous ont expliqué combien il est difficile de faire avancer quelque décision que ce soit, combien il faut des trésors de compétence, de connaissance fine de la machine administrative, de capacité à créer des consensus et calmer les oppositions pour y arriver, et encore, cinq ans sont trop courts pour cela. Et voilà qu’on nous explique qu’une femme sans expérience administrative et politique pourrait, par le simple fait de son élection, tout changer, tout chambouler, tout de suite ? Qu’elle pourrait se jouer de toutes les oppositions, contourner les juges et les institutions européennes, dompter l’Etat profond… Si ce n’est pas là de la pensée magique, je me demande ce que c’est.

Mais cette pensée magique a une fonction : en excluant à priori et sans examen l’un des possibles, elle exclut tout examen rationnel des alternatives. On n’a plus le droit de rappeler que les fascismes ne s’installent jamais contre les classes dominantes, que ce n’est pas le suffrage qui a installé Hitler et Mussolini, mais le soutien total du capital et des classes intermédiaires effrayées par le fantôme du communisme. On n’a plus le droit de dire que Marine Le Pen, à supposer même qu’elle le veuille, n’installera pas le fascisme en France tout simplement parce qu’elle ne le PEUT pas, que le rapport de forces ne lui permettra pas. MLP, si elle avait été élue, aurait probablement peiné à trouver une majorité et in fine aurait dû se résigner à une cohabitation avec un gouvernement de centre-droit, un peu moins libéral et plus souverainiste que Macron certes, mais rien de véritablement « révolutionnaire ». Bien loin du croquemitaine que la gauche radicale s’est elle-même fabriquée.

Mais tant que ce croquemitaine est là, on est coincés. Comme dans le beau film « un jour sans fin », on aura à chaque élection le même résultat. Un premier tour où l’on débat de toutes les belles choses qu’on aimerait faire, et un deuxième où l’on vote tous sagement pour le candidat de l’oligarchie. Et parce qu’on a exclu à l’avance toute alternative, toute négociation est impossible. Pourquoi le candidat de l’oligarchie ferait-il la moindre concession pour attirer des voix alors que le croquemitaine le lui apporte gratuitement ? Comment pourrait-on créer un rapport de forces avec lui alors qu’on est « moralement » obligés de mettre son bulletin dans l’urne sous peine de passer pour un affreux fasciste ?

Mais grâce à la magie de l’élection, le danger fasciste a été conjuré. On peut plier les panneaux électoraux et dormir sous nos deux oreilles, les drapeaux à croix gammée ne seront sortis que dans cinq ans. Et en attendant, nous aurons cinq ans de Macron. Qui, malgré toutes ses déclarations, n’a rien oublié, rien appris, et ne changera pas. Son premier discours en tant que président réélu était de ce point de vue tout à fait significatif : après être entré en scène sous les accents de l’hymne européen, il aura expliqué à la tribune qu’il entendait être « le président de tous les français », y compris de ceux qui n’avaient pas voté pour lui. A-t-il seulement réfléchi à la contradiction entre le symbole et le discours ? A-t-il conscience qu’après avoir fait jouer l’hymne européen il peut difficilement prétende écouter ceux pour qui ce symbole est odieux ? A-t-il compris qu’on ne peut être à la fois supporteur et arbitre ?

Non, il ne l’a pas compris et il ne peut pas le comprendre, tout simplement parce que dans son univers mental il n’y a pas de désaccords de fond, il n’y a que des incompréhensions. Si des gens ne partagent pas sa vision de la construction européenne, de la réforme des retraites, de l’encadrement supérieur de l’Etat ou de la « start-up nation », c’est parce qu’ils n’ont pas compris. Il n’est donc pas nécessaire de les écouter ou de les comprendre, et encore moins de les prendre en compte. Il faut leur expliquer. Et si on explique assez longtemps, on finira par arriver à un consensus.

Macron, c’est la logique du « cercle de la raison » poussée à son extrême. De la même manière qu’un théorème mathématique ou une loi physique ne peuvent qu’apporter une réponse unique à la question posée, il n’existe qu’une solution rationnelle à chaque problème politique, économique, social. Que des intérêts différents puissent conduire à des visions différentes ayant toutes la même légitimité intellectuelle est une idée incompréhensible pour notre président. Et c’est pourquoi il ne changera pas. Instruit par l’expérience, il fera peut-être semblant d’écouter, avec une multiplication des « grands débats » et autres « comités citoyens ». Il fera aussi semblant d’adopter les formules de ses adversaires, comme la « planification écologique ». Mais tous ces attrape-gogos ne serviront qu’à légitimer des décisions « rationnelles » prises à l’avance par le président et son cercle intime.

Et puis, l’expérience des deuxièmes mandats n’est pas vraiment encourageante. Ils ont généralement accentué les défauts du premier. La gauche avait commencé à flirter avec le néolibéralisme pendant le premier mandat de Mitterrand, elle s’y est vautrée toute honte bue pendant le second. Pour Chirac, le second mandat poussa jusqu’au ridicule sa tendance à vouloir faire plaisir à tout le monde qui aboutit à un long immobilisme. Celui de Macron, je suis prêt à parier, sera une longue suite de destructions. Car Macron est d’abord un destructeur : chez lui, on casse d’abord et on réfléchit ensuite. Toutes ses « réformes » en témoignent : on supprime quelque chose – l’ENA et les grands corps, les régimes spéciaux de retraite, le statut du cheminot, l’impôt sur la fortune ou la taxe professionnelle – mais ces suppressions ne sont pas la conséquence d’une réflexion sur un nouveau mécanisme qu’on voudrait mettre en place, mais un préalable. On fait voter la loi sur le système de retraite « à points » sans avoir la moindre idée de comment les « points » en question seront calculés. On supprime l’ENA sans avoir la moindre idée de comment les hauts fonctionnaires seront recrutés, formés, nommés. C’est pourquoi on pouvait prédire hier que le « commissaire au plan » institué à grande pompe par Macron allait être une sinécure, tout comme on peut prédire que la « planification écologique » qu’on nous promet aujourd’hui restera un coup de communication. Parce que rien n’est aussi étranger à Macron que l’idée même de planification, qui suppose un engagement de long terme et donc une pensée d’anticipation qui vous oblige à sortir de l’ambiguïté. Macron, c’est tout le contraire : une capacité illimitée à naviguer a vue, à cultiver les ambiguïtés, a ne jamais s’engager.

Macron est un « révolutionnaire » en ce sens qu’il détruit tout ce qui était l’ordre ancien. Mais les révolutions, après avoir tout cassé, cèdent la place en général à un Cromwell, un Napoléon, un De Gaulle ou un Staline qui installent les « blocs de granit » à la place de ceux qu’on a détruit. Qui voit-on dans ce rôle ? Personne, probablement. Parce que les véritables révolutions traduisent la prise de pouvoir par une classe nouvelle qui, après avoir cassé l’existant, construit un ordre nouveau conforme à ses intérêts. Macron, ce n’est pas le grand saut en avant, mais le grand saut en arrière. Sous l’apparence de modernité, il nous propose un retour à l’ordre social des années 1920. Déjà à l’époque on parlait de l’Europe comme solution à tous les problèmes…

Bon, chers lecteurs, je vous quitte pour aller à la salle de sport. Il faut que je perde ces petits kilos, ne serait-ce que pour faire de la place aux tonnes de chocolat que je vais avaler pour me consoler de la campagne législative. Parce que, là encore, c’est un éternel recommencement. En 2017, LFI avait voulu jouer de son hégémonie, en exigeant de ses vassaux – on ne peut pas parler de « partenaires » – la signature d’une « charte » qui mettait les futurs élus sous la coupe du Gourou. Les autres ont bien entendu refusé, et la gauche s’est ratatinée avec l’un des plus mauvais résultats de son histoire. Là, ça va être pareil. Plus de « charte », certes, mais LFI conditionne déjà les candidatures communes à l’adoption par chaque candidat d’un programme construit sur la base de celui de LFI, de son adoption de la bannière « union populaire » qui est celle de LFI, et bien entendu de son appartenance plus tard au groupe LFI dirigé par le gourou de LFI. Après tout, le Premier ministre n’est-il pas traditionnellement le chef de la majorité ?

Descartes

(1) Au demeurant, je n’imagine pas un instant que le Gourou soit, dans son for intérieur, sur cette logique. C’est juste une question tactique : accuser les communistes du crime de lèse-gauche, c’est une façon d’aborder les négociations des législatives en position de force. De ce point de vue, Mélenchon ne fait que s’inspirer de son maître Mitterrand : souvenez-vous de 1978 et de la rupture du programme commun, voulue par les socialistes mais dont le PCF dut porter le chapeau, grâce à une presse complaisante…

(2) Selon la formule d’Edgar Pisani en 1974.

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40 réponses à Putain, cinq ans de plus…

  1. cherrytree dit :

    @Descartes
    Pas besoin de salle de sport pour gommer les kilos-chocolat. Vu la hausse prévue du carburant, vous ferez de la marche, et vu la hausse des produits alimentaires, vous mangerez un peu moins 😂.
    La diabolisation, du moins en ce qui concerne la droite que l’on dit extrême, ne marche plus. Alors que  la diabolisation du communisme fonctionne toujours, allez savoir pourquoi.
    Je voudrais citer l’exemple de Béziers. Longtemps socialiste, cette ville était devenue un véritable repoussoir, murs lépreux, centre ville à l’abandon, le tout baignant dans un insupportable remugle d’urine. Et puis Ménard est arrivé. Toutes les bonnes âmes ont crié au fascisme, au racisme (liste des prénoms étrangers des élèves), à la gestion policière (police municipale armée), au mélange du sabre et du goupillon(la messe célébrée dans les arènes pour inaugurer la Féria), etc, etc… Or, mis à part quelques protestations de collectifs relayées dans la presse et de moins en moins nombreuses, on n’a pas vu de manifs ni de mouvements d’humeur des Bittérois. De fait, la ville a tout de suite eu un autre visage. Rues régulièrement nettoyées, centre ville plus sûr, gestion raisonnablement saine de la ville. Eh bien R.Ménard a été plus que confortablement réélu, le prix de l’immobilier a grimpé, Béziers prend un nouvel essor. Et pourtant R.Ménard affiche son soutien au RN (et prend Zemmour pour ce qu’il est, c’est à dire un sinistre bateleur), sans que cela ne dérange personne. Il n’a ni cornes ni sabots fourchus, et aux dernières municipales nul n’a ressorti le péril fasciste. Que croyez-vous qu’il se passera pour les législatives ? Une fois que les cris d’orfraie se sont tus, on s’aperçoit à l’usage que le RN ou apparenté ne mord pas, et que c’est même mieux qu’avant. Si bien que les législatives vont faire s’exprimer bien des déçus de la présidentielle.
     
