Front de gauche: fluctuat et mergitur ?

Il se passe des tas de choses au Front de Gauche. Des choses dont on ne parle jamais. La raison ? En fait il y en a deux : la première, c’est que en dehors de la petite famille groupusculaire du gauchisme français, ces choses n’intéressent absolument personne. Prenons par exemple la création de « Ensemble ». Ah… vous n’aviez pas remarqué ? Et pourtant, ca ne date pas d’hier : c’est au cours « d’assises nationales » – on s’assied beaucoup à gauche de nos jours – tenues le 23 et 24 novembre 2013 qu’une véritable révolution copernicienne qui devrait changer notre mode de concevoir la politique a eu lieu. Pensez-y : des organisations aussi puissantes que la FASE, la Gauche Anticapitaliste, les Alternatifs, Convergence et Alternative, la Gauche Unitaire (1) unissent leurs considérables efforts pour constituer une organisation commune. Enfin, « commune » c’est une façon de parler, parce qu’en fait il s’agit d’un « processus transitoire dans lequel les composantes d’origine continuent à exister, chacune pouvant décider de se dissoudre quand elle le désirera ». On attend avec curiosité la première décision d’autodissolution. Mais sans trop d’espoir : quant on sait que la plupart de ces groupuscules s’est constituée pour donner de la visibilité à un ou des leaders charismatiques, on voit mal ces personnages auto-dissoudre la structure qui leur permet d’exister politiquement alors que leurs amis et concurrents gardent la leur. Déjà la FASE, qui est elle-même une fédération, avait été créée avec ce principe. Et personne ne s’est jamais « auto-dissout ».

A quoi sert « Ensemble » ? A rien, vraisemblablement. Mais les règles du marigot compliqué de la politique groupusculaire tiennent un peu de la reproduction cellulaire : la scission et la création de nouvelles « fédérations » regroupant – sur une base volontaire en attendant le graal de l’autodissolution, cela va de soi – les morceaux scindés fait partie de la vie. Et le fait que ces organisations n’aient à leur actif absolument rien, ni sur le plan des conquêtes, ni sur le plan des idées, ne les décourage pas de continuer la grande roue de la vie. « Ensemble » ne déroge pas à la règle qui implique de se fixer des objectifs d’autant plus ambitieux que les moyens sont inexistants. Une lecture rapide des « textes de références » (sic) du mouvement (disponibles sur son site) permet de s’en convaincre : « Il s'agit de faire exister une alternative au capitalisme : de la nécessité et la possibilité d’une transformation de tous les rapports sociaux, d’une humanité émancipée. Il faut donc affirmer une dynamique commune intégrant les grandes et nouvelles exigences pour lesquelles luttent les divers mouvements qui se sont affirmés à la fin du 20e siècle : le féminisme avec le mouvement de libération des femmes, la solidarité planétaire des luttes d’émancipation avec le mouvement altermondialiste, l'aspiration autogestionnaire réaffirmée dans les combats de classe, la conscience écologique avec les forces de l'écologie politique… Rien que ça. Mais si l’on approfondit la lecture, on s’aperçoit rapidement qu’en fait les « textes de références » n’apportent pas grande chose de nouveau : c’est un copier-coller de textes « alternatifs » avec tous les poncifs du genre.

Mais « Ensemble » a en fait une autre utilité, et celle-ci tient au fonctionnement du Front de Gauche. Les groupuscules ont fini par réaliser que leur influence sur les orientations du Front de Gauche est quasi-nulle. Coincés entre la méfiance traditionnelle – et mutuelle – du PCF et l’activisme personnel de la bande à Mélenchon, leur voix est inaudible et surtout leur capacité à défendre leur part de gâteau est nulle. Et cela alors qu’on est en train de constituer les listes pour les élections municipales et européennes…

En fait, les effectifs des groupuscules combinés ne sont pas très inférieurs à ceux du Parti de Gauche. Pourquoi alors celui-ci pèse lourd alors que les groupuscules – ou devrais-je dire les « autres groupuscules » – n’y arrivent pas ? La raison est que, au-delà des jérémiades contre la « personnalisation de la politique » les personnalités comptent. Le PG compte sur un atout majeur, celui d’avoir un leader charismatique. Mais pas seulement : le leader et une partie des troupes ont une longue expérience de la politique « pour de vrai », celle qui se fait dans les allées du pouvoir et non dans les marigots obscurs de la politique groupusculaire ou l’action se traduit par le vote lors de réunions interminables de motions qui n’ont aucun effet sur le réel et le collage d’affiches que personne ne lit. Quand on écoute Mélenchon, on entend un homme qui a appris le métier de politicard avec les grands maîtres, et cela se sent. Lorsqu’on écoute Piquet ou Autain, on n’entend que deux petits magouilleurs qui ont passé leur vie cuisinant leurs petites soupes dans leurs petits pots.

C’est paradoxalement aussi le cas de Pierre Laurent. Un apparatchik rompu aux luttes internes du PCF, mais sans véritable connaissance de la politique « pour de vrai ». Un homme qui n’a jamais été parlementaire, qui n’a jamais dirigé une collectivité… Un adversaire dont Mélenchon, qui en bon mitterrandien croit profondément aux personnalités en politique, croyait pouvoir n’en faire qu’une bouchée. Les résultats désastreux de cette erreur de calcul m’amènent au deuxième évènement dans la vie du Front de Gauche, celui-ci bien plus inquiétant que le premier. Je parle, bien entendu, de la guerre de moins en moins froide entre le PG et le PCF.

Ce n’est pas comme ça, bien entendu, que les dirigeants des deux partis présentent l’affaire. Côté PG, il n’y a pas de confrontation avec le PCF en tant que tel, mais avec sa direction, dont on insinue à mots de moins en moins couverts qu’elle ne représenterait pas la « vraie » volonté des militants communistes. Cela permet – encore une leçon que Mélenchon a bien apprise de son mentor préféré – de personnaliser le conflit et de désigner aux troupes un ennemi avec nom et prénom : Pierre Laurent. L’incident provoqué par les représentants du PG au congrès du Parti de la Gauche Européenne à Madrid le week-end dernier, qui vit le PG « suspendre sa participation au PGE jusqu’aux élections municipales » en réponse à la reconduction de Pierre Laurent à la présidence collégiale du PGE fait partie de cette guerre (2). Coté PCF, on cache – de moins en moins – son agacement tout en faisant mine d’ignorer les attaques sur le mode « les chiens aboient, la caravane passe ».

A première vue, c’est le choix des militants du PCF de s’allier au PS pour les municipales parisiennes a mis le feu aux poudres. Ce n’est pas le cas. Ce qu’il faut bien comprendre dans cette affaire, c’est que depuis juin 2012, le Front de Gauche est déchiré entre deux conceptions différentes. D’un côté, le PCF pour qui le Front de Gauche est simplement un « forum » de plus, un lieu de débat et de concertation, mais certainement pas de décision. Les alliances électorales, si alliances il y a, sont conclues au cas par cas et à chaque fois les instances des organisations politiques qui le composent restent souveraines. Il faut rappeler à ce propos que ce ne sont pas les instances du Front de Gauche qui ont fait de Mélenchon le candidat commun à l’élection présidentielle, mais le vote des militants du PCF. Si ceux-ci avaient fait un autre choix, il n’y aurait pas eu de candidat du Front. Du côté PG – ou plutôt du côté Mélenchon, parce qu’au PG c’est le fürerprinzip qui s’applique – le Front de Gauche est destiné à devenir un nouveau parti politique dans lequel s’opérerait la fusion des organisations qui le composent, un peu comme le Congrès d’Epinay en 1972 vit la disparition de l’UDSR et de la SFIO pour donner naissance au PS. Et qui croyez-vous que fut le dirigeant suprême du nouveau parti ? Oui, vous avez tout compris…

Le pacte « au PCF les législatives, à Mélenchon la présidentielle » donnant à chacun ce qu’il voulait, les différences sont restés gérables jusqu’à la fin du processus électoral. Au PCF une chance de sauver ses élus, à Mélenchon l’opportunité de bâtir une image et d’acquérir une légitimité qui, pensait-il, lui permettrait de forcer la main de la direction du PCF plus tard. Hélas pour lui, les résultats de la présidentielle, quoique honorables, ne furent pas suffisants pour mettre Mélenchon en position de force, et le « quitte ou double » d’Hénin-Beaumont dégrada encore plus la situation. Il fallait donc trouver autre chose. Et l’autre chose que Mélenchon a trouvé vient, on aurait pu s’en douter, du répertoire mitterrandien. Il s’agit de profiter de son accès aux médias pour proclamer sa propre stratégie comme étant la « stratégie du Front de Gauche », puis de reprocher au PCF de ne pas s’y tenir. C’est tout le sens de la stratégie dite de « l’autonomie conquérante » : sans consulter ses alliés, le PG a décidé que toute alliance locale avec les socialistes, coupables de pratiquer une politique sociale-libérale au gouvernement, était exclue. L’hypocrisie de cette position est évidente lorsqu’on se souvient que le PG fait depuis l’élection présidentielle les yeux doux et participe dans des alliances locales avec EELV, parti qui jusqu’à nouvel ordre participe lui aussi au gouvernement « social-libéral » de Jean-Marc Ayrault et vote le budget. Mais comme disait Napoléon, « en politique une absurdité n’est pas une impossibilité ». On voit donc se multiplier les attaques de dirigeants du PG sur le thème « le PCF menace le Front de Gauche ».

« Le PCF », ou plutôt « la direction du PCF ». Et peu importe que la décision parisienne ait éé prise par un vote à bulletin secret des militants. Au PG, on n’hésite pas à dissoudre le peuple lorsqu’il n’est pas d’accord avec le comité central. La faute doit être pointée sur la direction du PCF, pour essayer de ficher un coin entre les militants et leur direction et faire donc pression sur cette dernière. Là aussi, la stratégie de Mélenchon a changé. En 2012, lorsque l’OPA sur le PCF semblait possible avec la complicité de Marie-George Buffet, aux militants du PCF qui avaient envie de quitter leur parti pour aller au PG les dirigeants de cette organisation tenaient un discours d’attente, sur le mode « soutenez votre direction, ne quittez pas le PCF, on aura besoin de vous plus tard ». Aujourd’hui, le discours a changé, et les dirigeants du PG encouragent au contraire les militants du PCF de s’insurger contre leur direction et à quitter leur parti. Les attaques ad-hominem contre Pierre Laurent font partie de ce dispositif stratégique. C’en est fini des mamours, des grandes déclarations d’amour de Mélenchon pour l’histoire communiste et des embrassades à la fête de l’Huma. Les bazookas sont sortis et on n’a pas fini de voir couler le sang. Et dans cette guerre, comme souvent, ce n’est pas Mélenchon qui est le plus virulent. Mieux vaut en effet laisser vos porte-flingue faire le sale boulot. Car, comme disait « le vieux », il ne faut pas insulter l’avenir… (3).

Est-ce à dire que c’est la fin du Front de Gauche ? Probablement pas. Au fonds, tous ces gens-là sont des réalistes. Ni le PCF, ni le PG n’ont de véritable alternative stratégique. Le PCF n’a aucune raison d’abandonner un bateau qui lui permet de rester en contact avec les différents « groupuscules » et, au niveau local, constituer des alliances plus larges. Le fait d’avoir un roquet qui essaye de vous mordiller les chevilles n’est qu’une nuisance mineure. Pour le PG, sortir du Front – ou exclure le PCF de celui-ci – reviendrait à s’enfermer dans la politique groupusculaire, ce qui pour un homme de pouvoir comme Mélenchon serait un échec. Le divorce est donc peu probable. Le Front de Gauche continuera donc, cahin-caha, entre les invectives des uns et l’indifférence des autres, à occuper une place dans l’échiquier politique. Beaucoup dépendra aussi du résultat des élections à Paris. En choisissant de jouer « quitte ou double » à Paris – comme il le fit auparavant à Hénin-Beaumont, Mélenchon a pris un risque important. Si Danielle Simonet fait chou blanc, les choses risquent de devenir difficiles pour lui.

Descartes

(1) ou du moins la moitié de cette dernière, parce que l’autre moitié, indignée du manque de démocratie interne dans la prise de décision, a fait scission pour constituer la « Gauche Vraiment Unitaire »… délices de la politique groupusculaire. Qui a dit que « deux trotskystes c’est une fraction, trois un parti et quatre une Internationale » ?

(2) Le PGE n’est pas une organisation très sérieuse, étant surtout un prétexte pour pouvoir récupérer l’argent que le budget européen réserve pour stimuler la création de « partis européens ». Mais tout de même, je me demande ce que les autres partis européens ont pu penser de cette querelle picrocholine. Car la position du PG dans cette affaire n’a ni queue ni tête. Si la présence de Pierre Laurent à la tête du PGE est inacceptable aujourd’hui, on se demande pourquoi elle deviendrait acceptable une fois les élections municipales françaises passées. Le PG dans cette affaire n’a fait qu’utiliser sa participation dans une enceinte internationale pour poursuivre un travail de harcèlement personnel contre Pierre Laurent. Dieu sait que je n’aime pas Pierre Laurent, mais il ne mérite certainement pas ça. Il faut noter que cet enfantillage a par ailleurs beaucoup énervé un certain nombre d'autres particimants au Front de Gauche…

(3) c’est pourquoi il est très drôle de lire sur son blog ses commentaires sur le congrès du PGE. On peut y lire par exemple que « Que cela soit clair : nous ne demandions rien pour nous même. Même lorsque nous avons proposé la création d’une co-présidence pour instaurer la parité ». Passons sur le lapsus fort drôle qui fait utiliser à Mélenchon le pluriel de majesté, et allons au fond : à ma connaissance, personne n’a reproché au PG d’avoir « demandé pour lui-même » quelque chose… Lorsqu’on se défend par avance d’une accusation inexistante, cela révèle souvent que celle-ci aurait quelques éléments de vérité. La proposition d’une « co-présidence » paritaire aurait-elle visé à faire rentrer Martine Billard à la présidence du PGE que cela ne m’étonnerait qu’à moitié…

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61 réponses à Front de gauche: fluctuat et mergitur ?

