Le matin des égo-politiciens

« Je pense, donc je suis » écrivait René Descartes, saint patron de ce blog. Mais ça, c’était avant. Maintenant, point n’est besoin de pensée pour prouver sa propre existence. Un site sur la toile y suffit amplement. La meilleure preuve a été fournie cette semaine par notre ineffable ministre de l’Economie et premier ministre « in waiting », Emmanuel Macron. Personnage qui à force de lire les dires du prophète Isaïe (1) ne doute plus semble-t-il de son rôle messianique, même s’il peine à en convaincre les autres malgré une campagne de saturation médiatique fort bien orchestrée. Notre nouvel Emmanuel ferait bien de se souvenir comment finissent en général les messies : conspués par la foule, cloués sur une croix et criant « père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». En tout cas, on voit que certains – Le Foll, par exemple – joueraient bien avec lui la scène de la flagellation.

La situation, il faut le dire, se prête aux métaphores bibliques. Tiens, prenons par exemple le déluge universel, programmé pour 2017. Nos politiques à gauche ont de toute évidence intégré dans leurs projets la manifestation de la colère divine, ou plutôt celle du peuple souverain, et s’attendent à ce que la pluie commence à tomber d’un moment à l’autre. Pourtant, pas d’arche à l’horizon : peut-être parce que dans ce monde politique peuplé de faux ex-militants étudiants et de vrais attachés parlementaires, on ne trouve personne capable de planter un vrai clou sur une vraie planche. Construire un véritable projet sur lequel on pourrait naviguer la colère montante est au dessus de leurs forces et même au dessus de leur compréhension. Et du coup, chacun prend prudemment des leçons de natation dans son coin, et fait provision de quelques planches pourries qui lui permettront éventuellement de se faire un radeau de fortune. On fait ce qu’on peut.

Cette situation ou chacun est seul sur son petit radeau est favorable à l’apparition de ce que certains appellent l’égo-politique. Et bien entendu, on ne saurait parler d’égo-politique sans parler aussi d’égo-politicien. Dans la politique « à l’ancienne », l’homme s’effaçait toujours plus ou moins derrière le projet dont il était censé être le porteur. Difficile d’imaginer un De Gaulle sans gaullisme, un Mendès-France sans mendésisme. Mais dans l’égo-politique l’homme n’a pour compagnie que son image. Et s’effacer derrière son image est une impossibilité logique. Pour exister, le politicien classique avait besoin d’un cadre idéologique et institutionnel. Idéologique, parce que l’électeur attendait de son représentant qu’il se positionne dans les grands débats de son temps à partir d’une interprétation de la réalité cohérente et partagée. Institutionnel, parce que le politicien n’existe que dans un cadre qui lui confère une légitimité et les moyens d’agir, ce qui suppose un mode de sélection et de légitimation échelonné, par ses partisans d’abord, par l’ensemble des citoyens ensuite.

L’égo-politicien échappe à ces contraintes. S’autorisant de lui-même – comme l’analyste selon Lacan, et le parallèle n’est pas fruit du hasard – il n’a pas besoin d’organiser un parti, de convaincre des militants, de soumettre sa personne et son projet à leur jugement. Ce processus fastidieux est remplacé par l’onction médiatique appuyée par l’inévitable site internet où les internautes peuvent cliquer sur le bouton « like » pour indiquer qu’ils aiment… qu’ils aiment quoi, déjà ? Le projet du candidat ? Sa façon de parler ? Sa coiffure ? L’esthétique du site ? La gueule de l’égo-politicien bien en évidence ? Le discours creux du genre « je vous aime tous » ? Peu importe, ou fond. Parce que la chose plus importante, comme disait Homer Simpson, est d’être « populaire ». D’avoir beaucoup « d’amis », non pas au sens que donne à ce terme Montaigne, mais celui que lui donne Facebook.

Ce qui caractérise les égo-politiciens c’est l’absence totale de projet construit. Et cette absence ne tient pas seulement à l’incapacité d’en produire un, mais à une volonté assumée de s’en passer. C’est dans la logique de la chose. L’égo-politique est fondée non sur la conviction par une idée, mais sur la séduction par une personne. On vote l’égo-politicien parce qu’il est dynamique, parce qu’il a de beaux yeux, parce qu’il parle bien. Ce qu’il pense vraiment, ce au service de quoi il mettra son dynamisme s’il est élu, sa conception du pays et de la société qu’il veut construire sont des questions secondaires. Et comme disait le cardinal de Retz, « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ». Enoncer un projet, c’est faire des choix. Et faire des choix, c’est faire des mécontents. Mieux vaut donc se contenter, en lieu et place de programme, de quelques banalités consensuelles genre « il faut se bouger » ou « je suis pour le 99% contre le 1% » qui laisse à l’auditeur une probabilité fort raisonnable de se trouver du bon côté. Car c’est là un élément fondamental du discours de l’égo-politicien : l’illusion du consensus. L’égo-politicien n’est pas le défenseur de telle ou telle conception de l’Etat, de la société, du monde, pas plus qu’il ne prend parti pour tel ou tel intérêt. Il porte au contraire un message universel, une politique qui ne peut que bénéficier à tous – ou au moins au 99% de tous, ce qui n’est pas très loin. Il n’est pas là pour diviser, mais pour nous mettre tous d’accord. Comment pourrait-il en être autrement, puisqu’il tient le seul discours « raisonnable » ? Comment un tel message, résumé à « je suis pour tout ce qui est bon, contre tout ce qui est mauvais » pourrait ne pas être consensuel ? Et dans « consensuel », il y a « sensuel », tiens…

Cette obsession d’unité qui abolirait les conflits n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, un genre nouveau. Au contraire, du général Boulanger au maréchal Pétain, elle surgit périodiquement dans notre histoire, généralement en période de grand désarroi. Et comme l’a remarqué Alain-Gérard Slama dans un livre que je recommande toujours (2), cette tendance traduit l’incapacité de la société à gérer les conflits inévitables dans une démocratie et à les trancher. Car la démocratie, par définition, est le régime anti-consensuel par excellence. Dès lors que les gens sont libres de penser comme ils l’entendent et d’exprimer leurs pensées, on ne peut qu’aboutir à l’affrontement d’opinions différentes. La démocratie est précisément un mode d’organisation de cette confrontation, et non sa négation. Seules les dictatures sont unanimes.

C’est quand la démocratie fonctionne mal, quand les intérêts deviennent tellement antagoniques que la régulation démocratique cesse de fonctionner qu’on se réfugie dans la vision imaginaire d’une « unité », d’un « consensus » qui fait le lit d’une pensée unique proto-fasciste. Car il faut insister sur ce point : les « divisions qui nous ont fait tant de mal », pour reprendre la formule de Pétain, ne sont pas artificielles. Elles existent dans toute société, et sont profondes. Il est illusoire d’imaginer qu’une société complexe comme la notre ne soit pas constituée d’individus et de groupes dont les intérêts sont différents et souvent contradictoires. Si tel n’était pas le cas, nous n’aurions pas besoin d’institutions politiques, puisque leur but est précisément de gérer ces contradictions, de trouver des compromis. Un compromis et non pas un consensus. Car les deux choses sont très différentes : un compromis est un accord par lequel chacune des parties accepte de faire sien un programme d’action qui ne reprend qu’en partie ses objectifs, tout en gardant entières ses convictions. Le programme du CNR est un bon exemple : en l’approuvant, les gaullistes ne sont pas devenus moins gaullistes, les communistes moins communistes. Les premiers ont continué à dire qu’il était trop radical, les seconds qu’il ne l’était pas assez. Leur seul point d’accord, c’était que le programme ainsi rédigé était le meilleur – de leur point de vue – compatible avec l’état du rapport des forces.

Le discours du « consensus » est de nature différente : il postule qu’un accord est possible non seulement sur l’action, mais sur les buts eux-mêmes. Il est fondé sur une vision idéaliste ou les hommes décident non en fonction de leurs intérêts, mais de la seule raison abstraite. On en conclut donc que si l’on acceptait seulement de laisser de côté les « idéologies » et de se mettre autour d’une table entre gens « raisonnables », on arriverait certainement à se mettre d’accord, puisqu’il n’existe qu’une vérité. Ce qui, à contrario, suppose que ceux qui n’acceptent pas de se mettre d’accord ne sont pas « raisonnables » ou, pire, sont esclaves d’une « idéologie ». C’est ce discours qui, sous des formes diverses, fonde l’égo-politique. Sa petite musique est toujours la même : les institutions – partis politiques, syndicats, élections, lois – sont des carcans. Libérons nous pour aller à un monde de rapports directs et sans intermédiaires entre les hommes, et notamment entre le gouvernant et le gouverné, entre le patron et l’ouvrier. Pour paraphraser Rousseau, les hommes sont par nature bons et ce sont les institutions qui les pervertissent, les séparent, les bloquent.

Cette petite musique est aujourd’hui partout, à la mesure de l’incapacité de nos gouvernants à gérer des conflits et à prendre des décisions : lorsque Ségolène Royal essaye de désamorcer les conflits de Sivens ou de Notre-Dame des Landes à coups de « rapports d’experts », elle fait exactement cela : au lieu de passer par un débat ou des positions claires s’affrontent et par un arbitrage par une instance démocratique, on imagine de fabriquer des projets censés être « consensuels » parce que « raisonnables ». Et tant pis si ce faisant on piétine les décisions des assemblées élues et représentatives des populations pour faire plaisir à des minorités agissantes. Il faut d’ailleurs reconnaître à Ségolène Royal d’avoir été pionnière dans le champ de l’égo-politique, avec une campagne en marge de son parti, sans véritable projet, avec un discours « consensuel » fait d’idées générales qui relèvent de l’évidence – genre « il faut être gentil avec les gens » – et ou l’emballage était finalement bien plus important que le produit. Et déjà avec un site internet : « désir d’avenir »…

C’est pourquoi il est si intéressant de comparer cette expérience première avec celle des deux égo-politiciens les plus en vue aujourd’hui : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Certains de mes lecteurs seront peut-être étonnés de voir Mélenchon qualifié de « consensuel », et pourtant c’est le cas. Seulement, Mélenchon cherche le consensus non pas dans l’ensemble de la société, mais dans le marigot de la « gauche radicale ». Et dans ce milieu, le discours de Mélenchon est ultra-consensuel. Pourriez-vous citer une seule prise de position de Mélenchon qui puisse offenser un secteur de la « gauche radicale » ? Non, bien sur. Sur les points qui divisent le marigot, Mélenchon refuse de prendre position : l’exemple le plus éclatant est celui de la question de la sortie de l’Euro, où le Petit Timonier a construit un discours compliqué qui propose la sortie tout en restant dedans et vice-versa.

Ségolène Royal hier, Macron et Mélenchon aujourd’hui jouent la même partition.. D’abord, celle de l’homme seul, libre de toute contrainte institutionnelle. Bien sur, Royal était soutenue par le PS comme Mélenchon l’est par le PG et Macron par l’establishment, mais chacun a pris bien soin d’indiquer que ce soutien n’appelait aucune contrepartie, et qu’il était hors de question de se laisser imposer par quelque collectif que ce soit quoi que ce soit en termes de projet, de programme, de choix de ses collaborateurs ou de stratégie de campagne. Et tous trois prennent soin de mettre en scène cette « liberté » au moyen d’une transgression permanente des principes de son propre camp : le discours de « l’ordre » pour Ségolène, la candidature sans débat pour Mélenchon, le libéralisme assumé de Macron sont des bons exemples.

Ensuite, l’accent sur le consensus. Moins clair chez Segolène, qui pourtant à laissé planer en permanence l’idée d’un accord possible avec les centristes pour former un gouvernement « de gens de bonne volonté », il est évident chez les deux autres. Chez Mélenchon, c’est la logique du « 1% contre le 99% », ce qui ouvre quand même un champ assez large. Chez Macron, c’est un discours explicite et assumé dans ce sens (3). Bien évidement, le maintien de l’illusion d’un consensus impossible dans les faits implique nécessairement un discours vague et plus centré sur les moyens et les procédures que sur les objectifs. Car c’est aussi cela l’égo-politique : une « démarche » plus qu’un résultat. C’est d’ailleurs une martingale bien connue de tout bon négociateur : lorsqu’on a du mal à parler du fond, il faut se concentre sur la procédure, sur laquelle les compromis sont toujours possibles. Qui pourrait d’ailleurs être contre le fait de « débattre largement », de « se bouger », de « lever les freins qui s’opposent à notre bonheur », pour reprendre une formule célèbre ? Promettre une constituante ou une « large concertation », commander un rapport, cela ne fait peur à personne.

Quant au projet – ou plutôt à son absence – le parallèle entre Royal, Mélenchon et Macron est, là encore, éclairant : en 2007, « désirs d’avenir » nous parlait d’un programme fabriqué « par les gens eux-mêmes » dans un élan de démocratie participative. Les sites de Mélenchon et Macron pour 2017 ne promettent pas autre chose (4). Mais curieusement, si tous trois font appel largement aux contributions populaires, tous trois omettent de préciser la procédure qui sera suivie lorsque les « participations » des différents contributeurs iront dans le sens opposé… en fait, c’est le flou procédural qui permet à l’égo-politicien de garder un contrôle absolu sur sa créature. Définir une procédure claire et transparente l’obligerait soit à assumer son pouvoir absolu, soit à accepter l’apparition d’un contre-pouvoir qui pourrait finalement le contraindre. Maintenir l’ambiguïté lui permet de cumuler les avantages : garder le contrôle total tout en donnant l’illusion au citoyen-internaute qu’il est devenu acteur alors qu’il n’est que spectateur.

Enfin, il faut souligner combien la logique de l’égo-politique est une logique destructrice. Incapables d’élaborer un véritable projet de construction – qui ne peut être le fruit que d’un travail collectif et institutionnalisé – les égo-politiciens ne peuvent attirer qu’en proposant la destruction de l’existant. Et c’est un véritable massacre à la tronçonneuse : chez Macron c’est la « chasse aux statuts » et aux « rigidités » comme le Code du travail, chez Mélenchon c’est la Constitution de 1958 et les institutions politiques qu’elle a créée qu’il faut abattre. Mais on voit très mal où l’un et l’autre veulent nous conduire. A quoi ressemblent les rapports sociaux dans la société « macronisée » ? A quoi ressemblerait la politique d’une VIème République « mélenchonisée » ? Difficile à savoir. L’un comme l’autre prêchent la nécessité de lever les obstacles et surmonter les blocages, mais ce qui se passera après n’est pas, semble-t-il, leur problème. Ce discours de destruction rejoint une autre caractéristique qui nous ramène aux années 1930 puis à Vichy, c’est celle de la haine de soi. Si l’on suit ce discours, nous Français nous sommes des bons à rien. Jouisseurs, paresseux, racistes, inconséquents, avides, avares, incapables de prendre des risques… je vous laisse compléter la liste. Notre grande Révolution ? Une mascarade. Napoléon ? Un fou sanguinaire. La Libération ? Nous sommes quarante millions de pétainistes honteux. On proclame son amour de la France idéale, mais on crache sur tout ce qui fait la France réelle. Macron veut faire de nous des Allemands, Mélenchon des Vénézueliens, Royal des Suédois. Personne parmi les égo-politiciens n’imagine que nous puissions continuer à être des Français…

On retrouve donc dans l’égo-politique une logique qui ressemble étrangement à la « révolution nationale » pétainiste : une révolution portée par un homme qui rejetait ostensiblement le jeu des partis et des institutions politiques pour se réclamer d’un rapport direct avec le peuple ; un projet se définissait d’abord par la volonté d’abattre l’existant, cette IIIème République haïe mais particulièrement vague sur ce qu’on voulait mettre à sa place ; un discours construit autour d’un consensus de tous les Français autour de valeurs vagues et générales (qui en 1940 peut être contre le travail, la famille, la patrie ?). Et pour couronner le tout l’appel fataliste à « s’adapter » à la « nouvelle Europe » naissante sous l’impulsion allemande. Car déjà, en 1940, la « construction européenne » faisait rêver certains…

Certains me diront qu’à ce compte De Gaulle était lui aussi un « égo-politicien ». Après tout, n’a-t-il pas lui aussi rejeté le « régime des partis » ? Ne s’est-il pas lui aussi placé dans une optique de dialogue direct avec le peuple ? La réponse se trouve du côté institutionnel : De Gaulle a été d’abord un créateur d’institutions. Pétain n’a jamais dicté la constitution qu’il s’était engagé à écrire, préférant garder un pouvoir absolu placé au dessus de toute institution. De Gaulle, au contraire, a dicté une constitution qui s’imposait à tous, et d’abord à lui-même. Pétain retirait sa légitimité d’un rapport sentimental au peuple conçu en dehors de toute institution. De Gaulle tirait le sien du suffrage universel, et l’a quitté chaque fois que celui-ci lui fut défavorable. Et puis, on peut accuser mongénéral de beaucoup de choses, mais certainement pas d’avoir une vision « consensuelle »…

