Le gauchisme et ses diables de confort

Ce week-end, je me suis offert une soirée anciens combattants. Oh, rassurez vous, ce n’est pas des anciens de l’indo ou de l’Algérie que je vous parle. Mon âge est certes vénérable, mais pas à ce point. Même pour 1968, je suis trop jeune. Non, j’avais chez moi des copains qui furent dans les années 1970, lors de leur passage sur les bancs de l’Université, militants politiques. Qui à l’OCI, qui à la LCR, qui a LO, qui aux PCMLF, sans compter sur la CNT et les Autonomes. La conversation a vite tourné sur les souvenirs de guerre. D’une guerre fort sage, en fait, même si certains avaient à l’occasion joué du nerf de boeuf ou de la barre de fer. Mais bon, on a les guerres qu’on peut. Cependant, il ne peut y avoir de guerre sans ennemi. Et si les participants étaient divers, l’ennemi était unique: le “facho”.

 

Qui était le “facho” des années 1970 ? Il n’est pas inutile de rappeler qu’en ce temps béni, l’extrême droite n’était qu’un acteur politique marginal. Le PCF tenait fermement l’électorat populaire – malgré tous les efforts des gauchistes de mai 1968 pour le lui ravir – et cela ne laissait pas beaucoup de place à l’extrême droite pour respirer. Elle en était réduite donc à une nébuleuse de nostalgiques (de Vichy, de l’Algérie Française, de la messe en latin façon Pie  XII) qui se réunissaient entre soi dans des clubs et cercles de réflection (Club de l’Horloge, Groupe de Réflexion et d’Etude sur la Civilisation Européenne, plus connu comme GRECE). En 1974, à l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen – dejà lui – faisait 0,74%.

 

Le “facho” des années 1970 était un animal mythique, mi homme mi démon. Oh, bien sur, il existait des “fachos” en chair et en os. Des jeunes bien comme il faut, de bonne famille, anticommunistes, qui portaient des Loden et fréquentaient la faculté de droit d’Assas. Mais ils ne représentaient un danger que dans l’imaginaire gauchiste. Et cet imaginaire ne faisait que refléter une nécessité: le “facho” est devenu après 1968  le ciment et la raison d’être de beaucoup de mouvements gauchistes, dont les membres avaient pour tropisme naturel de s’arracher respectivement les yeux avec des pinces à épiler plutôt que de chercher à construire un projet commun. Le “facho” permettait à des gens qui échangeaient quotidiennement des noms d’oiseau et dont le sport préféré était de se saboter les uns les autres une raison de manifester ensemble – séparés tout de même par des cordons de sécurité pour empêcher l’atavisme de reprendre le dessus. Au nom de la lutte contre le “facho”, les trahisons et les coups bas étaient temporairement oubliés. Et surtout, le “facho” donnait à des militants gauchistes sans véritable projet et dont l’action n’avait aucun débouché dans un délai raisonnable une raison d’exister:  leur action était nécessaire, urgente même, puisque sans eux la bête immonde reprendrait le dessus et viendrait égorger nos fils et nos compagnes. Le rapport du gauchisme aux “fachos” est un peu celui de Batman avec le Penguin, de Sherlock Holmes et du Prof. Moriarty: si l’un disparaît, l’autre se retrouve au chômage. Il faut donc recréer un “méchant” à l’infini, le parer des attributs les plus terrifiants et d’une force qu’il n’a pas pour permettre au “gentil” de justifier son boulot.

 

C’est à François Mitterrand que revient le mérite – si l’on peut dire – à avoir compris qu’on pouvait transposer ce mécanisme dans le champ politique. La difficulté était de trouver un “facho” représentant une menace politique suffisamment crédible pour déclencher le réflexe grégaire chez l’électeur de gauche. Pour résoudre cette difficulté, Mitterrand fit le nécessaire pour fabriquer un “facho” sur mesure. Pour cela, il joua à deux bandes: d’un côté, il donna à la personnalité la plus en vue à l’extrême droite – mais la moins dangereuse, compte tenue de son manque d’appétit pour le pouvoir et de son histoire passée qui rendait impossible tout accord avec les gaullistes – Jean-Marie Le Pen, l’espace médiatique – à la télévision – et électoral – grâce à la proportionnelle – qui lui manquait. Et ensuite, il fit animer par ses partisans une nébuleuse d’organisations dont le centre était SOS-Racisme, qui fit de Jean-Marie Le Pen l’ennemi public numéro un, lui donnant du même coup une véritable légitimité dans les milieux d’extrême droite. Curieusement, on n’entendit guère à l’époque les représentants de la gauche du parti socialiste, dont certains donnent aujourd’hui des leçons d’anti-lépénisme, s’insurger contre une stratégie qui installait pour longtemps le Front National comme “diable de confort” de la gauche et ouvrait la porte à un parti de droite populiste en France. Au contraire, ils y contribuèrent, à l’image de Julien Drai, avec enthousiasme. Trente ans plus tard, le “diable de confort” est toujours là. Et toujours aussi utile, que ce soit pour la gauche modérée ou pour la gauche radicale. Pour la gauche modérée, c’est du pain bénit pour appeler au “vote utile” et diviser la droite. Pour la gauche radicale, c’est un punching-ball comode sur lequel taper sans risque quand on se trouve à court d’idées.

