Un congrès peu cacher un autre (suite… et fin ?)

Je dois d’abord remercier un lecteur de ces chroniques qui a eu la gentillesse de m’envoyer le texte amendé de la “plate-forme” pour le congrès du PG tel qu’il est issu des débats du Conseil National des 15-16 décembre dernier. Il a eu aussi la gentillesse de me transmettre un texte alternatif fort intéressant intitulé “Parti de gauche, parti du peuple”. Pourquoi ce texte est si intéressant ? Pas seulement par son contenu, qui rappelle tant par le style que par les thématiques les textes traditionnels de l’extrême gauche la plus sectaire. Mais si ce texte est intéressant… c’est surtout parce que des paragraphes entiers ont été recopiés et rajoutés au texte proposé par le BN pour produire le texte final.

Le résultat est inénarrable. J’avoue n’avoir pas pris le temps de relire le texte final avec une loupe pour trouver tous les ajouts et retraits. C’eût été un travail non seulement considérable, que je n’ai pas eu le courage de faire. J’ai constaté tout de même un certain nombre de petites modifications dans les titres, de coupe de tel ou tel paragraphe qui ne change pas en profondeur le sens ou la tonique du texte. Mais on j’ai tout de même remarqué qu’à certains endroits des paragraphes entiers ont été rajoutés. Des paragraphes que j’ai retrouvé, quelquefois avec des différences révélatrices, dans le texte “Parti de gauche, parti du peuple”. Souvent, il s’agit d’une reprise partielle, elle même quelquefois révélatrice dans ses coupes. Voici ces ajouts:

Renverser l’Oligarchie

Avec ce paragraphe rajouté, rentre dans le texte un concept qui ne se trouvait pas dans la proposition originale, celui de “oligarchie”. Voici un extrait du texte rajouté:

L’oligarchie assoit son pouvoir à travers une corruption continue des élites par l’argent. La financiarisation des entreprises a ainsi contaminé une partie des cadres. Le pantouflage des hauts fonctionnaires dans les banques ou le mercantilisme de l’expertise scientifique dans l’industrie pharmaceutique en sont d’autres exemples criants. Le pourrissement par l’argent a même gagné l’administration : 600 très hauts fonctionnaires touchent des payes supérieures à celles du président de la République et du Premier ministre. L’accumulation indécente de hauts revenus et de privilèges touche aussi l’échelon local. La décentralisation combinée au cumul des mandats a ainsi permis tous les excès dans ce domaine. Les conditions d’existence de cette classe d’ultra riches sont complètement déconnectées de celles de la réalité de masse de la société. Cette extrême richesse crée une solidarité puissante entre ses détenteurs qui ont intérêt au maintien de l’ordre établi.

Surprenant, non ? Dans toute cette discussion on ne voit apparaître que “le pantouflage des hauts fonctionnaires”, “le mercantilisme de l’expertise scientifique”, les “très hauts fonctionnaires” qui – horreur, malheur – gagneraient plus que le président de la République (comme si le salaire du Président était une référence). C’est ça, les “ultra riches” qu’entend combattre le PG ? Pas un mot pour les vedettes du spectacle, du sport, des arts – apparemment, ils méritent leurs salaires multi-millionnaires, ceux-là. Pas un mot surtout des grands capitalistes, des propriétaires d’usines, de banques. Pas un mot sur les spéculateurs… et cette absence n’est pas une coïncidence. La chose se corse par la suite:

Une caste a pu ainsi s’emparer du pouvoir. Elle ne veut plus le rendre au peuple. En échappant au contrôle des citoyens, la classe dirigeante s’est transformée en oligarchie. Elle transcende les clivages politiques traditionnels puisque ses membres peuvent se réclamer aussi bien de la droite que de la gauche. Les oligarques les plus chevronnés ne font d’ailleurs même plus la différence. Les plus connus s’appellent Jouyet, Pujadas, Gallois, Joffrin, Proglio, Hees, Pépy, Giesbert, Minc ou encore Lauvergeon et Pfimlin. Sans oublier le discret Noyer, inébranlable depuis 9 ans à la tête de la Banque de France. Dans l’ombre des cabinets ministériels, des directoires d’entreprises et des rédactions, ils sont quelques centaines à assurer la continuité de « la seule politique possible ». Insubmersibles, à chaque élection ils perpétuent leur pouvoir grâce à l’illusion de l’alternance. Ils ont besoin de l’apparence du changement pour que leur système tienne. L’élection de 2012 illustre à merveille la prise de pouvoir de l’oligarchie : on a changé de président mais pas de régime. La monarchie présidentielle de la Vème République a ainsi fait prospérer le pouvoir des lobbies, technocrates, banquiers, patrons de presse et de grands groupes, barons locaux. Ils s’accordent dans les salons du Fouquet’s et autre dîner du Siècle pour effacer le peuple des décisions politiques.

C’est donc bien ce qu’on avait compris. Les “oligarques” qui sont dénoncés ici, ceux qui se sont emparés du pouvoir et ne veulent pas “le rendre au peuple” ne sont pas les possesseurs du capital. Ni Bettencourt, ni Bolloré, ni Pinault ne figurent parmi “les plus connus des oligarques”. Non, ils sont – retenez bien cette liste – Jouyet, Pujadas, Gallois, Joffrin, Proglio, Hees, Pépy, Giesbert, Minc, Lauvergeon, Pfimlin, Noyer. Et encore, on a échappé au meilleur: dans le texte alternatif  “Parti de gauche, parti du peuple”, cette liste comptait un nom de plus, celui de Michel Onfray…

Franchement, est ce que quelqu’un peut croire que Pujadas, dont le seul, l’exorbitant pouvoir est de présenter le journal télévisé et de temps en temps une émission politique, qui doit donc son pouvoir au poste qu’il occupe et qu’il peut perdre à n’importe quel moment est un “oligarque” ? Joffrin un “oligarque” ? Hess un “oligarque” ? Ce n’est pas très sérieux. Quant à Gallois, un homme qui a fait toute sa carrière dans le public, qui n’a jamais “pantouflé”, qui est l’exemple même du “grand commis de l’Etat” modeste et intègre, en faire un “oligarque” frise le ridicule.

Reste une question: quel est le sens de l’irruption de cette “oligarchie” si bizarre dans le discours du PG ? A cette question, il m’est difficile d’apporter une réponse…

Sortir de l’Europe austéritaire

Pour construire ce paragraphe, les rédacteurs ont repris le début et la fin d’un paragraphe du “Parti de gauche, parti du peuple” mais en supprimant le milieu. Qu’on ait supprimé la partie en question n’est pas un hasard, puisqu’elle parlait précisément de la question de la Nation, question taboue s’il en est au PG. Voici le texte avec la partie non reprise soulignée:

“Voilà plusieurs années que nous disons que face aux désastres sociaux et écologiques l’Europe n’est pas la solution mais le problème. L’impossibilité à la réorienter dans son cadre actuel est magnifiquement illustrée par François Hollande et la social-démocratie européenne. En l’absence de remise en cause de l’ensemble du cadre des Traités, toute « réorientation de l’Europe » est purement velléitaire. Au fil des coups de forces contre les peuples, l’Union européenne est devenue une dictature. En terme d’influences géopolitiques, c’est un cocktail malfaisant d’Europe allemande et d’Europe américaine. Mercantile, inégalitaire et cléricale, l’Europe n’a jamais été aussi éloignée qu’aujourd’hui de la France des Lumières et des révolutions. Pour ne rien faire, on ne cesse de nous répéter que la France ne peut agir seule. En 1789, c’est pourtant seule que la Grande Nation a changé le cours de l’Europe et de l’Humanité grâce à la mise en mouvement révolutionnaire de son peuple. De même aujourd’hui, il suffirait que la France dise stop pour que l’ensemble du système européen actuel s’arrête. Ce n’est pas être nationaliste que de reconnaître que la taille critique des nations a un rôle dans le rapport de force géopolitique et la capacité d’agir des gouvernements. C’est même un enjeu révolutionnaire décisif. Il est d’ailleurs posé de manière très délicate à nos camarades grecs de Syriza : s’ils décidaient seuls en Europe de sortir du cadre absurde et mortifère de l’austérité, l’Europe actuelle pourrait continuer sans eux au prix d’une énième crise et les laisser sombrer. Cela ne serait pas possible avec la France. Il suffit que le ministre français du budget suspende les paiements de la France pour que le budget européen soit en cessation de paiement et qu’une partie des fonctionnaires européens ne soient plus payés. Il suffit que le gouverneur de la Banque de France remette en cause les règles de fonctionnement de la BCE pour que le système européen des banques centrales se grippe. Il suffit que le ministre de l’économie retire la garantie de la France du Mécanisme Européen de Stabilité pour que celui-ci s’effondre. Tout cela tient à des enjeux de taille critique. L’Europe ne peut pas fonctionner sans la France, même de manière bancale et avec des rustines. La puissance démographique, économique et culturelle de la France en Europe est donc un atout révolutionnaire. Et un point d’appui pour l’ensemble des peuples européens. Pour peu que l’on en prenne conscience, cela autorise toutes les audaces pour proposer un système européen radicalement nouveau.

De ce texte, qui au moins avait le mérite de la cohérence – et qui s’oppose frontalement au virage europhile du Front de Gauche, on en a fait une version tout aussi délirante mais beaucoup plus “soft” et bureaucratique:

Voilà plusieurs années que nous disons que face aux désastres sociaux et écologiques l’Union Européenne n’est pas la solution mais qu’elle est devenue le problème. Le PG, le Front de gauche et les organisations qui les ont précédés rejettent depuis 2005 l’intégralité des traités européens, du TCE au TSCG en passant par le MES. L’Union européenne est maintenant totalement soumise à une logique de confiscation de la souveraineté économique et budgétaire des Etats-membres par des institutions illégitimes et non-élues, au premier rang desquels la Commission européenne et la Banque centrale européenne. Cette Europe austéritaire est la négation de l’Europe des peuples, sociale et démocratique que nous voulons. Elle est condamnée à subir un rejet croissant des peuples. Dans le même temps, faute d’affronter la finance, l’Europe austéritaire est incapable de résoudre la « crise de l’euro ». L’éclatement de la zone euro reste un scénario tout à fait plausible comme l’envisageait déjà la « résolution du Parti de Gauche sur l’euro » adoptée par le CN du 10 avril 2011 qui proposait des alternatives. Cette résolution est également plus que jamais d’actualité lorsqu’elle affirme qu’un gouvernement du Front de Gauche refuserait d’appliquer l’euro tel qu’il est. Il n’y a aucune raison d’aborder cette confrontation avec frilosité. Il suffit que le ministre français du budget suspende les paiements de la France pour que le budget européen soit en cessation de paiement et qu’une partie des fonctionnaires européens ne soient plus payés. Il suffit que le gouverneur de la Banque de France remette en cause les règles de fonctionnement de la BCE pour que le système européen des banques centrales se grippe. Il suffit que le ministre de l’économie retire la garantie de la France du Mécanisme Européen de Stabilité pour que celui-ci s’effondre. L’Europe ne peut pas fonctionner sans la France. La conjonction d’une désobéissance européenne de la France avec la mobilisation des citoyens européens victimes de ses politiques créerait une dynamique irrépressible permettant de sortir nos peuples de l’Europe austéritaire.

Ce texte mérite qu’on se penche sur quelques détails. Passons sur l’auto-congratulation dans la référence à la “résolution du Parti de Gauche sur l’Euro”. Prenons plutôt l’affirmation: “un gouvernement du Front de Gauche refuserait d’appliquer l’euro tel qu’il est“. Qu’est ce que cela peut bien vouloir dire ? Comment on fait pour “ne pas appliquer” l’Euro ? Cela veut dire que le gouvernement du Front de Gauche ne paiera pas ses fonctionnaires et ses créanciers en Euros ? Et en quoi les paiera-t-il alors ? En pièces d’or ? En carambars ? Mettra-t-il à l’impression une nouvelle monnaie (au hasard, le Franc) pour pouvoir régler ses créanciers ? Comment gère-t-on le chaos qui s’en suivra ?

La deuxième détail, c’est le délire final qui aboutit à la conclusion que “l’Europe ne peut pas fonctionner sans la France“. Prenons les affirmations une à une. D’abord, “il suffit que le ministre français du budget suspende les paiements de la France pour que le budget européen soit en cessation de paiements et qu’une partie des fonctionnaires européens ne soit plus payée“. C’est évidement, absurde. Si la France arrêtait ses paiements au budget européen, l’Union arrêterait les paiements à la France des aides liées à la PAC, celles des fonds structurels, et en général de toute la batterie d’aides qui transite par le budget de l’Union. Et voilà, le tour est joué. Il est vrai que la France verse au budget communautaire plus qu’elle ne reçoit, mais la différence est faible: de l’ordre de 2% du budget total. Le refus de la France de payer suivi de l’arrêt des paiements de l’UE vers la France obligerait l’UE à se serrer la ceinture de 2%. Pas assez pour conduire à la “cessation de paiements” et encore moins pour que les fonctionnaires européens ne soient plus payés.

