Amiens, morne plaine…

Vous avez remarqué ? Les – rares – politiques de droite qui apparaissent ces jours-ci dans les étranges lucarnes ont l’air joyeux, reposé, libéré, en pleine forme. A contrario, les – rares – politiques socialistes apparaissent fatigués, contraints, préoccupés… Cela n’a rien de surprenant. Lorsqu’on est dans l’opposition, on peut se permettre les “faut qu’on…” et les “y a qu’à…”. Dans l’opposition, tout le monde a des idées brillantes sur ce qu’il faudrait faire pour résoudre les problèmes. Mais lorsqu’on a dans les mains les leviers du pouvoir et qu’on assume parallèlement la responsabilité des conséquences – et il faut reconnaître que de ce point de vue notre système institutionnel est bien fait pour que ce parallélisme soit maintenu – on n’est plus aussi libre. Dans l’opposition, on fonctionne suivant le principe de plaisir, alors qu’au pouvoir on ne peut échapper au principe de réalité.

Ce fonctionnement pose un sérieux problème: il empêche en pratique aux partis politiques d’ouvrir, lorsqu’ils sont dans l’opposition, un véritable débat sur ce qu’on pourrait faire pour résoudre les problèmes une fois arrivé au pouvoir. On se contente de dire aux électeurs ce que ceux-ci veulent entendre, quitte à découvrir, lorsqu’on arrive finalement aux manettes, que ce qu’on a dit est soit infaisable, soit excessivement coûteux, soit serait contreproductif. Or, il est difficile de faire aboutir une réflexion globale rapidement alors qu’on doit gouverner. Conséquence: sitôt élus les gouvernements sont contraints à s’embarquer dans des mesurettes symboliques présentées comme des grandes avancées pour occulter leur inaction générale qui laisse se perpétuer les mêmes politiques. Et cela alors que l’opposition crie à l’attentisme et les ses propres partisans à la trahison.

Pour la gauche, le domaine régalien est celui où cette problématique est la plus visible. D’autant plus qu’il existe bienpensance bien organisée, disposant de relais d’opinion puissants. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est le domaine par excellence ou les classes moyennes peuvent se donner bonne conscience en défendant – ou plutôt en faisant semblant de défendre – la veuve et l’orphelin. Et nous avons eu l’illustration évidente ces dernières semaines avec deux affaires emblématiques: celle des campements Rom, et celle des incidents d’Amiens.

La question des Rom est une question fort simple: voici une population qui vit misérablement dans son pays, et qui a une longue tradition de mobilité. Elle a donc tendance à se déplacer vers les pays plus riches, où elle survit sur une logique de prédation. La population de ces pays, qui vit de son travail, n’est pas d’accord pour accueillir chez elle des prédateurs (1). Et que nous proposent les bonnes âmes de la bienpensance ? Deux types de mesures: d’un côté, de créer des “villages d’insertion”, au prix estimé de 27.000 € par famille. Et d’un autre côté, d’ouvrir aux Rom la possibilité de travailler légalement en France. La première mesure n’est qu’une formalisation administrative du régime de la prédation, la seconde revient à introduire une offre de travail supplémentaire dans le segment des travailleurs peu qualifiés qui est dejà celui où le chômage est le plus fort. Il est illusoire de croire que cette population pourra trouver du travail sauf à “casser les prix” en acceptant des salaires inférieurs à la norme actuelle. Et la combinaison des deux mesures ne peut qu’avoir un effet évident, celle d’attirer encore plus de Roms vers notre pays, augmentant du coup le coût des dispositifs. Est-ce vraiment raisonnable ?

La question des Rom, comme beaucoup de questions liées à l’immigration économique, n’a pas de solution satisfaisante. Quelque soit la position éthique qu’on puisse prendre, dans le monde réel on ne peut demander raisonnablement au contribuable français de combler toute la misère du monde. A partir de là, on se trouve dans une impasse: toute mesure qui améliore le sort des Roms en France encourage d’autres à venir. Et le réservoir est inépuisable. La seule politique rationnelle est donc non seulement de combattre l’installation des Roms, mais d’afficher publiquement et sans ambiguïté ce combat pour dissuader ceux qui pourraient être tentés de venir. C’est exactement ce que fait Manuel Valls, et qui lui est amèrement reproché par toutes sortes d’associations caritatives qui soulignent, à juste titre, que l’on ne fait que continuer la politique de Sarkozy. Ce que ces gens ne veulent pas comprendre, c’est que si l’on continue la politique de Sarkozy – qui fut aussi celle de Chirac, Mitterrand, Giscard, Pompidou, De Gaulle… et ainsi jusqu’à Napoléon Ier – c’est parce que personne n’a été foutue d’inventer une politique qui soit en même temps plus humaine et réaliste.

L’affaire d’Amiens est encore plus révélatrice du poids de la bienpensance dans ces questions. Que s’est-il passé à Amiens ? Le décor: un quartier défavorisé, siège depuis des années de toutes sortes de trafics, et que les habitants considèrent “territoire libéré” de la police. Le 13 août dernier, la tension explose en émeute: quelques dizaines de jeunes affrontent les forces de l’ordre, une quinzaine de policiers sont blessés par des tirs de chevrotine et de jets de pierre, une école maternelle et un gymnase sont incendiés par les émeutiers.

Jusque là, les faits. Mais regardons comment ils sont décrits par cette grande voix de la bienpensance de gauche qu’est “Le Monde”. Dans son édition du 15 août, il y consacre une page. Voici ce qu’on peut lire:

Le quartier est en ébullition depuis le début du mois d’août. Mais la situation s’est brutalement dégradée après des incidents survenus lors d’un repas de deuil organisé dimanche par la famille de Nadir, 20 ans, mort jeudi 9 août dans un accident de moto. Assise dans le salon familial, la soeur de Nadir, Sabrina, 22 ans, raconte comment cette cérémonie a été troublée par les forces de l’ordre : ” Nous étions tous réunis sur la terrasse de la maison de ma grand-mère lorsque les CRS sont arrivés. Tout l’après-midi, ils rôdaient ici, mais nous n’avons pas fait attention à eux. “

Les policiers contrôlaient un jeune homme qui conduisait en sens interdit. ” Le contrôle a été très agressif. Mon père et mon oncle sont sortis pour leur demander de partir et de respecter notre deuil. Puis ça a dégénéré, la brigade anticriminalité nous a gazés avec des bombes lacrymogènes alors qu’il y avait des femmes et des enfants. “

On retrouve donc la vieille antienne justificatrice: s’il y a des émeutes, c’est la faute de la police. Mais approfondissons un peu. Un jeune, Nadir, est mort dans un accident de moto. La famille organise un repas de deuil. A côté, un jeune conduit en sens interdit. Un acte dangereux, qui peut provoquer un accident grave et même lui coûter la vie. Comme à leur propre fils. Et pourtant, le père et l’oncle de la victime sortent pour s’opposer au contrôle. Cela vous paraît-il raisonnable ? Si vous aviez perdu un enfant dans un accident, et vous voyez les policiers contrôler d’autres jeunes pour empêcher qu’un tel accident se reproduise, iriez-vous leur dire d’arrêter ? Ne seriez-vous pas au contraire tenté de les en féliciter ?

La mère de Nadir a une formule encore plus étrange: ” Avec les gendarmes mobiles, tout se passait très bien. Ce soir-là il n’y avait pas lieu de faire un contrôle. Ils sont venus nous provoquer comme des cow-boys. “. En d’autres termes, contrôler un conducteur qui conduit en sens interdit est une “provocation de cow-boys”. Elle, qui a perdu un fils dans un accident de la circulation, se considère “provoquée” lorsque les policiers essayent de prévenir de tels accidents. On est en plein délire.