    D’autant que LFI aura du mal à expliquer aux autres composantes de la gauche ou ce qu’il en reste, pourquoi les affiches électorales , avant même toute négociation préalable, ne montrent  des à présent que la trombine de Mélenchon Premier Ministre. Vous verrez que pour le coup, grace à l’ambition personnelle même plus déguisée de Mélenchon, on ressortira la peur du rouge, du révolutionnaire,  qui n’aspire qu’à une chose, le pouvoir, on ressortira le Venezuela, Castro et Bolivar. Les fâchés pas fachos qui veulent être représentés et pas menés à la baguette apprécieront et je n’attends qu’une chose, c’est le ridicule que représenterait pour lui une veste mémorable aux législatives. 
    PS: si le PCF se plie à ce genre de manœuvre, alors j’ai bien fait de rendre ma carte, me délivrant du même coup de la discipline de parti qui dirigeait mon vote. On n’était déjà pas beaucoup à lui être fidèle, et puis avec la moyenne d’âge, les derniers vieux de la vieille auront bientôt disparu.

    • Descartes dit :

      @ cherrytree

      [De fait, la ville a tout de suite eu un autre visage. Rues régulièrement nettoyées, centre ville plus sûr, gestion raisonnablement saine de la ville. Eh bien R.Ménard a été plus que confortablement réélu, le prix de l’immobilier a grimpé, Béziers prend un nouvel essor. Et pourtant R.Ménard affiche son soutien au RN (et prend Zemmour pour ce qu’il est, c’est à dire un sinistre bateleur), sans que cela ne dérange personne. Il n’a ni cornes ni sabots fourchus, et aux dernières municipales nul n’a ressorti le péril fasciste.]

      Eh oui. Parce qu’au-delà des grandes déclarations, l’électeur attend des résultats et l’homme politique sait que si ces résultats ne sont pas au rendez-vous, il sera poussé dehors, et d’autant plus vite qu’il vient d’un parti marginal que l’ensemble du spectre politique place sous surveillance rapprochée. Souvenez-vous de l’expérience Mégret à Vitrolles : il a voulu jouer les idéologues, et il n’a pas tenu longtemps.

      Au risque de me répéter, la seule façon de prédire ce qu’un politique fera une fois élu, c’est de regarder son électorat de base. C’est d’ailleurs pourquoi, en dehors des questions symboliques, la gestion des maires qui se succèdent à la tête d’une même cité est assez similaire quelque soit leur étiquette politique. Godin était un incapable corrompu, mais ni plus incapable ni plus corrompu qu’un Vigouroux…

      [D’autant que LFI aura du mal à expliquer aux autres composantes de la gauche ou ce qu’il en reste, pourquoi les affiches électorales , avant même toute négociation préalable, ne montrent dès à présent que la trombine de Mélenchon Premier Ministre.]

      Je n’avais pas vu cela. Où avez-vous vu ces affiches ? En tout cas, cela ne me surprend pas particulièrement. L’expérience de 2017 a montré que l’électorat de LFI répond bien plus au Gourou qu’au mouvement, et que les candidat « soutenus par LFI » ne pouvaient pas compter sur l’ensemble des électeurs qui avaient voté Mélenchon. Le choix tactique de LFI est donc de « nationaliser » le scrutin en faisant voter Mélenchon partout en France, ce qui suppose que les candidats soutenus par LFI ne sont que des potiches.

      Est-ce que cela va marcher ? Peut-être. Dans le passé, Mélenchon a montré être un tacticien de premier ordre, alors on ne peut exclure que son calcul soit le bon. Mais il est clair que cela ne va pas facilite la négociation avec les partenaires, qui n’auront pas envie d’être vassalisés de la sorte.

      [PS: si le PCF se plie à ce genre de manœuvre, alors j’ai bien fait de rendre ma carte, me délivrant du même coup de la discipline de parti qui dirigeait mon vote. On n’était déjà pas beaucoup à lui être fidèle, et puis avec la moyenne d’âge, les derniers vieux de la vieille auront bientôt disparu.]

      La stratégie du PCF, on la connait d’avance : c’est celle qui lui permettra de sauver les élus en place… donc, une alliance la plus large possible de « la gauche » qui lui permettra de présenter des candidatures uniques dans les circonscriptions qu’il détient.

  2. Luc dit :

    A la mi juin Macron n’aura peut-être pas la majorité absolue , alors nous aurons une consolante cohabitation ?
    1978,est pertinent pour Mélenchon . 1982, à Dreux a commencé la pantalonnade anti fasciste, oui ça fait 40 ans,et nous en comprenons les finalités..
    Pour les me(r)Dias ça fait, un siècle et demi,pour les religions des siècles et des siècles..Partout la Raison est entravée est ce obligé de renoncer pour autant ?
     
     

    • Descartes dit :

      @ Luc

      [A la mi juin Macron n’aura peut-être pas la majorité absolue , alors nous aurons une consolante cohabitation ?]

      “Cohabitation” avec qui ? Pour qu’il y ait cohabitation, il faut qu’il y ait une majorité alternative. Où trouvez-vous cette majorité ? Non, le plus probable est plutôt un gouvernement pouvant disposer d’une majorité composite ou a géométrie variable (comme en 1974,1978, 1988, 1997…). Par exemple LREM+MODEM+une fraction des élus LR+une fraction des élus EELV+quelques socialistes…

  3. Odile F dit :

    Moi aussi je me suis fait une tablette entière dimanche soir (du chocolat à cuire, pas le meilleur, mais je n’avais rien d’autre). Depuis, je me suis offert un bel hortensia, pour me consoler. Et je cherche et réfléchis : avec qui, pour quoi faire, comment entrer activement en résistance contre cette oligarchie ???

    • Descartes dit :

      @ Odile F

      [Moi aussi je me suis fait une tablette entière dimanche soir (du chocolat à cuire, pas le meilleur, mais je n’avais rien d’autre). Depuis, je me suis offert un bel hortensia, pour me consoler.]

      Vous avez raison. Une belle plante c’est une joie, et ca ne fait pas grossir!

      [Et je cherche et réfléchis : avec qui, pour quoi faire, comment entrer activement en résistance contre cette oligarchie ???]

      Pour commencer, il faut essayer de garder les idées claires. Il faut lire, réfléchir, débattre… pour être dans les meilleures conditions pour saisir l’opportunité lorsque le rapport de forces objectif le permettra. En attendant… soignons nos hortensias!

      • Gugus69 dit :

        Autrement, pour ceux qui n’aiment pas le chocolat, vous pouvez toujours vous rendre au repas de rupture du jeûne organisé vendredi par la France Insoumise à Villeurbanne…

        • Descartes dit :

          @ Gugus69

          [Autrement, pour ceux qui n’aiment pas le chocolat, vous pouvez toujours vous rendre au repas de rupture du jeûne organisé vendredi par la France Insoumise à Villeurbanne…]

          Et rien pour le Seder de la pâque juive ? Pourtant, ça a un contenu politique autrement plus intéressant…

          Décidément, la démagogie de certains ne connaît pas de limites.

          • Vincent dit :

            [Et rien pour le Seder de la pâque juive ? Pourtant, ça a un contenu politique autrement plus intéressant…]

            Vous aiguisez ma curiosité… Pourriez vous m’en dire plus sur ce contenu politique ?
             
            Merci !
             
            Vincent

            • Descartes dit :

              @ Vincent

              [« Et rien pour le Seder de la pâque juive ? Pourtant, ça a un contenu politique autrement plus intéressant… » Vous aiguisez ma curiosité… Pourriez vous m’en dire plus sur ce contenu politique ?]

              La pâque juive commémore la libération des juifs de l’esclavage en Egypte, et toute la cérémonie du « Seder » – qui est le nom hébreu du rituel de la pâque – est empreint de réflexions sur ce que signifie d’être esclave. C’est aussi symboliquement la constitution du peuple juif en entité politique, avec pour la première fois un leader unique – Moïse – qui apportera plus tard les Tables de la Loi.

              Le rituel est d’ailleurs un rituel de transmission : l’enfant le plus jeune pose généralement les « questions » (« pourquoi cette nuit n’est pas comme toutes les autres nuits ? », « pourquoi nous mangeons aujourd’hui des herbes amères ? », etc.) et le chef de famille y répond, liant chacun des éléments qui se trouve sur la table (les herbes amères, le pain sans levain, etc.) à un épisode de la sortie d’Egypte.

              Le rituel est régi par un texte très ancien, l’Haggadah. Comme les juifs n’ont pas d’autorité centrale, ce texte a été interprété de manière divergente au cours du temps. Ainsi, la formule « souviens-toi que tu fus esclave en Egypte » est considérée, chez les juifs libéraux, comme un appel à se souvenir de cette condition dans ses relations avec les autres peuples.

              J’ajoute que dans mon enfance je n’ai jamais participé à un Séder, car ni mes parents, ni mes grands parents n’avaient la moindre vie religieuse. J’ai été invité déjà adulte par des amis à en partager, et j’ai trouvé le rituel très émouvant et à la fois très “rationnel”… ce qui est rare pour un rituel religieux.

          • Gugus69 dit :

            Bon, ça a tellement gueulé que la France Insoumise (à quoi ? À qui ?…) a annulé le repas annoncé.

            • Descartes dit :

              @ Gugus69

              [Bon, ça a tellement gueulé que la France Insoumise (à quoi ? À qui ?…) a annulé le repas annoncé.]

              Vous voyez, il ne faut jamais désespérer des Français…

  4. maleyss dit :

    Deux questions : 
    – Avez-vous une explication quant à l'”honorable exception” de LO ?
    – Ne pensez-vous pas que le phénomène le plus frappant de cette élection est l’épouvantable médiocrité de tous ces “débateurs” ? Ainsi, le “débat d’entre deux tours” dont vous parlez m’a frappé par son absence totale d’intérêt. Et je n’ai jamais entendu plus creux que le discours de joyeux avènement du gommeux de l’Elysée. Je serais pour ma part prêt à voter pour qui paraîtrait avoir, pardonnez la citation, “une certaine idée de la France”.

    • Descartes dit :

      @ maleyss

      [– Avez-vous une explication quant à l’”honorable exception” de LO ?]