  1. Baruch dit :

    Ce qui est bien avec vos billets c’est qu’ils sont de formidables déclencheurs de pensées.
    Ce matin, en faisant la poussière dans ma vieille maison, je tournais dans ma tête un commentaire à votre billet sur le nucléaire et le FdG et je disais "il faudrait tout de même que j’essaye, sans dévier trop de raccrocher, cette question au badamoum du PGE avant le départ (le quatrième je crois depuis l’élection présidentielle) de Mélenchon en Amérique du Sud, de raccrocher donc cette question du naufrage attendu du fdg à la question du nucléaire"
    Bref j’étais dans un développement cosmique, où j’allais vous démontrer (mais vous le savez certainement) que tout est dans tout mais que la réciproque n’est pas toujours vraie ! Comme d’habitude après avoir cherché des phrases je n’arriverai jamais au clavier.
    Heureusement, bienvenue au nouveau billet ! à son intelligence et sa finesse d’analyse.
    Car je vais pouvoir dire sans trop de digressions un des points dont je voulais vous faire part:
    J’ai été frappée que Mélenchon "suspende" sa participation (qu’est ce que cela veut dire pendant les fêtes et la campagne des municipales) au PGE, mais sans aucune critique du dit PGE.
    Bien entendu pour ma part ce PGE, parti créé par la commission européenne qui permet l’intégration de partis se réclamant auparavant du et luttant pour le communisme, bref, ce PGE avec comme chefs de file Laurent (que je n’apprécie pas plus que vous) et Tsipras, participant avec Hollande au club des auto-proclamés non dangereux, devrait être l’objet d’analyse, de critique et même à partir de là de la remise en cause de toutes les stratégies des "nouveaux partis communistes mutés". La question de l’euro en un premier temps et de la construction européenne toute entière au fond des choses se posant irréductiblement.
    Donc Mélenchon quitte provisoirement le PGE mais sur des bases totalement ridicules, d’une mesquinerie totale: Laurent n’a pas voulu mettre Mme Simonet comme tête de liste aux municipales à Paris et le PG, Martine Billard en tête, ne peut y souscrire. Cette raison est un prétexte futile.
    En fait, Mélenchon a donné une raison sur son blog, qu’il prétend être une raison de fond : je cite
    "Avec l’écosocialisme comme projet et la Révolution citoyenne comme stratégie de réappropriation de la politique par chacun, la gauche européenne peut se donner les outils pour mener de front lutte institutionnelle, bataille culturelle et résistances de terrain » a expliqué à la tribune du congrès Corinne Morel Darleux. Après débat, l’amendement a été nettement adopté : 47,6 % pour, 42,9% contre, 9,5% abstention. Nous n’avons pas compris pourquoi la délégation du PCF a voté contre. Nous pensions que le rapprochement idéologique était déjà accompli sur ce point. Une abstention aurait été comprise, compte tenu du débat des communistes français sur le nucléaire."
    Bref, l’écosocialisme n’est pas la finalité des communistes français,même Laurent est obligé de l’admettre et ne peut voter un tel amendement,mais c’est le dogme révélé du PG,et qu’il faut rallier.
    Voici donc ce qui nous vaut la rupture provisoire.
    Vous voyez ,cher Descartes, c’est cette phrase qui me faisait mêler par anticipation vos deux derniers billets, celui écrit alors et celui auquel je suis en train d’ajouter mon grain de sel.
    L’écosocialisme, fumisterie de grand brouillard, bazar bien pensant qui laisse tomber la lutte de classes pour le "sauver la planète" avec une meilleure répartition de la richesse.
    Moi, vieille marxiste, qui ai lu dans ma jeunesse les bons vieux classiques et Engels et Lénine et Plékhanov, et Gramsci et tutti quanti je croyais que l’émancipation ne viendrait pas de la répartition de la richesse et de l’abandon du développement de la production (Marx si je me souviens bien avait fait sur des points approchants une critique de Malthus tout à fait complète), mais de la lutte pour l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme, de l’appropriation des moyens de production et d’une âpre lutte( organisée et éclairée par la réflexion collective), préliminaire et conjointe pour la répartition de la plus-value, ce qui n’est pas la même chose que la "richesse".
    Bref, Mélenchon ce n’est pas seulement la grenouille qui veut faire son Mitterrand, c’est un social-démocrate qui avec ses copains se pare des plumes du socialisme comme projet émancipateur et révolutionnaire, pour le meilleur usage et le plus grand profit des seules couches intermédiaires, ie de ce que l’on appelle les classes moyennes.
    Alors que le moment historique réclamerait lucidité, organisation, qualités anticipatrices, les forces" progressistes " se vautrent dans l’écosocialisme sorte de dérivatif, os à ronger autour duquel toutes les luttes de place de prébende, d’ego peuvent se manifester.

    • Descartes dit :

      @Baruch

      [Ce qui est bien avec vos billets c’est qu’ils sont de formidables déclencheurs de pensées.]

      C’est gentil, car c’est bien mon but !

      [je disais "il faudrait tout de même que j’essaye, sans dévier trop de raccrocher, cette question au badamoum du PGE avant le départ (le quatrième je crois depuis l’élection présidentielle) de Mélenchon en Amérique du Sud, de raccrocher donc cette question du naufrage attendu du fdg à la question du nucléaire"]

      Même si le nucléaire ne joue pas un rôle important dans cette affaire, raccrocher les deux questions est intéressant parce que le nucléaire reste un formidable révélateur de la conception que chacun a du débat politique. Ce n’est pas par hasard si le classement sur l’échelle pro/anti nucléaires recouvre encore largement la division entre jacobins et girondins…

      [J’ai été frappée que Mélenchon "suspende" sa participation (qu’est ce que cela veut dire pendant les fêtes et la campagne des municipales) au PGE, mais sans aucune critique du dit PGE.]

      J’avoue que je me demande si la décision de « suspendre la participation » a été prise par Mélenchon – ou avec son accord – ou si elle résulte au contraire d’une initiative de la délégation à Madrid. Je penche pour la seconde solution, me basant sur le commentaire de Mélenchon sur son site. Il prend un tel soin de préciser à quel point il a été en contact heure par heure avec la délégation, qu’on dirait qu’il répond par avance à un reproche que personne pourtant n’a formulé… « Methinks the lady doth protest too much ».

      [Bien entendu pour ma part ce PGE, parti créé par la commission européenne qui permet l’intégration de partis se réclamant auparavant du et luttant pour le communisme,]

      Je crois que vous faites erreur. Le PGE n’a pas été « créé par la commission européenne », même s’il est l’enfant monstrueux de la politique de l’Union européenne qui consiste à financer copieusement les « partis européens » et à encourager leur formation. Le PGE n’est pas non plus composé de partis « se reclamant au paravant du communisme ». Il y a dans le PGE deux courants, l’une communiste, l’autre « libertaire ».

      [Donc Mélenchon quitte provisoirement le PGE mais sur des bases totalement ridicules, d’une mesquinerie totale: Laurent n’a pas voulu mettre Mme Simonet comme tête de liste aux municipales à Paris et le PG, Martine Billard en tête, ne peut y souscrire. Cette raison est un prétexte futile.]

      Bien entendu. Et il se vérifie encore une fois une loi plusieurs fois énoncée dans ce blog : il n’y a de politique que nationale. Les soi-disant « partis européens » ne sont que des façades qui n’intéressent personne.

      [En fait, Mélenchon a donné une raison sur son blog, qu’il prétend être une raison de fond. Je cite : "Avec l’écosocialisme comme projet et la Révolution citoyenne comme stratégie de réappropriation de la politique par chacun, la gauche européenne peut se donner les outils pour mener de front lutte institutionnelle, bataille culturelle et résistances de terrain » a expliqué à la tribune du congrès Corinne Morel Darleux. Après débat, l’amendement a été nettement adopté : 47,6 % pour, 42,9% contre, 9,5% abstention. Nous n’avons pas compris pourquoi la délégation du PCF a voté contre. Nous pensions que le rapprochement idéologique était déjà accompli sur ce point. Une abstention aurait été comprise, compte tenu du débat des communistes français sur le nucléaire."
      Bref, l’écosocialisme n’est pas la finalité des communistes français,même Laurent est obligé de l’admettre et ne peut voter un tel amendement,mais c’est le dogme révélé du PG,et qu’il faut rallier. Voici donc ce qui nous vaut la rupture provisoire.]

      C’est en partie vrai. Je doute que ce soit la raison principale, et je persiste dans mon analyse. Mais l’exemple est intéressant parce qu’il met encore une fois en évidence le fonctionnement de Mélenchon : il proclame ses idées comme si elles étaient celles du Front de Gauche, et se déclare surpris lorsque ses partenaires ne les partagent pas et agissent en conséquence. La position du PCF sur le nucléaire et sur le productivisme est constante et connue depuis des décennies.

      [Bref, Mélenchon ce n’est pas seulement la grenouille qui veut faire son Mitterrand, c’est un social-démocrate qui avec ses copains se pare des plumes du socialisme comme projet émancipateur et révolutionnaire, pour le meilleur usage et le plus grand profit des seules couches intermédiaires, ie de ce que l’on appelle les classes moyennes.]

      Tout à fait d’accord. Le gauchisme en général et le PG en particulier reprennent le vocabulaire marxiste tout en oubliant le principe fondamental de la réflexion marxiste : que c’est le mode de production, c’est-à-dire la manière dont la richesse est produite, qui détermine en dernière instance les rapports sociaux. En imaginant qu’on peut penser la société en dehors du processus productif, on rend la pensée totalement inoffensive.

    • Badaboum dit :

      @Baruch et Descartes
      par rapport à votre échange:
      [B :
      Bref, l’écosocialisme n’est pas la finalité des communistes français,même Laurent est obligé de l’admettre et ne peut voter un tel amendement,mais c’est le dogme révélé du PG,et qu’il faut rallier. Voici donc ce qui nous vaut la rupture provisoire.]
      D :
      C’est en partie vrai. ]

      je voulais apporter des infos à partir de ce qui était l’intérieur du PG il y a 12-18 mois:
      la passion "écosocialiste" du PG est assez récente; avant il était question d’écologie politique (notion qui ne devait pas être assez spécifique) ou de "planification écologique" (notion qui ne devait pas être assez radicale, puisqu’elle prônait une sortie planifiée et raisonnée du nucléaire).
      En fait, elle date des semaines qui ont précédé le départ de la Gauche Anticapitaliste (GA) du NPA.
      Je rappelle que le NPA fut le premier parti à brandir la notion d’écosocialisme. A l’époque, le PG faisait les yeux doux à ces militants du NPA, la plupart étant d’ailleurs des anciens LCR, plus ou moins rejetés par leur propre création (NPA) et ses parties les plus radicales. On entendait parler de ralliement, de fusion avec le PG, de vagues de nouveaux militants expérimentés etc…. peu importe le contenu ! (à peu près le même coup que lors de la création de Gauche Unitaire, puis de Convergence et Alternative).
      C’est dans ce contexte (début 2012 je crois) que nous avons appris soudain que la grande mission du PG était désormais de prôner l’écosoc…(et flûte, c’est trop pénible à écrire !), avec conventions, manifeste et autres agitations. C’était juste un appât pour la GA etc…ou un jeu de séduction, allez savoir.
      Ceux qui n’ont jamais milité au PG ne peuvent pas imaginer l’hystérie qui étreint certains « cadres » lorsqu’une « tâche » échoit aux militants.
      ( hors sujet : C’est à ce moment que j’ai vu aussi une évolution dans notre comportement de militants: avant, il y en avait toujours un ou deux pour demander le débat ou mettre en doute la rapidité et le caractère impérieux des tâches venues d’en haut. A partir de là, j’ai observé que la réaction principale était de tourner le dos, du genre "si ça les amuse…")

      Mes conclusions:
      – l’importance accordée à l’écosocialisme par le PG au PGE reflète son évolution que l’on désignera au choix par: gauchiste, NPA-phile ou trostko-pabliste.
      – et cela est contingent avec un casus belli avec le PCF au congrès du PGE. On retrouve la querelle LCR / PCF. Si, comme l’écrit Baruch « l’écosocialisme n’est pas la finalité des communistes français », on peut même dire que c’est la finalité de ces concurrents troskistes historiques.

    • Descartes dit :

      @Badaboum

      [C’est dans ce contexte (début 2012 je crois) que nous avons appris soudain que la grande mission du PG était désormais de prôner l’écosoc…(et flûte, c’est trop pénible à écrire !), avec conventions, manifeste et autres agitations. C’était juste un appât pour la GA etc…ou un jeu de séduction, allez savoir.]

      Je vous remercie beaucoup de votre contribution. C’est toujours passionnant d’enrichir l’analyse par des informations. Et j’avoue que je connais assez mal le côté « trotsko-pabliste » du PG, mes « sources » au PG étant plutôt du côté des anciens de la « gauche socialiste » et de PRS. Mais ce que vous dites confirme un fonctionnement assez répétitif, au point qu’on retrouve dans le langage du PG les couches sédimentaires qui tracent les différentes « operations séduction » entreprises par le PG depuis sa naissance. Il y a celle d’origine destinée au PCF, celle à destination de Billard & Co, celle pensée pour Leïla Chaibi & Co… à chaque fois, on retrouve quelque chose de nouveau. Les anglais aiment à dire qu’un chameau est un cheval dessiné par un comité de coordination, les textes du PG rappellent singulièrement le chameau en question…

      [Ceux qui n’ont jamais milité au PG ne peuvent pas imaginer l’hystérie qui étreint certains « cadres » lorsqu’une « tâche » échoit aux militants.]

      Oh que si, oh que si ! Il suffit d’être marié à un des cadres en question…

      [- et cela est contingent avec un casus belli avec le PCF au congrès du PGE. On retrouve la querelle LCR / PCF. Si, comme l’écrit Baruch « l’écosocialisme n’est pas la finalité des communistes français », on peut même dire que c’est la finalité de ces concurrents troskistes historiques.]