Autre mâle affirmation: “il suffit que le gouverneur de la Banque de France remette en cause les règles de fonctionnement de la BCEpour que le système européen de banques centrales se grippe“. C’est faire beaucoup d’honneur au gouverneur de la Banque de France que de lui accorder un tel pouvoir. On voit d’ailleurs très mal comment le gouverneur de la BdF pourrait “remettre en cause des règles de fonctionnement” qui sont fixées par des traités internationaux. Son pouvoir se limite à prendre la parole au Conseil des Gouverneurs de la BCE, où il serait certainement écouté poliment….

Enfin, cette affirmation que “il suffit que le ministère de l’économie retire la garantie de la France du MES pour que celui-ci s’effondre“. Là encore, on est en plein délire. D’abord, le ministère de l’Economie ne peut  “retirer la garantie” qui a été accordée par la France au moyen d’un traité ratifié par le Parlement. Il faudrait auparavant dénoncer le traité, ce qui demanderait un acte du pouvoir législatif. Mais surtout, cela ne provoquerait nullement “l’effondrement” du mécanisme. La France garantit seulement 20% des sommes empruntées par le MES. Son retrait n’aurait pour effet que de réduire la capacité d’emprunt du MES de 20%. C’est loin d’être “l’effondrement”…

Cette vision délirante d’une France qui pourrait en claquant les doigts mettre l’Europe à genoux rappelle la toute-puissance infantile si caractéristique du gauchisme. Non, l’Europe entière ne tremble pas chaque fois que la France lève la voix. Et si la France reste une puissance et conserve un poids important, ce n’est certainement pas en se conduisant comme un enfant capricieux qu’elle pourra changer quelque chose. La “désobéissance européenne” formulée dans ces termes est une folie.

Gouverner pour la révolution citoyenne

C’est ici le seul ajout dont je n’ai trouvé la trace dans “Parti de gauche, parti du peuple”. Il contraste curieusement avec les autres, dans le sens où il semble plein de bon sens:

Le Front de Gauche a adopté un programme, l’Humain d’abord. Celui-ci doit être précisé, complété, approfondi. Le Parti de Gauche y contribuera comme il l’a fait lors de la première édition. Nous lancerons à l’issue de ce Congrès l’élaboration d’un programme politique du PG. Il ne s’agit pas de couper court à la capacité d’initiative et d’innovation du peuple, mais de montrer qu’une autre société est possible et de mettre en discussion les transitions qui y conduisent. Des conventions seront organisées et déboucheront sur un rendez-vous national et une première synthèse au deuxième semestre 2014. Une commission du programme établira notre plan de travail, dans lequel nous inscrivons dès à présent les questions de la propriété des moyens de production, de la place de la finance dans l’économie, de la planification écologique, du protectionnisme solidaire que nous voulons, de la rupture avec la Cinquième République et du dépassement de la démocratie représentative, de la reconstruction de l’Etat, de nos propositions pour un nouvel ordre international, de la refondation des médias.

On a envie d’applaudir. Enfin on promet un travail programmatique, une réflexion sur les questions de fond. Mais d’autres éléments apparaissent en filigrane. Le premier, c’est que tout en jurant fidélité éternelle au Front de Gauche on voit ici apparaître une première: un “programme politique” du PG, fait par lui et pour lui tout seul. Doit on y voir un élément supplémentaire de la recomposition “écosocialiste” ? Un autre élément qui pourrait étonner est le délai: on aurait une “première synthèse” au deuxième semestre 2014. D’ici là, comme dit le dicton, le monde peut être détruit et re-bâti plusieurs fois…

Instaurer un protectionnisme solidaire

Dans le texte initial, la question du protectionnisme n’était même pas évoquée. De toute évidence, cela a été considéré comme un manque. Et là encore, on a repris très partiellement des éléments du texte “Parti de Gauche, parti du peuple”. Le résultat est le suivant:

Le libre-échange obère notre souveraineté. Il organise en effet un nivellement général des normes sociales et environnementales. Comment choisir souverainement notre modèle de développement quand les productions sont délocalisées ? En déplaçant la production où la protection de l’environnement est la plus faible et en obligeant à transporter les marchandises sur des milliers de kilomètres, le libre échange est un moteur important de la crise écologique qui menace l’humanité. Loin de la logique patronale de la « compétitivité » qui veut exporter à tout prix, nous
pensons que le pays doit produire à nouveau ici ce dont nous avons tous besoin : du textile à l’électronique, en passant par l’électroménager, sans oublier la chimie, la métallurgie et la transformation des matériaux (plasturgie, ameublement, etc.). Cette reconstitution d’une capacité de production nationale est impossible sans de fortes mesures de protection commerciale. Le protectionnisme solidaire est donc un puissant levier pour réorienter la production et la
consommation vers les besoins humains, tout en favorisant la solidarité internationale des travailleurs. Il permettra de faire décroître certaines consommations et d’en faire croître d’autres. Le protectionnisme est ainsi le compagnon logique de la planification écologique.

Voici donc la question du protectionnisme mise sur la table. Mais pas n’importe quel protectionnisme… Il s’agit d’un “protectionnisme solidaire”, dont on ne sait pas très bien en quoi il consiste sauf qu’il ne doit pas être le même que le protectionnisme des “nationalistes” dont le PG dénonce à chaque pas les vices. Pourtant, ce “protectionnisme solidaire” est bien un protectionnisme national et non “européen”, puisque le but avoué est “la reconstitution d’une capacité de protection nationale”. Ce qu’on comprend mal, c’est comment ce protectionnisme national pourrait se concilier avec la volonté proclamée par le PG de rester dans l’UE et dans l’Euro. Sans la libre circulation des marchandises, que reste-t-il de l’UE ?

Conclusion: l’imagination au boudoir

La lecture des textes de congrès du PG a pour ceux qui sont curieux en politique un intérêt certain. On entend en effet beaucoup Mélenchon sur les médias, on peut lire de temps en temps les articles de quelques hiérarques (Billard, Coquerel…) mais qui restent souvent dans la langue de bois mélenchonienne. Mais on connait finalement très peu le fonctionnement interne du PG et les lignes de fracture idéologique internes à l’organisation. Comme l’organisation produit relativement peu et diffuse encore moins les textes de réflexion, il est difficile de s’en faire une idée. Pour une fois, cet exercice de congrès permet une auscultation, certes limitée – dans mon cas, par la méconnaissance des signataires de chacun des textes alternatifs et de leur poids respectif – mais toujours intéressante.

Je ne vais pas faire ici une analyse détaillée des textes alternatifs, qui pourtant serait passionnante. Mais mon temps est limité… et j’ai donc choisi de me concentrer sur le texte du BN en entrée et sur le texte de sortie du CN. Je signale cependant qu’on peut beaucoup s’amuser en lisant les autres textes, révélateurs des différents courants du gauchisme du XXIème siècle (1). L’impression que cela donne dans l’ensemble est étrange. D’un côté, ces textes expriment un véritable exaspération, un ressentiment à peine caché: la liste nominative des “oligarques” dont j’ai parlé plus haut en est un bon exemple. D’un autre côté, cela donne l’impression d’un grand “brainstorming” dans le style “pourquoi pas”, mais sans une véritable travail d’analyse – et dans certains cas une méconnaissance criante – du réel. Cela donne une réflexion déconnectée dans laquelle la crise économique, les résultats électoraux,  la situation politique en général et celle du Front de Gauche et du PG en particulier, l’état de la France et celle de l’Europe sont revues et corrigées à travers du prisme du désir. Et à partir de là, la pensée tourne en rond dans un monde imaginaire et produit des conclusions qui vont du comique à l’aberrant.

La question qui se pose alors est celle de la réalité au moins intellectuelle de tout ça. Il y a toujours eu des excités pour croire n’importe quoi. Mais le texte issu du CN est censé être le texte d’orientation approuvé par une instance représentative. Les représentés y croient-ils ? Y a-t-il vraiment 12.000 militants pour croire que si la France refusait de payer sa contribution au budget européen l’Union s’effondrerait ? Que Pujadas et Joffrin sont parmi les “ultra-riches” et les “oligarques” ? Que la campagne d’Henin-Beaumont a été un grand succès ? Qu’on a “beaucoup à apprendre” de la “démocratie protagonique” latino-américaine ? Que le vote négatif des élus EELV sur le TSCG ouvre une “fenêtre d’opportunité” pour une “alliance” ? Et d’une manière plus générale, ces militants croient-ils vraiment à ce discours écolo-bobo qui fait une totale impasse sur la compréhension du monde tel qu’il est et sur la réflexion in concreto des solutions possibles dans le contexte d’aujourd’hui ?

Pourquoi me vient-il en ce moment en tête la belle phrase de Richelieu dans son “testament politique”: “le but de la politique est de rendre possible ce qui est nécessaire” ?

Descartes

(1) Allons, amusons nous un peu avec le texte “La vie bonne”, qui vraiment atteint le summum du comique. Voici un petit extrait qui, je n’en doute pas, réjouira mes lecteurs avant le réveillon:

Ainsi le temps est venu de remplacer nos anciennes croyances. Nous parlons ici de celles qui se sont progressivement se substituées, depuis moins de 200 ans, aux religions traditionnelles. Elles sont la concrétisation de la pensée des Lumières, qui comme toute chose en ce monde a fait son temps (…)

Sans commentaire… et cela continue:

Discutons publiquement par ailleurs de ce qu’est la liberté et comment elle se connecte avec l’individualisme, deux concepts qui se répondent et se complètent, deux concepts intimement liés à la croyance faisant du modèle libéral le modèle naturel. Nous viendrons à dire qu’elle aussi, elle n’est pas illimitée, qu’elle a peut-être déjà dépassé ses limites dans une société complexe comme la nôtre. Ainsi de l’individualisme que nous devons contrer en valorisant le
collectif. Ainsi du mérite, pseudo-valeur largement acceptée sur tout le spectre politique et puissant soutien de l’individualisme. Il nous faut désintégrer ce « j’ai travaillé dur pour y arriver », (avoir du mérite), qui nie le déterminisme lié à la société et justifie toutes les inégalités en magnifiant la responsabilité individuelle.

Intéressant, n’est ce pas ? Cette idée que la liberté “a dépassé ses limites dans une société complexe comme la nôtre” et que le déterminisme social annule le mérite individuel… cela ne vous rappelle rien ? On sent le holisme qui revient… Et cela continue en pire:

Ces croyances subverties, nous les remplacerons par une philosophie inspirée de celle que pratiquent les communautés indigènes d’Amérique du sud : le « buen vivir ». Défaisons-nous de notre imaginaire mortifère et faisons place au « bien vivre » ou à la « vie bonne ».

La détestation de la modernité, de la technique, des Lumières… et en contrepartie, la nostalgie d’un retour à une sagesse primitive. Et c’est cela qu’on nous propose comme “révolution” ? Eh beh…  continuons la promenade:

La « vie bonne » c’est donc s’organiser pour tendre vers un certain degré d’insouciance, car notre passage sur terre n’a pas vocation à être difficile. Décomplexifions et le monde sera plus léger.
Abandonnons donc la relance de l’activité et passons à la vitesse inférieure. Profitons de cette crise qui n’ira qu’en s’approfondissant, puisque c’est une crise de limites dont chacune prend le relais de l’autre (finance, pollution, déplétion du pétrole, climat, inégalités, effondrement de la biodiversité, érosion des sols, eau, épuisement de multiples ressources dont les métaux, etc..), pour susciter une nouvelle façon de vivre qui ne soit ni un renoncement ni une
déchéance mais un style de vie désirable et réorganisons notre société en bon ordre. La décroissance matérielle par exemple, s’imposera de toute façon dans moins de temps que nous le pensons, et pour de nombreuses personnes c’est déjà le cas.

Imaginez comment ce discours pourrait être reçu par les couches populaires de la société, celles pour lesquelles la “décroissance matérielle” est déjà une réalité. Ces gens-là se rendent compte de ce que signifie pour ces gens-là d’abandonner “la relance de l’activité” ? Comment pensent-ils que les plus modestes recevront cette leçon d’austérité venant de gens à qui rien ne manque, même le superflu ?

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30 réponses à Un congrès peu cacher un autre (suite… et fin ?)