      J’aurais tendance à vous répondre qu’une montre arrêtée donne l’heure exacte deux fois par jour. C’est le propre des gens qui suivent rigidement des principes sans tenir compte des situations concrètes. Des fois le hasard fait que ces principes les conduisent à la décision juste, des fois pas. Ainsi, par exemple, LO aurait pu faire battre le traité de Maastricht – dont la ratification a été acquise à une faible marge, rappelons-le – mais a préféré déclarer « blanc bonnet et bonnet blanc » et appeler à l’abstention. C’était une grave erreur qu’on paye aujourd’hui. Mais en déclarant « blanc bonnet et bonnet blanc » à la dernière présidentielle, ils sont plutôt du bon côté.

      [– Ne pensez-vous pas que le phénomène le plus frappant de cette élection est l’épouvantable médiocrité de tous ces “débateurs” ? Ainsi, le “débat d’entre deux tours” dont vous parlez m’a frappé par son absence totale d’intérêt. Et je n’ai jamais entendu plus creux que le discours de joyeux avènement du gommeux de l’Elysée. Je serais pour ma part prêt à voter pour qui paraîtrait avoir, pardonnez la citation, “une certaine idée de la France”.]

      Le phénomène ne me « frappe » pas parce qu’il était parfaitement prévisible. Il est normal que dans une société dans laquelle l’appel à l’émotion plutôt qu’à la raison est le ressort essentiel le débat s’étiole. Quel intérêt d’élaborer une argumentation fouillée et nuancée sur la question des réfugiés et de l’exposer quand l’image d’un enfant noyé sur une plage détermine les choix sur la question ?

      Et parce que l’émotion domine, on assiste à un phénomène de polarisation. On n’écoute plus le discours politique pour s’informer – ce qui supposait d’écouter aussi le discours des gens avec lesquels on n’était pas d’accord – mais pour éprouver le plaisir de communier avec l’orateur et avec le reste de l’audience. Il devient essentiel donc pour l’homme politique de ne rien dire qui puisse heurter son public. Et cela ne peut produire qu’un discours creux. On voit bien d’ailleurs comment ça se passe : si par erreur l’homme politique dit quelque chose qui provoque la polémique chez ses partisans, il fait immédiatement marche arrière pour « lisser » son discours. Et à la fin, il ne reste plus qu’un discours « passe partout » qui rend les différents candidats indifférents. Il y a quarante ans, il suffisait de lire le texte d’un discours pour connaître l’appartenance politique d’un candidat. Aujourd’hui, c’est impossible : vous trouvez la « planification écologique » chez Macron et chez Mélenchon, la supériorité du droit français sur le droit européen chez Barnier et chez Le Pen…

  5. Vincent dit :

    [Macron est d’abord un destructeur : chez lui, on casse d’abord et on réfléchit ensuite. Toutes ses « réformes » en témoignent : on supprime quelque chose – l’ENA et les grands corps, les régimes spéciaux de retraite, le statut du cheminot, l’impôt sur la fortune ou la taxe professionnelle – mais ces suppressions ne sont pas la conséquence d’une réflexion sur un nouveau mécanisme qu’on voudrait mettre en place, mais un préalable.]
     
    Je pense que tout ceci s’explique par le fait que Macron est, contrairement à ce que beaucoup voudraient faire croire, un idéologue. Bien plus que Mélenchon ou MLP, que je considère plutôt comme des professionnels de la politique à la Chirac (i.e. sans idéologie structurante, autre que de flairer les stratégies et tactiques efficaces électoralement).
     
    Son idéologie est, pour faire simple, celle de la Commission Attali, des cabinets de conseils en stratégie (BCG, Mc Kinzey), des analystes finances. En gros le consensus libéral.
    Il cherche, plus ou moins adroitement, à avancer son agenda libéral en suivant les lignes de moindre résistance de la société:
    La suppression de l’ENA vise fondamentalement à supprimer à terme les corps et les statuts particuliers qui vont avec. Afin que les employés de l’Etat soient soumis au même statut que le privé. Logique libérale. Et il profite de mouvement type “gilets jaunes” pour dire : “j’ai entendu votre demande, vous en avez marre des technocrates. Donc je supprime l’ENA”.
    La retraite par points participe de la même logique. Cela permet de faire en sorte que le système de retraite public fonctionne de manière similaire aux systèmes de retraites privés, préalable à une transition vers une privatisation du système. Donc on prétexte de l’égalité pour y aller. Mais, manque de pot, les conséquences concrètes n’avaient pas été réfléchies.
    Et il en va de même sur tous les sujets. Il y a donc une “réflexion” préalable, mais cette réflexion est très limitée, et se limite pour l’essentiel à suivre des idées toutes faites.
     
    J’en profite pour vous poser 2 questions, qui n’ont rien à voir ni entre elles ni avec le sujet :
    1°) Que pensez vous du nouveau parti lancé par J.P. Chevènement ? Selon ma compréhension, ce parti sera une coquille vide qui n’aura pas d’autre fonction que de “porter” des députés élus avec le soutien de Macron. L’idée de JPC étant de chercher à peser sur la ligne majoritaire quitte à se compromettre un peu (conformément à ce qu’il a toujours fait dans sa carrière, depuis les années 1970, si je comprends bien). Y a-t-il une chance que ce parti puisse devenir un lieu de réflexion, à vocation programmatique, dans le genre de ce qu’était jadis le CERES ? J’ai peu d’espoir, mais qu’en pensez vous ?
     
    2°) Un conseil de lecture : connaissez vous : “Marxisme et philosophie”, et Karl Korsch ? Si oui qu’en pensez vous ?

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Je pense que tout ceci s’explique par le fait que Macron est, contrairement à ce que beaucoup voudraient faire croire, un idéologue. Bien plus que Mélenchon ou MLP, que je considère plutôt comme des professionnels de la politique à la Chirac (i.e. sans idéologie structurante, autre que de flairer les stratégies et tactiques efficaces électoralement).]

      Je ne suis absolument pas d’accord. Ou alors, nous ne donnons pas au mot « idéologue » la même signification. Il est clair que la pensée macronienne s’inscrit dans une idéologie, mais dire cela c’est dire une évidence, et cela est vrai aussi de Chirac, MLP ou Mélenchon. On ne peut échapper à l’idéologie comme on ne peut échapper à l’inconscient : nous pouvons observer le réel et nous ne verrons toujours que des faits isolés. Pour leur donner une cohérence, pour établir des rapports de cause à effet, nous avons besoin d’une idéologie. Un « idéologue » n’est pas celui qui agit en fonction d’une idéologie – autrement, nous serions tous idéologues – mais quelqu’un qui construit consciemment une idéologie. Pour le dire autrement, un idéologue cherche à comprendre la société, à établir des rapports entre les faits observables et à partir de là de définir un modèle.

      Marx, lorsqu’il cherche à établir quel est le moteur de l’histoire, Smith, lorsqu’il cherche à établir l’origine de la richesse des nations, sont des « idéologues ». Et parmi les politiques, il faut chercher ceux qui ne se contentent pas des faits bruts, mais qui cherchent à construire une explication de ces faits qui donne une cohérence à l’ensemble. Quand Giscard essaye de théoriser la « société libérale avancée », quand le PCF théorise la « nouvelle gestion des entreprises » ils font du travail d’idéologue, quand Zemmour cherche à expliquer tous les maux de la France par l’immigration, ils font du travail d’idéologue.

      Macron n’est PAS un idéologue. Je ne l’ai jamais vu construire une explication personnelle de quoi que ce soit. Au contraire : pour lui, tout relève de l’évidence. Il nous a dit qu’il faut que la France devienne une « start-up nation ». Mais l’avez-vous jamais entendu expliquer POURQUOI ? Moi jamais. Et la même chose vaut pour pratiquement toutes ses politiques. Seriez-vous capable quel est le raisonnement personnel qui conduit Macron à fermer l’ENA ? Vous aurez du mal, parce que Macron est l’anti-idéologue. Il ne crée rien d’original, il ne fait que se raccrocher à l’idéologie dominante, sans qu’il y ait chez lui la moindre vision personnelle.

      [Son idéologie est, pour faire simple, celle de la Commission Attali, des cabinets de conseils en stratégie (BCG, Mc Kinzey), des analystes finances. En gros le consensus libéral.]

      Mais vous voyez bien que ce n’est pas SON idéologie. Il n’a rien créé de personnel là-dedans, il ne fait que répéter un catéchisme fait par d’autres. Ce n’est pas ça, un « idéologue »…

      [Et il en va de même sur tous les sujets. Il y a donc une “réflexion” préalable, mais cette réflexion est très limitée, et se limite pour l’essentiel à suivre des idées toutes faites.]

      Oui. Mais ces « idées toutes faites », chez Macron, portent plus sur ce qu’il faut détruire que sur ce qu’il faut construire. Macron semble persuadé que notre société est bloquée par un certain nombre de choses (la fonction publique, le système de retraites, le Code du travail…) et qu’une fois ces obstacles levés, la société trouvera spontanément des solutions aux problèmes par tâtonnement. En cela, il montre combien il est l’anti-idéologue par excellence.

      [1°) Que pensez vous du nouveau parti lancé par J.P. Chevènement ? Selon ma compréhension, ce parti sera une coquille vide qui n’aura pas d’autre fonction que de “porter” des députés élus avec le soutien de Macron. L’idée de JPC étant de chercher à peser sur la ligne majoritaire quitte à se compromettre un peu (conformément à ce qu’il a toujours fait dans sa carrière, depuis les années 1970, si je comprends bien). Y a-t-il une chance que ce parti puisse devenir un lieu de réflexion, à vocation programmatique, dans le genre de ce qu’était jadis le CERES ? J’ai peu d’espoir, mais qu’en pensez vous ?]

      A vrai dire, je ne sais pas. La structure de réflexion de J.P. Chevènement existe, c’est la fondation « Res Publica », dont les travaux sont loin d’être inintéressants, mais pâtissent d’un manque de renouvellement puisqu’on retrouve dans la structure les habituels compagnons de route du « Che ». Malheureusement, Chevènement n’a pas le réflexe communiste de la « formation des cadres »…

      Si le but de la nouvelle structure est le portage d’un groupe d’élus, je le vois mal devenir un lieu de réflexion. Le travail des élus – car être député, c’est un métier – laisse fort peu de place à la réflexion. Sans une structure militante capable d’attirer des intellectuels et de constituer un « penseur collectif », difficile d’imaginer quelque chose comme le CERES.

      [2°) Un conseil de lecture : connaissez vous : “Marxisme et philosophie”, et Karl Korsch ? Si oui qu’en pensez vous ?]