      Bonne remarque… j’avoue que la lecture des commentaires sur le blog de Mélenchon donne du poids à votre analyse. On y retrouve les flots d’anticommunisme traditionnels dans discours du gauchisme français. Il suffit de rajouter le qualificatif "staliniens" et on retrouve les discours groupusculaires de 1968…

    • BolchoKek dit :

      >On y retrouve les flots d’anticommunisme traditionnels dans discours du gauchisme français. Il suffit de rajouter le qualificatif "staliniens" et on retrouve les discours groupusculaires de 1968…<
      Suffit de les énerver un peu… Et alors, on est un horrible "stal", "productiviste" en plus. Imaginez l’horreur.
      Très franchement, je ne compte plus le nombre d’occasions où j’ai été traité de "stal". On se rend vite compte qu’entre les gauchistes de soixante ans et ceux de vingt, il n’y a qu’une maigre différence : ceux de soixante ont plus de bagou, sont plus cultivés, mais ceux de vingt sont plus au courant des combats qui, apparemment, libéreront la société (au choix, les LGBT, les oiseaux, les ornithorynques, les bouddhistes bretons, les régions, les végétariens, les fumeurs de pétard)…
      Tout cela pour dire que non, quand on est communiste, et à fortiori quand on est communiste "historique", que l’on soit un ancien OQ de chez Renault à la retraite, un étudiant ou un jeune salarié, quand on parle avec des gauchistes, le qualificatif "stalinien" n’a pas besoin d’une machine à remonter le temps.

    • Descartes dit :

      @Bolchokek

      Le problème, c’est que la division entre léninistes et trotskystes – que la division staliniens/trotksystes prolonge – est profonde et n’a toujours pas été tranchée. Au delà des personnes et des crimes des uns et des autres, c’est l’opposition entre le pragmatisme matérialiste et l’idéalisme volontariste qui réapparait à chaque fois. Être "stalinien", c’est croire que la révolution se fera quand les circonstances seront réunies, et sera une affaire de rapport de forces auquel il faut se préparer par l’éducation et par l’organisation. Être "antistalinien" c’est croire qu’on peut faire la révolution n’importe quand à condition d’avoir de bonnes idées et surtout "la volonté".

    • Marcailloux dit :

      @ Descartes,
      Bonjour,
      [Être "stalinien", c’est croire que la révolution se fera quand les circonstances seront réunies, et sera une affaire de rapport de forces auquel il faut se préparer par l’éducation et par l’organisation. Être "antistalinien" c’est croire qu’on peut faire la révolution n’importe quand à condition d’avoir de bonnes idées et surtout "la volonté".]
      Question sans arrière pensée: pourquoi ce terme de "stalinien" est – il régulièrement employé, avec justement tout le négatif qui s’y rattache, et qui altère une perspective porteuse de progrès pour beaucoup d’êtres humains ?

    • Descartes dit :

      @Marcailloux

      [Question sans arrière pensée: pourquoi ce terme de "stalinien" est – il régulièrement employé, avec justement tout le négatif qui s’y rattache, et qui altère une perspective porteuse de progrès pour beaucoup d’êtres humains ?]

      Le « cas Staline » est un cas étrange. Peu d’hommes ont, au cours du XXème siècle, été autant aimés et autant haïs. Il faut relire ce qu’on a écrit sur Staline des années 1930 jusqu’à sa mort en 1953. On y trouvera des odes et des poèmes écrits par les plus grands poètes du siècle : Eluard, Aragon… on trouvera aussi des discours de haine aux relents racistes écrits, là aussi, par des gens qu’on associe habituellement à plus de modération. C’est je pense François George qui a vu juste lorsqu’il analyse le stalinisme français dans son livre « Pour un dernier hommage au camarade Staline » : il faut séparer ce que fut le stalinisme en URSS et le stalinisme hors URSS. En URSS, ce fut le « bonapartisme » qui suit toutes les grands bouleversements sociaux, ce régime a qui il incombe, après le désordre de la révolution, de rétablir un semblant de fonctionnement régulier. La tradition politique russe et la brutalité de la première et deuxième guerre mondiale donnèrent au régime les caractéristiques qui ont fait de Staline une sorte d’incarnation du mal absolu.

      Mais il eut un stalinisme hors d’URSS, celui des militants ouvriers qui investirent Staline de leurs propres fantasmes pour en faire une icône. On peut presque dire que chaque organisation communiste a façonné un Staline a elle, sans grand rapport avec le Staline réel, historique. C’est le cas du stalinisme français. Il faut n’y rien connaître au PCF pour imaginer que les militants communistes aient pu être favorables dans leur âme et conscience à l’installation en France d’un véritable « régime stalinien ». Le discours d’un Thorez ou d’un Duclos fut toujours la synthèse entre une URSS mythique et les traditions individualistes du mouvement ouvrier français.

      Mais le langage du combat politique ne s’encombre pas de ce genre de subtilité. Même si l’on admet – ce qui est mon cas – que le stalinisme soviétique était une nécessité historique (en d’autres termes, qu’il n’y avait pas d’alternative, et que tout autre dirigeant aurait été obligé de faire le même type de politique ou de tomber dans le chaos), l’étendue de ce qu’on appelle médiatiquement les « crimes de Staline » est telle qu’elle constitue une arme politique de premier choix contre le mouvement ouvrier. Une arme politique qui, elle aussi, a son histoire. Elle fut employée par la droite, bien entendu, mais aussi par les gauchistes divers et variés, ce qui est assez paradoxal. Pensez à 1968 : ceux-là même qui en France crucifiaient le PCF au nom des « crimes staliniens » rendaient culte à Mao, Pol Pot ou Khomeini. Et si vous ne me croyez pas, relisez la tribune « Kampuchea Vaincra ! » d’Alain Badiou. Un texte qui défend le régime des Khmers Rouges alors qu’il venait d’être renversé par une intervention des Vietnamiens alliés à l’URSS et considéré donc comme d’horribles « staliniens ». Cela vaut rappel du fait que les « crimes » sont relatifs, et que le procès en génocide fait à Staline doit beaucoup plus à la peur que le communisme soviétique a suscité dans les classes dominantes en France qu’à une vision objective de ses « crimes ».

    • Marcailloux dit :

      Bonjour, Descartes.
      Tout d’abord mes meilleurs vœux pour l’année qui vient, à vous qui consacrez beaucoup de temps, d’énergie, de patience,à vos proches, ainsi qu’à la communauté de vos lecteurs qui bénéficient de vos connaissances et de votre rigueur intellectuelle.
      Si votre anonymat ne l’entravait implacablement, je me serais fait un plaisir de vous offrir une boite de chocolat, pour vous soutenir lors de vos séances éprouvantes devant certaines émissions de télé.
      Concernant votre réponse à cette question sur l’antistalinisme, à laquelle Internet, que j’avais bien sur consulté sans succès, elle me fait penser à ce qui s’est passé dans un pays comme le Maroc entre 1961 et 1999, pays où je réside une petite partie de l’année. Hassan II a fait preuve alors d’une fermeté, d’une intransigeance, d’une cruauté même qui laissent pantois.
      La question que je me suis souvent posée à ce sujet, à savoir s’il est possible de construire une nation, dont les origines tribales sont profondément inscrites dans le paradigme régional, sans se comporter, peu ou prou comme un tyran? Quid de la similitude avec la Syrie de Bachar el Hassad?
      La même question peut se poser pour de nombreux pays dont le niveau de culture de la démocratie est embryonnaire.
      PS, si ma question est vraiment hors sujet, je pourrai la reposer à une occasion plus opportune.

    • Descartes dit :

      @Marcailloux

      [Tout d’abord mes meilleurs vœux pour l’année qui vient,]

      Recevez en retour les miens, pour vous et ceux qui vous sont chers.

      [Si votre anonymat ne l’entravait implacablement, je me serais fait un plaisir de vous offrir une boite de chocolat, pour vous soutenir lors de vos séances éprouvantes devant certaines émissions de télé.]

      C’est l’intention qui compte…

      [La question que je me suis souvent posée à ce sujet, à savoir s’il est possible de construire une nation, dont les origines tribales sont profondément inscrites dans le paradigme régional, sans se comporter, peu ou prou comme un tyran? Quid de la similitude avec la Syrie de Bachar el Hassad?]

      C’est une très vaste question. Le fait est qu’historiquement on ne connaît pas beaucoup de nations ou d’Etats qui se soient construits dans la joie et la bonne humeur. Pour faire taire les intérêts divergents, pour empêcher la guerre de tous contre tous, il faut un Leviathan. Et la situation en République Centrafricaine est là pour nous le rappeler.

    • BolchoKek dit :

      >La question que je me suis souvent posée à ce sujet, à savoir s’il est possible de construire une nation, dont les origines tribales sont profondément inscrites dans le paradigme régional, sans se comporter, peu ou prou comme un tyran? Quid de la similitude avec la Syrie de Bachar el Hassad?<
      C’est très complexe. Une foule d’universitaires s’arrachent les cheveux à essayer d’y comprendre quelque chose.
      En fait, c’est la question de la confrontation de régimes politiques et économiques archaïques avec la modernité technique et légaliste venue d’occident. Je pense qu’il faut d’abord étudier des états qui étaient souverains lors de cette rencontre brutale, puis élargir aux nations post-coloniales seulement.
      Je vous proposerais de vous intéresser au Japon de l’avant et de l’après Commodore Perry, les conséquences de la modernité, et les bouleversements politiques. Je vous conseillerais aussi d’étudier la période Qajar de l’Iran, et d’étendre jusqu’à la mise en exil de Reza Shah Pahlavi en 1941. Enfin, intéressez vous au mouvement "constitutionnaliste" et "jeune-turc" de l’Empire Ottoman, et à des personnages comme al-Afghani, un prédicateur afghan qui finira par échanger en français avec Ernest Renan, et Mustafa Kemal, ce général qui abolit le califat. Vous aurez là un échantillon d’exemples, de situations d’états fondés sur le droit divin qui ont subi des modernisations en accéléré, et chez qui la droite disait "nous ne serons plus nous-mêmes si nous devenons occidentaux", la gauche disait "nous devons devenir comme les occidentaux pour être libres d’eux et les dépasser" et le centre disait "nous adopterons leurs méthodes, mais pas leurs moeurs". C’étaient des questions politiques intéressantes, qui valent le coup d’être étudiées en détail. Et ce sont trois pays très différents – notamment du point de vue de l’unité religieuse ou ethno-linguistique – pour que vous vous fassiez une idée du défi politique colossal que ça a été, et je ne parle là que d’Etats souverains !
      J’ai toujours été impressionné, par exemple, par la stature des progressistes Iraniens de la fin du XIXe : ils étaient tout à la foi des libéraux, des socialistes, et des nationalistes. C’est d’ailleurs de cette tradition politique que vient Mossadegh ; on ne peut pas le comprendre avec une culture politique purement occidentale.
      Pour revenir à mon sujet, une autre question bien plus complexe est celle de la décolonisation. Dans le cas de pays comme la Syrie ou l’Irak, nés dans des frontières coloniales, il est très probable que la viabilité de la nation se fera par un régime de nature particulièrement autoritaire. La raison est qu’en considérant les forces centrifuges à l’intérieur du cadre national, tenir la chose en place relève du tour de force, le colonisateur s’étant souvent appuyé sur des forces profondément réactionnaires – et par conséquent plus sensibles aux critères religieux, tribaux, en fait "communautaires" qu’à une idée d’une Nation assez abstraite.
      Enfin, le cas des pays africains n’est pas à oublier. Mais c’est bien les pires conditions dans lesquelles on peut créer une nation. On dispose de réseaux tribaux forts, d’une langue utilisable dans la vie moderne qui est celle du colonisateur, et de romans nationaux bancals. Et puisque nous voilà revenus à l’Afrique, Descartes a tout à fait raison :

      > Pour faire taire les intérêts divergents, pour empêcher la guerre de tous contre tous, il faut un Leviathan. Et la situation en République Centrafricaine est là pour nous le rappeler.<

    • Marcailloux dit :

      @ BolchoKek
      [ C’est très complexe. Une foule d’universitaires s’arrachent les cheveux à essayer d’y comprendre quelque chose.]
      Bon, vous me rassurez, et grand merci pour votre réponse qui va bien au delà de la question et fournit plusieurs clés de compréhension du monde.
      Avec les pistes que vous ouvrez, se profilent quelques heures de recherches documentaires fructueuses. Pour rebondir sur le sujet du progrès, évoqué sur plusieurs commentaires de ces jours ci, on doit reconnaître qu’en dehors de quelques effets néfastes ou dangereux, Internet est un formidable vecteur d’enrichissement de l’esprit humain.

  2. morel dit :

    « les couches sédimentaires qui tracent les différentes « operations séduction » entreprises par le PG depuis sa naissance. Il y a celle d’origine destinée au PCF, celle à destination de Billard & Co, celle pensée pour Leïla Chaibi & Co… à chaque fois, on retrouve quelque chose de nouveau. »
    C’est exactement l’état de ma réflexion. J’ai découvert, avec intérêt, la création du PG qui me séduisait par son côté républicain, même si d’autres aspects me convenaient moins : l’appellation qui me semblait source de confusion, l’éloge trop appuyé au 1er gouvernement Mitterrand mais « parti creuset », bon…Sauf que force est de constater le creuset de quoi ?
    JLM n’est « sorti du bois » qu’après assurance d’un accord avec MG Buffet, ce qui n’a rien de péjoratif. Le PG institué, l’on voit par la suite une direction politique sous l’impulsion de JLM « tous azimuts » mêlant déclarations d’amour au PCF, appels du pied à Cohn-Bendit, puis d’autres « verts », NPA, parfois aile « gauche » du PS qui ne traduisent, en fait, que la difficulté de l’intéressé de construire son parti. D’où défection de militants de la première heure, d’où aussi, à force de « jonglages » et d’écartèlement les conflits (personnellement, je ne crois pas que le dit FG est mort, les responsables actuels du PCF n’ont pas réellement, d’autre alternative – pas « d’anticommunisme » de ma part (je m’allie, sur un autre plan, si accord à des militants communistes).
    Le bilan que je tire est celui d’une impasse et à ce stade, je ne vois que la fuite en avant d’une personnalité politique qui aurait pu favoriser un renouveau. A force d’espérer l’apparition d’un retournement de la situation en faveur du salariat, on se fait sans doute des illusions. Sans parler de catastrophe, cela fait des années que nous sommes en recul…jusqu’où ?
    Désolé d’être pessimiste.

