Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, la France connaît une nouvelle manière de faire de la politique. Pas nécessairement meilleure que l’ancienne, mais en tout cas très différente. La première manifestation de cette façon de faire de la politique est la démissionnite aigue qui s’est emparée de nos hauts responsables. En seulement deux mois, Macron a déjà perdu quatre ministres – et non des moindres – et un Chef d’Etat-Major des armées. Paraphrasant le personnage d’Oscar Wilde, « perdre un ministre peut être considéré un malheur, en perdre quatre ressemble plutôt à de la négligence » (1).
Toutes ces démissions posent des questions passionnantes sur la manière dont notre démocratie fonctionne aujourd’hui. Celle des ministres, dont il faut rappeler qu’ils ont démissionné sur simple suspicion pour reprendre des fonctions d’élus (de député, de député européen, de maire d’une ville moyenne) pose une question de cohérence. S’ils sont innocents des charges dont on les suspecte, pourquoi quitter leur poste de ministre ? Et s’ils sont coupables, quelle légitimité ont-ils pour voter les lois ou gérer les deniers publics ? Ce curieux entre-deux montre bien que leur démission ne doit rien à l’éthique, et beaucoup à la communication. En tant que ministres, ils étaient exposés aux médias et leurs frasques réelles ou supposées étaient un boulet pour le gouvernement et le président. A l’Assemblée, au Parlement européen ou à la mairie de Pau, ils sont moins visibles, et donc moins dangereux. La nouvelle éthique n’est pas « tu ne voleras point », mais « tu ne te feras pas remarquer ».
Mais ce ballet de ministres ne présente finalement qu’un intérêt limité. Les personnalités concernées ont tellement peu de relief que la démocratie et le bon gouvernement ne perdent guère et ne gagnent guère du remplacement de Goulard par Parly, de Ferrand par Mézard, de Bayrou par Belloubet. Le système qui veut que la suspicion publique vaut condamnation est cruel et injuste, certes, mais les seuls à en souffrir sont les personnes concernées. Au fond, tout le monde s’en fout. C’est la quatrième démission, celle du général de Villiers, qui met à nu au contraire un mécanisme très dangereux pour notre démocratie, et qui mérite certainement une analyse approfondie.
D’abord les faits. Le général de Villiers est interrogé – à huis clos, notez-le bien – par la commission de la Défense nationale de l’Assemblée. Devant cette commission, le général exprime son mécontentement avec la politique budgétaire du gouvernement, estimant que la réduction annoncée du budget des armées est incompatible avec les missions qu’on leur a confié, que ce soit la défense de notre territoire ou les opérations extérieures. Les remarques du général parviennent à la presse – on ne sait toujours pas comment, et cela ne semble intéresser personne – et deviennent alors publiques. Le président de la République « recadre » alors le Chef d’Etat-Major, déclarant « qu’il n'
Quelles conclusions tirer de cette histoire ? D’abord, soulignons que le général de Villiers n’a pas manqué à son devoir de réserve. Contrairement à l’accusation formulée par le chef de l’Etat, il n’a pas « étalé certains débats sur la place publique ». Ses critiques, il ne les a pas exprimé dans les médias ou dans une conférence publique, mais dans le huis clos d’une commission parlementaire dont les travaux, si ma mémoire ne me trompe pas, sont couverts par le secret de la défense nationale. Le président de la République a donc commis une faute, à moins de conclure qu’une commission parlementaire, même siégeant à huis clos, soit devenue une « place publique ». Et si c’est le cas, où s’arrête donc le domaine du public et commence celui de la confidentialité ? Dans quelle enceinte un haut fonctionnaire peut-il exprimer sa pensée librement devant les élus de la nation ?
Car, et c’est là mon point principal, le secret des délibérations est inséparable de l’acte de gouverner. Ce n’est pas, comme on le croit souvent, une protection des gouvernants, mais c’est lié à l’essence même du gouvernement. Il est toujours dangereux pour un haut fonctionnaire de dire au roi qu’il est nu (2). Mais il l’est suicidaire de le dire en public, alors que cet acte ne peut être considéré par l’opinion publique que comme un acte d’insubordination. Et au surplus c’est beaucoup moins utile: si le roi peut entendre un avis négatif donné en privé, une fois rendu public le suivre revient à montrer une faiblesse. Si le politique veut être bien conseillé, il est indispensable de maintenir des enceintes où les serviteurs de l’Etat peuvent s’exprimer et débattre librement devant l’autorité politique, et cette liberté ne peut exister que grâce à la confidentialité.
En « recadrant » le général de Villiers pour une « indignité » qu’il n’avait pas commise, au lieu de critiquer le véritable fautif, qui est celui qui a rendu publiques ses paroles, Macron a révélé deux choses. La première, c’est qu’il n’entend pas permettre sous sa présidence de véritables débats sur le fond. L’ensemble des hauts fonctionnaires est prié de porter la bonne parole présidentielle et de taire ses réserves, même lors des réunions à huis clos. Mais surtout, il a mis en évidence la faiblesse de sa position. Il est si peu assuré de sa position, il trouve sa légitimité si peu évidente qu’il se sent obligé de rappeler qu’il est le « chef », et cela publiquement, comme si cela n’était pas une évidence.
Descartes
(1) « To lose one parent may be regarded as a misfortune; to lose both looks like carelessness», Oscar Wilde, « The importance of being earnest ».
(2) Paradoxe dont un chef d’entreprise américain a magistralement résumé les termes : « je veux des collaborateurs qui me disent la vérité, même si cela doit leur coûter leur poste ».
@Descartes,
Je sais que ça va difficile à soutenir, mais il faut écouter parler Christophe Barbier, la voix de l’A-France dans ce post, car il nous donne quelques clés pour comprendre l’état d’esprit de l’élite macronesque:
https://www.youtube.com/watch?v=ww4mtcA2NZw
Outre le fait que Barbier méconnaît (ou méprise…) le principe de souveraineté (qui, comme chacun sait, ne se partage pas…), il confirme une de mes intuitions sur le sort que nos élites réservent à notre Armée nationale: selon moi, c’est une façon assez osée et maladroite de forcer les Européens, sobriquet des Allemands, à financer notre armée! J’ai cru comprendre que Bercy était devenu une nouvelle Kommandur en matière économique, à savoir que les Finances et le Budget sont font désormais les relais des demandes allemandes, et que dans ce cadre, Macron pratiquerait un sorte de saut de la foi en proposant un “deal”: une austérité généralisée accompagnée d’une mise en bière du code du travail contre le financement à crédit de nos armées, dernier avantage compétitif de la France face à l’Allemagne, qui après avoir détruit nos industries, est sur le point de ruiner notre agriculture…
Outre que le résultat de cette manoeuvre est des plus hasardeux, Napoléon le Micron oublie que l’Allemagne n’est pas forcément demandeuse, et que bien qu’elle revendique une forme de remilitarisation, induite par les atermoiements du nouveau président des Etats-Unis, rien ne dit que cela se fera du jour au lendemain. En effet, il ne faut pas négliger la légendaire frilosité des épargnants allemands, peu patriotes et prêts à laisser leur pays être envahi par des “migrants”, pour peu que ceux-ci aident à maintenir les bas-salaires allemands encore et toujours plus bas, y compris au détriment même de la cohésion de la société allemande…
Beaucoup de gens fustigent l’inculture des nouveaux arrivants au sommet de l’Etat, même il y a une chose qui m’horripile encore plus, c’est l’absence de curiosité du monde qui nous entoure de la part des partisans de l’A-France comme le président Macron: la superficialité et la méconnaissance de la vie politico-économique de nos voisins! C’est d’autant plus drôle, qu’il y a un siècle, les Poilus qui se battaient contre des Allemands, censés être moins bien éduqués et plus “repliés sur eux-mêmes”, connaissaient bien mieux les grands événements de la vie politique allemande qu’aujourd’hui. Mieux, ils comprenaient aussi la langue allemande, comme le montre l’origine de la…Vache Qui Rit, fromage fondu distribué dans les tranchées et appelé ainsi par dérision des Allemands, adeptes de la Walkyrie (die Walkür)…
@ CVT
@Descartes,
[Je sais que ça va difficile à soutenir, mais il faut écouter parler Christophe Barbier, la voix de l’A-France dans ce post, car il nous donne quelques clés pour comprendre l’état d’esprit de l’élite macronesque:]
Dans ce billet, je trouve Barbier finalement assez équilibré. Bien entendu, comme Macron il est victime du « mirage allemand », c’est-à-dire, que les Allemands vont être gentils avec nous si seulement nous leur montrons que nous sommes « sérieux ». Barbier croit qu’il est possible de faire payer une partie de nos dépenses militaires par l’UE sans que pour autant l’UE exige un droit de regard sur l’utilisation de notre outil militaire, au prétexte que « nous assurons sa sécurité ». Sauf que pour la plupart des pays européens, l’Afrique c’est loin. La Pologne est plus inquiète de ce qui se passe en Russie que de ce qui se passe en Libye. Si ces pays payent, ils voudront que notre outil militaire soit dirigé contre ce qu’ils considèrent leurs risques majeurs, et non pas ceux que nous analysons comme tels…
[J’ai cru comprendre que Bercy était devenu une nouvelle Kommandur en matière économique, à savoir que les Finances et le Budget sont font désormais les relais des demandes allemandes, et que dans ce cadre, Macron pratiquerait un sorte de saut de la foi en proposant un “deal”: une austérité généralisée accompagnée d’une mise en bière du code du travail contre le financement à crédit de nos armées, dernier avantage compétitif de la France face à l’Allemagne, qui après avoir détruit nos industries, est sur le point de ruiner notre agriculture…]
Je ne crois pas que ce soit le deal. Macron et ceux qui l’entourent ont l’illusion d’une Allemagne bienveillante, qui ouvrirait les vannes de l’investissement si seulement elle était convaincue que ses partenaires européens – au premier rang la France – sont « sérieux ». Et cette illusion ne date pas d’aujourd’hui. Pierre Laval tenait le même discours en 1942. Nous avons tellement internalisé l’image du Français velléitaire et de l’allemand « sérieux », qu’on n’arrive pas à en sortir.