Il n’est pas facile à prévoir quelle sera la trajectoire de nos égo-politiciens dans les années qui viennent, tant leur sort a été contrasté par le passé. En général, ces personnages peuvent jouir d’une grande popularité pendant quelque temps, polarisant en eux le désarroi des citoyens, mais révèlent assez rapidement leurs limites et sont renvoyés dans les poubelles de l’histoire, non sans avoir fait des dégâts quelquefois importants. Dans le contexte actuel, j’avoue avoir beaucoup de mal à croire à l’avenir de Macron (5). Pour des raisons qui tiennent à sa personnalité d’abord : Macron n’a pas de véritable épaisseur personnelle. Il rappelle un peu trop Laurent Fabius, mais le Fabius d’avant le sang contaminé. Une machine intellectuelle exceptionnelle, mais sans la moindre expérience du tragique inhérent à la politique et avec une capacité illimitée à se faire des ennemis. Il fait partie de ces profils de « premier de la classe », dilettantes brillants – au sens de « capable de briller en société » – comme Jacques Attali ou Alain Minc, et qui montent par la grâce d’un « protecteur » puissant ou d’un carnet d’adresses bien fourni.. Mais l’expérience a montré que chaque fois que ces personnalités ont essayé de quitter le rôle de conseiller et de bouffon du roi pour devenir eux-mêmes des dirigeants, ça s’est mal passé, à l’image de Jacques Attali se faisant ignominieusement virer de la BERD après une gestion marquée par l’amateurisme. Macron tient sa position de la protection dont il bénéficie de la part du Président – trop content de trouver un contrepoids à Manuel Valls – et de l’enthousiasme des médias. Mais tout ça n’a qu’un temps… une fois l’attrait de la nouveauté passé et privé d’un protecteur puissant – ou en conflit avec lui – il sera tout seul et tout nu. Au PS l’aile gauche ne lui pardonnera pas son libéralisme, l’aile droite ne lui pardonnera pas son « cavalier seul ». Dès lors, il a toutes les chances de se faire exécuter dans le coin d’un bois au cours d’un de ces règlements de comptes dont le PS à le secret…

Macron a été fonctionnaire ma non troppo, banquier ma non troppo, riche ma non troppo. Il a la une gueule d’amour à séduire la bourgeoise et la fausse sincérité du vendeur d’aspirateurs à domicile. Tout ça devrait militer en sa faveur, me direz vous. Si quelqu’un peut vendre le consensus large, c’est bien lui. Le problème est que les français sont assez cyniques dans leur approche de la politique, et aiment bien savoir à qui ils ont à faire. Ils ont tendance à se méfier des candidats trop « lisses », trop neutres, trop gentils pour être honnêtes selon la formule consacrée. Ceux qui ont parié sur l’idéalisme de l’électeur français se sont souvent plantés. En 1995, les citoyens avaient le choix entre l’honnête Jospin et l’escroc Chirac. Ils ont choisi l’escroc, et deux fois plutôt qu’une, parce qu’ils ont toujours préféré un escroc efficace au moraliste impuissant, et Jospin avait donné l’image de l’impuissance. Le bisounours Macron, avec son discours consensuel et gentillet sera toujours jugé à l’aune d’un bilan pour le moins mitigé. Car le grand ministre a conduit pas mal de « réformes » avec tambour et trompettes… mais fort peu de résultats. Il n’aura en fait été guère différent de ses prédécesseurs, et son passage ne sera qu’un chapitre parmi cent dans la lente érosion de l’appareil industriel et économique de notre pays. Car le chômage qui monte, c’est Macron. Alsthom vendu aux américains, c’est Macron. Alcatel démembré, c’est Macron. L’industrie nucléaire laissée à la dérive, c’est encore et toujours Macron, ce Macron trop occupé à défendre une réforme du notariat ou la libéralisation des autobus pour s’occuper des choses qui comptent vraiment.

Par ailleurs, Macron et Mélenchon ont un problème commun : l’égo-politique est fondée sur l’image personnelle, et qui dit image dit médias. Or, les médias dévorent l’actualité. Le pire des scandales est vite oublié, et il faut alimenter la machine avec du nouveau chaque jour. Macron peut faire la une des gazettes en déclarant qu’il n’est pas de gauche et Mélenchon en traitant les dirigeants de la Société Générale de « menteurs » ou Pujadas de « salaud ». Mais ces « transgressions » deviennent vite banales, et sont reléguées dans la section des chiens écrasés. Pour continuer à paraître dans les étranges lucarnes, il faut aller toujours plus loin. Et de transgression en transgression, on risque de devenir une caricature de soi même. Il reste douze mois avant l’élection, et douze mois, c’est long. C’est dur de garder les projecteurs braqués sur soi pendant aussi longtemps, surtout lorsque la campagne repose non pas sur une dynamique institutionnelle, mais sur la personnalité d’un seul homme. Qu’est ce que Macron aura à nous dire dans six mois qui soit encore nouveau ? Une fois qu’il aura montré dans Paris Match sa femme, ses enfants, sa bonne et son chien, une fois qu’il aura expliqué au Point et à l’Express qu’il aime les banquiers, les patrons, l’entreprise, et qu’il n’est pas vraiment de gauche, comment arrivera-t-il encore à nous surprendre ?

Ce problème est plus sérieux pour Macron que pour Mélenchon.. L’égo-politicien Mélenchon a derrière lui une trajectoire institutionnelle qui laisse peut d’ambiguïtés sur le fait de savoir où il se situe : pour paraphraser Cortázar (6), il a été gauchiste, il a été mitterrandien, et ces choses là ne s’arrangent pas du jour au lendemain. Mélenchon peut donc jouer sur les deux tableaux, celui de la politique « à l’ancienne » avec des meetings permettant à des militants blanchis sous le harnois de communier comme à la messe avant d’aller faire du porte-à-porte ou coller des affiches, et celui de l’égo-politique avec site internet et militantisme « light ». Macron, lui, est né sans péché originel, ce qui, il faut l’admettre, est bien commode lorsqu’on veut être le messie mais pose des problèmes sérieux lorsqu’on veut conduire une campagne électorale. Comment mobiliser des militants quand on n’a jamais été militant soi-même ? Comment tenir un discours politique crédible alors qu’on ne s’est jamais confronté au suffrage universel ?

Descartes

(1) « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. Il mangera de la crème et du miel, jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien.…» (Isaïe 7 :14).

(2) « Le siècle de monsieur Pétain »,

(3) Voir par exemple son passage au 20h00 de France 2 le 10 avril 2016.

(4) Promettent, mais ne tiennent pas. Voici ce qui figure sur le site JLM2017 dans la page sur le projet : « Dans quelques jours, les contours de l’organisation concrète du travail collectif seront présentés sur ce site. Chaque point du programme fera l’objet d’une modération et ceux qui s’en chargeront seront présentés. D’ici un mois et demi, une première trame rédigée sera proposée avant une nouvelle vague de consultation. Le programme devrait pouvoir ainsi être finalisé avant l’automne ». On peut constater que les « quelques jours » se sont passés, et qu’aucune « organisation du travail collectif » n’a été exposée, que plus de deux mois se sont écoulés sans qu’on ait vu la moindre « trame ». L’élaboration collective et participative a encore quelques progrès à accomplir…

(5) Mais je dois à la vérité d’avouer que j’avais eu beaucoup de mal en 2011 à croire à l’avenir de François Hollande. Comme quoi…

(6) « Era clase media, era porteño, era colegio nacional, y esas cosas no se arreglan así nomás.» (« il était classe moyenne, il était de Buenos Aires, il avait fréquenté le lycée section lettres, et ces choses là ne s’arrangent pas facilement »). Julio Cortazar, « Rayuela ».

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59 réponses à Le matin des égo-politiciens

  1. Olivier MONTULET dit :

    Vous oublier les égo des centristes, des républicain -la droite- et de l’extrême droite. Ils sont au moins aussi florissant que ceux de la dite gauche sans parler de celui de Hulot.

    • Descartes dit :

      @Olivier MONTULET

      [Vous oublier les égo des centristes, des républicain -la droite- et de l’extrême droite]

      Je ne les oublie pas. D’ailleurs, je vois mal comment on pourrait faire de la politique sans avoir un égo surdimensionné. Il faut avoir une grande confiance en soi même pour résister pendant des années les avanies, les critiques, les coups de poignard qui émaillent le chemin du pouvoir… alors je ne serais pas trop dur avec eux. Après tout, ils font pour nous un boulot que nous ne voulons pas faire…

      Cela étant dit, ce n’est pas parce qu’on a un “égo” qu’on fait de “l’égo-politique”. La plupart des dirigeants de LR comme ceux du FN restent dans le cadre de la politique de parti. Au FN, on peut même constater l’effort d’institutionnalisation fait ces dernières années, qui a transformé une officine dirigée par un chef tout-puissant et ou toute voix différente était exclue en une organisation avec des vrais congrès, ou des lignes s’affrontent et le vote des délégués tranche.

  2. luc dit :

    Bien,ce texte commence par un Oxymore amusant:’le Saint-patron Descartes’,mais Aïe,Aïe,Aïe,que ce texte rappelle ce que j’appelle l’Anomie,politique!!!
    Cette Anomie,politique,honnie par moi,qui me fait fréquenter ce blog et adhérer au PCF, persuadé que cette Anomie fait le lit de la Réaction en général et du fascisme en particulier,(chacun a sa boîte à outil idéologique à soi…).
    Si un personnage politique fait tout pour ne pas se faire entendre, c’est bien… P.Laurent,véritable passe muraille politique,invisible,inaudible,absent des radars ,totalement dévoué à se faire oublier,édulcoré,lisser.
    Résultat?pour être le moins visible possible au profit du renard,prototype de l’ego politique…Mélenchon.
    P.Laurent serait le contre exemple type de l’ego politicien s’il n’y avait cette répartition des rôles au profit de Mélenchon,n’est ce pas?

  3. luc dit :

    Un peu hors sujet de votre papier mais symptomatique de l’Anomie actuelle,voici un libellé d’une recherche sociologique universitaire en cours:Vous avez peut être dans votre entourage des proches ou des connaissances qui présentent un Syndrome de l’Imposteur.
    Dans le cadre de son doctorat au sein de l’université de Toulouse JEAN JAURES, Kévin C étudie ce syndrome afin d’en amener une meilleure compréhension et une prise en charge adaptée.
    Les personnes présentant ce syndrome ont l’impression d’être surestimées par les autres, en attribuant leur situation actuelle à la chance, le hasard, leurs relations (en aucun cas à leurs compétences) et ont la certitude et la crainte de pouvoir un jour être accusées d’imposteur… tout cela malgré des preuves réelles de réussites, d’intelligence ou de compétence. Elles sont en réalité persuadées d’être illégitimes en dépit de leur succès.
    L’université de Toulouse et Kévin C proposent un questionnaire à remplir ici:
    Remplir le questionnaire ici (https://enquetes.univ-tlse2.fr/index.php/279591?lang=fr)
    Ce questionnaire est entièrement anonyme et d’une durée de passation d’environ 15 minutes.
    L’objectif est de davantage comprendre les manifestations de ce syndrome pour une meilleure prévention et prise en charge.
    70% de la population est amenée à douter, ne serait-ce qu’une fois, de la légitimité de son statut.
    Si vous connaissez une ou plusieurs personnes qui présentent le Syndrome de l’imposteur, vous pouvez, si vous le voulez, leur faire passer cet email.
    Leur témoignage fera avancer la recherche et aidera les personnes qui souffrent également de ce Syndrome.
    [‘Pierre Laurent ne devrait il pas remplir ce questionnaire?j’y ai spontanément pensé’.]

  4. luc dit :

    J’ai une hypothèse.Et si les ego politiques profitent de l’Anomie?
    En effet,les citoyens français semblent perdus sous ces déluges infinis de ppropagande mondialiste et le perpétuel ‘France-Bashing’actuel.
    Alors que notre société,française,avec ces incomparables droits sociaux actuels est au TOP civilisationnel( tous pays et époques confondues),
    Majoritairement,la population au lieu d’en jouir et de la préserver, fait les mauvais choix.Dans ces mauvais choix politiques j’inclu le vote FN,même si je le reconnais vos analyses des Européennes,Régionales expliquent en partie la baisse salutaire en 2015,des taux d’intérêts de la BCE.
    Mais la position d’UKparti du Brexit,hostile à la visite de Marine LePen,(pour cause d’image négative raciste) ainsi que les convulsions affairistes de Chatillon,JMLepen, et bisbilles avec Marion,et exOAS,disqualifient le FN ,non?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Mais la position d’UKparti du Brexit, hostile à la visite de Marine Le Pen, (pour cause d’image négative raciste) ainsi que les convulsions affairistes de Chatillon, JMLepen, et bisbilles avec Marion, et exOAS, disqualifient le FN, non?]

      Ca dépend de ce que vous appelez « disqualifier ». Lorsque l’électorat populaire vote FN, il se fout à mon avis de la position des partis eurosceptiques britanniques, des « affaires » de tel ou tel proche de Marine Le Pen et même, les derniers événements l’ont montré, des éructations de Jean-Marie Le Pen. Les ressorts de son vote ne sont pas là.

      Les « affaires » n’ont jamais disqualifié personne en France. Les français sont essentiellement pragmatiques, et sont prêts à pardonner beaucoup de choses au gouvernant qui se montre efficace. Tout le monde savait que les Médecin, les Balkany, les Mitterrand, les Chirac étaient des gens d’une honnêteté limitée, et pourtant ils ont tous été réélus. Et si Cahuzac avait été membre d’un gouvernement efficace et avait fait une politique soutenue par la majorité des français, on lui aurait volontiers pardonné ses comptes en Suisse.

  5. Gugus69 dit :

    (5) Mais je dois à la vérité d’avouer que j’avais eu beaucoup de mal en 2011 à croire à l’avenir de François Hollande. Comme quoi…
    Ben moi aussi, ami et camarade… et nous avions raison : Hollande n’a aucun avenir politique. En 2011, c’est l’anti-sarkozisme qui avait de l’avenir. Et Hollande ne l’a incarné, rappelez-vous, que par substitution. L’anti-sarkozisme était certes une vague puissante. Mais pour autant, Hollande n’était pas un surfeur ; il était un surf… Échoué sur la plage, il n’a plus bougé.

    • Descartes dit :

      @Gugus69

      [et nous avions raison : Hollande n’a aucun avenir politique.]

      Aujourd’hui, peut-être. Mais en 2011, nous avions tort: il a été élu président de la République…

    • Mathieu dit :

      J’aimerais me tromper mais j’ai tendance à penser que l’essentiel de la force de François Hollande réside dans le fait qu’on l’a toujours sous-estimé et jamais vu venir. Il est nul, certes, mais combien de fois est-il “mort” politiquement, déjà ? J’en viens parfois à me demander si même sa gaucherie, ses bourdes, ses gaffes à répétition, ses frasques minables ne le servent pas, paradoxalement.
      Je crois que Sarkozy disait de Chirac quelque chose du genre “on le croit assez bête et très gentil alors que c’est l’inverse : il est très intelligent et très méchant”. Je pense que ça s’applique aussi à Hollande (par solidarité corrézienne ? Il y aurait d’ailleurs d’autres similitudes).
      Ce serait dommage qu’il réussisse encore à nous étonner en 2017…

    • Descartes dit :

      @ Mathieu

      [J’aimerais me tromper mais j’ai tendance à penser que l’essentiel de la force de François Hollande réside dans le fait qu’on l’a toujours sous-estimé et jamais vu venir.]

      Je ne crois pas. Je pense que la force de François Hollande vient du fait qu’il a toujours su partager le gâteau et donner à chaque courant du PS sa part. Même Mélenchon a raconté comment il se réunissait avec Hollande, alors premier secrétaire du PS, pour « arranger » les votes de congrès de manière que son courant soit correctement représenté. Hollande a gagné la primaire parce que les « éléphants » ont eu peu d’Aubry. Avec elle, tous les beaux postes auraient été trustés par les aubrystes. Avec Hollande, chacun savait qu’il aurait sa part. Et d’ailleurs, Hollande a tenu parfaitement parole. Chaque courant du PS a eu droit à ses ministres…

      [Il est nul, certes, mais combien de fois est-il “mort” politiquement, déjà ?]

      Jamais, à ma connaissance.

