Mélenchon saute sur Hénin-Beaumont

On peut dire beaucoup de choses de Mélenchon, mais il faut lui reconnaître une qualité: il domine à la perfection les ressorts de la politique groupusculaire. Il a parfaitement compris combien il est nécessaire, dans la société du spectacle qui est la notre, d’occuper le terrain médiatique. Si le spectacle s’arrête, il disparaît rapidement de la mémoire des spectateurs et il est remplacé par un autre. Il n’y a pas si longtemps, Besancenot était le jeune espoir de la “gauche radicale”, promis au plus brillant des avenirs. Aujourd’hui, qui s’en souvient ?

Mélenchon a bien compris que la perte de son statut de candidat présidentiel risquait de le pousser rapidement vers l’oubli. Co-président d’un parti de quelques milliers d’adhérents, député européen parmi 78 autres, il pouvait difficilement à ce titre réclamer une place de choix au fenestron. Après la campagne présidentielle, l’intérêt des français se déplace vers les élections législatives et la formation du nouveau gouvernement. N’étant pas en ligne pour faire partie du second, le seul moyen de rester sous le feu des projecteurs est donc de se présenter aux premières. Mais pas n’importe où: Mélenchon candidat à Trifouillis-le-Canard aurait certainement une haute visibilité pour les canardotrifouillois, mais certainement pas au niveau national. Il faut donc choisir une circonscription qui attire les journalistes. Ce sera donc Hénin-Beaumont, dans le pas de Calais. Charmante cité qui, outre sont haut beffroi, ses hauts terrils et son taux de chômage lui aussi d’une hauteur considérable, présente l’incomparable avantage d’être la terre d’élection d’une autre star médiatique, j’ai nommé Marine Le Pen. Et pour appâter la presse, on nous annonce déjà du côté de l’équipe Mélenchon que le combat sera “homérique”.

Je vous avoue que cette affaire me laisse perplexe. Et tout d’abord, parce qu’elle est symptomatique de la manière de fonctionner du Front de Gauche en général, du PG en particulier, et de l’équipe Mélenchon en dernière instance. Une manière de fonctionner qui se distingue par la plus grande imprévision et le plus total opportunisme. Car il n’était pas besoin d’être grand sorcier pour prévoir, lorsque Mélenchon a été investi en juin 2011, qu’on en arriverait là. A l’époque, les membres du Front de Gauche avaient discuté pendant plusieurs semaines les candidatures aux élections législatives. Personne ne s’est posé la question du “cas” Mélenchon ? Ces gens-là croyaient-ils vraiment que Jean-Luc serait élu président de la République ? Comment se fait-il que personne n’ait fait un minimum de prospective, de manière à éviter les flottements, les rumeurs et les contre-rumeurs auxquelles cette affaire est en train de donner lieu ? Etait-ce la peine d’investir sur la 11ème circonscription du Pas-de-Calais un candidat, le communiste Hervé Poly, secrétaire fédéral (1), qui depuis des mois travaille la circonscription pour, à quatre semaines du scrutin, parachuter quelqu’un qui n’a la moindre trajectoire sur la circonscription sur le mode “ôte toi de là que je m’y mette” ? N’aurait-on pu réfléchir avant ?

Non, de toute évidence, on ne peut pas. Le Front de Gauche est une éternelle improvisation, chacun essayant de jouer ses “coups” en fonction des possibilités qui se présentent. La candidature législative de Mélenchon n’obéit à aucune vision de long terme. Qu’on ne me raconte pas que le but est de “combattre la figure de proue du FN”. Si tel était le cas, on aurait pu préparer cette candidature depuis des mois voire des années. Jean-Luc aurait pu se présenter aux européennes, aux régionales et même aux cantonales dans le coin, pour préparer le terrain. Il n’en a rien fait. On est donc obligé de conclure que cette candidature est la réponse immédiate à une question immédiate: “qu’est ce qu’on peut bien faire pour rester en haut de l’affiche ?”.

Vous direz que je radote, mais je vais le redire quand même: la politique ne se réduit pas à des “coups” opportunistes. Cela demande un travail de fond sur le long terme. A Hénin-Beaumont, l’improvisation du Front de Gauche contraste désagréablement avec le travail de terrain systématique et de longue haleine entrepris par le Front National sur cette circonscription. Depuis que Marine Le Pen a choisi de s’y installer en 2007, elle ne s’est jamais présenté à une élection ailleurs et détient tous ses mandats dans la région: candidate aux législatives à Hénin-Beaumont en 2007, aux municipales en 2008, député européenne de la “grande région” nord-ouest (2009), conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais (2010). De l’autre côté, on parachute un candidat qui a été tour à tour sénateur de l’Essonne, député européen pour le Sud-Ouest (après avoir voulu être tête de liste à Paris…), tête de liste pour les régionales dans le Languedoc-Roussillon, et qui pour les législatives hésite entre Hénin-Beaumont, Paris et Marseille… franchement, si vous vouliez élire un député qui représente vos intérêts et ceux de votre circonscription à l’Assemblée Nationale, lui feriez-vous confiance ?

Ce nomadisme électoral, qui rappelle singulièrement celui de Jack Lang (2), est un manque de respect pour les électeurs. Un député – et donc un candidat – a des devoirs envers les électeurs qu’il sollicite. En se faisant élire député européen pour le Sud-Ouest, il s’est engagé à représenter cette circonscription au Parlement Européen. Que va-t-il dire à ces électeurs ? Qu’après mûre réflexion il est plus intéressant d’aller chasser la Marine que de défendre leurs intérêts ? Et après les avoir abandonné, quelle crédibilité auront les promesses d’amour éternel qu’il fera sans doute aux héninois ?

Descartes

(1) Il n’est pas inutile de rappeller que la fédération communiste du Pas de Calais est en conflit permanent avec la direction nationale du PCF depuis dejà plusieurs congrès. Faut dire que les pasdecalaisiens n’ont jamais avalé la “mutation” du père UbHue et ses séquelles. Ceci explique probablement pourquoi dans une circonscription éminemment “gagnable” la direction nationale du PCF préfère Mélenchon plutôt qu’un affreux orthodoxe comme Poly…

(2) Et qui est tout le contraire de la tradition ouvrière et communiste. Les dirigeants du PCF furent en général des hommes et des femmes d’une seule circonscription, qui n’ont que très rarement changé même lorsqu’ils étaient battus dans leur circonscription d’origine. Maurice Thorez fut toujours député de la Seine, Jacques Duclos député puis sénateur de ce même département, Georges Marchais fut député du Val-de-Marne de 1973 à 1997, et même Marie-George Buffet ne s’est jamais présentée ailleurs qu’en Seine-Saint-Denis.

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37 réponses à Mélenchon saute sur Hénin-Beaumont

  1. Nicolas 70 dit :

    Mélenchon est affreusement moderne. Il a bien fait d’appeler son parti, le Parti de Gauche.

    Malgré ses beaux discours, son attitude montre une méconnaissance totale des milieux populaires et un grand mépris des citoyens.

    Imaginons la défaite de Mélenchon ou tout du moins une Le Pen  le devançant. L’auto proclamé porte-parole des milieux populaires, dans cette configuration, n’accentuerait-il pas l’idée que
    le peuple, c’est la Marine ?

    • Descartes dit :

      Malgré ses beaux discours, son attitude montre une méconnaissance totale des milieux populaires et un grand mépris des citoyens.

      Oui. Mélenchon a une vision romantique du peuple qui caractérise l’extrême gauche. Il aime les ouvriers, mais ce sont des ouvriers imaginaires, sortis des livres de Zola. Il n’a guère de
      tendresse pour les ouvriers réels, qui peuvent être racistes, égoïstes, désorientés, en un mot, humains. Mais cette candidature va bien plus loin que la méconnaissance. En fait, j’ai l’impression
      que Mélenchon se fout de ces gens-là. Tout ce qui l’intéresse, c’est de faire un “coup”.