    • Descartes dit :

      @morel

      [Sauf que force est de constater le creuset de quoi ?]

      Bonne question. J’avoue humblement ne plus savoir si ce que le PG est devenu était en germe lors du meeting fondateur de l’Ile-Saint-Denis, ou s’il y eut une bifurcation quelque part. Je pense que Mélenchon est obsédé par l’image de Mitterrand, au point de se demander chaque soir « qu’est ce que le vieux ferait à ma place ». On retrouve, dans chacun des gestes de Mélenchon depuis la fondation du PG, une répétition des gestes de Mitterrand après Epinay. Comme Mitterrand, Mélenchon a cherche une union sans exclusives mais dont le ciment est moins le projet que le fait d’avoir un ennemi commun (le gaullisme pour Mitterrand, le PS pur Mélenchon) et la recherche de positions. Comme Mitterrand, il cherche à s’attirer les secteurs les plus gauchistes en donnant verbalement un « coup de barre à gauche » (souvenez-vous de la « rupture avec le capitalisme » de Mitterrand) qui va bien au-delà de ses propres convictions. Comme Mitterrand, il n’admet pas d’autre organisation qui puisse lui faire concurrence, d’où le conflit inévitable avec le PCF.

      Au-delà du cas personnel de Mélenchon, la bisbille PCF-PG serait une bonne opportunité de rouvrir le débat sur le sens du mot « gauche » et sur la manière dont le camp progressiste gère ses rapports avec la gauche en général et le PS en particulier. Car, contrairement à une légende tenace, le « progressisme » n’est pas par définition « de gauche ». De Gaulle ou Pompidou ont été infiniment plus « progressistes » que les barons de la SFIO ou que Mitterrand. Que cela plaise ou non à Mélenchon, le PS existe et occupe une place pivot dans le système institutionnel. Et quelque soient ses – énormes – défauts, il continue à recevoir le vote d’un français sur quatre au premier tour. Sauf à supposer que les français sont des imbéciles – et alors toute solution démocratique est illusoire – il faut se demander pourquoi, malgré les trahisons et les mensonges, les erreurs et les capitulations, le PS garde ses électeurs, et pourquoi les solutions « alternatives » si intelligentes, novatrices et crédibles, ne séduisent au mieux qu’un électeur sur dix (et encore, parce que ces électeurs savent qu’elles n’ont guère de chances d’être mises en œuvre. C’est ce débat que personne ne veut ouvrir.

      [JLM n’est « sorti du bois » qu’après assurance d’un accord avec MG Buffet, ce qui n’a rien de péjoratif. Le PG institué, l’on voit par la suite une direction politique sous l’impulsion de JLM « tous azimuts » mêlant déclarations d’amour au PCF, appels du pied à Cohn-Bendit, puis d’autres « verts », NPA, parfois aile « gauche » du PS qui ne traduisent, en fait, que la difficulté de l’intéressé de construire son parti.]

      Oui et non. Plus que les « difficultés », cela révèle le choix méthodologique d’un homme pressé. Car on peut construire un parti de plusieurs façons. On peut chercher à rassembler des citoyens autour d’un homme et d’un projet, et lorsqu’on a suffisamment de suiveurs les organiser en parti politique, avec des institutions, un système de formation des militants, etc. Des militants qui finiront par se faire connaître chez eux et conquérir des positions de pouvoir. Tout ça prend, bien entendu, beaucoup de temps. On peut accélérer le processus en constituant un parti par accrétion d’organisations existantes ou des détachements de ces organisations. Cela permet de disposer rapidement de militants formés, habitués à travailler dans une organisation.

      Mélenchon est, ne l’oublions pas, un homme pressé. Il accède au devant de la scène à 60 ans, sans parti, sans financement… s’il veut être président de la République, il faut qu’il aille très vite. D’où son choix de constituer son parti par agrégation. Ce qui oblige de définir un cadre de pensée minimaliste, un menu suffisamment imprécis pour attirer tous les commensaux.

      [Le bilan que je tire est celui d’une impasse et à ce stade, je ne vois que la fuite en avant d’une personnalité politique qui aurait pu favoriser un renouveau.]

      D’accord sur les deux points. Le problème est et reste le rapport avec le PS, ce Parti dont quelqu’un a dit « on ne peut rien faire sans lui, et rien faire avec lui ». Je pense que c’est cela l’axe de toute pensée stratégique à gauche. Notamment pour profiter du renouvellement des générations qui se profile au PS : pour les « anciens » qui ont commencé la politique sous Mitterrand (Aubry, Fabius…) il est clair que c’est le dernier tour de piste. Demain, le Parti sera dans les mains des Valls, des Montebourg…

  3. morel dit :

    « J’avoue humblement ne plus savoir si ce que le PG est devenu était en germe lors du meeting fondateur de l’Ile-Saint-Denis, ou s’il y eut une bifurcation quelque part. »
    Mon propos ne tenait pas à une certaine « fatalité » qu’il est toujours facile de constituer après coup, le socle républicain socialiste semblait être la marque de PRS et l’adhésion de Marc Dolez allait dans le même sens.
    Je n’ai pas aimé « Parti de Gauche » car il me semblait vouloir « réhabiliter » et remettre en selle une étiquette qui avait beaucoup perdu de sa superbe depuis le concret exercice du pouvoir par ceux qui la portaient, notamment auprès de la classe laborieuse.
    Cette inquiétude se renforçait par l’éloge appuyé, des « réalisations de la gauche » (ne se limitant pas comme je l’ai écrit trop vite au 1er gouvernement Mitterrand) puisque le discours de JLM d’alors magnifiait le RMI et la CMU (très vite sur le blog de JLM) qui, pour moi ne sont pas des acquis mais des pis-aller sociaux, un des buts majeurs de politique d’un gouvernement devrait tendre à ce que le citoyen puisse vivre dignement de son travail et je n’ai pas l’impression que les gouvernements successifs s’y sont employés. L’assurance chômage, sur un autre plan, ne peut survivre dans des conditions honnêtes qu’en deçà d’un certain seul de ressortissants.
    NB : certains, souvent dans la même mouvance, ont soutenu la revendication d’un « revenu d’existence garanti »…
    Par contre, rien ne laissait présager toute l’idéologie gauche : lutte « antifasciste », sociétal, écolo…
    Disons un peu comme en médecine, le fait d’avoir biologiquement des parents diabétiques apporte de mauvaises potentialités mais que celles-ci n’ont pu éclore que sous certaines conditions de la vie concrète.
    Cela dit, je souscris au reste de vos propos et plus particulièrement à la réflexion absolument inévitable sur l’attitude à l’égard du PS. Tout ceci nous mène bien loin de « l’homme pressé », de ses « coups de gueule » et formules à l’emporte pièces : réflexion, sérieux, étude et expertise…

    • Descartes dit :

      @morel

      [Je n’ai pas aimé « Parti de Gauche » car il me semblait vouloir « réhabiliter » et remettre en selle une étiquette qui avait beaucoup perdu de sa superbe depuis le concret exercice du pouvoir par ceux qui la portaient, notamment auprès de la classe laborieuse.]

      Je partage ton sentiment. « Gauche » est devenu un mot fourre-tout, dans lequel on peut mettre à peu près n’importe quoi. Qu’est ce qu’il y a de commun entre Strauss-Kahn, Krivine, Delors, Mélenchon, Rocard, Marchais, Chevènement, Mamère, Valls, Mitterrand, Tapie et Taubira ? Qu’ils sont tous « de gauche ». Et que par conséquent ils sont tenus de détester ceux de la crémerie en face, même lorsqu’ils s’appellent Philippe Séguin ou Charles de Gaulle… En dehors de cela, vous ne trouverez pas d’option de fond qui soit commune à tous ces personnages et que vous ne puissiez trouver aussi chez des gens « de droite ». Dans ces conditions, on peut se demander ce que la « gauche » couvre aujourd’hui.

      Le choix de Mélenchon vise à mon avis un double objectif : le premier, d’éviter d’avoir à choisir un nom qui le marquerait idéologiquement. « Communiste », « socialiste », « républicain », « démocrate », tous ces noms veulent dire quelque chose et délimitent un champ en termes des alliances et des rassemblements possibles. « gauche » laisse beaucoup plus de portes ouvertes. Le deuxième objectif, c’est de pouvoir récupérer à son avantage dans le magasins des symboles de la gauche, qui est particulièrement fourni. L’OPA sur la figure d’Emilienne Mopty, que j’ai commenté sur ce blog, en est la parfaite illustration.

      [Cette inquiétude se renforçait par l’éloge appuyé, des « réalisations de la gauche » (ne se limitant pas comme je l’ai écrit trop vite au 1er gouvernement Mitterrand) puisque le discours de JLM d’alors magnifiait le RMI et la CMU (très vite sur le blog de JLM)]

      Tout à fait, de la même manière qu’il ne critique pratiquement jamais l’Acte Unique ou le traité de Maastricht, alors qu’il traine en permanence dans la boue le traité de Lisbonne, qui n’est finalement que la conséquence logique des deux autres. Mais que voulez-vous, c’est l’œuvre de Saint François… Le problème de Mélenchon est qu’il ne peut critiquer Maastricht pas plus que critiquer le RMI ou la CMU sans se critiquer lui-même. Parce qu’il faut bien le dire, au delà de ses petites batailles internes lors des congrès du PS, Mélenchon fut le prototype du bon soldat du Mitterrandisme d’abord, et du Jospinisme ensuite. Lui qui encourage tant les élus socialistes d’aujourd’hui à résister aux dérives sociales-libérales en votant contre le budget ou les projets de loi du gouvernement n’a pas vraiment donné l’exemple lorsqu’il était lui-même sénateur socialiste. Il suffit de relire le discours de Mélenchon au Sénat lors du débat sur la ratification du traité de Maastricht (que j’ai publié dans ce blog) pour s’en convaincre. Critiquer les œuvres du social-libéralisme avant 2003 obligerait Mélenchon a répondre à une question cruciale : qu’est ce que j’ai fait à l’époque contre ça ? La réponse n’est pas forcément déshonorable, mais elle porterait un coup fatale à l’image du leader toujours clairvoyant que Mélenchon essaye de donner de lui-même.

      [Cela dit, je souscris au reste de vos propos et plus particulièrement à la réflexion absolument inévitable sur l’attitude à l’égard du PS.]

      La réflexion est particulièrement difficile à amorcer parce que c’est une réflexion bassement pragmatique. Il ne faut pas oublier que si la bienpensance boboïsée est "de gauche", c’est parce que la gauche lui offre un alibi pour pouvoir continuer à jouir de ses avantages sans éprouver de la culpabilité. La gauche est donc dans la logique de l’honneur, et non de l’efficacité. Dans la mesure où elle n’est pas vraiment pressée de voir les choses changer, elle préfère de loin préserver sa pureté plutôt qu’agir sur le réel. D’ou les jérémiades du genre "je ne participerai jamais dans un gouvernement que je ne dirigerais pas" ou "plutôt crever que s’allier au PS". Dire à cette gauche qu’il est licite de sacrifier "l’honneur" à l’efficacité – ou pour reprendre la formule léniniste, que la fin justifie les moyens – c’est rompre cette illusion.

    • Ifig dit :

      ‘on ne peut rien faire sans lui, on ne peut rien faire avec lui’, ce n’est pas plutot Sartre au sujet du PC?

    • Descartes dit :

      @Ifig

      Je ne connais pas une telle citation de Sartre. Auriez-vous la référence ? En fait, j’ignore qui a utilisé cette formule, si personne ne se dénonce, j’irai la déposer à l’INPI…

  4. Ifig dit :

    Un aspect étonnant de Mélenchon, c’est son discours ‘nous sommes en 1788’. Est ce qu’il y croit vraiment, et dans ce cas il est pas mal délirant a mon humble avis, ou bien est ce que c’est un pur discours tactique, et dans ce cas, bonjour les dêgats futurs chez les militants.

    • Descartes dit :

      @Ifig

      [Un aspect étonnant de Mélenchon, c’est son discours ‘nous sommes en 1788’. Est ce qu’il y croit vraiment,]

      Je vous l’a dit, Mélenchon est un homme pressé, issu d’une génération pressée, celle du "tout, tout de suite". Et les hommes pressés sont obligés de se convaincre qu’ils vivent une situation révolutionnaire, que "le grand soir" est pour demain. C’est d’ailleurs une constante de l’extrême gauche de penser que toute situation est révolutionnaire pourvu qu’on ait la volonté de faire la révolution.

      Ce volontarisme monstrueux a conduit à d’énormes désastres. Pour ne donner qu’un exemple, au nom de ce volontarisme dans les années 1970 des dizaines de milliers de jeunes se sont précipités dans toute l’Amérique Latine sur les armes pour "faire la révolution" en suivant les réflexions délirantes des guevaristes sur les "mille vietnams" qu’il suffisait de vouloir et sur la fausse genèse de la révolution cubaine qui la fait surgir de la volonté d’un petit groupe d’illuminés. Évidemment, la situation latino-américaine n’avait rien à voir avec celle du Vietnam ni de celle du Cuba de 1959, et ce fut un bain de sang en pure perte.

      Plus près de nous, des groupes soixante-huitards ont failli tomber dans la violence politique (ce fut le cas de certains maoïstes) ou sont directement tombés (cas Action Directe), guidés toujours par la conviction que l’on était à la veille de la révolution, et qu’il suffisait d’allumer la mèche. Là encore, des gens sont morts et d’autres ont passé une vie en prison en pure perte.