  6. Marcailloux dit :

    @ Descartes
    Bonjour,
    [Dans le contexte actuel, j’avoue avoir beaucoup de mal à croire à l’avenir de Macron (5).]
    La force de Macron ne réside que dans la faiblesse de ses opposants.
    Les Français sont désabusés, une partie d’entre eux envisage sans conviction d’ «essayer» le FN comme on le ferait d’une paire de basket, les seuls homologues qui se présentent à droite sont Lemaire dont le charisme n’entraine que ses proches groupies et NKM figure emblématique de la petite bourgeoise dévergondée.
    La possible chance de Macron est l’épuisement des Français en matière de conviction, de vision réaliste d’un avenir qu’ils renoncent à construire, de capacité à analyser et à adopter un programme politique susceptible d’infléchir plus qu’à la marge les maux de la société française.
    Dans cette bataille des individualités qui se profile, je me demande si un Dupont Aignan ne serait pas susceptible de tirer son épingle du jeu. Les partis n’étant plus ou presque, la porte de l’aventure individuelle est entrouverte et à ce jeu, Dupont Aignan présente un profil qui n’a rien à envier à ses adversaires. Etre élu maire plusieurs fois de suite avec une écrasante majorité est un argument qui, à mes yeux, est loin d’être négligeable. De plus, on ne peut le taxer de girouette. La crise européenne qui se prépare probablement ne peut que renforcer son discours et sa position pour le moins dénuée d’ambiguïté. Et puis, il y a l’imprévisible incidence d’internet qui est devenue une variable incontournable de toute campagne, et qui ne favorise probablement pas des institutions figées telles que sont les partis traditionnels.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [La force de Macron ne réside que dans la faiblesse de ses opposants.]

      Je ne sais pas si Macron est si « fort » que ça. Un homme politique n’est pas « fort » simplement parce que les médias parlent de lui et que sa femme passe dans Paris-Match.

      [Dans cette bataille des individualités qui se profile, je me demande si un Dupont Aignan ne serait pas susceptible de tirer son épingle du jeu. Les partis n’étant plus ou presque, la porte de l’aventure individuelle est entrouverte et à ce jeu, Dupont Aignan présente un profil qui n’a rien à envier à ses adversaires.]

      Je pense que vous – et vous n’êtes pas le seul – enterrez les partis politiques un peu vite. Pour le moment, aucune « aventure individuelle » n’a abouti à quoi que ce soit de tangible au niveau national. On a beau broder sur la mort des partis politiques, mais le fait est que les électeurs continuent à bouder les « ovnis » politiques. Election après élection, les listes « associatives » ou « citoyennes » qui n’ont pas un parti politique derrière se cassent la gueule.

      [Etre élu maire plusieurs fois de suite avec une écrasante majorité est un argument qui, à mes yeux, est loin d’être négligeable.]

      Je ne crois pas qu’on puisse dire que NDA n’a pas de parti. C’est d’ailleurs un homme de parti, d’abord au RPR, puis au RPF et à l’UMP, pour finir par créer son propre parti. A ma connaissance, il ne s’est jamais placé « en dehors des partis ». Difficile donc de le ranger dans la catégorie des « égo-politiciens ». Le problème de NDA est qu’il pèche lui aussi dans un marigot très petit, celui du souverainisme des classes moyennes. Pour élargir son électorat, il lui faudrait aller disputer l’électorat populaire au FN, et il n’a pour cela ni le discours, ni les forces.

  7. Gérard Couvert dit :

    “Macron veut faire de nous des Allemands, Mélenchon des Vénézueliens, Royal des Suédois.” Je ne sais combien de lecteurs seront sensibles à cette phrase dont le sens et la formulation paraissent un peu primitifs, pourtant lorsqu’on en prolonge les effets elle explique bien des choses essentielles.

    • Vincent dit :

      @ Descartes

      [En fait, lorsqu’on comprend la logique, on se rend compte que tout ça c’est un jeu, une sorte de karaoké politique.]

      Plus que leur site, j’ai été influencé par l’interview de M. Alexandre Jardin sur l’émission “Zemmour et Naulleau”. Il était assez horripilant à toujours parler d’action, et de toujours ramener tout au seul critère de : pour demander à ce qu’on vote pour vous, donnez la liste des actions concrètes que vous avez déjà menées.
      C’est avec ce sous-entendu qu’il faut comprendre ma 1ère intervention.
      C’est donc bien un jeu de karaoké politique, mais qui, du moins d’après ce qu’expliquait ce Monsieur, est basé non pas sur sa bobine et sa vision pour la France (des 2 ou 3 que j’ai regardés, aucun n’expose de vision pour la France.), mais sur ses engagemens associatifs passés, sur les responsbilités prises au niveau associatif, etc.

      [tout le monde peut être politicien. A condition de le vouloir. Ceux qui « n’ont jamais fait de politique » le veulent-ils ?]

      C’est une bonne question, mais qui en appelle surtout une autre : que veut dire “faire de la politique” :

      1. exercer un poste de pouvoir et de direction (au delà du simple aspect rémunérateur) ? On est pas très loin d’un travail de “manager” dans des grandes entreprises privées.

      2. s’engager dans un métier plus ou moins rémunérateur, fait d’intrigues et de relations, dont l’objectif est de grimper dans la hiérarchie et/ou de maximiser les revenus ? On est alors pas très loin d’un travail de lobbyiste / avocat d’affaires (question revenus), ou d’un engagement associatif, tel que certains le concoivent (grimper dans la hiérarchie)

      3. avoir une démarche intellectuelle d’analyse de l’état et des enjeux auxquels la population est confrontée, et proposer une philosophie et une orientation générale quand aux décisions à prendre ? On est pas très loin d’un philosophe, d’un économiste, d’un sociolologue, etc.

      4. passer à la télévision et dans les journaux ? On est pas très loin d’un artiste / présentateur télé / acteur /sportif / humoriste…

      Je crois que, si on regarde les hommes politiques, surtout dans les partis de gouvernement, ils sont tous plus ou moins sur une ou plusieurs de ces cases (je mettrais par ex Macron sur le 1, Chevènement sur le 3, Bachelot ou Douillet sur le 4, toute une floppée d’assitants parlementaires sur le 2).

      Pour revenir à votre réponse : S’agissant de ces “primaires citoyennes”. Ce sont des personnes, qui, manifestement, veulent faire de la politique (sinon, ils ne se présenteraient pas). Mais on leur demande, si j’ai bien compris, de n’être en lien avec aucun parti politique, et de ne pas avoir trop d’orientation politique claire.
      Et on leur demande aussi d’avoir eu des engagements et des responsabilités importantes au niveau associatif, ce qui est un peu incompatible avec le fait d’avoir cherché à avoir un poste où il y a un pouvoir réel à exercer (puisque l’on a pas le temps, à la fois de chercher à exercer des responsabilités professionnelles, et de s’investir dans une association).

      Donc on leur demande d’être restés éloignés des catégories n°1 et n°3. Ce qui laisse la place aux profils n°2 et 4… Ce qui ne serait aucunement une révolution (Hollande ou Sarko, par exemple, sont de très bons exemples de mélanges des profils 2 et 4…)

      Bref, là où les partis de gouvernement essayent de nous vendre leur “compétence”, dans le sens managerial (y compris aujourd’hui le FN), c’est à dire des personnes qui sont sur le profil n°1, les “primaires citoyennes” essayent de nous vendre des personnes qui, par élimination, seront sur les profils n°2 et 4.

      Je préfèrerais, quand à moi, voir quelqu’un plutôt sur le profil n°3.

      Peut être comprendrez vous mieux ainsi ma critique de cette initiative : En ne sélectionnant que des personnes qui ont une ambition politique, mais qui ont pour l’instant cherché à l’exercer en dehors du milieu politique, cela revient à supprimer toute possibilité de renouer avec l’intelligence de la chose politique, c’est à dire ce qui devrait en être le cœur.

      Selon moi, votre réponse résulte du fait que j’ai utilisé le terme de “compétence” pour décrire le fait de réfléchir, d’analyser, et de poser correctement les problèmes (n°3), alors qu’on y entend habituellement la compétence managériale (n°1).

      [Justement, ce qui sépare De Gaulle des « égo-politiciens » est que De Gaulle le politique n’a jamais joué sur l’ambiguïté et le consensus. Plutôt le contraire : son image est celle d’une personne intransigeante.]

      Oui. C’est vrai. Et cet aspect (image intransigeante plutôt que consensuelle) ne rentre pas dans ma grille d’analyse.
      Quoique… l’ambiguïté est plutôt une caractéristique des “louvoyeurs” (profil n°2), et la clarté une caractéristique des profils n°3…
      D’ailleurs, de Gaulle rentre assez bien dans mes profils 3 /1 / 4 (dans l’ordre).
      – n°1, puisqu’il aspirait clairement à prendre la direction des choses, à toutes les périodes de sa vie.
      – n°3, no comment, sa produciton livresque parle pour lui,
      – n°4 : il faut admettre qu’il ne répugnait pas du tout à se mettre en scène, et tenait à son “image de marque”.

      Le plus important pour moi est qu’il rentre bien avant tout dans la catégorie 3, qui me semble être la base pour pouvoir être un bon dirigeant…

      Et c’est là que je formule ma principale critique contre cette initiative…

    • Vincent dit :

      Merci pour la réponse…

      [Alors que le politicien classique est désigné candidat par le vote de ses camarades de parti, l’égo-politicien se désigne lui-même. D’où le parallèle.]

      Sur ce point, j’avais compris cela. Ce que je n’avais pas compris, c’est le “et le parallèle n’est pas fruit du hasard”…

      Voyez vous une similitude de pensée ou d’autre chose entre Lacan et les ego-politiciens ? (à part justement qu’ils s’autorisent eux mêmes ?)

      D’ailleurs, pour l’anecdote, celui qui s’est réellement autorisé lui même à 100% était Freud, qui s’est fait son autopsychanalyse, alors que tous les successeurs, Lacan compris, ont du suivre une psychanalyse avant de pouvoir prétendre l’être.

      La grosse inovation de Lacan, en la matière, et pour autant que je sache, est qu’il a décidé d’ouvrir la psychanalyse à des personnes qui n’étaient pas du tout du champ médical ou de la santé mentale. Et que, en désaccord sur ce point (et sur la durée des scéances), il a décidé de se passer de l’agrément de l’association des psychanalystes, pour créer son association concurrente…

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [« tout le monde peut être politicien. A condition de le vouloir. Ceux qui « n’ont jamais fait de politique » le veulent-ils ? C’est une bonne question, mais qui en appelle surtout une autre : que veut dire “faire de la politique” :]

      Bonne contre-question. Si l’on s’en tient à l’origine du mot, faire de la politique, c’est s’engager dans les affaires de la cité. Je dirais que c’est consacrer une part important de son temps et de ses moyens à travailler pour les affaires de la cité.

      [1. exercer un poste de pouvoir et de direction (au delà du simple aspect rémunérateur) ? On est pas très loin d’un travail de “manager” dans des grandes entreprises privées.]

      Cela dépend de la nature du « pouvoir » en question. Le pouvoir d’un directeur ou d’un chef de service est un pouvoir d’organisation, et en ce sens semblable au pouvoir d’un manager dans une entreprise privé, même si le sens et les objectifs de son action ne sont pas les mêmes. Mais cela n’a rien à voir avec la politique : un haut fonctionnaire, un préfet, un directeur d’administration ne sont pas des « politiques ». Le politique, c’est celui qui détient le pouvoir de fixer les objectifs, là où l’administrateur n’a qu’un pouvoir d’organiser les moyens.

      [2. s’engager dans un métier plus ou moins rémunérateur, fait d’intrigues et de relations, dont l’objectif est de grimper dans la hiérarchie et/ou de maximiser les revenus ? On est alors pas très loin d’un travail de lobbyiste / avocat d’affaires (question revenus), ou d’un engagement associatif, tel que certains le concoivent (grimper dans la hiérarchie)]

      Il n’y a là rien de « politique ». Une telle personne s’occupe de ses affaires, pas de ceux de la cité.

      [3. avoir une démarche intellectuelle d’analyse de l’état et des enjeux auxquels la population est confrontée, et proposer une philosophie et une orientation générale quand aux décisions à prendre ? On est pas très loin d’un philosophe, d’un économiste, d’un sociolologue, etc.]

      Justement, c’est là toute la différence : un philosophe, un économiste, un sociologue parlent au nom de la science. Leur recherche est en dernière instance la recherche du juste, du vrai, du beau. Un politique se fout de ces concepts. S’il propose une politique, c’est parce qu’il estime qu’elle va dans l’intérêt de la cité. Pas parce qu’elle est « juste » ou « vraie ».

      [Je crois que, si on regarde les hommes politiques, surtout dans les partis de gouvernement, ils sont tous plus ou moins sur une ou plusieurs de ces cases (je mettrais par ex Macron sur le 1, Chevènement sur le 3, Bachelot ou Douillet sur le 4, toute une floppée d’assitants parlementaires sur le 2).]

      Je ne prendrai que le cas de Chevènement, que j’ai l’honneur de connaître un peu. Tout au long de sa carrière, il ne s’est pas contenté d’une démarche analytique, d’une position d’observateur. Il a mis les mains dans le cambouis. Il a cherché à réaliser son discours. Qu’il n’ait réussi que partiellement ne retire en rien au fait qu’il a essayé. D’autres personnalités sont elles aussi allés au pouvoir pour réaliser tel ou tel projet. Pensez a Newirth et la contraception, à Badinter et l’abolition de la peine de mort. Bien sur, il y a des « faux politiques » qui vont dans le métier pour faire de l’argent ou passer à la télé. Mais à ce titre, il y a aussi des « faux chirurgiens »…

      [Pour revenir à votre réponse : S’agissant de ces “primaires citoyennes”. Ce sont des personnes, qui, manifestement, veulent faire de la politique (sinon, ils ne se présenteraient pas).]

      Je ne comprends pas votre raisonnement. Le fait qu’ils se présentent prouve tout au plus qu’elles ont envie de se présenter, d’avoir leur photo dans le site. Cela ne prouve en rien qu’elles aient envie de « faire de la politique ». D’ailleurs, est-ce qu’elles savent en quoi cela consiste de « faire de la politique » ? Tiens, imaginez-vous qu’une bonne fée se présente chez chacun de ces « candidats » et leur dise « d’un coup de ma baguette, je peux faire de toi le président de la République. Demain, tu déménages à l’Elysée et tu gouvernes la France pendant cinq ans ». Combien à votre avis accepteraient ? Je parie que pas un sur cent !

      [Et on leur demande aussi d’avoir eu des engagements et des responsabilités importantes au niveau associatif, ce qui est un peu incompatible avec le fait d’avoir cherché à avoir un poste où il y a un pouvoir réel à exercer (puisque l’on a pas le temps, à la fois de chercher à exercer des responsabilités professionnelles, et de s’investir dans une association).]

      Pourquoi dites vous ça ? J’ai fait les deux, et je peux vous dire que je m’en porte très bien.

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Voyez vous une similitude de pensée ou d’autre chose entre Lacan et les ego-politiciens ? (à part justement qu’ils s’autorisent eux mêmes ?)]

      Si j’avais écrit que le parallèle avec le psychanalyste n’est pas un hasard, c’est effectivement que l’égo-politique se construit plus sur les rapports à l’inconscient que sur la bonne vieille rationalité politique. L’égo-politicien se construit sur un rapport de séduction, pas sur rapport de conviction.

  8. Vincent dit :

    Bonjour,

    Je vous remercie pour votre nouvel article…

    Mon manque de culture m’a empéché de comprendre quelques allusions dans l’article… Serait il possible de les expliciter mieux ?

    “S’autorisant de lui-même – comme l’analyste selon Lacan, et le parallèle n’est pas fruit du hasard – “

    ==> Je ne comprends pas l’allusion à Lacan dans ce paragraphe…

    “Pour paraphraser Rousseau, les hommes sont par nature bons et ce sont les institutions qui les pervertissent, les séparent, les bloquent”

    ==> Serail il possible d’avoir la citation originale de Rousseau ?

    “« lever les freins qui s’opposent à notre bonheur », pour reprendre une formule célèbre ?”

    ==> Je ne vois pas à quelle formule il est fait allusion…

    Enfin, l’idée générale de l’article, et cette phrase en particulier :
    “Car la démocratie, par définition, est le régime anti-consensuel par excellence”,
    m’ont rappelé cette définition de la démocratie, attribuée à Paul Ricœur :

    «Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage».

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Mon manque de culture m’a empêché de comprendre quelques allusions dans l’article… Serait il possible de les expliciter mieux ?]