  1. CVT dit :

    Bonjour Descartes,

    je viens de lire votre nouveau rapport sur le programme du PG. Passons rapidement sur la bouillie d’oligarques, où l’apparition du nom de M.Onfray sent bon le règlement de compte personnel, et où
    des gens capables et intègres comme Gallois ou Lauvergeon sont mis dans le même sac que des incompétents, des profiteurs et des chiens de gardes médiatiques.

    Je voulais m’attarder sur le texte “la vie bonne”: au départ, j’avais cru que ça commençait comme un décalque de la décence ordinaire orwellienne, mais là, tout à coup, ça dérape: ce texte
    attaque l’idée de mérite, qui est justement au coeur de la common decency… Il foule au pied l’idée même de justice !
    Je suis surtout suffoqué par le refus du progrès, de la raison, de la responsabilité individuelle et également par cette ode à une société originelle, primitive, et donc à un ordre immuable.
    C’est un beau morceau de réaction que nous avons là! Voilà ce que c’est de vouloir importer telles quelles des valeurs de pays exotiques!

    Je me rappelle avoir dit une fois dans l’un des articles de votre blog, à propos d’Aurore Martin, qu’au fond, la gauche écolo-bobo était profondément réactionnaire, et vous aviez rétorqué qu’elle
    était plutôt révolutionnaire: après avoir lu ce texte, en êtes-vous toujours aussi convaincu?

    • Descartes dit :

      ce texte attaque l’idée de mérite, qui est justement au coeur de la common decency… Il foule au pied l’idée même de justice

      Tout à fait. Et elle le fait au nom d’un raisonnement fort intéressant: celui de la détermination. En d’autres termes, nul ne peut invoquer son “mérite” puisque nous sommes, pauvres de nous,
      déterminés par la méchante société. Si vous êtes polytechnicien ou au contraire SDF, ce n’est ni votre mérite ni votre faute. C’est que la société – la méchante société – l’a voulu
      ainsi. On retrouve ailleurs dans le texte cette même idée à propos du surendettement: “Il faudrait par exemple développer un Front de gauche des surendettés. C’est dire que le
      surendettement n’est pas une faute individuelle mais la conséquence de la domination de la finance sur nos vies”. Je veux bien que dans certaines cas le surendettement soit la conséquence
      d’une situation subie. C’est le cas par exemple lorsque le chômage ou un accident réduit le revenu du foyer en dessus du niveau nécessaire pour faire face à une dette antérieure. Mais dans
      beaucoup de cas, le surendettement est le résultat d’une incapacité à gérer correctement son budget. Enoncer comme règle générale que “le surendettement est la conséquence de la domination de la
      finance sur nos vies” revient à exhonèrer un certain nombre de conduites a bon compte.

      Cette conception, qui conduit au “tous victimes” est bien entendu incompatible avec toute idée de mérite ou même de justice, deux idées qui n’ont de sens que si les individus ont un minimum de
      liberté dans leurs choix et donc de responsabilité. Une vision de l’individu comme victime du “destin” social nous ramène à la conception pré-illuministe d’un homme accablé par un peché originel
      et qui doit se résigner au sort que Dieu, dans son infinie et impénétrable sagesse, lui a réservé. Les lumières, en rendant l’homme libre, l’ont rendu aussi responsable. C’est ce dernier terme
      que les gauchistes modernes ne sont pas prêts à assumer.

      Je me rappelle avoir dit une fois dans l’un des articles de votre blog, à propos d’Aurore Martin, qu’au fond, la gauche écolo-bobo était profondément réactionnaire, et vous aviez rétorqué
      qu’elle était plutôt révolutionnaire: après avoir lu ce texte, en êtes-vous toujours aussi convaincu?

      Toujours. Pour comprendre pourquoi, il faut comprendre la différence qu’il y a entre le discours et la réalité. La gauche écolo-bobo utilise un discours profondément réactionnaire pour faire
      passer une action tout à fait révolutionnaire. Parce que vous remarquerez que si l’on nous chante les louanges du “bien vivir” chez les indiens d’Amérique Latine, ceux qui nous tiennent ce
      discours n’ont pas du tout l’air pressé d’aller vivre parmi ces indiens pour bénéficier du “buen vivir” eux mêmes. Pensez-vous que beaucoup de militants du PG aient envie d’émigrer au Vénézuela
      ou en Argentine pour aider à la construction de “l’écosocialisme” là bas ? Je ne me souviens pas d’avoir entendu qu’il y ait la queue devant les ambassades pour avoir des visas.

      Sous couvert de ce discours réactionnaire, les écolo-bobos aspirent à une véritable “révolution”: une révolution “libérale-libertaire”, bien entendu. Mais c’est une révolution quand même. Dans ce
      contexte, j’utilisais le terme “révolutionnaire” dans le sens que lui donnent Marx et Engels dans le “Manifeste”, lorsqu’ils écrivent que “la bourgeoisie a joué partout un rôle
      révolutionnaire”. 

  2. Jake Gortner dit :

    Bon, je vais être grand prince et essayer de répondre sérieusement cette fois-ci. D’autant plus que j’ai lu un peu plus en détails votre blog et que je commence à vous cerner.

    En premier lieu, le principal problème est que vous tentez d’analyser le PG et de tirer des conclusions définitives sur son fonctionnement et son idéologie (souvent en usant de mauvais sarcasmes
    et de dénigrement), alors même que c’est patent que vous n’en connaissez rien. Trois exemples. Sur “La vie bonne” pour commencer : ce texte et son auteur sont totalement isolés. S’étendre dessus
    longuement permet peut-être de faire rire le lecteur mais n’aide pas à comprendre la dynamique interne du PG. Sur le texte de synthèse même : il a repris des nombreux éléments de deux autres
    plate-formes, dont vous ne dites pas mot. Dommage. Mais enfin vient la question des supposées “alliances”, qui vous font verser tant de bile : ce fut l’une des choses les plus critiquées par les
    participants au débat. La stratégie du BN devait être de vouloir dès maintenant arriver à créer une opposition parlementaire à gauche plus importante : à court terme pourquoi pas, mais la
    véritable “majorité alternative” se construira sur le terrain. Elle est là la véritable orientation stratégique du PG : mais visiblement vous préférez faire le Don Quichotte et attaquer les
    éoliennes des “écolo-bobos” d’EELV.

    Bref, pour quelqu’un qui a participé à ce CN (en l’occurrence, moi-même), vos analyses sont incroyablement à coté de la plaque. Quand bien même vous pointez un ou deux trucs qui en effet clochent
    : dès le CN, voir des gens nommés “oligarques” un peu au hasard, je trouvais ça naze. Alors que le concept est intéressant, il permet de penser l’accumulation extrême de richesses et de pouvoir
    créée par le capitalisme financier et transnational de notre temps. Mais heureusement, les débats en comités et au Congrès donneront la possibilité de corriger cela.

    Je finirai pas une question : quelles sont les raisons de votre détestation du PG ? (Et du FDG plus généralement.) Quand on parcourt la liste de vos articles, l’impression qui en ressort est que
    c’est une obsession pour vous.

    • Descartes dit :

      Bon, je vais être grand prince et essayer de répondre sérieusement cette fois-ci.

      Monseigneur est trop bon…

      D’autant plus que j’ai lu un peu plus en détails votre blog et que je commence à vous cerner.

      Vous croyez ? Vous risquez d’être surpris…

      En premier lieu, le principal problème est que vous tentez d’analyser le PG et de tirer des conclusions définitives sur son fonctionnement

      Ca commence mal… Qu’est ce qui vous fait penser que j’essaye de tirer des “conclusions définitives” ? Aucune conclusion n’est pour moi “définitive”, et c’est pourquoi j’essaye d’encourager le
      débat sur ce blog. Si vous apportez des arguments montrant que mon analyse est erronée… et bien, je changerai mes “conclusions”. Le problème, est qu’au lieu d’argumenter, de reprendre mon
      analyse en montrant ses points faibles, vous commencez par les attaques ad hominem.

      Sur “La vie bonne” pour commencer : ce texte et son auteur sont totalement isolés.

      Ca m’intéresse… qui est son auteur ? En quoi est-il “totalement isolé” ? Comment a-t-il fait, puisqu’il est “totalement isolé” pour obtenir 14 signatures pour que son texte soit examiné au CN ?

      Sur le texte de synthèse même : il a repris des nombreux éléments de deux autres plate-formes, dont vous ne dites pas mot. Dommage.

      C’est sur vous que je compte pour apporter ces informations. Je l’ai dit très honnêtement: je n’ai qu’un temps limité pour travailler sur ces questions, et je ne prétend pas être exhaustif. Vous
      avez ici l’opportunité d’indiquer quels sont ces “nombreux éléments” dont je ne dis pas mot et m’aider ainsi que les autres lecteurs à mieux comprendre. Pourquoi ne le faites-vous pas, au lieu de
      broder sur mon ignorance supposée ?

      Mais enfin vient la question des supposées “alliances”, qui vous font verser tant de bile : ce fut l’une des choses les plus critiquées par les participants au débat.

      Là encore, vous me faites un mauvais procès. Je ne prétend pas faire une “analyse définitive” sur le CN ou sur les textes. J’ai souligné moi même les limites de mon travail: étant donné qu’il
      n’existe pas de compte rendu analytique des débats, je ne peux que m’appuyer sur les textes. Mais si je compare le texte proposé par le BN avec le texte finalement voté (par 98% des délégués,
      excusez du peu) je ne peux que constater que sur la question des alliances – et notamment les appels du pied à EELV et la quasi absence du PCF – les deux textes sont identiques. J’en déduis que
      quelque qu’aient été les critiques des délégués, elles n’ont pas été suffisantes pour qu’ils exigent des changements dans le texte.

      La stratégie du BN devait être de vouloir dès maintenant arriver à créer une opposition parlementaire à gauche plus importante : à court terme pourquoi pas, mais la véritable “majorité
      alternative” se construira sur le terrain. Elle est là la véritable orientation stratégique du PG : mais visiblement vous préférez faire le Don Quichotte et attaquer les éoliennes des
      “écolo-bobos” d’EELV.

      Encore une fois, je ne sais pas ce que la stratégie du BN “devait être”. Je me contente d’analyser les textes, puisque le PG n’extériorise aucun autre élément de ses débats internes. Et les
      textes sont assez explicites: dans les paragraphes consacrés à la tactique, on trouve nombre d’appels du pied vers EELV. Maintenant, si vous voulez me dire qu’il existe une “véritable orientation
      stratégique” qui n’apparaît pas dans les textes… c’est bien possible. Mais j’aimerais bien savoir d’où sortez-vous qu’une telle orientation existe…

      Bref, pour quelqu’un qui a participé à ce CN (en l’occurrence, moi-même), vos analyses sont incroyablement à coté de la plaque.

      C’est possible. Je n’ai fait qu’analyser les textes. Si vous – qui avez participé au CN – me dites que les textes ne reflètent pas la réalité des discussions ou des orientations du PG, je suis
      obligé de prendre cela en considération. Peut-être pourriez-vous essayer de vous procurer – voir d’écrire, si vous avez le temps – un compte rendu analytique des débats ? Je vous promet de le
      publier ici intégralement. Comme vous voyez, je suis totalement ouvert au débat et à la contradiction.

      Mais je persiste et signe: au delà de ce qui a pu se dire au CN, il n’en reste pas moin que celui-ci a approuvé un texte. Et que, si je crois vos dires, ce texte ne reflète pas la position des
      délégués. Trouvez-vous sain qu’un parti diffuse pour discussion de ses militants et en vue de préparer un congrès un texte qui n’a aucun rapport avec ce qui s’est discuté dans l’instance qui est
      censée l’avoir approuvé ? Moi, cela me poserait un problème.

      Quand bien même vous pointez un ou deux trucs qui en effet clochent :

      Ah! Quand même…

      dès le CN, voir des gens nommés “oligarques” un peu au hasard, je trouvais ça naze. Alors que le concept est intéressant, il permet de penser l’accumulation extrême de richesses et de pouvoir
      créée par le capitalisme financier et transnational de notre temps. Mais heureusement, les débats en comités et au Congrès donneront la possibilité de corriger cela.

      Vous avez la foi, je vois… et bien, si les débats en comités et au Congrès devaient aboutir à “corriger cela”, je me ferai un plaisir de le noter dans mon analyse du texte final. Mais si par
      hasard cette correction n’avait pas lieu, quelle conclusion en tireriez vous ? Le fait est qu’une réunion de plus de 400 militants – que l’on peut supposer être parmi les plus actifs et les plus
      conscients – n’a pas permis de “filtrer” une pareille bêtise. Qu’est ce qui vous fait penser que le Congrès sera plus regardant ?

      Je finirai pas une question : quelles sont les raisons de votre détestation du PG ?