      Le véritable révolutionnaire – voir ci dessus l’échange avec Baruch – est patient. Il sait qu’on ne peut pas faire n’importe quoi à n’importe quel moment. Le véritable révolutionnaire est toujours branché sur le réel, il l’analyse en permanence pour essayer de déterminer ce qui est possible à chaque instant, tant en termes des luttes à engager que des objectifs à atteindre. Le faux révolutionnaire appelle à des luttes et fixe des objectifs en fonction de sa volonté toute-puissante, et s’étonne ensuite que les gens ne le suivent pas, et que les objectifs ne soient pas atteints. Et finit presque invariablement par conclure qu’on ne peut pas faire confiance au peuple, et que seule l’avant garde "éclairée et combative" mérite qu’on s’y attarde.

      C’est là toute l’histoire du gauchisme français, que Mélenchon est en train de reproduire. A chaque défaite, la question n’est jamais "ou est ce que je me suis trompé ?", c’est toujours "ça aurait marché si seulement les autres avaient fait leur boulot". Une fois posé que "nous sommes en 1788", dans douze mois il faudra expliquer pourquoi la prise de la Bastille n’aura pas eu lieu. A votre avis, ce sera la faute à qui ?

    • Ifig dit :

      Bon, j’ai trouvé ça qui est le plus proche de mes souvenirs. C’est pas exactement ce que je disais, donc vous avez toujours le copyright 🙂
      « En un mot le Parti est le mouvement même qui unit les ouvriers en les entraînant vers la prise du pouvoir. Comment voulez-vous donc que la classe ouvrière désavoue le PC ? Il est vrai qu’il n’est rien en dehors d’elle. Mais qu’il disparaisse, elle retombe en poussière » (CP, 249-250).

      Trouvé dans cet article sur la rupture de Merleau-Ponty avec les Temps Modernes: http://www.philopol.ulg.ac.be/telecharger/sartre/gbes_fc_merleau_quitte_les_tm.pdf

    • Ifig dit :

      Autre aspect fascinant chez Mélenchon, le culte de la personnalité. Avec son dernier post de blog (http://www.jean-luc-melenchon.fr/2013/12/23/laffaire-chevron/), sur les onze premiers commentaires, on trouve quatre fois l’adjectif "lumineux", dans le sens qui guide les masses dans les ténèbres. Les autres commentaires sont à l’avenant même s’ils n’utilisent pas ce terme qui m’a frappé. Quelle tristesse.

    • Descartes dit :

      @Ifig

      [Autre aspect fascinant chez Mélenchon, le culte de la personnalité.]

      Ce n’est pas "chez" Mélenchon que se manifeste le culte de la personnalité. C’est chez ses partisans… pourquoi lui reprocher un comportement qui n’est pas le sien et qu’il ne cherche pas vraiment à stimuler ? Le culte de la personnalité qui se manifeste sur le blog de JLM est en fait plus révélateur de la sociologie des partisans de Mélenchon et du type de rapport que celui-ci tend à établir avec eux. A lire les commentaires, on a l’impression que beaucoup d’intervenants sont à la recherche d’une figure paternelle.

    • Ifig dit :

      @descartes : "Ce n’est pas "chez" Mélenchon que se manifeste le culte de la personnalité. C’est chez ses partisans… pourquoi lui reprocher un comportement qui n’est pas le sien et qu’il ne cherche pas vraiment à stimuler ?"

      Mmmmhhh. Je n’ai pas l’impression qu’il fasse grand chose contre non plus. Mais bon, c’est peut-être mon mauvais esprit qui parle.

    • Descartes dit :

      @Ifig

      [Mmmmhhh. Je n’ai pas l’impression qu’il fasse grand chose contre non plus. Mais bon, c’est peut-être mon mauvais esprit qui parle.]

      Non, c’est vrai qu’il ne fait pas grande chose contre, mais avouez que c’est le genre de chose qui n’est pas facile à faire pour un homme politique…

  5. Baruch dit :

    Juste une remarque sur la réponse à Morel sur la formule de Lénine:
    Celle-ci n’est ni une remarque cynique, ni machiavélique (j’utilise l’adjectif dans son sens courant et je ne fais pas référence à l’oeuvre même de Machiavel).
    Lénine a toujours pensé l’articulation entre la nécessité pragmatique :(penser des alliances, rechercher des compromis, organiser provisoirement telle ou telle faction …) ET la finalité recherchée.
    C’est parce que Lénine conjointement à sa démarche politique, travaillait théoriquement et intellectuellement à déterminer la finalité vers laquelle tendre qu’il a pu réaliser la révolution.
    J’ai toujours été frappée du fait qu’en 1914 au moment de la guerre, il va lire et annoter Hegel (voir les cahiers philosophiques).
    Son travail va le nourrir (,a contrario, négativement au sens photographique), lui permettant de préciser ce qui est en jeu dans la période qu’il affronte, ce que doit être l’émancipation et surtout ce avec quoi il ne faut pas la confondre.
    C’est cela qui fait qu’il peut prendre à son compte "la fin justifie les moyens", qui serait sans cela une devise de forban.
    C’est parce que il faut à la fois tenir les deux bouts de la chaîne: la conquête de positions, l’analyse et l’appui sur les rapports de forces réels, ET la visée émancipatrice, qu’une telle formule est juste.
    Un peu de dialectique, une absence de confusion voulue ou involontaire, voilà ce qu’il faudrait à Mélenchon et qu’il lui manque totalement à lui et à son parti et au PCF actuel et au PGE.
    Quelle régression , c’est criminel !

    • Descartes dit :

      @Baruch

      [Juste une remarque sur la réponse à Morel sur la formule de Lénine: Celle-ci n’est ni une remarque cynique, ni machiavélique]

      Tout à fait d’accord. C’est ce que j’ai essayé de dire lorsque j’ai pris cette citation. Il faut d’ailleurs replacer la formule dans son contexte: en fait, elle n’a pas été utilisée explicitement par Lénine dans ses écrits. C’est Boris Souvarine qui l’a prise pour qualifier la position de Lénine. Trotsky l’utilise aussi dans une phrase qui permet de mieux comprendre la logique du raisonnement: "si la fin justifie les moyens, encore faut-il que la fin soit elle même justifiée". On est loin de l’adage classique "la fin justifie les moyens".

      Lénine a toujours été un pragmatique. Pour lui, le véritable révolutionnaire part toujours d’une analyse du réel, et c’est à partir de cette analyse qu’il se fixe des objectifs atteignables et appelle à des luttes compatibles avec le niveau de conscience de la classe ouvrière. Cette position l’amène à entrer en conflit avec tous ceux qui, au parti Bolchevique comme ailleurs, sont plus intéressés par la pureté idéologique que par le réel et fondent leur action sur une vision idéaliste ou volontariste. Devant l’avance des troupes allemandes, la réponse de Trotsky est d’appeler les prolétaires allemands à la révolution, un appel que dans les conditions réelles de l’Allemagne de 1918 n’avait aucune chance d’être suivi d’effet. La réponse de Lénine est de signer le Traité de Brest-Litovsk, humiliant et couteux pour la Russie, mais qui arrête la guerre et permet à la révolution de se réorganiser et de combattre efficacement ses ennemis intérieurs…

      Si Lénine reste d’actualité aujourd’hui, c’est précisément parce que ce débat entre ceux qui fondebt l’action politique sur le réel et ceux qui le fondent sur des "valeurs" n’est toujours pas tranché.

      [J’ai toujours été frappée du fait qu’en 1914 au moment de la guerre, il va lire et annoter Hegel (voir les cahiers philosophiques).]

      C’est parfaitement logique. Dès lors qu’on veut fonder son action politique sur le réel, il faut des instruments pour analyser le réel, pour donner à un ensemble de faits épars une cohérence. C’est pourquoi le matérialisme léniniste considère l’étude théorique comme faisant partie du travail révolutionnaire. A l’opposé, lorsqu’on fait de la politique sur des "principes" ou des "valeurs", point n’est besoin de se donner d’outils, de lire Hegel ou Marx. Les "valeurs" vous diront ce qu’il faut ou pas faire. La grande vertu du marxisme léniniste fut d’associer travail théorique et praxis.

      [Un peu de dialectique, une absence de confusion voulue ou involontaire, voilà ce qu’il faudrait à Mélenchon et qu’il lui manque totalement à lui et à son parti et au PCF actuel et au PGE.]

      Oui. Mais pour revenir à la dialectique, pour en finir avec les "confusions", il faudrait un véritable travail théorique. Et pour qu’un tel travail se fasse, il faut au préalable penser qu’il est utile. Or, ce n’est pas du tout la situation. La gauche française a perdu le goût des études. La culture politique, la lecture des classiques, l’étude de l’histoire ou de la philosophie est devenu un extra encombrant, quelque chose qui vous prend du temps qui serait bien plus utilement à faire votre carrière (si vous êtes au PS) ou à coller des affiches (si vous êtes dans la "gauche radicale"). On porte partout au pinacle "l’action" et on montre un mépris sans borne pour la "réflexion". Lorsqu’une secretaire nationale du PCF peut déclarer joyeusement en ouvrant une séance d’un congrès du Parti "vous avez passé la nuit à débattre de textes qui seront oubliés dans quelques semaines", on réalise le chemin parcouru. Le travail sur des textes, c’est bon pour les pinailleurs. La véritable vie politique est ailleurs. Tout ça avait déjà bien commencé avec le père UbHue, qui répétait en permanence cette insanité: "la vie a tranché", comme si "la vie" pouvait nous enseigner quoi que ce soit directement, sans passer par une théorie qui l’interprète.

    • CVT dit :

      Bonsoir Descartes,
      je suis très étonné par ce que vous écrivez à propos de l’opposition Lénine-Trotsky. Pour moi, le plus fidèle représentant des idées léninistes, c’était bien Trotsky et non Staline!
      Corrigez-moi si je me trompe, mais le discours que les bolcheviks tenaient sur l’avant-garde éclairée est à l’origine celui de Lénine, et c’est d’ailleurs celui qui avait justifié la seconde révolution russe de 1917, le coup d’état d’Octobre. Selon moi, Lénine était bien plus un idéologue qu’un véritable homme politique, d’autant plus que son extraction bourgeoise l’amenait à se méfier du peuple. En dehors de sa confession juive (ce qui lui joua bien des tours en Russie), Trotsky avait le même profil que Lénine, à savoir un certain mépris pour la réalité: organisateur hors pair en temps de guerre civile (il me semble qu’il est le créateur de l’Armée Rouge), il avait par contre une profonde méconnaissance de la structure économique de la Russie, notamment en ce qui concernait la paysannerie, qui était particulièrement sous-développée. Staline n’avait pas ce travers, il était plus pragmatique que ces deux camarades: il faut croire que son extraction modeste lui permettait de mieux percevoir les besoins de la population russe à l’époque que son rival Trotsky, et c’est ce qu’il lui avait permis de conquérir le pouvoir à la mort de Lénine.
      Je ne reviens pas sur les crimes du camarade Yossif Djougachvili, mais comme vous l’avez si bien décrit dans vos précédents commentaires, le communisme pratiqué par le PCF est emprunt du pragmatisme et du réalisme stalinien, en tout cas plus proche que de l’idéalisme lénino-trotskyste…

    • Descartes dit :

      @CVT

      [je suis très étonné par ce que vous écrivez à propos de l’opposition Lénine-Trotsky. Pour moi, le plus fidèle représentant des idées léninistes, c’était bien Trotsky et non Staline!]

      C’est ce que des générations de trotskystes ont répété, mais ce n’est pas vrai pour autant. En fait, le pragmatisme léniniste et le gauchisme trotskyste sont entrés plusieurs fois en collision violente. Ce fut le cas lors de la négociation du traité de Brest-Litovsk, comme sur la question de la NEP – alors que Trotsky restait partisan d’un « communisme de guerre ».

      [Selon moi, Lénine était bien plus un idéologue qu’un véritable homme politique, d’autant plus que son extraction bourgeoise l’amenait à se méfier du peuple.]

      Je ne vois pas de quelle « méfiance » vous parlez. Aucun écrit de Lénine, à ma connaissance, ne traduit une telle « méfiance »…

      [Staline n’avait pas ce travers, il était plus pragmatique que ces deux camarades: il faut croire que son extraction modeste lui permettait de mieux percevoir les besoins de la population russe à l’époque que son rival Trotsky, et c’est ce qu’il lui avait permis de conquérir le pouvoir à la mort de Lénine.]

      Il est certain que Staline était plus proche dans son expérience personnelle que beaucoup de « vieux bolcheviques » issus des classes moyennes ou de l’aristocratie ouvrière urbaine, qui représentait à l’époque une petite minorité en Russie.

      [Je ne reviens pas sur les crimes du camarade Yossif Djougachvili, mais comme vous l’avez si bien décrit dans vos précédents commentaires, le communisme pratiqué par le PCF est emprunt du pragmatisme et du réalisme stalinien, en tout cas plus proche que de l’idéalisme lénino-trotskyste…]

      Je ne crois pas qu’on puisse parler d’idéalisme en ce qui concerne Lénine, justement. Sa gestion de l’affaire de Brest-Litovsk et la NEP le montrent au contraire bien plus proche du pragmatisme stalinien que de l’idéalisme trotskyste.

  6. @ Descartes,

    Juste une question de simple curiosité: tu parles rarement du POI. Est-ce parce que tu connais mal cette formation? Il me semble néanmoins que le POI a un peu plus de poids que les groupuscules sus-cités. Au fait, sais-tu pourquoi le POI ne fait pas partie du Front de Gauche? Quelle est ton opinion sur ce parti?

    • Descartes dit :

      @nationalistejacobin

      [Juste une question de simple curiosité: tu parles rarement du POI. Est-ce parce que tu connais mal cette formation?]

      En partie, oui. J’e n’ai parmi mes amis personne qui milite au POI et qui soit en mesure de me transmettre des documents ou des informations intéressantes, et je suis donc réduit, pour ce qui concerne le POI, à ce qui est dit dans les journaux – et on en parle très rarement – et des documents que le POI lui même publie.