      Bien entendu. Suffit de demander…

      [« S’autorisant de lui-même – comme l’analyste selon Lacan, et le parallèle n’est pas fruit du hasard » ==> Je ne comprends pas l’allusion à Lacan dans ce paragraphe…]

      La question posée en psychanalyse est depuis longtemps de savoir qui peut se dire psychanalyste. Un médecin ne peut se dire tel que s’il est reconnu par la faculté – c’est-à-dire globalement par ses pairs. Les analystes freudiens soutenaient une position semblable à celle reconnue en médecine : nul ne peut se dire psychanalyste s’il n’est pas reconnu en tant que tel par ses pairs, ce qui suppose l’existence d’un ordre avec un pouvoir disciplinaire. Lacan, lui, avait pris une position radicalement contraire : l’analyste pour lui s’autorise de lui-même, en d’autres termes, il suffit de se proclamer analyste pour l’être.

      L’égo-politicien est un peu dans la même situation. Alors que le politicien classique est désigné candidat par le vote de ses camarades de parti, l’égo-politicien se désigne lui-même. D’où le parallèle.

      [« Pour paraphraser Rousseau, les hommes sont par nature bons et ce sont les institutions qui les pervertissent, les séparent, les bloquent » ==> Serail il possible d’avoir la citation originale de Rousseau ?]

      « L’homme est naturellement bon et c’est la société qui le déprave. » (« Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes », 1755). J’ajoute que je préfère largement à la vision de Rousseau celle de Hobbes, qui me paraît nettement plus réaliste…

      [« lever les freins qui s’opposent à notre bonheur », pour reprendre une formule célèbre ? ==> Je ne vois pas à quelle formule il est fait allusion…]

      Il s’agit du premier couplet de l’Internationale dans sa version espagnole : « Removamos todas las trabas/que nos impiden nuestro bien,/ cambiemos el mundo de base/hundiendo al imperio burgués ». Oui, je sais, c’est une référence obscure, mais j’aime bien de temps en temps jouer aux devinettes…

      [Enfin, l’idée générale de l’article, et cette phrase en particulier : “Car la démocratie, par définition, est le régime anti-consensuel par excellence”, m’ont rappelé cette définition de la démocratie, attribuée à Paul Ricœur : (…)]

      Tout à fait. C’est exactement la même idée. L’unité de pensée (qu’il ne faut pas confondre avec l’unité d’action) est l’idéal des dictatures. Il ne peut être l’idéal d’une démocratie. C’est pourquoi j’ai toujours pensé que le « centralisme démocratique » communiste portait bien son nom. Le militant communiste était tenu d’AGIR dans la « ligne » du Parti, mais il n’était pas tenu de PENSER en fonction d’elle.

  9. BolchoKek dit :

    Cet article est absolument fantastique.
    Par ailleurs, tu as piqué mon intérêt avec la citation de Cortazar, même si j’ai l’impression que la traduction fait perdre beaucoup.
    J’ai découvert la littérature sud-américaine il y a peu, et je dois dire que jusque là Vargas-Llosa et Borges m’ont vraiment impressionné. J’aimerais bien découvrir Cortazar, quelle première lecture conseillerais-tu ?

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [Par ailleurs, tu as piqué mon intérêt avec la citation de Cortazar, même si j’ai l’impression que la traduction fait perdre beaucoup.]

      « Traduttore, traditore… ». Oui, c’est un grand privilège que de pouvoir lire un auteur dans sa langue originale.

      [J’ai découvert la littérature sud-américaine il y a peu, et je dois dire que jusque là Vargas-Llosa et Borges m’ont vraiment impressionné.]

      Je ne suis pas un fan de Vargas-Llosa. Dans le style baroque latino-américain, je préfère Gabriel Garcia Marquez (lis « L’automne du Patriarche » ou « Cent ans de solitude », ça vaut la peine). Borges, par contre, est pour moi l’un des plus grands écrivains de tous les temps. Que ce soit sa poésie ou sa prose.

      [J’aimerais bien découvrir Cortazar, quelle première lecture conseillerais-tu ?]

      Si tu veux un roman, je dirais « Marelle » (« Rayuela » dans l’original espagnol) ou « 62 Maquette à monter » (« 62 Modelo para armar »). Les deux sont fortement influencés par le surréalisme. Mais ce que je préfère chez lui, ce sont les nouvelles. Et là, je crois que seule une petite partie est traduite…

  10. J’ai été assistant parlementaire pendant 8 années. 8 années à apprendre la politique au niveau de l’Etat. Je ne sais pas si Descartes est un frustré ou quoi, mais il devrait arrêter de s’acharner sur cette profession. Comme il y a de bon boucher, il doit y en avoir des mauvais, mais est-ce une raison pour mettre tout le monde dans le même sac ?
    S’agissant de l’égo-politicien, j’ai un égo, tout le monde en un je l’espère. Mais est-ce de l’égocentrisme ? Cela fait une différence. Toujours est-il que j’ai proposé ma candidature pour l’Elysée, dans une vidéo et sur mon blog. C’est la vie politique qui se poursuit.

    • Descartes dit :

      @ Gauthier Weinmann

      [J’ai été assistant parlementaire pendant 8 années. 8 années à apprendre la politique au niveau de l’Etat. Je ne sais pas si Descartes est un frustré ou quoi, mais il devrait arrêter de s’acharner sur cette profession.]

      Je ne m’acharne pas sur cette profession, fort honorable par ailleurs. J’aime beaucoup les assistants parlementaires. Mes meilleurs amis ont été assistants parlementaires. Ce que je critique, c’est un système qui fait du poste d’attaché parlementaire le marchepied pour les fonctions politiques. Car ce système fabrique des politiciens qui rentrent très jeunes dans le milieu politique et qui y restent sans jamais avoir un contact avec le monde réel, celui de monsieur et madame tout le monde. Pour ne prendre qu’un exemple : Maurice Thorez a été mineur, Jacques Duclos a été boulanger, Waldeck-Rochet a été professeur, Georges Marchais a été ouvrier, Robert Hue a été infirmier. Tous ont exercé un métier, se sont farcis un patron, ont adhéré à un syndicat, ont fait grève. Marie-George Buffet et Pierre Laurent ont fait toute leur carrière au PCF, dans des postes de cabinet d’élus ou de permanent. Cela ne donne pas la même profondeur humaine, la même compréhension de la politique. Et vous trouvez le même phénomène dans les autres partis.

      [S’agissant de l’égo-politicien, j’ai un égo, tout le monde en un je l’espère. Mais est-ce de l’égocentrisme ? Cela fait une différence.]

      Relisez bien : le propre de l’égo-politicien n’est pas d’avoir un égo. Tout le monde – sauf les malades mentaux – en a un. Ce qui est propre à l’égo-politicien, c’est le fait de s’autoriser de lui-même, sans avoir à passer par le jugement d’un collectif.

      [Toujours est-il que j’ai proposé ma candidature pour l’Elysée, dans une vidéo et sur mon blog.]

      Vous êtes donc un égo-politicien. Toutes mes félicitations.

    • Gautier Weinmann dit :

      Sauf que qui décide ce qu’est un “vrai” métier et ce qui n’en est pas ? Qu’est-ce que le “monde réel” ? Les Députés ne sont pas réels ? Et le secrétariat général du Gouvernement, c’est réel ? Après tout, il y a toujours des fonctionnaires pour rédiger les projets de loi. Sont-ils réels ?

      Les métiers “politiques” sont-ils si rares que cela ? Avec 36 000 communes et autant de DGS, pensez-vous que les métiers administratifs, à la frontière de la “politiques”, soient si rares que cela ? Non. Il y a des village où il n’y a plus de boulangerie. Mais il reste une mairie avec son secrétaire…

      Donc, assistant parlementaire n’est pas un métier ? C’est quoi ? Une occupation ? Quand vous avez 150 mails à traiter dans la journée, des discours à préparer, des amendements, un site Internet à actualiser, ce n’est pas un vrai travail ? Quand vous avez un employeur, à partir du moment où il est Député, ce n’est pas un “patron” ? Eh bien si. Et vous savez très bien que le rapport de forces et de subordination est encore plus dur que dans bien des entreprises. Vous pouvez aussi faire grève quand vous êtes assistants parlementaires : ce n’est pas interdit et c’est ce que je faisais. Le droit du travail s’applique.

      Je m’autorise mon projet de candidature. Faudrait-il que je demande l’autorisation ? Mais ça reste un projet. Je le soumets aux camarades. C’est donc un égo, vous avez bien dit que tout le monde en a, mais bien plus : c’est un engagement. Quand je me suis engagé dans le PCF, j’ai proposé à quelqu’un, j’ai demandé ? Non. J’ai pris. Maintenant, les camarades décident. Mais un engagement est TOUJOURS le fruit d’une décision individuelle. C’est VOTRE décision. Tout dépend du processus collectif que cela sert et dans quel cadre cela se construit. Je devrais proposer ma candidature par courriel à tous les membres de la direction au préalable ? Et pourquoi pas à tous les militants, auparavant ? Réfléchissez… C’est impossible. Je n’ai pas leurs coordonnées et nous aboutirions à un processus indéterminé. Je ne me sens donc en rien un “égo-politicien”. Je suis par contre un homme politique : quelqu’un qui entend défendre des convictions, y compris si j’ai mon nom sur le bulletin de vote.

    • Descartes dit :

      @ Gautier Weinmann

      [Sauf que qui décide ce qu’est un “vrai” métier et ce qui n’en est pas ?]

      Je ne sais pas, je n’ai jamais parlé de « vrais » ou « faux » métiers. Mais peut-on dire que assistant parlementaire soit un « métier » ? Je ne le pense pas, de la même manière qu’on ne peut dire que cambrioleur ou ambassadeur soient des « métiers ». Un « métier » implique une qualification, une progression de carrière. « Diplomate » est un métier, « ambassadeur », non.

      [Qu’est-ce que le “monde réel” ?]

      Celui où se manifestent les rapports matériels, bien entendu.

      [Les Députés ne sont pas réels ? Et le secrétariat général du Gouvernement, c’est réel ? Après tout, il y a toujours des fonctionnaires pour rédiger les projets de loi. Sont-ils réels ?]

      Les députés sont réels, au sens qu’ils existent matériellement. Mais on ne peut pas dire qu’ils vivent dans le monde réel dès lors qu’ils ne sont pas soumis aux rapports économiques. Le monde politique est pour une large part irréel. Je n’ai pas beaucoup fréquenté le secrétariat général du gouvernement, mais j’imagine qu’il est composé de fonctionnaires qui vivent dans un monde de contraintes matérielles : ils ont un chef de service sur le dos, ils doivent se battre s’ils veulent une augmentation de salaire, ils se syndiquent et même font de temps en temps grève. Quand avez-vous pour la dernière fois entendu parler d’une grève de députés ?

      [Les métiers “politiques” sont-ils si rares que cela ? Avec 36 000 communes et autant de DGS, pensez-vous que les métiers administratifs, à la frontière de la “politiques”, soient si rares que cela ? Non.]

      Mais les métiers administratifs sont parfaitement « réels ». Les fonctionnaires qu’ils soient d’Etat ou des collectivités sont soumis aux rapports matériels. Encore une fois, j’ai vu les fonctionnaires se mettre en grève pour obtenir des augmentations de salaire, de meilleures conditions de travail, ou même le départ d’un chef qui les maltraite. Je n’ai jamais vu les députés, les maires, les conseillers municipaux se mettre en grève.

      [Donc, assistant parlementaire n’est pas un métier ? C’est quoi ? Une occupation ?]

      Une activité militante. Mais pas un métier. Si c’était un métier, le fait de les recruter en fonction de leurs idées politiques constituerait une discrimination professionnelle prohibée par la loi. C’est un peu comme les curés. Diriez-vous que curé est un « métier » ?

      [Quand vous avez 150 mails à traiter dans la journée, des discours à préparer, des amendements, un site Internet à actualiser, ce n’est pas un vrai travail ?]

      C’est certainement beaucoup de travail. Mais ce n’est pas pour autant un métier ou une profession.

      [Quand vous avez un employeur, à partir du moment où il est Député, ce n’est pas un “patron” ? Eh bien si.]

      Eh bien non. Parce que, contrairement à un patron ordinaire, vous partagez avec votre Député une idéologie, un projet, des objectifs. Votre activité est d’abord une activité militante, et non une activité économique, même si vous vous faites payer parce qu’il faut bien vivre. Et ce n’est pas la même chose de travailler pour une cause que de travailler pour la croute.

      [Et vous savez très bien que le rapport de forces et de subordination est encore plus dur que dans bien des entreprises. Vous pouvez aussi faire grève quand vous êtes assistants parlementaires : ce n’est pas interdit et c’est ce que je faisais. Le droit du travail s’applique.]

      Enfin… pas tout à fait. Le droit du travail interdit la discrimination en fonction des opinions politiques. Pourtant, il est extrêmement rare qu’un parlementaire recrute un assistant parlementaire qui ne soit pas de son bord. Une coïncidence, peut-être ?

      Le rapport de forces et de subordination peut être très dur entre l’assistant parlementaire et son employeur, c’est certain. Mais il n’est pas de même nature que celui qui lie le travailleur salarié à son patron. Or, l’immense majorité des français s’inscrit dans ce dernier type de rapport. Et c’est pourquoi l’expérience d’attaché parlementaire ne donne pas une expérience vitale de même nature que celle que peut donner l’exercice d’un métier.

      [Je m’autorise mon projet de candidature. Faudrait-il que je demande l’autorisation ? Mais ça reste un projet. Je le soumets aux camarades.]

      Alors ce n’est pas votre « candidature » que vous autorisez, c’est votre « candidature à la candidature ». Et vous acceptez de vous subordonner à leur choix. Vous n’êtes donc pas un « égo-politicien ».

      [Quand je me suis engagé dans le PCF, j’ai proposé à quelqu’un, j’ai demandé ? Non. J’ai pris.]

      Non, vous avez demandé. Je vous rappelle que l’adhésion n’est pas un droit, et qu’elle est soumise à l’accord du Parti – à l’époque de votre adhésion, cela se décidait en cellule.

      [Maintenant, les camarades décident. Mais un engagement est TOUJOURS le fruit d’une décision individuelle. C’est VOTRE décision.]

      Je crois que vous confondez deux choses. L’engagement est un choix individuel. Mais une candidature « au nom de quelqu’un » n’est pas seulement un « choix ». C’est un acte de représentation. Et un acte de représentation demande pour le moins l’accord des représentés. Quand Mélenchon se dit « candidat de la France insoumise », il n’a rien demandé aux « insoumis » avant de se prétendre leur candidat. Quand Marchais se présentait comme « candidat communiste », il avait au préalable demandé aux communistes de l’investir.

    • Bruno dit :

      @ Descartes

      Le témoignage de Gautier est intéressant, même si je valide votre analyse Descartes, pensant qu’il est nécessaire d’avoir pratiqué un métier pour posséder la profondeur et l’expérience nécessaires à l’exercice des fonctions politiques.

      Politisé depuis longtemps, j’ai moi-même eu l’opportunité de devenir chef de cabinet du maire d’une ville moyenne de la région parisienne. Ce n’est pas la même chose qu’assistant parlementaire, mais ça reste une activité éminemment politique, pas un “métier”. J’ai hésité, puis finalement, j’ai opté pour un début de carrière dans une entreprise privée, sans lien direct avec le politique. Je ne voulais pas ressembler à ceux que je critique tant, qui n’ont jamais “travaillé” de leur vie et occupent parfois de hautes responsabilités. J’ai la prétention, un jour, d’apporter une compétence professionnelle propre à mon domaine en politique, pas seulement ma “belle gueule”.

      Je ne regrette pas mon choix, mais je crains qu’il me soit difficile de me lancer un jour dans le milieu sans avoir exercé une fonction “support”.
      Quand je regarde les principaux ministres, ou même soyons plus modeste, les députés, maires de grandes villes ou autres, il y a une proportion très importante d’ex porteurs de serviettes. En clair on a des parcours : UNEF-Associations diverses/Assistant (les moins brillants), haute fonction publique/Cabinet Ministériel (les besogneux) ou encore ceux de la “société civile”, et, bien entendu, les professeurs et certains fonctionnaires.

      Je ne dis pas qu’il faille avoir été dans le privé pour gouverner l’État, qui n’a rien d’une entreprise, mais je pense qu’avec le parcours auquel je me destine je vais avoir toutes les peine du monde à prendre les places de ceux qui ont fait d’une activité noble, leur gagne-pain… Que savent-ils faire d’autre pour beaucoup? Les professionnels de la politique ont “confisqué” le politique.

