Il se passent des drôles de choses au Front de Gauche. Le 4 décembre, sur le blog de Jean-Luc Mélenchon, apparaissait un encadré faisant l’éloge de Michaël Moglia. Ce conseiller régional socialiste du Nord-Pas de Calais avait eu le bon goût de quitter le PS en dénonçant les effets de l’austérité imposée par le gouvernement sur le budget régional. Mélenchon y voit le début d’une “réaction en chaîne”, rien de moins. Le 19 décembre, on apprend que ce même Michaël Moglia constitue avec d’autres élus ex-socialistes un nouveau groupe – “la gauche maintenant”, tout un programme – au Conseil régional, et que ce groupe est rejoint par les élus du PG (Laurent Matejko et Laurence Sauvage) qui quittent donc le groupe “Front de Gauche”.
On aimerait savoir plus sur ce qui ressemble beaucoup à une recomposition à gauche. Je vous le dis tout de suite: pas la peine de chercher un commentaire dans le blog de Mélenchon, dans celui de Martine Billard, ou sur le site du Parti de Gauche. C’est motus et bouche cousue. Comme ce fut le cas lors de la constitution des groupes au Conseil régional d’Ile de France, où l’on a connu une situation analogue. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il y a au Conseil régional Ile-de-France deux groupes “front de gauche” (1). Un groupe “Front de Gauche – Parti communiste et gauche unitaire” et l’autre “Front de Gauche et alternatifs” (2) sans qu’aucune explication politique n’ait été donnée à ce jour. Et maintenant, cela recommence en région Nord-Pas de Calais avec,circonstance aggravante, la constitution d’un groupe commun avec des socialistes, certes démissionnaires de leur parti, mais très bien insérés dans la “cosa nostra” nordiste. A part ça, tout le monde s’adore au Front de Gauche et personne n’oserait – quelle horreur ! – mettre des basses considérations de carrière devant le bien commun.
Tout ça n’arrive pas par hasard. Le Front de Gauche est un bateau de cabotage, pas un navire capable de faire le tour du monde. Il a été constitué en réponse à une préoccupation – ou plutôt à plusieurs préoccupations – électorales. Celles du PCF, traumatisé par l’expérience de la candidature Buffet et ses 1,4% et des conséquences que cela pourrait avoir à l’heure de sauver quelques élus. Celles d’un Mélenchon qui voyait dans la candidature présidentielle le moyen de se constituer un capital politique personnel pour tenter son OPA sur le PCF. Le problème pour les uns et les autres est que les élections sont passées. Il n’y en aura pas d’autres avant 2014. Cela fait une longue période pendant laquelle faire de la politique ne peut se réduire à coller des affiches et faire des meetings avec les candidats. Pour la gauche radicale aujourd’hui, le problème politique immédiat est de se positionner par rapport au gouvernement et de définir une stratégie en conséquence. Et pour cette fonction, le Front de Gauche – et les organisations qui le composent – est particulièrement mal préparé.
Au PCF, malgré les discours triomphalistes, les choses ne vont pas bien. La stratégie du Front de Gauche ne s’est pas traduite par un gain de positions, au contraire. Je n’insiste pas sur la perte de la moitié des conseillers régionaux ou des députés. Mais on constate aussi une perte importante d’adhérents. Lors du vote pour la “base commune” des 14 et 15 décembre 2012, la direction du PCF a publié le chiffre de 64.250 électeurs potentiels (dont 34662 ont voté). Ils étaient, selon les chiffres publiés par le PCF officiellement, 69227 lors de la consultation de juin 2011 qui fit de Mélenchon le candidat unique du Front de Gauche. Soit une perte de 5.000 adhérents (8%) en dix-huit mois. Si l’on tient compte du fait que les périodes électorales et post-électorales sont celles où les partis politiques recrutent le plus facilement, il faut se rendre à l’évidence: la stratégie de Front de Gauche n’a pas mis fin à l’affaiblissement du PCF. Affaibli comme jamais, avec une représentation parlementaire réduite à la potion congrue, marginalisé du débat politique, incapable même de trouver pour son premier dirigeant une circonscription “sûre” lui permettant d’acquérir la légitimité du suffrage universel (3), la marge de manoeuvre du PCF est très limitée. Ce n’est donc pas le moment de se fâcher avec le PS, dont on aura besoin pour sauver le peu qui peut l’être en 2014. D’où les contorsions parlementaires (on vote contre le “traité austéritaire” mais on s’abstient sur le “budget austéritaire”) et les déclarations du genre “le PCF n’est pas dans l’opposition”.
Le contraste est saissisant entre la situation et le discours. A entendre les dirigeants du PCF tout va très bien. Le Front de Gauche est un succès.Tout se passe bien avec les alliés. Les nouveaux adhérents se précipitent pour prendre leur carte. Le PGE est l’avenir de l’homme, et on va bientôt “allumer les étoiles”. Une autocritique ? Un retour sur ce qui n’a pas marché en 2012 ? Vous n’y pensez pas…
Ce n’est guère mieux au PG. L’échec relatif de la présidentielle n’a pas permis à Mélenchon de se positionner en leader incontesté et donc de pouvoir faire une OPA sur ces alliés. Sa conduite – désastreuse – de la campagne législative l’a encore affaibli. Et il se trouve maintenant dans la situation peut enviable du général qui, après avoir tenté un assaut et avoir été repoussé, doit entamer un siège long alors que son armée a été dimensionnée pour la guerre de mouvement. Le problème de Mélenchon est celui du cycliste: s’il s’arrête, il tombe. Pour garder une présence sur la scène médiatique, il est obligé donc de tenir un discours qui mélange la surenchère permanente, l’agression, la dénonciation. Un discours qui commence à fatiguer tout le monde, y compris ses propres amis.
Car le PG, malgré les communiqués triomphalistes et les chiffrages fantaisistes, a lui aussi un problème d’effectifs. Sans compter qu’il continue à perdre un à un ses dirigeants, et pas les moindres. On se souvient de la démission de l’économiste Christophe Ramaux, qui avait dénoncé le fonctionnement dictatorial du PG et l’incapacité de son Petit Timonier à écouter un autre discours que le sien. On se souvient aussi du départ de Claude Debons, pour des raisons analogues. Aujourd’hui, c’est Marc Dolez, le co-fondateur du Parti, qui part. Il n’est pas inutile de se pencher sur la manière dont ces départs ont été à chaque fois gérés. La chorégraphie est immuable: d’abord, le silence officiel, car on ne fera pas au partant l’honneur de faire comme s’il existait. Le Petit Timonier ne s’abaissera pas à un débat public avec le traître: on laissera les porte-flingue (Billard, Coquerel…) s’en occuper. Il y aura même des cas où le Dirigeant Suprème déclarera avec tristesse que “X reste un camarade” tout en laissant ses thuriféraires se déchaîner (4). Et puis… rien. On continuera comme d’habitude.
Car c’est cela qui est le plus inquiétant chez Mélenchon et ceux qui l’entourent: ils sont incapables de tirer des leçons de leurs erreurs. Ils sont d’ailleurs tellement persuadés de l’infaillibilité de leur Chef qu’il ré-interprètent les erreurs pour en faire des triomphes. Et ceux qui le critiquent ne peuvent être que des traîtres mus par les motifs les plus bas et les intentions les plus méprisables. Bien sur, avec Dolez c’est un peu plus difficile que ce ne fut avec Ramaux ou avec Debons, mais l’intention y est. Je vous recommande la lecture des textes de Martine Billard mais aussi “d’un militant du PG” anonyme mais qui curieusement publie sur le site du PG… vous trouverez des perles d’argumentation du style:
Jean-Luc Mélenchon rendrait nos propositions inaudibles ! Ce que Libération s’est empressé de résumer en «Jean-Luc Mélenchon a rendu le Parti de Gauche inaudible ». On ne l’entend pas ? Non cela ne peut être cette définition car le moins que l’on puisse dire c’est qu’on nous entend, et Jean-Luc continue continue d’être invité dans les médias.
Quelqu’un devrait expliquer à Martine Billard que ce n’est pas parce qu’on entend la voix de quelqu’un qu’on prête attention à ses propositions. Quant à l’anonyme, il est encore plus drôle:
Le Parti de Gauche privilégie l’écologie au détriment de la question sociale affirmes tu. L’argument classique et surtout traditionnel des adorateurs du productivisme. Là encore, ta grille de lecture date d’une époque totalement révolue. (…) Mais heureusement, sous l’impulsion d’une Martine Billard, d’une Corinne Morel Darleux, d’un Mathieu Agostini, le Parti de Gauche rentre fièrement dans la modernité de l’écosocialisme.
Il n’y a pas à dire, notre anonyme sait quelles bottes il faut lécher…
Dolez n’est pas n’importe qui. C’est le cofondateur du Parti de Gauche. Son départ devrait tout au moins être accueilli sur le mode interrogatif du “qu’est ce que nous sommes devenus pour que quelqu’un comme Marc parte, et parte sans même avoir débattu ses griefs en interne”. Mais non, personne ne se pose de question. Tout le monde a sa réponse, et la réponse est que Dolez se trompe. Forcément. Il ne peut avoir raison, même partiellement, même sur un point de détail. Car,on vous le répète, tout va bien et la victoire est proche…
Le Front de Gauche semble incapable du moindre retour critique sur son propre parcours. Lorsqu’on se réunit, c’est pour s’émerveiller ensemble que tout aille si bien. Lorsque quelqu’un exprime une critique, il est immédiatement rangé parmi les “ringards”, les “passéistes” quand ce n’est pas parmi les traîtres. C’est cette fermeture qui, plus qu’autre chose, fait du Front de Gauche une organisation gauchiste.
Descartes
(1) Qui avait dit que deux trotskystes c’est une tendance, trois c’est une scission, quatre un parti et cinq une internationale ?
(2) Si vous ne me croyez pas, vérifiez vous-même dans le site officiel du Conseil régional (ici).
(3) Il ne vous aura pas échappé que Pierre Laurent n’a pas été candidat aux législatives. Il ne vous aura pas non plus échappé que pour lui permettre de bénéficier d’une tribune parlementaire on l’a fait figurer en position non éligible sur la liste sénatoriale en Ile de France, puis on a fait démissionner discrètement – très discrètement – Nicole Borvo pour lui laisser la place. En termes de légitimité démocratique, on a vu mieux.
(4) et si vous ne me croyez pas, faites un tour sur le blog de Mélenchon à la section “commentaires”. Vous serez édifié…
Salut Descartes et heureuse de vous retrouver.
Je vais essayer de résumer ce qui se passe au PG et au FdG et vous me direz si j’ai bien tout compris et bien résumé…
Jean-Luc Mélenchon qui ne cesse de condamner tout ce que fait le Président Hollande et le 1er Ministre Ayrault veut quand même devenir Premier Ministre de Hollande ! Il n’aurait que 9 à 10
députés comme soutien au parlement ! Marc Dolez, Député du Nord et Co-Fondateur du PG, a claqué la porte du PG. Les proches de Mélenchon le considère maintenant
comme un “traitre” ! Au même moment, des Conseillers régionaux du PG, tous proches de Mélenchon et membres du FdG, dans le Nord-Pas de Calais, viennent de sortir du FdG, et de le casser, pour
créer un nouveau groupe “La Gauche Maintenant !” avec Moglia ( un démissionnaire du PS) et des élus EE-LV ! Ce groupe est foireux et tout tombe vite à l’eau ! Moglia n’est pas le rebelle attendu
et ne rejoindra donc pas le PG et le FdG puis les élus EE-LV semblent revenir vers le PS ! Pour les Conseilleurs régionaux du PG, il ne leur reste plus que le retour au bercail du FDG, la
tête basse !
Les militants locaux attendent des explications qu’ils n’auront jamais…
De plus en Limousin : Egalement les alliances modèles du FDG avec le NPA volent petit à petit en éclat…Terre de Gauche (PG, PCF, ADS, NPA) ne marche plus sur la
même ligne et d’un même pas…Au dernier vote budgétaire, les élus PG et les élus PCF se sont abstenus, Le NPA a voté contre et les élus ADS ont voté pour ! Bonjour la cohérence ! L’ambiance
n’est plus trop au beau fixe !