En fait, si ces discours sont contradictoires, c’est parce qu’ils sont construits ad hoc et correspondent à ce que le journaliste veut entendre. C’est d’ailleurs pourquoi, émeute après émeute, on retrouve avec quelques petites variations le même discours à chaque fois, qui peut se résumer par “c’est la faute à la police qui ne nous respecte pas”. Un discours clairement contredit par les faits: si c’est la faute à la police, et seulement la sienne, pourquoi alors incendier des écoles, des bibliothèques, des gymnases et autres équipements publics ?

Lisons encore le journaliste de “Le Monde”, qui donne une première réponse: “Nawel, une amie de la famille qui ” considérait Nadir comme son fils “, est consternée par les scènes de violence : ” Ceux qui ont brûlé la salle de musculation ce ne sont pas nos jeunes. Ils y sont tous abonnés car il n’y a rien d’autre pour eux. “

Mais alors, quel rapport avec le contrôle le soir du deuil ? Pourquoi des jeunes venant d’ailleurs se seraient greffés sur une dispute entre la police et une famille d’un quartier qui n’est pas le leur ? Le journaliste fournit une explication intéressante:

Les jeunes des quartiers alentours se sont greffés aux affrontements. Amiens-Nord est régulièrement sujet à des pics de tension. En octobre 2010, une dizaine d’habitants avaient caillassé les policiers pendant une nuit, sans raison précise, ou connue. Un an plus tôt, en mai 2009, ce même quartier avait déjà été le théâtre de violences après la mort d’un jeune motard pourchassé par la police. En février, une voiture de la police municipale a été incendiée, puis un second véhicule a subi le même traitement, et une quinzaine d’habitants du quartier ont affronté les policiers à coup de projectiles.

Eh oui. Une fois qu’on sort du récit angélique de la famille en deuil injustement harcelée par la police, on retombe sur les fondamentaux: la raison, la véritable raison des affrontements, c’est une querelle pour les territoires. Les habitants du quartier mais aussi ceux qui viennent d’ailleurs et y font leur “bizness” ne veulent pas que la police “rôde” dans leur quartier. On a laissé s’installer dans les quartiers toute une économie souterraine, faite bien entendu de commerce de drogue, mais aussi de trafics en tout genre: voitures et deux-roues volés, écrans plats “tombés d’un camion”, faux papiers, utilisation de chéquiers volés, fraudes à la sécurité sociale, aux allocations familiales… Cette économie fait vivre de nombreux habitants. Comment dans ces conditions espérer que ceux-ci voient les interventions de la police d’un bon oeil ?

Dans la gauche bienpensante – et cela inclut la gauche radicale – il est article de dogme que les habitants des quartiers sensibles veulent le retour de l’Etat dans leur territoire. Pour y vivre, je peux vous dire que ce n’est pas le cas. Les habitants sont bien plus ambigus dans leur vision: d’un côté, ils voudraient voir revenir l’ordre, la sécurité et les services publics. D’un autre côté, ils se rendent parfaitement compte que le retour de l’ordre et la sécurité implique la fin d’un certain nombre de juteux trafics dont tout le monde bénéficie peu ou prou. Alors la police, oui… à condition qu’elle ne contrôle pas les gens. Que les gens concernés soient ambigus, on peut le comprendre. Ce qui par contre est plus détestable est que la gauche alimente cette ambiguïté avec un double discours. Il faut arrêter ce jeu de dupes et admettre que le contrôle est le prix que nous payons pour notre sécurité: je préfère mille fois que la police arrête mon fils s’il roule sans casque plutôt que d’aller le récupérer à la morgue après un accident. Et imaginer que des parents qui ont perdu un enfant dans un accident puissent être véritablement offensés ou provoqués par un contrôle de police routière, c’est se chercher un faux prétexte pour se déclarer offensé.

Que ces émeutes soient arrivés juste après que le ministre de l’intérieur ait annoncé que le quartier était “zone prioritaire” n’est pas de ce point de vue anodin. Les tenants de l’économie souterraine sont inquiets, et le font savoir. Et on sait que la gauche bienpensante fera pression pour continuer la politique qui a si bien réussi ces trente dernières années: laisser le territoire aux “grands frères” et leurs trafics en échange de la paix sociale. Si Manuel Valls devait reculer maintenant, c’en serait fini avant bien longtemps de toute tentative de reconquête républicaine de ces territoires. C’est pourquoi, quelque soient les cris pleurnichards de la gauche bienpensante, il faut le soutenir.

PS: Les partis de la “gauche radicale” ne se sont guère exprimés sur ces sujets. Il est vrai que, comme disait mon grand-père, la révolution est fermée pour congés d’été…

Descartes

(1) Le fait que les gens soient pauvres ne les empêche pas d’être prédateurs. La différence entre une économie de production et une économie de prédation est que l’économie de production est fondée sur la production de valeur par le travail, et l’économie de prédation est fondée sur la soustraction de valeur à celui qui la produit. Le vol, la mendicité sont des activités prédatrices.

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30 réponses à Amiens, morne plaine…

  1. Trouvant habituellement écho de mon avis dans
    tes lignes (je peux te tutoyer?) cette fois je n’ai pas la même vision que toi pour ce qui est des Roms.

    Tu parles d’une population qui survit par une logique de prédation. C’est là le problème.
    Ce n’est pas la population en question qu’il faut éliminer du territoire, mais la possible prédation.
    Je ne suis pas contre un durcissement des lois en ce sens, mais je m’oppose par contre a l’expulsion d’européen sous prétexte qu’il fait partie d’un certain peuple ou qu’ils ne vivent pas comme
    nous.  Il faut luter contre les actes d’incivilité et ceux qui les comettent ou les incitent, et non pas contre ceux qui font partie, a priori,
    d’un peuple enclin à cela.

    J’ai vécu 4 ans en Roumanie, ou les Roms sont très mal intégrés (ils sont rejetés par les Roumains et ils ne font pas d’efforts nécessaires a leur intégration). Ils sont souvent sédentarisés dans
    des villages Roms. L’intégration n’y est pas meilleure pour autant. Il est illusoire de penser que s’ils prennent le même mode de vie que nous (c’est à dire rester planter devant la télé, pour la
    plupart d’entre nous) ils auront aussi les mêmes valeurs et deviendront plus “fréquentables”.

    • Descartes dit :

      Trouvant habituellement écho de mon avis dans tes lignes (je peux te tutoyer?)

      Bien entendu…

      cette fois je n’ai pas la même vision que toi pour ce qui est des Roms.

      Dans une démocratie, le désaccord est normal et même enrichissant. Aucune raison de t’excuser. Examinons donc tes
      arguments:

      Tu parles d’une population qui survit par une logique de prédation. C’est là le problème.

      Tout à fait. Et j’insiste sur le fait qu’il s’agit d’une constatation économique, et non d’un jugement de valeur.

      Ce n’est pas la population en question qu’il faut éliminer du territoire, mais la possible prédation.

      Admettons. Mais comment tu réussis ce tour de force ? Si nous étions en situation de plein emploi et de forte croissance, il ne
      serait pas difficile de trouver des activités productives pour que les Roms – ou n’importe quel autre immigrant économique – puisse produire au moins autant de richesse qu’il n’en consomme. Mais
      tu l’auras remarqué, nous ne sommes pas en plein emploi ni en forte croissance. Donc ?