      Détestation ? Où avez-vous vu une “détestation” ? Au contraire, je prends la peine de lire tous les textes, de rédiger deux articles avec mon analyse… vous devriez voir dans cela une marque
      d’intérêt plutôt que de “détestation”.

      Pour vous donner une idée plus claire de ma perspective, je vous dirai que j’ai été l’un de ceux qui lors du départ de Mélenchon du PS y ait vu une opportunité exceptionnelle de fonder finalement
      un véritable “parti creuset” capable de marier ce qu’il y a de mieux dans les traditions communiste et républicaine. J’y croyais d’autant plus que je connais Mélenchon personnellement, que nous
      avons des amis communs et que ses réflexions à l’époque me paraissaient particulièrement pénétrantes. Je me suis donc investi dans cette expérience, pour constater très rapidement combien le
      projet original était devoyé par les réflexes gauchistes de l’entourage de Mélenchon, réflexes auxquels l’incapacité personnelle de Mélenchon à s’entourer d’une véritable équipe, à organiser une
      expertise et son désintérêt pour les questions institutionnelles ont laissé libre cours. L’OPA de Billard & Co sur le PG, le fonctionnement sectaire et finalement le départ progressif des
      voix discordantes (Ramaux, Desbons, et maintenant Dolez, pour ne donner que quelques exemples) ont fini de me convaincre que l’opportunité avait été manquée.

      Quand on parcourt la liste de vos articles, l’impression qui en ressort est que c’est une obsession pour vous.

      Une obsession, non. Mais un sujet de grand intérêt, certainement. Vous qui êtes militant du PG, vous devriez être plutôt content de susciter de l’intérêt. Préféreriez-vous l’indifférence ?

  3. CVT dit :

    C’est tout de même tordu cette histoire: utiliser un discours réactionnaire pour faire une révolution? C’est une grande première, et pour le coup…REVOLUTIONNAIRE! Habituellement, c’est plutôt
    l’inverse: on prône la révolution pour finalement conserver l’ordre existant! La dernière fois, j’avais parlé du fameux aphorisme du Guépard: tout changer pour que rien ne change.

    Et le plus drôle, quand vous parlez de ces écolo-gaucho-bobos qui ont l’exotisme à la bouche, ce n’est pas qu’ils refusent d’aller vivre en Amérique du Sud, comme l’on fait certains de leurs
    aînés (et même parents) soixante-huitards (cf le Larzac, ou les éleveurs de lamas…), mais que, grâce à un discours bien-pensant et sans-frontièriste, ils espèrent importer ces indiens
    “indigènes” en bas de leurs immeubles! Enfin, pas trop près quand même, car il faut bien que les enfants aillent dans des écoles où l’on est entre gens de bonne compagnie  !

    Sinon, pour revenir à la question du holisme, la posture “victimaire” me semble très voisine de celle de la prédestination, très en vogue chez les protestants calvinistes et luthériens, et donc
    chez les anglo-saxons. Je ne suis pas croyant, mais j’ai eu une éducation catholique: à choisir, je préfère le catholisme au protestantisme sur cette question, car au moins, les catholiques
    croyent un minimum en l’homme, en son libre-arbitre, au salut de son âme et à sa rédemption; tout l’inverse des protestants calvinistes et luthériens, où la prédestination, anti-humaniste par
    excellence, justifie l’immobilisme social, malgré son discours sur l’éthique du travail et sur le bien-fondé de la richesse. D’ailleurs, le discours calviniste est à l’origine du libéralisme, il
    me semble? Quelle ironie: le PG défend au fond un discours “LILI” tout en niant la responsabilité individuelle! Je commence à avoir un gros mal de crâne …

    • Descartes dit :

      C’est tout de même tordu cette histoire: utiliser un discours réactionnaire pour faire une révolution?

      Tordu peut-être, mais assez courant finalement. Pensez aux romantiques allemands, par exemple. Si vous voulez faire une révolution – surtout si c’est une révolution au bénéfice de votre classe –
      vous avez intérêt à rassurer tout le monde avec un discours réactionnaire. Les seuls qui peuvent se payer le luxe d’inquiéter sont ceux qui n’entendent rien changer… de là à penser que ce sont
      ceux qui crient “révolution” le plus fort qui ont le moins l’intention de la faire, il n’y a qu’un pas… que je vous laisse franchir.

      Sinon, pour revenir à la question du holisme, la posture “victimaire” me semble très voisine de celle de la prédestination, très en vogue chez les protestants calvinistes et luthériens, et
      donc chez les anglo-saxons.

      Pas tout à fait. La doctrine de la prédestination ne doit pas être comprise au sens littéral de ce terme. Pour les calvinistes ou les luthériens, chaque être humain est “predestiné” à être damné
      ou sauvé par un choix de Dieu depuis le début des temps. Mais cela n’implique nullement que cela ne dépende pas du mérite de chacun: Dieu étant omniscient, il a pu peser les actes de chacun même
      avant qu’ils soient accomplis… En fait, la doctrine de Calvin ou de Luther rejette l’idée qu’on puisse racheter ses pêchés par les “oeuvres” (c’est à dire, par des dons d’argent ou l’achat des
      indulgences), mais ne rejettent pas l’idée qu’on puisse gagner le salut par le respect des commandements, par la lecture de la bible ou par la pratique des vertus théologales, donc par le
      “mérite”.

       

  4. Jake Gortner dit :

    Je n’ai pas cru avoir fait d’attaques ad hominem dans le commentaire précédent. Mais il est vrai que j’ai peut-être le ton un peu vif parfois… Désolé, l’habitude des débats un peu “chauds”.

    Soyons clair tout de suite : puisque ce sont comme vous le dites des “débats internes” au PG, je ne vais pas en extérioriser certains éléments, par loyauté. C’est un de mes principes politiques :
    je ne critique pas mes camarades et mon parti dans leur dos, et donc je ne divulgue pas des informations sur eux à l’extérieur. (Sauf cas très graves, ce qui n’est pas le cas ici, si on enlève la
    question des oligarques, qui relève plus du ridicule en réalité.) Bref, j’ai mon compte-rendu complet et critique, mais je le garderai pour moi et les gens de mon comité. Et je désapprouve sinon
    la personne qui vous a transmit des documents internes : la démocratie, comme l’exprimait Robespierre, ce n’est pas le n’importe quoi général, cela implique aussi de respecter les règles
    collectives qui ont été fixées (je pense que cela parlera au républicain que vous êtes).

    Du coup, vous êtes en effet “obligé” de me croire sur parole et je comprend que cela ne soit pas satisfaisant.

    Ensuite, je crois que vous n’avez pas compris un de mes arguments précédents (ou c’est moi qui me suis mal exprimé, mea culpa dans ce cas) : dans l’ensemble, le texte final reflète bien les
    discussions qu’il y a eu (après, le CN ne dure que quelques heures, tout ne peut pas être dit et débattu, forcément). Je vous reproche en fait de plaquer vos interprétations dessus, alors que
    celles-ci sont justement en décalage tant avec le texte qu’avec ces discussions. Par exemple, si le PCF n’est pas évoqué, c’est davantage parce qu’il est notre allié “naturel” : c’est plutôt
    rassurant qu’on ne se pose même plus la question, non ? L’existence du Front de Gauche est devenue normale, c’est un fait intériorisé chez nous.

    Les “appels du pied” à EELV ou à la “gauche” du PS (vous les oubliez un peu, d’ailleurs), c’est la volonté de vouloir étendre les alliances parlementaires, afin d’agir de suite pour notre peuple.
    Cela fait partie de la stratégie de la “majorité alternative” (concept à la fois dans le texte du BN et le texte final), qui ne tourne en rien le dos au FDG, au contraire… Mais il reste une
    divergence sur l’importance que cela doit avoir dans notre stratégie : la question se réglera au sein des comités et au Congrès, encore une fois.

    Après, je n’ai pas envie ici d’avoir le “rôle” du militant aveuglé : oui, il y a des contradictions, des tensions et même un peu de folie douce parfois au sein du PG. Et c’est ce qui fait son
    intérêt : c’est un lieu de refondation de la gauche de notre patrie, et du coup ça bouge. C’est une orga qui a multiplié par 4 sa taille en 4 ans en nombre d’adhérents et qui a toujours été dans
    le feu de l’action : il manquait en effet un moment où “on arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste” (désolé pour la référence décroissanto-soixante-huitardesque). 2013 nous permettra ce
    travail nécessaire.

    Mes arguments ne vous convaincront peut-être pas : je vois que vous avez des convictions politiques fermes, qui ne sont pas toutes les miennes, mais je les respecte. Il me fallait contrebalancer
    certaines affirmations. Vos lecteurs jugeront par eux-mêmes.

    • Descartes dit :

      Je n’ai pas cru avoir fait d’attaques ad hominem dans le commentaire précédent.

      Chacun est libre de ses croyances… mais permettez moi de penser que les commentaires du genre “c’est patent que vous n’y connaissez rien” est un attaque ad hominem. Mais rassurez-vous,
      je ne me vexe pas facilement et je veux bien accepter que vous n’ayez pas eu cette intention. Moi aussi j’aime les débats “vifs”…

      Soyons clair tout de suite : puisque ce sont comme vous le dites des “débats internes” au PG, je ne vais pas en extérioriser certains éléments, par loyauté.

      C’est votre droit. Mais cela appelle deux remarques. La première, est que vous ne pouvez pas reprocher aux observateurs de faire leurs analyses à partir de l’information disponible et en même
      temps refuser de leur fournir l’information qui leur manque. La seconde, est qu’il faut se demander quelle est la nature d’une organisation politique qui fonctionne de cette manière. Qu’on garde
      secrètes les reflexions tactiques ou toute autre information qui pourrait donner un avantage à ses adversaires, je peux le comprendre. Qu’on garde le secret sur les réflexions de fond,
      idéologiques et programmatiques, cela reste pour moi un mystère. Ou plutôt non: les organisations qui ont fait ce choix l’ont souvent fait pour préserver le pouvoir de la direction centrale et
      empêcher le débat ouvert sur ses choix. Je serais curieux de savoir quelle est pour vous la justification de ce “secret”.

      C’est un de mes principes politiques : je ne critique pas mes camarades et mon parti dans leur dos, et donc je ne divulgue pas des informations sur eux à l’extérieur.

      Ca, je peux le comprendre. Et même être d’accord. Mais je ne vous demande pas de “critiquer vos camarades et votre parti dans le dos”. Je me contenterais d’un compte rendu analytique, ou seraient
      résumées les interventions de chacun. Comme ça, chacun pourra juger des interventions des uns et des autres…

      (Sauf cas très graves, ce qui n’est pas le cas ici, si on enlève la question des oligarques, qui relève plus du ridicule en réalité.)

      C’est curieux… ici, c’est vous qui enlevez de l’importance au texte voté par vous et vos camarades, et c’est moi qui au contraire le prends au sérieux… 😉

      Désolé, mais je ne suis pas d’accord avec vous. Que la plus haute instance du PG après le Congrès ai voté à la quasi-unanimité un texte qui contient ce genre de “ridicule” (car ce n’est pas le
      seul point qui tombe dans le “ridicule”, j’en ai signalé d’autres…) n’est pas une question banale. Cela devrait inquiéter… et cela devrait vous inquiéter, puisque après tout
      c’est votre parti.

      Bref, j’ai mon compte-rendu complet et critique, mais je le garderai pour moi et les gens de mon comité.

      Encore une fois, ce n’est pas ce que je demande. Un compte rendu analytique, consistant simplement d’un résumé de chaque intervention, me suffirait largement. Je vous fais remarquer que le PCF
      fait cela depuis des lustres à chaque réunion de son Comité National. Cela ne doit donc pas être si difficile que ça.

      Et je désapprouve sinon la personne qui vous a transmit des documents internes : la démocratie, comme l’exprimait Robespierre, ce n’est pas le n’importe quoi général, cela implique aussi de
      respecter les règles collectives qui ont été fixées (je pense que cela parlera au républicain que vous êtes).

      Tout à fait. Pourriez-vous m’indiquer dans quel texte reglémentaire du PG (statuts, réglement intérieur) figure l’interdiction de transmettre les documents soumis à débat ? Parce que si la
      démocratie “ce n’est pas n’importe quoi”, c’est aussi le respect de règles claires, précises, édictées par une autorité légitime, et non pas le résultat de la décision
      arbitraire de censeurs autodésignés.

      Si j’en crois quelques amis, cette “politique du secret” ne repose sur aucune décision explicite, sur aucun texte. Elle n’a jamais fait l’objet d’un débat et d’un vote dans aucune instance
      qualifiée pour prendre une telle décision.

      Du coup, vous êtes en effet “obligé” de me croire sur parole et je comprend que cela ne soit pas satisfaisant.