Bien sûr dans tout ces situations les adhérents du PG n’ont absolument jamais été consultés !
Une qui doit bien rigoler dans la région Nord – Pas de Calais, c’est la Conseillère Régionale FN, Marine LePen !
Bientôt pour être membre du PG, il faudra avoir la boite de paracétamol à portée de main et les coordonnées rapidement accessibles d’un psy.
Bonne agapes de fin d’années.
Sonia.
Salut Descartes et heureuse de vous retrouver.
De même. Vos visites commençaient à me manquer… 😉
Je vais essayer de résumer ce qui se passe au PG et au FdG et vous me direz si j’ai bien tout compris et bien résumé…
Je n’aurai pas cette prétension. Je pense que vous connaissez le PG aussi bien que moi… tout au plus, je vous donnerai mon opinion !
Ce groupe est foireux et tout tombe vite à l’eau ! Moglia n’est pas le rebelle attendu et ne rejoindra donc pas le PG et le FdG puis les élus EE-LV
semblent revenir vers le PS ! Pour les Conseilleurs régionaux du PG, il ne leur reste plus que le retour au bercail du FDG, la tête basse !
Ah bon ? Je n’avais pas ces informations… pour moi, le groupe en question tenait toujours!
Bien sûr dans tout ces situations les adhérents du PG n’ont absolument jamais été consultés !
Manquait plus que ça, vous vous croyez ou ? Dans un parti démocratique ?
La perte de Dolez c’est quand même énorme, qui de plus est, le seul parlementaire PG qui a une légitimité démocratique incontestable. Est-ce que les PGistes se rendront compte de cette
perte inestimable ????
Je me souviens avoir déjà papoté avec lui, et il est loin du gauchiste revanchard et revandicateur pro-minorités que peuvent être ses camarades parisiens : c’est un socialiste au sens noble du
terme, un républicain solide, et surtout ce qui m’avait plu chez lui, c’est qu’il prend sa fonction de député très au sérieux. Il venait sur Paris pour sa fonction de député, mais ne se
mélait pas au microsome bobo (vous remarquerez qu’on ne l’a jamais vu aux manifs féministes-LGBT-sans papiers et cie). Il a continué à soigner ses relations avec le PCF et le PS locaux, et a
ainsi pu conserver son siège (sa conccurente PS s’était désisté au 2ème tour il me semble), ce que certains ex-élus PCF trop grisés par le FDG auraient du faire de leur côté.
Debons était je crois l’un des rédacteurs de “Lignes d’Horizon” dont le travail a été jeté aux oubliettes pour des pseudo-fiches programmes faites par une poignée de proches de Mélenchon, et en
plus, c’est un syndicaliste vieux de la vieille à qui on ne la fait pas. Il me semble que tu avais fait un billet où tu avais commenté sa sortie, et le fait que Mélenchon ait pu se montrer si
indigne en le traitant de phraseur pour louer une de ses groupies, et faire genre “regardez comme je suis féministe” (moi le féminisme condescendant, je lui dis merde, ya rien de pire).
Franchement, perdre 3 intellectuels (en plus de l’économiste que tu as rappelé), des gars très expérimentés et qui étaient au départ disponibles pour un travail de fonds, c’est très inquiétant
pour un parti qui a 4 ans. C’est malheureusement inquiétant pour la politique en général : je me désole de ce mépris pour le texte (traiter Debons de phraseur) et la réflexion posée. Avec les
sollicitations personnelles et professionnelles que nous pouvons tous avoir, c’est difficile de trouver des gens de qualité qui acceptent de donner de leur temps et de leur talent pour nous
instruire. Qui a tenté de monter une réunion publique avec des intervenants interessants ira dans mon sens. Alors quand on a des talents mais qu’on les gâche aussi bêtement, je comprend
parfaitement que ceux ci claquent la porte.
Si je me fie à l’interview dans Libé, je ne peux que rejoindre Dolez sur tous ses points : la campagne qu’il a jugée désastreuse de JLM à Hénin-Beaumont (étant lui réellement implanté
dans le Nord, il connait ses électeurs et leurs attentes ; d’ailleurs pour sa campagne, JLM n’a visiblement pas du le consulter, en pensant qu’une poignée de groupies et de colleurs d’affiches
parisiens suffisaient pour faire campagne), la surenchère verbale fatiguante à la longue, le gauchisme écolo-libertaire (il ne doit pas digérer la main-mise de Billard et Cie sur un parti qu’il
voulait socialiste et républicain).
Est-ce que Mélenchon se réveillera ? J’en doute. Il va rester dans sa posture orgueilleuse, on voit que même l’humiliation de Hénin-Beaumont ou le résultat mitigé de la Présidentielle n’ont
fissuré ses certitudes. Ce sera qui le prochain ? Jacques Généreux ?
La perte de Dolez c’est quand même énorme, qui de plus est, le seul parlementaire PG qui a une légitimité démocratique incontestable. Est-ce que les PGistes se rendront compte de
cette perte inestimable ????
Je ne sais pas. Si je lis les commentaires sur le blog de Mélenchon, il y a 90% de réactions qui sont du genre “bon débarras”, et 10% qui regrettent le départ. Mais nous savons vous et moi que ce
blog est lourdement “modéré”, et que ce qui y est publié reflete la politique de communication du Petit Timonier. D’une manière générale, il est difficile à une institution de se remettre en
question – et c’est heureux, puisque c’est un élément de stabilité – et la réaction naturelle de l’institution à ce genre de départ est donc soit de l’ignorer, soit de se réjouire d’un départ qui
contribue à la “purifier”. Les partis gauchistes ont poussé cette tendance naturelle jusqu’au paroxysme. Et c’est pourquoi je suis pessimiste sur la capacité du PG à amorcer un retour critique.
Je me souviens avoir déjà papoté avec lui, et il est loin du gauchiste revanchard et revandicateur pro-minorités que peuvent être ses camarades parisiens : c’est un socialiste au sens noble
du terme, un républicain solide, et surtout ce qui m’avait plu chez lui, c’est qu’il prend sa fonction de député très au sérieux.
C’est aussi l’impression que j’avais eu en discutant avec lui. Ce n’est pas un théoricien brillant ou un grand organisateur. Mais c’est un homme qui a trois choses qui manquent cruellement aux
dirigeants du PG: la connaissance du terrain, l’empathie avec l’électorat populaire… et un solide bon sens. Et puis, il est bosseur, ce qui n’est pas non plus le style de la maison.
Debons était je crois l’un des rédacteurs de “Lignes d’Horizon” dont le travail a été jeté aux oubliettes pour des pseudo-fiches programmes faites par une poignée de proches de Mélenchon, et
en plus, c’est un syndicaliste vieux de la vieille à qui on ne la fait pas.
Tout à fait. Le groupe autour de Mélenchon n’a eu de cesse depuis la fondation du PG de pousser vers la sortie toutes les personnalités “indépendantes”, tous ceux qui avaient la surface
intellectuelle ou la légitimité populaire et qui n’était pas prêts à faire allégeance inconditionnelle aux choix tactiques et politiques du Chef. Ils ont petit à petit été remplacés par des
personnalités venues de l’extérieur qui passent leur temps à lui tresser des couronnes… tout en soignant leur carrière: Martine Billard, Leïla Chaïbi…
De ce point de vue, le “parti creuset” qui prétendait réunir des opinions différentes est rapidement devenu un parti sectaire ou toute dissention est suspecte, dans la plus pure tradition
gauchiste. Que voulez vous, on ne se refait pas…
Franchement, perdre 3 intellectuels (en plus de l’économiste que tu as rappelé), des gars très expérimentés et qui étaient au départ disponibles pour un travail de fonds, c’est très
inquiétant pour un parti qui a 4 ans.
Surtout pour un parti dont le projet était de devenir un “creuset”. C’est ce projet qui m’avait attiré au départ, parce qu’il proposait quelque chose de nouveau, un lieu de débat et d’élaboration
qui manquait dans le paysage politique. Si c’était pour fonder le n-ième parti gauchiste, c’était franchement pas la peine.
C’est malheureusement inquiétant pour la politique en général : je me désole de ce mépris pour le texte (traiter Debons de phraseur) et la réflexion posée.
Inquiétant mais logique. Comme disait je ne sais plus qui, “réflechir, c’est dejà désobéir”. Le “primat de l’action” défendu par tant de dirigeants gauchistes n’est pas une lubie, c’est une
assurance-vie. Si l’on veut conserver son contrôle sur ses militants, il vaut mieux les inciter à ne pas réflechir. Et pour cela, rien de mieux que de crucifier les
“phraseurs”, ces gens qui persistent à vouloir réflechir au lieu “d’agir”…
Bonjour camarades et amis,
Au fond, les péripéties au PG, je m’en fous. En caricaturant, pour moi, le PG c’est la secte du gourou Mélenchon. Et son avenir m’importe peu.
Ce qui m’importe en revanche, c’est l’avenir du communisme en France. Et de ce point de vue, le prochain congrès est une des toutes dernières chances du PCF de se ressaisir. S’il persiste dans
l’erreur Front de gauche et surtout PGE, il est foutu à très court terme.
Le vote pour le projet de base de discussion montre surtout, je crois, que la plupart des communistes même encartés se sont mis désormais sur la touche. Il suffirait finalement qu’ils décident de
reprendre la combat en virant Laurent et sa clique. Qu’en pensez-vous, Descartes ? C’est mort ? Ça bouge encore ?
Au fond, les péripéties au PG, je m’en fous. En caricaturant, pour moi, le PG c’est la secte du gourou Mélenchon. Et son avenir m’importe peu. Ce qui m’importe en revanche, c’est l’avenir du
communisme en France.
Certes. Mais c’aurait pu être autre chose. Et on aurait tort de s’en désintéresser, puisque c’est la bouée de sauvetage à laquelle le PCF s’est accrochée depuis quelques années. Si tu
t’intéresses à “l’avenir du communisme”, tu ne peux pas te désintéresser de l’avenir du PG. Ou de l’avenir du PS…
Et de ce point de vue, le prochain congrès est une des toutes dernières chances du PCF de se ressaisir. S’il persiste dans l’erreur Front de gauche et surtout PGE, il est foutu à très court
terme.
En politique, il n’y a pas de “dernière chance”. Le PCF est aujourd’hui ce qu’il est, il pourra toujours, si le contexte le permet et si des gens se mobilisent, devenir autre chose. Le discours
apocalyptique du “c’est la dernière chance” m’a toujours paru faible. On l’utilise en général pour donner un sens d’urgence. Mais cela fait 15 ans que le PCF s’enfonce dans le boboisme. Si
urgence il y avait, elle a depuis longtemps disparu.
Le vote pour le projet de base de discussion montre surtout, je crois, que la plupart des communistes même encartés se sont mis désormais sur la touche. Il suffirait finalement qu’ils
décident de reprendre la combat en virant Laurent et sa clique. Qu’en pensez-vous, Descartes ? C’est mort ? Ça bouge encore ?
Je pense que c’est mort. Marie-Pierre Vieu l’avait très bien dit: “ce n’est pas avec les anciens adhérents qu’on fera un nouveau parti communiste”. Depuis, la direction s’est très bien accomodé
du départ des anciens militants, remplacés par des “djeunes” sans culture politique et donc bien plus facilement manipulables. La base commune “humanifeste”, avec ses effets de sens, ses envolées
lyriques creuses et son syncrétisme idéologique en est la meilleure illustration. Pour moi, le PCF est un astre mort: tout ce qu’il peut envoyer de lumière, c’est de la lumière émise dans
d’autres temps.
Cela ne veut pas dire que le PCF ne jouera pas un rôle dans un changement de politique si/quand celui-ci se produira. De la même manière qu’il a “muté” pour devenir un parti gauchiste des classes
moyennes, il pourrait demain “muter” pour redevenir le représentant des couches populaires. Mais ce sera – si tant est qu’il se produise – un processus long, très long.