 

Seulement, quelque chose a changé depuis le temps de Mitterrand: au fur et à mesure que la gauche a perdu contact avec les couches populaires, le Front National a réussi à s’y installer. Cela change la donne: taper sur un parti, sauf si c’est fait très intelligemment, c’est, par élévation, taper sur ses électeurs. Il est difficile de qualifier le candidat X d’imbécile sans que ce qualificatif s’applique aussi aux électeurs qui le soutiennent sans percevoir son imbécillité. Lorsque la base électorale du Front National était constituée par un ramassis de nostalgiques de Vichy, de l’Algérie Française et de la messe en latin, l’injurier ne portait pas trop à conséquence. Mais lorsque celui-ci représente une section importante de l’électorat populaire, il faut faire attention à ce qu’on dit, au risque d’approfondir le fossé entre la gauche et celui qui devrait être son électorat naturel. Au fur et à mesure que le Front National se “popularise”, l’utiliser comme punching-ball devient une stratégie de plus en plus risquée. La “gauche radicale” n’a toujours pas compris ce changement, et continue imperturbable à appliquer une stratégie qui a montré ces vingt dernières années sa nocivité. Mélenchon exhibe sur son blog sa satisfaction puérile “d’en avoir foutu une” à Marine Le Pen. Il ferait mieux de se regarder un peu moins dans le miroir (“miroir, mon beau miroir…”) et de se demander comment sa performance de la semaine dernière a pu être regardée et apprécié par les électeurs qui ne lui sont pas acquis, et notamment par un électorat populaire qui n’est pas insensible aux sirènes du Front National.

 

Si l’on veut combattre véritablement le Front National – mais la gauche radicale le veut-elle vraiment ? Après tout, ce serait dommage de se priver d’un “diable de confort” aussi confortable – il faudrait le priver du substrat qui le nourrit: le sentiment par une large section de l’électorat populaire que personne, dans les partis “républicains”, ne fait le moindre effort pour le représenter. Cela suppose un effort des organisations de la gauche dite “radicale” pour sortir de l’univers des classes moyennes et se ré-investir sur les problématiques des couches populaires. Mettre l’industrialisation – qui ne se confond pas avec la défense compassionnelle des entreprises en difficulté – avant le mariage homosexuel, la politique de l’emploi avant la suppression de la case “mademoiselle” dans les formulaires, la sécurité publique avant le “statut de l’élu” (1). Et travailler ces sujets sérieusement, de manière à proposer un projet crédible. La gauche radicale aime utiliser la métaphore du “vampire”:  le Front National, nous disent-ils, ment aux gens, et il suffit de projeter de la lumière sur ses propositions pour qu’il tombe en poussière. Cette métaphore ignore une réalité profonde: les gens ne votent pas Front National parce qu’ils croient à ses propositions. Ils ne sont guère dupes. Ils votent pour lui parce que c’est la seule organisation qui parle de leurs problèmes dans leurs termes. Et qui ne s’adresse pas à eux convaincu qu’ils sont des beaufs racistes, quand ce n’est pas pour des débiles profonds.

 

 

Descartes

 

(1) La “gauche radicale” a beau réagir contre le rapport de Terra Nova préconisant l’abandon de l’électorat populaire, elle n’en applique pas moins les conclusions.

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17 réponses à Le gauchisme et ses diables de confort

  1. NOURATIN dit :

    Bonne analyse. La gauche a besoin du Front National et celui ci a besoin de

    l’électorat naturel de la gauche. Tout ça parceque la -soi disant-droite ne

    s’assume pas et refuse de s’accoquiner avec les fachos du FN.

    Au bout du compte personne ne sait plus très bien où il en est, la droite

    penche à gauche, la gauche se pince le pif quend on lui parle des ouvriers

    et le pays part en quenouille. C’est amusant mais ça ne durera pas, les

    musulmans finiront par nous mettre tous d’accord.

    • Descartes dit :

      Bonne analyse. La gauche a besoin du Front National et celui ci a besoin de l’électorat naturel de la gauche. Tout ça parceque la -soi disant-droite ne s’assume pas et refuse de s’accoquiner
      avec les fachos du FN.

      Je ne comprends pas très bien votre point de vue. La gauche moderée a besoin du FN pour provoquer le réflexe du vote utile. La gauche radicale pour avoir un “punching ball” qui lui permette de se
      donner une raison d’exister. Mais cela n’a rien à voir avec l’attitude de la droite (soi disante ou pas). Si la droite refuse de s’acoquiner avec le FN, c’est parce qu’elle a très bien compris
      que ce serait un piège: elle n’aurait pas les votes du FN (essentiellement un vote protestataire) et perdrait le vote centriste.