  2. “Mélenchon saute sur Hénin-Beaumont”

    Qu’il s’écrase donc… Que mérite-t-il de plus?

    • Descartes dit :

      Que Mélenchon s’écrase, c’est son problème. Ce qui m’inquiète, c’est qu’il risque d’entrainer dans sa chute l’ensemble des espoirs d’une gauche “différente”.

    • Descartes dit :

      A moins que vous ayez des moyens pour lire les pensées de Mme Le Pen et les miennes, vous ne pouvez pas dire qu’elle pense comme moi. Tout au plus qu’elle dit la même chose que moi…

      Mais comme disait l’autre, ce n’est pas parce que Mme Le Pen dit qu’il fait jour à midi que je vais dire le contraire. Dans cette affaire, la présidente du FN ne fait que constater une évidence:
      que Mélenchon cherche à faire un “coup” médiatique. J’aurais du mal à lui donner tort…

  3. Sonia Bastille dit :

    Bonsoir Descartes,

    Jean-Luc Mélenchon qui annonçait la “révolution citoyenne” pour bientôt sauf qu’il avait oublié qu’une révolution ne s’annonce pas, ne se décréte pas ! Les citoyens électeurs l’ont ramené à sa
    juste place 11 % ! Un socialiste réformiste a été élu en l’occurence François Hollande et donc confirme qu’une majorité de Français et une large majorité des électeurs de Gauche ne croient pas à
    l’imminence d’une révolution en France ! Hélas les diatribes de Jean-Luc Mélenchon n’étaient que postures, plan-com servant le buzz sur le net et l’audience
    audiovisuelle ! Maintenant, Jean-Luc Mélenchon veut de nouveau en découdre avec Marine LePen, la candidate du FN qui est “son” “ennemi de confort” ! Mélenchon ira bien croisé le fer avec la
    leader du FN dans le Pas de Calais ! Ce duel sera plutôt du genre pugilat et se tranformera en combat de catch de cour d’école ! Buzz, audience, injures seront au rendez-vous du cirque
    médiatique ! Le débat sera comme d’habitude au ras des paquerettes ! L’éclairage des citoyens n’étant pas l’objectif ! Au vu des dernières élections nationales et locales, je dirai que Mélenchon
    a du souci à se faire pour gagner face à Marine LePen et il devra d’abord et avant tout devancer les autres candidats de gauche notamment le socialiste et là c’est pas gagné ! Vraiment pas gagné
    ! Hénin-Beaumont va devenir la capitale du cirque politique et des pâles gladiateurs de notre temps !

      

    De plus, il est quand même cocasse, que Jean-Luc Mélenchon, ancien Lambertiste (adversaire des pablistes et autres franckistes de la LCR) puis Mitterrandiste de
    gauche (proche de Joxe) épouse les thèses anti-racistes et anti-fascists les plus bobos des gauchistes pablistes et autres alternatifs libertariens ! Comme m’a dit cette après-midi un proche
    -Darthé-Payan, avec Jean-Luc Mélenchon, c’est le retour (et la victoire différée) de Dray et de SOS Racisme sur la gauche radicale et sur Jean-Luc Mélenchon lui-même, avec toute leurs
    pensées moralisantes et moralisatrices oubliant le combat social, républicain, national, laïque !

     

    Que Jean-Luc Mélenchon ne voit pas que Marine LePen prospère là où la gauche mais aussi la droite à laisser perdurer la désindustrialisation, le désert rural et
    agricole, la baisse du pouvoir d’achat, l’enfoncement du marché intérieur, les conséquences gravissimes des choix européistes de la gauche (et aussi de la droite), du recul de la république
    et de la sûreté (quartier, école, institutions,…) en dit long sur la déliquescence de cette gauche radicale sur le plan politique et de son rapport avec les citoyens et les difficultés
    concrètes du pays !

    Cette orientation exclusivement anti-FN, de Jean-Luc Mélenchon,  ne sonne-t-elle pas le glas des espoirs du PG et du FDG ?

    • Descartes dit :

      Ce duel sera plutôt du genre pugilat et se tranformera en combat de catch de cour d’école ! Buzz, audience, injures seront au rendez-vous du cirque
      médiatique !

      Même pas. Mélenchon se fait à mon avis beaucoup d’illusions sur la manière dont se passe une campagne législative sur le terrain en province – et je sais de quoi
      je parle. Ce n’est pas comme dans une campagne présidentielle, ou l’on a des meetings avec des dizaines de milliers de personnes et une couverture médiatique. Ce sont des réunions dans les
      arrière-salles des cafés où, avec beaucoup de chance, on arrive à avoir cinquante personnes. Ce sont des tractages interminables sur les marchés des petites communes de la circonscription. Et une
      couverture médiatique proche de zéro.

      Ce que je crains, c’est l’escalade. C’est que pour faire mousser, d’un côté et de l’autre on aille au contact physique: provocations, bagarres entre colleurs et
      distributeurs de tracts, perturbation des réunions publiques de l’autre côté. Je ne m’en fais pas trop pour les militants communistes, qui sont relativement disciplinés et savent comment gérer ce
      genre de situation. Mais des incidents de ce type avec des jeunes militants peu encadrés et peu disciplinés, comme le sont ceux des autres organisations du Front de Gauche, c’est la recette pour
      un désastre. Si j’était directeur de campagne, c’est à cette question que je consacrerais le plus d’attention.

      Au vu des dernières élections nationales et locales, je dirai que Mélenchon a du souci à se faire pour gagner face à Marine LePen et il devra d’abord et avant
      tout devancer les autres candidats de gauche notamment le socialiste et là c’est pas gagné !

      Tout à fait. D’autant plus qu’il apparaîtra aux électeurs socialistes comme le traître qui après avoir quitté le PS vient chasser sur leurs terres, et pour tous
      comme le parachuté qui change de circonscription à chaque élection, là ou le FN a fait un travail de fond. Franchement, plus je réflechis à ce projet, plus je me demande comment l’entourage de
      Jean-Luc a pu l’encourager à commettre pareille folie.

      Cette orientation exclusivement anti-FN, de Jean-Luc Mélenchon,  ne sonne-t-elle pas le glas des espoirs du PG et du FDG ?

      Non. Le glas a sonné bien avant, lors de la rédaction du “programme partagé” pour être précis. C’est à ce moment-là qu’on aurait du réflechir de manière globale au
      projet qu’on voulait défendre et à la stratégie qu’un tel projet sous-tendait. On a préféré rédiger un catalogue de mesures pour faire plaisir à tout le monde, et on s’est convaincu que ce
      n’était pas la peine de discuter stratégie puisque la tactique suffirait pour “passer devant le PS”. En fait, on n’a jamais réflechi à ce qu’on ferait après la présidentielle, et notamment
      comment gérer le problème des rapports avec le PS. Ceux qui ont volu en parler se sont vu intimer le silence et accusér de défaitisme.

      Aujourd’hui, l’après-présidentielle, nous y sommes. Et nous y sommes les mains vides. Comme on n’a pas réflechi à un véritable projet avec de véritables priorités
      et des mesures réalisables, on ne sait même pas poser une liste des mesures prioritaires qui rendraient possible le soutien ou même d’une participation au gouvernement, et les lignes rouges qui
      rendraient ce soutien et cette participation impossible. La seule ligne politique du Front de Gauche est “on verra bien quand on y sera”. Et bien, on ne verra rien du tout. Ces choses-là
      demandent de la réflexion, de la consultation, bref du temps. Et le temps nous manque: le PS n’attendra pas que nous nous décidions pour préciser à l’opinion ce qu’il compte faire comme
      politique, et une fois qu’il l’aura précisé, il ne se dédira jamais. S’il y a un moment où on aurait pu peser, c’est maintenant, avant qu’Hollande nomme son premier gouvernement. Après, la
      “gauche radicale” aura le choix entre se soumettre ou se marginaliser.