Je l’ai dit ailleurs: lors des épisodes précédents, les politiques progressistes et républicaines ont été portées par les gens les plus improbables. Pourquoi pas le PCF ?
“Comme disait je ne sais plus qui: réfléchir c’est déja désobéir “
L’obéissance, pilier de l’institution militaire:
Le principe d‟obéissance constitue l‟un des piliers fondamentaux de l‟institution militaire, telle que celle-ci se définit depuis le 19e siècle. En France, à la dissipation tolérée des
„grognards‟ de l’Empire se substitue, sous la Restauration, le modèle de l‟armée prussienne, réputée pour ses méthodes sévères et le „dressage‟ impeccable de ses hommes. C‟est d‟abord à travers
une soumission aux figures de l‟autorité militaire que s‟exprime cette obéissance. C’est le sens des propos du maréchal de Saint-Arnaud lors de son installation au ministère de la Guerre, en 1852
: “La responsabilité qui fait la force de l’autorité militaire ne se partage pas, elle s’arrête au chef de qui l’ordre émane”.
La société militaire devient alors une “société disciplinaire”, comme le note Michel Foucault (1975), qui ira jusqu‟à la comparer au système pénitentiaire. L‟obéissance en est la clef de voûte,
notamment avec l‟ordonnance du 13 mai 18181 et les lois que fait voter le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, créateur d’un système d‟inspection redouté des officiers. L‟exigence nouvelle d‟une rigueur
sans failles commença de rendre suspecte toute capacité de réflexion personnelle, productrice d‟esprit critique et mère potentielle de la rébellion. “Réfléchir, c’est désobéir”, dit-on alors,
reprenant l‟adage allemand “Nicht raisonniren” (mais on trouve au même moment les mêmes préceptes au Royaume-Uni sous la plume du Duc de Wellington). (Texte repris de Céline Bryon-Portet)
Je ne suis pas sûr “qu’on les aura” ( ce qui est sûr c’est que: pas tous des cons, …quoique parfois on se pose quand-même des questions…??? ), mais
Bonnes Fêtes à tous quand-même et encore merci à Descartes pour ses remue-méninges !
Merci pour cet extrait historique. Et bonne fête à toi !
Le discours apocalyptique du “c’est la dernière chance” m’a toujours paru faible. On l’utilise en général pour donner un sens d’urgence. Mais cela fait 15 ans que le PCF s’enfonce dans le
boboisme. Si urgence il y avait, elle a depuis longtemps disparu.
Oui vous avez raison… Mais que voulez-vous : voir ce parti dans cet état, ça me désole, ça m’énerve, ça m’exaspère au plus haut point. Je ne raisonne plus, je gueule !
Un joyeux Noël à vous, Descartes, ainsi qu’à tous vos lecteurs.
Oui vous avez raison… Mais que voulez-vous : voir ce parti dans cet état, ça me désole, ça m’énerve, ça m’exaspère au plus haut point.
Je compatis… d’autant plus que je partage votre réaction. Sauf que moi je ne gueule pas!
Joyeux noël et bonnes fêtes de fin d’année pour vous aussi.
Salut Descartes
C’était une délicate attention de ta part de nous offrir pour Noël une de tes petites chroniques du Front de Gauche. Je me plais à croire que les électeurs et militants traditionnels du PCF, ou
même ceux de l’ancienne aile gauche du PS, ne goûtent pas toujours les nouvelles orientations “écosocialistes”. Ce sont sûrement des “adorateurs du productivisme”, qui ne comprennent rien à la
“modernité”.
En outre je crains qu’il soit de plus en plus difficile de faire chanter l’Internationale dans les congrès tout en adoptant dans les textes programmatiques une ligne gentiment social-démocrate,
alors même que le Petit Timonier court de plateau télé en plateau télé pour vomir sur la social-démocratie… Ça pourrait marcher si les électeurs et militants étaient effectivement aveugles et
incultes, mais apparemment ça ne marche pas, ce qui en un sens doit nous rassurer. Pour finir je signale deux analyses qui me semblent assez percutantes à propos du mélenchonisme.
La première est signée du M’PEP (eux aussi sont assez branchés “écosocialisme”, mais au moins ils essaient d’être cohérents sur les questions européennes) ; c’est la conclusion de cet article :
“Comment comprendre qu’il soit possible, d’un côté, de « rejeter » les traités par référendum, d’un autre côté de « désobéir » à l’UE et donc aux traités qui
la fondent que l’on vient de « rejeter », tout en « respectant » ces même traités auxquels on vient pourtant de « désobéir » et que l’on a
même « rejetés » ? Ce n’est pas sérieux !”
La deuxième est signée Laurent de Boissieu, qui se rattache à une tout autre tendance, à savoir le gaullisme social mâtiné de démocratie chrétienne (j’espère avoir à peu près saisi son
positionnement) ; c’est un extrait de cet
article :
(Là encore je reprends seulement la conclusion)
“Bref, tant que François Hollande ne s’oppose pas dans ses votes à l’Union Européenne néolibérale, il ne peut qu’être qualifié de social-libéral.
Tandis que si Jean-Luc Mélenchon s’oppose à l’Union Européenne néolibérale, ce n’est pas par marxisme, mais simplement pour pouvoir conduire une politique sociale-démocrate et keynésienne…”
J’ajoute que, l’air de rien, ce de Boissieu est capable de réflexions disons… percutantes à propos de l’UE, voir ici :
“De fait, sauf à la quitter, there is no alternative à l’intérieur des clous de l’Union européenne, qui est structurellement (et non pas conjoncturellement) néolibérale et monétariste.”
Il a un peu de mérite le mec, il est journaliste à La Croix…
Je me plais à croire que les électeurs et militants traditionnels du PCF, ou même ceux de l’ancienne aile gauche du PS, ne goûtent pas toujours les nouvelles orientations “écosocialistes”. Ce
sont sûrement des “adorateurs du productivisme”, qui ne comprennent rien à la “modernité”.
Eh oui… tous ces cons d’ouvriers qui n’ont pas compris qu’il faut chômer pour la planète… Non, je ne pense pas qu’on trouve un grand écho dans les couches populaires ou chez les “militants
traditionnels” du PCF pour ce nouvel hochet qu’est l’écosocialisme (il paraît que la “révolution citoyenne” est passée de mode, alors faut bien trouver autre chose). D’autant plus que personne ne
semble avoir cherché à définir clairement ce que serait “l’écosocialisme”…
Laurent de Boissieu écrit souvent des choses intéressantes. Mais dans son diagnostic sur Mélenchon, à mon avis il se trompe, et de beaucoup. Mélenchon n’a aucune appétence pour les solutions
“social-démocrates et keynésiennes”. La vision que Mélenchon a de l’économie est une vision essentiellement magique, où partant du postulat que “de l’argent il y en a” on s’affranchit de toute
réflexion sur l’équilibre entre ce qu’on consomme et ce qu’on produit.
Bonjour,
Mélenchon y voit un début de réaction en chaîne, c’est en effet un peu ridicule, mais vous y voyez une “recomposition à gauche” ? Hum… Quant au silence officiel du PG, vous qui pronez la
refléxion, vous pourriez leur en laisser le temps.
Tout ce que vous dites sur le front de gauche et ses composantes est très juste, mais ne constitue qu’une vision (à mon avis) partielle des choses.
Il y a des rivalités et dissensions entre les organisations membres du Fdg ? Certes, mais le FdG existe toujours, et a même été rejoint par un nouveau parti d’ex NPA il me semble.
Mélenchon fatigue ses amis ? Si vous le dites, mais il a fait près de 11% à la présidentielle, il est avec ses qualités et ses défauts une personnalité politique qui compte (on peut regretter
qu’avoir une “personnalité politique” soit indispensable en 2012 mais c’est un autre débat).
Des personnalités quittent le PG et ça se passe mal ? J”imagine que c’est un peu la loi du genre non ? Sur le manque d’autocritique, même chose que sur le “silence officiel”, j’imagine (n’ayant
jamais été membre d’un parti) que les critiques se font plutôt “en interne”… Ceci dit je conviens que les dénigrements de Dolez sur certains blogs pro-Mélenchon font un peu peur.
Bref tout ça pour dire que votre intéressante analyse mériterait à mon avis un peu plus de nuance (et d’optimisme ?).
Mélenchon y voit un début de réaction en chaîne, c’est en effet un peu ridicule, mais vous y voyez une “recomposition à gauche” ?
Oui. Et je vais vous donner une autre piste. Je me suis procuré – à grand peine, je dois dire… pourquoi diable ne les publient-ils pas ur leur site au lieu de jouer à la société secrète ?
– les textes discutés au dernier CN du PG, que je comptais commenter dans un prochain article. Dans celui proposé par la direction du PG on peut lire la formule suivante:
De plus d’autres convergences à gauche sont possibles depuis le refus du TSCG par EELV et par l’aile gauche du PS. Sans être en accord sur tout nous pouvons construire une
alliance sur le refus de l’Europe austéritaire et sur des propositions alternatives vers l’écosocialisme. Si les listes initiées par le Front de Gauche et
rassemblant le plus largement ceux qui sont porteurs de cette orientation passent devant celles qui soutiennent la politique austéritaire du gouvernement, cela constituerait un événement
politique considérable.
C’est moi qui souligne… vous noterez qu’on parle “d’alliance” avec EELV et l’aile gauche du PS, et même des listes communes…
Quant au silence officiel du PG, vous qui pronez la refléxion, vous pourriez leur en laisser le temps.
Dans le cas de Ramaux, des années sont passées et aucune réponse n’a été donnée à ses remarques. Idem dans le cas de Desbons. Mais bon, laissons donc leur le temps de la réflexion…
Tout ce que vous dites sur le front de gauche et ses composantes est très juste, mais ne constitue qu’une vision (à mon avis) partielle des choses.
C’est la mienne. Je ne prétend pas à l’omniscience. Je compte sur mes commentateurs pour apporter d’autres points de vue… 😉
Il y a des rivalités et dissensions entre les organisations membres du Fdg ? Certes, mais le FdG existe toujours, et a même été rejoint par un nouveau parti d’ex NPA il me semble.
C’est vrai. Le FdG “existe toujours”. Mais est-ce que c’est toujours le même ? C’est là la question que je voulais poser. Lorsque les conseillers régionaux élus sur une liste FdG quittent leur
groupe pour aller constituer un autre avec quelques dissidents socialistes et EELV, est-ce que cela ne traduit un changement de nature du FdG ? Comment ce choix sera par exemple ressenti par les
militants communistes qui ont accepté de céder des places dans la liste régionale au FdG pour les voir ainsi “migrer” ?
Le FdG existe toujours. Mais il devient de plus en plus une “étiquette”, un “label” unique derrière lequel se cachent les réalités les plus disparates. On y retrouve des organisations qui ne sont
d’accord sur presque rien, des élus qui font ce qui bon leur semble… dans ces conditions, cela a toujours un sens de parler du “programme du FdG” ou des “propositions du FdG” ?
Mélenchon fatigue ses amis ? Si vous le dites, mais il a fait près de 11% à la présidentielle,
Et Marine Le Pen a fait 18%. Et alors ? Depuis quand le fait de faire 11% justifie tout ? Vous avez raison de souligner que Mélenchon est “une personnalité politique qui compte”. C’est d’ailleurs
pour cela que je m’intéresse toujours à lui. S’il ne comptait pas, qu’il débite des inepties me serait profondément indifférent.
Des personnalités quittent le PG et ça se passe mal ? J”imagine que c’est un peu la loi du genre non ?
Non. Particulièrement lorsqu’il s’agit d’un “parti creuset”, censé faire coexister des réflexions politiques différentes. C’est par contre la “loi du genre” dans les partis gauchistes, où il
n’existe qu’une seule “vérité” et tous ceux qui n’y souscrivent pas sont automatiquement des méprisables traîtres.