      Non, ce n’est pas satisfaisant. Je ne vous accuse nullement de menteur, mais vous comprendrez que je recherche une confirmation avant de tenir ce que vous dites pour vrai.

      Ensuite, je crois que vous n’avez pas compris un de mes arguments précédents (ou c’est moi qui me suis mal exprimé, mea culpa dans ce cas) : dans l’ensemble, le texte final reflète bien les
      discussions qu’il y a eu (après, le CN ne dure que quelques heures, tout ne peut pas être dit et débattu, forcément).

      Fort bien. Mais si comme vous le dites le texte final “reflète bien” les débats du CN, alors il faut m’expliquer comment vous conciliez les appels du pied à l’endroit d’EELV et de la “gauche du
      PS” nombreux dans le texte avec votre théorie selon laquelle la stratégie du PG est tout autre…

      Je crois qu’une lecture attentive du texte ne laisse aucun doute quand à la tentative de chercher une “alliance” – dont l’étendue et les limites ne sont pas, il est vrai, précisés – avec EELV et
      la “gauche du PS”, en même temps qu’une relative froideur dans les rapports avec le PCF qui ne sont même pas évoqués, sauf lorsqu’il s’agit de pointer les “difficultés” qu’elle présente pour les
      élections municipales. Vous m’expliquez que le PG a en fait une “autre” stratégie. Pourquoi celle-ci n’apparaît pas dans le texte ?

      Je vous reproche en fait de plaquer vos interprétations dessus, alors que celles-ci sont justement en décalage tant avec le texte qu’avec ces discussions.

      Vous n’avez toujours pas expliqué en quoi mes interprétations seraient en décalage avec le texte. Peut-être pourriez vous être plus explicite ?

      Par exemple, si le PCF n’est pas évoqué, c’est davantage parce qu’il est notre allié “naturel” : c’est plutôt rassurant qu’on ne se pose même plus la question, non ? L’existence du Front de
      Gauche est devenue normale, c’est un fait intériorisé chez nous.

      Vous y croyez ? Vraiment ? Mais dans ce cas, pourquoi consacrer un chapitre entier au Front de Gauche, s’il est lui aussi “naturel” ? Serait-ce que le PCF est devenu “naturel”, mais le Front de
      Gauche non ? Tiens, sans révèler des secrets sur vos camarades, est-ce que l’alliance avec le PCF et son évolution a été abordée dans les discussions du CN ? Je ne vous demande pas de me révèler
      la teneur des discussions, mais juste si le sujet a été abordé…

      Les “appels du pied” à EELV ou à la “gauche” du PS (vous les oubliez un peu, d’ailleurs), c’est la volonté de vouloir étendre les alliances parlementaires, afin d’agir de suite pour notre
      peuple. Cela fait partie de la stratégie de la “majorité alternative” (concept à la fois dans le texte du BN et le texte final), qui ne tourne en rien le dos au FDG, au contraire…

      Faudra m’expliquer comment on fait pour “étendre les alliances parlementaires” aux écologistes – dans le texte on ne se contente pas des “alliances parlementaires”, on parle aussi des listes
      municipales, mais bon, passons – sans “tourner le dos” au Front de Gauche. Il ne vous a pas échappé je pense que le PCF est toujours attaché au productivisme, à l’idée de progrès, au nucléaire.
      Il ne vous a pas échappé que les écologistes abominent ces trois positions. Quelle serait la position sur le nucléaire d’une “alliance parlementaire étendue” incluant communistes et écologistes ?

      Vous allez penser que je suis “vieux jeu”… mais je continue à penser que la politique au sens noble du terme consiste à élaborer une vision et un projet politique cohérent, puis de le proposer
      au peuple. Et ce n’est qu’à partir de là qu’on peut négocier des alliances sur une base programmatique. La vision du PG semble être l’exacte inverse: construire à tout prix une alliance entre
      élus quite à marier la carpe et le lapin…

      Après, je n’ai pas envie ici d’avoir le “rôle” du militant aveuglé : oui, il y a des contradictions, des tensions et même un peu de folie douce parfois au sein du PG.

      Les contradictions, les tensions ce n’est pas grave. Cela fait partie de la vie d’une organisation. Ce que j’ai plus de mal à supporter c’est le sectarisme, l’intolérance, le culte du Chef, le
      refus de réflechir, la vision paranoïaque et groupusculaire. Contrairement à vous – mais je connais le PG certainement moins bien que vous – je ne trouve pas tres “douce” la folie au PG. Je la
      trouve surtout sectaire et intolérante.

      Et c’est ce qui fait son intérêt : c’est un lieu de refondation de la gauche de notre patrie, et du coup ça bouge.

      J’avoue que je ne vois pas trop la “réfondation” en question. On y retrouve au contraire tous les vices de la “gauche groupusculaire”…

      C’est une orga qui a multiplié par 4 sa taille en 4 ans en nombre d’adhérents

      Et vous y croyez, vous ? Tiens, juste par curiosité, comment sont comptés les adhérents ?

      il manquait en effet un moment où “on arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste” (désolé pour la référence décroissanto-soixante-huitardesque). 2013 nous permettra ce travail
      nécessaire.

      On verra. Personnellement, je suis très sceptique, mais qui sait, un miracle est toujours possible. Et si je suis sceptique, c’est parce qu’on m’a tenu le même discours que vous me tenez
      aujourd’hui à plusieurs occasions. Vous souvenez-vous du document intitulé “ligne d’horizon” ? Là aussi, le PG avait expliqué qu’il allait se doter d’une véritable réflexion sur son projet. Et
      puis le texte a brusquement disparu des radars, et la réflexion s’est arrêtée. Même chose avec le “programme populaire partagé”, pour lequel on avait lancé un grand débat avec site internet et
      tutti-quanti… et qui finalement a été écrit dans une arrière boutique par quelques apparatchiks bien choisis. Alors, moi je veux bien être optimiste… mais je n’y crois pas trop. Et je ne
      crois pas trop, parce que la structure même du PG empêche ce grand débat. C’est le problème lorsqu’on constitue un parti à partir d’un ramassis de groupuscules autour d’un Chef tout-puissant.
      Pour qu’il y ait élaboration collective, il faut des institutions. Au PG, les institutions sont inexistantes: les décisions sont prises on ne sait par qui ni comment. L’exemple de l’adhésion de
      Billard & Co en est un exemple éclatant.

      Mes arguments ne vous convaincront peut-être pas :

      Je n’ai pas vu sous votre plume beaucoup d’arguments. J’ai vu surtout des affirmations qu’on est prié de croire sur parole et des appels à faire confiance dans l’avenir. C’est, vous
      l’avouerez, un peu maigre…

      Il me fallait contrebalancer certaines affirmations. Vos lecteurs jugeront par eux-mêmes.

      Je vous remercie de votre intervention. Mon appel au débat ouvert n’est pas une posture, et je me réjouis toujours lorsque des militants viennent sur mon blog soutenir leurs
      positions.

  5. Jake Gortner dit :

    Sur la culture du secret: il faut bien admettre que c’est une règle tacite et non-écrite dans les statuts (j’ai vérifié rapidement), tout en étant rappelée régulièrement dans les documents. Mais
    c’est justifiable (jusqu’à un certain point) : après tout dans des débats de comité, de CN, etc., les questions tactiques, programmatiques et la “tambouille” interne sont mélangées. Et de plus le
    PG a déjà été pris localement dans des imbroglios politiques assez édifiants (par exemple dans ma ville), d’où une certaine méfiance. Mais il serait en effet intéressant d’avoir des compte-rendus
    publics (et officiels) sur les questions de fond pour les sympathisants. Ce qui demande de l’organisation : et c’est là ce qui manque souvent au PG. Mon expérience m’a appris que bien des
    questions de démocratie interne relevaient de ce manque d’organisation, plutôt que d’une  direction supposée tyrannique et sectaire. Celle-ci est en réalité plus faible qu’on ne le croit et
    est souvent mise sous pression justement à cause de ces question là. Bref, le problème c’est le manque d’institutionnalisation, qui crée donc du flou, et donc de la frustration. J’ai fréquenté la
    vraie extrême gauche groupusculaire, dans des actions syndicales ou “antifa”, et personnellement ça me saute aux yeux que ce n’est pas le même univers politique, pas les mêmes moeurs… (Je
    souhaite à chacun un jour d’assister à un débat entre des anars et des maos.)

    Sur le FDG et le PCF : le premier est toujours un sujet de débat puisqu’il est un outil en construction. La question n’est cependant pas la légitimité de son existence, mais son orientation pour
    les mois et années à venir. Et je ne serais pas si affirmatif sur la place de l’écologie au PCF : un ami militant m’a ainsi appris que cela bougeait beaucoup en ce moment sur ces questions là.
    Par ailleurs, leur texte de CN reprend le terme de “planification écologique”. Vu votre opinion sur l’écologie politique, je doute d’ailleurs que cela vous plaise, non ? Et on a sinon parlé du
    PCF au CN, mais quand il s’agissait de parler de la dernière rencontre de la coordination du FDG, si vous voulez savoir. Mais il serait bon en effet de rappeler qu’ils sont les premiers parmi nos
    amis et alliés.

    Et sur les alliances (encore) : je ne dis pas qu’il y a “une autre stratégie”, mais que la recherche de combats parlementaires communs (plutôt qu’un vrai programme par ailleurs) s’inscrit dans
    l’idée plus générale de construire une majorité alternative, par le Front de Gauche et ses relais sur le terrain en priorité. (J’ai mes notes et mon compte-rendu perso sous les yeux, ce ne sont
    pas des affirmations issues de mon imagination.) Après, à titre personnel, je doute que EELV soit attiré par cette ouverture : Cohn-Bendit a beau avoir dégagé, son anticommunisme forcené a laissé
    des traces, à mon avis… Mais bref, comme je l’ai dit, c’est une question encore en chantier, et je pense, secondaire, là où pour vous elle semble importante. Bah, l’avenir nous montrera bien
    vite qui de nous deux avait raison.

    Bon il y aurait encore beaucoup de choses à dire sûrement. Juste au sujet des adhérents : il y a un fichier interne (protégé par la loi). Après, peut-être que le BN a menti en annonçant un
    chiffre très précis devant les 400 personnes du CN… mais ce serait un peu “gros”. En tout cas, cette discussion m’a donné des idées d’amendements pour le Congrès 😉

    • Descartes dit :

      Sur la culture du secret: il faut bien admettre que c’est une règle tacite et non-écrite dans les statuts (j’ai vérifié rapidement), tout en étant rappelée régulièrement dans les
      documents.

      Comme disait Nietzche, “l’impératif catégorique exige un empereur”. Cela ne vous dérange pas qu’une direction vous impose une “règle tacite” sans que celle-ci n’ait jamais été délibérée
      publiquement ? Ne trouvez-vous pas que c’est une étrange conception de la politique, qui rappelle plus le fonctionnement d’une secte que celui d’un parti démocratique ?

      Au risque de me répéter: le secret est l’outil des dictateurs. C’est le moyen qu’utilisent les directions sectaires pour garder le contrôle des flux d’information et donc de rendre plus difficile
      le contrôle démocratique. Je vous remercie de votre franchise, qui me permet de confirmer ce que d’autres amis m’avaient dit et mes propres intuitions: au PG, le secret ne résulte pas d’un
      comportement spontané, mais d’un comportement organisé, “rappelée régulièrement” par des directions qui l’imposent arbitrairement.

      Mais c’est justifiable (jusqu’à un certain point) : après tout dans des débats de comité, de CN, etc., les questions tactiques, programmatiques et la “tambouille” interne sont mélangées.

      Le PCF publie un compte rendu analytique des séances du Comité Central (aujourd’hui Comité National) depuis les années 1970, et publie les textes soumis aux débats de ses congrès au moins depuis
      1945. Et pourtant, je ne crois pas que cela ait empêché le PCF d’exercer son rôle de porte-parole de l’électorat populaire mieux qu’aucun autre parti de gauche. Je trouve que vous justifiez un
      peu trop facilement la politique de secret de la direction du PG: Je pourrais trouver “justifiable” le secret sur les débats tactiques, sur les négociations d’accords ou d’alliances. Mais je ne
      vois aucune justification pour le secret lorsqu’il s’agit des débats politiques ou programmatiques.

      Et de plus le PG a déjà été pris localement dans des imbroglios politiques assez édifiants (par exemple dans ma ville), d’où une certaine méfiance.

      La transparence est justement le meilleur antidote contre les “imbroglios”. C’est à l’abri des secrets et des non-dits que se font les magouilles.  

      Mais il serait en effet intéressant d’avoir des compte-rendus publics (et officiels) sur les questions de fond pour les sympathisants. Ce qui demande de l’organisation : et c’est là ce qui
      manque souvent au PG. Mon expérience m’a appris que bien des questions de démocratie interne relevaient de ce manque d’organisation, plutôt que d’une  direction supposée tyrannique et
      sectaire.