[Outre que le résultat de cette manoeuvre est des plus hasardeux, Napoléon le Micron oublie que l’Allemagne n’est pas forcément demandeuse, et que bien qu’elle revendique une forme de remilitarisation, induite par les atermoiements du nouveau président des Etats-Unis, rien ne dit que cela se fera du jour au lendemain.]
Bien sur. Et surtout, elle ne paiera pas sans exiger de contrôler l’outil qu’elle paye. Il n’y a pas de dîner gratuit, dans ce bas monde…
[Beaucoup de gens fustigent l’inculture des nouveaux arrivants au sommet de l’Etat, même il y a une chose qui m’horripile encore plus, c’est l’absence de curiosité du monde qui nous entoure de la part des partisans de l’A-France comme le président Macron: la superficialité et la méconnaissance de la vie politico-économique de nos voisins!]
Je partage votre sentiment. Rarement on aura eu des dirigeants avec aussi peu d’expérience de la vie. Et l’inexpérience alimente les certitudes. C’est pourquoi les jeunes sont pleins de certitudes là ou les vieux sont plein de doutes… Il faut ajouter que la formation de nos nouveaux gouvernants n’est pas de celle qui prédispose à la curiosité et au doute cartésien. Ils sont plutôt dans une logique de conformisme et d’idées reçues.
Dommage que Macron ne vous lise pas!Mais au fait,sait on jamais?
Hamon,vous a lu parait il et il se murmure,sans son aval,qu’il souhaite être Macrocompatible,pour redevenir ministre au prochain remaniement.C’est pour ça qu’il a démissionné du PS aprés en avoir été le candidat anti-Mélenchon,assurant la qualification pour le second tour de Macron.
Mais,ce Macron,a t il toute sa tête?
Au vu de sa prestation au sujet de la rafle antisémite,du vel d’hiv le 16/07/1942,commandité,par la Kommandatur,et orgabisé par Bousquet.
C’est l’état français(régime de Vichy),vassal de l’Allemagne,puissante occupante et donneuse d’ordre qui en sont responsables.
Non,’La France’,notion changeante selon les époques,bien évidemment.
Au vu des larmes et inepties présidentielles,dans ce labyrinthe chaotique qui lui sert de cadre théorique si bien décrit par Descartes(dont le texte ci dessus est brillant-encore Merci!},Macron entame t il,sa crise de la quarantaine?
La chute de 10 points,de sa popularité,montre que je ne suis pas le seul à douter du mental de notre président,non?
@ luc
[Dommage que Macron ne vous lise pas!Mais au fait,sait on jamais?]
J’espère que Macron a mieux à faire avec con temps que de lire mes élucubrations ! Mais peut-être un des conseillers…
[Hamon,vous a lu parait il et il se murmure,sans son aval,qu’il souhaite être Macrocompatible, pour redevenir ministre au prochain remaniement. C’est pour ça qu’il a démissionné du PS aprés en avoir été le candidat anti-Mélenchon, assurant la qualification pour le second tour de Macron.]
Vous aussi, vous colportez cette histoire de « Hamon, candidat anti-Mélenchon » ?
C’est totalement ridicule. Hamon a été désigné candidat par son parti. Mélenchon a refusé toute négociation avec lui, toute modification de son programme ou de ses thèmes de campagne. Au nom de quoi faut-il dans ces conditions reprocher à Hamon de ne pas s’être fait hara-kiri pour les beaux yeux des « insoumis » ? Et pourquoi les électeurs de Hamon auraient-ils du apporter leurs voix à un candidat qui n’accepte aucune discussion, aucune prise en compte de leurs demandes ?
Si Mélenchon n’a pas eu le soutien de Hamon, c’est d’abord à son refus de toute discussion qu’il le doit.
[Mais,ce Macron,a t il toute sa tête? Au vu de sa prestation au sujet de la rafle antisémite,du vel d’hiv le 16/07/1942, (…)]
Macron n’a fait que continuer sur la ligne de plus faible résistance, déjà adoptée par Chirac et Hollande.
[La chute de 10 points,de sa popularité,montre que je ne suis pas le seul à douter du mental de notre président,non?]
Non, je ne crois pas que cela doive rien à « l’état mental » du président. Simplement, on voit le même effet qu’on avait vu avec hollande, c’est-à-dire, un président élu largement « par défaut » et non par adhésion réelle à un programme, et dont l’opinion se détourne dès qu’il commence à prendre ses premières mesures.
@ Descartes,
Bonsoir,
Où se trouve LA vérité ? Et comment y parvenir ?
Certes, si ce que vous écrivez est probablement exact dans les faits décrits, qu’en est-il des intentions réelles et des faits cachés?
On ne me fera pas croire que le général de Villiers, après une très longue expérience du milieu politique, employant des termes pour le moins triviaux dans de telles circonstances, ne pouvait imaginer qu’il y ait fuite et que la presse allait s’en emparer.
Cessons l’hypocrisie du prétendu huis clos. Un secret, déja partagé à deux n’en est plus tout à fait un.
Alors, une déclaration protestataire devant des représentants de l’opposition ou simplement devant des personnes qui souhaitent mettre le président de la République en difficulté, n’a que peu de chance de ne pas s’ébruiter.
Je voudrais pouvoir sonder les coeurs et les reins des différents personnages concernés pour la connaitre, cette fameuse Vérité, assez différente de celles que l’on veut bien nous offrir en pature.
Macron s’est fait piégé et n’a pas forcément adopté la meilleure réaction, mais ceux qui cherchent à piéger un président dans de telles conditions me semblent à la limite de la subversion. J’imagine M. Le Pen présidente ! c’est par dizaines qu’il faudrait s’attendre à voir les pièges de ce genre tendus.
La boîte de Pandore est ouverte, place aux coups bas qui perpétuent le climat délétère de notre classe politique.
@ Marcailloux
[On ne me fera pas croire que le général de Villiers, après une très longue expérience du milieu politique, employant des termes pour le moins triviaux dans de telles circonstances, ne pouvait imaginer qu’il y ait fuite et que la presse allait s’en emparer.]
Je pense que le général de Villiers était certainement conscient que la fuite était possible, et même probable. Mais faut-il s’auto-censurer au prétexte que les autres font mal leur travail ? Imaginons que le général eut menti à la commission, déclarant qu’il était totalement satisfait avec la politique macronienne. Si dans quelques années on lui avait reproché ce mensonge, et qu’il se justifie en disant qu’il a menti sciemment par peur d’une fuite, pensez-vous que cette défense eut été acceptable ?
Il y a des règles dans notre République, et il est anormal qu’une personne soit sanctionnée parce qu’elle applique ces règles. Une audition à huis clos implique le secret précisément pour permettre une expression franche. Ce sont ceux qui ont fait fuiter les propos du général qui auraient du être sanctionnés.
[Cessons l’hypocrisie du prétendu huis clos. Un secret, déja partagé à deux n’en est plus tout à fait un.]
Ce n’est pas tout à fait vrai. Il fut un temps ou le huis clos était un vrai huis clos. Sous De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac et même Sarkozy aucun ministre n’osait divulguer les discussions en Conseil des ministres. Loin de « cesser l’hypocrisie », il faut rétablir le secret des huis clos. Ceux qui ont fait fuiter les propos du général devraient être sanctionnés.
[Alors, une déclaration protestataire devant des représentants de l’opposition ou simplement devant des personnes qui souhaitent mettre le président de la République en difficulté, n’a que peu de chance de ne pas s’ébruiter.]
Si on pense vraiment que c’est inévitable, alors il faut abolir le droit d’interpellation des assemblées. A quoi cela sert de convoquer devant les commissions des hauts fonctionnaires qui n’ont d’autre choix que de mentir sur ordre, si ce n’est à maintenir la fiction que le Parlement contrôle le gouvernement ? Il faut choisir: soit on crée des enceintes ou les hauts fonctionnaires peuvent parler librement, soit on les dispense de parler.
@ Descartes,
Bonjour,
“”Je pense que le général de Villiers était certainement conscient que la fuite était possible, et même probable. Mais faut-il s’auto-censurer au prétexte que les autres font mal leur travail ? Imaginons que le général eut menti à la commission, déclarant qu’il était totalement satisfait avec la politique macronienne. Si dans quelques années on lui avait reproché ce mensonge, et qu’il se justifie en disant qu’il a menti sciemment par peur d’une fuite, pensez-vous que cette défense eut été acceptable ? “”
En fait, là où je pressens une forme d’hypocrisie assez partagée dans cette affaire, c’est que le G.al de Villiers n’apprenait rien aux parlementaires en leur expliquant, avec des mots pondérés, sa divergence de vue sur le budget, mais qu’en le faisant avec des termes qui, forcément, feraient le “buzz”, il assurait à ses propos une publicité dont on ne pourrait cependant pas l’accuser.
La manipulation est de la très grosse ficelle.
@ Marcailloux
[En fait, là où je pressens une forme d’hypocrisie assez partagée dans cette affaire, c’est que le G.al de Villiers n’apprenait rien aux parlementaires en leur expliquant, avec des mots pondérés, sa divergence de vue sur le budget, mais qu’en le faisant avec des termes qui, forcément, feraient le “buzz”, il assurait à ses propos une publicité dont on ne pourrait cependant pas l’accuser.]