Sur le manque d’autocritique, même chose que sur le “silence officiel”, j’imagine (n’ayant jamais été membre d’un parti) que les critiques se font plutôt “en interne”…
Certes. Mais les conséquences de l’auto-critique se voient en externe. Que le PG analyse l’expérience d’Hénin-Beaumont à huis clos, cela me paraîtrait parfaitement normal. Mais qu’on continue à
l’extérieur à présenter la campagne d’Hénin-Beaumont comme un grand succès, que les voix les plus critiques de cette expérience rendent leur carte montre que cette analyse n’a pas eu lieu.
Ceci dit je conviens que les dénigrements de Dolez sur certains blogs pro-Mélenchon font un peu peur.
“Le poète a dit la vérité…”
(Oups j’ai oublié un point dans mon commentaire précédent.)
Vous raillez le hochet de “l’écosocialisme”, en l’opposant aux vrais désirs du vrai peuple qui souffre, c’est marrant cinq minutes, mais franchement un parti de gauche peut il être crédible sans
parler d’écologie ?
De plus votre phrase (“La vision que Mélenchon a de l’économie…”) montre que vous ne vous êtes pas vraiment penché sur ce que dit le PG ; j’ai regardé plusieurs des interventions des “assises
de l’écosocialisme” et même si tout est loin d’être parfait il y a de bonnes choses (j’ai vraiment aimé le discours de J. Généreux, qui ne parle pas d’économie mais d’humanité, de biens
communs…).
Vous raillez le hochet de “l’écosocialisme”, en l’opposant aux vrais désirs du vrai peuple qui souffre, c’est marrant cinq minutes, mais franchement un parti de gauche peut il être crédible
sans parler d’écologie ?
On pourrait en discuter. Mais en admettant que “parler d’écologie” soit la condition de la “crédibilité”, il y a manière et manière de parler. Si je “raille le hochet de l’écosocialisme”, c’est
parce que je me méfie des situations où l’on met les mots avant les choses. L’un des problèmes de la politique spectacle, c’est bien ce genre d’effet de sens: on utilise des formules qui “sonnent
bien”, qui sont “sexy”, sans prendre la peine de dire exactement en quoi ça consiste. C’est quoi “l’écosocialisme” ? Quels sont les principes de base qui sous-tendent cette doctrine ? En quoi est
elle différente de “l’écologie politique”, par exemple ?
Personnellement, je ne pense pas qu’on soit obligé de “parler d’écologie” pour être crédible. Je rejette cette vision de la politique qui découpe la pensée et oblige d’aborder chaque morceau pour
satisfaire telle ou telle catégorie. Il faut “parler d’écologie”, “parler de féminisme”, “parler des discriminations”, “parler des sans-papiers”, “parler du mariage des homosexuels”… Non. Pour
être crédible, il faut parler politique. Il faut proposer une vision globale. Une vision qui intègre l’ensemble des réflexions et des champs de la connaissance.
De plus votre phrase (“La vision que Mélenchon a de l’économie…”) montre que vous ne vous êtes pas vraiment penché sur ce que dit le PG
A supposer que ce soit vrai, je ne vois pas le rapport. Me pencher sur ce que “dit le PG” ne me fournit pas d’information sur “la vision que Mélenchon a de l’économie”. A moins que pour vous la
vision du PG et la vision de Mélenchon soient une seule et même chose…
J’ai pris la peine d’écouter un grand nombre d’interventions de Mélenchon, de lire ses bouquins, et j’ai même pu discuter avec lui. J’ai aussi pris la peine – le mot n’est pas trop fort –
d’écouter plusieurs fois Généreux et de lire ses bouquins. Et je persiste et signe: ils ont une vision “magique” de l’économie. Je m’en vais vous donner un exemple que j’ai commenté dejà sur ce
blog: la proposition, au cas où il serait impossible de faire accepter par nos partenaires européens l’idée que la BCE finance directement les états, d’obliger la Banque de France à le faire en
rachetant directement les titres du Trésor. La question évidente est: avec quel argent pourrait la Banque de France faire cela ? Est-ce que Mélenchon/Généreux proposent que la Banque de France
recommence à battre monnaie ? Cela supposerait une sortie de l’Euro, que par ailleurs l’un et l’autre rejettent avec la dernière vigueur…
La vision économique de Mélenchon – je ne parle pas de celle du PG, qui m’est inconnue dans la mesure où aucun document officiel du PG ne prend clairement position sur les questions économiques –
comme celle de Généreux reposent sur la croyance magique que de l’argent on en trouvera toujours. Et une vision de la politique monétaire qui oublie que la monnaie n’est qu’un véhicule…
j’ai regardé plusieurs des interventions des “assises de l’écosocialisme” et même si tout est loin d’être parfait il y a de bonnes choses (j’ai vraiment aimé le discours de J. Généreux, qui
ne parle pas d’économie mais d’humanité, de biens communs…).
Faut savoir si l’on est dans le plan de la réflexion ou celui de la poésie. Que Généreux dise des choses que vous voulez entendre, je n’en doute pas un instant. Mais il faut savoir si la question
est de se faire plaisir ou de comprendre comment le monde fonctionne. Ma vision de la politique penche pour le second terme de l’alternative… C’est très joli – et très facile – de “parler
d’humanité, de biens communs”. Mais je ne vois pas très bien à quel moment ce discours se transforme en propositions crédibles capables d’opérer sur le réel.
Sur l’écosocialisme, j’ai l’impression qu’on joue un peu sur les mots là. D’accord pour ne pas avoir à saucissoner la politique en thèmes distincts, mais pour le dire autrement je pense que toute
vision politique globale doit comprendre des éléments sur la façon de traiter le bien public mondial qu’est la nature. Il semble en effet que “écosocialisme” n’est pas une nouvelle doctrine
complète mais plutôt un slogan, un mot d’ordre, personne ne dit le contraire.
Sur le financement (d’après ce que j’ai compris) l’idée de J. Généreux c’est de constituer un pôle bancaire public qui ferait crédit à un taux proche de son taux de refinancement auprès de la BCE
(contrairement à aujourd’hui, où les banques se refinance à tux bas mais prêtent toujours à taux élevé). Il parle également en effet de réformer le statut de la banque de France.
(http://www.bastamag.net/article2301.html). Tout cela ne me semble pas “magique”, et même ça aurait du être fait suite à la crise financière… Et ça rejoint des propositions faites par d’autres
que le front de gauche d’ailleurs.
Sur “réflexion ou poésie” là c’est vous qui vous faites plaisir 😉 , je n’ai pas dit que son intervention était poétique et abstraite, je voulais juste signaler qu’elle n’était pas centrée sur
l’économie.
Il semble en effet que “écosocialisme” n’est pas une nouvelle doctrine complète mais plutôt un slogan, un mot d’ordre, personne ne dit le contraire.
Comment ça “personne ne dit le contraire” ? Si je lis les textes du PG, j’ai l’impression qu’ils disent exactement le contraire. Voici par exemple ce que dit la base proposée par le BN pour le
prochain congrès:
Il est urgent de rassembler notre peuple autour d’un nouvel horizon émancipateur pour conjurer cette menace sur l’humanité. Nous l’appelons avec d’autres l’écosocialisme. Cette référence est
d’ores et déjà partagée par plusieurs organisations du Front de Gauche et nous proposons de l’ajouter à notre patrimoine commun. C’est une refondation de l’écologie politique qui serait
impuissante sans stratégie de dépassement du capitalisme.
Diriez-vous que ce paragraphe se refère à un “slogan” où à un “mot d’ordre” ? Il me semble évident que ce n’est pas le cas. Mais je pense que nous sommes d’accord, vous et moi, sur le fait qu’il
s’agit d’un “slogan”. Maintenant, la question est quel est le sens de ce slogan. Que désigne à votre avis exactement l’écosocialisme ?
Sur le financement (d’après ce que j’ai compris) l’idée de J. Généreux c’est de constituer un pôle bancaire public qui ferait crédit à un taux proche de son taux de refinancement auprès de la
BCE (contrairement à aujourd’hui, où les banques se refinance à tux bas mais prêtent toujours à taux élevé). Il parle également en effet de réformer le statut de la banque de France.
La France se finance aujourd’hui à un taux très voisin – en fait legèrement inférieur – du taux de refinancement (à la dernière opération de placement, les obligations françaises à 10 ans se sont
vendues en dessous de 2%). L’idée que les banques “se refinancent à un taux bas et prêtent à un taux élevé” est une absurdité. Si tel était le cas, la solution est très simple: qu’attend Généreux
pour fonder sa propre banque ? Il pourrait se refinancer au même taux que les autres, et en prêtant à un taux moyen il raflerait tous les clients…
Il faut arrêter avec les préjugés et revenir à un raisonnement rationnel. Le marché des prêts est un marché concurrentiel, et la banque qui fera le meilleur taux emporte le marché. Chaque banque
a donc intérêt à baisser legèrement ses taux pour emporter plus de clients. Si les taux ne baissent pas indéfiniment, c’est parce qu’à un certain moment la banque qui prêterait en dessous d’un
certain taux perdrait de l’argent. Ce taux est fixé par deux paramètres: le taux de refinancement (c’est à dire, le taux auquel la banque peut obtenir de l’argent auprès de ses prêteurs) et le
taux de risque (c’est à dire, la surprime que la banque demande pour couvrir les prêts qui ne seront pas remboursés). Faut arrêter de croire que les banques fixent les taux arbitrairement.
Quant à la proposition de Généreux, je fais référence à une proposition très précise, qui figure dans son livre “Nous on peut” et qu’il a relayé, tout comme Mélenchon, pendant la campagne
électorale. Il s’agissait non pas de “constituer un pôle bancaire public” mais de permettre – en fait d’obliger – la BCE à financer les états à taux nul ou quasi-nul, et dans le cas où nos
partenaires européens ne seraient pas d’accord, d’obtenir le même service de la Banque de France.Cette proposition ne peut marcher que si l’on suppose que la Banque de France peut battre monnaie
(ou qu’elle peut se refinancer à taux nul et sans limite auprès de la BCE, ce qui est de toute évidence impossible).
Ce passage montre que ce terme d’écosocialisme ne sert qu’à rassembler autour de deux sujets, je ne vois vraiment pas en quoi c’est un problème… Le côté un peu grandiloquent à la limite ?
Franchement j’ai du mal à trouver ça important…
Sur les banques, je suis très loin d’être économiste mais il me semble avoir compris que le crédit est un peu le carburant d’une économie. Or il y a bien une différence entre le taux auquel une
banque emprunte et celui auquel elle prête, sans parler des refus de prêts. Un pôle bancaire public permettrait justement que le marché des prêts ne soit plus uniquement concurrentiel, de
maintenir cette différence au plus bas, et de privilégier certains projets jugés importants (qui n’obtiendraient pas de prêts d’une banque privée). Tout ça me paraît pas mal.
Il me semble enfin que l’idée de Généreux est d’abord d’essayer de tout faire pour peser sur l’UE et à défaut (si cela ne fonctionne pas) de se résoudre à utiliser la banque de France pour
financer l’état. En effet cela revient à effectuer une création de monnaie, je ne l’ai pas entendu affirmer le contraire. Peut être que ce que vous lui reprochez c’est de ne pas aller au bout de
sa logique, c’est à dire de ne pas prôner ouvertement la sortie de l’euro et de l’UE (je précise que je découvre un peu votre blog et je ne suis pas plus au courant de ça de vos positions) ?