      Je ne suis pas contre un durcissement des lois en ce sens, mais je m’oppose par contre a l’expulsion d’européen sous prétexte qu’il fait partie d’un certain
      peuple ou qu’ils ne vivent pas comme nous.

      J’avoue que je vois mal ce que le terme “européen” vient faire là dedans. En quoi le fait d’expulser des européens serait éthiquement différent que d’expulser des
      latino-américains ou des asiatiques, par exemple ?

      Accessoirement, je ne vois pas qui a été expulsé pour “faire partie d’un certain peuple” ou pour “ne pas vivre comme nous”. Les gens qui sont expulsés le sont parce
      qu’il ne respectent pas les lois régulant le séjour et/ou l’occupation de terrains privés ou publics. Le fait de ne pas respecter la loi te paraît-il une raison suffisante pour expulser des gens
      ?

      Il faut luter contre les actes d’incivilité et ceux qui les comettent ou les incitent, et non pas contre ceux qui font partie, a priori, d’un peuple enclin à
      cela.

      Encore une fois, je ne vois pas de quoi tu parles. Un Rom qui a une carte de séjour régulière, un travail honnête et qui loue un appartement et paie son loyer ne
      risque pas d’être expulsé. Faut arrêter avec l’intoxication: en France aujourd’hui on expulse ceux qui ne respectent pas les lois, et non ceux qui ont telle ou telle couleur de peau.

      Il est illusoire de penser que s’ils prennent le même mode de vie que nous (c’est à dire rester planter devant la télé, pour la plupart d’entre nous) ils auront aussi les mêmes valeurs et
      deviendront plus “fréquentables”.

      Je ne sais pas quel est ce “nous” dont le mode de vie est “rester planter devant la télé”. L’immense majorité des français en âge de travailler passe 35 heures par semaine et plus au turbin, pour
      gagner sa vie. Cela aussi fait partie de notre “mode de vie”. Et oui, je persiste à croire que si les Roms pouvaient – et voulaient, parce qu’il y a là aussi un problème – “adopter le même mode
      de vie que nous”, c’est à dire gagner leur pitance par leur travail et respecter les lois de la Républqiue, et bien ils adopteraient les mêmes “valeurs” et deviendraient bien plus
      “fréquentables”. C’est ce qui est arrivé aux différentes vagues d’immigration que la France a assimilé au cours de son histoire. Pourquoi serais-ce différent pour eux ?

      Cela étant dit, j’avoue que je ne vois pas très bien en quoi consisterait la politique que tu proposerais de mettre en oeuvre…

  2. Mohican dit :

    Au sujet des émeutes urbaines, les “explications” des sociologues ne font bien souvent que rajouter une couche de politiquement correct à la bien pensance.

    Le ponpon est brillament décroché par Laurent Mucchielli pour qui “[b]rûler des écoles est un moyen de protester contre l’échec scolaire, qui est la première exclusion de la vie.”

    L’interview est ici :

    http://www.lexpress.fr/actualite/societe/amiens-les-emeutes-n-ont-rien-d-un-jeu-c-est-un-cri-de-rage_1149533.html

     

    C’est malheureusement ce type de discours que les médias mettent en avant.

    • Descartes dit :

      Le problème avec Mucchielli – comme avec beaucoup de sociologues – est qu’ils tendent à penser les rapports sociaux avec les outils de la psychologie. L’article que tu donnes en exemple est
      typique de cette veine-là: la violence des jeunes est vue comme un mode d’expression. Ainsi, “brûler les écoles est un moyen de protester contre l’échec scolaire” (sic). Ce qui pose une
      intéressante question: à Amiens, les émeutiers ont mis le feu à une salle de musculation. Quel sens donner à ce geste ? Une salle de sport n’est symbole ni d’autorité, ni d’opression… mais
      peut-être que les jeunes protestaient contre l’échec sportif qui ne leur permet pas de participer aux jeux olympiques ? S’agirait-il de revendiquer la réussite sportive pour tous, nouveau droit
      inaliénable ?

      Cette école de sociologie est foncièrement anti-matérialiste. Elle se refuse même à examiner l’idée que les émeutiers pourraient avoir un intérêt bassement matériel pour les motiver. C’est qu’une
      telle analyse violerait le premier principe de la bienpensance, qui veut que l’individu ait toujours raison contre l’Etat, la Loi, la société. Il faut que l’émeute soit “légitime”, ce qui suppose
      nécessairement que les motifs des émeutiers soient “nobles” ou tout au moins “légitimes”. Et pour cela, il vaut mieux “protester contre l’échec scolaire” que de vouloir protéger ses trafics…

      Il serait intéressant d’établir une corrélation entre l’étendue des trafics dans les cités et la susceptibilité à la violence… voilà un véritable travail de sociologue!

       

  3. Ifig dit :

    Salut Descartes.

    Tu écris: ” La famille organise un repas de deuil. A côté, un jeune conduit en sens interdit. Un acte dangereux, qui peut provoquer un accident grave et même lui coûter la vie. Comme à leur
    propre fils. Et pourtant, le père et l’oncle de la victime sortent pour s’opposer au contrôle. Cela vous paraît-il raisonnable ? “

     

    Le journaliste écrit lui que le contrôle était “très agressif.”

    On ne saura pas ce qui s’est passé précisément.

    Je suis d’accord avec toi pour dire que les contrôles policiers sont légitimes, mais je sais aussi d’expérience que ces contrôles se font aussi parfois au faciès et peuvent s’apparenter à du
    harcèlement. Ce n’est pas une excuse pour tout casser, évidemment. Mais la police n’est malheureusement pas parfaite et, dans certains cas, n’aide pas à diminuer la violence.

    • Descartes dit :

      Le journaliste écrit lui que le contrôle était “très agressif.”

      Mais le journaliste n’était pas là. Il se contente de reproduire le discours de la soeur de la victime de l’accident, qui de son propre aveu n’était pas sur les lieux. C’est ce qui s’appelle un
      témoignage de deuxième main. Vous remarquerez que le journaliste n’a pas cherché à obtenir des explications des policiers qui ont procédé au contrôle…

      On ne saura pas ce qui s’est passé précisément.

      Et bien, si “on ne saura jamais”, je ne vois aucune raison d’accorder le bénéfice du doute aux habitants et pas à la police. D’autant plus que mon expérience personnelle de ce genre de situations
      m’a plutôt montré que ce n’est pas de la police que viennent les premières provocations.

      Je suis d’accord avec toi pour dire que les contrôles policiers sont légitimes, mais je sais aussi d’expérience que ces contrôles se font aussi parfois au faciès et peuvent s’apparenter à du
      harcèlement.

      Faut finir avec la mythologie du “contrôle au faciès”. Quel est l’intérêt pour la police de faire ce type de contrôles ? Crois-tu vraiment que ça amuse les policiers de faire des contrôles ? La
      réalité est bien plus simple: la police, fort rationnellement, contrôle les gens qui statistiquement sont les plus susceptibles de commetre des infractions. Quand on cherche un cambrioleur qui
      s’est introduit en grimpant la façade d’un immeuble, on ne contrôle pas les papis de plus de 60 ans et les obèses. Est-ce anormal d’agir de la sorte ? Bien sur que non. Et les seuls pour qui
      montrer ses papiers est du “harcèlement” sont les gens qui n’ont pas la conscience tranquille.

      Mais la police n’est malheureusement pas parfaite et, dans certains cas, n’aide pas à diminuer la violence.