    • Descartes dit :

      @ Bruno

      [Je ne regrette pas mon choix, mais je crains qu’il me soit difficile de me lancer un jour dans le milieu sans avoir exercé une fonction “support”.]

      Probablement. Il vous faudra probablement un jour passer par la case « cabinet » si vous voulez aller vers de hautes responsabilités. Mais je ne suis pas sûr que d’y entrer très jeune soit vraiment un atout lorsqu’il s’agit de former un personnel politique ayant une véritable épaisseur sociale et humaine. Je pense qu’il est difficile de représenter un peuple qui dans son immense majorité vit dans un monde de rapports matériels alors qu’on vit soi-même dans un monde de rapports purement intellectuels. C’est d’ailleurs un peu vrai pour beaucoup de métiers intellectuels. Un chef d’orchestre, dont le « métier » est aussi un plaisir et une passion, peut-il vraiment comprendre le monde de l’ouvrier ou de l’employé qui ne travaille que pour gagner sa croûte ? J’ai mes doutes. J’ai un ami chercheur qui l’autre jour me disait ne pas pouvoir comprendre pourquoi les ouvriers défendaient tellement la retraite à 60 ans. Après tout, me dit-il, « moi j’ai 70 ans et je suis toujours aussi passionné par mon travail ». Et il était parfaitement sincère.

      [Quand je regarde les principaux ministres, ou même soyons plus modeste, les députés, maires de grandes villes ou autres, il y a une proportion très importante d’ex porteurs de serviettes.]

      Il est un peu normal que les hommes politiques aient été à un moment donné « porteurs de serviettes ». C’est dans l’ordre des choses, et ce « cursus honorum » existe dans toutes les activités. Beaucoup de réalisateurs de cinéma ont commencé comme opérateurs ou régisseurs, beaucoup de grands avocats ont commencé par assister un maître. Le problème à mon avis est l’âge et le parcours qu’on a au moment ou on commence à porter la serviette. Quand je vois un Bruno Julliard, fils d’une femme politique, qui a été successivement militant lycéen, militant étudiant, sous-marin du PS à l’UNEF, puis élu municipal, je me demande ce qu’il peut connaître de la vie d’un français moyen, qui va tous les jours bosser parce qu’il faut gagner son pain.

      [Je ne dis pas qu’il faille avoir été dans le privé pour gouverner l’État, qui n’a rien d’une entreprise, mais je pense qu’avec le parcours auquel je me destine je vais avoir toutes les peine du monde à prendre les places de ceux qui ont fait d’une activité noble, leur gagne-pain…]

      Je suis moins dur que vous. Dans un Etat moderne aussi complexe que le notre, la politique ne peut être une affaire d’amateurs. Lorsque Mme Michu devient ministre, c’est l’administration qui prend le véritable pouvoir parce qu’elle a le monopole de la compétence. La professionnalisation des politiques est donc une nécessité sauf à choisir de vivre dans une technocratie.

      Le problème pour moi est moins d’éviter la professionnalisation que de l’accompagner. Si on admet que la politique est un « métier », alors il faut que les gens qui s’y destinent soient proprement formés par l’exercer. Et il faut donc penser en quoi doit consister idéalement cette formation, et qui est à même de la fournir. Les partis politiques ont certainement un rôle à jouer, l’enseignement supérieur aussi. Mais il y a une expérience vitale de ce qu’est la France et les Français qui ne peut s’apprendre autrement que par l’expérience. De la même manière qu’on envoie les jeunes ingénieurs faire un stage ouvrier pour avoir une idée de ce qu’est le travail de l’ouvrier qu’il est censé encadrer plus tard, les politiques devraient faire une expérience véritable du monde des rapports matériels, pour savoir ce que c’est d’avoir un patron sur le dos, de subir la mauvaise humeur d’un chef, de négocier son salaire en position de faiblesse. Cela ne veut pas dire forcément un passage par le privé : on trouve cela aussi dans les entreprises publiques et dans les administrations. Mais cela veut dire avoir une expérience professionnelle dans un véritable rapport économique.

  11. Passant la semaine à Bordeaux, je lis la biographie de Montesquieu que le sieur Alain Juppé a trouvé le temps d’écrire (et qui, contre toutes attentes, s’avère un bon ouvrage). On y apprend une chose ou deux sur la ville, dont Montaigne a été maire 4 ans. Le même Montaigne dont vous avez par mégarde, cher Descartes, écorché le nom (paragraphe 4).

    Ne voulant pas poster pour si peu, ni me perdre en louanges sur votre dernier billet qui dissèque fort bien le marasme politique contemporain (vous auriez pu ajouter à votre liste le cas Donald Trump), je mettrais bien en regard ce passage:

    “L’égo-politicien n’est pas le défenseur de telle ou telle conception de l’Etat, de la société, du monde, pas plus qu’il ne prend parti pour tel ou tel intérêt. Il porte au contraire un message universel, une politique qui ne peut que bénéficier à tous.”

    Et ceci:
    “Celui qui veut quelque chose de grand doit, comme le disait Goethe, savoir se borner. Celui qui, par contre, veut tout, en fait ne veut rien et n’aboutit à rien.” (G.W.F Hegel, Encyclopédie des Sciences Philosophiques, La Science de la Logique, Traduction Bernard Bourgeois, Vrin, Paris, 1986, page 511)

    • Descartes dit :

      @ Johnathan R. Razorback

      [Le même Montaigne dont vous avez par mégarde, cher Descartes, écorché le nom]

      Aaargh! Je suis confus, vraiment. C’était une faute de frappe, mais j’ai horreur de déformer le nom des gens, particulièrement de gens dont j’apprécie tant le travail… L’erreur est maintenant corrigée.

      [vous auriez pu ajouter à votre liste le cas Donald Trump]

      Oui et non. Trump ne se place pas en dehors des partis. Au contraire, il soumet sa candidature à la procédure prévue par son parti. On ne peut donc pas le placer dans le camp des “égo-politiques”… même si son égo est considérable!

  12. Luxy Luxe dit :

    “En 1995, les citoyens avaient le choix entre l’honnête Jospin et l’escroc Chirac. Ils ont choisi l’escroc, et deux fois plutôt qu’une, parce qu’ils ont toujours préféré un escroc efficace au moraliste impuissant, et Jospin avait donné l’image de l’impuissance.”

    En 2012, les citoyens ont pris des vessies pour des lanternes et en 2017, ils voteront pour celui qui les convaincra qu’il est susceptible de faire ce qu’il annonce…

    Sinon, il manque un F majuscule à français dans la phrase “Personne parmi les égo-politiciens n’imagine que nous puissions continuer à être des français…” C’est un message subliminal ou l’influence du subconscient ?

    • Descartes dit :

      @ Luxy luxe

      [En 2012, les citoyens ont pris des vessies pour des lanternes et en 2017, ils voteront pour celui qui les convaincra qu’il est susceptible de faire ce qu’il annonce…]

      Je vous trouve bien optimiste. Je pense plutôt qu’en 2012 ils ont voté contre Sarkozy, pensant que rien ne pouvait être pire, et qu’ils se sont trompés. Et qu’en 2017 ils voteront là aussi le moins pire…

      [Sinon, il manque un F majuscule à français dans la phrase “Personne parmi les égo-politiciens n’imagine que nous puissions continuer à être des français…” C’est un message subliminal ou l’influence du subconscient ?]

      Une simple preuve d’ignorance, je le crains. Je n’ai jamais très bien su appliquer la règle qui vaut qu’on met une majuscule lorsque c’est un nom, et minuscule lorsque c’est un adjectif. Ou est-ce l’inverse ? Mais il doit y avoir quelque chose de subconscient, puisque j’ai bien mis les majuscules à « Suédois », « Vénézueliens » et « Allemands »…

  13. marc.malesherbes dit :

    vous écrivez:
    “une organisation ((le FN)) avec des vrais congrès, ou des lignes s’affrontent et le vote des délégués tranche.”

    il me semble que vous idéalisez un peu trop: Il est très ra re que dans les grands partis le vote des délégués soit déterminant.
    Il peut y avoir effectivement des lignes différentes parmi les dirigeants d’un grand partis, mais ce sont en général des batailles d’appareil ou les délégués servent de masse de manoeuvre qui entérinne le succès, ou l’échec de telle ou telle fraction, le congrés ayant été organisé (manipulé) par la fraction qui a gagné la bataille d’appareil. Un bel exemple est la victoire des Huistes … et tant d’autres.

    Comment se gagnent, se perdent les batailles d’appareil ? je ne sais pas trop. L’avantage décisif est à ceux qui tiennent la direction, et se confortent en faisant élire des “amis” pour tout renouvellement. Les “chocs” externes ou l’organisation d’une succession peuvent remettre en cause la pyramide ainsi construite.

    Il y a certes de rares cas ou la bataille d’appareil restant indécise, le congrès tranche effectivement.
    On pourrait peut-être citer le congrès de Tours ?

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [il me semble que vous idéalisez un peu trop: Il est très rare que dans les grands partis le vote des délégués soit déterminant.]

      Oui et non. Il est vrai qu’il est très rare qu’un vote des délégués rejette les propositions qui leur sont soumises. Mais cela tient aussi au fait que les directions évitent de soumettre au vote des propositions dont ils savent qu’elles seront rejetées. Et en ce sens, le vote « virtuel » des délégués est déterminant. Ainsi, par exemple, on peut dire qu’au congrès de Martigues c’est le vote des délégués qui a empêché le père UbHue de changer le nom du PCF, même si ce vote n’a jamais eu lieu…

      [Comment se gagnent, se perdent les batailles d’appareil ? je ne sais pas trop. L’avantage décisif est à ceux qui tiennent la direction, et se confortent en faisant élire des “amis” pour tout renouvellement. Les “chocs” externes ou l’organisation d’une succession peuvent remettre en cause la pyramide ainsi construite.]

      Il y a une dialectique bien plus complexe que ça. Ceux qui tiennent la direction ont certainement un avantage lorsqu’il s’agit de proposer des textes et de les faire voter. Mais ils savent aussi que s’ils abusent de cet avantage les militants et les élus refuseront d’appliquer les décisions ou claqueront la porte. Et le pouvoir d’une direction n’existe que dans la mesure où elle a des troupes à commander et que ces troupes obéissent. C’est pourquoi la logique interne d’un parti politique n’est pas la même que celle de l’Etat : contrairement aux citoyens, les militants d’un parti ne sont soumis à leurs directions que dans la mesure où ils le veulent bien.

      C’est pourquoi je pense que le PCF « marchaisien » était véritablement démocratique. Mais la démocratie passait plus par l’écoute dont la direction faisait preuve envers les militants que par les procédures formelles, largement cérémonielles.

  14. Benjamin dit :

    “Pourriez-vous citer une seule prise de position de Mélenchon qui puisse offenser un secteur de la « gauche radicale » ? Non, bien sur.”

    Sa position sur le nucléaire par exemple n’est-elle pas de nature à froisser le PCF ? Son attachement à la République, sa conception de la laïcité, son patriotisme revendiqué ou encore ses déclarations sur l’Allemagne ou Poutine ne font-ils pas régulièrement grincer des dents à Ensemble et au NPA, où il est souvent taxé de social – chauvinisme voire de nationalisme ? LO signe-t-elle pour une 6ème République ?.. Certes Mélenchon cherche avant tout à fédérer (ou plutôt à agréger) quitte à mettre les problèmes sous le tapis comme on l’a vu dans le cadre du Front de Gauche, mais son jacobinisme même tempéré de gauchisme ne me semble pas si consensuel que cela au sein de la gauche radicale.

    • Descartes dit :

      @ Benjamin

      [Sa position sur le nucléaire par exemple n’est-elle pas de nature à froisser le PCF ? Son attachement à la République, sa conception de la laïcité, son patriotisme revendiqué ou encore ses déclarations sur l’Allemagne ou Poutine ne font-ils pas régulièrement grincer des dents à Ensemble et au NPA, où il est souvent taxé de social – chauvinisme voire de nationalisme ?]

      Votre réponse m’a fait beaucoup réfléchir… Sur la question du nucléaire, il est facile de répondre : du temps ou le Petit Timonier cherchait à aligner le PCF derrière lui, il avait mis beaucoup d’eau dans son vin sur ce question, parlant d’un « grand débat national » sur la question, à l’issue duquel la décision serait prise par référendum. Ce qui était somme toute une position très consensuelle. Ce n’est que depuis que le PCF a été chassé du marigot dans lequel chasse Mélenchon que le langage s’est durci, tout en restant consensuel au niveau de la « vraie gauche ».

      Par contre, vous avez raison sur la question du « jacobinisme » de Mélenchon. Je n’avais pas pensé à cette question, ce qui montre encore une fois que lorsqu’on partage une idéologie, elle nous paraît tellement naturelle qu’on a du mal à se placer du point de vue de ceux qui ne la partagent pas. Il est vrai que vu du côté de LO, du NPA ou de certains gauchistes, le Républicanisme très « IIIème République » de Mélenchon fait grincer beaucoup de dents et provoque des commentaires fort peu amènes. De ce point de vue, on ne peut donc rattacher Mélenchon à la vision « consensuelle » qui était celle d’une Ségolène Royal ou d’un Macron.

  15. Koba dit :

    Les “égo-politiciens” ne sont pas tous à gauche, on en trouve aussi à droite par exemple Rama Yade. Je pense que ces “égo-politiciens” sont avant tout le reflet de ce que veulent les gens. Les gens sont de plus en plus hostiles à l’action collective, de plus en plus individualistes donc avoir une idole à aduler leur convient parfaitement. La démarche d’un Mélenchon de partir seul semble en tout cas porter ses fruits si on en croit les enquêtes d’opinions.

    • Descartes dit :

      @ Koba

      « Koba », c’est un pseudo lourd à porter…

      [Les “égo-politiciens” ne sont pas tous à gauche, on en trouve aussi à droite par exemple Rama Yade.]

      Bien entendu. Les prémisses de l’égo-politique se trouvent d’ailleurs plutôt au centre, là où traditionnellement la politique est la plus personnalisée.

      [Je pense que ces “égo-politiciens” sont avant tout le reflet de ce que veulent les gens. Les gens sont de plus en plus hostiles à l’action collective, de plus en plus individualistes donc avoir une idole à aduler leur convient parfaitement. La démarche d’un Mélenchon de partir seul semble en tout cas porter ses fruits si on en croit les enquêtes d’opinions.]

      Il y a de ça. Mais je pense que le succès de l’égo-politique tient surtout à la difficulté qu’ont les gens à gérer le désaccord et la contradiction. Dans une époque où le sectarisme est devenu dominant au point d’étouffer tout débat – car on n’accepte de débattre qu’avec ceux qui sont d’accord avec soi, comme le montre l’expulsion de Finkielkraut de la place de la République – la fiction d’une politique « raisonnable » qui serait consensuelle attire une partie des « classes moyennes », qui sont celles qui font l’opinion.

  16. luc dit :

    Une question qui me titille pour laquelle ,je me tourne vers vous cher Descartes.
    Pourquoi avoir choisi ce titre ‘Blog descartes’ et non ‘Blog Kant’?
    Kant est nettement plus populaire dans notre société depuis plusieurs siècles.
    ‘Cogito ergo sum’,cette citation de Descartes,élément déclencheur d’une réflexion personnelle,hors autant que possible d’emprise intellectuelle,est elle sortie ex nihilo,du cerveau de Descartes?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Pourquoi avoir choisi ce titre ‘Blog descartes’ et non ‘Blog Kant’?]

      C’est un clin d’œil à mes anciens camarades – qui se reconnaîtront. Là où je militais, à force de dire toujours qu’il fallait « faire les choses avec méthode », ou qu’il « fallait se donner une méthode », on avait fini par me surnommer « Descartes ». Mais bien entendu, je suis un grand admirateur de l’œuvre cartésienne,.

      [‘Cogito ergo sum’, cette citation de Descartes, élément déclencheur d’une réflexion personnelle, hors autant que possible d’emprise intellectuelle, est elle sortie ex nihilo, du cerveau de Descartes?]

      Bien sur que non. Les idées ne sortent jamais « ex nihilo », elles sont le résultat d’une évolution intellectuelle liée dialectiquement aux évolutions matérielles. Descartes fait partie des intellectuels qui commencent à se libérer de la chape de plomb de la scolastique et cherchent à séparer la pensée de la religion, la science de la théologie. Mais Descartes formalise cette pensée avec une acuité qui lui manquait jusqu’alors.

  17. Vincent dit :

    J’ai entendu une interview des “primaires citoyennes”.
    A priori, cela part d’une bonne idée et d’un bon constat : les politiques n’ont plus de compétence particulière, à part en communication, et donc, pourquoi pas remplacer une classe politique traditionnelle par des têtes nouvelles, qui n’ont jamais fait de politique.