Ce passage montre que ce terme d’écosocialisme ne sert qu’à rassembler autour de deux sujets, je ne vois vraiment pas en quoi c’est un problème…
Franchement, je vois un “problème” dans l’idée qu’on puisse rassembler une coalition sur un projet sans savoir très bien en quoi ce projet – réduit à un “slogan” – consiste. Pourquoi pas se
rassembler autour du Père Noël, puisque nous y sommes. Après tout, c’est encore plus consensuel que “l’éco-socialisme”…
Or il y a bien une différence entre le taux auquel une banque emprunte et celui auquel elle prête, sans parler des refus de prêts. Un pôle bancaire public permettrait justement que le marché
des prêts ne soit plus uniquement concurrentiel, de maintenir cette différence au plus bas,
Justement, le mécanisme concurrentiel permet que ces taux soient “au plus bas”. A votre avis, comment se fixe le taux d’intérêt auquel une banque prête ? En fonction du caprice du banquier ? Bien
sur que non. Le prêt est un produit, dont le coût est l’intérêt. Et comme tout produit offert sur un marché, son prix est fixé par la confrontation de l’offre et de la demande. Et le prix
d’équilibre correspond à celui qui maximise le nombre de prêts accordés. Augmentez le taux d’intérêt, et vous n’aurez plus autant d’emprunteurs. Réduisez le taux, et vous n’aurez pas suffisament
de prêteurs.
Le taux d’intérêt depend donc de ce que les emprunteurs sont prêts à payer pour leur prêt, et de ceux que les emprunteurs sont prêts à exiger. Intéressons-nous à ce dernier point. Imaginons que
je sois le banquier. Des gens me confient leur argent (pour lequel je leur paye un intérêt) ou bien j’obtiens de l’argent auprès de la Banque Centrale. Disons que cet argent me coûte 1%. Je ne
peux donc prêter à moins de ce taux. Mais il faut aussi que je prenne en compte le risque. Imaginons que sur 100 emprunts, 2 ne soient pas remboursés. Je sois charger les 98 restants d’un taux
suffisant pour couvrir les emprunteurs défaillants. Cela fait 2%. Additionnés au coût du capital, cela fera 3%. Si je veux gagner de l’argent, il faut que je prête à 3%. Mais si je fixe un taux
plus élévé, comme mes emprunteurs sont libres d’aller voir ailleurs, je perdrai des clients. J’ai donc intérêt, pour maximiser mes clients, à rester très près du taux minimal. Et c’est ce qui se
passe en pratique.
Un pôle bancaire public permettrait justement que le marché des prêts ne soit plus uniquement concurrentiel, de maintenir cette différence au plus bas, et de privilégier certains projets
jugés importants (qui n’obtiendraient pas de prêts d’une banque privée).
Mais allons plus loin. Pourquoi un tel projet “n’obtiendrait pas de prêt d’une banque privée” ? Imaginons un projet sûr et offre un retour sur investissement équivalent aux autres activités
économiques. Pourquoi diable un banquier lui refuserait-il son appui ? Si le banquier ne soutient pas le projet, c’est soit qu’il est risqué, soit que son retour sur investissement est inférieur
à celui d’autres investissements. Si le “pole bancaire public” finance un tel projet, alors soit il est en train de financer lui même – c’est à dire avec l’argent des contribuables – un risque
qu’un banquier juge inacceptable, soit on est en train de fournir du capital à une activité économique alors que ce capital produirait plus de valeur en étant investi dans une autre. Est-ce bien
raisonnable ?
Là encore, la pensée du PG est magique. Elle repose sur l’idée que les méchants banquiers se refuseraient à financer les activités utiles (alors qu’elles sont sures et efficientes). Je pense que
c’est inexact. D’ailleurs, beaucoup de grands investissements publics (le programme électronucléaire, pour ne donner qu’un exemple) ont été financés par des prêts privés. La vision de Généreux
occulte une prémisse cachée qui me semble très dangereuse: celle que l’investissement public ne doit pas prendre en compte le retour sur investissement des projets.
Je suis personnellement favorable à un pôle bancaire public, mais pas pour les raisons invoquées par Généreux & Co. Certaines activités sont vues comme “risquées” par les banques privées
parce que c’est l’Etat qui détient l’arme reglémentaire, et qui introduit un élément d’incertitude. Dès lors que c’est l’Etat qui assume le risque, on peut être rassuré sur le fait qu’il
utilisera l’arme reglémentaire avec soin et prudence…
Il me semble enfin que l’idée de Généreux est d’abord d’essayer de tout faire pour peser sur l’UE et à défaut (si cela ne fonctionne pas) de se résoudre à utiliser la banque de France pour
financer l’état. En effet cela revient à effectuer une création de monnaie, je ne l’ai pas entendu affirmer le contraire.
Il est absolument clair, pour toute personne raisonnable, que les allemands – et pas qu’eux – n’admettront jamais que la BCE finance à fonds perdus les pays “impécunieux” de la
zone Euro. Et c’est parfaitement logique: l’idée que la BCE finance à taux nul les Etats crée un aléa moral immense: a quoi bon gérér sérieusement ses finances publiques s’il existe quelque part
une caisse dans laquelle on peut piocher sans limite ? Franchement, vous seriez président de la République, qu’est ce qui vous empêcherait d’abolir tous les impôts, de doubler les salaires des
fonctionnaires et ensuite de financer tout cela en vendant des titres à la BCE ?
Lorsque les états étaient financés par leur banque centrale, cette tentation existait – c’est pour cela que la loi Giscard de 1973 a été faite – mais il y avait au moins une sanction pour
dissuader le politique d’aller trop loin: l’inflation induite par la monétisation de la dette. Mais dans un système européen, le pays qui s’amuserait à jouer les passagers clandestins reporterait
cette inflation sur l’ensemble de la zone Euro. La tentation d’amorcer ce qui en pratique sera un transfert de richesse entre les “économes” et les “dispendieux” risque d’être
irrésistible…
L’idée de Généreux, telle que vous l’interprétez, ne peut donc aboutir qu’à la sortie de l’Euro. Or, Généreux affirme par ailleurs que la sortie de l’Euro serait un désastre, et Mélenchon rajoute
encore en comparant ceux qui la proposent à des “maréchalistes”. Ne trouvez pas qu’il y a là une sérieuse contradiction ?
Peut être que ce que vous lui reprochez c’est de ne pas aller au bout de sa logique, c’est à dire de ne pas prôner ouvertement la sortie de l’euro et de l’UE
Non. Ce que je lui reproche est son incohérence. S’il veut être eurolâtre, c’est son choix (que je ne partage pas, mais cela est une autre histoire). Mais dans ce cas, il ne peut pas proposer une
politique économique qui ne peut aboutir qu’à la sortie de l’Euro. Et au contraire, s’il propose une politique qui aboutit à ce résultat, il faut l’assumer et non maintenir l’illusion qu’on peut
avoir le beurre et l’argent du beurre…
J’ai essayé de traiter ces questions dans plusieurs papiers. Comme vous découvrez mon blog, je me permets de vous donner quelques références (faut bien que je fasse ma pub…):
“Ou sont les bougies”
“L’économie voudou du front de gauche”
“Tout le monde en parle”
“Crise de l’euro: c’est l’histoire d’un trou”
Bonsoir Descartes,
j’aurais besoin de faire appel à votre mémoire car j’étais encore un gamin à cette époque: en 1981, lorsque le gouvernement socialo-communiste était arrivé au pouvoir, en nationalisant les plus
grandes banques au nom d’une politique étatiste. Bien des choses en matière de taux d’intérêts et de change auraient pu être faites à ce moment-là et je voulais savoir pourquoi certains choix ont
été faits (ou pas):
– pourquoi ne sont-ils pas revenu à ce moment-là sur l’interdiction faite à l’Etat de se refinancer auprès de la Banque de France? Après tout, ils pouvaient abroger cette loi qui avait plutôt
échoué dans son objectif, à savoir limiter l’inflation; inflation qui d’ailleurs, ne sera brisée qu’avec la fameuse politique dite du franc fort (qui, comme chacun sait, se faisait à Francfort
…).
– Il y avait également un contrôle des changes et des capitaux à ce moment-là, dont on sait qu’ils ne seront supprimés qu’en 1990, je crois, pour parfaire la libéralisation de l’économie: alors
pourquoi l’une des plus grandes fuites de capitaux du 20è siècle en France a pu se produire pendant 2 ans, faisant échouer de fait la politique de relance du gouvernement Mauroy?
Merci d’avance pour éclairage.
– pourquoi ne sont-ils pas revenu à ce moment-là sur l’interdiction faite à l’Etat de se refinancer auprès de la Banque de France? Après tout, ils pouvaient abroger cette loi qui avait plutôt
échoué dans son objectif, à savoir limiter l’inflation; inflation qui d’ailleurs, ne sera brisée qu’avec la fameuse politique dite du franc fort
Le diagnostic que vous faites des effets de la loi Giscard me paraît erronné. Comment savez vous que la loi en question a “échoué dans son objectif” ? Pour arriver à cette conclusion, il faudrait
savoir ce qui se serait passé si la Banque de France avait continué à accepter en escompte les titres du Trésor…
Le gouvernement de gauche en 1981 n’est pas revenu sur cette loi tout simplement parce qu’il y avait consensus à gauche sur le fait que cette loi était nécessaire. Peut-être parce que pour les
générations qui avaient vécu l’avant guerre la problématique de l’inflation était plus critique qu’elle ne l’est aujourd’hui. Et les exemples encore plus contemporains ne manquaient pas: Les
britanniques avaient été forcés en 1967 a demander l’aide du FMI et dévaluer massivement la Livre, et l’Italie a été souvent au bord de l’hyperinflation dans les années 1960. En fait,
l’abrogation de la loi de 1973 n’a pas été évoquée dans les débats des années 1970 à la fin du siècle. La contestation de cette loi apparaît en fait dans le débat public français très récemment,
peut-être parce que le spectre de l’inflation ne fait plus peur aux jeunes générations, qui ne l’ont pas connue.
– Il y avait également un contrôle des changes et des capitaux à ce moment-là, dont on sait qu’ils ne seront supprimés qu’en 1990, je crois, pour parfaire la libéralisation de l’économie:
alors pourquoi l’une des plus grandes fuites de capitaux du 20è siècle en France a pu se produire pendant 2 ans, faisant échouer de fait la politique de relance du gouvernement Mauroy?
Ce n’est pas la “fuite des capitaux” – qui fut finalement assez modérée en 1981 – qui a fait échouer la politique de relance de Mauroy. Ce fut plutôt le déséquilibre massif de la balance
commerciale. Si le gouvernement Mauroy a pris la précaution d’instaurer le contrôle des changes, il n’a par contre rien fait pour instaurer une politique protectionniste. La relance Mauroy, qui
consistait à distribuer du pouvoir d’achat par le biais de la hausse des salaires et des traitements s’est traduite par une plus grande demande de produits importés, et donc par une sortie
massive de devises pour payer ces importations. C’est ce déséquilibre, et non la fuite des capitaux, qui a obligé rapidement à procéder à plusieurs dévaluations pour rétablir l’équilibre des
échanges, et qui en 1983 a finalement posé le choix entre une politique d’austérité ou une sortie du SME. Le choix europhile de Mitterrand – et de son ministre des finances de l’époque, Jacques
Delors – l’a conduit à imposer la politique du “franc fort” et l’austérité qui venait avec.
Je vais préciser ma question sur la fameuse loi Giscard du 3 janvier 1973 (bientôt 40 ans jour pour jour ): cette loi,
si j’ai bien compris, avait deux buts avoués: éviter à l’Etat de recourir à un processus qui s’apparentait à de la création monétaire, et donc à la planche à billets: cela faisait craindre une
augmentation l’inflation, étant donné le contexte de fin des 30 glorieuses. Depuis lors, l’Etat doit se refinancer sur le marché systématiquement. L’autre effet fut de créer un marché monétaire
(ou interbancaire) pour le refinancement à court terme.
Les autorités de l’époque ont pu considéré que ce dispositif serait assez dissuasif, mais apparemment pas assez car l’Etat contrôlait indirectement les banques grâce à sa mainmise sur la Banque
de France. L’autre problème pour la lutte contre l’inflation était l’indexation des salaires.