Je veux bien qu’on fasse des procès d’intention à l’infini. Le fait est que si le huis clos avait été respecté, rien de tout cela ne serait arrivé. Or, je souligne encore une fois que personne ne semble très intéressé de savoir par quelle voie les propos du général ont fuité. Et puisqu’on est à faire des hypothèses, voici la mienne : si la fuite avait pu être attribuée à l’opposition, la machine de propagande macronienne aurait déjà dénoncé la manipulation des propos du général de Villiers. Or, ce n’est pas le cas, au contraire, on est très discret sur cette question. J’en déduis que la fuite est le fait d’un député de la majorité. Et il est difficile dans ce cas d’accuser le général de « manipulation », puisque ce sont les partisans du président et non ses adversaires qui ont fait le « buzz »…
Encore une fois, je pense qu’il faut avoir recours au bon vieux rasoir d’Occam. Le général de Villiers s’est probablement senti trahi par le président, qui avait promis de préserver et même d’augmenter le budget de la Défense, et se sentant responsable de ses hommes sur le terrain il a vidé son sac devant la commission sans réfléchir aux conséquences – ou en se disant que les quelques mois qui lui restaient dans le poste valaient bien d’être risqués. Pas la peine d’aller chercher des manipulations à quatre bandes dont on ne voit pas bien au demeurant qui en serait le bénéficiaire…
Pour les 2 révélations dans votre conclusion :
1) “Pas de débats de fond” ” communicant”. J’ai envie de dire peut il faire autre chose quand on ne détient pas les instruments de souveraineté? Paraitre me semble le seul moyen d’exister, et de s’impose.
2) La faiblesse de sa position me fait penser à une phrase de Napoléon “Je sentais mon isolement. Aussi je jetais de tous les
côtés des ancres de salut au fond de la mer”. Tant qu’il gagnera, il sera suivi par la horde d’opportuniste mais quand il trébuchera… Prenons les quelques titres de journaux de ce début de mandat ; prenons les mêmes à la fin de mandat. Amusons nous.
@ barbey
[J’ai envie de dire peut il faire autre chose quand on ne détient pas les instruments de souveraineté?]
Et bien… oui, on peut faire autre chose : reprendre les instruments de souveraineté en main, par exemple !
[2) La faiblesse de sa position me fait penser à une phrase de Napoléon “Je sentais mon isolement. Aussi je jetais de tous les côtés des ancres de salut au fond de la mer”. Tant qu’il gagnera, il sera suivi par la horde d’opportuniste mais quand il trébuchera…]
La citation de Napoléon est superbe. Macron pourrait faire comme le fit l’Empereur, et chercher à élargir sa base en « jetant des ancres de salut au fond de la mer ». Le problème, c’est que Macron reste en surface. Au lieu de chercher à s’attacher des groupes et des gens solides et fiables, il a repris à son service toutes sortes de « planches pourries » venues d’autres partis ou organisations avec des espoirs de carrière. On voit mal qui sont les « grognards » du nouvel Empereur… qui seraient prêts à l’accompagner à Sainte-Hélène après Waterloo…
Je suppose qu’il faut voir dans la publication de l’audition du général de Villiers l’amateurisme d’un député LREM qui a oublié d’ouvrir son dictionnaire à la page “huis-clos”.
‘Il ne vote pas le budget” a dit Macron à propos du général. Effectivement, c’est le rôle des parlementaires. Mais avant, ils sont censés faire leur synthèse des informations qu’ils auront collectées, pas de les répercuter en l’état au-dehors.
A mon sens, Macron n’aurait pas fait montre de faiblesse en faisant celui qui n’était au courant de rien, ou, plus courageusement, en soulignant le fait que la confiance du général avait été trahie.
Mais la palme de l’amateurisme avec éloges du jury me semble devoir revenir à Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement.
http://www.ouest-france.fr/politique/defense/castaner-remet-une-piece-la-polemique-de-villiers-repart-5148177
Il a dit que le général s’est exprimé par “inexpérience”. Donc, il était anormal que le général s’exprime devant la commission de l’AN, mais il était normal que quelqu’un de ladite commission répète au-dehors ce qui s’y était dit. Il a aussi reproché à de Villiers son comportement pendant la campagne. Mais alors, pourquoi le général n’a-t-il pas été limogé dès l’entrée en fonctions de Macron ?
@ xc
[Je suppose qu’il faut voir dans la publication de l’audition du général de Villiers l’amateurisme d’un député LREM qui a oublié d’ouvrir son dictionnaire à la page “huis-clos”.]
Ou la malveillance d’un député de l’opposition qui a voulu mettre en difficulté le chef de l’Etat. Mais quoi qu’il en soit, c’est le député en question qui aurait du être sanctionné, et non le général.
[A mon sens, Macron n’aurait pas fait montre de faiblesse en faisant celui qui n’était au courant de rien, ou, plus courageusement, en soulignant le fait que la confiance du général avait été trahie.]
Macron aurait parfaitement pu dire que les généraux ont droit à leur avis, mais que c’est le politique qui décide et qu’il n’avait aucun doute que le général de Villiers obéirait les ordres. Il aurait ainsi montré qu’il n’avait pas de doutes quant à son autorité, et désamorcé la crise sans avoir à gérer la démission d’un général populaire à qui de toute façon il ne restait qu’une dizaine de mois avant la retraite…
[Mais la palme de l’amateurisme avec éloges du jury me semble devoir revenir à Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement.]
De toute façon, Castaner n’a jamais été une flèche. Il ne semble pas avoir saisi l’une des compétences essentielles d’un porte-parole : faire la différence entre les moments où il faut parler, et les moments où il faut se taire.
Voilà qui est symptomatique:
http://actu.orange.fr/politique/a-la-republique-en-marche-la-fronde-de-certains-militants-magic-CNT000000LbHGz.html
Ce qui m’étonne, c’est que ces braves gens soient surpris d’être cocus… Qu’espéraient-ils donc avec Macron? Ils auraient dû lire votre article sur l’égo-politicien…
@ nationaliste-ethniciste
[Ce qui m’étonne, c’est que ces braves gens soient surpris d’être cocus… Qu’espéraient-ils donc avec Macron? Ils auraient dû lire votre article sur l’égo-politicien…]
En effet, c’eut été une sage lecture…
Les “mouvements” qui ont fleuri à la main des égo-politiciens sont en fait des structures pyramidales ou le chef situé au sommet a tous les pouvoirs. Une telle structure marche bien pendant une campagne électorale, quand l’objectif est clair et le débat purement tactique. Mais lorsqu’on essaye de formaliser un tel mouvement en lui donnant des statuts et des instances, les problèmes commencent. Ils sont d’autant plus aigus que les “militants” de ces mouvements sont très hétérogènes, n’ont pas une véritable culture commune, et risquent de tirer à hue et à dia si de véritables élections et débats internes sont organisés.
Macron essaye de structurer son mouvement, et cela provoque déjà des conflits. Mélenchon, plus sagement, continue à théoriser l’idée qu’il ne structurera pas le sien. Du point de vue tactique, il a raison: “on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment”. Mais à terme, il aura du mal à garder ses troupes sans leur donner un minimum de participation.
Bonjour,
Je sais que vous me répondrez que le huis clos fait toute la différence, mais cet épisode me rappelle quand même fortement l’audition du Général Bertrand Soubelet, directeur des opérations et de l’emploi de la gendarmerie nationale, le 18 Décembre 2013, également devant une Commission de l’AN.
Et je ne suis pas réellement d’accord sur la pertinence d’inscister sur le huis clos : Sauf erreur, on demande aux personnes qui viennent en commission de prêter serment qu’ils parleront en leur âme et conscience. Dès lors, le huis clos n’est qu’une procédure qui permet aux personnes auditionnées de révéler des informations confidentielles, ce que les auditions normales ne permettent pas.
Pour moi, la faute n’est donc pas tellement du côté du parlementaire qui a commis la fuite, puisque la fuite ne relève manifestement pas du secret de la Défense Nationale. Elle est du côté de l’exécutif, qui ne supporte pas que qui que ce soit puisse, y compris lors d’une audition parlementaire, émettre la moindre critique sur quoi que ce soit.
Je suis tombé sur un article de l’express (
http://blogs.lexpress.fr/cuisines-assemblee/2016/03/25/la-mauvaise-idee-de-mentir-a-une-commission-denquete/), qui parlait de tout autre chose, mais qui rappelle bien :
“face aux pressions subies par certaines personnes ayant témoignées (poursuite en diffamation), la loi prévoit la protection des propos tenus devant une commission d’enquête. L’article 41 de la loi sur la presse indique ainsi que « ne donneront lieu à aucune action en diffamation, injure ou outrage ni les propos tenus ou les écrits produits devant une commission d’enquête créée, en leur sein, par l’Assemblée nationale ou le Sénat, par la personne tenue d’y déposer, sauf s’ils sont étrangers à l’objet de l’enquête ». Les personnes auditionnées bénéficient ainsi des mêmes protections que les parlementaires, afin d’être libres de leur parole.”
Il s’agit certes ici des menaces de procès, mais l’esprit est là : il est fondamental que des personnes auditionnées devant l’AN puissent dire ce qu’elles ont sur le cœur sans craindre de représailles…
L’exécutif montrerait qu’il est à la hauteur de la fonction en acceptant plus facilement les critiques (cette remarque est d’ailleurs également vraie en interne vis à vis de LREM…)
@ Vincent
[Et je ne suis pas réellement d’accord sur la pertinence d’insister sur le huis clos : Sauf erreur, on demande aux personnes qui viennent en commission de prêter serment qu’ils parleront en leur âme et conscience. Dès lors, le huis clos n’est qu’une procédure qui permet aux personnes auditionnées de révéler des informations confidentielles, ce que les auditions normales ne permettent pas.]