      Je connais le personnage, mais je n’ai pas lu grande chose de lui. Il fait partie des rares philosophes marxistes qui aient une formation juridique, et cela se sent dans son œuvre. C’est peut-être cet idéalisme juridique qui explique son rejet de la vision léniniste du pouvoir et sa préférence pour les courants libertaires du marxisme, mais aussi sa tendance à considérer que les échecs des révolutions étaient liées non pas à des conditions objectives, mais à un « insuffisant étude du marxisme » par leurs dirigeants…

      J’imagine que “Marxisme et philosophie” est illisible aujourd’hui sauf par des spécialistes, parce que les débats de l’époque entre conseillistes et léninistes sont aujourd’hui largement oubliés. Peut-être existe-t-il une bonne édition annotée ? Je ne saurais pas vous le dire…

      • Vincent dit :

        [Je ne suis absolument pas d’accord. Ou alors, nous ne donnons pas au mot « idéologue » la même signification.]
         
        Ce que je voulais dire par “idéologue” est que, au delà des tactiques politiciennes, des messages destinées au public, il y a chez Macron des convictions profondément ancrées, qu’il cherchera à défendre, même si ça ne lui rapporte rien en terme de popularité ou de suffrages.
        J’aurais pu parler de “colonne vertébrale”. Je ne pense pas que l’on retrouve ceci chez Hollande, Mélenchon, et peut-être même MLP. Je m’interroge plus sur Chirac, qui avait tout de même l’échine très souple quand il s’agissait de son intérêt politique. Mais tout de même, sur les essais nucléaires, ou sur la guerre en Irak, il a su faire preuve d’un peu de courage, ce qui dénote l’existence d’une colonne vertébrale, même très souple.
         
        Là où je suis d’accord avec vous, c’est que ces “convictions profondes” résultent de dogmes irréfléchis, et pas d’une analyse structurée de la réalité dans le cadre d’un “logiciel” intellectuel qu’il se serait forgé. En ce sens, je le vois plus comme un Jadot, qui est viscéralement anti-nucléaire, anti-OGM, etc. sans que ces combats ne soient la conclusion d’un raisonnement, à une analyse rationnelle.
        Effectivement, Zemmour, comme Chevènement, de Villiers, Arthaud, cherchent à développer une analyse de la réalité, et leurs convictions sont le résultat de cette analyse, au lieu d’être un acquis.
         
        Dans le cas d’Arthaud (ou d’Asselineau), je dirais même que leur idéologie emporte tout, au point qu’ils ne sont pas capables de penser quelque sujet que ce soit sans chercher à la ramener à leur idéologie (si vous leur demandez s’ils sont pour ou contre le nucléaire, à tous les coups, ils vous répondront que ça ne sert à rien de se poser la question pour ou contre tant qu’on est pas sorti [du capitalisme / de l’UE], et qu’on pourra discuter de ce sujet après…

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [Ce que je voulais dire par “idéologue” est que, au-delà des tactiques politiciennes, des messages destinées au public, il y a chez Macron des convictions profondément ancrées, qu’il cherchera à défendre, même si ça ne lui rapporte rien en termes de popularité ou de suffrages.]

          Mais ça, c’est vrai de presque tout le monde. Je ne crois pas que vous trouverez beaucoup de politiciens, fussent-ils « professionnels », qui soient des « vides idéologiques », qui n’aient aucune conviction sur aucun sujet, ou qui ne cherchent pas à les défendre même lorsque cela ne leur rapporte rien – à condition bien entendu que cela ne leur coûte pas non plus. Même Chirac, professionnel parmi les professionnels de la politique, souvent qualifié de « girouette », a été ferme sur la guerre en Irak ou le référendum de 2005.

          [J’aurais pu parler de “colonne vertébrale”. Je ne pense pas que l’on retrouve ceci chez Hollande, Mélenchon, et peut-être même MLP. Je m’interroge plus sur Chirac, qui avait tout de même l’échine très souple quand il s’agissait de son intérêt politique. Mais tout de même, sur les essais nucléaires, ou sur la guerre en Irak, il a su faire preuve d’un peu de courage, ce qui dénote l’existence d’une colonne vertébrale, même très souple.]

          Mais ça n’a rien à voir avec l’idéologie. Je pense que ce que vous évoquez tient au rapport des hommes politiques au temps. Vous avez les « tacticiens », pour qui seule compte de prendre l’avantage sur ses adversaires sur le court terme, et les « stratèges », qui ont une vision d’objectifs à long terme. De ce rapport au temps dérive un rapport à la transcendance : les « stratèges » pensent à un temps où ils ne seront plus là, les « tacticiens » en sont incapables. Hollande, Mélenchon, Macron sont des tacticiens, De Gaulle, Mitterrand, Giscard sont des stratèges. Certains sont ambigus : Chirac ou Sarkozy oscillaient entre les deux pôles, par exemple… Vous noterez d’ailleurs que les « stratèges » ont généralement été des écrivains : ils ont tenu à laisser derrière eux des livres qui sont un testament de leur action destiné aux générations futures. Les « tacticiens » ne laissent que des ouvrages de circonstance.

          [Dans le cas d’Arthaud (ou d’Asselineau), je dirais même que leur idéologie emporte tout, au point qu’ils ne sont pas capables de penser quelque sujet que ce soit sans chercher à la ramener à leur idéologie (si vous leur demandez s’ils sont pour ou contre le nucléaire, à tous les coups, ils vous répondront que ça ne sert à rien de se poser la question pour ou contre tant qu’on est pas sorti [du capitalisme / de l’UE], et qu’on pourra discuter de ce sujet après…]

          Tout à fait. C’est la problématique d’une idéologie « couteau suisse », capable de répondre à toutes les questions. Vous noterez que cette vision est étroitement liée à la vision religieuse : celle d’un texte sacré ayant réponse à tout.

  6. cdg dit :

    ” : après être entré en scène sous les accents de l’hymne européen, il aura expliqué à la tribune qu’il entendait être « le président de tous les français », y compris de ceux qui n’avaient pas voté pour lui. A-t-il seulement réfléchi à la contradiction entre le symbole et le discours ? A-t-il conscience qu’après avoir fait jouer l’hymne européen il peut difficilement prétende écouter ceux pour qui ce symbole est odieux ? A-t-il compris qu’on ne peut être à la fois supporteur et arbitre ?”
    Combien de personne sont anti-UE ? je veux pas remuer le couteau dans la plaie mais vous etes ultra minoritaire a tel point que Marine a renié son Frexit et Philippot en esperant gagner
    Les opposants a macron le sont pour la plupart pour des raisons autres (par ex les 7 % de Zemmour le sont a cuase de l immigration). les ex GJ a cause des taxes sur l essence, une partie des electeurs de melanchon car ils veulent plus d aides sociales et qu on taxe plus les “riches” (aka ceux qui gagnent plus qu eux)
     
    En ce qui concerne un quiquenat Marine, il est clair qu elle n arrivera a rien si elle reste dans le meme cadre que Macron, Hollande … puisqu elle aura contre elle quasiment toute la haute fonction publique, la direction des grandes entreprises, l intelligitentia (OK ce dernier point n est pas majeur a moins de vouloir etre prix nobel de la paix des son arrivee au pouvoir)
    Par contre si elle la joue comme alexandre le grand et le noeud gordien, avec une action non conventionnelle, elle peut arriver a des changements massifs en outrepassant les bloquages. Personellement je pense qu elle n en a ni l envie ni la capacité mais c est mon opinion personnelle
     

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [« : après être entré en scène sous les accents de l’hymne européen, il aura expliqué à la tribune qu’il entendait être « le président de tous les français », y compris de ceux qui n’avaient pas voté pour lui. A-t-il seulement réfléchi à la contradiction entre le symbole et le discours ? A-t-il conscience qu’après avoir fait jouer l’hymne européen il peut difficilement prétende écouter ceux pour qui ce symbole est odieux ? A-t-il compris qu’on ne peut être à la fois supporteur et arbitre ? » Combien de personne sont anti-UE ?]

      Cela dépend ce que vous appelez « être anti-UE ». Prenez par exemple ceux qui trouvent que l’UE ou l’Euro sont une mauvaise chose pour la France, mais sont terrorisés à l’idée de subir les convulsions que provoquerait un Frexit au point de voter contre tout candidat qui parlerait de sortir de l’UE. Ceux-là, vous les considéreriez « anti-UE » ou pas ?

      Je pense que la majorité des Français sont des « pro-européens de raison », pour utiliser la formule de Sarkozy. Ils se résignent à l’insertion dans l’UE comme la moins mauvaise solution, mais ce n’est pas pour autant qu’ils adorent béatement l’UE ou qu’ils apprécient de voir ses symboles étalés partout.

      [je veux pas remuer le couteau dans la plaie mais vous etes ultra minoritaire a tel point que Marine a renié son Frexit et Philippot en esperant gagner]

      Si MLP a renié le Frexit, ce n’est pas parce que les Français aiment l’UE, mais parce qu’elle a compris que la sortie de l’UE leur fait peur, et qu’accessoirement c’est le genre de position que la caste médiatique ne supporte pas. Cela n’a aucun rapport avec ce que les Français pensent de l’UE et de ses symboles. Mais quand bien même les « anti-UE » seraient minoritaires, il restent une partie du peuple français. Comment le président peut prétendre être « le président de tous les français » s’il insulte une portion d’entre eux ?

      • cdg dit :

         
        [Cela dépend ce que vous appelez « être anti-UE ». Prenez par exemple ceux qui trouvent que l’UE ou l’Euro sont une mauvaise chose pour la France, mais sont terrorisés à l’idée de subir les convulsions que provoquerait un Frexit au point de voter contre tout candidat qui parlerait de sortir de l’UE. Ceux-là, vous les considéreriez « anti-UE » ou pas ?]
        C est comme un bolchevique qui reculerait car la revolution va faire des morts. C est un bolchevique de salon et il ne peut etre consideré comme un disciple de Lenine (et je pense qu il aurait ete rapidement reeduque ou elimine a l epoque)
         
        [Je pense que la majorité des Français sont des « pro-européens de raison », pour utiliser la formule de Sarkozy. Ils se résignent à l’insertion dans l’UE comme la moins mauvaise solution, mais ce n’est pas pour autant qu’ils adorent béatement l’UE ou qu’ils apprécient de voir ses symboles étalés partout.]
        c est sur que l UE actuelle peut difficilement faire rever. Engloutir l essentiel de son budget dans la PAC (avec la france qui bloque toute tentative de changement) est la bonne recette pour que rien de fondamental ne change
        Mais c est considere comme la «moins mauvaise solution» c est aussi grace a la nullité de nos dirigeants nationaux : on se dit que grace a l UE ils ont des rails d ou il ne peuvent sortir (ou des bequilles qui empechent un effondrement de notre pays)
         
        [Si MLP a renié le Frexit, ce n’est pas parce que les Français aiment l’UE, mais parce qu’elle a compris que la sortie de l’UE leur fait peur, et qu’accessoirement c’est le genre de position que la caste médiatique ne supporte pas.]
        Dans le cas de Marine, l hostilite de la caste mediatique est plutot un plus. Rappellez vous votre dernier papier sur l appel de Nagui a voter Macron
        La sortie de l UE fait peur surtout quand vous avez des dirigeants faiblards. C est comme affronter une tempete avec a la barre un capitaine de pedalo. Marine a ete incapable d expliquer comment elle comptait sortir de l euro (c est sur que c est delciat d aller annoncer a vos electeurs qu ils vont y laisser des plumes)
        Ensuite je pense que meme si une partie des francais sont hostiles a l UE telle qu elle est, peu sont pour aller imiter les anglais et en sortir. Pas tant par peur mais simplement parce que si les anglais croient encore a leur pays, les francais non. Les allemand on un synonyme pour la france “la grande nation” (en francais). Au debut je croyais que c etait pour se moquer de nous. meme pas. qui en france nommerait notre pays ainsi ?
         