      La police n’est certainement pas parfaite. Mais il faut arrêter de se raconter des histoires: s’il y a violence, ce n’est pas parce à cause du “harcèlement policier”, mais parce que la police
      gêne les trafics.

  4. Au nord… c’était le Coran.

    Je ne suis pas peu fière
    Nous étions dealers… nous voici leaders
    Ardents révolutionnaires 

    http://www.lejournaldepersonne.com/2012/08/au-nord-cetait-le-coran/

    • Descartes dit :

      Franchement, c’est quoi cette bêtise ? C’est beau, la poésie. Quand c’est bien fait. Mais là, franchement, ça va pas fort ni dans les rymes, ni dans le rythme. On dirait une n-ième ressucée d’un
      thème que chaque groupe Rap qui se respecte se doit de reprendre s’il veut avoir sa place dans les gondoles de la FNAC. Et pas un seul lieu commun ne manque: la révolte de “ceux qui ne sont armés
      que de leurs rancoeurs” (avec une telle arme, on ne va jamais très loin), le langage de guerre civile entre “la France sans face” et “la France d’en face”. Et tout ça pour construire quoi ? Une
      fois dégagée “la police, l’armée et aucune autorité”, c’est quoi qu’on construit ? Une fois les poubelles brûlées, où est-ce que ces “révolutionnaires” mettront leurs ordures ?

      Je le dis comme je le pense: ce genre de texte est un manque de respect pour ceux qui vivent dans les quartiers. Ce genre de texte plaque sur les gens une la vision gauchiste qui n’a aucun
      rapport avec la réalité. Non, les émeutes des quartiers n’ont permis à personne de “rentrer dans l’histoire”, et surtout pas ceux qui ont participé. Au contraire, elles les enfoncent encore plus
      dans l’anomie qui les empêche justement de participer à l’histoire. “notre cause inexistante est devenue la plus vivante”, dites vous ? Ah bon ? Une “cause” qui met le feu aux bibliothèques et
      aux écoles est une cause bien suspecte…

      Il fut une époque ou les pseudo-révolutionnaires gauchistes projetaient leurs fantasmes sur la classe ouvrière. Quand la classe ouvrière en 1968 eut le bon goût de préférer le PCF plutôt que
      l’aventure, le gauchisme transfera ses fantasmes apocalyptiques sur les marginaux….

  5. Gugus69 dit :

    Bonjour,

    Décidemment, je vous trouve souvent très proche des thèses défendues par André Gerin, l’ancien député-maire de Vénissieux. Il connait bien les problématiques des “cités sensibles”, et ses prises
    de positions lui vallent régulièrement d’être voué aux gémonies par la “gauche bien-pensante” que vous ne semblez pas porter dans votre cœur…

    • Descartes dit :

      Sur beaucoup de questions – et notamment sur les questions de sécurité, d’immigration, d’emploi – je partage tout à fait les positions d’André Gérin. Le fait qu’il soit voué aux gémonies par la
      bienpensance est de nos jours plus qu’une recommandation…

  6. buridan dit :

    Bientôt les habitants de la Roumanie pourront librement circuler dans l’Ue. Les Roms s’abattront alors sur l’Europe occidentale…Etonnant, comme personne n’a évoqué la question au moment de
    l’entrée de la Roumanie dans l’Ue. Cela dit, on pouvait soutenir aussi : Les Roms sont un fléau qui s’est abattu il y a très longtemps sur nos compatriotes européens de Roumanie. La solidarité
    européenne nous oblige à partager ce fléau avec eux.

    • Descartes dit :

      Bientôt les habitants de la Roumanie pourront librement circuler dans l’Ue. Les Roms s’abattront alors sur l’Europe occidentale…

      Je n’aime pas ce genre de langage “millénariste” qui dégage un petit parfum de racisme. Les Roms ne “s’abattront” pas sur “l’Europe occidentale” (je les vois mal dans la situation actuelle aller
      au Portugal ou en Irlande, par exemple, qui pourtant font partie de “l’Europe occidentale”). A compter de 2014 ils auront la liberté de circuler librement et de s’installer dans le pays de leur
      choix, c’est tout.

      Cela dit, on pouvait soutenir aussi : Les Roms sont un fléau qui s’est abattu il y a très longtemps sur nos compatriotes européens de Roumanie.

      C’est quoi “nos compatriotes européens de Roumanie” ? Moi je n’ai aucun “compatriote européen”. L’Europe serait-elle une “patrie”, dont seraient exclus tous ceux qui sont arrivés… depuis quand
      au juste ? Pourquoi parler de “fléau” pour les Roms et non pour les Germains, les Francs, les Saxons ou les Vandales ? Tu sais, les “vrais” européens, cela n’existe pas. Tous les européens sont
      fils de “fléaux” qui se sont abattus sur l’Europe à un moment où un autre de l’histoire…

      Ton langage me rappelle distinctement celui des antisémites des années 1930… là aussi on parlait de certaines populations comme des “fléaux”. A toi de me dire si la ressemblance s’arrête au
      langage.

      La solidarité européenne nous oblige à partager ce fléau avec eux.

      La “solidarité européenne” ? C’est quoi, ça ?

       

  7. Nicolas 70 dit :

     

    L’idée, que l’on retrouve avec la question des Roms, les incidents d’Amiens et les politiques qui tiennent un positionnement très ambivalents par rapport à ses faits, est le rejet de la France
    Républicaine et de ses valeurs.

     

    Cette orientation a très bien été mise an avant par Terra Nova à qui les membres du Parti Socialiste ne reprochait nullement le fond idéologique mais de le dire à voix haute. Et la gauche
    radicale est, bien entendue, d’un point de vue culturelle sur la même ligne que cette fondation.

    • Descartes dit :

      L’idée, que l’on retrouve avec la question des Roms, les incidents d’Amiens et les politiques qui tiennent un positionnement très ambivalents par rapport à ses faits, est le rejet de la
      France Républicaine et de ses valeurs.

      Oui, et c’est surtout visible sur la question de l’assimilation ou sur la question de la responsabilité individuelle. Mais il y a un autre phénomène qui est au moins aussi important et qu’il me
      paraît important de signaler, et c’est celle de l’irruption du moralisme en politique. De plus en plus on justifie des politiques pour des questions morales sans jamais se demander quel est le
      coût de ce qu’on propose et qui doit le payer. En pratique, cela revient à s’acheter une bonne conscience avec l’argent des autres, généralement celui des couches populaires.

       

  8. Trubli dit :

    J’ai un exemple assez frais de ce moralisme. Il concerne les JO. Ma compagne et mon beau-frère discutaient de la proposition de placer les JO handisports avant les JO des valides.

    Je leur ai expliqué que je n’y étais pas opposé, mais que cela pour moi ne changeait pas grand chose. Je ne suivais pas les JO handisport avant et je ne les suivrai pas plus.

    Je suis peut-être un salop. En effet ces athlètes méritent toute notre attention pour le travail et le courage dont ils font preuve et dont la société devrait s’inspirer. Mais voilà cela ne me
    passionne pas. Peut-être ne faudrait-il éteindre la flamme olympique et ne faire la cérémonie de clôture qu’une fois les JO handisport terminés pour intégrer pleinement ces athlètes à
    l’événement. Le problème est que si beaucoup de gens raisonnent comme moi le format actuel est dès lors compréhensible. En tout cas je n’entrevois pas de solution parfaite. 