Il ne faut pas confondre une commission permanente et une commission d’enquête. Les commissions d’enquête disposent de pouvoirs quasi-judiciaires, les personnes déposant devant une commission d’enquête le font sous serment et peuvent être condamnées pour parjure. Devant une commission permanente, par contre, on ne prête pas serment et les fonctionnaires ou ministres questionnés peuvent parfaitement mentir ou ne pas répondre aux questions.
Les fonctionnaires sont soumis à un devoir de réserve. Ce devoir, qui est une création jurisprudentielle, leur interdit d’exprimer en public des opinions qui pourraient porter atteinte à la neutralité de la fonction publique ou mettre en difficulté le gouvernement. C’est aussi pour permettre de lever ce devoir de réserve qu’on a créé le huis clos.
[Pour moi, la faute n’est donc pas tellement du côté du parlementaire qui a commis la fuite, puisque la fuite ne relève manifestement pas du secret de la Défense Nationale. Elle est du côté de l’exécutif, qui ne supporte pas que qui que ce soit puisse, y compris lors d’une audition parlementaire, émettre la moindre critique sur quoi que ce soit.]
Je ne suis pas d’accord avec vous. Le devoir de réserve est indispensable si l’on veut garder une fonction publique de carrière. Si les hauts fonctionnaires peuvent impunément mettre en difficulté le gouvernement du jour par leurs déclarations, alors les gouvernements exigeront que tous les postes soient occupés par des gens « surs » politiquement. Ce serait ouvrir la voie au « spoil system » à l’américaine. Non, le fonctionnaire qui exprime publiquement ses critiques au gouvernement commet une faute, et l’exécutif aurait raison de le sanctionner. Mais en même temps, si le gouvernement et le parlement veulent pouvoir compter sur de véritables avis d’expert, il faut créer des enceintes ou les hauts fonctionnaires puissent dire ce qu’ils pensent sans mettre leur carrière en danger. C’est là la fonction du huis clos.
Quant au fait que la « fuite » ne compromet pas le secret de la défense nationale… c’est à voir. La fuite porte certainement atteinte à la défense nationale : elle a obligé le président de se défaire d’un chef d’Etat major efficace, par exemple…
[(…) qui parlait de tout autre chose, mais qui rappelle bien : “face aux pressions subies par certaines personnes ayant témoignées (poursuite en diffamation), la loi prévoit la protection des propos tenus devant une commission d’enquête.]
Encore une fois, le général de Villiers n’a pas déclaré devant une commission d’enquête, mais devant une commission permanente. Ce n’est pas du tout la même chose.
Bonjour,
Lecteur depuis longtemps de ce blog mais n’ayant jamais commenter, je vous félicite tout d’abord de la qualité de vos articles, bien qu’il m’arrive souvent de ne pas être d’accord avec vous. Ils m’aident à me former une certaine conscience politique, notamment votre série d’articles sur l’importance des status des partis politiques et de l’organisation des débats internes.
Pour répondre à votre article, je pense que ce qui dérange tant Macron n’est pas tant la communication que (la possibilité de) l’insubordination. Ainsi je pense que s’il a rejeté le chef d’état major, c’est bien plus parce qu’il a critiqué les mesures annoncés par Jupiter que de l’exposition publique (à son insu) de ses propos. Ainsi, par exemple, il me semble bien que la ministre du Travail a quelque démêlé avec la justice mais sa fidèle loyauté (elle serait prête à mentir sur l’implication de Macron dans ses affaires) est ici récompensée malgré le poids qu’elle fait peser sur le gouvernement. De même, les anciens ministre du MODEM devaient leur poste à Bayrou et pouvaient, selon certaines situations, s’opposer aux décisions du président : prenant acte de cette possibilité, le président a saisi la première opportunité venue pour les exclure et être le soleil autours duquel tourne le gouvernement et ses ministres.
Après, il est vrai que toute la communication autours des différentes affaires (Modem, Las Vegas, Armée) et de la formation du gouvernement prouve qu’elle est bien l’un des piliers principaux de la gouvernance Macron, mais je pense que c’est juste une manière de s’assurer une certaine tranquillité au début du quinquennat (pour au moins permettre de faire passer les ordonnances). Macron est plus borné par son désir de tout contrôler que par celui de plaire (selon moi).
Petit aparté tout de même sur le sentiment europhile de JLM (je vous laisse le soin de couper cette partie du message si cela vous dérange, je comprendrais) : sa récente note sur son blog semble tout de même bien éloignée d’un désir de voir advenir une Europe (vraiment) fédérale. Je cite par exemple ce passage : “Sommes-nous d’accord pour que, après que l’Union européenne puisse décider de sanctions contre nos pays si nous n’appliquons pas la politique économique qui lui convient, elle puisse également intervenir sur des questions qui relèvent strictement la souveraineté d’un État, à savoir l’organisation de sa magistrature ? Est-ce bien cela que nous voulons ? Est-ce une évolution que nous approuvons ?”. S’il prend garde de ménager toutes les sensibilités des courants de la France Insoumise autours de la question de l’Europe, le fait même de poser de tels questions apporte selon moi la réponse : Mélenchon ne veut pas d’une Europe qui s’occupe des affaires (au moins) régalienne de l’Etat, et il alerte sur ce qui est en train d’advenir. Étant jeune, je ne peux pas m’exprimer sur son passé politique mais de tels propos semblent en contradiction avec ce que vous avanciez auparavant (à moins que je n’oublie quelque chose ?).
@ Maximilien
[Lecteur depuis longtemps de ce blog mais n’ayant jamais commenter, je vous félicite tout d’abord de la qualité de vos articles, bien qu’il m’arrive souvent de ne pas être d’accord avec vous.]
Merci beaucoup. Et si vous n’êtes pas d’accord avec moi, ce n’est pas grave. Le but de ce blog est précisément de susciter le débat, et qui dit débat dit positions différentes. Le monde serait très ennuyeux si nous étions tous d’accord…
[Pour répondre à votre article, je pense que ce qui dérange tant Macron n’est pas tant la communication que (la possibilité de) l’insubordination. Ainsi je pense que s’il a rejeté le chef d’état major, c’est bien plus parce qu’il a critiqué les mesures annoncés par Jupiter que de l’exposition publique (à son insu) de ses propos.]
Je ne crois pas que l’insubordination soit le problème. Les hauts fonctionnaires, qu’ils soient civils ou militaires, ont l’habitude d’obéir aux ordres données par le pouvoir politique même lorsqu’ils ne les partagent pas, ou même lorsqu’elles les heurtent. C’est le propre d’une fonction publique de carrière : si vous êtes fonctionnaire, vous servez alternativement des gouvernements d’orientations très différentes. Comment pourriez-vous, tout au long de votre carrière, être d’accord avec chacun d’entre eux ? Il n’y avait donc aucune chance que le général de Villiers « s’insubordine ».
Le problème, et on l’a vu lorsque Macron a parlé d’importer le « spoil systèm » en France, c’est que Macron est persuadé que les fonctionnaires – ou du moins les hauts fonctionnaires – doivent être d’accord avec les politiques qu’ils mettent en œuvre. Et cela suppose forcément de les changer à chaque changement de gouvernement. Comme cela se fait dans le privé, Macron veut des fonctionnaires qui « y croient ». Et il est assez évident que le général de Villiers n’y croyait pas vraiment…
[Ainsi, par exemple, il me semble bien que la ministre du Travail a quelque démêlé avec la justice mais sa fidèle loyauté (elle serait prête à mentir sur l’implication de Macron dans ses affaires) est ici récompensée malgré le poids qu’elle fait peser sur le gouvernement.]
Un ministre et un haut fonctionnaire, ce n’est pas pareil. Un ministre est un politique, nommé unique et exclusivement pour des raisons politiques. Ce n’est pas le cas d’un fonctionnaire, à qui on demande une certaine compétence…
[Macron est plus borné par son désir de tout contrôler que par celui de plaire (selon moi).]
Vous avez peut-être raison. Je pense que les deux désirs se croisent et se complémentent. Macron, instruit par l’exemple Hollande, a compris que perdre le contrôle de la machine administrative est la plus sûre voie vers l’impopularité…
[Petit aparté tout de même sur le sentiment europhile de JLM (je vous laisse le soin de couper cette partie du message si cela vous dérange, je comprendrais) : (…)]
Entendons nous bien : je ne coupe JAMAIS un commentaire parce qu’il « me dérange ». Dès lors qu’un commentateur respecte les règles de ce blog (courtoisie des échanges, pas de publicité, etc.) et la législation en vigueur, je n’ai aucune raison de le « couper ».
[(…) sa récente note sur son blog semble tout de même bien éloignée d’un désir de voir advenir une Europe (vraiment) fédérale. Je cite par exemple ce passage : “Sommes-nous d’accord pour que, après que l’Union européenne puisse décider de sanctions contre nos pays si nous n’appliquons pas la politique économique qui lui convient, elle puisse également intervenir sur des questions qui relèvent strictement la souveraineté d’un État, à savoir l’organisation de sa magistrature ? Est-ce bien cela que nous voulons ? Est-ce une évolution que nous approuvons ?”.]
Et que répond-il à ces intéressantes questions ? « À cet instant, et pour mieux impliquer mes lecteurs à la réflexion, je n’exprime pas de point de vue personnel ». Si l’on tient compte que Mélenchon n’a jamais hésité à prendre position sur les sujets les plus variés sans trop se soucier de la « réflexion » de ses lecteurs, cela vaut la peine de s’interroger sur le pourquoi d’une telle prudence…
En fait, je n’accuse pas Mélenchon de vouloir une « Europe fédérale », mais plutôt de vouloir une « Europe supranationale », ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Dans ce texte, Mélenchon semble prendre position contre la supranationalité. Le problème est que dans un grand nombre d’autres textes, et cela depuis trente ans, il a pris la position opposée. Alors, a-t-il changé d’avis ? Dans ce cas, il faudrait qu’il nous explique pourquoi…
[Étant jeune, je ne peux pas m’exprimer sur son passé politique mais de tels propos semblent en contradiction avec ce que vous avanciez auparavant (à moins que je n’oublie quelque chose ?).]