    N’importe qui peut se présenter, en présentant seulement son nom, sa photo, la liste des actions et responsabilités associatives obtenues…

    Ce qui veut dire que les personnes qui seront désignées par ce processus de “primaires citoyennes” :
    – n’ont aucune idée pour le pays, ni aucune vision ou aucun projet à proposer. Ou, s’ils en ont, ils ne disent pas ce que c’est, et ce sera “surprise pour après l’élection”,
    – seront des personnes qui ont eu de jolis postes à responsabilité dans des associations. Mais pour ceux qui ont fréquenté un peu la vie associative ou syndicale, vous vous êtes sans doute aussi rendu compte qu’il s’agit bien souvent -comme en politique- d’un panier de crabes, ou ceux qui arrivent à des postes de présidence, de direction, n’y sont que parcequ’ils ont eu plus de volonté d’asseoir leur ambition personnelle.

    Au final, ce processus de primaires citoyennes nous donnera donc, exactement comme les partis politiques actuels, un vrai ego-candidat, tel que défini ici. Il sera :
    – avant tout mu par son narcissisme,
    – dénué de la moindre vision stratégique,
    – et donc, s’il devait arriver au pouvoir, incapable de devenir le “de Gaulle” dont on aurait besoin, et de changer quoi que ce soit à la politique actuelle.

    La comparaison avec de Gaulle est pertinente : Il avait certes une grande ambition personnelle, mais cette ambition transparaissait à travers sa production intellectuelle, sa capacité d’analyse et de raisonnement, son regard critique sur ce qui l’entourait. Pas sur sa capacité à se faire nommer ou élire président d’association, ou à tout faire pour plaire aux généraux et aller à l’avancement…

    S’il fallait choisir quelqu’un qui ne vient pas du tout du milieu politique, je préfèrerais largement, plutôt que d’élire parmi des responsables d’association, élire parmi :
    – des universitaires, chercheur, ou autres professions intellectuelles,
    – des blogeurs (typiquement, l’auteur de ce blog me semblerait un excellent candidat),
    – des personnes ayant eu une carrière respectable intellectuellement dans un domaine utile pour un Président (ancien militaire, diplomate, médecin de santé publique, ingénieur dans les domaines énergétiques, environnementaux, ou agricoles, etc.)

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [J’ai entendu une interview des “primaires citoyennes”.]

      J’avoue que je ne connaissais pas cette initiative. Je suis allé voir sur leur site, essayer de comprendre le mécanisme. En fait, lorsqu’on comprend la logique, on se rend compte que tout ça c’est un jeu, une sorte de karaoké politique. On permet à tout internaute d’afficher sa bobine et d’expliquer en quelques mots sa « vision pour la France » et quelques propositions, et puis on vote et on revote jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Et ensuite ? Cet « un » n’aura ni la garantie d’être soutenu par les autres, ni les 500 parrainages d’élus, ni l’argent pour faire campagne. Autrement dit, il sera dans le même état que n’importe quel citoyen qui voudrait se présenter à l’élection.

      [A priori, cela part d’une bonne idée et d’un bon constat : les politiques n’ont plus de compétence particulière, à part en communication, et donc, pourquoi pas remplacer une classe politique traditionnelle par des têtes nouvelles, qui n’ont jamais fait de politique.]

      Cette idée n’a rien de « bon ». Vous êtes vous jamais demandé pourquoi certains font de la politique et d’autres pas ? Pourquoi ces « têtes nouvelles » qui pourraient remplacer les politiques actuels n’ont jamais « fait de politique », à votre avis ?

      La politique n’est pas une affaire de « compétences ». C’est l’électeur qui est seul juge lorsqu’il s’agit d’élire ses représentants, et s’il préfère être représenté par une personne n’ayant aucune compétence – par exemple parce qu’il estime qu’elle possède des qualités humaines prépondérantes – il en a parfaitement le droit. C’est pourquoi tout le monde ne peut pas être médecin, ingénieur ou haut fonctionnaire, mais tout le monde peut être politicien. A condition de le vouloir. Ceux qui « n’ont jamais fait de politique » le veulent-ils ? Et si c’est le cas, comment se fait-il qu’ils n’aient jamais fait de politique ?

      [La comparaison avec de Gaulle est pertinente : Il avait certes une grande ambition personnelle, mais cette ambition transparaissait à travers sa production intellectuelle, sa capacité d’analyse et de raisonnement, son regard critique sur ce qui l’entourait. Pas sur sa capacité à se faire nommer ou élire président d’association, ou à tout faire pour plaire aux généraux et aller à l’avancement…]

      Justement, ce qui sépare De Gaulle des « égo-politiciens » est que De Gaulle le politique n’a jamais joué sur l’ambiguïté et le consensus. Plutôt le contraire : son image est celle d’une personne intransigeante.

  18. Ifig dit :

    Je pense que tu sous-estimes Macron si tu penses qu’il ne comprend pas la différence entre compromis et consensus, ou qu’il n’est pas conscient de l’importance des procédures pour trancher. Il a bossé avec Ricoeur, souviens-toi, qui travaillait là-dessus. Après, ce n’est pas impossible que Macron, cyniquement, connaisse ces distinctions et choisisse de les ignorer…
    Sur son avenir, je pense qu’il se positionne juste “au cas où” Hollande ne soit pas candidat. Mais comme c’est de plus en plus clair qu’Hollande va l’être, je ne le vois pas faire autre chose en 2017 que servir de rabatteur au centre pour Hollande. Après, on verra bien. Ce n’est même pas complètement impossible qu’il estime n’avoir aucune chance et sorte de la vie politique. Je parierai plus sur Valls pour un futur politique et je pense qu’on verra le 8 Mai (discours de Macron sur Jeanne d’Arc) les divergences entre Macron et Valls: Valls plus républicain et Macron plus démocrate. Leur opposition peut en tout cas animer la période 2017-2022…

    Sinon, un avis sur l’évolution de la CGT? Congrès et affiches anti-police incluses? Je parlerais bien de dérive gauchiste, mais l’avis de sympathisants cégétistes est forcément plus intéressant que le mien, très externe.

    • Descartes dit :

      @ Ifig

      [Je pense que tu sous-estimes Macron si tu penses qu’il ne comprend pas la différence entre compromis et consensus, ou qu’il n’est pas conscient de l’importance des procédures pour trancher.]

      Je ne doute pas que Macron comprend parfaitement la différence entre compromis et consensus. Et que son discours va dans le sens du second, et non du premier. C’est bien cela que je lui reprocherais : parler de compromis implique reconnaître l’existence d’intérêts opposés. Parler de consensus implique au contraire qu’il n’existe pas d’opposition d’intérêts – car comment pourrait-il y avoir « consensus » entre la chèvre et le chou ? – seulement des différences d’idées qu’on peut dépasser dans un débat « raisonnable ».

      [Sur son avenir, je pense qu’il se positionne juste “au cas où” Hollande ne soit pas candidat.]

      Je ne sais pas jusqu’à quel point c’est lui qui se positionne, et jusqu’à quel point il suit les discours de son entourage. Les phénomènes de cour sont redoutables, et plus d’un politique s’est laissé entraîner par un entourage qui lui répétait chaque jour qu’il avait un « destin ». Souvenez-vous de Balladur…

      Je pense que la logique de « l’opération Macron » est fondamentalement opportuniste. Dans un contexte incertain un certain groupe – car si la presse lui offre une telle visibilité, ce n’est pas simplement pour ses beaux yeux – préfère l’installer médiatiquement « au cas où ». Je pense que ce groupe cherche aussi à décourager Hollande de se représenter – en ce sens je ne pense pas que le battage médiatique sur ses sondages de popularité soit le fruit du hasard – et trouve Valls trop « républicain ».

      [Mais comme c’est de plus en plus clair qu’Hollande va l’être, je ne le vois pas faire autre chose en 2017 que servir de rabatteur au centre pour Hollande.]

      En effet, la logique de la Vème République – et c’est une logique très saine – rend le président comptable des succès et des échecs de son administration. Et du coup, il ne peut se défiler. S’il est fier de son action, il n’a aucun argument pour ne pas demander aux français de lui renouveler leur confiance pour le prolonger. Et à l’inverse, s’il ne le demande pas, il admet que sa présidence est un échec, et entraîne avec lui tous ceux qui l’ont accompagné dans cet échec. Comment Valls, Macron ou un autre socialiste pourrait défendre le bilan du gouvernent alors que le président lui-même y renonce ?

      Hollande va donc devoir y aller. Sa seule chance d’y échapper est la maladie diplomatique, genre cancer, qui lui permettrait de dire « je voudrais bien, mais je peux point ». Mais ce n’est pas un coup facile à monter.

      [Après, on verra bien. Ce n’est même pas complètement impossible qu’il estime n’avoir aucune chance et sorte de la vie politique. Je parierai plus sur Valls pour un futur politique et je pense qu’on verra le 8 Mai (discours de Macron sur Jeanne d’Arc) les divergences entre Macron et Valls: Valls plus républicain et Macron plus démocrate.]

      Je partage. On peut dire ce qu’on voudra de Valls, mais c’est un professionnel de la politique et non pas un « dilettante » fabriqué par les médias. Macron n’a aucune vision politique. D’ailleurs, dans sa vision du monde l’Etat n’est qu’une grosse entreprise dont les citoyens seraient les actionnaires et qu’on doit gérer « rationnellement ».

      [Leur opposition peut en tout cas animer la période 2017-2022…]

      Je n’y crois pas un instant. Une fois l’élection passée, si le PS est dans l’opposition Macron disparaîtra des radars.

      [Sinon, un avis sur l’évolution de la CGT? Congrès et affiches anti-police incluses? Je parlerais bien de dérive gauchiste, mais l’avis de sympathisants cégétistes est forcément plus intéressant que le mien, très externe.]

      Je ne parlerais pas de « dérive gauchiste » en général. N’oubliez pas que la CGT est une confédération, dont l’unité a été assurée pendant très longtemps par l’armature du PCF. L’affaiblissement et la féodalisation de ce dernier se traduit par un processus de même nature à la CGT. La cabbale contre Lepaon, dynamité de l’intérieur par une opération de déstabilisation savamment organisée de l’intérieur en est un bon exemple. Aujourd’hui, la direction nationale de la CGT est affaiblie et chaque fédération syndicale fait sa petite cuisine dans son coin. Dans certaines fédérations ou unions locales, l’entrisme gauchiste est par ailleurs une réalité incontestable, avec des « sous-marins » du NPA ou de LO. Cela donne des épisodes comme celle de l’affiche anti-police.

  19. Luc dit :

    … Sa seule chance d’y échapper est la maladie diplomatique, genre cancer, ‘ un ami vient de mourir du cancer,jen ai un,cet argument est pitoyable.Il aurait mieux valu expliquer en évoquant une autre excuse.Après tout Marine peut avoir un cancer, non.?
    ..

    • Descartes dit :

      @ Luc

      [… Sa seule chance d’y échapper est la maladie diplomatique, genre cancer, ‘ un ami vient de mourir du cancer,jen ai un,cet argument est pitoyable.Il aurait mieux valu expliquer en évoquant une autre excuse.]

      Je suis désolé si mon commentaire vous a blessé, et je m’en excuse. Mais sur le fond, je maintien mon propos: pour pouvoir se défiler, il faudrait à Hollande s’inventer une maladie grave – on ne peut refuser la présidence pour un simple rhume – mais à l’évolution suffisamment lente pour que ses effets ne soient pas visibles – car autrement on verrait tout de suite qu’il s’agit d’une supercherie. Et de plus, s’il s’agit d’une maladie diplomatique, il faudrait qu’elle soit réversible, de manière à expliquer sa guérison sans avoir à faire appel au miracle. Cela ne laisse pratiquement que le cancer…

      [Après tout Marine peut avoir un cancer, non.?]

      Je ne saisis pas le sens de votre remarque.

  20. @Descartes
    “Descartes fait partie des intellectuels qui commencent à se libérer de la chape de plomb de la scolastique et cherchent à séparer la pensée de la religion, la science de la théologie.”

    C’est exact, mais malgré le geste fondateur de la modernité qui consiste à rejeter la scholastique et la tradition au profit de la Raison individuelle, il faut tout de même rappeler que Descartes cherche, à l’instar de ses prédécesseurs, à établir l’existence de Dieu (2ème méditation métaphysique), et que si la méthode est neuve et rigoureuse, les conclusions de sa philosophie sont complètement dualistes et (en apparence ?) bien peu subversives…

    Cela étant, si Hegel est à Marx ce que Jean-Baptiste est au Christ, Rousseau et Descartes jouent dans une certaine tradition le rôle des prophètes de l’ancien Testament… :

    « René Descartes est de fait le véritable initiateur de la philosophie moderne, en tant qu’il a pris le penser pour principe. Le penser pour lui-même est ici distinct de la théologie philosophante, qu’il met de côté ; c’est un nouveau sol. On ne saurait se représenter dans toute son ampleur l’influence que cet homme a exercée sur son époque et sur les temps modernes. Il est ainsi un héros qui a repris les choses entièrement par le commencement, et a constitué à nouveau le sol de la philosophie, sur lequel elle est enfin retournée après que mille années se soient écoulées. » (Hegel, Leçons sur l’histoire de la philosophie).

    Mais Hegel et vous-même êtes bien sévères avec la “chape de plomb de la scolastique”, elle a tout de même donné des choses remarquables, comme le nominalisme franco-anglais (Abélard, Oresme, Scot, Ockham), ou l’école de Salamanque en Espagne.

    • Descartes dit :

      @ Johnathan R. Razorback

      [C’est exact, mais malgré le geste fondateur de la modernité qui consiste à rejeter la scholastique et la tradition au profit de la Raison individuelle, il faut tout de même rappeler que Descartes cherche, à l’instar de ses prédécesseurs, à établir l’existence de Dieu (…)]

      Compte tenu des risques – et pas seulement intellectuels – d’une posture niant radicalement l’existence de Dieu, on peut difficilement l’en blâmer. Il est difficile aujourd’hui de savoir si Descartes croyait vraiment en Dieu, et quelle était la nature de sa croyance. Mais en posant les bases d’une méthode qui permet à l’homme de connaître le monde sans avoir à prendre Dieu en compte parmi les hypothèses (pour reprendre la formule de Laplace) il montre le chemin qui conduira ses héritiers d’abord au déisme, puis à l’athéisme.

      En tout cas, si on utilise le raisonnement selon lequel « l’ennemi ne se trompe pas d’ennemi », il faut conclure que les thèses cartésiennes étaient subversives, puisque l’église ne s’y est pas trompée…

      [Mais Hegel et vous-même êtes bien sévères avec la “chape de plomb de la scolastique”, elle a tout de même donné des choses remarquables, comme le nominalisme franco-anglais (Abélard, Oresme, Scot, Ockham), ou l’école de Salamanque en Espagne.]

      Je ne peux pas parler pour Hegel… mais pour ce qui me concerne, je me place toujours dans une perspective historique. La scolastique n’était pas « par essence » une chape de plomb, et à une époque elle a produit une pensée remarquable, qui a sa place dans l’histoire de la pensée humaine. Mais au XVIème siècle, la scolastique avait donné tout ce qu’elle pouvait donner, et était devenue un frein, une « chape de plomb » qui empêchait tout progrès.

      Je trouve qu’un des problèmes de la pensée politique moderne est justement de laisser de côté toute dialectique historique pour lui substituer une condamnation morale qui fait de chaque chose une essence. Ainsi, on est sommé de dire que tel ou tel système est du côté du « bien » ou du « mal », sans se rendre compte que cette qualification doit être examinée dans chaque contexte historique. En 1700, les libéraux partisans du capitalisme étaient des progressistes. Trois cents ans plus tard, ce n’est pas le cas. Si on veut juger Richelieu, Napoleon ou Thiers on ne peut le faire comme s’ils étaient nos contemporains. Et la même règle s’applique dans le champ des idées. Même si les idées de Descartes sur la physique nous paraissent aujourd’hui biscornues, elles représentaient un énorme progrès à son époque. Même si les scolastiques nous paraissent aujourd’hui réactionnaires, en leur temps ils étaient à l’avant-garde de la connaissance.

      J’avais un professeur de philosophie qui aimait à dire que la question de savoir qui avait raison, si Aristote ou Descartes, n’a pas de sens. Chacun a eu « raison » – ou du moins, ses raisons – en son temps.