        [ Mais quand bien même les « anti-UE » seraient minoritaires, il restent une partie du peuple français. Comment le président peut prétendre être « le président de tous les français » s’il insulte une portion d’entre eux ?]
        Il y a quand meme un moment ou vous devez faire des choix. Si vous edulcorez votre propos pour plaire a 100 % des gens, vous n allez plus faire que du blabla : «si on pense tous la meme chose, c est que nous ne pensons plus rien» (pour une fois Bayrou avait vu juste)
        Comme dirait Giscard, si vous arrivez déjà a reunir 2 francais sur 3 c est déjà pas mal (pour l instant macron en est a 1/4 si on se base sur le premier tour)
         

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [« Cela dépend ce que vous appelez « être anti-UE ». Prenez par exemple ceux qui trouvent que l’UE ou l’Euro sont une mauvaise chose pour la France, mais sont terrorisés à l’idée de subir les convulsions que provoquerait un Frexit au point de voter contre tout candidat qui parlerait de sortir de l’UE. Ceux-là, vous les considéreriez « anti-UE » ou pas ? » C’est comme un bolchevique qui reculerait car la revolution va faire des morts. C’est un bolchevique de salon et il ne peut être considéré comme un disciple de Lenine]

          Mais peut-il être considéré comme un « anticommuniste » pour autant ?

          [(et je pense qu il aurait ete rapidement reeduque ou elimine a l epoque)]

          Et si l’on suit votre raisonnement, c’est ce qu’il faut faire : si tous ceux qui ne sont pas prêts a aller jusqu’au bout doivent être considérés comme partisans du camp opposé…

          [Mais c’est considéré comme la « moins mauvaise solution » c’est aussi grâce à la nullité de nos dirigeants nationaux : on se dit que grâce à l’UE ils ont des rails d ou ils ne peuvent sortir (ou des béquilles qui empêchent un effondrement de notre pays)]

          Il y a de ça, certainement. Il y a aussi la tendance des réactionnaires français à aller chercher à Coblence de quoi remettre au pas ces incorrigibles gaulois que nous sommes. Regardez comment les écologistes français essayent d’utiliser l’Union européenne pour imposer leurs politiques à leur propre gouvernement…

          [« Si MLP a renié le Frexit, ce n’est pas parce que les Français aiment l’UE, mais parce qu’elle a compris que la sortie de l’UE leur fait peur, et qu’accessoirement c’est le genre de position que la caste médiatique ne supporte pas. » Dans le cas de Marine, l’hostilité de la caste médiatique est plutôt un plus.]

          Une hostilité raisonnable, oui. Le pilonnage systématique comme on a pu le voir avec la question de l’Euro, non. Le bloc dominant connaît très bien ses priorités. Il peut s’accommoder du racisme prêté au RN, il ne peut s’accommoder d’un projet de sortie de l’Euro.

          [La sortie de l’UE fait peur surtout quand vous avez des dirigeants faiblards. C’est comme affronter une tempete avec à la barre un capitaine de pédalo. Marine a été incapable d’expliquer comment elle comptait sortir de l’euro (c’est sûr que c’est délicat d’aller annoncer à vos électeurs qu’ils vont y laisser des plumes)]

          Il est clair que la situation serait très différente s’il y avait dans le camp souverainiste un dirigeant en qui les Français pourraient avoir confiance pour piloter une procédure aussi délicate qu’une sortie de l’Euro. De toute évidence, on n’en est pas là. Quelques soient les qualités qu’on puisse reconnaître à MLP, on peut difficilement penser qu’elle en soit capable de le faire elle-même, et sa capacité a s’entourer des gens capables de le faire n’est pas évidente.

          [Ensuite je pense que meme si une partie des francais sont hostiles a l UE telle qu elle est, peu sont pour aller imiter les anglais et en sortir. Pas tant par peur mais simplement parce que si les anglais croient encore a leur pays, les francais non]

          Les deux idées sont liées : quand on a confiance dans ses capacités à résoudre les problèmes, on n’a pas peur de prendre des décisions difficiles. La peur et la défiance sont deux expressions du même phénomène. Et cette peur est justifiée par la trahison des élites. Les gens ne sont nullement anti-élites en général. Ils sont parfaitement conscients qu’il en faut. Mais s’ils sont prêts à consentir à l’élite certains privilèges, c’est pour qu’elles fassent leur boulot. Noblesse oblige. Or, ce sont les élites qui on fait les choix en fonction de leurs intérêts, et ont abandonné le peuple en rase campagne. Comment voulez-vous qu’une armée sans généraux n’ait pas peur ?

          [« Mais quand bien même les « anti-UE » seraient minoritaires, il restent une partie du peuple français. Comment le président peut prétendre être « le président de tous les français » s’il insulte une portion d’entre eux ? » Il y a quand meme un moment ou vous devez faire des choix.]

          Je suis d’accord. Mais on peut faire des choix sans faire de la provocation. Mettre le drapeau européen sous l’Arc de Triomphe, ou célébrer son élection aux accents de l’hymne européen, ce n’est nullement nécessaire. Les partisans de Macron savent parfaitement qu’il est eurolâtre, ses adversaires aussi. Alors, pourquoi donner dans la provocation sans nécessité ?

  7. Laforets dit :

    Mais taisez-vous !
    Dans les moments critiques vous avez soutenu la politique de Macron le néolibéral, alors profil bas désormais.
    Jouer les grands intellectuels est bien gentil, mais ce qui compte à un moment donné c’est de savoir si on est mâle ou femelle. Le reste est du bla bla.
     

    • Descartes dit :

      @ Laforets

      [Mais taisez-vous ! Dans les moments critiques vous avez soutenu la politique de Macron le néolibéral, alors profil bas désormais.

      Et alors ? Quand bien même j’aurais soutenu la politique de Macron, je ne vois pas pourquoi cela devrait me pouser à « me taire ». A moins que vous n’estimiez que seuls les opposants à Macron ont le droit de parler ? Ce serait ne conception assez curieuse du débat public, ne trouvez-vous pas ?

      Et maintenant, sur le fond. Je ne me souviens pas d’avoir soutenu « dans les moments critiques » la politique de Macron. J’ai soutenu, oui, des politiques qui me semblaient rationnelles. Si ces politiques ont semblé rationnelles à Macron en même temps, ce n’est pas ma faute. Je ne me considère pas obligé de dire qu’il faut boire de l’eau de Javel au motif que Macron le déconseille. Quand Macron a pris de bonnes mesures – je pense au confinement – j’étais d’accord avec lui. Quand il a refusé de rendre la vaccination obligatoire, j’ai pensé qu’il avait tort et je l’ai dit. Je ne vois pas donc ce que vous me reprochez.

      J’ajoute que si vous fermes la bouche à tous ceux qui, à un moment ou un autre, ont soutenu la politique d’un leader néolibéral, vous serez entouré d’un grand silence. Mélenchon ? Il fut un partisan du traité de Maastricht…

      [Jouer les grands intellectuels est bien gentil,]

      Jouer les petits intellectuels, c’est plus gentil encore. Je ne me fais guère d’illusion sur ma « grandeur », soyez parfaitement rassuré.

      [(…) mais ce qui compte à un moment donné c’est de savoir si on est mâle ou femelle. Le reste est du bla bla.]

      Votre métaphore est particulièrement vaseuse dans ce siècle de « théorie du genre ». Il parait qu’on n’est pas mâle ou femelle, qu’on le devient… ou pas !

      Mais là encore, sur le fond : votre métaphore est intéressante parce que vous faites de la position politique une essence. Si vous êtes « mâle », alors vous devez exclure par définition tout ce qui viendrait du côté « femelle ». Approuver une seule proposition, une seule politique venant de l’autre côté vous condamne à l’exil ou du moins, si je prends votre injonction au début de votre commentaire, au silence.

      Là encore, ma réponse est claire : je ne me sens pas obligé de prétendre qu’il fait nuit à midi au prétexte qu’un néolibéral dit le contraire. Il peut arriver qu’une mesure particulière protège à la fois les intérêts d’un secteur du capital et celui du travail. Fallait-il s’opposer à la nationalisation de l’électricité ou la création de la sécurité sociale sous prétexte que c’était l’œuvre d’un dirigeant réactionnaire et maurassien ? Reprocheriez-vous aux communistes de l’époque d’avoir soutenu un dirigeant « de droite » ?

      En politique, il faut se méfier des simplifications. Ce qu’il faut toujours garder fermement en tête, ce sont les intérêts qu’on défend. Tout le reste se négocie. Si à un moment donné l’avancement des intérêts des couches populaires passe par une alliance avec la droite ou – horresco referens – avec le RN, faut-il l’exclure par principe ? Que vaut-il mieux pour ces couches populaires : un gouvernement « populiste » faible, ou un gouvernement néolibéral fort ? Comme vous voyez, difficile de réduire les choix politiques à « mâle ou femelle »…

  8. dsk dit :

    @ Descartes
     
    [“Quarante ans ! Vous vous rendez compte ? Depuis quarante ans les meilleurs esprits, les tacticiens et stratèges de la gauche radicale, ceux-là même qui prétendent pouvoir concevoir et construire un monde différent et en finir avec le capitalisme, le sexisme et le réchauffement climatique – dans l’ordre que vous voulez – ont devant eux un problème concret : comment faire pour ne pas apporter, au deuxième tour, leurs voix à ceux qui tirent du côté opposé. Quarante ans que la question est posée… et aucune solution n’est en vue. Quarante ans que le même schéma se reproduit avec la régularité d’un métronome : pour battre la droite, on vote néolibéral de gauche. Pour battre l’extrême droite, on vote à droite. Et à la fin, on finit par installer au pouvoir la politique qu’on fait mine de combattre.”]
     