      Reste à espérer que la tarte que le Front de Gauche ne manquera pas de se prendre dans les prochaines semaines calmera Mélenchon et son entourage, et que ceux-ci
      comprendront finalement qu’on ne bâtit pas de hautes tours sans bases solides. On peut toujours rêver…

  4. morel dit :

    Bonjour cher Descartes, le « billard » m’a laissé « aphone ». Faut-il rendre grâce à JLM de me redonner de
    la « voix » avec sa décision de législatives ? Hénin-Beaumont ! Les bras m’en tombent !

    Assez de cirque ! Sommes-nous condamnés à tourner en rond ?

    Aucun mal pour dire avec vous, et je suis suffisamment appris pour le savoir : rien ne vient si l’on ne cultive pas
    patiemment, jour après jour, avec soin dirais-je son terrain. L’adhésion d’une majorité vient après.

    J’avais pensé qu’avec le résultat obtenu aux présidentielles qui est loin d’être déshonorable mais ramenait « sur
    terre » les rêveurs une réflexion pouvait s’engager et j’ai le sentiment que c’est pour couper court à celle-ci que la fuite en avant intervient….

    J’abhorre le Lepénisme comme une escroquerie à l’égard des salariés. Son histoire s’inscrit à l’opposé du mouvement ouvrier.
    Tout honnête homme peut d’ailleurs constater que la dernière phase de la campagne démontre où est son penchant naturel, le désistement majoritaire de ses électeurs mettant les points sur les
    « i ».

    Autre enseignement de ces élections, la prégnance de la division droite/gauche quelque soient nos sentiments.

    Pour ma part, appuyer sur la permanence de nos revendications syndicales en toute indépendance, c’est la suite.     

    • Descartes dit :

      Aucun mal pour dire avec vous, et je suis suffisamment appris pour le savoir : rien ne vient si l’on ne cultive pas patiemment, jour après jour, avec soin dirais-je son terrain. L’adhésion
      d’une majorité vient après.

      Tout à fait. De Poujade à Besancenot, on ne compte plus les feux de paille qui n’ont pas eu de postérité parque qu’on a été incapable d’institutionnaliser le mouvement et de l’implanter dans la
      durée. Comme disait le sage, “le temps se venge de ceux qui font sans lui”. Il faut être très puéril pour croire qu’on peut se lever le matin, faire la révolution et être de retour pour l’heure
      du thé.

      J’avais pensé qu’avec le résultat obtenu aux présidentielles qui est loin d’être déshonorable mais ramenait « sur terre » les rêveurs une réflexion pouvait s’engager et j’ai le sentiment que
      c’est pour couper court à celle-ci que la fuite en avant intervient…

      La “fuite en avant” tient à la fragilité du FdG. Mélenchon a bien compris que le FdG est une armée gauloise, dont la cohésion n’est maintenue que par sa propre dynamique. C’est un peu comme une
      byciclette: si elle s’arrête d’avancer, elle tombe. Sauf que contrairement à une byciclette, c’est moins la vitesse réelle que l’impression de vitesse qui compte. Il faut donner en permanence
      l’impression aux militants qu’on progresse à pas de géant, autrement ils sont capables de se sauter à la gorge les uns des autres. A défaut d’avoir forgé une base politique et institutionnelle
      commune, Mélenchon est condamné à appliquer la devise théâtrale: “le spectacle doit continuer”.

      Autre enseignement de ces élections, la prégnance de la division droite/gauche quelque soient nos sentiments.

      Tout à fait.

  5. “Ce qui m’inquiète, c’est qu’il risque d’entraîner dans sa chute l’ensemble des espoirs d’une gauche “différente”.”

    Quelle gauche “différente”? Pardon, mais tes articles servent essentiellement à montrer que, justement, il n’y a pas de gauche “différente”.

     

    Récapitulons, arrête-moi si je me trompe:

    Le PS continue à sacrifier aux mânes de Tonton pour lequel tu nourris un fort ressentiment, ce qui est compréhensible pour un ancien militant communiste qui a vu son parti devenir le dindon de la
    farce après 1981 (peut-être même avant).

    Chevènement a de bonnes analyses, c’est un grand républicain, mais il paraît être sur le déclin. Prépare-t-il au moins sa succession à la tête de son courant?

    Les gauchistes de LO et du NPA, n’en parlons pas, ces gens-là ne veulent pas le voir… Parfois, on ne sait même pas trop ce qu’ils veulent. Besancenot parlait si j’ai bonne mémoire de
    “révolution démocratique” lors d’une émission en 2007. Mais pour cela, encore faudrait-il tenter de gagner un scrutin…

    Avec la direction du PCF, tu es très sévère. Si j’ai bien compris, Robert Hue (le “père UbHue”) est responsable à tes yeux d’avoir saccagé le parti avec sa prétendue mutation ou modernisation,
    poursuivie par Buffet puis Laurent.

    Comme tu l’as expliqué à plusieurs reprises, Mélenchon est un ancien gauchiste (gauchiste un jour, gauchiste toujours), un bébé du mitterandisme, le chef d’un parti dont l’essentiel des
    bataillons se recrute parmi les classes moyennes honnies, un stratège uniquement préoccupé de faire des “coups”. C’est bien ce que tu as écrit. Comme par ailleurs tu dis souvent n’avoir plus
    l’âge de nourrir des illusions, et que tu reproches souvent à d’autres leur optimisme, j’avoue que le mot “espoir” sonne bizarrement sous ta plume. Qu’attendais-tu de Mélenchon alors que tout
    dans son parcours personnel le prédisposait à devenir ce qu’il est?

     

    Par ailleurs, tu es le même qui a écrit que Nicolas Sarkozy n’avait pas que des défauts (ce qui est vrai). Tu as même considéré son action dans certains domaines plutôt positive (“l’un des
    présidents les moins européistes qu’on ait eu” si je me souviens bien). Tu fais grand cas de Henri Guaino, tu parais aussi être un admirateur de de Gaulle. Et tu sembles assez bienveillant à
    l’égard de Nicolas Dupont-Aignan. Avec tout cela, peut-être est-il temps de se tourner vers la droite…

    • Descartes dit :

      Quelle gauche “différente”? Pardon, mais tes articles servent essentiellement à montrer que, justement, il n’y a pas de gauche “différente”.

      Mais en incorrigible optimiste, je garde l’espoir qu’il puisse un jour en avoir une…

      Le PS continue à sacrifier aux mânes de Tonton pour lequel tu nourris un fort ressentiment, ce qui est compréhensible pour un ancien militant communiste qui a vu son parti devenir le dindon
      de la farce après 1981 (peut-être même avant).

      Je proteste. Que Mitterrand ait vampirisé le PCF, c’est pour moi le moindre de ses pêchés et je lui pardonnerais volontiers. Ce que je ne puis lui pardonner, c’est d’avoir trahi l’espoir de
      millions de gens, d’avoir ouvert la porte en France au “fric et paillettes” du libéralisme, d’avoir sacrifié la souveraineté à la construction européenne. Des pêchés bien plus graves qu’une
      simple escroquerie politique.

      Chevènement a de bonnes analyses, c’est un grand républicain, mais il paraît être sur le déclin. Prépare-t-il au moins sa succession à la tête de son courant?

      Je crains que non. C’est l’une des choses qui m’inquiètent. Les derniers grands républicains disparaissent sans avoir formé une relève.

      Avec la direction du PCF, tu es très sévère. Si j’ai bien compris, Robert Hue (le “père UbHue”) est responsable à tes yeux d’avoir saccagé le parti avec sa prétendue mutation ou
      modernisation, poursuivie par Buffet puis Laurent.

      Exacte. Mais il serait injuste de rejeter sur Hue toute la faute: il ne fut que l’instrument des “notables” et de l’appareil, dont le seul souci était de sauver leurs peaux dans la débâcle.

      et que tu reproches souvent à d’autres leur optimisme,

      Je ne reproche à personne son optimisme. Je l’envie, au contraire…

      j’avoue que le mot “espoir” sonne bizarrement sous ta plume.