    • Descartes dit :

      Au risque de foutre encore un coup de pied aux vaches sacrées, je ne partage pas du tout votre vision des jeux olympiques handisport. Les JO “valides” ont pour but de promouvoir l’activité
      sportive dans le cadre de valeurs éthiques et esthétiques ouvertes à tous. Un coureur de cent mètres, un saut à la perche, c’est beau. Et cela relève d’une esthétique qui n’est pas nouvelle: elle
      nous vient de la plus haute antiquité.

      Si le but des JO handisports est celui d’encourager la pratique du sport par les handicapés, alors c’est fort louable. Mais dans ce cas, quel est le sens de chercher à les faire regarder à la
      télé par des “valides” ? Si l’on recherche cela, c’est parce que le but est autre: celui de servir de catarsis à une société qui n’est pas capable de se résigner à l’idée que chacun est ce qu’il
      est. C’est pourquoi on sacrifie au discours idéologique qui veut nous persuader que les handicapés ne sont pas “diminués” par leur handicap, qu’ils ne sont pas “moins habiles” mais “différemment
      habiles” (pour traduire la terminologie anglaise).

       

  9. Benjamin dit :

    Bonjour Descartes.

    En écho à votre buillet, que vous inspire cet article trouvé dans un coin louche de la Toile, et plus particulièrement du passage ci-dessous qui culmine en un audacieux parallèle historique
    (libre à vous de ne pas reproduire le lien) :

    http://scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=850:emeutes-damiens–le-totalitarisme-de-marche-dans-toute-sa-quintessence&catid=37:actualite&Itemid=54 

    Une idée reçue propagée par les médias tend à devenir vérité pour de nombreux français : il y aurait
    en France des zones de non-droit. Faux : il y a en France des zones où l’on veut que le droit soit absent. La nuance est de taille.

    Les noms, les méthodes et l’adresse d’une grande partie des dealers sont connus des forces de l’ordre. Nous
    affirmons que si l’économie parallèle prospère en France, c’est pour la simple et bonne raison que l’ordre de démantèlement général n’est pas donné par le pouvoir politique. Bien sûr, de temps à
    autre, nous assistons à des interventions de police télévisées chargées de nous donner le change. Reste que l’évidence est là : on ne s’attaque pas de front à l’économie parallèle. Attitude
    curieuse de nos politiques qui pourtant de tous bords prétendent vouloir lutter contre la délinquance. Si ces paroles étaient sincères, les pouvoirs publics se seraient attaqués depuis longtemps
    à ce principal essaim de délinquance. Or nous constatons que celui-ci reste intact. On peut nous opposer que nos politiques craignent l’explosion qui en découlerait. Soit. Mais une courte
    explosion salvatrice vaut mieux qu’un pourrissement sans fin.

    Philippe le Bel a réglé le problème des Templiers, puissance religieuse, financière et militaire, Etat dans
    l’Etat, racaille satanique ayant des relais jusque dans les Etats pontificaux, en vingt-quatre heures, le 13 octobre 1307, par un vaste coup de filet sur l’ensemble du royaume. Ce que la
    politique a voulu a été réalisé.

    Pensez-vous avec son auteur que l’Etat a le pouvoir d’ordonner le “démantèlement de l’économie parallèle” ? 

    • Descartes dit :

      En écho à votre buillet, que vous inspire cet article trouvé dans un coin louche de la Toile, et plus particulièrement du passage ci-dessous qui culmine en un audacieux parallèle historique
      (libre à vous de ne pas reproduire le lien) :

      Pourquoi ne le reproduirais-je pas ? Je trouve le texte excellent, même s’il est peut-être un peu plus “provoc” et outrancier que ce que j’aime. Mais sa conclusion me paraît excellente, et il
      soulève des problèmes qu’on souhaiterait voir abordés plus souvent. Quand l’auteur se demande pourquoi il y a tant de manifestations contre la “violence policière” et combien sont rares les
      manifestations contre la “racaille” qui terrorise une cité, il pose une question tout à fait intéressante. Lorsqu’il signale qu’aujourd’hui on ne baisse plus la tête devant l’autorité étatique,
      mais qu’on se fait tout petit devant les “bandes”, je pense qu’il se fait l’écho d’un problème réel.

      Pensez-vous avec son auteur que l’Etat a le pouvoir d’ordonner le “démantèlement de l’économie parallèle” ?

      Oui, si le peuple qui lui donne la légitimité est prêt à en payer le prix.

  10. Inquiet dit :

    Salut Descartes et bravo pour tes derniers papiers.

    “Oui, si le peuple qui lui donne la légitimité est prêt à en payer le prix.”

    Qu’entends-tu par là ? Quel est le prix selon toi ?

    Merci.

    • Descartes dit :

      Le “prix” en question prend des formes très diverses. Le prix de l’ordre et de l’Etat de droit est d’abord que les citoyens n’ont pas le droit de faire ce qu’ils veulent. Exiger des autres qu’ils
      respectent des règles faites en commun implique d’accepter que ces mêmes règles s’imposent à nous. Le prix de la méritocratie est que votre fils n’héritera pas votre position sociale s’il n’en
      est pas lui même, par son travail, par son effort, par ses mérites, digne d’elle.

      Mais bien entendu, il y a des cotés plus prosaïques: remettre de l’ordre dans les cités implique un volet répressif, coûteux en termes d’effectifs et de moyens. Il implique aussi d’offrir aux
      habitants des cités des alternatives au trafic pour gagner leur vie dignement, c’est à dire une politique de plein emploi qui, elle aussi, coutera cher aux classes moyennes.

  11. Serge dit :

    Bonjour Monsieur Descartes.

     

    J’ai une interrogation en lisant ce passage :

    Dans la gauche bienpensante – et cela inclut la gauche radicale… – il est article de dogme que les habitants des quartiers sensibles veulent le retour de l’Etat dans leur territoire. Pour y
    vivre, je peux vous dire que ce n’est pas le cas. Les habitants sont bien plus ambigus dans leur vision: d’un côté, ils voudraient voir revenir l’ordre, la sécurité et les services publics. D’un
    autre côté, ils se rendent parfaitement compte que le retour de l’ordre et la sécurité implique la fin d’un certain nombre de juteux trafics dont tout le monde bénéficie peu ou
    prou.

     

    Je ne vois pas trop de ce dont vous voulez parlez dans la phrase en gras. Tout le monde bénéficie peu ou prou des juteux trafics ?

     

    Je suis retourné vivre à Saint Ouen, en région parisienne, malheureusement connu pour ses trafics de drogues. J’y ai passé mon adolescence et ma famille proche réside là. Mais très honnètement,
    je n’ai pas l’impression que mon entourage (amis + famille) profite peu ou prou de ces traffics, bien au contraire.

    Je suis absolument désolé d’utiliser mon expérience propre pour illustrer mon interrogation devant votre phrase. En y repensant, je connais un paquet de personne qui profite effectivement de ces
    trafics en étant consommateurs ou dealeurs, ou qui utilise la situation pourri dans le quartier pour s’adonner en douce à de petites combines, mais d’après ce que je vois, ce n’est pas la
    totalité, loin de là. Ceci dit, je vis aussi peut-être dans une bulle protectrice, n’étant pas interessé (car ayant été dissuadé) de cotoyer de près ces personnes. Ou alors, j’en ai moi-même
    profité sans m’en rendre compte.

     

    Donc, auriez-vous, s’il vous plait, des exemples ou une explication pour expliquer un peu plus votre phrase que j’ai surligné en gras ?