      J’ai eu des contacts avec des militants du POI à l’époque ou le père UbHue régnait sur le PCF. A l’époque, j’ai eu la nette impression d’être en présence d’un groupuscule cherchant à récupérer une partie des militants déçus du PCF "mutant" en tenant un langage proche de celui du communisme français "classique": insistance sur le côté républicain, de la reprise du concept de lutte des classes, du rejet de l’Euro et de l’Europe. De ce point de vue, je me trouve plutôt proche d’eux. Ils passent aussi le "test à l’acide" du nucléaire. Le problème, c’est qu’à côté de ces références communistes et républicaines on retrouve des proclamations gauchistes qui montrent une difficulté à sortir des grandes idées que de se saisir des problèmes réels. On y retrouve des choses du genre "l’annulation pure et simple de la dette qui a été fabriquée de toutes pièces par les capitalistes et les spéculateurs", déclaration qui montre une profonde méconnaissance sur ce qu’est véritablement la dette et comment elle s’est constituée; l’idée d’une "assemblée constituante souveraine" dont les membres seraient "révocables", proposition irréaliste et dangereuse qui oublie que la première demande du peuple est la demande de stabilité; le "droit de chacun à l’accès libre à la formation de son choix", c’est à dire la fin de toute sélection au mérite à l’entrée des formations et donc la transformation de l’Université en garderie… ainsi qu’une vision anarcho-syndicaliste de la lutte syndicale.

      Je ne suis donc pas hostile par principe au POI, dont je trouve certains messages proches de mes idées. Le problème que je trouve au POI – et qui est le même pour la plupart des groupuscules issus de l’opposition "de gauche" du PCF – est l’incapacité de sortir de la logique groupusculaire. On ne peut faire de la politique au XXIème siècle avec le langage et les concepts du XIXème. Le monde a changé, de nouveaux objets existent, et ces objets doivent être pensés avec des outils nouveaux. On ne peut pas être communiste aujourd’hui et penser que l’analyse économique s’arrête avec Marx. L’analyse en termes de "lutte des classes" c’est bien, mais si on ne prend pas en compte la réalité des classes telle qu’elle est aujourd’hui, si on fige l’analyse dans ce qu’étaient les classes du temps de Marx ou de Lénine, la "lutte des classes" cesse d’être un outil d’analyse pour devenir un slogan congelé. Faire de la politique, c’est penser le réel, que ce soit en termes stratégiques ou tactiques. Quand on refuse le réel, quand on essaye de le faire rentrer dans un corset préconçu, on sort du domaine de la politique pour entrer dans celui du religieux.

      J’ignore par contre pourquoi le POI ne fait pas partie du Front de Gauche. Peut-être certains des lecteurs de ce blog pourraient apporter quelques informations là dessus ?

    • Badaboum dit :

      Bonjour à tous et toutes et surtout bonnes fêtes !
      un humble éclairage de "par ici" : tout au début de la création du PG, il s’est ouvert la possibilité d’une proximité avec le POI, due elle-même à des proximités militantes fortuites (amitiés syndicales ou personnelles des uns et de autres).

      Le POI écrivait souvent au PG du département, et en avait même invité des militants à une rencontre à l’occasion d’une après midi sur jenesaisplusquoi. Très vite, le leader PG local a établi -peut être avec raison, je ne sais pas- un cordon sanitaire dans les termes suivants, adressé au secrétariat départemental: "étant donné le caractère notoirement manipulateur et hostile de cette formation, il est hors de question de répondre à cette invitation" (c’était l’époque où ça tanguait pas mal dans certains comités du PG en région parisienne, avec des mises sous tutelle, mais je ne sais pas si cela avait quoi que ce soit à voir).
      Par la suite, le POI a beaucoup proposé d’initiatives auxquelles nous n’avons jamais répondu.
      Ca, c’était pour l’ambiance générale…..
      D’un point de vue politique et "explicite", les rencontres PG et POI (2009) ont conclu à deux désaccords : sortie de l’euro et interdiction des licenciements, demandés par les derniers et pas partagés par les premiers.Donc pas de campagne européenne commune, et donc in fine, ça démarrait mal pour rejoindre le FDG plus tard…Prétexte ou réalite ? on ne saura jamais….
      Enfin, il n’est pas impossible qu’il y ait eu un facteur "syndical": les rares POI que je connaissais étaient à FO, et l’époque dont je parle ici est celle de la grande séduction FDG / CGT….???
      Amitiés et meilleurs voeux !

    • BolchoKek dit :

      >J’e n’ai parmi mes amis personne qui milite au POI et qui soit en mesure de me transmettre des documents ou des informations intéressantes<
      Moi oui !

      >J’ai eu des contacts avec des militants du POI à l’époque ou le père UbHue régnait sur le PCF.<
      C’était encore le PT à l’époque non ?

      > Le problème, c’est qu’à côté de ces références communistes et républicaines on retrouve des proclamations gauchistes qui montrent une difficulté à sortir des grandes idées que de se saisir des problèmes réels.<
      Les chiens ne font pas des chats… Ça a été initié par des trotskystes, ne l’oublions pas ! Ensuite, c’est une petite structure, qui ne dispose pas vraiment des moyens intellectuels pour fournir une réflexion de fond sur certains sujets. C’est plus pratique de sortir du slogan qu’on réchauffe au micro-ondes…

      >ainsi qu’une vision anarcho-syndicaliste de la lutte syndicale<
      Une de leurs quatre tendances se définit elle-même comme anarcho-syndicaliste. De plus, le POI est très lié à FO et ressort quand ça lui chante cette tarte à la crème qu’est la charte d’Amiens…

      > Le problème que je trouve au POI – et qui est le même pour la plupart des groupuscules issus de l’opposition "de gauche" du PCF – est l’incapacité de sortir de la logique groupusculaire.<
      C’est un peu vrai. Mais il faut dire que leur situation est assez contraignante. C’est un parti composé de quatre tendances (trotskyste-lambertiste, communiste "orthodoxe", socialiste "républicain", et anarcho-syndicaliste) traditionnellement assez opposées, mais qui arrive à survivre en maintenant le centralisme démocratique et en le faisant accepter par tout ce petit monde. C’est ce qui donne à ses publications un aspect un peu "rigide" ou "sectaire". Mais il faut bien dire que pour maintenir la chose en place, il faut avoir l’air solide comme un roc. Je trouve de plus l’accusation de sectarisme assez injustifiée (surtout quand elle est faite par des militants du PG…) étant donné que le POI a déjà mené des actions – limitées certes mais tout de même – notamment contre l’intercommunalité forcée en associant à sa démarche des élus locaux et de petits maires UMP. Pour un parti d’extrême gauche, ça a un certain mérite. Mais la fragilité de l’organisation, que la direction fait tout pour ne pas laisser paraître, la force à rester modeste dans ses ambitions et dans ses alliances.

      >Quand on refuse le réel, quand on essaye de le faire rentrer dans un corset préconçu, on sort du domaine de la politique pour entrer dans celui du religieux.<
      C’est le grand problème des partis qui sont sensés proposer une alternative aujourd’hui, qui ont sacrifié à la pureté idéologique l’analyse du réel. Face à des partis "de gouvernement" qui n’ont pas d’idéologie, ne proposent rien d’original, mais se concentrent uniquement sur l’horizon électoral, ils n’ont pas la moindre chance.
      Personnellement, si je devait militer dans une organisation qui serait la plus proche de mes idées, j’irais au POI voire au PRCF. Mais je sais bien quel est le potentiel de ces formations et je tiens à ce que mon investissement en temps et en énergie se fasse dans un parti qui, au moins au niveau local, même si c’est mineur, a des chances de peser.
      C’est pour ça que malgré la repentance permanente des militants, malgré l’abandon des forces historiques, malgré une direction horripilante, malgré des choix stratégiques au niveau national qui empêchent tout projet d’envergure, je compte bien rester au PCF.

      >J’ignore par contre pourquoi le POI ne fait pas partie du Front de Gauche.<
      Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, le POI étant un rassemblement fragile et hétéroclite, comme je l’ai mentionné plus haut, il a une méfiance naturelle envers tout structure qui serait susceptible de provoquer en son sein un mouvement centrifuge ou de le priver de son indépendance d’action et de parole. Ensuite, une bonne partie des troupes étant des anciens de l’OCI, ils ont un certain dédain envers leur ancien camarade Jean-Luc Mélenchon. Enfin, il y a une raison purement politique, la plus importante, qui est la même que pour le MRC : le manque de position claire concernant l’UE, ou des positions molles à la "Europe sociale" ou "une autre Europe" sensées satisfaire les pro et les anti-européens. Ces deux formations ayant fait de l’euroscepticisme un de leurs principaux combats, c’est tout à fait logique. En l’absence d’une ligne claire sur ce sujet précis, il n’était pas question de signer un chèque en blanc à Mélenchon pour parler en leur nom.

    • Descartes dit :

      @Badaboum

      ["étant donné le caractère notoirement manipulateur et hostile de cette formation, il est hors de question de répondre à cette invitation" (c’était l’époque où ça tanguait pas mal dans certains comités du PG en région parisienne, avec des mises sous tutelle, mais je ne sais pas si cela avait quoi que ce soit à voir).]

      Je pense que le POI – tout comme le PT, qui l’avait précédé – avait la politique d’essayer d’attirer des militants des autres partis. C’était flagrant dans le cas des militants PCF, mais j’imagine qu’ils ont aussi essayé avec le PG.

    • Descartes dit :

      @Bolchokek

      [« J’ai eu des contacts avec des militants du POI à l’époque ou le père UbHue régnait sur le PCF ». C’était encore le PT à l’époque non ?]

      Exact. Je n’ai pas voulu rentrer dans les détails.

      [Ensuite, c’est une petite structure, qui ne dispose pas vraiment des moyens intellectuels pour fournir une réflexion de fond sur certains sujets. C’est plus pratique de sortir du slogan qu’on réchauffe au micro-ondes…]

      La taille de la structure ne fait rien à l’affaire. La « ligue des communistes » à laquelle appartenaient Marx et Engels était bien plus petite. Le problème n’est pas la taille, c’est que pour « avoir les moyens intellectuels » il faut attirer les gens qui les ont et leur offrir un environnement propice. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre…

      [C’est pour ça que malgré la repentance permanente des militants, malgré l’abandon des forces historiques, malgré une direction horripilante, malgré des choix stratégiques au niveau national qui empêchent tout projet d’envergure, je compte bien rester au PCF.]

      Malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, il est vrai que le PCF reste très largement au dessus de ses concurrents…

  7. Gugus69 dit :

    Joyeux Noël, Descartes ! Et à tous nos amis de ce blog libre…

  8. Albert dit :

    BONJOUR

    Permettez-moi ce HORS-SUJET:

    Le CONSEIL d’ETAT RECIDIVE:

    Après ses louvoiements de 1989 sur le Voile à l’école, le voici qui remet ça courageusement en 2013 sur les sorties scolaires avec des mères accompagnatrices voilées !

    "Sorties scolaires: le Conseil d’État n’est pas hostile au voile.
    Par cet avis, il fragilise la position des chefs d’établissement jusqu’à présent protégés par la circulaire Chatel de 2012.
    …dans ce même avis, le Conseil d’État n’hésite pas à rappeler le cas très médiatisé de la crèche Baby-Loup. Et à prendre le parti de la Cour de cassation qui avait statué en faveur de l’employée voilée qui avait été licenciée."

    Joyeux Noêl quand même! (tant qu’on y aura droit!)

    • Descartes dit :

      @Albert

      Je vais me répéter, mais je trouve que le Conseil d’Etat fait un bouc émissaire trop commode. Le Conseil d’Etat ne fait qu’interpréter la loi telle qu’elle existe. Et il a raison: parce que le problème je s’est jamais posé dans le passé, le législateur n’a pas cru nécessaire d’interdire le voile aux accompagnateurs des sorties scolaires. Dans l’état actuel du droit, et même si cela nous déplait, le Conseil d’Etat a raison. Et c’est au législateur, et pas au juge, de changer l’état du droit.

      Je ne suis pas d’accord avec cette idée des "chefs d’établissement protégés par la circulaire Chatel". Ce n’est pas une affaire qu’on règle par une circulaire, c’est une affaire qui doit être réglée par la loi.

    • Albert dit :

      Je vais me répéter aussi: à titre principal, je suis d’accord avec vous pour considérer que le problème relève de la loi, donc du législateur, mais, à titre subsidiaire, cela n’exonère pas entièrement le Conseil d’Etat. Il a une marge de manœuvre puisqu’il lui est demandé un "avis" et rien ne lui interdit de donner un "meilleur" avis dès lors que, juridiquement, ce n’est pas évident (si ça l’était, ça se saurait et l’avis du Conseil serait moins alambiqué).
      Il ne doit pas nous échapper que nous sommes face à une guéguerre, qui remet sans arrêt en cause nos propres traditions (voir pour les arbres de Noel) en "se servant" habilement de notre droit -avec la complicité de nos instances juridiques suprêmes (enfin, suprêmes…).Le fait que le législateur manque de courage politique est déjà un signe fort de notre faiblesse politique (entretenue par les fabricants d’opinion que sont les merdias, terreur des politiques comme l’a montré l’affaire Léonarda). Mais la pusillanimité du Conseil d’Etat (entre autres) exprime tout autant l’écroulement de la "pensée" française qui est une composante majeure de notre civilisation et de notre "être"- bien mal barré aujourd’hui, et ce n’est pas le récent rapport sur la désintégration qui m’incitera à penser le contraire.

    • Albert dit :

      @ Descartes
      Si vous permettez, je voudrais compléter ma réponse de ce matin à votre propre réponse à mon comm. d’hier.
      1°- j’évacue tout de suite l’évocation de la circulaire Chatel, qui était une citation (voir guillemets) d’un article de presse.
      2°- l’affaire n’était pas évidente, et je ne suis pas convaincu par le C.E. lorsqu’il écarte tout lien entre les accompagnatrices et le service public, dès lors qu’il s’agit de sorties organisées par l’ école et sous sa responsabilité. On pourrait soutenir avec quelque plausibilité que ces dames, à défaut d’un statut de S.P., sont -le temps de la sortie- des collaborateurs de fait du service public ( je crois que je n’invente pas ce concept, si ma mémoire est bonne). De surcroit et dans le même sens, je dirais que le port du voile – surtout s’il est ostentatoire par l’ampleur ou la "couleur" peut choquer des enfants non-musulmans qui n’ont pas à le subir dans le cadre d’une activité scolaire ou péri-scolaire.
      3°- Enfin, en termes de droit, il existe encore la différence entre la lettre et l’esprit -donc une marge d’appréciation quand la loi n’est pas très claire (ça s’appelle créer de la jurisprudence, et c’est très fréquent en droit administratif).