      Pourquoi ? Je suis naturellement pessimiste (suivant l’adage selon lequel “l’optimiste et le pessimiste arrivent au même endroit, mais le pessimiste arrive content”), mais je n’ai jamais été
      désespéré. Au contraire, j’ai une confiance infinie dans la capacité de l’être humain de résoudre les problèmes.

      Qu’attendais-tu de Mélenchon alors que tout dans son parcours personnel le prédisposait à devenir ce qu’il est?

      Même si on connait la puissance des déterminants de classe et de parcours, on sait qu’il y a toujours une possibilité qu’on arriveà s’en affranchir. Des gens dont le parcours et l’origine
      “prédisposaient” à devenir des fieffés réactionnaires ont réussi à tromper le destin. Peut-être que mon estime personnelle pour Mélenchon m’a fait espérer en lui plus qu’il ne pouvait donner…

      Tu fais grand cas de Henri Guaino, tu parais aussi être un admirateur de de Gaulle. Et tu sembles assez bienveillant à l’égard de Nicolas Dupont-Aignan. Avec tout cela, peut-être est-il temps
      de se tourner vers la droite…

      Certains de mes lecteurs facétieux te diront que c’est dejà fait… mais plus sérieusement, qu’est-ce que tu appelles “se tourner vers la droite” ? J’ai plusieurs fois écrit ici combien le fossé
      “droite/gauche” avait peu de signification pour moi. J’ai les idées que j’ai, et je laisse les marchands d’étiquettes décider si elles sont “de droite” ou “de gauche”. Du point de vue pratique,
      si demain une organisation catégorisée “à droite” proposait un projet qui m’agrée, je n’hésiterais pas un instant à m’y engager et le fait qu’elle soit cataloguée chez les affreux ne me
      découragerait pas le moins du monde. Mais pour le moment, je ne vois pas une telle organisation à l’horizon.

  6. lucapievic dit :

    Bonjour à vous M. Descartes,

    Découvert votre blog ce matin; vos analyses, tant sur  le fond que la forme, m’ont permis d’y voir plus clair

    Cependant une interrogation, je vous cite ” (1) Il n’est pas inutile de
    rappeler que la fédération communiste du Pas de Calais est en conflit permanent avec la direction nationale du PCF depuis dejà plusieurs congrès” 

    Comment  expliquer  que  la FD ouvrière du Pas de Calais  se fasse une joie  de l’éviction de son
    secrètaire pour   Monsieur 11,11% ???

     -Le Parti communiste du
    Pas-de-Calais a approuvé à “une forte majorité” vendredi soir à Lens la candidature de Jean-Luc Mélenchon dans la 11e circonscription du département face à Marine Le Pen pour les
    élections législative. La cinquantaine de membres qui composent le comité fédéral du parti a
    voté à une très forte majorité pour une candidature de Jean-Luc Mélenchon, avec pour suppléant Hervé Poly”, … “Il y a eu quelques abstentions, mais pas de vote contre. Les
    représentants du parti ont voté à une très très forte majorité” pour le tandem Mélenchon-Poly –

    H.Poly de son côté n’a pas eu le temps de commenter sa joie  sur son blog .

    http://www.hervepolypcf62.com/

    • Descartes dit :

      Comment  expliquer  que  la FD ouvrière du Pas de Calais  se fasse une joie  de l’éviction de son secrètaire pour   Monsieur 11,11% ???

      Je ne sais pas. D’abord, il faudrait être sur qu’ils “s’en font une joie”. Ce n’est pas parce que l’Humanité ou le site national du PCF dit que “le PCF du Pas de Calais a approuvé à une forte
      majorité” que c’est le cas: en juin 2011, les documents du PCF avaient annoncé que “le Comité national a approuvé la candidature de Mélenchon à plus de 75% de ses membres” alors que presque la
      moitié des “membres” étaient absents (il s’agissait en fait de 75% des votants). Ensuite, on peut aprouver “à une forte majorité” sans la moindre “joie”, par exemple lorsque les
      instances nationales usent de la pression, de la menace ou plus banalement, proposent quelques sucreries en échange (par exemple, de négocier avec le PS des compensations pour les “notables” de
      la Fédération dans d’autres circonscriptions). Vous n’imaginez pas ce que peuvent être les négociations en coulisse dans ces contextes…

      Il ne vous a pas non plus échappé que la déclaration selon laquelle la fédération avait voté “à une large majorité” provient de Cathy Apourceau, membre de la direction nationale du PCF. Par une
      étrange coïncidence, elle a oublié d’indiquer les chiffres précises du vote, se contentant d’indiquer qu’il y eut “quelques abstentions” et pas de vote “contre”. Connaissant un peu le
      fonctionnement du PCF, je vais oser une petite hypothèse sur comment cela s’est passé: on commence par un bon discours des représentants de la direction nationale bien muscle disant combien il
      est important pour “l’avenir du Parti” d’approuver la résolution. Puis, après quelques heures de débat, quand tout le monde est fatigué, on passe au vote: on demande “qui est contre ?” (quelques
      mains courageuses se lèvent, tout de suite notés par la tribune, parce qu’au PCF “on ne vote pas contre le Parti”, c’est à dire, contre la direction), “qui s’abstient ?” (des mains dejà un peu
      plus nombreuses, parce que s’abstenir, c’est pas voter contre et vous risquez moins) et finalement “qui est pour ?”, des nombreuses mains se lèvent et on ne compte pas (“il est
      tard, on va pas perdre du temps, on voit bien que c’est majoritaire”). Ce qui ensuite permet, puisqu’on n’a pas pensé à compter les présents, de donner une petite prime au vote “pour”. Cette
      charmante méthode permet de compter comme ayant voté “pour” les absents. Et comme les absents, outre qu’ils ont toujours tort, représentent souvent entre le tiers et la moitié des membres des
      instances… Que voulez-vous, la démocratie au PCF, c’est avant tout une question de technique…

      Le fait que Poly soit le suppléant de Mélenchon, lui aussi, n’est pas neutre. Pour Poly et la fédération du Pas de Calais, ce n’est pas nécessairement une mauvaise affaire: Cela lui donne la
      possibilité de profiter d’une “locomotive médiatique” pour se faire connaître dans la circonscription et l’assurance d’avoir beaucoup de moyens pour faire campagne, ce qui permet de préparer une
      candidature pour plus tard, aux municipales par exemple.

      H.Poly de son côté n’a pas eu le temps de commenter sa joie  sur son blog .

      Peut-être que la joie est trop intense pour lui permettre d’utiliser un clavier ?

       

       

  7. LCH dit :

    Je lis votre blog régulièrement depuis bien des mois et j’en apprécie la teneur critique, éloignée du respect inconditionné que l’on peut avoir pour son “camp”. Il me semble que vous avez quand
    même une ligne directrice qui est attachée à des principes de réflexion (et peut etre d’action, avez-vous été activiste-ce n’est aucunement péjoratif sous ma plume- par le passé ?) comme la
    souveraineté, la république et un objectivisme droit dans ses bottes. C’est appréciable.

    Je réagis à votre poste du Mélanchon et son énième erreur de stratégie. Je ne comprends absolument pas mon geste d’avoir interchangé mon bulletin de NDA avec lui au 1er tour dernier, enfin si je
    le comprends et ça m’agace au plus haut point : en restant plus de 6 min dans l’isoloir (rétrospectivement c’est juste sidérant…) je me suis dit que quand même le Front de Gauche ça pouvait
    donner de l’élan à une gauche différente. Que certains aspects républicains de son discours avaient de la gueule. J’avais déjà été mis en garde par plusieurs de ses écarts notamment sur les
    “maréchalistes” qui veulent la sortie de l’euro, son incapacité à se rapprocher du courant chevènementiste ou de DLR, son incohérence fondamentale par rapport à l’UE qui posait sur ses
    propositions progressistes un doute fort. Mais quand même, j'”estimais” alors qu’un résultat entre 10 et 14% ça ne serait pas si mal.