      Au bout du compte personne ne sait plus très bien où il en est, la droite penche à gauche, la gauche se pince le pif quend on lui parle des ouvriers et le pays part en quenouille.

      “La droite penche à gauche” ? Première nouvelle…

      C’est amusant mais ça ne durera pas, les musulmans finiront par nous mettre tous d’accord.

      Vous croyez ? Et par quel miracle arriveront-ils à ce résultat ? Ne me dites pas que vous êtes de ceux qui croyent les bêtises du genre “guerre des civilisations”…

  2. Trubli dit :

    A force de jouer avec le feu, on risque de se brûler. Ce qui arriva à la gauche en 2002. La  bête a fini par se retourner contre son créateur. 

    Mitterand a joué la carte de l’antiracisme après le tournant de la rigueur pour réorienter la gauche vers un nouveau combat de substitution suite à son échec dans le domaine social. 

    Le FN est maintenant durablement installé dans le jeu et brouille le discours des républicains qui veulent sortir à minima de l’euro et au mieux de l’UE.

     

  3. NOURATIN dit :

    En effet, je crois pas mal de bêtises. Que voulez vous, tout le monde ne peut pas être aussi intelligent que vous. Et comme je ne comprends rien, je m’en vais.

    • Descartes dit :

      En effet, je crois pas mal de bêtises. Que voulez vous, tout le monde ne peut pas être aussi intelligent que vous.

      Ce n’est pas une question d’intelligence – enfin, pas seulement – mais d’esprit critique. Il faut toujours se méfier des théories paranoïaques, c’est à dire, celles qui prennent comme point de
      départ l’idée que quelqu’un veut notre destruction. Ce genre de théories en général sont inventées pour manipuler les gogos en leur faisant peur. Il n’y a qu’à voir comment la théorie de la
      “grande conspiration juive” a servi pour mobiliser le peuple allemand et le conduire à sa propre destruction.

      Et comme je ne comprends rien, je m’en vais.

      Si vous ne comprenez rien, vous devriez au contraire rester…

       

  4. Antonin dit :

    Et Lutte Ouvrière, qu’en pensez-vous ? Ne ressemble-t-il pas le plus au parti que vous appelez de vos voeux ?

    • Descartes dit :

      Certainement pas! Je dirais même que LO est exactement à l’opposé de ce que j’appelle de mes voeux. D’abord, j’ai toujours défendu l’idée d’une société où la sphère publique et la sphère privée
      sont strictement séparées, et où l’intervention de la société – et donc l’Etat – est par définition strictement limitée à la première. Je doute fort que LO adhère à cette conception. Ensuite, je
      partage l’idée que la Nation est la plus grande communauté politique possible aujourd’hui, et donc que cette notion jouera nécessairement un rôle fondamental dans toute transformation politique
      véritablement démocratique. Là encore, je doute que cette vision soit très partagée par les militants de LO. Enfin, je pense qu’il est impératif, si l’on veut changer quelque chose, de sortir du
      plan purement déclaratif pour se coltiner la réalité, avec ses contradictions, ses imperfections, sa complexité. Croyez-vous vraiment que LO soit sur cette ligne ?

      Je serais d’ailleurs curieux de savoir ce qui dans mes écrits peut vous fait penser que je pourrais trouver chez LO ce que je recherche…

  5. Antonin dit :

    Bonjour,

    Dans LO il y a un O pour “ouvrière” ; ce parti s’adresse donc non pas à la classe moyenne mais à la classe populaire.

    Je ne vois pas pourquoi LO vous paraît opposé à la séparation public/privé. (je ne connais pas bien ce parti).

    Quand à la thématique de l’État-Nation, il est vrai qu’elle n’est pas abordée dans leurs textes, mais en tout cas ils ne sont pas des libéraux-libertaires…

    Cdlt,

    • Descartes dit :

      Dans LO il y a un O pour “ouvrière” ; ce parti s’adresse donc non pas à la classe moyenne mais à la classe populaire.

      Et dans UMP, le P est aussi pour “populaire”. Quelle conclusion en tirez vous ?

      Vous êtes d’une émouvante ingénuité si vous croyez encore que les noms des partis politiques sont un véritable réflet de leur pratique. Le Parti Socialiste n’a plus grande chose de “socialiste”,
      l’UMP n’est pas véritablement “populaire”, le Parti Radical a cessé depuis longtemps d’être “radical”…

      Je ne vois pas pourquoi LO vous paraît opposé à la séparation public/privé. (je ne connais pas bien ce parti).

      Parce que c’est l’un de ses traits distinctifs. LO est une organisation qui exerce un contrôle non seulement sur la pratique politique de ses militants, mais aussi sur leur comportement privé.

      Quand à la thématique de l’État-Nation, il est vrai qu’elle n’est pas abordée dans leurs textes, mais en tout cas ils ne sont pas des libéraux-libertaires…

      Certes. Le FN non plus.