    Exactement. Très révélateur, de ce point de vue, me paraît être l’allusion au mythe de Sisyphe par Mélenchon lors de son discours de défaite du premier tour. Cela n’a pas marché cette fois-ci ? Eh bien, surtout les amis, ne changeons rien, et contentons-nous, tel le camarade Sisyphe, de recommencer éternellement… 

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Exactement. Très révélateur, de ce point de vue, me paraît être l’allusion au mythe de Sisyphe par Mélenchon lors de son discours de défaite du premier tour. Cela n’a pas marché cette fois-ci ? Eh bien, surtout les amis, ne changeons rien, et contentons-nous, tel le camarade Sisyphe, de recommencer éternellement…]

      Je reconnais là la perspicacité et l’élégance qui vous caractérise. En effet, je n’avais pas tiqué sur la référence à Sisyphe, personnage mythologique condamné par les dieux à porter une pierre en haut d’une montagne, d’où elle retombe, et à recommencer ce travail éternellement. Sisyphe est donc condamné pour l’éternité à faire un travail inutile, à un effort qui ne produit jamais ses fruits. Comme on prête à Mélenchon une grande culture littéraire, on n’imagine pas qu’il ignore la signification du mythe. S’agirait-il donc d’un lapsus ?

      J’ajoute que, selon Homère, Sisyphe aurait été condamné à ce terrible châtiment pour avoir refusé la mort, ayant emprisonné Thanatos et trompé Hadès. Au moment ou le Gourou arrive à la fin de sa vie politique, on peut se dire que c’est l’inconscient qui a parlé…

      • Magpoul dit :

        @Descartes
        C’est d’autant plus intéressant avec la lecture du mythe par Camus, que Mélenchon doit connaitre. Selon Camus, il me semble, il faut imaginer Sisyphe comme un héros absurde, le “plus heureux des hommes” car il pousse sa pierre avec fierté, il se sent vivre par l’effort, et c’est par le chemin et non la destination qu’il combat l’absurdité et se donne un but. 
        Du coup c’est peu flatteur pour LFI que de les imager comme heureux de ces efforts inutiles et absurdes, car au final, ils ont l’exposition médiatique, les fonds publiques et le rôle d’opposant de pacotille. D’ailleurs je note la mou bienheureuse de Mélenchon lors de ce discours. 
         
         

        • Descartes dit :

          @ Magpoul

          [C’est d’autant plus intéressant avec la lecture du mythe par Camus, que Mélenchon doit connaitre. Selon Camus, il me semble, il faut imaginer Sisyphe comme un héros absurde, le “plus heureux des hommes” car il pousse sa pierre avec fierté, il se sent vivre par l’effort, et c’est par le chemin et non la destination qu’il combat l’absurdité et se donne un but.]

          Tout à fait. Pour Camus, le mythe de Sisyphe illustre l’absurdité – ou plutôt la vanité – de la vie humaine. L’être humain est condamné, comme Sisyphe, à travailler toute sa vie pour continuer d’exister, mais cette existence n’a aucun but en soi. L’univers est indifférent à notre vie et à notre mort. C’est nous qui, en inventant des buts, lui donnons un sens. Cette interprétation rend la remarque de Mélenchon encore plus profonde et plus paradoxale.

          [Du coup c’est peu flatteur pour LFI que de les imager comme heureux de ces efforts inutiles et absurdes, car au final, ils ont l’exposition médiatique, les fonds publiques et le rôle d’opposant de pacotille. D’ailleurs je note la mou bienheureuse de Mélenchon lors de ce discours.]

          Je suis moins sévère que vous. J’y verrais plutôt une l’admission tardive par un homme qui se dirige lentement mais sûrement vers la fin de sa vie politique que tout cela est un jeu, une construction intellectuelle. Contrairement à un De Gaulle, un Napoléon, un Louis XIV ou même un Mitterrand, qui se plaçaient dans une forme de transcendance, Mélenchon est centré en lui-même. Son combat n’a de sens que parce qu’il le lui donne.

          Accessoirement, Mélenchon ne joue les Sisyphe que depuis peu de temps. Quand je parlais de ceux qui depuis quarante ans sont sous l’injonction au deuxième tour de voter néolibéral pour éviter le pire, je pensais essentiellement aux électeurs communistes. Parce que les socialistes comme Mélenchon, eux, étaient du côté néolibéral. Le candidat soutenu par Mélenchon au premier tour a toujours été au deuxième tour jusqu’en 2007 inclus – si l’on laisse de côté l’accident de 2002.

          • Magpoul dit :

            @Descartes
            [Je suis moins sévère que vous. J’y verrais plutôt une l’admission tardive par un homme qui se dirige lentement mais sûrement vers la fin de sa vie politique que tout cela est un jeu, une construction intellectuelle.]
            Je rajouterai avec Camus, que l’Homme, dès qu’il se rend compte de l’absurdité de son existence, génère des mécanismes d’évitement de cette absurdité (inventer un Dieu, un “grand soir”, une transcendance). Ce qui est fascinant avec Mélenchon c’est qu’il constate cette absurdité mais n’en tire pas la conséquence pour l’anéantir (appeler au vote Lepen). Non, il continue et s’y s’en heureux, comme le Sisyphe Camusien. 
            Mais comme il s’y complait, on peut aussi se demander si il n’a pas eu cette “révélation” bien plus tôt dans sa carrière, et qu’il a laissé le temps le porter. Mais bon, nous ne sommes  pas dans sa tète donc je pense que c’est inutile d’aller plus loin. 

            • Descartes dit :

              @ Magpoul

              [Mais comme il s’y complait, on peut aussi se demander si il n’a pas eu cette “révélation” bien plus tôt dans sa carrière,]

              Pour le connaître un peu personnellement, je ne pense pas qu’il soit aussi lucide. Ce qui m’a toujours frappé chez lui, c’est sa capacité de s’auto-convaincre que la position qui convient le mieux à ses intérêts et juste moralement. Je me souviens encore de sa position lors de la ratification du traité de Maastricht. A l’époque, il était vraiment convaincu que c’était un “compromis de gauche”. Je ne crois pas qu’il perçoive l’absurdité de sa position: souvenez-vous du temps où il se prétendait comptable de la victoire de Hollande… et si demain Macron lui tendait la main et lui offrait Matignon, je ne suis pas persuadé qu’il refuserait… il trouverait certainement un moyen de présenter cela comme un “compromis de gauche”…

      • dsk dit :

        @ Descartes
         
        [“Je reconnais là la perspicacité et l’élégance qui vous caractérise.”]
         
        Merci. Je dois dire que je les reconnais également 😉
         
        [“Sisyphe est donc condamné pour l’éternité à faire un travail inutile, à un effort qui ne produit jamais ses fruits. Comme on prête à Mélenchon une grande culture littéraire, on n’imagine pas qu’il ignore la signification du mythe. S’agirait-il donc d’un lapsus ?”]
         
        Franchement, je ne le pense pas, un lapsus ayant quelque chose d’instantané, et ne se répétant généralement pas. Or, je me souviens qu’à l’époque où je lisais sa prose sur son blog, j’ y avais été frappé par la récurrence des récits de ses efforts inlassables et épuisants pour aboutir systématiquement à des échecs, surtout dans le domaine des luttes sociales, la morale, en quelque sorte, de ces histoires étant simplement qu’il fallait recommencer sans cesse, avec héroïsme et abnégation. 
         
        [“J’ajoute que, selon Homère, Sisyphe aurait été condamné à ce terrible châtiment pour avoir refusé la mort, ayant emprisonné Thanatos et trompé Hadès.”]
         
        Ah bon ? Vous avez des infos à ce sujet ? J’avais effectivement entendu des rumeurs selon lesquelles une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle travaillait à créer un double virtuel destiné à remplacer Mélenchon après sa mort, mais j’avoue que je n’y avais pas cru, pensant qu’elle était d’extrême droite. 
         
         

        • Descartes dit :

          @ dsk

          [Franchement, je ne le pense pas, un lapsus ayant quelque chose d’instantané, et ne se répétant généralement pas. Or, je me souviens qu’à l’époque où je lisais sa prose sur son blog, j’avais été frappé par la récurrence des récits de ses efforts inlassables et épuisants pour aboutir systématiquement à des échecs, surtout dans le domaine des luttes sociales, la morale, en quelque sorte, de ces histoires étant simplement qu’il fallait recommencer sans cesse, avec héroïsme et abnégation.]

          Maurois je crois disait qu’il était plus facile de mourir pour la femme qu’on aime que de vivre avec elle. L’imaginaire gauchiste est rempli d’hommes qui meurent pour la révolution plutôt que de vivre pour elle, comme si l’héroïsme et l’abnégation ne se manifestaient que dans la défaite. Je pense que Mélenchon de ce point de vue n’a rien inventé. Il ne fait que reprendre la vision doloriste du gauchisme français toujours à la recherche de la « pureté » révolutionnaire. Or, la recherche permanente de la « pureté » ne peut aboutir qu’à l’échec, vu que l’homme est par essence un être imparfait. Et puisque l’échec résulte de la faiblesse humaine, seule une surveillance étroite et l’épuration de ceux qui seraient tombés dans la tentation peut donner l’espoir d’une victoire future…

          En fait, on retrouve ici quelque chose de bien plus ancien, qui plonge dans les racines chrétiennes de notre société : le martyrologe. Autrement dit, la capacité de la souffrance d’effacer le péché. Pas étonnant que le gauchisme soit l’idéologie des jeunes petits-bourgeois, qui bénéficient des avantages de leur classe mais n’entendent pas en supporter la culpabilité. « L’abnégation et l’héroïsme devant l’échec » dont vous parlez a pour fonction de laver leurs péchés. Ayant souffert, ils peuvent non seulement vivre la conscience tranquille, mais donner des leçons au reste du monde.

          [« J’ajoute que, selon Homère, Sisyphe aurait été condamné à ce terrible châtiment pour avoir refusé la mort, ayant emprisonné Thanatos et trompé Hadès. » Ah bon ? Vous avez des infos à ce sujet ?]