    Là sa piteuse tentative de battre M. Le Pen dans le nord ne mérite pas grand chose à part une déception circonstanciée vis-à-vis d’un tel égarement (un de plus…).

    Maintenant en lisant vos derniers articles fort éclairants sur la lame de fond qui lime l’alliance de circonstance entre le PCF et le FDG je commence à sérieusement envisager que ce “Front” sera
    le cocu de l’histoire. Une tentative de bon aloi mais dégénérative en trop de points pour pouvoir receuillir les fruits de la crise historique que nous traversons. Je vois déjà le cirque se
    profiler : ressortir les exemples de Die Linke, de Syrisa, pour clamer haut et fort qu’il y a de la place et de la légitimité pour la gauche radicale. S’auto-satisfaire d’être les seuls à
    combattre le FN (par l’insulte et l’invective, très productif…) et dans la même veine ne pas voir que l’anti-racisme Drayien a fait son temps. C’est triste.

    Si je pense dorénavant que les souverainistes grouspuculaires (MPEP, DLR, MRC, UPR, etc) doivent s’unir et travailler vite et bien car l’urgence est là,  je crains qu’ils n’en soient
    capables. Bref, on aura un salut ou non, par un nouveau travestissement du PS. Ultime caricature d’une génération d’internationalisme abstrait et abscon et dernierchapitre d’une ère libérale
    caricaturale d’obscénité ?

    Mais jusqu’où va t-on descendre ?

    • Descartes dit :

      Je réagis à votre poste du Mélanchon et son énième erreur de stratégie. Je ne comprends absolument pas mon geste d’avoir interchangé mon bulletin de NDA avec lui au 1er tour dernier, enfin si
      je le comprends et ça m’agace au plus haut point : en restant plus de 6 min dans l’isoloir (rétrospectivement c’est juste sidérant…) je me suis dit que quand même le Front de Gauche ça pouvait
      donner de l’élan à une gauche différente.

      Eh oui… l’envie de croire est l’une des plus puissantes forces qu’on connaisse… Vous n’êtes pas le seul: nous avons tous, chaque fois que quelque chose de nouveau apparait, envie de croire
      que cette fois “c’est la bonne”. Et JLM a eu l’intelligence de reprendre dans le discours toute une série de références, d’expressions, de symboles qui sont chers à ceux qui ont milité dans les
      organisations du mouvement ouvrier. Mais il faut bien constater que derrière ce discours se cache une élaboration politique inexistante et une pratique politique typiquement gauchiste qui ne
      conduit nulle part.

      Si je pense dorénavant que les souverainistes grouspuculaires (MPEP, DLR, MRC, UPR, etc) doivent s’unir et travailler vite et bien car l’urgence est là,  je crains qu’ils n’en soient
      capables.

      Tant que le fossé “gauche/droite” empêche de se rencontrer et d’essayer de construire une plateforme commune, il y a peu d’espoir en effet. Je me demande si la tâche prioritaire de ceux qui
      aujourd’hui veulent construire un pôle républicain n’est pas de construire des passerelles sur le fossé en question.

       

  8. “Qu’est-ce que tu appelles “se tourner vers la droite”?”

    S’intéresser au discours, aux personnalités, aux actions de mouvements classés à droite ou qui se pensent comme tel. Il n’y avait de ma part ni reproche, ni jugement de valeur. La droite n’est
    pas le diable.

     

    “le fossé droite-gauche avait peu de signification pour moi”

    Pour moi non plus. Malgré tout, il reste opérant pour décrire la structure de l’échiquier politique. Tout le monde s’y réfère. On ne peut pas faire semblant de croire qu’il n’existe ni droite, ni
    gauche…

     

    “J’ai les idées que j’ai, et je laisse les marchands d’étiquettes décider si elles sont “de droite” ou “de gauche””

    Quand on y songe, certaines idées qui étaient hier de gauche sont passés à droite (voire un peu plus loin…) ou vice et versa. Prenons le régionalisme: il fut longtemps soutenu par la partie la
    moins sympathique de la droite. Aujourd’hui, les Verts sont sans doute le mouvement le plus régionaliste de l’échiquier politique, alors que, après la parenthèse Raffarin sous Chirac, Nicolas
    Sarkozy s’est plutôt montré jacobin et centraliste. Le jacobinisme était jadis très fort à gauche, il a bien décliné je trouve. Au contraire le FN a adopté un discours plus centralisateur
    qu’auparavant.

     

    Je réfléchissais justement “du point de vue pratique”. En fait, je ne comprends pas bien pourquoi tu t’acharnes à méditer et commenter la stratégie du FdG, du PG ou du PCF. Tu as dit que tu
    parlais dans tes articles de ce que tu connaissais, d’accord, mais il semble bien, à te lire, que les divergences l’emportent. Ton diagnostic comme les solutions que tu envisages me paraissent à
    bien des égards plus proches de celles de Chevènement ou de Dupont-Aignan. Or tu ne sembles pas t’intéresser plus que cela au MRC ou à DLR. Je m’en étonne c’est tout. Parfois, j’ai l’impression
    qu’au fond tu es convaincu que le Front de Gauche est foutu. Est-ce par affection pour Mélenchon que tu persistes à croire à un miracle? D’un point de vue rationnel, cet espoir insensé me
    surprend. D’ailleurs, dans ta réponse, tu m’écris que tu es optimiste au début, puis plus loin que tu es “naturellement pessimiste”. Les errements de Jean-Luc ont l’air de te troubler…  

    • Descartes dit :

      S’intéresser au discours, aux personnalités, aux actions de mouvements classés à droite ou qui se pensent comme tel. Il n’y avait de ma part ni reproche, ni jugement de valeur. La droite
      n’est pas le diable.

      Si c’est cela “se tourner vers la droite”, je peux dire qu’en ce qui me concerne c’est fait depuis longtemps. J’ai toujours trouvé idiot de s’intéresser seulement à une partie du spectre
      politique. Je suis partisan d’écouter tout le monde. Après tout, il faut connaître ses ennemis pour mieux les combattre. Et je dois dire que je trouve assez comique la réaction de certains qui
      pensent qu’il faut bannir du débat ceux qui ne pensent pas comme eux de peur qu’ils ne “sapent” leurs idées. Une idée qui peut être aussi facilement “sapée” ne mérite pas de vivre…

      Pour moi non plus. Malgré tout, il reste opérant pour décrire la structure de l’échiquier politique. Tout le monde s’y réfère. On ne peut pas faire semblant de croire qu’il n’existe ni
      droite, ni gauche…

      Bien sur que non. Le fossé gauche/droite est un peu comme Dieu: il n’existe pas, mais il ne détermine pas moins les réactions des certains gens.

      Je réfléchissais justement “du point de vue pratique”. En fait, je ne comprends pas bien pourquoi tu t’acharnes à méditer et commenter la stratégie du FdG, du PG ou du PCF.

      D’une part, comme tu le relèves, parce que c’est ce que je connais le mieux, et je peux donc apporter à mes lecteurs des informations à la fois exactes et utiles. Mais il y a une autre raison: je
      suis profondément “institutionnaliste” dans ma réflexion. Je ne crois pas qu’il soit possible d’exercer une véritable action sur le réel sans avoir construit au préalable une institution qui
      permette de donner à cette action un cadre de symboles et de pratiques, une inscription dans une histoire. Or, nous ne sommes pas à une époque où il est facile de créer des institutions. Il faut
      donc essayer de se greffer sur une institution existante. Et le communisme reste, avec le gaullisme, une des rares institutions disponibles. Le MRC souffrent, comme DLR, de cet handicap: ils
      n’ont ni passé glorieux, ni références idéologiques, ni habitudes militantes auxquelles se référer.