      Là, je ne vous suis plus. Vous m’avez vous même expliqué que la politique du secret est une “règle non écrite” mais “rappelée régulièrement” par les directions. Sur cette question fondamentale de
      démocratie interne, ce n’est donc pas une question d’organisation, mais bien un choix arbitraire des directions.

      Je vous trouve bien indulgent avec vos dirigeants… croyez-vous vraiment que si l’organisation est laissée en friche, si le PG n’est pas institutionnalisé, si les mécanismes de décision sont
      obscurs et “non écrits” c’est par hasard ? Ou par incompétence des dirigeants ? Vous faites à mon avis preuve d’une grande ingénuité. Des institutions faibles, des mécanismes de décision opaques,
      des règles “non-écrites” sont les meilleurs moyens pour une direction sectaire de garder le contrôle de l’organisation. Lorsque les règles sont écrites, que les institutions décisionnaires sont
      fortes et les organes qui les prennent connus, les directions ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. Ils sont obligées de se plier aux règles, de consulter les organismes, de rendre compte
      devant les militants. Lorsque ce n’est pas le cas, les militants peuvent apprendre un matin que “Martine Billard a accepté de co-organiser le congrès du PG” sans que l’on sache qui lui a proposé.

      Bref, le problème c’est le manque d’institutionnalisation, qui crée donc du flou, et donc de la frustration.

      Je vois que nous sommes d’accord sur quelque chose. Il vous reste un pas à franchir: comprendre que ce manque d’institutionnalisation est voulu et organisé. Depuis quatre ans, la
      direction du PG a eu largement le temps de travailler ce problème. Elle ne l’a pas fait, et ne compte toujours pas le faire.

      J’ai fréquenté la vraie extrême gauche groupusculaire, dans des actions syndicales ou “antifa”, et personnellement ça me saute aux yeux que ce n’est pas le même univers politique, pas les
      mêmes moeurs…

      On n’a pas du avoir les mêmes expériences. Les quelques comités locaux du PG que je connais rappellent tout de même beaucoup le gauchisme corpusculaire qui fut celui de l’OCI ou de la LCR canal
      historique.

      Et je ne serais pas si affirmatif sur la place de l’écologie au PCF : un ami militant m’a ainsi appris que cela bougeait beaucoup en ce moment sur ces questions là.

      Alors dites à votre ami de ne pas prendre ses désirs pour des réalités. Je ne connais pas intimement le PG, mais après trente ans de militantisme au PCF je peux je pense sans me vanter considérér
      que je connais un peu le Parti. D’ici à ce que le PCF accepte de soutenir un programme incluant la sortie du nucléaire, beaucoup d’eau coulera sous les ponts.

      Par ailleurs, leur texte de CN reprend le terme de “planification écologique”.

      Dans la mesure où personne ne sait ce que “planification écologique” veut dire, cela n’appelle pas à conséquence. Qu’est-ce qui empêche d’être pour le maintien et le développement du nucléaire –
      ou l’aéoroport à Notre Dame Des Landes – tout en reprenant la “planification écologique” ? C’est l’avantage de ce genre de formules: chacun y met ce qu’il veut, et elles donnent l’illusion que
      tout le monde est d’accord…

      Vu votre opinion sur l’écologie politique, je doute d’ailleurs que cela vous plaise, non ?

      Franchement, je m’en tamponne. S’il fallait s’énerver chaque fois que la direction du PCF enfourche une formule creuse…

      Et on a sinon parlé du PCF au CN, mais quand il s’agissait de parler de la dernière rencontre de la coordination du FDG,

      Tiens, encore une organisation dont les mécanismes de décision sont “confidentiels”. Si vous avez une liste des membres de la “coordination” (je crois que cela s’appelle Conseil National du Front
      de Gauche, au fait) et la manière de leur nomination, je suis preneur…

      Et sur les alliances (encore) : je ne dis pas qu’il y a “une autre stratégie”, mais que la recherche de combats parlementaires communs (plutôt qu’un vrai programme par ailleurs) s’inscrit
      dans l’idée plus générale de construire une majorité alternative, par le Front de Gauche et ses relais sur le terrain en priorité.

      Je repète ma question: comment pourrait-il y avoir une “majorité alternative” sans un “vrai programme” ? On peut avoir des “combats communs” avec des gens très différents aussi longtemps qu’il
      s’agit de combats contre quelque chose. Après tout, le rejet du TCE fut le fait d’une majorité comptant le FN à droite et le PCF à gauche. Mais dès lors qu’il s’agit de trouver une “majorité
      alternative” pour gouverner, il faut être d’accord sur les mesures à prendre, non ?

      Après, à titre personnel, je doute que EELV soit attiré par cette ouverture : Cohn-Bendit a beau avoir dégagé, son anticommunisme forcené a laissé des traces, à mon avis…

      Certes. Mais l’affaire Moglia a montré que certains au PG n’hésiteraient pas à laisser de côté l’alliance avec les communistes pour entrer dans une combinazione avec EELV et les transfuges du PS.
      J’ignore quel est le poids de ceux qui caressent cette possibilité au niveau de la direction du PG. La teneur du texte sorti du CN, qui tresse des couronnes à EELV et à la gauche du PS et ne
      mentionne quasiment pas le PCF me fait penser que ce poids n’est pas négligéable, et qu’un renversement d’alliances est loin d’être exclu…

      Juste au sujet des adhérents : il y a un fichier interne (protégé par la loi).

      Qui y a accès ? Comment est-il revisé pour s’assurer que les personnes qui ont cessé de militer sans avoir démissionné formellement sont effacées ? Parce qu’une des techniques traditionnelles
      pour “gonfler” les effectifs est d’oublier d’effacer les morts et ceux qui partent sur la pointe des pieds…

      Après, peut-être que le BN a menti en annonçant un chiffre très précis devant les 400 personnes du CN… mais ce serait un peu “gros”.

      Plus c’est “gros”, plus ça passe. Quel risque prenait-il à mentir ? Aucun, puisque personne en dehors des hommes de confiance de la direction n’a accès aux listes et ne peut vérifier ses dires.
      Encore une fois, votre ingénuité m’étonne: la direction vous dit qu’il faut le secret, et vous les croyez. Elle vous présente des chiffres invérifiables, et vous les croyez… vous ne trouvez pas
      que vous leur faites un peu trop aveuglement confiance ?

      En tout cas, cette discussion m’a donné des idées d’amendements pour le Congrès 😉

      Elle aura donc servi à quelque chose… 😉 En tout cas, je suis toujours preneur de votre avis et des informations sur le déroulement du congrès.

       

  6. Baruch dit :

    Quels bons billets que ces numéros un et deux sur la préparation du congrès PG, on attend, sinon la suite et fin, des prolongements. Vous avez fait un grand travail de clarification et
    explication, et surtout d’information, car il faut dire qu’on ne voit pas où cela mène en ce moment.

    Comme vous, si j’ai bien compris, j’avais fondé des espoirs sur la démarche de Mélenchon et du front de gauche, Je m’étais dit bien naïvement que c’était un moyen de revivifier les forces
    politiques que le PCF avait su mobiliser, mener, innerver depuis 1920 et qui se sont délitées depuis 1976 et le congrès de cette année-là, tout en repensant la question institutionnelle de la
    souveraineté . Je ne me faisais aucune illusion, mais j’ai voulu y croire. Pensant qu’une union des forces progressistes, comme on disait dans le temps, était nécessaire, cela je le pense
    toujours. Mélenchon parle bien, il a du charisme, une culture correcte historique, politique, tranchant sur le ronron coutumier.Comme la deuxième chose qui m’a séduite dans Mélenchon était sa
    capacité à faire bouger les gens, et que je pense qu’il n’y aura de changement que par un soutien des masses en action, je pensais que cela pouvait marcher;( je ne dis pas que le pouvoir est dans
    la rue, mais que rien ne pourra se faire sans une profonde implication dans le politique des individus et des classes sociales) Moi aussi j’ai essayé de lire, comprendre et analyser, mais je dois
    dire que l’évolution actuelle d’un discours se drapant dans les oripeaux du péronnisme et surtout l’évolution vers “l’écosocialisme” me répulsent. N’ayant pas été socialiste je comprends pourtant
    Dolez, de s’écarter de cela, et surtout je comprends les couches populaires de ne pas y avoir cru .

    Sur le blog de Mélenchon, il n’y a plus aucune analyse de la part des thuriféraires, seulement des clins d’oeil aux formules,(ex. l’écologie serait par “nature” de gauche?) on évacue toute
    contradiction un peu structurée. Dès la fin du premier tour des présidentielles j’ai perdu toute confiance dans une quelconque possibilité d’évolution positive, la campagne des législatives a été
    une catastrophe, non décortiquée analysée, comment peut-on alors continuer avec ce boulet?.

    Les “étoiles” que cherche à atteindre le PCF, les tentatives d’antiproductivisme proposées par le fdg, m’ont fait fuir. La vieille citoyenne,communiste de culture et d’éducation que je suis,
    renonce à la bataille directe. J’en veux aux partis qui ont abandonné tout rôle d’éducation politique , de brassage et d’ élaboration des idées.

    Je me réfugie dans la philosophie, qui continue à ne faire qu’interpréter le monde alors qu’il faudrait le transformer, et j’essaye de réfléchir à deux concepts : celui d’utopie et celui
    d’idéologie.

    Kant voyait dans la démarche utopique, une sorte de construction d’un Idéal sur lequel se règler, en cherchant à atteindre cette société règlée dans le détail on était comme tiré par cet idéal
    régulateur et on cherchait à la rejoindre asymptotiquement,il y avait pour lui une positivité de l’utopie; Marx au contraire voyait dans l’utopie un frein à la tâche socialiste, on s’embourbe
    dans l’Utopie comme dans un marais, on fignole le détail,( le scénario négawat par exemple ), mais on oublie le nécessaire renversement politique, l’action efficace, car de toute façon quand on
    sera en capacité d’appliquer nos recettes les choses auront changé, car la matière résiste et change, et les hommes doivent produire les objets nécessaires à la satisfaction de leurs besoins dans
    un monde où leur force de travail est une marchandise comme toutes les autres marchandises. Bref, PG et PCF ne sont pas sur un pédalo mais dans la vase.

    Je pense que PG et PCF sont en pleine régression utopique, jouant sur le côté, absorbés par le marais.

    Merci Descartes à vous de ne pas baisser les bras et de faire comprendre ce qu’on ne fait parfois que pressentir.

     

     

     

    • Descartes dit :

      Quels bons billets que ces numéros un et deux sur la préparation du congrès PG, on attend, sinon la suite et fin, des prolongements.

      Vous demandez beaucoup… En fait, si j’ai fait l’analyse d’abord des documents de congrès du PCF puis ceux du PG c’est parce que je voudrais pousser mes lecteurs à lire ces documents. Le fait
      est que ces dernières années l’importance des textes dans le fonctionnement des organisations politiques a beaucoup baissé: les textes sont chaque fois plus courts, chaque fois plus éliptiques,
      font appel de plus en plus à des effets de sens et des “mots-valise”. De plus en plus le clip vidéo d’un discours remplace sa version textuelle. On a l’impression que c’est un pensum que les
      dirigeants se sentent obligés de rédiger parce que “ça fait sérieux”, mais qu’on oubliera le lendemain du congrès.

      Dans l’échange avec un autre commentateur (qui est, lui, militant du PG) cet aspect est apparu presque caricaturalement: d’une certaine façon, il me reprochait de prendre le texte voté par le CN
      trop au sérieux… Et bien oui, je pense qu’il faut prendre ces textes très, très au sérieux. Car ils reflètent, autant par ce qu’ils disent que par ce qu’ils taisent, la pensée profonde de leurs
      auteurs.

      C’est donc mon message: si vous vous intéressez à la politique, ne perdez pas votre temps à regarder les clips des leaders passer à la télévision. Lisez les textes. C’est bien
      plus enrichissant… et bien plus amusant. Verba volant, scripta manent.

      Pensant qu’une union des forces progressistes, comme on disait dans le temps, était nécessaire, cela je le pense toujours.

      Je le pense toujours, mais j’ai changé sur la nature de cette union, peut-être parce que depuis j’ai beaucoup lu sur le phénomène gaullien. La vision traditionnelle à gauche est celle d’une union
      entre les forces qui ont le “label” progressiste, et peu importent leurs projets politiques respectifs. C’est le “label” qui compte, comme si spontanément les partis estampillés “progressistes”
      pouvaient s’entendre sur la manière de gouverner. Cette vision, pouvait avoir un sens du temps où les grands partis de gauche (communistes et socialistes, pour résumer) adhéraient explicitement à
      la même tradition – marxiste – et proclamaient les mêmes buts – la rupture de 1920 s’étant faite essentiellement sur la question des moyens et de l’organisation. Dans la mesure où les
      “progressistes” aujourd’hui sont souvent autoproclamés et n’adhèrent pas à un cadre idéologique commun, cette position est intenable.