    • Descartes dit :

      @Albert

      [cela n’exonère pas entièrement le Conseil d’Etat. Il a une marge de manœuvre puisqu’il lui est demandé un "avis" et rien ne lui interdit de donner un "meilleur" avis dès lors que, juridiquement, ce n’est pas évident]

      On lui demande un avis, mais c’est un avis juridique, pas politique. Et dans le cas présent, l’avis qui lui est demandé concerne la qualification de ce qu’est un agent du service public. Son avis a donc des conséquences qui dépassent cette affaire en particulier. Encore une fois, on ne peut reprocher aux juges d’avoir refuser de prendre une position politique.

      [Mais la pusillanimité du Conseil d’Etat (entre autres) exprime tout autant l’écroulement de la "pensée" française]

      Je ne crois pas que le Conseil ait été "pusillanime". Le Conseil dit l’état actuel du droit, pas ce que le droit devrait être. Il n’a pas à se substituer au politique. Je ne tiens pas à voir le Conseil d’Etat devenir une version française de la Cour Suprême américaine.

      [l’affaire n’était pas évidente, et je ne suis pas convaincu par le C.E. lorsqu’il écarte tout lien entre les accompagnatrices et le service public, dès lors qu’il s’agit de sorties organisées par l’ école et sous sa responsabilité]

      Il n’exclut pas "tout lien", mais la question posée est de savoir si les accompagnatrices doivent être considérées comme des collaborateurs occasionnels du service public ou pas. Et il existe une abondante jurisprudence dans la matière, qu’on ne peut pas changer d’un coup de cuillère à pot sans faire apparaître d’autres problèmes ailleurs.

      [De surcroit et dans le même sens, je dirais que le port du voile – surtout s’il est ostentatoire par l’ampleur ou la "couleur" peut choquer des enfants non-musulmans qui n’ont pas à le subir dans le cadre d’une activité scolaire ou péri-scolaire.]

      C’est ce que dit le Conseil d’Etat: c’est à chaque école de juger si le voile perturbe le service. Il ne peut être interdit d’une manière générale par une circulaire.

    • Albert dit :

      Vous avez -peut-être – raison d’un point de vue strictement juridique.
      Mais ce que je dis n’est pas faux globalement (et la réalité est toujours globale).
      Et surtout, je pense que je suis dans le vrai quand je pointe l’auto-destruction de la pensée française, en particulier chez nos zélites, vraies ou proclamées. Et c’est malheureusement le plus grave à mon sens car, comme disait Mao, "le poisson pourrit toujours par la tête". Mais bah ! …Ainsi va le monde.

    • Descartes dit :

      @Albert

      [Et surtout, je pense que je suis dans le vrai quand je pointe l’auto-destruction de la pensée française, en particulier chez nos zélites, vraies ou proclamées.]

      Oui et non. Vous avez certainement raison de parler de "l’auto-destruction de la pensée française", qui ne fait que suivre un phénomène plus vaste qui touche l’ensemble du monde occidental. Car la "pensée" ne se porte pas mieux ailleurs que chez nous. Le mouvement "post-moderne" – qui est en fait la négation de la pensée – est en fait bien plus puissant aux Etats-Unis, par exemple. Par contre, je pense que vous avez tort de voir dans la décision du Conseil d’Etat une manifestation de cette "auto-destruction". Au contraire: le Conseil a raison de remettre la balle fermement dans le camp du politique. Dans cette affaire, ce sont les élites politiques qui ont failli, pas les élites administratives.

  9. morel dit :

    Sur l’accompagnement scolaire, je crois savoir qu’il s’agit d’une "étude" du Conseil d’État pour le » Défenseur des droits » D.Baudis (loi organique du 29 mars 2011) donc différent d’un « avis ».
    La hiérarchie du droit ne saurait placer une simple circulaire au rang d’une loi, ce dont les rédacteurs de la circulaire Chatel ont eu conscience, jugez-en par vous-même :
    « Il est recommandé de rappeler dans le règlement intérieur que les principes de laïcité de l’enseignement et de neutralité du service public sont pleinement applicables au sein des établissements scolaires publics. Ces principes permettent notamment d’empêcher que les parents d’élèves ou tout autre intervenant manifestent, par leur tenue ou leurs propos, leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques lorsqu’ils accompagnent les élèves lors des sorties et voyages scolaires. » (extrait de la circulaire n° 2012-056 du 27-3-2012 « Chatel »).
    Je crois pouvoir affirmer que nous sommes, sur le plan juridique dans le même cas que « Baby Loup »…
    Pas le temps d’entamer une polémique sur Staline mais je crois que lui et les différents représentants du « socialisme réellement existant » ont beaucoup fait pour déconsidérer toute idée de communisme.
    Je vous souhaite sincèrement un bon jour de nouvel an (famille, amis selon votre plaisir).

    • Descartes dit :

      @morel

      [Je crois pouvoir affirmer que nous sommes, sur le plan juridique dans le même cas que « Baby Loup »…]

      La problématique est la même, mais le "cas" est un peu différent. A chaque fois la question est de déterminer où s’arrête le "service public". Dans le cas "BabyLoup", la question est de savoir si l’institution assure ou non un service public. Dans le cas des accompagnateurs des sorties scolaires, la question de savoir si l’institution scolaire assure un service public ne se pose pas. La question ici est de savoir si les accompagnateurs d’une sortie scolaire peuvent être considérés comme agents du service public.

      Dans le cas "Babyloup", la Cour de Cassation a eu raison de dire qu’on ne pouvait pas qualifier l’association de service public. La Cour d’Appel de Versailles a fait donc un véritable travail d’innovation en allant dans une autre direction et en invoquant la jurisprudence de la CEDH sur les "entreprises de conviction", qui ne sont pas des services publics, mais qui bénéficient de la possibilité de discriminer en fonction de critères liés à ses "convictions". Un syndicat, un parti politique, une église peut exiger des collaborateurs qu’il embauche l’adhésion à certains principes, alors qu’une telle exigence serait illégale de la part d’une entreprise commerciale.

    • Albert dit :

      a/s de votre réponse @morel , je dirais:

      Comme quoi, quand on veut on peut (…essayer tout au moins). Chapeau à la Cour d’appel de Versailles! Voilà des juges qui "en ont".
      Pour ce qui est des accompagnatrices des sorties scolaires, ou elles sont des "agents de fait" occasionnelles et dans ce cas: pas de voile ostentatoire, ou elles sont des "compléments" aux élèves, et dans ce cas: même règle que pour ceux-ci. Que pourraient-elles être d’autre ??? Leur participation n’est pas, à ma connaissance, obligatoire . Donc, si elles ne veulent pas jouer le jeu, qu’elles s’abstiennent de participer.

    • Descartes dit :

      @Albert

      [Comme quoi, quand on veut on peut (…essayer tout au moins). Chapeau à la Cour d’appel de Versailles! Voilà des juges qui "en ont".]

      Oui, mais comme je l’ai dit plusieurs fois, c’est aux politiques "d’en avoir", pas aux juges. Que les juges utilisent leur créativité juridique pour suppléer à la pusillanimité du politique me pose personnellement un sérieux problème de principe, même si à un autre niveau je suis ravi que les juges de Versailles aient trouvé un moyen de défendre la laïcité en attendant que le législateur agisse.

      [Que pourraient-elles être d’autre ???]

      Elles peuvent être considérées comme usagers du service public, auquel cas l’obligation de réserve ne leur serait pas applicable.

  10. stu dit :

    Salut Descartes,

    Merci pour tes articles que je continue à lire. Je me souviens avoir lu de ta part une défense de l’efficacité de l’administration par rapport au privé. Je crois que tu faisais référence à la cour des comptes pour la justifier. Est-ce que par hasard tu aurais une référence plus précise ?

    Sinon est-ce que tu peux relancer overblog pour ajouter un flux rss pour les commentaires ? Depuis le passage à la nouvelle version, c’est toujours manquant et malheureusement ça me fait louper tous les commentaires.

    Merci,

    • Descartes dit :

      @stu

      [Je me souviens avoir lu de ta part une défense de l’efficacité de l’administration par rapport au privé. Je crois que tu faisais référence à la cour des comptes pour la justifier. Est-ce que par hasard tu aurais une référence plus précise ?]

      Je ne me souviens pas de cette "défense". Pourrais-tu être plus précis ?

      [Sinon est-ce que tu peux relancer overblog pour ajouter un flux rss pour les commentaires ? Depuis le passage à la nouvelle version, c’est toujours manquant et malheureusement ça me fait louper tous les commentaires.]

      Je vais essayer, mais je crains que ce ne soit peine perdue…

    • stu dit :

      En cherchant la référence, j’ai trouvé un indice :
      [Je vous renvoie par exemple aux rapports de la Cour des Comptes concernant les frais de gestion de la Sécurité Sociale.] (http://descartes.over-blog.fr/article-il-est-temps-que-a-s-arrete-102991898.html)

      Je vais creuser cette piste, mais si tu as plus d’infos ou une référence encore plus précise, je suis preneur !

    • Descartes dit :

      @stu

      Je crois que la référence en question est le rapport de la Cour des Comptes sur les comptes de la sécurité sociale de 2012. Je crois me souvenir que la Cour calculait les frais de fonctionnement de l’administration de la sécu par rapport aux sommes manipulées, et aboutissait à la conclusion que la gestion était bien moins couteuse que celle annoncée par les mutuelles privées. Mais je n’ai pas sous la main de référence plus précise.

    • stu dit :

      Oui c’est ça. Le rapport de la Cour des Comptes est en annexe de ce document : http://www.senat.fr/rap/r07-385/r07-3851.pdf

      "Pour avoir une vision complète des choses, la Cour relie à cette question l’analyse du montant des frais de gestion des assureurs, qui est de 5,4 % pour l’assurance maladie obligatoire et de 25,4 % en moyenne pour les assureurs complémentaires."

      Merci.

  11. Coma81 dit :

    Je découvre ce blog. J’en partage largement les analyses politiques concernant le FdG, même se je regarde tout cela de beaucoup plus loin. Néanmoins je suis étonné du parti pris en faveur du PCF, et des critiques visant Mélenchon.

    Le PCF est un pari moribond, inféodé électoralement et idéologiquement au PS.

    Comme je l’ai écris par ailleurs, : "ce parti n’est plus qu’un syndicat d’élus locaux qui ont construit une forteresse afin de résister le plus longtemps possible à l’érosion inexorable de leurs rentes électorales."

    La dépendance électorale vis à vis du PS contraint les responsables du Parti à refuser le débat sur l’euro. Le PCF actuel considère appartenir à une gauche rassemblée autour du PS, un parti bourgeois, libéral et européiste.

    J’ai peu d’espoir que le FdG évolue rapidement sur la question de l’euro; mais je suis sûr d’une chose : le déclic ne peut venir que de Mélenchon – l’opportuniste sans foi ni loi- qui pourrait sentir l’opportunité électorale ouverte par la montée de l’euroscepticisme.

    Quant "au gauchisme", c’est une calamité autant répandue au sein du PCF qu’ailleurs au front de gauche.

    Dernier point : oui il faut rompre avec le PS, car cela signifie en dernière analyse, rompre avec les classes moyennes. La situation des rapports de classe est telle que pour l’heure, il n’y a plus de dialogue possible entre les classes moyennes européistes et
    les classes populaires eurosceptiques.
    "Le rassemblement à gauche" ne veut donc rien dire, où plutôt il contribue à créer la division parmi le bloc social des classes populaires. Le rassemblement à gauche, c’est la rassemblement des pro mariage gay contre le rassemblement des classes populaires.

    Cordialement

    • Descartes dit :

      @Coma81

      [Je découvre ce blog.]

      Soyez le bienvenu, et n’hésitez pas à participer, c’est fait pour ça.

      [J’en partage largement les analyses politiques concernant le FdG, même se je regarde tout cela de beaucoup plus loin. Néanmoins je suis étonné du parti pris en faveur du PCF, et des critiques visant Mélenchon.]

      Il n’y a pas de « parti pris ». Je connais trop le PCF pour me raconter des histoires, mais je le connais suffisamment pour savoir que malgré toutes ses erreurs et insuffisances, il n’en reste pas moins que c’est la seule organisation politique qui ait réussi à encadrer l’électorat populaire, à l’éduquer et à lui proposer une vision progressiste tout en défendant ses intérêts. Et si c’est moins vrai aujourd’hui, si le PCF tend à devenir de plus en plus un parti gauchiste des classes moyennes, il reste toujours des marques de son histoire.

      Quant à Mélenchon, il n’y a là encore aucun parti pris. Je connais bien le personnage, suffisamment en tout cas pour faire de lui une critique informée. Je vous mets au défi de m’indiquer laquelle de mes critiques serait injustifiée.

      [Le PCF est un pari moribond, inféodé électoralement et idéologiquement au PS.]

      « Moribond » ? C’est vite dit. Les organisations politiques qui ont une histoire ne « meurent » pas aussi facilement. On a annoncé mille fois la mort du Parti Radical, et il est toujours avec nous. L’avenir du PCF sera probablement de même nature. Pour ce qui concerne « l’inféodation électorale », faut arrêter les bêtises. Sous le système de scrutin majoritaire, on n’a des élus que dans la mesure où l’on sait aboutir à des accords tactiques. L’alternative à « l’inféodation », c’est de ne pas avoir des élus. Et finalement, je ne trouve pas que le PCF soit inféodé « idéologiquement » au PS. Je le trouve bien plus proche des thèses gauchistes du NPA, puisqu’on y est.

      [Comme je l’ai écris par ailleurs, : "ce parti n’est plus qu’un syndicat d’élus locaux qui ont construit une forteresse afin de résister le plus longtemps possible à l’érosion inexorable de leurs rentes électorales."]