    • Descartes dit :

      Merci de votre question, qui me permet de clarifier un point important. Oui, la quasi-totalité des habitants des cités profitent, d’une manière ou d’une autre, du fait que leur cité soit une zone
      de non droit. Bien entendu, il y a ceux qui trafiquent: de la drogue, oui, mais aussi des pièces automobiles d’origine douteuse, des deux roues volés, des lave-linge et des téléviseurs “tombés
      d’un camion” et ainsi de suite. Il y a ceux qui profitent que les techniciens EDF n’osent plus s’aventurer à vérifier les branchements pour voler du courant en branchant un “pont” avant le
      compteur. Il y a le trafic de chéquiers volés – souvenez-vous récemment d’un cas où la police a arrêté une bonne centaine de bonnes mères de famille qui utilisaient des chèques volés – et le
      trafic de fausses pièces officielles (cartes grises, cartes d’identité, cartes de séjour, permis de conduire). Sans compter les honnêtes commerçants dont le chiffre d’affaire est alimenté par un
      pouvoir d’achat qui provient des trafics.

      Cela peut prendre des visages presque sympatiques: lorsque j’étais adolescent, j’avais décidé un jour de repeindre ma chambre. Un voisin qui était ami de mon père et qui avait eu vent de mes
      intentions m’avait dégoté quelques boîtes d’une peinture verte absolument magnifique à un prix qui défiait toute concurrence… et pour cause: elles avaient été volées – je l’ai su bien plus tard
      – dans l’entrepôt de la société HLM ! J’ai donc “profité” d’un trafic sans même m’en apercevoir…

      Bien entendu, il y a – et c’est heureux – des gens honnêtes dans les quartiers. Des gens qui évitent les embrouilles, qui achètent leur télé chez Darty et leur peinture chez Casto. Mais il faut
      bien dire qu’il faut une volonté de fer pour résister lorsqu’un copain, un voisin, un ami vous propose de vous rendre service en vous trouvant une pompe a eau “d’occasion” dont votre voiture a
      désespérement besoin pour vous amener au boulot et que vous ne pouvez pas vous payer neuve… C’est pourquoi le but de mon commentaire n’était nullement de jeter la pierre aux habitants de ces
      quartiers. La vie est dure et chacun fait ce qu’il peut. Mon objectif était d’expliquer pourquoi ces habitants sont si ambigus dans leur position envers les “combines”. D’un côté, ils sont
      fatigués par la violence et le désordre, d’un autre ils réalisent parfaitement que le rétablissement de l’ordre républicain implique la fin d’un certain nombre d’arrangements avec la loi dont
      tout le monde profite… même si ce n’est que pour repeindre sa chambre.

       

       

  12. Trubli dit :

    Concernant le lien proposé par Damien, je pense qu’il fait un peu trop dans la théorie du complot.

    Je ne pense pas que les racailles soient à la solde du système pour asservir le peuple.

    Je pense que depuis Mai 68 il y a eu de la part de la gauche radicale un attrait malsain pour la figure du bandit, du dealer, signe de transgression, ce qu’on voit bien avec l’intervenant plus
    haut qui présente les dealers en leaders, comme ci ces derniers pouvaient mener autre choses que leurs petites affaires. 

    Et puis les quartiers sensibles représentent tout au plus 20% de la population, donc la grande majorité de la population française n’est pas tenue par la racaille. 

    Ayant grandi dans un quartier du type d’Amiens nord, je dois avouer que votre analyse de la situation me parait la plus juste à ce jour. En effet beaucoup d’habitants de ces quartiers veulent
    bien de la police quand il s’agit de faire cesser le tapage nocturne du voison, mais il ne faut pas qu’elle aille trop loin, qu’elle soit trop zêlée. 

    Je me souviens que mon quartier a connu des heures sombres au milieu des années 90, ce qui nous a valu un petit passage dans le film La haine de Matthieu Kassovitz. La mort d’un jeune du
    quartier, lors d’une tentative de vol de voiture, touché par une balle de la police. Un quartier qui s’embrase au propre comme au figuré pendant une semaine : cocktails molotovs, voitures
    calcinées, etc. Je n’avais pas jusqu’à présent songé au fait que les dealers pouvaient très bien profiter de ces moments de tension pour instrumentaliser les jeunes dans l’optique de chasser
    définitivement la police.

    Au contraire de Mucchielli, je e trouve qu’un sociologue a fait un travail intéressant sur les banlieues, il s’agit d’Hugues Lagranges auteur du “Déni des cultures”. 

    • Descartes dit :

      Concernant le lien proposé par Damien, je pense qu’il fait un peu trop dans la théorie du complot. Je ne pense pas que les racailles soient à la solde du système pour asservir le peuple.

      Je laisse Damien se défendre… mais je dois dire que je n’ai pas du tout cette lecture de l’article. Il ne dit nulle part que “les racailles soient à la solde du système”. Il dit, oui, que les
      racailles sont produites par le système, et manipulées par des “racailles d’en haut” qui les utilisent pour défendre leurs intérêts. Mais je ne vois pas la moindre trace des “théories du
      complot”.

      Je pense que depuis Mai 68 il y a eu de la part de la gauche radicale un attrait malsain pour la figure du bandit, du dealer, signe de transgression, ce qu’on voit bien avec l’intervenant
      plus haut qui présente les dealers en leaders, comme ci ces derniers pouvaient mener autre choses que leurs petites affaires.

      Oui. Et il faut comprendre pourquoi. Pendant longtemps, le gauchisme a investi du rôle messianique l’ouvrier. Mais l’ouvrier eut le mauvais goût de se dérober. Au lieu d’épauler les Cohn Bendit,
      les Krivine et July il eut le mauvais goût de rester fidèle à ce ringard de Marchais. Le gauchisme s’est donc cherché une autre groupe pour l’investir du rôle messianique. Mais cette fois-ci, il
      à cherché des groupes plus dociles. Des groupes qui n’ayant pas de conscience politique autonome lui doivent tout, et sont donc manipulables à loisir. C’est pour cela que tout à coup les
      sans-papiers, les taulards ou les marginaux sont devenus intéressants…

      Je n’avais pas jusqu’à présent songé au fait que les dealers pouvaient très bien profiter de ces moments de tension pour instrumentaliser les jeunes dans l’optique de chasser définitivement
      la police.

      Malheureusement, la culture de gauche a tendance a psychologiser les problèmes sociaux. Devant un évennement, on tend à chercher des explications psychologiques aux actes (le désespoir, la
      frustration, la souffrance…). Il faut revenir à une réflexion matérialiste, et se poser la seule question qui vaille: à qui profite le crime ? Si la psychologie peut expliquer un acte
      individuel, les actes collectifs et sociaux ont généralement pour moteur l’intérêt.

      Au contraire de Mucchielli, je e trouve qu’un sociologue a fait un travail intéressant sur les banlieues, il s’agit d’Hugues Lagranges auteur du “Déni des cultures”. 

      Le travail est intéressant, mais j’ai du mal à accepter les postulats sur lequel il repose, et les interprétations qu’il en tire. En particulier, si l’on admet son idée que “l’école égalitaire et
      les valeurs universelles ne sont pas accessibles à tous”, on a du mal à expliquer pourquoi l’assimilation a si bien marché jusqu’aux années 1960. Mais au moins c’est un chercheur qui ne verse pas
      dans le politiquement correct…

  13. Trubli dit :

     

    Il dit, oui, que les
    racailles sont produites par le système,

     C’est bien le problème. Je vois plutôt de la responsabilité individuelle dans le choix d’individus de virer vers le
    trafic de drogue et autres joyeusetés. Après tout, il n’y a qu’une minorité de personnes dans les « cités » qui deviennent des racailles. Ce mot système me donnait l’impression d’une
    manipulation par quelques personnes tirant les ficelles ou d’une manipulation de la “société”. 