          Tout à fait. Contrairement aux rumeurs qui annonçaient l’intention du gourou de faire valoir ses droits à une retraite bien méritée après les présidentielles, je peux vous assurer qu’il a l’intention de continuer comme avant. Quatennens et Bompard, qui se voyaient déjà hériter la boutique – et commencent à fourbir leurs armes pour en découdre, d’ailleurs – vont devoir attendre encore quelque temps. Que voulez-vous, quand on est indispensable…

          [J’avais effectivement entendu des rumeurs selon lesquelles une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle travaillait à créer un double virtuel destiné à remplacer Mélenchon après sa mort, mais j’avoue que je n’y avais pas cru, pensant qu’elle était d’extrême droite.]

          Pourquoi le remplacer par un double, alors que l’original est éternel ?

  9. Paul dit :

    Pour ma part, le moment de déprime n’est pas passé, et je ne compte pas sur les législatives comme anti-dépresseur !
    J’ai l’impression d’assister en direct à la fin de l’illusion démocratique. Trop facile: on diabolise, après avoir dédiabolisé, celui ou celle que le peuple choisit pour le représenter (à tort ou à raison). On offre une large tribune à celui qui représenterait la “gauche radicale” (votre échange précédent sur le mythe de Sysyphe me semble pertinent) , ce qui permet d’échafauder un troisième bloc.
    Le bloc élitaire (ou la bourgeoisie mondialisée) s’assure de sa reconduction au pouvoir, notamment à l’aide de ce “troisième bloc”. Le bloc populaire n’a plus que le choix de la rue.
    Je pense en effet que Macron est un destructeur, celui de notre modèle social, ne faisant que poursuivre le travail de la social-démocratie.
    Avec un tel système dévoyé de sa substance républicaine, peut-on vraiment donner des leçons aux nations dites illibérales, autocratiques, et autres qualificatifs ? 

    • Descartes dit :

      @ Paul

      [Pour ma part, le moment de déprime n’est pas passé, et je ne compte pas sur les législatives comme anti-dépresseur !]

      Pour moi, chocolat, sport et jardinage sont des remèdes souverains. Et surtout pas regarder les informations.

      [J’ai l’impression d’assister en direct à la fin de l’illusion démocratique. Trop facile: on diabolise, après avoir dédiabolisé, celui ou celle que le peuple choisit pour le représenter (à tort ou à raison).]

      Dites-vous que la fin des illusions a du bon. Une fois les illusions dissipées, on peut s’attaquer aux vrais problèmes. Pour ma part, je ne me suis jamais fait beaucoup d’illusions : la démocratie est d’abord un système de gestion des conflits, une manière de permettre aux rapports de force économiques et sociaux de s’exprimer sans effusion de sang. Mais cela ne marche qu’aussi longtemps que cette expression reflète la réalité sous-jacente. Quand la procédure démocratique aboutit à des politiques trop éloignées de celles qui résulteraient du rapport de forces, la partie lésée découvre qu’elle serait mieux servie en renversant la table. Croire que la bourgeoisie accepterait d’être dépossédée simplement parce qu’il s’est trouvé une majorité pour voter ainsi m’a toujours semblé d’une grande naïveté… et d’un aveuglement au moins aussi grand.

      Les gens ne se trompent d’ailleurs pas : ils votent protestataire, mais ne vont pas jusqu’à élire protestataire. Ils savent très bien qu’élire un véritable gouvernement populaire, ce serait aller à la guerre civile.

      [On offre une large tribune à celui qui représenterait la “gauche radicale” (votre échange précédent sur le mythe de Sysyphe me semble pertinent) , ce qui permet d’échafauder un troisième bloc.]

      Oui, mais cette « gauche radicale » ne fait peur à personne, si l’on exclut ces quelques dames du XVIème, héritières de celles qui à l’élection de Mitterrand sont allées sortir de leur coffre du Crédit Lyonnais leurs bijoux de peur qu’ils soient « nationalisés », oubliant au passage que le Crédit Lyonnais avait été nationalisé en 1945… Il n’y a rien à faire, l’ennemi se trompe rarement d’ennemi. Dans les années 1930, le « fascisme » ne faisait pas peur aux bourgeois, au contraire : c’était leur instrument pour combattre le fantôme qui parcourait l’Europe. Qu’aujourd’hui les canons de la bourgeoisie soient pointés sur le RN et non sur LFI devrait faire réfléchir.

      [Le bloc élitaire (ou la bourgeoisie mondialisée) s’assure de sa reconduction au pouvoir, notamment à l’aide de ce “troisième bloc”. Le bloc populaire n’a plus que le choix de la rue.]

      Oui. Il ne devrait échapper à personne que le résultat des élections donne une France ingouvernable. On a vu s’affronter trois projets différents (souverainiste, néolibéral, gauchiste) et irréconciliables. Mais vous allez voir que le pôle gauchiste apportera, comme d’habitude, ses voix au deuxième tour au pôle néolibéral au son de la marche « au secours, la (extrême) droite revient ».

      [Je pense en effet que Macron est un destructeur, celui de notre modèle social, ne faisant que poursuivre le travail de la social-démocratie.]

      Social-démocratie dont, on l’oublie, il est issu. On reproche à Macron la fermeture de Fessenheim, on oublie qu’elle avait été décidée par Hollande et menée par Ségolène Royal. La suppression de l’ENA ne fait que couronner une longue marche qui a vu progressivement la politisation des nominations, le démembrement de l’Etat et le recours massif aux contractuels depuis les années 1980. Et devant ce projet de destruction, la « gauche radicale » joue toujours les idiots utiles.

      [Avec un tel système dévoyé de sa substance républicaine, peut-on vraiment donner des leçons aux nations dites illibérales, autocratiques, et autres qualificatifs ?]

      Je me suis toujours méfié de ces discours. Il ne faudrait pas oublier que la bienpensance avait qualifié de la même manière le régime issu de la constitution de 1958. Relisez « le coup d’état permanent », et vous pourrez le constater.

  10. Luc dit :

    Quand Mélenchon s’imagine devenir Premier ministre d’une improbable cohabitation Par Olivier Beaud


    A la lecture de cet article d’un professeur de droit,il apparait que JLM est en bon droit de faire briller un peu d’espoir pour les prochaines législatives. Un peu de Scadefreude de sa part n’est peut être pas à exclure mais
    LJM redonne un objectif à ses troupes car effectivement c’est la majorité des députés qui votent la confiance au 1er Ministre donc l’entérine en Fine,même si le président en présente ine pléthore en dépit du vote en sa défaveur éventuelle au législative.Alors pourquoi Marine n’a t elle pas cette vivacité car elle aussi pourrait dire,’Votez RN pour que je sois 1èreMinistre’.
    Est elle plus atone que JLM ou souhaite t elle montrer que contrairement à JLM elle ne prend pas les français pour des imbéciles ?

    • Descartes dit :

      @ Luc

      [ A la lecture de cet article d’un professeur de droit, il apparait que JLM est en bon droit de faire briller un peu d’espoir pour les prochaines législatives.]

      Ce « professeur de droit », cela ne vous aurai pas échappé, est une vieille figure du Parti Socialiste. L’aigreur de son dernier paragraphe – qui n’a absolument rien de juridique – aurait dû vous mettre en éveil : « Le leader charismatique de la France Insoumise semble notamment oublier que si la gauche formait une majorité de coalition, d’autres candidatures que la sienne pourraient être envisagées. C’est une drôle de façon de traiter ses partenaires que de s’imposer à eux sur le mode de l’évidence. On est assez loin de la logique du régime parlementaire qui repose le plus souvent sur des compromis entre les partis désireux de constituer une majorité de coalition. »

      Personnellement, je trouve que les juristes qui se cachent derrière le droit pour faire de la politique, ça commence à bien faire. Le choix de Mélenchon est un choix de communication, qui n’a aucun rapport avec le droit ou la Constitution. Il a bien compris que c’est sa figure qui « vend » LFI et lui permet de faire 20% à la présidentielle, et que cet effet risque de se diluer dans une élection locale, où l’on ne vote pas pour le leader national mais pour des personnalités locales. Ce que Mélenchon essaye de faire avec son « 3ème tour », c’est de personnaliser le scrutin législatif autour de lui. Ainsi, les électeurs sont appelés non pas à voter pour la personnalité locale qui se présentera dans leur circonscription, mais pour un leader national censé être « élu » Premier ministre. Que cela corresponde ou non à l’esprit ou à la lettre de la Constitution, qu’au cas où il aurait une majorité le président soit ou non obligé de l’appeler n’a donc aucune espèce d’importance. Mélenchon ne sera pas Premier ministre, et je ne pense pas un instant qu’il y croie lui-même. Mais en personnalisant le scrutin, il a des chances de reporter le résultat des présidentielles sur les législatives, et faire élire peut-être une centaine de députés.

      [Un peu de Scadefreude de sa part n’est peut être pas à exclure mais LJM redonne un objectif à ses troupes car effectivement c’est la majorité des députés qui votent la confiance au 1er Ministre donc l’entérine in Fine,]

      Comme l’explique Beaud, le Premier ministre n’a pas besoin d’un vote de confiance de l’Assemblée. Dès lors qu’il est nommé par le Président, cela suffit pour qu’il puisse exercer la plénitude de ses attributions. Il peut bien entendu solliciter la confiance de l’Assemblée en engageant sa responsabilité, mais rien dans la Constitution ne l’y oblige. Et de son côté, l’Assemblée peut toujours le censurer.

      [Alors pourquoi Marine n’a-t-elle pas cette vivacité car elle aussi pourrait dire, ’Votez RN pour que je sois 1ère Ministre’.]

      Je ne sais pas. Peut-être parce qu’elle n’a pas le génie tacticien de Mélenchon. Ou parce que son électorat est plus réaliste que celui de Mélenchon. Vous savez, le ridicule tue bien plus à droite qu’à gauche…

  11. luc dit :

    l’ACCORD ENTRE LFI et EELV a été rendu possible probablement à cause du faible score de Jadot.les cadres intermediaires d’EELV ont réagi peut être en prenant le contre pied de Jadot le eprdant ,en faveur de Rousseau future députée d’après l’accord signé.Pour le PCF,il en sera peut être de même au vu de l’article ci dessous:
    https://www.ladepeche.fr/2022/05/02/aveyron-pascal-mazet-pcf-retire-sa-candidature-aux-legislatives-sur-la-2e-circonscription-pour-favoriser-lunion-de-la-gauche-10271060.php
    Quant au PS je parie 1 sol (il fut un temps ou j’aurai parié 1kopeck..) qu’il n’y aura pas d’accord ,quant au PCF.. ?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [l’ACCORD ENTRE LFI et EELV a été rendu possible probablement à cause du faible score de Jadot.]