Mais justement, il faut s’intéresser au passé politique des gens. Parce que si une personne commence à dire le contraire de ce qu’elle a soutenu avec une belle constance pendant trente ans, et sans jamais expliquer pourquoi il a changé d’avis, on peut suspecter qu’il ne fait que ménager sa base. Il y a aussi une question de cohérence. Si Mélenchon ne veut pas que l’UE se mêle de notre justice, on ne voit pas pourquoi il soutient toujours qu’il serait bon que l’UE se mêle de notre politique monétaire. Or, je vous rappelle que le programme de Mélenchon propose de garder la monnaie unique…
Cher ami et camarade, à propos de morale en politique, la récente disparition du magnifique Claude Rich me donne l’occasion de vous proposer cet extrait du “Souper”, où il incarne magistralement Talleyrand :
https://www.youtube.com/watch?v=Z0C-xbJPnXU
Que voila un beau raccourci politique !
@ Gugus69
[Que voila un beau raccourci politique !]
En effet, en effet. “Ce qui compte aux yeux des gens, c’est mon talent. Il suffit pour me préserver de tout”
Dans la continuité de votre papier, on peut très clairement voir que la façon qu’a Macron de nier le principe de la contradiction interne et de la libre expression (elle aussi interne) de ses subordonnés se retrouve pleinement dans les mécanismes de LRM.
http://abonnes.lemonde.fr/politique/article/2017/07/25/vent-de-fronde-au-sein-du-parti-macroniste_5164567_823448.html
Cet article confirme assez largement tout ce que nous avons pu dire ici sur les égo-politiciens et la manière dont fonctionnent leurs “partis”. D’ailleurs, on ne peut s’empêcher à sa lecture de songer à la façon dont est structurée la France insoumise et comment Mélenchon la dirige : structure opaque, appropriation des procédures internes par des fidèles soigneusement choisis par le gourou, réduction des adhérents à de simples machines à distribuer des tracts …
@ Combeferre
[Dans la continuité de votre papier, on peut très clairement voir que la façon qu’a Macron de nier le principe de la contradiction interne et de la libre expression (elle aussi interne) de ses subordonnés se retrouve pleinement dans les mécanismes de LRM.]
Et oui. La logique « sectaire » qui a si bien fonctionné en période électorale s’enraye lorsqu’il s’agit non plus de conquérir les sièges, mais de savoir ce qu’on en fait. Tous ces gens qui se sont dépensés sans compter pour faire élire leur candidat veulent ensuite leur part du gâteau, c’est-à-dire, un minimum de contrôle sur ce qui est fait avec le pouvoir conquis. Et cela entre en contradiction avec la logique égo-politique, celle d’un homme libre de tout engagement que ses partisans sont appelés à suivre sans contrepartie.
[D’ailleurs, on ne peut s’empêcher à sa lecture de songer à la façon dont est structurée la France insoumise et comment Mélenchon la dirige : structure opaque, appropriation des procédures internes par des fidèles soigneusement choisis par le gourou, réduction des adhérents à de simples machines à distribuer des tracts …]
La logique est exactement la même, sauf que la FI, contrairement à LRM, n’a pas gagné les élections et que les expectatives de ses militants à avoir leur mot à dire dans les politiques mises en œuvre sont beaucoup moins grandes. Ce qui est intéressant, c’est la différence des choix : Macron a décidé de structurer LREM, de lui donner des statuts et des instances et de formaliser son fonctionnement – ce qui amorce inévitablement le débat sur la démocratie interne. Mélenchon continue à proclamer sur son blog qu’il n’a aucune intention de formaliser quoi que ce soit, ce qui le dispense d’ouvrir ce débat.
Bonjour Descartes-que-j’aimerais-tant-connaître-tellement-il-rejoint-mes-idées,
On avait eu Hollande discutant avec l’ado Léonarda sans avoir le dernier mot, à présent on a Macron dans le rôle du sale gamin de riche chassant le vieux serviteur (le genre de serviteur qu’on voit dans les films et qui évitent à la maison et la famille de sombrer) après l’avoir piégé. Triste spectacle !
A cela s’ajoute le Castaner de service payé pour transformer la victime De Villiers en fomenteur de complot. (dernier round les grandes gueules sur RMC de lundi 24 juillet 12h-13h)
Macron pouvait, s’il avait voulu, dire au CEMA que son souhait était de dégraisser le mammouth de l’Armée Française pour mieux se consacrer à nos domaines d’excellence enseigné dans nos écoles de guerre. L’armée française n’a pas encore digéré la fin de la conscription où une bonne partie des 300000 militaires professionnels étaient chargés entre autres d’encadrer et former les 200000 conscrits qui arrivaient à flot continu.
Mais non, il a choisi le niveau cour de récré de maternelle avec dans le rôle de Poupon La Peste …..
@ Gautier
[Bonjour Descartes-que-j’aimerais-tant-connaître-tellement-il-rejoint-mes-idées,]
Ce n’est pas impossible… je suis toujours ravi de prendre un verre avec mes fidèles lecteurs…
[On avait eu Hollande discutant avec l’ado Léonarda sans avoir le dernier mot, à présent on a Macron dans le rôle du sale gamin de riche chassant le vieux serviteur (le genre de serviteur qu’on voit dans les films et qui évitent à la maison et la famille de sombrer) après l’avoir piégé. Triste spectacle !]
Le mot « spectacle » est celui qui convient. Macron est en train de tomber dans le même travers que Hollande, celui de la mise en scène de son mandat. Pour le moment, il excelle dans le rôle de « président des victimes », ne manquant aucune cérémonie commémorative…
[A cela s’ajoute le Castaner de service payé pour transformer la victime De Villiers en fomenteur de complot. (dernier round les grandes gueules sur RMC de lundi 24 juillet 12h-13h)]
Quand on voit la médiocrité de la garde rapprochée de Macron, on se dit que cela sent aussi le hollandisme…
Il y a deux aspects dans cette affaire du CEMA. Il y a bien sûr le problème de la fuite et la réaction immature de Macron qui a suivi. Mais j’aurais tendance à croire que là n’est pas l’essentiel : le grand intérêt de tout ce tohu-bohu, c’est qu’il a ramené à l’avant-plan les interrogations sur le rapport de la France à sa souveraineté.
La théorie classique identifie trois fonctions régaliennes élémentaires : la sécurité intérieure (justice et police), la sécurité extérieure (l’armée) et le couple monnaie-budget.
On sait que la monnaie et l’autonomie budgétaire ne sont aujourd’hui plus librement disponibles ; par contre, il semble que certains aient encore nourri quelque illusion quant au fait que les politiques relevant de la sécurité intérieure et extérieure puissent être exercées de manière souveraine. Il apparaît aujourd’hui clairement que ce n’est pas le cas.
Cela fait déjà quelque temps que des (anciens) militaires dénoncent cet état de choses. Je conseille notamment la lecture des réflexions suivantes :
https://lavoiedelepee.blogspot.com/2013/09/la-france-troisieme-puissance-militaire.html
https://lavoiedelepee.blogspot.com/2014/09/apocalypse-bientot.html
https://lavoiedelepee.blogspot.be/2017/07/merci-bercy.html
https://lavoiedelepee.blogspot.com/2017/07/la-politique-de-defense-pour-les-nuls.html
L’affaire du CEMA a pour conséquence de porter sur la place publique ces questions, qui acquièrent de ce fait une dimension politique.
Cette dernière est dangereuse pour l’équipe gouvernementale. En effet, la question de la sécurité extérieure est moins clivante que celle de la souveraineté monétaire. Concernant cette dernière, il se trouve suffisamment d’électeurs pour considérer que les gains qu’ils retirent de l’adoption d’une monnaie allemande compensent les inconvénients de la stagnation économique qu’elle induit. Cela se traduit par un partage par moitié des opinions favorables et défavorables à l’euro.
Pour ce qui est du maintien d’une défense pérenne, la chose se présente différemment. L’opinion publique est très largement acquise à l’idée que la France doit être dotée d’une armée de premier plan. Et jusqu’à présent, puisque le débat était restreint aux cénacles administratifs et militaires, cette opinion a pu croire que tel était le cas. Désormais, à coup d’éditoriaux en première page des journaux et d’émissions de télévision, les Français sont avertis que la France, pour des raisons budgétaires, est en train de perdre les moyens militaires de ses ambitions.
On peut prévoir qu’à l’avenir, le débat va se cristalliser autour de la nécessité de coopérer avec nos partenaires européens, au premier rang desquels l’Allemagne et l’Italie, en vue de construire une « défense européenne ». Ce n’est pas pour rien que la Commission s’engouffre pour le moment plein pot dans ce créneau, qui est manifestement porteur après l’incertitude de l’élection de Donald Trump.
Mais, sans être grand clerc, on peut prédire que ces démarches aboutiront tout au plus à créer quelques fonds communs aux montants limités (budget EU : 150 milliards, budget défense France : 32 milliards), commissions et organes de coordinations. Une intégration européenne ne pourra se faire que sur une base intergouvernementale avec des partenaires limités. Mais le débat autour de pareille intégration va mettre en évidence le fait qu’elle suppose l’abandon par la France de sa souveraineté militaire :
– l’intégration est en effet incompatible avec l’existence de besoins différenciés, qu’il faudrait donc réduire à un commun dénominateur. Il y a bien sûr la question de la dissuasion nucléaire autonome de la France, alors que ses partenaires européens reposent sur le partage de la dissuasion américaine (en laissant d’ailleurs les USA assumer seuls le coût de cette dernière, ce qui ne manque pas d’irriter outre-atlantique : voir http://l-arene-nue.blogspot.be/2017/06/leurope-est-le-cadet-des-soucis-de.html). Mais la liste ne s’arrête pas là : en matière maritime, la France doit disposer de capacités spéciales compte tenu de son extension territoriale, là où l’Allemagne est une puissance continentale et l’Italie est centrée sur la Méditerranée.