  21. @Descartes
    « En posant les bases d’une méthode qui permet à l’homme de connaître le monde sans avoir à prendre Dieu en compte parmi les hypothèses (pour reprendre la formule de Laplace) il montre le chemin qui conduira ses héritiers d’abord au déisme, puis à l’athéisme. »

    Dieu est tout de même nécessaire pour s’assurer de toute connaissance (y compris du monde extérieur), à l’exception de la première et la plus fondamentale, le Cogito…

    Pour ce qui est de l’influence de Descartes sur l’athéisme ultérieur, je suis sceptique. Si on regarde du côté du matérialisme français (d’Holbach, Helvétius, La Mettrie, Condorcet), les influences sont plutôt Épicure et Spinoza. Idem chez Marx ou Feuerbach.

    « Je trouve qu’un des problèmes de la pensée politique moderne est justement de laisser de côté toute dialectique historique pour lui substituer une condamnation morale qui fait de chaque chose une essence. »

    Décidément, votre gramscisme inconscient ne se dément pas ! 😉 :
    « Juger tout le passé philosophique comme un délire et une folie n’est pas seulement une erreur due à une conception antihistorique, – car dans cette conception, se trouve la prétention anachronique d’exiger du passé qu’il pensât comme nous pensons aujourd’hui, – mais c’est à proprement parler un résidu de métaphysique, car on suppose une pensée dogmatique valable en tout temps et dans tous les pays, qui devient la mesure de tout jugement sur le passé. L’antihistoricisme méthodique n’est rien d’autre que de la métaphysique. Que les systèmes philosophiques aient été dépassés, n’exclut pas qu’ils aient été historiquement valables ni qu’ils aient rempli une fonction nécessaire : leur caducité doit être considérée du point de vue du développement historique tout entier et de la dialectique réelle ; quand on dit qu’ils étaient dignes de tomber, on ne prononce pas un jugement d’ordre moral ou répondant à une hygiène de la pensée, formulé d’un point de vue « objectif », mais un jugement dialectique-historique.» -Antonio Gramsci, Carnet de prisons n°11.

    « On est sommé de dire que tel ou tel système est du côté du « bien » ou du « mal », sans se rendre compte que cette qualification doit être examinée dans chaque contexte historique. »

    Que toute pensée soit le fruit d’un contexte historique particulier, soit. Mais on peut la juger d’au moins trois manières :
    -Ce qu’elle vaut par rapport à ce qui existé auparavant (progrès/stagnation).
    -Ce qu’elle vaut par rapport aux pensées qui étaient contemporaines.
    -Ce qu’elle vaut de notre point de vue d’aujourd’hui.

    Néanmoins je me sens obligé de me séparer de la position exprimée par Gramsci lorsqu’il qualifie de dogmatisme le fait de supposer « une pensée valable en tout temps et en tous lieux ». Ce relativisme nie tout bonnement le caractère universel et intemporel de la vérité. Même remarque lorsque vous affirmez que telle doctrine politique était juste à un certain moment et plus ensuite.

    Au fond, un tel point de vue présuppose qu’il n’y a pas de nature humaine, que l’homme n’est « rien d’autres que l’ensemble de ses rapports sociaux » (Marx, Thèses sur Feuerbach), doué d’une « essence plastique » (Althusser) vis-à-vis de laquelle on ne peut pas établir de connaissances, à laquelle tout et n’importe quoi pourrait convenir, et qui pourrait devenir tout à fait autre chose que ce qu’il est (« l’Homme Nouveau »…). Un tel présupposé qui me paraît tout à fait intenable.

    Puisque nous discutons du fond des choses, je ferais le même genre de remarques sur ce que vous appelez « l’illusion d’un consensus impossible dans les faits ». Dire cela présuppose que l’on tienne la société pour divisée, non de façon superficielle ou limitée (« au fond, même si on ne le voit pas, nous avons tous les mêmes intérêts », ou, dans une version atténuée « nous avons quand même tous un intérêt commun à quelque chose. »), mais structurellement (dans l’approche marxiste, par des antagonismes de classe). Seulement, le point de vue marxiste considère cette conflictualité sociale comme historique et transitoire (le communisme sera une société harmonieuse et sans contradictions…). Or je soupçonne que pour vous, l’impossibilité du consensus tient à la nature des sociétés humaines, quelles qu’elles soient. Immuabilité qui dit donc quelque chose de la nature humaine. Or, une telle perspective contredit la position que j’ai critiquée au paragraphe précédent…On ne peut pas à la fois être relativiste et tenir le consensus pour impossible.

    • Descartes dit :

      @ Johnathan R. Razorback

      [Dieu est tout de même nécessaire pour s’assurer de toute connaissance (y compris du monde extérieur), à l’exception de la première et la plus fondamentale, le Cogito…]

      Je suis désolé, mais je n’ai pas la même compréhension de la position cartésienne que vous. En quoi Dieu – on parle bien du dieu-personne des religieux, et non du dieu-principe des déistes – est-il nécessaire pour « s’assurer de toute connaissance » chez Descartes ?

      [Pour ce qui est de l’influence de Descartes sur l’athéisme ultérieur, je suis sceptique. Si on regarde du côté du matérialisme français (d’Holbach, Helvétius, La Mettrie, Condorcet), les influences sont plutôt Épicure et Spinoza. Idem chez Marx ou Feuerbach.]

      Condorcet, pour ne donner que lui, se considérait un héritier – critique certes, mais héritier tout de même – de Descartes. Spinoza lui aussi fut un lecteur de l’œuvre cartésienne sur laquelle il a bâti sa propre théorie. D’ailleurs, Descartes reste pour l’église catholique encore aujourd’hui un ennemi !

      [Décidément, votre gramscisme inconscient ne se dément pas ! 😉 : ]

      Pourquoi « inconscient » ? Je ne rejette nullement cette filiation… Et je trouve votre citation particulièrement pertinente ! Je ne peux qu’y souscrire.

      [Que toute pensée soit le fruit d’un contexte historique particulier, soit. Mais on peut la juger d’au moins trois manières : Ce qu’elle vaut par rapport à ce qui existé auparavant (progrès/stagnation) ; Ce qu’elle vaut par rapport aux pensées qui étaient contemporaines ; Ce qu’elle vaut de notre point de vue d’aujourd’hui.]

      La difficulté est d’estimer ce qu’est la « valeur » d’une pensée. Quel serait le critère ? Sa proximité à la « vérité » telle que nous la pensons aujourd’hui ? Son caractère opératoire dans le contexte de son époque ? Son « utilité » dans une approche utilitariste ?

      [Néanmoins je me sens obligé de me séparer de la position exprimée par Gramsci lorsqu’il qualifie de dogmatisme le fait de supposer « une pensée valable en tout temps et en tous lieux ». Ce relativisme nie tout bonnement le caractère universel et intemporel de la vérité.]

      Tout a fait. Si je comprends bien, vous soutenez le « caractère universel et intemporel de la vérité ». Pourriez-vous donner un exemple ?

      [Au fond, un tel point de vue présuppose qu’il n’y a pas de nature humaine, que l’homme n’est « rien d’autres que l’ensemble de ses rapports sociaux » (Marx, Thèses sur Feuerbach), doué d’une « essence plastique » (Althusser) vis-à-vis de laquelle on ne peut pas établir de connaissances, à laquelle tout et n’importe quoi pourrait convenir, et qui pourrait devenir tout à fait autre chose que ce qu’il est (« l’Homme Nouveau »…). Un tel présupposé qui me paraît tout à fait intenable.]

      Pourquoi ?

      [Puisque nous discutons du fond des choses, je ferais le même genre de remarques sur ce que vous appelez « l’illusion d’un consensus impossible dans les faits ». Dire cela présuppose que l’on tienne la société pour divisée, non de façon superficielle ou limitée (« au fond, même si on ne le voit pas, nous avons tous les mêmes intérêts », ou, dans une version atténuée « nous avons quand même tous un intérêt commun à quelque chose. »),]

      La deuxième affirmation n’est pas une « version atténuée de la première », mais son contraire.. La première version conduit au « consensus », la seconde au « compromis ».

      [mais structurellement (dans l’approche marxiste, par des antagonismes de classe). Seulement, le point de vue marxiste considère cette conflictualité sociale comme historique et transitoire (le communisme sera une société harmonieuse et sans contradictions…). Or je soupçonne que pour vous, l’impossibilité du consensus tient à la nature des sociétés humaines, quelles qu’elles soient.]

      Non. Pour moi l’impossibilité du consensus ne tient pas à une quelconque « nature », mais aux rapports réels connus dans les sociétés réellement existantes. Je n’en tire aucune conclusion universelle sur la possibilité ou l’impossibilité de construire une société « harmonieuse et sans contradictions ».

      [Immuabilité qui dit donc quelque chose de la nature humaine. Or, une telle perspective contredit la position que j’ai critiquée au paragraphe précédent…On ne peut pas à la fois être relativiste et tenir le consensus pour impossible.]

      Pour « impossible » en tout temps et en tout lieu, certainement. Mais ce n’est pas mon cas, moi je considère le consensus impossible hic et nunc. Demain, dans une société qui serait fondamentalement différente… je n’en sais rien.

  22. luc dit :

    En ce qui concerne,le statut d’idéologue comme Daniel Lindenberg(‘Enquête sur les nouveaux réactionnaires’),utilisé par nombre de politiciens démagogies,sont ils des ego-universitaires?C’est à dire des idéologues cupides sans lien avec la recherche universitaire?
    autrement dit pourquoi refuse t il aux autres de faire le procès de l’Islam,comme tous les procés concernant les religions,en se prétendant universitaire?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [En ce qui concerne,le statut d’idéologue comme Daniel Lindenberg (‘Enquête sur les nouveaux réactionnaires’), utilisé par nombre de politiciens démagogies,sont ils des ego-universitaires? C’est à dire des idéologues cupides sans lien avec la recherche universitaire?]

      Définir un « égo-universitaire » comme un « idéologue cupide sans lien avec la recherche universitaire » ne me paraît pas très logique. D’abord, parce que cela n’a rien à voir avec « l’égo ». Ensuite, parce qu’un homme comme Lindenberg peut avoir beaucoup de défauts, mais je ne crois pas que la « cupidité » en soit un. S’il avait voulu faire de l’argent, il aurait chois un autre métier.

  23. Souvarine dit :

    Jean-Paul Huchon pressenti pour prendre la tête de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières !
    Alors, pour s’être laissé écarté par les états majors du PS au profit du président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone, aux élections régionales, Un joli lot de consolation offert par son ami M. Valls…

    Pour résumer : “huchon ? c’est bien celui qui a multiplié les dépenses somptuaires de la région IDF pour les copains ? le festival de cannes, les subventions aux associations amies et le recasement de copains? “.

    La drouate, certes, ne relève pas le niveau mais au moins nous sont épargnées les leçons de morale du style “Monsieur Propre”, dont est si friande la gôche.

    Et, tout ceci ne serait pas scandaleux ?

    • Descartes dit :

      @ Souvarine

      [Jean-Paul Huchon pressenti pour prendre la tête de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières !]

      Poste pour lequel, il faut le souligner, il n’a pas la moindre compétence connue. En nommant des politiques à la tête des autorités administratives indépendantes on est en train de dévoyer la logique même de l’autorité indépendante, puisque dans un système démocratique une autorité indépendante ne peut avoir qu’un rôle technique, le pouvoir politique étant par définition réservé aux personnes élues par le peuple souverain et responsables devant lui.

      Mais bon, il est vrai qu’il faut recaser les copains, et 2017 approche…

      [Pour résumer : “huchon ? c’est bien celui qui a multiplié les dépenses somptuaires de la région IDF pour les copains ? le festival de cannes, les subventions aux associations amies et le recasement de copains? “.]

      Sans parler des emplois fictifs et la prise illégale d’intérêt, pour laquelle il a été condamné en 2004 à 6 mois de prison avec sursis, 60.000 € d’amende et un an d’inéligibilité, ce qui n’est pas rien (peine confirmée en appel). Si pour présider une autorité de régulation la probité est un critère, alors Huchon ne devrait pas être considéré.

  24. Bannette dit :

    Ce portrait de l’égo-politicard me fait penser à ce qu’on appelle le “personal branding” outre atlantique : à défaut d’avoir un produit (euh pardon un programme) on vent sa petite personnalité.

    Beaucoup de ces politicards ont la prétention d’avoir des valeurs (hautes bien sûr) et être au dessus des partis forcément corrompus (quel respect pour les militants qui sont les partis – faut pas s’étonner de la saignée que connaissent des partis comme le PS, LR et EELV en tête). Mais avoir des « valeurs » (qui sont éminemment personnelles) n’a jamais fait un homme d’état. Et puis il y a des partis qui s’affichent comme avoir des hautes valeurs : au hasard le FN qui loue la cellule familiale traditionnelle et les institutions, ce ne sont pas de « bonnes » valeurs ? oh mais il paraît que ce sont des faschos. Par contre, le FN ne connait pas cette saignée de militants, au contraire…

    Une chose aussi qui m’agace chez ces égo-politiciens à propos de leurs préjugés concernant le rejet de la politique par les jeunes : à les écouter c’est que les structures des partis ne leurs conviennent pas, les déçoivent, il faudrait donc trouver d’autres façon de se faire entendre, blablabla. Encore une fois, l’accent est mis sur la façon de faire connaître son message (euh pardon ses valeurs), et non sur ce qu’on compte faire et comment une fois arrivé au pouvoir. Ils sont la meilleure illustration que la forme n’est rien que le fonds qui remonte à la surface, le fonds chez eux étant inexistant ou clinquant…

    Il y a aussi cette manie de faire comme si les jeunes formait un tout homogène et étaient complètement différents des jeunes des générations passées. S’il est vrai qu’il y a des jeunes qui se désintéressent de la politique, ce n’est pas forcément le cas partout. D’ailleurs le FN accroît sa popularité auprès des jeunes, alors qu’ils sont la cible N° 1 du discours bisounours mondialiste anti-raciste, et ce dès le collège. Et les raisons du désintérêt des jeunes ne sont pas forcément différentes de celles des autres tranches d’âge.

    Les seuls jeunes qui sont aussi attachés à la forme du (non) message, c’est une catégorie très précise de bobos de centre-villes. Ceux-là peuvent passer des heures à réfléchir sur de nouveaux modes de communiquer. Je me souviens de ma courte vie de militante avoir été estomaquée par une suggestion du genre « brigade de clows » ou « brigade à vélo » pour faire campagne. Des clowns, tu te rends compte de l’effet sur les classe populaires, la res publica réduite à un happening rigolo. Personnellement, j’ai toujours perçu la res publica comme grave, car on engage de fortes sommes et des personnes. Pas misérabiliste, mais emprunte de solennité et de gravité.

    • Descartes dit :

      @ Bannette

      [Ce portrait de l’égo-politicard me fait penser à ce qu’on appelle le “personal branding” outre atlantique]

      En effet, c’est un peu ça.

      [Une chose aussi qui m’agace chez ces égo-politiciens à propos de leurs préjugés concernant le rejet de la politique par les jeunes : à les écouter c’est que les structures des partis ne leurs conviennent pas, les déçoivent, il faudrait donc trouver d’autres façon de se faire entendre, blablabla.]

      C’est la logique de « l’amusement » et du « ludique ». On pose en principe que pour attirer les gens, il faut que tout soit « amusant ». On voit cette dérive plein pot à l’école, où certains professeurs se transforment en clowns au prétexte qu’il ne faut surtout pas que les élèves « s’ennuient ». On le voit à la télévision, où il semble impossible de proposer une émission ou l’on touche un sujet sérieux sans l’inévitable habillage paillettes. Pourquoi cela serait différent dans le domaine politique ? Les « djeunes » ne viendront pas par adhésion à des idées. On les attire avec des spectacles…

      Mais les jeunes sont-ils vraiment ainsi ? Qu’on me permette d’en douter. Ceux que je fréquente sont au contraire demandeurs de règles, de références, d’un récit auquel s’identifier, et non de tablettes qui font flasher des couleurs.

      [Encore une fois, l’accent est mis sur la façon de faire connaître son message (euh pardon ses valeurs), et non sur ce qu’on compte faire et comment une fois arrivé au pouvoir.]

      Parce que l’accent est mis sur ce que l’on est, et non sur ce que l’on fait. Mais la politique ne fait que reprendre un thème général de la société. Une société paradoxale ou l’on vous fait voir une grande campagne « les compétences d’abord » ou l’on essaye de vous persuader que dans la sélection professionnelle les compétences seules doivent compter, tout en vous expliquant qu’il faut renforcer la promotion de femmes ou de « minorités visibles » au nom de la « parité » ou de la « diversité »…

      [Je me souviens de ma courte vie de militante avoir été estomaquée par une suggestion du genre « brigade de clows » ou « brigade à vélo » pour faire campagne. Des clowns, tu te rends compte de l’effet sur les classe populaires, la res publica réduite à un happening rigolo.]