      Possible. Si Jadot avait fait 15%, la tentation d’y aller tous seuls à l’élection en essayant d’attirer les électeurs centristes aurait certainement été très forte. Et qui plus est, c’aurait été une stratégie parfaitement rationnelle. Mais les 5% de EELV – et les 1,7% de Hidalgo – ont montré que l’électorat centriste est fermement arrimé à Macron. La seule chance des uns et des autres de sauver leurs sièges – et de recevoir une part raisonnable du financement des partis politiques, qui est calculée sur les résultats des élections législatives – est d’aller chercher les voix sur leur gauche.

      [Pour le PCF,il en sera peut être de même au vu de l’article ci dessous:]

      L’article montre ce qu’on sait déjà : quelque soient les accords conclus au niveau des directions nationales, il faudra les faire appliquer par les « barons » locaux. Et là… je ne doute pas qu’on verra de nombreuses « candidatures indépendantes » alimentées par les « barons » mécontents qui refuseront de se soumettre à la discipline nationale.

      [Quant au PS je parie 1 sol (il fut un temps ou j’aurai parié 1kopeck..) qu’il n’y aura pas d’accord, quant au PCF.. ?]

      Les problèmes sont différents. Le PS est tiraillé entre la peur de perdre sur sa droite et de perdre sur sa gauche. Un accord avec LFI, c’est l’assurance de voir un certain nombre d’éléphants céder aux sirènes de la macronie. Mais sans accord, le PS risque de disparaître du Parlement dans une élection ou les triangulaires seront très rares.

      Côté PCF, la question fondamentale est celle des circonscriptions et celle de l’affiche. Le programme n’a aucune espèce d’importance, puisqu’on sait qu’il n’a aucune chance d’être mis en œuvre. Alors, si les « insoumis » ne veulent pas qu’on parle de nucléaire dans le programme, on n’en parlera pas et puis c’est tout.

  12. Fuenteovejuna dit :

    Descartes, bonjour
    D’abord , merci pour votre blog que je lis depuis quelques années. Je participe pas aux discussions car je n’ai pas votre culture politique. Merci aussi à tous vos interlocuteurs.
    Pour info : Je suis abstentionniste depuis 17 ans. Je me suis abstenue au premier tour des élections présidentielles et voter Le Pen au second tour… Je ne dis pas que vous m’avez convaincue. Je me demandais juste,  quand vous alliez sauter le pas, vu votre position sur les classes populaires .
    Fille de résistant communiste du Limousin (la  patrie des paysans “rouges”, véritables  ovnis politiques), petite fille de cégétiste anarcho-syndicaliste, militante communiste – JC en 1965, Unef par la suite, PC de 1976 à 1981 et puis militante cégétiste pendant toute ma vie active, retraitée “Gilet jaune”  –  vous imaginez la réaction de ma famille et de mes amis. J’ai fait le vide autour de moi… quand j’ai annoncé mon vote tout à fait officiellement tout  en expliquant mon choix. Je pensais naïvement déclencher une onde de choc afin d’ouvrir un débat. Une contre attaque. Nada. Silence radio. Loin de me chagriner, leur attitude (mépris, indignation embarras, je ne sais ) n’a fait que confirmer ce que je pense de certaines couches moyennes en France  depuis longtemps : des petits bourgeois (avec beaucoup d’enseignants), pas forcément riches mais assez pour ne se sentir aucune solidarité avec les couches les plus modestes de notre société. Pour eux Le Pen n’est qu’un alibi bien commode.
    Moi qui suis la fille d’un jeune résistant qui a adhéré au PC pendant la guerre et rejoint le maquis de Guingoin (le “Préfet du Maquis” comme on l’appelait alors avec tendresse), je m’interdis de  galvauder  le concept de “fascisme”. Être antifasciste à l’époque c’était risquer sa vie, se retrouver devant  le peloton d’exécution ou pire la déportation. Alors, non, on ne joue pas avec ce mot. Même si je ne suis pas d’accord avec tout ce que dit Le Pen, je n’ai eu aucune inhibition cette fois-ci à voter pour elle. Le FASCISME en France n’existe pas ! Point barre.
    Ce qui m’amène sur votre blog aujourd’hui,  c’est la position de Fabien Roussel.

    ” Invité dans le 8h30 de franceinfo, Fabien Roussel a expliqué vouloir “mettre de côté les fâcheries” entre communistes et Insoumis, pour parvenir à un accord.

    La question nucléaire “ne sera pas dans le contrat de législature”, annonce lundi 2 mai sur franceinfo le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, très confiant dans la signature d’un accord avec La France insoumise dans la journée. “Je suis prêt à mettre de côté les fâcheries”, ajoute-t-il en référence aux sujets sur lesquels communistes et Insoumis ne sont pas sur la même ligne, notamment le montant du Smic et des retraites. “.
    J’avais hésité un moment  entre l’abstention et le vote Roussel. Ce dernier me donnait l’impression qu’il revenait sur certains fondamentaux du parti communiste et notamment sur la question de l’énergie nucléaire. Je crois avoir compris que cette question vous tenait à cœur et que c’est certainement une des raisons qui vous avait  fait annoncer votre choix pour le premier tour. Personnellement je suis restée plus sceptique, car les hommes politiques nous mentent tellement que je n’arrive plus à leur faire confiance.
    Vous vous rendez compte : le problème du nucléaire, énergie fondamentale pour l’économie de notre pays, de son indépendance et arme cruciale de combat contre le réchauffement climatique, une FACHERIE !!! Comme dirait la Vénus de Milo,” les bras m’en tombent !”.
    Et vous, Descartes, n’avez-vous pas l’impression d’avoir encore une fois été cocufié ?

    • Descartes dit :

      @ Fuenteovejuna

      D’abord, toutes mes excuses : votre message a été classé par mon anti-spam comme « indésirable » (peut-être parce qu’il a un grand nombre de liens) et du coup je ne le vois que très tard, lorsque je fais le ménage de ma corbeille… désolé donc pour le retard à la publication.

      [D’abord, merci pour votre blog que je lis depuis quelques années. Je ne participe pas aux discussions car je n’ai pas votre culture politique. Merci aussi à tous vos interlocuteurs.]

      Mauvais prétexte : personne ne naît avec une culture politique. C’est en débattant qu’on la forme et qu’on l’entretien. Alors, pas de prétextes ! Participez ! 😉

      [Pour info : Je suis abstentionniste depuis 17 ans. Je me suis abstenue au premier tour des élections présidentielles et voter Le Pen au second tour… Je ne dis pas que vous m’avez convaincue. Je me demandais juste, quand vous alliez sauter le pas, vu votre position sur les classes populaires.]

      Je ne note pas mes votes, mais je pense avoir « sauté le pas » en 2017. A l’époque, j’étais convaincu que Macron représente un danger bien plus important que Le Pen. Je pense que la mentalité française reste très monarchique : on s’imaginer que le Président a tout pouvoir, qu’il lui suffit de s’assoir dans le fauteuil pour commander au soleil et aux flots. Mais ce n’est pas le cas : il y a ce que le président VEUT faire et ce qu’il PEUT faire – autrement dit, ce que la société est prête à lui laisser faire. On me dira que MLP voudrait transformer la France en une dictature fasciste. Au-delà du fait de savoir si c’est vrai, si elle le voudrait vraiment, il y a une question plus importante : est-ce qu’elle le POURRAIT ? La réponse est bien évidemment non : le président qui s’essaierait aurait contre lui non seulement les couches populaires, mais aussi une bonne partie de la bourgeoisie et des classes intermédiaires. Autrement dit, choisir entre Macron et Le Pen, c’est dans le pire des cas choisir entre un programme « fasciste » qui ne sera pas mis en œuvre, et un programme néolibéral qui, lui, sera appliqué jusqu’au bout.

      [Fille de résistant communiste du Limousin (la patrie des paysans “rouges”, véritables ovnis politiques), petite fille de cégétiste anarcho-syndicaliste, militante communiste – JC en 1965, Unef par la suite, PC de 1976 à 1981 et puis militante cégétiste pendant toute ma vie active, retraitée “Gilet jaune” – vous imaginez la réaction de ma famille et de mes amis. J’ai fait le vide autour de moi… quand j’ai annoncé mon vote tout à fait officiellement tout en expliquant mon choix. Je pensais naïvement déclencher une onde de choc afin d’ouvrir un débat. Une contre attaque. Nada. Silence radio. Loin de me chagriner, leur attitude (mépris, indignation embarras, je ne sais ) n’a fait que confirmer ce que je pense de certaines couches moyennes en France depuis longtemps : des petits bourgeois (avec beaucoup d’enseignants), pas forcément riches mais assez pour ne se sentir aucune solidarité avec les couches les plus modestes de notre société. Pour eux Le Pen n’est qu’un alibi bien commode.]

      Je ne connais pas la situation de première main, mais par analogie avec des situations que je connais, j’ai tendance à faire une interprétation différente. S’il n’y a pas eu de réaction, si votre décision est accueillie dans le silence, c’est aussi peut-être parce que ceux qui vous entourent pensent – sans oser se l’avouer – comme vous. Peut-être certains ont même, dans le secret de l’isoloir, mis un bulletin de la même couleur que le votre dans l’enveloppe.

      [Vous vous rendez compte : le problème du nucléaire, énergie fondamentale pour l’économie de notre pays, de son indépendance et arme cruciale de combat contre le réchauffement climatique, une FACHERIE !!! Comme dirait la Vénus de Milo,” les bras m’en tombent !”.]

      Ne soyez pas trop dure… il faut se mettre dans la peau de Roussel. Sa priorité ? Obtenir des voix et des élus dans les législatives. Des voix, parce que c’est sur elles qu’est calculé le financement public des partis politiques, sans lequel le PCF est mal barré. Des élus, parce qu’avoir un groupe parlementaire vous ouvre toute une série de possibilités d’expression et, là aussi, de facilités financières. Alors, paris vaut bien une messe, ou dans le cas présent, une omission du nucléaire – car c’est bien une omission, et non un changement de position. C’est la dure réalité de la politique.

      [Et vous, Descartes, n’avez-vous pas l’impression d’avoir encore une fois été cocufié ?]

      Non, parce qu’on n’est cocu que si l’on est marié, et je ne me suis pas marié avec Roussel. J’ai voté pour lui au premier tour de la présidentielle sur un projet où le nucléaire figurait en bonne place. Si le candidat NUPES dans ma circonscription ne défend pas le nucléaire – voire l’attaque – je ne voterai pas pour lui, et puis c’est tout. Je pouvais me sentir cocufié du temps ou je me soumettais à une discipline de parti. Mais c’est fini, maintenant je vote pour qui je veux en fonction de son projet et de sa personnalité.

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