C’est la raison pour laquelle j’avais dit plus haut la loi Giscard avait plutôt échoué dans son objectif de maîtrise de l’inflation. J’ajoute enfin c’est bien le gouvernement Mauroy qui, en
1982 par les lois Auroux, a supprimé l’indexation des salaires, mesure anti-sociale s’il en est…
La question que vous posez au fond est celle de l’inflation. L’inflation peut être considéré comme un impôt: chaque fois que l’Etat imprime un billet de 100 F, il réduit la valeur des francs en
circulation et prend donc une portion de la valeur correspondante. C’est un impôt qui touche les gensd’autant plus durement qu’ils détiennent plus de monnaie ou des revenus gagés sur la monnaie
(les rentes). C’est pourquoi c’est – à condition de conserver une certaine indexation entre les prix et les salaires – un impôt plutôt social. Il tend à privilégier l’activité réelle sur
l’activité financière, et la production sur la rente.
Les périodes d’expansion sont dans notre pays des périodes de forte inflation. Mais aussi longtemps que la croissance était forte, les gouvernements cherchaient moins à ramener l’inflation à zéro
qu’à la maintenir à un niveau raisonnable. Avec le ralentissement économique de la fin des années 60 puis avec le premier choc pétrolier le dérapage vers l’hyperinflation menace, et c’est alors
qu’on fait des lois restreignant l’émission monétaire, dont la loi Giscard.
La politique du Franc fort puis la création de l’Euro avec une cible d’inflation très faible marque un choix: celui de privilégier la finance par rapport à la production et la rente par rapport à
l’activité. On en recueille aujourd’hui les fruits. S’il y avait une réforme de la BCE à faire rapidement, plus que toucher à son indépendance ce serait de lui donner un objectif d’inflation de
5%…
Et bien, j’ai l’impression qu’on est d’accord: avec les lois Auroux sur la fin de l’indexation des salaires, les
socialistes ont fait le choix de la rente au détriment de l’activité économique dès 1982! Tout le monde parle du tournant de la rigueur de 1983, mais vous venez de confirmer ce que je
pressentais depuis quelque temps: les cartes étaient déjà truquées pour une politique sociale et de plein emploi avant l’arrivée de Delors!
Sinon, je savais déjà que l’inflation était un impôt déguisé, et que pour compenser la fin du refinancement direct auprès de la Banque de France, on aurait dû avec recours EXPLICITEMENT à
l’impôt. Or, comme vous le signalez assez souvent, on a plutôt recouru à des baisses d’impôts directs pour les classes moyennes et possédantes, et augmenté les impôts indirects (TVA, CSG,
etc…), qui sont nettement moins progressifs. Malheureusement, ça ne fonctionne pas, vu qu’aucun budget voté depuis près de 40 ans n’a été à l’équilibre!
“L’inflation peut être considéré comme un impôt: chaque fois que l’Etat imprime un billet de 100 F, il réduit la valeur des francs en circulation et prend donc une portion de la valeur
correspondante.”
D’où la question de la relation à établir entre création de masse monétaire en rapport avec les richesses créées ?
Et quand les banques créent quotidiennement de la monnaie simplement par des jeux d’écritures, qu’elles n’ont pour obligation de détenir il me semble que 10 ou 8 % des fonds en compte, qu’elles
prêtent donc avec intérêts de l’argent qu’elles n’ont pas, ça fait quoi ?
Et quand les banques créent quotidiennement de la monnaie simplement par des jeux d’écritures,
Je l’ai dejà explique mille fois, mais je vais l’expliquer une fois encore: les banques ne “créent” rien “simplement par des jeux d’écritures”. Le crédit (qui n’est pas le seul fait des banques,
arrêtons de diaboliser cette honorable profession) a pour effet de multiplier la monnaie émise par la banque centrale. Lorsqu’un fournisseur vous remet une marchandise
immédiatement “à payer à 90 jours”, il y a aussi multiplication monétaire. C’est l’opération de crédit, et non “la banque” – méchante, forcément méchante – qui produit la multiplication.
J’avais essayé d’expliquer le mécanisme dans mon papier “
Mais si je fixe un taux plus élévé, comme mes emprunteurs sont libres d’aller voir ailleurs, je perdrai des clients. J’ai donc intérêt, pour maximiser mes > clients, à rester très près du
taux minimal. Et c’est ce qui se passe en pratique.
Donc les banques ne font presque aucun profit avec les crédits… hum. Et puis vous oubliez quand un même quelques détails : ça ça marche sous certaines conditions très théroriques (nombre de
banques très élévé, absence d’entente, transparence et fluidité du marché…).
Là encore, la pensée du PG est magique. Elle repose sur l’idée que les méchants banquiers se refuseraient à financer les activités utiles (alors qu’elles sont sures et efficientes). Je pense
que c’est inexact. D’ailleurs, beaucoup de grands investissements publics (le programme électronucléaire, pour ne donner qu’un exemple) ont été financés par des prêts privés. La vision de
Généreux occulte une prémisse cachée qui me semble très dangereuse: celle que l’investissement public ne doit pas prendre en compte le retour sur investissement des projets.
Sauf que le “retour sur investissement” est réducteur, d’autres choses doivent être prises en compte : impact écologique, utilité sociale du projet…etc.
A quoi bon gérér sérieusement ses finances publiques s’il existe quelque part une caisse dans laquelle on peut piocher sans limite ? Franchement, vous seriez président de la République,
qu’est ce qui vous empêcherait d’abolir tous les impôts, de doubler les salaires des fonctionnaires et ensuite de financer tout cela en vendant des titres à la BCE ?
Mais à quoi bon gérer sérieusement ses finances publiques si c’est pour laisser les gens crever, sans boulot, sans perspectives, et en continuant à pourrir la planète ? Ce que défend Généreux
c’est annuler une partie de la dette, en monétiser une autre partie (ce qui ne veut pas dire faire n’importe quoi comme vous le décrivez, et ne conduit d’après lui pas à une inflation forcément
importante) et enfin augmenter les recettes de l’état en réformant l’impôt. On peut tout à fait ne pas être convaincu, mais cela n’a rien de magique ou d’extraordinaire, en fait tout ça a déjà
été fait à d’autres époques.
Sur la sortie de l’euro / UE, il y a là un vrai souci dans le programme du front de gauche, je suis plutôt d’accord… peut être aussi qu’ils n’osent pas franchir ce pas pour ne pas se retrouver
de fait dans le même “camp” que le FN ? Pure conjecture.
Je vais lire les articles, en lien, merci.
PS : sur les lois Auroux et ” les cartes étaient déjà truquées avant l’arrivée de Delors”, en fait Delors et la “deuxième gauche” sont parmi les inspirateurs de ces lois…
Donc les banques ne font presque aucun profit avec les crédits… hum
Pas autant que vous le croyez, en tout cas… Faisons un calcul de coin de table si vous le voulez bien. Aujourd’hui, les banques font du crédit immobilier autour de 3,5 %. Essayons d’estimer
maintenant les coûts supportés par le banquier. D’abord le taux de refinancement (c’est à dire, celui que le banquier paye pour avoir de l’argent). On peut l’estimer – en étant généreux – autour
de celui du livret A. Le raisonnement est simple: les banquiers se précipitent a essayer de fourguer le livret A à leurs clients (voir par exemple le lobbying des banques pour avoir la
possibilité de placer le livret, réservé auparavant à la banque postale et les caisses d’épargne). Si les banquiers pouvaient trouver de l’argent moins cher ailleurs, pourquoi chercheraient-ils à
le trouver en payant plus ? Plaçons donc le taux de refinancement vers 2%. Comment ? Vous me dites que la BCE offre de l’argent à 1% ? Oui, c’est vrai, mais ce sont des prêts à court terme (moins
de trois ans) et sans garantie de renouvelement. Mais bon, je vous fais une fleur: disons que le taux de refinancement soit de 1%. A celui-ci il faut rajouter l’inflation, ce qui nous fait 2,7%.
Le banquier qui prête à 3,5% n’a donc que 0,8% pour couvrir le risque du prêt, les frais administratifs de gestion et son propre profit. Cela ne fait pas beaucoup, vous ne trouvez pas ? Il suffit
qu’un prêt sur cent ne soit pas remboursé pour qu’il perde de l’argent…
Et puis vous oubliez quand un même quelques détails : ça ça marche sous certaines conditions très théroriques (nombre de banques très élévé, absence d’entente, transparence et fluidité du
marché…).
Vous avez raison. Le marché du prêt n’est pas “pur et parfait”. Mais il l’est suffisamment pour que les taux d’intérêt restent assez proches du minimum (comme je vous l’ai montré plus haut dans
le cas du marché du prêt immobilier). Ce n’est pas vraiment sur les prêts que les banquiers s’enrichissent. C’est d’ailleurs pourquoi les banquiers résistent autant à la séparation des activités
de banque “classique” et des activités spéculatives: c’est la spéculation qui fait la richesse des banques, pas le prêt.
Sauf que le “retour sur investissement” est réducteur, d’autres choses doivent être prises en compte : impact écologique, utilité sociale du projet…etc.
J’ai pris le soin d’utiliser le terme “retour sur investissement” et non “rentabilité” pour répondre à cette objection. Bien entendu, je compte dans le “retour sur investissement” l’impact
écologique et l’utilité sociale. Il n’en reste pas moins que lorsque l’on dépense de l’argent dans un projet, cet argent doit venir de quelque part. Si les gens sont prêts à payer plus pour
“réduire l’impact écologique” ou pour bénéficier de “l’utilité sociale” du projet, on voit mal pourquoi un banquier privé refuserait de le financer… Au contraire: si les gens sont prêts à
payer, il est sûr d’être remboursé…
Le problème des gauchistes est qu’ils confondent souvent “financement” avec “donation”. Un projet – qu’il soit public ou privé – doit produire suffisamment d’utilité (sous quelque forme que ce
soit) pour couvrir son coût. Si ce n’est pas le cas, sa réalisation se traduit par une destruction de valeur (puisqu’on y met plus de valeur qu’on n’en retire). Si ce qu’on demande au “pôle
financier public” est de financer des projets à perte, alors il faut dire qui sera taxé pour couvrir les pertes en question.
Ce que défend Généreux c’est annuler une partie de la dette, en monétiser une autre partie (ce qui ne veut pas dire faire n’importe quoi comme vous le décrivez, et ne conduit d’après lui pas
à une inflation forcément importante) et enfin augmenter les recettes de l’état en réformant l’impôt.
Pardon, mais Généreux dans son livre défend bien l’idée d’une BCE qui financerait les Etats à taux nul. Et cela sans proposer le moindre mécanisme de contrôle ou de restriction à cette facilité.
C’est donc bien la situation que j’ai décrit.
Pour ce qui concerne l’annulation de la dette, pourquoi pas… seulement cela suppose que les créanciers se résignent à perdre leur argent. Or, qui sont ces créanciers ? Des riches banquiers en
haut de forme et cigarre, certainement. Mais aussi des retraités qui ont souscrit aux régimes de capitalisation. Des travailleurs qui ont souscrit à des plans d’épargne entreprise. Les détenteurs
de comptes en banque ou des livrets A. Je pense que la réflexion de Généreux est faible dans le sens où il se place toujours du point de vue du débiteur, mais jamais du créancier. Or, dans une
société aussi complexe que la notre, nous sommes tous à la fois créanciers et débiteurs. La retraite est une créance, la sécurité sociale est une créance, votre compte en banque, votre livret A
sont des créances. La question de l’annulation des dettes pose immédiatement la question des créanciers qui seront lesés. Une question que Généreux et ses amis n’abordent jamais.
On peut tout à fait ne pas être convaincu, mais cela n’a rien de magique ou d’extraordinaire, en fait tout ça a déjà été fait à d’autres époques.
Pourriez vous donner un exemple précis où un Etat ait été financé à taux nul par une institution multinationale sans limite, sans contrôle et sans contrepartie ? Parce que c’est cela que Généreux
et ses amis proposent…
Sur la sortie de l’euro / UE, il y a là un vrai souci dans le programme du front de gauche, je suis plutôt d’accord… peut être aussi qu’ils n’osent pas franchir ce pas pour ne pas se
retrouver de fait dans le même “camp” que le FN ? Pure conjecture.