      Je pense donc que “l’union des progressistes” ne peut se faire que par le biais de l’arbitrage du peuple souverain. Chaque organisation doit se doter d’un projet et d’un programme de
      gouvernement, et ces projets et programmes sont soumis séparément au peuple, qui choisit celui qu’il veut voir appliquer. Ensuite, l’union se fait autour de ce programme, avec éventuellement des
      ajouts et modifications pour tenir compte des autres mais seulement lorsque celles-ci ne modifient pas en profondeur la logique du projet gagnant. Le gouvernement d’un Etat aussi complexe que le
      notre aujourd’hui nécessite un projet cohérent. On ne peut pas constituer une “union des progressistes” dont le programme se ferait en piochant…

      Il faut revenir à la campagne électorale comme lieu de confrontation de projets. Ce qui suppose que deux organisations “progressistes” qui ne sont pas d’accord présentent des projets concurrents.
      La technique des alliances entre la carpe et le lapin empêchent les électeurs de faire ce choix: comment fait l’électeur pro-nucléaire du Front de Gauche pour marquer sa préférence ?

      Mélenchon parle bien, il a du charisme, une culture correcte historique, politique, tranchant sur le ronron coutumier.

      C’est vrai. Mais il a aussi des défauts qui, à l’usage, se revèlent rédhibitoires: sa vision “sectaire” du fonctionnement de l’organisation, sa tendance à s’entourer de “groupies”, son mépris
      pour l’expertise, son manque de rigueur dans l’analyse…

      Comme la deuxième chose qui m’a séduite dans Mélenchon était sa capacité à faire bouger les gens, et que je pense qu’il n’y aura de changement que par un soutien des masses en action,

      Le problème, est que les masses ne sont pas “en action”, et ne le seront pas spontanément. Je pense que vous sacrifiez ici à la vision gauchiste d’une avant-garde éclairée qui pourrait profiter
      d’un mouvement de masses exogène pour faire passer ses idées. Ce n’est pas comme ça que ça marche: pour que les masses aillent dans l’action, il faut qu’elles voient dans cette action une
      perspective crédible. Et c’est au politique de proposer cette perspective. 

      Sur le blog de Mélenchon, il n’y a plus aucune analyse de la part des thuriféraires, seulement des clins d’oeil aux formules,(ex. l’écologie serait par “nature” de gauche?) on évacue toute
      contradiction un peu structurée.

      J’avoue ma preplexité devant le blog de Mélenchon. Qu’il ait envie de publier ses réflexions, fort bien. Mais depuis un certain temps, ces “réflexions” sont tellement répétitives (un paragraphe
      pour saluer les luttes en cours, un paragraphe pour railler les institutions européennes, un paragraphe d’imprécation sur les médias…) qu’on s’interroge sur l’intérêt de la chose. Par ailleurs,
      il a fait le choix d’ouvrir les commentaires, ce qui suppose d’amorcer un débat, mais le webmestre semble avoir instruction de censurer tout ce qui n’est pas dans la “ligne”, la “ligne” étant
      apparamment le panégyrique du Petit Timonier et de ses idées, et des délires gauchistes plus ou moins contrôlés. Le tout donne une impression tellement bizarre de journal de secte que je me
      demande quel est le but poursuivi… 

      Les “étoiles” que cherche à atteindre le PCF, les tentatives d’antiproductivisme proposées par le fdg, m’ont fait fuir.

      Il y a de quoi… mais il faut aussi voir qu’il s’agit de “mots-valise” sans signification. Demandez à dix adhérents du PCF ou du PG de vous définir ce qu’est le “productivisme”, et vous aurez
      dix définitions différentes. On ne peut pas penser le réel si l’on ne peut mettre des choses sur les mots. Le FdG se déclare “antiproductiviste” et reproche amèrement au gouvernement de ne rien
      faire pour relancer la croissance… et personne ne semble voir là dedans une contradiction. Pourtant, les “antiproductivistes” devraient faire la fête chaque fois que le pays entre en récession,
      non ?

      J’en veux aux partis qui ont abandonné tout rôle d’éducation politique , de brassage et d’ élaboration des idées.

      Tout à fait d’accord. C’est pourquoi cette idée de “parti creuset” m’avait autant séduit.

      Je pense que PG et PCF sont en pleine régression utopique, jouant sur le côté, absorbés par le marais.

      Je pense qu’il est intéressant de rappeler ces deux dimensions de l’Utopie. Il y a des utopies qui servent de référence, d’étoile polaire à l’action politique. Ce sont les utopies assumées, c’est
      à dire, celles dont on admet par construction qu’elles sont inateignables. Et il y a des utopies qui servent au contraire à empêcher le changement, parce qu’elles détournent les forces qui
      pourraient agir sur le réel. Ce sont souvent des utopies non assumées, c’est à dire, dont les acteurs pensent – croient – qu’elles sont réalisables. Les “utopies” du FdG appartiennent à cette
      deuxième catégorie. La “révolution citoyenne” n’est pas vue comme un idéal inatteignable qui devrait nous guider (ce qui nous oblige à penser un “possible” compatible avec cet idéal), mais comme
      un possible hic et nunc… 

       

       

  7. stu dit :

    Et je désapprouve sinon la personne qui vous a transmit des documents internes : la démocratie, comme
    l’exprimait Robespierre, ce n’est pas le n’importe quoi général, cela implique aussi de respecter les règles collectives qui ont été fixées (je pense que cela parlera au républicain que vous
    êtes).

    Quand bien même ce serait une règle écrite, je n’aurais rien violé puisque je ne suis pas au PG. Je ne
    suis donc pas tenu à respecter les règles collectives qui y auraient été fixées. Comme l’a dit Descartes, ça en dit long sur le PG que ces textes soient tenus secrets. De même la volonté à tout
    prix de proposer un texte commun quitte à se contredire encore un peu plus est assez révélatrice. Bon courage pour vos amendements car de ce que j’en sais les amendements contradictoires ne
    passeraient jamais le stade de la commission des amendements qui serait verouillée par le bureau qui choisirait toujours les bonnes personnes parmi les candidats.

  8. bernard dit :

    bonjour Descartes très intéressant vos travaux auxquels j’adhère et très utiles pour les repères politiques!

  9. edgar dit :

    très intéressant comme toujours.

    juste un point : si la france refusait temporairement de financer l’UE, ça ne l’empêcherait pas de tourner à court terme, tu as raison. Si la France refusait définitivement de financer l’UE, ce
    serait probablement la fin de l’UE.

    Comme le texte du Pg ne précise rien, on ne sait, là encore, ce que veulent les rédcacteurs. S’il s’agit de dire que l’UE n’est psa grand chose sans la France, je crois que c’est indéniable. Si
    le PG souhaitait souligner que l’UE n’est pas viable sans la France, c’est vrai, et tes commentaires sont exacts à court terme mais probablement faux à long terme.

    De toute façon, le problème est mal posé par le FG comme par le FN d’ailleurs : les deuxp artis aiment à évoquer une resucée de la politique de la chaise vide, le FN citant même l’article 50 pour
    renégocier le fonctionnement de l’UE. l’article 50 étant destiné à sortir de l’UE, il ne peut être invoqué pour une modification du fonctionnement de l’UE.

    Le FG/PG et le FN sont dans une impasse : le fonctionnement de l’UE ne peut être siginficativement différent de ce qu’il est. c’est une machine à rechercher le plus petit commun diviseur, ce qui
    est systématiquement inefficace.

     Ce qui conduit le FG/PG à adopter des politiques risibles, du type bouderie institutionnalisée, c’est le refus de voir que la seule solution viable est de sortir de l’UE. Telle quelle, la
    structure n’est pas réformable.

     

     

     

     

     

     

    • Descartes dit :

      juste un point : si la france refusait temporairement de financer l’UE, ça ne l’empêcherait pas de tourner à court terme, tu as raison. Si la France refusait définitivement de financer l’UE,
      ce serait probablement la fin de l’UE.

      Je pense que tu te fais beaucoup d’illusions. La France est un contributeur important, certes, mais aussi un receveur important. La différence entre ce qu’on donne àl’Union et ce qu’on reçoit
      d’elle est d’à peine 2% du budget communautaire. Il me semble évident que si nous refusions “définitivement” de financer l’UE, l’Union refuserait “définitivement” de nous verser les aides
      communautaires, notamment celles liées à la PAC. En fin de compte, il suffirait d’augmenter la contribution des autres de 2% pour rééquilibrer le budget. Pensez-vous vraiment que cela serait “la
      fin” ?

      Comme le texte du Pg ne précise rien, on ne sait, là encore, ce que veulent les rédcacteurs.

      Au contraire: on sait que les rédacteurs ne veulent rien préciser… c’est dejà assez révélateur, vous ne trouvez pas ?

      S’il s’agit de dire que l’UE n’est psa grand chose sans la France, je crois que c’est indéniable. Si le PG souhaitait souligner que l’UE n’est pas viable sans la France, c’est vrai, et tes
      commentaires sont exacts à court terme mais probablement faux à long terme.

      Faut pas se raconter des histoires. Une UE sans la France serait certainement très différente à une UE avec. Mais croire que “l’UE n’est pas grande chose sans la France”… c’est une illusion
      dangereuse. Sans la France, l’UE devient la fédération de petits états de la Mitteleuropa qui a été le rêve des allemands depuis le XVIIème siècle. Ce n’est peut-être pas l’Europe-puissance des
      fédérastes, mais ce n’est pas pour autant “pas grande chose”.

      De toute façon, le problème est mal posé par le FG comme par le FN d’ailleurs : les deuxp artis aiment à évoquer une resucée de la politique de la chaise vide, le FN citant même l’article 50
      pour renégocier le fonctionnement de l’UE. l’article 50 étant destiné à sortir de l’UE, il ne peut être invoqué pour une modification du fonctionnement de l’UE.

      Je pense que la position des deux partis est différente. Le FN se place plus dans une optique de sortie de l’Union, la référence à l’article 50 étant une manière de rassurer les europhiles sur le
      fait que “tout sera tenté” pour changer le fonctionnement avant de rompre. Mais la tonalité du discours ne laisse pas de doutes sur le fait que le FN ne croit pas vraiment à la possibilité de
      “changer l’Europe”. La position du PG est différente: ils sont plus proches de l’idée de la “chaise vide”. Seulement, la “chaise vide” de mongénéral a marché parce que tout le monde était
      persuadé qu’il était prêt à aller très loin (y compris tout casser) s’il n’avait pas gain de cause.

      Ce qui conduit le FG/PG à adopter des politiques risibles, du type bouderie institutionnalisée, c’est le refus de voir que la seule solution viable est de sortir de l’UE. Telle quelle, la
      structure n’est pas réformable.

      Je suis moins pessimiste que vous. Pour ce qui concerne l’Euro, je vous accorde que le système ne peut marcher, pour les raisons que j’ai abondamment expliqué ici et vous sur votre blog. Mais
      pour l’UE, c’est moins évident. Je pense qu’on peut bâtir une structure de coopération européenne en reformant l’Union. En particulier, en précisant le principe de subsidiarité – pour
      restreindre l’action de l’Union aux domaines qui ont véritablement besoin d’une coordination inter-états, en sortant les services publics du champ du droit de la concurrence, en permettant des
      exceptions à la logique du libre-échange dans les domaines jugés stratégiques, en se fixant comme objectif l’équilibre des balances des échanges courants, etc.

      Cela étant dit, une telle reforme suppose un tel conflit avec les intérêts et lobbys installés à Bruxelles qu’elle est inconcevable sans une “rupture” dans les processus communautaires. Il est
      probable que la voie vers une véritable coopération européenne passe d’abord par la destruction au moins partielle de l’existant et donc par une crise. Une rupture dont j’avoue ne pas voir
      comment elle pourrait se produire à court terme…

  10. edgar dit :

    la France contribue à 16% du budget communautaire (http://www.touteleurope.eu/fr/organisation/budget/mecanismes-budgetaires/presentation/le-budget-europeen-et-la-france.html) et dépense 7 à 8
    milliards d’euros par an de plus qu’elle ne reçoit de l’UE.

    je vois très mal l’espagne et l’italie accepter les contraintes de l’UE si la France en sort. on est dans un jeu mimétique où chacun participe au système parce que tous les autres y sont. que
    l’un des grands sorte et le chateau de cartes tombera. Delors d’ailleurs joue avec le feu, à mon sens, en invitant le royaume-uni à sortir de l’Union.