     

    “On a du mal à expliquer pourquoi l’assimilation a si bien marché
    jusqu’aux années 1960. »

     

    Je vois plusieurs facteurs qui font que l’assimilation aura beaucoup plus de mal à réussir que par le
    passé.

     

    Il y a le contexte global du relativisme culturel d’une grande part de la population française.

     

    Il y a le fait que l’on a réellement créé des ghettos.  Je suis noir, pourtant je me souviens avoir eu
    un sentiment étrange un jour de 2004 où j’arrivais pour la première fois à la gare RER de Garges-Sarcelles pour voir un ami qui résidait dans le coin. Je n’avais jamais encore vu de ma vie une
    telle concentration de population immigrée ou d’ascendance étrangère.

     

    Il y a aussi le progrès technique. Aujourd’hui, contrairement au 19e siècle, il y a tout un
    tas d’éléments matériels qui font que le nouvel arrivant n’opère pas la rupture symbolique avec son pays d’origine : la démocratisation de l’avion qui permet d’y retourner souvent, la
    télévision par satellite, la possibilité de trouver « facilement » les produits du pays.

     

    Il y a le contexte historique : contrairement aux précédentes vagues d’immigration venues d’Espagne ou
    d’Italie, de nombreux migrants actuels viennent des ex-colonies et ont ce sentiment que ce pays a une dette envers eux et qu’il serait honteux de prendre la culture de l’ex-colonisateur.
     

     

    D’ailleurs je pense que sur ces sujets de la colonisation et de l’esclavage l’Education nationale s’y prend
    mal. Il y a quelque temps de cela, j’ai écouté un débat sur RMC à propos de l’évolution des programmes d’histoire au collège. Un intervenant s’offusquait qu’on rabote une partie de l’histoire de
    France afin de consacrer plus de temps à l’Empire du Mali par exemple.  J’étais d’accord avec cet intervenant même si connaître l’histoire de l’Afrique est extrêmement intéressant. Mais
    voilà, si le but est de bâtir une nation unie, il est de la responsabilité de l’Education nationale de présenter l’histoire de France dans un sens qui permette d’atteindre ce but. Je pense qu’il
    est plus judicieux de présenter l’apport à la culture française de personnages tels que Saint-Georges, Félix Eboué, Gaston Monnerville et d’autres. Cela aurait la vertu de montrer à des jeunes
    issus de l’immigration africaine ou des Antilles que tout ne se réduit à la colonisation et à l’esclavage.

     

    • Descartes dit :

      C’est bien le problème. Je vois plutôt de la responsabilité individuelle dans le choix d’individus
      de virer vers le trafic de drogue et autres joyeusetés.

      Je pense qu’il ne faut pas confondre deux niveaux d’analyse. Au niveau d’une personne prise en
      particulier, c’est une question de responsabilité individuelle. Et il est extrêmement dangereux de s’embarquer avec une idéologie qui, en reportant toutes les responsabilités sur la société,
      permet aux individus d’éviter d’assumer leurs actes. Mais au niveau collectif, lorsqu’un comportement se retrouve chez toute une catégoire d’individus, il faut bien rechercher non pas une
      responsabilité, mais une causalité sociale. Un individu qui se livre aux trafics fait un choix individuel et doit être tenu responsable de ce choix. Mais il existe des leviers sociaux qui rendent
      ce choix plus ou moins probable.

      Quant à la manipulation, ce n’est pas tomber dans une théorie du complot que de constater qu’elle
      existe. Il y a des phénomènes sociaux – notamment celui de l’imitation dans le groupe des pairs – qui permet à des personnes de provoquer ou d’inhiber chez ceux qui les entourent certains
      comportements. Pas la peine d’avoir été entraîné par la CIA pour savoir qu’en défiant un adolescent devant ses pairs à faire une connerie on obtient en général qu’il la fasse pour démontrer qu’il
      ne se “dégonfle” pas. La plupart des “leaders” des bandes ont compris ça.

      “On a du mal à expliquer pourquoi l’assimilation a si bien marché jusqu’aux
      années 1960.” Je vois plusieurs facteurs qui font que l’assimilation aura beaucoup plus de mal à réussir que par le passé.

      Mon point était que si l’on accepte la théorie que certains éléments de notre culture
      ne sont pas accessibles aux immigrants, il est difficile d’expliquer comment l’assimilation a pu marcher à une certaine époque.

      Cela étant dit, je partage un certain nombre des causes que tu signales pour
      expliquer pourquoi l’assimilation a cessé de fonctionner. Mais je pense que la raison fondamentale est autre: c’est que la France – et notamment ses élites – ne veulent plus assimiler. Et qu’il
      est difficile, sans une pression forte de la part des institutions du pays d’accueil, de faire l’investissement que l’assimilation représente.

      Je pense qu’il est plus judicieux de présenter l’apport à la culture française de
      personnages tels que Saint-Georges, Félix Eboué, Gaston Monnerville et d’autres.

      Tout à fait. Il faut d’ailleurs remarquer que la figure de Félix Eboué, qui est un
      modèle idéal pour les jeunes noirs, n’est pratiquement jamais mentionné par l’establishment “antiraciste”. Le bon noir pour eux, c’est le martyr, pas l’assimilé…

  14. Benjamin dit :

    Je ne vois pas en quoi cet article de Scriptoblog verse dans le conspirationnisme, le schéma d’explication proposé me paraît au contraire assez sain même si l’emploi du terme “Système” marque une
    proximité rhétorique avec les soraliens et apparentés qui l’utilisent à tout bout de champ. Ce n’est d’ailleurs pas anodin car ce site en partie animé par des transfuges de l’association Egalité
    & Réconciliation qui apparaît d’ailleurs dans les liens aux côtés du Bloc Identitaire, de l’Alliance Royale, du POI et du PRCF ! Un site pittoresque donc qui flirte en effet régulièrement
    avec le complotisme et accorde par ailleurs une place importante aux thèmes identitaires, raison pour laquelle je signalais au maître des lieux qu’il pouvait ne pas reproduire le lien s’il
    jugeait inopportun d’apporter du flux au site. Pour autant Scriptoblog propose de temps en temps des articles de qualité, dont celui-ci sur lequel je n’ai pas grand-chose à redire. En voici
    d’autres exemples si vous le permettez :

    http://scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=543:le-reve-dune-chose-pier-paolo-pasolini&catid=51:litterature&Itemid=55 

    http://scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=369:le-capitalisme-de-la-seduction-m-clouscard&catid=55:sociologie&Itemid=55
    http://scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=745:le-complexe-dorphee-jean-claude-michea&catid=53:politique&Itemid=55#comment-1763
    Pour en revenir au sujet, je suis toujours impressionné de voir mes camarades de gauche radicale toujours prompts à condamner la “racaille d’en haut” faire montre d’une telle indulgence à
    l’égard de la “racaille d’en bas”, dédouanant les individus à grand renfort de déterminations sociologiques (cela signifie-t-il que les patrons voyous et autres financiers échappent à toute
    détermination sociologique puisque on ne leur trouve jamais de circonstances atténuantes ?) sans se rendre compte qu’ils figent les uns et les autres en victimes et coupables ontologiques. Marx
    signalait pourtant que “l’aristocratie financière, dans son mode de gain comme dans ses jouissances, n’est pas autre chose que la résurrection du Lumpenprolétariat dans les sommets de la société
    bourgeoise.”