– par ailleurs, l’intégration de la défense suppose de sacrifier une partie de la base industrielle militaire. Il est clair qu’une partie de la classe politique est prête à le faire (Sylvie Goulard avait ainsi annoncé : « « il est souhaitable que nous achetions ensemble des matériels, ce qui oblige de casser certaines routines, certaines facilités industrielles aussi.Je l’assume. Si nous voulons faire l’Europe de la défense, il va y avoir des restructurations à opérer, faire des choix de compatibilité et, à terme, des choix qui pourraient passer dans un premier temps pour aboutir àprivilégier des consortiums dans lesquels les Français ne sont pas toujours leaders »). Mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que si l’on abandonne les capacités de développement autonomes, on ne peut plus être qualifié de puissance militaire de premier rang.
Une solution intermédiaire, qui est manifestement envisagée dans certains cercles, consisterait à faire financer la défense française par les partenaires européens sans mise en commun politique de la défense. Ce n’est pas totalement idiot : après tout, l’Allemagne sous-traite bien sa défense à l’Otan.
Il y a juste un bémol à apporter : c’est que l’Allemagne se satisfait de l’Otan parce que le rapport coût-bénéfice est à son avantage dès lors que l’Otan est une manifestation de l’hégémonie des USA et que son coût est principalement supporté par ces derniers…
Puisque les formes de mutualisation paraissent inaccessibles, que va-t-il alors se passer ?
Premièrement, il est fort probable que la dégradation des capacités militaires françaises va se poursuive.
Cependant, la chose va se produire dans un contexte politique nouveau, où le nouveau pouvoir devra rendre des comptes à une opinion sensibilisée à la problématique et où celle-ci ne se contentera pas d’effets de communication (du genre : le président se fait hélitreuiller sur un SNA, le président fait un tour en avion de chasse, etc…)
Cela pourrait donner lieu rapidement à d’intéressants développements. Je pense ici à la reprise programmée des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire par le groupe italien Fincantieri. Il n’est pas anodin que le pouvoir ait changé d’avis et s’oppose aujourd’hui à ce que les Italiens prennent le contrôle de l’entreprise, alors qu’un accord était intervenu en avril pour donner la majorité à Fincantieri et la coopérative de Trieste.
C’est qu’apparemment, les cales de Saint-Nazaire sont un actif industriel stratégique indispensable à DCNS pour construire des unités de gros tonnage.
(http://lefauteuildecolbert.blogspot.be/2017/04/non-au-vulcano-st-nazaire.html)
Le tout se déroulant dans un contexte général assez tendu entre l’Italie et la France, que cela soit en rapport avec la situation en Lybie et les migrants (http://www.rtl.fr/actu/international/pacte-en-libye-pourquoi-l-italie-s-agace-d-avoir-ete-mise-de-cote-7789496505) ou en rapport avec le remplacement des pétroliers ravitailleurs de la marine nationale.
@ Luxy Luxe
[La théorie classique identifie trois fonctions régaliennes élémentaires : la sécurité intérieure (justice et police), la sécurité extérieure (l’armée) et le couple monnaie-budget. On sait que la monnaie et l’autonomie budgétaire ne sont aujourd’hui plus librement disponibles ; par contre, il semble que certains aient encore nourri quelque illusion quant au fait que les politiques relevant de la sécurité intérieure et extérieure puissent être exercées de manière souveraine. Il apparaît aujourd’hui clairement que ce n’est pas le cas.]
Parce que, encore une fois, la souveraineté ne se divise pas. Penser qu’on peut exercer une souveraineté pleine sur l’une des fonctions régaliennes alors qu’on ne contrôle pas les autres est une illusion. Si une puissance extérieure contrôle le budget, elle limite de ce fait les marges de manœuvre sur la sécurité intérieure et extérieure. Et réciproquement, ce n’est que parce qu’on garde le contrôle sur l’armée et la police qu’on peut éventuellement reprendre le contrôle du budget…
[L’affaire du CEMA a pour conséquence de porter sur la place publique ces questions, qui acquièrent de ce fait une dimension politique.]
Je crains, malheureusement, que vous pêchiez par optimisme. La révolte du CEMA pointe clairement à la question de la souveraineté, mais je ne suis pas sur que la « place publique » en soit très émue.
[Pour ce qui est du maintien d’une défense pérenne, la chose se présente différemment. L’opinion publique est très largement acquise à l’idée que la France doit être dotée d’une armée de premier plan.]
Tout a fait. Mais combien de temps cette conviction tiendra, alors que les médias et les politiciens relayent les discours des « classes moyennes » sur le thème « la grandeur ça coûte trop cher, autant mettre notre sécurité dans les mains des autres ça nous fera des économies ». On entend depuis quelques années la petite musique qui pointe au « partage » – c’est-à-dire à l’abandon – de la dissuasion nucléaire. Notre industrie de défense est « partagée » avec les allemands – c’est-à-dire vendue. La construction d’un deuxième porte-avions, indispensable pour en avoir toujours un à la mer est reportée sine die et, sauf important changement, on n’en verra jamais la couleur. Et qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas d’argent. On dépense 5 Md€ chaque année en subventions – oui, en subventions – aux énergies renouvelables, subventions qui ne servent à rien, si ce n’est à permettre à l’industrie chinoise du panneau solaire de prospérer.
Il faut comprendre que les « classes moyennes » n’ont rien à foutre de la souveraineté de la France ou de sa grandeur. Leur priorité, c’est la réduction de l’impôt, les subventions aux sujets qui les intéressent, la défense de leur niveau de vie. Vous me direz que c’est le cas des autres classes aussi, et c’est vrai. Seulement, les couches populaires et la bourgeoisie industrielle savent que, pour des raisons différentes, leur prospérité est très liée à la puissance de leur pays. De ce point de vue, il y a une communauté d’intérêt entre l’ouvrier de Dassault et son patron, qui n’est pas partagé par les « classes moyennes ».
[Mais, sans être grand clerc, on peut prédire que ces démarches aboutiront tout au plus à créer quelques fonds communs aux montants limités (budget EU : 150 milliards, budget défense France : 32 milliards), commissions et organes de coordinations.]
Qui, comme d’habitude, ne « coordonneront » que la part qui ira aux vautours. Car les « projets européens » ont une fâcheuse tendance à justifier la formule britannique qui veut qu’un chameau n’est qu’un cheval conçu par un comité. Galileo a été lancé en même temps que le GPS. Le GPS marche depuis des années, et Galileo n’est toujours pas opérationnel, et quand il le sera il sera totalement dépassé. La France a été capable de faire le Mirage, le Super-Etendart et le Rafale, considérés comme les meilleurs avions du monde dans leur catégorie. Le projet Eurofighter traine lamentablement depuis des années, et bientôt des décennies et n’a produit qu’un produit médiocre.
[Une intégration européenne ne pourra se faire que sur une base intergouvernementale avec des partenaires limités. Mais le débat autour de pareille intégration va mettre en évidence le fait qu’elle suppose l’abandon par la France de sa souveraineté militaire :]
Tout a fait. Mais faites confiance à nos médias – dominés par les « classes moyennes » – pour nous expliquer que cet abandon n’aura que des avantages. Souvenez-vous du débat sur le traité de Maastricht et cet Euro qui devait apporter prospérité, croissance et emplois…
[Cela pourrait donner lieu rapidement à d’intéressants développements. Je pense ici à la reprise programmée des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire par le groupe italien Fincantieri. Il n’est pas anodin que le pouvoir ait changé d’avis et s’oppose aujourd’hui à ce que les Italiens prennent le contrôle de l’entreprise, alors qu’un accord était intervenu en avril pour donner la majorité à Fincantieri et la coopérative de Trieste.]
C’est en effet un test très intéressant. Macron a repris pendant sa campagne tout le langage des libéraux-européistes, parce qu’il y a vu un avantage décisif en termes électoraux. Mais y croit-il vraiment ? Lorsqu’il faudra prendre des décisions, sera-t-il aussi « libéral » qu’il l’a prétendu ? Verra-t-on chez lui ce sain eurosceptiscisme si courant aujourd’hui chez les hauts fonctionnaires – dont il est issu – qui affichent des convictions européistes pour ne pas mettre en danger leurs carrières mais qui combattent pied à pied tout ce qui vient de Bruxelles ?
Le problème avec les égo-politiques c’est qu’à force de dire toujours ce que leur public veut entendre, on a du mal à savoir ce qui se cache vraiment sous l’emballage.
Bonjour Descartes, avez-vous prévu de rédiger un papier sur la loi de moralisation actuellement etudiée au Parlement ? Certaines dispositions, notamment en ce qui concerne les ineligibilités, m’inquiétent… Bien à vous
@ Bruno
[Bonjour Descartes, avez-vous prévu de rédiger un papier sur la loi de moralisation actuellement etudiée au Parlement ?]
Je ne sais pas… franchement, je trouve que le sujet n’a pas grand intérêt. Déjà, l’idée même d’une “loi de moralisation” est à mon avis un oxymore. Le propre de la règle morale, c’est qu’elle est librement choisie par l’individu. La morale appartient donc au domaine privé, et l’Etat n’a aucune légitimité pour l’imposer.