      C’est un peu ce que je disais plus haut. La politique réduite au concert de rock – façon SOS Racisme – où à la « brigade de clowns »…

      [Personnellement, j’ai toujours perçu la res publica comme grave, car on engage de fortes sommes et des personnes. Pas misérabiliste, mais emprunte de solennité et de gravité.]

      Je suis tout à fait d’accord. Si on pense que la res publica est une chose sérieuse, alors elle doit être entourée du décorum des choses sérieuses. Comme disait un de mes anciens patrons, si nous ne croyons pas que ce que nous faisons est important, personne d’autre ne le croira.

  25. Timo dit :

    Je lisais votre article de 2011 “Que c’est dur d’être jeune” sur le fait que dans nos sociétés libertaires on a tendance à refuser les responsabilités qu’impliquent le passage à l’âge adulte. Et du coup pour revenir à cet article là, en regardant cette fois du côté des électeurs, j’imagine que l’attrait actuel pour les candidats qui proposent une position “consensuelle” et qui refusent de trancher c’est une illustration de plus de notre propension à nous dérober de nos responsabilités. (C’est peut-être un peu des idées que vous avez déjà plus ou moins ecrit sous d’autres formes mais là je suis d’humeur à commenter donc j’y vais gaiement!) Comme les électeurs ne veulent pas prendre la responsabilité des décisions politiques, pour ainsi ne pas avoir à en assumer les conséquences négatives, ils choisissent le candidat qui leur propose à la fois le beurre et l’argent du beurre, en sachant intimement qu’à un moment donné il faudra bien choisir. Mais le choix, et avec ça la responsabilité de la décision, il sera pris par l’élu, pas par l’électeur, donc il pourra continuer à dire “c’est pas de ma faute s’il y’a tous ces problèmes, moi j’avais choisi la solution qui n’avait que des avantages”. L’électeur n’a rien à se reprocher, au contraire il est lui même victime de la trahison de celui pour qui il a voté.

    Je pense que le meilleur exemple de ce phénomène est la situation en Grèce pendant la crise l’été dernier. Je me souviens que vous vantiez beaucoup les qualités d’habile tacticien politique de Tsipras (des vertus qu’on ne peut pas non plus refuser à Mélenchon ou ni à Macron). Mais la stratégie de Syriza pour se faire élire consistait justement à ne pas trancher sur la question de savoir s’il fallait mieux sortir de l’Euro ou continuer la politique d’austérité imposée par Bruxelles, en promettant qu’on pouvait éviter les deux. Ils étaient donc complètement dans cette idée de proposer une solution qui serait censée convenir à tous les citoyens grecques (ou presque). Et là où avec Mélenchon les seuls perdants seraient les 1% les plus riches, avec Tsipras les seuls perdants seraient, non pas les autres européens (oulala bien-sûr que non!), mais seulement les “institutions européennes”… Et quelques mois après être élus, ils organisent le référendum, apparemment pour demander aux électeurs de trancher cette fois-ci, et alors là c’est la panique totale chez les grecques. Je me rappelle des témoignages au moment de l’annonce du scrutin des gens qui se plaignaient que le gouvernement les consulte et ne prennent pas eux-mêmes leurs responsabilités, comme si la décision était tellement dur à prendre qu’ils auraient préféré qu’on la prenne à leur place, ou d’un autre qui disait “il va nous diviser alors qu’il faut qu’on reste unis”… Mais Tsipras rassure tout le monde en leur expliquant qu’on leur demande toujours seulement de choisir entre “beurre” ou “beurre + argent du beurre”. Ils votent donc bien sûr pour la deuxième option et quelques jours plus tard le gouvernement tranche à leur place, il devront donc se contenter du beurre. Mais au final qui prend la responsabilité de la décision ? Pas les électeurs, on ne leur a jamais vraiment proposé de sortir de l’euro. Pas non plus le gouvernement, Yanis Varoufakis disait dans un interview qu’ils n’avaient jamais vraiment envisagé la sortie de l’euro car ils ne sentaient pas qu’ils avaient un mandat pour le faire… en fait ni les élus ni les électeurs ne la prennent. Ils déplacent toute la responsabilité sur l’autorité supérieur, l’europe dans ce cas, en oubliant que s’ils doivent toujours se soumettre à cette autorité c’est qu’indirectement ils l’ont choisi

    En fait c’est la même chose en France où le PS est arrivé au pouvoir en promettant une politique sociale sans rien toucher à l’Europe liberale-libertaire. La différence c’est que Tsipras pouvait prendre le rôle de la victime impuissante face à Merkel et Juncker (et donc garder sa côte de popularité intacte). Alors qu’Hollande est beaucoup moins bien placé pour jouer au martyr, et du coup il doit assumer à lui tout seul la responsabilité de trancher là où ces électeurs n’ont pas voulu le faire. Au final dans une société où personne n’assume rien et tout le monde se renvoie la balle, c’est pas étonnant que celui qui n’a plus personne à qui l’envoyer quand elle lui arrive dessus soit toujours détesté

    • Descartes dit :

      @ Timo

      [Et du coup pour revenir à cet article là, en regardant cette fois du côté des électeurs, j’imagine que l’attrait actuel pour les candidats qui proposent une position “consensuelle” et qui refusent de trancher c’est une illustration de plus de notre propension à nous dérober de nos responsabilités.]

      Je trouve le parallèle osé ! Je ne vois pas en fait dans les différents segments de l’opinion publique une quelconque passion pour les candidats « consensuels ». Finalement, le seul candidat qu’on puisse rattacher à cette logique est Alain Juppé, et son succès tient moins au fait que les gens se passionnent pour sa position qu’au fait que celle-ci n’offense personne. Si les hommes politiques préfèrent le « consensus », c’est moins parce qu’ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités que parce qu’ils veulent ratisser large…

      [Comme les électeurs ne veulent pas prendre la responsabilité des décisions politiques, pour ainsi ne pas avoir à en assumer les conséquences négatives, ils choisissent le candidat qui leur propose à la fois le beurre et l’argent du beurre, en sachant intimement qu’à un moment donné il faudra bien choisir.]

      Je ne crois pas. Si vous prenez chaque segment de l’électorat individuellement, ce sont plutôt les candidats « tranchés » – Sarkozy, Le Pen, Mélenchon – qui ont la cote. Si ces candidats ne font pas la course en tête, c’est parce qu’en prenant des positions tranchées ils séduisent un segment mais provoquent le rejet des autres. C’est un peu ça le paradoxe : les français voudraient qu’on tranche, mais le système électoral fait que seul un candidat qui refuse de trancher peut être élu.

      [Mais le choix, et avec ça la responsabilité de la décision, il sera pris par l’élu, pas par l’électeur, donc il pourra continuer à dire “c’est pas de ma faute s’il y’a tous ces problèmes, moi j’avais choisi la solution qui n’avait que des avantages”. L’électeur n’a rien à se reprocher, au contraire il est lui même victime de la trahison de celui pour qui il a voté.]

      Ca, c’est la logique – tragique – de tout système de représentation. La tragédie réside dans le fait qu’abolir la représentation conduit à un système encore pire, puisqu’il n’y a plus personne pour trancher…

      [Mais la stratégie de Syriza pour se faire élire consistait justement à ne pas trancher sur la question de savoir s’il fallait mieux sortir de l’Euro ou continuer la politique d’austérité imposée par Bruxelles, en promettant qu’on pouvait éviter les deux.]

      Pas tout à fait : la question de la sortie de l’Euro était tranchée dès le départ. Ce qui était en débat, c’était la possibilité ou pas d’un pays à imposer à Bruxelles la fin de l’austérité SANS sortir de l’Euro. La sortie n’a jamais été sur la table. Dans le cas de Syriza, le problème ne vient pas du refus de trancher – il faut au contraire reconnaître à Tsipras cette capacité – mais la croyance naïve que l’austérité et les règles de l’Euro étaient négociables.

      [Et quelques mois après être élus, ils organisent le référendum, apparemment pour demander aux électeurs de trancher cette fois-ci, et alors là c’est la panique totale chez les grecs. Je me rappelle des témoignages au moment de l’annonce du scrutin des gens qui se plaignaient que le gouvernement les consulte et ne prennent pas eux-mêmes leurs responsabilités, comme si la décision était tellement dur à prendre qu’ils auraient préféré qu’on la prenne à leur place, ou d’un autre qui disait “il va nous diviser alors qu’il faut qu’on reste unis”… Mais Tsipras rassure tout le monde en leur expliquant qu’on leur demande toujours seulement de choisir entre “beurre” ou “beurre + argent du beurre”. Ils votent donc bien sûr pour la deuxième option et quelques jours plus tard le gouvernement tranche à leur place, il devront donc se contenter du beurre. Mais au final qui prend la responsabilité de la décision ?]

      Le référendum grec était une tentative désespérée du gouvernement grec de faire pression sur l’Union européenne, et tout particulièrement sur l’Allemagne. Là encore, le péché de Tsipras était moins son incapacité à trancher que sa naïveté. Son cas montre combien les europhiles de gauche se sont intoxiqués eux-mêmes avec leur discours sur l’Union européenne, au point de croire que l’UE c’est une bande de scouts ou règne le « tous pour un, un pour tous ». Tsipras pensait que devant l’expression souveraine du peuple grec, les Allemands et autres Finlandais allaient s’incliner. Il n’en a été rien. Le vote des peuples, à Bruxelles, on s’en fout. Surtout des peuples pauvres. Plutôt que Schuman, Tsipras aurait du lire Machiavel.

      La question posée n’était pas tout à fait « beurre » ou « beurre+argent du beurre ». La question était en fait une question ouverte : il s’agissait d’accepter le projet d’accord européen (c’est-à-dire l’austérité imposée par la « troika ») ou de le rejeter. Le problème est que la question ne donnait à ce rejet aucun contenu. Qu’est ce que le rejet impliquait, dans la tête de l’électeur ? Continuer la négociation – quitte à signer quelque chose de pire demain ? Arrêter la négociation et sortir de facto de l’Euro, voir de l’UE ?

      Le référendum grec est un cas d’école du mauvais usage du référendum. Un référendum doit être utilisé pour trancher définitivement une question de fond dont les alternatives sont clairement posées. Il ne doit jamais être utilisé comme moyen de pression dans une négociation, pour la simple raison qu’une fois que le peuple a tranché, il n’y a plus de place pour quelque concession que ce soit sans que soit trahi le vote.

      [Pas les électeurs, on ne leur a jamais vraiment proposé de sortir de l’euro.]

      Bien sur que si. D’autres partis l’ont proposé. Les électeurs n’ont pas voté pour eux.

      [Ils déplacent toute la responsabilité sur l’autorité supérieur, l’europe dans ce cas, en oubliant que s’ils doivent toujours se soumettre à cette autorité c’est qu’indirectement ils l’ont choisi]

      C’est bien le problème. L’avantage des autorités nationales, c’est qu’il existe un « demos » devant lesquels on peut les rendre responsables. Les autorités de Bruxelles sont irresponsables, et donc le bouc émissaire idéal pour porter toutes les fautes de la création. Mais qui les a fait rois ? Moi je veux bien que Mélenchon m’explique qu’il faut aujourd’hui « sortir des traités ». Mais il oublie un peu vite qu’il a largement contribué à les faire ratifier, ces traités. Là aussi, il y a une forme d’irresponsabilité adolescente, un « je n’ai pas voulu ça ». Sauf que le rôle de l’homme politique est précisément d’analyser les conséquences de ses actes.

    • Timo dit :

      [Si les hommes politiques préfèrent le « consensus », c’est moins parce qu’ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités que parce qu’ils veulent ratisser large…]

      Je ne dis pas que les hommes politiques ne veulent pas prendre leur responsabilité, mais que leurs électeurs préfèrent les laisser les prendre.

      [Je ne crois pas. Si vous prenez chaque segment de l’électorat individuellement, ce sont plutôt les candidats « tranchés » – Sarkozy, Le Pen, Mélenchon – qui ont la cote. Si ces candidats ne font pas la course en tête, c’est parce qu’en prenant des positions tranchées ils séduisent un segment mais provoquent le rejet des autres.]

      D’accord pour Sarkozy et Le Pen, c’est que ça correspond à la frange de l’électorat qui demande plus d’autorité en réaction à la tendance actuelle. Mais si on regarde parmi les milieux plus libertaire (donc plus irresponsable) c’est plutôt Royal, Macron, Mélenchon, Juppé ou Hollande qui ont la côte. Donc des candidats qui cherchent plutôt le consensus, si ce n’est dans l’ensemble de l’électorat ou au moins au sein de leur classe politique.

      [Pas tout à fait : la question de la sortie de l’Euro était tranchée dès le départ. Ce qui était en débat, c’était la possibilité ou pas d’un pays à imposer à Bruxelles la fin de l’austérité SANS sortir de l’Euro. La sortie n’a jamais été sur la table. Dans le cas de Syriza, le problème ne vient pas du refus de trancher – il faut au contraire reconnaître à Tsipras cette capacité – mais la croyance naïve que l’austérité et les règles de l’Euro étaient négociables.]

      C’est pas possible qu’elle était déjà complètement tranché parce qu’autrement le gouvernement grecques n’avait aucun moyen de pression, et quand on a pas de moyen de pression dans une négociation, il n’y a pas de négociation, on laisse l’autre en face nous imposer ses conditions et on n’a rien à dire. Et le fait que ces électeurs le soutiennent ça ne compte pas comme une moyen de pression, c’est pas eux qui vont nommer le prochain gouvernement allemand, ni les membres de la BCE, ni ceux de la commission européenne (ou en tout cas ils ont assez peu d’influence dans ces nominations). Donc s’il y a eu des négociations c’est bien qu’il restait encore un petit risque qu’ils se fassent la belle, autrement tout était déjà joué d’avance.

      [Le référendum grec est un cas d’école du mauvais usage du référendum. Un référendum doit être utilisé pour trancher définitivement une question de fond dont les alternatives sont clairement posées. Il ne doit jamais être utilisé comme moyen de pression dans une négociation, pour la simple raison qu’une fois que le peuple a tranché, il n’y a plus de place pour quelque concession que ce soit sans que soit trahi le vote. ]

      C’est aussi ce que je pense. Et d’ailleurs on remarque que quand par contre la question du référendum est suffisamment bien posée et oblige les électeurs à prendre une décision définitive (comme c’était le cas pour celui du brexit), on se rue dès le lendemain devant les caméras de télé pour dire qu’en fait on ne voulait pas du tout voter pour ça mais qu’on s’est fait entourlouper par de la propagande mensongère et donc qu’on ne pourra pas être tenu responsable pour les effets négatifs que ce vote pourrait impliquer… Ces gens là devraient demander à ce qu’on leur retire le droit de vote s’ils se sentent trop influençable et pas assez mature pour participer à la vie politique! (même si bien sûr c’est naturel de paniquer et d’avoir des remorts juste après avoir pris une décision importante)

      [Bien sur que si. D’autres partis l’ont proposé. Les électeurs n’ont pas voté pour eux.]

      C’est qu’à ce moment-là il y avait toujours l’option Syriza qui promettait également de sortir de l’austérité (contrairement à d’autres partis, pour lesquels les grecques n’ont pas massivement voté). Mais au final ils n’ont jamais vraiment été mis dos au mur

    • Descartes dit :

      @ Timo

      [C’est pas possible qu’elle était déjà complètement tranché parce qu’autrement le gouvernement grecques n’avait aucun moyen de pression, et quand on a pas de moyen de pression dans une négociation, il n’y a pas de négociation, on laisse l’autre en face nous imposer ses conditions et on n’a rien à dire.]

      Exactement. Le gouvernement de Syriza a cru naïvement qu’il pouvait négocier en ayant renoncé par avance à la seule chose qui faisait vraiment peur aux bonzes de l’UE.

      [C’est aussi ce que je pense. Et d’ailleurs on remarque que quand par contre la question du référendum est suffisamment bien posée et oblige les électeurs à prendre une décision définitive (comme c’était le cas pour celui du brexit), on se rue dès le lendemain devant les caméras de télé pour dire qu’en fait on ne voulait pas du tout voter pour ça mais qu’on s’est fait entourlouper par de la propagande mensongère et donc qu’on ne pourra pas être tenu responsable pour les effets négatifs que ce vote pourrait impliquer…]

      Je ne crois pas que ce soit le réflexe de la majorité des britanniques. Oui, il y a toujours des citoyens qui préfèrent ne pas prendre leurs responsabilités. Mais je ne pense pas qu’ils soient une majorité.

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