  6. Antonin dit :

    Disons que le qualificatif “ouvrier” ne me semble pas usurpé chez LO : par exemple, lorsqu’il y a des licenciements économiques, ils soutiennent la lutte des salariés, contrairement au
    “populaire” UMP.

  7. julien dit :

    Nul doute que les salariés sont rassurés de voir des drapeaux LO devant leur usine. Grâce à eux (et à la force des prières à Dieu), ils vont échapper au chômage !

  8. « Ne me dites pas que vous êtes de ceux qui croyent les bêtises du genre “guerre des civilisations”… »

    Des bêtises ? Je n’en suis pas si convaincu. Bon, l’expression « guerre de civilisations » est sans doute inappropriée, mais un « choc culturel » entre certaines
    catégories d’immigrés et les natifs, je serais moins enclin à le nier. Et je ne suis pas loin de penser que les « couches populaires » y sont parfois plus sensibles que les autres…

     

    « Il faut toujours se méfier des théories paranoïaques, c’est à dire, celles qui prennent comme point de départ l’idée que quelqu’un veut notre destruction. »

    C’est vrai. D’un autre côté, je me méfie aussi des théories qui prennent comme point de départ l’idée que l’ « Autre » nous veut forcément du bien, qu’il est gentil, qu’il vient nous
    enrichir et régénérer la France grâce à la « diversité salvatrice »…

    D’ailleurs, ce n’est pas parce qu’il ne vient pas pour détruire que sa venue ne provoquera pas de destruction. Lorsque les passagers du Mayflower arrivèrent en Amérique, venaient-ils pour
    détruire les Amérindiens ? Sans doute pas. Pourtant, la logique de colonisation qu’ils ont entamée a débouché sur les guerres indiennes, les massacres, la relégation dans les réserves… Bien
    sûr, le facteur principal de la chute démographique des Amérindiens sont les maladies apportées (involontairement quand même) par les Européens. Là encore, il n’y avait pas de volonté de
    détruire, mais le résultat est là : une baisse de près de 80 % des effectifs chez les autochtones…

    De la même façon, je ne parierai pas que les Allemands ont débarqué en Namibie pour massacrer les Herreros. Mais confrontés à une révolte, ils l’ont fait…

     

    Je ne suis pas sûr qu’il soit indifférent que demain un certain nombre de villes européennes, en Belgique, au Pays-Bas, en Allemagne, en France… soient majoritairement peuplées de populations
    originaires du Maghreb, du Moyen Orient et d’Afrique subsaharienne. Qu’une jeunesse issue de l’immigration, et se réclamant d’une autre culture, soit en passe d’être l’ « avenir » de
    plusieurs métropoles européennes (Bruxelles, Rotterdam…), je ne crois pas que ce soit une question à prendre à la légère.

     

    « Ce genre de théories en général sont inventées pour manipuler les gogos en leur faisant peur. »

    C’est juste. Mais la peur, parfois, est justifiée. La peur fait aussi partie de l’instinct de survie… Quand on a peur de rien, on meurt souvent bêtement.

     

    « Il n’y a qu’à voir comment la théorie de la “grande conspiration juive” a servi pour mobiliser le peuple allemand et le conduire à sa propre destruction. »

    Je te conseille un petit exercice tout simple : regarde le nombre de juifs en Allemagne, disons vers 1900, et leur nombre en 1933. Que penses-tu de l’évolution de leurs effectifs ?
    Maintenant, prends le nombre de musulmans en France en 1962, juste après l’indépendance de l’Algérie, et le nombre de musulmans dans les années 2000. L’évolution de leurs effectifs est-elle
    comparable à celle des juifs en Allemagne entre 1900 et 1933 ? Pour être tout à fait juste, il faudrait à chaque fois prendre en compte l’évolution de la population globale, et ce que
    représente les juifs et les musulmans dans la catégorie des moins de 25 ans.

     

    Descartes, tu es très au point sur les questions économiques et sociales, et j’apprends beaucoup en te lisant. Mais, comme toute une partie de la gauche intelligente (Chevènement par exemple,
    avec lequel, excuse-moi, je te trouve beaucoup plus d’atomes crochus qu’avec Mélenchon), j’ai l’impression que tu laisses de côté certains aspects, culturels ou disons « identitaires »
    pour user d’un gros mot. C’est dommage. Avoir un boulot pour bouffer, c’est important. Mais il n’y a pas que cela. La nation, c’est aussi un projet culturel, un projet de civilisation pour le
    coup. On ne peut pas faire comme si l’irruption de populations issues d’une autre aire culturelle ne changeait rien. 

    • Descartes dit :

      Des bêtises ? Je n’en suis pas si convaincu. Bon, l’expression « guerre de civilisations » est sans doute inappropriée, mais un « choc culturel » entre certaines
      catégories d’immigrés et les natifs, je serais moins enclin à le nier.

      La “guerre des civilisations” est un concept introduit par Samuel Huntington, et qui n’a rien à voir avec les conflits entre immigrés et natifs.