    • Descartes dit :

      la France contribue à 16% du budget communautaire (http://www.touteleurope.eu/fr/organisation/budget/mecanismes-budgetaires/presentation/le-budget-europeen-et-la-france.html) et dépense 7 à 8
      milliards d’euros par an de plus qu’elle ne reçoit de l’UE.

      Lis attentivement le site que tu proposes en référence… selon celui-ci, la contribution française est en 2011 (mes chiffres dataient de 2009) de 19,1 Md€ (16,4%) et les dépenses du budget de
      l’UE sur son territoire sont de 13,6 Md€ (13,3%). La différence donc entre ce que la France verse et ce qu’elle reçoit est donc de 5,5 Md€ (3% du budget ) et non de “7 à 8 Md€”. Si l’on compte en
      plus les aides qui bénéficient à la France mais ne sont pas versées dans son territoire, on n’est pas loin des 2 Md€…

      je vois très mal l’espagne et l’italie accepter les contraintes de l’UE si la France en sort.

      Je vois mal en quoi la sortie de la France changerait quelque chose. Les espagnols et les italiens sont uajourd’hui en grande majorité pour rester dans l’UE et accepter ses contraintes. En quoi
      la sortie de la France chagerait quelque chose ? Je peux imaginer que la sortie de la France du système contraignant de l’Union (par exemple en échangeant son statut de membre par un simple
      statut d’association comme celui de la Suisse ou de la Norvège) pourrait inciter les pays traditionnellement eurosceptiques (la Grande Bretagne au premier chef) à l’imiter. Mais les
      eurosceptiques sont relativement peu nombreux, et pour la plupart (république Tchèque, Hongrie) trop dépendants des aides européennes pour vouloir sortir. Quant aux pays traditionnellement
      europhiles comme l’Espagne, je te repète que je vois mal en quoi une sortie de la France changerait quelque chose…

      on est dans un jeu mimétique où chacun participe au système parce que tous les autres y sont. que l’un des grands sorte et le chateau de cartes tombera.

      J’aimerais que tu justifies ce point. Je veux bien que ce soit le cas pour les pays “eurosceptiques”, mais les autres ? Entre ceux qui bénéficient fortement des aides européennes et ceux pour qui
      les marchés européens à l’export sont vitaux, je vois mal le “chateau de cartes” s’effondrer.

       

       

       

  11. edgar dit :

    pour ajouter à la confusion sur les chiffres, la France est très mal placée pour le retour  par habitant
    : http://www.bfmtv.com/economie/budget-europeen-contribuables-francais-sont-appeles-a-rescousse-403656.html

    la commission sous-estime le coût de l’UE ? http://leplus.nouvelobs.com/contribution/737570-hausse-de-la-contribution-francaise-a-l-ue-une-prison-qui-nous-coute-cher.html

    page 19 de ce documentn on voit bien que la france est deuxième contributeur net : http://www.observatoiredeleurope.com/notreargent/docs/us_coute_l_Europe__par_Christophe_Beaudouin.pdf

     

    pour ce qui est de l’Espagne et de l’Italie par exemple, je ne les vois rester dans l’UE que parce que la France y est, servant de médiateur entre eux et l’allemagne. le modèle : l’italie se voit
    comme aussi développée que la france, et se fait donc un point d’honneur de rester dans l’UE si la france y est. même chose pour l’espagne. même raisonnement pour le portugal vis-à-vis de
    l’espagne.

    je peux pas “justifier” cette conviction, bien entendu, mais je crois que si elle était fausse, les dirigeants de l’UE auraient laissé sortir la grèce depuis longtemps. il faut bien voir que l’UE
    n’apport aucun bénéfice réel. La participation à l’UE relève d’une sorte d’orgueil mal placé, de volonté de tenir son rang dans un projet historique, même de toute évidence mal conçu.

    Pour ce qui est des bienfaits du libre échange intra européen, il est tout à fait concevable sans l’Ue, ne serait-ce que parce que tous les membres de l’UE sont également à l’OMC. 

     

     

    • Descartes dit :

      je peux pas “justifier” cette conviction, bien entendu, mais je crois que si elle était fausse, les dirigeants de l’UE auraient laissé sortir la grèce depuis longtemps.

      Je pense que les dirigeants politiques ont tellement perdu de vue le côté “tragique” de la politique, voient tellement l’action politique sous un angle bureaucratique, qu’ils ont du mal à
      concevoir que les choses puissent être radicalement differentes de ce qu’elles sont. Si les dirigeants européens n’ont pas laissé sortir la Grèce, c’est parce que qu’ils ont eu la trouille de
      l’inconnu beaucoup plus que parce qu’ils avaient la crainte de quelque chose de précis.

      il faut bien voir que l’UE n’apport aucun bénéfice réel

      Faudra dire ça aux pays qui vivent grâce aux subventions européennes, et à ceux qui bénéficient des délocalisations…

      La participation à l’UE relève d’une sorte d’orgueil mal placé, de volonté de tenir son rang dans un projet historique, même de toute évidence mal conçu.

      Désolé, mais je suis un matérialiste. Penser qu’autant de gens ont construit un système aussi complexe juste pour satisfaire un orgueil mal placé me paraît une grave erreur. Si l’UE est aussi
      difficile à combattre, c’est parce qu’elle profite à beaucoup de monde. Pourquoi crois-tu que les classes moyennes de l’ensemble des pays européens – Grande Bretagne exclue – soient toutes
      favorables à l’UE ? Par “orgueil mal placé” ? Allons…

      Pour ce qui est des bienfaits du libre échange intra européen, il est tout à fait concevable sans l’Ue,

      Mais avec l’UE, on pourrait concevoir un “protectionnisme intelligent” à deux niveaux: l’un national, l’autre inter-européen…

       

  12. sanspouvoir dit :

    Belle analyse d’un texte amphygourique qui refète exactement l’objectif démagogique du FG/PG. 

  13. edgar dit :

    bon allez, dernière escarmouche de 2012 : je crois que les dirigeants européens peuvent faire beaucoup de choses par simple continuation de ce qui existe et par manque d’idées. ce que tu appelles
    “trouille de l’inconnu”. l’italie est contributeur net au budget de l’UE également, elle est comme beaucoup de grands pays à l’échelle de l’europe qui ne retirent du ssytème que des contraintes,
    ou alors y recherchent les cadres libéraux qu’ils ne sauraient pas imposer par eux-mêmes.

    pour ce qui est  d’un protectionnisme intelligent dans le cadre de l’UE, je n’y crois pas une seconde. déjà à l’échelle d’un seul pays, même grand, ça me paraît compliqué, alors à 27…

     

    Bonne année par (légère) anticipation !

    • Descartes dit :

      bon allez, dernière escarmouche de 2012 :

      Bon allez, première de 2013…

      l’italie est contributeur net au budget de l’UE également, elle est comme beaucoup de grands pays à l’échelle de l’europe qui ne retirent du ssytème que des contraintes,

      A ce niveau d’analyse, on ne peut parler de “l’Italie” ou de “la France” comme si c’étaient des ensembles homogènes. Le fait national est certainement très fort, mais pas suffisamment pour
      effacer les intérêts de classe. “L’Italie” en tant que nation ne retire globalement que des contraintes, mais les classes moyennes et la bourgeoisie italienne en retirent beaucoup d’avantages. Si
      les nations réagissaient en fonction de l’intérêt national, l’UE se serait effondrée depuis longtemps par le départ des “grands”, qui sont contributeurs nets.. Mais l’UE subsiste sur la base
      d’une convergence d’intérêt des classes moyennes européennes, et cette convergence d’intérêts est bien plus puissante que vous ne le pensez. Il est possible qu’avec les crises – et
      notamment la crise de l’Euro – les avantages que les classes moyennes tirent soient de moins en moins intéressants par rapport au coût de l’affaire. On verra. Mais pour le moment, cela tient.

      pour ce qui est  d’un protectionnisme intelligent dans le cadre de l’UE, je n’y crois pas une seconde. déjà à l’échelle d’un seul pays, même grand, ça me paraît compliqué, alors à
      27…

      Moi j’y crois, mais pas comme substitut du protectionnisme national. Il faut d’abord le mettre en oeuvre à l’échelle national, ce qui suppose un changement de mentalité important, avec l’abandon
      de la logique du “consommateur-roi” par rapport à un “producteur-esclave”. Une fois que cela aura fait ses preuves au niveau national, on pourra l’étendre au niveau européen.

      Bonne année par (légère) anticipation !

      Merci de vos voeux et recevez en retour les meilleurs de ma part.

  14. Trubli dit :

    Bonjour et bonne année 2013.

    Pourquoi la classe moyenne anglaise n’est-elle pas à l’unisson de ses homologues de l’Europe continentale ? 

    Pourquoi crois-tu que les classes moyennes de l’ensemble des
    pays européens – Grande Bretagne exclue – soient toutes favorables à l’UE ? Par “orgueil mal placé” ? Allons…

    • Descartes dit :

      Pourquoi la classe moyenne anglaise n’est-elle pas à l’unisson de ses homologues de l’Europe continentale ? 

      Je n’ai pas de réponse complète et satisfaisante à cette question. Je pense que c’est l’un de ces domaines où il faut revenir à la géographie et à l’histoire. La géographie d’abord: la Grande
      Bretagne est une île, et comme tous les îliens les britanniques ont très souvent montré au cours de leur histoire leur obsession de contrôler collectivement les elements qui ont trait à la
      souveraineté. On retrouve le même réflexe dans d’autres états-îles, comme le Japon. Le fait d’être une île a fait aussi que leur histoire est très “auto-centrée”. S’ils ont participé à l’histoire
      de l’Europe continentale, ils l’ont fait toujours en observateurs. Aucune armée étrangèe n’a mis le pied sur les iles britanniques depuis 1066… en fait, leur histoire parle plus de l’Inde, de
      l’orient, de l’Amérique que de l’Europe…

  15. Trubli dit :

    A quoi servirait un protectionismme européen, s’il y en a 1 au niveau de chaque pays de l’UE qui permette d’équilibrer la balance des transactions courantes ? Privilégier les produits d’Europe
    sur ceux du reste du monde ?

    • Descartes dit :

      A quoi servirait un protectionismme européen, s’il y en a 1 au niveau de chaque pays de l’UE qui permette d’équilibrer la balance des transactions courantes ? Privilégier les produits
      d’Europe sur ceux du reste du monde ?

      Un protectionnisme européen pourrait servir comme complement au protectionnisme national pour permettre de sélectionner les importations de manière à privilégier celles de pays ayant un haut
      niveau de protection sociale et/ou de reglementation écologique. Mais je vous accorde que c’est un effet marginal. C’est le “protctionnisme intelligent” au niveau national qui doitfaire
      l’essentiel du boulot…

  16. Trubli dit :

    Aucune armée étrangèe n’a mis le pied sur les iles
    britanniques depuis 1066…

    Vous oubliez la Glorieuse révolution de 1688 qui a changé profondément l’histoire de ce pays. L’armée de Guillaume III d’Orange, menée par Frédéric Armand Von Schomberg maréchal de France mais
    protestant fuyant la Révocation de l’édit de Nantes, a chassé Jacques II du trône. 

    • Descartes dit :

      On peut en discuter: l’armée de Guillaume III Orange était “étrangère” mais appellée à la rescousse par le Parlement pour se défaire de Jacques II. Elle était donc autant “étrangère” que l’armée
      américaine stationnant en Angleterre en 1944 sous le commandement d’Eisenhower. Mais bon, on va pa se fâcher pour si peu. J’amende ma phrase originale: “aucune armée d’invasion n’a mis le pied
      sur les îles britanniques depuis 1066″…

  17. Trubli dit :

    Cela se discute. Je crois que certains historiens voient cet événement comme une invasion néerlandaise de la Grande Bretagne. A l’époque cela n’a pas été présentée de cette façon à la population.

    http://www.bbc.co.uk/history/british/civil_war_revolution/glorious_revolution_01.shtml

    “William had already begun making military preparations for an invasion of England before this letter was sent. Indeed, the letter itself mainly served a propaganda purpose, to allow the
    prince of Orange to present his intervention as a mercy mission.

    In fact, William’s main reason for interfering in English affairs was essentially pragmatic – he wished to bring England into his war against Louis XIV’s France and a free parliament was seen
    as more likely to support this.

    The forces that the prince of Orange amassed for his invasion were vast, the flotilla consisting of 43 men-of-war, four light frigates and 10 fireships protecting over 400 flyboats capable of
    carrying 21,000 soldiers. All in all, it was an armada four times the size of that launched by the Spanish in 1588.”

    Je vous l’accorde toutefois, ceci reste un échange sur des broutilles. 

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