      On peut le voir comme ça. Il n’empêche qu’un parti qui n’a pas d’élus n’existe politiquement pas, du moins si l’on considère qu’exister c’est pouvoir peser sur la réalité. Il n’y a qu’à voir le NPA : ils ont les mains propres tout simplement parce qu’ils n’ont pas de mains.

      [La dépendance électorale vis à vis du PS contraint les responsables du Parti à refuser le débat sur l’euro. Le PCF actuel considère appartenir à une gauche rassemblée autour du PS, un parti bourgeois, libéral et européiste.]

      Le PG est lui « indépendant » du PS. Et pourtant, il refuse lui aussi le débat sur l’Euro. Comment expliquez vous cela ? En attendant votre réponse, je vais vous proposer mon interprétation : si le PCF comme le PG sont europhiles, cela tient à leur base sociologique, essentiellement composée d’électeurs des classes moyennes, c’est-à-dire des couches qui y ont le plus à gagner de la construction européenne et de l’euro. Le PS n’a rien à voir là dedans.

      [J’ai peu d’espoir que le FdG évolue rapidement sur la question de l’euro; mais je suis sûr d’une chose : le déclic ne peut venir que de Mélenchon – l’opportuniste sans foi ni loi- qui pourrait sentir l’opportunité électorale ouverte par la montée de l’euroscepticisme.]

      Méfiez vous. Mélenchon est bien moins opportuniste que vous ne le croyez. Et même s’il l’était, un changement de cap sur l’euro l’amènerait à une collision frontale avec ses propres partisans. Sans compter que ce serait renier l’héritage de Saint François, son idole.

      [Quant "au gauchisme", c’est une calamité autant répandue au sein du PCF qu’ailleurs au front de gauche.]

      Faudrait savoir. Ou bien, comme vous le dites plus haut, le PCF est « inféodé idéologiquement au PS » ; ou bien il est « gauchiste ». Mais on ne peut pas avoir les deux.

      [Dernier point : oui il faut rompre avec le PS, car cela signifie en dernière analyse, rompre avec les classes moyennes. La situation des rapports de classe est telle que pour l’heure, il n’y a plus de dialogue possible entre les classes moyennes européistes et les classes populaires eurosceptiques.]

      Mais si l’on rompt avec le PS, quelle est l’alliance alternative ? Parce que sans alliances, pas d’élus, et sans élus, aucune chance de peser sur le réel.

    • BolchoKek dit :

      @Coma81
      >Néanmoins je suis étonné du parti pris en faveur du PCF, et des critiques visant Mélenchon.
      Le PCF est un pari moribond, inféodé électoralement et idéologiquement au PS. <
      C’est bizarre, tout le monde nous dit que nous sommes morts, pourtant en termes de militants et de finances, nous tenons le FdG à bout de bras. Bah ! le PG aime se gargariser sur ce qu’"il" a réussi à faire aux présidentielles… Et on sait à quel point les enfants hurlent quand on leur enlève leur hochet.

      > Le PCF actuel considère appartenir à une gauche rassemblée autour du PS, un parti bourgeois, libéral et européiste.<
      Le PCF est-il dans la majorité ? Soutient-il les décisions du gouvernement ?
      Qu’il les conteste très mal, c’est une chose. C’est autre chose que de l’affubler de noms d’oiseaux exotiques…

      >la question de l’euro; mais je suis sûr d’une chose : le déclic ne peut venir que de Mélenchon<
      "Un marin aime toujours une boussole, même celle qui indique ouest"

      @Descartes
      >On a annoncé mille fois la mort du Parti Radical, et il est toujours avec nous. L’avenir du PCF sera probablement de même nature.<
      Même si c’est ma hantise, je suis bien forcé de constater que c’est le plus probable. Mais je suis forcé de constater que le fait qu’il existe toujours fait autant rager les gauchistes que les gens de droite, toujours sur le ton "c’est le passé, ça n’existe plus, ça ne DOIT PLUS exister !.." Rien que pour cela, le terrain vaut le coup.

      >Et finalement, je ne trouve pas que le PCF soit inféodé « idéologiquement » au PS. Je le trouve bien plus proche des thèses gauchistes du NPA, puisqu’on y est.<
      Si on peut comprendre quelque chose à la novlangue qui émane de ses instances – y trouver un contenu politique défini, oui, ça s’en rapproche plus.

      >Il n’y a qu’à voir le NPA : ils ont les mains propres tout simplement parce qu’ils n’ont pas de mains.<
      Mes mains à moi me démangent lorsque des gauchistes nous donnent des leçons de militantisme. Mais on ne peut rien faire, notre usine à baffes a été délocalisée…

      >Ou bien, comme vous le dites plus haut, le PCF est « inféodé idéologiquement au PS » ; ou bien il est « gauchiste ». Mais on ne peut pas avoir les deux.<
      Si. Il aura tort de toute façon, quoi qu’il fasse, et il faut qu’il ramène le chéquier.

    • Descartes dit :

      @BolchoKek

      |Le PCF est-il dans la majorité ? Soutient-il les décisions du gouvernement ?]

      Ca dépend lesquelles. Je n’ai pas entendu le PCF se prononcer contre la loi sur le « mariage pour tous », par exemple… Je ne trouve pas que le fait de savoir si l’on soutient ou non les « décisions du gouvernement » soit un élément décisif. Pourquoi ne soutiendrait-on pas des décisions du gouvernement lorsqu’elles paraissent justes ? On est dans une « majorité » lorsqu’on est soumis à une discipline de vote. Par le fait d’y être, on s’impose de soutenir l’ensemble de la politique gouvernementale, y compris sur les points où l’on n’est pas d’accord. De ce point de vue, il semble incontestable que le PCF n’est pas dans la majorité.

      [« On a annoncé mille fois la mort du Parti Radical, et il est toujours avec nous. L’avenir du PCF sera probablement de même nature ». Même si c’est ma hantise, je suis bien forcé de constater que c’est le plus probable.]

      Je n’ai pas fait ce parallèle au hasard. Depuis les débuts de la « mutation », je suis frappé par le parallélisme de l’évolution du PCF avec celle du Parti Radical à partir de la Libération. Comme le Parti Radical, le PCF a connu le traumatisme de voir s’effondrer le système qui faisait son unité idéologique (la IIIème République pour l’un, l’URSS pour l’autre). Comme le Parti Radical, le PCF a vu la montée progressive du pouvoir des « notables » et des élus avec comme conséquence un affaiblissement progressif de la direction nationale résultant dans une « fédéralisation » ou coexistent plusieurs lignes politiques portées par le pouvoir de tel ou tel « notable ». Le parallèle ne s’arrête pas là : le FdG rappelle furieusement le fonctionnement de l’UDF des années 1970 et 1980…

      [Mais je suis forcé de constater que le fait qu’il existe toujours fait autant rager les gauchistes que les gens de droite, toujours sur le ton "c’est le passé, ça n’existe plus, ça ne DOIT PLUS exister !.." Rien que pour cela, le terrain vaut le coup.]

      Gnark gnark… oui, comme le Parti Radical a survécu en emmerdant les curés, le PCF survivra peut-être en emmerdant les gauchistes. C’est drôle, mais si le PCF a aujourd’hui un sens dans la « gauche radicale » c’est parce que c’est le seul lieu qui n’est pas encore sous le contrôle absolu des gauchistes…

      [Si on peut comprendre quelque chose à la novlangue qui émane de ses instances – y trouver un contenu politique défini, oui, ça s’en rapproche plus.]

      Ce n’est pas la « novlangue des instances » qu’il faut écouter. Le PCF est aujourd’hui fédéralisé, et ce sont donc les « notables » qui ont le pouvoir. C’est leur discours qu’il faut analyser. Et leur discours est en général – car il y a des exceptions dans certaines fédérations – résolument gauchiste. Ce qui ne les empêche pas de conclure des alliances tactiques avec les socialistes. Gauchisme du discours et pragmatisme des faits n’ont jamais été contradictoires. Après tout, Mélenchon a servi fidèlement Mitterrand pendant quatorze ans et voté Maastricht des deux mains avant de découvrir que Solférino c’est l’enfer… au soir d’une défaite présidentielle. Cette découverte aurait-elle eu lieu si Egolène avait gagné les élections présidentielles de 2007 et fait Mélenchon ministre ? Nous ne le saurons jamais…

      [Mes mains à moi me démangent lorsque des gauchistes nous donnent des leçons de militantisme. Mais on ne peut rien faire, notre usine à baffes a été délocalisée…]
      Là aussi, la désindustrialisation est un désastre…

      [« Ou bien, comme vous le dites plus haut, le PCF est « inféodé idéologiquement au PS » ; ou bien il est « gauchiste ». Mais on ne peut pas avoir les deux ». Si. Il aura tort de toute façon, quoi qu’il fasse, et il faut qu’il ramène le chéquier.]

      Bien entendu. De toute manière, Mélenchon réédite les exploits de son maître. Utiliser les ressources militantes du PCF sans la moindre intention de partager les résultats. Ce qui m’étonne toujours, c’est l’angélisme des directions et de la base militante du PCF, cette volonté de croire que « cette fois-ci, ce sera différent ». Je me souviens encore des débats qui ont précédé la participation au gouvernement de la « gauche plurielle ». On trouvait chez les dirigeants du PCF une conviction sincère « qu’on ne se ferait pas avoir comme en 1981 ». Et on s’est fait avoir exactement pareil. Mais le PCF semble incapable de comprendre qu’on ne vit pas dans le monde des bisounours. Sauf, évidement, quand on touche les intérêts d’un « notable ». Là, on retombe dans le pragmatisme le plus nu.

  12. Ifig dit :

    Dernières nouvelles du Front de Gauche : rencontre au sommet Laurent-Mélenchon prévue le 17. Mélenchon y proposera deux choses d’après son dernier post de blog: pas d’utilisation du logo Front de Gauche par les listes alliées avec le PS (mais celles alliées avec EELV?) et surtout, organisation d’un référendum militant sur le sujet au sein du FdG. Le second point me semble inacceptable pour le PCF – c’est aller vers une fusion. Possible rupture même si les intérêts bien compris de chacun allaient contre cette hypothèse ? La suite au prochain numéro.
    Je remarque que les commentaires sont clos sur le blog de Mélenchon : leur anticommunisme était vraiment peu diplomatique en ce moment.

    • Descartes dit :

      @Ifig

      [Mélenchon y proposera deux choses d’après son dernier post de blog: pas d’utilisation du logo Front de Gauche par les listes alliées avec le PS (mais celles alliées avec EELV?) et surtout, organisation d’un référendum militant sur le sujet au sein du FdG.]

      Sur la question du logo, l’idée est grotesque. Mélenchon compte-t-il interdire aux militants communistes qui auraient décidé de se présenter dans des listes avec le PS de se réclamer publiquement « membres du front de gauche » ? Comment compte-t-il imposer une telle discipline aux structures locales du PCF, alors que la direction du PCF elle même n’y arrive pas ? D’ailleurs, comme vous le signalez, la question se poserait aussi pour les listes ou le PG va tout seul avec d’autres alliés (EELV mais aussi quelquefois le NPA). Ou bien on fait la règle que le logo « Front de Gauche » ne peut être utilisé que si toutes les composantes du Front sont dans la liste, ou bien il faudra se résigner – et c’est ce qui va arriver – à ce que chacun se revendique « membre du Front de Gauche » à sa convenance.

      Le second point, celui du « référendum », semble lui totalement déconnecté du fonctionnement réel du Front de Gauche. D’abord, Mélenchon devrait réaliser que le PCF est un parti organisé, avec des statuts, des instances, et une organisation. Que les seules décisions qui s’imposent aux militants communistes sont celles prises conformément aux statuts qu’ils ont voté par les instances qu’ils ont élues. Le PCF n’a jamais accepté l’idée de « primaires ouvertes », et à mon sens il a parfaitement raison. On ne peut se dire « républicain » et ensuite reconnaître aux « électeurs du Front de Gauche qui le souhaitent » (c’est l’expression utilisée par Mélenchon), dont l’engagement se limite à mettre un bulletin dans l’urne, la légitimité à décider ce que les militants du PCF, c’est à dire ceux qui se crèvent le cul à faire du porte-à-porte ou à assister aux réunions, doivent faire. Merde alors ! Si les « électeurs du Front de Gauche qui le souhaitent » veulent participer aux décisions sur ce que les partis font ou ne font pas, alors ils n’ont qu’à s’engager et prendre leur carte.

      Une « association des amis du Front de Gauche » ? Pourquoi pas. Mais Mélenchon se fourre le doigt dans l’œil s’il croit que les militants des partis qui composent le Front, à commencer par le PG, seront prêts à se soumettre au résultat d’un processus de décision piloté par une telle « association ».

      [Je remarque que les commentaires sont clos sur le blog de Mélenchon : leur anticommunisme était vraiment peu diplomatique en ce moment.]

      Tout à fait. De toute manière, à force de manier la hache contre tous les commentateurs qui ne se joignaient au chœur des louanges, les commentaires du blog du Petit Timonier n’ont plus aucun intérêt. Sans liberté de blâmer…

  13. Ifig dit :

    Et aussi dans la série vie des groupuscules, comme tu l’indiquais Gauche Unitaire n’est pas allée en totalité dans Ensemble (Picquet, leader de GU n’était pas pour) et on comprend mieux pourquoi en lisant ceci : http://gauche.blog.lemonde.fr/2014/01/13/a-paris-le-front-de-gauche-se-divise-encore-un-peu-plus/

    A Paris, GU s’allie avec le PCF et va participer à la liste d’Anne Hidalgo.

  14. Nicolas 70 dit :

    Descartes, je me permets de mettre en lien le débat sur les municipales à VESOUL avec la présence du candidat PCF, et non FDG, Vrédéric BERNABE.

    Si vous pouvez m’en faire un retour.

    http://pluzz.francetv.fr/videos/ca_me_regarde_,cafe_LVEL_besancon_1_140215_991_15022014131004_F3.html
    http://pluzz.francetv.fr/videos/ca_me_regarde_,cafe_LVEL_besancon_2_140215_991_15022014131010_F3.html

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