On ne fait pas de politique lorsqu’on n’est pas capable sur un sujet d’une telle importance de proposer une politique qui soit définie autrement qu’en fonction du “que dira-t-on”.
Reste que les banques s’enrichissent avec les crédits, même si c’est de façon mesurée, mettons “à la mode des 30 glorieuses”; lorsque de gentils taux de profits de 3 ou 5% étaient apparemment
plus acceptables qu’aujourd’hui. Et elles font en plus beaucoup d’argent avec la spéculation, ok.
Je comprends ce que vous voulez dire : public ou privé, un financement doit être viable. Mais je ne vois toujours pas vraiment en quoi le financement évoqué par Généreux (en gros : augmenter les
impots et les rendre plus progressifs, annuler les exonérations de cotisations) est utopique. Il me semble qu’un organisme parapublic avait sorti le chiffre de 100 milliards d’euros comme “manque
à gagner” du à tous les allégements d’impôts et de charges faits depuis les années 1990.
Sur la dette, en France comme ailleurs elle a atteint un poids qui fait que dans tous les cas elle ne sera pas payée entièrement. Que ce soit par monétisation avec un peu d’inflation, défaut
partiel ou un mélange des deux, les créanciers ne seront pas intégralement remboursés. Généreux part sans doute sur l’hypothèse que ceux qui la possèdent sont plutôt des riches… Ceci dit rien
n’empêche de mettre en place des mécanismes de plafonnement, comme cela arrive si une banque fait faillite (exemple on rembourse les 15.000 premiers euros du compte…).
Sur le “financement illimité” : le financement par monétisation a existé, sans que les pouvoirs en fassent systématiquement n’importe quoi. C’est un pouvoir comme un autre, à utiliser avec
modération, mais dont la France s’est privée. Evidemment la création monétaire ne peut pas se faire par la BCE sur une décision française, j’en conviens.
Je trouve votre dernière phrase bien sévère, la sortie de l’euro voire de l’UE est un sujet délicat pour une formation politique qui veut arriver au pouvoir. La belle idée européenne et l’union
européenne sont deux choses qui se confondent un peu pour beaucoup d’électeurs, ce qui est logique. C’est un peu la même chose pour le protectionnisme, que le front de gauche évoque du bout des
lèvres, “si possible au niveau européeen”.
Mais je ne vois toujours pas vraiment en quoi le financement évoqué par Généreux (en gros : augmenter les impots et les rendre plus progressifs, annuler les exonérations de cotisations) est
utopique.
Je n’ai pas dit que l’ensemble des propositions de Généreux soient “utopiques”. Je me suis concentré sur une proposition bien particulière, celle qui concerne le financement
gratuit des déficits publics par la BCE et, à défaut, par la Banque de France. C’est cette proposition-là que j’ai qualifié de “magique”.
Sur la question concrète des propositions que vous évoquez, je continue à penser que, loin d’abolir les “exhonérations de cotisations”, il faut au contraire en finir avec celles-ci et transférer
la charge sur les impôts sur la consommation, et notament la TVA. Le financement de notre protection sociale par des prélèvements sur le travail ou sur le revenu a le défaut de faire peser
celle-ci exclusivement sur la production nationale, et donc de donner un avantage compétitif aux produits importés. Dans un contexte de libre-échange, c’est suicidaire.
Pour ce qui concerne l’augmentation des impôts, pourquoi pas. Mais si cela permet de conserver voire accroître la dépense publique, ceci se fait nécessairement avec pour contrepartie une baisse
de la dépense privée – ce que vous payez en impôts vous ne le dépensez pas dans les magasins – et c’est donc sans effet net sur la croissance (sauf l’effet marginal qui résulte du fait que la
dépense publique est plus efficace que la dépense privée pour stimuler l’économie).
Il me semble qu’un organisme parapublic avait sorti le chiffre de 100 milliards d’euros comme “manque à gagner” du à tous les allégements d’impôts et de charges faits depuis les années
1990.
Il y a beaucoup de chiffres qui circulent, qui vont d’un rapport un a dix. Mais la question fiscale est une question de choix de société. On peut décider de donner plus d’argent aux gens pour
qu’ils choisissent individuellement en quoi ils préfèrent le dépenser. On peut aussi donner moins d’argent aux gens et plus à l’Etat, et c’est alors de manière collective, par
l’intermédiaire des élus et de l’administration que les choix de dépense sont faits. Il faut un équilibre entre ces deux options. Que le choix de savoir s’il faut construire un barrage
hidroélectrique plutôt qu’une centrale nucléaire est de toute évidence un choix qu’il vaut mieux prendre collectivement. Mais prenons par exemple le domaine de la culture: que préferez-vous ?
Avoir de l’argent pour choisir les disques qui vous plaisent, ou laisser cet argent à l’Etat et recevoir par la poste un paquet de disques qui auront été choisis pour vous par une commission
quelconque ?
Sur la dette, en France comme ailleurs elle a atteint un poids qui fait que dans tous les cas elle ne sera pas payée entièrement. Que ce soit par monétisation avec un peu d’inflation, défaut
partiel ou un mélange des deux, les créanciers ne seront pas intégralement remboursés.
Oui et non. Si l’on utilise la monétisation, les créanciers seront intégralement remboursés, et la richesse nécessaire à ce remboursement sera prelevée sur l’ensemble de la société par le biais
de l’inflation. Dans un “défaut partiel”, certains créanciers ne seront pas remboursés totalement alors que d’autres le seront. Il est possible qu’une partie de la dette ne soit pas remboursée,
mais à mon sens là n’est pas la question. La question est qu’il y a un “trou”, et que ce trou il va falloir le partager entre les créanciers, les contribuables, les générations futures…
Généreux part sans doute sur l’hypothèse que ceux qui la possèdent sont plutôt des riches…
C’est là qu’à mon avis il se trompe… il y a des gens très riches qui ont des grosses créances. Mais ces gens sont peu nombreux. Il y a aussi des gens moyens, qui ont des créances moyennes…
mais ils sont très nombreux. En limitant le défault aux riches, vous n’arriverez pas à une somme importante. Il vous faudra étendre le défaut aux classes moyennes… ce qui vous explique
peut-être pourquoi celles-ci sont allergiques à toute référence à une éventuelle sortie par la l’inflation…
Ceci dit rien n’empêche de mettre en place des mécanismes de plafonnement, comme cela arrive si une banque fait faillite (exemple on rembourse les 15.000 premiers euros du
compte…).
Pour une créance, c’est très difficile parce que les titres de dette sont anonymes. En d’autres termes, vous pouvez faire une distinction par nature des titres, mais pas par nature du détenteur.
De plus, ces titres interviennent souvent dans d’autres titres dérivés. Prenons par exemple une SICAV de la Poste, détenue essentiellement par des petits épargnants. Imaginons qu’il y ait 1
million de petits épargnants qui mettent dans la SICAV 1000 € chacun, et qu’avec cet argent l’administrateur de la SICAV achete pour 1 Md€ de titres de dette française. Le jour du défaut, c’est
ce milliard qui sera comparé au “plafond”, et non l’investissement de chaque petit porteur…
En fait, le “défaut” a déjà commencé. Lorsque l’on reporte l’âge de la retraite de 65 à 67 ans, on renie une créance: le retraité qui était en moyenne créancier de N années de paiement devient
créancier de N-2 années. C’est bien un défaut parciel…
Sur le “financement illimité” : le financement par monétisation a existé, sans que les pouvoirs en fassent systématiquement n’importe quoi.
Le financement par monétisation, oui. Mais la monétisation était toujours nationale. En d’autres termes, le gouvernement qui décidait la monétisation était le même que celui qui devait ensuite
prendre devant le peuple la responsabilité de l’inflation qui était l’inévitable contrepartie. En d’autres termes, l’autorité qui décidait la dépense était celle qui prélèvait l’impôt
(inflationnaire). Il y avait donc une puissante corde de rappel pour empêcher le gouvernement de faire n’importe quoi. Avec la monétisation par la BCE, cette corde de rappel disparaît: le
gouvernement décide la dépense et c’est l’ensemble de la zone euro qui est appellée à payer l’impôt correspondant.
Je trouve votre dernière phrase bien sévère, la sortie de l’euro voire de l’UE est un sujet délicat pour une formation politique qui veut arriver au pouvoir.
Délicate mais vitale. Aussi longtemps qu’on n’a pas les idées claires à ce sujet, on peut à la rigueur arriver au gouvernement. Mais certainement pas au pouvoir…
La belle idée européenne et l’union européenne sont deux choses qui se confondent un peu pour beaucoup d’électeurs, ce qui est logique.
C’est quoi, la “belle idée européenne” ? Franchement, je n’ai jamais trouvé “l’idée européenne” si belle que ça. Mais quoi qu’il en soit, la fonction des partis politiques est de précéder les
électeurs, et non pas de les suivre. Au delà de “la belle idée européenne”, il y a la réalité européenne, qui est plutôt moche. Les politiques qui consistent à raconter des bobards pour ne pas
désespérer Billancourt ont toujours conduit au désastre. Et dans le cas d’espèce, cet argument cache en fait un problème plus profond: si parler d’une sortie de l’Euro effraye l’électeur du Front
de Gauche, ce n’est pas parce que cet électeur croit à la “belle idée européenne”, mais parce que cet électeur, qui appartient en général aux classes moyennes, est celui à qui profite le plus de
l’Euro fort. Dans ce pays, on pourrait peut-être avoir une majorité des couches populaires en faveur d’une sortie de l’Euro, et c’est pourquoi Marine Le Pen en parle sans complexe. Mais les
partis qui ont leur base sociologique dans les classes moyennes doivent faire très attention sur cette question à ne pas froisser les intérêts de leur électorat…
C’est un peu la même chose pour le protectionnisme, que le front de gauche évoque du bout des lèvres, “si possible au niveau européeen”.
Le protectionnisme a autant de réalité au niveau européen que les calendes dans le calendrier grec. Mais vous avez raison d’identifier les deux problèmes. Là encore, c’est une question de base
sociologique. Le protectionnisme attire ceux qui travaillent dans des fonctions délocalisables et achètent surtout des produits locaux. Il repousse ceux qui ne risquent pas la délocalisation de
leur emploi et achètent volontiers de l’importé. Là encore, cela devrait vous expliquer pourquoi le FN peut prêcher le protectionnisme sans complexe, alors que la gauche radicale est si
frileuse…
je voulais revenir sur une remarque de tMn à propos de J.Généreux:du temps où j’étais au PG, j’avais lu plusieurs de ces bouquins qui me paraissaient sensés à l’époque. Je ne connaissais pas
vraiment son avis par rapport à l’UE et à ses institutions dont la BCE, enfin si, puisque j’étais d’accord avec ses critiques et son eurosceptisme. J’avais alors bêtement supposé qu’il militait
implicitement pour une sortie de l’Euro, et donc de l’UE. Apparemment, j’avais tort, puisqu’il utilise des contorsions intellectuelles pour justifier le maintien de l’UE et de la BCE afin de
financer une politique sociale: c’est une pure escroquerie ! Rien ne peut changer dans le fonctionnement de la BCE
sans modifier les traités, ce qui, en l’espèce signifie ni plus ni moins que rien ne changera!
Vous semblez connaître J.Généreux et je voulais vous posez une question: comment un intellectuel de sa trempe peut se rendre complice d’une arnaque pareille? En dehors d’une pensée magique,
pardonnable (encore que…) pour des politiciens comme Mélenchon, Billard ou Autin, cette attitude est inexcusable pour un expert de sa trempe! A moins qu’il ne soit devenu un de ces
propagandistes qui construisent des discours pour justifier le maintien du status quo, à savoir sauver l’UE, mais par la gauche!
D’autant que J.Généreux n’a pas de mandat électif, ni de prébendes à obtenir… Non, vraiment, en dehors de la vanité, je peine à comprendre…
J’avais alors bêtement supposé qu’il militait implicitement pour une sortie de l’Euro, et donc de l’UE.