      Et je ne suis pas loin de penser que les « couches populaires » y sont parfois plus sensibles que les autres…

      Je ne suis pas persuadé que pour les couches populaires ce soit le “choc culturel” qui pose problème. C’est plutôt la compétition pour l’emploi et pour les services publics. La meilleure preuve
      en est que le “choc culturel” n’a pas posé de problème pendant les trente glorieuses.

      C’est vrai. D’un autre côté, je me méfie aussi des théories qui prennent comme point de départ l’idée que l’ « Autre » nous veut forcément du bien, qu’il est gentil, qu’il vient
      nous enrichir et régénérer la France grâce à la « diversité salvatrice »…

      On peut difficilement m’accuser d’angélisme… Je suis tout à fait d’accord que toute théorie fondée sur un caractère “moral” de l’immigré (en bien ou en mal) mérite notre méfiance. Il faut
      revenir à la vision matérialiste: l’immigré a ses intérêts, le natif a les siens. Et selon les contextes, ces intérêts peuvent être complémentaires, coïncidents ou opposés. C’est tout.

      Je ne suis pas sûr qu’il soit indifférent que demain un certain nombre de villes européennes, en Belgique, au Pays-Bas, en Allemagne, en France… soient majoritairement peuplées de populations
      originaires du Maghreb, du Moyen Orient et d’Afrique subsaharienne.

      Ce qui pose problème à mon avis n’est pas l’origine de ces populations, mais l’incapacité des cultures d’accueil à les assimiler.  

      Je te conseille un petit exercice tout simple : regarde le nombre de juifs en Allemagne, disons vers 1900, et leur nombre en 1933. Que penses-tu de l’évolution de leurs effectifs ?
      Maintenant, prends le nombre de musulmans en France en 1962, juste après l’indépendance de l’Algérie, et le nombre de musulmans dans les années 2000. L’évolution de leurs effectifs est-elle
      comparable à celle des juifs en Allemagne entre 1900 et 1933 ?

      L’évolution des “effectifs” de juifs étrangers en Europe a, contrairement à ce que tu as l’air de croire, été très rapide entre 1900 et 1933 notamment du fait des pogroms organisés en Europe
      orientale et de l’émigration massive qui s’en est suivi. En France la population juive a presque triplé entre ces deux dates.

      La nation, c’est aussi un projet culturel, un projet de civilisation pour le coup. On ne peut pas faire comme si l’irruption de populations issues d’une autre aire culturelle ne changeait
      rien. 

      Tu est injuste lorsque tu m’accuses d’ignorer cette réalité. Je crois avoir abordé plusieurs fois le problème, et même avoir défendu ici l’assimilation contre l’intégration, justement parce que
      “l’irruption de populations issues d’une autre aire culturelle” change beaucoup de choses. Ma position cependant est que la culture n’est pas une essence. C’est pourquoi l’étranger assimilé cesse
      d’être étranger.

       

  9. « La “guerre des civilisations” est un concept introduit par Samuel Huntington, et qui n’a rien à voir avec les conflits entre immigrés et natifs. »

    C’est pourquoi je disais que « guerre des civilisations » me paraît une expression un peu excessive. Mais, puisque c’est aux musulmans que je pensais, je me demande si les tensions
    entre l’Occident et une partie du monde musulman, ou le conflit israélo-palestinien, n’ont pas, quand même, des retombées sur les relations entre immigrés musulmans et natifs occidentaux.
    Déconnecter complètement les problèmes de l’immigration des questions géopolitiques du Bassin méditerranéen ne me paraît pas raisonnable.

     

    D’un autre côté, au-delà des divisions et des rivalités internes, n’y a-t-il pas, malgré tout, une compétition entre l’Occident et la Chine ? Entre l’Occident et la Russie ? Entre
    l’Occident et une partie au moins du monde musulman ? Je dis bien « compétition » et non « guerre ». M’enfin la compétition peut parfois dégénérer, hypothèse qu’on aurait
    tort d’écarter complètement.

     

    « La meilleure preuve en est que le “choc culturel” n’a pas posé de problème pendant les trente glorieuses. »

    Oui, parce qu’à cette époque, les immigrés étaient souvent perçus en Europe occidentale comme des travailleurs venus provisoirement (« Gastarbeiter » disent les Allemands,
    « travailleurs invités » est la meilleure traduction je crois). Comme on pensait (ou on faisait semblant de croire) qu’ils allaient repartir, leur culture ne posait pas de
    problème : après tout, il n’était pas prévu qu’elle s’implante en France. Lorsque dans les années 70, on a commencé à comprendre que les immigrés allaient rester et que, regroupement
    familial oblige, ils allaient s’implanter avec leurs références culturelles, les choses ont un peu changé. Et dans les années 80, le FN a commencé son essor… La compétition pour les salaires joue
    aussi, mais je crois que l’aspect culturel, l’ « exotisme » de certains immigrés choque aussi, y compris dans les classes populaires. Si ces dernières sont attachées à la nation, alors
    elles sont aussi attachées à une certaine identité nationale. Parce que la nation, c’est un tout.