Je pense qu’on fait fausse route quand on parle de “moraliser” la vie politique. Je me souviens toujours du dialogue – cité par un commentateur de ce blog – entre Fouché et Talleyrand dans le film “Le Souper”. A Fouché qui le menace de révéler ses nombreuses turpitudes, Talleyrand répond que les dossiers en question ne représentent pour lui aucun danger, puisque tout le monde sait qu’il est corrompu. Et que si les gens supportent sa corruption, c’est à son “talent” qu’il le doit. Les français sont réalistes. Ils ne s’attendent pas à ce que leurs dirigeants soient plus honnêtes qu’ils ne le seraient eux mêmes placés dans les mêmes circonstances. Et ils sont prêts à pardonner beaucoup à un politicien compétent et capable d’exposer un projet et de le mettre en œuvre. Si les gens ont “perdu confiance dans les politiques”, ce n’est pas parce qu’ils sont malhonnêtes et corrompus. De ce point de vue, nos politiques ne sont pas pires que ceux de la IIIème ou de la IVème République, et ne parlons même pas de certains gaullistes de la Vème naissante, ceux qui avaient fait dire à De Gaulle “mes amis aiment trop l’argent”. Si les gens ont perdu la confiance, c’est parce qu’en sus d’être malhonnêtes et corrompus, ils sont en plus incapables. Et ça, aucune loi ne l’arrangera.
Bonjour Descartes,
C’est l’heure des vacances, auriez-vous un bon ouvrage à conseiller sur l’histoire et l’organisation interne du PCF dans ses années les plus fastes (de 1945 aux années 80-90, grosso modo…) ?
@ Antoine
[C’est l’heure des vacances, auriez-vous un bon ouvrage à conseiller sur l’histoire et l’organisation interne du PCF dans ses années les plus fastes (de 1945 aux années 80-90, grosso modo…) ?]
Question très difficile. En fait, il est facile de trouver des d’ouvrages écrits par des « fabienologues » plus ou moins anticommunistes – plutôt plus que moins – dans les années 70 et 80. De l’autre côté, vous trouverez pas mal de témoignages écrits par des dirigeants et anciens dirigeants du PCF, qui vont de l’exercice pénitentiel – en général par procuration, puisqu’on fustige d’abord les erreurs des autres – à l’évocation nostalgique mais qui souvent contiennent des « tranches de vie » fort intéressantes. On trouve aussi quelques travaux de sociologues sur la « contre-société » communiste. Mais il y a fort peu de travaux vraiment sérieux sur l’histoire « intérieure » du PCF. Personnellement, et ayant connu de près la chose, je n’ai pas trouvé d’ouvrage que j’aimerais « conseiller ». Tout ce que j’ai lu est à prendre avec une (grosse) pincée de sel. On a le choix entre les anticommunistes, dont les motivations sont évidentes, et les auteurs communistes qui, selon les époques, tombent soit dans l’hagiographie, soit dans la confession des péchés. Peut-être est-ce trop tôt pour faire de l’histoire ?
Le travail historique le plus documenté reste celui de Philippe Robrieux, « Histoire intérieure du PCF », qui date des années 1980. Le problème est que si les faits décrits sont souvent exacts et la documentation impressionnante, l’interprétation qui en est faite est d’une telle mauvaise foi qu’il faut une très grande discipline de lecture pour ne pas jeter le livre au feu. Remarquez, cette mauvaise foi, c’est aussi le témoignage d’une époque…
@Antoine @Descartes
Ne cherchez pas plus loin, j’ai trouvé l’ouvrage ultime pour les vacances d’été !
https://storage.googleapis.com/en-marche-fr/Site%20Media/LAREM-CAHIER-D-ETE.pdf
Ne me remerciez pas 😉
@ Paul
[Ne cherchez pas plus loin, j’ai trouvé l’ouvrage ultime pour les vacances d’été !]
Dites moi que ce n’est pas vrai ! Dites moi que c’est une plaisanterie ! Dites moi comment on fait pour se réveiller de ce cauchemar !
L’audition du général de Villiers est en ligne sur le site de l’Assemblée Nationale. Jacques Sapir en publie de larges extraits sur son blog.
http://russeurope.hypotheses.org/6198
Pour une audition censée être à huis-clos….
Sans les fuites, Macron aurait-il réagi aujourd’hui comme il l’a fait le mois dernier ? Va-t-il, au contraire, reconnaître que les déclarations du général n’étaient pas publiques et lui présenter ses excuses ?
Je trouve qu’on est dans le n’importe-quoi.
@ xc
[Pour une audition censée être à huis-clos….]
Oui, on croyait que le niveau de n’importe quoi atteint pendant la présidence Hollande était indépassable. En trois mois, LREM l’a très largement dépassé. Ces gens là ne se rendent pas compte que tout ce qui devient public devient de la langue de bois. Et donc que leur seule chance d’interroger des gens qui leur diront vraiment ce qu’ils pensent est de le faire derrière portes closes. Ouvrir les portes d’une enceinte politique, c’est y tuer toute réflexion.
Et plus profondément, ces gens-là ne savent pas ce qu’est un Parlement, et à quoi il sert vraiment. Au fond, ils ont le plus grand mépris pour une institution dans laquelle ils ne voient qu’un lieu de bavardage, alors que la primauté – pensent-ils – est à l’action. Remarquez, il n’y a pas qu’à LREM qu’on voit les choses de cette manière : cette « primauté de l’action » se retrouve aussi dans LFI, par exemple. L’idée que le débat, la confrontation d’idées, le « bavardage » puisse jouer un rôle important dans la fabrication de la loi, tant sur le fond que sur la forme ne leur vient pas à l’esprit. Au fond, si l’on suit jusqu’au bout la logique des penseurs de LREM, il vaudrait mieux supprimer le Parlement et permettre au président de gouverner directement par décret-loi.
[Sans les fuites, Macron aurait-il réagi aujourd’hui comme il l’a fait le mois dernier ? Va-t-il, au contraire, reconnaître que les déclarations du général n’étaient pas publiques et lui présenter ses excuses ?]
Bien sur que non. La règle en politique, c’est celle énoncée par Clemenceau : « n’avouez jamais ». Mais le problème n’est pas là, à mon avis. La réaction de Macron met en évidence un problème beaucoup plus profond, celui d’un président très seul, et donc très faible. Car sur qui peut vraiment compter Macron, en cas de coup dur ? Sur un entourage de gens qui ont trahi leurs anciens camarades pour venir à la soupe, et qui ont donc toutes les chances de repartir dès que l’assiette sera vide ? Sur un parti sans structures et un groupe parlementaire de gens inexpérimentés, dont l’implantation locale est faible et qui peuvent donc difficilement servir de relais entre le président et les citoyens ? Sur des hauts fonctionnaires qu’il a tétanisés en les menaçant d’importer chez nous le « spoil system » américain ?
Cette faiblesse se voit d’ailleurs dans les difficultés dans les nominations. En trois mois, Macron a perdu quatre ministres. Il a du revenir sur plusieurs nominations, comme par exemple celle de Mercier au Conseil constitutionnel. Et dans chacune de ces affaires on voit la même situation : lorsqu’une personne est attaquée, il n’y a personne pour le défendre. Sous Giscard, sous Mitterrand, sous Chirac, sous Sarkozy, chaque fois qu’un membre du gouvernement ou un collaborateur du président était attaqué, le parti et le gouvernement faisaient feu de tout bois pour le défendre et le soutenir. Les exceptions à cette règle étaient si rares qu’elles faisaient la une de la presse – voir l’affaire Boulin, par exemple. Sous Macron – mais il faut dire que c’était déjà un peu le cas sous Hollande – c’est chacun pour soi, et malheur à celui par qui le scandale arrive. Il ne peut compter sur le moindre soutien d’un parti, d’un bloc parlementaire, du président.
Malgré le discours « jupitérien », Macron n’a pas vraiment les moyens de sa politique, et ne semble pas vouloir se les donner. Il continue à se comporter comme s’il était en campagne électorale, sauf que maintenant ses annonces se traduisent en actes.
Juste pour dire que j’aurais dû écrire plutôt “… censée avoir été …”.
Et si Macron,bénéficiait d’une reprise économique inattendue?Les marchés actions ont évolué depuis le début de l’année dans un environnement toujours favorable aux actifs risqués :- sur le front économique, les derniers indicateurs avancés renforcent le scénario d’une solide croissance mondiale, – en zone euro, la confiance des consommateurs revient à ses niveaux pré-crise de 2007, grâce aux fortes créations d’emplois, – sur la base de meilleures perspectives économiques aux USA, la Fed a déjà procédé à deux hausses de taux d’intérêt (mars et juin)
– enfin, le risque politique s’est atténué en Europe à la lumière des résultats des récents scrutins invalidant le scénario d’une vague populiste et anti-européenne redoutée après le vote pour le Brexit en juin 2016.Nous,les souverainistes ne devons nous pas effectuer un examen de conscience,critique,vis à vis de l’Euro?
L’Euro,ne peut il pas faire bon ménage avec une politique sociale à la française,bénéficiant d’une forte croissance grâce à l’UE?
@ luc
[Et si Macron, bénéficiait d’une reprise économique inattendue?]
« Inattendue », c’est vite dit… en fait, elle était « attendue » depuis longtemps. Hollande avait d’ailleurs parié sa présidence sur cette « reprise économique » qui est arrivée mais trop tard pour lui. Mais il faut insister sur le fait qu’il s’agit d’une « reprise » tirée par la conjoncture internationale, et qui ne doit rien à l’action de Hollande – ou de Macron. L’un comme l’autre sont dans la logique de la marine à voile : on n’aspire pas à contrôler les vents, on attend en priant qu’ils deviennent favorables.