      D’ailleurs, dans ta réponse, tu m’écris que tu es optimiste au début, puis plus loin que tu es “naturellement pessimiste”.

      Oui, je n’ai pas été très clair. Ce que je voulais dire, c’est que je reste structurellement optimiste (au sens que je crois en l’Homme et en sa capacité infinie d’invention pour résoudre les
      problèmes), même si je tends à être toujours pessimiste sur le court terme.

      Est-ce par affection pour Mélenchon que tu persistes à croire à un miracle?

      Certainement. Il est difficile d’accepter que qu’un ami, un être pour qui on a de l’estime – puisse à ce point se tromper.

  9. Ifig dit :

    Je suis d’accord avec toi que l’implantation locale est indispensable pour qui veut faire sérieusement de la politique (c’est-à-dire avec une visée de prendre le pouvoir.) Hollande en est un
    assez bon exemple qui a creusé pendant trente ans son sillon corrézien. Maintenant, toi qui es républicain, tu sais qu’un député n’est pas l’élu de sa circonscription mais un représentant du
    peuple dans son ensemble, et donc qu’on peut se faire élire où l’on souhaite. Mélenchon a utilisé cet argument d’ailleurs. Il me paraît un peu fallacieux, et représentatif de certaines notions
    républicaines abstraites qui ne fonctionnent pas bien dans le concret.

    • Descartes dit :

      Maintenant, toi qui es républicain, tu sais qu’un député n’est pas l’élu de sa circonscription mais un représentant du peuple dans son ensemble, et donc qu’on peut se faire élire où l’on
      souhaite.

      Je pense que tu simplifies à tort un problème complexe. Que le corps législatif dans son ensemble représente le peuple est indiscutable. Mais les députés, à titre individuel,
      représentent les électeurs qui les ont élus (c’est à dire, ceux de leur circonscription), et non “le peuple en général”. Tu remarqueras par exemple que lorsqu’un député fait son compte rendu de
      mandat, il le diffuse seulement dans sa circonscription, et non à l’ensemble du pays, ce qu’il devrait faire si ta théorie était vraie. Tu remarqueras aussi que lorsque les gens ont un problème,
      ils écrivent au député de leur circonscription, et non à n’importe quel député…

      Mais mon point visait plus le plan de la tactique que les questions de principe. Que Mélenchon se présente là ou cela lui chante ne me pose aucun problème de principe. Mais je me demande comment
      sera perçue la candidature d’un leader national qui à chaque élection change de circonscription, comparér à celle d’un autre leader qui après avoir choisi ce coin de France se présente à toutes
      les élections dans celle-ci. Le “nomadisme électoral” d’un Jack Lang qui à chaque fois a choisi sa circonscription pour des raisons de convenance électorale mais qui ne s’y est jamais attaché à
      la représenter correctement est un bon contre-exemple.

       

  10. Trubli dit :

    Dans un échange avec Joel halpern, vous écriviez que le problème du non au TCE est qu’il était porté par les deux extrêmes qui sont incapables de gouverner ensemble contrairement aux partisans du
    oui qui réprensent le centre de l’échiqiuer politique.

    Pour ma part je ne trouve pas que le problème se trouve principalement à ce niveau là. Je crois que l’attitude critique par rapport à l’Europe est porté par des hommes politiques à l’intérieur de
    l’ULMP et du PS. Mais ces personnalités (Myard, Séguin, Emmanueli, Montebourg, Fabius) n’arrivent pas à faire une OPA sur les deux partis majoritaires à l’instar de ce que les libéraux sont
    parvenus à réaliser au tournant de 1983.

    N’étant pas familier des formations politiques je ne sais pas à quoi leur échec est du. Est-ce parce que les militants ne les soutiennent pas, cf.  Montebourg qui arrive seulement 3e de la
    premaire socialiste ? Est-ce parce qu’ils sont mals organisés ou qu’ils ne croient pas assez en leurs chances ? 

    On a vu que sortir d’un parti majoritaire pour créer un parti de toute pièce capable de jouer la victoire présidentielle demandait un travail de longue haleine sur des dizaines d’années. Mais ce
    n’est pas un effort vain car il n’est pas nécessaire d’être au pouvoir pour être au centre du jeu politique et pour imposer les sujets de société. ex : le poid idéologique d’EELV est sans commune
    mesure avec leur poids politique. 

    Pour que nos idées s’imposent je pense donc qu’il faut agir à deux niveaux. D’un il faut des partis structurés que le public entendra de plus en plus. Et de deux il faut infiltrer les partis de
    gouvernement pour pouvoir en prendre le contrôle le jour où le contexte le permettra. 

    Le triomphe et le retour du libéralisme a été un long processus. Il y eu le traité de Rome que Rueff voyait comme un renouveau de la pensée libérale, puis l’expérimentation dans la Californie de
    Reagan, puis le test grandeur nature sur un pays, le Chili en 73, avant la consécration en 79 et 80 aux Etats-Unis/R.U puis 83 en France mais Giscard avait déjà commencé à préparer le terrain.
    Donc voilà la révolution ne peut se faire en un jour. Il y a eu dans la cas du libéralisme tout un travail d’intellectuels et d’universitaires en amont. 

    • Descartes dit :

      Mais ces personnalités (Myard, Séguin, Emmanueli, Montebourg, Fabius) n’arrivent pas à faire une OPA sur les deux partis majoritaires à l’instar de ce que les libéraux sont parvenus à
      réaliser au tournant de 1983.

      Certes. Mais pourquoi n’y arrivent-ils pas ? Parce que les “partis majoritaires” sont avant tout des machines électorales, dont les militants se déterminent en fonction de la capacité de leurs
      dirigeants à les conduire au pouvoir. Or, le pouvoir se conquiert en général dans des alliances “centrales” parce que pour gagner il faut arriver à détourner des électeurs du camp adverse.
      Crois-tu que Montebourg, Emmanuelli ou Fabius (ce dernier sur une ligne du “non”) auraient pu gagner l’élection présidentielle comme vient le faire Hollande en captant une partie du vote
      centriste ? Faut pas rêver…

      Le triomphe et le retour du libéralisme a été un long processus.

      C’est un très bon exemple. Les libéraux ont commencé à renouveller leur pensée dès la fin de la seconde guerre mondiale, avec les travaux de la Société du Mont Pélérin (fondée par Hayek en 1947)
      et autres groupes de réflexion. Ces gens ont travaillé, travaillé, travaillé trente ans pendant lesquels le keynésianisme était dominant, pour produire un cadre idéologique cohérent et réaliste
      qui puisse servir de guide le jour ou. Ils sont restés en embuscade, profitant de chaque opportunité pour diffuser leurs idées. Et lorsque la crise du modèle des “trente glorieuses” a commencé,
      ils étaient prêts à proposer un modèle opératoire alternatif.

      Si la “gauche radicale” avait fait ce travail ces dernières années, si elle avait essayé de construire un modèle opératoire au lieu de perdre son temps à fabriquer des utopies “alter-“, la crise
      actuelle lui offrirait un boulevard.

       

       

  11. argeles39 dit :

    A une époque, il y a environ un ou deux ans, j’ai vraiment cru que le FdG était un bon outil pour prendre la relève d’un PCF moribond et pour dépasser une sociale démocratie totalement
    asservie à l’oligarchie et au néolibéralisme. J’ai commencé à douter quand Méluche s’est mis à sortir des conneries défiant l’entendement (la géothermie pour remplacer le nucléaire, le
    SMIC Européen……..), puis, avec les premières fiches du pseudo programme partagé et les comportements grotesques et agressifs de Méluche dans les médias, j’ai fini par faire une
    croix sur le FdG (abstention aux deux tours de la récente présidentielle, seul Chevènement aurait pu avoir ma voix mais malheureusement il n’est pas allé au combat…..).