     

    « On peut difficilement m’accuser d’angélisme… »

    Et je ne me le permettrais pas. Je voulais seulement rappeler que la gauche fustige souvent ceux qui « exploitent la peur », elle oublie de dire qu’elle-même exploite aussi souvent la
    naïveté et la mauvaise conscience…

     

    « Ce qui pose problème à mon avis n’est pas l’origine de ces populations, mais l’incapacité des cultures d’accueil à les assimiler. »

    Pas seulement. Ce qui pose problème, moins que le nombre en valeur absolue, c’est la concentration des immigrés de même origine dans des périmètres précis. Un petit Maghrébin deviendra plus
    facilement français si, dans sa classe de 25 élèves, il y a tout au plus 3 ou 4 enfants de la même origine que lui. Si la majorité de ses camarades sont d’origine française (ou issus d’immigrés
    assimilés), son assimilation sera facilitée. Mais aujourd’hui, dans des classes de la banlieue de Paris ou de Marseille, c’est 80 % de l’effectif qui est d’origine maghrébine ou subsaharienne, à
    l’image d’ailleurs de tel ou tel quartier. Résultat : les cantines se plient à des demandes communautaires (pas de porc, hallal). Je t’avoue que je ne vois pas bien comment l’assimilation a
    des chances de réussir…

     

    « L’évolution des “effectifs” de juifs étrangers en Europe a, contrairement à ce que tu as l’air de croire, été très rapide entre 1900 et 1933 notamment du fait des pogroms organisés en
    Europe orientale et de l’émigration massive qui s’en est suivi. En France la population juive a presque triplé entre ces deux dates. »

    J’ai trouvé le chiffre de 610 000 juifs en Allemagne en 1910, autour de 525 000 à la veille de l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933 (la perte des districts polonais, où les juifs
    devaient être nombreux, explique sans doute la baisse, puisqu’on est avant les persécutions nazies), dont 80 % ont la nationalité allemande (donc descendent de juifs installés depuis longtemps en
    Allemagne, vu le code de la nationalité en vigueur dans ce pays à l’époque). En 1919, on dénombre en Allemagne 80 000 juifs ayant fui les pogroms d’Europe de l’est, soit une minorité (autour
    de 15 %) de la communauté juive allemande.

    En France, en effet, la population juive a presque triplé, mais pas en Allemagne justement. Or, aux dernières nouvelles, c’est l’Allemagne et non la France qui est devenue nazie…

     

    « Tu est injuste lorsque tu m’accuses d’ignorer cette réalité. »

    C’est vrai. Disons que j’accuse la gauche intelligente de minimiser le problème.

     

    « Ma position cependant est que la culture n’est pas une essence. »

    Sans doute. Mais un témoignage me trotte dans la tête chaque fois que j’aborde cette question. C’était un reportage sur le quartier de Villeneuve à Grenoble, juste après les tensions qui avaient
    suivi la mort du braqueur du casino d’Uriage, originaire de ce quartier. Des images montraient que le quartier était globalement propre et bien tenu. Un habitant installé depuis plusieurs années,
    présenté comme un « militant de gauche », évoquait le projet urbanistique du quartier tel qu’il avait été conçu au départ (ces grands ensembles devaient être des lieux de vie agréables
    et offrant toutes les commodités, d’où des expressions comme « la cité radieuse », souviens-toi). Puis le brave homme en vient à confesser que, si la situation n’est pas catastrophique,
    il y a quand même quelques petits problèmes. Et il évoque le cas de son fils, scolarisé au collège du quartier. Il explique qu’il a dû demander un changement de classe, parce que son fils était
    le seul « petit Gaulois » (c’est le terme employé) de la classe, et que c’était trop dur. On l’a donc mis dans une classe où il y avait un peu plus de petits copains « qui lui
    ressemblaient »… Mais qu’est-ce qui était trop dur ? D’être le seul blanc au milieu des blacks et des beurs ? N’est-ce pas cela que cet hom

    • Descartes dit :

      Mais, puisque c’est aux musulmans que je pensais, je me demande si les tensions entre l’Occident et une partie du monde musulman, ou le conflit israélo-palestinien, n’ont pas, quand même, des
      retombées sur les relations entre immigrés musulmans et natifs occidentaux.

      Je pense que vous faites une confusion entre des califications culturelles, ethniques et religieuses. Si nous caractérisons l’un des termes du conflit par “Occident” (qui est une qualification
      essentiellement culturelle) pourquoi caractériser l’autre terme par “monde musulman” ? Pourquoi pas “Orient” ? Et à l’inverse, le conflit israélo-palestinien a des effets dans les rapport entre
      natifs et immigrés arabes, qu’ils soient “musulmans” ou qu’ils soient laïcs.

      Déconnecter complètement les problèmes de l’immigration des questions géopolitiques du Bassin méditerranéen ne me paraît pas raisonnable.