Cela étant dit, pour profiter pleinement des vents favorables, encore faut-il avoir des voiles en bon état. Et c’est là que le bât blesse. Comme l’explique un économiste dans « Le Monde » d’hier, notre appareil industriel est dans un tel état de délabrement qu’il ne peut répondre à la demande. La « reprise » se traduit donc non pas par une augmentation de la production, mais par une augmentation des importations, avec un déficit commercial qui dérive dangereusement à la hausse.
[Les marchés actions ont évolué depuis le début de l’année dans un environnement toujours favorable aux actifs risqués (…)]
Si vous relisez ce qui s’écrivait en 2007, vous verrez que ce n’est pas très différent. Un goût immodéré du risque, une montée des valeurs boursières et de l’immobilier sans rapport avec la croissance réelle de l’économie, des niveaux d’endettement public et privés dangereusement élevés… Beaucoup de voix commencent à se lever pour signaler l’apparition de « bulles » qui pourraient amener à une nouvelle crise financière.
[- enfin, le risque politique s’est atténué en Europe à la lumière des résultats des récents scrutins invalidant le scénario d’une vague populiste et anti-européenne redoutée après le vote pour le Brexit en juin 2016. Nous, les souverainistes ne devons nous pas effectuer un examen de conscience, critique, vis à vis de l’Euro?]
Non, je ne crois pas. Il est toujours bon, après une séquence politique, de faire une analyse en essayant d’établir les faits et de comprendre leur articulation. Il est aussi bon de garder un œil critique sur ses propres propositions, et de les réinterroger de temps en temps. Mais à quoi bon examiner sa « conscience » ?
Il faut être rationnel : ce n’est pas parce que les « souverainistes » font un bon score électoral que leurs idées sont vraies, et réciproquement ce n’est pas parce qu’ils font un mauvais résultat qu’elles seraient fausses. Si je combats l’Euro, c’est sur la base d’arguments politiques, économiques, juridiques. Et les résultats électoraux n’y changent rien.
[L’Euro ne peut il pas faire bon ménage avec une politique sociale à la française, bénéficiant d’une forte croissance grâce à l’UE?]
Non, il ne le peut pas. D’abord, parce qu’on ne voit nulle part la « forte croissance » dont vous parlez. La « reprise » dont on nous rabat les oreilles se traduit par le passage d’une croissance anémique, de l’ordre de 1%, à une croissance faible, de l’ordre de 1,7%. A peine de quoi stabiliser le chômage, et encore. Ensuite, parce qu’on observe que loin de favoriser la croissance l’Euro tend à la réduire. Sapir a bien montré que depuis l’instauration de l’Euro, la zone euro croit plus lentement que le reste de l’UE. Et enfin, parce que structurellement l’Euro implique un déséquilibre qui fait monter notre déficit commercial, et donc notre dette. Et que cette dette, il faudra bien un jour la payer.
>Si vous relisez ce qui s’écrivait en 2007, vous verrez que ce n’est pas très différent. Un goût immodéré du risque, une montée des valeurs boursières et de l’immobilier sans rapport avec la croissance réelle de l’économie, des niveaux d’endettement public et privés dangereusement élevés… Beaucoup de voix commencent à se lever pour signaler l’apparition de « bulles » qui pourraient amener à une nouvelle crise financière.< Cela me rappelle ce qu’un journaliste assez souvent cité sur ce blog, Romaric Godin, avait écrit dans une interview ; de mémoire, il disait qu’il était entré dans le journalisme après des études littéraires, et dans le journalisme économique par hasard. Il admirait ces “économistes” qui expliquaient le jour et la nuit par le cours des marchés et des termes impossibles, et il a perdu toute estime pour eux après 2008, quand ces mêmes gens qu’il croyait responsables et presque infaillibles continuaient à raconter leurs conneries du même ton docte et satisfait, continuant à professer les mêmes dogmes sans le moindre regard pour la réalité, et surtout, sans être contestés..
[Car sur qui peut vraiment compter Macron, en cas de coup dur ?] et nous,la population,sur qui pouvons nous compter pour notre sécurité qui vole en éclats sous les coups de la mondialisation?
Votre remarque,reproduite entre crochets, fait écho à mon indignation face aux propos de Fénec,relayé par le président de ‘l’association des militaires d’actives’??,(sur l’ineffable Europe1,irresponsable radio,s’enfonçant de+ en + dans l’anomie européiste),qui demandent à ce que l’armée quitte les postions du dispositif ‘sentinelle’,Rien de moins!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.
Une fois de plus,’le système ‘,veut se défausser.Alors que dans les quartiers de cités populaires,traffic de drogue,burkas,assassinats,prolifèrent(cf:récent assassinat d’un dealer par un tueur caché sous une burka,et les morts en vengeance qui ont suivi à Toulouse,Marseille ou RP).Les sans papiers continuent d’être ‘déversés’ en France,et l’insécurité s’imposerait ?NON,ces discours anti-républicains ne sont pas acceptables,car l’armée en France,doit être ‘la grande muette’ au bénéfice de la population,non?Le complexe militaro industriel doit ravaler son arrogance,irresponsable,n’est ce pas?
@ Maurice
[« Car sur qui peut vraiment compter Macron, en cas de coup dur ? » et nous,la population,sur qui pouvons nous compter pour notre sécurité qui vole en éclats sous les coups de la mondialisation?]
« La peuple ne peut compter que sur lui-même ». Après tant d’années de militantisme, vous devriez le savoir. Mais mon commentaire essayait de montrer que, contrairement à une perception très répandue – du moins au moment de son élection – Macron est un président faible. Son élection ne fait pas partie de la naissance du nouveau, mais de la mort interminable de l’ancien.
[Votre remarque,reproduite entre crochets, fait écho à mon indignation face aux propos de Fénec,relayé par le président de ‘l’association des militaires d’actives’??,(sur l’ineffable Europe1,irresponsable radio,s’enfonçant de+ en + dans l’anomie européiste),qui demandent à ce que l’armée quitte les postions du dispositif ‘sentinelle’,Rien de moins!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.]
Le débat sur le dispositif « sentinelle » a un petit côté surréaliste. Certains veulent en finir avec lui au prétexte que « nos militaires sont devenus une cible ». Mais, jusqu’à nouvel ordre, c’est à ça que servent les militaires, non ? On les recrute – comme les policiers ou les pompiers – justement pour qu’ils prennent les risques en notre lieu et place. De même, on explique que « sentinelle » pose problème parce que les jeunes qui se sont engagés dans l’armée sont déçus d’être envoyés Gare du Nord plutôt qu’en Afrique ou d’autres lieux d’aventure. Là encore, personne ne demande aux éboueurs ou aux facteurs quelle est la tournée qu’ils préfèrent. L’armée est une institution destinée à défendre la nation, et non à satisfaire les désirs de ses membres.
D’une certaine façon, on retourne au débat que j’ai voulu lancer avec mon dernier papier sur l’université. La seule question à se poser par rapport à « sentinelle » est celle de son utilité vis-à-vis de son coût. Les états d’âme des uns et des autres ne comptent pas.
[NON,ces discours anti-républicains ne sont pas acceptables,car l’armée en France,doit être ‘la grande muette’ au bénéfice de la population,non?Le complexe militaro industriel doit ravaler son arrogance,irresponsable,n’est ce pas?]
Je ne comprends pas très bien de quel « complexe militaro-industriel » vous voulez parler.
@ Descartes
” Le débat sur le dispositif « sentinelle » a un petit côté surréaliste. […] “
Oui ça m’a fait tout bizarre d’entendre les épouses de militaires venir se plaindre à la télé que leurs maris prenaient des risques pour assurer la sécurité de la population…
Sur le fond, puisqu’on en parle, que pensez-vous du bien fondé du dispositif ? Quand il a été annoncé, j’étais très sceptique. Ça avait l’air d’être là uniquement pour l’image rassurante : regardez on fait quelque chose. Alors bon, ça peut être utile de rassurer les gens (y compris les touristes), mais le faire avec du personnel qui n’a pas la bonne formation, qui a du matériel coûteux mais absolument inadapté à la tâche, et qui a déjà du mal à tenir le rythme des OpEx qu’on a en ce moment… Ça ne semblait pas idéal niveau coût/bénéfice.
Mais ça a eu une conséquence que je n’avais pas prévu : apparemment tous les aspirants terroristes qui sont un peu fous sur les bords (parce que je vois mal comment attaquer au couteau des militaires armés est un choix lucide…) ont décidé que les militaires étaient une cible idéale. Ça tombe bien, parce que si ces déséquilibrés ne sont pas forcément les plus dangereux, ce sont ceux qui sont les plus difficiles à repérer pour les services de renseignement.
@ C.
[Sur le fond, puisqu’on en parle, que pensez-vous du bien fondé du dispositif ?]
Je n’ai pas vraiment d’avis. Je ne connais pas grande chose à ces questions, alors je me fie plutôt à l’opinion des experts. A ce que j’ai compris, le dispositif ne serait pas vraiment efficace contre un groupe terroriste organisé, mais il l’est lorsqu’il s’agit d’un fou isolé qui se croit envoyé par Allah. Et puis, cela à un effet rassurant sur la population et les touristes. Après, il est légitime de se demander si le rapport coût/bénéfice de la chose se justifie.
[Mais ça a eu une conséquence que je n’avais pas prévu : apparemment tous les aspirants terroristes qui sont un peu fous sur les bords (parce que je vois mal comment attaquer au couteau des militaires armés est un choix lucide…) ont décidé que les militaires étaient une cible idéale.]
Franchement, je pense qu’il est préférable que les fous s’attaquent aux militaires plutôt qu’aux prêtres, aux journalistes ou aux fonctionnaires. Après tout, les militaires sont probablement les mieux préparés à y faire face. C’est un peu la logique du paratonnerre.