    Tout ça pour dire qu’il y a déjà pas mal de temps que j’avais déchanté à propos de Méluche, mais j’avoue que quand j’ai entendu qu’il se présentait contre la fille Le Pen les bras m’en sont
    tombés, pour toutes les raisons que tu cites.

    Décidément le côté cabot de Méluche n’a pas de limites,  comme un vieux clown qui refuse de sortir des feux de la rampe il est prêt à tout pour que le show continue.

    Ceci-dit, je ne souhaite pas qu’il prenne une branlée à Henin-Beaumont mais si ça devait arriver j’espère que ça lui permettra de s’amender et de se mettre au travail.

     

     

  12. marc.malesherbes dit :

    dans une réponse (Réponse de Descartes aujourd’hui à 17h56), vous écrivez:
    “Les libéraux ont commencé à renouveller leur pensée dès la fin de la seconde guerre mondiale, avec les travaux de la Société du Mont Pélérin (fondée par Hayek en 1947) et autres groupes de
    réflexion. Ces gens ont travaillé, travaillé, travaillé trente ans …”

    je sais que c’est comme cela que l’on écrit aujourd’hui l’histoire enjolivée de ce début (avec le Chili de Pinochet, Reagan, Tacher …)
    Mais je présuppose que la réalité est assez différente: des économistes “marginaux au départ” défendaient des thèses plus favorables au capitalisme (le grand) car prônant moins de régulation
    (donc moins de limites aux profits) (ils étaient dans des universités US financée par qui ?)
    Quand la possibilité politique est venue avec Pinochet, ils ont été appelé pour “habiller” une pratique socialement régressive.Et l’idée a paru si bonne, que Reagan puis Tacher ont emboîté le
    pas.

    Autrement dit, on s’est servi d’eux, mais leur “travail, travail” n’est aucunement la cause de leur succès. C’est seulement le génie de capitalistes astucieux (ou d’hommes de com astucieux)
    d’avoir repéré ces doux illuminés (1) aux thèses si “adéquates” à leurs profits.
    Bref, j’aimerai avoir l’avis de quelqu’un qui connaît le sujet, et pas seulement par une quatrième de couverture, ou pour les “mythologiser”.

    (1) quand on voit, comme en 1929 ou mène l’absence de régulation financière, on peut vraiment les qualifier de “doux illuminés”.

    • Descartes dit :

      Mais je présuppose que la réalité est assez différente: des économistes “marginaux au départ” défendaient des thèses plus favorables au capitalisme (le grand) car prônant moins de régulation
      (donc moins de limites aux profits)

      Les thèses des néo-libéraux n’étaient ni plus ni moins “favorables au capitalisme (le grand)” que les thèses keynésiennes. Après tout, il ne faudrait pas oublier que Keynes a “sauvé” le
      capitalisme alors que les erreurs des libéraux l’avaient conduit au bord de l’abîme. A mon avis, vous êtes aveuglé par une conception manichéenne du capitalisme, qui devient chez vous une espèce
      de démon dans une confrontation entre le Bien et le Mal. Les keynésiens ne sont pas moins “capitalistes” que les néo-libéraux. Simplement, la théorie keynésienne répond à certains problèmes du
      capitalisme, alors que la théorie néo-libérale répond à d’autres.

      (ils étaient dans des universités US financée par qui ?)

      Hayek, lorsqu’il fonde la Société du Mont Pélérin, n’est dans aucune “université US”: il est devenu citoyen britannique et enseigne à la London School of Economics, ou il a pour collègues les
      keynésiens les plus distingués que sont Beveridge (le fondateur de la sécurité sociale britannique) et Laski. Il ne partira enseigner aux Etats-Unis qu’en 1950…

      Quand la possibilité politique est venue avec Pinochet, ils ont été appelé pour “habiller” une pratique socialement régressive.Et l’idée a paru si bonne, que Reagan puis Tacher ont emboîté le
      pas.

      Tu réécris l’histoire d’une manière qui finalement ignore la question de l’hégémonie idéologique, réduite à un simple “habillage” d’une politique décidée au préalable. Pinochet était un militaire
      qui ne connaissait rien à l’économie et qui au patronat chilien. Patronat qui avait une vision de ce qu’il fallait faire avec l’économie qui devait beaucoup aux travaux de l’Ecole de Chicago.
      L’idée que Pinochet avait sa propre politique économique et que les économistes de l’Ecole de Chicago n’étaient là que pour “l’habiller” est un peu primaire.

      Autrement dit, on s’est servi d’eux, mais leur “travail, travail” n’est aucunement la cause de leur succès.

      Si l’on suit ton raisonnement, ce n’est pas la peine de travailler un projet, un programme ou les théories qui les sous-tendent, puisqu’en politique ce n’est pas le travail qui paye.
      C’est “l’astuce” des hommes de com astucieux. Tu devrais adhérer au Front de Gauche…

      (1) quand on voit, comme en 1929 ou mène l’absence de régulation financière, on peut vraiment les qualifier de “doux illuminés”.

      Et pourtant, cette théorie s’est imposée ces trente dernières années dans tous les cercles intellectuels, à droite comme à gauche, jusqu’à devenir une “pensée unique”. Crois moi, ce n’est pas
      seulement un succès de la com. Tu devrais lire “La route de la servitude”, de Hayek, et tu comprendras peut-être pourquoi cette idéologie est si puissante. Mais il est vrai qu’il est plus facile
      de “demander l’avis de quelqu’un qui connait le sujet” (traduction: qui partage tes prejugés)…

  13. Trubli dit :

    Vous écrivez :

    “Ces gens ont travaillé, travaillé, travaillé trente ans pendant lesquels le keynésianisme était
    dominant, pour produire un cadre idéologique cohérent et réaliste qui puisse servir de guide le jour ou. Ils sont restés en embuscade, profitant de chaque opportunité pour diffuser leurs idées.
    Et lorsque la crise du modèle des “trente glorieuses” a commencé, ils étaient prêts à proposer un modèle opératoire alternatif.”

     

    En quoi y a-t-il de la cohérence dans leur “idéologie”. J’aimerais bien que vous m’expliquiez ce qui pousse à cette conclusion. Moi j’y vois plutôt une illusion de cohérence ou une “illusion de
    réalisme” car mettre en place les conditions d’un level playing field, d’une concurrence réellement non faussée et d’équilibre du rapport de force entre consommateurs et producteurs est une
    utopie. Le rêve d’une société 100% libérale où l’état n’interviendrait plus ne marche pas. Les libéraux ont depuis 30 ans saccagé beaucoup de choses qui fonctionnaient bien. Je les trouvent aussi
    dangereux que les alter.

    • Descartes dit :

      En quoi y a-t-il de la cohérence dans leur “idéologie”. J’aimerais bien que vous m’expliquiez ce qui pousse à cette conclusion.

      Relis Hayek. On peut ne pas partager les prémisses de son raisonnement. Mais une fois qu’on accepte les prémisses, ses conclusions en découlent logiquement. La pensée libérale n’est pas une
      pensée magique.

      Moi j’y vois plutôt une illusion de cohérence ou une “illusion de réalisme” car mettre en place les conditions d’un level playing field, d’une concurrence réellement non faussée et
      d’équilibre du rapport de force entre consommateurs et producteurs est une utopie.

      Vous mélangez deux choses différentes. Une théorie peut être “cohérente” (c’est à dire, ne pas contenir des contradictions logiques) et irréalisable. La théorie des marchés efficients n’est pas
      moins “cohérente” du fait qu’en pratique peu de marchés remplissent les conditions pour l’être.

      Les libéraux ont depuis 30 ans saccagé beaucoup de choses qui fonctionnaient bien. Je les trouvent aussi dangereux que les alter.

      Ils sont les deux faces de la même médaille: l’expression “libéral-libertaire” est à mon sens celle qui qualifie le mieux leurs rapports.

  14. Trubli dit :

    Finalement quelles sont les différences entre le “libéralisme” d’avant 1945 et celui qui s’impose à partir des années 70 ? Dans quelle mesure et en quoi se sont-ils renouvelés ?