      Moi non plus. Mais ce qui est encore plus déraisonnable, c’est de formuler les conflits géopolitiques en termes religieux. Il est vrai que dans beaucoup de sociétés moyen-orientales la séparation
      du réligieux et du civil n’est pas complète, et du coup il y a une interpénétration non négligéable du réligieux dans le politique. Mais de là à considérer que c’est la seule ligne de clivage, il
      y a un pas qu’il ne faut pas franchir.

      D’un autre côté, au-delà des divisions et des rivalités internes, n’y a-t-il pas, malgré tout, une compétition entre l’Occident et la Chine ? Entre l’Occident et la Russie ?

      Non, je ne crois pas. D’ailleurs, qu’est ce qui permet d’isoler la Russie de “l’Occident” ? Je crois que cette vision de “l’Occident” comme un bloc homogène est une fiction. Il y a une
      compétition entre les différents Etats, regroupés éventuellement dans des alliances. Mais “l’Occident” n’existe pas. C’est une fiction.

      « La meilleure preuve en est que le “choc culturel” n’a pas posé de problème pendant les trente glorieuses. » Oui, parce qu’à cette époque, les immigrés étaient souvent perçus en
      Europe occidentale comme des travailleurs venus provisoirement

      Pas vraiment. Les immigrés polonais ou italiens arrivés dans les années ’30 n’étaient pas considérés en 1950 comme des “travailleurs venus provisoirement”. Ils s’étaient intégrés et personne
      n’imaginait qu’ils rentrent chez eux. C’était aussi le cas des algériens, puisque jusqu’à 1962 ils n’étaient même pas considérés comme des “immigrés”. Ce qui a fait la différence, c’est surtout
      l’énorme capacité d’assimilation de la France, et qui transformait les nouveaux arrivants en français en une génération.

      La compétition pour les salaires joue aussi, mais je crois que l’aspect culturel, l’ « exotisme » de certains immigrés choque aussi, y compris dans les classes populaires.

      Ca a toujours été le cas. Mais il fut un temps ou rapidement les immigrés se défaisaient d’une partie de leur “exotisme” pour s’assimiler. Une amie algérienne de mes parents m’expliquait que dans
      les années 1950 et 60 il ne serait pas venu à l’idée des femmes immigrées de porter le voile et à leur mari de s’habiller “comme au pays”. Au contraire, le but était de laisser derrière soi ces
      “trucs du bled” et “d’avoir l’air français”. En France, on pardonne beaucoup à celui qui proclame sa volonté de s’assimiler. Je parle par expérience personnelle.

      « Ce qui pose problème à mon avis n’est pas l’origine de ces populations, mais l’incapacité des cultures d’accueil à les assimiler. » Pas seulement. Ce qui pose problème, moins que
      le nombre en valeur absolue, c’est la concentration des immigrés de même origine dans des périmètres précis.

      Oui. Mais c’est bien à ce genre d’élément que je faisais allusion. Si une société a pour but d’assimiler les immigrés, elle se donne les moyens – y compris autoritaires – pour les diluer dans la
      population. Car il serait illusoire de croire que les immigrés se dilueront spontanément. La tendance naturelle est au regroupement des gens qui se ressemblent. Si la société ne contre pas cette
      tendance naturelle par des mesures obligatoires, c’est elle qui imposera sa loi.

      Un petit Maghrébin deviendra plus facilement français si, dans sa classe de 25 élèves, il y a tout au plus 3 ou 4 enfants de la même origine que lui.

      Cela aide, sans doute. Mais ce n’est pas suffisant. Si l’instituteur, les médias, les institutions véhiculent le message que la bonne chose à faire est de conserver ses traditions, ses “racines”,
      son “identité”, il ne deviendra pas facilement français quand bien même il serait le seul dans son cas. L’assimilation n’est pas une simple “dilution”.

      Mais aujourd’hui, dans des classes de la banlieue de Paris ou de Marseille, c’est 80 % de l’effectif qui est d’origine maghrébine ou subsaharienne, à l’image d’ailleurs de tel ou tel
      quartier. Résultat : les cantines se plient à des demandes communautaires (pas de porc, hallal). Je t’avoue que je ne vois pas bien comment l’assimilation a des chances de réussir…

      L’assimilation nécessite une politique extraordinairement volontariste et un contexte favorable. Je crois que l’exemple de l’école de la IIIème République est de ce point de vue fécond. Là aussi,
      il s’agissait de “assimiler de l’intérieur” une population qui était certes française du point administratif, mais dont presque la moitié ne parlait pas le français courament, et dont les
      références étaient essentiellement locales. Les “hussards noirs” qui arrivaient dans un petit village de l’Ariège, de la Savoie ou du Finistère avait un peu le même problème que celui qui arrive
      aujourd’hui à Vaulx en Velin ou aux “4000”: une population infantile relativement homogène, à qui il faut donner une culture scolaire qui n’est pas naturellement la sienne.