     De la même manière et comme vous l’expliquez dans ce billet, la police a toujours tort face aux “sauvageons” puisque bras armé de l’Etat de classe. De ce point de vue je persiste à penser
    que Mélenchon a raison de vouloir “installer une opinion révolutionnaire-républicaine” dans le pays, à rebours d’une telle vision. Mais comme vous dites, à se coucher avec les chiens…

    • Descartes dit :

      Un site pittoresque donc qui flirte en effet régulièrement avec le complotisme et accorde par ailleurs une place importante aux thèmes identitaires, raison pour laquelle je signalais au
      maître des lieux qu’il pouvait ne pas reproduire le lien s’il jugeait inopportun d’apporter du flux au site

      Je me suis fait une règle en politique d’éviter les étiquettes. Il faut tout lire, et pas seulement ce qui porte notre propre étiquette. Si un article me semble intéressant, je recommande sa
      lecture quelque soit ton auteur. Je ne suis pas du tout dans une logique “militante” d’apporter ou ne pas apporter du “flux” à tel ou tel site sous prétexte de son étiquette, et je vais confiance
      à l’intelligence de mes lecteurs pour faire le trie de ce qu’ils lisent.

      Franchement, les gens qui pensent le réel sont aujourd’hui si rares, qu’on ne peut se permettre de les mépriser, d’où qu’ils viennent. Les trois exemples d’articles que tu donnes sont excellents.

      (cela signifie-t-il que les patrons voyous et autres financiers échappent à toute détermination sociologique puisque on ne leur trouve jamais de circonstances atténuantes ?)

      C’est une question passionnante. En effet, pourquoi ne pas justifier la virée sur la mer dans le bateau de Bolloré de ce pauvre Sarkzoy à son éducation neuilloise, de la même manière qu’on
      justifie l’incinération d’une poubelle par une éducation clichoise ? Si nous sommes sociologiquement déterminés, cela devrait valoir pour tous. Au fonds, la détermination sociologique est un
      outil commode pour “geler” la société et justifier la destruction de l’ascenseur social par les classes moyennes. Puisque nous sommes déterminés, la société ne peut que se reproduire. A quoi bon
      alors aller contre le sens de l’histoire ?

      De ce point de vue je persiste à penser que Mélenchon a raison de vouloir “installer une opinion révolutionnaire-républicaine” dans le pays, à rebours d’une telle vision.

      Je ne vois pas à quelle “opinion révolutionnaire-républicaine” vous faites référence. Si l’on excepte certaines questions – la décentralisation, les langues régionales – le discours de Mélenchon
      n’est pas véritablement républicain. Prenez la question écologique, par exemple…

       

       

  15. Benjamin dit :

    Vous vous êtes pourtant abstenu durant la campagne présidentielle de donner un lien vers le site du Front National précisément pour ne pas lui apporter de flux (il s’agissait je crois d’élucider
    un point de son programme économique). Or sans militer ouvertement pour le FN, les contributeurs de Scriptoblog ne font pas mystère de leurs sympathies politiques. Ce n’est certes pas la même
    chose de proposer un article de fond n’engageant que son auteur et de renvoyer au programme politique d’un parti en période électorale, mais n’étant pas sûr du sens à donner à votre choix dans ce
    dernier cas j’ai préféré annoncer la couleur de mon propre lien. Bref, j’approuve votre règle.

    De ce point de vue je persiste à penser que Mélenchon a raison
    de vouloir “installer une opinion révolutionnaire-républicaine” dans le pays, à rebours d’une telle vision.

    Je ne faisais que reprendre une expression de Mélenchon au lendemain de l’élection présidentielle, à laquelle personnellement je souscris mais que le Parti de Gauche et son porte-parole (est-il
    de nouveau coprésident au fait ?) peinent à assumer. C’est d’autant plus dommage que contrairement à vous peut-être, je pense que l’on peut être à la fois profondément écolo et farouchement
    républicain, à condition de ne pas céder comme tant de gens à la part irationnelle de l’écologisme. Néanmoins il me paraît bon qu’une partie de la gauche radicale continue à se revendiquer de la
    République même s’il lui reste encore à en intégrer les principes, à l’inverse de l’extrême-gauche révolutionnariste ouvertement anti-républicaine à la sauce NPA. Cela permet par exemple à
    Mélenchon de condamner sans équivoque les destructions d’équipement public et leurs auteurs, là où la seconde les saluera presque comme autant d’expressions de révolte. Tant qu’il reste au Front
    de Gauche cette décence minimale, du moment qu’il ne cède pas sur la République ni ne s’abandonne tout à fait aux “sirènes” de l’extrême-gauche à qui ce mot écorche presque autant la gueule que
    les paroles de la Marseillaise, un resaisissement est toujours possible…

    • Descartes dit :

      Vous vous êtes pourtant abstenu durant la campagne présidentielle de donner un lien vers le site du Front National précisément pour ne pas lui apporter de flux (il s’agissait je crois
      d’élucider un point de son programme économique).

      C’est vrai. Mais vous m’accorderez que le débat électoral n’a pas la même dynamique que le débat intellectuel. Apporter du flux au FN ne me dérange pas, lui apporter des voix, oui. Et en période
      électorale, les deux se confondent. Je pense que nous sommes d’accord sur ce point.

      C’est d’autant plus dommage que contrairement à vous peut-être, je pense que l’on peut être à la fois profondément écolo et farouchement républicain, à condition de ne pas céder comme tant de
      gens à la part irationnelle de l’écologisme.

      Mais si vous ne cédez pas à la part irrationnelle de l’écologisme, celui-ci devient une pure question de bon sens. Qui peut être contre l’idée qu’il faut trouver un compromis entre les activités
      humaines et la protection de l’environnement, des paysages, des ressources naturelles, des espèces vivantes ? Aucune personne douée de raison ne pollue une rivière pour le pur plaisir de le
      faire… à partir de là, il s’agit de trouver le meilleur compromis entre nos différents intérêts, dont la préservation de la nature n’est qu’un parmi d’autres.

      Etre écologiste, c’est donner à la nature une dimension sacrée, qui rend précisement tout compromis impossible et même indécent. Et c’est pourquoi on ne peut être “profondément écolo” et en même
      temps “farouchement républicain”. Pour le républicain, l’homme est la mesure de toute chose. On ne préserve pas l’environnement naturel parce que celui-ci est un bien en soi, mais parce que c’est
      un bien pour l’homme. L’écologie vient de la naturphilosophie allemande qui lui donne une valeur hors de l’homme, et même contre l’homme. Vous trouverez même des écrits écologistes qui affirment
      que la disparition de l’homme sur la terre serait un bien, puisque la nature se porterait mieux.

      Néanmoins il me paraît bon qu’une partie de la gauche radicale continue à se revendiquer de la République même s’il lui reste encore à en intégrer les principes, à l’inverse de
      l’extrême-gauche révolutionnariste ouvertement anti-républicaine à la sauce NPA.

      Je vous accorde en effet que dans la hiérarchie des fléaux, Mélenchon sera toujours moins pire que le NPA et ses acolytes. Cependant, je ne suis pas très optimiste concernant un “resassisement”.
      Au delà de Mélenchon en tant que personne, le FdG puise sa base militante et électorale dans des classes moyennes libérales-libertaires foncièrement antirépublicaines.

       

       

       

       

       

       

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