    • Descartes dit :

      En fait, il n’y a pas de véritable différence, si ce n’est que le libéralisme d’avant 1945 était encore modéré par un paternalisme dérivé de la réligion, qui obligeait les “riches” à un certain
      nombre de gestes envers les “pauvres”.

      Une seconde différence est que les libéraux d’avant 1945 n’avaient pas les mêmes ennemis que ceux d’après. Les libéraux hayekiens ont été obligés de répondre aux objections keynésiennes.

  15. Petit clin d’oeil satirique sous forme de parodie chantée sur le Dallas Français : HÉNIN-BEAUMONT.

    JP DOUILLON HUMORISTE : http://douillon.canalblog.com.

    Bons Sourires

    JEAN PATRICK

  16. Pierre dit :

    Marie-George Buffet a été conseillère municipale de Chatenay-Malabry avant d’obtenir une circonscription en Seine-Saint-Denis.

    Je suis quant à moi également sceptique sur la candidature de Mélenchon à Hénin-Beaumont, bien que l’ayant soutenu pendant toute la campagne et continuant à soutenir la démarche de rassemblement
    engagée par le Front de gauche.

    Je pense que la grande clarification devra avoir lieu lors des prochaines européennes, car il ne sera plus possible de biaiser sur la question de l’Europe.

    • Descartes dit :

      Marie-George Buffet a été conseillère municipale de Chatenay-Malabry avant d’obtenir une circonscription en Seine-Saint-Denis.

      Vous avez en partie raison. Mais il ne s’agit pas de “nomadisme électoral”. Lorsqu’elle était élue municipale à Châtenay-Malabry, elle habitait la commune et travaillait au Plessis-Robinson. Elle
      exercera ce mandat de 1977 à 1983. Plus tard, elle est licenciée de son travail et déménage dans le 93, où elle sera élue députée quatorze ans plus tard, en 1997 (dans
      l’intervalle, elle sera conseillère régionale de l’Ile de France). Après une période de grâce aussi longue, on peut difficilement parler de “nomadisme électoral”…

      Je pense que la grande clarification devra avoir lieu lors des prochaines européennes, car il ne sera plus possible de biaiser sur la question de l’Europe.

      Je vous trouve bien optimiste… et ne partage pas cet optimisme. La capacité des gens à biaiser en politique est illimitée…

      La “clarification” n’aura lieu que sous la pression des évènnements. Si l’euro s’effondre, alors on sera obligé de prendre les réalités en compte. Le problème, c’est qu’on aura comme d’habitude
      perdu l’opportunité de réflechir à l’avance et on réagira par automatisme et à chaud. Tiens, un exemple: si demain la Grèce sort de l’Euro, que dira-t-on ? Quelle sera l’analyse du FdG ?

  17. stu dit :

    Tant que le fossé “gauche/droite” empêche de se rencontrer et d’essayer de construire une plateforme commune, il y a peu d’espoir en effet. Je me demande si la tâche prioritaire de ceux qui
    aujourd’hui veulent construire un pôle républicain n’est pas de construire des passerelles sur le fossé en question.

    Y a pas que le fossé gauche/droite. L’UPR et DLR une grande histoire d’amour… J’ai desfois l’impression que plus c’est groupusculaire et plus c’est sectaire.

    • Descartes dit :

      Y a pas que le fossé gauche/droite. L’UPR et DLR une grande histoire d’amour… J’ai desfois l’impression que plus c’est groupusculaire et plus c’est sectaire.

      Il faut d’abord bâtir des passerelles, mais bien évidemment cela ne suffit pas. L’étape suivante est celle de l’institutionnalisation, c’est à dire, la construction d’une organisation qui dépasse
      et trascende les personnes. La difficulté dans les petites organisations est que les personnalités tendent à prendre le pas sur l’organisation, ce qui conduit à la formation de petites “sectes”
      autour d’un leader éclairé. C’est un peu le même phènomène que le morcèllement féodal entre petits seigneurs. On ne peut combattre ce fractionnisme qu’en constituant une institution
      forte.

  18. J. Halpern dit :

    Concernant la discussion avec Trubli :

    “Crois-tu que Montebourg, Emmanuelli ou Fabius (ce dernier sur une ligne du “non”) auraient pu gagner l’élection présidentielle comme vient le faire Hollande en captant une partie du vote
    centriste ?”

    Ce n’est pas évident. le “vote centriste” ne représente pas grand chose. En revanche un mouvement souverainiste “central”, c’est-à-dire dégagé des tropismes gauchistes ou d’extrême droite, serait
    en mesure de recomposer en profondeur les électorats (un peu comme le gaullisme put le faire à certains moments). Mais malheureusement il y a de fortes raisons pour que celà ne se produise pas.
    Parce qu’au départ un appareil politique se construit autour d’un projet politique, quel que soient les arrivismes qu’il recouvre. Donc a priori un militant socialiste doit logiquement soutenir
    Hollande et un UMP Sarko ou Copé. S’il était sur l’orientation de Montebourg, il n’aurait probablement pas adhéré au PS… Il faut des conditions exceptionnelles pour déstabiliser ce
    conservatisme idéologique, ce “point de coordination tacite” qui est la raison d’être de l’UMP-PS. Il est donc normal que les politiques d'”entrisme” échouent.

    Sur le fond de votre discussion, je partage l’idée d’une complémentarité entre les discussions comme celles que nous menons (qui pourraient prendre une forme plus organisée), les tentatives de
    changement de l’intérieur des vieux partis, et une expression indépendante, comme celle de DLR ou du MRC en 2002, qui permettent de diffuser les idées républicaines au-delà des cercles militants.
    Le passage à une organisation unifiée, ou un “front” dépend en partie de circonstances non encore réunies et que nous ne maîtrisons pas.

    • Descartes dit :

      Ce n’est pas évident. le “vote centriste” ne représente pas grand chose.

      Bien sur que si. Pourquoi crois-tu que Hollande a gagné la primaire socialiste ? Il ne faut pas croire que le “vote centriste” se réduit au vote Bayrou. Il y a beaucoup d’électeurs socialistes
      qui sont “centristes”, et qui ne voteraient pas pour un candidat clairement marqué à gauche. Les 10% perdus par Bayrou entre 2007 et 2012 sont bien quelque part… et 10%, c’est pas mal: c’est
      presque autant que la “gauche radicale”…

      En revanche un mouvement souverainiste “central”, c’est-à-dire dégagé des tropismes gauchistes ou d’extrême droite, serait en mesure de recomposer en profondeur les électorats (un peu comme
      le gaullisme put le faire à certains moments).

      J’en suis moi aussi persuadé. Seulement, parce qu’un mouvement souverainiste ne peut être “centriste”, le rendre “central” implique qu’il puisse attirer des électeurs bien marqués à droite et à
      gauche (comme le fit De Gaulle, qui fut par exemple capable d’attirer une partie du vote communiste pour le référendum de 1958)

      Parce qu’au départ un appareil politique se construit autour d’un projet politique, quel que soient les arrivismes qu’il recouvre.

      Je n’en suis pas tellement persuadé. Enfin, je n’utiliserais pas le terme “arrivisme”, qui est péjoratif. Je lui prefère “ambition personnelle”. Ce qui fait l’unité des grands partis “centraux”,
      c’est leur capacité de satisfaire les ambitions personnelles de leurs cadres. Cela explique d’ailleurs pourquoi les jeunes cadres du PS continue à allumer des cierges aux mânes de Mitterrand:
      c’est l’homme qui a montré que le PS pouvait gagner, et donc distribuer postes et prébendes…

      S’il était sur l’orientation de Montebourg, il n’aurait probablement pas adhéré au PS…

      Pourquoi pas ? Après tout, Montebourg a bien adhéré au PS, et il y est resté alors même qu’il avait voté contre Maastricht…

       

       

       

       

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