      Pourquoi ça a marché ? D’abord, parce que la République exigeait beaucoup mais donnait pas mal en échange. L’ascenseur social était alors une réalité, et l’Ecole en était le portier. Et ensuite,
      parce que l’Etat n’a pas transigé sur les objectifs qu’il considérait fondamentaux pour obtenir “l’assimilation interne” des populations. Le français a été imposé et les patois bannis à coups de
      règle si nécessaire. Le curé fut chassé de l’école malgré toutes ses protestations et tentatives de rentrer par la fenêtre.

      Est-ce qu’il y a aujourd’hui un consensus général de l’ensemble des institutions pour ce genre de volontarisme ? Bien sur que non. A commencer par les enseignants, qui véhiculent malheureusement
      le langage du relativisme culturel. Et plus généralement, par les classes moyennes dont l’intérêt est de maintenir l’ascenseur social en panne.

       

       

       

       

  10. Tiens, mon commentaire a été coupé… Trop long sans doute.

     

    Voici la fin (car je garde une copie, hi hi):

    N’est-ce pas cela que cet homme voulait dire ? Alors depuis, je me pose la question : le problème est-il culturel seulement ? Est-il ethnique voire racial ? Les deux ?
    Pour ma part, je ne sais plus trop quoi penser. Et que faire lorsque la couleur de peau devient une référence culturelle ? Je pense là au CRAN, qui considère que le fait d’être noir est en
    soi une identité, alors qu’un noir peut être africain ou antillais, chrétien ou musulman, Sénégalais ou Congolais. N’est-ce pas justement une vision essentialiste de la culture qui se développe,
    drapée dans les oripeaux de l’antiracisme ? Patrick Lozès, fondateur du CRAN, a quand même été sollicité pour un rapport officiel sur les minorités et les discriminations. On croit
    rêver.

     

    Une remarque quand même sur “les enseignants qui enseignent le relativisme culturel”. Je peux comprendre qu’on soit remonté contre les enseignants qui par ailleurs font partie des “classes
    moyennes” pour lesquelles tu n’as guère d’indulgence (mais qui, si je te lis bien, défendent leur intérêt, comme toute classe sociale). Mais il faut quand même rappeler que nous (puisque j’en
    suis comme dirait l’autre) sommes des fonctionnaires: on enseigne ce que le ministère nous demande d’enseigner. J’ai un avis, et c’est normal, sur ce qu’on me demande de faire. Mais cet avis est
    personnel, et je suis un exécutant, rien de plus.

     

    A propos des classes moyennes tu as écrit quelque part “classes moyennes boboisées”. Sous-entendais-tu qu’il y aurait des classes moyennes qui ne sont pas “boboisées”? Ou bien est-ce que “bobo”=
    classe moyenne? Je pinaille, mais comme tu le sais, les mots sont importants.

    • Descartes dit :

      Tiens, mon commentaire a été coupé… Trop long sans doute.

      C’est ça, ou c’est le serveur over-blog qui a des problèmes. Ce ne serait pas la première fois. 

      N’est-ce pas justement une vision essentialiste de la culture qui se développe, drapée dans les
      oripeaux de l’antiracisme ? Patrick Lozès, fondateur du CRAN, a quand même été sollicité pour un rapport officiel sur les minorités et les discriminations. On croit rêver.

      Oui, tout à fait. Le problème est que “l’essentialisme” est une bonne affaire. En utilisant la mauvaise conscience de l’homme blanc, les gens comme Lozès obtiennent des
      postes, des missions et du temps médiatique. Ce qui encourage une certaine surenchère sur la question. C’est d’ailleurs cette même “mauvaise conscience” qui fait qu’on excuse de la part de ces
      mouvements des déclarations qui sont clairement racistes, alors que les mêmes bobos crient au “racisme” à la moindre incartade de Guéant ou de Le Pen.

      Mais il faut quand même rappeler que nous (puisque j’en suis comme dirait l’autre) sommes des
      fonctionnaires: on enseigne ce que le ministère nous demande d’enseigner.

      Vraiment ? Allons… même si les enseignants sont des fonctionnaires, ils ont une certaine tendance à
      oublier qu’un fonctionnaire est tenu d’appliquer la politique décidée par le gouvernement lorsque cela les arrange. On a vu beaucoup de “résistants” qui ont refusé de lire la lettre de Guy Mocquet rien que pour emmerder notre président. Je ne me souviens pas qu’il
      y ait beaucoup pour refuser publiquement les consignes qui propagent le “rélativisme culturel” en question. Tu as raison de rappeler que les enseignants ne sont qu’une partie du problème. Mais
      n’allons pas plus loin.

      A propos des classes moyennes tu as écrit quelque part “classes moyennes boboisées”.
      Sous-entendais-tu qu’il y aurait des classes moyennes qui ne sont pas “boboisées”?

      Bien entendu. Les classes moyennes ne sont pas une essence immuable. Celles des années 1970 ne sont pas
      tout à fait les mêmes que celles d’aujourd’hui. La boboisation est le processus qui a produit les classes moyennes telles qu’elles sont aujourd’hui…

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