J’avoue que j’ai partagé ton erreur. J’ai eu Généreux pour professeur, et à l’époque son discours était résolument euro-sceptique. J’ai été très surpris de le voir dériver si rapidement vers une
position eurolâtre.
Vous semblez connaître J.Généreux et je voulais vous posez une question: comment un intellectuel de sa trempe peut se rendre complice d’une arnaque pareille?
J’avoue que je ne sais pas, et que la transformation de Généreux a toujours pour moi été un mystère. Peut être est-ce l’influence déletère qu’exerce souvent la médiatisation politique sur les
hommes de science ? Ou peut être l’envie de croire qui, pardon de me répéter, reste la force la plus puissante que je connaisse…
Encore une remarque par rapport à cette “belle” idée d’Europe faite par tMN: j’ai été assez impressionné par un exposé de François Asselineau sur l’histoire de France. Sa vision est certe
assez très orientée, mais aussi très érudite pour un non-historien. Il m’est resté une phrase qui résonne encore dans ma tête: le concept d’Europe a toujours été dans l’histoire un concept
réactionnaire!
Pour illustrer son propos, Asselineau donne des exemples comme celui de l’empire romain, du St Empire Romain Germanique, et plus prêt de nous, des l’impérialismes bonapartiste et hitlérien. Tous
ces empires se sont faits au nom de l’unification de l’Europe. Il parle également du fameux traité de Vienne en 1815, où les souverains européens redessinèrent la carte des royaumes européens en
faisant fi des peuples au nom de l’Europe des rois. Plus contestable (encore que…) il évoque la phraséologie européiste à le Troisième Reich, qui se voulait lui aussi porteur d’une idée de
nation européenne (d’après moi, c’est encore de l’impérialisme…).
Historiquement, en dehors du bonapartisme, la France a toujours voulu lutter pour sauvegarder son indépendance, et donc a longtemps été réfractaire à toute idéologie européenne, lui préferant
l’universalisme (la langue française est présent sur les cinq continents) et la souveraineté. Comment se fait-il alors, qu’après De Gaulle, qui a été fidèle à cette vocation universaliste, l’idée
d’Europe soit désormais vue comme enviable alors que historiquement, la France l’a pratiquement toujours combattue?
Ce que je comprends encore moins, c’est cette absence de mémoire historique de toute la gauche pro-UE (dont fait parti le PG): comment des partis qui s’affirment progressistes peuvent
défendre un concept aussi historiquement réactionnaire que l’Europe? Est-ce l’un des effets de la fameuse amnésie des classes moyennes dont vous parlez si souvent?
Comment se fait-il alors, qu’après De Gaulle, qui a été fidèle à cette vocation universaliste, l’idée d’Europe soit désormais vue comme enviable alors que historiquement, la France l’a
pratiquement toujours combattue?
La vision d’Asselineau me paraît un peu réductrice. Il y a eu en fait beaucoup d’idées européennes, qu’on ne peut pas assimiler les unes aux autres. L’idéalisme européen et pacifiste d’un Victor
Hugo, par exemple, rejoint celui d’un Briand pour qui les “Etats-Unis d’Europe” sont avant tout un moyen d’empêcher les guerres. Ni l’un ni l’autre n’avaient en fait une idée des institutions
politiques qui pourraient accomplir ce miracle.Et cette vision n’a aucun rapport non plus avec l’Europe des empires (celle de Napoléon ou de Hitler) qui reposait sur le projet d’étendre à
l’ensemble du continent les institutions politiques d’un seul pays.
Le projet européen de l’après-guerre puise une partie de sa justification théologique dans ce pacifisme, mais va beaucoup plus loin sur le plan politique: il est l’oeuvre de gens qui se méfient
profondément du peuple et qui voient dans l’Europe une opportunité de dépouiller les organismes démocratiques – toujours soumis au danger du populisme – de leurs pouvoirs pour les confier à des
techniciens. Une idée que ni Briand ni surtout Hugo n’auraient accepté.
L’idée fédérale et pacifiste d’Hugo ou de Briand reposaient sur l’exemple américain. Le problème est que le fédéralisme américain a fonctionné parce que les “Etats” qui composent l’union étaient
relativement homogènes et avaient une histoire commune. On pouvait donc parler d’un “peuple américain”. Le fédéralisme européen n’a pas fonctionné parce que les Etats européen ont des histoires
très différentes – et souvent antagoniques. Un américain de l’ouest voit l’américain de l’est comme un autre lui même. Ce n’est pas le cas d’un allemand vis-à-vis d’un grec, et l’histoire récente
l’a démontré amplement.
C’est pour cela que toutes les tentatives de donner à l’Europe des institutions démocratiques ont échoué. La seule Europe fédérale possible, c’est l’Europe des technocrates.
OK pour l’explication des différentes visions de l’Europe, mais l’Europe de la paix est une vision diplomatique qui pourrait s’appliquer avec n’importe quel autre pays de la planète en dehors de
notre continent. La diplomatie ne peut donc pas fonder un projet politique! Elle sert à éviter les conflits et non à élaborer un projet politique entre diverses nations!
Sinon, je pense malheureusement que le discours de Victor Hugo n’a fait que préfigurer celui de Jules Ferry qui justifiait la colonisation du monde par les pays européens à la fin du 19è siècle;
celui d’Aristide Briand a eu deu effets pervers: il a inspiré le pacifisme d’entre-deux-guerres et a grandement participé en France à l’élaboration d’un discours de haine de soi.
Ce pacifisme à la Briand, ajouté à celui d’une grande partie de la gauche, qui a précipité la défaite de 1940! C’est pourquoi je n’éprouve pas une tendresse particulière pour ces deux discours…
Sinon, j’ai dû déjà le dire, mais je suis souverainiste, et je ne crois pas en l’existence d’un peuple européen! Tout projet politique ne peut se faire qu’à l’échelle des nations, et la notion
d’Europe fédérale est un abus de langage car le fédéralisme est un mode d’organisation d’une nation, mais il ne précède pas son existence! A moins que ceux qui militent pour l’Europe fédérale
PRESUMENT de l’existence d’un peuple européen dont les masses ne seraient pas conscientes! Un peu comme ces avant-gardes dont sont friandes les gauchistes…
Pour finir, je partage votre conclusion sur la seule union européenne possible: technocratique et surtout libérale! C’est justement ce que refuse d’admettre une grande partie de la gauche
radicale (par contre, le P”S” le sait depuis longtemps, mais ne l’a jamais vraiment assumé, sauf depuis que P.Moscovici a parlé de révolution copernicienne: il était temps…)
OK pour l’explication des différentes visions de l’Europe, mais l’Europe de la paix est une vision diplomatique qui pourrait s’appliquer avec n’importe quel autre pays de la planète en dehors
de notre continent.
Sauf que les “guerres de masse” conduites par les pays européens l’ont en général été contre d’autres pays européens. On ne se bat jamais autant que lorsqu’on est proche.
Sinon, je pense malheureusement que le discours de Victor Hugo n’a fait que préfigurer celui de Jules Ferry qui justifiait la colonisation du monde par les pays européens à la fin du 19è
siècle;
Au risque de défriser quelques uns de mes lecteurs – mais tu sais que j’aime bien piétiner les hosties du “politiquement correct” – j’ai une vision plus nuancé que cela de la colonisation. Sans
nier les crimes et les injustices des régimes coloniaux, il est loin d’être évident que la colonisation européenne du 19ème siècle se soit traduite pour les populations locales par une
dégradation de leurs conditions de vie. Je veux bien que l’occupation française de l’Algérie fut terrible… mais il faut se garder d’idéaliser ce qu’il y avait avant… et ce qui est venu
après…
celui d’Aristide Briand a eu deu effets pervers: il a inspiré le pacifisme d’entre-deux-guerres et a grandement participé en France à l’élaboration d’un discours de haine de
soi. Ce pacifisme à la Briand, ajouté à celui d’une grande partie de la gauche, qui a précipité la défaite de 1940!
Exact. C’est pourquoi il faut se méfier des discours remplis de bonnes intentions…
A moins que ceux qui militent pour l’Europe fédérale PRESUMENT de l’existence d’un peuple européen dont les masses ne seraient pas conscientes! Un peu comme ces avant-gardes dont sont
friandes les gauchistes…
Je coïncide. Les eurobéats ont cette croyance que nous serions tous des “européens sans le savoir”. Et qu’il suffirait qu’on en prenne conscience pour que le peuple européen devienne une réalité.
C’est bien entendu une absurdité: les peuples ne se constituent pas à partir d’une “prise de conscience”, mais à partir de l’existence d’éléments partagés (la langue, la tradition juridique…)
qui permettent que surgisse un “corps politique” ou chaque membre voit les autres – même s’il ne les connaiît pas personnellement – comme d’autres soi-même. Si Marseille est inondée, n’importe
quel parisien trouvera normal qu’on puise dans la caisse commune pour aider les sinistrés. La réaction des allemands lorsqu’il a fallu aider la Grèce montre que ce qui est “évident” dans une
Nation est loin de l’être au niveau de l’Europe.
Pour finir, je partage votre conclusion sur la seule union européenne possible: technocratique et surtout libérale!
Technocratique oui, mais libérale… pas forcément. Il y a eu dans les années 50 et 60 un affrontement entre les “technocrates libéraux” et les “technocrates interventionnistes”, qui voyaient
l’Europe comme un super-état dont les fonctions ne se limitaient pas surveiller la libéralisation des marchés. Mais les technocrates interventionnistes ont été handicapés par leur ambiguité:
“souverainistes” au niveau européen, ils ne pouvaient que s’opposer aux “souverainistes” au niveau national…
Aujourd’hui, bien évidement, le débat est clos. L’Europe est une construction libérale.
Et même si toutes les autres idées européennes avaient été réactionnaires, l’idée au sortir du cauchemar de 39-45 d’unifier l’Europe pour assurer la paix me paraît une belle idée, voire une
simple nécessité en terme de survie (étant donnés les “progrès” effectués en matière de capacité de destruction).
Après sur la mise en œuvre de cette idée, il y a en effet à redire…
Et même si toutes les autres idées européennes avaient été réactionnaires, l’idée au sortir du cauchemar de 39-45 d’unifier l’Europe pour assurer la paix me paraît une belle idée,
Oui… mais il faudrait pas pousser le bouchon trop loin. Le souci de “assurer la paix” n’était tout de même pas aussi fort que celui de s’assurer de pouvoir conduire la “guerre froide” dans des
bonnes conditions. Si le but était la paix en Europe, pourquoi l’Europe ne s’est-elle pas proclamée neutre et s’est au contraire alignée sur l’OTAN ? La peur de l’URSS fit bien plus pour la paix
que l’idéal européen…
j’ai du mal a comprendre votre jugement concernant une” vision réductrice ” d’Asselineau sur l’histoire de l’idée européenne; au dela de considérations historiques sur tel ou tel evenement (
conquêtes romaines, napoeoniennes ou 3e reich..) l’idée maitresse qu’il devellope est que tout simplement la population européenne ne constitue pas une nation , ce qui rend a terme la
constitution d’une europe intégrée illusoire : quelle différence avec votre propre analyse?
quelle différence avec votre propre analyse?
Ce que je trouvais “réducteur” chez Asselineau est la conclusion que “l’idée européenne a toujours été réactionnaire” sur la base d’exemples dont la diversité appelle à une analyse plus fine.
L’idée “européenne” de Napoleon, par exemple, était certainement impériale, mais pas du tout “réactionnaire”…
Sur la question de savoir s’il y a un “peuple européen” qui puisse servir de support à une “nation européenne”, mon analyse et celle d’Asselineau sont en effet très proches.
Thanks for the update and information related to the left front and the society related to the people and the philosophy. According to me, there is nothing much to be concerned with the ideology of a party. But the factor is the people who are at the top level.
@ windows7supportnow.com
If only it were that simple… The people at the top level are not totally free. They live by the rule "I am their leader, I must follow them". The sociological composition of their electorate explains therefore quite a lot of their decisions…